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Québec français

Science-fiction
Clichés, stéréotypes et lecture
Clarisse Dehont

Number 135, Fall 2004

De la lecture

URI: https://id.erudit.org/iderudit/55546ac

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Publisher(s)
Les Publications Québec français

ISSN
0316-2052 (print)
1923-5119 (digital)

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Dehont, C. (2004). Science-fiction : clichés, stéréotypes et lecture. Québec
français, (135), 46–48.

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[ CLICHES, STEREOTYPES ET LECTURE ]

Lune, Complexe urbanique de Genesareth, Dans cette optique, suivie également par Laurent
Enclave 7, Niveau 3 Jenny3, nous accorderons ici au cliché un statut de signes
2086, 06/13, 21 : 49 hu (heure universelle) répétés de textes en textes en renonçant à y voir une quel-
Contact. conque valeur esthétique négative. En procédant de la
sorte, l'importance du cliché dans le classement générique

T
out lecteur des premières lignes de Phaos', d'Alain d'une œuvre apparaîtra comme primordiale. Le travail du
Bergeron, lauréat du Grand Prix de la Science- lecteur, déjà plusieurs fois souligné dans ce même classe-
fiction et du Fantastique québécois 2004, aura ment, le sera également.
reconnu le début d'un récit de SF. Même en ôtant le Précisons que le rôle du cliché semblera particulière-
paratexte (titre, sous-titre, couverture... ), plusieurs carac- ment important principalement dans des sous-genres for-
téristiques du récit de science-fiction apparaissent dans ces tement cloisonnés de la SF, tels que le space opera, le
lignes : tout d'abord le fait que le récit se situe sur la Lune, cyberpunk, le hard science ou encore le steampunk.
dans un « complexe » qualifié d' « urbanique » et donc sans
aucun doute aménagé sous forme de ville afin d'accueillir Un travail simultané
des êtres humains. Ensuite, le fait que ce récit se situe dans En tant que formule-séquence répétée de textes en
le futur, en 2086 pour être précis, et à 21 h 49, heure uni- textes, le cliché demande un double travail au lecteur : ce
verselle. On pourrait même dire, en se basant uniquement dernier doit, dans un premier temps, identifier la stéréo-
sur ces premières descriptions, que Phaos entre de manière typie. En effet, comme le soulignent Ruth Amossy et Anne
considérée comme quasiment « clichée » dans le genre Herschberg-Pierrot4, il n'y a « pas de stéréotype sans ac-
science-fictionnel. tivité lectrice », le cliché n'ayant pas de vie propre et n'exis-
Ainsi, selon Anne Herschberg-Pierrot2 : « On peut [...] tant pas en soi. Dans un second temps, c'est l'identification
définir la structure logique du cliché comme l'intégration à du cliché et sa mise en relation avec les critères génériques
un thème d'un ou de plusieurs prédicat(s) définitionnel(s) de la SF qui orienteront l'activité lectrice.
obligé(s). [...] Ces unités de phrases s'insèrent dans des Ainsi, dans l'exemple cité ci-dessus, les répétitions
unités textuelles plus vastes, " unités thématiques " obligées, intertextuelles science-fictionnelles sont évidentes et faci-
où le sens logique du mot " thème " se recouvre du sens rhé- lement identifiables, même par un lecteur non habitué à
torique : ce sont des unités thématiques au sens logique, ce genre : le fait de situer l'action sur la Lune et dans le futur
intégrant des constantes de prédicats, qui valent en même est clairement mentionné et réfère à un nombre considé-
temps comme des formules rhétoriques, c'est-à-dire des rable non seulement de romans, mais également de films,
unités paradigmatiques et de contenu, intratextuelles et/ou de bandes dessinées et de séries télévisées. Par contre, dans
intertextuelles ». certains cas, le stéréotype science-fictionnel demandera au

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lecteur un travail plus poussé afin d'être « Le compartiment de luxe HVU13 de la fiction en y insérant ses propres connaissan-
identifié. Dans Phaos, ce n'est qu'au fil des navette Archange 09 a ceci de particulier ces du monde réel. En abordant un récit, le
pages, par exemple, que se dessine le person- qu'il n'a aucun hublot, aucune ouverture lecteur envisagerait, de prime abord, le
nage du baroudeur blasé, macho et antipa- directe sur l'extérieur. Impossible d'admirer monde fictif rencontré comme aussi proche
thique, sous la figure de Luis Grindall. l'espace depuis cet endroit, autrement que que possible de son univers réel, tant et aussi
Comme le personnage de la jeune ouvrière par téléprojection sur écran. De prime longtemps qu'aucune indication contraire ne
pure, douce et délicate qui peuplait les ro- abord, la chose peut paraître incongrue. S'en viendrait modifier cette vision des choses. Ri-
mans du XIXe siècle, ce style d'antihéros, mettre plein la vue est un des grands plaisirs chard Saint-Gelais avait ensuite montré que
bien que récurrent (entre autres ) dans les que procure le voyage Terre-Lune, quand on ce n'était pas le monde réel qui était mis en re-
récits de SF, n'apparaît pas littéralement à la peut se le payer. [...] Le Dieu-Lion n'a lation avec la fiction mais bien l'encyclopédie
surface du texte et il peut prendre autant de aucune envie de regarder l'espace. Pour lui, du lecteur, « un modèle sociosémiotique7».
formes qu'il existe de récits le mettant en l'itinéraire Terre-Lune est d'une banalité De plus, toujours selon ce dernier, le lecteur
scène. Le lecteur devra donc, à travers les étonnante. Il existait déjà à l'époque de son de science-fiction s'attendrait, dès l'abordage
extraits dans lesquels il apparaît, relever les enfance, il y a presque une centaine d'années paratextuel, à rencontrer des modifications
caractéristiques de ce personnage avant de le de cela » (p. 33). dans son univers de référence : « [...] tant
comparer à d'autres personnages du même Ici, la séquence maintes fois rencontrée du qu'il ne sait pas où ni sur quel front ces ajus-
type rencontrés au cours de ses lectures. voyage « de la Terre à la Lune », facilement tements se feront, le lecteur entretient une
Notons que ce travail de sélection de l'infor- identifiable par le lecteur, qui la relie immé- méfiance diffuse qui, sans aller jusqu'à une re-
mation afin de recréer le stéréotype pourra diatement au récit de science-fiction, met mise en question méthodique (et a priori) des
se faire consciemment (dans le cadre d'une d'elle-même en évidence sa stéréotypie à tra- concordances (apparentes) entre le texte et
lecture plus active) ou inconsciemment vers le personnage de Simon Odako, le Dieu- l'encyclopédie préalable, le met à l'affût des in-
(dans le cas inverse d'une lecture plus pas- Lion, qui s'affiche comme étant blasé devant dices susceptibles de « concrétiser » un écart qui
sive.) Amossy5 établit d'ailleurs là la diffé- ce spectacle « d'une banalité étonnante ». Le n'est encore que supposé 8 ». La lecture
rence entre le cliché, qui apparaît tel quel à lecteur, lui-même blasé devant ce paysage science-fictionnelle reposerait donc plutôt sur
la surface du texte, et qui est donc plus faci- déjà rencontré dans plusieurs univers fictifs, le principe de l'écart indéterminé entre le
lement identifiable, et le stéréotype, qu'il pourra saisir la référence à ces derniers, mis monde fictif et le monde réel. Or, ce recours
appartient au lecteur de recréer. en scène par le passé, dans cette séquence à l'Encyclopédie pour déchiffrer les textes de
Ce repérage des clichés et des stéréotypes se présentant un décor qui existait déjà « il y a science-fiction permet également d'étudier le
fera en même temps que leur mise en relation presque une centaine d'années de cela ». rôle du cliché dans la lecture de ce type de ré-
avec les critères du genre (récit se déroulant De plus, la reproduction, qui jusqu'ici cits. Loin de comparer le monde fictif abordé
dans le futur, mondes parallèles, vaisseaux pouvait sembler banale, d'une vie humaine uniquement à son monde réel, le lecteur le
spatiaux, etc.). On voit donc très bien ici l'im- sur la Lune prend une tout autre allure comparera également à d'autres univers
portance des séquences-clichés dans la défi- lorsque le lecteur découvre l'existence, sur ce science-fictionnels déjà rencontrés. Aura-t-il
nition du genre science-fictionnel : c'est en satellite de la Terre, de la municipalité de l'impression de connaître le voyage de la Terre
repérant des thèmes connus ou des « techni- « Bradbury » : « La première fois qu'il l'a fait à la lune, les ordinateurs ultra-puissants qui
ques » connues que le lecteur reliera le récit [respirer], c'était ici même, dans une de ces peupleront le futur ou même la mode qui y
qu'il est en train de lire à la SF. Selon Jean- sordides cliniques populaires que la munici- sévira ? Il est de la sorte fort probable que tout
Louis Dufays, la stéréotypie serait « le fruit palité de Bradbury avait montées en toute lecteur de SF, en 2004, (de même que toute
d'un travail de " fabrication " portant sur l'en- hâte pour faire face aux nouvelles vagues personne imaginant simplement un univers
semble des textes possibles : dans ce que nous d'immigration. Une bien mauvaise période science-fictionnel) visualisera systématique-
mentionnons ici comme " fabrication ", la que celle-là. La Terre n'arrêtait pas de recra- ment un personnage voyageant dans un vais-
relation intertextuelle opère par prélèvement cher dans l'espace ses surplus de misère hu- seau spatial vêtu d'une combinaison spéciale,
de passages, d'idées, de schemes issus de tex- maine. La maladie, l'indigence et le désespoir à peu de choses près de ce style : « [... ] une
tes antérieurs [... ] Les " pré-textes " ainsi re- faisaient partie du voyage et s'empilaient à combinaison lunaire monopièce mauve de
produits ne sont donc pas des textes précis. l'arrivée entre les murs d'étroites cellules modèle courant. Les doublures sont bourrées
Contrairement aux autres formes de citation, sombres et mal aérées » (p. 4). de compensateurs gravifiques, qui permettent
la stéréotypie a des sources non localisables, de se déplacer [... ] sans risquer de s'envoler
La référence aux Chroniques martiennes de
diffuses, dispersées dans toute la production comme un papillon au moindre éternue-
Ray Bradbury, ici plus qu'explicite, trans-
textuelle d'une époque, d'un courant ou d'un ment* ». Il est évident que, pour la plupart
forme la répétition stéréotypée, et donc,
genre6 ». d'entre nous, un personnage se trouvant dans
nous l'avons vu, ne renvoyant à aucun texte
la même situation mais affublé d'un costume
Ce processus de déchiffrement orientera précis, en un clin d'œil intertextuel clair. La
de Mickey ou de girafe ne pourrait sembler
l'activité lectrice. Le lecteur, à qui il appar- frontière est, on le voit, très ténue, entre ce
qu'incongru et créer un décalage qui ferait
tenait déjà d'identifier ou non la reproduc- qui sera considéré comme cliché et ce qui
basculer le récit dans la parodie la plus bur-
tion, pourra relever passivement cette der- sera perçu comme intertextualité.
lesque. C'est ainsi que Dufays voit les stéréo-
nière ou entamer un travail actif de repérage types « en tant qu'outils d'investigation pré-
intertextuel. Écart minimal ? sents dans la mémoire du lecteur. Dès le seuil
Notons que parfois cette reproduction En 1991, Marie-Laure Ryan présentait le de la lecture, les stereotypies sont mobilisées
sera expressément soulignée dans le texte. principe de « l'écart minimal » dans les mon- en tant qu'horizon d'attente : lire, c'est tou-
Ainsi on peut relever une certaine ironie des fictifs. Selon cette théorie, le lecteur jours en partie aller à la recherche de structu-
dans cet extrait tiré encore une fois de Phaos : comblerait les « vides » laissés par le texte de

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res familières. La stéréotypie est donc ce vers dans le futur. Défini de la sorte, ce terme ap- Bibliographie
quoi le lecteur tend ; c'est elle qui permet paraît comme un cliché des récits de SF. Le Amossy, Ruth et Herschberg-Pierrot, Anne,
d'établir avec le texte cette connivence dont lecteur aura en effet l'impression d'avoir déjà « Stéréotypes et clichés. Langue. Discours.

toute lecture est confusément en quête10 ». rencontré ce genre de mécanisme, sous des Société », Paris, Nathan Université, 1997.

S'il ne faut pas généraliser et limiter le ré- formes plus ou moins similaires, dans — . « Types ou stéréotypes ? Les « physiologies » et
la littérature industrielle », dans Romantisme,
cit de science-fiction à des structures figées d'autres mondes science-fictionnels. n° 64, 1989.
et répétitives, il ne faut pas non plus sous- Voyons, par exemple, cet autre extrait tiré
Angenot, Marc, « Le paradigme absent. Éléments
estimer le plaisir que peut susciter la répé- des Confessions d'un automate mangeur d'une sémiotique de la science-fiction », dans
tition chez le lecteur de ce genre de récit. d'opium" : « Les yeux plissés, je regardai mes Poétique, n° 33 (février 1978).
Cette recherche des conventions du genre concitoyens s'affairer telles de minuscules C o l i n , Fabrice et Mathieu Gaborit, Confessions d'un
a déjà été étudiée, notamment pour le ro- fourmis et les tramways filer sous leurs automate mangeur d'opium, Paris, Mnémos,
man policier" dans lequel « la prévisibilité arcades de fer. Paris était un océan de 1999.
de la stéréotypie, et les jeux infinis de varia- lumière. Tout cela, nous le devions à l'éther. Dufays, Jean-Louis, Stéréotype et lecture, Liège,
tions qu'[il] engendre [...] offrent une Je ne comprenais pas comment les gens pou- Madraga.1994.

prime de plaisir [... ] Le public les accepte à vaient s'insurger contre l'usage de cette pro- Herschberg-Pierrot, Anne, « Problématique du
la manière d'un jeu auquel il participe libre- digieuse substance. Partout autour de nous, cliché. Sur Flaubert », dans Poétique, n° 43,
1980.
ment12». bien au-dessus de la ville, aéroscaphes aux
longues rangées de fenêtres, fiacres volants Jenny, Laurent, « Structure et fonctions du cliché.
À propos des Impressions d'Afrique », dans
Des « mots-fiction » à répétition ? munis d'ailes factices, aérocars et aérocabs Poétique, n° 12, 1972.
« Depuis un moment, des dizaines de plus petits [... ] orchestraient un magnifique
Ryan, Marie-Laure. Possible Worlds, Artificial
logiprocesseurs optiques - on dit familière- ballet ». Intelligence, and Narrative Theory, Bloomington,
ment des logops - se tiennent au garde-à- Si l'éther est censé être présent dans les Indiana University Press, 1991.

vous dans sa chambre à coucher. La plupart moindres progrès technologiques du Paris Saint-Gelais, Richard, L'empire du pseudo.
sont à peine visibles à l'œil nu et sur-spécia- steampunk de ce récit, le lecteur en déduira- Modernités de la science-fiction, Québec, Éditions
N o t a Bene, coll. « Littératures », 1999.
lisés. On ne les voit pas, mais il y en a par- t-il qu'il est l'ancêtre des logops ? Probable-
tout, encastrés dans les murs, le mobilier, les ment pas. Le lecteur pourra comparer divers
objets courants. Ils tiennent l'agenda, règlent vaisseaux spatiaux ou héros ainsi que diver- Notes
l'ouverture des portes ou surveillent la qua- ses séquences-cliché tirées d'univers fictifs 1 Alain Bergeron, Phaos, Lévis, A l i r e , 2003.
lité de l'air. Ils font tellement partie de l'en- différents, mais il gardera entre ces derniers 2 Anne Herschberg-Pierrot, « Problématique du
vironnement qu'ils en sont venus à former un certain cloisonnement qui l'empêchera cliché. Sur Flaubert », dans Poétique, n° 43,
l'environnement. Là où sévit l'homme pro- d'amalgamer totalement les différents mots- 1980, p. 336.

lifère le logop. [... ] S'ils sont omniprésents, fiction rencontrés, même si ceux-ci ren- 3 Laurent Jenny, « Structure et fonctions du
cliché. À propos des Impressions d'Afrique »,
c'est que plus personne n'est capable de s'en voient à des concepts sensiblement pareils.
dans Poétique, n° 12, 1972.
passer'3». Les mots-fiction pourront donc, eux aussi,
4 Ruth Amossy, Anne Herschberg-Pierrot,
À l'heure actuelle, aucun lecteur, même agir à la manière de stéréotypes : tout en ne op. cit., p. 74.
novice dans la SF, ne se trouvera déconte- référant à aucun monde fictif précis, ils 5 Ruth Amossy, et Anne Herschberg-Pierrot,
nancé par la présence dans le texte de termes pourront laisser une impression de déjà-vu Stéréotypes et clichés. Langue. Discours. Société,
tels que « logops ». Dans son analyse sémio- au lecteur qui devra alors sélectionner les in- Paris, Nathan Université, 1997, p. 72.
tique de la science-fiction, Marc Angenot a formations à travers le texte afin de recons- 6 Jean-Louis Dufays, Stéréotype et lecture, Liège,
très bien montré que le récit de SF, contrai- tituer le processus de répétition. À la diffé- Madraga.1994, p. 54.
rement aux autres récits, présuppose des rence qu'ici, contrairement aux autres 7 Ibid., p. 215.
« paradigmes absents », c'est-à-dire qui ne stéréotypes, le mot considéré comme cliché 8 Ibid., p. 218.
référeraient à aucun « paradigme préexistant ne renvoie à aucune réalité et est censé 9 Bergeron, 2003, p. 10.
dans le monde empirique14». Le lecteur se n'exister que dans le monde fictif du récit 10Jean-Louis Dufays, Stéréotype et lecture, p. 169.
trouverait donc en présence de termes qui que le lecteur est en train de découvrir.
11 V o i r par exemple Jacques Dubois. Le roman
donnent l'illusion de référer à un monde, On l'a vu, si on reproche à la science- policier ou la modernité, Paris, Nathan, 1992.
parfaitement intelligible alors qu'il ne réfère fiction d'être un genre comportant énormé- 12 Ruth Amossy et Anne Herschberg Pierrot.
qu'à lui seul. Des syntagmes tels que « lo- ment de clichés, ceux-ci sont essentiels dans p. 8 1 .
gop » agiraient comme des « cases vides15 » la définition générique ainsi que dans 13 Bergeron, op. cit., p. 5.
dans l'énoncé et ne pourraient être compris l'orientation de l'activité lectrice. Le rôle du 14 Marc Angenot, « Le paradigme absent.
du lecteur qu'en fonction du contexte. À la lecteur se révélera alors primordial pour re- Éléments d'une sémiotique de la science-
lecture du texte de science-fiction, le lecteur pérer la répétition et ensuite relier cette der- fiction », dans Poétique, n° 33 (février 1978),
reconstruirait donc un « segment de diction- nière aux critères du genre. Sans oublier que p. 75.

naire forcément incomplet, sans existence la stéréotypie, dans la science-fiction, parti- 15 Ibid., p. 78.
indépendante16 ». cipe au plaisir recherché par ses amateurs. 16 Saint-Gelais, p. 210.

Dans l'exemple ci-dessus, les « logops », 17 Fabrice C o l i n et Mathieu Gaborit, Confessions


d'après les indications données par le texte, d'un automate mangeur d'opium, Paris, Mnémos,
1999, p. 17.
peuvent être définis comme des sortes de Doctorante en littérature. Université Laval, Québec.
micro-processeurs ultra-puissants apparais-
sant dans la plupart des mécanismes utilisés

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