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Romanesques
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L’action désigne la suite des événements dans un récit, une pièce de théâtre, un
film. C’est le faire du récit. Elle est essentielle (dans le roman policier par exemple) ou
peut ouer un r!le secondaire si l’auteur a préféré insister sur la ps"chologie des
personnages ou la création d’une atmosphère. Les narratologues ont appelé l’action
une fonction, #ien $ue ce terme engendre une série d’am#igu%tés.
&ans la logi$ue du récit on identifie des suites d’actions ' des groupements de
fonctions, appelées séquences. u dé#ut d’une sé$uence, on rencontre généralement
des informations $ui servent de repère de lecture.
Exemple de simple information concernant l’espace de l’action
• * C’était + égara, fau#ourg de Carthage, dans les ardins d’-amilcar /0 1
(2lau#ert)
3our 4ladimir 3ropp, une sé$uence est une unité complexe, une suite ordonnée
de fonctions 5. 3our Claude 6remond, cha$ue sé$uence représente un processus
orienté vers un terme, terme d’ordre final (conduite déli#érée) ou d’ordre mécani$ue
(événement naturel). Cha$ue séquence élémentaire se décompose dans une situation
ouvrant une éventualité d’action, actualisée ou non7actualisée. &ans le cas o8 elle est
actualisée elle a#outit soit + un succès, soit + un échec. 9ne sé$uence classi$ue
s’articule donc en trois moments principaux, d’o8 on peut tirer un schéma
dichotomi$ue :. ;ouvent, + l’intérieur d’une sé$uence, le suspense est accru par un
1
Le folkloriste russe V. Propp publie en 1928 Morphologie du conte, une recherche structurale sur le conte
merveilleux. En analysant une centaine e contes merveilleux russes, il !tablit le sch!ma canoni"ue u conte "ui est
constitu! par #1 fonctions es personna$es "ui s%encha&nent ans un orre uni"ue et a$enc!es librement. Le conte
est aussi un r!cit ' ( actants ) agresseur, donateur, auxiliaire, personnage recherché, mandateur, héros et faux
héros*, a$issant chacun ans sa sph+re %action. La fonction )ou motif* consiste ans l%action %un personna$e,
!crite u point e vue u !roulement e l%intri$ue. es fonctions constituent les unités thématiques minimales.
Les 31 fonctions recens!es par Propp ans les contes merveilleux sont - contrat, départ, quête, qualification,
combat, victoire, retour, reconnaissance, transfiguration, mariage avec la princesse ... n remar"ue "ue certaines
fonctions forment es couples, sont li!es lo$i"uement. Pour !$a$er la structure !l!mentaire e la si$nification u
conte, /.0. reimas propose plus tar une approche s!miolo$i"ue u $enre. 3l r!vise le sch!ma es ( actants e
Propp et !tablit un mo+le actanciel ' six fonctions ) destinateur, objet, destinataire, adjuvant, sujet, opposant *
corresponant aux trois moalit!s fonamentales e l%activit! humaine ) vouloir , savoir et pouvoir *. Les 4 fonctions
!tablissent le sch!ma narratif $!n!ral e la Quête et trois types %!l!ments narratifs fonamentaux - performantiels,
contractuels et disjonctionnels.
:
4oir Claude 6remond, Logique du récit , 3aris, ;euil, 5<=>.
r"thme $ui fait alterner amélioration et dégradation ? le héros, par exemple, est sauvé in
extremis .
Les sé$uences peuvent @tre cardinales (des phases essentielles + son
développement) et secondaires, ornementales (des phases supprima#les sans
modifier le sens du récit de #ase, mais servant au charme et + la richesse du texte ? des
catalyses cf. A. 6arthes).
Les sé$uences narratives peuvent se soumettre + plusieurs processus + la
succession (la com#inaison), + l’enclavement, + l’alternance, au parallélisme, + la
cononction ou + la disonction.
&) L’encla$ement
La proposition narrative vient interrompre la proposition narrative 6. Exemple les
analepses, les prolepses, le récit enchâssé (de t"pe * récit dans le récit 1 ou mise en
abyme>).
') L’alternance
Kn alterne plusieurs sé$uences narratives. Exemple dans Les palmiers sauvages
(Si e t!oublie" #érusalem ) de . 2aulMner, le roman se compose de la stricte
alternance de deux trames totalement éloignées et, au premier a#ord, ar#itrairement
associées celle des * palmiers sauvages 1 o8 un homme $ui sacrifie tout + l’amour
et + la li#erté perd l’un et l’autre et celle du * vieux père 1 o8 un forDat sacrifie tout
#
Pour plus e !tails, voir ans les chapitres suivants.
pour échapper + l’amour et + la li#erté. Les rapports et les antithèses sont #ien sNr
plus su#tils et complexes $ue ce simple résumé du roman I.
) Le parallélisme
Les trames sont liées par le lieu ou le temps de l’action, mais restent indépendantes,
par l’action des personnages. Ol s’agit d’une * simple 1 simultanéité, d’une
co%ncidence spatiale ou temporelle. &es choses se passent, en m@me temps, au
m@me endroit. Exemple dans le $uatuor d!%lexandrie , Laurence &urrel suit, dans
sa tétralogie, un personnage par volume. Les temporalités ne sont pas strictement
parallèles la durée et les moments sont différents les trames s’entrecroisent de
faDon différentielle. La ville est le lieu commun des $uatre destins $ui se croisent.
Cha$ue récit a ses propres digressions, sa propre durée, ses propres flash7#acMs,
son propre point de vue, sa propre atmosphère, etc.
L’agencement des sé$uences se fait selon différents modes
1) l’enchaînement bout à bout (la situation finale d’une sé$uence devient la
situation initiale de la sé$uence suivante) ?
2) l’enchâssement (une sé$uence est enclavée dans une autre ? c’est le cas de
l’en$u@te policière) ?
) l’entrelacement (c’est7+7dire l’alternance comme dans le montage des films ?
ainsi dans Les &hibault de Aoger artin du Pard, les sé$uences consacrées aux
Qhi#ault alternent avec celles consacrées aux 2ontanin, + $uoi s’aoutent les
relations $ue tissent les sé$uences entre elles).
5
Apud 6. 7enne . L:;enthal, Mini-précis de narratologie )voir la r!f!rence 3nternet*.
$uand le cas se présente, d’identifier clairement les divers épisodes $ui composent le
chapitre.
Qout récit se résume en fonction d’un schéma narratif simple $ui tient compte
de la succession logi$ue des événements. Ce schéma est le suivant
5. l’état initial R définit le cadre de l’intrigue, met en place le lieu, l’épo$ue, les
personnages ? c’est un état ou une situation d’é$uili#re ?
:. l’événement perturbateur R remet en cause l’état initial rencontre, découverte,
événement inattendu ?
>. la suite de transformations R modifie la situation des personnages péripéties,
re#ondissements, coups de théâtre ? c’est un état de désé$uili#re ?
I. l’événement é!uilibrant (l’action réparatrice ou l’état de réé$uili#rage) R
annonce la résolution de l’intrigue par le com#at ou le secours, etc. ?
<. l’état final , heureux ou malheureux, des personnages et des faits + la fin du
récit ? c’est un état de réta#lissement de l’é$uili#re H.
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(situatio (situati
n (manque) on
initiale) finale)
<
En appli"uant ce sch!ma ' un conte folklori"ue ou merveilleux, ' La Belle au bois dormant par exemple, la
syntaxe narrative serait la suivante - 1* le bonheur %une princesse = 2* la >alousie %une f!e = #* le mal!fice - le
sommeil e cent ans = 5* l%arriv!e u prince charmant = <* la lev!e u sortil+$e. ?ans Le Petit Chaperon Rouge, le
loup cr!e la situation e !s!"uilibre en avalant l%enfant, le chasseur y mettra bon orre en ouvrant le ventre e la
b@te.
Kn peut trouver des intrigues stéréot"pées avec des structures profondes $ui
reviennent, dans le cas des genres codés. &ans le genre romanes$ue, il " a des sous7
genres divers construits sur un m@me modèle de #ase.
Exemples :
• le roman de chevalerie lors d’une $u@te aventureuse, le héros traverse
#eaucoup d’épreuves dont il sortira vain$ueur et récompensé ?
• le roman picaresque le picaro traverse les villes, des milieux sociaux différents,
de nom#reuses aventures sans se transformer + la différence du roman
d’apprentissage o8 le héros s’assagit ?
• le roman policier (le polar ) ce t"pe se construit selon le schéma m"stère initial
(crime) R en$u@te R solution et châtiment du coupa#le B ?
B
Le polar est le livre $ui, s’il ne pi$ue pas la curiosité par une énigme ou s’il n’entraWne pas
l’imagination dans des aventures + couper le souffle, ne vaut pas deux sous et on l’a#andonne
sur le $uai d’une gare. Le roman policier appartient + la paralittérature, + la littérature populaire,
du moins, considèrent les narratologues. 3ar le #iais des situations, du cadre, de l’ordre des
événements, du monolithisme de certains personnages, des tacti$ues pr@tées aux
gouvernements, le polar peut entrer dans la littérature engagée (c’est souvent le cas du néo7
polar). Le pu#lic a le goNt des émotions fortes, donc il peut donc prendre plaisir aux romans de
néo7polar.
<
le roman noir c’est une variante du roman policier, o8 l’on change de point de
•
&ans d’autres termes, X.7. dam donne les six constantes o#ligatoires d’un
récit=
5) la succession d’événements (minimale) ?
:) l’unité thémati$ue (un acteur7suet) ?
>) des prédicats transformés ?
I) un procès (l’unité d’action avec toutes ses composantes dé#ut, exposition,
nVud, conclusion) ?
H) une causalité narrative (le récit explicatif) ?
B) une évaluation finale (la clé de la spécificité du récit).
(
Le récit , !. cit!e, pp. 84094.
Exemples :
&ans 1adame 2ovary de 2lau#ert, il " a deux cérémonies de passage
•
o#session.
&ans .erminal de Yola, la nuit et le our s’opposent de manière s"m#oli$ue,
•
8
Voir P. AicBur, Temps et récit , # vol., Paris, Ceuil, 198#, 1985, 198<, et particuli+rement vol. 1, pp. 88089.
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"es sous#thèmes sont des facettes, des modulations du thème maeur $ui
l’explicitent davantage. 9n thème ne se conDoit pas sans modulation(s). Le thème de
l’amour peut connaWtre $uel$ues variantes telles $ue l’érotisme, la alousie, la haine, le
remords, la possessivité, la passion, la su#limation, etc. "es thèmes mineurs
s’inscrivent dans une traectoire tout + fait différente. Ols peuvent @tre traités
indépendamment du thème maeur ou " @tre reliés par un fil ténu. C’est l’ensem#le des
thèmes, sous7thèmes et thèmes mineurs $u’on appelle configuration thématique.
Les personnages $ui évoluent dans le temps et l’espace romanes$ues aiment,
souffrent, réfléchissent, luttent, se révoltent, se soumettent, espèrent et désespèrent ?
ils expriment dans l’affirmation ou la négation de soi certaines idées, une vision $u’ils
ont d’eux7m@mes et du monde. Le développement de ces idées peut aussi s’appeler
thèmes.
Les romanciers du [[ e siècle ont cherché + s’approcher d’une réalité vivante et
mouvante, par opposition au récit fa#ri$ué de toutes pièces. Le récit moderne tente
d’égaler la pensée dans sa fluidité et son évanescence. Le monologue final d’ Ulysse de
Xames Xo"ce est une référence capitale pour le roman moderne. C’est un flot de
paroles non endiguées la ponctuation en est a#sente, le narré est cal$ué sur le
discours oral. Le dénouement de l’intrigue, perDu comme un leurre mis en place par
l’écrivain, est volontairement passé sous silence. 2lau#ert est un précurseur des
auteurs modernes. Le récit va également se détacher de sa dimension causale, et
devenir une uxtaposition d’idées pas forcément logi$uement reliées entre elles. La
/oute des 4landres (5<B) de Claude ;imon est un monologue de remémoration $ui
se déroule dans une cham#re d’h!tel. Le narrateur raconte $u’il se souvient $u’il
raconte $ue/ C’est un dédale o8 l’on saute d’une idée + l’autre par associations
d’idées et analogies dans une $u@te infinie de l’@tre. Ce mouvement de déconstruction
du roman, dont l’apogée se situe entre 5<HH et 5<= a eu pour t@tes de files Sathalie
;arraute, arguerite &uras, Claude ;imon, ichel 6utor et lain Ao##e7Prillet. Citons
encore Aa"mond Jueneau, $ui oue avec le concept de récit en racontant << fois la
m@me histoire dans -xercices de style (5<==), utilisant cha$ue fois un st"le différent
alexandrins, comédie, philosophi$ue, médical, arc7en7ciel, désinvolte, #otani$ue, moi7e,
inurieux, avanais... &’anecdoti$ue, l’histoire en $uestion devient savoureuse dans ses
déclinaisons variées. Cette recherche d’un * nouveau roman 1, ce passage de l’unité +
la multiplicité, ce eu de discontinuité dans la narration, #ref cette mutation du fond du
récit annonDait la mutation de sa forme, $ui ne prit son essor $ue grâce + l’avènement
de la technologie informati$ue.
l’espace interne peut correspondre + l’image $ue le suet parlant construit de lui7
m@me et de son destinataire + travers son discours.
&ans son étude -space et lecture , 4incent Xouve anal"se la fonction des lieux
dans la construction du sens et constate $ue parmi les développements les plus
récents de la théorie littéraire, la réflexion sur la lecture occupe une place importante. Ol
propose de lier les pro#lèmes de poéti$ue aux pro#lèmes de réception. Les anal"ses
de lecture apparaissent ainsi comme le prolongement des études poéticiennes.
L’o#ectif de Xouve est de montrer $ue la référence + l’espace oue un r!le décisif dans
l’interaction entre le texte et le lecteur. L’acte de lecture comprend, selon lui, $uatre
dimensions cognitive, affective, argumentative et s"m#oli$ue. Le traitement textuel de
l’espace informe chacune de ces dimensions. 3our le montrer, Xouve examine les
$uatre $uestions suivantes espace et représentation, espace et identification, espace
et intention, espace et signification. 4incent Xouve arrive + la conclusion $ue les lieu$
ouent un r!le essentiel dans l’acte de lecture
1D
le panorami!ue7 Ce procédé est emplo"é pour lier des scènes voisines et consiste
+ porter ses regards successivement sur des o#ets ou sur des personnages $ui ne
peuvent prendre place en entier sur une image fixe).
le travellin'. &ans l’art cinématographi$ue, c’est le déplacement de la caméra dans
le sens de la profondeur. &ans un texte romanes$ue, c’est approfondir la
perspective pour mieux anal"ser un détail particulièrement important.
Lors$ue l’espace sert de décor + l’action, il offre un vrai spectacle au regard des
personnages. Ol s’éta#lit alors une relation entre le pa"sage et l’état d’âme de celui $ui
regarde, $ui perDoit (voir Le /ouge et le 3oir de ;tendhal, la scène o8 Xulien ;orel
monte sur des rochers et " réfléchit + sa destinée). 3h. -amon offre la matrice suivante
dans le cas o8 l’espace est découvert par un personnage
Exemple
11
12
Exemples
o l’incipit des 4leurs bleues de A. Jueneau (* Le sommet du donon du0
château 1 renvoie le lecteur + l’univers du roman héro%$ue, du roman de chevalerie
ou du conte de fées $ue des indices comi$ues (calem#ours, anachronismes)
viennent trou#ler * Les -uns préparaient des stè$ues tartares, le Paulois fumait
une gitane, les Aomains dessinaient des grec$ues/ 1 ?
o la mine dans .erminal de Yola, décrite telle une #@te dévorant les
hommes, renvoie + l’exploitation dont sont victimes les mineurs et rend compte du
point de vue idéologi$ue de l’auteur sur le monde du travail + la fin du [O[ e siècle ?
o les descriptions #alaciennes $ui éta#lissent une correspondance entre
les personnages et les lieux $u’ils ha#itent (maison, salon, etc.)
La description peut se faire du plus large au plus précis ou, inversement, suivre
un phénomène d’élargissement, de haut en #as ou vice versa, ou encore latéralement.
6alac décrit le milieu de vie, les lieux, car les informations données permettront de
mieux comprendre les personnages et les événements $ui vont se produire. ;auter les
descriptions dans un roman #alacien amène une lecture na%ve, focalisée sur l’intrigue,
ignorant ainsi l’intention de l’auteur (@tre l’historien, le greffier de la société).
3our ne pas confondre un énoncé narratif avec un énoncé descriptif, il convient
de mettre en évidence $uel$ues traits spécifi$ues + chacun
1#
&ans un texte romanes$ue, sur une #ase narrative il peut " avoir des parties
explicatives et ' ou descriptives.
• le vocabulaire spatial pour repérer les personnages et les lieux dans l’espace ?
• le vocabulaire des perceptions et des sensations ?
15
Le lecteur doit se poser les $uestions suivantes cha$ue fois $u’il a affaire + une
description
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