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gratitude
Propos recueillis par Il est vivant !
Introduction
Le témoignage qui suit, raconté quatre ans après les faits, permet de
repérer comment le don peut générer une forte gratitude, qui résiste au
temps. Ce “petit” don au début d’une collaboration, qui n’a pas été perçu
comme une manipulation grâce au message qui l’accompagnait, a généré
en retour un désir de se dépasser.
C’est évident. Des enquêtes ont montré qu’entrer dans la logique du don et
de la gratitude avait même des effets bénéfiques sur la performance
financière des entreprises ! Ainsi, une étude a été récemment menée sur
un réseau de fournisseurs dans l’industrie de la mode à New York,
particulièrement performant[3]. Au-delà de la recherche de l’excellence de
la fabrication, ces différents acteurs sont engagés dans la coopération par
la recherche du bien mutuel. Un dirigeant explique : « Il est difficile de
comprendre, pour un observateur de l’extérieur, qu’on se lie d’amitié avec
ces gens – des “amis d’affaires”. Vous vous intéressez à ce qu’ils font en
dehors des affaires puis vous avez confiance en eux et en leur travail. » Au-
delà de la transaction économique, ces acteurs sont embarqués dans un
réseau de don et de gratitude, par exemple à travers les précautions qu’un
client va prendre envers son fournisseur pour lui éviter des difficultés
financières.
Il me semble que le plus important est d’abord de repérer qu’elle est déjà
bien présente dans notre vie professionnelle.
Le don de la grâce et de la gratitude est là, comme une source prête à jaillir
dans le monde du travail. Et si nous prenions le temps de désensabler cette
source vitale ? Pour ce faire, laissons-nous inspirer par ces mots de Saint
Exupéry : « De mon travail, je n’ai jamais rien reçu qui comptât quand il
n’était qu’objet d’échange au tarif kilométrique des pilotes de ligne. Mon
travail ne valait rien si, en même temps qu’il me nourrissait matériellement,
il ne me faisait point être de quelque chose. S’il ne me faisait point pilote
d’une ligne, jardinier d’un jardin, architecte d’une cathédrale, soldat d’une
France. Si nos créations de lignes nous enrichissaient le cœur, c’est à
cause des dons qu’elles exigeaient de nous. La ligne naissait de nos dons.
Une fois née, elle nous faisait naître. Si aujourd’hui je retrouve un
camarade, je puis lui dire : “Te souviens-tu ?…” C’était une époque
merveilleuse puisque, noués par les mêmes dons, nous nous aimions les
uns les autres. » (Antoine de Saint Exupéry, message aux soldats
volontaires américains, 1941).