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ANGUILLA, Mathilde
Abstract
Ce travail de mémoire vise à étudier l'influence que peut exercer Instagram sur les choix de
nourriture des jeunes femmes de 15 à 29 ans. Il s'agit de mesurer les attitudes de ces
personnes à l'égard d'images de plats plus ou moins sains et de publications Instagram
affichant un nombre de mentions « J'aime » plus ou moins important. Il est également
question d'examiner la variation de l'estime de soi des jeunes femmes au contact de ces
images et publications. Les résultats de l'étude indiquent que de manière générale, les
images de nourriture saine sont préférées aux autres. Par ailleurs, ils mettent en lumière le
plaisir virtuel que peuvent apporter les images présentant des plats peu équilibrés
(hamburger, pizza, …) et l'importance de la présentation de l'assiette et de la qualité de la
photographie alimentaire sur Instagram.
Reference
ANGUILLA, Mathilde. Instagram et les pratiques alimentaires : une analyse de
l'influence du réseau social sur les choix de nourriture des jeunes femmes de 15 à
29 ans. Master : Univ. Genève, 2019
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:123411
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MÉMOIRE DE DIPLÔME
Master en Journalisme et Communication
Une analyse de l’influence du réseau social sur les choix de nourriture des
Mathilde Anguilla
N° d’étudiant : 13-409-776
La rédaction de ce travail de mémoire fut une aventure longue de deux ans. Je tiens
à remercier toutes les personnes qui m’ont accompagnée tout au long de celle-ci.
v Merci à Marie Jordan et Justine Lattion, mes amies si chères qui m’ont
apporté écoute, conseils et m’ont rassurée dans les instants de doutes.
v Merci à mes amis Maxime Gay-Crosier et Damien Bassi pour leur soutien,
leurs encouragements et leurs relectures.
Nos analyses ont montré que les jeunes femmes ont des attitudes en moyenne plus
favorables face à des images de nourriture saine. De même, leurs attitudes sont dans
l’ensemble plus favorables envers la publication Instagram présentant le plus de
mentions « J’aime ». Enfin, en mesurant le niveau d’estime de soi avant et après que
nos enquêtées aient interagi avec ces photographies, nous n’avons constaté qu’une
très faible variation du niveau d’estime de soi moyen.
REMERCIEMENTS ...................................................................................................... I
RÉSUMÉ ..................................................................................................................... II
TABLE DES MATIERES............................................................................................ III
TABLE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................. V
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................... I
ANNEXES .................................................................................................................. IX
INTRODUCTION
CADRE THEORIQUE
PROBLEMATIQUE
HYPOTHESES
METHODOLOGIE
Nous vivons une époque centrée sur l’image de soi et de son corps. Le philosophe
Yannis Constantinidès dit d’ailleurs dans son livre au titre évocateur « Le nouveau
culte du corps » : « Le corps est devenu un capital, un bien dont il faut prendre soin »1.
Dans une société qui se montre de plus en plus dure face à l’imperfection, notamment
physique, le corps est devenu un outil pour se présenter aux yeux des autres et
affirmer son statut dans la société. Ainsi, la tendance est à soigner son corps et à
présenter un corps sain au regard des autres. Ce soin du corps passe notamment par
la nourriture.
Les dernières années ont été témoins de la montée en puissance des réseaux sociaux,
plateformes permettant aux internautes de partager des aspects de leur vie et
d’interagir avec les autres. Instagram, application de partage de photographies, permet
de mettre sa vie en images, voire même la mettre en scène. Les clichés que les
individus y publient en disent long sur leur identité, réelle et projetée. Ces médias
sociaux sont devenus partie intégrante de la vie de beaucoup de gens et leur
permettent de se connecter avec des amis, leur famille ou même des inconnus partout
sur la planète. Ils sont tout bonnement devenus omniprésents dans le quotidien d’un
grand nombre de personnes.
1
« Le corps, ce capital dont il faut prendre soin »
https://www.letemps.ch/societe/2017/01/02/corps-capital-dont-faut-prendre-soin , consulté le 25 avril
2017.
2
Traduit de l’anglais par nos soins.
3
« Le corps, ce capital dont il faut prendre soin »
L’objectif du cadre théorique est de faire une revue de la littérature existante au sujet
des différents concepts qui interviennent dans notre travail. Nous allons donc aborder
les réseaux sociaux et leur utilisation et présenter Instagram. Nous nous pencherons
également sur les thématiques de l’alimentation, du corps et de leurs représentations
sociales. Nous évoquerons enfin les concepts d’attitudes et de normes sociales.
1. P RESENTATION D ’I NSTAGRAM
Logiques d’actions
4
https://www.instagram.com/about/us/ , consulté le 10 avril 2019.
5
Traduit de l’anglais par nos soins.
6
« Instagram franchit le cap du milliard d’utilisateurs et dégaine une application pour contrer Youtube »
https://www.frenchweb.fr/instagram-franchit-le-cap-du-milliard-dutilisateurs-et-degaine-une-
application-pour-contrer-youtube/328839 , consulté le 10 avril 2019.
INSTAGRAM STORIES
Après plusieurs années de ce modèle de publication dans une galerie, Instagram a
introduit quelques nouveautés. En août 2016, les « Instagram Stories » apparaissent.
Cette fonctionnalité permet aux internautes de partager photos et courtes vidéos de
manière plus spontanée et éphémère. En effet, la durée de vie d’une « Instastory » est
de 24h. Ce contenu n’apparait pas dans la galerie de l’utilisateur, mais au-dessus,
indépendamment de celle-ci. Quelques mois après l’ajout de ce nouveau mode de
publication, Instagram est allé plus loin en proposant la diffusion de « Instagram
Stories » en direct8.
INSTAGRAM TV
Enfin, dernier ajout en date dans les fonctionnalités de partage de contenu : « IGTV »
(Instagram TV), lancée en juin 2018. Les utilisateurs peuvent désormais publier des
vidéos de plus ou moins longue durée (jusqu’à une heure) qui ne disparaissent pas
après 24h. « Instagram TV » se présente comme une télévision classique, qui aurait
des chaines entre lesquelles il est possible de zapper : ici, chaque utilisateur
représente une chaine9.
Logiques de réactions
7
Capture d’écran du site Instagram :
https://www.instagram.com/about/us/ , consulté le 10 avril 2019.
8
https://instagram-press.com/blog/2017/01/24/live-stories-available-globally/ , consulté le 10 avril 2019.
9
https://instagram-press.com/blog/2018/06/20/welcome-to-igtv/ , consulté le 10 avril 2019.
Certains profils Instagram sont suivis par un grand nombre d’utilisateurs : des milliers,
voire des millions d’abonnés. Beaucoup de ces comptes appartiennent à des
personnalités déjà célèbres hors du réseau social. Par exemple, les dix profils
Instagram comptabilisant le plus d’abonnés appartiennent à des personnalités du sport
et du divertissement. Cependant, certains anonymes se sont également démarqués,
voyant le nombre de leurs abonnés grimper en flèche.
10
Figure 2 : Les dix comptes Instagram les plus suivis en 2019
Comme dit précédemment, le réseau social a connu une rapide croissance. Des
millions d’utilisateurs se sont inscrits sur la plateforme, certains comptant un nombre
d’abonnés très important. Ainsi, très vite, la publicité s’est invitée sur le réseau. En
septembre 2017, la plateforme atteignait deux millions d’annonceurs par mois11. Cela
a permis l’émergence d’un nouveau métier : « instagramer », un individu qui crée du
contenu sur le réseau social et vit des revenus qui en sont générés12.
10
Image trouvée sur le site Statista :
https://www.statista.com/statistics/421169/most-followers-instagram/ , consulté le 10 avril 2019.
11
https://business.instagram.com/blog/welcoming-two-million-advertisers/ , consulté le 10 avril 2019.
12
« Gagner sa vie grâce à Instagram ? C’est possible, je touche parfois 5'000 euros par mois »
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1423183-gagner-sa-vie-grace-a-instagram-c-est-possible-je-
touche-parfois-5-000-euros-par-mois.html , consulté le 11 avril 2019.
Avant toute chose, il est nécessaire de définir ce que sont les médias sociaux. Notre
travail se concentrant sur les femmes de 15 à 29 ans, il nous faut comprendre la façon
dont cette frange de la population utilise les médias sociaux.
Définition
Tout d’abord il nous faut définir ce que sont les médias sociaux, aussi appelés réseaux
sociaux. L’expression « désigne généralement l’ensemble des sites internet
permettant de se constituer un réseau d’amis ou de connaissances professionnelles
et fournissant à leurs membres des outils et interfaces d’interactions, de présentation
et de communication »13. Parmi les plus connus, on peut citer Facebook, Twitter ou
encore Instagram, qui nous intéresse particulièrement dans le présent travail.
1. L’interaction sociale
Les médias sociaux ont pour particularité de permettre le partage de photos et
vidéos, ce qui amène à une nouvelle forme de communication de plus en plus
basée sur l’image (Holmberg et al., 2016). Parmi la population âgée de 18 à 29
ans, 79% disent partager des photos qu’ils ont pris eux-mêmes sur les réseaux
sociaux. Par rapport à d’autres activités, ces jeunes individus consacrent la plus
grande partie de leur temps à ces nouveaux médias et technologies. Les réseaux
sociaux sont donc désormais considérés comme faisant partie de la vie
quotidienne. De plus, il est établi que cette tranche de la population préfère des
moyens de communication qui facilitent l’interaction sociale. (Vaterlaus et al.,
2015). Selon Beuscart et al. (2009) :
13
https://www.definitions-marketing.com/definition/reseaux-sociaux/ , consulté le 20 avril 2019.
3. P RESENTATION DE SOI
Après avoir évoqué l’utilisation qui peut être faite des réseaux sociaux, nous allons
nous concentrer ici sur la manière dont les utilisateurs de ces plateformes s’y
présentent.
Sur les réseaux sociaux, chaque individu dispose de son espace personnel comme il
le désire et y diffuse le contenu qu’il souhaite. Chacun a le pouvoir de décider de la
manière dont il veut se présenter aux autres utilisateurs. S’il en va de même dans le
monde réel, il y a tout de même quelques différences dans le monde digital.
Dans le monde dit « hors ligne », les individus peuvent montrer différentes facettes de
leur façon d’être selon le groupe social et le milieu avec lequel ils interagissent. C’est
tout le contraire dans le monde digital : leur profil sur les réseaux sociaux est
accessible par tous de la même manière. Il n’est donc pas possible pour l’individu de
moduler son image ni de s’en créer plusieurs (Manago et al., 2008).
Ceci étant dit, « les médias sociaux fournissent à leurs utilisateurs une plateforme
digitale sur laquelle ils sont libres de présenter la version d’eux-mêmes qu’ils
souhaitent »14 (Vaterlaus et al., : 2015 : 156). En effet, le caractère asynchrone des
réseaux sociaux permet aux individus de choisir et travailler l’image d’eux-mêmes
qu’ils veulent montrer. Cela passe notamment par la mise en avant d’attributs
socialement désirables et la censure de ceux qui le sont moins. Les internautes
peuvent sélectionner, améliorer et parfois même retoucher les clichés d’eux ou de leur
vie qui sont diffusées auprès de leur audience. Ils peuvent également limiter voire
14
Traduit de l’anglais par nos soins.
Une photographie est malléable à loisir pour celui qui sait utiliser la myriade de logiciels
informatiques qui existent à l’heure actuelle. Il a été montré par plusieurs études que
« les utilisateurs des réseaux sociaux ont tendance à modifier et améliorer les images
apparaissant sur leur profil » (Kim & Chock, 2015 : 331). Ainsi, peu à peu, ces
différentes plateformes se retrouvent pleines de photographies retouchées,
améliorées, présentant une version idéalisée de leurs utilisateurs.
Instagram étant « photo-centré », c’est sur ce réseau que cette tendance est la plus
aisément observable. De plus en plus d’internautes publient des clichés modifiés, tant
au niveau des éléments les composant qu’au niveau des couleurs et teintes. Nous
évoquions auparavant les « Instagramer », ces utilisateurs qui ont réussi à tirer des
revenus du contenu qu’ils diffusent sur la plateforme. En observant rapidement
plusieurs de ces profils, il est assez facile de conclure que l’immense majorité modifie
ses photographies. Certains vont-même jusqu’à proposer à la vente les « filtres », les
modifications, qu’ils ont mis au point pour améliorer leur contenu.
15
Id.
16
Capture d’écran du compte Instagram « ellesenparlent » :
https://www.instagram.com/ellesenparlent/, consulté le 21 avril 2019.
Comme évoqué précédemment, les médias sociaux peuvent être la base d’une
comparaison entre les utilisateurs. Dans ce chapitre, nous nous penchons sur les
mécaniques de cette comparaison.
Au cours des années 1950, la comparaison sociale était considérée comme résultant
d’un besoin humain basique et omniprésent : évaluer les opinions et capacités des
autres afin de savoir se situer par rapport à eux. Puis la recherche a évolué et inclus
l’évaluation des qualités et des comportements, y compris les émotions (Polivy &
Pliner, 2015 : 89).
17
Traduit de l’anglais par nos soins.
18
Id.
19
Id.
Dans notre société actuelle, l’idéal de minceur (sur lequel nous reviendrons en détails
dans le chapitre suivant) est véhiculé notamment par le biais des médias qui mettent
constamment en avant des célébrités et mannequins minces. Des études ont montré
que les « femmes se comparent aux mannequins et célébrités lorsqu’elles sont
confrontées aux normes culturelles de minceur car ce sont ces mannequins et
célébrités qui fixent ces normes et que les femmes savent qu’elles seront jugées par
rapport à celles-ci »20 (Brown & Tiggemann, 2016 : 38).
Nous l’évoquions précédemment, avec l’avènement des réseaux sociaux, les individus
ont encore plus de possibilités de se comparer aux autres. De plus, « avec Instagram,
le groupe de comparaison sociale peut devenir des célébrités qui ont beaucoup plus
d’argent et d’attributs socialement valorisés »21, comme par exemple la minceur (Dion,
2015 : 6). Ces comparaisons ascendantes répétées peuvent mener les femmes à
développer un sentiment d’insatisfaction corporelle (Fardouly et al., 2015).
Comme nous allons le voir dans ce chapitre, le corps est une composante importante
de la représentation de l’individu dans l’espace social. De plus, il est façonné entre
autres par la façon dont l’individu se nourrit. Avant d’aborder le domaine de
l’alimentation, nous explorons ici la thématique du corps et les concepts qui y sont liés.
Selon Corbeau (2007), « Le corps est un moyen de communication non verbale qui
signifie une appartenance et un statut social » (p. 250). Cela veut dire que notre corps
donne des informations à propos de nous tout autant que les mots que nous
20
Traduit de l’anglais par nos soins.
21
Id.
« Le corps est en effet, au même titre que tous les autres objets techniques dont
la possession marque la place de l’individu dans la hiérarchie des classes, par
sa couleur (blafarde ou bronzée), par sa texture (flasque et molle ou ferme et
musclée), par son volume (gros ou mince, replet ou élancé), par l’ampleur, la
forme ou la vitesse de ses déplacements dans l’espace (gauche ou gracieux), un
signe de statut … » (p. 232).
Au final, le corps est donc un produit social, construit tant par les conditions de
travail que par les habitudes de consommation de l’individu et de la classe à laquelle
il appartient, qui raconte l’individu, qu’il en soit conscient ou non. (Bourdieu, 1977).
L’idéal de la minceur
Traditionnellement, alors que la force physique et le travail manuel sont plutôt associés
avec les classes populaires, la forme physique et le travail intellectuel relèvent des
classes supérieures. Ainsi plus l’individu s’élève dans la hiérarchie sociale et donc
s’éloigne du travail manuel, plus il sera conscient de son corps et y portera un intérêt
particulier. N’ayant plus besoin de mobiliser sa force physique, il pourra « reconquérir
son corps » et y apporter du soin, privilégiant la forme et la beauté (Boltanski, 1971).
Penser la minceur comme idéale et attractive est une tendance que l’on retrouve
largement dans la société et plus particulièrement dans l’industrie de la mode
(Grégorio, 2014 : 7). Cette norme culturelle de la minceur est transmise aux individus
Les médias sociaux ne sont pas en reste et contribuent également à cette pression
corporelle. Les dernières années ont été témoin du développement de plusieurs
phénomènes :
- Le « thinspiration »
(contraction de « thin », mince, et « inspiration), qui consiste en « des images de
femmes émaciées, accompagnées de textes destinés à inspirer la spectatrice à
perdre du poids »23 (Tiggemann & Zaccardo, 2015 : 62).
- Le « fitspiration »
(contraction de « fitness » et « inspiration »), qui désigne « des images destinées
à motiver les gens à faire du sport et mener un mode de vie plus sain »24 (ibid.).
- « Pro-ana »
(pro-anorexia), mouvement qui rassemble et promeut l’extrême maigreur et le
mode de vie anorexique.25
Le « Body Myth »
Dans leur livre « The Body Myth : Adult Women and the Pressure to Be Perfect »,
Maine et Kelly ont défini ce qu’ils appellent le « body myth », ou en français le mythe
du corps. Cette expression fait référence à l’idée que « notre valeur et celle des autres
est et devrait être basée sur notre apparence, le poids que l’on pèse et donc ce que
l’on mange »26 (Friedman, 2006 : 172). Dans notre société, nous en arrivons donc à
penser que « Nous sommes notre corps ». Selon les auteurs de l’ouvrage, les femmes
modernes étant plus actives professionnellement et donc dans la vie publique, leurs
corps sont l’objet de nouvelles examinations et jugements (ibid.).
Dans leur étude réalisée auprès d’adolescents Dany et Morin (2010) et rejoignent cette
idée du « body myth » en avançant que : « l’image corporelle est essentielle pour la
définition personnelle des adolescentes, parce qu’elles ont été portées à croire, par le
biais de la socialisation, que leur apparence constituait la base quasi-essentielle de
leur évaluation personnelle et de celle opérée par autrui » (p. 322).
22
Traduit de l’anglais par nos soins.
23
Id.
24
Id.
25
https://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Pro-Ana , consulté le 28 avril 2019.
26
Traduit de l’anglais par nos soins.
Définition
Tout d’abord, il nous faut définir ce qu’est l’alimentation. Lavallée et al. (2004) en
parlent comme d’un acte universel, qui porte des traditions et est en lien étroit avec
l’identité, le rang social et l’appartenance culturelle des gens. S’appuyant sur la thèse
de Lahlou, « Penser manger », Lavallée et al. définissent l’alimentation comme suit
:« L’alimentation n’est pas simplement la satisfaction d’un besoin physiologique, elle
est un acte complexe qui renvoie à des réalités psychologiques, sociales et culturelles
(savoirs, émotions, valeurs et rituels) » (2004 : 105).
La nourriture jouant un rôle essentiel dans la vie quotidienne, les pratiques
alimentaires des individus reflètent leurs valeurs sociales et culturelles et sont des
éléments importants de leur bien-être et de leur santé (Holmberg et al., 2016). Ainsi,
comme tout ce qu’accomplit l’être humain, l’action de manger participe à sa
représentation sociale et à la perception que les autres ont de lui.
Selon Lahlou (1995), l’acte de s’alimenter est associé au rapport d’incorporation qui
peut être résumé ainsi : « You are what you eat », l’individu est ce qu’il mange. L’auteur
explique que ce principe peut s’appliquer à des groupes humains, lesquels seront alors
désignés par leur aliment caractéristiques (les Anglais appelant les Français « frogs »,
grenouilles, par exemple). Au niveau individuel, le principe qui veut que le mangeur
devienne ce qu’il a ingéré s’applique également. Lahlou l’explique ainsi : l’aliment
mangé va passer par le ventre de l’individu, pour finalement s’ajouter, s’incorporer, à
son corps. Ainsi, « la substance devient partie du sujet » (p. 202). Il est important ici
de préciser que le corps de l’individu absorbe certaines caractéristiques de l’aliment,
mais qu’il ne devient pas l’aliment. « Ce n’est donc pas exactement la substance
matérielle même de l’aliment qui s’incorpore au mangeur, mais plutôt son essence,
ses vertus en tant qu’elles sont applicables à la catégorie de sujet humain » (p. 203).
27
Id.
Ainsi de la même manière que les Français ne deviennent pas des « grenouilles »,
l’individu ne devient pas une carotte s’il en mange une ni un cochon s’il consomme de
la viande de porc. Le principe d’incorporation lié à l’alimentation repose plutôt sur
l’assimilation. L’aliment est donc vecteur d’essences et de vertus que le mangeur va
s’attribuer en l’ingérant. Selon Lahlou (op. cit.) : « Cette transmission implique que le
sujet et la substance alimentaire vont avoir en commun, à l’issue du processus,
certains traits identiques. Par là, l’incorporation s’affirme comme un processus de
choix, pour réaliser l’identification » (p. 203). Ces principes d’incorporation de l’aliment
et d’assimilation de son essence permettent de comprendre les diverses pratiques
alimentaires.
En 2016 le sociologue britannique Alan Warde disait : « Bien que les styles de
conduites varient, il y a un consensus sur ce qu’est un bon conducteur. En
comparaison, ce qu’est « bien manger » apparait beaucoup moins clair »28 (Jackson,
2017 : 239). S’il y a en effet presqu’autant de façons de s’alimenter que d’individus,
les autorités de santé publique et experts du domaine s’accordent sur ce que signifie
« bien manger » et définissent un modèle « d’assiette optimale » sur lequel se baser.
29
Figure 4 L'assiette optimale selon la Société Suisse de Nutrition
28
Traduit de l’anglais par nos soins.
29
Image trouvée sur le site Société Suisse de Nutrition (SSN) :
http://www.sge-ssn.ch/fr/toi-et-moi/boire-et-manger/equilibre-alimentaire/assiette-optimale/ , consulté le
19 avril 2019.
Le partage ne suffit pas. Pour que l’assiette soit équilibrée, certaines proportions
doivent être respectées : un cinquième pour les protéines et deux cinquièmes pour
respectivement les fruits et légumes et les aliments farineux.
L’association helvétique diffuse également cette image de la pyramide alimentaire :
30
Figure 5 La pyramide alimentaire selon la Société Suisse de Nutrition
L’image représente les aliments sous forme de pyramide, ceux des couches
inférieures étant « nécessaires en plus grande quantité » tandis que ceux des couches
supérieures « suffisent en moindre quantité » dans le cadre d’une alimentation saine
et équilibrée.
En France, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) préconise de « manger de
tout mais en quantités adaptées »31. Cela signifie qu’il est préférable pour notre santé
de consommer des aliments qui nous sont bénéfiques (ceux décrits dans l’assiette
optimale) et de limiter ceux qui ne le sont pas. Les différents messages du PNNS
accompagnant les publicités alimentaires en France s’inscrivent dans ces
recommandations. En voici deux exemples :
30
Image trouvée sur le site de la Société Suisse de Nutrition (SSN) :
http://www.sge-ssn.ch/fr/toi-et-moi/boire-et-manger/equilibre-alimentaire/pyramide-alimentaire-suisse/
, consulté le 19 avril 2019.
31
http://www.mangerbouger.fr/Manger-Mieux/Que-veut-dire-bien-manger/Equilibrer-et-varier-son-
alimentation , consulté le 19 avril 2019.
32
Figure 6 : Publicité pour la marque Nutella accompagnée d'un message du PNNS
33
Figure 7 : Publicité pour la marque Lay's accompagnée d'un message du PNNS
32
Image trouvée sur le site Il était une pub :
https://iletaitunepub.fr/2016/02/les-marques-iconiques-la-communication-de-nutella/, consulté le 20
avril 2019.
33
Capture d’écran d’une vidéo Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=ZZy0BxXIDAg , consulté le 20 avril 2019.
Contrôle de l’alimentation
En poursuivant l’idéal corporel de minceur dont nous parlions plus tôt, l’individu doit se
contrôler et ne pas ingérer d’aliments trop gras ou trop sucrés par exemple. Ceux-ci,
en s’incorporant au corps du mangeur, le feraient devenir lourd, gros. De cette
manière, on comprend donc mieux les préférences alimentaires des classes
supérieures, associées à la valorisation de la minceur, dont parle Boltanski (1971).
« Les goûts alimentaires des membres des classes supérieures qui recherchent
les aliments ‘’sains’’ et ‘’légers’’, légumes verts, grillades ou ‘’crudités’’, les
aliments ‘’de régime’’ qui nourrissent sans ‘’faire grossir’’, sont motivés, pour une
grande part par la volonté de se ‘’maintenir en forme’’, d’éviter la ‘’graisse’’ ou la
‘’cellulite’’, de rester mince ou de maigrir » (p. 223).
34
https://www.who.int/topics/diet/fr/, consulté le 20 avril 2019.
35
« Un décès sur cinq lié à une mauvaise alimentation »
https://www.letemps.ch/sciences/un-deces-cinq-lie-une-mauvaise-alimentation, consulté le 5 avril
2019.
Concluons cette partie sur l’alimentation et ses pratiques par un constat de Corbeau
(2007). Selon lui, la nourriture est petit à petit devenue un « objet de réflexion
nutritionnelle ». Avec la médicalisation de l’alimentation, l’abondance de nourriture et
les désirs gourmands sont opposés à une « rationalité diététique » (p. 253). Ainsi, les
pratiques et choix d’une alimentation dite saine, qui en s’incorporant au corps du
mangeur le rendront sain à son tour, sont soumises à un contrôle. Le mangeur doit
surveiller ses désirs gourmands et s’imposer une discipline pour pouvoir tendre à
l’idéal corporel de la minceur.
7. R EPRESENTATION DE L ’ ALIMENTATION
36
http://www.ccnp-ge.ch/informations/troubles-des-conduites-alimentaires , consulté le 2 mai 2019.
37
Traduit de l’anglais par nos soins.
Comme nous l’avons vu, de multiples facteurs entrent en compte lorsque l’individu doit
choisir la nourriture qu’il désire consommer. L’acte de s’alimenter est soumis à des
pressions et influences provenant de diverses sources.
Tout d’abord, l’environnement direct tel que la famille et les pairs joue un rôle important
dans ce processus. En effet, « l’action de manger a souvent lieu dans un contexte
social et les choix alimentaires des autres et la quantité consommée ont un effet
puissant sur les décisions de consommation de l’individu »39 (Higgs, 2015 : 38). Le
groupe de pairs dont fait partie l’individu peut donc influencer grandement ses choix.
En ce qui concerne la famille, Gregório (2014) a montré dans sa recherche menée
auprès d’adolescents que leurs habitudes de consommation diffèrent selon la sphère
dans laquelle ils se trouvent. La cellule familiale représente et fournit plutôt une
alimentation saine. Au contraire, les repas pris par les adolescents hors de cette
sphère, dans un environnement de pairs par exemple, ont plutôt tendance à être
composé d’aliments considérés comme non sains. Ceci montre que l’individu s’adapte
à l’environnement et la situation sociale dans laquelle il évolue. Il va se comparer aux
autres pour déterminer quel type de nourriture manger et en quelle quantité (Polivy &
Pliner, 2015).
38
Traduit de l’anglais par nos soins.
39
Id.
Enfin, les médias sont également des sources de pressions et d’influences sur les
choix alimentaires. En effet, selon Spence et al. (2016), le cerveau humain tend à
diriger son attention limitée vers les sources de nourriture qui se trouvent dans son
champ de vision. Or, « au fil des dernières années, les médias, via le support papier
d’abord et digital ensuite, ont rendu la nourriture virtuelle omniprésente »41 (p. 59).
Chaque jour, nous voyons défiler des images de nourriture devant nos yeux, dans un
contexte totalement dissocié des repas. Ce phénomène est grandement renforcé par
« l’augmentation dramatique de l’obsession publique pour la prise de leur nourriture
en photo et le partage de ces photos sur leurs réseaux sociaux »42 (p. 55). Les médias
sociaux regorgent ainsi d’images de nourriture. Cette catégorie représente en effet
une part très importante des photographies partagées sur Instagram (Holmberg et al.,
2016). Certaines études se sont penchées sur la façon dont la nourriture est
représentée sur cette plateforme.
Tout d’abord, il a été observé qu’elle est majoritairement représentée de manière
positive. Deux angles principaux ont pu être dégagés. Les internautes diffusant des
images de nourriture ont ainsi tendance à se focaliser sur l’esthétique ou la dimension
du « fait-maison » des articles alimentaires. Il est question de mettre en avant la beauté
des aliments et les compétences culinaires de l’individu. La nourriture peut également
être montrée comme faisant partie d’un mode de vie ou d’une situation. Dans ce cas,
les articles alimentaires sont plutôt des supports servant à mettre en lumière une
occasion, une activité ou un sentiment. Ce sont donc plutôt les lieux et marques de
nourriture qui seront mis en avant (ibid.).
De plus, on assiste depuis quelques années à l’émergence de la tendance du « food
porn ». Le terme désigne des images de nourriture extrêmement appétissantes (et
caloriques). Selon Spence et al. (op. cit.), « la façon dont l’assiette est dressée a un
impact sur la perception gustative des individus et peut modifier le choix de nourriture
consécutif et leur comportement de consommation »43 (p. 55). Ces images contribuent
à rendre la nourriture toujours plus présente aux yeux de l’individu et attirent son
attention limitée sur des plats toujours plus alléchants. Si ces photos peuvent pousser
l’internaute à choisir des plats peut-être trop riches ou peu équilibrés, elles ont parfois
l’effet inverse. Selon Lavis (2017), le « food porn » peut être utilisé comme un moyen
de perte de poids : l’utilisateur se contente de consommer les images, sans réellement
ingérer les aliments représentés, et en retire un sentiment de satiété.
40
Traduit de l’anglais par nos soins.
41
Id.
42
Id.
43
Id.
Image corporelle
Selon Dany et Morin (2010), « L’image du corps peut être considérée comme
l’ensemble des sentiments, attitudes, souvenirs et expériences qu’un individu a
accumulés à propos de son propre corps et qui se sont plus ou moins intégrés dans
une perception globale » (p. 321). L’image corporelle, le concept de « corps perçu »
se rapporte donc à des impressions subjectives et ne correspond pas forcément à la
réalité objective du corps de l’individu. Cette image que l’individu a de son propre corps
est nourrie de « perceptions et représentations », qui lui permettent de l’évaluer.
44
Traduit de l’anglais par nos soins.
45
Id.
Selon Dany et Morin (op. cit.) l’insatisfaction corporelle résulte d’une comparaison et
d’un constat de la différence que fait l’individu entre le corps perçu (l’image corporelle)
et le corps désiré (l’idéal corporel). Les médias jouent un rôle important dans le
développement de ce sentiment.
En effet, plusieurs études ont établi un lien entre l’utilisation des médias sociaux et
l’insatisfaction corporelle chez les femmes et les adolescentes notamment
(Tiggemann & Zaccardo, 2015). Tout d’abord, il a été prouvé que « l’idéalisation de la
minceur est positivement corrélée à l’insatisfaction corporelle » (Yamamiya et al.
2005 : 75). De plus, il a été montré que le fait que les médias sociaux présentent des
images de célébrités et de pairs (connues ou non) minces et attractives a un impact
sur l’humeur et l’insatisfaction corporelle des femmes (Brown & Tiggemann, 2016).
Enfin, il a été établi que la tendance « fitspiration » qui se voulait à la base inspirante
et motivante mène à une plus grande insatisfaction corporelle et à un bas niveau
d’estime de soi (Tiggemann & Zaccardo, op. cit.).
Estime de soi
« Elle [l’estime de soi] désigne l’attitude, plus ou moins favorable, qu’a chaque
individu envers lui-même, le respect qu’il se porte, le sentiment qu’il a de sa
propre valeur en tant que personne (Rosenberg, 1965). Elle constitue un
indicateur clé du bien-être psychologique, particulièrement dans la culture
occidentale » (Dany & Morin, op. cit. : 323).
Plusieurs études indiquent qu’être satisfait de son corps peut être associé avec un
haut niveau d’estime de soi. Il est à noter que c’est l’image corporelle, donc le corps
perçu et non le corps réel, qui influe sur l’estime de soi. A nouveau, les médias jouent
un rôle important dans la formation de l’estime de soi. Comme mentionné plus tôt, les
utilisateurs d’Instagram ont tendance à partager des images idéalisées, qu’elles les
représentent eux-mêmes leur mode de vie. Or, il a été montré « … qu’être exposé à
des images et profils Facebook idéalisés de soi et des autres peut avoir un impact
négatif sur son propre bien-être ou son estime de soi (Fardouly et al., 2015).
Tout d’abord, il nous faut définir ce qu’est une attitude. Concept indispensable en
psychologie sociale, l’attitude désigne « un état mental et neurophysiologique
déterminé par l’expérience et qui exerce une influence dynamique sur l’individu en le
préparant à agir d’une manière particulière à un certain nombre d’objets et
d’événements » (Allport, 1935, cité dans Michelik, 2006 : 2). Ainsi, une attitude est une
construction hypothétique, intangible, et qui peut être observée et déduite en se basant
sur les réponses des individus face à certains objets ou dans certaines situations.
Plusieurs auteurs ont théorisé sur le sujet des attitudes. Plusieurs visions coexistent
donc. Certains définissent l’attitude comme ayant un caractère unidimensionnel et
s’exprimant seulement par des réponses affectives positives ou négatives (Michelik,
id.). Pour d’autres, tels que Hovland et Rosenberg (1960), l’attitude est
tridimensionnelle. Elle se forme via plusieurs voies :
• Voie affective :
« Une attitude est formée par voie affective lorsqu’un objet d’attitude produit
une réaction émotionnelle chez l’individu ».46 (Fazio & Olson, 2007 : 141)
• Voie cognitive :
« Une attitude est formée par voie cognitive lorsqu’un individu croit que l’objet
d’attitude présente des attributs désirables (ou non) ou que l’objet va amener
un certain résultat désiré (ou non) ».47 (ibid.)
• Voie comportementale (ou conative) :
« Sans présenter de sentiment ou croyance précise envers un objet, un
individu peut avoir eu une expérience précédente qui va influencer son attitude
envers cet objet ».48 (id : 142)
Selon Fazio et Olson (op. cit.), le modèle tridimensionnel est celui qui permet de couvrir
toutes les réponses attitudinales possibles. En effet, ils avancent qu’en suivant ce
modèle, une attitude envers un objet, thème ou situation peut être observée dans les
sentiments, les pensées et les comportements qui y sont relatifs. Ainsi, une attitude
est donc la combinaison de ces trois voies.
46
Traduit de l’anglais par nos soins.
47
Id.
48
Id.
49
Id.
1. L’accessibilité
2. L’ambivalence
3. La certitude
4. La cohérence affect-cognition
5. La connaissance
6. L’extrémité
7. L’expérience directe
8. L’importance
9. L’intérêt
10. La latitude de rejet
(Michelik, op. cit. : 6)
Relation attitude-comportement
Comme mentionné précédemment, l’attitude semble être vue comme une prédiction
d’un comportement. Ajzen et Fishbein (1977) mentionnent dans leur étude de la
relation attitude-comportement qu’un « comportement particulier est déterminé par
l’intention de performer ce comportement en question. L’intention d’une personne est,
elle, une fonction de son attitude envers la performance de ce comportement et de sa
norme subjective »51 (p. 887). Ainsi, une corrélation entre l’intention (l’attitude) et le
comportement peut être établie.
Cependant, selon notre revue de littérature, il est faux de supposer qu’il y a toujours
une cohérence entre ces deux concepts. En effet, Ajzen et Fishbein (op. cit.)
conceptualisent les attitudes (et comportements) comme des entités composées de
quatre éléments :
• l’action
• la cible (envers laquelle l’attitude et l’action sont dirigées)
• le contexte
• le temps (le moment où l’action est accomplie)
50
Traduit de l’anglais par nos soins.
51
Id.
Dans ce dernier chapitre de notre cadre théorique, nous abordons les normes sociales
et les raisons qui poussent les individus à s’y conformer ou non.
L’humain n’est pas fait pour vivre solitairement. Dans leur étude, König et al. (2017)
établissent que « les gens ressentent généralement le besoin de créer des liens
amicaux avec les autres et de faire partie d’un groupe social »52 (p. 256). De plus, ils
montrent que les pairs bénéficiant d’une certaine popularité forment un groupe social
auquel un individu souhaite appartenir.
Pour ce faire, l’individu a tendance à suivre les normes en vigueur dans la communauté
qu’il désire intégrer. En effet, se conformer à des règles respectées par un groupe peut
mener à être apprécié et approuvé par ledit groupe, voire même à se retrouver affilié
à lui. Ainsi, l’individu va orienter son comportement pour qu’il soit en accord avec celui
des pairs auxquels il souhaite être assimilé (ibid.).
« Les normes sociales sont des codes de conduite implicites qui fournissent un guide
d’action approprié »53 (Higgs, 2015 : 38). Celles-ci peuvent être transmises à l’individu
via des pratiques et règles culturelles, un certain comportement dans une situation
donnée ou encore via des repères environnementaux (ibid.).
Selon Higgs (op. cit.) il y a deux manières de se conformer à une norme sociale : par
imitation ou par adoption. Si la première consiste à reproduire un comportement
observé, la seconde voit l’individu s’approprier la norme et performer un comportement
de manière autonome, sans imiter ses pairs.
Suivre ou non une norme sociale a de fortes conséquences à la fois sociales et
émotionnelles. En effet, s’y conformer permet à l’individu d’être affilié à un groupe
social et donc de ressentir un sentiment d’appartenance et parfois même de valeur et
52
Traduit de l’anglais par nos soins.
53
Id.
Les choix alimentaires d’un individu sont très importants dans la définition de son
identité dans la société (De Thouars, 2008 : 3). Si l’on part du principe que le corps est
un marqueur social, alors la nourriture choisie pour alimenter ce corps l’est également.
Les repas sont donc devenus des sources d’envie et d’admiration, au même titre
qu’une belle voiture ou une grande maison. Savoir choisir des aliments bons pour lui
et la construction de son corps sain fait ainsi d’un individu « quelqu’un de bien ».
Comme nous l’avons mentionné dans notre chapitre 2.5 « Représentation sociale du
corps », le corps est un objet de présentation de soi auprès des autres et un facteur
que ceux-ci prennent en compte dans l’évaluation de la réussite sociale de l’individu.
De plus, la discipline dans les choix alimentaires de l’individu est reconnue comme
une qualité essentielle dans la construction d’un corps sain, lui-même traduisant une
certaine place dans la société. Instagram est donc un vecteur de plus de l’identité
sociale de l’individu. Ainsi, partager des photographies de son alimentation sur
Instagram permet à l’individu de présenter son identité et son statut social auprès des
autres utilisateurs. Selon Christophe Jaccoud, professeur de sociologie du sport à
l’Université de Neuchâtel : « Afficher ce que l’on mange est une manière de montrer
que l’on adopte une certaine discipline » 54.
Enfin, le fait que l’alimentation ait pris une importance considérable dans la
représentation de l’individu peut être illustré par les quantités innombrables de clichés
de nourriture partagés sur Instagram. Grâce aux hashtags, on se rend très facilement
compte que la nourriture est une catégorie extrêmement bien représentée sur cette
plateforme.
« Dans quelle mesure partager sur Instagram des clichés de son alimentation et
voir ceux des autres influence l’individu dans ses choix de nourriture et
habitudes alimentaires ? »
54
« Instagram, le réseau où les femmes montrent les muscles »
https://www.letemps.ch/societe/2016/09/19/instagram-reseau-femmes-montrent-muscles , consulté le
25 avril 2017.
H YPOTHESE 1
« Les logiques d’action et réaction propres aux photos Instagram représentant
de la nourriture saine tendent à améliorer l’estime de soi des jeunes femmes. »
H YPOTHESE 2
« L’attitude des jeunes femmes est plus favorable face à des photos Instagram
représentant de la nourriture saine que face à des photos représentant de la
nourriture considérée comme non saine. »
Nous l’avons dit plus tôt, la notion d’attitude sociale est définie comme une
prédisposition à un ajustement spécifique face à une situation sociale. En d’autres
termes, c’est une prédisposition à l’action sociale (LaPiere, 1934 : 230). Michelik
(2008) dit de la notion d’attitude qu’elle est « considérée comme une variable
intermédiaire qui prépare l’individu à agir d’une certaine manière à l’égard d’un objet
donné » (p.2). Etudier les attitudes de l’acteur peut permettre d’expliquer le
comportement d’un individu. On peut donc avancer que l’influence se traduit par une
modification des attitudes. Ici, il s’agit d’évaluer l’attitude des utilisatrices lorsqu’elles
sont confrontées à des photographies de nourriture sur Instagram.
H YPOTHESE 3
« Plus le nombre de jugements positifs d’une photo représentant de la nourriture
saine est grand, plus les attitudes des jeunes femmes tendront à se conformer
à ce type d’alimentation. »
Pour confronter nos hypothèses, nous avons opté pour la méthode du questionnaire
fermé. Ce type de questionnaire permet de quantifier les réponses reçues et d’opérer
ensuite des généralisations. Récolter des données quantifiables nous permet de
procéder aux comparaisons qu’appellent nos hypothèses.
Nous projetions d’obtenir un total de 100 réponses (donc 100 répondantes) à ce
questionnaire. Proposer des questions fermées était ainsi le plus souhaitable car
l’analyse des résultats pouvait se faire de manière chiffrée.
2. D EROULEMENT DE L ’ ENQUETE
Nous avons réalisé notre enquête du 25 mars au 21 avril 2019, soit pendant quatre
semaines. Le questionnaire a été réalisé sur « Google Form » et a été transmis aux
répondantes par le biais d’Internet et des réseaux. Notre terrain s’étendant aux
utilisatrices francophones d’Instagram, le choix d’un questionnaire en ligne s’imposait.
Cette forme de passation nous semblait la plus pertinente afin de toucher un
échantillon le plus large et diversifié possible. En effet diffuser un questionnaire en
ligne est gratuit, prend moins de temps et évite les déplacements qu’un questionnaire
papier (distribution en main propre ou envoyé par courrier) aurait exigés.
Nos enquêtées ont donc répondu à notre questionnaire en ligne et anonymement.
L’anonymat est une condition extrêmement importante pour garantir que les réponses
soient les plus objectives et vraies possibles. En effet, si les enquêtées savent que
l’enquêteur ne pourra pas rapporter certaines de leurs réponses à leur personne, elles
se sentiront plus libres et non jugées lorsqu’elles répondent au questionnaire. Dans le
cadre d’une enquête portant sur les pratiques alimentaires, sujet plutôt délicat et
soumis à de forts jugements dans notre société actuelle, nous pensons qu’il est
vraiment indispensable de garantir l’anonymisation de notre questionnaire.
Nous avons diffusé notre questionnaire via nos réseaux sociaux (Facebook et
Instagram) à deux reprises pendant les quatre semaines de notre enquête. Nous
l’avons aussi relayé dans certains groupes thématiques sur Facebook, tels que celui-
ci « Sondages et études de marché ». Enfin, nous l’avons également envoyé
personnellement à plusieurs personnes de nos cercles personnels et professionnels
et avons sollicité leur aide en les priant de le diffuser à leur tour auprès de leur
entourage.
Hypothèse 1
Hypothèse 2
« L’attitude des jeunes femmes est plus favorable face à des photos Instagram
représentant de la nourriture saine que face à des photos représentant de la nourriture
considérée comme non saine. »
Hypothèse 3
Toutes trois concernent les réactions des jeunes femmes face à des photographies
publiées sur Instagram. Nous avons donc construit notre enquête sur ce modèle : nous
avons décidé de soumettre des images à nos répondantes et d’étudier les
conséquences que ces clichés produisaient sur elles.
« Dans quelle mesure partager sur Instagram des clichés de son alimentation et voir
ceux des autres influence l’individu dans ses choix de nourriture et habitudes
alimentaires ? »
Une attitude peut donc être plus ou moins positive et plus ou moins forte. En effet, on
peut être très favorable, moyennement, peu ou encore pas du tout favorable à une
question ou situation. Ainsi, la force d’une attitude peut être mesurée au moyen d’une
échelle de Likert. Pour rappel celle-ci consiste à présenter des affirmations pour
lesquelles l’enquêté doit exprimer son accord ou désaccord. L’approbation (ou
désapprobation) est nuancée en plusieurs degrés : par exemple « un peu d’accord »
(Boone, 2012).
• Affective :
Elle renvoie au niveau d’appréciation et est exprimée par des formules telles
que « j’aime », « j’adore », « je n’aime pas », « je n’apprécie pas », etc.
• Cognitive :
Elle se rapporte aux croyances et au niveau de connaissance. Elle s’exprime
par les termes « je pense que », « je connais », « je ne connais pas »,
« j’ignore », etc.
• Conative :
Elle renvoie à une intention d’agir de manière favorable ou défavorable face
à une question ou situation. Elle peut être exprimée par des locutions comme
« je projette de faire ceci » ou « je m’inspire de ceci pour faire cela », etc.
Ainsi, pour chacune de nos hypothèses, nous mesurons les attitudes de nos
répondantes. Pour l’hypothèse H1, il s’agit de leurs attitudes envers elles-mêmes
tandis que pour les H2 et H3 ce sont les attitudes envers la nourriture représentée sur
les photographies soumises. Notre première hypothèse traitant de l’effet d’Instagram
sur le niveau d’estime de soi, il nous a fallu trouver un moyen de mesurer celui-ci.
Après réflexion, nous avons fait le choix de poser ces questions à deux reprises dans
notre questionnaire : une fois au début et une fois à la fin, après que l’enquêtée ait été
soumise aux photographies de nourriture. En comparant les réponses obtenues, nous
pouvons mesurer s’il y a un changement de l’estime de soi de nos répondantes. Afin
de reproduire les logiques d’action et de réaction propres à Instagram (publication,
« likes » et commentaires), nous avons formulé des questions telles que « Si cette
photo apparaissait dans mon fil d’actualité Instagram, je mettrais un "J’aime" ».
Nous avons construit notre questionnaire en plusieurs parties que nous allons
expliciter ci-après.
La question n°2 et les réponses proposées ont été reprises de l’étude de Brown et al.
(2016 : 39) menée au sujet d’Instagram et de son effet sur l’image corporelle des
femmes.
Pour cette question n°3 et les catégories proposées, nous nous sommes appuyés sur
l’étude de Hu et al. (2014 : 597) au sujet du contenu publié sur Instagram. Nous avons
enrichi la liste de quelques catégories sur la base de nos observations de la
plateforme.
Enfin, cette quatrième question et les réponses à disposition sont basées sur nos
observations.
Comme mentionné plus haut, ces questions ont été posées à deux reprises. Pour ce
volet de questions, nous avons repris l’échelle d’estime de soi mise au point par
Rosenberg (2015). L’édition originale étant formulée en anglais, nous nous sommes
basés sur la traduction réalisée par Vallières et Vallerand (1990).
I feel I do not have much to be proud Je sens peu de raisons d’être fier(e)
5.
of de moi
Les réponses proposées pour ces cinq questions sont basées sur l’échelle de Likert
mentionnée plus tôt. Pour nos analyses, nous attribuons ensuite une valeur à chaque
réponse, soit :
Ainsi, pour calculer le score d’estime de soi de chaque répondante il nous suffit
d’additionner ces valeurs. Un score de 25 correspond à un haut niveau d’estime de soi
et 5 à un bas niveau. Il est important de noter que si nos questions 1, 2 et 3 sont
orientées positivement, la 4 et la 5 sont négatives. Il nous faut donc inverser notre
échelle afin d’obtenir des chiffres cohérents (Tout à fait d’accord = 1 et ainsi de suite).
Pour ce volet de questions concernant notre H2, nous nous sommes appuyés sur le
modèle tridimensionnel de l’attitude évoqué plus tôt. Nous avons donc formulé
plusieurs questions s’inscrivant dans les différentes composantes.
Afin de ne pas surcharger notre questionnaire, nous avons arrêté le nombre de
questions par dimension à 2. Le total se porte donc à 6 questions (voir le tableau à la
page suivante).
Dimension Question
1. Je mettrais un « J’aime »
2. Je laisserais un commentaire
3. Ceci est le type de photo que j’aimerais publier sur mon compte.
o Oui
o Plutôt Oui
o Plutôt Non
o Non
Cette quatrième partie correspond à notre H3. Celle-ci a pour but d’observer si le
nombre de mentions « J’aime » récolté par une image de nourriture saine joue un rôle
sur l’attitude de l’enquêtée.
Nous avons posé les mêmes questions présentées dans la partie III. Pour ce volet de
questions, nous avons fait le choix de proposer trois publications Instagram ayant
récolté un nombre varié de mentions « J’aime ». Ainsi, cette partie de notre
questionnaire propose un total de 27 questions (9 questions pour chacune des 3
publications sélectionnées).
Cette cinquième partie comporte exactement les mêmes questions que celles
présentées dans la partie II. Après avoir soumis nos répondantes à des images de
nourriture plus ou moins saine, comportant un nombre de « likes » plus ou moins
important, et reproduit les logiques d’action et réaction propres à Instagram, il était
nécessaire de mesurer à nouveau leur niveau d’estime de soi. Comparer les scores
obtenus en partie II et en partie V nous permet de répondre à notre H1.
1. Vous êtes
o Une femme
o Un homme
Nous avons introduit cette question afin de pouvoir contrôler que notre échantillon
reste bel et bien exclusivement féminin.
3. Quel est le degré de formation le plus élevé que vous ayez atteint ?
o Ecole obligatoire
o Apprentissage
o Maturité / Baccalauréat
o Universités et Hautes Ecoles
o Doctorat
o Autre …
Pour cette question n°3 et les réponses proposées, nous nous sommes appuyés sur
les catégories présentées par l’Office Fédéral de la Statistique55. Notre questionnaire
avait pour vocation d’être diffusé auprès de répondantes francophones mais pas
forcément domiciliées en Suisse romande. Nous avons donc ajouté la mention
« Baccalauréat » à côté de « Maturité » afin que cette proposition soit comprise le plus
largement possible.
Pour établir cette liste de réponses, nous nous sommes à nouveau basés sur les
données publiées par l’Office Fédéral de la Statistique56. Leur liste de catégories
socioprofessionnelles proposant l’option « à la retraite », nous avons jugé pertinent de
la retirer. Notre échantillon s’arrêtant à un âge maximum de 29 ans, il était donc
impossible que cette catégorie soit représentée parmi nos répondantes.
55
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/education-science/indicateurs-formation/systeme-
formation-suisse/themes/impact/niveau-formation.assetdetail.7886034.html , consulté le 13 mars 2019.
56
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/travail-remuneration/nomenclatures/spk2010.html ,
consulté le 13 mars 2019.
Au fil de notre questionnaire, nous présentons sept images au total, quatre dans la
partie III et trois dans la partie IV.
Dans cette partie, nous présentons deux clichés de nourriture saine et deux clichés de
nourriture moins équilibrée. Pour choisir ces images, nous nous sommes basés sur
les recommandations des autorités de santé publique en matière d’alimentation de
notre chapitre 2.6 « Sur l’alimentation et ses pratiques ». Toutes ont été sélectionnées
sur Instagram.
Remarque : nous avons fait le choix d’intercaler les images « saines » et « non
saines », ceci afin que l’enquêtée ne réponde pas de manière plus ou moins similaires
pour deux photos consécutives et garde sa concentration.
Plat 1
57
Figure 10 : Photographie représentant un plat équilibré
57
Capture d’écran du compte Instagram « mealplans » :
https://www.instagram.com/p/BrREziwj19Q/ , consulté le 13 mars 2019.
Dans ce plat, les trois familles d’aliments composant l’assiette optimale sont présentes
tout en respectant les proportions recommandées.
Sur Instagram, la qualité de la présentation de l’assiette et de la photographie peut
varier radicalement d’un post à un autre. Ces conditions peuvent jouer un rôle dans
l’appréciation de la publication. Ici, nous avons sélectionné celle-ci car nous estimions
qu’elle était de bonne qualité.
Plat 3
58
Figure 11 : Photographie représentant un plat équilibré
58
Capture d’écran du compte Instagram « biendansmonslip » :
https://www.instagram.com/p/BntDejShmsN/ , consulté le 13 mars 2019.
Dans ce plat, les trois catégories recommandées pour une assiette optimales sont
également représentées. De plus, les proportions recommandées sont respectées.
Pour le Plat 3, nous avons veillé à sélectionner une photographie de moins bonne
qualité et présentant une assiette moins soignée que pour le Plat 1. Cela reproduit la
diversité de contenu et de qualité que l’on peut retrouver sur Instagram. De plus, nous
pourrons procéder à une comparaison entre les deux scores d’attitude lors de nos
analyses.
Plat 2
59
Figure 12 : Photographie représentant un plat non équilibré
59
Capture d’écran du compte Instagram « burgerandbeyond » :
https://www.instagram.com/p/BuUL-NrFHGY/ , consulté le 13 mars 2019.
Fruits et légumes /
Farineux Pain
Steak de bœuf, bacon,
Protéines
fromage fondu
Ce plat ne réunit pas les trois catégories d’aliments nécessaires pour former une
assiette optimale. De plus, le taux de matière grasse est beaucoup trop important pour
que cette assiette soit considérée comme saine. De manière générale, on peut dire
que le hamburger représente l’archétype de la « malbouffe ». Associé aux enseignes
de fast-food telles que McDonald’s ou Burger King, ce plat ne rentre pas dans le cadre
d’une alimentation équilibrée, et ce même s’il n’est pas consommé dans ces
restaurants.
Plat 4
60
Figure 13 : Photographie représentant un plat non équilibré
60
Capture d’écran du compte Instagram « marghe_pizza » :
https://www.instagram.com/p/BuzEUrcD0Lo/ , consulté le 13 mars 2019.
Si ce plat présente les trois catégories d’aliments composant une assiette optimale,
les proportions ne sont pas du tout respectées. En effet, il n’y a quasiment pas de
légumes et beaucoup trop d’aliment farineux. A nouveau, comme pour le Plat 2, la
pizza ne rentre généralement pas dans le cadre d’une alimentation équilibrée mais
peut être consommée en quantités adaptées.
Partie IV – Hypothèse 3
Dans cette partie de notre questionnaire, nous présentons trois publications Instagram
ayant récolté différents nombres de mentions « J’aime ». Toutes les photographies
représentent un plat sain.
Comme pour la partie précédente, nous nous appuyons sur la définition d’une
alimentation équilibrée que nous avons définie dans le chapitre 2.6 « Sur l’alimentation
et ses pratiques ».
61
Figure 14 : Publication Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté 2651 likes
61
Capture d’écran du compte Instagram « biendansmonslip » :
https://www.instagram.com/p/BmWNBN2ALew/ , consulté le 13 mars 2019.
Protéines Oeufs
Ce plat remplit les critères pour correspondre à une assiette optimale : les catégories
d’aliment sont représentées et les proportions respectées.
La publication Instagram a récolté 2651 mentions « J’aime » ce qui est un chiffre plutôt
conséquent. Elle représente la deuxième image la plus « likée » de notre corpus.
Remarque : nous avons fait le choix de ne pas présenter les trois publications en
suivant un ordre croissant ou décroissant de « likes » afin de ne pas influencer nos
enquêtées.
62
Figure 15 : Publication Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté 38 likes
62
Capture d’écran du compte Instagram de la rédactrice « mathildeanguilla ». Le nom apparaissant sur
l’image a ensuite été modifié par souci d’anonymat.
https://www.instagram.com/p/BpCN82oFtF4/ , consulté le 13 mars 2019.
Protéines Oeuf
Cette publication Instagram montre une assiette comportant les trois familles
d’aliments et respectant les proportions préconisées. Ce plat peut donc s’inscrire dans
le cadre d’une alimentation équilibrée.
Elle a recueilli 38 mentions « J’aime », score le plus bas de notre corpus.
63
Figure 16 : Publication Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté 72'390 likes
63
Capture d’écran du compte Instagram « kayla_itsines » :
https://www.instagram.com/p/BnGoEsgl8iO/ , consulté le 13 mars 2019.
Cette publication Instagram représente un plat répondant aux critères pour être
considéré comme sain et équilibré. Avec un total de 72'390 mentions « J’aime », c’est
la publication la plus appréciée de notre corpus. De plus, elle a été partagée par Kayla
Itsines, une personnalité importante du domaine du sport et de l’alimentation.
Rassemblant 11,4 millions d’abonnés sur Instagram, elle peut être considérée comme
une célébrité.
Nous faisons le choix de travailler sur un terrain exclusivement féminin pour plusieurs
raisons. Tout d’abord, les utilisateurs d’Instagram sont majoritairement des femmes.
Comme en attestent des chiffres publiés en 2017, environ deux tiers des comptes
Instagram du monde sont féminins (65% selon le site français « Digimind »64 et 68%
selon le site américain « Omnicore »65). En France, les femmes représentent 62% des
inscrits sur la plateforme (Digimind). De plus, les femmes sont celles pour qui l’image
corporelle représente le plus un problème. Selon un rapport publié par les
organisations britanniques de santé publique Young Health Movement (YHM) et Royal
Society for Public Health (RSPH), environ 90% des adolescentes et jeunes adultes se
disent insatisfaites de leur corps.
Une autre délimitation de notre terrain est l’âge. Nous avons décidé de cibler nos
analyses sur des femmes entre 15 et 29 ans, des « jeunes femmes » comme nous les
désignons dans nos hypothèses. En premier lieu, cette génération représente environ
la moitié des utilisateurs d’Instagram (Digimind). De plus, il nous semble intéressant
de nous concentrer sur cette tranche d’âge car l’adolescence et les jeunes années de
l’âge adulte représentent, selon le rapport de la YHM et RSPH, une période où les
individus sont particulièrement vulnérables pour ce qui est du développement social et
émotionnel.
Enfin, cette génération représente celle des « millenials », la génération Y comme elle
est parfois désignée. Ce concept a été déterminé par Howe et Strauss (2000). Pour
64
« Instagram : 30 chiffres 2017 à connaître en France et dans le monde »
https://blog.digimind.com/fr/tendances/instagram-30-chiffres-2017-a-connaitre-en-france-et-dans-le-
monde/ , consulté le 10 juin 2017.
65
« Instagram by the Numbers: Stats, Demographics & Fun Facts »
https://www.omnicoreagency.com/instagram-statistics/ , consulté le 18 mai 2019.
1. D ESCRIPTION DE L ’ ECHANTILLON
L’échantillon sur lequel nous avons réalisé nos analyses est donc composé de 156
jeunes femmes de 15 à 29 ans étant inscrites sur Instagram.
Âge
Chaque âge est représenté dans notre échantillon, à l’exception de 15. Comme imagé
sur le graphique ci-après, la moitié de l’échantillon a indiqué avoir entre 24 et 26 ans.
22 ans
5%
26 ans
16%
23 ans
9%
24 ans
25 ans 12%
22%
Figure 17 : Représentation graphique de l'âge de notre échantillon.
Niveau de formation
Maturité /
Baccalauréat
15%
Universités et
Hautes Ecoles
76%
Figure 18 : Représentation graphique du niveau de formation de notre échantillon.
Catégorie socioprofessionnelle
Employée
En formation
31%
45%
Ouvrière
0%
Personne active
occupée non Travailleuse non
attribuable Sans emploi Apprentie qualifiée
0% 3% 1% 1%
Figure 19 : Représentation graphique des catégories socioprofessionnelles de notre échantillon.
Pour ce qui est de la catégorie socioprofessionnelle (CSP), presque toutes celles que
nous proposions dans notre questionnaire sont représentées bien qu’en des
proportions très variables. Près de la moitié de nos enquêtées ont affirmé être en
formation, ce qui est cohérent avec le fait que 50% de notre échantillon est âgé de 24
66
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/education-science/indicateurs-formation/systeme-
formation-suisse/survol/impact/niveau-formation.assetdetail.7886034.html , consulté le 9 mai 2019.
Plus de 2
heures
3%
1 à 2 heures Moins de 10
18% minutes
10%
10 à 30
minutes
35%
31 à 60
minutes
34%
Figure 20 : Représentation graphique du temps passé sur Instagram quotidiennement par notre
échantillon.
120
100 92
83
80 67 64 63 65
60 53 50
40 32
22 22
20
Figure 21 : Représentation graphique des catégories de contenu consommé par notre échantillon.
Nous avons également interrogé nos enquêtées au sujet du type de contenu qu’elles
consommaient sur Instagram.
140
120
100
80 66
58 55
60
40 29 32
15
20
0
Recettes Plats sains Plats riches, Conseils de Autres Je ne suis pas
"pornfood" nutrition de compte de
cette catégorie
Figure 22 : Représentation graphique des types de comptes "Nourriture" suivis par notre échantillon.
Pour terminer, le graphique ci-dessus montre que beaucoup de nos enquêtées utilisent
Instagram comme une source d’information, que ce soit des recettes de cuisine (58)
ou des conseils de nutrition (32). Ces résultats sont cohérents avec l’étude de
Vaterlaus et al. (2015) et leurs explications des usages des médias sociaux chez les
jeunes adultes.
Une grande partie de nos enquêtées a également indiqué être abonnée à des comptes
partageant des images de plats sains (66). Ceci semble être en adéquation avec le
soin du corps et de l’alimentation que nous avons évoqué à maintes reprises dans
notre partie II. « Cadre théorique ». Enfin, la catégorie « Plats riches, pornfood » réunit
29 répondantes.
1. R ESULTATS
Notre questionnaire nous a permis de dégager les résultats ci-après explicités. Nous
avons mesuré la variation du niveau d’estime de soi avant et après l’exposition aux
photographies de nourriture et aux reproductions des logiques d’action et de réaction
propres à Instagram.
Pour rappel, nous avons posé les cinq mêmes questions à deux reprises en proposant
une échelle de réponse allant 1 à 5. Ainsi, pour cet échantillon, un score de 25
correspond à un niveau d’estime de soi maximal tandis que 5 indique un niveau
d’estime de soi minimal.
Nous constatons donc une infime variation du niveau d’estime de soi. Le score moyen
d’estime de soi mesuré en début de questionnaire est de 18,13 (sur 25). A la fin du
questionnaire, nous avons mesuré un score de 18,11. La variation entre les deux
scores moyens est donc de -0,01. La différence est infime.
Nous avons procédé à une comparaison détaillée des scores d’estime de soi de nos
156 répondantes. Pour réaliser cette comparaison, nous avons effectué l’opération
suivante :
25
20
15 11
9
10 7
5 3 2 2
1 0 1 1
0
-7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
Figure 24 : Représentation graphique de l'intervalle de variation du score d'estime de soi de notre
échantillon
Entre le début et la fin du questionnaire, ce chiffre peut varier plus ou moins fortement,
de -7 à +5 précisément.
Les intervalles les plus extrêmes se situent à -7 et à +5 et ne concernent que 3
répondantes.
Afin de comprendre ces chiffres, nous nous sommes donc penchés sur les réponses
des enquêtées correspondant aux pics de variation d’estime de soi les plus importants.
Un autre pic inférieur important est situé à -5 et concerne une seule personne. Nous
avons donc décidé d’examiner son cas également. Il s’agit de la répondante n°14. En
début de questionnaire, son score est de 24, soit un niveau d’estime de soi quasiment
maximal. En fin de questionnaire, ce score s’est abaissé à 19, soit un niveau qui peut
encore être qualifié de bon.
En détaillant ses réponses, nous observons que ses attitudes envers les images de
nourriture saine sont aussi variées (30 et 19) qu’envers celles de nourriture non saine
(16 et 21). Ces réponses expliquent difficilement un tel changement dans le score
d’estime de soi.
Nous remarquons que pour la question « J’aimerais avoir plus de respect pour moi-
même », cette répondante a coché « Plutôt pas d’accord » la première fois et « Tout
à fait d’accord » la deuxième fois. Ceci a pour conséquence de faire nettement varier
le score d’estime de soi. Cette question est orientée négativement dans une optique
de contrôle. En effet, l’échelle étant ici inversée, l’enquêtée doit réfléchir avant de
fournir une réponse et ne peut pas cocher les mêmes cases que celles sélectionnées
pour les trois questions précédentes.
Dans la partie IV du questionnaire, nous observons que l’enquêtée a répondu « Plutôt
pas d’accord » à toutes les questions concernant le Post 1, « Plutôt d’accord » à celles
au sujet du Post 2, et « Tout à fait d’accord » pour le Post 3. Ceci nous amène à
supposer que la répondante peut avoir souhaité accélérer le processus de réponse et
ainsi avoir répondu de manière systématique à ces dernières questions. Il est donc
Pour compléter nos analyses, nous avons décidé d’observer les scores d’estime de
soi moyens à l’aune de nos variables démographiques. L’âge, le niveau de formation
et la catégorie socio-professionnelle ont-ils une quelconque influence sur le niveau
d’estime de soi de nos répondantes et sur la variation de celui-ci au fil de notre
questionnaire ?
L’âge
Au final, les adolescentes semblent les plus concernées par un bas niveau d’estime
de soi. Une fois cette période passée, les scores ne sont plus forcément à rapporter
avec l’âge des répondantes.
Niveau de formation
Ici, nous constatons que les scores moyens les plus bas relevés en début de
questionnaire sont ceux des personnes ayant obtenu un apprentissage (16,60) et
celles ayant indiqué la catégorie « Autre » (15,50). Le score le plus haut est celui des
répondantes ayant étudié ou étudiant au niveau universitaire (18,41).
Pour ce qui est des scores relevés en fin de questionnaire, les plus bas sont également
ceux des catégories « Apprentissage » (17,40) et « Autre » (15,25). Ce sont à
nouveaux les « universitaires » qui totalisent le score moyen le plus élevé (18,32).
La variation moyenne du niveau d’estime de soi au fil du questionnaire est plus
importante pour les groupes « Ecole obligatoire » et « Apprentissage » (0,80).
En fin de compte, pour notre échantillon, il est difficile à établir si le niveau de formation
joue un rôle dans l’estime de soi de nos répondantes. Certes, les catégories les moins
éduquées (Ecole obligatoire et apprentissage) présentent des scores moyens
légèrement plus bas que la moyenne. Elles ne correspondent cependant qu’à un total
de 10 personnes, soit 6% de notre échantillon. Quant à la catégorie « Autre », nous
sommes dans l’incapacité de la relier avec un niveau d’éducation précis.
Score Score
Catégorie socio-professionnelle Variation
avant après
1. Dirigeante 16,50 19,00 2,50
Le tableau ci-dessus est un recensement des scores moyens d’estime de soi obtenus
par nos répondantes en fonction de leur catégorie socio-professionnelle (CSP).
Les scores les plus bas mesurés en début et fin de questionnaire sont ceux de la
catégorie « Travailleuse non-qualifiée » (respectivement 13 et 11). Ces chiffres sont
largement en-dessous de la moyenne de notre échantillon. Il est à noter que cette
catégorie ne compte qu’une personne.
Les scores les plus élevés en début et fin de questionnaire sont ceux de la catégorie
« Apprentie » (24 et 24). Ici, ces chiffres sont bien plus hauts que la moyenne. A
nouveau, ils ne concernent qu’une seule personne.
2. D ISCUSSION
Notre première hypothèse avait pour objectif de découvrir si l’estime de soi des jeunes
femmes de 15 à 29 ans tend à s’améliorer lorsqu’elles s’adonnent aux logiques
d’action et de réaction propres aux photos Instagram représentant de la nourriture
saine.
Pour ce faire, nous avons mesuré le niveau d’estime de soi de nos répondantes une
fois en début de questionnaire et une fois à la fin. Nous avons calculé un score d’estime
Nous avons posé cinq questions proposant une échelle de réponse à cinq points, le
score le plus élevé possible est donc de 25 et le plus bas de 5. Le score d’estime de
soi moyen de notre échantillon avant l’exposition aux photos et logiques propres à
Instagram est de 18,13, avec des réponses allant de 10 à 25. A la fin du questionnaire,
le score moyen est de 18,11 et les réponses sont également comprises entre 10 et 25.
La variation moyenne entre le début et la fin du questionnaire est de -0,01. Nous avons
observé des écarts entre les deux scores allant de -7 à +5. Cependant 119 de nos 156
répondantes présentent une très faible différence (-1 à +1). Les variations les plus
extrêmes ne concernent qu’un petit nombre de répondantes.
Au vu de nos analyses, nous ne pouvons pas valider notre hypothèse n°1. La variation
de l’estime de soi ne varie que très faiblement entre les deux moments de mesure et
cette variation est légèrement négative. Sur nos 156 répondantes, seules 18 affichent
un niveau d’estime de soi un peu plus haut après avoir répondu à notre enquête
qu’avant.
Nous souhaitons ici ouvrir une discussion relative à nos résultats. Ils sont en effet à
nuancer. Tout d’abord, nous avons opéré ici une simulation des logiques d’action et
de réaction propres à Instagram. Nos répondantes ne se trouvaient donc pas dans un
réel contexte d’utilisation du réseau social. De plus, sur les sept images présentées,
seules trois étaient accompagnées d’un nom d’utilisateur, qu’elles ne connaissaient
pas forcément. Comme nous l’avons mentionné dans notre chapitre 2.4
« Comparaison sociale », Instagram permet de créer ou étendre des liens entre les
utilisateurs. Ainsi, des inconnus peuvent devenir des pairs. Une comparaison faite par
rapport à des pairs n’a pas le même impact que par rapport à des inconnus.
D’autre part, nous n’avons simulé qu’un seul de type de logiques d’action : les
publications dans la galerie de l’utilisateur. Or, les « Instastories » sont désormais
devenues presqu’aussi importantes que les « posts ». Beaucoup d’individus utilisent
aussi ce biais pour partager leur alimentation.
Il est aussi important de noter que nous n’avons pas présenté que des images
représentant de la nourriture saine dans notre questionnaire. En effet, sur les sept
photos de notre corpus, deux représentent des plats non sains.
Pour obtenir des résultats plus fiables, nous suggérons un autre format d’enquête qui
pourrait être plus pertinent. Une étude longitudinale permettrait de mesurer le niveau
d’estime de soi et le bien-être général des répondants de manière plus représentative.
De plus, l’idéal serait de procéder à une expérience « en personne », où l’enquêté
consulterait son propre fil d’actualité Instagram et rapporterait simultanément ses
ressentis et attitudes à un enquêteur.
« L’attitude des jeunes femmes est plus favorable face à des photos Instagram
représentant de la nourriture saine que face à des photos représentant de la
nourriture considérée comme non saine »
1. R ESULTATS
Pour les résultats de cette hypothèse, nous utilisons les réponses obtenues dans la
partie III de notre questionnaire. Nous avons présenté deux photos de nourriture saine
et deux photos de nourriture considérée comme non saine à nos répondantes. A
chaque image étaient associées 6 questions mesurant les attitudes des enquêtées.
Pour chacune des questions, nous avons proposé la même échelle de réponse allant
de 1 (Pas du tout d’accord) à 5 (Tout à fait d’accord). Un score de 30 correspond donc
à une attitude très favorable et 6 à une attitude défavorable.
Résultats : Plat 1
Score total
23,33 / 30
Figure 28 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 1.
Le Plat 1 a obtenu un score d’attitude moyen de 23,33 sur 30. En observant notre
échantillon plus en détail, nous constatons que le score d’attitude le plus bas est de
11 et que le plus haut s’élève à 30.
Comme explicité dans notre partie V « Méthodologie », nous avons formulé deux
questions pour chacune des trois dimensions composant l’attitude : affective, cognitive
et conative. Chaque dimension peut donc totaliser un score allant de 2 à 10.
Au vu des chiffres présentés dans le tableau précédent, la variation entre les scores
affectif et cognitif moyens est de -0,29.
La comparaison entre les scores affectif et cognitif obtenus par le Plat 1 montre qu’il
peut y avoir une différence plus ou moins importante entre ces dimensions.
Figure 30 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 1.
Lorsque le score cognitif est plus haut que le score affectif, cela signifie que le degré
de connaissance d’un objet d’attitude est plus important que le degré d’appréciation.
Dans le cas du Plat 1, un score cognitif plus haut veut dire que la répondante sait que
la nourriture présentée est saine et bonne pour la santé même si elle l’apprécie de
manière moins importante.
Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que la différence entre les scores
affectif et cognitif se répartit de -5 à +6.
66 de nos répondantes ne présentent aucune variation entre les deux dimensions. En
revanche, 32 d’entre elles montrent un degré de connaissance un peu plus haut que
le degré d’appréciation. Enfin, 58 personnes de notre échantillon manifestent une
dimension affective un peu plus importante que la cognitive.
Au vu des chiffres présentés dans la Figure 29, les scores affectif et conatif moyens
diffèrent de -1,01. Cette différence est plus importante que celle trouvée entre les
dimensions affective et cognitive.
La comparaison entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération suivante :
Figure 31 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 1.
Pour le Plat 1, 47 répondantes obtiennent des scores affectif et conatif similaires. Elles
apprécient l’assiette présentée et se projettent en train de la consommer de manière
égale. 17 enquêtées manifestent une dimension conative plus favorable que la
dimension affective. Enfin, 92 répondantes montrent un degré d’appréciation plus fort
que leur intention.
En nous référant aux scores moyens cités plus haut, la variation entre les scores
cognitif et conatif est de -0,72.
La comparaison détaillée entre les scores cognitif et conatif est basée sur l’opération
suivante :
Figure 32 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 1.
La logique est la même que pour les graphiques précédents. Les intervalles au-dessus
de zéro traduisent une dimension cognitive plus forte que la dimension conative. Ceux
inférieurs à zéro expriment une dimension conative plus favorable.
Synthèse
Résultats : Plat 2
Score total
14,33 / 30
Figure 33 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 2.
Le Plat 2 a obtenu un score d’attitude moyen de 14,33 sur 30. En nous penchant sur
notre échantillon plus en détail, nous observons que le score d’attitude le plus bas est
de 6 et que le plus haut s’élève à 24.
Ce tableau nous permet d’observer que la dimension affective est beaucoup plus forte
que les deux autres dimensions. De même, le score conatif est plus haut que le score
cognitif. Ainsi, notre échantillon semble apprécier le hamburger représenté dans le Plat
2 mais être conscientes qu’il ne constitue pas une assiette équilibrée et bonne pour la
santé. Cependant, si en moyenne nos répondantes paraissent savoir ceci, elles
présentent tout de même une intention de consommer le hamburger plus forte que
leur niveau de connaissance.
La figure 34 montre que la variation entre les scores affectif et cognitif est de -4,70. La
dimension cognitive est donc beaucoup moins favorable au Plat 2 que la dimension
affective.
A nouveau, la comparaison entre ces deux scores est basée sur l’opération suivante :
Figure 35 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 2.
La variation entre les scores affectif et conatif moyens est de -3,49, soit un peu moins
importante qu’entre les scores affectif et cognitif.
Notre comparaison entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération
suivante :
Figure 36 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 2.
La variation entre les scores cognitif et conatif moyens est de 1,21. En moyenne, la
dimension conative de notre échantillon est donc un peu plus forte que la dimension
cognitive.
Comme pour les précédentes comparaisons, celle-ci est basée sur l’opération
suivante :
Figure 37 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 2.
Pour ce qui est du plaisir réel, nos répondantes semblent prêtes à consommer le Plat
2 malgré le fait qu’elles sachent qu’il ne représente pas une assiette équilibrée. Elles
relâchent ainsi le contrôle qu’elles peuvent exercer sur leur alimentation et s’autorisent
à manger un tel plat. Ceci nous ramène à la définition d’une alimentation équilibrée
que nous avons explicitée dans notre chapitre 2.6 « Sur l’alimentation et ses
pratiques ». Une alimentation équilibrée n’exclut aucun aliment mais repose plutôt sur
le principe de la juste mesure. On peut manger de tout, à condition que cela soit fait
dans des quantités adaptées. Ainsi, consommer sporadiquement un hamburger ne
signifie en aucun cas avoir une alimentation non équilibrée.
Résultats : Plat 3
Score total
22,19 / 30
Figure 38 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 3.
Le Plat 3 a obtenu un score d’attitude moyen de 22,19 sur 30. En observant notre
échantillon plus en détail, nous constatons que le score d’attitude le plus bas est de
12 et que le plus haut s’élève à 30.
Les chiffres obtenus nous permettent d’observer une variation entre les scores affectif
et cognitif de 1,78.
La comparaison détaillée entre les dimensions est toujours basée sur l’opération
suivante :
Figure 40 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 3.
La variation entre les scores affectif et conatif moyens est de 0,83, soit un peu plus
faible qu’entre les scores affectif et cognitif moyens.
Comme pour les autres scores, nous avons procédé à une comparaison basée sur
l’opération suivante :
Figure 41 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 3.
Grâce au graphique ci-dessus, nous observons que la différence entre les scores
affectif et conatif se répartit entre -8 et +3. Parmi nos répondantes, 45 affichent des
dimensions affective et conative égales. 25 d’entre elles obtiennent un score affectif
plus important que leur score conatif. En revanche, elles sont 86 à exprimer une
intention de consommer le Plat 3 plus forte que leur degré d’appréciation.
Selon les chiffres cités dans le tableau 39, la variation entre les scores cognitif et
conatif moyens est de -0,95.
Notre comparaison entre les scores cognitif et conatif est basée sur l’opération
suivante :
Figure 42 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 3.
A l’aide du graphique, nous constatons que la différence entre les scores cognitif et
conatif se répartit entre -2 et +7. Au sein de notre échantillon, 64 personnes totalisent
des scores cognitif et conatif égaux. Seules 15 personnes présentent un score conatif
plus haut que leur score cognitif. Enfin, 77 de nos répondantes manifestent une
dimension cognitive plus forte que leur dimension conative à l’égard du Plat 3. Si elles
semblent être conscientes que la nourriture présentée est bonne pour leur santé, elles
paraissent moins enclines à réellement la consommer.
Ceci peut avoir un lien avec la qualité de l’image et la présentation de l’assiette qui
sont volontairement moins bonnes que pour les autres plats.
Synthèse
Ici, pour le Plat 3, on retrouve l’idée de contrôle de l’alimentation. Même si leur degré
d’appréciation est plus ou moins fort à l’égard du Plat 3, un grand nombre de nos
répondantes affichent un degré de connaissance et une intention plus fortes encore.
Les résultats observés ici semblent abonder dans le sens suivant : afin de répondre à
l’idéal corporel de minceur, il est nécessaire pour l’individu de contrôler son
alimentation, ce qui signifie ne pas toujours manger que des aliments qui lui font très
plaisir ou l’enthousiasment particulièrement.
Score total
18,86 / 30
Figure 43 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 4.
Le Plat 4 a obtenu un score d’attitude moyen de 18,86 sur 30. En nous penchant plus
en détail sur les réponses données par notre échantillon, nous constatons que le score
d’attitude le plus bas est de 9 et que le plus haut s’élève à 30.
Comme pour le Plat 2, nous constatons ici que le score affectif moyen est beaucoup
plus élevé que les deux autres scores. Le score conatif moyen est faiblement supérieur
au score cognitif. Ainsi, de même que pour le hamburger du Plat 2, notre échantillon
semble fortement apprécier la pizza présentée dans le Plat 4. Cependant, nos
enquêtées paraissent être conscientes qu’un tel met n’est pas ce qu’il y a de meilleur
pour leur santé. En revanche, comme pour le hamburger, nos répondantes présentent
tout de même une intention de consommer la pizza plus forte que leur niveau de
connaissance.
Au moyen des chiffres cités dans le tableau 44, nous pouvons établir une variation
entre les scores affectif et cognitif moyens de -4,53.
Pour réaliser la comparaison de ces deux scores, nous avons procédé à l’opération
suivante :
Figure 45 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 4.
Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que 7 répondantes ont obtenu des
scores affectif et cognitif égaux et qu’aucune ne présente un score cognitif plus fort
que le score affectif. En revanche, elles sont 149 à manifester un degré d’appréciation
plus important que le degré de connaissance à l’égard du Plat 4.
La variation entre les scores affectif et conatif moyens est de -3,10. Comme pour les
résultats précédents, nous avons procédé à une comparaison entre les scores affectif
et conatif sur la base de l’opération suivante :
Figure 46 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 4.
Entre les scores cognitif et conatif moyens, nous observons une variation de 1,43.
Nous nous sommes penchés plus en détails sur ces scores et avons procédé à une
comparaison au moyen de l’opération suivante :
Figure 47 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 4.
Synthèse
Pour le Plat 4, nous pouvons formuler les mêmes remarques qu’à l’égard du Plat 2. La
pizza peut également être qualifiée de « plat-plaisir ». L’image seule rentre dans la
catégorie du « food porn » et procure un plaisir virtuel. Le plat réel peut quant à lui
constituer une entorse faite au contrôle exercé sur l’alimentation.
Après avoir détaillé les résultats obtenus pour chacune des quatre images présentées
dans le cadre de notre hypothèse 2, nous allons maintenant procéder à une
comparaison des Plats 1 à 4 entre eux.
Le tableau ci-dessus récapitule les scores d’attitude moyens obtenus par chacun des
quatre clichés. Les scores moyens de chaque composante attitudinale apparaissent
également.
En observant les scores d’attitude moyens obtenus par les Plat 1 à 4, nous pouvons
affirmer que les attitudes de notre échantillon sont plus favorables envers les Plats 1
Le Plat obtenant les attitudes les plus favorables est le n°1 (23,33). Le n°3 se place un
peu en-dessous (22,19). Nous nous attendions à un tel résultat car comme expliqué
précédemment, la qualité de l’image et la présentation de l’assiette ont une influence.
La différence principale entre les Plats 1 et 3 se situe d’ailleurs au niveau de la
dimension affective. Nos répondantes ont nettement moins apprécié l’image et
l’assiette présentées pour le n°3.
A l’inverse, le Plat recueillant les attitudes les plus défavorables est le n°2 (14,33).
Pour rappel, cette image représente un hamburger. Le n°4 se situe assez largement
au-dessus avec un score de 18,86. Ce dernier montre une pizza. Nous nous
attendions à obtenir un tel résultat car comme nous l’avions mentionné dans notre
chapitre 5.5. « Présentation du corpus de photographies », le hamburger est assez
généralement associé à la « malbouffe » et aux fast-food.
Concernant la dimension affective, nous observons que le score moyen le plus élevé
est celui du Plat 4 (8,83). Ainsi, nos répondantes se montrent plus enthousiastes à
l’égard de la pizza qu’à celui des autres plats. Le score moyen le plus bas est quant à
lui attribué au Plat 3 (6,52) le moins bien présenté de notre corpus. De manière
générale, la dimension affective manifestée par notre échantillon est plutôt favorable
à toutes les photos auxquelles nous l’avons exposé.
Pour ce qui est de la dimension cognitive, nous constatons que le score le plus élevé
est obtenu par le Plat 3 (8,31) et le plus bas par le Plat 2 (2,81). Le hamburger est
donc la nourriture considérée comme la moins saine, conformément à l’image qu’il
véhicule.
Enfin, au sujet de la dimension conative et des intentions comportementales, le score
moyen le plus élevé est celui du Plat 3 (7,36). C’est le Plat 2 qui obtient le plus bas. A
nouveau, le hamburger constitue l’assiette qui réunit le moins d’intentions favorables.
Paradoxalement, l’assiette présentée en Plat 3 est celle qui plait le moins à nos
répondantes et en même temps celle qu’elles considèrent comme la plus équilibrée et
bonne pour la santé et envers laquelle elles manifestent le plus d’intentions favorables.
Ceci s’inscrit dans l’idée du contrôle de l’alimentation. Pour correspondre à l’idéal
corporel de minceur, nos répondantes se tournent vers des plats qu’elles savent sains
et équilibrés, même si ce ne sont pas ceux qui leur font le plus envie. Elles contrôlent
donc leurs pulsions et désirs naturels pour se conformer à une alimentation qui leur
sera bénéfique et leur permettra de respecter les normes sociales de beauté.
Enfin, il est important de noter l’écart entre les scores cognitif et conatif moyens de nos
Plat 2 et 4. Pour ces deux assiettes, nos répondantes les considèrent comme moins
saines mais affichent une intention de les consommer qui surpasse ce degré de
connaissance. Ici, on retrouve l’idée « d’alimentation plaisir ». Les répondantes
semblent prêtes à relâcher le contrôler qu’elles exercent sur leur alimentation pour
céder à leurs envies. Comme mentionné plusieurs fois auparavant, une alimentation
équilibrée peut tout à faire inclure ce type de plats, à condition que cela soit fait en
quantités limitées.
Comme mentionné dans notre chapitre 2.6 « Sur l’alimentation et ses pratiques », les
classes supérieures affichent des préférences pour des aliments sains et légers, qui
permettent de maintenir la forme physique dont elles prennent soin (Boltanski, 1971).
Nous avons souhaité vérifier si cette affirmation formulée dans les années 1970 était
toujours vraie et avons donc procédé à une analyse des attitudes de notre échantillon
à la lumière de leur niveau de formation et catégorie-socioprofessionnelle. Nous avons
également inclus une analyse en fonction de l’âge de nos répondantes.
L’âge
Le tableau ci-dessus reprend les scores d’attitudes moyens totalisés par chacune des
quatre images en fonction de l’âge de nos répondantes.
A première vue, les scores semblent peu différer de la moyenne. La tendance
observée semble être suivie : les Plats 1 et 3 recueillent des attitudes plus favorables
que les Plats 2 et 4. Cependant, nous avons relevé quelques variations qui méritent
d’être commentées.
Pour le groupe « 19 ans », nous remarquons qu’il manifeste une attitude moins
favorable que la moyenne envers le hamburger du Plat 2 (10,80 soit -3,53 par rapport
à la moyenne) mais que son score d’attitude envers la pizza du Plat 4 est plus élevé
que la moyenne (22,40 soit +3,54). Les Plats 1, 2 et 4 recueillent ainsi des attitudes
presque similaires (respectivement 24,80, 23,60 et 22,40). Ces résultats sont un peu
surprenants : les 5 personnes de ce groupe semblent donc presqu’aussi favorables
envers la pizza qu’envers des plats plus sains.
Enfin, le groupe « 22 ans » affiche une attitude moins favorable que la moyenne envers
le Plat 2 (10,75) et plus favorable que la moyenne à l’égard du Plat 3 (25,13). De ce
fait, cette catégorie présente des attitudes nettement plus favorables pour les plats
sains que pour les plats non sains.
Pour la majorité de notre échantillon, les attitudes moyennes sont plus favorables
envers les plats sains que les plats non sains et semblent varier assez faiblement par
rapport à la moyenne sans qu’un lien avec l’âge soit clairement identifiable.
Niveau de formation
Nous remarquons que les variations les plus importantes par rapport à la moyenne
concernent la catégorie « Autre » pour les Plats 1 et 3. En effet, ce groupe affiche des
attitudes nettement moins favorables que la moyenne de notre échantillon à l’égard
des Plats 1 (20) et 3 (16,75). En revanche les attitudes envers les plats moins sains
restent proches de la moyenne. Il en résulte que ce groupe est plus favorable au Plat
4 qu’au Plat 3 et qu’il présente des attitudes presque similaires envers les Plats 1 et 3.
Néanmoins, ces chiffres sont à relativiser. En effet, la catégorie « Autre » ne compte
que 4 personnes. De plus, nous ne pouvons pas lier ces observations à un niveau
d’éducation particulier.
Pour cette hypothèse 2, il semble que le niveau d’éducation n’exerce pas d’influence
clairement identifiable sur les attitudes de notre échantillon à l’égard des images que
nous lui avons présentées. Nos répondantes affichent des attitudes plus favorables
envers les plats sains que les plats non sains indépendamment de leur niveau de
formation.
Catégorie socio-
Plat 1 Plat 2 Plat 3 Plat 4
professionnelle
Enfin, ce dernier tableau présente les scores d’attitudes moyens de notre échantillon
en fonction de leur catégorie socio-professionnelle.
Tout d’abord, nous remarquons que la catégorie « Ouvrière » manifeste des attitudes
plus favorables que la moyenne à l’égard de toutes les images (entre 18 et 27). La
tendance observée est néanmoins suivie : les plats sains recueillent des attitudes très
favorables (25 et 27) et les plats non sains des attitudes moins favorables (18 et 21).
Ces chiffres ne concernent en réalité qu’une seule personne, laquelle semble assez
voire très enthousiaste envers les quatre assiettes présentées.
Pour cette dernière variable démographique, nous arrivons à la même conclusion que
pour les précédentes. La catégorie socio-professionnelle de nos répondantes ne
semble pas jouer un rôle clairement défini dans la formation de leurs attitudes.
En ce qui concerne notre échantillon, l’affirmation de Boltanski est donc dépassée en
2019. Les attitudes de notre échantillon sont plus favorables à l’égard des plats sains
que des plats non sains indépendamment de la catégorie socio-professionnelle de nos
enquêtées. De plus, les attitudes envers les plats sains ne sont pas plus favorables
chez les répondantes ayant indiqué une catégorie socio-professionnelle supérieure.
Pour chaque image, nous avons posé six questions proposant une échelle de
réponses à cinq points. Le score d’attitude maximum est donc de 30 tandis que le
minimum est de 6. Les Plats 1 et 3 ont obtenu des scores d’attitudes moyens de 23,33
et 22,19 tandis que les Plats 2 et 4 affichent des scores de 14,33 et 18,66. Nos attentes
ont donc été confirmées.
Nous nous sommes également penchés sur les trois composantes attitudinales
(affective, cognitive et conative) et avons calculé un score moyen pour chacune. Il
ressort de notre analyse que même si nos répondantes apprécient plus ou moins tous
les plats présentés, leur degré de connaissance est assez important et elles savent
différencier les plats sains des plats non sains. En revanche, leurs intentions sont
parfois plus fortes que leur cognition.
Pour les n°2 et n°4 surtout, certaines de nos répondantes manifestent une intention
de consommer les assiettes présentées qui surpasse leur degré de connaissance.
Elles semblent donc souhaiter se faire plaisir en cédant à leurs envies naturelles même
si elles sont conscientes que le plat n’est pas forcément sain et équilibré. D’autres
personnes de notre échantillon affichent à l’égard de ces plats un degré d’appréciation
plus élevé que leur degré de connaissance sans pour autant avoir l’intention de les
consommer. Ici, le plaisir reste donc virtuel. Nos répondantes se satisfont de l’image
et du plaisir visuel qu’elle leur procure.
Enfin, nous avons également souhaité examiner nos résultats à l’aune de nos
variables démographiques. La tendance de préférer les plats sains aux plats non sains
a été observée pour tous les âges, niveaux de formation et catégories socio-
professionnelles qui composent notre échantillon.
1. R ESULTATS
Pour les résultats de cette hypothèse, nous utilisons les réponses obtenues dans la
partie IV de notre questionnaire. Nous avons présenté à nos répondantes trois
publications Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté un total de
mentions « J’aime » plus ou moins important. A chaque image étaient associées 6
questions mesurant les attitudes des enquêtées. Pour chacune des questions, nous
avons proposé la même échelle de réponse allant de 1 (Pas du tout d’accord) à 5 (Tout
à fait d’accord). Un score de 30 correspond donc à une attitude très favorable et 6 à
une attitude défavorable.
Résultats : Post 1
Score total
19,22 / 30
Figure 52 : Score d'attitude moyen obtenu par le Post 1.
Comme nous l’avons exposé dans notre partie V « Méthodologie », nous avons créé
deux questions pour chacune des trois composantes attitudinales : affective, cognitive
et conative. Chaque dimension peut donc totaliser un score allant de 2 à 10.
Grâce au tableau ci-dessus, nous observons que la dimension cognitive est la plus
forte (7,54), suivie par la dimension conative (6,33) et affective (5,35). Le score affectif
moyen est donc le plus bas des trois. Comme pour le Plat 3 précédemment examiné,
ceci peut s’expliquer par le fait que la qualité de l’image et la présentation de l’assiette
sont un peu moins bonnes que pour les autres clichés présentés dans notre
questionnaire.
Pour cette hypothèse, nous avons à nouveau procédé à une comparaison détaillée
des trois dimensions de l’attitude.
La variation entre les scores affectif et cognitif moyens est de 2,19. Pour réaliser cette
comparaison nous avons procédé à l’opération suivante :
Figure 54 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Post 1.
Selon les chiffres cités dans la Figure 53, la variation entre les scores affectif et conatif
moyens est de 0,98.
Nous avons procédé à la même comparaison que précédemment entre les scores
affectif et conatif au moyen de l’opération suivante :
Figure 55 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Post 1.
Nous observons que la différence entre les scores affectif et conatif est répartie entre
-8 et +3. Parmi nos répondantes, 42 présentent des scores égaux. 20 personnes
affichent une dimension affective plus forte que leur dimension conative. Enfin, 94
enquêtées expriment une intention de consommer le plat présenté plus importante que
leur degré d’appréciation. Si pour la majorité d’entre elles, cette différence est assez
faible (intervalles -2 et -1), elle est très importante pour la répondante n°48 (intervalle
-8). En nous penchant sur ses réponses, nous remarquons que son score affectif est
de 2, soit le minimum possible. En revanche, les deux autres scores sont de 10
chacun, soit le maximum possible. Ainsi, cette personne n’a pas du tout apprécié le
plat présenté mais elle sait qu’il est bon pour sa santé et exprime une forte intention
de le consommer.
Enfin, la variation entre les scores cognitif et conatif moyens est de -1,21. A nouveau,
notre comparaison entre les scores cognitif et conatif est basée sur l’opération
suivante :
Figure 56 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Post 1.
Synthèse
Score total
24,29 / 30
Figure 57 : Score d'attitude moyen obtenu par le Post 2.
Le Post 2 a obtenu un score d’attitude moyen de 24,29 sur 30. En examinant les
réponses de notre échantillon plus en détail, nous constatons que le score d’attitude
le plus bas est de 6 et que le plus haut s’élève à 30.
La variation entre les scores affectif et cognitif moyens est de 0,72, un chiffre assez
faible. Nous avons à nouveau procédé à une comparaison détaillée entre ces scores
au moyen de l’opération suivante :
Figure 59 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Post 2.
Nous observons que la différence entre les deux scores se répartit entre -6 et +3. Près
de la moitié de notre échantillon (70 personnes) a obtenu des scores affectif et cognitif
égaux. 20 répondantes montrent un score affectif plus élevé que leur score cognitif.
Enfin, 66 personnes manifestent un degré de connaissance plus important que leur
degré d’appréciation à l’égard du Post 2. La majorité d’entre elles (50 personnes)
présente une faible différence entre ces deux composantes (intervalles -1 et -2).
En nous appuyant sur les chiffres donnés dans la Figure 58, nous pouvons établir que
la variation entre les scores affectif et conatif moyens est de 0,08, soit très faible.
Notre comparaison entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération
suivante :
Figure 60 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Post 2.
Entre les scores affectif et conatif, la différence s’étend de -4 et +1. Un peu plus de la
moitié de nos répondantes (80) affiche des scores identiques. Ensuite, le reste de
notre échantillon se répartit de manière plus ou moins égale entre les répondantes
présentant un score affectif supérieur au conatif (36) et celles ayant obtenu un score
affectif inférieur au conatif (40). Les premières semblent apprécier le plat présenté plus
qu’elles n’ont l’intention de le consommer. En revanche, les secondes se projettent en
train de manger ce plat même s’il ne les enthousiasme pas totalement.
Enfin, la variation entre les scores cognitif et conatif moyens est de -0,64. Nous avons
effectué la même opération que pour les comparaisons précédentes :
Figure 61 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Post 2.
Synthèse
Les attitudes autour du plat présenté en Post 2 semblent plus mitigées que pour le
Post 1. Une grande partie de notre échantillon semble apprécier le plat et savoir qu’il
est bon pour leur santé. Cependant, lorsqu’il s’agit de passer à l’acte et de se projeter
en train de le consommer, les avis sont assez partagés pour près de la moitié de nos
répondantes.
Nous supposons que ces résultats peuvent être lié au nombre de mentions « J’aime »
récoltées par la publication Instagram n°2. Le plat a été approuvé par seulement 38
personne, ce qui est peu. Ainsi, certaines de nos répondantes semblent penser que
l’assiette est certes appétissante et bonne pour la santé mais n’ont pas pour autant
l’intention de la consommer.
Résultats : Post 3
Score total
26,30 / 30
Figure 62 : Score d'attitude moyen obtenu par le Post 3.
Les scores moyens observés pour le Post 3 sont les plus hauts de tous ceux que nous
avons relevés pour les sept images de nourriture qui constituent notre corpus. Ici, le
score affectif moyen (8,96) est plus élevé que les scores cognitif (8,69) et conatif (8,65)
moyens. C’est également l’objet d’attitude pour lequel la variation entre les trois scores
moyens est aussi faible.
La variation entre les scores affectif et cognitif moyens est de -0,27, soit assez faible.
Pour réaliser une comparaison détaillée entre ces scores, nous avons effectué
toujours la même opération :
Figure 64 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Post 3.
Les chiffres obtenus nous permettent d’observer une variation entre les scores affectif
et conatif de -0,31.
La comparaison détaillée entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération
suivante :
Figure 65 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Post 3.
Enfin, la variation observée entre les scores cognitif et conatif moyens est très faible :
seulement -0,04. Nous avons également effectué une comparaison détaillée entre ces
scores à l’aide de l’opération suivante :
Figure 66 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Post 3.
Ici, un peu plus de deux tiers de notre échantillon affichent des scores cognitif et conatif
identiques (106 personnes). 26 répondantes présentent une intention plus forte que
leur degré de connaissance. Enfin, 24 personnes manifestent un degré de
connaissance plus important que leur intention de consommer le plat.
Seule l’une d’entre elles présente une différence assez importante entre ces deux
scores (+6). En examinant les données de cette répondante (n°54), nous constatons
que son score affectif est de 3, que le cognitif est de 8 et le conatif est de 2. Ainsi, elle
ne semble pas apprécier le plat présenté ni avoir l’intention de le consommer. Elle
parait cependant consciente qu’il constitue une assiette équilibrée. Pour expliquer ce
résultat, le goût personnel est à prendre en compte ici : la personne n’aime
probablement pas ce type de plat.
Synthèse
Maintenant que nous avons détaillé les résultats obtenus pour chacune des trois
publications Instagram soumises à notre échantillon dans le cadre de notre hypothèse
3, nous allons réaliser une comparaison des Post 1, 2 et 3.
Ce tableau est un récapitulatif des scores d’attitudes moyens totalisés par chacune
des trois publications Instagram. Les scores moyens de chaque dimension de l’attitude
sont également résumés ici.
Nous constatons que le Post 3 est celui ayant recueilli les attitudes les plus favorables
(26,30). Viennent ensuite le Post 2 (24,29) et le Post 1 (19,22). Les résultats du Post
3 étaient attendus : il s’agit de la publication Instagram ayant récolté le plus de
mentions « J’aime » (72'390). En revanche, les chiffres obtenus pour les Post 1 et 2
sont une surprise. En effet, le Post 1 totalisant plus de « likes » que le Post 2
(respectivement 2651 et 38), nous pensions qu’il réunirait des attitudes plus
favorables. Ici, la qualité de l’image et la présentation de l’assiette sont à mettre en
cause. En effet, nous avons déjà mentionné et observé que ces deux variables
revêtaient une importance considérable.
En nous penchant plus en détails sur les composantes attitudinales, nous observons
que le Post 3 obtient les scores moyens les plus élevés pour chacune d’entre elles. Le
score affectif moyen est de 8,96, le cognitif est de 8,69 et le conatif de 8,65.
Ceci est cohérent avec la qualité de l’image, le dressage de l’assiette, le nombre de
« likes » et l’auteure de la publication Instagram. Le Post 3 représente un plat qui a
été approuvé tant par la leader d’opinion qu’est Kayla Itsines que par toutes les
personnes qui ont attribué un « J’aime » au cliché.
Par ailleurs, nous remarquons que pour chaque publication, les scores moyens de
chaque dimension sont cohérents avec le score d’attitude moyen. Le Post 1 obtient
les scores affectif (5,35), cognitif (7,54) et conatif (6,33) moyens les plus bas du corpus
de notre hypothèse 3. Vient ensuite le Post 2 avec des scores moyens de 7,83
(affectif), 8,55 (cognitif) et 7,91 (conatif). Enfin, comme évoqué plus haut, le Post 3
réunir les scores moyens les plus élevés.
Enfin, nous constatons que pour les Post 1 et 2, le score cognitif est le plus haut, suivi
du conatif puis de l’affectif. Ainsi, même si elles semblent un peu moins enthousiastes
à l’égard de ces plats, nos répondantes savent qu’ils sont sains et émettent une
intention de les consommer qui surpassent leur degré d’appréciation. Ici, nous
retrouvons l’idée de contrôle de l’alimentation déjà maintes fois évoquée. En revanche,
pour le Post 3, nos répondantes semblent aussi enthousiastes que conscientes et
disposées à consommer la salade représentée sur la photo.
Comme pour les hypothèses précédentes, nous avons réalisé une analyse des
attitudes de notre échantillon à l’aune de nos variables démographiques : l’âge, le
niveau de formation et la catégorie-socioprofessionnelle.
Le tableau ci-dessus présente les scores d’attitudes moyens obtenus par les Post 1 à
3 en fonction de l’âge des répondantes.
Nous observons que le groupe « 18 ans » montre une attitude un peu plus favorable
envers le Post 2 (26) que le Post 3 (25,33). Le nombre de mentions « J’aime » semble
donc ne pas influencer les personnes de cette catégorie. La publication affichant le
plus bas nombre de « likes » obtient l’attitude la plus favorable. Ce n’est pas le cas
pour les personnes d’âge proche (16, 17, 19 ans).
La même observation peut être faite au sujet du groupe « 28 ans ». Le Post 2 recueille
une attitude légèrement plus favorable (26,5) que le Post 3 (26,13). Nous remarquons
aussi que le Post 1 obtient une attitude plus favorable que la moyenne (23,38). A
nouveau, le nombre de mentions « J’aime » semble jouer un rôle mineur dans la
formation de l’attitude des répondantes âgées de 28 ans.
Enfin, ce dernier tableau récapitule les scores d’attitudes moyens des Post 1, 2 et 3
en fonction de la catégorie socio-professionnelle de notre échantillon.
Tout d’abord, nous observons que la catégorie « Ouvrière » est la seule pour laquelle
le score du Post 2 (25) est inférieur au Post 1 (27). De manière générale les scores de
ce groupe sont très hauts (entre 25 et 30). Ici, il semble que le nombre de « likes »
puisse avoir une influence sur l’attitude des répondantes. Néanmoins, cette
observation est à appréhender avec précaution car elle ne concerne qu’une seule
personne qui n’est donc pas représentative de la catégorie « Ouvrière ».
D’autre part, nous constatons que la catégorie « Apprentie » montre un score plus bas
que la moyenne pour le Post 1 (14) et un écart entre les Post 2 (25) et 3 (26) plus faible
que la moyenne. Le nombre de mentions « J’aime » n’a pas l’air d’exercer une
influence sur les attitudes de cette catégorie. Cependant, comme pour la catégorie
« Ouvrière », le groupe « Apprentie » ne représente qu’une seule personne et il est
donc difficile de généraliser notre observation.
2. D ISCUSSION
Pour cette dernière hypothèse, l’objectif était de mesurer les attitudes de notre
échantillon envers les publications Instagram 1, 2 et 3. Celles-ci présentaient un
nombre de mentions « J’aime » plus ou moins important (respectivement 2651, 38 et
72'390). Dans un second temps, nous désirions comparer les attitudes recueillies par
chacun de ces posts. Le résultat que nous attendions était le suivant : les attitudes les
plus favorables sont obtenues par le Post 3, puis le 1 et enfin le 2.
Nous avons posé six questions proposant une échelle de réponses à cinq points pour
chacune des publications Instagram. Le score d’attitude le plus haut possible est donc
de 30 et le plus bas est de 6. Le Post 1 a obtenu un score d’attitude moyen de 19,22,
le Post 2 un score de 24,29 et le Post 3 un score de 26,30. Ces résultats vont donc à
l’encontre de ceux que nous attendions.
Nous avons aussi examiné les trois dimensions de l’attitude (affective, cognitive et
conative) en détail, et avons calculé un score moyen pour chacune d’entre elles. Nous
avons constaté que le Post 3 obtenait les trois scores moyens les plus élevés. En
revanche, tous les scores moyens du Post 1 étaient inférieurs à ceux du Post 2.
Pour les Posts 1 et 2, il semble que le nombre de « likes » ait une influence moins
importante que la qualité de l’image. Pour le Post 3, nous supposons que l’auteur de
la publication peut avoir une importance tout aussi grande que les « likes ». Pour
rappel, l’auteur du Post 3 est une personnalité influente du monde du sport et de
l’alimentation.
Enfin, nous avons également procédé à une analyse de nos résultats à la lumière de
nos variables démographiques. Nous n’avons pu établir aucun lien entre l’âge, le
niveau de formation, la catégorie socio-professionnelle des répondantes et une
sensibilité plus ou moins importante au nombre de mentions « J’aime ».
Au final, nous ne pouvons pas valider notre hypothèse 3. Elle ne se vérifie que
partiellement : elle est vraie pour le Post 3 mais pas pour le Post 1. Nos analyses nous
ont permis de mettre en évidence d’autres variables à prendre en compte dans
l’appréciation d’une publication Instagram. Il n’y a donc pas que les « likes » qui
comptent, la qualité de la photo et le nom associé au cliché doivent également être
pris en considération.
Le présent travail avait pour but d’étudier l’influence que peut avoir le réseau social
Instagram sur les choix de nourriture et habitudes alimentaires des jeunes femmes de
15 à 29 ans. Il s’agissait de mesurer les attitudes de ces personnes à l’égard d’images
de plats plus ou moins sains et de publications Instagram affichant un nombre de
mentions « J’aime » plus ou moins important. Ensuite, il était également question
d’examiner la variation de l’estime de soi des jeunes femmes au contact de ces images
et publications.
Pour mener à bien notre étude, nous avons mis en place un questionnaire en ligne et
l’avons diffusé auprès de notre terrain cible. Au terme d’un mois d’enquête à laquelle
156 répondantes ont participé, nous avons pu effectuer nos analyses.
Les résultats de notre étude ne nous ont pas permis de valider notre première
hypothèse. Nous postulions que l’estime de soi des jeunes femmes tendait à
s’améliorer lorsqu’elles s’adonnaient aux logiques d’action et de réaction propres à
des publications Instagram représentant de la nourriture saine. Nous n’avons constaté
qu’une variation très légèrement négative de ce niveau d’estime de soi.
Enfin, nous n’avons pas pu entièrement valider notre troisième hypothèse. Si les
attitudes de nos répondantes les plus favorables s’orientaient vers la publication
Instagram totalisant le plus de mentions « J’aime », la même logique ne s’appliquait
pas à la publication en affichant le moins.
Au-delà de valider ou non nos hypothèses, nos analyses nous ont permis de réaliser
plusieurs apprentissages. En effet, nous avons pu constater que si de manière
générale, les plats sains sont préférés à ceux moins sains, ces derniers peuvent être
consommés et appréciés virtuellement, sans avoir besoin de les ingérer réellement.
Parfois, cependant, même si l’utilisatrice est consciente que ces plats ne sont pas
forcément bons pour sa santé, elle peut céder et les consommer quand même.
D’autre part, au vu des différences observées entre les dimensions affectives d’un côté
et les dimensions cognitives et conatives de l’autre, nous pouvons affirmer que le soin
du corps et le contrôle de l’alimentation qui y est lié semblent concerner une majorité
de personnes sans distinction d’âge, de niveau d’éducation ou de catégorie socio-
professionnelle. Nous vivons bel et bien l’ère de « folie saine » que nous évoquions en
préambule de ce travail.
Enfin, nos analyses ont également mis en lumière l’importance de la présentation
d’une assiette et de la qualité d’une photographie alimentaire sur Instagram. Cette
pratique est effectivement de plus en plus observable dans notre société
67
« If you’re going to Instagram your food, you may as well do it right. Here’s how. »
https://www.washingtonpost.com/news/going-out-guide/wp/2016/09/01/if-youre-going-to-instagram-
your-food-you-may-as-well-do-it-right-heres-how/?utm_term=.ceef3bec2a3e , consulté le 15 mai 2019.
68
https://influence.co/category/food , consulté le 15 mai 2019.
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https://www.youtube.com/watch?v=ZZy0BxXIDAg , consulté le 20 avril 2019.
https://forms.gle/WYLMC1gBqovbvEJy9