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Master

Instagram et les pratiques alimentaires : une analyse de l'influence du


réseau social sur les choix de nourriture des jeunes femmes de 15 à
29 ans

ANGUILLA, Mathilde

Abstract

Ce travail de mémoire vise à étudier l'influence que peut exercer Instagram sur les choix de
nourriture des jeunes femmes de 15 à 29 ans. Il s'agit de mesurer les attitudes de ces
personnes à l'égard d'images de plats plus ou moins sains et de publications Instagram
affichant un nombre de mentions « J'aime » plus ou moins important. Il est également
question d'examiner la variation de l'estime de soi des jeunes femmes au contact de ces
images et publications. Les résultats de l'étude indiquent que de manière générale, les
images de nourriture saine sont préférées aux autres. Par ailleurs, ils mettent en lumière le
plaisir virtuel que peuvent apporter les images présentant des plats peu équilibrés
(hamburger, pizza, …) et l'importance de la présentation de l'assiette et de la qualité de la
photographie alimentaire sur Instagram.

Reference
ANGUILLA, Mathilde. Instagram et les pratiques alimentaires : une analyse de
l'influence du réseau social sur les choix de nourriture des jeunes femmes de 15 à
29 ans. Master : Univ. Genève, 2019

Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:123411

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MÉMOIRE DE DIPLÔME
Master en Journalisme et Communication

INSTAGRAM ET LES PRATIQUES ALIMENTAIRES.

Une analyse de l’influence du réseau social sur les choix de nourriture des

jeunes femmes de 15 à 29 ans.

Mathilde Anguilla
N° d’étudiant : 13-409-776

Sous la direction du Professeur Patrick Amey


Session de juin 2019
REMERCIEMENTS

La rédaction de ce travail de mémoire fut une aventure longue de deux ans. Je tiens
à remercier toutes les personnes qui m’ont accompagnée tout au long de celle-ci.

v Tout d’abord, je remercie le Professeur Patrick Amey, mon directeur de


mémoire, pour son aide et ses conseils précieux au cours de mon parcours
de recherche et de rédaction.

v Je remercie également mes parents Hervé et Monique Anguilla et ma sœur


Delphine Anguilla pour leur soutien constant et infaillible à chaque instant
de cette aventure. Merci pour votre écoute, vos encouragements, votre aide
et vos relectures.

v Merci à Diego Favre, mon compagnon, qui m’a toujours soutenue et


poussée à donner le meilleur de moi-même depuis le début.

v Merci à Marie Jordan et Justine Lattion, mes amies si chères qui m’ont
apporté écoute, conseils et m’ont rassurée dans les instants de doutes.

v Merci à mes amis Maxime Gay-Crosier et Damien Bassi pour leur soutien,
leurs encouragements et leurs relectures.

v Merci à Natacha De Almeida, ma camarade de mémoire, avec qui j’ai


partagé chaque instant de cette folle aventure.

v Merci à Francesca Paschetta pour son aide et ses conseils.

v Enfin, je tiens à remercier mes camarades du Master Journalisme &


Communication avec qui j’ai passé de formidables moments et les
Professeurs pour leur enseignement tout au long de cette formation.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. I


RÉSUMÉ

Ce travail de mémoire concerne les domaines des médias sociaux et de l’alimentation.


Il vise à comprendre l’influence que peut exercer Instagram sur les choix de nourriture
des jeunes femmes de 15 à 29 ans. A une époque où l’alimentation est un sujet
extrêmement discuté, voire controversé, il est intéressant de se pencher sur la
question de l’impact des réseaux sociaux sur l’une des actions les plus basiques
qu’accomplit l’être humain : se nourrir. L’acte de manger est en effet universel et à la
base même de la survie des êtres vivants.

Au moyen d’un questionnaire en ligne, nous avons interrogé un échantillon de 156


jeunes femmes. Nous leur avons soumis des images de plats plus ou moins équilibrés
et sains, et plus ou moins « likés » sur Instagram et avons mesuré leurs attitudes face
à ces images. Nous avons également observé si leur niveau d’estime de soi subissait
une variation après qu’elles aient été exposées à ces clichés.

Nos analyses ont montré que les jeunes femmes ont des attitudes en moyenne plus
favorables face à des images de nourriture saine. De même, leurs attitudes sont dans
l’ensemble plus favorables envers la publication Instagram présentant le plus de
mentions « J’aime ». Enfin, en mesurant le niveau d’estime de soi avant et après que
nos enquêtées aient interagi avec ces photographies, nous n’avons constaté qu’une
très faible variation du niveau d’estime de soi moyen.

En conclusion du présent travail, nous proposons d’autres pistes pour l’étude de la


relation entre les domaines des réseaux sociaux et de l’alimentation.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. II


TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ...................................................................................................... I
RÉSUMÉ ..................................................................................................................... II
TABLE DES MATIERES............................................................................................ III
TABLE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................. V

PREMIÈRE PARTIE ................................................................................................. 1


I. INTRODUCTION .................................................................................................. 2
II. CADRE THEORIQUE .......................................................................................... 4
1. P RESENTATION D ’I NSTAGRAM ................................................................. 4
2. L ES MEDIAS SOCIAUX ET LEURS USAGES CHEZ LES JEUNES ADULTES ............ 7
3. P RESENTATION DE SOI ........................................................................... 8
4. C OMPARAISON SOCIALE ....................................................................... 11
5. R EPRESENTATION SOCIALE DU CORPS .................................................... 12
6. S UR L ’ ALIMENTATION ET SES PRATIQUES ................................................ 15
7. R EPRESENTATION DE L ’ ALIMENTATION .................................................... 20
8. E STIME DE SOI , IMAGE CORPORELLE ET INSATISFACTION ........................... 23
9. A TTITUDES ET COMPORTEMENT ............................................................. 25
10. C ONFORMISME AU NOMBRE , NORMES SOCIALES ....................................... 27
III. PROBLEMATIQUE ............................................................................................ 29
IV. HYPOTHESES ................................................................................................... 30
H YPOTHESE 1 ........................................................................................... 30
H YPOTHESE 2 ........................................................................................... 30
H YPOTHESE 3 ........................................................................................... 30
V. METHODOLOGIE .............................................................................................. 31
1. M ETHODE D ’ ENQUETE CHOISIE : LE QUESTIONNAIRE ................................. 31
2. D EROULEMENT DE L ’ ENQUETE ............................................................... 31
3. E LABORATION DE NOTRE ENQUETE ........................................................ 32
4. C ONSTRUCTION DU QUESTIONNAIRE ...................................................... 34
5. P RESENTATION DU CORPUS DE PHOTOGRAPHIES ..................................... 40
6. D EFINITION ET JUSTIFICATION DE NOTRE ECHANTILLON ............................. 47

DEUXIÈME PARTIE ............................................................................................... 49


I. RETOUR SUR L’ENQUÊTE .............................................................................. 50
1. D ESCRIPTION DE L ’ ECHANTILLON ........................................................... 50
2. H ABITUDES D ’ UTILISATION D ’I NSTAGRAM DE NOTRE ECHANTILLON .............. 53
II. ANALYSE DE DONNEES DE L’HYPOTHESE 1 .............................................. 56
1. R ESULTATS ........................................................................................ 56
2. D ISCUSSION ....................................................................................... 62

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. III


III. ANALYSE DE DONNEES DE L’HYPOTHESE 2 .............................................. 64
1. R ESULTATS ........................................................................................ 64
2. D ISCUSSION ....................................................................................... 85
IV. ANALYSE DE DONNEES DE L’HYPOTHESE 3 .............................................. 86
1. R ESULTATS ........................................................................................ 86
2. D ISCUSSION ..................................................................................... 102
V. CONCLUSION ................................................................................................. 103

BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................... I
ANNEXES .................................................................................................................. IX

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. IV


TABLE DES ILLUSTRATIONS
FIGURE 1 : APERÇU DU RESEAU SOCIAL INSTAGRAM -------------------------------------------------------------- 5
FIGURE 2 : LES DIX COMPTES INSTAGRAM LES PLUS SUIVIS EN 2019 ------------------------------------------ 6
FIGURE 3 : UNE MEME IMAGE AVANT ET APRES RETOUCHE ------------------------------------------------------ 10
FIGURE 4 L'ASSIETTE OPTIMALE SELON LA SOCIETE SUISSE DE NUTRITION --------------------------------- 16
FIGURE 5 LA PYRAMIDE ALIMENTAIRE SELON LA SOCIETE SUISSE DE NUTRITION --------------------------- 17
FIGURE 6 : PUBLICITE POUR LA MARQUE NUTELLA ACCOMPAGNEE D'UN MESSAGE DU PNNS ----------- 18
FIGURE 7 : PUBLICITE POUR LA MARQUE LAY'S ACCOMPAGNEE D'UN MESSAGE DU PNNS ---------------- 18
FIGURE 8 : ECHELLE DE L'ESTIME DE SOI, QUESTIONS ORIGINALES ET LEUR TRADUCTION ---------------- 36
FIGURE 9 : QUESTIONS POUR LA MESURE DE L'ATTITUDE -------------------------------------------------------- 37
FIGURE 10 : PHOTOGRAPHIE REPRESENTANT UN PLAT EQUILIBRE --------------------------------------------- 40
FIGURE 11 : PHOTOGRAPHIE REPRESENTANT UN PLAT EQUILIBRE --------------------------------------------- 41
FIGURE 12 : PHOTOGRAPHIE REPRESENTANT UN PLAT NON EQUILIBRE --------------------------------------- 42
FIGURE 13 : PHOTOGRAPHIE REPRESENTANT UN PLAT NON EQUILIBRE --------------------------------------- 43
FIGURE 14 : PUBLICATION INSTAGRAM REPRESENTANT DE LA NOURRITURE SAINE ET AYANT RECOLTE
2651 LIKES --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 44
FIGURE 15 : PUBLICATION INSTAGRAM REPRESENTANT DE LA NOURRITURE SAINE ET AYANT RECOLTE 38
LIKES ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 45
FIGURE 16 : PUBLICATION INSTAGRAM REPRESENTANT DE LA NOURRITURE SAINE ET AYANT RECOLTE
72'390 LIKES ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 46
FIGURE 17 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'AGE DE NOTRE ECHANTILLON. ---------------------------- 51
FIGURE 18 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DU NIVEAU DE FORMATION DE NOTRE ECHANTILLON. ------- 51
FIGURE 19 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DES CATEGORIES SOCIOPROFESSIONNELLES DE NOTRE
ECHANTILLON. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 52
FIGURE 20 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DU TEMPS PASSE SUR INSTAGRAM QUOTIDIENNEMENT PAR
NOTRE ECHANTILLON. -------------------------------------------------------------------------------------------------- 53
FIGURE 21 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DES CATEGORIES DE CONTENU CONSOMME PAR NOTRE
ECHANTILLON. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 54
FIGURE 22 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DES TYPES DE COMPTES "NOURRITURE" SUIVIS PAR NOTRE
ECHANTILLON. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 55
FIGURE 23 : VARIATION DU NIVEAU D'ESTIME DE SOI ------------------------------------------------------------- 56
FIGURE 24 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE VARIATION DU SCORE D'ESTIME DE SOI
DE NOTRE ECHANTILLON ----------------------------------------------------------------------------------------------- 57
FIGURE 25 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ESTIME DE SOI MOYEN EN DEBUT ET FIN DE
QUESTIONNAIRE ET LA VARIATION MOYENNE DE CE SCORE SELON L'AGE DES REPONDANTES. ----------- 59
FIGURE 26 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ESTIME DE SOI MOYEN EN DEBUT ET FIN DE
QUESTIONNAIRE ET LA VARIATION MOYENNE DE CE SCORE SELON LE NIVEAU DE FORMATION DES
REPONDANTES. ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 60
FIGURE 27 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ESTIME DE SOI MOYEN EN DEBUT ET FIN DE
QUESTIONNAIRE ET LA VARIATION MOYENNE DE CE SCORE SELON LE CSP DES REPONDANTES. --------- 62
FIGURE 28 : SCORE D'ATTITUDE MOYEN OBTENU PAR LE PLAT 1. ---------------------------------------------- 64
FIGURE 29 : SCORES DE CHACUNE DES 3 DIMENSIONS COMPOSANT L'ATTITUDE ATTRIBUES AU PLAT 1.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 65
FIGURE 30 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET COGNITIF DU PLAT 1. ----------------------------------------------------------------------------------- 65
FIGURE 31 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET CONATIF DU PLAT 1. ------------------------------------------------------------------------------------ 66
FIGURE 32 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
COGNITIF ET CONATIF DU PLAT 1. ------------------------------------------------------------------------------------ 67
FIGURE 33 : SCORE D'ATTITUDE MOYEN OBTENU PAR LE PLAT 2. ---------------------------------------------- 68
FIGURE 34 : SCORES DE CHACUNE DES 3 DIMENSIONS COMPOSANT L'ATTITUDE ATTRIBUES AU PLAT 2.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 69
FIGURE 35 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET COGNITIF DU PLAT 2. ----------------------------------------------------------------------------------- 69

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. V


FIGURE 36 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET CONATIF DU PLAT 2. ------------------------------------------------------------------------------------ 70
FIGURE 37 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
COGNITIF ET CONATIF DU PLAT 2. ------------------------------------------------------------------------------------ 71
FIGURE 38 : SCORE D'ATTITUDE MOYEN OBTENU PAR LE PLAT 3. ---------------------------------------------- 72
FIGURE 39 : SCORES DE CHACUNE DES 3 DIMENSIONS COMPOSANT L'ATTITUDE ATTRIBUES AU PLAT 3.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 73
FIGURE 40 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET COGNITIF DU PLAT 3. ----------------------------------------------------------------------------------- 73
FIGURE 41 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET CONATIF DU PLAT 3. ------------------------------------------------------------------------------------ 74
FIGURE 42 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
COGNITIF ET CONATIF DU PLAT 3. ------------------------------------------------------------------------------------ 75
FIGURE 43 : SCORE D'ATTITUDE MOYEN OBTENU PAR LE PLAT 4. ---------------------------------------------- 76
FIGURE 44 : SCORES DE CHACUNE DES 3 DIMENSIONS COMPOSANT L'ATTITUDE ATTRIBUES AU PLAT 4.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 76
FIGURE 45 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET COGNITIF DU PLAT 4. ----------------------------------------------------------------------------------- 77
FIGURE 46 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET CONATIF DU PLAT 4. ------------------------------------------------------------------------------------ 78
FIGURE 47 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
COGNITIF ET CONATIF DU PLAT 4. ------------------------------------------------------------------------------------ 78
FIGURE 48 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES MOYENS OBTENUS PAR LES PLATS 1 A
4. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 79
FIGURE 49 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES MOYENS OBTENUS PAR LES PLATS 1 A
4 SELON L'AGE DES REPONDANTES. --------------------------------------------------------------------------------- 81
FIGURE 50 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES MOYENS OBTENUS PAR LES PLATS 1 A
4 SELON LE NIVEAU DE FORMATION DES REPONDANTES.--------------------------------------------------------- 82
FIGURE 51 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES MOYENS OBTENUS PAR LES PLATS 1 A
4 SELON LE CSP DES REPONDANTES. ------------------------------------------------------------------------------- 84
FIGURE 52 : SCORE D'ATTITUDE MOYEN OBTENU PAR LE POST 1. --------------------------------------------- 86
FIGURE 53 : SCORES DE CHACUNE DES 3 DIMENSIONS COMPOSANT L'ATTITUDE ATTRIBUES AU POST 1.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 87
FIGURE 54 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET COGNITIF DU POST 1. ----------------------------------------------------------------------------------- 87
FIGURE 55 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET CONATIF DU POST 1. ------------------------------------------------------------------------------------ 88
FIGURE 56 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
COGNITIF ET CONATIF DU POST 1. ------------------------------------------------------------------------------------ 89
FIGURE 57 : SCORE D'ATTITUDE MOYEN OBTENU PAR LE POST 2. --------------------------------------------- 90
FIGURE 58 : SCORES DE CHACUNE DES 3 DIMENSIONS COMPOSANT L'ATTITUDE ATTRIBUES AU POST 2.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 90
FIGURE 59 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET COGNITIF DU POST 2. ----------------------------------------------------------------------------------- 91
FIGURE 60 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET CONATIF DU POST 2. ------------------------------------------------------------------------------------ 92
FIGURE 61 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
COGNITIF ET CONATIF DU POST 2. ------------------------------------------------------------------------------------ 92
FIGURE 62 : SCORE D'ATTITUDE MOYEN OBTENU PAR LE POST 3. --------------------------------------------- 93
FIGURE 63 : SCORES DE CHACUNE DES 3 DIMENSIONS COMPOSANT L'ATTITUDE ATTRIBUES AU POST 3.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 94
FIGURE 64 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET COGNITIF DU POST 3. ----------------------------------------------------------------------------------- 94
FIGURE 65 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
AFFECTIF ET CONATIF DU POST 3. ------------------------------------------------------------------------------------ 95
FIGURE 66 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DE L'INTERVALLE DE DIFFERENCE ENTRE LES SCORES
COGNITIF ET CONATIF DU POST 3. ------------------------------------------------------------------------------------ 96
FIGURE 67 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES OBTENUS PAR LES POSTS 1 A 3. ----- 97

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. VI


FIGURE 68 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES MOYENS OBTENUS PAR LES POST 1 A 3
SELON L'AGE DES REPONDANTES. ------------------------------------------------------------------------------------ 99
FIGURE 69 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES MOYENS OBTENUS PAR LES POST 1 A 3
SELON LE NIVEAU DE FORMATION DES REPONDANTES. --------------------------------------------------------- 100
FIGURE 70 : TABLEAU RECAPITULATIF DES SCORES D'ATTITUDES MOYENS OBTENUS PAR LES POST 1 A 3
SELON LE CSP DES REPONDANTES. ------------------------------------------------------------------------------- 101

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. VII


PREMIÈRE PARTIE

INTRODUCTION
CADRE THEORIQUE
PROBLEMATIQUE
HYPOTHESES
METHODOLOGIE

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 1


I. INTRODUCTION

Nous vivons une époque centrée sur l’image de soi et de son corps. Le philosophe
Yannis Constantinidès dit d’ailleurs dans son livre au titre évocateur « Le nouveau
culte du corps » : « Le corps est devenu un capital, un bien dont il faut prendre soin »1.
Dans une société qui se montre de plus en plus dure face à l’imperfection, notamment
physique, le corps est devenu un outil pour se présenter aux yeux des autres et
affirmer son statut dans la société. Ainsi, la tendance est à soigner son corps et à
présenter un corps sain au regard des autres. Ce soin du corps passe notamment par
la nourriture.

« L’alimentation saine est devenue une tendance majeure. Des personnalités


influentes telles que Jamie Oliver [un cuisinier britannique] et Michelle Obama
font campagne pour un mode de vie plus sain chez les enfants. Beaucoup de
blogs "food" sont axés sur les "superaliments" et sur comment maintenir un mode
de vie sain. Les gens essaient des régimes paléo, pauvres en glucides ou sans
sucre et les bars à salade et à jus fleurissent partout. On peut dire que l’on vit à
l’ère de la "folie saine" »2. (De Thouars, 2015 : 3).

Notre époque est aussi celle de la nourriture en abondance. A l’heure actuelle,


l’alimentation est un enjeu extrêmement débattu dans nos sociétés occidentales. On
parle des risques de manger « trop », mais également de ceux de manger « trop gras »
ou « trop sucré ». Dans une société où la nourriture est disponible en grandes
quantités, un individu doit faire preuve d’une certaine discipline pour s’astreindre à des
pratiques alimentaires qui lui permettront de présenter un corps sain aux yeux du
monde. Alain Perroud, psychiatre au Centre de Consultations Nutrition et
Psychothérapie de Genève dit à ce propos : « … l’abondance implique de la discipline.
Le nouveau trend, c’est le contrôle. La malbouffe, quant à elle, est de plus en plus
associée à la précarité »3.

Les dernières années ont été témoins de la montée en puissance des réseaux sociaux,
plateformes permettant aux internautes de partager des aspects de leur vie et
d’interagir avec les autres. Instagram, application de partage de photographies, permet
de mettre sa vie en images, voire même la mettre en scène. Les clichés que les
individus y publient en disent long sur leur identité, réelle et projetée. Ces médias
sociaux sont devenus partie intégrante de la vie de beaucoup de gens et leur
permettent de se connecter avec des amis, leur famille ou même des inconnus partout
sur la planète. Ils sont tout bonnement devenus omniprésents dans le quotidien d’un
grand nombre de personnes.

A une époque où l’alimentation est un sujet extrêmement discuté, voire controversé, il


est intéressant de se pencher sur la question de l’impact des réseaux sociaux sur l’une

1
« Le corps, ce capital dont il faut prendre soin »
https://www.letemps.ch/societe/2017/01/02/corps-capital-dont-faut-prendre-soin , consulté le 25 avril
2017.
2
Traduit de l’anglais par nos soins.
3
« Le corps, ce capital dont il faut prendre soin »

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 2


des actions les plus basiques qu’accomplit l’être humain : se nourrir. L’acte de manger
est en effet universel et à la base même de la survie des êtres vivants. Le présent
travail s’attache donc à étudier l’influence que peut exercer Instagram sur les choix de
nourriture des individus.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 3


II. CADRE THEORIQUE

L’objectif du cadre théorique est de faire une revue de la littérature existante au sujet
des différents concepts qui interviennent dans notre travail. Nous allons donc aborder
les réseaux sociaux et leur utilisation et présenter Instagram. Nous nous pencherons
également sur les thématiques de l’alimentation, du corps et de leurs représentations
sociales. Nous évoquerons enfin les concepts d’attitudes et de normes sociales.

1. P RESENTATION D ’I NSTAGRAM

L'application Instagram, fondée en 2010 par Kevin Systrom et Mike Krieger, se


présente comme une plateforme de partage de photos4. « Elle permet à ses utilisateurs
de capturer et de partager de manière instantanée des moments de leur vie avec leurs
amis »5. (Hu et al., 2015 : 1)
Au cours des dernières années, le réseau social a grandi de manière impressionnante
: il atteignait en juin 2018 le milliard d’utilisateurs6. Instagram est donc devenu l’espace
à travers lequel « tout le monde » (ou presque) raconte sa vie. (Prasersith et al., 2015 :
1).

Logiques d’actions

PUBLICATIONS DANS LA GALERIE


Sur Instagram, tout utilisateur peut partager du contenu : ce sont les publications. Elles
apparaissent dans la galerie de l’utilisateur (le « feed » en anglais). L’application étant
« photo-centrée », chaque publication doit contenir une image, une vidéo (d’une
minute maximum). Il est ensuite possible d’ajouter une légende, du texte, en
accompagnement du contenu visuel. Grâce aux hashtags (#), ces mots-clés
cliquables, l’utilisateur peut « étiqueter » et classifier son contenu selon diverses
thématiques.

4
https://www.instagram.com/about/us/ , consulté le 10 avril 2019.
5
Traduit de l’anglais par nos soins.
6
« Instagram franchit le cap du milliard d’utilisateurs et dégaine une application pour contrer Youtube »
https://www.frenchweb.fr/instagram-franchit-le-cap-du-milliard-dutilisateurs-et-degaine-une-
application-pour-contrer-youtube/328839 , consulté le 10 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 4


7
Figure 1 : Aperçu du réseau social Instagram

INSTAGRAM STORIES
Après plusieurs années de ce modèle de publication dans une galerie, Instagram a
introduit quelques nouveautés. En août 2016, les « Instagram Stories » apparaissent.
Cette fonctionnalité permet aux internautes de partager photos et courtes vidéos de
manière plus spontanée et éphémère. En effet, la durée de vie d’une « Instastory » est
de 24h. Ce contenu n’apparait pas dans la galerie de l’utilisateur, mais au-dessus,
indépendamment de celle-ci. Quelques mois après l’ajout de ce nouveau mode de
publication, Instagram est allé plus loin en proposant la diffusion de « Instagram
Stories » en direct8.

INSTAGRAM TV
Enfin, dernier ajout en date dans les fonctionnalités de partage de contenu : « IGTV »
(Instagram TV), lancée en juin 2018. Les utilisateurs peuvent désormais publier des
vidéos de plus ou moins longue durée (jusqu’à une heure) qui ne disparaissent pas
après 24h. « Instagram TV » se présente comme une télévision classique, qui aurait
des chaines entre lesquelles il est possible de zapper : ici, chaque utilisateur
représente une chaine9.

Logiques de réactions

L’utilisateur d’Instagram peut interagir avec les autres. Contrairement à Facebook, il


n’y a pas d’amis sur ce réseau social. La plateforme fonctionne avec un système
d’abonnement, de suivi (« follow » en anglais). Un utilisateur peut s’abonner, suivre un
autre profil. Il verra alors s’afficher le contenu publié par ce dernier dans son fil
d’actualité.
L’utilisateur peut également réagir au contenu partagé par les autres Pour cela,
plusieurs fonctionnalités sont à sa disposition : il peut aimer (like) et commenter une

7
Capture d’écran du site Instagram :
https://www.instagram.com/about/us/ , consulté le 10 avril 2019.
8
https://instagram-press.com/blog/2017/01/24/live-stories-available-globally/ , consulté le 10 avril 2019.
9
https://instagram-press.com/blog/2018/06/20/welcome-to-igtv/ , consulté le 10 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 5


publication. Contrairement à d’autres réseaux sociaux, il ne lui est pas possible de
partager le contenu des autres (« partage » sur Facebook, « retweet » sur Twitter).

Depuis l’introduction des « Instagram Stories », il est néanmoins possible pour


l’utilisateur de partager une publication en story, que ce soit la sienne ou celle d’un
autre profil.

Business, leaders d’opinion et publicité sur Instagram

Certains profils Instagram sont suivis par un grand nombre d’utilisateurs : des milliers,
voire des millions d’abonnés. Beaucoup de ces comptes appartiennent à des
personnalités déjà célèbres hors du réseau social. Par exemple, les dix profils
Instagram comptabilisant le plus d’abonnés appartiennent à des personnalités du sport
et du divertissement. Cependant, certains anonymes se sont également démarqués,
voyant le nombre de leurs abonnés grimper en flèche.

10
Figure 2 : Les dix comptes Instagram les plus suivis en 2019

Comme dit précédemment, le réseau social a connu une rapide croissance. Des
millions d’utilisateurs se sont inscrits sur la plateforme, certains comptant un nombre
d’abonnés très important. Ainsi, très vite, la publicité s’est invitée sur le réseau. En
septembre 2017, la plateforme atteignait deux millions d’annonceurs par mois11. Cela
a permis l’émergence d’un nouveau métier : « instagramer », un individu qui crée du
contenu sur le réseau social et vit des revenus qui en sont générés12.

10
Image trouvée sur le site Statista :
https://www.statista.com/statistics/421169/most-followers-instagram/ , consulté le 10 avril 2019.
11
https://business.instagram.com/blog/welcoming-two-million-advertisers/ , consulté le 10 avril 2019.
12
« Gagner sa vie grâce à Instagram ? C’est possible, je touche parfois 5'000 euros par mois »
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1423183-gagner-sa-vie-grace-a-instagram-c-est-possible-je-
touche-parfois-5-000-euros-par-mois.html , consulté le 11 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 6


2. L ES MEDIAS SOCIAUX ET LEURS USAGES CHEZ LES JEUNES ADULTES

Avant toute chose, il est nécessaire de définir ce que sont les médias sociaux. Notre
travail se concentrant sur les femmes de 15 à 29 ans, il nous faut comprendre la façon
dont cette frange de la population utilise les médias sociaux.

Définition

Tout d’abord il nous faut définir ce que sont les médias sociaux, aussi appelés réseaux
sociaux. L’expression « désigne généralement l’ensemble des sites internet
permettant de se constituer un réseau d’amis ou de connaissances professionnelles
et fournissant à leurs membres des outils et interfaces d’interactions, de présentation
et de communication »13. Parmi les plus connus, on peut citer Facebook, Twitter ou
encore Instagram, qui nous intéresse particulièrement dans le présent travail.

Utilisation des médias sociaux chez les jeunes adultes

Les médias sociaux peuvent avoir plusieurs fonctions :

1. L’interaction sociale
Les médias sociaux ont pour particularité de permettre le partage de photos et
vidéos, ce qui amène à une nouvelle forme de communication de plus en plus
basée sur l’image (Holmberg et al., 2016). Parmi la population âgée de 18 à 29
ans, 79% disent partager des photos qu’ils ont pris eux-mêmes sur les réseaux
sociaux. Par rapport à d’autres activités, ces jeunes individus consacrent la plus
grande partie de leur temps à ces nouveaux médias et technologies. Les réseaux
sociaux sont donc désormais considérés comme faisant partie de la vie
quotidienne. De plus, il est établi que cette tranche de la population préfère des
moyens de communication qui facilitent l’interaction sociale. (Vaterlaus et al.,
2015). Selon Beuscart et al. (2009) :

« Parmi beaucoup d’autres aspects, l’une des transformations apportées par


le partage des photos numériques est donc l’avènement de nouvelles
manières de ‘’faire conversation’’ avec des photos qui ne se substituent pas
aux pratiques antérieures, mais déploient de nouveaux territoires à la
constitution des échanges en ligne » (p. 94).

2. Une source d’information


Les réseaux sociaux peuvent également servir de source d’information et de
soutien (grâce aux communautés qui peuvent se former en ligne) dans plusieurs

13
https://www.definitions-marketing.com/definition/reseaux-sociaux/ , consulté le 20 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 7


domaines. Par exemple, pour ce qui est de la santé et plus particulièrement de la
nutrition, un nombre important de jeunes adultes a rapporté utiliser Internet parmi
d’autres sources d’information telles que la télévision et les magazines (Vaterlaus
et al., 2015)

3. La base d’une comparaison


Les médias sociaux se différencient des médias traditionnels. Les premiers
représentent les usagers tandis que les seconds peuvent représenter des figures
célèbres, des mannequins, des individus se démarquant du commun des mortels.
(Fardouly & Vartanian, 2016).
Les réseaux sociaux reposant sur les interactions entre leurs utilisateurs, Instagram
ne fait pas exception et voit ses utilisateurs développer des relations entre eux,
qu’elles soient symétriques ou complémentaires. La plateforme permettant à ses
utilisateurs de suivre le contenu publié tant par des personnalités célèbres (Dion,
2015) que par leurs pairs, cela peut amener l’internaute à ne plus faire de différence
entre des individus que l’on peut qualifier de « lambda » et des célébrités ayant un
train de vie sortant de l’ordinaire. Les photographies des individus exprimant une
part de leur identité et donc les représentant dans l’espace social, les utilisateurs
d’Instagram vont s’évaluer les uns les autres. Ceux dont les clichés montrent des
marqueurs de réussite sociale seront enviés par ceux dont ce n’est pas le cas par
exemple.

3. P RESENTATION DE SOI

Après avoir évoqué l’utilisation qui peut être faite des réseaux sociaux, nous allons
nous concentrer ici sur la manière dont les utilisateurs de ces plateformes s’y
présentent.

Sur les réseaux sociaux, chaque individu dispose de son espace personnel comme il
le désire et y diffuse le contenu qu’il souhaite. Chacun a le pouvoir de décider de la
manière dont il veut se présenter aux autres utilisateurs. S’il en va de même dans le
monde réel, il y a tout de même quelques différences dans le monde digital.
Dans le monde dit « hors ligne », les individus peuvent montrer différentes facettes de
leur façon d’être selon le groupe social et le milieu avec lequel ils interagissent. C’est
tout le contraire dans le monde digital : leur profil sur les réseaux sociaux est
accessible par tous de la même manière. Il n’est donc pas possible pour l’individu de
moduler son image ni de s’en créer plusieurs (Manago et al., 2008).

Ceci étant dit, « les médias sociaux fournissent à leurs utilisateurs une plateforme
digitale sur laquelle ils sont libres de présenter la version d’eux-mêmes qu’ils
souhaitent »14 (Vaterlaus et al., : 2015 : 156). En effet, le caractère asynchrone des
réseaux sociaux permet aux individus de choisir et travailler l’image d’eux-mêmes
qu’ils veulent montrer. Cela passe notamment par la mise en avant d’attributs
socialement désirables et la censure de ceux qui le sont moins. Les internautes
peuvent sélectionner, améliorer et parfois même retoucher les clichés d’eux ou de leur
vie qui sont diffusées auprès de leur audience. Ils peuvent également limiter voire

14
Traduit de l’anglais par nos soins.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 8


même éliminer les photographies d’eux qu’ils considèrent comme non flatteuses (et
donc diffusées par d’autres personnes qu’eux-mêmes) (Kim & Chock. 2015). Il a
d’ailleurs été montré dans une étude réalisée auprès d’utilisateurs de MySpace que
ceux-ci « ressentaient une pression considérable pour créer une impression d’eux-
mêmes qui soit désirable »15 (Manago et al., cité par Kim & Chock, 2015 : 333).
A ce propos, des journalistes ont avancé que la nature même d’Instagram, centrée sur
l’image, encouragerait les utilisateurs à ne présenter que les caractéristiques les
meilleures ou les plus lustrées (polished) de leur vie. (Lup et al., 2015).
Cela biaise donc la représentation des individus dans l’espace social. En effet, s’ils
modifient certains aspects de leur vie pour que les autres les voient différemment, ils
modifient la représentation de leur identité. Les réseaux sociaux « se caractérisant par
une visibilité de tous sur tous » (Beuscart et al., 2009 : 112), un utilisateur peut tout à
fait découvrir les photographies d’un autre et l’identité qu’elles représentent en pensant
que cette identité projetée est réelle.
Lup et al. (2015) avancent d’ailleurs que suivre et s’exposer aux publications
d’inconnus peut amener l’individu à développer ou renforcer des sentiments négatifs
à propos de lui-même.

Une photographie est malléable à loisir pour celui qui sait utiliser la myriade de logiciels
informatiques qui existent à l’heure actuelle. Il a été montré par plusieurs études que
« les utilisateurs des réseaux sociaux ont tendance à modifier et améliorer les images
apparaissant sur leur profil » (Kim & Chock, 2015 : 331). Ainsi, peu à peu, ces
différentes plateformes se retrouvent pleines de photographies retouchées,
améliorées, présentant une version idéalisée de leurs utilisateurs.

Instagram étant « photo-centré », c’est sur ce réseau que cette tendance est la plus
aisément observable. De plus en plus d’internautes publient des clichés modifiés, tant
au niveau des éléments les composant qu’au niveau des couleurs et teintes. Nous
évoquions auparavant les « Instagramer », ces utilisateurs qui ont réussi à tirer des
revenus du contenu qu’ils diffusent sur la plateforme. En observant rapidement
plusieurs de ces profils, il est assez facile de conclure que l’immense majorité modifie
ses photographies. Certains vont-même jusqu’à proposer à la vente les « filtres », les
modifications, qu’ils ont mis au point pour améliorer leur contenu.

15
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 9


16
Figure 3 : Une même image avant et après retouche

Dans l’exemple ci-dessus, la photographie est modifiée de manière à ce que la


personne apparaisse plus bronzée, les couleurs plus saturées et donc plus
accrocheuses. Alors que la première est plutôt banale, la seconde a un air plus
professionnel et transmet plus de rêve, d’envie de voyage au spectateur.

Ainsi les photographies partagées sur Instagram permettent aux utilisateurs de


converser entre eux, d’échanger et, de la même façon que pour la conversation en
personne, de se représenter par rapport aux autres. En effet, selon Beuscart (2009),
partager des photos en ligne est un moyen supplémentaire pour l’individu d’exprimer
son identité personnelle, de se représenter socialement et de se lier ou non aux autres.
« C’est en exprimant une part de leur identité à travers leurs productions
photographiques, que les individus se lient les uns aux autres en se donnant des
signes de reconnaissance mutuelle » (p. 113).

16
Capture d’écran du compte Instagram « ellesenparlent » :
https://www.instagram.com/ellesenparlent/, consulté le 21 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 10


4. C OMPARAISON SOCIALE

Comme évoqué précédemment, les médias sociaux peuvent être la base d’une
comparaison entre les utilisateurs. Dans ce chapitre, nous nous penchons sur les
mécaniques de cette comparaison.

Au cours des années 1950, la comparaison sociale était considérée comme résultant
d’un besoin humain basique et omniprésent : évaluer les opinions et capacités des
autres afin de savoir se situer par rapport à eux. Puis la recherche a évolué et inclus
l’évaluation des qualités et des comportements, y compris les émotions (Polivy &
Pliner, 2015 : 89).

En 1954, le psychologue américain Leon Festinger théorisait sur cette notion :


« L’humain a une propension innée à se comparer avec les autres pour évaluer ses
capacités et opinions, en particulier lorsqu’il n’existe aucune mesure objective »17
(Brown & Tiggemann, 2016 : 38). De plus, toujours selon Festinger, « une
comparaison est plus aisément faite par rapport à des cibles perçues comme étant
similaires à soi, car c’est ce type de comparaison qui permet d’obtenir le plus
d’informations »18. (ibid.)
L’individu se compare donc plus volontiers à des tiers s’ils lui sont semblables. Il peut
même reproduire leur comportement « si celui-ci reflète un but atteignable et attractif »
(Polivy & Pliner, 2015 : 93). Cependant, Festinger a montré que cette évaluation peut
aussi se faire par rapport à des individus considérés comme supérieurs ou inférieurs,
donnant lieu à des comparaisons descendantes et ascendantes (ibid.). Ce dernier type
de comparaison peut mener l’individu à penser qu’il n’est pas capable d’atteindre un
certain standard et ainsi résulter en une mauvaise estime de soi (De Thouars, 2015).

En mettant en avant des personnalités célèbres et attractives, les médias fournissent


aux individus des cibles de comparaison, surtout ascendante. Les célébrités sont
définies comme « des individus largement connus qui reçoivent une attention publique
excessive, généralement pour leur implication dans les domaines du divertissement et
du sport. Ils sont couramment rencontrés parmi toutes les formes de médias »19
(Brown et Tiggemann, 2016 : 37). Il est important de préciser que les célébrités voient
leur vie personnelle exposée et rapportée dans ces médias. Ainsi, un individu peut
développer des connections, des liens, plus ou moins forts avec ces personnalités, ce
qui renforce la comparaison ascendante que nous évoquions plus tôt.

Lorsque l’on considère les médias sociaux, la théorie de la comparaison sociale de


Festinger est également pertinente. Selon Tiggemann et Zaccardo (2015), les médias
sociaux permettent de se connecter avec des pairs qui sont les cibles privilégiées de
la comparaison. De plus, les individus peuvent se connecter et se lier rapidement et
facilement avec des pairs, ce qui accroit les possibilités de se comparer avec eux. Il
est néanmoins important de préciser que ces comparaisons sont très souvent faites
par rapport à des images idéalisées, améliorées et retouchées, qui ne reflètent pas

17
Traduit de l’anglais par nos soins.
18
Id.
19
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 11


sincèrement la réalité. Ainsi, les médias sociaux fournissent une possibilité
supplémentaire pour les individus d’être exposés à des images idéalisées.

Si les médias sociaux peuvent renforcer la théorie de la comparaison sociale, ils


peuvent aussi aller à son encontre. Instagram en est un bon exemple. Comme nous
le disions plus tôt, sur cette plateforme, chacun dispose d’un espace pour diffuser son
contenu et peut voir celui publié par les autres. Instagram ne fait en effet aucune
distinction entre ses utilisateurs. Ainsi, les individus peuvent se trouver tout aussi bien
face aux publications de leurs pairs qu’à celles de personnalités célèbres. Selon Brown
et Tiggemann (2016), cette particularité d’Instagram peut amener les individus à
considérer les célébrités comme leurs pairs. De plus, l’application comptant plus d’un
milliard d’utilisateurs, il est également possible pour un individu d’être exposé au
contenu diffusé par des inconnus. Ainsi, sur Instagram, un individu peut donc se
comparer autant à ses pairs, qu’à des inconnus, ou qu’à des célébrités. Ceci vient
donc nuancer la théorie de la comparaison sociale telle que formulée par Festinger
(Kim & Chock, 2015).

Dans notre société actuelle, l’idéal de minceur (sur lequel nous reviendrons en détails
dans le chapitre suivant) est véhiculé notamment par le biais des médias qui mettent
constamment en avant des célébrités et mannequins minces. Des études ont montré
que les « femmes se comparent aux mannequins et célébrités lorsqu’elles sont
confrontées aux normes culturelles de minceur car ce sont ces mannequins et
célébrités qui fixent ces normes et que les femmes savent qu’elles seront jugées par
rapport à celles-ci »20 (Brown & Tiggemann, 2016 : 38).
Nous l’évoquions précédemment, avec l’avènement des réseaux sociaux, les individus
ont encore plus de possibilités de se comparer aux autres. De plus, « avec Instagram,
le groupe de comparaison sociale peut devenir des célébrités qui ont beaucoup plus
d’argent et d’attributs socialement valorisés »21, comme par exemple la minceur (Dion,
2015 : 6). Ces comparaisons ascendantes répétées peuvent mener les femmes à
développer un sentiment d’insatisfaction corporelle (Fardouly et al., 2015).

5. R EPRESENTATION SOCIALE DU CORPS

Comme nous allons le voir dans ce chapitre, le corps est une composante importante
de la représentation de l’individu dans l’espace social. De plus, il est façonné entre
autres par la façon dont l’individu se nourrit. Avant d’aborder le domaine de
l’alimentation, nous explorons ici la thématique du corps et les concepts qui y sont liés.

Le corps, un produit social

Selon Corbeau (2007), « Le corps est un moyen de communication non verbale qui
signifie une appartenance et un statut social » (p. 250). Cela veut dire que notre corps
donne des informations à propos de nous tout autant que les mots que nous

20
Traduit de l’anglais par nos soins.
21
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 12


prononçons. Selon notre milieu d’origine, notre niveau de formation ou encore notre
profession, notre corps ne sera pas le même, n’aura pas incorporé les mêmes
caractéristiques, dispositions et postures. Certaines de ces dispositions sont donc
associées plutôt avec les classes supérieures ou plutôt avec les classes populaires.
Boltanski (1971) explique que le corps d’un individu signale sa place dans l’espace
social :

« Le corps est en effet, au même titre que tous les autres objets techniques dont
la possession marque la place de l’individu dans la hiérarchie des classes, par
sa couleur (blafarde ou bronzée), par sa texture (flasque et molle ou ferme et
musclée), par son volume (gros ou mince, replet ou élancé), par l’ampleur, la
forme ou la vitesse de ses déplacements dans l’espace (gauche ou gracieux), un
signe de statut … » (p. 232).

Au final, le corps est donc un produit social, construit tant par les conditions de
travail que par les habitudes de consommation de l’individu et de la classe à laquelle
il appartient, qui raconte l’individu, qu’il en soit conscient ou non. (Bourdieu, 1977).

L’idéal de la minceur

Traditionnellement, alors que la force physique et le travail manuel sont plutôt associés
avec les classes populaires, la forme physique et le travail intellectuel relèvent des
classes supérieures. Ainsi plus l’individu s’élève dans la hiérarchie sociale et donc
s’éloigne du travail manuel, plus il sera conscient de son corps et y portera un intérêt
particulier. N’ayant plus besoin de mobiliser sa force physique, il pourra « reconquérir
son corps » et y apporter du soin, privilégiant la forme et la beauté (Boltanski, 1971).

Corbeau explique que la valorisation de la minceur résulte de l’augmentation des


quantités de nourriture disponibles dans notre société et avec elle la fin de la peur de
la famine. Alors que la nourriture est abondante, il faut se méfier du « trop » et la
grosseur se voit de plus en plus condamnée. Boltanski associe cette valorisation de la
minceur avec l’élévation dans l’échelle sociale : « La valorisation de la ‘‘minceur’’ croît
quand on passe des classes populaires aux classes supérieures en même temps que
croît l’attention portée à l’apparence physique et que décroît corrélativement la
valorisation de la force physique … » (id. : 223). La minceur peut donc être associée
à un signe d’appartenance aux classes supérieures et donc de réussite sociale. Elle
peut aussi être associée à une forme « d’efficacité sociale » comme le dit Corbeau
(2007) : « il faut aller vite, être performant, se débarrasser d’un ‘’surpoids’’ synonyme
d’inertie » (p. 253).

Toujours selon Corbeau (2007), l’idéal corporel se rapporte à la beauté et à l’efficacité


de la minceur, ainsi qu’à « l’image de la santé ». Face à l’abondance de nourriture,
atteindre l’idéal corporel de la minceur atteste donc d’une obligation de se contrôler,
d’exercer une certaine discipline sur soi-même et sur ses préférences et pratiques
alimentaires (loc. cit.).

Penser la minceur comme idéale et attractive est une tendance que l’on retrouve
largement dans la société et plus particulièrement dans l’industrie de la mode
(Grégorio, 2014 : 7). Cette norme culturelle de la minceur est transmise aux individus

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 13


par le biais de plusieurs sources : la famille, les pairs et les médias de masse
(Hargreaves & Tiggemann, 2004). En effet, « les médias ont tendance à présenter des
images idéalisées d’hommes et de femmes »22, dans lesquelles des idéaux de beauté
bien spécifiques apparaissent – la minceur pour les femmes, la musculature pour les
hommes (Kim & Chock, 2015 : 331). Dany et Morin (2010) parlent de « pression
corporelle », de pression à atteindre la minceur idéale. Selon eux également, cette
pression est exercée par différents moyens : « promotion médiatique de figures
corporelles idéales, promotion de certaines pratiques alimentaires (régimes) et
corporelles (sport), voire influence de la famille et des pairs » (p. 322).

Les médias sociaux ne sont pas en reste et contribuent également à cette pression
corporelle. Les dernières années ont été témoin du développement de plusieurs
phénomènes :
- Le « thinspiration »
(contraction de « thin », mince, et « inspiration), qui consiste en « des images de
femmes émaciées, accompagnées de textes destinés à inspirer la spectatrice à
perdre du poids »23 (Tiggemann & Zaccardo, 2015 : 62).
- Le « fitspiration »
(contraction de « fitness » et « inspiration »), qui désigne « des images destinées
à motiver les gens à faire du sport et mener un mode de vie plus sain »24 (ibid.).
- « Pro-ana »
(pro-anorexia), mouvement qui rassemble et promeut l’extrême maigreur et le
mode de vie anorexique.25

Le « Body Myth »

Dans leur livre « The Body Myth : Adult Women and the Pressure to Be Perfect »,
Maine et Kelly ont défini ce qu’ils appellent le « body myth », ou en français le mythe
du corps. Cette expression fait référence à l’idée que « notre valeur et celle des autres
est et devrait être basée sur notre apparence, le poids que l’on pèse et donc ce que
l’on mange »26 (Friedman, 2006 : 172). Dans notre société, nous en arrivons donc à
penser que « Nous sommes notre corps ». Selon les auteurs de l’ouvrage, les femmes
modernes étant plus actives professionnellement et donc dans la vie publique, leurs
corps sont l’objet de nouvelles examinations et jugements (ibid.).

Dans leur étude réalisée auprès d’adolescents Dany et Morin (2010) et rejoignent cette
idée du « body myth » en avançant que : « l’image corporelle est essentielle pour la
définition personnelle des adolescentes, parce qu’elles ont été portées à croire, par le
biais de la socialisation, que leur apparence constituait la base quasi-essentielle de
leur évaluation personnelle et de celle opérée par autrui » (p. 322).

Cette conception de la valeur de l’individu explique les discriminations que peuvent


subir les personnes qui ne correspondraient pas à l’idéal de minceur. Les personnes
qui s’en éloignent le plus, qui sont en surpoids voire obèses, sont ainsi souvent

22
Traduit de l’anglais par nos soins.
23
Id.
24
Id.
25
https://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Pro-Ana , consulté le 28 avril 2019.
26
Traduit de l’anglais par nos soins.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 14


victimes de stéréotypes et de stigmates. Selon McFerran et al. (2009), « contrairement
à certains stigmates, le reproche est directement attribué à l’individu obèse. Il est
supposé qu’il ou elle a le contrôle sur son poids »27 (p. 917). En effet, les notions de
maitrise de soi et de responsabilité individuelle sont prépondérantes dans notre société
contemporaine. Selon Carof (2015) cette tendance « conduit les personnes en
surcharge pondérale à être perçues comme paresseuses et manquant de volonté »
(p. 214). L’idéal de minceur est associé à un « devoir de santé » auquel chacun est
soumis. Ainsi, les individus en surpoids ou obèses sont considérés comme ayant
échoué à se prendre en charge.
La pression corporelle évoquée par Dany et Morin (2010) n’est pas imaginaire et
concerne surtout les femmes. En effet, « une fois adultes, la question du poids s’inscrit
toujours dans des pratiques esthétiques définies comme "féminines" et considérées
comme obligatoires. Etre mince est équivalent à mettre du maquillage, s’épiler, porter
des jupes ou des talons hauts » (Carof, 2015 : 222). Selon Carof, cette pression est
exercée principalement au moyen de l’alimentation et de son contrôle.

6. S UR L ’ ALIMENTATION ET SES PRATIQUES

Définition

Tout d’abord, il nous faut définir ce qu’est l’alimentation. Lavallée et al. (2004) en
parlent comme d’un acte universel, qui porte des traditions et est en lien étroit avec
l’identité, le rang social et l’appartenance culturelle des gens. S’appuyant sur la thèse
de Lahlou, « Penser manger », Lavallée et al. définissent l’alimentation comme suit
:« L’alimentation n’est pas simplement la satisfaction d’un besoin physiologique, elle
est un acte complexe qui renvoie à des réalités psychologiques, sociales et culturelles
(savoirs, émotions, valeurs et rituels) » (2004 : 105).
La nourriture jouant un rôle essentiel dans la vie quotidienne, les pratiques
alimentaires des individus reflètent leurs valeurs sociales et culturelles et sont des
éléments importants de leur bien-être et de leur santé (Holmberg et al., 2016). Ainsi,
comme tout ce qu’accomplit l’être humain, l’action de manger participe à sa
représentation sociale et à la perception que les autres ont de lui.

Selon Lahlou (1995), l’acte de s’alimenter est associé au rapport d’incorporation qui
peut être résumé ainsi : « You are what you eat », l’individu est ce qu’il mange. L’auteur
explique que ce principe peut s’appliquer à des groupes humains, lesquels seront alors
désignés par leur aliment caractéristiques (les Anglais appelant les Français « frogs »,
grenouilles, par exemple). Au niveau individuel, le principe qui veut que le mangeur
devienne ce qu’il a ingéré s’applique également. Lahlou l’explique ainsi : l’aliment
mangé va passer par le ventre de l’individu, pour finalement s’ajouter, s’incorporer, à
son corps. Ainsi, « la substance devient partie du sujet » (p. 202). Il est important ici
de préciser que le corps de l’individu absorbe certaines caractéristiques de l’aliment,
mais qu’il ne devient pas l’aliment. « Ce n’est donc pas exactement la substance
matérielle même de l’aliment qui s’incorpore au mangeur, mais plutôt son essence,
ses vertus en tant qu’elles sont applicables à la catégorie de sujet humain » (p. 203).
27
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 15


Au fil des siècles, ce principe était très prégnant dans les sociétés dites « primitives ».
Si à l’heure actuelle l’idée n’est plus prise au sens littéral, ces croyances restent
toujours néanmoins toujours présentes (Vartanian et al., 2007).

Ainsi de la même manière que les Français ne deviennent pas des « grenouilles »,
l’individu ne devient pas une carotte s’il en mange une ni un cochon s’il consomme de
la viande de porc. Le principe d’incorporation lié à l’alimentation repose plutôt sur
l’assimilation. L’aliment est donc vecteur d’essences et de vertus que le mangeur va
s’attribuer en l’ingérant. Selon Lahlou (op. cit.) : « Cette transmission implique que le
sujet et la substance alimentaire vont avoir en commun, à l’issue du processus,
certains traits identiques. Par là, l’incorporation s’affirme comme un processus de
choix, pour réaliser l’identification » (p. 203). Ces principes d’incorporation de l’aliment
et d’assimilation de son essence permettent de comprendre les diverses pratiques
alimentaires.

Recommandations des autorités de santé publique en matière


d’alimentation

En 2016 le sociologue britannique Alan Warde disait : « Bien que les styles de
conduites varient, il y a un consensus sur ce qu’est un bon conducteur. En
comparaison, ce qu’est « bien manger » apparait beaucoup moins clair »28 (Jackson,
2017 : 239). S’il y a en effet presqu’autant de façons de s’alimenter que d’individus,
les autorités de santé publique et experts du domaine s’accordent sur ce que signifie
« bien manger » et définissent un modèle « d’assiette optimale » sur lequel se baser.

La Société Suisse de Nutrition (SSN) présente cette image d’assiette optimale :

29
Figure 4 L'assiette optimale selon la Société Suisse de Nutrition

28
Traduit de l’anglais par nos soins.
29
Image trouvée sur le site Société Suisse de Nutrition (SSN) :
http://www.sge-ssn.ch/fr/toi-et-moi/boire-et-manger/equilibre-alimentaire/assiette-optimale/ , consulté le
19 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 16


Comme imagé, une assiette optimale doit être partagée entre trois familles d’aliments :
- les fruits et légumes
- les aliments farineux (céréales, légumineuses, pommes de terre, pain, …)
- les aliments protéiques (viandes, poissons, œufs, tofu, produits laitiers, …)

Le partage ne suffit pas. Pour que l’assiette soit équilibrée, certaines proportions
doivent être respectées : un cinquième pour les protéines et deux cinquièmes pour
respectivement les fruits et légumes et les aliments farineux.
L’association helvétique diffuse également cette image de la pyramide alimentaire :

30
Figure 5 La pyramide alimentaire selon la Société Suisse de Nutrition

L’image représente les aliments sous forme de pyramide, ceux des couches
inférieures étant « nécessaires en plus grande quantité » tandis que ceux des couches
supérieures « suffisent en moindre quantité » dans le cadre d’une alimentation saine
et équilibrée.
En France, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) préconise de « manger de
tout mais en quantités adaptées »31. Cela signifie qu’il est préférable pour notre santé
de consommer des aliments qui nous sont bénéfiques (ceux décrits dans l’assiette
optimale) et de limiter ceux qui ne le sont pas. Les différents messages du PNNS
accompagnant les publicités alimentaires en France s’inscrivent dans ces
recommandations. En voici deux exemples :

30
Image trouvée sur le site de la Société Suisse de Nutrition (SSN) :
http://www.sge-ssn.ch/fr/toi-et-moi/boire-et-manger/equilibre-alimentaire/pyramide-alimentaire-suisse/
, consulté le 19 avril 2019.
31
http://www.mangerbouger.fr/Manger-Mieux/Que-veut-dire-bien-manger/Equilibrer-et-varier-son-
alimentation , consulté le 19 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 17


« Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour »

32
Figure 6 : Publicité pour la marque Nutella accompagnée d'un message du PNNS

« Pour votre santé, limitez les aliments gras, salés, sucrés »

33
Figure 7 : Publicité pour la marque Lay's accompagnée d'un message du PNNS

32
Image trouvée sur le site Il était une pub :
https://iletaitunepub.fr/2016/02/les-marques-iconiques-la-communication-de-nutella/, consulté le 20
avril 2019.
33
Capture d’écran d’une vidéo Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=ZZy0BxXIDAg , consulté le 20 avril 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 18


Enfin, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit une alimentation saine
comme « consommer davantage de fruits et légumes ainsi que de légumineuses,
céréales complètes et fruits secs ». L’institution établit que de mauvaises pratiques
alimentaires sont parmi les « principaux facteurs de risque pour une série de maladies
chroniques, y compris les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète ainsi que
celles liées à l’obésité » 34. En effet, une étude publiée en avril 2019 indique qu’« un
décès sur cinq dans le monde en 2017, soit onze millions, était lié à une mauvaise
alimentation … »35.

Contrôle de l’alimentation

En poursuivant l’idéal corporel de minceur dont nous parlions plus tôt, l’individu doit se
contrôler et ne pas ingérer d’aliments trop gras ou trop sucrés par exemple. Ceux-ci,
en s’incorporant au corps du mangeur, le feraient devenir lourd, gros. De cette
manière, on comprend donc mieux les préférences alimentaires des classes
supérieures, associées à la valorisation de la minceur, dont parle Boltanski (1971).

« Les goûts alimentaires des membres des classes supérieures qui recherchent
les aliments ‘’sains’’ et ‘’légers’’, légumes verts, grillades ou ‘’crudités’’, les
aliments ‘’de régime’’ qui nourrissent sans ‘’faire grossir’’, sont motivés, pour une
grande part par la volonté de se ‘’maintenir en forme’’, d’éviter la ‘’graisse’’ ou la
‘’cellulite’’, de rester mince ou de maigrir » (p. 223).

Comme dit précédemment, les classes supérieures en se distanciant du travail manuel


prennent conscience de leur corps et en prennent soin, soignant leur « forme
physique » et non plus leur « force physique ». L’idéal de la minceur étant associé à
la beauté et à l’efficacité du corps, l’individu se doit d’éviter de consommer des aliments
qui le feraient grossir, diminuant cette efficacité.

Le contrôle de l’alimentation passe par plusieurs points : le temps, la composition


nutritionnelle des prises alimentaires, les ressentis physiques et les goûts et
préférences. Contrôler son alimentation est une preuve de la maitrise de soi que nous
évoquions plus tôt. Selon Carof (2015), plusieurs stratégies peuvent être mobilisées
pour perdre du poids ou éviter d’en prendre : « manger moins de féculents ou de
lipides, peser ses aliments, compter ses calories, pratiquer une activité physique ou
encore utiliser des laxatifs, des crèmes amincissantes ou des gélules coupe-faim … »
(p. 213). Selon l’auteure, une « épidémie de mise au régime » a atteint les sociétés
occidentales au cours des dernières décennies. En effet, Vartanian et al. (2007)
avancent que cet accent mis sur la minceur et les régimes contribuent à mettre en
place des normes spécifiant ce qu’il faut manger à quel moment et à quoi il faut
ressembler. Toujours selon Carof (op. cit.), « Ces restrictions alimentaires ont non
seulement des effets potentiellement néfastes en termes de santé et d’organisation,
mais également d’un point de vue psychologique. Elles restent ainsi toujours "en
arrière-plan" de leur espace mental » (p. 226).

34
https://www.who.int/topics/diet/fr/, consulté le 20 avril 2019.
35
« Un décès sur cinq lié à une mauvaise alimentation »
https://www.letemps.ch/sciences/un-deces-cinq-lie-une-mauvaise-alimentation, consulté le 5 avril
2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 19


L’idéal de minceur et le contrôle de l’alimentation promus dans la culture occidentale
peuvent devenir une obsession et engendrer des maladies et troubles du
comportement alimentaire (TCA). Si l’anorexie et la boulimie sont les plus largement
connus, d’autres troubles existent tels qu’entre autres l’orthorexie (recherche de la
perfection alimentaire) ou la bigorexie (conduite addictive liée au sport)36.
Ces comportements alimentaires dysfonctionnels étaient auparavant surtout le lot des
adolescentes et jeunes femmes. Aujourd’hui, il semble qu’ils touchent également les
générations supérieures. Comme mentionné plus tôt, le corps des femmes est sujet à
des examinations et jugements accrus car celles-ci sont plus actives qu’avant dans la
sphère professionnelle et la vie publique. La conséquence de ceci est que de plus en
plus de femmes trentenaires voire seniors sont désormais touchées par des troubles
du comportement alimentaires et de l’image corporelle. « Bien qu’ayant apparemment
du succès dans leur carrière et dans leur vie, beaucoup se lancent dans des régimes
extrêmes, se gavent, se purgent et se focalisent sur leur poids »37 (Friedman, 2006 :
172).

Concluons cette partie sur l’alimentation et ses pratiques par un constat de Corbeau
(2007). Selon lui, la nourriture est petit à petit devenue un « objet de réflexion
nutritionnelle ». Avec la médicalisation de l’alimentation, l’abondance de nourriture et
les désirs gourmands sont opposés à une « rationalité diététique » (p. 253). Ainsi, les
pratiques et choix d’une alimentation dite saine, qui en s’incorporant au corps du
mangeur le rendront sain à son tour, sont soumises à un contrôle. Le mangeur doit
surveiller ses désirs gourmands et s’imposer une discipline pour pouvoir tendre à
l’idéal corporel de la minceur.

7. R EPRESENTATION DE L ’ ALIMENTATION

Manger, un acte social

Comme évoqué précédemment, la consommation alimentaire va plus loin que la


simple action de fournir de l’énergie au corps humain. En effet, selon Barthes (1961),
la nourriture « … c’est aussi et en même temps un système de communication, un
corps d’images, un protocole d’usages, de situations et de conduites » (p. 979). Outre
la faim, des facteurs tels que l’environnement, l’image et les normes sociales peuvent
jouer un rôle dans le choix de nourriture de l’individu (König, 2017). Selon Barthes op.
cit.), « se nourrir est une conduite qui se développe au-delà de sa propre fin, qui
remplace, résume ou signale d’autres conduites, […] » (p. 985). De plus, l’action de
manger est d’ordinaire une activité sociale, rarement réalisée solitairement. Il a été
montré que la présence d’autres individus peut agir sur le type et la quantité de
nourriture choisie et consommée (Polivy & Pliner, 2015).
Barthes (op. cit.) évoque la diététique et la conscience alimentaire qui se sont
développées en réponse à l’extension de l’assortiment de nourriture à disposition dans
nos sociétés occidentales et à l’évolution des budgets alimentaires. Face à l’éventail

36
http://www.ccnp-ge.ch/informations/troubles-des-conduites-alimentaires , consulté le 2 mai 2019.
37
Traduit de l’anglais par nos soins.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 20


d’aliments proposés à l’achat et à la consommation, l’individu doit procéder à des
choix. Tout aliment choisi et consommé « … résume et transmet une situation, il
constitue une information, il est significatif » (p. 980). De plus, l’auteur avance que la
nourriture ne transmet pas seulement des informations sur une situation mais
également sur un mode de vie.
Comme mentionné plus tôt, plusieurs études s’accordent sur le fait que la nourriture
et l’alimentation jouent un rôle majeur dans la définition de l’identité sociale de l’individu
(Thouars, 2015) (Vartanian et al., 2007). D’autre part, il a été montré que « les choix
alimentaires sont influencés par le désir de transmettre une certaine impression ou
d’adhérer à des normes sociales »38 (McFerran et al. 2009, 916).
L’idée que l’on est ce que l’on mange est toujours présente dans nos sociétés et a
pour conséquence que les individus jugent et se forgent des opinions sur les autres
sur la base de la nourriture qu’ils ont choisi de consommer (Vartanian et al., op. cit.).
Ainsi, chaque aliment a deux valeurs : nutritive et protocolaire. Au vu des études
réalisées et des conclusions formées, il est vrai d’avancer que la valeur protocolaire
prend de plus en plus d’importance par rapport à la valeur nutritive dans le processus
de choix alimentaire (Barthes, op. cit.).

Choisir sa nourriture : quelles pressions et influences

Comme nous l’avons vu, de multiples facteurs entrent en compte lorsque l’individu doit
choisir la nourriture qu’il désire consommer. L’acte de s’alimenter est soumis à des
pressions et influences provenant de diverses sources.
Tout d’abord, l’environnement direct tel que la famille et les pairs joue un rôle important
dans ce processus. En effet, « l’action de manger a souvent lieu dans un contexte
social et les choix alimentaires des autres et la quantité consommée ont un effet
puissant sur les décisions de consommation de l’individu »39 (Higgs, 2015 : 38). Le
groupe de pairs dont fait partie l’individu peut donc influencer grandement ses choix.
En ce qui concerne la famille, Gregório (2014) a montré dans sa recherche menée
auprès d’adolescents que leurs habitudes de consommation diffèrent selon la sphère
dans laquelle ils se trouvent. La cellule familiale représente et fournit plutôt une
alimentation saine. Au contraire, les repas pris par les adolescents hors de cette
sphère, dans un environnement de pairs par exemple, ont plutôt tendance à être
composé d’aliments considérés comme non sains. Ceci montre que l’individu s’adapte
à l’environnement et la situation sociale dans laquelle il évolue. Il va se comparer aux
autres pour déterminer quel type de nourriture manger et en quelle quantité (Polivy &
Pliner, 2015).

A ces influences viennent s’ajouter celles acquises par le biais de la socialisation. La


littérature disponible à ce sujet montre que les femmes sont et ont toujours été l’objet
d’attendus et d’interdits alimentaires. En effet, déjà au sein des sociétés de chasseurs-
cueilleurs, elles n’avaient pas accès à la viande de gibier (aux protéines animales) de
la même manière que les hommes car il était considéré qu’elles avaient besoin de
moins de force que ces derniers. Dans les sociétés industrialisées, les femmes ne se
voient interdire aucun aliment mais « expérimentent des pressions sociales dont
l’alimentation est aussi l’instrument et qui ne sont pas moins redoutables : celle du

38
Traduit de l’anglais par nos soins.
39
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 21


contrôle de leur apparence corporelle, et dans une certaine mesure, celle de leur
pensée » (Fournier et al., 2015 : 37).
Le résultat de ces normes sociales peut s’observer dans les goûts et les choix
alimentaires dont les femmes font montre. Selon Bourdieu cité par Carof (2015),
« dans le quotidien, les femmes affirment préférer des nourritures légères, raffinées et
peu nourrissantes quand celles qui sont valorisées pour les hommes sont riches,
copieuses et carnées » (p. 220). L’idéal de minceur promu dans nos sociétés
occidentales amène les femmes à préférer des aliments légers (Polivy & Pliner, op.
cit.). Ainsi, ce sont elles les plus concernées et adeptes des régimes et des restrictions
alimentaires. Les jeunes filles et femmes particulièrement « sont les plus susceptibles
de se soumettre à cette influence et d’adopter des régimes déséquilibrés, renoncer à
certaines catégories d’aliments ou encore sauter des repas »40 (Gregório, 2014 : 7).

Enfin, les médias sont également des sources de pressions et d’influences sur les
choix alimentaires. En effet, selon Spence et al. (2016), le cerveau humain tend à
diriger son attention limitée vers les sources de nourriture qui se trouvent dans son
champ de vision. Or, « au fil des dernières années, les médias, via le support papier
d’abord et digital ensuite, ont rendu la nourriture virtuelle omniprésente »41 (p. 59).
Chaque jour, nous voyons défiler des images de nourriture devant nos yeux, dans un
contexte totalement dissocié des repas. Ce phénomène est grandement renforcé par
« l’augmentation dramatique de l’obsession publique pour la prise de leur nourriture
en photo et le partage de ces photos sur leurs réseaux sociaux »42 (p. 55). Les médias
sociaux regorgent ainsi d’images de nourriture. Cette catégorie représente en effet
une part très importante des photographies partagées sur Instagram (Holmberg et al.,
2016). Certaines études se sont penchées sur la façon dont la nourriture est
représentée sur cette plateforme.
Tout d’abord, il a été observé qu’elle est majoritairement représentée de manière
positive. Deux angles principaux ont pu être dégagés. Les internautes diffusant des
images de nourriture ont ainsi tendance à se focaliser sur l’esthétique ou la dimension
du « fait-maison » des articles alimentaires. Il est question de mettre en avant la beauté
des aliments et les compétences culinaires de l’individu. La nourriture peut également
être montrée comme faisant partie d’un mode de vie ou d’une situation. Dans ce cas,
les articles alimentaires sont plutôt des supports servant à mettre en lumière une
occasion, une activité ou un sentiment. Ce sont donc plutôt les lieux et marques de
nourriture qui seront mis en avant (ibid.).
De plus, on assiste depuis quelques années à l’émergence de la tendance du « food
porn ». Le terme désigne des images de nourriture extrêmement appétissantes (et
caloriques). Selon Spence et al. (op. cit.), « la façon dont l’assiette est dressée a un
impact sur la perception gustative des individus et peut modifier le choix de nourriture
consécutif et leur comportement de consommation »43 (p. 55). Ces images contribuent
à rendre la nourriture toujours plus présente aux yeux de l’individu et attirent son
attention limitée sur des plats toujours plus alléchants. Si ces photos peuvent pousser
l’internaute à choisir des plats peut-être trop riches ou peu équilibrés, elles ont parfois
l’effet inverse. Selon Lavis (2017), le « food porn » peut être utilisé comme un moyen
de perte de poids : l’utilisateur se contente de consommer les images, sans réellement
ingérer les aliments représentés, et en retire un sentiment de satiété.

40
Traduit de l’anglais par nos soins.
41
Id.
42
Id.
43
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 22


Enfin, comme vu précédemment, les médias permettent aux individus de se connecter
entre eux et de diffuser du contenu dans un espace qui leur est propre. Ils renforcent
des liens qui existent déjà dans la vie réelle avec la famille ou les pairs et en créent de
nouveaux avec des inconnus ou des célébrités. Ces dernières peuvent également
jouer un rôle dans le processus de choix alimentaire des individus. En effet, comme
mentionné plus tôt, les personnalités célèbres représentent souvent l’idéal corporel de
minceur promu dans les sociétés occidentales. Selon Gregório (op. cit.), elles
« peuvent refléter une image sur l’alimentation saine et la rendre "cool" »44 (p. 23).
Ainsi, en plus de l’environnement familial et de pairs et des normes sociales
incorporées au fil des années, les médias sociaux représentent une source
supplémentaire de pressions et influences pour les individus dans leurs choix
alimentaires.

8. E STIME DE SOI , IMAGE CORPORELLE ET INSATISFACTION

Si la représentation sociale du corps concerne les impressions que notre corps


transmet aux autres, l’estime de soi et l’image corporelle renvoient à la relation qui lie
l’individu avec lui-même.

Image corporelle

Selon Dany et Morin (2010), « L’image du corps peut être considérée comme
l’ensemble des sentiments, attitudes, souvenirs et expériences qu’un individu a
accumulés à propos de son propre corps et qui se sont plus ou moins intégrés dans
une perception globale » (p. 321). L’image corporelle, le concept de « corps perçu »
se rapporte donc à des impressions subjectives et ne correspond pas forcément à la
réalité objective du corps de l’individu. Cette image que l’individu a de son propre corps
est nourrie de « perceptions et représentations », qui lui permettent de l’évaluer.

Ces auteurs introduisent également la notion d’idéal corporel. « L’idéal corporel


constitue l’image du corps vers laquelle l’individu tend. Cet idéal est intimement lié au
contexte socioculturel et aux idéaux corporels présents au sein de nos sociétés » (id.).
Cette définition fait écho à l’idée que le corps est un produit social que nous évoquions
plus tôt. L’idéal corporel est donc une représentation sociale du corps dit « parfait » à
laquelle les individus sont confrontés et désirent atteindre. Comme précédemment
énoncé, l’idéal corporel dans notre culture occidentale actuelle est celui de la minceur
et de la santé. Il est véhiculé via diverses sources telles que la famille, les pairs et les
médias. Dans leur étude au sujet de l’effet de ces derniers sur l’image corporelle des
femmes turques, Karsli et Karsli (2015) montrent que « les médias sont un agent actif
dans le déclenchement des problèmes autour de la perception de son corps »45 (p.
102).

44
Traduit de l’anglais par nos soins.
45
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 23


Insatisfaction corporelle

Selon Dany et Morin (op. cit.) l’insatisfaction corporelle résulte d’une comparaison et
d’un constat de la différence que fait l’individu entre le corps perçu (l’image corporelle)
et le corps désiré (l’idéal corporel). Les médias jouent un rôle important dans le
développement de ce sentiment.
En effet, plusieurs études ont établi un lien entre l’utilisation des médias sociaux et
l’insatisfaction corporelle chez les femmes et les adolescentes notamment
(Tiggemann & Zaccardo, 2015). Tout d’abord, il a été prouvé que « l’idéalisation de la
minceur est positivement corrélée à l’insatisfaction corporelle » (Yamamiya et al.
2005 : 75). De plus, il a été montré que le fait que les médias sociaux présentent des
images de célébrités et de pairs (connues ou non) minces et attractives a un impact
sur l’humeur et l’insatisfaction corporelle des femmes (Brown & Tiggemann, 2016).
Enfin, il a été établi que la tendance « fitspiration » qui se voulait à la base inspirante
et motivante mène à une plus grande insatisfaction corporelle et à un bas niveau
d’estime de soi (Tiggemann & Zaccardo, op. cit.).

Estime de soi

Passons maintenant à la notion d’estime de soi.

« Elle [l’estime de soi] désigne l’attitude, plus ou moins favorable, qu’a chaque
individu envers lui-même, le respect qu’il se porte, le sentiment qu’il a de sa
propre valeur en tant que personne (Rosenberg, 1965). Elle constitue un
indicateur clé du bien-être psychologique, particulièrement dans la culture
occidentale » (Dany & Morin, op. cit. : 323).

Plusieurs études indiquent qu’être satisfait de son corps peut être associé avec un
haut niveau d’estime de soi. Il est à noter que c’est l’image corporelle, donc le corps
perçu et non le corps réel, qui influe sur l’estime de soi. A nouveau, les médias jouent
un rôle important dans la formation de l’estime de soi. Comme mentionné plus tôt, les
utilisateurs d’Instagram ont tendance à partager des images idéalisées, qu’elles les
représentent eux-mêmes leur mode de vie. Or, il a été montré « … qu’être exposé à
des images et profils Facebook idéalisés de soi et des autres peut avoir un impact
négatif sur son propre bien-être ou son estime de soi (Fardouly et al., 2015).

Relation insatisfaction corporelle – estime de soi

Les recherches menées sur la relation entre l’insatisfaction corporelle et l’estime de


soi ont amené à des résultats contradictoire (Furnham et al., 2002). Si une relation a
bel et bien été établie, l’influence d’une variable sur l’autre reste peu claire. En effet,
« un niveau élevé de satisfaction corporelle est associé à un haut niveau d’estime de
soi » (Dany & Morin, op. cit. : 331). Cependant, Furnham et al. (op. cit.) font l’hypothèse
que ceux qui sont insatisfaits de leur corps avaient déjà un bas niveau d’estime de soi.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 24


9. A TTITUDES ET COMPORTEMENT

Penchons-nous maintenant sur le comportement et les attitudes. Notre revue de


littérature semble indiquer que le comportement d’un individu serait déterminé par ses
attitudes envers certains objets et dans certaines situations. Il est cependant
nécessaire de préciser que les choses ne sont pas aussi simples que cela.

Qu’est-ce qu’une attitude

Tout d’abord, il nous faut définir ce qu’est une attitude. Concept indispensable en
psychologie sociale, l’attitude désigne « un état mental et neurophysiologique
déterminé par l’expérience et qui exerce une influence dynamique sur l’individu en le
préparant à agir d’une manière particulière à un certain nombre d’objets et
d’événements » (Allport, 1935, cité dans Michelik, 2006 : 2). Ainsi, une attitude est une
construction hypothétique, intangible, et qui peut être observée et déduite en se basant
sur les réponses des individus face à certains objets ou dans certaines situations.
Plusieurs auteurs ont théorisé sur le sujet des attitudes. Plusieurs visions coexistent
donc. Certains définissent l’attitude comme ayant un caractère unidimensionnel et
s’exprimant seulement par des réponses affectives positives ou négatives (Michelik,
id.). Pour d’autres, tels que Hovland et Rosenberg (1960), l’attitude est
tridimensionnelle. Elle se forme via plusieurs voies :

• Voie affective :
« Une attitude est formée par voie affective lorsqu’un objet d’attitude produit
une réaction émotionnelle chez l’individu ».46 (Fazio & Olson, 2007 : 141)
• Voie cognitive :
« Une attitude est formée par voie cognitive lorsqu’un individu croit que l’objet
d’attitude présente des attributs désirables (ou non) ou que l’objet va amener
un certain résultat désiré (ou non) ».47 (ibid.)
• Voie comportementale (ou conative) :
« Sans présenter de sentiment ou croyance précise envers un objet, un
individu peut avoir eu une expérience précédente qui va influencer son attitude
envers cet objet ».48 (id : 142)

« En résumé, une attitude peut être basée sur un sentiment, croyance ou


comportement, et l’évaluation d’un objet peut se faire selon une des composantes sans
forcément impliquer l’existence des deux autres »49 (ibid.).

Selon Fazio et Olson (op. cit.), le modèle tridimensionnel est celui qui permet de couvrir
toutes les réponses attitudinales possibles. En effet, ils avancent qu’en suivant ce
modèle, une attitude envers un objet, thème ou situation peut être observée dans les
sentiments, les pensées et les comportements qui y sont relatifs. Ainsi, une attitude
est donc la combinaison de ces trois voies.

46
Traduit de l’anglais par nos soins.
47
Id.
48
Id.
49
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 25


Outre les composantes, il est également pertinent de prendre en compte les qualités
d’une attitude. Toujours selon Fazio et Olson (op. cit.) ces diverses qualités permettent
d’expliquer la force d’une attitude et le comportement performé en conséquence. En
effet, deux individus peuvent présenter une attitude similaire face à un même objet
tout en ayant des évaluations de cet objet totalement différentes. « Malgré leur
équivalence numérique, l’attitude d’une personne peut être plus forte que celle d’une
autre »50 (p. 143). Ainsi, les dix qualités d’une attitude sont :

1. L’accessibilité
2. L’ambivalence
3. La certitude
4. La cohérence affect-cognition
5. La connaissance
6. L’extrémité
7. L’expérience directe
8. L’importance
9. L’intérêt
10. La latitude de rejet
(Michelik, op. cit. : 6)

Relation attitude-comportement

Comme mentionné précédemment, l’attitude semble être vue comme une prédiction
d’un comportement. Ajzen et Fishbein (1977) mentionnent dans leur étude de la
relation attitude-comportement qu’un « comportement particulier est déterminé par
l’intention de performer ce comportement en question. L’intention d’une personne est,
elle, une fonction de son attitude envers la performance de ce comportement et de sa
norme subjective »51 (p. 887). Ainsi, une corrélation entre l’intention (l’attitude) et le
comportement peut être établie.
Cependant, selon notre revue de littérature, il est faux de supposer qu’il y a toujours
une cohérence entre ces deux concepts. En effet, Ajzen et Fishbein (op. cit.)
conceptualisent les attitudes (et comportements) comme des entités composées de
quatre éléments :
• l’action
• la cible (envers laquelle l’attitude et l’action sont dirigées)
• le contexte
• le temps (le moment où l’action est accomplie)

« La force de la relation attitude-comportement dépend grandement du degré de


correspondance des entités attitudinales et comportementales » (p. 891). Ainsi, si l’on
souhaite influencer un comportement, provoquer un changement, il faut certes viser à
modifier les attitudes de l’individu mais également prendre en compte le degré de
correspondance entre les deux entités.

50
Traduit de l’anglais par nos soins.
51
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 26


En définitive, Gallen (2005) résume la relation attitude-comportement de la manière
suivante :

« Le processus qui mène au comportement se déroule de la manière suivante :


lorsque l’individu rencontre des stimuli pouvant satisfaire ses motivations
(perception), il les interprète en fonction de ses représentations, puis les évalue
favorablement ou défavorablement (attitudes) et adopte une prédisposition pour
y répondre (intentions) qui le conduire à s’engager ou à éviter tel comportement
pour répondre à ses besoins » (p. 65).

10. C ONFORMISME AU NOMBRE , NORMES SOCIALES

Dans ce dernier chapitre de notre cadre théorique, nous abordons les normes sociales
et les raisons qui poussent les individus à s’y conformer ou non.

Besoin d’appartenance à un groupe social

L’humain n’est pas fait pour vivre solitairement. Dans leur étude, König et al. (2017)
établissent que « les gens ressentent généralement le besoin de créer des liens
amicaux avec les autres et de faire partie d’un groupe social »52 (p. 256). De plus, ils
montrent que les pairs bénéficiant d’une certaine popularité forment un groupe social
auquel un individu souhaite appartenir.
Pour ce faire, l’individu a tendance à suivre les normes en vigueur dans la communauté
qu’il désire intégrer. En effet, se conformer à des règles respectées par un groupe peut
mener à être apprécié et approuvé par ledit groupe, voire même à se retrouver affilié
à lui. Ainsi, l’individu va orienter son comportement pour qu’il soit en accord avec celui
des pairs auxquels il souhaite être assimilé (ibid.).

Respect des normes sociales

« Les normes sociales sont des codes de conduite implicites qui fournissent un guide
d’action approprié »53 (Higgs, 2015 : 38). Celles-ci peuvent être transmises à l’individu
via des pratiques et règles culturelles, un certain comportement dans une situation
donnée ou encore via des repères environnementaux (ibid.).
Selon Higgs (op. cit.) il y a deux manières de se conformer à une norme sociale : par
imitation ou par adoption. Si la première consiste à reproduire un comportement
observé, la seconde voit l’individu s’approprier la norme et performer un comportement
de manière autonome, sans imiter ses pairs.
Suivre ou non une norme sociale a de fortes conséquences à la fois sociales et
émotionnelles. En effet, s’y conformer permet à l’individu d’être affilié à un groupe
social et donc de ressentir un sentiment d’appartenance et parfois même de valeur et

52
Traduit de l’anglais par nos soins.
53
Id.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 27


d’estime de soi. Au contraire, dévier d’une norme peut amener l’individu à être l’objet
d’un jugement, d’une désapprobation et donc sujet à des émotions négatives (ibid.).

Se conformer à l’avis des autres et de la majorité

Plusieurs études ont été réalisées sur l’influence de la majorité et la pression du


nombre. Tout d’abord, selon Flament (2017), « si un sujet émet un certain jugement à
propos d’un objet, puis qu’il est mis en présence d’un jugement différent émis par une
autre personne sur le même objet, on constate en général que le premier sujet a
tendance à modifier son jugement initial pour le rendre plus conforme au jugement
d’autrui » (p. 377).
De plus, l’étude menée par Asch (1956) montre qu’être en contradiction avec la
majorité a pour conséquence de faire considérablement dévier l’avis de la minorité
vers celui de la majorité, et ce de manière inconsciente. Dans l’expérience réalisée,

« Très peu de sujets paraissaient conscients de l’effet de la majorité sur eux. Un


faible nombre de sujets cédaient une fois leur confiance ébranlée. Le fait que la
majorité ait supposément raison les empêchaient de rapporter leurs propres
observations. Les autres sujets qui cédant perdaient de vue la question
d’exactitude et étaient dominés par un besoin impérieux de ne pas apparaitre
différents, de peur de révéler leur défaut » (p. 70).

Pressions diverses et normes transmises par diverses sources

La famille (proche et élargie) représente le premier cercle de la socialisation d’un


individu. Les normes acquises au sein de cette sphère sont ainsi profondément
ancrées dans ses pratiques. Ensuite, au fur et à mesure que l’individu grandit, les
sources d’influence deviennent plus nombreuses. Les pairs exercent petit à petit une
pression grandissante. Soumis au désir d’appartenance à un groupe social, l’individu
va adopter d’autres normes sociales. En évoluant dans la vie, il va également se
trouver soumis à l’influence des médias, sociaux entre autres.

Le présent travail s’intéresse plus particulièrement aux normes corporelles et


alimentaires. La famille d’abord, les pairs et les médias ensuite, tous ont une influence
sur le comportement alimentaire de l’individu. Durant l’enfance, la famille (proche et
élargie) promeut et perpétue les standards de beauté et de corpulence (mince) que
les petites filles intègrent dans leur développement personnel (Friedman, 2006). Puis
à l’adolescence, la pression des pairs remplace celle de la famille et devient une
influence majeure. Selon Gregório (2014) « une alimentation saine est vue comme
"pas cool", pas tendance, nulle ... » (p. 7). Ainsi, « les adolescents ont tendance à se
faire plaisir avec des habitudes alimentaires malsaines car elles leur amènent un
sentiment d’appartenance » (id.). Enfin, comme vu tout au long du présent cadre
théorique, les médias, sociaux particulièrement, renforcent l’idéal corporel de minceur,
l’importance accordée à l’apparence physique et par conséquent aux régimes et
restrictions alimentaires (Friedman, op. cit.)

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 28


III. PROBLEMATIQUE

Les choix alimentaires d’un individu sont très importants dans la définition de son
identité dans la société (De Thouars, 2008 : 3). Si l’on part du principe que le corps est
un marqueur social, alors la nourriture choisie pour alimenter ce corps l’est également.
Les repas sont donc devenus des sources d’envie et d’admiration, au même titre
qu’une belle voiture ou une grande maison. Savoir choisir des aliments bons pour lui
et la construction de son corps sain fait ainsi d’un individu « quelqu’un de bien ».
Comme nous l’avons mentionné dans notre chapitre 2.5 « Représentation sociale du
corps », le corps est un objet de présentation de soi auprès des autres et un facteur
que ceux-ci prennent en compte dans l’évaluation de la réussite sociale de l’individu.

De plus, la discipline dans les choix alimentaires de l’individu est reconnue comme
une qualité essentielle dans la construction d’un corps sain, lui-même traduisant une
certaine place dans la société. Instagram est donc un vecteur de plus de l’identité
sociale de l’individu. Ainsi, partager des photographies de son alimentation sur
Instagram permet à l’individu de présenter son identité et son statut social auprès des
autres utilisateurs. Selon Christophe Jaccoud, professeur de sociologie du sport à
l’Université de Neuchâtel : « Afficher ce que l’on mange est une manière de montrer
que l’on adopte une certaine discipline » 54.

Enfin, le fait que l’alimentation ait pris une importance considérable dans la
représentation de l’individu peut être illustré par les quantités innombrables de clichés
de nourriture partagés sur Instagram. Grâce aux hashtags, on se rend très facilement
compte que la nourriture est une catégorie extrêmement bien représentée sur cette
plateforme.

Tous ces éléments nous poussent à formuler la problématique suivante :

« Dans quelle mesure partager sur Instagram des clichés de son alimentation et
voir ceux des autres influence l’individu dans ses choix de nourriture et
habitudes alimentaires ? »

54
« Instagram, le réseau où les femmes montrent les muscles »
https://www.letemps.ch/societe/2016/09/19/instagram-reseau-femmes-montrent-muscles , consulté le
25 avril 2017.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 29


IV. HYPOTHESES

Pour répondre à notre problématique, nous allons développer trois hypothèses.

H YPOTHESE 1
« Les logiques d’action et réaction propres aux photos Instagram représentant
de la nourriture saine tendent à améliorer l’estime de soi des jeunes femmes. »

Comme mentionné auparavant, la nourriture et le corps sont des objets de


présentation de soi aux yeux des autres. Un corps sain, et donc l’alimentation qui
l’accompagne, est un marqueur social de réussite. Etre satisfait de son corps tel qu’on
le perçoit est associé avec un haut niveau d’estime de soi.

H YPOTHESE 2
« L’attitude des jeunes femmes est plus favorable face à des photos Instagram
représentant de la nourriture saine que face à des photos représentant de la
nourriture considérée comme non saine. »

Nous l’avons dit plus tôt, la notion d’attitude sociale est définie comme une
prédisposition à un ajustement spécifique face à une situation sociale. En d’autres
termes, c’est une prédisposition à l’action sociale (LaPiere, 1934 : 230). Michelik
(2008) dit de la notion d’attitude qu’elle est « considérée comme une variable
intermédiaire qui prépare l’individu à agir d’une certaine manière à l’égard d’un objet
donné » (p.2). Etudier les attitudes de l’acteur peut permettre d’expliquer le
comportement d’un individu. On peut donc avancer que l’influence se traduit par une
modification des attitudes. Ici, il s’agit d’évaluer l’attitude des utilisatrices lorsqu’elles
sont confrontées à des photographies de nourriture sur Instagram.

H YPOTHESE 3
« Plus le nombre de jugements positifs d’une photo représentant de la nourriture
saine est grand, plus les attitudes des jeunes femmes tendront à se conformer
à ce type d’alimentation. »

Comme évoqué dans notre chapitre 2.10 « Conformisme au nombre, normes


sociales », l’individu a tendance à se conformer à l’avis des autres, surtout s’ils sont
nombreux. Sur Instagram, les jugements d’une publication s’expriment par le nombre
de mentions « J’aime » (likes). Ainsi, des jugements positifs peuvent se traduire par
un total élevé de likes. Nous faisons ici l’hypothèse que plus une photographie
Instagram représentant de la nourriture saine comptabilise des likes, plus l’attitude de
l’utilisatrice qui y est exposée sera favorable. Comme dit pour l’hypothèse 2, une
attitude plus favorable tendra à être la base d’une modification de comportement.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 30


V. METHODOLOGIE

1. M ETHODE D ’ ENQUETE CHOISIE : LE QUESTIONNAIRE

Pour confronter nos hypothèses, nous avons opté pour la méthode du questionnaire
fermé. Ce type de questionnaire permet de quantifier les réponses reçues et d’opérer
ensuite des généralisations. Récolter des données quantifiables nous permet de
procéder aux comparaisons qu’appellent nos hypothèses.
Nous projetions d’obtenir un total de 100 réponses (donc 100 répondantes) à ce
questionnaire. Proposer des questions fermées était ainsi le plus souhaitable car
l’analyse des résultats pouvait se faire de manière chiffrée.

2. D EROULEMENT DE L ’ ENQUETE

Nous avons réalisé notre enquête du 25 mars au 21 avril 2019, soit pendant quatre
semaines. Le questionnaire a été réalisé sur « Google Form » et a été transmis aux
répondantes par le biais d’Internet et des réseaux. Notre terrain s’étendant aux
utilisatrices francophones d’Instagram, le choix d’un questionnaire en ligne s’imposait.
Cette forme de passation nous semblait la plus pertinente afin de toucher un
échantillon le plus large et diversifié possible. En effet diffuser un questionnaire en
ligne est gratuit, prend moins de temps et évite les déplacements qu’un questionnaire
papier (distribution en main propre ou envoyé par courrier) aurait exigés.
Nos enquêtées ont donc répondu à notre questionnaire en ligne et anonymement.
L’anonymat est une condition extrêmement importante pour garantir que les réponses
soient les plus objectives et vraies possibles. En effet, si les enquêtées savent que
l’enquêteur ne pourra pas rapporter certaines de leurs réponses à leur personne, elles
se sentiront plus libres et non jugées lorsqu’elles répondent au questionnaire. Dans le
cadre d’une enquête portant sur les pratiques alimentaires, sujet plutôt délicat et
soumis à de forts jugements dans notre société actuelle, nous pensons qu’il est
vraiment indispensable de garantir l’anonymisation de notre questionnaire.

L’utilisation des réseaux sociaux permet également de diversifier l’échantillon des


répondantes. En effet, l’entourage (virtuel ou non) d’un individu étant majoritairement
composé de personnes issues d’un environnement similaire et donc exposées à des
normes similaires, il était indispensable que le questionnaire soit diffusé le plus
largement possible afin d’éviter une trop grande homogénéité de notre échantillon.

Nous avons diffusé notre questionnaire via nos réseaux sociaux (Facebook et
Instagram) à deux reprises pendant les quatre semaines de notre enquête. Nous
l’avons aussi relayé dans certains groupes thématiques sur Facebook, tels que celui-
ci « Sondages et études de marché ». Enfin, nous l’avons également envoyé
personnellement à plusieurs personnes de nos cercles personnels et professionnels
et avons sollicité leur aide en les priant de le diffuser à leur tour auprès de leur
entourage.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 31


3. E LABORATION DE NOTRE ENQUETE

Pour rappel, nos hypothèses sont les suivantes :

Hypothèse 1

« Les logiques d’action et réaction propres aux photos Instagram représentant de la


nourriture saine tendent à améliorer l’estime de soi des jeunes femmes. »

Hypothèse 2

« L’attitude des jeunes femmes est plus favorable face à des photos Instagram
représentant de la nourriture saine que face à des photos représentant de la nourriture
considérée comme non saine. »

Hypothèse 3

« Plus le nombre de jugements positifs d’une photo représentant de la nourriture saine


est grand, plus les attitudes des jeunes femmes tendront à se conformer à ce type
d’alimentation. »

Toutes trois concernent les réactions des jeunes femmes face à des photographies
publiées sur Instagram. Nous avons donc construit notre enquête sur ce modèle : nous
avons décidé de soumettre des images à nos répondantes et d’étudier les
conséquences que ces clichés produisaient sur elles.

Notre problématique est la suivante :

« Dans quelle mesure partager sur Instagram des clichés de son alimentation et voir
ceux des autres influence l’individu dans ses choix de nourriture et habitudes
alimentaires ? »

Nous cherchons donc à savoir si des photographies de nourriture publiées sur


Instagram peuvent amener les jeunes femmes utilisatrices de la plateforme à
modifier leur comportement alimentaire pour s’accorder à ces images.
Comme nous l’avons mentionné dans le chapitre 2.9. « Attitudes et
comportements », une attitude est une prédisposition à l’action. Plus l’attitude est
forte, plus elle peut induire un changement dans le comportement de l’acteur. Nous
avons donc fait le choix de nous concentrer sur les attitudes de nos répondantes.

Une attitude peut donc être plus ou moins positive et plus ou moins forte. En effet, on
peut être très favorable, moyennement, peu ou encore pas du tout favorable à une
question ou situation. Ainsi, la force d’une attitude peut être mesurée au moyen d’une
échelle de Likert. Pour rappel celle-ci consiste à présenter des affirmations pour
lesquelles l’enquêté doit exprimer son accord ou désaccord. L’approbation (ou
désapprobation) est nuancée en plusieurs degrés : par exemple « un peu d’accord »
(Boone, 2012).

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 32


L’utilisation d’un nombre impair de degrés sur l’échelle permet de proposer une option
neutre telle que « ni d’accord ni en désaccord » et ainsi d’éviter de proposer une case
« ne sait pas ». Pour notre questionnaire nous faisons le choix d’utiliser une échelle à
cinq degrés que voici :

• Tout à fait d’accord


• Plutôt d’accord
• Ni d’accord, ni pas d’accord
• Plutôt pas d’accord
• Pas du tout d’accord

Enfin, rappelons que selon le modèle tridimensionnel de Rosenberg et Hovland (1960),


une attitude est composée de trois dimensions :

• Affective :
Elle renvoie au niveau d’appréciation et est exprimée par des formules telles
que « j’aime », « j’adore », « je n’aime pas », « je n’apprécie pas », etc.

• Cognitive :
Elle se rapporte aux croyances et au niveau de connaissance. Elle s’exprime
par les termes « je pense que », « je connais », « je ne connais pas »,
« j’ignore », etc.

• Conative :
Elle renvoie à une intention d’agir de manière favorable ou défavorable face
à une question ou situation. Elle peut être exprimée par des locutions comme
« je projette de faire ceci » ou « je m’inspire de ceci pour faire cela », etc.

Ainsi, pour chacune de nos hypothèses, nous mesurons les attitudes de nos
répondantes. Pour l’hypothèse H1, il s’agit de leurs attitudes envers elles-mêmes
tandis que pour les H2 et H3 ce sont les attitudes envers la nourriture représentée sur
les photographies soumises. Notre première hypothèse traitant de l’effet d’Instagram
sur le niveau d’estime de soi, il nous a fallu trouver un moyen de mesurer celui-ci.
Après réflexion, nous avons fait le choix de poser ces questions à deux reprises dans
notre questionnaire : une fois au début et une fois à la fin, après que l’enquêtée ait été
soumise aux photographies de nourriture. En comparant les réponses obtenues, nous
pouvons mesurer s’il y a un changement de l’estime de soi de nos répondantes. Afin
de reproduire les logiques d’action et de réaction propres à Instagram (publication,
« likes » et commentaires), nous avons formulé des questions telles que « Si cette
photo apparaissait dans mon fil d’actualité Instagram, je mettrais un "J’aime" ».

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 33


4. C ONSTRUCTION DU QUESTIONNAIRE

Nous avons construit notre questionnaire en plusieurs parties que nous allons
expliciter ci-après.

I. QUESTIONS RELATIVES À L’USAGE D’INSTAGRAM

Ce volet de question vise à cerner les habitudes d’utilisation d’Instagram de nos


répondantes. En premier lieu, il nous fallait savoir si la personne était inscrite sur ce
réseau.

1. Possédez-vous un compte Instagram ?


o Oui
o Non

2. En moyenne, combien de temps passez-vous sur Instagram


quotidiennement ?
o Moins de 10mn
o 10 à 30mn
o 31 à 60mn
o 1 à 2h
o Plus de 2h

La question n°2 et les réponses proposées ont été reprises de l’étude de Brown et al.
(2016 : 39) menée au sujet d’Instagram et de son effet sur l’image corporelle des
femmes.

3. A quel type de comptes êtes-vous abonnée ?


o Amis
o Animaux
o Citations
o Célébrités
o Nourriture
o Sport
o Mode
o Lifestyle
o Art
o Nature
o Militantisme
o Autre …

Pour cette question n°3 et les catégories proposées, nous nous sommes appuyés sur
l’étude de Hu et al. (2014 : 597) au sujet du contenu publié sur Instagram. Nous avons
enrichi la liste de quelques catégories sur la base de nos observations de la
plateforme.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 34


4. Quel type de comptes de la catégorie nourriture suivez-vous ?
o Recettes
o Plats sains
o Plats riches, « pornfood »
o Conseils nutrition
o Autres …
o Je ne suis pas de comptes de cette catégorie

Enfin, cette quatrième question et les réponses à disposition sont basées sur nos
observations.

II. QUESTIONS RELATIVES À LA MESURE DE L’ESTIME DE SOI

Comme mentionné plus haut, ces questions ont été posées à deux reprises. Pour ce
volet de questions, nous avons repris l’échelle d’estime de soi mise au point par
Rosenberg (2015). L’édition originale étant formulée en anglais, nous nous sommes
basés sur la traduction réalisée par Vallières et Vallerand (1990).

Rosenberg Self Esteem Scale Echelle de l’estime de soi de


Rosenberg

On the whole, I am satisfied with Dans l’ensemble je suis satisfait(e) de


1.
myself moi

Il m’arrive de penser que je suis un(e)


2. At times I think I am no good at all
bon(ne) à rien

I feel that I have a number of good Je pense que je possède un certain


3.
qualities nombre de belles qualités

I am able to do things as well as most Je suis capable de faire les choses


4.
other people aussi bien que la majorité des gens

I feel I do not have much to be proud Je sens peu de raisons d’être fier(e)
5.
of de moi

6. I certainly feel useless at times Parfois je me sens vraiment inutile

Je pense que je suis une personne de


I feel that I am a person of worth, at
7. valeur, au moins égal(e) à n’importe
least on an equal plane with others
qui d’autre
I wish I could have more respect for J’aimerais avoir plus de respect pour
8.
myself moi-même

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 35


All in all, I am inclined to feel that I am Tout bien considéré, je suis porté(e) à
9.
a failure me considérer comme un(e) raté(e)

J’ai une attitude positive vis-à-vis de


10. I take a positive attitude toward myself
moi-même
Figure 8 : Echelle de l'estime de soi, questions originales et leur traduction

Estimant que présenter ces dix questions à deux reprises rallongerait


considérablement notre questionnaire, nous avons fait le choix de réduire cette liste
de moitié. Nous avons donc décidé de poser ces questions :

1. Je pense que je suis une personne de valeur


2. Je suis capable de faire les choses aussi bien que la majorité des gens
3. Dans l’ensemble, je suis satisfaite de moi
4. J’aimerais avoir plus de respect envers moi-même
5. Parfois je me sens vraiment inutile

Les réponses proposées pour ces cinq questions sont basées sur l’échelle de Likert
mentionnée plus tôt. Pour nos analyses, nous attribuons ensuite une valeur à chaque
réponse, soit :

• Tout à fait d’accord = 5


• Plutôt d’accord = 4
• Ni d’accord ni pas d’accord = 3
• Plutôt pas d’accord = 2
• Pas du tout d’accord = 1

Ainsi, pour calculer le score d’estime de soi de chaque répondante il nous suffit
d’additionner ces valeurs. Un score de 25 correspond à un haut niveau d’estime de soi
et 5 à un bas niveau. Il est important de noter que si nos questions 1, 2 et 3 sont
orientées positivement, la 4 et la 5 sont négatives. Il nous faut donc inverser notre
échelle afin d’obtenir des chiffres cohérents (Tout à fait d’accord = 1 et ainsi de suite).

Remarque : notre questionnaire s’adressant à un échantillon féminin, nous formulons


les questions au féminin.

III. QUESTIONS RELATIVES AUX PHOTOGRAPHIES DE NOURRITURE SAINE ET NON SAINE

Pour ce volet de questions concernant notre H2, nous nous sommes appuyés sur le
modèle tridimensionnel de l’attitude évoqué plus tôt. Nous avons donc formulé
plusieurs questions s’inscrivant dans les différentes composantes.
Afin de ne pas surcharger notre questionnaire, nous avons arrêté le nombre de
questions par dimension à 2. Le total se porte donc à 6 questions (voir le tableau à la
page suivante).

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 36


Comme dans la partie II, les réponses proposées pour ces questions sont :

• Tout à fait d’accord


• Plutôt d’accord
• Ni d’accord, ni pas d’accord
• Plutôt pas d’accord
• Pas du tout d’accord

Dimension Question

Affective J’apprécie cette photo

Affective Ce plat me semble appétissant

Cognitive Je pense que consommer ce plat est bon pour la santé

Je recommanderais ce plat à quelqu’un souhaitant adopter


Cognitive
une alimentation équilibrée
Je pourrais m’inspirer de ce plat pour un de mes prochains
Conative
repas
Si je souhaitais adopter une alimentation équilibrée, je
Conative
choisirais ce plat
Figure 9 : Questions pour la mesure de l'attitude

Dans l’optique de reproduire les logiques d’action et de réaction propres à Instagram


mentionnées dans notre H1, nous avons ajouté les questions suivantes :

Si cette photo apparaissait dans mon fil d’actualité Instagram,

1. Je mettrais un « J’aime »

2. Je laisserais un commentaire

3. Ceci est le type de photo que j’aimerais publier sur mon compte.

L’échelle de réponses proposées est la suivante :

o Oui
o Plutôt Oui
o Plutôt Non
o Non

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 37


Ici, les réponses proposées diffèrent de celles mentionnées plus tôt. En effet, les
questions reproduisant les logiques propres à Instagram, nous avons estimé qu’il n’y
avait pas lieu de proposer une option neutre (« Je ne sais pas » par exemple). De plus,
les questions concernant des actions à réaliser ou non, nous avons préféré proposer
un modèle « Oui/Non ».
Notre H2 vise à observer si les attitudes des jeunes femmes sont plus favorables face
à des photos de plats sains, équilibrés, que face à des images de plats non équilibrés,
considérés comme non sains. Après mûre réflexion, nous avons fait le choix de
présenter deux images de chaque catégorie afin de ne pas trop allonger notre
questionnaire.
Ainsi, le total de questions de cette partie se monte à 36 (9 questions pour chacune
des 4 images sélectionnées).

IV. QUESTIONS RELATIVES AUX PHOTOGRAPHIES DE NOURRITURE ET NOMBRE DE


LIKES

Cette quatrième partie correspond à notre H3. Celle-ci a pour but d’observer si le
nombre de mentions « J’aime » récolté par une image de nourriture saine joue un rôle
sur l’attitude de l’enquêtée.
Nous avons posé les mêmes questions présentées dans la partie III. Pour ce volet de
questions, nous avons fait le choix de proposer trois publications Instagram ayant
récolté un nombre varié de mentions « J’aime ». Ainsi, cette partie de notre
questionnaire propose un total de 27 questions (9 questions pour chacune des 3
publications sélectionnées).

V. QUESTIONS RELATIVES À LA MESURE DE L’ESTIME DE SOI

Cette cinquième partie comporte exactement les mêmes questions que celles
présentées dans la partie II. Après avoir soumis nos répondantes à des images de
nourriture plus ou moins saine, comportant un nombre de « likes » plus ou moins
important, et reproduit les logiques d’action et réaction propres à Instagram, il était
nécessaire de mesurer à nouveau leur niveau d’estime de soi. Comparer les scores
obtenus en partie II et en partie V nous permet de répondre à notre H1.

VI. QUESTIONS DÉMOGRAPHIQUES

Enfin, la dernière partie de notre questionnaire est consacrée aux questions


démographiques telles que sexe, âge, degré de formation et catégorie
socioprofessionnelle :

1. Vous êtes
o Une femme
o Un homme

Nous avons introduit cette question afin de pouvoir contrôler que notre échantillon
reste bel et bien exclusivement féminin.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 38


2. Quel âge avez-vous ?
o Liste déroulante proposant une option pour chaque âge entre 15 et 29
ans

3. Quel est le degré de formation le plus élevé que vous ayez atteint ?
o Ecole obligatoire
o Apprentissage
o Maturité / Baccalauréat
o Universités et Hautes Ecoles
o Doctorat
o Autre …

Pour cette question n°3 et les réponses proposées, nous nous sommes appuyés sur
les catégories présentées par l’Office Fédéral de la Statistique55. Notre questionnaire
avait pour vocation d’être diffusé auprès de répondantes francophones mais pas
forcément domiciliées en Suisse romande. Nous avons donc ajouté la mention
« Baccalauréat » à côté de « Maturité » afin que cette proposition soit comprise le plus
largement possible.

4. Quelle est votre activité professionnelle ?


o Dirigeante
o Professions libérales et assimilées
o Autres indépendantes
o Professions intellectuelles et d’encadrement
o Professions intermédiaires
o Employée
o Ouvrière
o Travailleuse non qualifiée
o Apprentie
o Personnes actives occupées non attribuables
o Sans emploi
o En formation
o Au foyer
o Autre

Pour établir cette liste de réponses, nous nous sommes à nouveau basés sur les
données publiées par l’Office Fédéral de la Statistique56. Leur liste de catégories
socioprofessionnelles proposant l’option « à la retraite », nous avons jugé pertinent de
la retirer. Notre échantillon s’arrêtant à un âge maximum de 29 ans, il était donc
impossible que cette catégorie soit représentée parmi nos répondantes.

Remarque : notre questionnaire s’adressant à un échantillon féminin, nous formulons


ces réponses au féminin.

55
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/education-science/indicateurs-formation/systeme-
formation-suisse/themes/impact/niveau-formation.assetdetail.7886034.html , consulté le 13 mars 2019.
56
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/travail-remuneration/nomenclatures/spk2010.html ,
consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 39


5. P RESENTATION DU CORPUS DE PHOTOGRAPHIES

Au fil de notre questionnaire, nous présentons sept images au total, quatre dans la
partie III et trois dans la partie IV.

Partie III – Hypothèse 2

Dans cette partie, nous présentons deux clichés de nourriture saine et deux clichés de
nourriture moins équilibrée. Pour choisir ces images, nous nous sommes basés sur
les recommandations des autorités de santé publique en matière d’alimentation de
notre chapitre 2.6 « Sur l’alimentation et ses pratiques ». Toutes ont été sélectionnées
sur Instagram.

Remarque : nous avons fait le choix d’intercaler les images « saines » et « non
saines », ceci afin que l’enquêtée ne réponde pas de manière plus ou moins similaires
pour deux photos consécutives et garde sa concentration.

Alimentation saine, équilibrée

Plat 1

57
Figure 10 : Photographie représentant un plat équilibré

57
Capture d’écran du compte Instagram « mealplans » :
https://www.instagram.com/p/BrREziwj19Q/ , consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 40


Catégorie d’aliment Aliment
Fruits et légumes Brocolis
Farineux Pâtes
Protéines Pavé de saumon

Dans ce plat, les trois familles d’aliments composant l’assiette optimale sont présentes
tout en respectant les proportions recommandées.
Sur Instagram, la qualité de la présentation de l’assiette et de la photographie peut
varier radicalement d’un post à un autre. Ces conditions peuvent jouer un rôle dans
l’appréciation de la publication. Ici, nous avons sélectionné celle-ci car nous estimions
qu’elle était de bonne qualité.

Plat 3

58
Figure 11 : Photographie représentant un plat équilibré

58
Capture d’écran du compte Instagram « biendansmonslip » :
https://www.instagram.com/p/BntDejShmsN/ , consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 41


Catégorie d’aliment Aliment
Carottes, courgettes,
Fruits et légumes
brocolis, poivrons
Farineux Pommes de terre

Protéines Tempeh (soja fermenté)

Dans ce plat, les trois catégories recommandées pour une assiette optimales sont
également représentées. De plus, les proportions recommandées sont respectées.
Pour le Plat 3, nous avons veillé à sélectionner une photographie de moins bonne
qualité et présentant une assiette moins soignée que pour le Plat 1. Cela reproduit la
diversité de contenu et de qualité que l’on peut retrouver sur Instagram. De plus, nous
pourrons procéder à une comparaison entre les deux scores d’attitude lors de nos
analyses.

Alimentation non saine, non équilibrée

Plat 2

59
Figure 12 : Photographie représentant un plat non équilibré

59
Capture d’écran du compte Instagram « burgerandbeyond » :
https://www.instagram.com/p/BuUL-NrFHGY/ , consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 42


Catégorie d’aliment Aliment

Fruits et légumes /

Farineux Pain
Steak de bœuf, bacon,
Protéines
fromage fondu

Ce plat ne réunit pas les trois catégories d’aliments nécessaires pour former une
assiette optimale. De plus, le taux de matière grasse est beaucoup trop important pour
que cette assiette soit considérée comme saine. De manière générale, on peut dire
que le hamburger représente l’archétype de la « malbouffe ». Associé aux enseignes
de fast-food telles que McDonald’s ou Burger King, ce plat ne rentre pas dans le cadre
d’une alimentation équilibrée, et ce même s’il n’est pas consommé dans ces
restaurants.

Plat 4

60
Figure 13 : Photographie représentant un plat non équilibré

60
Capture d’écran du compte Instagram « marghe_pizza » :
https://www.instagram.com/p/BuzEUrcD0Lo/ , consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 43


Catégorie d’aliment Aliment

Fruits et légumes Asperges

Farineux Pâte à pizza

Protéines Jambon cru, fromage

Si ce plat présente les trois catégories d’aliments composant une assiette optimale,
les proportions ne sont pas du tout respectées. En effet, il n’y a quasiment pas de
légumes et beaucoup trop d’aliment farineux. A nouveau, comme pour le Plat 2, la
pizza ne rentre généralement pas dans le cadre d’une alimentation équilibrée mais
peut être consommée en quantités adaptées.

Partie IV – Hypothèse 3

Dans cette partie de notre questionnaire, nous présentons trois publications Instagram
ayant récolté différents nombres de mentions « J’aime ». Toutes les photographies
représentent un plat sain.
Comme pour la partie précédente, nous nous appuyons sur la définition d’une
alimentation équilibrée que nous avons définie dans le chapitre 2.6 « Sur l’alimentation
et ses pratiques ».

Publication Instagram n°1

61
Figure 14 : Publication Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté 2651 likes

61
Capture d’écran du compte Instagram « biendansmonslip » :
https://www.instagram.com/p/BmWNBN2ALew/ , consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 44


Catégorie d’aliment Aliment

Fruits et légumes Carottes, chou-fleur

Farineux Patate douce

Protéines Oeufs

Ce plat remplit les critères pour correspondre à une assiette optimale : les catégories
d’aliment sont représentées et les proportions respectées.
La publication Instagram a récolté 2651 mentions « J’aime » ce qui est un chiffre plutôt
conséquent. Elle représente la deuxième image la plus « likée » de notre corpus.
Remarque : nous avons fait le choix de ne pas présenter les trois publications en
suivant un ordre croissant ou décroissant de « likes » afin de ne pas influencer nos
enquêtées.

Publication Instagram n°2

62
Figure 15 : Publication Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté 38 likes

62
Capture d’écran du compte Instagram de la rédactrice « mathildeanguilla ». Le nom apparaissant sur
l’image a ensuite été modifié par souci d’anonymat.
https://www.instagram.com/p/BpCN82oFtF4/ , consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 45


Catégorie d’aliment Aliment

Fruits et légumes Carottes, betterave

Farineux Patate douce

Protéines Oeuf

Cette publication Instagram montre une assiette comportant les trois familles
d’aliments et respectant les proportions préconisées. Ce plat peut donc s’inscrire dans
le cadre d’une alimentation équilibrée.
Elle a recueilli 38 mentions « J’aime », score le plus bas de notre corpus.

Publication Instagram n°3

63
Figure 16 : Publication Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté 72'390 likes

63
Capture d’écran du compte Instagram « kayla_itsines » :
https://www.instagram.com/p/BnGoEsgl8iO/ , consulté le 13 mars 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 46


Catégorie d’aliment Aliment
Salade, concombre,
Fruits et légumes
tomates
Farineux Pain pita (triangles)
Poulet, pois chiches,
Protéines
fromage

Cette publication Instagram représente un plat répondant aux critères pour être
considéré comme sain et équilibré. Avec un total de 72'390 mentions « J’aime », c’est
la publication la plus appréciée de notre corpus. De plus, elle a été partagée par Kayla
Itsines, une personnalité importante du domaine du sport et de l’alimentation.
Rassemblant 11,4 millions d’abonnés sur Instagram, elle peut être considérée comme
une célébrité.

6. D EFINITION ET JUSTIFICATION DE NOTRE ECHANTILLON

Nous faisons le choix de travailler sur un terrain exclusivement féminin pour plusieurs
raisons. Tout d’abord, les utilisateurs d’Instagram sont majoritairement des femmes.
Comme en attestent des chiffres publiés en 2017, environ deux tiers des comptes
Instagram du monde sont féminins (65% selon le site français « Digimind »64 et 68%
selon le site américain « Omnicore »65). En France, les femmes représentent 62% des
inscrits sur la plateforme (Digimind). De plus, les femmes sont celles pour qui l’image
corporelle représente le plus un problème. Selon un rapport publié par les
organisations britanniques de santé publique Young Health Movement (YHM) et Royal
Society for Public Health (RSPH), environ 90% des adolescentes et jeunes adultes se
disent insatisfaites de leur corps.

Une autre délimitation de notre terrain est l’âge. Nous avons décidé de cibler nos
analyses sur des femmes entre 15 et 29 ans, des « jeunes femmes » comme nous les
désignons dans nos hypothèses. En premier lieu, cette génération représente environ
la moitié des utilisateurs d’Instagram (Digimind). De plus, il nous semble intéressant
de nous concentrer sur cette tranche d’âge car l’adolescence et les jeunes années de
l’âge adulte représentent, selon le rapport de la YHM et RSPH, une période où les
individus sont particulièrement vulnérables pour ce qui est du développement social et
émotionnel.

Enfin, cette génération représente celle des « millenials », la génération Y comme elle
est parfois désignée. Ce concept a été déterminé par Howe et Strauss (2000). Pour

64
« Instagram : 30 chiffres 2017 à connaître en France et dans le monde »
https://blog.digimind.com/fr/tendances/instagram-30-chiffres-2017-a-connaitre-en-france-et-dans-le-
monde/ , consulté le 10 juin 2017.
65
« Instagram by the Numbers: Stats, Demographics & Fun Facts »
https://www.omnicoreagency.com/instagram-statistics/ , consulté le 18 mai 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 47


eux, les « millenials » sont nés entre 1980 et 1995 (voire 2000) et ont baigné dans une
culture similaire. Leur vision du monde, leur rapport à la technologie et leur usage des
réseaux sociaux sont donc plus ou moins homogènes.

Pour ce qui est de la délimitation géographique de notre terrain, nous choisissons de


circonscrire nos recherches principalement aux utilisatrices d’Instagram en Suisse
romande et en France. Ce choix s’explique par son aspect pratique : notre recherche
s’effectuant à l’Université de Genève, notre terrain se trouve à proximité relative. De
plus, les utilisatrices d’Instagram en Suisse romande et en France ont été imprégnées
par les mêmes normes culturelles, ce qui est non négligeable pour analyser leurs
préférences alimentaires et leurs idéaux corporels.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 48


DEUXIÈME PARTIE
RETOUR SUR L’ENQUETE
ANALYSES DE DONNEES
DISCUSSIONS
CONCLUSION

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 49


I. RETOUR SUR L’ENQUÊTE

Comme exposé précédemment, notre enquête s’est déroulée du 25 mars au 21 avril


2019. Durant cette période, 171 personnes ont répondu à notre questionnaire. C’est
donc un échantillon plus important de 71% que celui que nous souhaitions atteindre.

Après observation des réponses récoltées, nous avons dû en écarter quelques-unes.


En effet, malgré nos précisions sur le fait que nous désirions interroger uniquement
des femmes, 9 hommes ont tout de même rempli notre questionnaire. De plus, 7
personnes ont indiqué ne pas posséder de compte Instagram. Afin de ne pas biaiser
nos résultats, nous avons fait le choix de ne pas tenir compte de ces réponses non
plus. Certaines de nos questions portent sur le temps quotidien consacré au réseau
social, au contenu consommé et reproduisent les logiques propres à la plateforme et
nous n’avions pas prévu de réponse neutre. Ces personnes ont donc rempli notre
questionnaire en devant inventer des réponses qui ne reflétaient pas leur réalité. Ainsi,
après l’exclusion de ces enquêtés, nous obtenons un échantillon de 156 personnes.

1. D ESCRIPTION DE L ’ ECHANTILLON

L’échantillon sur lequel nous avons réalisé nos analyses est donc composé de 156
jeunes femmes de 15 à 29 ans étant inscrites sur Instagram.

Âge

Chaque âge est représenté dans notre échantillon, à l’exception de 15. Comme imagé
sur le graphique ci-après, la moitié de l’échantillon a indiqué avoir entre 24 et 26 ans.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 50


QUEL ÂGE AVEZ-VOUS ? 18 ans
17 ans 15 ans
2%
29 ans 16 ans 2% 19 ans 0%
1% 3%
28 ans 7% 20 ans
5% 6%
27 ans
4% 21ans
6%

22 ans
5%
26 ans
16%
23 ans
9%

24 ans
25 ans 12%
22%
Figure 17 : Représentation graphique de l'âge de notre échantillon.

Niveau de formation

QUEL EST LE DEGRÉ DE FORMATION LE PLUS ÉLEVÉ


QUE VOUS AYEZ ATTEINT ?
Ecole
Autre obligatoire Apprentissage
Doctorat 3% 3%
0% 3%

Maturité /
Baccalauréat
15%

Universités et
Hautes Ecoles
76%
Figure 18 : Représentation graphique du niveau de formation de notre échantillon.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 51


Concernant le niveau de formation, nous observons que notre échantillon est composé
à 76% d’universitaires. Néanmoins, personne n’a indiqué avoir atteint le niveau d’un
doctorat. Les réponses « Ecole obligatoire » et « Apprentissage » représentent 3%
chacune. Nous pouvons donc avancer que notre échantillon est plus éduqué que la
moyenne (chiffres de l’OFS66).

Catégorie socioprofessionnelle

QUELLE EST VOTRE ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE ?


Autres
Professions indépendantes
libérales et 3%
Autre Dirigeante assimilées Professions
Au foyer 6% 1% 4% intellectuelles et
1% d'encadrement
3%
Professions
intermédiaires
1%

Employée
En formation
31%
45%

Ouvrière
0%
Personne active
occupée non Travailleuse non
attribuable Sans emploi Apprentie qualifiée
0% 3% 1% 1%
Figure 19 : Représentation graphique des catégories socioprofessionnelles de notre échantillon.

Pour ce qui est de la catégorie socioprofessionnelle (CSP), presque toutes celles que
nous proposions dans notre questionnaire sont représentées bien qu’en des
proportions très variables. Près de la moitié de nos enquêtées ont affirmé être en
formation, ce qui est cohérent avec le fait que 50% de notre échantillon est âgé de 24

66
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/education-science/indicateurs-formation/systeme-
formation-suisse/survol/impact/niveau-formation.assetdetail.7886034.html , consulté le 9 mai 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 52


à 26 ans et que 76% aient indiqué avoir atteint un niveau de formation universitaire.
Outre les personnes en formation, la grande majorité de notre échantillon a une activité
professionnelle. Les enquêtées disposant d’un CSP relativement élevé (Dirigeante,
professions intellectuelles et d’encadrement entre autres) ne sont que faiblement
représentées dans notre échantillon. Ceci n’a rien d’étonnant au vu de l’âge de nos
répondantes. En effet, peu d’individus atteignent ce type de CSP avant l’âge de 30
ans.

2. H ABITUDES D ’ UTILISATION D ’I NSTAGRAM DE NOTRE ECHANTILLON

Nous avons également étudié les habitudes d’utilisation d’Instagram de nos


répondantes : temps passé sur la plateforme et type de contenu consommé.

Temps passé sur Instagram quotidiennement

EN MOYENNE, COMBIEN DE TEMPS PASSEZ-VOUS


SUR INSTAGRAM QUOTIDIENNEMENT ?

Plus de 2
heures
3%
1 à 2 heures Moins de 10
18% minutes
10%

10 à 30
minutes
35%

31 à 60
minutes
34%

Figure 20 : Représentation graphique du temps passé sur Instagram quotidiennement par notre
échantillon.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 53


Le graphique ci-dessus rapporte le temps que nos répondantes passent en moyenne
chaque jour sur le réseau social. Près de deux tiers de notre échantillon indiquent se
servir d’Instagram respectivement de 10 à 30 minutes (35%) et de 31 à 60 minutes
(34%) par jour. Un pourcentage moindre (18%) rapporte une utilisation quotidienne de
1 à 2 heures. En revanche, les extrêmes (Plus de 2 heures et Moins de 10 minutes)
sont peu représentés.

Types de comptes suivis

A QUEL TYPE DE COMPTES ÊTES-VOUS ABONNÉE ?


160
144
140

120

100 92
83
80 67 64 63 65
60 53 50

40 32
22 22
20

Figure 21 : Représentation graphique des catégories de contenu consommé par notre échantillon.

Nous avons également interrogé nos enquêtées au sujet du type de contenu qu’elles
consommaient sur Instagram.

Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que l’immense majorité de notre


échantillon est abonnée aux comptes de ses amis. Une autre catégorie
particulièrement représentée est « Célébrités ». Comme nous l’avons mentionné dans
notre chapitre 2.4. « Comparaison sociale », Instagram permet à chacun, anonyme ou
célébrité, de disposer d’un compte et d’y diffuser du contenu. Le réseau social est donc
un nouveau moyen, autre que la presse people, de se tenir au courant de la vie
personnelle des stars. 92 de nos 156 enquêtées semblent abonder en ce sens et ont
indiqué qu’elles étaient abonnées à ce type de profils.
Concernant la catégorie « Nourriture », un peu plus de la moitié de nos répondantes
(83) ont déclaré suivre des comptes diffusant ce type de contenu. Ceci va dans le sens
des résultats partagés par Holmberg et al. (2016) : la nourriture représente
effectivement une grande partie du contenu publié sur Instagram.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 54


Types de comptes de la catégorie « Nourriture » suivis

QUEL TYPE DE COMPTES DE LA CATÉGORIE "NOURRITURE"


SUIVEZ-VOUS ?
160

140

120

100

80 66
58 55
60

40 29 32
15
20

0
Recettes Plats sains Plats riches, Conseils de Autres Je ne suis pas
"pornfood" nutrition de compte de
cette catégorie
Figure 22 : Représentation graphique des types de comptes "Nourriture" suivis par notre échantillon.

Pour terminer, le graphique ci-dessus montre que beaucoup de nos enquêtées utilisent
Instagram comme une source d’information, que ce soit des recettes de cuisine (58)
ou des conseils de nutrition (32). Ces résultats sont cohérents avec l’étude de
Vaterlaus et al. (2015) et leurs explications des usages des médias sociaux chez les
jeunes adultes.
Une grande partie de nos enquêtées a également indiqué être abonnée à des comptes
partageant des images de plats sains (66). Ceci semble être en adéquation avec le
soin du corps et de l’alimentation que nous avons évoqué à maintes reprises dans
notre partie II. « Cadre théorique ». Enfin, la catégorie « Plats riches, pornfood » réunit
29 répondantes.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 55


II. ANALYSE DE DONNEES DE L’HYPOTHESE 1

Pour rappel, notre première hypothèse est la suivante :

« Les logiques d’action et réaction propres aux photos Instagram représentant


de la nourriture saine tendent à améliorer l’estime de soi des jeunes femmes »

1. R ESULTATS

Notre questionnaire nous a permis de dégager les résultats ci-après explicités. Nous
avons mesuré la variation du niveau d’estime de soi avant et après l’exposition aux
photographies de nourriture et aux reproductions des logiques d’action et de réaction
propres à Instagram.

Pour rappel, nous avons posé les cinq mêmes questions à deux reprises en proposant
une échelle de réponse allant 1 à 5. Ainsi, pour cet échantillon, un score de 25
correspond à un niveau d’estime de soi maximal tandis que 5 indique un niveau
d’estime de soi minimal.

Variation du niveau d’estime de soi

Score moyen de l’estime de soi :

Avant Après Variation

18,13 18,11 -0,01


Figure 23 : Variation du niveau d'estime de soi

Nous constatons donc une infime variation du niveau d’estime de soi. Le score moyen
d’estime de soi mesuré en début de questionnaire est de 18,13 (sur 25). A la fin du
questionnaire, nous avons mesuré un score de 18,11. La variation entre les deux
scores moyens est donc de -0,01. La différence est infime.

Nous avons procédé à une comparaison détaillée des scores d’estime de soi de nos
156 répondantes. Pour réaliser cette comparaison, nous avons effectué l’opération
suivante :

Score de l’estime de soi après (moins) Score de l’estime de soi avant

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 56


INTERVALLE DE VARIATION DU SCORE D'ESTIME DE SOI
60 60
55
50
45
40
35 31
30 28

25
20
15 11
9
10 7
5 3 2 2
1 0 1 1
0
-7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
Figure 24 : Représentation graphique de l'intervalle de variation du score d'estime de soi de notre
échantillon

Tous les intervalles qui se trouvent en-dessous de zéro correspondent aux


répondantes dont le niveau d’estime de soi est plus bas à la fin du questionnaire qu’au
début. Réciproquement, les intervalles s’élevant au-dessus de zéro indiquent les
répondantes dont le niveau d’estime de soi est plus haut à la fin qu’au début du
questionnaire.

Nous avons défini 5% comme étant un intervalle significatif de variation, ce qui


correspond à 1,25 sur 25. En observant notre échantillon, 119 de nos répondantes
présentent une variation du score d’estime de soi de moins de 5%. Les 37 répondantes
dont le score varie de plus de 5% se répartissent comme indiqué sur le graphique ci-
dessus.

Entre le début et la fin du questionnaire, ce chiffre peut varier plus ou moins fortement,
de -7 à +5 précisément.
Les intervalles les plus extrêmes se situent à -7 et à +5 et ne concernent que 3
répondantes.
Afin de comprendre ces chiffres, nous nous sommes donc penchés sur les réponses
des enquêtées correspondant aux pics de variation d’estime de soi les plus importants.

Commentaires sur les pics les plus importants

Le pic inférieur le plus important est de -7 et concerne la répondante n°35. Cette


personne présente un score de 22 en début de questionnaire, soit un haut niveau
d’estime de soi. Cependant, en fin de questionnaire, son score passe à 15. En
examinant ses réponses, nous nous sommes rendu compte que la personne avait

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 57


répondu « Ni d’accord ni pas d’accord », soit 3, aux cinq questions. Une telle baisse
du niveau d’estime de soi est peu plausible. Ainsi, nous supposons que la répondante
n°35 s’est sentie lassée par notre questionnaire et a choisi d’indiquer des réponses
neutres à ce volet de questions.

Le pic supérieur le plus important se situe à +5 et concerne deux répondantes : n°17


et n°120.
Tout d’abord, la répondante n°17 présente un score de 18 en début de questionnaire,
soit un bon niveau d’estime de soi. En fin de questionnaire, ce score augmente à 23,
soit un très bon niveau. En observant les réponses fournies par cette personne, nous
remarquons que ses attitudes face à la nourriture saine sont très favorables (entre 23
et 30 sur 30). De plus, la répondante a indiqué plusieurs fois que si les plats sains
présentés apparaissent dans son fil d’actualité Instagram, elle serait susceptible de
leur donner un « like » ou de publier un commentaire ; et une fois que l’image
représentait le type de photo qu’elle souhaiterait publier sur son propre compte.

L’autre répondante présentant une variation du score d’estime de soi de +5 est la


n°120. En début de questionnaire, cette personne obtient un score de de 16, soit un
assez bon niveau d’estime de soi. En fin de questionnaire, son score augmente à 21.
En observant les réponses données par cette personne, nous remarquons qu’à la
question « Je suis capable de faire les choses aussi bien que la majorité des gens »,
elle a indiqué « Pas du tout d’accord » la première fois puis « Tout à fait d’accord » la
seconde. Le score total grimpe donc significativement au vu de ce changement de
réponse. En nous penchant sur les réponses données par cette personne au reste du
questionnaire, nous remarquons que ses attitudes envers les images de nourriture
saine (20 et 21) sont sensiblement similaires, voire légèrement moins favorables
qu’envers les images de nourriture non saine (18 et 23). Le changement positif
observé dans le niveau d’estime de soi est donc difficilement explicable.

Un autre pic inférieur important est situé à -5 et concerne une seule personne. Nous
avons donc décidé d’examiner son cas également. Il s’agit de la répondante n°14. En
début de questionnaire, son score est de 24, soit un niveau d’estime de soi quasiment
maximal. En fin de questionnaire, ce score s’est abaissé à 19, soit un niveau qui peut
encore être qualifié de bon.
En détaillant ses réponses, nous observons que ses attitudes envers les images de
nourriture saine sont aussi variées (30 et 19) qu’envers celles de nourriture non saine
(16 et 21). Ces réponses expliquent difficilement un tel changement dans le score
d’estime de soi.
Nous remarquons que pour la question « J’aimerais avoir plus de respect pour moi-
même », cette répondante a coché « Plutôt pas d’accord » la première fois et « Tout
à fait d’accord » la deuxième fois. Ceci a pour conséquence de faire nettement varier
le score d’estime de soi. Cette question est orientée négativement dans une optique
de contrôle. En effet, l’échelle étant ici inversée, l’enquêtée doit réfléchir avant de
fournir une réponse et ne peut pas cocher les mêmes cases que celles sélectionnées
pour les trois questions précédentes.
Dans la partie IV du questionnaire, nous observons que l’enquêtée a répondu « Plutôt
pas d’accord » à toutes les questions concernant le Post 1, « Plutôt d’accord » à celles
au sujet du Post 2, et « Tout à fait d’accord » pour le Post 3. Ceci nous amène à
supposer que la répondante peut avoir souhaité accélérer le processus de réponse et
ainsi avoir répondu de manière systématique à ces dernières questions. Il est donc

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 58


possible qu’elle ait également répondu aux questions sur l’estime de soi sans être
entièrement attentive et n’ait pas prêté garde à l’échelle inversée.
Néanmoins, nous notons qu’à la seconde question présentant une échelle inversée
« Parfois je me sens vraiment inutile », notre enquêtée n°14 a fourni la même réponse
deux fois (Pas du tout d’accord). Ainsi, les deux explications que nous avons avancées
sont vraisemblables : le changement de réponse de cette personne peut s’expliquer
par un véritable changement d’opinion tout comme il peut être justifié par une erreur
due à l’inattention.

Rôle des variables démographiques

Pour compléter nos analyses, nous avons décidé d’observer les scores d’estime de
soi moyens à l’aune de nos variables démographiques. L’âge, le niveau de formation
et la catégorie socio-professionnelle ont-ils une quelconque influence sur le niveau
d’estime de soi de nos répondantes et sur la variation de celui-ci au fil de notre
questionnaire ?

Remarque : les zones grisées correspondent à des chiffres représentant 3% et moins


de notre échantillon. Ceux-ci doivent donc être pris avec précaution.

L’âge

Age Score avant Score après Variation

16 12,00 13,00 1,00


17 15,33 15,00 -0,33
18 16,67 17,33 0,67
19 16,80 18,20 1,40
20 18,11 18,33 0,22
21 18,00 16,78 -1,22
22 17,75 17,88 0,13
23 17,50 17,57 0,07
24 19,89 19,28 -0,61
25 18,23 17,89 -0,34
26 18,72 19,24 0,52
27 17,57 17,57 0,00
28 18,13 18,75 0,63
29 17,55 17,55 0,00
Figure 25 : Tableau récapitulatif des scores d'estime de soi moyen en début et fin de questionnaire et
la variation moyenne de ce score selon l'âge des répondantes.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 59


Le tableau ci-dessus récapitule les scores d’estime de soi moyens en début et fin de
questionnaire pour chacun des âges représentés au sein de notre échantillon.
En observant le tableau, nous remarquons que les scores d’estime de soi les plus bas
relevés en début de questionnaire sont ceux des répondantes âgées de 16 ans (12),
17 ans (15,33), 18 ans (16,67) et 19 ans (16,8). Il semble donc que l’âge ait un lien
avec le niveau d’estime de soi. Ces jeunes femmes sont les plus jeunes de notre
échantillon et peuvent être qualifiées d’adolescentes. Cette période est connue pour
être assez voire très difficile à vivre pour certains individus : ils font face à beaucoup
de changements personnels et environnementaux et construisent leur identité. Il n’est
donc pas particulièrement surprenant que les personnes de cette tranche d’âge
indiquent un niveau d’estime de soi plus bas que la moyenne. Il est toutefois important
de noter que dans notre échantillon, seules 12 personnes sont âgées de 16 à 19 ans.
Nos observations ne peuvent donc pas être généralisées.
Les scores les plus bas relevés en fin de questionnaire sont ceux des répondantes
âgées de 16 ans (13), 17 ans (15) et 21 ans (16,78). Nous remarquons que les plus
jeunes restent celles qui indiquent un bas niveau d’estime de soi.
Le score le plus haut a été obtenu par les personnes de notre échantillon âgées de 24
ans (19,89).
De manière générale, nous relevons que le niveau d’estime de soi n’évolue pas
forcément avec l’âge de nos répondantes. Si les personnes de notre échantillon âgées
de 24 à 29 ans présentent des scores moyens d’estime de soi relativement proches
de la moyenne (18,13 et 18,11), ces chiffres n’augmentent pas régulièrement avec les
années.
Enfin, en observant la variation de l’estime de soi de notre échantillon au cours du
questionnaire, nous remarquons que les plus importantes sont attribuées aux
personnes âgées de 16 ans (+1,02), 19 ans (+1,42) et 21 ans (-1,20). Il est à noter
que cette observation ne concerne que 15 de nos répondantes. Les autres groupes
n’affichent qu’une très faible variation (moins de +/- 0,7).

Au final, les adolescentes semblent les plus concernées par un bas niveau d’estime
de soi. Une fois cette période passée, les scores ne sont plus forcément à rapporter
avec l’âge des répondantes.

Niveau de formation

Niveau de formation Score avant Score après Variation

Ecole obligatoire 17,40 18,20 0,80

Apprentissage 16,60 17,40 0,80

Maturité / Baccalauréat 17,71 17,71 0,00

Universités et Hautes Ecoles 18,41 18,32 -0,08

Autre 15,50 15,25 -0,25


Figure 26 : Tableau récapitulatif des scores d'estime de soi moyen en début et fin de questionnaire et
la variation moyenne de ce score selon le niveau de formation des répondantes.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 60


Ce tableau récapitule les scores d’estime de soi moyens de notre échantillon en
fonction de leur niveau de formation.

Ici, nous constatons que les scores moyens les plus bas relevés en début de
questionnaire sont ceux des personnes ayant obtenu un apprentissage (16,60) et
celles ayant indiqué la catégorie « Autre » (15,50). Le score le plus haut est celui des
répondantes ayant étudié ou étudiant au niveau universitaire (18,41).
Pour ce qui est des scores relevés en fin de questionnaire, les plus bas sont également
ceux des catégories « Apprentissage » (17,40) et « Autre » (15,25). Ce sont à
nouveaux les « universitaires » qui totalisent le score moyen le plus élevé (18,32).
La variation moyenne du niveau d’estime de soi au fil du questionnaire est plus
importante pour les groupes « Ecole obligatoire » et « Apprentissage » (0,80).

En fin de compte, pour notre échantillon, il est difficile à établir si le niveau de formation
joue un rôle dans l’estime de soi de nos répondantes. Certes, les catégories les moins
éduquées (Ecole obligatoire et apprentissage) présentent des scores moyens
légèrement plus bas que la moyenne. Elles ne correspondent cependant qu’à un total
de 10 personnes, soit 6% de notre échantillon. Quant à la catégorie « Autre », nous
sommes dans l’incapacité de la relier avec un niveau d’éducation précis.

Catégorie socio-professionnelle (CSP)

Score Score
Catégorie socio-professionnelle Variation
avant après
1. Dirigeante 16,50 19,00 2,50

2. Professions libérales et assimilées 19,17 19,17 0,00

3. Autres indépendantes 20,20 20,60 0,40


Professions intellectuelles et
4. 18,80 18,40 -0,40
d'encadrement
5. Professions intermédiaires 20,50 19,50 -1,00

6. Employée 17,81 17,69 -0,13

7. Ouvrière 18,00 17,00 -1,00

8. Travailleuse non qualifiée 13,00 11,00 -2,00

9. Apprentie 24,00 24,00 0,00

10. Sans emploi 18,00 19,00 1,00

11. En formation 18,07 18,04 -0,03

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 61


12. Au foyer 20,00 19,00 -1,00

13. Autre 17,78 17,89 0,11


Figure 27 : Tableau récapitulatif des scores d'estime de soi moyen en début et fin de questionnaire et
la variation moyenne de ce score selon le CSP des répondantes.

Le tableau ci-dessus est un recensement des scores moyens d’estime de soi obtenus
par nos répondantes en fonction de leur catégorie socio-professionnelle (CSP).

Les scores les plus bas mesurés en début et fin de questionnaire sont ceux de la
catégorie « Travailleuse non-qualifiée » (respectivement 13 et 11). Ces chiffres sont
largement en-dessous de la moyenne de notre échantillon. Il est à noter que cette
catégorie ne compte qu’une personne.
Les scores les plus élevés en début et fin de questionnaire sont ceux de la catégorie
« Apprentie » (24 et 24). Ici, ces chiffres sont bien plus hauts que la moyenne. A
nouveau, ils ne concernent qu’une seule personne.

Pour le reste de notre échantillon, en début de questionnaire, les catégories


supérieures semblent présenter un score d’estime de soi plus ou moins supérieur que
la moyenne : entre +0,66 et +2,37 pour les catégories n°2 à 5. Seule la catégorie
« Dirigeante » présente un score plus bas que la moyenne. Elle ne compte qu’une
seule personne.
Les catégories 6 à 13 correspondent à des CSP moins élevées. Leur score d’estime
de soi est dans l’ensemble plus ou moins inférieur à la moyenne (entre – 0,07 et -
5,14). Seule la catégorie « Apprentie » obtient un score plus élevé que le moyenne, le
plus haut de l’échantillon comme mentionné au-dessus.
En début de questionnaire, il semble que le niveau d’estime de soi soit plus ou moins
liée au CSP de nos répondantes.

En observant la variation moyenne du niveau d’estime de soi au fil du questionnaire,


nous constatons que les plus importantes sont celles des groupes « Dirigeante » (+2,5)
et « Travailleuse non qualifiée » (-1,98). Comme dit précédemment, ces catégories ne
représentent qu’une personne chacune.
A l’exception de ces quelques répondantes, le score d’estime de soi de notre
échantillon semble varier plutôt faiblement et sans clair lien avec le CSP.

2. D ISCUSSION

Notre première hypothèse avait pour objectif de découvrir si l’estime de soi des jeunes
femmes de 15 à 29 ans tend à s’améliorer lorsqu’elles s’adonnent aux logiques
d’action et de réaction propres aux photos Instagram représentant de la nourriture
saine.

Pour ce faire, nous avons mesuré le niveau d’estime de soi de nos répondantes une
fois en début de questionnaire et une fois à la fin. Nous avons calculé un score d’estime

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 62


de soi pour chaque moment. Puis nous avons procédé à une comparaison et avons
observé la variation entre ces deux chiffres.

Nous avons posé cinq questions proposant une échelle de réponse à cinq points, le
score le plus élevé possible est donc de 25 et le plus bas de 5. Le score d’estime de
soi moyen de notre échantillon avant l’exposition aux photos et logiques propres à
Instagram est de 18,13, avec des réponses allant de 10 à 25. A la fin du questionnaire,
le score moyen est de 18,11 et les réponses sont également comprises entre 10 et 25.
La variation moyenne entre le début et la fin du questionnaire est de -0,01. Nous avons
observé des écarts entre les deux scores allant de -7 à +5. Cependant 119 de nos 156
répondantes présentent une très faible différence (-1 à +1). Les variations les plus
extrêmes ne concernent qu’un petit nombre de répondantes.

Nous avons également observé nos résultats à la lumière de nos variables


démographiques. Chez les répondantes de moins de 20 ans, nous avons constaté un
niveau d’estime de soi plus bas que la moyenne et une variation entre le début et la
fin du questionnaire plus importante que la moyenne. Ces résultats semblent
cohérents avec ce que l’on sait de la période de l’adolescence : les individus sont plus
susceptibles d’afficher une estime de soi plus basse que le reste de la population et
constituent un groupe plus influençable que la moyenne.

Au vu de nos analyses, nous ne pouvons pas valider notre hypothèse n°1. La variation
de l’estime de soi ne varie que très faiblement entre les deux moments de mesure et
cette variation est légèrement négative. Sur nos 156 répondantes, seules 18 affichent
un niveau d’estime de soi un peu plus haut après avoir répondu à notre enquête
qu’avant.

Nous souhaitons ici ouvrir une discussion relative à nos résultats. Ils sont en effet à
nuancer. Tout d’abord, nous avons opéré ici une simulation des logiques d’action et
de réaction propres à Instagram. Nos répondantes ne se trouvaient donc pas dans un
réel contexte d’utilisation du réseau social. De plus, sur les sept images présentées,
seules trois étaient accompagnées d’un nom d’utilisateur, qu’elles ne connaissaient
pas forcément. Comme nous l’avons mentionné dans notre chapitre 2.4
« Comparaison sociale », Instagram permet de créer ou étendre des liens entre les
utilisateurs. Ainsi, des inconnus peuvent devenir des pairs. Une comparaison faite par
rapport à des pairs n’a pas le même impact que par rapport à des inconnus.
D’autre part, nous n’avons simulé qu’un seul de type de logiques d’action : les
publications dans la galerie de l’utilisateur. Or, les « Instastories » sont désormais
devenues presqu’aussi importantes que les « posts ». Beaucoup d’individus utilisent
aussi ce biais pour partager leur alimentation.
Il est aussi important de noter que nous n’avons pas présenté que des images
représentant de la nourriture saine dans notre questionnaire. En effet, sur les sept
photos de notre corpus, deux représentent des plats non sains.

Pour obtenir des résultats plus fiables, nous suggérons un autre format d’enquête qui
pourrait être plus pertinent. Une étude longitudinale permettrait de mesurer le niveau
d’estime de soi et le bien-être général des répondants de manière plus représentative.
De plus, l’idéal serait de procéder à une expérience « en personne », où l’enquêté
consulterait son propre fil d’actualité Instagram et rapporterait simultanément ses
ressentis et attitudes à un enquêteur.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 63


III. ANALYSE DE DONNEES DE L’HYPOTHESE 2

Pour rappel, notre hypothèse 2 est la suivante :

« L’attitude des jeunes femmes est plus favorable face à des photos Instagram
représentant de la nourriture saine que face à des photos représentant de la
nourriture considérée comme non saine »

1. R ESULTATS

Pour les résultats de cette hypothèse, nous utilisons les réponses obtenues dans la
partie III de notre questionnaire. Nous avons présenté deux photos de nourriture saine
et deux photos de nourriture considérée comme non saine à nos répondantes. A
chaque image étaient associées 6 questions mesurant les attitudes des enquêtées.
Pour chacune des questions, nous avons proposé la même échelle de réponse allant
de 1 (Pas du tout d’accord) à 5 (Tout à fait d’accord). Un score de 30 correspond donc
à une attitude très favorable et 6 à une attitude défavorable.

Résultats : Plat 1

Score total

Score d’attitude moyen de notre échantillon

23,33 / 30
Figure 28 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 1.

Le Plat 1 a obtenu un score d’attitude moyen de 23,33 sur 30. En observant notre
échantillon plus en détail, nous constatons que le score d’attitude le plus bas est de
11 et que le plus haut s’élève à 30.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 64


3 dimensions de l’attitude : scores détaillés

Comme explicité dans notre partie V « Méthodologie », nous avons formulé deux
questions pour chacune des trois dimensions composant l’attitude : affective, cognitive
et conative. Chaque dimension peut donc totaliser un score allant de 2 à 10.

Score affectif moyen Score cognitif moyen Score conatif moyen

8,21 7,92 7,20


Figure 29 : Scores de chacune des 3 dimensions composant l'attitude attribués au Plat 1.

Le tableau ci-dessus nous permet de constater que la dimension affective est


faiblement supérieure aux deux autres. Ainsi, nos répondantes paraissent avoir
apprécié la photographie et le plat présentés pour le Plat 1. Le score conatif est le plus
bas des trois. Notre échantillon semble avoir une intention de consommer le Plat 1 un
peu moins forte que le degré d’appréciation qu’il démontre à son égard.
Afin d’en apprendre plus, nous avons procédé à une comparaison des dimensions
entre elles.

Comparaison entre les dimensions affective et cognitive

Au vu des chiffres présentés dans le tableau précédent, la variation entre les scores
affectif et cognitif moyens est de -0,29.
La comparaison entre les scores affectif et cognitif obtenus par le Plat 1 montre qu’il
peut y avoir une différence plus ou moins importante entre ces dimensions.

Pour réaliser cette comparaison nous avons procédé à l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score cognitif

PLAT 1 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET COGNITIF
70 66
65
60
55
50
45
40 34
35
30
25 19
20 15
15 9
10
2 4 4
5 0 1 1 0 1
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6

Figure 30 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 1.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 65


Ainsi, tous les intervalles se trouvant en-dessous de zéro expriment une dimension
cognitive plus forte que la dimension affective. Réciproquement, les intervalles se
trouvant au-dessus de zéro traduisent une dimension affective plus forte que la
dimension cognitive.

Lorsque le score cognitif est plus haut que le score affectif, cela signifie que le degré
de connaissance d’un objet d’attitude est plus important que le degré d’appréciation.
Dans le cas du Plat 1, un score cognitif plus haut veut dire que la répondante sait que
la nourriture présentée est saine et bonne pour la santé même si elle l’apprécie de
manière moins importante.

Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que la différence entre les scores
affectif et cognitif se répartit de -5 à +6.
66 de nos répondantes ne présentent aucune variation entre les deux dimensions. En
revanche, 32 d’entre elles montrent un degré de connaissance un peu plus haut que
le degré d’appréciation. Enfin, 58 personnes de notre échantillon manifestent une
dimension affective un peu plus importante que la cognitive.

Comparaison entre les dimensions affective et conative

Au vu des chiffres présentés dans la Figure 29, les scores affectif et conatif moyens
diffèrent de -1,01. Cette différence est plus importante que celle trouvée entre les
dimensions affective et cognitive.

La comparaison entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score conatif

PLAT 1 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET CONATIF
70
65
60
55
50
47
45
37
40 34
35
30
25
20 14 12
15
10 5 4
5 0 1 1 1 0 0
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6

Figure 31 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 1.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 66


De même que pour le graphique précédent, les intervalles plus petits que zéro
traduisent une dimension conative plus forte que la dimension affective et ceux
supérieurs à zéro expriment une dimension affective plus forte que la dimension
conative.
Lorsque le score conatif est plus haut que le score affectif, cela signifie que l’intention
à l’égard de l’objet d’attitude concerné est plus favorable que le degré d’appréciation.
Pour le Plat 1, un score conatif plus haut veut dire que même si la répondante apprécie
plus ou moins la nourriture représentée, son intention de la consommer est plus forte.

Pour le Plat 1, 47 répondantes obtiennent des scores affectif et conatif similaires. Elles
apprécient l’assiette présentée et se projettent en train de la consommer de manière
égale. 17 enquêtées manifestent une dimension conative plus favorable que la
dimension affective. Enfin, 92 répondantes montrent un degré d’appréciation plus fort
que leur intention.

Comparaison entre les dimensions cognitive et conative

En nous référant aux scores moyens cités plus haut, la variation entre les scores
cognitif et conatif est de -0,72.

La comparaison détaillée entre les scores cognitif et conatif est basée sur l’opération
suivante :

Score cognitif (moins) Score conatif

PLAT 1 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES COGNITIF ET CONATIF
70 63
65
60
55
50
45 40
40
35
30
25
22
20
15
12 11
10 4 4
5 0 0 0 0 0 0
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6

Figure 32 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 1.

La logique est la même que pour les graphiques précédents. Les intervalles au-dessus
de zéro traduisent une dimension cognitive plus forte que la dimension conative. Ceux
inférieurs à zéro expriment une dimension conative plus favorable.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 67


Lorsque le score cognitif est plus élevé que le conatif, cela signifie que le degré de
connaissance est plus important que l’intention envers un objet d’attitude. Pour le Plat
1, cela veut dire que les répondantes savent et sont conscientes que la nourriture
présentée est saine et bonne pour la santé mais que leur intention de la consommer
est moins forte que ce niveau de connaissance.

Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que 63 de nos répondantes


présentent des scores cognitif et conatif similaires. 77 personnes, soit la moitié de
l’échantillon, présentent un degré de connaissance supérieur à leur intention envers le
Plat 1. Enfin, 16 répondantes montrent une intention de consommer le Plat 1 plus
importante que leur degré de connaissance.

Synthèse

De manière générale, nous observons qu’une grande partie de nos répondantes


apprécie l’assiette présentée et est consciente que celle-ci constitue un plat équilibré
et bon pour la santé. Beaucoup manifestent également l’intention de la consommer.
Cependant, 92 répondantes expriment un niveau d’appréciation plus important que
leur intention à l’égard du Plat 1. De même, 77 répondantes indiquent un niveau de
connaissance plus fort que leur intention. Ainsi, bien qu’elles aiment et sachent qu’elles
devraient consommer cette assiette dans le cadre d’une alimentation saine et
équilibrée, elles paraissent un peu moins enclines à passer à l’action.

Résultats : Plat 2

Score total

Score d’attitude moyen de notre échantillon

14,33 / 30
Figure 33 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 2.

Le Plat 2 a obtenu un score d’attitude moyen de 14,33 sur 30. En nous penchant sur
notre échantillon plus en détail, nous observons que le score d’attitude le plus bas est
de 6 et que le plus haut s’élève à 24.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 68


3 dimensions de l’attitude : scores détaillés

Score affectif moyen Score cognitif moyen Score conatif moyen

7,51 2,81 4,02


Figure 34 : Scores de chacune des 3 dimensions composant l'attitude attribués au Plat 2.

Ce tableau nous permet d’observer que la dimension affective est beaucoup plus forte
que les deux autres dimensions. De même, le score conatif est plus haut que le score
cognitif. Ainsi, notre échantillon semble apprécier le hamburger représenté dans le Plat
2 mais être conscientes qu’il ne constitue pas une assiette équilibrée et bonne pour la
santé. Cependant, si en moyenne nos répondantes paraissent savoir ceci, elles
présentent tout de même une intention de consommer le hamburger plus forte que
leur niveau de connaissance.

Comparaison entre les dimensions affective et cognitive

La figure 34 montre que la variation entre les scores affectif et cognitif est de -4,70. La
dimension cognitive est donc beaucoup moins favorable au Plat 2 que la dimension
affective.

A nouveau, la comparaison entre ces deux scores est basée sur l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score cognitif

PLAT 2 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET COGNITIF
40
35 31
30 26
25
23
20 17
14 15
15
13
10
8 8
5
0 0 1 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 35 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 2.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 69


Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que la différence entre les scores
affectif et cognitif se répartit entre -2 et +8.
Ici, seules 8 de nos répondantes manifestent un degré d’appréciation et de
connaissance similaire. 147 personnes, soit l’immense majorité de notre échantillon,
obtiennent un score affectif plus important que le score cognitif. Les intervalles les plus
importants réunissent le plus de répondantes. En revanche, une seule personne
présente un degré d’appréciation moins fort que son niveau de connaissance.
En nous penchant sur ses données, nous remarquons que cette répondante (n°33) a
sélectionné « Pas du tout d’accord » pour toutes les questions. Son attitude est donc
entièrement défavorable envers le hamburger présenté. A la question « Je
recommanderais ce plat à quelqu'un souhaitant adopter une alimentation équilibrée »,
la répondante a coché « Ni d’accord ni pas d’accord », manifestant ainsi son désir de
ne pas se prononcer à ce sujet. On peut donc considérer que le niveau de
connaissance qu’elle montre n’est en réalité pas plus important que son niveau
d’appréciation.

Comparaison entre les dimensions affective et conative

La variation entre les scores affectif et conatif moyens est de -3,49, soit un peu moins
importante qu’entre les scores affectif et cognitif.

Notre comparaison entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération
suivante :

Score affectif (moins) Score conatif

PLAT 2 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET CONATIF
40
35 32 32
30
28
24
25
20
15
13
10 10
10
5
5 2
0 0 0 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 36 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 2.

Le graphique nous permet d’observer que seules 10 personnes de notre échantillon


présentent des scores affectif et conatif égaux. Aucune de nos répondantes ne

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 70


présente une intention de consommer le Plat 2 plus forte que le degré d’appréciation.
En revanche, elles sont 146 à manifester une dimension affective plus importante que
la dimension conative.

Comparaison entre les dimensions cognitive et conative

La variation entre les scores cognitif et conatif moyens est de 1,21. En moyenne, la
dimension conative de notre échantillon est donc un peu plus forte que la dimension
cognitive.

Comme pour les précédentes comparaisons, celle-ci est basée sur l’opération
suivante :

Score cognitif (moins) Score conatif

PLAT 2 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES COGNITIF ET CONATIF
50
44
45
40
31 33
35
30
24
25
20
15 10 10
10
4
5 0 0 0 0 0 0
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6

Figure 37 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 2.

Le graphique nous permet d’observer que les intervalles de différence se concentrent


entre -4 et +2. Il nous montre que 44 personnes totalisent un score cognitif égal à leur
score conatif. 14 enquêtées manifestent une dimension cognitive plus forte que leur
dimension conative. Celles-ci semblent donc savoir que ce plat n’est pas équilibré et
bon pour la santé et avoir une faible intention, voire pas l’intention du tout, de le
consommer.
En revanche, 98 de nos répondantes, soit plus de la moitié, présentent une dimension
conative plus favorable que leur dimension cognitive. Si elles peuvent être conscientes
que le hamburger présenté n’est pas un plat bon pour leur santé, elles manifestent
tout de même une intention de le consommer qui surpasse ce niveau de connaissance.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 71


Synthèse

Le Plat 2 représente ce qu’on pourrait appeler un « plat-plaisir ». Ce plaisir peut être


virtuel comme réel.
En effet, nos résultats sont en adéquation avec la définition du « food porn » que nous
avons définie dans notre chapitre 2.7 « Représentation de l’alimentation ». L’image du
hamburger est appétissante et semble servir de « nourriture virtuelle » à nos
répondantes. Elles apprécient voir l’image mais n’ont pas pour autant l’intention
d’ingérer la nourriture représentée. Le plaisir reste donc virtuel.

Pour ce qui est du plaisir réel, nos répondantes semblent prêtes à consommer le Plat
2 malgré le fait qu’elles sachent qu’il ne représente pas une assiette équilibrée. Elles
relâchent ainsi le contrôle qu’elles peuvent exercer sur leur alimentation et s’autorisent
à manger un tel plat. Ceci nous ramène à la définition d’une alimentation équilibrée
que nous avons explicitée dans notre chapitre 2.6 « Sur l’alimentation et ses
pratiques ». Une alimentation équilibrée n’exclut aucun aliment mais repose plutôt sur
le principe de la juste mesure. On peut manger de tout, à condition que cela soit fait
dans des quantités adaptées. Ainsi, consommer sporadiquement un hamburger ne
signifie en aucun cas avoir une alimentation non équilibrée.

Résultats : Plat 3

Score total

Score d’attitude moyen de notre échantillon

22,19 / 30
Figure 38 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 3.

Le Plat 3 a obtenu un score d’attitude moyen de 22,19 sur 30. En observant notre
échantillon plus en détail, nous constatons que le score d’attitude le plus bas est de
12 et que le plus haut s’élève à 30.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 72


3 dimensions de l’attitude : scores détaillés

Score affectif moyen Score cognitif moyen Score conatif moyen

6,53 8,31 7,36


Figure 39 : Scores de chacune des 3 dimensions composant l'attitude attribués au Plat 3.

En observant les scores moyens ci-dessus, nous constatons que la dimension


cognitive est plus forte que les deux autres. Contrairement aux Plat 1 et Plat 2, ici le
score affectif moyen est le plus bas des trois. Ceci peut s’expliquer par le fait que
l’image présentée est de moins bonne qualité que les deux précédentes. De plus, la
présentation de l’assiette est également un peu moins soignée. En sélectionnant cette
photo pour le Plat 3, nous souhaitions observer si ces deux aspects jouaient un rôle
dans l’appréciation de nos répondantes. Les chiffres obtenus nous montrent que c’est
le cas.

Comparaison entre les dimensions affective et cognitive

Les chiffres obtenus nous permettent d’observer une variation entre les scores affectif
et cognitif de 1,78.
La comparaison détaillée entre les dimensions est toujours basée sur l’opération
suivante :

Score affectif (moins) Score cognitif

PLAT 3 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET COGNITIF
40
35
35
30
28 28
25
19
20
14
15
8 9
10
5 5
5 2 2 1 0
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Figure 40 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 3.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 73


Selon le graphique ci-dessus, les intervalles de différence entre les scores affectif et
cognitif s’étalent de -8 à +3. Au sein de notre échantillon, 35 répondantes présentent
des scores affectif et cognitif moyens égaux. Elles sont 15 à exprimer une dimension
affective plus forte que leur dimension cognitive. Par contre, 106 répondantes montrent
un degré de connaissance plus important que leur degré d’appréciation à l’égard du
Plat 3. Ainsi, même si elles semblent ne pas trop aimer l’image présentée, elles sont
conscientes que celle-ci montre une assiette équilibrée et bonne pour la santé.

Comparaison entre les dimensions affective et conative

La variation entre les scores affectif et conatif moyens est de 0,83, soit un peu plus
faible qu’entre les scores affectif et cognitif moyens.

Comme pour les autres scores, nous avons procédé à une comparaison basée sur
l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score conatif

PLAT 3 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET CONATIF
50 45
45
39
40
35
29
30
25
20 17
15 11
10 5 7
5 1 0 1 0 1 0
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Figure 41 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 3.

Grâce au graphique ci-dessus, nous observons que la différence entre les scores
affectif et conatif se répartit entre -8 et +3. Parmi nos répondantes, 45 affichent des
dimensions affective et conative égales. 25 d’entre elles obtiennent un score affectif
plus important que leur score conatif. En revanche, elles sont 86 à exprimer une
intention de consommer le Plat 3 plus forte que leur degré d’appréciation.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 74


Comparaison entre les dimensions cognitive et conative

Selon les chiffres cités dans le tableau 39, la variation entre les scores cognitif et
conatif moyens est de -0,95.

Notre comparaison entre les scores cognitif et conatif est basée sur l’opération
suivante :

Score cognitif (moins) Score conatif

PLAT 3 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES COGNITIF ET CONATIF
70 64
65
60
55
50
45
40 33
35
30
25
22
20 14
15 11
6
10
1 1 3 1
5 0 0 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 42 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 3.

A l’aide du graphique, nous constatons que la différence entre les scores cognitif et
conatif se répartit entre -2 et +7. Au sein de notre échantillon, 64 personnes totalisent
des scores cognitif et conatif égaux. Seules 15 personnes présentent un score conatif
plus haut que leur score cognitif. Enfin, 77 de nos répondantes manifestent une
dimension cognitive plus forte que leur dimension conative à l’égard du Plat 3. Si elles
semblent être conscientes que la nourriture présentée est bonne pour leur santé, elles
paraissent moins enclines à réellement la consommer.
Ceci peut avoir un lien avec la qualité de l’image et la présentation de l’assiette qui
sont volontairement moins bonnes que pour les autres plats.

Synthèse

Ici, pour le Plat 3, on retrouve l’idée de contrôle de l’alimentation. Même si leur degré
d’appréciation est plus ou moins fort à l’égard du Plat 3, un grand nombre de nos
répondantes affichent un degré de connaissance et une intention plus fortes encore.
Les résultats observés ici semblent abonder dans le sens suivant : afin de répondre à
l’idéal corporel de minceur, il est nécessaire pour l’individu de contrôler son
alimentation, ce qui signifie ne pas toujours manger que des aliments qui lui font très
plaisir ou l’enthousiasment particulièrement.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 75


Résultats : Plat 4

Score total

Score d’attitude moyen de notre échantillon

18,86 / 30
Figure 43 : Score d'attitude moyen obtenu par le Plat 4.

Le Plat 4 a obtenu un score d’attitude moyen de 18,86 sur 30. En nous penchant plus
en détail sur les réponses données par notre échantillon, nous constatons que le score
d’attitude le plus bas est de 9 et que le plus haut s’élève à 30.

3 dimensions de l’attitude : scores détaillés

Score affectif moyen Score cognitif moyen Score conatif moyen

8,83 4,30 5,73


Figure 44 : Scores de chacune des 3 dimensions composant l'attitude attribués au Plat 4.

Comme pour le Plat 2, nous constatons ici que le score affectif moyen est beaucoup
plus élevé que les deux autres scores. Le score conatif moyen est faiblement supérieur
au score cognitif. Ainsi, de même que pour le hamburger du Plat 2, notre échantillon
semble fortement apprécier la pizza présentée dans le Plat 4. Cependant, nos
enquêtées paraissent être conscientes qu’un tel met n’est pas ce qu’il y a de meilleur
pour leur santé. En revanche, comme pour le hamburger, nos répondantes présentent
tout de même une intention de consommer la pizza plus forte que leur niveau de
connaissance.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 76


Comparaison entre les dimensions affective et cognitive

Au moyen des chiffres cités dans le tableau 44, nous pouvons établir une variation
entre les scores affectif et cognitif moyens de -4,53.

Pour réaliser la comparaison de ces deux scores, nous avons procédé à l’opération
suivante :

Score affectif (moins) Score cognitif

PLAT 4 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET COGNITIF
40
35
35
30
25 22
20 19 20
20
18
15
10
10 7
5
5
0 0 0 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 45 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Plat 4.

Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que 7 répondantes ont obtenu des
scores affectif et cognitif égaux et qu’aucune ne présente un score cognitif plus fort
que le score affectif. En revanche, elles sont 149 à manifester un degré d’appréciation
plus important que le degré de connaissance à l’égard du Plat 4.

Comparaison entre les dimensions affective et conative

La variation entre les scores affectif et conatif moyens est de -3,10. Comme pour les
résultats précédents, nous avons procédé à une comparaison entre les scores affectif
et conatif sur la base de l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score conatif

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 77


PLAT 4 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE
LES SCORES AFFECTIF ET CONATIF
50
43
45
40
35
30 27 26
25 20
20 14 13
15 9
10 4
5 0 0 0 0 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 46 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Plat 4.

Grâce au graphique ci-dessus, nous pouvons observer que 9 répondantes présentent


des scores affectif et conatif similaires et que personne ne montre une dimension
conative plus importante que la dimension affective. Par contre, au sein de notre
échantillon, 147 personnes manifestent un degré d’appréciation plus élevé que
l’intention de consommer la pizza présentée en Plat 4.

Comparaison entre les dimensions cognitive et conative

Entre les scores cognitif et conatif moyens, nous observons une variation de 1,43.
Nous nous sommes penchés plus en détails sur ces scores et avons procédé à une
comparaison au moyen de l’opération suivante :

Score cognitif (moins) Score conatif

PLAT 4 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES COGNITIF ET CONATIF
50
45 39
40 37
35 32
30 26
25
20
15 9 8
10
2 3
5 0 0 0 0 0
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6

Figure 47 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Plat 4.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 78


En observant le graphique ci-dessus, nous constatons que 32 personnes de notre
échantillon montrent des scores cognitif et conatif égaux. 11 répondantes manifestent
un score cognitif un peu plus élevé que le score cognitif (intervalles 1 et 2). Ces
personnes paraissent savoir que la pizza ne constitue pas un plat sain, bon pour la
santé, et manifestent une intention de la consommer très faible.
Enfin, 113 de nos enquêtées expriment une intention de consommer le Plat 4 plus
forte que le degré de connaissance manifesté à son égard. Comme c’était le cas pour
le hamburger du Plat 2, les répondantes paraissent savoir que la pizza n’est pas un
plat équilibré mais montrent néanmoins une intention de la consommer plus importante
que ce niveau de connaissance.

Synthèse

Pour le Plat 4, nous pouvons formuler les mêmes remarques qu’à l’égard du Plat 2. La
pizza peut également être qualifiée de « plat-plaisir ». L’image seule rentre dans la
catégorie du « food porn » et procure un plaisir virtuel. Le plat réel peut quant à lui
constituer une entorse faite au contrôle exercé sur l’alimentation.

Comparaison entre les Plats 1, 2, 3 et 4

Après avoir détaillé les résultats obtenus pour chacune des quatre images présentées
dans le cadre de notre hypothèse 2, nous allons maintenant procéder à une
comparaison des Plats 1 à 4 entre eux.

PLAT 1 PLAT 2 PLAT 3 PLAT 4

Score d’attitude moyen 23,33 14,33 22,19 18,86

Score affectif moyen 8,21 7,51 6,52 8,83

Score cognitif moyen 7,92 2,81 8,31 4,30

Score conatif moyen 7,20 4,02 7,36 5,73


Figure 48 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes moyens obtenus par les Plats 1 à 4.

Le tableau ci-dessus récapitule les scores d’attitude moyens obtenus par chacun des
quatre clichés. Les scores moyens de chaque composante attitudinale apparaissent
également.

En observant les scores d’attitude moyens obtenus par les Plat 1 à 4, nous pouvons
affirmer que les attitudes de notre échantillon sont plus favorables envers les Plats 1

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 79


et 3 (sains), respectivement 23,33 et 22,19, qu’envers les Plats 2 et 4 (non sains),
respectivement 14,33 et 18,86.

Le Plat obtenant les attitudes les plus favorables est le n°1 (23,33). Le n°3 se place un
peu en-dessous (22,19). Nous nous attendions à un tel résultat car comme expliqué
précédemment, la qualité de l’image et la présentation de l’assiette ont une influence.
La différence principale entre les Plats 1 et 3 se situe d’ailleurs au niveau de la
dimension affective. Nos répondantes ont nettement moins apprécié l’image et
l’assiette présentées pour le n°3.

A l’inverse, le Plat recueillant les attitudes les plus défavorables est le n°2 (14,33).
Pour rappel, cette image représente un hamburger. Le n°4 se situe assez largement
au-dessus avec un score de 18,86. Ce dernier montre une pizza. Nous nous
attendions à obtenir un tel résultat car comme nous l’avions mentionné dans notre
chapitre 5.5. « Présentation du corpus de photographies », le hamburger est assez
généralement associé à la « malbouffe » et aux fast-food.

Concernant la dimension affective, nous observons que le score moyen le plus élevé
est celui du Plat 4 (8,83). Ainsi, nos répondantes se montrent plus enthousiastes à
l’égard de la pizza qu’à celui des autres plats. Le score moyen le plus bas est quant à
lui attribué au Plat 3 (6,52) le moins bien présenté de notre corpus. De manière
générale, la dimension affective manifestée par notre échantillon est plutôt favorable
à toutes les photos auxquelles nous l’avons exposé.
Pour ce qui est de la dimension cognitive, nous constatons que le score le plus élevé
est obtenu par le Plat 3 (8,31) et le plus bas par le Plat 2 (2,81). Le hamburger est
donc la nourriture considérée comme la moins saine, conformément à l’image qu’il
véhicule.
Enfin, au sujet de la dimension conative et des intentions comportementales, le score
moyen le plus élevé est celui du Plat 3 (7,36). C’est le Plat 2 qui obtient le plus bas. A
nouveau, le hamburger constitue l’assiette qui réunit le moins d’intentions favorables.

Paradoxalement, l’assiette présentée en Plat 3 est celle qui plait le moins à nos
répondantes et en même temps celle qu’elles considèrent comme la plus équilibrée et
bonne pour la santé et envers laquelle elles manifestent le plus d’intentions favorables.
Ceci s’inscrit dans l’idée du contrôle de l’alimentation. Pour correspondre à l’idéal
corporel de minceur, nos répondantes se tournent vers des plats qu’elles savent sains
et équilibrés, même si ce ne sont pas ceux qui leur font le plus envie. Elles contrôlent
donc leurs pulsions et désirs naturels pour se conformer à une alimentation qui leur
sera bénéfique et leur permettra de respecter les normes sociales de beauté.

Enfin, il est important de noter l’écart entre les scores cognitif et conatif moyens de nos
Plat 2 et 4. Pour ces deux assiettes, nos répondantes les considèrent comme moins
saines mais affichent une intention de les consommer qui surpasse ce degré de
connaissance. Ici, on retrouve l’idée « d’alimentation plaisir ». Les répondantes
semblent prêtes à relâcher le contrôler qu’elles exercent sur leur alimentation pour
céder à leurs envies. Comme mentionné plusieurs fois auparavant, une alimentation
équilibrée peut tout à faire inclure ce type de plats, à condition que cela soit fait en
quantités limitées.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 80


Influence des variables démographiques

Comme mentionné dans notre chapitre 2.6 « Sur l’alimentation et ses pratiques », les
classes supérieures affichent des préférences pour des aliments sains et légers, qui
permettent de maintenir la forme physique dont elles prennent soin (Boltanski, 1971).
Nous avons souhaité vérifier si cette affirmation formulée dans les années 1970 était
toujours vraie et avons donc procédé à une analyse des attitudes de notre échantillon
à la lumière de leur niveau de formation et catégorie-socioprofessionnelle. Nous avons
également inclus une analyse en fonction de l’âge de nos répondantes.

Remarque : les zones grisées correspondent à des chiffres représentant 3% et moins


de notre échantillon. Ceux-ci doivent donc être pris avec précaution.

L’âge

Age Plat 1 Plat 2 Plat 3 Plat 4

16 26,00 18,00 25,00 19,00


17 21,00 13,00 16,67 21,00
18 24,67 15,67 23,67 20,00
19 24,80 10,80 23,60 22,40
20 25,00 16,33 20,67 19,89
21 23,22 13,56 23,67 18,67
22 24,00 10,75 25,13 16,50
23 21,71 14,93 21,93 17,50
24 22,83 16,11 20,06 19,78
25 23,26 14,60 21,83 19,03
26 23,32 13,96 23,24 17,92
27 22,71 13,43 22,29 17,00
28 24,75 14,13 23,88 20,50
29 23,45 14,27 21,64 19,18
Figure 49 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes moyens obtenus par les Plats 1 à 4 selon l'âge
des répondantes.

Le tableau ci-dessus reprend les scores d’attitudes moyens totalisés par chacune des
quatre images en fonction de l’âge de nos répondantes.
A première vue, les scores semblent peu différer de la moyenne. La tendance
observée semble être suivie : les Plats 1 et 3 recueillent des attitudes plus favorables
que les Plats 2 et 4. Cependant, nous avons relevé quelques variations qui méritent
d’être commentées.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 81


Tout d’abord, le groupe « 16 ans » présente des attitudes sensiblement plus favorables
que la moyenne pour les Plat 1 à 3 (respectivement +2,67, +3,67 et +2,81). Il suit
néanmoins la tendance moyenne en manifestant une attitude plus favorable à l’égard
des plats sains que des plats non équilibrés.
Le groupe « 17 ans » se montre plus favorable envers le Plat 4 (21) que le Plat 3
(16,67). De plus, nous remarquons que leur attitude envers le Plat 1 et le Plat 4 sont
égales (21). Ici, la tendance de notre échantillon n’est pas suivie : les attitudes envers
les plats sains ne sont pas forcément plus favorables qu’envers les plats non sains. Il
est important de signaler que cette catégorie ne compte que 3 personnes. Ainsi, nos
observations peuvent être davantage liées aux goûts personnels qu’à l’âge de nos
répondantes.

Pour le groupe « 19 ans », nous remarquons qu’il manifeste une attitude moins
favorable que la moyenne envers le hamburger du Plat 2 (10,80 soit -3,53 par rapport
à la moyenne) mais que son score d’attitude envers la pizza du Plat 4 est plus élevé
que la moyenne (22,40 soit +3,54). Les Plats 1, 2 et 4 recueillent ainsi des attitudes
presque similaires (respectivement 24,80, 23,60 et 22,40). Ces résultats sont un peu
surprenants : les 5 personnes de ce groupe semblent donc presqu’aussi favorables
envers la pizza qu’envers des plats plus sains.

Enfin, le groupe « 22 ans » affiche une attitude moins favorable que la moyenne envers
le Plat 2 (10,75) et plus favorable que la moyenne à l’égard du Plat 3 (25,13). De ce
fait, cette catégorie présente des attitudes nettement plus favorables pour les plats
sains que pour les plats non sains.

Pour la majorité de notre échantillon, les attitudes moyennes sont plus favorables
envers les plats sains que les plats non sains et semblent varier assez faiblement par
rapport à la moyenne sans qu’un lien avec l’âge soit clairement identifiable.

Niveau de formation

Niveau de formation Plat 1 Plat 2 Plat 3 Plat 4

Ecole obligatoire 24,80 16,40 21,00 19,80

Apprentissage 23,20 16,80 22,00 20,40

Maturité / Baccalauréat 24,63 14,63 22,71 20,71


Universités et Hautes
23,13 14,08 22,33 18,37
Ecoles
Autre 20,00 14,50 16,75 19,00
Figure 50 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes moyens obtenus par les Plats 1 à 4 selon le
niveau de formation des répondantes.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 82


Ce tableau recense les scores d’attitudes moyens de notre échantillon en fonction du
niveau d’éducation des répondantes.

Nous remarquons que les variations les plus importantes par rapport à la moyenne
concernent la catégorie « Autre » pour les Plats 1 et 3. En effet, ce groupe affiche des
attitudes nettement moins favorables que la moyenne de notre échantillon à l’égard
des Plats 1 (20) et 3 (16,75). En revanche les attitudes envers les plats moins sains
restent proches de la moyenne. Il en résulte que ce groupe est plus favorable au Plat
4 qu’au Plat 3 et qu’il présente des attitudes presque similaires envers les Plats 1 et 3.
Néanmoins, ces chiffres sont à relativiser. En effet, la catégorie « Autre » ne compte
que 4 personnes. De plus, nous ne pouvons pas lier ces observations à un niveau
d’éducation particulier.

D’autres variations assez importantes sont observées chez le groupe


« Apprentissage ». Les personnes de ce groupe affichent des attitudes plus favorables
que la moyenne à l’égard des Plats 2 et 4 (non sains) et légèrement inférieures à la
moyenne pour les Plats 1 et 4. Ainsi, même si ces répondantes sont plus favorables
aux plats sains qu’aux plats non équilibrés, l’écart entre ces deux types de plats est
moins important que la moyenne de notre échantillon. A nouveau, il s’agit d’un groupe
restreint de 5 personnes. Cette observation ne peut donc pas être généralisée.

Pour cette hypothèse 2, il semble que le niveau d’éducation n’exerce pas d’influence
clairement identifiable sur les attitudes de notre échantillon à l’égard des images que
nous lui avons présentées. Nos répondantes affichent des attitudes plus favorables
envers les plats sains que les plats non sains indépendamment de leur niveau de
formation.

Catégorie socio-professionnelle (CSP)

Catégorie socio-
Plat 1 Plat 2 Plat 3 Plat 4
professionnelle

1. Dirigeante 24,50 14,50 23,00 19,50


Professions libérales et
2. 24,67 14,00 24,00 18,83
assimilées
3. Autres indépendantes 21,60 14,80 22,20 19,00
Professions
4. 25,00 14,00 20,40 18,60
intellectuelles et
d'encadrement
Professions
5. 25,50 9,50 24,50 14,00
intermédiaires
6. Employée 22,75 14,96 22,00 18,40

7. Ouvrière 25,00 18,00 27,00 21,00


Travailleuse non
8. 24,00 18,00 20,00 17,00
qualifiée

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 83


9. Apprentie 21,00 10,00 23,00 16,00

10. Sans emploi 21,20 7,20 25,60 15,20

11. En formation 23,59 14,43 21,86 19,56

12. Au foyer 24,00 13,00 23,00 13,00

13. Autre 24,00 15,22 22,56 19,89


Figure 51 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes moyens obtenus par les Plats 1 à 4 selon le
CSP des répondantes.

Enfin, ce dernier tableau présente les scores d’attitudes moyens de notre échantillon
en fonction de leur catégorie socio-professionnelle.

Tout d’abord, nous remarquons que la catégorie « Ouvrière » manifeste des attitudes
plus favorables que la moyenne à l’égard de toutes les images (entre 18 et 27). La
tendance observée est néanmoins suivie : les plats sains recueillent des attitudes très
favorables (25 et 27) et les plats non sains des attitudes moins favorables (18 et 21).
Ces chiffres ne concernent en réalité qu’une seule personne, laquelle semble assez
voire très enthousiaste envers les quatre assiettes présentées.

Ensuite, pour la catégorie « Professions intermédiaires » nous constatons des


attitudes particulièrement favorables envers les plats sains (25,5 et 24,5). En revanche
les attitudes de ce groupe à l’égard des plats non sains sont largement en-dessous de
la moyenne (9,5 et 14). Ainsi, l’écart entre ces deux types de plats est beaucoup plus
marqué pour ce groupe de personnes que pour le reste de l’échantillon. A nouveau, il
s’agit d’une catégorie concernant seulement deux personnes. Nos observations sont
donc marginales et ne peuvent être généralisées.

Pour le hamburger du Plat 2, nous observons que les catégories socio-


professionnelles plus élevées semblent afficher des attitudes un peu moins favorables
que les CSP plus basses. Cette observation n’est cependant pas répétée pour la pizza
du Plat 4.

Pour cette dernière variable démographique, nous arrivons à la même conclusion que
pour les précédentes. La catégorie socio-professionnelle de nos répondantes ne
semble pas jouer un rôle clairement défini dans la formation de leurs attitudes.
En ce qui concerne notre échantillon, l’affirmation de Boltanski est donc dépassée en
2019. Les attitudes de notre échantillon sont plus favorables à l’égard des plats sains
que des plats non sains indépendamment de la catégorie socio-professionnelle de nos
enquêtées. De plus, les attitudes envers les plats sains ne sont pas plus favorables
chez les répondantes ayant indiqué une catégorie socio-professionnelle supérieure.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 84


2. D ISCUSSION
Dans le cadre de notre hypothèse n°2, notre but était de mesurer les attitudes de notre
échantillon à l’égard des Plat 1 à 4. Ensuite, il s’agissait d’effectuer des comparaisons
entre les attitudes recueillies par les plats sains (n°1 et n°3) et les plats non sains (n°2
et n°4). Le résultat attendu était que les attitudes envers les premiers soient plus
favorables que celles envers les seconds.

Pour chaque image, nous avons posé six questions proposant une échelle de
réponses à cinq points. Le score d’attitude maximum est donc de 30 tandis que le
minimum est de 6. Les Plats 1 et 3 ont obtenu des scores d’attitudes moyens de 23,33
et 22,19 tandis que les Plats 2 et 4 affichent des scores de 14,33 et 18,66. Nos attentes
ont donc été confirmées.

Nous nous sommes également penchés sur les trois composantes attitudinales
(affective, cognitive et conative) et avons calculé un score moyen pour chacune. Il
ressort de notre analyse que même si nos répondantes apprécient plus ou moins tous
les plats présentés, leur degré de connaissance est assez important et elles savent
différencier les plats sains des plats non sains. En revanche, leurs intentions sont
parfois plus fortes que leur cognition.
Pour les n°2 et n°4 surtout, certaines de nos répondantes manifestent une intention
de consommer les assiettes présentées qui surpasse leur degré de connaissance.
Elles semblent donc souhaiter se faire plaisir en cédant à leurs envies naturelles même
si elles sont conscientes que le plat n’est pas forcément sain et équilibré. D’autres
personnes de notre échantillon affichent à l’égard de ces plats un degré d’appréciation
plus élevé que leur degré de connaissance sans pour autant avoir l’intention de les
consommer. Ici, le plaisir reste donc virtuel. Nos répondantes se satisfont de l’image
et du plaisir visuel qu’elle leur procure.

Enfin, nous avons également souhaité examiner nos résultats à l’aune de nos
variables démographiques. La tendance de préférer les plats sains aux plats non sains
a été observée pour tous les âges, niveaux de formation et catégories socio-
professionnelles qui composent notre échantillon.

En définitive, nous pouvons valider notre hypothèse 2. Instagram semble donc


influencer les jeunes femmes à préférer les plats sains plutôt que les plats non sains.
Pour ces derniers cependant, le réseau social semble parfois procurer un plaisir virtuel
aux individus, voire leur donner envie de se faire réellement plaisir et les consommer
réellement.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 85


IV. ANALYSE DE DONNEES DE L’HYPOTHESE 3

Pour rappel, notre hypothèse 3 est la suivante :

« Plus le nombre de jugements positifs d’une photo représentant de la nourriture


saine est grand, plus les attitudes des jeunes femmes tendront à se conformer à
ce type d’alimentation »

1. R ESULTATS

Pour les résultats de cette hypothèse, nous utilisons les réponses obtenues dans la
partie IV de notre questionnaire. Nous avons présenté à nos répondantes trois
publications Instagram représentant de la nourriture saine et ayant récolté un total de
mentions « J’aime » plus ou moins important. A chaque image étaient associées 6
questions mesurant les attitudes des enquêtées. Pour chacune des questions, nous
avons proposé la même échelle de réponse allant de 1 (Pas du tout d’accord) à 5 (Tout
à fait d’accord). Un score de 30 correspond donc à une attitude très favorable et 6 à
une attitude défavorable.

Résultats : Post 1

Score total

Score d’attitude moyen de notre échantillon

19,22 / 30
Figure 52 : Score d'attitude moyen obtenu par le Post 1.

Le Post 1 a obtenu un score d’attitude moyen de


19,22 sur 30. En observant notre échantillon plus en
détail, nous constatons que le score d’attitude le
plus bas est de 7 et que le plus haut s’élève à 30.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 86


3 dimensions de l’attitude : scores détaillés

Comme nous l’avons exposé dans notre partie V « Méthodologie », nous avons créé
deux questions pour chacune des trois composantes attitudinales : affective, cognitive
et conative. Chaque dimension peut donc totaliser un score allant de 2 à 10.

Score affectif moyen Score cognitif moyen Score conatif moyen

5,35 7,54 6,33


Figure 53 : Scores de chacune des 3 dimensions composant l'attitude attribués au Post 1.

Grâce au tableau ci-dessus, nous observons que la dimension cognitive est la plus
forte (7,54), suivie par la dimension conative (6,33) et affective (5,35). Le score affectif
moyen est donc le plus bas des trois. Comme pour le Plat 3 précédemment examiné,
ceci peut s’expliquer par le fait que la qualité de l’image et la présentation de l’assiette
sont un peu moins bonnes que pour les autres clichés présentés dans notre
questionnaire.

Pour cette hypothèse, nous avons à nouveau procédé à une comparaison détaillée
des trois dimensions de l’attitude.

Comparaison entre les dimensions affective et cognitive

La variation entre les scores affectif et cognitif moyens est de 2,19. Pour réaliser cette
comparaison nous avons procédé à l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score cognitif

POST 1 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET COGNITIF
40
35 32
30
30
25
25 22
20 16 17
15
10
4 5
5
3 2
0 0 0
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Figure 54 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Post 1.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 87


Le graphique ci-dessus nous permet d’observer que la différence entre les scores
affectif et cognitif se répartit entre -8 et +2. Au sein de notre échantillon, 32
répondantes affichent une dimension affective égale à leur dimension cognitive.
Seules 7 personnes manifestent un degré d’appréciation envers le Post 1 légèrement
supérieur à leur degré de connaissance (intervalles 1 et 2). En revanche, 117
répondantes présentent un score cognitif supérieur à leur score affectif. Ainsi, même
si elles n’apprécient pas forcément l’image et l’assiette en question, elles semblent
être conscientes qu’elles constituent un plat bon pour la santé.

Comparaison entre les dimensions affective et conative

Selon les chiffres cités dans la Figure 53, la variation entre les scores affectif et conatif
moyens est de 0,98.
Nous avons procédé à la même comparaison que précédemment entre les scores
affectif et conatif au moyen de l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score conatif

POST 1 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET CONATIF
50
45 40 42
40
35 31
30
25
20 17
15 12
10 7
4
5 1 0 0 1 1 0
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Figure 55 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Post 1.

Nous observons que la différence entre les scores affectif et conatif est répartie entre
-8 et +3. Parmi nos répondantes, 42 présentent des scores égaux. 20 personnes
affichent une dimension affective plus forte que leur dimension conative. Enfin, 94
enquêtées expriment une intention de consommer le plat présenté plus importante que
leur degré d’appréciation. Si pour la majorité d’entre elles, cette différence est assez
faible (intervalles -2 et -1), elle est très importante pour la répondante n°48 (intervalle
-8). En nous penchant sur ses réponses, nous remarquons que son score affectif est
de 2, soit le minimum possible. En revanche, les deux autres scores sont de 10
chacun, soit le maximum possible. Ainsi, cette personne n’a pas du tout apprécié le
plat présenté mais elle sait qu’il est bon pour sa santé et exprime une forte intention
de le consommer.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 88


Comparaison entre les dimensions cognitive et conative

Enfin, la variation entre les scores cognitif et conatif moyens est de -1,21. A nouveau,
notre comparaison entre les scores cognitif et conatif est basée sur l’opération
suivante :

Score cognitif (moins) Score conatif

POST 1 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES COGNITIF ET CONATIF
60
57
55
50
45
40
33
35 29
30
25
20 15
15 9
10 4 6
5 0 0 1 1 1 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 56 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Post 1.

Au sein de notre échantillon, 57 répondantes affichent des dimensions cognitive et


conative égales. 10 personnes présentent un score cognitif inférieur à leur score
conatif. En revanche, 89 personnes affichent un degré de connaissance à l’égard du
plat concerné plus fort que leur intention de le consommer. Ainsi, même si elles
paraissent savoir que la nourriture présentée en Post 1 est saine et équilibrée, elles
semblent moins disposées à le consommer.

Synthèse

Le Post 1 semble entrer dans une dynamique de contrôle de l’alimentation. En effet,


notre échantillon exprime un degré d’appréciation plus ou moins élevé pour le plat
présenté mais il affiche un degré de connaissance et une intention à son égard plus
importantes encore. Nos répondantes semblent prêtes à consommer cette assiette
qu’elles savent bonne pour leur santé, même si celle-ci ne les enthousiasme pas
entièrement.
Cette dynamique observée peut être liée au nombre de mentions « J’aime » récoltées
par la publication Instagram : 2651 personnes ont approuvé ce plat. Ainsi, même si
leur sentiment envers celui-ci peut être mitigé, leur raison semble plus forte : ces 2651
personnes n’ont certainement pas tort, il s’agit d’un plat équilibré et bon pour leur santé
qu’elles devraient adopter.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 89


Résultats : Post 2

Score total

Score d’attitude moyen de notre échantillon

24,29 / 30
Figure 57 : Score d'attitude moyen obtenu par le Post 2.

Le Post 2 a obtenu un score d’attitude moyen de 24,29 sur 30. En examinant les
réponses de notre échantillon plus en détail, nous constatons que le score d’attitude
le plus bas est de 6 et que le plus haut s’élève à 30.

3 dimensions de l’attitude : scores détaillés

Score affectif moyen Score cognitif moyen Score conatif moyen

7,83 8,55 7,91


Figure 58 : Scores de chacune des 3 dimensions composant l'attitude attribués au Post 2.

Au moyen du tableau ci-dessus, nous remarquons que la dimension cognitive est la


plus forte parmi les trois, comme c’était le cas pour le Post 1. Par contre le score affectif
moyen (7,83) n’est que très légèrement inférieur au score conatif moyen (7,91). Par
rapport au Post 1, la qualité de l’image du Post 2 reste moyennement bonne tandis
que la présentation de l’assiette est plus soignée. Au vu des scores affectifs moyens
obtenus par les deux contenus, ceci semble faire la différence pour nos répondantes.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 90


Comparaison entre les dimensions affective et cognitive

La variation entre les scores affectif et cognitif moyens est de 0,72, un chiffre assez
faible. Nous avons à nouveau procédé à une comparaison détaillée entre ces scores
au moyen de l’opération suivante :

Score affectif (moins) Score cognitif

POST 2 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET COGNITIF
70
70
65
60
55
50
45
40
35
30 24 26
25
20 14
15
6 5 5
10
2 3 1
5 0 0 0
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Figure 59 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Post 2.

Nous observons que la différence entre les deux scores se répartit entre -6 et +3. Près
de la moitié de notre échantillon (70 personnes) a obtenu des scores affectif et cognitif
égaux. 20 répondantes montrent un score affectif plus élevé que leur score cognitif.
Enfin, 66 personnes manifestent un degré de connaissance plus important que leur
degré d’appréciation à l’égard du Post 2. La majorité d’entre elles (50 personnes)
présente une faible différence entre ces deux composantes (intervalles -1 et -2).

Comparaison entre les dimensions affective et conative

En nous appuyant sur les chiffres donnés dans la Figure 58, nous pouvons établir que
la variation entre les scores affectif et conatif moyens est de 0,08, soit très faible.
Notre comparaison entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération
suivante :

Score affectif (moins) Score conatif

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 91


POST 2 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE
LES SCORES AFFECTIF ET CONATIF
80 80
70
60
50
40
30
26 26
20
9 9
10 1 4 1
0 0 0 0 0
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4

Figure 60 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Post 2.

Entre les scores affectif et conatif, la différence s’étend de -4 et +1. Un peu plus de la
moitié de nos répondantes (80) affiche des scores identiques. Ensuite, le reste de
notre échantillon se répartit de manière plus ou moins égale entre les répondantes
présentant un score affectif supérieur au conatif (36) et celles ayant obtenu un score
affectif inférieur au conatif (40). Les premières semblent apprécier le plat présenté plus
qu’elles n’ont l’intention de le consommer. En revanche, les secondes se projettent en
train de manger ce plat même s’il ne les enthousiasme pas totalement.

Comparaison entre les dimensions cognitive et conative

Enfin, la variation entre les scores cognitif et conatif moyens est de -0,64. Nous avons
effectué la même opération que pour les comparaisons précédentes :

Score cognitif (moins) Score conatif

POST 2 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES COGNITIF ET CONATIF
90 85
80
70
60
50
36
40
30
20 13
7 6 5
10 0 0 2 1 1 0 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 61 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Post 2.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 92


Ce graphique nous permet de voir que 85 de nos répondantes ne présentent aucune
différence entre leurs dimensions cognitive et conative. Seules 9 personnes affichent
un score conatif plus fort que leur score cognitif. Enfin, 62 enquêtées manifestent un
degré de connaissance plus fort que leur intention de consommer le plat présenté en
Post 2. Ainsi, même si elles paraissent savoir que ce dernier constitue un plat équilibré,
elles semblent moins enclines à passer à l’acte et le manger.

Synthèse

Les attitudes autour du plat présenté en Post 2 semblent plus mitigées que pour le
Post 1. Une grande partie de notre échantillon semble apprécier le plat et savoir qu’il
est bon pour leur santé. Cependant, lorsqu’il s’agit de passer à l’acte et de se projeter
en train de le consommer, les avis sont assez partagés pour près de la moitié de nos
répondantes.
Nous supposons que ces résultats peuvent être lié au nombre de mentions « J’aime »
récoltées par la publication Instagram n°2. Le plat a été approuvé par seulement 38
personne, ce qui est peu. Ainsi, certaines de nos répondantes semblent penser que
l’assiette est certes appétissante et bonne pour la santé mais n’ont pas pour autant
l’intention de la consommer.

Résultats : Post 3

Score total

Score d’attitude moyen de notre échantillon

26,30 / 30
Figure 62 : Score d'attitude moyen obtenu par le Post 3.

Le Post 3 a obtenu un score d’attitude moyen de


26,30 sur 30. En observant notre échantillon plus en
détail, nous constatons que le score d’attitude le plus
bas est de 12 et que le plus haut s’élève à 30.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 93


3 dimensions de l’attitude : scores détaillés

Score affectif moyen Score cognitif moyen Score conatif moyen

8,96 8,69 8,65


Figure 63 : Scores de chacune des 3 dimensions composant l'attitude attribués au Post 3.

Les scores moyens observés pour le Post 3 sont les plus hauts de tous ceux que nous
avons relevés pour les sept images de nourriture qui constituent notre corpus. Ici, le
score affectif moyen (8,96) est plus élevé que les scores cognitif (8,69) et conatif (8,65)
moyens. C’est également l’objet d’attitude pour lequel la variation entre les trois scores
moyens est aussi faible.

Comparaison entre les dimensions affective et cognitive

La variation entre les scores affectif et cognitif moyens est de -0,27, soit assez faible.
Pour réaliser une comparaison détaillée entre ces scores, nous avons effectué
toujours la même opération :

Score affectif (moins) Score cognitif

POST 3 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET COGNITIF
100
97
90
80
70
60
50
40
30
16 17
20 10
2 2 5 5 1 1
10 0 0 0 0 0
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 64 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et cognitif
du Post 3.

Le graphique nous permet de constater que 97 personnes de notre échantillon


manifestent une dimension affective aussi forte que leur dimension cognitive. 19
répondantes montrent un score cognitif plus élevé que leur score affectif. Enfin, 40
personnes manifestent un degré d’appréciation plus important que leur degré de

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 94


connaissance à l’égard du plat présenté. Une seule répondante (n°78) affiche un score
affectif plus haut de 8 unités. En nous penchant sur ses réponses, nous constatons
qu’elle totalise un score affectif de 10 et un score cognitif de 2. Ainsi, cette personne
paraît fortement apprécier la salade présentée sur le Post 3 mais ne pas penser qu’elle
constitue un plat équilibré. De plus, elle semble exprimer une intention assez forte de
consommer un tel plat pour un prochain repas (Plutôt d’accord). Cependant, à la
question « Si je souhaitais adopter une alimentation équilibrée, je choisirais ce plat »,
cette répondante a sélectionné « Pas du tout d’accord ».
Ce résultat est étonnant car comme nous l’avions explicité dans notre chapitre V.
« Méthodologie », cette assiette remplit toutes les conditions pour être qualifiée
d’optimale.

Comparaison entre les dimensions affective et conative

Les chiffres obtenus nous permettent d’observer une variation entre les scores affectif
et conatif de -0,31.
La comparaison détaillée entre les scores affectif et conatif est basée sur l’opération
suivante :

Score affectif (moins) Score conatif

POST 3 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES AFFECTIF ET CONATIF
100
90 99
80
70
60
50
40
30 23
20 12 14
10 0 0 0 0 4 1 0 3 0
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6

Figure 65 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores affectif et conatif du
Post 3.

Au sein de notre échantillon, 99 personnes présentent des scores affectif et conatif


égaux. Seules 16 répondantes affichent un score conatif plus important que leur score
affectif. Enfin, 41 personnes manifestent un degré d’appréciation plus important que
leur intention de consommer la salade du Post 3. Cette différence est cependant plutôt
faible (intervalles 1 et 2 surtout).

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 95


Comparaison entre les dimensions cognitive et conative

Enfin, la variation observée entre les scores cognitif et conatif moyens est très faible :
seulement -0,04. Nous avons également effectué une comparaison détaillée entre ces
scores à l’aide de l’opération suivante :

Score cognitif (moins) Score conatif

POST 3 - INTERVALLE DE DIFFÉRENCE ENTRE


LES SCORES COGNITIF ET CONATIF
110
106
100
90
80
70
60
50
40
30 19
20 13
5 7 3
10 0 2 0 0 1 0 0
0
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Figure 66 : Représentation graphique de l'intervalle de différence entre les scores cognitif et conatif
du Post 3.

Ici, un peu plus de deux tiers de notre échantillon affichent des scores cognitif et conatif
identiques (106 personnes). 26 répondantes présentent une intention plus forte que
leur degré de connaissance. Enfin, 24 personnes manifestent un degré de
connaissance plus important que leur intention de consommer le plat.
Seule l’une d’entre elles présente une différence assez importante entre ces deux
scores (+6). En examinant les données de cette répondante (n°54), nous constatons
que son score affectif est de 3, que le cognitif est de 8 et le conatif est de 2. Ainsi, elle
ne semble pas apprécier le plat présenté ni avoir l’intention de le consommer. Elle
parait cependant consciente qu’il constitue une assiette équilibrée. Pour expliquer ce
résultat, le goût personnel est à prendre en compte ici : la personne n’aime
probablement pas ce type de plat.

Synthèse

Le Post 3 obtient une attitude globalement très favorable de la part de notre


échantillon. Beaucoup de nos répondantes semblent beaucoup apprécier la photo et
l’assiette présentées, être conscientes que cette dernière constitue un plat équilibré et
bon pour la santé et manifestent une forte intention de la consommer. Ces résultats
très positifs peuvent s’expliquer non seulement par la bonne qualité de l’image et la

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 96


présentation très soignée de l’assiette mais également par le nombre de mentions
« J’aime » récoltées et le nom associé à la publication Instagram. Comme évoqué
dans notre partie V « Méthodologie », l’auteure de notre Post 3 est Kayla Itsines, une
personnalité et influenceuse digitale importante dans les domaines du sport et de
l’alimentation saine. Elle est en effet considérée comme une référence et un modèle à
suivre par une très large communauté d’abonnés à travers le monde (11,4 millions).
De plus, la salade présentée ici a recueilli un total de 72'390 mentions « J’aime ». Le
chiffre et le nom peuvent exercer une certaine pression à approuver et se conformer
à ce type d’assiette.

Comparaison entre les Post 1, 2 et 3

Maintenant que nous avons détaillé les résultats obtenus pour chacune des trois
publications Instagram soumises à notre échantillon dans le cadre de notre hypothèse
3, nous allons réaliser une comparaison des Post 1, 2 et 3.

POST 1 POST 2 POST 3

Score d’attitude moyen 19,22 24,29 26,30

Score affectif moyen 5,35 7,83 8,96

Score cognitif moyen 7,54 8,55 8,69

Score conatif moyen 6,33 7,91 8,65


Figure 67 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes obtenus par les Posts 1 à 3.

Ce tableau est un récapitulatif des scores d’attitudes moyens totalisés par chacune
des trois publications Instagram. Les scores moyens de chaque dimension de l’attitude
sont également résumés ici.

Nous constatons que le Post 3 est celui ayant recueilli les attitudes les plus favorables
(26,30). Viennent ensuite le Post 2 (24,29) et le Post 1 (19,22). Les résultats du Post
3 étaient attendus : il s’agit de la publication Instagram ayant récolté le plus de
mentions « J’aime » (72'390). En revanche, les chiffres obtenus pour les Post 1 et 2
sont une surprise. En effet, le Post 1 totalisant plus de « likes » que le Post 2
(respectivement 2651 et 38), nous pensions qu’il réunirait des attitudes plus
favorables. Ici, la qualité de l’image et la présentation de l’assiette sont à mettre en
cause. En effet, nous avons déjà mentionné et observé que ces deux variables
revêtaient une importance considérable.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 97


Malgré des totaux de mentions « J’aime » très différents, les Post 2 et 3
(respectivement 38 et 72’390) obtiennent des scores d’attitudes moyens qui ne sont
pas aussi éloignés qu’attendu. En effet, la variation entre ces deux chiffres n’est que
de 2,01 alors que celle entre les Post 1 et 2 est de 5,06.

En nous penchant plus en détails sur les composantes attitudinales, nous observons
que le Post 3 obtient les scores moyens les plus élevés pour chacune d’entre elles. Le
score affectif moyen est de 8,96, le cognitif est de 8,69 et le conatif de 8,65.
Ceci est cohérent avec la qualité de l’image, le dressage de l’assiette, le nombre de
« likes » et l’auteure de la publication Instagram. Le Post 3 représente un plat qui a
été approuvé tant par la leader d’opinion qu’est Kayla Itsines que par toutes les
personnes qui ont attribué un « J’aime » au cliché.

Par ailleurs, nous remarquons que pour chaque publication, les scores moyens de
chaque dimension sont cohérents avec le score d’attitude moyen. Le Post 1 obtient
les scores affectif (5,35), cognitif (7,54) et conatif (6,33) moyens les plus bas du corpus
de notre hypothèse 3. Vient ensuite le Post 2 avec des scores moyens de 7,83
(affectif), 8,55 (cognitif) et 7,91 (conatif). Enfin, comme évoqué plus haut, le Post 3
réunir les scores moyens les plus élevés.

Enfin, nous constatons que pour les Post 1 et 2, le score cognitif est le plus haut, suivi
du conatif puis de l’affectif. Ainsi, même si elles semblent un peu moins enthousiastes
à l’égard de ces plats, nos répondantes savent qu’ils sont sains et émettent une
intention de les consommer qui surpassent leur degré d’appréciation. Ici, nous
retrouvons l’idée de contrôle de l’alimentation déjà maintes fois évoquée. En revanche,
pour le Post 3, nos répondantes semblent aussi enthousiastes que conscientes et
disposées à consommer la salade représentée sur la photo.

Influence des variables démographiques

Comme pour les hypothèses précédentes, nous avons réalisé une analyse des
attitudes de notre échantillon à l’aune de nos variables démographiques : l’âge, le
niveau de formation et la catégorie-socioprofessionnelle.

Remarque : les zones grisées correspondent à des chiffres représentant 3% et moins


de notre échantillon. Ceux-ci doivent donc être pris avec précaution.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 98


L’âge

Age Post 1 Post 2 Post 3

16 20,00 21,00 24,00


17 17,67 22,33 26,33
18 18,00 26,00 25,33
19 20,80 26,00 27,40
20 19,00 24,78 26,22
21 22,78 26,89 27,33
22 21,63 25,63 28,00
23 19,71 23,93 26,00
24 18,22 23,78 27,00
25 18,26 23,14 25,89
26 17,76 23,60 25,76
27 18,71 23,86 26,00
28 23,38 26,50 26,13
29 19,45 25,55 26,36
Figure 68 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes moyens obtenus par les Post 1 à 3 selon l'âge
des répondantes.

Le tableau ci-dessus présente les scores d’attitudes moyens obtenus par les Post 1 à
3 en fonction de l’âge des répondantes.

Nous observons que le groupe « 18 ans » montre une attitude un peu plus favorable
envers le Post 2 (26) que le Post 3 (25,33). Le nombre de mentions « J’aime » semble
donc ne pas influencer les personnes de cette catégorie. La publication affichant le
plus bas nombre de « likes » obtient l’attitude la plus favorable. Ce n’est pas le cas
pour les personnes d’âge proche (16, 17, 19 ans).

La même observation peut être faite au sujet du groupe « 28 ans ». Le Post 2 recueille
une attitude légèrement plus favorable (26,5) que le Post 3 (26,13). Nous remarquons
aussi que le Post 1 obtient une attitude plus favorable que la moyenne (23,38). A
nouveau, le nombre de mentions « J’aime » semble jouer un rôle mineur dans la
formation de l’attitude des répondantes âgées de 28 ans.

Pour le reste de l’échantillon, la tendance de préférer le Post 3 puis le n°2 et le n°1


peut être établie. De plus, les scores d’attitudes moyens varient plus ou moins
fortement par rapport à la moyenne. Ces deux observations semblent pouvoir être
faites sans qu’une influence de l’âge puisse être clairement établie.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 99


Niveau de formation

Niveau de formation Post 1 Post 2 Post 3

Ecole obligatoire 19,40 26,20 28,80

Apprentissage 19,80 23,80 28,00

Maturité / Baccalauréat 20,25 23,88 25,46

Universités et Hautes Ecoles 18,95 24,36 26,37

Autre 20,25 23,00 24,00


Figure 69 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes moyens obtenus par les Post 1 à 3 selon le
niveau de formation des répondantes.

Ce tableau résume les scores d’attitudes moyens associés à chaque publication


Instagram en fonction du niveau de formation de nos répondantes.

En premier lieu, nous constatons que le score du Post 3 de la catégorie « Ecole


obligatoire » est le plus élevé de ceux recensés (28,8). De plus, le groupe manifeste
une attitude plus favorable que la moyenne envers le Post 2 (26,2). En revanche, le
Post 1 obtient un score très faiblement supérieur à la moyenne (19,4). Le nombre de
mentions « J’aime » semble donc avoir peu d’influence sur ces répondantes. Ce serait
plutôt la qualité de l’image et la présentation de l’assiette qui serait à privilégier ici.

Le catégorie « Maturité / Baccalauréat » présente une attitude envers le Post 1 plus


favorable que la moyenne (20,25) mais moins favorable que la moyenne pour les Post
2 (23,88) et 3 (25,46).
La même observation peut être faite pour le groupe « Autre » : le score du Post 1 est
plus haut que la moyenne (20,25) et ceux des Post 2 et 3 sont plus bas
(respectivement 23 et 24). Ici, la différence d’attitude envers les Post 2 et 3 est deux
fois moins importante que la moyenne.
Pour ces deux catégories, bien que l’ordre de préférence ne soit pas bouleversé,
l’écart des scores moyens entre les trois publications est moins important que la
moyenne. Le nombre de mentions « J’aime » semble donc influencer l’attitude de ces
répondantes envers le Post 1.

A nouveau, nous pouvons observer des variations et formuler des commentaires au


sujet de certaines. Cependant, il parait difficile d’établir un lien clair entre le niveau
d’éducation de nos répondantes et leur sensibilité au nombre de mentions « J’aime »
récoltées par nos publications 1, 2 et 3.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 100


Catégorie socio-professionnelle CSP

Catégorie socio-professionnelle Post 1 Post 2 Post 3

Dirigeante 21,50 27,50 30,00


Professions libérales et
16,67 24,00 26,83
assimilées
Autres indépendantes 14,80 22,20 27,20
Professions intellectuelles et
17,60 23,60 26,20
d'encadrement
Professions intermédiaires 20,00 25,50 27,50

Employée 19,42 24,46 25,96

Ouvrière 27,00 25,00 30,00

Travailleuse non qualifiée 15,00 20,00 24,00

Apprentie 14,00 25,00 26,00

Sans emploi 18,60 26,20 25,60

En formation 19,63 24,21 26,31

Au foyer 24,00 23,00 23,00

Autre 19,44 24,11 26,78


Figure 70 : Tableau récapitulatif des scores d'attitudes moyens obtenus par les Post 1 à 3 selon le
CSP des répondantes.

Enfin, ce dernier tableau récapitule les scores d’attitudes moyens des Post 1, 2 et 3
en fonction de la catégorie socio-professionnelle de notre échantillon.

Tout d’abord, nous observons que la catégorie « Ouvrière » est la seule pour laquelle
le score du Post 2 (25) est inférieur au Post 1 (27). De manière générale les scores de
ce groupe sont très hauts (entre 25 et 30). Ici, il semble que le nombre de « likes »
puisse avoir une influence sur l’attitude des répondantes. Néanmoins, cette
observation est à appréhender avec précaution car elle ne concerne qu’une seule
personne qui n’est donc pas représentative de la catégorie « Ouvrière ».
D’autre part, nous constatons que la catégorie « Apprentie » montre un score plus bas
que la moyenne pour le Post 1 (14) et un écart entre les Post 2 (25) et 3 (26) plus faible
que la moyenne. Le nombre de mentions « J’aime » n’a pas l’air d’exercer une
influence sur les attitudes de cette catégorie. Cependant, comme pour la catégorie
« Ouvrière », le groupe « Apprentie » ne représente qu’une seule personne et il est
donc difficile de généraliser notre observation.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 101


Ensuite, le groupe « Au foyer » est le seul affichant un score du Post 1 (24) plus élevé
que les deux autres publications (23). Les Posts 2 et 3 obtiennent un score identique.
Ici, l’unique personne constituant cette catégorie semble insensible au nombre de
« likes ».
Enfin, nous observons que pour la catégorie « Sans emploi », le score du Post 2 (26,2)
est un peu plus élevé que le Post 3 (25,6). En revanche, le Post 1 obtient un score
légèrement inférieur à la moyenne (18,6). A nouveau, le nombre de mentions
« J’aime » parait ne jouer aucun rôle dans la formation des attitudes de nos
répondantes à l’égard des publications 1, 2 et 3.

En définitive cette dernière variable démographique semble ne pas pouvoir être


clairement reliée à une sensibilité plus ou moins importante aux mentions « J’aime »
récoltées par les publications de notre corpus.

2. D ISCUSSION

Pour cette dernière hypothèse, l’objectif était de mesurer les attitudes de notre
échantillon envers les publications Instagram 1, 2 et 3. Celles-ci présentaient un
nombre de mentions « J’aime » plus ou moins important (respectivement 2651, 38 et
72'390). Dans un second temps, nous désirions comparer les attitudes recueillies par
chacun de ces posts. Le résultat que nous attendions était le suivant : les attitudes les
plus favorables sont obtenues par le Post 3, puis le 1 et enfin le 2.

Nous avons posé six questions proposant une échelle de réponses à cinq points pour
chacune des publications Instagram. Le score d’attitude le plus haut possible est donc
de 30 et le plus bas est de 6. Le Post 1 a obtenu un score d’attitude moyen de 19,22,
le Post 2 un score de 24,29 et le Post 3 un score de 26,30. Ces résultats vont donc à
l’encontre de ceux que nous attendions.
Nous avons aussi examiné les trois dimensions de l’attitude (affective, cognitive et
conative) en détail, et avons calculé un score moyen pour chacune d’entre elles. Nous
avons constaté que le Post 3 obtenait les trois scores moyens les plus élevés. En
revanche, tous les scores moyens du Post 1 étaient inférieurs à ceux du Post 2.
Pour les Posts 1 et 2, il semble que le nombre de « likes » ait une influence moins
importante que la qualité de l’image. Pour le Post 3, nous supposons que l’auteur de
la publication peut avoir une importance tout aussi grande que les « likes ». Pour
rappel, l’auteur du Post 3 est une personnalité influente du monde du sport et de
l’alimentation.
Enfin, nous avons également procédé à une analyse de nos résultats à la lumière de
nos variables démographiques. Nous n’avons pu établir aucun lien entre l’âge, le
niveau de formation, la catégorie socio-professionnelle des répondantes et une
sensibilité plus ou moins importante au nombre de mentions « J’aime ».

Au final, nous ne pouvons pas valider notre hypothèse 3. Elle ne se vérifie que
partiellement : elle est vraie pour le Post 3 mais pas pour le Post 1. Nos analyses nous
ont permis de mettre en évidence d’autres variables à prendre en compte dans
l’appréciation d’une publication Instagram. Il n’y a donc pas que les « likes » qui
comptent, la qualité de la photo et le nom associé au cliché doivent également être
pris en considération.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 102


V. CONCLUSION

Le présent travail avait pour but d’étudier l’influence que peut avoir le réseau social
Instagram sur les choix de nourriture et habitudes alimentaires des jeunes femmes de
15 à 29 ans. Il s’agissait de mesurer les attitudes de ces personnes à l’égard d’images
de plats plus ou moins sains et de publications Instagram affichant un nombre de
mentions « J’aime » plus ou moins important. Ensuite, il était également question
d’examiner la variation de l’estime de soi des jeunes femmes au contact de ces images
et publications.

Pour mener à bien notre étude, nous avons mis en place un questionnaire en ligne et
l’avons diffusé auprès de notre terrain cible. Au terme d’un mois d’enquête à laquelle
156 répondantes ont participé, nous avons pu effectuer nos analyses.

Les résultats de notre étude ne nous ont pas permis de valider notre première
hypothèse. Nous postulions que l’estime de soi des jeunes femmes tendait à
s’améliorer lorsqu’elles s’adonnaient aux logiques d’action et de réaction propres à
des publications Instagram représentant de la nourriture saine. Nous n’avons constaté
qu’une variation très légèrement négative de ce niveau d’estime de soi.

En revanche, notre deuxième hypothèse a pu être validée. Nous avons en effet


observé que les attitudes de notre échantillon étaient plus favorables envers les
images de nourriture saine qu’envers celles de nourriture non saine. Notre analyse
nous a permis de constater que même si nos répondantes manifestaient un degré
d’appréciation assez important à l’égard des plats moins sains, elles étaient
néanmoins conscientes que ceux-ci ne constituaient pas une alimentation équilibrée.

Enfin, nous n’avons pas pu entièrement valider notre troisième hypothèse. Si les
attitudes de nos répondantes les plus favorables s’orientaient vers la publication
Instagram totalisant le plus de mentions « J’aime », la même logique ne s’appliquait
pas à la publication en affichant le moins.

Au-delà de valider ou non nos hypothèses, nos analyses nous ont permis de réaliser
plusieurs apprentissages. En effet, nous avons pu constater que si de manière
générale, les plats sains sont préférés à ceux moins sains, ces derniers peuvent être
consommés et appréciés virtuellement, sans avoir besoin de les ingérer réellement.
Parfois, cependant, même si l’utilisatrice est consciente que ces plats ne sont pas
forcément bons pour sa santé, elle peut céder et les consommer quand même.
D’autre part, au vu des différences observées entre les dimensions affectives d’un côté
et les dimensions cognitives et conatives de l’autre, nous pouvons affirmer que le soin
du corps et le contrôle de l’alimentation qui y est lié semblent concerner une majorité
de personnes sans distinction d’âge, de niveau d’éducation ou de catégorie socio-
professionnelle. Nous vivons bel et bien l’ère de « folie saine » que nous évoquions en
préambule de ce travail.
Enfin, nos analyses ont également mis en lumière l’importance de la présentation
d’une assiette et de la qualité d’une photographie alimentaire sur Instagram. Cette
pratique est effectivement de plus en plus observable dans notre société

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 103


contemporaine67. Certaines personnes font d’ailleurs de cette tendance leur fonds de
commerce et deviennent des « influenceurs food », accumulant des milliers, voire des
millions d’abonnés sur Instagram68.

Les domaines de l’alimentation et des réseaux sociaux présentent donc de multiples


et complexes liens. Nous avons ici étudié l’influence d’Instagram sur les pratiques
alimentaires des jeunes femmes. D’autres enquêtes pourraient se concentrer
notamment sur le phénomène des « influenceurs food » et leur business ou sur la
promotion de certains régimes alimentaires faite via Instagram (végétarisme,
véganisme, …). Il serait également pertinent d’étendre l’analyse de l’influence
d’Instagram sur les choix de nourriture à toute la population : hommes et femmes,
jeunes et moins jeunes. Enfin, il pourrait être intéressant de sortir des limites
d’Instagram et d’étudier l’impact de tous les réseaux sociaux sur les habitudes et choix
alimentaires.

67
« If you’re going to Instagram your food, you may as well do it right. Here’s how. »
https://www.washingtonpost.com/news/going-out-guide/wp/2016/09/01/if-youre-going-to-instagram-
your-food-you-may-as-well-do-it-right-heres-how/?utm_term=.ceef3bec2a3e , consulté le 15 mai 2019.
68
https://influence.co/category/food , consulté le 15 mai 2019.

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. 104


BIBLIOGRAPHIE

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V IDEO EN LIGNE

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P UBLICATIONS SUR LES RESEAUX SOCIAUX

Instagram

Bien dans mon slip [@biendansmonslip] (11 août 2018).


« RAPIDE ET PETIT BUDGET Vous me demandez des recettes rapides et petit
budget. […] ». Téléchargé à partir de :
https://www.instagram.com/p/BmWNBN2ALew/

Bien dans mon slip [@biendansmonslip] (14 septembre 2018).


« BOWL de restes ! Carottes et courgettes râpées, brocolis et poivron rouge rôtis,
tempeh et pomme de terre à l’eau ». Téléchargé à partir de :
https://www.instagram.com/p/BntDejShmsN/

Burger&Beyond [@burgerandbeyond] (25 février 2019).


« BBB by BB #burgerandbeyond » Téléchargé à partir de :
https://www.instagram.com/p/BuUL-NrFHGY/

Elles en parlent [@ellesenparlent]. Instagram Story, capture d’écran.


https://www.instagram.com/ellesenparlent/ , consulté le 21 avril 2019.

Kayla Itsines [@kaylaitsines] (30 août 2018).


« Landed in my favourite place in the world - CRETE (Chania) […] ». Téléchargé à
partir de :
https://www.instagram.com/p/BnGoEsgl8iO/

Marghe [@marghe_pizza] (9 mars 2019).


« Fior d’Agerola, speck di Sauris, asparagi e pecorino di Pienza. Una super
speciale. ». Téléchargé à partir de :
https://www.instagram.com/p/BuzEUrcD0Lo/

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. VII


Mathilde [@mathildeanguilla] (17 octobre 2018).
« Trying to eat a whole rainbow The delicious bowl I had for lunch today Quinoa, soft
boiled egg, grated carrots beetroots, sweet potato & avocado ». Téléchargé à partir
de: https://www.instagram.com/p/BpCN82oFtF4/

Meal Plans [@mealplans] (12 décembre 2018).


« SEARED SALMON WITH GRILLED LEMON-GARLIC BROCCOLINI AND SPICY
PARMESAN-PARSLEY FETTUCCINE […] ». Téléchargé à partir de :
https://www.instagram.com/p/BrREziwj19Q/

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. VIII


ANNEXES

Le questionnaire en ligne rempli par nos répondantes est disponible à l’adresse


suivante :

https://forms.gle/WYLMC1gBqovbvEJy9

Mémoire de diplôme de Mathilde Anguilla. IX

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