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Les steppes arides du nord de l’Afrique

Article in Science et Changements Planetaires - Secheresse · January 2006

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Ahmed Aidoud Edouard Le Floc'h


Université de Rennes 1 French National Centre for Scientific Research Montpellier
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Article scientifique
Sécheresse 2006 ; 17 (1-2) : 19-30

Les steppes arides du nord de l’Afrique


Ahmed Aïdoud1 Résumé
Édouard Le Floc’h2
Les steppes du nord de l’Afrique, situées entre les isohyètes annuelles de 100 à
Henry Noël Le Houérou3 400 mm, couvrent plus de 63 millions d’hectares d’une végétation basse et clairse-
mée, soumise à une exploitation humaine très ancienne. La vocation historique des
1
rue des Poiriers, steppes était l’élevage extensif d’ovins, de caprins et de dromadaires complété par la
35160 Breteil culture itinérante des céréales. Cette situation a perduré pendant les temps histori-
<ahmed.aidoud@univ-rennes1.fr> ques jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle. Actuellement, le constat majeur est celui
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2
216, Fount del Mazet, d’une diminution de la superficie de ces steppes et de leur dégradation parfois
34830 Clapiers extrême. Il en ressort que la production pastorale dans ces parcours a globalement
<elefloch@wanadoo.fr>
3 été marquée par un déclin significatif surtout au cours des cinq dernières décennies.
327, rue A.L. de Jussieu,
34090 Montpellier Des changements particulièrement rapides et intenses se sont opérés dans ces milieux
<hn.le-houerou@club-internet.fr> sous la pression des besoins croissants des populations (la population humaine a
triplé en moins de cinquante ans pour les cinq pays du nord de l’Afrique et s’est
multipliée par neuf au cours du siècle), besoins qui sont à l’origine de l’extension des
cultures, des changements de politique de gestion et donc des usages et pratiques
d’élevage, le tout aggravé par des sécheresses périodiques plus ou moins sévères et
prolongées. Il est parfois délicat, et cependant important, de distinguer les tendances
à long terme des fluctuations interannuelles réversibles. La confusion de ces deux
notions alimente un débat mal engagé du fait de la rareté à la fois de données fiables
sur les états préexistants et de suivis à long terme. Les travaux de ce type (description,
études de fonctionnement), en nette progression, conduisent à mieux cerner la
productivité et les potentialités pastorales compte tenu des variations interannuelles.
L’objectif de ce travail a été de dresser les grandes lignes de l’état actuel des milieux
steppiques, de leur dynamique non seulement en fonction de leur physionomie
(steppes à graminées pérennes, à ligneux bas, etc.), de leur biodiversité, de leur
productivité, etc. mais également en fonction de l’état du cheptel (performances et
populations) et de l’impact des changements d’usage de ces espaces et de ces
ressources. Sont également abordés les remèdes identifiés (mise en défens, pâturage
différé, opérations de restauration, réhabilitation, agroforesterie et sylvopastora-
lisme...). Si l’exploitation, parfois anarchique, des ressources steppiques, a entraîné
de profondes modifications des milieux, il ne faut cependant pas généraliser le
constat de désertisation. Certains types de steppes maintiennent un niveau de
résilience suffisant pour permettre leur restauration par la simple gestion raisonnée. Il
s’avère important de considérer des approches hiérarchisées et engageant des
spécialistes des diverses disciplines concernées (écologie, hydrologie, pastoralisme,
élevage, agronomie, socio-économie, etc.).
Mots clés : zone aride, écologie, élevage, pastoralisme, végétation, désertisation,
steppe.

Abstract
The arid steppe rangelands of Northern Africa
The steppes of Northern Africa, located between the annual isohyets of 100 and
400mm, cover some 630,000 km2 between the Atlantic Ocean and the Red Sea.
They are made of a low and sparse vegetation of perennial of sub-shrubs and,
occasionally, a perennial grass (esparto). The natural land use has been for centuries
the nomadic grazing of sheep, goats and dromedaries, together with the shifting
cultivation of cereals. This land use model worked out throughout the historical times

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until the mid-XXth century in a globally stable society. At present, the main fact is the
shrinking of the steppe areas and their occasionally extreme degradation. The
consequence is that pastoral production from these rangelands has been characte-
rised by a significant decline over the past five decades. Particularly quick and
intense shifts took place under the growing pressure of population growth, which
trebled over the past half-century in the five North African countries and increased
ninefold over the century. This population growth generated the expansion of
cultivated land and a shift in land management practices which are exacerbated by
the impact of more or less severe periodic droughts. It is, however, difficult to
distinguish the long term trends from the temporary impact of interannual fluctuations
that are revertible. The confusion between these two concepts fuels the debate. This
debate is unclear because of the scant and often unreliable baseline data sources on
preexisting situations and for long-term evolutions follow-up. Such data sources
(vegetation description, functioning analyses, historical statistical figures, etc.) are on
the increase. They lead to a more reliable assessment of the biodiversity and potential
productivity of these ecosystems, under the prevalent interannual climatic variability.
The objective of the present chapter is to indicate the main lines of the present
situation in the steppe environments, of their biodiversity, productivity and dynamics
but also of livestock performance and of the overall impact of the incurring changes
on geographic space, environment and people. We also identify possible remedies
to the situation: exclosures, deferred grazing, restoration operations, rehabilitation,
agroforestry and sylvopastoralism, etc. If the sometimes anarchic utilization of steppe
resources leads to profound changes in the environment, one should not, however,
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overgeneralize the established facts of progressing desertization. Some types of


steppe keep a good enough level of resilience that makes their rehabilitation feasible
under a rational management. It proves it is important to consider a hierarchical
approach involving specialists from the various disciplines concerned (ecology,
hydrology, agronomy, pastoralism, livestock husbandry, socio-economy, etc.).
Key words: arid zone, ecology, livestock, pastoralism, vegetation, desertization,
steppe.

L
es steppes du Nord de l’Afrique, sources pastorales et vivrières. Une telle sion suite à l’extension des cultures et à
situées entre les isohyètes moyennes régulation, somme toute naturelle, s’est une plus forte pression pastorale directe
annuelles 100 et 400 mm évoquent perpétuée jusqu’à aujourd’hui mais en ou indirecte [16, 19, 20]. C’est dire le
toujours de grandes étendues de plus de s’atténuant nettement au cours de la dynamisme élevé des milieux et des phyto-
60 millions d’hectares, couvertes d’une seconde moitié du XXe siècle. cénoses en perpétuel changement dont
végétation basse et clairsemée [1, 2]. À travers la littérature récente traduisant l’évaluation de l’état actuel ne peut se
Réduites à une bande littorale plus ou l’état actuel des connaissances, le princi- suffire d’un « arrêt sur image ». Il s’agit
moins étroite en Égypte et en Libye, ces pal constat est celui de la réduction en d’extraire les tendances à long terme en
steppes prennent leur extension au superficie des steppes et la dégradation les distinguant des fluctuations naturelles
Maghreb (Tunisie, Algérie et Maroc). Elles jusqu’à l’extrême de la végétation et du sol plus ou moins réversibles. La confusion de
ont été soumises à une exploitation [5-11]. Les descriptions des steppes ces deux notions est souvent reprochée
humaine plurimillénaire, sous forme de d’aujourd’hui sont parfois très alarmantes, aux nombreux écrits récents par trop alar-
pratiques diverses variant en intensité en constituant une des préoccupations majeu- mistes alimentant un débat persistant sur la
fonction du niveau d’aridité climatique, de res dans l’ensemble des pays. Le phéno- réalité même des changements [21, 22]. Il
la densité de population et de l’histoire mène de dégradation des parcours steppi- s’agit également de se référer aux diagno-
locale des usages. ques n’est pas récent et a été rapporté ses confirmées des états préexistants afin
La vocation historique des steppes, depuis depuis plus d’un siècle [12-15]. Au cours d’évaluer les changements et leurs causes.
le VIIe siècle [3], est le pastoralisme, dont des quatre dernières décennies, ces Depuis une cinquantaine d’années, les
les pratiques, assez voisines à travers toute milieux semblent avoir subi des change- steppes du nord de l’Afrique ont bénéficié
la région, ont été probablement uniformi- ments particulièrement rapides et intenses, d’une quantité impressionnante de tra-
sées par les tribus venues du Proche- mais cette période a été également mar- vaux. La biogéographie, la phytoécologie
Orient, notamment les Béni Hillal au XIe- quée par des sécheresses récurrentes, plus et l’inventaire des ressources ont fourni des
siècle. À travers cette « bédouinisation » ou moins graves selon les régions. Les connaissances de grande valeur à travers
[4], les pratiques, notamment l’élevage changements profonds des politiques de l’ensemble du nord de l’Afrique [1,
extensif d’ovins et de caprins et les cultures gestion adoptées ainsi que des usages et 23-26]. Ces travaux ont été le plus souvent
itinérantes, étaient réglées par le mode de pratiques d’élevage ont certainement accompagnés de cartographies des res-
vie nomade (nécessité d’une économie modifié les niveaux des impacts anthropo- sources végétales et pastorales. Souvent,
d’échanges et d’exploiter des ressources zoïques sur la végétation et les milieux hélas, les échelles utilisées permettaient
dispersées dans le temps et l’espace). Ce [16, 17]. Les besoins de populations en plus la localisation des ressources que leur
mode de vie obéissait à des règles strictes constant accroissement ont aggravé la aménagement [27-29] ; la finalité des tra-
dictées par les fluctuations du climat dont « saturation des parcours » [18] sur des vaux dépendait du secteur et des objectifs,
dépendait pratiquement la totalité des res- surfaces pastorales en constante régres- dans un monde où les forces directrices en

20 Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006


interaction sont d’une extrême complexité. Tableau I. Répartition des zones arides du nord de l’Afrique (en millions d’hectares) [2].
Des travaux, moins nombreux, consacrés
au fonctionnement (notamment au niveau Bioclimat Subhumide et Aride (stricto sensu) Total aride Per-aride
de la production primaire) ont conduit à humide
mieux cerner la productivité et les potentia- Pmm/an > 400 300-400 200-300 100-200 100-400 50-100
lités pastorales en tenant compte des
variations interannuelles [30-34]. Des Algérie 18,1 5,9 7,0 8,7 21,6 (34 %) 38,6
recherches récentes ont proposé et expéri- Égypte 0 0 0 3,0 3,0 (05 %) 3,0
menté des approches pour la conservation Libye 0,5 1,3 4,2 13,8 19,3 (30 %) 15,3
ou la restauration de ces espaces dans une Maroc 19,7 3,8 4,4 3,8 12,0 (19 %) 7,0
optique de durabilité [20, 35, 36]. Tunisie 3,7 1,3 2,8 2,8 6,9 (11 %) 5,4
La pression anthropique croissante et les Total 42,0 12,3 18,4 32,1 62,8 (100 %) 69,3
changements rapides ont fait ressortir
l’intérêt et la nécessité du suivi à long
terme dans le cadre de programmes inter-
nationaux Mab/Unesco [37] et de l’inté- Le climat, de ces zones, est méditerranéen pluie/an, est souvent pratiquée jusqu’à
gration de la sociologie, de l’économie et aride1 [2]. La pluie est l’élément climatique 300 voire moins de 200 mm/an.
de l’hydrologie. Cette nécessaire interdis- prépondérant et la délimitation des zones Outre la pluviosité, la moyenne des tempé-
ciplinarité ressentie et tant recherchée n’a climatiques peut être valablement fondée ratures minimales du mois le plus froid (m)
eu que peu d’applications effectives en sur la moyenne pluviométrique annuelle est un paramètre permettant de caractéri-
raison non seulement d’insuffisances (P en mm/an). La variabilité interannuelle ser le bioclimat et par suite le type d’usage
objectives d’intégration méthodologiques des pluies, qui constitue également un fac- des terres. Ce paramètre est très utile
et d’échelles spatio-temporelles et de teur primordial pour le fonctionnement des comme indicateur des potentialités de
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moyens mais également de difficiles liens systèmes arides, peut être approchée par croissance de plantes (introduites et culti-
entre les institutions et les secteurs concer- le coefficient de variation de P (de 30 à vées), dans les zones arides du nord de
nés [38, 39]. 60 % pour la zone aride stricto sensu). l’Afrique [42]. Ainsi, la culture de l’olivier,
Partant de cette problématique d’évalua- Ainsi, les zones arides du nord de dominante arboricole dans la région
tion des ressources végétales et animales l’Afrique occupent plus de 60 millions côtière du golfe de Gabès, nécessite une
dans les steppes du nord de l’Afrique, d’hectares (tableau 1). valeur de « m » supérieure à + 2 °C [2].
l’objectif de ce travail est de dresser les La partie correspondant aux parcours pas- Cela permet de comprendre la différence
grandes lignes de l’état actuel des milieux toraux occuperait de 33 à 48 des 63 mil- d’usage entre les parcours steppiques des
steppiques en insistant sur leur dynami- lions d’hectares de la zone aride. Basses Plaines tunisiennes et ceux des
que. On s’appuiera pour ce faire sur les Les parcours steppiques ont été longtemps Hautes Plaines steppiques algéro-
synthèses régionales et sur quelques étu- voués au pastoralisme associé à une marocaines.
des de cas. céréaliculture de subsistance plus ou
moins itinérante. Dans les Hautes Plaines,
selon un adage bédouin, les parcours Les parcours steppiques
s’étendent depuis la ligne de semoule (khet
e’smid en arabe) ou aire d’extension géné-
Aperçu général ralisée de la céréaliculture au nord à la Il s’agit majoritairement de formations
ligne de palmes (khet e’djerid) au sud. steppiques arides dont il est difficile de
Cette délimitation, surtout dictée par les dresser un état actuel exhaustif et précis
Les steppes couvrent, dans les cinq pays usages, correspond au moins dans sa par- faute de données suffisantes et compte
du Machrek africain au Maghreb, (de tie sud à celle de l’étage aride [2] avec, tenu de la diversité des situations et des
l’Égypte au Maroc), des situations variées comme indicateur, l’apparition du palmier déterminants d’une région à l’autre. Les
qu’il est possible de résumer comme suit : dattier des oasis. En limite nord de la valeurs « moyennes » actuelles sont rap-
– les plus étendues sont les steppes dites steppe, la céréaliculture, quoique n’étant portées dans le tableau 2.
« de plaines », qu’elles soient Hautes Plai- rentable qu’à partir de 400 mm de
nes, allant de la dépression du Hodna en Les types de parcours
Algérie à l’Oriental marocain, ou Basses et leur dynamique actuelle
Plaines tunisiennes ; 1
Sont données ici les caractéristiques essentiel-
– les steppes de piémonts des montagnes les ; pour plus de détail consulter les synthèses La typologie des parcours steppiques peut,
des chaînes atlasiques du Maghreb ou des climatiques du nord de l’Afrique (2, 42). valablement, être calquée sur les types
collines au voisinage de ces montagnes ;
– celles, plus limitées, de la frange littorale
de la Jeffara (Tunisie, Libye), de la Marma- Tableau II. Parcours steppiques arides (100 < P < 400 mm/an) du nord de l’Afrique (en millions
rique (Égypte) et du Sud-Ouest marocain d’hectares).
[2].
Dans les deux premiers ensembles oroto- Zone aride Zone steppique Parcours
potentielle
pographiques et géomorphologiques, il
convient de distinguer les situations éda- Algérie 21,6 20 13
phiques de glacis à sol squelettique sur Égypte 3,0 3 1
croûte, souvent héritées du quaternaire Libye 19,3 19 12
ancien, des situations plus ou moins Maroc 12,0 11 9
dépressionnaires à sol profonds affectées
Tunisie 6,9 7 5
au quaternaire moyen à récent [14, 40,
41]. Total 62,8 60 40

Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 21


physionomiques définis par des végétaux années 1950 [24], ne couvriraient plus sa biomasse atteint de 600 à 900 kg
pérennes spontanés dominants qui demeu- que trois millions d’hectares [2]. La régres- MS/ha et sa productivité 260 ± 120 kg
rent des indicateurs écologiques et d’usa- sion la plus forte est sans doute celle enre- MS/ha/an [52]. Sur glacis à croûte cal-
ges. Sont ainsi distinguées [1, 2] : gistrée dans le Sud oranais où, en moins caire et à la faveur des ensablements, le
– les steppes graminéennes ; de dix ans, la quasi-totalité des nappes de sparte s’est étendu, durant les dernières
– Les steppes arbrissélées ; plaines a disparu, soit près d’un million décennies, aux dépens souvent des autres
– Les steppes crassulescentes ; d’hectares (figure 1). Outre le pâturage, espèces pérennes dominantes et surtout de
– les steppes succulentes. l’exploitation principale a été, l’alfa. Il est alors le plus souvent accompa-
depuis 1862, la cueillette à des fins gné de ligneux bas des genres Artemisia,
• Steppes graminéennes industrielles qui, déjà en 1887, était Salsola, Thymelaea. Dans cette situation,
Ces steppes sont dominées par des grami- considérée comme inadaptée [46]. le sparte occupe généralement des voiles
nées pérennes cespiteuses telles que Même pratiquée manuellement, celle-ci a, sableux de 15 à 20 cm de profondeur
l’alfa2 (Stipa tenacissima), le sparte certainement, été préjudiciable à la repro- [53] et sa biomasse est nettement plus
(Lygeum spartum) et certaines autres moins duction de la ressource, la quantité exploi- faible que celle de l’alfa (moins de
sociables comme le drinn (Stipagrostis table étant établie par rapport à la bio- 500 kg MS/ha pour un couvert végétal
pungens), le zouaï (Stipa lagascae, masse verte sur pied et non sur la de 10 à 20 % [52]).
S. barbata ou S. parviflora) et le n’djem productivité biologique réelle. Cette Parmi les autres steppes graminéennes,
(Cynodon dactylon). exploitation a beaucoup régressé dès les citons celle à drinn (Stipagrostis pungens)
La graminée la plus symbolique de ces années 1970 et n’existe pratiquement qui occupe les accumulations et placages
steppes3 est l’alfa (Stipa tenacissima), qui plus suite à la disparition quasi totale des sableux mobiles en rupture de pente en
se développait en général sur des sols peu nappes exploitables en plaine. D’un point bordure d’oueds, chotts, etc. Psammophile
profonds et bien drainés. N’ayant, suite à de vue dynamique, les conditions qui ont et fixatrice des sables, cette espèce s’ins-
son éradication, persisté que sur les hauts présidé à la genèse des sols alfatiers step- talle également sur les glacis dès que
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de glacis de raccordement aux djebels, ce piques n’existent plus [41] ce qui justifie le l’accumulation sableuse devient supé-
type de steppe est en voie de disparition qualificatif de « fossile » parfois attribué à rieure à 50 cm mais n’atteint cependant
dans ses faciès de plaine où l’alfa ne se ces steppes [47, 48]. Les steppes d’alfa pas une forme aussi sociale que le sparte
régénère plus [2, 43]. Dans une steppe en ont néanmoins réussi à traverser des siè- ou l’alfa. L’installation du drinn a été
bon état (nappe alfatière), l’alfa peut cles, voire des millénaires, d’aléas climati- observée suite à la destruction de l’alfa et
représenter plus de 90 % de la phyto- ques, d’exploitation par l’homme et ses à de fortes accumulations de sable dans le
masse. La touffe d’alfa a une taille troupeaux. site de Rogassa du Sud oranais [43].
moyenne de 0,5 à 1 m et sa biomasse Une autre steppe graminéenne bien repré-
aérienne, dans une nappe de densité sentée au Maghreb est celle dominée par
le sparte (Lygeum spartum) qui présente • Steppes arbrissélées
moyenne, est de l’ordre de 5
à 10 t MS4/ha. Il convient de préciser une amplitude écologique plus large [2, Ces steppes sont structurées par des arbris-
que la partie verte ne représente en 49] que celle de l’alfa. L’espèce, considé- seaux ou sous-arbrisseaux tels que les
moyenne que 20 % de la phytomasse. rée comme gypsophile obligatoire dans le armoises (Artemisia herba-alba = Seriphi-
Pour une biomasse de 1 000 kg MS/ha Centre-Sud tunisien [50], peut également dium herba-album, A. campestris, A. mono-
la productivité nette aérienne moyenne est cohabiter avec des halophytes. Dans les sperma), l’arfej (Rhanterium suaveolens), le
de 410 ± 110 kg MS/ha/an [33]. Dans Hautes Plaines où elle peut constituer rem’t (Hammada scoparia) et le baguel
la steppe, l’alfa ne se reproduit quasiment d’importantes ressources, elle est surtout (Hammada schmittiana), le chobrog
que par voie végétative. La touffe croît liée aux voiles sableux dont l’expansion a (Noaea mucronata), des hélianthèmes
lentement et se creuse au centre formant été très nette durant les dernières décen- (Helianthemum hirtum, H. lipii, H. virgatum,
une couronne qui se fractionne dans le nies [51]. Lorsque le sparte est dominant H. cinereum), l’ajrem (Anabasis sp.), le serr
temps pour donner de nouvelles touffes. La (glacis encroûté et ensablé à sol profond), (Atractylis serratuloides, A. phaeolepis...).
touffe d’alfa forme une butte où le sol est
plus riche en matière organique et en
particules fines permettant une plus 106 ha
grande rétention d’eau et une plus grande 3,0
richesse en éléments biogènes [44, 45]
que dans l’espace interstitiel. Au plan pas-
toral, seules les pousses récentes et les
inflorescences (bôss) de l’alfa sont
consommées ; elles étaient souvent récol- 2,0
tées et vendues comme fourrage. Les lim-
bes ne sont utilisés traditionnellement
qu’en accompagnement de l’appoint four-
rager en période d’agnelage.
1,0
La régression de cette espèce a été consta-
tée pour toute son aire nord-africaine [19,
24, 43]. Ces steppes qui couvraient un
peu plus de 8 millions d’hectares dans les
0,0
2
Les noms vernaculaires varient souvent d’une 1860 1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000
région à l’autre.
3
Stipa du russe step = steppe. Figure 1. Évolution estimée des steppes d’alfa (en millions d’hectares) dans les Hautes Plaines
4
MS : matière sèche. (versants exclus) du Sud oranais (Algérie) [43].

22 Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006


La plupart de ces steppes peuvent se pré- L’ensemble des liens dynamiques qui maire selon les aléas climatiques intersai-
senter en formations pures ou mixtes expliquent les passages entre les différents sonniers ou interannuels. Certaines espè-
(mosaïques). Dans de nombreux cas, au types de steppes, sur sols squelettiques ou ces n’apparaissent que très rarement car
moins dans sa partie nord de notre dition sols profonds plus ou moins sableux, a été nécessitant une pluviosité et des conditions
(aride moyen à supérieur), les steppes sont détaillé par Le Houérou pour l’ensemble particulières pour s’exprimer5 [52, 67,
considérées comme issues de formations du Nord de l’Afrique [1, 57]. 68]. L’observation à long terme permet
arborées ou arbustives ayant persisté dans Les changements peuvent être relativement ainsi de valider la composition floristique
certains cas jusqu’au début du XXe siècle. progressifs, en particulier lorsqu’ils sont totale qui, souvent ne peut être appréhen-
Ainsi, des ligneux hauts peuvent être mêlés liés au pâturage qui permet, pour un dée en une seule observation [52]. De
à ces steppes (ou les ponctuer) : temps, le maintien d’une partie plus ou même, elle permet de vérifier les hypothè-
– des arbustes dont les plus répandus : le moins importante des plantes pérennes. La ses dynamiques. Les schémas dynamiques
sedder ou sedra (Ziziphus lotus), le r’tem dégradation peut être très lente, se tradui- développés à partir des liens de contiguïté
(Retama raetam et R. sphaerocarpa), le sant par des changements seulement per- entre les groupements végétaux ont mon-
talha (Acacia tortilis subsp raddiana), le ceptibles sur le très long terme. C’est ce tré une tendance à l’augmentation de la
tarfa (Tamarix sp.) ; qui a marqué au Maghreb, à l’échelle du richesse en thérophytes qui semble être un
– des arbres à l’état de relique de forma- siècle, le passage des steppes d’alfa vers corollaire à la dégradation et à la déserti-
tions forestières maintenant disparues ou d’autres formations comme celles à fication ou, en d’autres termes, une straté-
en forte régression comme les pins (Pinus armoise blanche ou à sparte en Tunisie gie d’adaptation vis-à-vis d’une baisse du
halepensis) et même des Acacia... [15], en Algérie [51, 58-60], et au Maroc. couvert végétal et des ressources édaphi-
La steppe à armoise blanche (Artemisia Cependant, les changements peuvent être ques, notamment de la réserve en eau utile
herba-alba) est la plus commune de ce parfois rapides et détectables en moins [69]. Cet accroissement des thérophytes a
type de formations. Elle couvrait, en Algé- d’une décennie sur la végétation [61] et été mis en évidence notamment au Maroc
rie [54], en faciès purs relativement homo- sur le sol [62].
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[65], dans les Hautes Plaines algériennes


gènes, une surface évaluée à [51, 60] et en Tunisie aride [66]. De toute
10,5.106 hectares [23]. Le couvert végé- • Steppes crassulescentes
et les steppes succulentes manière, le taux de thérophytes dans les
tal d’une telle steppe en bon état est sou- communautés, augmente naturellement
vent supérieur à 30 %, dont 20 à 25 % Les autres types de steppes, d’extension avec l’aridité.
pour l’armoise seule. Cette steppe, qui a plus restreintes dans le contexte climatique La diversité concerne aussi les habitats.
été décrite comme caractérisant les sols considéré, sont les steppes crassulescentes Dans le Sud oranais, un suivi à long terme
lourds des dépressions d’où elle a été à base de salsolacées halophiles (bordu- d’un site permanent a montré que la des-
progressivement éliminée par la mise en res de sebkhas) et les steppes succulentes
truction d’une espèce pérenne (ex. : l’alfa)
culture, semble être devenue typique des à glycophytes charnus (zones côtières à
a entraîné, en quelques années, l’extinc-
sols limono-sableux des glacis à croûte forte humidité atmosphérique au Maroc
atlantique et littoral de la mer Rouge en tion locale d’espèces, comme Atractylis
calcaire [51]. Malgré son exceptionnelle phaeolepis, Bromus squarrosus, Xeranthe-
résistance à la sécheresse et au pâturage Égypte) [1].
mum inapertum ou Sedum sediforme, rat-
[55, 56], elle est désormais en forte tachées aux steppes arborées et matorrals
régression. De même, dans les situations Biodiversité [51]. Pour ces espèces, la touffe d’alfa
où elle subsiste, son couvert a beaucoup constituait un habitat indispensable [52] et
baissé et la contribution de l’armoise a En considérant la composition et la
richesse spécifiques, en tant qu’acceptions leur disparition s’est opérée parallèlement
nettement régressé au profit de celle
classiques de la diversité, outre les espè- à l’installation d’espèces synanthropes6
d’autres espèces moins appréciées du
ces pérennes souvent minoritaires, le cor- augmentant, pour un temps, la richesse
bétail : Atractylis serratuloides, Anabasis
sp., Noaea mucronata, Hammada sp. et, tège floristique est composé de thérophy- locale dans une situation qualifiée d’inter-
localement, Salsola vermiculata. Le cou- tes et de « petites vivaces ». Ces deux médiaire [61]. De nombreux exemples
vert végétal des pérennes est alors de derniers types biologiques sont regroupés montrent que les changements de compo-
l’ordre de 5 à 10 %. De même, le sparte sous les vocables d’« éphémères » ou sition et la baisse de diversité résultent de
apparaît chaque fois que la surface est d’arido-passives [63, 64] en raison de changements opérés dans l’habitat, et sur-
ensablée. Les espèces citées, et notam- leur dormance physiologique estivale. tout dans et à la surface du sol, en général
ment N. mucronata, peuvent, former des Cette catégorie, la plus abondante, est suite à une baisse du niveau trophique. En
faciès presque purs, lorsque l’armoise a déterminante pour la composition et la moins de 10 ans, le long d’un gradient de
complètement disparu. Dans la zone la diversité spécifique des steppes arides. pression pastorale, la perte de biodiver-
plus aride, entre les isohyètes annuelles Les études phytosociologiques menées sité s’est accompagnée d’une réduction du
de 100 et 200 mm de pluie, c’est la dans les milieux steppiques ont défini des couvert des pérennes (- 57 %), de la
steppe à Hammada scoparia qui lui fait phytocénoses dont la composition était matière organique (- 23 à - 63 %) et des
suite. significativement individualisée et relative- argiles et limons fins (- 28 à - 87 %) selon
ment stable selon les types de milieux et de les niveaux des prélèvements [45].
Sur sols sableux, se développent les step- steppes [14, 15]. La dégradation actuelle Ces paramètres édaphiques d’habitat
pes à armoise champêtre (Artemisia cam- s’accompagne de la disparition de nom- n’expliquent pas toutes les dimensions de
pestris subsp. glutinosa) qui forme souvent breuses espèces caractéristiques de grou-
des faciès postculturaux. pements et de l’arrivée d’espèces plus ou
Sous l’isohyète annuelle de 200 mm, la moins ubiquistes, qui, de ce fait, expli- 5
C’est le cas de Catapodium tenellum poacée
steppe à Hammada schmittiana, se déve- quent l’homogénéisation progressive des qui n’a été relevée dans la steppe d’armoise
loppe sur sables grossiers. Sous ces cortèges floristiques des steppes et leur qu’une fois tous les 5 à 10 ans. Cette espèce est
mêmes conditions climatiques, dans les par ailleurs une caractéristique des pelouses
banalisation [35, 61, 65, 66]. pionnières des landes bretonnes.
steppes sur sables, les jachères et les for- Les pérennes étant en régression, les éphé- 6
Préféré à « mauvaise herbe » qualifiant les
mations postculturales évoluent vers la mères tendent, au plan fonctionnel, à espèces invasives de façon générale liées aux
steppe à Rhanterium suaveolens. dominer et à rythmer la production pri- diverses activités humaines [65].

Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 23


la biodiversité. Dans certaines steppes, baisses de l’ordre de 60 à 80 % [2, 71, végétation étant dans ce cas incapable de
connues pour un niveau trophique argilo- 72]. La réduction serait sensiblement valoriser l’excédent en eau, la disponibi-
humique bas, la production pastorale s’est moins importante dans les steppes à sol lité en nutriments (N et P en particulier)
maintenue à un niveau assez élevé [20] profond et sableux ; devenant le facteur limitant [20, 73, 76].
tant que des espèces pastorales telles que – la biomasse aérienne des pérennes est, En revanche, sur sol profond et sableux
Cenchrus ciliaris, Stipa lagascae, Anthyl- dans les mêmes conditions de sol et de (steppe à sparte), le CEP croît en année
lis sp. pouvaient fournir des ressources couvert végétal, toujours inférieure à humide, atteignant 4,8 pour une pluviosité
appréciables [15]. L’un des dangers réels 500 kg MS/ha et, dans la majorité des supérieure de 20 % à la moyenne [52]. Il
de la surexploitation constante des res- cas, inférieure à 100 kg MS/ha [2] ; est évident que, dans le détail, il convient
sources pastorales réside dans l’appau- – en année moyenne (P = 200 mm), la de tenir compte de la répartition saison-
vrissement génétique des espèces les plus production pastorale varie de 10 à nière des pluies.
productives suite à la disparition progres- 50 UF7/ha. Dans les steppes dégradées des glacis du
sive des portions de populations (pools Ces chiffres ne représentent qu’une Sud oranais, le CEP serait actuellement
génétiques) les plus performantes assurant approximation globale ou encore un ordre d’après nos estimations, en moyenne infé-
une production soutenue et étalée dans le de grandeur des potentialités actuelles rieur à 1,0 et inférieur à 0,5 en année
temps. Cette érosion génétique à la fois que nous allons analyser et/ou préciser. sèche.
implique une baisse des aptitudes des La production pastorale est significative-
populations qui subsistent à valoriser des ment corrélée au couvert végétal mesuré. Variabilité interannuelle
ressources édaphiques existantes, et com- Les mesures effectuées pour 570 stations
promet les performances d’éventuelles des Hautes Plaines algéro-oranaises [52] Sous climat aride, la production pastorale
actions de restauration-réhabilitation, le font ressortir que, pour une pluviosité dépend également de la quantité de pluie
matériel végétal le plus approprié ayant moyenne de 200 à 250 mm/an, la pro- et de sa répartition dans l’année. Des
alors disparu [20, 36]. duction pastorale se situerait en moyenne mesures sur 11 années ont montré que la
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La synthèse des données disponibles relati- entre 20 et 60 UF/ha/an pour un couvert production pastorale peut varier, par rap-
ves à la vie animale [2], révèle l’existence végétal compris entre 10 et 20 % ; ce qui port à la moyenne, de 7 à 320 % dans
potentielle dans les steppes arides nord- correspond au couvert moyen actuel des une steppe sur sol profond et de 14 à
africaines, d’environ 100 espèces de steppes des Hautes Plaines en Algérie. 160 % dans une steppe de glacis [52].
mammifères, de près de 170 espèces Actuellement, comme conséquence de la
d’oiseaux et de 70 espèces de reptiles. La Efficacité pluviale dégradation des pérennes, on observe
rareté des informations ne permet pas de que, dans de nombreuses steppes sur gla-
faire une synthèse concernant les batra- Le coefficient d’efficacité pluviale (CEP), cis en particulier, la variabilité est essen-
ciens et les invertébrés. Des observations défini comme étant la production primaire tiellement le fait des éphémères (figure 2).
récentes [68] font état d’un recul des popu- nette par millimètre d’eau de pluie reçu, La grande dispersion des points dans ce
lations de mammifères et d’oiseaux, dont s’exprime en kg MS/ha/an/mm. Le CEP, diagramme est imputable au fait qu’aux
certaines espèces endémiques de ces évalué à 4,0 ± 0,3 à l’échelle des zones valeurs les plus élevées de P, la production
zones. La faune est donc menacée suite à arides [73, 74], intègre les deux fonctions varie en plus selon la répartition des pluies
la destruction des habitats, à la dégrada- clefs d’un système écologique que sont les dans l’année et leur intensité.
tion de la végétation mais également par capacités productives de la végétation et La variabilité des pluies, connue pour croî-
la chasse non contrôlée. la capacité du sol à faciliter l’accès de tre avec l’aridité, est surtout élevée sous les
l’eau aux plantes. Il varie peu d’une région régimes pluviométriques bimodaux
climatique à une autre car il semble peu comme en Afrique du Nord [2, 74]. De
Biomasse et production pastorale sensible au régime saisonnier des pluies. manière générale, la variabilité de la pro-
C’est en revanche un indicateur efficace duction primaire est supérieure à celle de
des parcours steppiques du fonctionnement et de la dynamique de la pluviosité [77]. Le rapport RVPP8 entre
la végétation et des écosystèmes [20, 74, le coefficient de variation de la production
La fonction majeure d’un parcours est la 75]. Les écosystèmes en bon état ont des (kg MS/ha/an) et celui de la pluviosité
production pastorale qui dépend, en plus CEP de l’ordre de 4 à 8 kg MS/ha/ (mm/an) est de 1,47 ± 0,07 à l’échelle
du type de végétation, d’un complexe de an/mm notamment sur des sols sableux. des zones arides mondiales, pour les
facteurs que l’on peut décliner en un En Algérie, dans les steppes en bon état années 1960-1980 [78]. La variabilité de
ensemble d’attributs vitaux [70]. De toute sur glacis à sols peu épais, le CEP est en production est donc en moyenne de 50 %
évidence, le facteur primordial est la res- moyenne jusqu’à la limite des déserts, supérieure à celle de la pluviosité. Dans
source en eau. sous des pluviosités moyennes annuelles 30 % des cas, ce rapport RVPP est compris
Il est hélas difficile de dresser un tableau de 80 à 150 mm/an, de 2,2 en intégrant entre 1,5 et 3,5, ce qui correspond bien à
exhaustif des productions dans les steppes la variabilité interannuelle des pluies la situation actuelle dans les steppes du
du nord de l’Afrique en raison de la com- durant plus de dix ans [52]. Dans la même nord de l’Afrique. Les valeurs les plus éle-
plexité des facteurs et processus impliqués tranche pluviométrique, le CEP serait de vées du RVPP correspondent à des par-
et du peu de données récentes disponibles 3,3 en considérant l’ensemble des don- cours dégradés sur des sols à texture fine.
sur la question. nées recueillies par Le Houérou [73]. Dans C’est le cas en particulier des sols battants
ces conditions (P = 200 mm/an), le CEP du Sud tunisien [15].
Biomasse et production primaire peut baisser à moins de 1 kg MS/ha/ Pendant des siècles, les écarts interannuels
nette an/mm en année sèche (P à moins de de production étaient difficiles, ou impossi-
60 % de la normale annuelle). De même, bles, à gérer pour les éleveurs ne dispo-
Les éléments pouvant résumer les tendan- les pluviosités très élevées entraînent une sant pas de ressources pour compenser les
ces sont les suivants : réduction de la production pastorale, la
– pour la majorité des steppes sur glacis à
sol squelettique, le couvert végétal oscille 8
RVPP : rapport variation de la production et
actuellement entre 1 et 10 % [2], soit des 7
UF : unité fourragère. de la pluviosité.

24 Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006


Production UF/ha des éphémères Dans une logique d’élevage extensif, de
tels systèmes ne peuvent persister que si
leurs capacités à reproduire les ressources
400 sont améliorées.
La figure 3 illustre l’évolution récente du
cheptel ovin dans le nord de l’Afrique.
R2 = 0,495 L’évolution globale indique que le chep-
tel ovin a doublé durant les quatre der-
300 Sol peu profond de glacis (SG) nières décennies.
Sol profond à voile sableux (SS)
Cependant l’augmentation du cheptel
Modèle SS
n’est pas uniforme pour tous les pays. Le
Modèle SG
facteur de croissance de 1,3 pour la Tuni-
sie et le Maroc, a atteint 3 pour l’Égypte
200
et 4 pour la Libye et l’Algérie. Dans ce
dernier pays, plus de 60 % du cheptel est
élevé en zone steppique et une telle aug-
mentation doit être expliquée dans un
100 contexte où les ressources pastorales natu-
relles régressent. À partir de la fin des
R2 = 0,443
années 1960, l’augmentation du cheptel
ovin est rapide passant, en 30 ans, de
5 millions à près de 18 millions de têtes
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0 alors que la steppe vivait la période sèche


100 200 300 la plus longue à l’échelle du siècle. L’équi-
Pluie (mm/an sept-août) libre précaire qui existait entre exploita-
tion et ressources naturelles a été perturbé
Figure 2. Variation interannuelle de production pastorale en unités fourragères (UF ha/an) des dès lors que certaines contraintes ont été
plantes éphémères (arido-passives) dans deux systèmes écologiques des steppes des Hautes- maîtrisées : transport motorisé [17] et
Plaines d’Algérie [52]. complémentation alimentaire [79, 80]. La
SS : siérozem sableux pauvre en matière organique. Steppe à Lygeum spartum, Thymelaea microphylla,
Helianthemum sessiliflorum. ressource pastorale naturelle des steppes,
SG : glacis à croûte calcaire. La steppe est dominée soit par l’alfa soit par l’armoise blanche. ne représentant plus que moins de 30 %
de la ration alimentaire, n’est plus essen-
tielle. À signaler toutefois une relative sta-
déficits des années sèches. Le RVPP met en au Maghreb, les sécheresses pouvaient bilité des effectifs ovins à partir des années
évidence le rôle capital de la gestion sur la avoir des effets dévastateurs sur le cheptel. 1990.
productivité et la fiabilité des parcours. Il
en résulte que l’exploitation pastorale de
la végétation peut, et doit, être déterminée Millions de têtes
par une approche probabiliste de la ges- 60,0
tion des parcours et des troupeaux [74].
Un modèle combinant CEP, RVPP et les Observé
distributions de P, proposé par Le Houérou Modèle de tendance (r2=0,9359)
[75], permet la prévision de la production
annuelle pour diverses probabilités
d’occurrence, connaissant la statistique de 50,0
la distribution des pluies.

État du cheptel
40,0
L’évolution des effectifs des ovins, espèce
animale dominante dans l’ensemble du
cheptel domestique pâturant les steppes
du nord de l’Afrique, a été la plus mar-
quante. Les troupeaux sont conduits en
modes sédentaire, quasi sédentaire, ou 30,0
migratoire. Ce dernier mode, jadis domi-
nant, a fortement régressé avec, globale-
ment, un gradient de sédentarisation aug-
mentant d’ouest en est [2, 68]. Avant les
années 1960, la courbe des effectifs ovins
enregistre des fluctuations importantes 20,0
liées à la variabilité pluviométrique modi- 1960 1970 1980 1990 2000
fiant directement les ressources pastorales.
Il est reconnu que durant les années 1940, Figure 3. Évolution du cheptel ovin dans le nord de l’Afrique (source : FAO).

Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 25


Pour combler le déficit fourrager déjà (Ouled Djellal). Cette race de plus grande bles sur 25 ans, selon cinq scénarios
chronique, les éleveurs ont eu recours, taille et plus appréciée semble-t-il sur le d’usage et de pression. Au terme des
durant les périodes de sécheresse, aux marché, est devenue dominante dans la 25 années [66], certains modèles ont été
aliments concentrés souvent subventionnés steppe du Sud oranais dès le début des validés, mais la réalité présentait des taux
par l’État [19, 79, 81, 82]. La culture de années 1990. La dominance des moutons de dégradation plus élevés que ceux de la
l’orge étant favorisée pour des raisons Béni Guil (ou daghma, équivalent de la simulation. À titre d’exemple, en raison de
spéculatives [83], les statistiques montrent hamra) de l’Oriental marocain semble en la mise en culture ou du surpâturage, la
que, en Algérie, cette production a évolué revanche se maintenir. steppe à Rhanterium suaveolens « en bon
de façon corrélée avec le cheptel alors état » a presque disparu alors qu’un faciès
que celle du blé dur, principale source de dégradation à Astragalus armatus s’est
alimentaire dans le monde rural, a eu Impact des changements d’usage beaucoup étendu, alors que son existence
tendance à stagner et même à diminuer. n’avait même pas été envisagée [90], tant
Au même titre que l’aliment du bétail, les sur les parcours steppiques la situation extrême de dégradation qu’il
denrées dites « de première nécessité » représente semblait alors improbable
ont été subventionnées. En Algérie, la Bien que la céréaliculture se soit étendue dans les années 1970.
viande, qui n’entrait pas dans cette caté- aux dépens des meilleurs parcours steppi- Dans l’Oriental marocain, la céréaliculture
gorie, a vu son prix multiplié par 10 en ques, les effectifs animaux ont continué le pratiquée sous le contrôle du droit coutu-
quelques années et l’élevage ovin a ainsi plus souvent à croître [68, 86]. Des parcel- mier et des agents locaux de l’État, ne
constitué, durant les années 1980, un cré- les, parfois très petites, sont régulièrement semble pas prendre une extension impor-
neau spéculatif qui a permis d’intercepter labourées dans la steppe en année favora- tante [92] ; quoique sur le versant sud de
une partie de l’économie des ménages. ble. De fait, les statistiques nationales l’Atlas marocain, le suivi des usages,
Notons que durant les années 1990 ignorent souvent ces surfaces et de atteste d’une augmentation nette de
(figure 3), les effectifs du cheptel se sont plus ne tiennent compte que des surfaces l’emprise agricole et corrélativement de la
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stabilisés et que le rapport des superficies de céréales récoltées. Durant les pression sur les réserves hydriques souter-
consacrées à la culture de l’orge et du blé années 1990, on estimait que 30 à 50 % raines [68].
dur a retrouvé un niveau équivalent à celui de la zone aride et steppique avaient été
des années 1960-1970. labourés au moins une fois avec souvent La première cause avancée pour expliquer
de faibles rendements. L’arboriculture cette emprise agricole est l’augmentation
Ces nouvelles pratiques et surtout celles (essentiellement oliviers et/ou figuiers), des niveaux de vie et des besoins d’une
concernant l’alimentation du bétail, ont s’est étendue dans la partie littorale orien- population croissante. Les statistiques
entraîné, par exemple en Tunisie [84], une tale des plaines de la Jeffarra jusqu’aux montrent qu’en quarante ans, la popula-
modification profonde du mode d’utilisa- environs d’Alexandrie, encouragée sou- tion a globalement été multipliée par 2,56
tion des plantes pérennes. C’est égale- vent par les États, malgré de grands écarts (minimum de 2,24 pour la Tunisie et maxi-
ment le cas, en Algérie, où la ration de production dus aux variations pluvio- mum de 3,92 pour la Libye). Pour les cinq
d’encombrement accompagnant des métriques [75] et aux types de sol [75, pays considérés, la population vivant
apports massifs d’aliments concentrés 76]. Dans cette région, en raison de la actuellement dans les zones steppiques
(couverture de 90 % des besoins énergéti- réduction de la superficie des parcours, la représente de 20 à 30 % d’un total
ques des troupeaux), a été assurée par pression de pâturage a augmenté même de plus de 150 millions d’habitants. Outre
l’alfa, ce qui explique la rapidité de sa quand le cheptel total a diminué [68]. l’accroissement des besoins, l’emprise
destruction [43, 80]. Les animaux sont L’extension de l’olivier a fait régresser agricole répond également à une logique
conduits dans les parcours collectifs l’activité pastorale au point qu’elle sem- spéculative, la mise en culture permettant
dégradés où, soit ils sont « promenés » ble, au moins en partie, remise en cause traditionnellement de s’approprier, pour
comme disent des éleveurs, soit ils pâtu- dans le Sud tunisien où le retour à des un temps, les terres dont le statut collectif
rent l’acheb, en complément des apports terres de parcours collectives semble de est souvent mis en cause.
d’aliments concentrés. C’est ainsi que de plus en plus improbable, voire irréaliste, Les terres de parcours, contrairement aux
principale ressource pastorale, la végéta- dans le contexte socio-économique actuel terres cultivées, restent dans leur ensemble
tion steppique est très rapidement devenue [87-89]. soumises au régime collectif [93]. Au
elle-même un « complément ». La steppe Les implications écologiques de cette Maroc, où la politique foncière reste dans
algérienne, dans son ensemble, s’est trans- emprise agricole ont été en particulier un relatif statu quo avec une réglementa-
formée en véritable « bergerie à ciel importantes en Tunisie, dans les « Basses tion peu précise sur les conditions d’usage
ouvert » [82]. Plaines Méridionales » et dans la plaine des pâturages, on estime la superficie
Il s’en est suivi un choix d’animaux plus littorale de la Jeffara (P compris entre 150 totale des terres collectives à 10 millions
performants que les races ovines locales et 200 mm) [2, 36, 90]. La steppe origi- d’hectares, dont 1 million de terres de
face à ce nouveau mode d’alimentation et nelle à alfa, a progressivement cédé la cultures. En Algérie, après avoir été pro-
de conduite des troupeaux. Ainsi, dans les place à une steppe d’arbrisseaux xérophi- priété collective des tribus, les terres
Hautes Steppes de Tunisie, la race barba- les [14, 15, 76, 90]. La sédentarisation, la « steppiques » appartiennent depuis
rine tunisienne a perdu de son importance mécanisation de l’agriculture et l’irrigation 1975 au domaine privé de l’État, mais
[85] et, en Algérie, la principale race ont été les causes d’une dégradation leur gestion relève des communes à
ovine hamra (à tête brune) a pratiquement accrue et récente des ressources naturel- l’exception de quelques rares propriétés
disparu du Sud oranais. Ces races locales les, aggravée par les sécheresses [66]. privées héritées de la période coloniale.
étaient connues pour leur rusticité et leur D’abord cantonnées dans les dépressions Dans les faits, le droit coutumier, toujours
capacité à se satisfaire d’une alimentation et au voisinage des ouvrages hydrauli- respecté, autorise le libre accès à tous, à
en grande partie prélevée sur parcours. ques, la céréaliculture puis l’arboriculture la seule condition d’éviter les terres labou-
Cette rusticité n’étant plus une exigence, ont ensuite gagné les glacis et les plaines rées. On assiste à une domination pro-
ces races ont été rapidement remplacées sableuses [36]. Le diagnostic écologique gressive des puissants et riches éleveurs et
par un groupe hybride comme la berguia établi [91] dans les années 1970 a permis d’« étrangers à la collectivité steppique »,
(la « blanche ») venant de l’Est algérien une modélisation des dynamiques proba- venus souvent du Nord (Tell) [81]. En Tuni-

26 Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006


sie, la politique foncière poursuivie depuis probabiliste déjà évoquée en fin du para- Pâturage différé
l’indépendance du pays, s’est traduite par graphe « Variabilité interannuelle ») L’utilisation de systèmes à usage
une extension de la propriété privée à même si les techniques exposées ci-après « contrôlé » est par exemple représentée
environ 90 % des terres collectives. L’ins- ont chacune leur intérêt. par des unités gérées en association
tauration de la propriété privée dans les d’exploitants éleveurs/pasteurs, ou
zones steppiques a entraîné à la fois une encore par des espaces mis « au repos »
diversification des systèmes de production Mise en défens
(hemma ou agdal), sortes de « jachères »
agricole et une exploitation, souvent pastorales permettent la régénération des
excessive, des ressources naturelles de la Des espaces steppiques ont été soustraits à
l’exploitation agropastorale en vue de res- ressources végétales [92]. La possibilité
zone aride [93]. peut être ainsi donnée aux espèces d’inté-
Dans les cinq pays du nord de l’Afrique, tauration ou de protection : mise en défens
(MD), pâturage différé, mise au repos rêt pastoral, d’une portion de terrain
l’évolution commune entraîne une diminu- exploitée par un troupeau, d’accomplir la
tion de la superficie en parcours au profit (agdal) ou réserve naturelle. C’est le cas,
en Tunisie, des parcs nationaux de totalité d’un cycle biologique et de disper-
des cultures, quelles soient pluviales ou ser leurs graines afin d’assurer la reconsti-
irriguées [10], même si l’on prédit un futur Haddej-Bou Hedma (réserve d’Acacia tor-
tilis subsp. raddiana), du parc de Sidi Toui tution du stock de graines viables du sol
recul de l’activité agricole suite à la baisse puis la régénération de la végétation.
des rendements due à la dégradation des et, au Maroc, des sites d’intérêt biologique
et écologique (dit sites Sibe) [68]. Cependant, les règles coutumières de ces
sols, à la surexploitation des ressources pratiques traditionnelles sont aujourd’hui
voire aux changements climatiques [20, Une comparaison de la végétation et des
états de surface a montré l’efficacité de la moins respectées ou mal adaptées aux
94]. tendances actuelles. La saturation des par-
Dans la plupart des steppes, les éleveurs protection [96]. La mise en défens d’une
steppe dégradée permet, après un laps de cours a rapidement favorisé, pour des
dotés de camions transportent facilement raisons démographiques et spéculatives,
l’eau d’abreuvement et même leurs trou- temps plus ou moins long, la reconstitution
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des caractéristiques majeures (couvert, une surexploitation des ressources dans


peaux en quête de pâturage [17]. Les des conditions de gestion collective non
déplacements sont d’autant plus facilités composition, production) de la végétation
préexistante [95]. Globalement, la MD contrôlée des parcours. Même dans de
que l’ancien droit arch et les représentants telles situations, l’activité pastorale cède le
coutumiers des familles et des groupes favorise la régénération des pérennes qui
en piégeant du sable et la matière organi- pas à la mise en culture, ce qui augmente
jadis garants de l’organisation sociale tra- la pression sur les ressources hydriques
ditionnelle ont perdu de leur autorité. La que [76] et en permettant l’infiltration de
l’eau de pluie, entraîne l’accroissement du souterraines de plus en plus menacées de
relation au parcours en tant que terroir a salinisation [68].
changé bien que l’exploitation obéisse couvert végétal et son maintien en période
toujours aux mêmes pratiques devenues de risque d’érosion [96]. Mais les effets de
la MD sont variables : c’est ainsi qu’en Introduction d’arbres
minières. À travers tout le Maghreb, la et arbustes fourragers
plupart des tentatives d’amélioration pas- Tunisie, il a été observé des changements
torale, au sens agronomique, des par- plus rapides dans les milieux sablonneux L’introduction d’espèces arbustives fourra-
cours a échoué [20]. L’explication vient, et sablo-limoneux que dans les steppes sur gères, souvent exotiques, en plantations
d’une part du manque de collaboration limons, les steppes à halophytes et les monospécifiques, a en général été préfé-
entre écologie et agronomie [20] et, matorrals. rée à la réintroduction d’espèces autochto-
d’autre part, d’usages ancestraux profon- Les détracteurs de la mise en défens avan- nes. Ainsi, près d’un million d’hectares ont
dément enracinés, avec une longue prati- cent l’argument de la baisse de la produc- été plantés en Cactus (Opuntia ficus-
que d’exploitation pastorale sans contre- tivité au cours du temps. Il est bien connu indica, Atriplex halimus et Acacia saligna
partie ayant épuisé les ressources des que l’effet bénéfique de la mise en défens dans le nord de l’Afrique [2]. Le succès de
steppes. n’est pas proportionnel à sa durée. Dans telles introductions est indéniable, mais
une steppe habituellement pâturée puis leur faisabilité est discutable aux plans
mise en défens pour une longue durée, les économique et social. Hormis le coût de
végétaux, notamment ligneux, ont ten- telles opérations, l’ouverture au pâturage
Quels remèdes ? dance à « faire du bois » en réduisant du a provoqué parfois des conflits de droit
coup la production de matière verte qui d’usage dans une logique d’exploitation
Dans le nord de l’Afrique, la régénération s’accompagne souvent d’une baisse collective.
des parcours a été, durant les quatre der- d’appétibilité de la végétation. Ainsi, dans
nières décennies, le défi à relever pour de une steppe d’armoise blanche, après une Restauration/réhabilitation
nombreuses actions d’aménagement protection totale de cinq ans, la proportion Parmi les rares expérimentations de réha-
comme pour des travaux de recherche de pousses vertes s’est trouvé être réduite bilitation, celle effectuée dans le Sud tuni-
expérimentale sur la restauration de 31 % (dans le témoin pâturé) à 20 % sien [36] a permis de reconstituer une
(senso latu). Le développement de l’écolo- [52]. Plus grave, à Sidi Toui (Sud tunisien), steppe très dégradée. Après quatre
gie de la restauration a permis, à travers une placette de steppe à Rhanterium sua- années, un certain nombre d’espèces de
l’approche « restauration-réhabilitation- veolens très dégradée par le surpâturage, la steppe à Rhanterium suaveolens, consi-
réaffectation » [70], de comprendre les puis mise en défens absolu pour une dérées comme « clef de voûte » [70], ont
processus dynamiques de la dégradation période trop longue, a été transformée en pu être réinstallées. Lors de la même expé-
comme de la reconstitution d’écosystèmes. désert [15]. Dans cette situation, les plan- rimentation, la tentative de réintroduction
De fait, une gestion raisonnable est consi- tes sont mortes du fait que la grande des espèces de la steppe à Artemisia
dérée comme étant la voie la plus efficace demande évapotranspirative des végé- herba-alba a été moins probante. Il est de
de conduite d’exploitation des parcours taux trop développés suite à la protection fait connu que l’installation des espèces
en permettant un niveau de production très ne pouvait plus être satisfaite à partir des limonophiles, comme l’armoise blanche,
supérieur à celui actuellement atteint [95]. ressources en eau du sol, en année sèche. est très délicate [36].
Les méthodes de gestion raisonnable res- À l’extérieur, les individus surpâturés sub- Ces travaux ouvrent la voie à un nouveau
tent pour l’essentiel à inventer (cf. gestion sistaient. paradigme dans les steppes arides - celui

Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006 27


de la réhabilitation - qui permettrait de portion la plus productive des populations Références
rechercher les voies et moyens de reconsti- végétales.
tution de certaines steppes ou, tout au Au plan de la biodiversité, au-delà de 1. Le Houérou HN. Considérations biogéogra-
moins, une remise en fonction optimale l’extinction locale d’espèces, de nom- phiques sur les steppes arides du Nord de l’Afri-
des systèmes ayant, au cours de leur breux taxons pastoraux considérés que. Sécheresse 1995 ; 6 : 167-82.
dégradation, dépassé certains seuils comme des « macro-espèces », quoique 2. Le Houérou HN. Bioclimatologie et biogéogra-
d’irréversibilité. toujours présents, ont perdu leurs popula- phie des steppes arides du Nord de l’Afrique.
tions les plus performantes en termes de Options Méditerranéennes Ser B Études et
potentiel productif. Sous le poids du surpâ- Recherches 1995 ; 10 : 1-396.
Conclusion turage permanent, leur pool génétique 3. Le Houérou HN. Impact of man and his ani-
s’est fortement érodé, ce qui plaide en mals on mediterranean vegetation. In : Di
faveur d’études plus approfondies de cer- Castri F, Goodall DW, Specht RL, eds.
L’état des connaissances sur les parcours Mediterranean-type shrublands. Amsterdam :
steppiques (zone aride entre les isohyètes tains taxons pastoraux en vue d’évaluer, et
si possible de conserver, leurs performan- Elsevier, 1981.
annuelles 100 et 400 mm) de l’Afrique du
Nord est résumé en fonction des données ces. Concernant la diversité animale, les 4. Vignet-Zunz J. A propos des Bédouins : une
inventaires et suivis montrent que de nom- réévaluation des rapports « nomades-
disponibles. Ces terres, longtemps vouées
breuses espèces animales, en particulier sédentaires ». In : Équipe « Écologie et anthropo-
au pâturage extensif, sont encore souvent logie des sociétés pastorales ». Production pasto-
qualifiées de « pays du mouton », tant la parmi les vertébrés, sont en fort déclin.
rale et société. Cambridge : Cambridge
vocation d’élevage ovin demeure domi- Pour les populations domestiques, ovines University Press, 1979.
nante en particulier dans la partie est de la en particulier, la performance en termes
de gain de poids de races hybrides intro- 5. Benmohammadi A, Benmohammadi L, Bal-
région (de la Tunisie à l’Égypte).
duites, est nettement privilégiée au détri- lais JL, Riser J. Analyse des inter-relations anth-
La production pastorale dans ces par- ropiques et naturelles : leur impact sur la recru-
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cours, est globalement marquée par un ment de la rusticité des races locales qui se descence des phénomènes d’ensablement et de
déclin significatif au cours des quarante trouvent ainsi menacées de raréfaction, désertification au sud-est du Maroc (vallée de
dernières années. Dans la majeure partie voire d’extinction. Drâa et vallée de Ziz). Sécheresse 2000 ; 11 :
des steppes, le couvert végétal des espè- La population humaine, de l’ordre de 297-308.
ces pérennes est aujourd’hui inférieur à 150 millions d’habitants dans les cinq 6. Firdawcy L, et al., eds. Programme d’action
15 % et la biomasse épigée inférieure à pays concernés, a triplé en moins de cin- nationale de lutte contre la désertification.
200 kg MS/ha. Dans ces conditions et en quante ans. L’exploitation des ressources Rabat : Ministère de l’Agriculture, du Développe-
année moyenne (200 mm de pluie), la biologiques et édaphiques des steppes, ment rural et des Eaux et Forêts, 2001.
productivité est inférieure à 50 UF/ha. sans restitution et le plus souvent sans 7. Asma-Ali-Abuhussain, Abdu AS, Al
Un certain nombre de facteurs d’ordre contrôle, a conduit à de profondes modifi- Zubari WK, El Deen NA, Abdul Raheem M.
écologique, social et économique, plus ou cations du milieu nécessitant de gros Desertification in Arab Region : Analysis of cur-
moins emboîtés, ont concouru à la baisse efforts d’adaptation. Le constat de déserti- rent status and trends. J Arid Environ 2002 ; 51 :
de la production pastorale des parcours : fication ne doit cependant pas être géné- 521-45.
– la sédentarisation progressive accrois- ralisé. Certaines steppes ont gardé un 8. Oussedik A, Iftène T, Zegrar A. Réalisation
sant la pression pastorale sur des parcours potentiel de résilience suffisant permettant par télédétection de la carte d’Algérie de sensibi-
que les troupeaux quittent de moins en leur restauration par la simple gestion rai- lité à la désertification. Sécheresse 2003 ; 14 :
moins ; sonnée. Durant les dernières décennies, 195-201.
– la surface pastorale régressant au profit
les actions visant à corriger la dynamique 9. Romdhane A. Gestion des parcours et lutte
de la céréaliculture et de l’arboriculture, ce
actuelle ont été nombreuses et coûteuses, contre la désertification en zone pré-désertique
qui remet en cause la vocation pastorale aride : le cas de Menzel Habib (Sud-Tunisien).
de certains espaces ; mais souvent sans résultats probants. Le
niveau de connaissances en sciences de la Revue des Régions Arides 2002; (1) : 62-82.
– l’expansion de l’agriculture portant sur
les terres les plus fertiles, privant ainsi restauration permet désormais d’engager 10. Ben-Mahmoud KR, Mansur S, Al-Gomati A.
l’élevage des meilleurs pâturages et des programmes expérimentaux visant à Land degradation and desertification in Libya.
accroître les connaissances sur les méca- In : Alsharhan AS, Wood WW, Goudie AS,
accroissant la pression pastorale sur des Fowler A, Abdellatif EM, eds. Desertification in
parcours déjà dégradés ; nismes écologiques et biologiques. Ces
the third millennium. Lisse : Swets Zeitlinger
– l’augmentation du cheptel accroissant la expérimentations restent cependant trop
Publishers, 2003.
pression pastorale déjà élevée et marquée rares.
11. Fikri-Benbrahim K, Ismaili M, Fikri-
par un déficit fourrager devenu chroni- Les steppes du nord de l’Afrique consti- Benbrahim S, Tribak A. Problèmes de dégrada-
que ; tuent une des zones concernées par tion de l’environnement par la désertification et la
– les pratiques d’élevage favorisant le plus l’application de la CCD9 encourageant déforestation : impact du phénomène au Maroc.
souvent l’alimentation par les concentrés l’observation à long terme et l’expérimen- Sécheresse 2004 ; 15 : 307-20.
afin de combler le déficit fourrager ; tation de techniques de restauration. Des 12. Trabut L. Étude sur l’Halfa. Alger : Jourdan,
– les espèces pérennes en forte régression programmes ambitieux sont prévus dans 1889.
car consommées de plus en plus par les le cadre de la mise en œuvre des Program-
ovins en tant que complément d’une ration mes d’action nationaux et régionaux (PAN 13. Lavauden L. Les forêts du Sahara. Rev Eaux
dans laquelle domine l’aliment concentré ; For 1927 ; LXV : 265-77.
et PAR) dans lesquels l’activité pastorale,
– l’absence, une bonne part de l’année, en tant que contribution au développe- 14. Le Houérou HN. Recherches écologiques et
d’une couverture végétale pérenne, livrant ment des steppes, doit dépasser le stade floristiques sur la végétation de la Tunisie méri-
le sol à l’érosion et favorisant dès lors une de la simple cueillette. ■ dionale. Mem Inst Rech Sahariennes 1959 ; 1 :
dégradation des ressources édaphiques et 1-281.
hydriques ; 15. Le Houérou HN. La végétation de la Tunisie
– le déclin de la performance des espèces 9
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30 Sécheresse vol. 17, n° 1-2, janvier-juin 2006

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