essais

dossier
uu12BIEN CHOISIR
RÉFRIGÉRA SON NETTOYANT
TEURS-CONGÉLA CUISINE
TEURS p.44 -p.Benjamin
42 Douriez, Dominique Foing.

uuMOTOBINEUSES
SUREFFICACITÉp.48
: LES FABRICANTS
- Foing, ABUSENT
Fanny Guibert, Thomas p. 44Le Fur.
Laurenceau, Erwan

uu6 DES PRODUITS

ALARMES SANSQU’IL NE F
FIL p.52 - AIT PAS
Benjamin BON
Douriez, RESPIRER
Dominique Foing. p. 50

Bien choisir
son
nettoyant
cuisine
sans nuire à l’environnement
42 l 60 millions de consommateurs l n°428 l juin 2008

Nous les utilisons chaque jour.
Et pourtant, nous savons peu de chose sur l’efficacité de ces nettoyants de
cuisine. Tout comme leur impact sur la qualité de l’air que nous respirons.
«60» les a testés. À vous de choisir.
ERWAN LE FUR, CARINE MAYO. NICOLAS TEISSEYRE, INGÉNIEUR.
tilisés en masse pour
U le nettoyage de notre
intérieur, les détergents
ménagers constituent
une importante source
de pollution. Ce n’est pourtant
qu’assez récemment que les
fabricants ont commencé à
développer des produits verts.
Révolution ? Pas si sûr, car l’effi-
cacité reste quand même la prio-
rité du consommateur. Chaque
année, les Français dépensent
environ 300 millions d’euros
dans l’achat de nettoyants ména-
gers. Parmi les produits les plus
populaires, les pistolets pour la
cuisine ou la salle de bain ainsi
que les détergents pour le sol
représentent près des deux tiers
des ventes, devant les crèmes
nettoyantes ou les lingettes.
Ça brille…
mais ça pollue !
Quel que soit le mode de net-
toyage choisi, il faut que ça
brille… La contrepartie, inévita-
blement, c’est que cela pollue.
Car, on s’en doute, les diffé-
rentes substances utilisées dans
ces produits sont rarement inof-
fensives : solvants organiques,
tensio-actifs et autres composés
chlorés… autant de produits chi-
miques rejetés dans l’évier ou
respirés à la maison. Sans comp-
ter les différentes étapes de pro-
duction de tous ces produits
chimiques – et celles de l’em-
ballage plastique – dont on a
souvent tendance à oublier l’im-
pact environnemental.
Pourtant, les détergents écolo-
giques représentent une infime
partie du marché. Et encore,
parmi ces produits, il faut distin-
guer le bon grain de l’ivraie, nom-
bre d’entre eux n’ayant souvent
de vert que le nom. Cette situa-
tion ne devrait pas perdurer,
assure Serge Adida, chef de
groupe nettoyants ménagers
chez Unilever, le fabricant de Cif :
« La perception des consomma-
teurs est en train d’évoluer. Si
l’efficacité reste, et de loin, le pre-
mier critère de choix, le respect
de l’environnement est en train
de s’imposer comme un prére-
quis. » Un critère nécessaire, en
somme, mais non suffisant.
Le marché des nettoyants verts
est donc appelé à se dévelop-
per. C’est ce qu’on devrait voir
se produire dans les mois à
venir. Les grandes marques,
juin 2008 l n°428 l 60 millions de consommateurs l
PRODUITS D’ENTRETIEN
très peu présentes sur ce sec-
teur jusqu’à présent, sont sem-
ble-t-il dans les starting-blocks.
Même si, plaide Serge Adida,
les contraintes réglementaires
en vigueur assurent déjà aux
consommateurs une bonne
garantie quant au respect de
l’environnement des produits
qui leur sont proposés. « La
principale erreur des marques
nationales est sans doute de ne
pas avoir assez communiqué
là-dessus. » Espérons que les
efforts des industriels ne porte-
ront pas seulement sur la
communication, mais aussi
et surtout sur l’amélioration
de leurs formules.
43
 dossier
Surefficacité les
fabricants abusent
Nettoyer sa cuisine… Saine activité ? On peut en douter. Sauf qu’il est
centre is difficile d’y échapper. Nous avons testé dix-huit références. Entre efficacité
d’essa et respect de l’environnement, quels produits utiliser ? Suivez le guide.
Entre promesses d’efficacité et
de respect de l’environnement,
nombreuses sont les déclinai-
sons qui s’offrent au consom-
mateur sur le marché des
détergents pour la cuisine.
Plusieurs questions s’imposent :
un produit qui s’affiche vert l’est-
il vraiment ? Un surpuissant pré-
sente-t-il effectivement une
meilleure efficacité qu’un déter-
gent classique ? Enfin – et sur-
tout ! – est-il possible de trouver
un produit offrant un compromis
satisfaisant entre ces deux
critères ?
Notre sélection de dix-
huit sprays de nettoyage
C’est ce que nous avons voulu
vérifier. Pour ce faire, nous
avons sélectionné dix-huit
sprays de nettoyage pour la
cuisine. Tous ces produits ont
en commun la promesse de
LE PLUS
EFFICACE
MARQUE
les choix de
REPÈRE
CLAIR SPRAY AVEC
EAU DE JAVEL
Prix 1,19 e
16/20
44 l 60 millions de consommateurs l n°428 l juin 2008
PRODUITS D’ENTRETIEN
dégraisser avec, très souvent,
une mention venant appuyer
cette allégation (“puissant”,“sur-
puissant”, “ultra”, “profession-
nel”, “power”, “expert”…). Parmi
notre sélection, quatre déter-
gents affichent des revendica-
tions environnementales. Mais
seulement deux peuvent se tar-
guer d’avoir été certifiés par un
organisme officiel.
Les produits de notre sélection
sont vendus entre 1,80 et
11,74 € le litre. Sans surprise,
le prix au litre des marques de
distributeurs, qui représentent
le tiers des produits de notre
banc d’essai (2,38 €), est net-
tement moins élevé que celui
des produits de marque natio-
nale qui coûtent en moyenne
deux fois plus cher, à près de
5 € le litre.
Pour chaque détergent, nous
avons notamment évalué l’effi-
LE PLUS
“VERT”
L’ARBRE VERT
DÉGRAISSANT
ÉCOLOGIQUE
Prix 2,25 e
13,5/20
cacité sur plusieurs types de
tâches (gras, sucres brûlés) et
dans différentes conditions d’uti-
lisation. Ont également été éva-
lués leurs niveaux d’émission de
composés organiques et volatils
et d’aldéhydes. Histoire de voir
dans quelle mesure il est possi-
ble de recourir à des détergents
offrant une bonne capacité
dégraissante sans pour autant
trop affecter l’environnement de
l’utilisateur.
Des promesses plus ou
moins bien tenues…
Sans entrer dans le détail de nos
résultats, on constate d’abord
qu’il est difficile de tirer des
conclusions en matière d’allé-
gations environnementales tant
les produits s’affichant verts
obtiennent des résultats varia-
bles. Une chose est certaine : en
choisissant les produits écola-
les
choix
de
LE MEILLEUR
COMPROMIS
CIF
POWER CREAM
CITRON
J. CHISCANO/«60»
Prix 2,75 e
15/20
bellisés vous devriez a priori
minimiser les émissions pol-
luantes. Reste que certains pro-
duits qui ne présentent aucune
revendication en la matière
obtiennent des résultats tout
aussi satisfaisants que les déter-
gents porteurs du label.
Deuxième constat : si la règle a
ses exceptions, il n’en reste
pas moins que la formulation
des produits et leurs résultats
lors de nos essais en matière
d’efficacité sont globalement
conformes aux promesses des
fabricants. Autrement dit : les
produits surpuissants sont glo-
balement plus efficaces que les
détergents. Certains sont même
tellement décapants qu’à la
limite il n’est presque plus
besoin de frotter. Nos cuisines
sont-elles si sales ?
Même sans parler de l’inévita-
ble contrepartie environnemen-
tale, on est sceptique quant à la
pertinence de tels produits. Les
Français le sont aussi d’ailleurs,
comme en témoigne l’état de
santé du marché des surpuis-
sants. « La surpuissance est
un positionnement en forte
décroissance », constate Serge
Adida, qui observe chez Unilever
les tendances en matière de
nettoyage domestique. Pour lui,
peu de marques devraient
survivre à cette désaffection. La
surpuissance, non merci ! ont
répondu, à juste titre nous sem-
ble-t-il, les Français.

CE QU’IL FAUT SAVOIR
AVANT D’ACHETER
1 PRODUIT MULTI-USAGE
OU SPÉCIALISÉ ?
Il existe une différence entre les
différents types de produits. Les
détergents dédiés au nettoyage de
la cuisine, hautement basiques,
sont formulés pour dissoudre les
graisses ; ceux destinés à la salle
de bains, où le calcaire règne en
maître, sont plutôt acides. Entre
les deux, les produits multi-usages
permettent de limiter leur nombre
dans l’armoire à détergents, mais
présentent une efficacité moindre.
2 SURPUISSANT
OU CLASSIQUE ?
Peut-on se fier aux revendications
des fabricants quant au caractère
surpuissant de leurs produits ?
Les résultats de nos essais sem-
blent le confirmer. Les détergents
qui contiennent de l’eau de Javel
sont également très efficaces. À
vous de voir si votre cuisine est
sale au point que l’utilisation de
tels produits, souvent très corro-
sifs, se justifie.
3 PRENEZ EN COMPTE
LES SURFACES À TRAITER
Attention, avant l’achat, de bien
vérifier que le produit de votre
choix est compatible avec le type
de matériaux (marbre, bois, plas-
tique, etc.) présents dans votre
cuisine. Certains fabricants le pré-
cisent. Mais ce n’est pas obliga-
toire. Si votre choix se porte sur
un produit surpuissant ou conte-
nant de l’eau de Javel, il est vive-
ment conseillé de tester le produit
sur une petite zone de la surface
que vous souhaitez nettoyer.
4 VÉRIFIEZ LE DÉBIT
DU PISTOLET
Certains pistolets sont plus géné-
reux que d’autres. La quantité
délivrée à chaque pulvérisation
est en effet très variable. D’après
les résultats de nos essais, en
admettant que l’utilisateur
applique un nombre donné de
“coups de spray”, il utilisera, sans
réellement s’en rendre compte,
une quantité de produit pouvant
aller du simple au double. Ce qui
tend à relativiser le prix de vente.
Ce n’est hélas qu’à l’usage que
vous pourrez véritablement com-
parer les produits.
juin 2008 l n°428 l 60 millions de consommateurs l
PRODUITS D’ENTRETIEN
Un marché
prospère
s Avec 95 millions d’euros
par an de chiffre d’affaires,
les sprays détergents (cui-
sine, salle de bains, multi-
usage) représentent le tiers
des ventes des produits
d’entretien ménager en
France. Ils constituent avec
les nettoyants pour le sol
le plus important segment
du marché.
PART DE MARCHÉ
DES DIFFÉRENTS ACTEURS
La presque totalité du
gâteau se partage entre
cinq acteurs : quatre multi-
nationales et la grande
distribution. Les premières
accaparent près de 70 % du
marché. Les marques de
distributeurs, quant à elles,
sont légèrement à la traîne
sur le secteur des sprays
nettoyants par rapport aux
résultats qu’elles obtien-
nent sur l’ensemble des
produits d’entretien (pres-
que 20 % des ventes selon
les données publiées par
AC Nielsen), puisqu’elles
représentent seulement
10 % des parts de marché
en valeur.
45
 dossier PRODUITS D’ENTRETIEN

Le plus Le meilleur Le plus

efficace compromis vert

aaa Très bon 20 à 17

aa Bon 16,5 à 13
a Acceptable 12,5 à 10
c Insuffisant 9,5 à 7
cc Très insuffisant 6,5 à 0

Les pourcentages entre parenthèses

expriment le poids de chaque critère
dans la notation finale.
MARQUE LA CROIX CIF W5 CILLIT BANG LEADER BREF POWER L’ARBRE
REPÈRE EXPERT Power cream Spray Dégraissant PRICE Multi- VERT
Clair spray Nettoyant citron nettoyant universel (1) Nettoyant dégraissant Dégraissant
CARACTÉRISTIQUES

avec eau surpuissant avec eau surpuissant écologique (2)

de Javel avec eau de Javel
de Javel

Positionnement Surpuissant Surpuissant Surpuissant Surpuissant Produit vert

Fabricants MDD COLGATE UNILEVER MDD RECKITT MDD HENKEL NOVAMEX
LECLERC PALMOLIVE LIDL BENCKISER LEADER PRICE
Contenance 500 ml 750 ml 750 ml 1l 750 ml 750 ml 750 ml 500 ml
Prix du flacon 1,19 € 3,87 € 2,75 € 1,99 € 4,95 € 1,35 € 1,42 € 2,25 €
Prix au litre 2,38 € 5,16 € 3,67 € 1,99 € 6,60 € 1,80 € 1,89 € 4,50 €

Efficacité-Détergence (40 %) aaa aaa aaa aaa aa aa aa a

Traces (5 %) aaa aa cc cc aa c aa c
RÉSULTATS

Pollution de l’air aa aa aa aa a aa aa aaa

par émissions (40 %)
pH (15 %) 13,2 13,1 11,1 13 11,1 8,8 10,7 10
ph > 7 = basique/ph < 7 = acide c c aa c aa aa aa aa
Appréciation globale 16/20 15/20 15/20 15/20 14,5/20 14,5/20 14/20 13,5/20
1. Le fabricant nous informe du changement de composition du produit. 2. Produit porteur de l’écolabel européen. 3. Produit multi-usage.

LES RÉSULTATS DE NOTRE ESSAI

Efficacité de détergence
Quatre produits tirent nettement
leur épingle du jeu au chapitre de
l’efficacité, suivis par cinq autres
produits surpuissants. À noter
que le W5, Le Clair Spray Marque
repère et La Croix Expert ont per-
mis d’éliminer la presque totalité
des matières grasses sur plaque
Inox après immersion, sans
action mécanique aucune.
Autrement dit, même plus
besoin de frotter les salissures à
l’aide de l’éponge. Est-ce bien
nécessaire ? Nos cuisines sont-
elles vraiment si sales ? À l’autre
extrême, les produits Ozkleen,
Vigor, Monoprix et St Marc ter-
minent bons derniers.
Sachez qu’ils s’avèreront néan-
moins suffisants pour réaliser un
entretien courant.
Niveau des émissions
Quatre produits (Ajax, Carolin,
Ozkleen et Auchan) présentent,
dans les conditions de nos essais,
des niveaux d’émissions de com-
posés organiques volatils (COV)
élevés par rapport aux autres pro-
duits. Environ cinq fois plus que
L’Arbre Vert, Vigor, Marque Repère,
Leader Price et Rainett.
Parmi ces COV, notons que le pro-
duit Ozkleen, et dans une moin-
dre mesure les détergents
Auchan et Bref, émettent des
quantités non négligeables de
limonène, une substance utilisée
pour ses vertus parfumantes,
mais potentiellement allergisante.
Outre les odeurs de limonène,
nos essais ont mis en évidence
la présence de molécules géné-
rant des odeurs de menthe (men-
thol et d’eucalyptol) et des odeurs
de type résine de pin (cédrène,
pinène et terpinène). Bien que
peu dangereux, ces composés
peuvent s’avérer allergisants chez
des personnes sensibles.
Autre catégorie de COV : les
éthers de glycol. Résultat : des
niveaux d’émission faibles, ou
concernant des composés dont
la toxicité ne semble pas être avé-
rée, en l’état actuel des connais-
sances (voir page 50). Seule
exception, le produit Ozkleen pré-
sente des niveaux importants
d’émissions de butyl glycol, un
composé irritant pour les
muqueuses nasales et oculaires
que les fabricants ont pour la plu-
part banni de leur formulation.
Pour les autres solvants orga-
niques recherchés, notamment
les aldéhydes volatils, nos
mesures indiquent des quantités
d’émissions faibles, voire nulles.
Mesure de l’acidité (pH)
Le pH est une valeur comprise
entre 1 et 14, qui rend compte
de l’acidité et de la basicité d’une
solution. Le pH des produits de

46 l 60 millions de consommateurs l n°428 l juin 2008

 PRODUITS D’ENTRETIEN

J. CHISCANO/«60»
Mr. PROPRE CARREFOUR RAINETT MONOPRIX AUCHAN VIGOR AJAX CAROLIN ST MARC OZKLEEN
Éclair Nettoyant Dégraissant VERT Nettoyant Nettoyant Professional Ultra- Multi-usage Natural
surpuissant puissant au sel marin Spray spray Force 5 (3) dégraissant dégraissant 4 en 1 (3) Power (3)
dégraissant cuisine nettoyant ultra- ultra (1) fraîcheur
cuisine dégraissant dégraissant savon de
cuisine (2) Marseille

Surpuissant Produit vert Produit vert Surpuissant Produit vert

PROCTER & MDD WERNER & MDD MDD EAU COLGATE BOLTON RECKITT JUSTIFIED
GAMBLE CARREFOUR MERTZ MONOPRIX AUCHAN ÉCARLATE PALMOLIVE SOLITAIRE BENCKISER MARKETING
750 ml 750 ml 500 ml 750 ml 500 ml 1l 750 ml 750 ml 500 ml 500 ml
3,15 € 1,95 € 2,75 € 1,89 € 1,42 € 2,99 € 4€ 2,75 € 1,90 € 5,87 €
4,20 € 2,60 € 5,50 € 2,52 € 2,84 € 2,99 € 5,33 € 3,67 € 3,80 € 11,74 €

aa a a c aa c a a c c
aa aa aa aaa cc aaa aa cc aa cc
aa aa aa aa a aaa c c a c

10,8 11 9,9 6,4 11 2,3 8,8 10,8 2,9 2,4

aa aa aa aa aa c aa aa c c
13,5/20 13,5/20 13/20 12,5/20 12,5/20 12/20 11,5/20 10,5/20 10,5/20 7,5/20

COMMENT NOUS AVONS PROCÉDÉ

notre sélection est en général u Traces résiduelles u Niveau des émissions
basique. On s’étonne toutefois Cet essai consiste à évaluer les traces laissées par Pour chaque détergent, nous avons mesuré les
de trouver trois détergents acides le produit après utilisation. Pour ce faire, 5 g de net- émissions de composés organiques volatils, ainsi
(pH compris entre 2,3 et 2,9) toyant ont été pulvérisés sur un miroir, qui a ensuite que d’aldéhydes volatils. Nous avons calculé les
manifestement beaucoup plus été rincé à trois reprises. Notre évaluation s’appuie émissions en introduisant une certaine quantité
adapté au nettoyage de la salle sur un examen visuel en chambre noire. de produit dans un contenant en inox, à la sortie
de bains. Ces produits très acides duquel les émissions de substances volatiles ont
et éventuellement dangereux ont été piégées, puis quantifiées au moyen de diffé-
été pénalisés. Même punition rentes méthodes d’analyses physicochimiques.
pour les détergents présentant
un pH au-delà de 13. u Efficacité de détergence
Pour évaluer ce critère, nous avons mesuré la quan-
Traces résiduelles tité de saleté que chaque produit permet d’éliminer.
I. HANNING/RÉA/«60»

Pour une majorité de produits, le L’expérience a été menée sur un mélange de

nettoyage ne laisse que peu ou
pas de traces résiduelles de pro-
duits. Plusieurs détergents néces-
sitent toutefois plus d’effort lors
du rinçage.
matières grasses (beurre, margarine, etc.) déposé à
la surface de plaques en métal, de même que sur un
Des salissures normalisées permettent de comparer dépôt de sucres brûlés. La quantité de matière élimi-
l’efficacité de détergence de chaque produit. née a été mesurée par différence de poids.

juin 2008 l n°428 l 60 millions de consommateurs l 47

 dossier PRODUITS D’ENTRETIEN
BIEN LIRE LES ÉTIQUETTES
POUR UNE MEILLEURE UTILISATION
Que contiennent ces détergents ? Pour le
savoir, il suffit de lire l’étiquette, ou de se
reporter au site Internet, où les fabricants
sont tenus de mettre l’information à dis-
position du public. Une obligation évidente,
mais peu utile pour le consommateur. En
effet, quel intérêt pour lui de savoir que tel
détergent contient des agents anioniques
et des hydrocarbures aromatiques, ou que
tel autre est plein d’EDTA et de zéolites,
s’il ne sait pas à quoi servent ces ingré-
dients ? Passage en revue des différentes
substances utilisées et de leur activité.
Les détergents pour cuisine sont formulés
de façon à éliminer les graisses. Différents
constituants permettent aux produits d’as-
surer cette mission.
• Les agents alcalins, qui confèrent à ces
produits leur caractère basique, capables
d’oxyder les graisses et de les rendre solu-
bles dans l’eau : hypochlorite et hydroxyde
de sodium, éthanolamine...
• Les tensioactifs, utilisés pour émulsifier
les graisses afin, là encore, de les rendre
solubles dans l’eau : c’est ce qu’on appelle
les agents de surface.
• Les solvants organiques, dont l’affinité
avec les corps gras permet de faciliter leur
élimination : alcools, éthers de glycol...
• Les séquestrants, dont l’action a pour
objet de bloquer les interférences avec les
différents actifs de la formule que certains
agents présents dans l’eau pourraient
avoir : EDTA, zéolites…
48 l 60 millions de consommateurs l n°428 l juin 2008
Que savons-nous de la toxicité de ces dif-
férents ingrédients ? Même si le bien
nommé règlement européen “détergent”
fixe une concentration limite d’utilisation
pour les substances les plus dangereuses,
en tout cas celles qui sont jugés comme
telles, on peut dire sans grand risque d’er-
reur que les détergents sont loin d’être des
produits inoffensifs. Ils sont donc à manier
avec prudence et parcimonie.
Les obligations réglementaires en matière
d’étiquetage, qui imposent également aux
fabricants d’indiquer le mode d’emploi et,
le cas échéant, les précautions particu-
lières d’utilisation prennent, pour le coup,
tout leur sens. Encore faut-il que les fabri-
cants les précisent. Ce qui n’est pas tou-
jours le cas. Loin s’en faut. Qu’on en juge
sur pièce :
• le port des gants pendant utilisation, et
le lavage des mains après utilisation, ne
sont préconisés que pour sept des dix-huit
références de notre banc d’essai ;
• recommander d’éviter de respirer les pro-
duits, ou encore de penser à travailler dans
un espace bien ventilé... C’est évident ?
Oui, mais peu importe : ce conseil n’est
jamais inutile à rappeler. Ce n’est pourtant
le cas que pour huit références ;
• enfin, la moitié des produits ne précisent
pas qu’il est hautement déconseillé, pour
ne pas dire proscrit, de mélanger les déter-
gents entre eux. Un oubli potentiellement
“explosif”.
Les produits
Même s’ils sont meilleurs pour
l’environnement, les produits verts ne
sont pas inoffensifs, et pas tous aussi
écologiques qu’ils le prétendent !
Aujourd’hui, beaucoup de détergents sur-
fent sur la vague écolo. Plusieurs distribu-
teurs, comme Monoprix, ont créé leur
gamme verte, tandis que certaines marques
font de leur image verte un argument mar-
keting, comme Ozkleen qui se présente
comme un nettoyant puissant et naturel. Et
ça marche : selon l’Institut Iri, si la vente de
produits verts ne représente encore que 3 %
du chiffre d’affaires d’entretien de la mai-
son, elle a grimpé de 25 % l’an dernier .
Désormais, une majorité de Français décla-
rent vérifier que les produits d’entretien
qu’ils achètent ne sont pas – trop – dange-
reux pour la nature. Mais il faut se méfier
des mentions trompeuses et garder à l’es-
prit que ces produits ne sont pas aussi inof-
fensifs qu’ils peuvent le laisser croire.
Distinguer le vrai du faux
D’abord, un produit d’entretien totalement
vert, sans impact sur l’environnement, cela
n’existe pas. Certes, les produits qui bénéfi-
cient de l’écolabel européen ont de meilleurs
résultats en matière de pollution de l’air,
mais ils comportent de nombreuses molé-
cules issues de la pétrochimie qui peuvent
Bonnet d’âne pour la
s Un dernier de la classe, cha-
cun de nos essais en compte
J. CHISCANO/«60»
un, comparaison oblige. Le cas
Ozkleen a toutefois ceci de
remarquable que ce produit est
de loin le plus cher de tous
ceux testés et que, à chacune
de nos évaluations mettant en
évidence ses piètres perfor-
mances, on trouve en face une allégation
marketing allant – on s’en doute – dans le
sens contraire.
 PRODUITS D’ENTRETIEN

info
verts : vraies et fausses promesses +
avoir un impact sur la qualité de l’eau, L’écolabel européen • Le logo de l’organisme de contrôle Ecocert,
même si leur biodégradabilité est meilleure est l’équivalent de NF que l’on trouve surtout sur les produits d’en-
environnement pour
que celle de détergents conventionnels. les pays de l’Union tretien des magasins bio, signifie que les
Quant aux produits naturels, ils intègrent européenne. Parmi composés sont d’origine naturelle et moins
des plantes qui peuvent être issues de l’agri- les produits porteurs nocifs pour l’environnement, mais ne s’en-
de ce label, on trouve
culture intensive, voire responsables de la des détergents, mais gagent pas sur l’efficacité des détergents.
déforestation lorsqu’ils sont à base d’huile aussi des peintures • L’écolabel européen distingue les produits
de palme. En outre, ils contiennent des et vernis, des papiers dont l’impact sur l’environnement est
absorbants…
huiles essentielles, qui, à forte dose, peu- réduit : les composés chimiques reconnus
vent se révéler allergisantes, et sources les plus nocifs sont absents et les embal-
d’émissions non négligeables de composés lages limités, tout comme la consommation
organiques volatils, comme c’est le cas pour d’eau et d’énergie.
DR

le produit Ozkleen. C’est pourquoi il ne faut
pas avoir la main lourde avec les détergents,
même lorsqu’ils bénéficient d’un label éco-
logique. Un second mauvais point pour
Ozkleen : son spray est l’un de ceux qui
émettent le plus de liquide !
Écolos… et efficaces ?
De fait, les produits verts sont moins effi-
caces que les produits surpuissants. Mais a-
t-on besoin de produits surpuissants ? Sur
les quatre produits testés qui se disent éco-
logiques, deux (Rainett et l’Arbre vert) ont
Fondé en France en
1991, Ecocert est un
organisme de cer-
tification interna-
une assez bonne efficacité, meilleure même
que certains détergents conventionnels.
Certes, le second laisse quelques traces et
nécessite un meilleur rinçage. Pas de secret,
si l’on veut être écologique, il faut payer un
peu plus de sa personne ou… être astucieux.
Par exemple en laissant le produit agir avant
de frotter ou en intervenant avant que la
saleté ne s’accumule. Mais le jeu en vaut la
chandelle, car ces détergents sont beaucoup
moins polluants pour l’air de la maison !
Des logos parfois fantaisistes
Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver
parmi les autroproclamations flatteuses sur
• Le logo du WWF sur les produits Rainett
indique que la société qui les fabrique
finance des programmes de protection de la
nature du WWF. Contrairement à un orga-
nisme de contrôle, le WWF ne s’engage pas
à vérifier la composition des produits, mais
à inciter l’entreprise à améliorer ses pra-
tiques… ce qui pourrait déboucher bientôt
sur l’obtention de l’écolabel européen pour
le dégraissant de notre test !
Première organisa-
tion mondiale de pro-
tection de la nature,
le WWF travaille
en partenariat avec
des entreprises
auxquelles il donne
sa marque, ces der-
DR

les étiquettes et les nombreux logos, par-

tional, agréé par nières bénéficiant
l’Institut national fois fantaisistes, qui fleurissent sur les pro-
ainsi de la reconnais-
de l’origine et de duits d’entretien. En voici trois qui, au moins, sance des engage-
DR

la qualité. veulent dire quelque chose. ments du WWF.

Nos conclusions
marque Ozkleen s Parmi les produits de
s Ozkleen a ainsi été désigné produit non notre essai qui se distin-
alimentaire préféré des Français du palma- guent, ceux qui bénéfi-
rès des innovations Ipsos-LSA de février cient de la puissance
2008, clame sur son site le fabricant austra- oxydante de l’eau de
lien du détergent. Pourtant, dans les condi- Javel ainsi que les super-
tions de nos essais, ce produit est à peine puissants de formulations
plus efficace que l’eau seule. Sans préjuger musclées sont sans
de son impact sur les eaux de rinçage, il pré- conteste les plus effi-
sente, en outre, le pire niveau d’émission caces pour éliminer
de composés organiques volatils. On est les salissures tenaces.
donc loin du produit vert « inoffensif pour s En contrepartie, ces
l’environnement » vanté par le fabricant. produits sont très corro-
sifs et ne sont par
ailleurs pas adaptés à
toutes les surfaces. Pour
des salissures légères ou
pour un usage fréquent,
nous recommandons
d’utiliser des détergents
classiques ou qui ne
contiennent pas d’eau
de Javel.
s Dans le doute, mieux
vaut préférer les produits
qui produisent le moins
d’émissions aériennes,
tout en restant efficaces.
C’est le cas de Marque
Repère (avec un bémol
cependant, car il contient
de l’eau de Javel), Leader
Price, l’Arbre Vert et
Rainett, qui ont des
émissions limitées de
composés organiques
volatils et une efficacité
jugée de très bonne à
acceptable.

juin 2008 l n°428 l 60 millions de consommateurs l 49

 dossier
Des produits qu’il ne
fait pas bon respirer
Ils sentent bon le propre, et pourtant, leur impact sur l’air n’est pas aussi bénéfique qu’on
pourrait le croire ! La plupart des produits d’entretien sont encore trop polluants.
Et il est urgent de se préoccuper de la pollution de l’air intérieur.
On sait depuis longtemps que l’air
extérieur est pollué. Mais la prise
de conscience concernant la
qualité de notre air intérieur est
récente. Nos maisons sont pour-
tant de vrais nids de pollution, abri-
tant toutes sortes de substances
chimiques, dont les composés
organiques volatils (COV), émis par
les produits ménagers. Certes, on
ne peut pas mettre tous ces COV
sur le même plan : ils appartiennent
à différentes familles chimiques et
n’ont pas les mêmes effets sur l’en-
vironnement et la santé.
Des parfums pas du tout
anodins pour la santé
Même si certains peuvent paraître
inoffensifs, on ignore encore com-
ment ils interagissent au sein d’un
même produit et quels peuvent
être leurs effets quand ils sont
combinés aux autres polluants de
la maison. Attention aux produits
au parfum prononcé ! Quand la
cuisine “sent le propre”, on a la
conscience tranquille et l’impres-
sion de l’avoir bien nettoyée. C’est
sans doute pour cela que les fabri-
cants soignent les odeurs de
leurs détergents. Mais, derrière
ces senteurs de menthe, de pin
ou de citron, se cachent des
molécules qu’il ne fait pas tou-
jours bon respirer. Ainsi, l’odeur
de citron est due au limonène,
une molécule potentiellement irri-
tante pour la peau et les voies res-
piratoires, qui est aussi un solvant
permettant de diluer les graisses,
50 l 60 millions de consommateurs l n°428 l juin 2008
ce qui explique sa présence dans
plusieurs détergents de notre
essai. Difficile de dire à partir de
quelle durée d’exposition le limo-
nène peut être nocif. Cependant,
mieux vaut appliquer le principe
de précaution et préférer les pro-
duits qui en contiennent peu, sur-
tout si l’on a une nature allergique.
De même, mieux vaut ne pas
abuser des diffuseurs d’odeurs
et des bougies parfumées qui
émettent de nombreux compo-
sés organiques volatils. « À force
de renforcer l’isolation, d’instal-
ler des fenêtres à double vitrage,
nos logements sont devenus de
véritables bonbonnières qui ne
respirent plus, explique Nadine
Dupuy Taris, conseillère médi-
cale en environnement intérieur
à Bordeaux. On en vient à ajou-
ter des senteurs artificielles,
alors qu’il vaut bien mieux aérer
sa maison. »
L’emploi contesté
des éthers de glycol
Présents dans les peintures,
certains cosmétiques et de
nombreux produits d’entretien
(dégraissants, lave-vitres…), les
éthers de glycol sont des sol-
vants dont certains ont été recon-
nus comme cancérogènes,
mutagènes (favorisant les muta-
tions génétiques) et repro-
toxiques (ayant des effets sur la
reproduction). Certes, depuis
quelques années, les plus nocifs
de ces composés chimiques ont
été retirés des produits de
consommation courante. Mais,
en l’absence de certitudes sur les
effets toxiques de la plupart d’en-
tre eux, beaucoup restent encore
utilisés.
C’est le cas du butyl glycol, conte-
nu en quantités non négligeables
dans certains détergents, y com-
pris parmi les produits que nous
avons testés (voir les résultats de
notre essai, page 46). Bien qu’il
ne soit pas classé par le Centre
international de recherche sur le
cancer (Circ) comme cancéro-
gène pour l’homme, c’est un élé-
ment « préoccupant par rapport
au risque de cancer », selon
André Cicollela, le premier toxi-
cologue à avoir dénoncé en
France les effets néfastes pour la
santé des éthers de glycol. Quant
aux autres éthers de glycol, jugés
moins préoccupants (notamment
des dérivés du propylène glycol),
ils continuent de faire l’objet de
recherches sur leur toxicité.
L’usage ni la composition
ne sont règlementés
Les détergents sont une source
de pollution de la maison parmi
d’autres. Ceux que nous avons
étudiés ne contiennent pas de
substances classées hautement
prioritaires par l’Observatoire de la
qualité de l’air intérieur (OQAI),
comme les aldéhydes ou le ben-
zène, des cancérogènes que
l’on trouve dans le bois d’ameu-
blement, les peintures, les mo-
quettes… De plus, contrairement
à ces matériaux qui produisent
des émissions polluantes
pendant plusieurs jours, les
émissions des nettoyants dispa-
raissent en quelques minutes.
D’autant que la cuisine est sou-
vent l’une des pièces les plus ven-
tilées de la maison, munie d’une
bouche d’aération, d’une hotte
aspirante ou d’une ventilation
mécanique contrôlée (VMC). Doit-
on pour autant se désintéresser
de la composition de ces produits
d’entretien ? Pas sûr…
Pour François Maupetit, ingénieur
au Centre scientifique et tech-
nique du bâtiment (CSTB), « il faut
toujours essayer de limiter les
sources de pollution de l’air inté-
rieur et bien ventiler son loge-
ment ». Cet expert déplore en
outre l’absence d’exigence régle-
mentaire ou simplement volon-
taire sur la pollution de l’air pour
l’ensemble des produits utilisés
dans la maison. Il existe bien des
RETROUVEZ L’ENQUÊTE
DE «60» SUR FRANCE 5
dans l’émission
C’est notre affaire
présentée par
Carole Gaessler
• mercredi 4 juin
à 22 heures (câble et TNT),
• samedi 7 juin
à 10 heures (réseau hertzien),
• mercredi 11 juin
à 10 h 30 (réseau hertzien).
www.france5.fr
 PRODUITS D’ENTRETIEN

valeurs guides pour les matériaux
de construction, éditées par
l’Association française de sécurité
sanitaire de l’environnement et
du travail (Afsset), mais rien pour
les produits nettoyants. Il est vrai
que, si des normes existaient, on
ne trouverait pas tant de diffé-
rences d’un détergent à l’autre !
Une étude qui ne dit pas
tout ce qu’elle sait
Selon une étude parue dans le
Journal européen de pneumolo-
gie, l’usage fréquent de produits
ménagers domestiques par des
femmes enceintes ou venant
d’accoucher exposerait leurs
enfants à des problèmes de sif-
flements respiratoires et pourrait
diminuer leurs capacités pulmo-
naires jusqu’à l’âge de 8 ans. De
quoi inciter les futurs papas à
prendre en charge les tâches
ménagères ! Toutefois, l’étude ne
dit ni quels sont les produits et
composants incriminés ni com-
ment ils agissent sur l’organisme.
Aussi est-il difficile d’attribuer tel
effet à tel nettoyant. Mais l’on
peut tout de même appliquer
quelques conseils de bon sens.
« Les enfants, les personnes
âgées, les personnes asthma-
tiques et allergiques ainsi que les
femmes enceintes constituent
des populations sensibles aux pol-
luants atmosphériques ; il est
donc raisonnable de les soustraire
le plus possible aux émissions
liées aux activités de nettoyage »,
estime Yvon Le Moullec, prési-
dent du conseil scientifique de
l’Observatoire de la qualité de l’air
intérieur. Ce spécialiste émet
également des réserves quant à
l’usage de produits en spray :
« Les sprays dispersent les subs-
tances actives sous forme d’aé-
rosols, ce qui favorise leur
inhalation. Il est préférable d’utili-
ser des produits liquides, en se
protégeant les mains, si besoin. »
« Nos maisons contiennent
beaucoup trop de produits chi-
miques ! », affirme Chrisbelle
Speyer, conseillère en environ-
nement intérieur à Marseille.
C’est l’une des premières consta-
tations que fait cette profession-
nelle lorsqu’elle est appelée au
domicile de personnes souffrant
d’asthme ou d’allergie. Il suffit
que l’on se serve trop souvent de
produits puissants ou que leurs
bouteilles fuient pour que les
habitants aient des problèmes
respiratoires.
Au final, a-t-on besoin
de tous ces produits ?
« On pourrait se passer de 95 %
de ces produits », ajoute-t-elle.
Ses conseils en la matière ? Laver
le sol à l’eau très chaude, en y
mêlant un peu d’eau de Javel de
temps en temps, nettoyer ses
vitres avec de l’eau chaude et du
produit vaisselle, et faire de
même pour le four après utilisa-
tion. Des précautions, qui, ajou-
tées à une bonne aération de la
maison, ne peuvent faire que du
bien à la santé ! ■

Nécessaire, l’eau de Javel ?

s Souvent présente dans
les détergents, l’eau de Javel
aide à l’élimination des
graisses et confère aux pro-
duits une efficacité supé-
rieure. De plus, elle est un
atout indéniable sur le plan
marketing, car elle a des pro-
priétés désinfectantes très
appréciées des consomma-
teurs. Mais faut-il céder à la
phobie des microbes ?
s L’eau de Javel a une ac-
tion très puissante, qui
peut se révéler corrosive
pour des matériaux comme
CHASSENET/BSIP
l’aluminium et irritante
pour les mains. De plus,
elle contient du chlore qui,
en se libérant dans l’air,
peut se combiner à des
molécules organiques et
former des organochlorés,
toxiques pour l’environne-
ment et la santé. Aussi
sa présence n’est-elle pas
indispensable dans un
produit dégraissant. D’au-
tant que, à force de banali-
ser son usage, on risque
de favoriser l’apparition de
bactéries résistantes !
Attention, mélan-
ger de l’eau de
Javel avec un
produit acide tel
qu’un détartrant
entraîne la forma-
tion de dichlore,
un gaz irritant
provoquant toux,

gêne respiratoire
et crises d’asthme.

juin 2008 l n°428 l 60 millions de consommateurs l 51