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Université Batna 2

Faculté des lettres et des langues


étrangères
Département des lettres françaises

Module : LLE
Enseignant : Mahieddine Islam Belaïd
Durée : 1h30

-Sommaire-
Prélude
1. Le langage
2. La langue
3. La littérature
Applications
Bibliographie
Mots-clés : forme, écart, critère, langage, littérarité.
De la littérature, nous dit le Pr Saïd Saïdi, une reconnaissance
spontanée nait, une admiration sincère éclot, une satisfaction
intellectuelle s’éploie, et surtout, une conviction de productions
mûrement réfléchies, s’imposent et persistent 1. Dès le début,
dès la première phrase, on est pris ! « Ça a débuté comme ça. »,
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure… », « C’était
à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins
d’Hamilcar… », « Pour l’enfant amoureux de cartes et
d’estampes… ». Comment cette succession ordinaire de mots
arrive à nous prendre, à nous surprendre ? C’est ce que nous
allons tenter d’élucider dans ce cours préliminaire à la
littérature et aux textes littéraires.

1. Langage :

Avant d’engager notre quête à la recherche de la littérature,


il conviendra d’aborder les notions de langage et de langue. Il
existe un langage animal qui rendrait jaloux les plus grands
écrivains, tant il est codé, précis, nuancé et unique. La question
de la communicabilité a été réglée depuis des millions d’années
dans le règne animal. Aucun malentendu n’y est permis, pas de
littérature, la survie avant tout. Les biologistes et les zoologues

1
Extrait de l’appel à contribution du webinaire international intitulé : « Théoriser l’indicible : l’apanage des
apprentis génies ». En ligne sur : http://staff.univ-batna2.dz/belaid-mahieddine-
islam/publications/th%C3%A9oriser-l%E2%80%99indicible-l%E2%80%99apanage-des-apprentis-g%C3%A9nies
ont bien étudié le sujet, ils nous ont appris que la fourmi
communiquait par un système complexe d’émission et de
réception d’ensembles de phéromones ; on sait que l’abeille
indique sa position par la danse2 ; les chiens généralement par
un système olfactif contrasté, et les dauphins, avec une
précision qu’on a peine à croire, par des signatures vocales, par
les sons tout simplement.

L’homme, en revanche, n’a que le langage articulé, pour


exprimer avec précision ses besoins, ses volontés, ses souhaits,
ses sentiments, ses ambitions ; envisager et anticiper avec le
recul du passé ; réaliser des projets pour un avenir qu’il sait
incertain. Et s’il est vrai que l’homme a survécu pendant des
milliers d’années sans le langage verbal, uniquement avec les
bruits et les gestes, il n’en est pas moins vrai que la société, l’art,
la religion, la politique et tous les domaines qui font notre
monde moderne n’auraient pu voir le jour sans le langage
articulé3, sans la langue.

2
Ce sont de véritables coordonnées géographiques.
3
Soit ce système organisé de signes vocaux qui permettent l’échange entre les individus.
2. La langue :

Le système alphabétique, que l’on doit aux grecs, est sans


aucun doute ce qui a permis, en premier lieu, l’évolution de
l’humanité, l’agilité de l’esprit, par conséquent, la possibilité de
développement quasi-illimité quant à la technique4 et à tout ce
qui a un rapport avec la production matérielle (infrastructure) et
la production immatérielle (superstructure). Sur ce, la langue
est ce qui distingue l’homme. Ce mammifère culturel et
historique ne peut perpétuer son espèce qu’avec la
connaissance5.

La tortue offre la carapace naturellement à sa descendance


pour assurer la survie de la sienne, alors que l’homme n’a rien
et manque de tout pour survivre. Il doit apprendre. Apprendre
pour réussir à dominer la nature hostile et chaotique (c’est ce
qu’il a longtemps cru), il doit inculquer des connaissances à sa
progéniture pour subsister, et ses descendants doivent imiter les
plus « instruits » pour ne pas dépérir.

4
On le voit clairement de nos jours avec les nouvelles technologies.
5
D’où l’importance capitale de l’instituteur, de l’éducateur, de l’enseignant, de la mère qui élève…
Prométhée nous a offert ce don. Lequel ? L’imitation.
Aristote disait que l’homme est l’animal qui imite le mieux.
Quel meilleur moyen pour imiter parfaitement que l’écrit ? La
reproduction graphique de signes conventionnels est
manifestement ce qui fera et continue6 de faire la supériorité de
l’Homme et sa pérennité. De manière quasi-arbitraire, les
hommes regroupés en communautés instaurent un système oral,
puis écrivent afin de pérenniser leurs différentes productions :
croyances extra-terrestres (célestes), techniques pour faire du
feu ou pour séduire une femme7, poèmes pour se rappeler leurs
aïeux et avoir la force de résister aux ténèbres, etc.

Dès que l’homme eut conquis, patiemment, cette langue (ou


dialecte), il s’empressa de la consigner là où il le put, de
témoigner de tout et de rien... Il le fit sur un support, un médium,
et là aussi, ça n’a pas été de tout repos. Sur l’omoplate d’un
dromadaire, ou sur du cuir, sur de l’argile, ou sur les murs, plus
tard, bien plus tard, sur du papier, et aujourd’hui, comble de la
médiation technique, sur un écran lumineux en tapotant sur des
touches. L’imprimerie, dès la fin du 15ème siècle, se chargera de

6
Difficilement, c’est entendu, on ne lit plus de nos jours…
7
Les deux concourent également à la perpétuation de l’espèce.
mondialiser ses dires. L’homme prétend désormais diffuser ses
pensées sur tout le globe terrestre.

3. La littérature :

Ses pensées se transmettent par le biais de la littérature.


Autrement dit, s’il n’y a pas de littérature, il ne peut y avoir
qu’une pensée rudimentaire. Pour être plus précis et nuancer le
propos, sans le travail de la lecture8, le réel nous échappe.

La littéraire française, comme toute littérature, est d’abord


composée de symboles, des signes graphiques qui appellent à
une prise de contact et qui doivent être déchiffrés. La littérature
sert à dire le monde, on en conviendra aisément, elle sert à
laisser un témoignage qui traverse les époques, le fait de
marquer de son empreinte les temps. Elle sert aussi, dans la
quotidienneté sociale, à traduire la réalité qui nous entoure en
mots intelligibles, susceptibles de provoquer une réaction chez
le lecteur, l’auditeur, le spectateur, le téléspectateur, et puis
aussi, aujourd’hui, l’internaute.

Ces mots que nous employons quotidiennement


proviennent, non pas d’un moment précis marquant une
création subite, mais d’un long processus de maturation

8
S’entend au sens général, l’expérience issue du travail d’un agriculteur est une lecture de son environnement.
anthropologique, nous l’avons dit, c’est ce qui a permis à
l’homme d’acquérir abruptement et de conquérir difficilement
la pensée à travers ce formidable outil d’abstraction qu’est la
langue. Pensée et langue sont intimement imbriquées et l’on ne
peut bénéficier d’un esprit cartésien sans avoir un savoir
linguistique pour en faire l’abstraction. Ceci est démontré dans
le roman 19849, de George Orwell, dans lequel on use de mots-
clés, de slogans, de formules, de mots génériques et vagues pour
appauvrir et ainsi contrôler les esprits. Effectivement, appauvrir
la langue, c’est, appauvrir la pensée. Par conséquent, de facto,
lire, goûter et étudier la littérature, c’est, incontestablement,
permettre la pensée. L’esprit humain trouve d’abord refuge
dans la langue pour pouvoir cultiver ses potentialités et
exprimer sa singularité. Encore faudrait-il posséder une somme
large, variée et précise de mots, de phrases et d’agencements
savants pour le faire.

En outre, faudrait-il être prudent pour fidèlement


l’exprimer et non la voler ou la copier sur le voisin. Et puis,
quand bien même l’exprimerait-on justement (avec justesse),
intéresserait-elle réellement le voisinage ? La littérature, c’est
justement, cette capacité de dire soi avec exactitude pour

9
ORWELL, George, 1984, éd. Folio, Paris, 1972.
intéresser autrui. Le tout avec la précision dans la composition,
la beauté dans l’expression et la probité essentielle qui doit
traverser toute la création.

La littérature offre des issues dynamiques, salvatrices, qui


octroient à l’homme ce privilège invraisemblable, ce pouvoir
magique, de figer le rocher de Sisyphe et de se dérober, un
instant, au cercle étroit qui structure notre quotidien. L’étendue
considérable de la littérature et tout ce qu’elle implique est telle,
qu’étudier une seule œuvre revient à entreprendre une longue
investigation sur :

« […] le contexte historique, c’est-à-dire,


entre autres, la biographie, avec ses
éléments conscients et inconscients, la
politique, la société, l’histoire, la langue, la
culture à tous les sens du mot, la civilisation
où baigne le romancier… »10

Si nous voulions donner une définition, nous admettrions la


suivante : c’est un ensemble de textes qui se définissent par un

10
PRÉVOST, Charles, Littérature, politique, idéologie, éd. Sociales, Paris, 1973, pp., 64, 65.
usage esthétique de la langue11. La littérature est donc cet usage
esthétique plus le témoignage de la personne qui écrit.
#
Applications :
Astuce mnémotechnique pour retenir les auteurs incontournables du Grand
Siècle : « Sur une racine de la bruyère, une corneille boit l’eau de la
fontaine Molière. »

La Fontaine, le rat et l’éléphant.

Se croire un personnage est fort commun en France.


On y fait l’homme d’importance,
Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois :
C’est proprement le mal françois.
La sotte vanité nous est particulière.
Les Espagnols sont vains, mais d’une autre manière.
Leur orgueil me semble en un mot
Beaucoup plus fou, mais pas si sot.
Donnons quelque image du nôtre,
Qui sans doute en vaut bien un autre.
Un Rat des plus petits voyait un Eléphant
Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent
De la bête de haut parage,
Qui marchait à gros équipage.
Sur l’animal à triple étage

11
CONIO, FOREST, Gérard, Philippe, Dictionnaire fondamental du français littéraire, éd. la Seine, Paris, 2005, p.
250.
Une Sultane de renom,
Son Chien, son Chat, et sa Guenon,
Son Perroquet, sa vieille, et toute sa maison,
S’en allait en pèlerinage.
Le Rat s’étonnait que les gens
Fussent touchés de voir cette pesante masse :
Comme si d’occuper ou plus ou moins de place
Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants.
Mais qu’admirez-vous tant en lui vous autres hommes ?
Serait-ce ce grand corps, qui fait peur aux enfants ?
Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes,
D’un grain moins que les Eléphants.
Il en aurait dit davantage ;
Mais le Chat sortant de sa cage
Lui fit voir en moins d’un instant
Qu’un Rat n’est pas un Eléphant.

Le loup et le chien
Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le mâtin12 était de taille
À se défendre hardiment.
Le Loup donc, l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
« Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui répartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères13, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car, quoi ? rien d’assuré ; point de franche lippée14 ;
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi, vous aurez un bien meilleur destin. »
Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
– Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
Portant bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse. »

12
Gros chien de garde.
13
Homme déconsidéré, sans fortune, sans réputation.
14
Bouchée.
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le cou du Chien pelé.
« Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ?
– Peu de chose.
– Mais encore ? – Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
– Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
– Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »

Molière, Sganarelle et Dom Juan.
SGANARELLE : En ce cas, Monsieur, je vous dirai franchement que je
n'approuve point votre méthode, et que je trouve fort vilain d'aimer de tous
côtés comme vous faites.

DOM JUAN : Quoi ? Tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui
nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour
personne ? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle,
de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse, à
toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux: non, non, la
constance n'est bonne que pour des ridicules […] On goûte une douceur
extrême à réduire par cent hommages le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour
en jour les petits progrès qu'on y fait; à combattre par des transports, par des
larmes, et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme, qui a peine à rendre les
armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à
vaincre les scrupules, dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où
nous avons envie de la faire venir.
La Bruyère, Ménippe.
Ménippe est l’oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui : il ne
parle pas, il ne sent pas, il répète des sentiments et des discours, se sert même
si naturellement de l’esprit des autres qu’il y est le premier trompé, et qu’il
croit souvent dire son goût ou expliquer sa pensée lorsqu’il n’est que l’écho
de quelqu’un qu’il vient de quitter ; c’est un homme qui est de mise un quart
d’heure de suite, qui le moment d’après baisse, dégénère, perd le peu de
lustre qu’un peu de mémoire lui donnait et montre la corde. Lui seul ignore
combien il est au-dessous du sublime et de l’héroïque ; et, incapable de
savoir jusqu’où l’on peut avoir de l’esprit, il croit naïvement que ce qu’il en
a est tout ce que les hommes en sauraient avoir : aussi a-t-il l’air et le
maintien de celui qui n’a rien à désirer sur ce chapitre15 et qui ne porte
envie à personne. Il se parle souvent à soi-même et il ne s’en cache pas, ceux
qui passent le voient, et qu’il semble toujours prendre un parti ou décider
qu’une telle chose est sans réplique. Si vous le saluez quelquefois, c’est le
jeter dans l’embarras de savoir s’il doit rendre le salut ou non, et pendant
qu’il délibère vous êtes déjà hors de portée. Sa vanité l’a fait honnête
homme, l’a mis au-dessus de lui-même, l’a fait devenir ce qu’il n’était pas :
l’on juge en le voyant qu’il n’est occupé que de sa personne, qu’il sait que
tout lui sied bien et que sa parure est assortie ; qu’il croit que tous les yeux
sont ouverts sur lui et que les hommes se relayent pour le contempler.
Boileau-Despréaux, chant premier de l’Art Poétique.

Il est certains esprits dont les sombres pensées


Sont d’un nuage épais toujours embarrassées ;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d’écrire apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

15
Ménippe est dénué de vergogne…
Surtout, qu’en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d’un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux ;
Mon esprit n’admet pour un pompeux barbarisme,
Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain.

Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,


Et ne vous piquez point d’une folle vitesse ;
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d’esprit, que peu de jugement.
J’aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu’un torrent débordé qui, d’un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

C’est peu qu’en un ouvrage où les fautes fourmillent,


Des traits d’esprit semés de temps en temps pétillent.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;
Que le début, la fin répondent au milieu ;
Que d’un art délicat les pièces assorties
N’y forment qu’un seul tout de diverses parties ;
Que jamais du sujet le discours s’écartant
N’aille chercher trop loin quelque mot éclatant.

Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?


Soyez-vous à vous-même un sévère critique.
L’ignorance toujours est prête à s’admirer.
Faites-vous des amis prompts à vous censurer ;
Qu’ils soient de vos écrits les confidents sincères,
Et de tous vos défauts les zélés adversaires.
Dépouillez devant eux l’arrogance d’auteur ;
Mais sachez de l’ami discerner le flatteur :
Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue.
Aimez qu’on vous conseille et non pas qu’on vous loue.
Un flatteur aussitôt cherche à se récrier :
Chaque vers qu’il entend le fait extasier.
Tout est charmant, divin : aucun mot ne le blesse ;
Il trépigne de joie, il pleure de tendresse ;
Il vous comble partout d’éloges fastueux :
La vérité n’a point cet air impétueux.

Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible,


Sur vos fautes jamais ne vous laisse paisible :
Il ne pardonne point les endroits négligés,
Il renvoie en leur lieu les vers mal arrangés,
Il réprime des mots l’ambitieuse emphase ;
Ici le sens le choque, et plus loin c’est la phrase.
Votre construction semble un peu s’obscurcir ;
Ce terme est équivoque, il le faut éclaircir.
C’est ainsi que vous parle un ami véritable.

Doublure des postures (La Rochefoucauld) :

Cette clémence dont on fait une vertu se pratique tantôt par vanité,
quelquefois par paresse, souvent par crainte et presque toujours par tous les
trois ensemble16.

Montesquieu, De l’Esprit des Lois :


« Si je pouvais faire en sorte que tout le monde eût de nouvelles raisons pour
aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois; qu'on pût mieux sentir son
bonheur dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque poste
où l'on se trouve; je me croirais le plus heureux des mortels.
Si je pouvais faire en sorte que ceux qui commandent augmentassent leurs
connaissances sur ce qu'ils doivent prescrire, et que ceux qui obéissent
trouvassent un nouveau plaisir à obéir, je me croirais le plus heureux des
mortels. Je me croirais le plus heureux des mortels, si je pouvais faire que
les hommes pussent se guérir de leurs préjugés. J'appelle ici préjugés, non
pas ce qui fait qu'on ignore de certaines choses, mais ce qui fait qu'on
s'ignore soi-même.

16
Manque un « s » ?
C'est en cherchant à instruire les hommes, que l'on peut pratiquer cette vertu
générale qui comprend l'amour de tous. L'homme, cet être flexible, se pliant
dans la société aux pensées et aux impressions des autres, est également
capable de connaître sa propre nature lorsqu'on la lui montre, et d'en perdre
jusqu'au sentiment lorsqu'on la lui dérobe. »

Diderot, Le Neveu de Rameau :


« LUI. Mais je crois que vous vous moquez de moi ; monsieur le philosophe,
vous ne savez pas à qui vous vous jouez ; vous ne vous doutez pas que dans
ce moment je représente la partie la plus importante de la ville et de la cour.
Nos opulents dans tous les états ou se sont dit à eux-mêmes ou ne sont pas
dit les mêmes choses que je vous ai confiées ; mais le fait est que la vie que
je mènerais à leur place est exactement la leur. Voilà où vous en êtes, vous
autres. Vous croyez que le même bonheur est fait pour tous. Quelle étrange
vision ! Le vôtre suppose un certain tour d'esprit romanesque que nous
n'avons pas ; une âme singulière, un goût particulier. Vous décorez cette
bizarrerie du nom de vertu ; vous l'appelez philosophie. Mais la vertu, la
philosophie sont-elles faites pour tout le monde. En a qui peut. En conserve
qui peut. Imaginez l'univers sage et philosophe ; convenez qu'il serait
diablement triste. Tenez, vive la philosophie ; vive la sagesse de Salomon :
boire de bon vin, se gorger de mets délicats, se rouler sur de jolies femmes,
se reposer dans des lits bien mollets. Excepté cela, le reste n'est que vanité.

MOI. Quoi, défendre sa patrie ?

LUI. Vanité. Il n'y a plus de patrie. Je ne vois d'un pôle à l'autre que des
tyrans et des esclaves.

MOI. Servir ses amis ?


LUI. Vanité. Est-ce qu'on a des amis ? Quand on en aurait, faudrait-il en
faire des ingrats ? Regardez-y bien, et vous verrez que c'est presque
toujours là ce qu'on recueille des services rendus. La reconnaissance est un
fardeau ; et tout fardeau est fait pour être secoué.

MOI. Avoir un état dans la société et en remplir les devoirs ?

LUI. Vanité. Qu'importe qu'on ait un état, ou non ; pourvu qu'on soit
riche ; puisqu'on ne prend un état que pour le devenir. Remplir ses devoirs,
à quoi cela mène-t-il ? A la jalousie, au trouble, à la persécution. Est-ce
ainsi qu'on s'avance ? Faire sa cour, morbleu ; faire sa cour ; voir les
grands ; étudier leurs goûts ; se prêter à leurs fantaisies ; servir leurs vices ;
approuver leurs injustices. Voilà le secret.

MOI. Veiller à l'éducation de ses enfants ?

LUI. Vanité. C'est l'affaire d'un précepteur.

MOI. Mais si ce précepteur, pénétré de vos principes, néglige ses devoirs ;


qui est-ce qui en sera châtié ?

LUI. Ma foi, ce ne sera pas moi ; mais peut-être un jour, le mari de ma


fille, ou la femme de mon fils.

MOI. Mais si l'un et l'autre se précipitent dans la débauche et les vices.

LUI. Cela est de leur état.

MOI. S'ils se déshonorent.

LUI. Quoi qu'on fasse, on ne peut se déshonorer, quand on est riche.

MOI. S'ils se ruinent.

LUI. Tant pis pour eux.


Beaumarchais, Le Mariage de Figaro :
« Ô bizarre suite d'événements ! Comment cela m'est-il arrivé ? Pour quoi
ces choses et non pas d'autres ? Qui les a fixées sur ma tête ? Forcé de
parcourir la route où je suis entré sans le savoir, comme j'en sortirai sans le
vouloir, je l'ai jonchée d'autant de fleurs que ma gaieté me l'a permis : encore
je dis ma gaieté sans savoir si elle est à moi plus que le reste, ni même quel
est ce moi dont je m'occupe : un assemblage informe de parties inconnues ;
puis un chétif être imbécile ; un petit animal folâtre ; un jeune homme ardent
au plaisir, ayant tous les goûts pour jouir, faisant tous les métiers pour vivre
; maître ici, valet là, selon qu'il plût à la fortune ; ambitieux par vanité,
laborieux par nécessité, mais paresseux... avec délices ! orateur selon le
danger ; poète par délassement ; musicien par occasion ; amoureux par folles
bouffées ; j'ai tout vu, tout fait, tout usé. Puis l'illusion s'est détruite ... »

Rousseau, Les Rêveries du Promeneur Solitaire :

« Quand le soir approchait je descendais des cimes de l’île et j’allais


volontiers m’asseoir au bord du lac sur la grève dans quelque asile caché ;
là le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens et chassant de
mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où
la nuit me surprenait souvent sans que je m’en fusse aperçu. Le flux et reflux
de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans
relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que
la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon
existence sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque
faible et courte réflexion sur l’instabilité des choses de ce monde dont la
surface des eaux m’offrait l’image : mais bientôt ces impressions légères
s’effaçaient dans l’uniformité du mouvement continu qui me berçait, et qui
sans aucun concours actif de mon âme ne laissait pas de m’attacher au point
qu’appelé par l’heure et par le signal convenu je ne pouvais m’arracher de
là sans effort. »
VOLTAIRE, Traité sur la tolérance (1763) :
Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous
les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles
créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers,
d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les
décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs
attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu
ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous
égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau
d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les
vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages
insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites,
entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si
disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites
nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des
signaux de haine et de persé cution ; que ceux qui allument des cierges en
plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière
de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire
qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un
manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé
d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont
l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle
d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments
arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent
grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il
n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir. Puissent
tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la
tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui
ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de
la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas les uns les autres dans le sein
de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en
mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a
donné cet instant.
Florilège de citations voltairiennes :
1. "L'esprit d'une nation réside toujours dans le petit nombre qui fait
travailler le plus grand nombre est nourri par lui, et le gouverne."
2. "Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu’il soit instruit
; il n’est pas digne de l’être."
3. "Je crois que nous ne nous entendons pas sur l'article du peuple, que
vous croyez digne d'être instruit. J'entends par peuple la populace, qui
n'a que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait
jamais le temps ni la capacité de s'instruire ; ils mourraient de faim
avant de devenir philosophes. Il me paraît essentiel qu'il y ait des
gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre, et si vous
aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis. Ce n'est pas le
manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bon bourgeois, c'est l'habitant
des villes ; [...] Quand la populace se mêle de raisonner, tout est
perdu."
4. "Il est fort bon de faire accroire aux gens qu’ils ont une âme
immortelle et qu’il y a un Dieu vengeur qui punira mes paysans s’ils
veulent me voler mon blé."
5. "Nous n'achetons d'esclaves que chez les nègres. On nous reproche ce
commerce : un peuple qui trafique de ses enfants est plus
condamnable que l'acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ;
celui qui se donne un maître était né pour en avoir."
Chateaubriand, Atala :
« Quel affreux, quel magnifique spectacle ! La foudre met le feu dans les
bois ; l’incendie s’étend comme une chevelure de flammes ; des colonnes
d’étincelles et de fumée assiègent les nues qui vomissent leurs foudres dans
le vaste embrasement. Alors le grand Esprit couvre les montagnes d’épaisses
ténèbres ; du milieu de ce vaste chaos s’élève un mugissement confus formé
par le fracas des vents, le gémissement des arbres, le hurlement des bêtes
féroces, le bourdonnement de l’incendie, et la chute répétée du tonnerre qui
siffle en s’éteignant dans les eaux. »

Balzac, Illusions Perdues :


« Les belles âmes arrivent difficilement à croire au mal, à l'ingratitude, il
leur faut de rudes leçons avant de reconnaître l'étendue de la corruption
humaine ; puis, quand leur éducation en ce genre est faite, elles s'élèvent à
une indulgence qui est le dernier degré du mépris. »

Vallès, L’Insurgé :
« Nous sommes payés de vingt ans de défaites et d’angoisses. Clairons !
sonnez dans le vent ! Tambours ! battez aux champs ! Embrasse-moi,
camarade, qui a comme toi les cheveux gris ! Et toi, marmot, qui joue aux
billes derrière la barricade, viens que je t’embrasse aussi ! Le 17 mars te l’a
sauvé belle, gamin ! Tu pouvais, comme nous, grandir dans le brouillard,
patauger dans la boue, rouler dans le sang, crever de honte, d’avoir
l’indicible douleur des déshonorés ! C’est fini ! Nous avons saigné et pleuré
pour toi. Tu recueilleras notre héritage. Fils des désespérés, tu seras un
homme libre ! »

Stendhal, Le Rouge et le Noir :


« Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un
peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une
jeune fille déguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle
eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui
évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal
s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du
précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit
quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille : – Que voulez-vous ici,
mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme
de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il
oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa
question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de
ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder.
Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un
teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les
grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et
maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute
la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se
figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré
comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses
enfants !
– Quoi, monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ? »

Verlaine, Art Poétique :


De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Hugo, Un mot, Toute la Lyre :


« Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :

Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et caetera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Beckett, En Attendant Godot :


Gogo : J’ai faim !
Didi : Veux-tu une carotte ?
Gogo : Y a pas autre chose ?
Didi : Je dois avoir quelques navets. (Fouille ses poches)
Gogo : Donne-moi une carotte (Tendant la main)
Vladimir s’exécute, sans voir ce qu’il a remis à Estragon.
Gogo : Merci, c’est un navet !

Didi : Oh ! Pardon. J’aurais juré une carotte. (Fouillant encore) Tout ça,
c’est des navets, tu as dû manger (continuant de fouiller) la dernière…
Attends, ça y est (sortant la carotte doucement de sa poche en l’exhibant) !
Voilà mon cher ! Rend-moi le navet. (Prenant le navet de la main
d’Estragon). Fais-la durer. Y en a plus.
Gogo : Je t’ai posé une question.
Didi : Hein ? (l’air distrait, continuant de fouiller ses poches)
Gogo : Est-ce que tu m’as répondu ?
Didi : Elle est bonne ta carotte ?
Gogo : Elle est sucrée.

Didi : Tant mieux, tant mieux. (Poursuivant la fouille et sortant des navets
pour les replacer dans ses poches), qu’est-ce que tu voulais savoir ?
Gogo : Je sais pas, c’est ça qui me gêne le plus. (Croquant la carotte à
nouveau) Délicieuse cette carotte ! Attends ça me revient.
Didi : Alors ?
Gogo : On n’est pas lié hein ?
Didi : Je n’entends rien.
Gogo : (Se redressant et parlant clairement) Je demande si on est lié.
Didi : Lié ?
Gogo : Li-é ?
Didi : Comment lié ?
Gogo : Pieds et poings.
Didi : Mais à qui ? Par qui ?
Gogo : À ton bonhomme.

Didi : À Godot ? Lié à Godot ? Quelle idée ! Jamais de la vie !... Pas
encore.
Gogo : Il s’appelle Godot ?
Didi : Je crois.
Gogo : (Regardant la carotte, s’interrompant de manger) Tiens, c’est
curieux. Plus ça va, moins c’est bon.
Didi : Pour moi, c’est le contraire.
Gogo : C’est-à-dire ?
Didi : Je me fais au goût au fur et à mesure.
Gogo : C’est ça le contraire ?
Didi : Question de tempérament.
Gogo : De caractère.
Didi : On y peut rien.
Gogo : On a beau de démener.
Didi : On reste ce qu’on est.
Gogo : On a beau se tortiller.
Didi : Le fond ne change pas.
Gogo : Rien à faire ! Et tendant la carotte, Veux-tu la finir ?

Péguy, l’Argent :
« Nos vieux maîtres n’étaient pas seulement des hommes de l’ancienne
France. Ils nous enseignaient, au fond, la morale même et l’être de
l’ancienne France. Je vais bien les étonner : ils nous enseignaient la même
chose que les curés. Et les curés nous enseignaient la même chose qu’eux.
Toutes leurs contrariétés métaphysiques n’étaient rien en comparaison de
cette communauté profonde qu’ils étaient de la même race, du même temps,
de la même France, du même régime. De la même discipline. Du même
monde. Ce que les curés disaient, au fond les instituteurs le disaient aussi.
Ce que les instituteurs disaient, au fond les curés le disaient aussi. Car les
uns et les autres ensemble ils disaient.
Les uns et les autres et avec eux nos parents et dès avant eux nos parents
ils nous disaient, ils nous enseignaient cette stupide morale, qui a fait la
France, qui aujourd’hui encore l’empêche de se défaire. Cette stupide morale
à laquelle nous avons tant cru. À laquelle, sots que nous sommes, et peu
scientifiques, malgré tous les démentis du fait, à laquelle nous nous
raccrochons désespérément dans le secret de nos cœurs. Cette pensée fixe de
notre solitude, c’est d’eux tous que nous la tenons. Tous les trois ils nous
enseignaient cette morale, ils nous disaient que un homme qui travaille bien
et qui a de la conduite est toujours sûr de ne manquer de rien. Ce qu’il y a
de plus fort c’est qu’ils le croyaient. Et ce qu’il y a de plus fort, c’est que
c’était vrai. […]où la population est coupée en deux classes si parfaitement
séparées que jamais on n’avait vu tant d’argent rouler pour le plaisir, et
l’argent se refuser à ce point au travail.
Et tant d’argent rouler pour le luxe et l’argent se refuser à ce point à la
pauvreté… »

Bernhard, Trois Jours (Entretien) :


« …Ces personnages masculins, c’est encore et toujours mon grand-père.
Mais à côté du grand-père, encore et toujours, on est seul. On ne peut se
développer que seul, on sera toujours seul. La conscience qu’on ne peut pas
sortir de soi-même, tout le reste est illusion, doute, ça ne peut pas changer.
Pendant mes études, complètement seul. On a un voisin de banc à l’école, et
on est seul. On parle à des gens, on est seul. On a des opinions, celle des
autres, les siennes, et on est toujours seul. Et quand on écrit un livre ou quand
on écrit des livres, comme moi, alors, on est encore plus seul. Se faire
comprendre est impossible, ça n’existe pas… »

Barbusse, L’Enfer :
« Je n’ai pas de génie, de mission à remplir, de grand cœur à donner. Je n’ai
rien et je ne mérite rien. Mais je voudrais, malgré tout, une sorte de
récompense...
De l’amour ; je rêve une idylle inouïe, unique, avec une femme loin de
laquelle j’ai jusqu’ici perdu tout mon temps, dont je ne vois pas les traits,
mais dont je me figure l’ombre, à côté de la mienne, sur la route.
De l’infini, du nouveau ! Un voyage, un voyage extraordinaire où me jeter,
où me multiplier. Des départs luxueux et affairés au milieu de
l’empressement des humbles, des poses lentes dans des wagons roulant de
toute leur force comme le tonnerre, parmi les paysages échevelés et les cités
brusquement grandissantes comme du vent.
Des bateaux, des mâts, des manœuvres commandées en langues barbares,
des débarquements sur des quais d’or, puis des faces exotiques et curieuses
au soleil, et, vertigineusement ressemblants, des monuments dont on
connaissait les images et qui, à ce qu’il semble dans l’orgueil du voyage,
sont venus près de vous.
Mon cerveau est vide ; mon cœur est tari ; je n’ai personne qui m’entoure,
je n’ai jamais rien trouvé, pas même un ami ; je suis un pauvre homme
échoué pour un jour sur le plancher d’une chambre d’hôtel où tout le monde
vient, d’où tout le monde s’en va, et pourtant, je voudrais de la gloire ! De
la gloire mêlée à moi comme une étonnante et merveilleuse blessure que je
sentirais et dont tous parleraient ; je voudrais une foule où je serais le
premier, acclamé par mon nom comme par un cri nouveau sous la face du
ciel. Mais je sens retomber ma grandeur. Mon imagination puérile joue en
vain avec ces images démesurées. Il n’y a rien pour moi : il n’y a que moi,
qui, dépouillé par le soir, monte comme un cri.
L’heure m’a rendu presque aveugle. Je me devine dans la glace plus que je
ne me vois. Je vois ma faiblesse et ma captivité. Je tends en avant, du côté
de la fenêtre, mes mains aux doigts tendus, mes mains, avec leur aspect de
choses déchirées. De mon coin d’ombre, je lève ma figure jusqu’au ciel. Je
m’affaisse en arrière et m’appuie sur le lit, ce grand objet qui a une vague
forme vivante, comme un mort. Mon Dieu, je suis perdu. Ayez pitié de moi
! Je me croyais sage et content de mon sort ; je disais que j’étais exempt de
l’instinct du vol ; hélas, hélas, ce n’est pas vrai, puisque je voudrais prendre
tout ce qui n’est pas à moi. »

Bloy, Le Désespéré :
« Quand vous recevrez cette lettre, mon cher ami, j'aurai achevé de tuer mon
père. Le pauvre homme agonise, et mourra, dit−on, avant le jour. Il est deux
heures du matin. Je suis seul dans une chambre voisine, la vieille femme qui
le garde m'ayant fait entendre qu'il valait mieux que les yeux du moribond
ne me rencontrassent pas et qu'on m'avertirait quand il en serait temps. Je ne
sens actuellement aucune douleur ni aucune impression morale nettement
distincte d'une confuse mélancolie, d'une indécise peur de ce qui va venir.
J'ai déjà vu mourir et je sais que, demain, ce sera terrible. Mais, en ce
moment, rien ; les vagues de mon cœur sont immobiles. J'ai l'anesthésie d'un
assommé. Impossible de prier, impossible de pleurer, impossible de lire. Je
vous écris donc, puisqu'une âme livrée à son propre néant n'a d'autre
ressource que l'imbécile gymnastique littéraire de le formuler.
Céline, Mort à Crédit :
« Gustin Sabayot, sans lui faire de tort, je peux bien répéter quand même
qu'il s'arrachait pas les cheveux à propos des diagnostics. C'est sur les nuages
qu'il s'orientait.
En quittant de chez lui il regardait d'abord tout en haut : « Ferdinand, qu'il
me faisait, aujourd'hui ça sera sûrement des rhumatismes ! Cent sous ! »…
Il lisait tout ça dans le ciel. Il se trompait jamais de beaucoup puisqu'il
connaissait à fond la température et les tempéraments divers.
— Ah ! voilà un coup de canicule après les fraîcheurs ! Retiens ! C'est du
calomel tu peux le dire déjà ! La jaunisse est au fond de l'air ! Le vent a
tourné… Nord sur l'Ouest ! Froid sur Averse !… C'est de la bronchite
pendant quinze jours ! C'est même pas la peine qu'ils se dépiautent !… Si
c'est moi qui commandais, je ferais les ordonnances dans mon lit !… Au
fond Ferdinand dès qu'ils viennent c'est des bavardages !… Pour ceux qui
en font commerce encore ça s'explique… mais nous autres ?… au Mois ?…
À quoi ça rime ?… je les soignerais moi sans les voir tiens les pilons ! D'ici
même ! Ils en étoufferont ni plus ni moins ! Ils vomiront pas davantage, ils
seront pas moins jaunes, ni moins rouges, ni moins pâles, ni moins cons…
C'est la vie !… Pour avoir raison Gustin, il avait vraiment raison.
— Tu les crois malades ?… Ça gémit… ça rote… ça titube… ça pustule…
Tu veux vider ta salle d'attente ? Instantanément ? même de ceux qui s'en
étranglent à se ramoner les glaviots ?… Propose un coup de cinéma !… un
apéro gratuit en face !… tu vas voir combien qu'il t'en reste… S'ils viennent
te relancer c'est d'abord parce qu'ils s'emmerdent. T'en vois pas un la veille
des fêtes… Aux malheureux, retiens mon avis, c’est l’occupation qui
manque, c’est pas la santé... Ce qu’ils veulent c’est que tu les distrayes, les
émoustilles, les intrigues avec leurs renvois... leurs gaz... leurs
craquements... que tu leur découvres des rapports... des fièvres... des
gargouillages... des inédits !... Que tu t’étendes... que tu te passionnes... C’est
pour ça que t’as des diplômes. »
Josef Bor, Le Requiem de Terezin (Traduit du tchèque au français) :
« Versez donc ma part dans la gamelle de ce vieux grand-père qui meurt
de faim. »
Pères et mères, Grand Corps Malade :
Depuis la nuit des temps l'histoire des pères et des mères prospère
Sans sommaire et sans faire d'impairs, j'énumère pêle-mêle, pères, mères
Il y a des pères détestables et des mères héroïques
Il a des pères exemplaires et des merdiques
Il y a les mères un peu pères et les pères mamans
Il y a les pères intérimaires et les permanents
Il y a les pères imaginaires et les pères-fiction

Et puis les pères qui coopèrent à la perfection


Il y les pères sévères et les mercenaires
Les mères qui interdisent et les permissions
Y a des pères nuls et des mères extra, or dix mères ne valent pas un père
Même si dix pères sans mère sont du-per17, c'est clair
Y a des pères et des beaux-pères comme des compères qui coopèrent
Oubliant les commères et les langues de vipère
Il y a les reum-ères qui cherchent des repères
Refusant les pépères amorphes
Mais les pauvres se récupèrent les experts du divorce
Il y a les pères outre-mer qui foutent les glandes à ma mère
Les pères primaires, les perfides, les personnels qu'ont le mal de mer
Ceux qui laissent les mères, vexent et les perplexes

Moi, mon père et ma mère sont carrément hors pair


Et au milieu de ce récit
Je prends quelques s'condes, je tempère

17
En français, perdu.
Pour dire à ma mère et à mon père "Merci !"

Il y a une mère candide et un père aimable


Il y a une mère rigide et imperméable
Il y a des pères absents et des mères usées
Il y a des mères présentes et des perfusées
Il y a des mères choyées et des mères aimées
Il y a des pères fuyants et des périmés
Il y a la mère intéressée et la mère vile
L'argent du père en péril face à la mercantile
Il y a les pensions alimentaires, les pères-crédit
Des pères du week-end et des mercredis
Y a des pères hyper forts et des mères qui positivent
Ou les coups de blues qui perforent les mères sans perspectives
Mais s'il est persécuté, le père sait quitter
Et si la mère pleure c'est l'enfant qui perd
Mais si la mère tue l'amertume, la magie s'éveille
Et au final, qu'elle soit jeune ou vieille la mer veille

Moi, mon père et ma mère sont carrément hors pair


Et au milieu de ce récit
Je prends quelques s'condes, je tempère
Pour dire à ma mère et à mon père "Merci !"

Il y a les mères qui désespèrent à cause des amourettes


Perpétuellement à la recherche d'un homme à perpète
Il y a la mère célibataire persuadée de n'être personne
Et qui attend dans ses chimères que derrière la porte, un père sonne
Il y a les mères soumises et les pères-pulsion
Il y a les mères battues et les percussions
Il y a les mères en galère à cause des pervers, des perturbés
Alors, il y a la mère qui s' casse, si elle est perspicace […]

Moi, mon père et ma mère sont carrément hors pair


Et à la fin de ce récit
Je prends quelques s'condes, je tempère
Pour dire à ma mère et à mon père "Merci !"
Les Ricochets, Brassens :
Les ricochets
J'avais dix-huit ans
Tout juste et quittant
Ma ville natale,
Un beau jour, ô gué !
Je vins débarquer
Dans la capitale.
J'entrai pas aux cris
À nous deux, Paris !"18
En Île-de-France,
Que ton Rastignac
N'ait cure, ô Balzac,
De ma concurrence,
De ma concurrence.

Gens en place, dormez


Sans vous alarmer,
Rien ne vous menace :
Ce n'est qu'un jeune sot
Qui monte à l'assaut
Du p'tit Montparnasse.

18
Brassens paraphrase ici Rastignac, personnage Balzacien qui, surplombant Paris, lance à la ville la formule
suivante : "A nous deux maintenant !"
On n's'étonn'ra pas
Si mes premiers pas
Tout droit me menèrent
Au pont Mirabeau19
Pour un coup d' chapeau
À l'Apollinaire,
À l'Apollinaire.

Bec enfariné
Pouvais-je deviner
Le remue-ménage
Que dans mon destin
Causerait soudain
Ce pélerinage ?
Que circonvenu
Mon coeur ingénu
Allait faire des siennes
Tomber amoureux
De sa toute pre-
Mière parisienne,
Mière parisienne.

N'anticipons pas,
Sur la berge en bas
Tout contre une pile,
La belle tâchait
D' fair' des ricochets
D'un’ main malhabile.
Moi, dans ce temps-là
Je n' dis pas cela
En bombant le torse,
L'air avantageux —
J'étais à ce jeu
De première force,
De première force.

Tu m' donn's un baiser,


Ai-je proposé
À la demoiselle ;
19
Le Pont Mirabeau est le titre d'un poème de Guillaume Apollinaire, inclus dans le recueil « Alcools ».
Et moi, sans retard
J' t'apprends de cet art
Toutes les ficelles.
Affaire conclue,
En une heure elle eut,
L'adresse requise.
En échange, moi,
J' cueillis plein d'émoi
Ses lèvres exquises,
Ses lèvres exquises.

Et durant un temps
— Les journaux d'antan
D'ailleurs le relatent —
Fallait se lever
Matin pour trouver
Une pierre plate.
On redessina
Du pont d'Iéna
Au pont Alexandre
Jusqu'à Saint-Michel20,
Mais à notre échelle,
La Carte du Tendre21,
La Carte du Tendre.

Mais c'était trop beau :


Au pont Mirabeau
La belle volage
Un jour se perchait
Sur un ricochet
Et gagnait le large.
Ell' me fit faux-bond
Pour un vieux barbon22,
La petite ingrate,
20
Le quartier Saint Michel est situé dans le quartier latin de Paris (5è arrondissement). Quartier très agréable
pour visiter Paris, il est aussi réputé pour ses nombreux restaurants et cafés.
21
Carte bien réelle d'un pays imaginaire où la géographie était celle des émotions et des démarches amoureuses.
Elle fut mise au point par les Précieuses (celles que Molière trouvait ridicules) au XVIIème siècle. Le chemin de
Jalousie, par exemple, y menait au lac d'Indifférence, etc. La carte du tendre a été tracée par Mlle de Scudéry
dans son roman Clélie (1654-1660).
22
Homme d'âge plus que mûr, le barbon est souvent le pivot des pièces de Molière : il est riche, s'appelle
Sganarelle ou George Dandin, et veut épouser l'ingénue (qui évidemment est amoureuse du jeune premier).
Un Crésus23 vivant,
Détail aggravant,
Sur la Rive Droite24,
Sur la Rive Droite.

J'en pleurai pas mal,


Le flux lacrymal
Me fit la quinzaine ;
Au viaduc d'Auteuil25
Paraît qu'à vue d'oeil
Grossissait la Seine.
Et si, pont d' l'Alma,
J'ai pas noyé ma
Détresse ineffable,
C'est qu' l'eau coulant sous
Les pieds du zouzou26
Était imbuvable,
Était imbuvable.
Et qu' j'avais acquis
Cett' conviction qui
Du reste me navre,
Que mort ou vivant
Ce n'est pas souvent
Qu'on arrive au havre.
Nous attristons pas,
Allons de ce pas
Donner, débonnaires,
Au pont Mirabeau
Un coup de chapeau
À l'Apollinaire,
À l'Apollinaire.
23
Roi de Lydie (une des provinces côtières de l'actuelle Turquie, sur la mer Égée) environ 450 ans av. JC, il était
immensément riche car le fleuve qui traversait son pays (le fameux Pactole) contenait des sables aurifères.
24
Non seulement il était vieux, mais il était riche, et en plus il n'habitait pas la Rive Gauche, résidence habituelle
des artistes, poètes et étudiants. En passant Rive Droite, la donzelle change de milieu mais, ce qui est plus grave,
elle commet une faute de goût. Rive droite / rive gauche : Le pont Mirabeau était le lieu où se retrouvaient
Guillaume Apollinaire, qui habitait un quartier bourgeois sur la rive droite, et Marie Laurencin qui, artiste, vivait
sur la rive gauche.
25
Bien connu des artistes et souvent représenté par les peintres impressionnistes.
26
Sur l'un des piliers du pont de l'Alma se trouve la sculpture d'un zouave, par Dieboldt, faite en hommage aux
Zouaves (Appelés Harkis ou Goumis par les plus chauvins des algériens) de la campagne de Crimée (1854-1855),
et qui étalonne les crues de la Seine (il est plus ou moins noyé selon leur importance).
Bibliographie :
1. ARISTOTE, La poétique (335 av. J.-C.), Traduit et commenté par Charles
Batteux, Dans : Les quatre poétiques d’Aristote, d’Horace, de Vida et de Boileau,
Brest, Imprimerie de Michel : imprimeur du Roi et libraire, 1822.
2. BARTHES, Roland, Le degré zéro de l’écriture, Paris, éd. Seuil, 2014.
3. BAUDELAIRE, Charles, Conseils aux jeunes littérateurs, revue « L’esprit libre »
(1846), éd. du Boucher, 2002, édition numérique.
4. BOILEAU-DESPRÉAUX, Nicolas, L’Art poétique (1674), Traduit et commenté
par Charles Batteux, Dans : Les quatre poétiques d’Aristote, d’Horace, de Vida et
de Boileau, Brest, Imprimerie de Michel : imprimeur du Roi et libraire, 1822.
5. BOILEAU-DESPRÉAUX, Nicole, Œuvres complètes (tome IV,
Correspondance), Paris, Par J.J. Blaise, Librairie de S.A.S. Madame la Duchesse
d’Orléans Douairière, 1821.27
6. BUFFON, Georges-Louis Leclerc, Discours sur le style (1753), édition
numérique. 28
7. CÉLINE, Louis-Ferdinand, Entretiens avec le Professeur Y, édition numérique.29
8. CONIO, FOREST, Gérard, Philippe, Dictionnaire fondamental du français
littéraire, Paris, éd. La Seine, 2005.
9. COUSIN, Victor, Du vrai, du beau et du bien (1818), Paris, Didier & Cie, 1858.30
10. DION, Albert, Poétique et Rhétorique, Québec, Imprimerie de la Cie de
l’Événement, 1912.31
11. FLAUBERT, Gustave, L’éducation sentimentale (1869).32
12. GUILLEVIC, Eugène, Inclus, Paris, éd. Gallimard, 1973.

27
URL :https://books.google.dz/books?id=D_wZAAAAYAAJ&pg=PA267&lpg=PA267&dq=lettre+%C3%A0+Fran%
C3%A7ois+Maucrois+du+29+avril+1695+boileau&source=bl&ots=SCKHeTVsD8&sig=ACfU3U0sOG2gnIBALpoo2
ErUSQIROTzvpw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwictcSIoqnoAhXFDGMBHXc1CPsQ6AEwAHoECAMQAQ#v=onepage
&q=lettre%20%C3%A0%20Fran%C3%A7ois%20Maucrois%20du%2029%20avril%201695%20boileau&f=false
28
URL : https://epub.ub.uni-muenchen.de/41202/1/8P.gall.2269.pdf
29
URL : http://aaargh.vho.org/fran/livres7/LFCeY.pdf
30
Sur : http://obvil.sorbonne-universite.site/corpus/critique/cousin_du-vrai
31
Disponible sur : http://collections.banq.qc.ca/bitstream/52327/1990392/1/0000177808.pdf
32
Disponible sur : https://bibliothequenumerique.tv5monde.com/livre/46/L-Education-sentimentale
13. HORACE, L’Art poétique ou Épître aux Pisons (s.d.), Trad. Leconte de Lisle
(1873).33
14. HOUELLEBECQ, Michel, Soumission, Paris, éd. Flammarion, 2010.
15. PÉGUY, Charles, Pensées, Paris, éd. Gallimard, 1998.
16. QUENEAU, Raymond, Exercices de style, Paris, éd. Gallimard, 2002.
17. QUENEAU, Raymond, Le chien à la mandoline (1958), Paris, éd. Gallimard,
2014.
18. SARTRE, Jean-Paul, Qu’est-ce que la littérature ? (1948), Paris, éd. Gallimard,
Coll. « Folio Essais », 2008.
19. SCHOPENHAUER, Arthur, Écrivains et style, Parerga et paralipomena34 (1851),
édition numérique. 35
20. SCHOPENHAUER, Arthur, L’art d’avoir toujours raison, 1864, édition
numérique. 36
21. TOLSTOÏ, Léon, Qu’est-ce que l’art ? (1898), Trad. Teodor de Wyzewa, Paris,
éd. Perrin, 1918.37

33
Disponible sur : https://fr.wikisource.org/wiki/Art_po%C3%A9tique_(Horace,_Leconte_de_Lisle)
34
Suppléments et omissions. La partie sur les écrivains et le style se trouve dans « Parerga ».
35
Disponible sur : https://www.schopenhauer.fr/oeuvres/parerga-et-paralipomena.html
36
Disponible sur : https://www.schopenhauer.fr/oeuvres/fichier/l-art-d-avoir-toujours-raison.pdf
37
Disponible sur : https://bibliotheque-russe-et-slave.com/Livres/Tolstoi%20-%20Qu'est-
ce%20que%20l'art.pdf

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