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inclusion sociale
Analyse des politiques nationales
France
June 2012 1
Ce rapport a été élaboré pour la Commission européenne par :
Pour de plus amples informations sur les examens par les pairs,
veuillez consulter : http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=1024&langId=fr.
MICHEL LEGROS
ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SANTE PUBLIQUE
FRANCE
Emploi, affaires sociales et inclusion
France
Sommaire
Résumé ............................................................................................................ 7
1. L’inclusion, une stratégie globale et intégrée ? ................................................ 9
Résumé
L’inclusion active ne constitue que très partiellement en France une stratégie adoptée
en réponse aux recommandations de l’Union européenne. Ce concept et les pratiques
qui lui sont associées renvoient à une transformation des politiques sociales à partir du
début des années 1980. La segmentation du marché du travail et la réduction du
périmètre des politiques d’assurances sociales ont incité les gouvernements successifs
à renouer avec des formes d’assistance plus traditionnelles visant à apporter des
ressources aux personnes en difficultés. Ce renouveau de l’assistance, désigné sous le
vocable d’insertion, puis plus récemment et plus timidement, d’inclusion, s’est
accompagné de la mise à disposition de services et d’un appel à la responsabilisation
des personnes.
Si l’inclusion active ne constitue pas explicitement une politique publique, la logique et
les instruments de cette politique se retrouvent à l’œuvre dans les trois domaines de
l’inclusion : les minima sociaux, avec la création du revenu de solidarité active, le
marché du travail avec un fort investissement dans les politiques d’emploi et la mise à
disposition de multiples services.
La coordination verticale entre l’Etat et les collectivités territoriales reste peu
développée bien que ces dernières assument une part importante de l’action sociale,
principalement sous la forme de services.
La participation des acteurs, forte dans le cadre du Conseil national de lutte contre les
exclusions, est, en revanche, beaucoup plus faible, dans l’ensemble de la société, tant
pour les partenaires sociaux que pour les personnes en situation de pauvreté et
d’exclusion en dépit de multiples expérimentations
Les évaluations, académiques ou administratives, ne montrent pas un impact
véritablement significatif de l’ensemble de ces mesures sur la population concernée. Si
l’intensité de l’exclusion et la dégradation de la situation sociale sont contenues, les
effets sur l’emploi restent faibles, comme le montre par, exemple, l’importance du non
recours au revenu de solidarité active, ou dans le domaine des services, le faible
impact des politiques d’accès au logement et d’accompagnement vers l’emploi. Ces
politiques ne produisent pas non plus d’effets sur une nouvelle recomposition du
marché du travail plus favorable à la qualité des emplois.
Cet impact limité est d’autant plus préoccupant qu’une estimation sommaire des
dépenses montre que la France, uniquement à l’échelon national, investit ente 2 et 3
% de son PIB dans cette politique.
Au cours des 10 dernières années, on a assisté à une forte augmentation de la
production de données et de statistiques sociales, augmentation dont profite la
politique de lutte contre l’exclusion. Le monitoring des politiques reste toutefois plus
important que l’évaluation même si l’évaluation du RSA a constitué une démarche
scientifiquement solide et si une évaluation de grande ampleur des établissements et
services sociaux et médico-sociaux est en préparation.
Les recommandations générales issues de cette note vont dans le sens du
développement d’une recherche sur la pertinence et l’efficacité globale de cette
politique d’inclusion dont les effets paraissent actuellement très limités et dont
l’impact serait sans doute plus important si elle valorisait des dimensions de formation
et d’accompagnement des personnes les plus éloignées du travail tout en promouvant
un emploi de qualité rémunéré décemment.
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2 Sur la définition de la qualification, voir de José Rose, « Qu’est ce que le travail non qualifié ? » Paris, La
Dispute, 2012, 177 p. Voir également de Serge Paugam, « Le salarié de la précarité. Les nouvelles
formes de l'intégration professionnelle », PUF, coll. « Quadrige essais débats », 2007
3 Ces réflexions doivent beaucoup aux intervenants du séminaire organisé par l’ONPES sur l’assistance et
l’assistanat – ONPES, juin-octobre 2012- et qui constitueront la trame du rapport thématique de l’ONPES
à paraitre en début 2013
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La notion d’insertion qui apparaît dès le début des années 80 est la traduction de cette
double volonté d’aide et de responsabilisation des personnes. Elle est d’abord
appliquée aux jeunes. En octobre 1981, Bertrand Schwartz publie un rapport
préconisant, face au développement du chômage des jeunes et aux sorties de l’école
sans diplôme, la mise en œuvre d’une politique d’insertion sociale et professionnelle
des jeunes, reposant sur des structures locales, partenariales et transversales : les
missions locales et les permanences d’accueil, d’information et d’orientation. L’idée
d’inscrire les jeunes dans une logique d’assistance financière paraissait alors
inconcevable, d’où l’absence de minimum social les concernant et le report de leur
prise en charge sur l’univers familial. L’adoption du revenu minimum d’insertion en
1988 prolonge cette logique en proposant, non pas aux jeunes mais aux adultes, de
s’inscrire dans une démarche d’insertion pluridimensionnelle, couvrant le logement, la
vie sociale, la santé et surtout le travail. Cette transformation de la politique sociale
française qui se déroule sur une trentaine d’années rencontre, quoique de manière
atténuée, les stratégies d’activation de l’emploi et plus globalement les politiques
sociales développée aux USA et au Royaume-Uni. 4
Il n’est donc pas possible de parler pour la France de la mise en œuvre d’une stratégie
d’inclusion active née uniquement de l’intervention de l’Union européenne. On peut, en
revanche, distinguer plusieurs séquences. La première, du rapport Schwartz à la
création du RMI, est marquée par l’émergence et la consolidation de la notion
d’insertion s’appuyant sur la mise en place d’un nouveau minimum social pour les
adultes d’âge actif. Une seconde étape va de 1988 à 1998, année de l’adoption de la
loi de lutte contre les exclusions. Cette période met l’accent sur le développement des
services d’accompagnement vers l’emploi et l’amélioration de l’accès aux soins avec la
mise en œuvre de la couverture maladie universelle. De 1998 à 2007, s’ouvre une
troisième séquence où les services en matière de logement se développent, où la
notion d’inclusion apparaît en particulier dans le cadre des PNAI et où la question de
l’inclusion n’est pas pensée uniquement pour les demandeurs d’emploi mais aussi pour
les personnes handicapées et les personnes vulnérables en établissements et services.
Trois lois importantes marquent cette séquence, en 2002 pour les établissements
sociaux et médico sociaux, en 2005 pour le handicap et, plus globalement, pour la
cohésion sociale, du handicap. La dernière période, ouverte en 2007, se caractérise
par l’adoption d’une série de mesures explicitement référées à une logique d’inclusion
active comme l’adoption d’une stratégie de réduction de la pauvreté, la création du
revenu de solidarité active, la création de Pôle emploi, la refondation de la politique
d’accès à l’hébergement et au logement. Cette période est aussi celle où l’accent mis
sur la responsabilité des personnes a été le plus fort allant jusqu’à la dénonciation de
l’assistanat et la stigmatisation des personnes bénéficiant des mesures d’aide sociale.
4 Sur la transformation des politiques sociales, voir Bruno Pallier, 2002 et Nicolas Duvoux, Le nouvel âge
de la solidarité, Paris, Seuil, 2012.
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450 000 foyers. En 2012, une obligation de travail pour les bénéficiaires du RSA-
socle de 7 heures par semaine pour un montant de 214,1 euros devrait être
expérimentée dans 11 départements.
Le RSA jeune mis en place au 1er septembre 2010 ne concerne que 9000
allocataires en raison des modalités très restrictives de son attribution.
Dans la prise en compte des ressources à caractère social, délivrées sous
conditions de ressources, et bien que ne s’agissant pas de minima sociaux, il faut
intégrer les différentes allocations logement5. Ces allocations bénéficient à près de
6 millions de foyers pour un montant global de l’ordre de 15 milliards d’euros et
apportant un supplément de revenu moyen de l’ordre de 220 euros par ménage à
bas revenus.
Le second pilier de l’inclusion active porte sur la réalisation d’un marché du travail plus
inclusif. Les deux stratégies mobilisées en France dans cette perspective sont
fortement différentes. La première consiste à abaisser le coût du travail en procédant
à des allègements ou des exonérations de cotisations sociales. La seconde vise à
favoriser un segment du marché du travail accueillant des populations en difficulté, il
s’agit de secteur de l’économie sociale et solidaire.
La politique d’exonération des cotisations sociales sur les bas salaires a été instaurée à
partir de 1993. Rendant le coût du travail moins élevé, elle devait inciter les
employeurs à accroître les embauches dans cette tranche de salaire. Au fil des années,
cette politique est devenue l’un des instruments privilégié de la politique de l’emploi
en France. Ces exonérations s’appliquent à une population dont les revenus salariaux
se situent en dessous de 1,6 fois le salaire minimum. Ces exonérations se sont
multipliées au cours des dernières années. Les études réalisées sur l’impact de cette
mesure chiffrent autour de 800 000 le nombre d’emplois créés ou sauvegardés depuis
la création de ces dispositifs dont le coût est considéré comme très élevé puisqu’il
devrait atteindre près de 30 milliards d’euros pour l’année 2012, soit 55 % de plus
qu’en 2002. Cette politique n’a pas d’impacts négatifs sur les comptes de la Sécurité
sociale, l’Etat ayant compensé cette perte de recette par le reversement de diverses
taxes. En revanche, elle favorise l’extension des bas salaires et, sans doute, un plus
grand nombre de postes de travail de moindre qualité.
Le secteur de l’économie sociale et solidaire est traditionnellement plus ouvert à
l’insertion des travailleurs éloignés de l’emploi. Ce secteur a multiplié les structures
associatives et coopératives qui ont développé des activités d’insertion pour les jeunes
et pour les travailleurs âgés. Actuellement, ce secteur représente entre 7 et 8 % du
PIB dont 3 % pour les associations et fondations et emploie 10% des salariés. Ce
secteur a une féminisation des emplois plus élevée que dans le secteur privé
traditionnel (65,5 % vs 40 %). On y retrouve une part importante de populations plus
fragiles mais avec une prépondérance des contrats courts, ce qui traduit aussi une
qualité d’emploi qui pourrait être encore fortement améliorée. 6 Proche de l’économie
sociale et solidaire, et même parfois confondu, le secteur de l’insertion par l’activité
économique regroupe un peu plus de 5000 structures dont les chantiers d’insertion,
les entreprises d’insertion, les entreprises de travail temporaire d’insertion ainsi que
les régies de quartiers. Chaque année, près de 250 000 salariés en insertion, soit
5 Allocations dont on notera qu’elles prennent la place en 1977 d’une politique généraliste d’aide à la
construction dite d’aide à la pierre, au profit d’une aide directe aux personnes sous conditions de
ressources. Il s’agit là aussi d’un exemple de la recomposition des politiques de protection sociale à la fin
des années 70.
6 Francis Vercamer, « l’économie sociale et solidaire, entreprendre autrement pour la croissance et
l’emploi », rapport de mission parlementaire, avril 2010.
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était un pas de plus dans le démantèlement d’un système d’assurances au profit d’une
augmentation des logiques d’assistance et du workfare. 8
8 On retrouve ces critiques par exemple dans Isabelle Astier, « Les nouvelles règles du social », Paris,
PUF, 2008.
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de recettes pour l’Etat affaiblit la protection sociale de ces utilisateurs, mais aussi des
organismes de protection sociale qui ne tirent que des ressources très faibles de cette
activité en matière de cotisation d’assurance maladie, chômage, vieillesse ou famille.
En dehors de ces programmes, les gouvernements ont cherché depuis plusieurs
décennies à développer l’apprentissage. Créé dans les années 1920, l’apprentissage a
été véritablement instauré en France par la loi du 16 juillet 1971. Différentes loi
récentes ont valorisé ces dispositifs : loi de programmation pour la cohésion sociale du
18 janvier 2005 et loi pour l’égalité des chances du 31 mars 2006. Depuis son
instauration l’apprentissage n’a fait que se développer passant de 160 000 apprentis
en 1974 à près de 300 000 à la fin des années 2000 avec un effectif total de l’ordre de
500 000. Cette progression qui s’est accompagnée d’importantes disparités
territoriales est corrélée à une diffusion vers les hauts niveaux de qualification et se
développe maintenant dans les spécialités de services. Les évaluations montrent que
les jeunes passés par l’apprentissage s’insèrent plus facilement sur le marché du
travail et bénéficient de salaires légèrement plus élevés.
A côté de l’adoption de ces législations relatives au marché du travail, la mise en
œuvre de la politique d’inclusion s’est principalement traduite par la mobilisation d’un
ensemble de programmes gérés par l’Etat central. Ces programmes se retrouvent
dans le Document de politique transversale.
La prévention de l’exclusion et l’insertion des personnes vulnérables. Ce
programme comprend des actions de prévention de l’exclusion en direction des
gens du voyage ainsi que la mise en place de points d’accueil et d’écoute pour les
jeunes. Participent également à ce programme les actions relatives à
l’hébergement et à la mise à disposition de logements adaptés : aide au logement
temporaire, plateformes d’accueil et d’orientation, soutien des projets de
résidences sociales. L’aide alimentaire distribuée par les associations mais dont les
têtes de réseau bénéficient du soutien financier de l’Etat émarge également à ce
programme ainsi que la formation des personnels qui interviennent auprès des
personnes en situation de fragilité.
Les actions en faveur des familles vulnérables visant à accompagner les parents
pour assumer au mieux leurs responsabilités éducatives en particulier dans le
cadre des Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REEAP).
Les 220 établissements de conseil conjugal et familial bénéficient également d’un
soutien financier dans le cadre de ce programme.
Le programme handicap et dépendance promeut le principe d’une accessibilité
généralisée pour tous les domaines de la vie sociale et met en œuvre des actions
d’incitation à l’emploi pour les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapées,
le développement des places de travail protégés. Le financement des maisons
départementales des personnes handicapées émarge aussi à ce programme.
L’égalité entre les hommes et les femmes intègre deux groupes d’actions relatives
à la promotion de l’égalité hommes-femmes dans la vie professionnelle et la lutte
contre les violences sexistes.
Programme en matière de santé et de maladie. En 2010, 4,2 millions de personnes
bénéficiaient de la Couverture maladie universelle complémentaire et 228 000
bénéficient de l’Aide médicale d’Etat qui assure la protection de la santé des
personnes étrangères résidant en France depuis plus de 3 mois.
Politique de la ville et grand Paris. Ce programme regroupe l’ensemble des crédits
à destination de la politique de la ville dans le cadre des Contrats urbain de
cohésion sociale ou des dispositifs spécifiques tels que l’action de réussite
éducative, les adultes-relais, l’opération « Ville, vie vacances », les internats
d’excellence et les écoles de la deuxième chance.
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sexe et composition familiale montre une très grande proximité avec les bénéficiaires
de ces prestations. En juin 2011, on comptait 1,4 millions de foyers allocataires du
RSA socle. L’augmentation des bénéficiaires est régulière et assez lente, très liée à
l’évolution du marché du travail. A la fin décembre 2011, on comptait 1,568 millions
de foyers bénéficiaires11 du RSA socle et 464 000 foyers bénéficiaires du RSA activité.
Fin décembre 2011, le RSA jeunes ne comptait que 9000 bénéficiaires. Au total, ce
dispositif concerne un peu plus de 2 millions de foyers. Les estimations ex ante
situaient le nombre de bénéficiaires du RSA activité autour de 1,5 million. Le nombre
de personnes concernées est seulement de l’ordre du tiers de cette prévision.
Le taux de non recours est de l’ordre de 35 % pour le RSA socle, très voisin du non
recours pour le RMI, il passe à près de 70 % pour le RSA activité. Une enquête
récente éclaire les raisons de ce succès très limité. Tout d’abord le mécanisme est très
mal compris par les ménages potentiellement concernés. La complexité du calcul de
l’allocation et la faiblesse des explications font que la plupart des demandeurs n’ont
pas le sentiment d’être gagnants et s’installe l’idée qu’il s’agit d’un mécanisme
trompeur. Par ailleurs, le RSA diminue le montant de la Prime pour l’emploi qui était
très bien identifiée et appréciée pour sa clarté par les travailleurs à faibles ressources.
L’accompagnement social ou professionnel est perçu comme dépourvu efficacité et le
contrat qui doit être signé entre le bénéficiaire et Pôle emploi ne fait pas sens pour les
personnes. Paradoxalement, le fait de bénéficier du RSA activité est souvent vécu par
les bénéficiaires comme la reconnaissance du fait que leur travail ne leur permet pas
de vivre et cristallise chez beaucoup un sentiment d’amertume 12.
S’agissant de la lutte contre la pauvreté, le RSA ne vise pas à réduire le nombre de
personnes pauvres. Le montant attribué à une personne seule est de l’ordre de 450
euros par mois, soit moins de la moitié du seuil de pauvreté, le RSA vise plutôt à
réduire l’intensité de la pauvreté. L’évaluation montre que le RSA activité accroît
d’environ 18 % le revenu mensuel médian par unité de consommation. Le rapport
d’évaluation s’appuyant sur des micro-simulations montre que le RSA a permis en
2010 de faire baisser le nombre de pauvres de l’ordre de 2% (- 150 000 personnes
pauvres) et le taux de pauvreté de 0,2 point. En l’absence de non recours au RSA
activité, 400 000 personnes supplémentaires auraient franchi le seuil de pauvreté.
Dans le cadre d’une politique d’inclusion active, le RSA devait avoir un impact sur le
retour à l’emploi des bénéficiaires. Les études conduites par le comité d’évaluation ne
montrent qu’un effet très restreint du RSA sur la reprise d’emploi. Le fait que cette
mise en œuvre se soit effectuée dans une période de forte tension sur le marché du
travail explique sans doute cette situation. En revanche, la crainte de favoriser
massivement des emplois à temps très partiel, ou à temps partiel imposé n’a pas été
constatée par les évaluateurs. Les bénéficiaires du RSA activité sont souvent employés
sur des contrats temporaires (CDD, Intérim, saisonniers (43 % des salariés) et des
emplois à temps partiel (53 %). Une large part des allocataires en emploi a une durée
de travail inférieure au temps de travail souhaité surtout en cas de travail à temps
partiel. Les bénéficiaires du RSA activité sont le plus souvent ouvriers (40 %) ou
employés (55%). Près des 2/3 des bénéficiaires du RSA socle déclarent rechercher un
emploi tout en étant limités dans cette recherche d’emploi notamment par des
problèmes de santé, de transports ou de garde d’enfants. 13
Au total, il semble que les effets négatifs comme les effets positifs de la mesure soient
assez négligeables.
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14 Cette évolution est très bien documentée dans la littérature, voir par exemple, de l’IRES, « la France du
travail, données, analyses, débats », Paris, Ed de l’Atelier, septembre 2009, ou de Serge Paugam, « Le
salarié de la précarité : les nouvelles formes d’intégration professionnelle », Paris, PUF, Rééd 2007.
15 Ce phénomène n’est pas propre à la France comme le montre le récent rapport de l’OCDE : « Toujours
plus d’inégalités : pourquoi les écarts de revenus se creusent. Tour d’horizon », OCDE 2012.
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16 Daniel Jamme, rapporteur, « Pôle emploi et la réforme du service public de l’emploi : bilans et
recommandations », juin 2011.
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18 A l’exception des programmes risquant de faire double compte avec la politique de l’emploi (par
exemple, les contrats aidés.)
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L’intérêt des financement FSE est aussi de porter sur des projets de petites
dimensions permettant à une commune du centre de la France comme Saint George
de Poisieux de bénéficier en 2011 d’un apport de 18 699 euros pour financer un projet
de développement de micro-crédit dont le coût global est de 22 144 euros ou de
permettre à la ville de Tours de développer une école de la deuxième chance dont le
coût global est de 546 359 euros et de bénéficier d’un apport du FSE de 154 079
euros. On pourrait multiplier ces exemples de l’action des fonds européens. A la
lecture de ces listes de bénéficiaires des fonds structurels et des actions qui sont
développées en s’appuyant sur ces crédits incitatifs, on regrette qu’en dépit des
évaluations réalisées et de l’information qui peut être faite localement, cette
intervention soit peu valorisée au niveau national dans les actions de lutte contre la
pauvreté et en faveur de l’inclusion sociale.
4. Suivi et évaluation
La France dispose d’une panoplie très développée d’outils de monitoring des politiques
publiques au niveau national. Les démarches évaluatives ex ante se sont développées
au cours des dernières années. A quelques exceptions près comme le RSA ou le fonds
d’expérimentations pour la jeunesse, les évaluations ex post, au sens académique du
terme, restent peu nombreuses. Enfin, les évaluations comme le monitoring des
politiques restent plus affaire de politiques nationales que locales.
En 2007, lorsque le gouvernement français a annoncé son engagement de réduire
d’un tiers la pauvreté au cours des cinq années suivantes, cette décision s’est
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5. Recommandations
L’examen des différentes mesures et les résultats issus de l’évaluation des dispositifs
d’inclusion active laisserait place à la production d’une multitude de recommandations
à caractère technique et ponctuel qui permettrait d’améliorer les instruments utilisés.
Dans le cadre de cette note, il nous semble plus utile de se limiter à un nombre
restreint de recommandations privilégiant un point de vue plus global.
La thématique de l’inclusion couvre une très grande diversité de mesures qui vont de
la formation des adultes aux vacances des enfants en passant par des mesures
fiscales ou l’organisation de services. Il serait utile de définir le concept et son contenu
de façon plus précise ainsi que de s’attarder sur les populations qui peuvent être les
plus concernées par cette politique. Entre une vision très large qui couvre plus de
20 % de la population et une représentation restreinte qui se limiterait aux chômeurs
de longue durée, le champ de cette politique et son extension mériteraient d’être
précisés.
19 Behagel Luc, Crépon Bruno, Gurgand Marc, « L’accompagnement des demandeurs d’emploi par les
opérateurs privés de placement et le programme Cap vers l’entreprise », Ecole d’Economie de Paris,
septembre 2009.
20 Cahuc Pierre, Carcillo Stéphane, « La défiscalisation des heures supplémentaires: les enseignements de
l’expérience française », Institut des politiques publiques, Paris, mars 2012.
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Rapports :
Rapport Peer Review, « Measuring the impact of active inclusion and other policies to
combat poverty and social exclusion », Peer Review in social protection and social
exclusion, Paris 3-4 décembre 2009, Synthesis report, 46 p.
Rapports 2009, 2010 et 2011 au Parlement sur le suivi de l’objectif de baisse d’un
tiers de la pauvreté en 5 ans. Ministère des Affaire sociales et de la santé,
www.sante.gouv.fr
Inclusion sociale. Document de politique transversale, projet de loi de finance pour
2012. Ministère des solidarités et de la cohésion sociale, Octobre 2011, 246 p.
Fondation Abbé Pierre Pour le logement des défavorisés, « L’état du mal-logement en
France », 17 ème rapport annuel, , 2012, 245 p. www.fondation-abbe-pierre.fr
MNCP, Rapport 2011 sur la situation des chômeurs, chômeuses et précaires,
Mouvement national des chômeurs et précaires Paris avril 2012, 70 p. www.mncp.fr
ONPES, rapport 2011-2012, « Crise économique, marché du travail et pauvreté »,
mars 2012, Paris, La Documentation française.
ONZUS, Rapport 2011, Observatoire national des zones urbaines sensibles, Paris,
octobre 2011, 303 p. Editions du Comité interministériel des villes.
Secours Catholique, « Jeunes, une génération précaire », Rapport statistique 2010,
novembre 2011, www.secours-catholique.org
Ouvrages :
PALIER Bruno, « Gouverner la Sécurité sociale, les réformes du système français de
protection sociale depuis 1945 », Paris, Presses Universitaires de France (Le lien
social). 2002
DAVY François, « Sécuriser les parcours professionnels par la création d’un compte
social universel », Paris, La Documentation française, avril 2012, 40 p.
FONDEUR Yannick et al. « Pratiques de recrutement et sélectivité sur le marché du
travail », Centre d’études de l’emploi, avril 2012, 225 p.
LARCHER Gérard, « La formation professionnelle : clé pour l’emploi et la
compétitivité », 2012, Paris, La Documentation française,
PAUGAM Serge, « Le salarié de la précarité. Les nouvelles formes de l'intégration
professionnelle », PUF, coll. « Quadrige essais débats », 2007
ROSE José, « Qu’est-ce que le travail non qualifié ? » Paris, La Dispute, 2012, 177 p.
SERVERIN Evelyne, GOMEL Bernard, « Le revenu de solidarité active où l’avènement
des droits incitatifs », Centre d’études de l’emploi, mars 2012, 39 p.
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Périodiques :
L’e-ssentiel, www.caf.fr
Dares Analyses-Dares Indicateurs : www.travail-emploi-sante.gouv.fr
Etudes et résultats : www.sante.gouv.fr/etudes-et-resultats
Insee-Première: www.insee.fr/fr/publications-et-services
La lettre de l’Ofce : www.ofce.sciences-po.fr/publications/lettre.htm
La lettre de l’ONPES : www.onpes.gouv.fr
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Tableau 1
Dans quelle mesure une stratégie globale et intégrée d’inclusion active a-t-elle été développée en France ?
Dessein politique global Mise en œuvre intégrée Coordination verticale des Participation active des acteurs
politiques pertinents
Oui Quelque Non Oui Quelque Non Oui Quelque Non Oui Quelque Non
peu peu peu peu
Pour ceux
qui sont X X X X
capable de
travailler
Pour ceux
qui ne X X X X
sont pas
capable de
travailler
Tableau 2
Dans quelle mesure les politiques / mesures d’inclusion active ont-elles été renforcées, sont-elles restées inchangées ou affaiblies depuis 2008 en
France ?
Soutien de revenu adéquat Marchés d’emploi inclusifs Accès aux services de qualité
Renforcé Inchangé Affaibli Renforcé Inchangé Affaibli Renforcé Inchangé Affaibli
Pour ceux
qui sont X X X
capable de
travailler
Pour ceux
qui ne sont X X X
pas
capable de
travailler
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