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Évangile selon Marie

1.1 L’Évangile de Marie attribué à Marie de Magdala

Si les quatre évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean,


sont les livres canons reconnus par l’Église, il existe
d’autres évangiles qui furent découverts vers 1945. Il en
est un pratiquement méconnu, c’est celui attribué à
Marie-Madeleine, Myriam de Magdala, premier témoin
de la Résurrection du Christ. Ces écrits sembleraient
même antérieurs aux évangiles canoniques.

Il fut sinon écrit, du moins inspiré par Marie-Madeleine,


« l’Initiée », qui fut considérée par l’apôtre Jean comme la
fondatrice du christianisme. Ce texte met en évidence
certains aspects soigneusement occultés par le
christianisme comme celui de la relation intime de Jésus
avec Marie-Madeleine : « L’Evangile de Marie », comme
l’Évangile de Jean et l’Evangile de Philippe, nous rappelle
que Yeshoua était capable d’intimité avec une femme.

L’Evangile de Marie nous invite à nous rendre libres à


l’égard de nos dualités, de nos attachements à la matière,
en mettant de l’Amour là où il n’y en a pas, là où il n’y en
a plus, par l’Imagination créatrice. L’Imagination
créatrice, c’est le monde intermédiaire entre Dieu et
l’homme, « ...c’est la mise en sympathie de l’invisible et
du visible, du spirituel et du physique. » C’est ce monde
qui peut permettre, par exemple, de voir des apparitions
divines.

Dans ce manuscrit, Myriam de Magdala, une des rares


femmes de son époque à avoir accès à la « connaissance
», nous transmet les enseignements de Jésus qui nous
éclairent sur bien des points et lèvent le voile des
interdits comme le droit des femmes à la parole. Ces
écrits se révèlent d’une extraordinaire actualité.

Tout au long de ce texte et à travers lui, « l’Initiée »


tentera de nous éveiller à ce monde intermédiaire qui
relie le monde subtil au monde physique afin que nous
ayons une meilleure compréhension de notre vie et de
celle de l’humanité.

L’Évangile selon Marie, comme plusieurs écrits


gnostiques, s’inscrit dans la tradition des apparitions du
Sauveur ressuscité. Dans cet évangile, le Sauveur
transmet d’abord ouvertement son enseignement à ses
disciples, puis secrètement à Marie Madeleine au cours
d’une vision intérieure. Ceci provoque une réaction
violente de Pierre qui refuse de croire que le Sauveur ait
pu transmettre un enseignement à une femme, à l’insu
de ses disciples. Cet évangile témoigne donc d’un conflit
vécu à l’intérieur même d’un milieu chrétien au début de
notre ère.

L’Évangile de Marie est le premier texte du papyrus de


Berlin 8502 (BG 8502), acquis au Caire en 1896 et daté
du début du Vème siècle de notre ère. Ce papyrus
contient trois autres écrits : l’Aprocryphon de Jean, la
Sagesse de Jésus-Christ et l’Acte de Pierre.
L’Aprocryphon de Jean et la Sagesse de Jésus-Christ se
retrouvent également dans la bibliothèque copte de Nag
Hammadi. Les parties du texte que nous possédons sont
assez bien préservées, mais les pages 1 à 6 et 11 à 14
manquent entièrement. L’Évangile de Marie est écrit en
sahidique, un dialecte copte, mais la première rédaction
aurait été faite en grec au cours du IIème siècle. Cette
date est attestée par un fragment grec, le papyrus
Rylands 463 daté du IIIème siècle, dont l’identité avec le
texte copte a été confirmée.

L’auteur, Anne Pasquier, émet l’hypothèse que le texte


aurait subi quelques remaniements. Un passage, la
révélation de Marie, aurait peut-être été introduit
ultérieurement dans le reste de l’écrit. Ce texte est divisé
en deux parties, la première est constituée par la
révélation du Sauveur, la deuxième, par la révélation de
Marie. Malgré l’absence des pages 1 à 6, on peut
présumer que la révélation du Sauveur occupait
entièrement ou presque la première partie du texte. Le
Sauveur y répond aux questions de ses disciples
notamment sur le destin final de la matière. Le Sauveur
répond à cette question et à une autre relative à Pierre
(7,10) concernant la nature du péché du monde, en
expliquant qu’il n’y a pas de péché inhérent au monde
ou à la matière, mais que le péché pénètre le monde
grâce son association impropre avec l’esprit, et que le
rôle du Bien est de séparer ces éléments. Le Sauveur
quitte ses disciples après ces explications et une dernière
exhortation (8,14-9,5).

Après son départ, les disciples sont affligés et irrésolus.


Marie intervient alors et, se référant à l’enseignement du
Sauveur, les console et les encourage. Pierre demande
ensuite à Marie de leur rapporter d’autres paroles
qu’eux, les disciples du Seigneur, n’auraient pas
entendues. La réponse de Marie est un discours de
révélation, discours qui est déterminé par une vision du
Sauveur (10,7). L’enseignement de Marie, qui débute
avec la description de cette vision, est également
incomplet, il manque les pages 10 à 15. Le discours
reprend avec l’explication sur des différentes fonctions
des trois éléments de l’Âme dans l’accès à la vision
(pneuma, noûs, psyché), et se poursuit avec le récit des
différents stades de l’ascension de l’Âme et les réponses
de chacune des puissances gardiennes des quatre Cieux.
Le récit se termine par la victoire de l’âme et son
accession au repos dans le Silence.

La révélation de Marie suscite une réaction assez violente


de la part d’André et surtout de Pierre, qui refuse cette
fois de croire que le Sauveur ait pu transmettre son
enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples (17,
10-18, 5-21). Lévi intervient à son tour pour
réprimander Pierre et témoigner de la préférence que le
Sauveur accordait à Marie. Reprenant quelques-unes des
paroles de l’exhortation finale du Sauveur, il invite enfin
les disciples à proclamer l’Évangile. Finalement, ceux-ci
se mettent en route pour annoncer et prêcher (19, 1-2).
Dans son introduction et son commentaire, le professeur
Anne Pasquier, décrit le texte comme un exemple de la
pensée gnostique et comme un révélateur des tensions
existant entre les différentes communautés chrétiennes
dans les premiers temps du christianisme. L’auteur
établit un lien entre, d’une part, les thèmes principaux
abordés par Marie Madeleine dans son discours,
notamment l’ascension de l’âme dans les quatre cieux et
la description des quatre puissances gardiennes de ces
cieux et, d’autre part, les différents écrits gnostiques ainsi
que des sources se trouvant dans le Nouveau Testament
et particulièrement l’Épître aux Romains. Traçant
également la tradition du conflit entre Pierre et Marie à
travers les autres écrits gnostiques, l’auteur démontre
que les deux figures représentent deux traditions
ecclésiastiques différentes : la première, incarnée par
Pierre, est la tradition orthodoxe ou celle qui tend à le
devenir. Cette tradition dénigrera l’autorité des
révélations reçues lors de visions et interdira aux femmes
toute participation active à l’intérieur de l’Église. L’autre,
dont Marie est ici la figure symbolique, est légitimée
avant tout par des révélations secrètes ou des visions et
par une possible égalité entre les hommes et les femmes.
Ces traditions ont aussi des approches théologiques
différentes, notamment sur le thème de l’androgynie de
Dieu qu’Anne Pasquier présente comme une des
importantes croyances de certaines communautés
gnostiques, et qui est mis en évidence dans L’Évangile
selon Marie.

1.2 Évangile de Marie - Traduction par Anne Pasquier

Les six premières pages manquent entièrement.


[Page 7]

Qu’est-ce que la matière ? Durera-t-elle toujours ? Le


Maître répondit : « Tout ce qui est né, tout ce qui est crée,
tous les éléments de la nature sont imbriqués et unis
entre eux. Tout ce qui est composé sera décomposé ; tout
reviendra à ses racines ; la matière retournera aux
origines de la matière. Que celui qui a des oreilles pour
entendre entende. »

Pierre lui dit : « Puisque Tu te fais l’interprète des


éléments et des événements du monde, dis-nous : Qu’est-
ce que le péché du monde ? » Le Maître dit : « Il n’y a pas
de péché. C’est vous qui faites exister le péché lorsque
vous agissez conformément aux habitudes de votre
nature adultère là est le pêché. Voilà pourquoi le Bien est
venu parmi vous ; Il a participé aux éléments de votre
nature afin de l’unir de nouveau à ses racines. » Il
continua et dit : « Voici pourquoi vous êtes malades et
pourquoi vous mourrez, c’est la conséquence de vos
actes ; vous faites ce qui vous éloigne... Comprenne qui
pourra ! »

[Page 8]

« L’attachement à la matière engendre une passion


contre nature. Le trouble naît alors dans tout le corps » ;
c’est pourquoi je vous dis : « Soyez en harmonie... Si vous
êtes déréglés, inspirez-vous des représentations de votre
vraie nature. Que celui qui a des oreilles pour entendre
entende. »
Après avoir dit cela, le Bienheureux les salua tous en
disant : « Paix à vous, que ma Paix naisse et s’accomplisse
en vous ! Veillez à ce que personne ne vous égare en
disant : Le voici, Le voilà. Car c’est à l’intérieur de vous
qu’est le Fils de l’Homme ; allez à Lui : ceux qui Le
cherchent Le trouvent en marche ! Annoncez l’Évangile
du Royaume. »

[Page 9]

« N’imposez aucune règle, hormis celle dont je fus le


Témoin. N’ajoutez pas de lois à celles de celui qui a
donné la Loi, afin de ne pas en devenir les esclaves. »
Ayant dit cela, Il partit. Les disciples étaient dans la
peine ; ils versèrent bien des larmes, disant : « Comment
se rendre chez les païens et annoncer l’Évangile du
Royaume du Fils de l’Homme ? Ils ne l’ont pas épargné,
comment nous épargneraient-ils ? »

Alors, Marie se leva, elle les embrassa tous et dit à ses


frères : « Ne soyez pas dans la peine et le doute, car Sa
Grâce vous accompagnera et vous protégera : louons
plutôt Sa grandeur, car Il nous a préparés. Il nous appelle
à devenir pleinement des êtres humains. » Par ces
paroles, Marie tourna leurs coeurs vers le Bien ; ils
s’éclairèrent aux paroles du Maître.

[Page 10]

Pierre dit à Marie : « Soeur, nous savons que le Maître t’a


aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les
paroles qu’Il t’a dites, dont tu te souviens et dont nous
n’avons pas la connaissance... » Marie leur dit : « Ce qui
ne vous a pas été donné d’entendre, je vais vous
l’annoncer » : j’ai eu une vision du Maître, et je Lui ai
dit : « Seigneur, je Te vois aujourd’hui dans cette
apparition. » II répondit : « Soit bienheureuse, toi qui ne
te troubles pas à ma vue. Là où est l’intellect, là est le
trésor. » Alors, je Lui dis : « Seigneur, dans l’instant, celui
qui contemple Ton apparition, est-ce par l’âme qu’il
voit ? Ou par l’esprit ? » Le Maître répondit : « Ni par
l’âme ni par l’esprit ; mais l’intellect étant entre les deux,
c’est lui qui voit et c’est lui qui [...] »

Les quatre pages suivantes manquent entièrement.

[Page 15]
« Je ne t’ai pas vu descendre, mais maintenant je te vois
monter, dit le Désir, Pourquoi mens-tu, puisque tu fais
partie de moi ? » L’âme répondit : « Moi, je t’ai vue, toi, tu
ne m’as pas vue. Tu ne m’as pas reconnue ; j’étais avec
toi comme avec un vêtement, et tu ne m’as pas sentie. »
Ayant dit cela, elle s’en alla toute joyeuse. Puis se
présenta à elle la troisième atmosphère, appelé Ignorance
; celle-ci interrogea l’âme, lui demandant : « Où vas-tu ?
N’as-tu pas été dominée par un mauvais penchant ? Oui,
tu étais sans discernement, et tu as été asservie. » L’âme
dit alors : « Pourquoi me juges-tu ? Moi je n’ai pas jugé.
On m’a dominée, moi je n’ai pas dominé ; on ne m’a pas
reconnue, mais moi, j’ai reconnu que tout ce qui est
composé sera décomposé sur la terre comme au ciel. »

[Page 16]
Libérée de cette troisième atmosphère, l’âme continua de
monter. Elle aperçut la quatrième atmosphère. Elle avait
sept manifestations. La première manifestation est
Ténèbres ; la seconde, Désir ; la troisième, Ignorance ; la
quatrième, Jalousie mortelle ; la cinquième, Emprise
charnelle ; la sixième, Sagesse ivre ; la septième, Sagesse
rusée. Telles sont les sept manifestations de la Colère qui
oppriment l’âme de questions : « D’où viens-tu, homicide
? Ou vas-tu, vagabonde ? » L’âme répondit : « Celui qui
m’opprimait a été mis a mort ; celui qui m’étreignait
n’est plus ; mon désir alors s’est apaisé, et je fus délivrée
de mon ignorance. »

[Page 17]

« Je suis sortie du monde grâce à un autre monde ; une


représentation s’est effacée Grâce a une représentation
plus haute. Désormais je vais vers le Repos où le temps se
repose dans l’Éternité du temps. Je vais au Silence ».
Après avoir dit cela, Marie se tut. C’est ainsi que le
Maître s’entretenait avec elle. André prit alors la parole
et s’adressa à ses frères : « Dites, que pensez-vous de ce
qu’elle vient de raconter ? Pour ma part, je ne crois pas
que le Maître ait parlé ainsi ; ces pensées diffèrent de
celles que nous avons connues. »

Pierre ajouta : « Est-il possible que le Maître se soit


entretenu ainsi, avec une femme, sur des secrets que
nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos
habitudes, écouter tous cette femme ? L’a-t-Il vraiment
choisie et préférée à nous ? »

[Page 18]
Alors Marie pleura. Elle dit a Pierre : « Mon frère Pierre,
qu’as-tu dans la tête ? Crois-tu que c’est toute seule,
dans mon imagination, que j’ai inventé cette vision ? ou
qu’à propos de notre Maître je dise des mensonges ? »
Levi prit la parole : « Pierre, tu as toujours été un emporté
; je te vois maintenant t’acharner contre la femme,
comme le font nos adversaires. Pourtant, si le Maître l’a
rendue digne, qui es-tu pour la rejeter ? Assurément, le
Maître la connaît très bien Il l’a aimée plus que nous.
Ayons donc du repentir, et devenons l’être humain dans
son intégrité ; laissons-le prendre racine en nous et
croître comme Il l’a demandé. Partons annoncer
l’Évangile sans chercher a établir d’autres règles et
d’autres lois en dehors de celle dont Il fut le témoin. »

[Page 19]
Dès que Levi eut prononcé ces mots, ils se mirent en
route pour annoncer l’Évangile.

1.3 Jésus, Marie-Madeleine, l’incarnation...

Jean-Yves Leloup a publié en septembre 2005, chez


Albin Michel, « Tout est pur pour celui qui est pur » dans
lequel il aborde le thème épineux de la sexualité du
Christ. Enfin ! Il aura fallu le succès d’un roman (Le da
Vinci code) qui scandalise les grenouilles de bénitiers
pour que des théologiens en parlent publiquement. Jean-
Yves Leloup avait déjà abordé très pudiquement le sujet
dans sa traduction de l’Évangile selon Philippe, mais là, il
va beaucoup plus loin, sans tabou, et nous pousse à nous
interroger.
« La question de la sexualité du Christ est pour beaucoup
de l’ordre de la stupeur et pour certains de l’ordre du
blasphème. Pourquoi une telle réticence, autrefois et
encore aujourd’hui ? »

« Pourquoi le christianisme nous a-t-il que trop souvent


présenté la sexualité comme avilissante, dégradante, «
mère de tous les péchés », et trop rarement comme
divinisante, source de vie et de créativité ? »

« Jésus est-il moins divin parce qu’il est plus humain et


aime une femme ? Quelle drôle d’image de la femme cela
suppose ! »

L’auteur rappelle que dans l’Évangile selon Philippe, le


terme koïnonos est employé pour définir le lien qui
unissait Yeshoua (Jésus) et Marie de Magdala. « Le terme
koïnonos en grec comme en copte fait référence au coït,
qu’on le traduise par « fiancée », « compagne » ou «
épouse ». Dans ce texte, Marie-Madeleine apparaît
comme celle qui partage le « coït » avec l’Enseigneur. »

Jean-Yves Leloup nous apporte beaucoup d’autres


réponses en se basant sur la théologie, l’histoire, la
psychologie et en s’appuyant sur des textes anciens et des
études plus récentes.

Oui, Jésus était marié.

Oui, il avait une sexualité.

Oui, il a aimé Marie-Madeleine d’un amour non


platonique.
Un livre superbe qui, enfin, pourrait bien réconcilier
chrétiens et féministes ! Ouf ! (mieux vaut tard que
jamais).

Jean-Yves Leloup est auteur de nombreux livres dont «


Marie-Madeleine, une femme innombrable ». Il est
également traducteur de l’Évangile de Marie
(Madeleine), l’Évangile de Thomas, et l’Évangile de
Philippe.

Victor Mortis - 2005

1.4 Évangile de Marie - Traduction par Jean-Yves Leloup

Les six premières pages manquent entièrement.


[Page 7]

« Qu’est-ce que la matière ? Durera-t-elle toujours ? »


L’Enseigneur répondit : « Tout ce qui est né, tout ce qui
est créé, tous les éléments de la nature sont imbriqués et
unis entre eux. Tout ce qui est composé sera décomposé ;
Tout reviendra à ses racines ; La matière retournera aux
origines de la matière. Que celui qui a des oreilles pour
entendre entende. » Pierre lui dit : « Puisque Tu te fais
l’interprète des éléments et des évènements du monde,
dis-nous : Qu’est-ce que le péché du monde ? »
L’Enseigneur dit : « Il n’y a pas de péché. C’est vous qui
faites exister le péché Lorsque vous agissez
conformément aux habitudes de votre nature adultère ;
là est le péché. Voilà pourquoi le Bien est venu parmi
vous ; Il a participé aux éléments de votre nature Afin de
la ré-unir à ses racines. » Il continua et dit : « Voici
pourquoi vous êtes malades et pourquoi vous mourrez :
c’est la conséquence de vos actes ; vous faites ce qui vous
éloigne… Comprenne qui pourra. »

[Page 8]

« L’attachement à la matière engendre une passion


contre nature. Le trouble naît alors dans tout le corps ;
C’est pourquoi je vous dis : « Soyez en harmonie… » Si
vous êtes déréglés, Inspirez-vous des représentations De
votre vraie nature. Que celui qui a des oreilles Pour
entendre entende. » Après avoir dit cela, le Bienheureux
Les salua tous en disant : « Paix à vous – que ma Paix soit
engendrée et s’accomplisse en vous § » Veillez à ce que
personne ne vous égare En disant : « Le voici, Le voilà. »
Car c’est à l’intérieur de vous Qu’est le Fils de l’Homme ;
Allez à Lui : Ceux qui Le cherchent Le trouvent En
marche ! Annoncez l’Evangile du Royaume. »
[Page 9]

« N’imposez aucune règle, hormis celle dont je fus le


Témoin. N’ajoutez pas de lois à celles de celui qui a
donné la Thora, Afin de ne pas en devenir les esclaves. »
Ayant dit cela, Il partit. Les disciples étaient dans la
peine ; Ils versèrent bien des larmes, disant : « Comment
se rendre chez les païens et annoncer l’Evangile du
Royaume du Fils de l’Homme ? Ils ne l’ont pas épargné,
Comment nous épargneraient-ils ? » Alors, Marie se leva,
Elle les embrassa tous et dit à ses frères : « Ne soyez pas
dans la peine et le doute, car Sa grâce vous
accompagnera et vous protégera : louons plutôt Sa
grandeur, car Il nous a préparés. Il nous appelle à
devenir pleinement Humains » Par ces paroles, Marie
tourna leurs cœurs vers le Bien ; Ils s’éclairèrent aux
paroles de l’Enseigneur.

[Page 10]

Pierre dit à Marie : « Sœur, nous savons que l’Enseigneur


t’a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les
paroles qu’Il t’a dites, Dont tu te souviens Et dont nous
n’avons pas la connaissance… » Marie leur dit : « Ce qui
ne vous a pas été donné d’entendre, je vais vous
l’annoncer : j’ai eu une vision de l’Enseigneur, et je lui ai
dit : « Seigneur, je Te vois aujourd’hui dans cette
apparition. » Il répondit : « Bienheureuse, toi qui ne te
troubles pas à ma vue Là où est le noùs, là est le trésor »
Alors, je lui dis : « Seigneur, dans l’Instant, celui qui
contemple Ton apparition, Est-ce la psyché (l’âme) qu’il
voit ? Ou par le Pneuma (l’Esprit, Souffle) ? »
L’Enseigneur répondit : Ni par la psyché ni par le
Pneuma ; Mais le noùs étant entre les deux, C’est lui qui
voit et c’est lui qui (…) »

Les quatre pages suivantes manquent entièrement.

[Page 15]

« Je ne t’ai pas vu descendre, mais maintenant je te vois


monter », dit la Convoitise. « Pourquoi mens-tu, puisque
tu fais partie de moi ? » L’Âme répondit : « Moi, je t’ai
vue, toi, tu ne m’as pas vue. Tu ne m’as pas reconnue ;
J’étais avec toi comme avec un vêtement, Et tu ne m’as
pas sentie. » Ayant dit cela, Elle s’en alla toute joyeuse.
Puis se présenta à elle le troisième climat, Appelé
Ignorance ; Celui-ci interrogea l’âme, lui demandant : «
Ou vas-tu ? N’as-tu pas été dominée par un mauvais
penchant ? Oui, tu étais sans discernement, et tu as été
asservie. » L’âme dit alors : « Pourquoi me juges-tu ? Moi
je n’ai pas jugé. On m’a dominée, moi je n’ai pas
dominé ; On ne m’a pas reconnue, Mais moi, j’ai reconnu
Que tout ce qui est composé sera décomposé Sur la terre
comme au ciel. »

[Page 16]

Libérée de ce troisième climat, l’âme continua de monter.


Elle aperçut le quatrième climat. Il avait sept
manifestations. La première manifestation est Ténèbres ;
La seconde, Convoitise ; La troisième Ignorance ; La
quatrième, Jalousie mortelle ; La cinquième, Emprise
charnelle ; La sixième, Sagesse ivre ; La septième, Sagesse
rusée. Telles sont les sept manifestations de la Colère qui
oppriment l’âme de questions : « D’où viens-tu, homicide
? Où vas-tu, vagabonde ? » L’âme répondit : « Celui qui
m’opprimait a été mis à mort ; celui qui m’encerclait
n’est plus ; ma convoitise alors s’est apaisée, et je fus
délivrée de mon ignorance. »

[Page 17]

« Je suis sortie du monde grâce à un autre monde ; une


représentation s’est effacée grâce à une représentation
plus haute. Désormais je vais vers le Repos Où le temps
se repose dans l’Eternité du temps. Je vais au Silence. »
Après avoir dit cela, Marie se tut. C’est ainsi que
l’Enseigneur s’entretenait avec elle. André prit alors la
parole et s’adressa à ses frères : « Dites, que pensez-vous
de ce qu’elle vient de raconter ? Pour ma part, je ne crois
pas Que l’Enseigneur ait parlé ainsi ; Ces pensées
diffèrent de celles que nous avons connues. » Pierre
ajouta : « Est-il possible que l’Enseigneur se soit
entretenu ainsi avec une femme, sur des secrets que
nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos
habitudes ; Ecouter tous cette femme ? L’a-t-Il vraiment
choisie et préférée à nous ? »

[Page 18]

Alors Marie pleura. Elle dit à Pierre : « Mon frère Pierre,


qu’as- tu dans la tête ? Crois-tu que c’est toute seule,
dans mon imagination, Que j’ai inventé cette vision, Ou
qu’à propos de notre Enseigneur je dise des mensonges ?
» Lévi prit la parole : « Pierre, tu as toujours été un
emporté ; je te vois maintenant t’acharner contre la
femme, comme le font nos adversaires. Pourtant, si
l’Enseigneur l’a rendue digne, Qui es-tu pour la rejeter ?
Assurément, l’Enseigneur la connaît très bien… Il l’a
aimée plus que nous. Ayons donc du repentir, Et
devenons l’Être humain dans son entièreté ; Laissons-Le
prendre racine en nous Et croître comme Il l’a demandé.
Partons annoncer l’Evangile Sans chercher à établir
d’autres règles et d’autres lois En dehors de celle dont il
fut le témoin.

[Page 19]

Dès que Lévi eut prononcé ces mots, Ils se mirent en


route pour annoncer l’Evangile.

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