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Stig Frøyshov
Résumé
REB 58 2000 France p. 167-184
PauL Géhin et Stig Frøysen, Nouvelles découvertes sinaïtiques. A propos de la parution de l'inventaire des manuscrits grecs. —
Cet article rend compte de l'Inventaire des manuscrits grecs découvert au Mont Sinaï en 1975. Il met en valeur l'importance de
ces découvertes pour l'histoire de la liturgie, notamment palestinienne, et apporte des compléments substantiels concernant le
regroupement des fragments et l'identification des textes.
Abstract
The article reviews the recently published Inventory of the Greek manuscripts discovered on Mount Sinaï in 1975. It highlights the
importance of this discovery for liturgical history, especially in Palestine, and offers substantial supplements concerning the
reunification of fragments and the identification of texts.
Géhin Paul, Frøyshov Stig. Nouvelles découvertes sinaïtiques. À propos de la parution de l'inventaire des manuscrits grecs. In:
Revue des études byzantines, tome 58, 2000. pp. 167-184.
doi : 10.3406/rebyz.2000.1990
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_2000_num_58_1_1990
NOUVELLES DECOUVERTES SINAÏTIQUES :
À PROPOS DE LA PARUTION
DE L'INVENTAIRE
DES MANUSCRITS GRECS l
Summary : The article reviews the recently published Inventory of the Greek manusc
riptsdiscovered on Mount Sinai" in 1975. It highlights the importance of this discovery
for liturgical history, especially in Palestine, and offers substantial supplements concer
ning the reunification of fragments and the identification of texts.
9. On regrettera que le nombre de lignes ne soit pas indiqué, car cette précision, combi
née avec celle du format, aurait permis des rapprochements intéressants, voire des regrou
pements.
10. Certains mériteraient d'être complétés, comme celui du ms. X 90, qui est composé
de dodécasyllabes byzantins (le troisième et le dixième vers comportant par erreur plus de
12 syllabes). On peut reconstituer en grande partie les 12 premiers vers :
[Εΐληφ]εν τέρμα, βίβλος ΐδε [συν πό]θω·
ΧειρΙ γραφείσα, [τοΰ παν]αθλϊωτάτου·
Συμε[ών άμαρτ]ωλοΰ, και ξένου τοις [...]·
[Εις τά]ς χειρ(ας) απτοντες, ταύ[την τη]ν βίβλον
Εύχήν [ ...]ισάξατε, τώ γεγραφώτι·
[Ει κ] α! τι έσφάλθη μοι, εξ ά[μαθ]εΐας·
ΚαΙ γαρ τη τέχνη, [άμα]θης είμι λίαν
Των άν[τιστοί]χων, λέγω δη και ττν(ευμάτ)ων
[Τον μ]ακαρισμόν, εκ πόθου [νείμ]ατέ μοι-
"Οπως δϊά τοις εύχας, τύχω της βασιλείας-
Καν της [μερί]δος, τύχω της των έ[ρίφων]·
Της των προβά[των, . ]αξον ώς εύεργέτ[ης]·
11. Nous ne comptabilisons pas les photos données dans l'Introduction.
1 70 PAUL GÉHIN ET STIG FR0 YSHO V
duction du rouleau Ε 1, est une partie agrandie de la photo 227 qui repro
duitle rouleau Ε 28.
16. Dans le ms. X 13, il manque le prénom du copiste, ou plus précisément du correct
eur.Le colophon peut être reconstitué comme suit : Τ[έλος των λ]ειτουρ[γιών] του
θείου Χρϋσοστ[όμου και του μεγάλου] Βασιλείου και [των προηγιασμένων]
διορθωθεισών παρ[ά ]ους ιερομόναχου Κυπρίου, Λογαρα. Le prénom de ce per
sonnage, originaire de Chypre, se terminait par -ους au génitif. Seuls deux prénoms
paraissent possibles : Θεοφάνης et Μητροφάνης. Comme il n'y a la place que pour 6
lettres, le second paraît trop long (à moins qu'il n'ait été abrégé).
17. Pour l'alternance, voir par exemple le Lectionnaire du Nouveau Testament Sankt-
Peterburg, BNR, gr. 44 (reproductions dans J. B. THIBAUT, Monuments de la Notation
Ekphonétique et Hagiopolite de l'Eglise Grecque. Exposé documentaire des manuscrits
de Jérusalem, du Sinaï et de l'Athos conservés à la Bibliothèque Impériale de Saint-
Pétersbourg, Saint-Pétersbourg 1913, figures 12-13, p. 18-19).
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mière pratique, la seule qui soit représentée sur les photos, nous avons le
superbe Praxapostolos ΜΓ 2, le Psautier ΜΓ 9 (Politis, pi. 4a) et les
Évangéliaires ΜΓ 97 et 102 18.
IL Les regroupements
18. Il faut aussi déchiffrer les notes arabes de donation et de possession qui intéressent
l'histoire de la bibliothèque sinaïtique. Nous avons ainsi la chance d'avoir parmi les
reproductions de ce volume, à quatre reprises, la note de donation (habs) d'un même per
sonnage, un certain Sâ'id ibn Daniel ibn Bishr : ΜΓ 25 (Grégoire de Nazianze, photo 6),
M 153 (manuscrit juridique, photo 140), X 145 (Évangéliaire, photo 186) et Sin. gr. 497
(Collection homilétique et hagiographique, photo 40). Chaque note comporte trois
parties : indication de contenu, formule de consécration au Sinaï avec le nom du donateur,
formule de malédiction à Γ encontre de celui qui fera sortir le livre hors du Sinaï («Celui
qui l'en fera sortir, que Dieu Très-Haut le condamne et lui fasse partager le sort de Judas
l'Iscariote»). À en juger par la qualité de ces quatre exemplaires, ce personnage devait
avoir une belle bibliothèque. Son nom doit probablement figurer sur d'autres manuscrits
de l'ancien fonds.
19. Beaucoup de ces membra disjecta se trouvent à la BNR de Saint-Pétersbourg, pro
venant des collections Tischendorf et Uspenskij.
20. Regroupements déjà effectués en plus de ceux du Sinaiticus de la Bible et du
Psautier Uspenskij : ΜΓ 12 et Sin. gr. 210 (Specimina Sinaitica, p. 13-14). ΜΓ 23 et
feuilles de garde du Sin. gr. 497, M 17 et Sin. gr. 926 (Inventaire, Introduction, p. 115).
ΜΓ 13 et Sin. gr. 215 (Aland, / 849), ΜΓ 34 et Sin. gr. 214 (Aland, / 848), ΜΓ 70 et
Petropolitanus gr. 9 (Aland, 0285), X 125 et 424 et ff. 233-199 du Sin. ar. 124 (Aland, /
1773), X 285 et Sin. gr. 272 (Aland, / 894).
21. Photo d'un feuillet complet chez Charlesworth, pi. IV, et de la partie supérieure du
même feuillet chez Politis, pi. 4a. On lit sur la photo la deuxième Ode biblique qui
reprend le Cantique de Moïse de Deutéronome 32.
22. Un de ces feuillets est reproduit par THIBAUT, Op. cit., fig. 22, p. 41.
NOUVELLES DÉCOUVERTES SINAÏTIQUES 173
23. Feuillet reproduit par THIBAUT, fig. 20, p. 39. Le Sin. gr. 214 est dû à deux
copistes : le premier a copié les ff. l-28r et le second les feuillets restants. Les feuillets
nouvellement découverts et le feuillet de Saint-Pétersbourg sont de la main du premier
copiste.
24. L'invocation qui termine cet index, en partie rongée par les souris, se laisse reconst
ituersans difficulté : ΚΑΤΑ ΤΗΝ ΑΓΑ[ΠΗΝ ΤΟΥ] Χ(ΡΙΣΤΟ)Υ ΕΥΞΑΣΘΑΙ (pro -
σθε) ΥΠ[ΕΡ ΤΟΥ ΓΡΑ]ΦΑΝΤΟΣ ΑΜΑΡΤΩ[ΛΟΥ]. Il est dommage que le copiste n'ait
pas pris la peine de mentionner son nom. Si le pinax est complet, il permettra de connaître
ce que contenaient les parties aujourd'hui disparues. Sur ce ms. transmettant un grand
nombre de textes rares, voir en dernier lieu M. VAN ESBROECK, Deux feuillets du
Sinaiticus 492 (VIIIe-IXe siècle) retrouvés à Leningrad, An. Boll. 96, 1978, p. 51-54.
25. Specimina Sinaitica, p. 30-31 et pi. 60-63. Comme le signalent les auteurs de ce
dernier recueil, deux autres feuillets se trouvent aussi à la BNR de Saint-Pétersbourg
(gr. 318). Faute d'avoir été regroupés, les éléments du même manuscrit figurent sous trois
numéros dans le répertoire d' Aland (1 1443, / 2229 et / 2230).
26. Sur ce représentant de la tradition italo-grecque de Dorothée de Gaza, voir L.
Regnault - J. de Préville, SC 92, p. 99.
27. Voir R. REITZENSTEIN, Geschichte der Griechischen Etymologika, Leipzig 1897,
réimpr. Amsterdam 1964, p. 72 (sigle e). Tous nos remerciements à M. Jean Schneider
qui nous a confirmé qu'il s'agissait bien de l'Etymologicum Gudianum et qui nous a indi
qué la référence au livre de Reitzenstein.
28. Dans plusieurs cas, nous soupçonnons des regroupements, mais nous ne disposons
pas des éléments suffisants pour pouvoir l'affirmer. Voici quelques cas : M 124 et Sin.
gr. 791 (Paraclétique) ; M 133 et Sin. gr. 1096 (Typikon liturgique) ; M 144 et Sin. gr. 784
(Paraclétique) ; X 25 et X 42 (Vie d'Antoine ); Ε 25 et Ε 42 (Liturgie de Saint Marc).
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29. Là encore, nous ne disposons pas des éléments suffisants pour décider à quelle col
lection ils se rattachent.
30. Voir C. GuiLLAUMONT, SC 170, p. 222-223.
NOUVELLES DECOUVERTES SINAÏTIQUES 175
31 . Voir codex Vindobonensis Theol. gr. 121, f. lsv. et Theol. gr. 128, f. 8sv.
32. Voir codex Vindobonensis Hist. gr. 91, ff. 136-162. L'auteur, qui écrit après la
prise de Constantinople, dénonce la décadence des mœurs chez les prêtres et les moines.
33. Les biblistes ont déjà isolé dans les nouvelles découvertes un certain nombre de
Lectionnaires hagiopolites du Nouveau Testament (voir Aland, 1 2212-2217).
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Euchologe oncial ΜΓ 53 des 8e-9e s., dont il reste encore 92 fol., et qui
se trouve être un des plus anciens témoins de ce type de livre 37. La pré
sence d'une seule prière pour chaque Heure (sur la photo 75 on voit la
fin de celle de Sexte et le début de celle de None 38) est en effet un trait
de la liturgie hagiopolite 39. Un rituel comme celui du mariage dans le
ΜΓ 67, dont un seul cahier est préservé 40, a la même origine 41.
Outre les véritables Euchologes, l'inventaire indique des séries de
prières dans plusieurs manuscrits hymnographiques (par ex. ΜΓ 15,
ΜΓ 62, ΜΓ 86 et ΜΓ 92). La photo du ΜΓ 81 montre des prières de pré
paration à la communion, suivies de stichères42. Seule une étude plus
poussée pourra déterminer le caractère des prières d'autres manuscrits,
comme celles que présentent par exemple le ΜΓ 109 et le ΜΓ 113.
Euchologe de Constantinople
Les trouvailles du Sinaï apportent un nouveau témoin oncial de
l'Euchologe constantinopolitain, le codex ΜΓ 22, malheureusement très
fragmentaire (il reste seulement deux cahiers, dont l'un porte le
numéro Δ'). Les feuillets préservés ne contiennent que la Liturgie de S.
Jean Chrysostome (CHR) et la Liturgie des Présanctifiés (PRES), les
deux probablement incomplètes, mais leur place en tête du document
original montre que le codex comprenait autrefois une suite, qui était très
certainement le reste d'un Euchologe. PRES, dont on lit le début sur la
photo 59, commence par la première prière des Vêpres, comme le fait
par ex. l'Euchologe Sin. gr. 973 43, et non par la prière des catéchumènes,
comme la plupart des Euchologes grecs. Le ΜΓ 22 a été copié en
Palestine, puisque on y reconnaît la main qui a copié le fragment ΜΓ 67
contenant le rite hagiopolite du mariage (voir plus haut). La datation pro-
posée par l'inventaire (le 9e s.) paraît trop haute pour des raisons paléo
graphiques et liturgiques 44.
L'inventaire signale encore une vingtaine d'Euchologes (sans photo),
s 'échelonnant du 10e au 16e siècle, tous plus ou moins fragmentaires et
vraisemblablement constantinopolitains.
Liturgies
Les Liturgies eucharistiques sont transmises tantôt sous forme de
codex, tantôt sous forme de rouleaux. Dans le premier cas, elles sont le
plus souvent l'élément initial d'un Euchologe. Les exemplaires attestés
sont tous en écriture minuscule, à l'exception du ΜΓ 22 que nous venons
d'évoquer. L'identification donnée par l'inventaire pour trois autres fra
gments onciaux semble inexacte. Le fragment de rouleau ΜΓ 86 n'est pas
CHR, mais une prière personnelle à réciter après la communion. Les
fragments ΜΓ 75, en onciale liturgique, n'appartiennent pas à la liturgie
eucharistique, mais transmettent probablement des canons, dont certains
sont alphabétiques 45. Quant au fragment de rouleau ΜΓ 87, ce n'est pas
un extrait de la Liturgie de S. Jacques (JAS), mais un psautier liturgique
de type hagiopolite 46. Le codex M 151 du 10e s. 47, ainsi que le rouleau
complet Ε 24 et le codex X 156, du 11e s., sont de nouveaux témoins
importants de JAS. On signalera encore quatre nouveaux témoins de la
Liturgie de Saint Marc, une liturgie pour laquelle la documentation
manuscrite est réduite : du 12e - 13e s. nous avons le rouleau Ε 66, dont la
moitié est préservée, et le codex X 214, de 10 fol. ; du 14e s. les rouleaux
Ε 25 et le Ε 42 48.
Tropologion
Le Tropologion était l'hymnaire qui contenait l'abondante production
poétique de l'Église de Jérusalem. Au début, tous les stichères, les
canons et les cathismes, appartenant à tous les cycles liturgiques, étaient
rassemblés dans un seul livre. Ensuite, avec la multiplication des
hymnes, le Tropologion global fut divisé en plusieurs parties, une pour
chaque cycle liturgique. A son tour, l'hymnaire de l'année fixe fut séparé
en deux parties (comme le M 160 - Sin. gr. 638 pour les mois de sep
tembre à février), en trois ou plus, jusqu'au nombre des douze mois de
l'année, comme dans les Menées actuels 49.
Le manuscrit liturgique le plus spectaculaire du nouveau fonds est sans
doute un Tropologion du 8e-9e s., que l'inventaire divise en deux unités, le
ΜΓ 5 et le ΜΓ 56. Le regroupement que nous proposons s'effectue à partir
des trois photos disponibles (les photos 11 et 49 de l'Inventaire et la
planche 3 de Politis). Il s'appuie sur des éléments d'ordre codicologique et
paléographique et sur la nature même du contenu. Si notre hypothèse est
juste, il reste encore 245 fol. du manuscrit primitif. Le ΜΓ 5 représente le
début du codex, avec un titre qui indique clairement que c'est un
Tropologion qui suit le kanon de FAnastasis de Jérusalem. L'inventaire
nous fait savoir que l'hymnaire est du type global, puisqu'il contient le
cycle fixe et le cycle pascal 50. Cet hymnaire palestinien, a priori antérieur
à l'influence byzantine (studite), qui n'est connu que dans des traductions
géorgienne et syriaque, permettra sans doute de mieux comprendre le
développement de Fhymnographie grecque.
D'autres fragments, datés des 9e-10e s., viennent de recueils sem
blables : le fragment ΜΓ 37, contenant les fêtes de la Transfiguration et
de la Dormition ; le petit fragment ΜΓ 49, dont la photo montre la fête
de la Nativité du Christ ; le fragment M 167, dont la photo contient la
fête de S. Jean Chrysostome en janvier. Deux de ces Tropologia font
preuve de certaines particularités qui représentent vraisemblablement des
archaïsmes, ou éventuellement des usages régionaux. Le ΜΓ 49 appelle
«tropaires» les strophes aux Laudes que nous appelons habituellement
«stichères» 51. Le M 167 prend encore soin d'indiquer que les quatre pre
miers modes sont «authentes» ; dans les exemplaires postérieurs cette
indication est implicite et il n'y a de mention explicite que pour les
quatre «plagaux».
Paraclétique
Le plus intéressant hymnaire consacré au cycle hebdomadaire est le
rouleau Ε 26 de 6500 mm., écrit dans une minuscule «hagiopolite» des
49. Voir H. HUSMANN, Hymnus und Troparion. Studien zur Geschichte der musikal
ischen Gattungen von Horologion und Tropologion, Jahrbuch des Staatlichen Instituts
für Musikforschung Preussischer Kulturbesitz, 1971 (Berlin 1972), p. 7-86 (sur le
Tropologion en particulier, p. 27-31).
50. Le cycle fixe commence par Noël, conformément au calendrier hagiopolite. Un
cycle hebdomadaire selon les huit modes en faisait peut-être partie à l'origine, comme
dans le Iadgari, version géorgienne du Tropologion.
51. C'est aussi le terme de tropaire qu'utilise pour ces strophes la Narration de Jean et
Sophrone (BHG 1438w), un texte sinaïtique du 7e-8e s. concernant l'agrypnie de l'abbé
Nil (éd. A. LONGO, II testo integrale délia "Narrazione degli abati Giovanni e Sofronio"
attraverso le ΈΡΜΗΝΕΙΑΙ di Nicone, RSBN, n. s. 2-3 [XII-XIII], 1965-1966, p. 223-
267). Cependant le terme actuel «stichère» est ancien, puisque nous le rencontrons dans
des hymnaires onciaux comme le Sin. gr. 1593/776/Londres BL Add. 26113 et le Sin.
gr. 607.
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Menée et Triode
Les Menées anciens ont été traités plus haut sous la rubrique
«Tropologion». Le nombre de Triodes n'est pas considérable. Outre la
partie du Tropologion ΜΓ 56 - ΜΓ 5 contenant le cycle pascal, nous
avons trois témoins datés du 12e ou du 1 2e- 1 3e s. (M 137, M 142 et
M 194), tous fragmentaires.
Heirmologion
Les trouvailles sinaïtiques nous offrent deux nouveaux témoins de
l'Heirmologion KaO (Kanon Order : arrangé selon les canons) 55, le X 21
et le Ε 62 des 9e- 10e s. Le dernier est un rouleau de 4100 mm., écrit
recto- verso dans la minuscule baptisée «sinaïtique» par Politis. Ces deux
heirmologia, sans notation musicale, doivent même être les plus anciens
témoins connus de ce type 56.
52. H. FOLLIERI, Initia Hymnorum Ecclesiae Graecae. I-V/l-2, Città del Vaticano
1961-1966 (Studi e Testi 21 l-215bis).
53. J. SCHIRÔ, éd., Analecta Hymnica Graeca e codicibus eruta Italiae Inférions, I-
XII, Rome, 1966-1980.
54. On lit sur la photo la 9e ode d'un canon. La troisième strophe de l'ode Δεύτε άπό
θέας γυναίκες est identique à la deuxième strophe des «Stichères de Pâques». Les autres
strophes de l'ode ne figurent pas dans ces stichères.
55. Selon l'appellation donnée par E. KOSCHMIEDER, Die ältesten Novgoroder
Hirmologion-Fragmente, Munich 1952-1958.
56. Il ne faut pas confondre l'Heirmologion avec les collections d'heirmoi qui appa
raissent dans des hymnaires de type paraclétique (par ex. dans ΜΓ 83, M 96, M 211 et
E 26). Dans le M 211, par ex., nous voyons le début de ce qui semble être une série
d'heirmoi. Une certaine imprécision terminologique de la part de l'inventaire nous fait
cependant soupçonner qu'il s'agit parfois de canons plutôt que d'heirmoi (la photo du
ΜΓ 83 montre par ex. des canons).
NOUVELLES DÉCOUVERTES SIN AÏTIQUES 181
Kontakarion
Les nouveaux manuscrits sinaïtiques comptent plusieurs fragments de
kontakaria datés du 11e au 14e s. : M 17, M 49, M 110 et X 204. Comme
le constate le Pr. Nikolopoulos (p. 115), le M 17 fournit onze des qua
torze cahiers qui manquent au début du Sin. gr. 926. D'autres manuscrits
figurent à tort sous la rubrique «Kontakarion» dans l'index, ce sont en
fait des hymnaires contenant des kontakia au sens des livres liturgiques
actuels57. Parmi ceux-ci on compte les manuscrits X 151 et X 341 qui
contiennent le couple tropaire - kontakion (comme dans le supplément
du Grand Horologion actuel).
Bien qu'intitulé «Troparia», le ΜΓ 94 est vraisemblablement un kon
takarion 58. Sur la photo 104, on lit d'abord la fin du premier oikos d'un
kontakion de Romanos le Mélode, aujourd'hui chanté le mercredi de la
quatrième semaine de Carême 59. Viennent ensuite la rubrique «Premier
dimanche du Carême. Plagal 1» et un texte non identifié commençant
par Ει και βρο (sic) πάσης ετέρας ήδυπαθείας. S'il s'agit d'un konta
karion, l'hymne inconnu serait un ancien kontakion, remplacé par celui
du Triomphe de l'Orthodoxie 60.
Horologion
Les trouvailles du Sinaï ne présentent pas d'Horologion exceptionnel
(l'ancien fonds comprend déjà deux onciaux du 9e s.)61. Cependant,
deux témoins figurent parmi les plus anciens Horologia grecs conservés,
le M 1 et le M 46, datés respectivement du 11e- 12e s. et du 12e- 13e s.
Typikon liturgique
II n'y a pas de nouveaux Typika liturgiques entiers, seulement des
fragments. Le M 133 pourrait faire partie du Sin. gr 1096 (mesures simil
aires, mais pas de photo). Le X 157 du 13e-14e s., intitulé Τυπικον
ακολουθιών, ne peut pas être un Typikon liturgique, mais plutôt une col
lection de tropaires - kontakia pour toute l'année. Le X 332 est aussi
rangé à tort sous la rubrique Τυπικόν λειτουργικό ν, il contient en fait
l'office appelé Τυπικά 62.
57. En dehors de l'Hymne Acathiste, la liturgie byzantine n'a retenu pour un grand
nombre de Kontakia que le prooimion et éventuellement un seul oikos.
58. Daté du 9e s. dans l'inventaire, ce serait le plus ancien témoin de ce type de livre
liturgique.
59. C'est la strophe Τό ΐατρείον της μετανοίας (éd. P. MAAS et C. A. Trypanis,
Sancti Romani Melodi Cantica. Cantica genuina, Oxford 1963, p. 447-448).
60. La confusion entre les lettres bêta et pi et la façon de rubriquer les premiers mots
de la strophe trahissent un copiste arabe. La main semble être la même que celle du
ΜΓ80.
61. Le Sin. gr. 863 a été édité par J. MATEOS, Un Horologion inédit de Saint-Sabas. Le
codex sinaïtique grec 863 (ixe siècle), Mélanges E. Tisserant, III (Studi e Testi, 233), Città
del Vaticano 1964, p. AI-16. L'édition du Sin. gr. 864 est préparée par la Soeur
M. Ajjoub, avec la collaboration du P. J. Paramelle, pour la collection des Sources
Chrétiennes.
62. Office journalier intercalé entre Sexte et None.
1 82 PAUL GÉHIN ET STIG FR0 YSHO V
Paul Géhin
CNRS-IRHT, Section grecque
S tig FR0YSHOV
Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, Paris 64
APPENDICE