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Transatlantica

Revue d’études américaines. American Studies Journal


2 | 2022
Passeurs de la littérature des États-Unis en
France (1) / L’héritage de Michel Foucault aux États-
Unis

Olivier Zunz, The Man who Understood Democracy: The


Life of Alexis de Tocqueville
Olivier Zunz, Tocqueville. L’homme qui comprit la
démocratie
Marie-Jeanne Rossignol

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/transatlantica/19633
DOI : 10.4000/transatlantica.19633
ISSN : 1765-2766

Éditeur
Association française d'Etudes Américaines (AFEA)

Référence électronique
Marie-Jeanne Rossignol, « Olivier Zunz, The Man who Understood Democracy: The Life of Alexis de
Tocqueville
Olivier Zunz, Tocqueville. L’homme qui comprit la démocratie », Transatlantica [En ligne], 2 | 2022, mis en
ligne le 14 novembre 2022, consulté le 15 décembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/
transatlantica/19633 ; DOI : https://doi.org/10.4000/transatlantica.19633

Ce document a été généré automatiquement le 15 décembre 2022.

Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International
- CC BY-NC-ND 4.0
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Olivier Zunz, The Man who Understood Democracy: The Life of Alexis de Tocquev... 1

Olivier Zunz, The Man who


Understood Democracy: The Life of
Alexis de Tocqueville
Olivier Zunz, Tocqueville. L’homme qui
comprit la démocratie
Marie-Jeanne Rossignol

RÉFÉRENCE
Olivier Zunz, The Man who Understood Democracy: The Life of Alexis de Tocqueville,
Princeton, Princeton University Press, 2022, 472 pages, 978-0691173979, $35.00
Olivier Zunz, Tocqueville. L’homme qui comprit la démocratie, Paris : Fayard, 2022, 477
pages, 978-2-213-70055-7, 25 euros. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Alexia Blin.

1 Professeur émérite à l’Université de Virginie, Olivier Zunz est à l’origine un spécialiste


de l’histoire urbaine, sociale et économique des États-Unis de la fin du XIXe siècle, à
laquelle il a consacré deux monographies, l’une en 1982, The Changing Face of Inequality:
Urbanization, Industrial Development, and Immigrants in Detroit, 1880-1920 (en français,
Naissance de l’Amérique industrielle : Détroit, 1880-1920) et l’autre en 1990, Making America
Corporate, 1870-1920 (en français L’Amérique en col blanc : l’invention du tertiaire). Depuis la
fin des années 1990, Olivier Zunz a élargi son aire de recherche pour rédiger de grandes
fresques synthétiques telles que Why the American Century ? en 1998 (en français, Le siècle
américain : essor d’une grande puissance) puis en 2012 Philanthropy in America: a History (en
français, La Philanthropie en Amérique). La traduction régulière des travaux d’Olivier
Zunz reflète aussi son parcours transatlantique personnel : titulaire d’un doctorat de la
Sorbonne en 1982, il sera très régulièrement invité au CENA à l’EHESS depuis son poste
à University of Virginia. On peut imaginer que son intérêt plus récent pour Tocqueville

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tient aussi aux liaisons transatlantiques qu’il a pu entretenir tout au long de sa vie avec
le milieu universitaire et intellectuel français.
2 Dès 2002, Olivier Zunz publie avec Alan S. Kahan, spécialiste du libéralisme, un
Tocqueville Reader: A Life in Letters and Politics. En 2010, il publie une édition critique
d’écrits traduits, cette fois-ci consacrée au fameux voyage de neuf mois et demi
qu’accomplit Tocqueville en 1831 et 1832 avec son ami Gustave de Beaumont à travers
la jeune république américaine. Dans Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont in
America: their Friendship and their Travels, il cherche à repérer dans les observations des
deux voyageurs l’origine des idées déployées dans De la démocratie en Amérique (Zunz,
juillet 2022) 1. En écrivant Tocqueville : l’homme qui comprit la démocratie (publié en 2022
en France et aux États-Unis sous le titre The Man who Understood Democracy: The Life of
Alexis de Tocqueville), Olivier Zunz se fonde donc au moins sur vingt années de
fréquentation des écrits et de la correspondance du penseur et de l’homme politique
français pour nous offrir une biographie rédigée en américaniste : si le voyage aux
États-Unis se situe nécessairement au début du livre, il n’en reste pas moins un des fils
directeurs puissants de ce portrait sensible d’un intellectuel aux multiples talents
auquel l’auteur ne trouve guère de défauts2. Au moment où le libéralisme est attaqué
dans sa version « néo-libérale », et où l’on rappelle que Tocqueville s’engagea en faveur
de l’Algérie française et de l’impérialisme français en général, Zunz choisit une
approche nuancée de ce penseur dont il ne cache pourtant pas les faiblesses (Onfray,
Jennings 2022). Il nous éclaire plus généralement sur un parcours intellectuel qui mena
ce jeune aristocrate français de réflexions sur la liberté et l’égalité en Angleterre et en
Amérique à une conceptualisation originale du passage de l’Ancien Régime à la
Révolution en France. Comme l’ont noté d’autres observateurs, le livre de Zunz sort au
moment où vient de se terminer la publication chez Gallimard des œuvres complètes de
Tocqueville sur lesquelles l’auteur a pu s’appuyer (Schaefer 2021 ; 2022, Zunz 2022
397-400).
3 Issu d’une famille légitimiste, Tocqueville s’est déjà essayé à l’écriture historique sous
l’influence de Guizot (histoire de l’Angleterre rédigée pour son ami Beaumont en 1828)
et entame une carrière de magistrat lorsque la Révolution de juillet 1830 porte Louis
Philippe au pouvoir. S’il prête serment à la nouvelle monarchie constitutionnelle, il ne
se sent pas à son aise dans cette nouvelle atmosphère et envisage un voyage en
Amérique qui lui permettrait de « sortir de la foule » par le biais d’une « publication »
(42). L’étude comparée des systèmes pénitentiaires était à la mode car on cherchait à
réformer les prisons françaises : c’est donc en magistrats que Tocqueville et Beaumont
proposèrent à leur administration d’aller enquêter sur le système américain. Ils ne
négligèrent pas cette mission qui se traduisit par la visite de nombreux établissements
pénitentiaires (dont Sing Sing, Charlestown, Eastern State Penitentiary à Philadelphie),
la rencontre de plusieurs réformateurs des prisons et la rédaction en 1832 d’un rapport
intitulé Le Système pénitentiaire, publié en 1833. Ce rapport fit de Tocqueville un expert
de la réforme pénitentiaire, et connut de nouvelles éditions en 1838 et 1845.
4 Olivier Zunz prend grand soin, dans ces chapitres consacrés au voyage en Amérique,
d’indiquer quels aspects de la société américaine ont échappé à la sagacité de
Tocqueville, et les notes historiques de la traductrice Alexia Blin constituent une aide
précieuse pour le lectorat français. Aujourd’hui on peut considérer que ce sont bien ces
points aveugles, voire des erreurs d’interprétation, qui empêchent De la démocratie en
Amérique de constituer une source d’informations factuelles éclairantes pour qui

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s’intéresserait à l’Amérique jacksonienne - mais telle n’étaient ni l’ambition du livre ni


sa nature profonde. Les deux hommes arrivent aux États-Unis alors que la première
présidence d’Andrew Jackson est déjà bien entamée et que le Second Grand Réveil bat
son plein ; pourtant, Tocqueville n’identifie pas cette forme de pratique populaire et
démocratique de la foi protestante (92), tout en notant l’importance de la religion dans
la vie économique et politique du pays. De même passe-t-il à côté de l’abolitionnisme
qui, précise Olivier Zunz, « commençait à peine à prendre son essor » (58), ou de
batailles qui animent le monde politique telles que le débat sur la Seconde banque des
États-Unis. Parcourant l’État de New York en proie à une révolution technique et
économique majeure, les deux voyageurs n’y voient que petites villes tranquilles et
politiciens campagnards. Parvenus à l’ouest de l’État, ils se laissent aller à une lecture
romantique du paysage américain inspirée de Chateaubriand (Habran). Au fur et à
mesure de leurs conversations avec des personnalités, les deux hommes se forment
pourtant au terrain étatsunien, son droit, son système politique et prennent des
distances envers le traitement que l’on réserve aux Indiens, aux Noirs libres et aux
esclaves (101). La fracture raciale inspirera à Gustave de Beaumont un ouvrage mi-
roman mi-rapport en 1835, Marie ou de l’esclavage (Beaumont) et tous deux seront
témoins de la déportation des Indiens en décembre 1831, que Tocqueville condamnera
dans le dernier chapitre de la première partie de De la démocratie en 1835 (chapitre X
intitulé « Quelques considérations sur l’état actuel et l’avenir probable des trois races
qui habitent les États-Unis », Tocqueville 367-480).
5 Après un détour par le Québec, les deux amis font étape à Boston : en dépit de
rencontres avec les plus grands représentants de l’opposition à Jackson et aux
démocrates, ils ne prennent pas conscience de l’importance de l’ « American System »
de Henry Clay et des « républicains nationaux » (62), qui prônent le soutien de l’État
fédéral au développement local. Mais certaines conversations avec l’historien Jared
Sparks vont nourrir les réflexions théoriques de Tocqueville, en particulier concernant
le pouvoir de la majorité et le rôle fondateur de la Nouvelle-Angleterre et de ses petites
communautés (88-91). À Philadelphie, ils assistent à une convention d’opposants aux
droits de douane (le tariff), événement qui va inspirer à Tocqueville sa théorie des
associations (96-98), de même que les sociétés de tempérance, très largement
répandues dans le pays. En revanche, Tocqueville ne perçoit pas la puissance
démocratique du second système des partis qui est seulement en train de se mettre en
place (99). Et à la fin du périple, ils rendent visite au président Jackson sans peser le
rôle majeur que ce dernier est en train de jouer dans la redéfinition du pouvoir de
l’exécutif. Au fond, peu importe puisque selon Tocqueville, la démocratie américaine
est avant tout un état social (conviction républicaine, croyance partagée en
l’importance de la religion, habitude de la gestion des affaires sur le plan local,
investissement des individus dans des causes civiques).
6 En écrivant De la démocratie en Amérique, Tocqueville voulait démontrer que la
démocratie pouvait s’accommoder de la religion et que l’égalité était compatible avec la
liberté et la réalisation du potentiel de chacun. Pour rédiger son livre, Tocqueville se
fonde sur ses carnets de notes et s’entoure de livres et de jeunes Américains à Paris. À
travers son analyse de la société et de la politique américaines, il s’implique dans le
débat français : s’il chante les louanges des associations à visée civique aux États-Unis,
c’est qu’en France la répression s’abat sur elles. Plus généralement, son portrait du
système politique étatsunien était extrêmement favorable même s’il critique le
conformisme des idées (la « tyrannie de la majorité »). De la démocratie en Amérique, dont

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la première partie est publiée en 1835, rencontra un grand succès en France dans les
milieux réformateurs et même socialistes, mais se heurta à une certaine
incompréhension aux États-Unis (Tocqueville).
7 Devenu châtelain à Tocqueville en Normandie, Tocqueville se lance à compter de 1839
dans une carrière de député. Le livre d’Olivier Zunz rend compte précisément de cette
carrière politique où Tocqueville cherchait à ne « s’aliéner ni les républicains ni les
légitimistes » (209) tout en soutenant avec enthousiasme le projet de colonisation de
l’Algérie où il verra plus tard une version française de la « Frontière américaine »
(279). La politique ne l’écarte pas totalement de sa carrière d’intellectuel, qu’il poursuit
à travers un essai sur l’État social et politique de la France avant et depuis 1789 rédigé en
1836, puis la deuxième partie de la Démocratie en Amérique en 1840. Dans ce deuxième
volume, Tocqueville veut édifier une théorie générale de la démocratie qui en affirme la
supériorité au-delà des États-Unis, mais il ne rencontre pas le succès du premier opus.
Sensible aux problématiques sociales de son temps, il cherche à encourager des
programmes d’aide et de bienfaisance soutenus par l’État, mais reste bien plus proche
des catholiques réformateurs que des socialistes : sa carrière politique révèle, comme
l’analyse Olivier Zunz, les « contradictions qui l’habitaient », « avocat de la démocratie
et défenseur de la conquête coloniale » (261). Avec la fin des années 1840, Tocqueville
se distingue pourtant par ses prises de positions en faveur de la liberté : élu à
l’Assemblée constituante en 1848, il soutient l’abolition de l’esclavage, une cause à
laquelle il était attaché depuis longtemps ; après le coup d’État de Napoléon III en
décembre 1851, il se retire de la vie publique. Il est temps pour lui de passer à ce qui
apparaît au final comme son grand œuvre, L’Ancien Régime et la Révolution, un ouvrage
dans lequel il se lança à l’origine pour mieux comprendre le recul démocratique de la
France et qui parut en 1856.
8 Dans cette dernière et passionnante partie, Olivier Zunz prend la lectrice par la main
pour retracer les étapes concrètes de la réalisation de ce projet intellectuel : des
lectures générales de Tocqueville sur le Directoire à la Bibliothèque nationale, il nous
mène aux recherches effectuées par l’historien dans les archives de l’intendance royale
à Tours. C’est « cette connaissance intime du fonctionnement de l’intendance […] qui
permit à Tocqueville de comprendre que la transformation profonde de la France
s’était produite avant plutôt qu’après la Révolution. » (345), explique-t-il, tout en
soulignant que ce nouvel ouvrage poursuivait la réflexion de Tocqueville sur les liens
entre liberté et démocratie. Il se vendit extrêmement bien car les lecteurs y virent
l’ouvrage d’un « opposant à l’Empire » mais également d’ « un grand défenseur de
l’esprit de 1789 » (362). Alors que Tocqueville est déjà atteint de la tuberculose, il
poursuit ses recherches en archives sur la Révolution dans la perspective d’un livre qui
lui serait entièrement consacré et aurait souligné le rôle moteur de la noblesse dans la
toute première phase de la Révolution, avant le 14 juillet 1789. Il décède à Cannes le 16
avril 1859.
9 La littérature sur Tocqueville est immense et il existe de nombreuses autres
biographies d’Alexis de Tocqueville dont certaines ont fait date. En français la
biographie d’André Jardin, éditeur de plusieurs volumes des œuvres de Tocqueville,
publiée en 1984, constitue une référence ; en anglais c’est plutôt celle de Hugh Brogan,
parue en 2006, qui a suscité les applaudissements des lecteurs informés (Jardin, Brogan,
Ellis)3. Peut-être est-ce en réaction contre le travail de Brogan, considéré comme
critique envers l’auteur de De la démocratie en Amérique, qu’Olivier Zunz a écrit une

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biographie si bienveillante de Tocqueville (Villa) ? Certes, Tocqueville a encouragé la


colonisation en Algérie et il n’a pas soutenu les revendications sociales des
révolutionnaires de juin 1848, rappelle Zunz ; mais l’historien défend au final l’homme
intègre, l’ami fidèle, le partisan du progrès social et de la démocratie 4. Au lieu de faire
peu de cas des réflexions de Tocqueville en matière de réforme des prisons, Zunz
intègre cette dimension de la pensée tocquevillienne à un grand mouvement de
réforme transatlantique. Comme Brogan, Zunz doit admettre que De la démocratie en
Amérique n’est clairement pas un bon livre sur l’Amérique de Jackson mais il démontre
qu’à travers cette étude de la démocratie américaine, c’est bien au phénomène
moderne de la démocratie politique que Tocqueville s’intéressait en cherchant à
démontrer que liberté et égalité étaient compatibles. Tocqueville comprit-il la
démocratie comme le prétend le sous-titre de l’ouvrage ? En tout cas, le sociologue et
historien se passionna pour un régime qui mettait au ban les hiérarchies sociales
traditionnelles pour faire avancer l’égalité des conditions, à défaut de la justice sociale.
Puis il se projeta dans l’avenir politique des sociétés modernes en s’engageant
personnellement dans une carrière d’élu. Zunz révèle que ce lien initial avec la
démocratie américaine perdura toute la vie de Tocqueville en insistant sur ses liens
persistants avec ses contacts étatsuniens, tels l’archiviste Jared Sparks, et en rappelant
que Tocqueville resta toujours attaché à la cause antiesclavagiste : il bénéficie sur ce
plan du travail récent d’Aurelian Craiutu et de Jeremy Jennings (Craiutu et Jennings).
10 La biographie de Zunz se distingue également de celle d’André Jardin : moins axée sur
la postérité du voyage en Amérique, cette dernière accordait également un peu moins
de poids à la généalogie de L’Ancien Régime et la Révolution – certains ont pu trouver
d’ailleurs que Zunz insiste sur les recherches de Tocqueville aux dépens de la thèse de
l’ouvrage (Rouot). Car un spectre hante l’œuvre de Tocqueville, celui de la Révolution
française dont il va proposer une interprétation nouvelle, redécouverte par l’historien
François Furet à compter de 1970 (Furet 1970 ; 1978). En retraçant le travail d’archives
minutieux de Tocqueville qui mena à la rédaction de L’Ancien Régime et la Révolution, en
rappelant ses convictions d’historien novatrices (s’inspirer des documents plus que des
interprétations d’autres historiens, renoncer à l’histoire-récit pour réfléchir à un
problème), Olivier Zunz nous rappelle que Tocqueville fut avant tout un praticien
passionné des sciences sociales alors émergentes qui ne cessa d’évoluer et
d’approfondir ses intuitions au contact de ses terrains et archives, en sociologue,
politologue et historien.
11 En soulignant en américaniste les limites de De la Démocratie en Amérique, un livre qui ne
constitue qu’une introduction complexe à la démocratie américaine des années 1830,
Olivier Zunz invite la communauté des chercheurs et chercheuses à se plonger dans
l’étude d’une période mal connue en France et dont l’historiographie étatsunienne est
en plein renouvellement. En montrant comment Tocqueville tira de sa visite en
Amérique un modèle d’expansion blanche pour la France en Algérie, il tisse les liens
d’une comparaison éclairante entre des empires français et étatsunien, que l’on a peu
l’habitude d’associer au XIXe siècle. Enfin, plus généralement, les grands sujets dont
Tocqueville député et homme politique s’occupa prioritairement en France (prisons,
esclavage, colonisation) révèlent un homme aux engagements façonnés par son
expérience américaine. L’ouvrage d’Olivier Zunz, très complet, se lit très agréablement
et l’on doit également féliciter la traductrice pour une version française si limpide.

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BIBLIOGRAPHIE
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13 juillet 2022. tocqueville21.com/books/authors-response-the-man-who-understood-
democracy-olivier-zunz/. Page consultée le 5 août 2022.

NOTES
1. Sur le voyage et la genèse de l’écriture de De la démocratie en Amérique, avant le recueil de Zunz
et Kahan de 2010, les ouvrages de référence étaient ceux de George Pierson et de James T.
Schleifer (Pierson, Schleifer).
2. Exemple frappant : après l’instauration de la République en 1848, Tocqueville met en avant le
modèle de la Constitution américaine et parvient à imposer la séparation de l’exécutif et du
législatif, soit l’élection du président au suffrage universel masculin (Zunz, 2022 312-313).
3. Voir le compte rendu de la biographie de Hugh Brogan dans le Washington Post par Joseph Ellis,
qui décrit l’ouvrage comme « surely the authoritative life for our time » (Ellis).
4. Olivier Zunz lui-même déclare que sa biographie a une dimension « morale » car il a été
convaincu de l’ « intégrité » de Tocqueville (Zunz, 13 juillet 2022).

INDEX
Thèmes : Recensions

AUTEURS
MARIE-JEANNE ROSSIGNOL
Université Paris Cité, UMR LARCA 8225

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