Vous êtes sur la page 1sur 450

« Rends pleinement témoignage

au sujet du royaume de Dieu »


Édition à gros caractères
s
btlp-F
230504
« Rends pleinement témoignage
au sujet du royaume de Dieu »
Édition à gros caractères

Ce livre appartient à

Ce document ne peut être vendu. Sa diffusion s’inscrit dans le cadre


d’une œuvre mondiale d’enseignement biblique rendue possible
par des offrandes volontaires.
Si vous souhaitez faire un don, rendez-vous sur donate.jw.org.
Sauf indication contraire, les citations de la Bible sont tirées de la version
en français moderne La Bible. Traduction du monde nouveau.
“Bearing Thorough Witness” About God’s Kingdom—Large Print
Avril 2023
French (btlp-F)
˘ 2010, 2023
WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF PENNSYLVANIA
Éditeurs :
Association Les Témoins de Jéhovah, 11, rue de Seine
92100 Boulogne-Billancourt
Watchtower Bible and Tract Society of
New York, Inc., Wallkill, New York, U.S.A.
Made in U.S.A.
´
´
Imprime aux Etats-Unis
Cher proclamateur du Royaume,
Imagine que tu sois un ap ôtre, sur le mont des
Oliviers. Jésus apparaît devant toi. Au moment de
monter au ciel, il dit : « Vous recevrez de la puis-
sance lorsque l’esprit saint viendra sur vous, et
vous serez mes témoins dans Jérusalem, dans toute
la Judée et la Samarie, et jusque dans la région la
plus lointaine de la terre » (Actes 1:8). Comment
réagis-tu ?
Peut-être te sens-tu submergé par l’énormité de
la tâche. « Mais comment, te dis-tu, la poignée
de disciples que nous sommes pourrait-elle rendre
témoignage “jusque dans la région la plus loin-
taine de la terre” ? » Tu te souviens que Jésus
a dit la veille de sa mort : « Un serviteur n’est
pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persé-
cuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont mis en
pratique mon enseignement, ils mettront aussi en
pratique le vôtre. Mais ils feront toutes ces cho-
ses contre vous à cause de mon nom, parce qu’ils
ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé » (Jean
15:20, 21). En y songeant, tu te demandes : « Com-
ment puis-je rendre pleinement témoignage face à
l’opposition et à la persécution ? »
Nous nous posons les mêmes questions aujour-
d’hui. Notre mission, à nous Témoins de Jéhovah,
consiste pareillement à rendre pleinement témoi-
gnage « jusque dans la région la plus lointaine
de la terre », parmi « toutes les nations » (Mat.
28:19, 20). Comment accomplir cette œuvre, sur-
tout compte tenu de l’opposition prédite ?
Les Actes des ap ôtres retracent brillamment
comment, aidés par Jéhovah, les ap ôtres et les au-
tres chrétiens du 1 er siècle de notre ère ont pu
accomplir leur mission. Le présent livre est conçu
pour te permettre d’étudier ce récit en vibrant
au rythme de ses p érip éties et rebondissements.
Tu seras frapp é par le nombre de parallèles faisa-
bles entre les serviteurs de Dieu du 1 er siècle et
ceux d’aujourd’hui. Tu verras que ces parallèles ne
concernent pas que notre œuvre, mais aussi no-
tre façon de nous organiser pour accomplir cette
œuvre. Une réflexion sur ces similitudes renfor-
cera certainement ta conviction que Jéhovah Dieu
continue de diriger la partie terrestre de son orga-
nisation.
Nous souhaitons, et c’est aussi notre prière, que
l’étude du livre des Actes te conforte dans ta con-
fiance en l’aide de Jéhovah et de son puissant
esprit saint. Qu’elle t’encourage donc à continuer
de ‘rendre pleinement témoignage au sujet du
royaume de Dieu’ et d’aider ton prochain à em-
prunter le chemin du salut ! (Actes 28:23 ; 1 Tim.
4:16).
Tes frères,
Collège central
des Témoins de Jéhovah
TA B L E D E S M AT I È R E S
CHAPITRE PAGE

INTRODUCTION

1. « Allez et faites des disciples » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 7

PARTIE 1 « Vous avez rempli Jérusalem


de votre enseignement ! »

2. « Vous serez mes témoins » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 21


3. « Remplis d’esprit saint » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 33
4. « Sans instruction et ordinaires » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 49
5. « Nous devons ob éir à Dieu » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 67

PARTIE 2 « Une grande persécution


contre l’assemblée éclata »

6. « Étienne, plein de faveur divine


et de puissance » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 84
7. « Il lui annonça la bonne nouvelle
concernant Jésus » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 98
8. « L’assemblée entra dans
une p ériode de paix » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 113
CHAPITRE PAGE
PARTIE 3 « Les gens des nations avaient accepté
la parole de Dieu »

9. « Dieu n’est pas partial » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 132


10. « La parole de Jéhovah continuait
à se répandre » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 147

PARTIE 4 « Envoyés par l’esprit saint »

11. « Remplis de joie et d’esprit saint » ․․․․․․․․․․․․․ 161


12. « Ils parlaient avec courage grâce
au pouvoir de Jéhovah » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 177

PARTIE 5 « Les apôtres et les anciens se réunirent »

13. « Un désaccord assez grave


et un vif débat » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 193
14. « Nous avons unanimement décidé » ․․․․․․․․․․ 208

PARTIE 6 « Retournons à présent voir les frères »

15. « Fortifiant les assemblées » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 226


16. « Passe en Macédoine » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 243
17. « Il raisonna avec eux à partir
des Écritures » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 260
CHAPITRE PAGE
18. « Qu’ils cherchent Dieu et le trouvent
réellement » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 274
19. « Continue à parler ; ne te tais pas » ․․․․․․․․․․․․ 292

PARTIE 7 « Enseigner en public et de maison


en maison »
20. « La parole continuait à se répandre
et à triompher » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 310
21. « Je suis pur du sang de tous
les hommes » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 325
22. « Que la volonté de Jéhovah se fasse » ․․․․․․․․ 341

PARTIE 8 « Prêchant le royaume de Dieu


sans rencontrer d’empêchement »
23. « Écoutez ma défense » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 356
24. « Courage ! » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 373
25. « J’en appelle à César ! » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 386
26. « Aucun d’entre vous ne perdra la vie » ․․․․․․ 401
27. « Rendant pleinement témoignage » ․․․․․․․․․․․ 418

CONCLUSION

28. « Jusque dans la région la plus lointaine


de la terre » ․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․․ 435
CHAPITRE 1
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Allez et faites des disciples »


Aper çu des Actes des ap ôtres
et lien avec notre époque

AU Ghana, une jeune Témoin de Jéhovah nommée


Rebecca considère son école comme son territoire de
prédication. Elle a toujours des publications bibli-
ques dans son sac. Durant la pause, elle cherche des
occasions de donner un témoignage à des élèves. Plu-
sieurs camarades étudient la Bible avec elle.
2 À Madagascar, grande île à l’est de l’Afrique, deux
pionniers font régulièrement 25 kilomètres à pied
dans la chaleur tropicale jusqu’à un village reculé où
ils aident de nombreuses personnes à étudier la Bible.
3 Au Paraguay, pour acc éder aux riverains de deux
fleuves, le Paraguay et le Paraná, des Témoins aidés
de volontaires de 15 autres pays ont construit un ba-
teau de 45 tonneaux pouvant accueillir 12 personnes.
Grâce à cette maison flottante, des prédicateurs zélés
1-6. Raconte un fait illustrant que les Témoins prêchent dans des
circonstances très variées.
« ALLEZ ET FAITES DES DISCIPLES » 7
du Royaume portent la bonne nouvelle dans des ré-
gions inaccessibles autrement.
4 Dans le Grand Nord, en Alaska, des Témoins pro-
fitent d’une excellente occasion de prêcher pendant
la saison touristique d’été. Lorsque les beaux jours
amènent par bateaux entiers des touristes de diverses
nationalités, ils se postent sur les quais avec un éven-
tail attrayant de publications bibliques en une multi-
tude de langues. Toujours dans cette région, un avion
se révèle précieux pour atteindre les villages iso-
lés, grâce à quoi les communautés aléoutes, atha-
pascanes, tsimshian et tlingit entendent la bonne
nouvelle.
5 Aux États-Unis (Texas), Larry a un territoire par-
ticulier : l’établissement médicalisé où il habite. Bien
que cloué dans un fauteuil roulant par un accident,
Larry ne chôme pas. Il fait connaître autour de lui le
message chrétien, notamment son esp érance de re-
marcher un jour, quand le Royaume dirigera la terre
(Is. 35:5, 6).
6 En Birmanie, des Témoins ont pris le ferry à Man-
dalay pour un voyage de trois jours afin d’assister à
8 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
une assemblée dans le nord. D ésireux de prêcher la
bonne nouvelle, ils s’étaient munis de publications bi-
bliques qu’ils ont proposées aux passagers. À chaque
escale du ferry, ces bouillants prédicateurs descen-
daient à terre et traversaient prestement la ville ou le
village en proposant des publications. Entre-temps,
de nouveaux passagers embarquaient, et à leur re-
tour les proclamateurs trouvaient un « territoire tout
neuf ».
7 Comme le montrent ces quelques exemples, sur
toute la terre les adorateurs zélés de Jéhovah ‘rendent
pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu’
(Actes 28:23). Ils vont de porte en porte, abordent les
gens dans la rue, leur écrivent des lettres ou les ap-
pellent au téléphone. Que ce soit pendant un trajet
en autocar, une promenade dans un parc ou une
pause au travail, ils guettent la moindre occasion de
rendre témoignage au sujet du royaume de Dieu. Les
méthodes varient, mais le but est le même : prêcher
la bonne nouvelle partout où il y a des gens (Mat.
10:11).
7. De quelles façons les adorateurs de Jéhovah rendent-ils témoignage
au sujet du royaume de Dieu, et dans quel but ?
« ALLEZ ET FAITES DES DISCIPLES » 9
8 Cher lecteur, fais-tu partie de la foule de ces pro-
clamateurs actifs dans au moins 235 pays et territoi-
res ? Si oui, tu participes à la formidable expansion
de l’œuvre de prédication du Royaume ! Cette œu-
vre mondiale est véritablement miraculeuse. En dépit
d’obstacles et de difficultés énormes — jusqu’à l’inter-
diction officielle et à la persécution directe — les Té-
moins de Jéhovah rendent pleinement témoignage au
sujet du royaume de Dieu à des gens de toutes nations.
9 Et c’est là ce qui intrigue : comment se fait-il
qu’aucun obstacle, pas même l’opposition de Satan,
n’ait pu arrêter la progression de cette œuvre ? Pour
répondre, il nous faut remonter au 1er siècle de notre
ère. En effet, les Témoins de Jéhovah ne font que per-
p étuer l’œuvre commenc ée à l’époque.
Une mission de grande envergure
10 Jésus Christ, le Fondateur de l’assemblée chré-

tienne, s’est adonné entièrement à la prédication de la


bonne nouvelle du royaume de Dieu ; elle était toute
8-9. a) Pourquoi l’expansion de l’œuvre de prédication du Royaume est-
elle véritablement miraculeuse ? b) Par quoi peut-on être intrigué, et que
faut-il faire pour trouver une réponse ?
10. À quoi Jésus s’est-il adonné entièrement, et que savait-il au sujet de
son œuvre ?
10 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
sa vie. Il expliqua un jour : « Je dois annoncer la
bonne nouvelle du royaume de Dieu aux autres villes
aussi, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Luc
4:43). Il savait qu’il entreprenait une œuvre qu’il ne
pourrait pas achever tout seul. Peu avant sa mort, il
a prédit que le message du Royaume serait prêché « à
toutes les nations » (Marc 13:10). Mais comment cela
se ferait-il, et par qui ?
11 Après sa mort et sa résurrection, Jésus est apparu
à ses disciples et leur a confié cette lourde mission :
« Allez donc vers les gens de toutes les nations et fai-
tes des disciples parmi eux, les baptisant au nom du
Père, du Fils et de l’esprit saint, leur enseignant à pra-
tiquer tout ce que je vous ai commandé. Et, voyez, je
serai avec vous tous les jours jusqu’à la p ériode finale
du monde » (Mat. 28:19, 20). Par « je serai avec
vous », il indiquait qu’il les soutiendrait dans l’œuvre
de prédication et de formation de disciples. Un tel
soutien leur serait nécessaire, car Jésus avait prédit
aussi que ‘toutes les nations les haïraient à cause de
son nom’ (Mat. 24:9). Mais ils pourraient compter
11. Quelle lourde mission Jésus a-t-il confiée à ses disciples, et quel sou-
tien ceux-ci auraient-ils pour s’en acquitter ?
« ALLEZ ET FAITES DES DISCIPLES » 11
sur autre chose encore. Juste avant son ascension au
ciel, Jésus leur a dit qu’ils seraient rendus puissants
par l’esprit saint pour être ses témoins « jusque dans
la région la plus lointaine de la terre » (Actes 1:8).
12 Voilà qui soulève d’autres questions importantes :
Les ap ôtres et les autres disciples du 1er siècle ont-ils
pris leur mission au sérieux ? Ces chrétiens et ces
chrétiennes relativement peu nombreux ont-ils rendu
pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu
même face à une cruelle persécution ? Ont-ils réelle-
ment eu le soutien du ciel et l’appui de l’esprit saint
de Jéhovah dans leur activité ? On trouve des répon-
ses à ces questions et à d’autres du même ordre dans
un livre de la Bible : les Actes des ap ôtres. Il nous
faut connaître ces réponses, puisque Jésus a promis
que l’œuvre qu’il a ordonnée se poursuivrait « jus-
qu’à la p ériode finale du monde ». Sont donc char-
gés de mission tous les vrais chrétiens, y compris
nous, Témoins de Jéhovah, qui vivons au temps de la
fin. Aussi, c’est avec un vif intérêt que nous nous pen-
cherons sur le récit historique contenu dans les Actes.
12. Quelles questions importantes se posent, et pourquoi nous faut-il en
connaître les réponses ?
12 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Aperçu du livre des Actes
13 Qui a écrit le livre des Actes ? Quoique le nom de

l’auteur n’y figure jamais, dès les premières lignes il


apparaît que c’est le même que celui de l’Évangile de
Luc (Luc 1:1-4 ; Actes 1:1, 2). C’est pourquoi, depuis
toujours, on considère que l’auteur des Actes est Luc,
« médecin bien-aimé » et historien méthodique (Col.
4:14). Le texte embrasse une p ériode d’à peu près
28 ans, à partir de l’ascension de Jésus en 33 de no-
tre ère jusqu’à la fin de l’emprisonnement de Paul à
Rome vers 61. Le fait que Luc fasse alterner « ils »
et « nous » dans sa narration donne à penser qu’il a
été témoin de bon nombre des évènements qu’il ra-
conte (Actes 16:8-10 ; 20:5 ; 27:1). Chercheur méticu-
leux, Luc s’est sans doute renseigné directement à la
source, auprès de Paul, de Barnab é, de Philippe et
d’autres personnages dont il parle.
14 Que contient le livre des Actes ? Préc édemment,
dans son Évangile, Luc a rapporté les faits et les di-
res de Jésus, mais dans les Actes il rapporte ceux de
ses disciples. Ce livre est donc l’histoire de gens
13-14. a) Qui a écrit le livre des Actes, et comment l’auteur a-t-il ob-
tenu ses renseignements ? b) Que contient le livre des Actes ?
« ALLEZ ET FAITES DES DISCIPLES » 13
qui ont accompli une œuvre extraordinaire, alors
que beaucoup d’entre eux étaient considérés comme
« sans instruction et ordinaires » (Actes 4:13). En un
mot, ce récit inspiré raconte la fondation de l’assem-
blée chrétienne et son développement. Il montre com-
ment les chrétiens du 1er siècle prêchaient — avec
quelles méthodes et quel état d’esprit (Actes 4:31 ;
5:42). Il met en lumière le rôle de l’esprit saint dans
la propagation de la bonne nouvelle (Actes 8:29, 39,
40 ; 13:1-3 ; 16:6 ; 18:24, 25). Il reprend le thème de
la Bible, relatif à la sanctification du nom de Dieu au
moyen de son royaume dirigé par Christ, et enfin il
raconte la propagation triomphale du message du
Royaume face à une opposition farouche (Actes 8:12 ;
19:8 ; 28:30, 31).
15 Un examen du livre des Actes aura certainement
de quoi nous stimuler et fortifier notre foi. Une ré-
flexion sur l’exemple de courage et de zèle des pre-
miers disciples de Christ ne pourra que toucher no-
tre cœur. Nous aurons envie d’imiter la foi de nos
prédécesseurs du 1er siècle. Nous serons ainsi mieux
15. Que nous apportera l’examen du livre des Actes ?
14 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
armés pour notre mission d’ ‘aller et de faire des dis-
ciples’. Le manuel que tu as entre les mains est conçu
pour t’aider à étudier en profondeur le livre des
Actes.
Un outil d’étude biblique
16 Ce manuel a un objectif triple : 1) renforcer no-

tre conviction que Jéhovah soutient l’œuvre de prédi-


cation du Royaume et de formation de disciples par
le moyen de son esprit saint ; 2) stimuler notre zèle
pour le ministère par l’examen de l’exemple des chré-
tiens du 1er siècle ; 3) accroître notre respect pour
l’organisation de Jéhovah ainsi que pour ceux qui di-
rigent la prédication et assument des responsabilités
dans l’assemblée.
17 Comment ce manuel se présente-t-il ? Il se divise
en huit parties correspondant chacune à une portion
des Actes. Les chapitres qui suivent ne visent pas à
fournir un commentaire du texte verset par verset,
mais à dégager des le çons des évènements retra-
c és par Luc et à nous montrer quelle application
16. Quel est le triple objectif de ce manuel ?
17-18. Comment ce manuel se présente-t-il, et quelles particularités le
rendent utile pour l’étude individuelle de la Bible ?
« ALLEZ ET FAITES DES DISCIPLES » 15
personnelle nous pouvons en faire. Au début de cha-
que chapitre, une phrase de présentation en donne
l’idée maîtresse, et une référence indique la portion
des Actes concernée.
18 D’autres particularités de ce manuel seront utiles
pour l’étude individuelle de la Bible. De belles ima-
ges illustrant des moments palpitants du livre des Ac-
tes t’aideront à te représenter leur déroulement tout
en réfléchissant sur le texte biblique. De nombreux
chapitres sont agrémentés d’encadrés qui offrent des
compléments d’information, soit en dressant le por-
trait d’hommes et de femmes dont la foi fut exem-
plaire, soit en donnant des détails sur des lieux, des
évènements, des coutumes ou d’autres personnages
évoqués dans le récit.
19 Ce manuel peut t’aider à faire un examen de
conscience honnête. Que l’on prêche le Royaume de-
puis longtemps ou non, il n’est pas inutile de prendre
parfois le temps de réviser ses priorités dans la vie et
sa façon de considérer le ministère chrétien (2 Cor.
13:5). Demande-toi : « Est-ce que je garde un senti-
19. Quel examen de conscience devrions-nous faire parfois ?
16 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ment d’urgence dans mon ministère ? (1 Cor. 7:29-31).
Est-ce que je prêche la bonne nouvelle avec zèle et
conviction ? (1 Thess. 1:5, 6). Est-ce que je participe
le plus possible à la prédication et à la formation de
disciples ? (Col. 3:23). »
20 Rappelons-nous toujours que Christ nous a con-
fié une œuvre importante, celle de prêcher et de faire
des disciples. Chaque jour qui passe accroît l’urgence
de cette mission. La fin de ce monde approche à
grands pas. Jamais autant de vies n’ont été en jeu.
Nous ne savons pas combien de personnes écouteront
encore notre message (Actes 13:48). Mais il est de no-
tre devoir de les aider avant qu’il soit trop tard
(1 Tim. 4:16).
21 Il est donc capital que nous imitions l’exemple
des hardis prédicateurs du 1er siècle. Puisse l’étude
attentive de ce manuel te pousser à prêcher avec
toujours plus de zèle et de courage ! Et puisse-
t-elle renforcer ta détermination à continuer de ‘ren-
dre pleinement témoignage au sujet du royaume de
Dieu’ ! (Actes 28:23).
20-21. Pourquoi notre mission est-elle si urgente, et quelle devrait être
notre détermination ?
« ALLEZ ET FAITES DES DISCIPLES » 17
DATES IMPORTANTES DANS LA PROGRESSION
DU CHRISTIANISME AU 1er SI ÈCLE
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

33 Martyre de Jacques
Résurrection de Jésus (fils de Zébédée)
Jésus confie à ses disciples Emprisonnement de Pierre ;
la mission de faire des disciples sa libération miraculeuse
à leur tour
Effusion de l’esprit saint 44
à la Pentecôte Mort d’Hérode Agrippa I er
Fondation de l’assemblée v. 46
chrétienne Début de la famine annoncée
v. 33-34 Paul apporte des secours
Martyre d’Étienne à Jérusalem
Baptême de l’eunuque éthiopien v. 47-48
v. 34 Premier voyage missionnaire
Conversion de Saul de Tarse de Paul

v. 34 -36 v. 49
Saul prêche à Damas L’affaire de la circoncision
à Antioche
v. 36 Conférence à Jérusalem
Premier séjour de Paul Paul résiste à Pierre (Gal. 2:11-14)
à Jérusalem après sa conversion
Paul rend visite à Pierre v. 49-52
à Jérusalem (Gal. 1:18) Deuxième voyage missionnaire
de Paul
36 Barnabé et Marc prêchent
Conversion de Corneille à Chypre
Premières conversions de Gentils
v. 49-50
v. 41 Claude expulse les Juifs de Rome
Rédaction de l’Évangile de Matthieu
Paul reçoit une vision v. 50
du « troisième ciel » (2 Cor. 12:2) Luc rejoint Paul à Troas
Paul reçoit la vision
v. 44 d’un Macédonien
Agabus prophétise la famine Séjour de Paul à Philippes
18 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Fondation de l’assemblée 58
de Philippes Hérode Agrippa II reçoit Paul
Fondation de l’assemblée en audience
de Thessalonique
v. 59-61
Séjour de Paul à Athènes
Premier emprisonnement de Paul
v. 50-52 à Rome
Séjour de Paul à Corinthe v. 60-61
Rédaction de 1 Thessaloniciens Rédaction de Colossiens
Rédaction de Galates Rédaction d’Éphésiens
Rédaction de la lettre à Philémon
v. 51 Rédaction de Philippiens
Rédaction de 2 Thessaloniciens
v. 60-65
v. 52-56 Rédaction de l’Évangile de Marc
Troisième voyage missionnaire
de Paul v. 61
Rédaction des Actes
v. 52-55 Rédaction d’Hébreux
Séjour de Paul à Éphèse
v. 61-64
v. 55 Rédaction de 1 Timothée
Rédaction de 1 Corinthiens Tite est laissé en Crète (Tite 1:5)
Envoi de Tite à Corinthe Rédaction de la lettre à Tite
Rédaction de 2 Corinthiens
avant 62
v. 56 Rédaction de la lettre de Jacques
Rédaction de Romains
v. 62-64
Résurrection d’Eutyche par Paul
Rédaction de 1 Pierre
à Troas
Paul et Luc restent chez Philippe v. 64
à Césarée Rédaction de 2 Pierre
Arrestation de Paul à Jérusalem
v. 65
v. 56-58 Deuxième emprisonnement de Paul
Détention de Paul à Césarée à Rome
Rédaction de l’Évangile de Luc Rédaction de 2 Timothée
Tite part pour la Dalmatie (2 Tim.
v. 58 4:10)
Festus succède à Félix Exécution de Paul
« ALLEZ ET FAITES DES DISCIPLES » 19
PARTIE 1 ˙ AC T E S 1:1 – 6:7
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« VOUS AVEZ
REMPLI J ÉRUSALEM
DE VOTRE ENSEIGNEMENT ! »
ACTES 5:28

Dès l’instant où l’esprit saint a été répandu


sur eux à la Pentecôte 33, les disciples de
Jésus se sont employés à rendre témoignage
au sujet du royaume de Dieu. Dans la partie
qui suit, nous verrons la naissance de l’assem-
blée chrétienne, l’intensification du témoignage
à Jérusalem et le courage des apôtres face à l’op-
position grandissante.
CHAPITRE 2
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Vous serez mes témoins »


La façon dont Jésus a pr épar é ses ap ôtres
à mener l’œuvre de pr édication
Actes 1:1-26

LES ap ôtres ne veulent pas en rester là. Les dernières


semaines ont été si exaltantes ! La résurrection de Jé-
sus les a fait passer du désespoir le plus profond à la
joie la plus grande. Voilà 40 jours que Jésus fait des ap-
paritions rép étées pour enseigner et encourager encore
ses disciples. Cependant, aujourd’hui, c’est sa dernière
apparition.
Réunis sur le mont des Oliviers, les ap ôtres sont sus-
2

pendus aux lèvres de Jésus. Quand il achève de parler


— bien trop tôt, leur semble-t-il —, il lève les mains et
les b énit. Puis il commence à s’élever de la terre ! Ses
ap ôtres le regardent monter vers le ciel. Finalement, un
nuage le dérobe à leur vue. Il est parti, mais eux restent
là, à fixer le ciel (Luc 24:50 ; Actes 1:9, 10).
Cette sc ène marque un tournant dans la vie des ap ô-
3

tres. Que vont-ils faire maintenant que leur Maître est


1-3. Comment Jésus a-t-il quitté ses ap ôtres, et quelles questions se
posent ?
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS » 21
monté au ciel ? Nul doute qu’il les a préparés à pren-
dre la suite de l’œuvre qu’il a commenc ée. Comment les
a-t-il formés pour cette tâche importante, et comment
ont-ils réagi ? En quoi les chrétiens de notre époque
sont-ils concernés ? Le premier chapitre des Actes con-
tient des réponses encourageantes.
« Des preuves convaincantes » (Actes 1:1-5)
Dans son introduction, Luc s’adresse à Théophile1,
4

le même homme à qui il a écrit son Évangile quelque


temps plus tôt. Pour qu’il soit clair que ce récit est la
suite du premier, il commence par résumer les évène-
ments qui concluent son Évangile, en les formulant au-
trement et en donnant quelques détails inédits.
Qu’est-ce qui renforcera la foi des disciples de Jé-
5

sus ? Actes 1:3 dit en parlant de Jésus : « Il leur est ap-


paru de nombreuses fois, leur donnant des preuves
1 Dans son Évangile, Luc appelle son correspondant « très excel-
lent Théophile », dont on déduit que Théophile était un homme
éminent qui n’était pas encore un croyant (Luc 1:3). Dans les Actes,
par contre, il s’adresse à lui simplement par l’expression « ô Théo-
phile ». Des biblistes pensent que cet homme est devenu croyant
après avoir lu l’Évangile de Luc, ce qui expliquerait pourquoi Luc
écarte la formule honorifique pour s’adresser à lui comme à un frère
spirituel.
4. Par quoi Luc commence-t-il le livre des Actes ?
5-6. a) Qu’est-ce qui aidera les disciples de Christ à garder une foi
forte ? b) En quel sens la foi des chrétiens aujourd’hui s’appuie-t-elle sur
de nombreuses « preuves convaincantes » ?
22 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
convaincantes qu’il était vivant. » Le mot traduit par
« preuves convaincantes » n’est utilisé dans la Bible
que par « le médecin bien-aimé » Luc (Col. 4:14). Il
s’employait dans les textes médicaux techniques, au
sens de preuves démonstratives, concluantes et fiables.
Jésus a fourni ce genre de preuves. Il est apparu main-
tes fois à ses disciples, parfois à un ou deux, parfois à
tous les ap ôtres, et une fois à plus de 500 croyants
(1 Cor. 15:3-6). Preuves convaincantes s’il en est !
6 La foi des vrais chrétiens aujourd’hui s’appuie pareil-
lement sur de nombreuses « preuves convaincantes ».
A-t-on des preuves que Jésus a vécu sur la terre, qu’il est
mort pour nos p échés et qu’il a été relevé ? Absolument !
Des récits fiables de témoins oculaires recueillis dans la
Parole inspirée de Dieu nous apportent toutes les preu-
ves convaincantes qu’il nous faut. L’étude de ces récits
accompagnée de prières peut grandement renforcer no-
tre foi. Or des preuves solides sont ce qui différencie la
vraie foi de la crédulité. La vraie foi est indispensable
pour obtenir la vie éternelle (Jean 3:16).
7 Jésus parlait également du « royaume de Dieu ». Par
exemple, il a expliqué des prophéties montrant que le
7. Quel exemple Jésus a-t-il laissé en ce qui concerne l’enseignement et
la prédication ?
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS » 23
Messie devrait souffrir et mourir (Luc 24:13-32, 46, 47).
Quand il a donné des éclaircissements sur son rôle de
Messie, il a accentué le thème du royaume de Dieu,
puisqu’il en était le Roi désigné. Le Royaume a toujours
été le thème de sa prédication, et de nos jours ses dis-
ciples s’en tiennent à ce même thème dans leur prédi-
cation (Mat. 24:14 ; Luc 4:43).
« Jusque dans la région la plus lointaine de la terre »
(Actes 1:6-12)
Cette réunion sur le mont des Oliviers a été la
8

dernière rencontre des ap ôtres avec Jésus sur terre.


Pressants, ils lui ont demandé : « Seigneur, est-ce
maintenant que tu vas rétablir le royaume pour Is-
raël ? » (Actes 1:6). Cette seule question révélait deux
idées fausses qu’ils se faisaient. Premièrement, ils pré-
sumaient que le royaume de Dieu serait rétabli pour
l’Israël selon la chair. Deuxièmement, ils escomptaient
que ce royaume promis entrerait en action tout de suite,
« maintenant ». Comment Jésus les a-t-il aidés à recti-
fier leur point de vue ?
Il savait certainement que la première idée serait
9

corrigée assez vite. En effet, ses disciples allaient assis-


8-9. a) Quelles idées fausses les ap ôtres de Jésus se faisaient-ils ?
b) Comment Jésus a-t-il rectifié le point de vue des ap ôtres, et quelle le-
çon a-t-il donnée pour les chrétiens de maintenant ?
24 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ter à la naissance d’une nouvelle nation, l’Israël spiri-
tuel, très bientôt — à peine dix jours plus tard. Les re-
lations particulières de Dieu avec l’Israël selon la chair
touchaient à leur terme. Quant à la seconde idée, Jésus
leur a gentiment rappelé ceci : « Il ne vous appartient
pas de connaître les temps ou les époques que le Père
a plac és sous son propre pouvoir » (Actes 1:7). Jéhovah
est le Maître du temps. Avant sa mort, Jésus avait dit
que pas même lui, le Fils, ne connaissait ‘le jour et
l’heure’ où viendrait la fin, « mais seulement le Père »
(Mat. 24:36). Aujourd’hui encore, des chrétiens qui se
préoccuperaient trop de la date de la fin du monde s’in-
quiéteraient, en quelque sorte, de ce qui ne leur appar-
tient pas.
10Gardons-nous toutefois de mépriser les ap ôtres de
Jésus, qui étaient des hommes d’une grande foi. Ils ont
accepté humblement la le çon. De plus, même si leur
question découlait d’une erreur de raisonnement, elle
révélait aussi un bon état d’esprit. Jésus avait si sou-
vent recommandé à ses disciples d’‘ être vigilants’ !
(Mat. 24:42 ; 25:13 ; 26:41). Ils étaient spirituellement
vigilants, guettant ardemment les preuves que Jého-
vah s’apprêtait à agir. Tel est l’état d’esprit que nous
10. Quel état d’esprit des ap ôtres devrions-nous imiter, et pourquoi ?
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS » 25
devons avoir. C’est même encore plus imp ératif en ces
« derniers jours » décisifs (2 Tim. 3:1-5).
11 Jésus a rappelé aux ap ôtres ce qui devrait être leur
principal souci en ces termes : « Vous recevrez de la
puissance lorsque l’esprit saint viendra sur vous, et vous
serez mes témoins dans Jérusalem, dans toute la Judée
et la Samarie, et jusque dans la région la plus lointaine
de la terre » (Actes 1:8). Il allait falloir proclamer la
nouvelle de sa résurrection d’abord à Jérusalem, où on
l’avait mis à mort. De là, le message rayonnerait dans
toute la Judée, puis jusqu’en Samarie, puis plus loin en-
core.
12 Fort judicieusement, Jésus n’a parlé aux disciples de
la mission de prêcher qu’après leur avoir renouvelé
sa promesse de leur envoyer l’esprit saint en renfort.
L’expression « esprit saint » revient plus de 40 fois dans
les Actes. Ce récit passionnant n’a de cesse de souligner
que l’on ne peut pas accomplir la volonté de Jéhovah
sans l’aide de l’esprit saint. Qu’il est donc important de
prier régulièrement pour le recevoir ! (Luc 11:13). Nous
en avons besoin maintenant plus que jamais.
11-12. a) Quelle mission Jésus a-t-il donnée à ses disciples ? b) Pour-
quoi était-il judicieux que Jésus mentionne l’esprit saint en rapport avec
la mission de prêcher ?
26 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
13L’expression « la région la plus lointaine de la
terre » a changé de sens depuis le 1er siècle. Mais,
comme l’a montré le chapitre préc édent, les Témoins de
Jéhovah ont accepté de grand cœur la mission de témoi-
gner, sachant que Dieu veut que toutes sortes de per-
sonnes entendent la bonne nouvelle de son royaume
(1 Tim. 2:3, 4). Es-tu très pris par cette œuvre salva-
trice ? Tu ne trouveras nulle part œuvre plus épanouis-
sante ni plus satisfaisante ! Jéhovah te donnera la force
nécessaire pour cela. Le livre des Actes t’en apprendra
beaucoup sur les méthodes à employer et sur l’état d’es-
prit à cultiver pour être efficace.
14 Nous disions donc au début du chapitre que Jésus
s’était élevé de la terre et avait disparu à la vue de ses
ap ôtres. Or, les 11 restaient là, scrutant le ciel. C’est
alors que deux anges sont apparus et les ont gentiment
repris : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là
à regarder le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé d’auprès de
vous vers le ciel viendra de la même manière que vous
l’avez vu s’en aller au ciel » (Actes 1:11). Voulaient-ils
13. Quelle est aujourd’hui l’ampleur de la mission de prêcher confiée au
peuple de Dieu, et pourquoi devrions-nous l’accepter avec empres-
sement ?
14-15. a) Qu’ont dit les anges au sujet du retour de Christ, et qu’enten-
daient-ils par là ? (voir la note). b) En quel sens le retour de Christ
s’est-il passé « de la même manière » que son départ ?
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS » 27
dire que Jésus reviendrait dans le même corps, comme
l’enseignent certaines religions ? Non. Comment le sa-
vons-nous ?
15 Les anges n’ont pas dit qu’il reviendrait sous la
même forme, mais « de la même manière1 ». De quelle
manière est-il donc parti ? Il était hors de vue au mo-
ment où les anges sont intervenus. Seuls les ap ôtres,
une poignée d’hommes, ont perçu qu’il avait quitté la
proximité de la terre et s’en allait vers son Père au ciel.
Il devait revenir de la même manière. Effectivement, il
en a été ainsi. Aujourd’hui, seuls ceux qui ont du dis-
cernement spirituel comprennent que Christ est pré-
sent, investi du pouvoir royal (Luc 17:20). Nous devons
discerner les preuves de sa présence et les signaler à
l’attention de nos contemporains pour qu’eux aussi
comprennent que le temps presse.
« D ésigne lequel tu as choisi » (Actes 1:13-26)
16 On comprend pourquoi les ap ôtres « retournèrent à
Jérusalem, remplis de joie » (Luc 24:52). Mais comment
1 Ici, la Bible emploie le mot grec tropos, qui signifie « manière »,
et non morph ê, qui signifie « forme ».
16-18. a) Qu’apprenons-nous d’Actes 1:13, 14 au sujet des assemblées
cultuelles des chrétiens ? b) Qu’apprenons-nous de l’exemple de Marie,
la mère de Jésus ? c) Pourquoi les réunions chrétiennes sont-elles indis-
pensables aujourd’hui ?
28 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
allaient-ils réagir à la direction et à l’enseignement de
Christ ? En Actes 1:13, 14, nous les trouvons rassemblés
dans une « pièce à l’étage », et nous apprenons des dé-
tails instructifs au sujet des réunions de ce genre. En
Palestine, à cette époque, beaucoup de maisons possé-
daient un étage, accessible par un escalier extérieur.
Peut-être la « pièce à l’étage » en question était-elle au-
dessus de la maison de la mère de Marc, mentionnée en
Actes 12:12 ? En tout cas, c’était sans doute une pièce
simple et fonctionnelle où les disciples pouvaient se re-
trouver. Mais qui est venu à cette réunion, et pour quoi
faire ?
17Remarquons que la réunion ne se limitait pas aux
ap ôtres, ni même à des hommes. Il y avait « quelques
femmes », dont Marie, la mère de Jésus. Au passage,
c’est la dernière mention directe d’elle dans la Bible. Il
est bien d’imaginer Marie dans cet endroit, ne cher-
chant pas la pré éminence, mais venant humblement
adorer avec ses frères et sœurs spirituels. C’était certai-
nement une consolation pour elle d’avoir à ses c ôtés ses
quatre autres fils (Mat. 13:55). En effet, du vivant de Jé-
sus, ils n’avaient pas cru en lui, mais, depuis la mort et
la résurrection de leur demi-frère, ils avaient complète-
ment changé (Jean 7:5 ; 1 Cor. 15:7).
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS » 29
Remarquons aussi pourquoi ces disciples se sont ré-
18

unis : « Unis dans une même intention, tous ceux-là per-


sévéraient dans la prière » (Actes 1:14). Les rassemble-
ments ont toujours été essentiels au culte chrétien.
Nous nous assemblons pour nous encourager les uns
les autres, pour recevoir enseignement et conseils, et,
surtout, pour adorer ensemble notre Père c éleste, Jého-
vah. Nos prières et nos chants de louange en ces occa-
sions lui sont très agréables et nous sont indispensa-
bles. N’abandonnons jamais ces réunions sacrées et
fortifiantes ! (Héb. 10:24, 25).
Les disciples avaient maintenant grand besoin de
19

s’organiser, et l’ap ôtre Pierre a pris l’initiative de s’en


occuper (versets 15-26). N’est-ce pas réconfortant de
voir comme il avait progressé au fil des semaines de-
puis qu’il avait renié son Seigneur par trois fois ? (Marc
14:72). Nous sommes tous enclins au p éché, et il est
utile qu’on nous rappelle que Jéhovah est « bon et
prêt à pardonner » à qui se repent sinc èrement (Ps.
86:5).
Pierre avait compris qu’il fallait remplacer Judas,
20

l’ap ôtre qui avait livré Jésus. Mais par qui ? Le nouvel
19-21. a) Qu’apprenons-nous en voyant le rôle actif que Pierre jouait
dans l’assemblée ? b) Pourquoi fallait-il remplacer Judas, et qu’appre-
nons-nous de la façon dont cette affaire a été traitée ?
30 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ap ôtre devait être quelqu’un qui avait suivi Jésus dans
tout son ministère et avait été témoin de sa résurrec-
tion (Actes 1:21, 22). C’était conforme à cette pro-
messe de Jésus : « Vous qui m’avez suivi, vous siégerez
sur 12 trônes, jugeant les 12 tribus d’Israël » (Mat.
19:28). Jéhovah voulait manifestement que 12 ap ôtres
qui avaient suivi Jésus durant son ministère terrestre
forment les « 12 [futures] pierres de fondation » de la
Nouvelle Jérusalem (Rév. 21:2, 14). C’est ainsi que Dieu
a permis à Pierre de comprendre que la prophétie « sa
fonction de responsable, qu’un autre la prenne » s’ap-
pliquait à Judas (Ps. 109:8).
21 Comment a-t-on fait le choix ? En tirant au sort,
pratique courante aux temps bibliques (Prov. 16:33).
Cela dit, c’est la dernière fois que la Bible fait mention
d’un tel usage des sorts. Il semble que l’effusion ulté-
rieure de l’esprit saint a rendu cette méthode obsolète.
Notons toutefois pourquoi les ap ôtres ont tiré au sort.
Ils ont fait cette prière : « Ô Jéhovah, toi qui connais
le cœur de tous, indique lequel de ces deux hommes tu
as choisi » (Actes 1:23, 24). Ils voulaient que ce soit
le choix de Jéhovah ; ce choix s’est porté sur Mat-
thias, probablement un des 70 disciples que Jésus avait
« VOUS SEREZ MES TÉMOINS » 31
envoyés prêcher. C’est ainsi que Matthias est devenu un
des « Douze1 » (Actes 6:2).
22 Tous ces évènements nous montrent combien il est
important que les serviteurs de Dieu soient organisés.
À ce jour encore, des hommes sérieux sont choisis pour
servir en tant que responsables dans l’assemblée. Les
anciens analysent scrupuleusement les conditions bibli-
ques requises des responsables, puis ils prient pour
avoir la direction de l’esprit saint. L’assemblée consi-
dère donc que les hommes nommés responsables le
sont par l’esprit saint. Pour notre part, nous nous lais-
sons diriger par eux avec soumission et ob éissance,
favorisant un esprit de coop ération dans l’assemblée
(Héb. 13:17).
23 Affermis par les apparitions de Jésus, gages de sa
résurrection, mais aussi par des améliorations en ma-
tière d’organisation, les disciples étaient maintenant fin
prêts pour ce qui les attendait. Le chapitre suivant nous
en dira plus sur cet évènement capital.
1 Plus tard, Paul a été établi « ap ôtre des nations », mais il n’a
jamais été compté parmi les Douze (Rom. 11:13 ; 1 Cor. 15:4-8).
N’ayant pas suivi Jésus durant son ministère terrestre, il ne remplis-
sait pas les conditions pour avoir ce privilège exceptionnel.
22-23. Pourquoi devrions-nous être soumis et ob éissants à ceux qui nous
dirigent dans l’assemblée ?
32 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 3
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Remplis d’esprit saint »


Les effets de l’effusion de l’esprit saint à la Pentecôte
Actes 2:1-47

QUE d’animation dans les rues de Jérusalem1 ! Une fu-


mée s’élève de l’autel du Temple tandis que les Lévites
chantent le Hallel (Psaumes 113 à 118), probablement à
la manière d’une antienne, ou d’un répons. La ville
fourmille de visiteurs venus de contrées aussi lointai-
nes que l’Élam, la Mésopotamie, la Cappadoce, le Pont,
l’Égypte et Rome2. Ils sont là pour la Pentec ôte, aussi
appelée « le jour des premiers produits récoltés »
(Nomb. 28:26). Cette fête annuelle marque la fin de la
moisson des orges et le début de la moisson des blés.
C’est un jour joyeux.
En ce doux matin de printemps 33, vers 9 heu-
2

res, se produit un incident dont on s’émerveillera du-


rant les siècles à venir. Du ciel vient soudain un bruit
1 Voir l’encadré « Jérusalem, le centre du judaïsme », page 34.
2 Voir les encadrés « Rome, capitale d’un empire », page 35 ; « Les
Juifs en Mésopotamie et en Égypte », page 36 ; et « Le christianisme
dans le Pont », page 37.
1. D écris l’ambiance de la fête de la Pentecôte.
2. Quel évènement incroyable s’est produit à la Pentecôte 33 ?
« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 33
JÉRUSALEM,
LE CENTRE DU JUDA ÏSME
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

L’essentiel de l’action des premiers chapitres des


Actes se déroule à Jérusalem. Cette ville se situe
dans les collines de la chaîne montagneuse centrale
de la Judée, à environ 50 kilomètres de la Méditer-
ranée. À l’origine, c’était une forteresse sur le mont
Sion, dont le roi David fit sa résidence après s’en être
emparé en 1070 avant notre ère ; la cité qui se bâtit
autour devint la capitale de la nation d’Israël.
Près du mont Sion se dresse le mont Moria, où,
selon la tradition juive, Abraham tenta de sacrifier
Isaac 1 900 ans avant les évènements relatés dans
les Actes. Le mont Moria fut englobé dans la ville
quand Salomon construisit à son sommet le premier
temple de Jéhovah. L’édifice devint le foyer de la vie
publique et religieuse juive.
C’est au temple de Jéhovah que tous les Juifs
pieux de toute la terre habitée se rassemblaient ré-
gulièrement pour sacrifier, adorer et observer les
fêtes saisonnières, en obéissance à cet ordre di-
vin : « Trois fois par an, tous les hommes paraî-
tront devant Jéhovah ton Dieu dans le lieu qu’il aura
choisi » (Deut. 16:16). Jérusalem était aussi le siège
du grand Sanhédrin — le tribunal suprême juif et le
conseil administratif national.

34 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


ROME, CAPITALE D’UN EMPIRE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Durant la p ériode couverte par le livre des Actes, Rome


était la ville la plus grande et, politiquement, la plus impor-
tante du monde connu d’alors. C’était la capitale d’un em-
pire qui, à son apogée, domina des territoires allant de la
Grande-Bretagne à l’Afrique du Nord et de l’Atlantique au
golfe Persique.
Rome était un creuset de cultures, de races, de langues et
de superstitions. Un réseau routier bien entretenu drainait
des voyageurs et des marchandises des quatre coins de
l’Empire. À Ostie, le port voisin, les bateaux de commerce
qui sillonnaient les mers déchargeaient des vivres et des
produits de luxe destinés à la cité.
Au 1er siècle de notre ère, la population de Rome dépas-
sait largement un million d’habitants. Peut-être la moitié
étaient-ils des esclaves : criminels condamnés, enfants ven-
dus ou abandonnés par leurs parents, et prisonniers captu-
rés par les légions pendant des campagnes. Entre autres
esclaves emmenés à Rome, il y avait des Juifs de Jérusa-
lem, depuis la prise de cette ville par le général Pomp ée en
63 avant notre ère.
La majeure partie de la population libre était pauvre, vi-
vant entassée dans des bâtiments à plusieurs étages et dé-
pendant des subsides de l’État. Cependant, les empereurs
dotèrent leur capitale de quelques-uns des plus magnifi-
ques bâtiments qu’on ait jamais vus, notamment des théâ-
tres et de grands stades où l’on proposait des spectacles
tels que des représentations sur scène, des combats de gla-
diateurs et des courses de chars — tout cela gratuitement
pour divertir la populace.

« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 35


LES JUIFS
EN M ÉSOPOTAMIE ET EN ÉGYPTE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« En Mésopotamie, en Médie et en Babylonie vivaient


les descendants de membres du royaume des dix tribus
[d’Israël] et du royaume de Juda ; ils y avaient été dépor-
tés par les Assyriens et les Babyloniens », lit-on dans
Geschichte des jüdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi
[Histoire du peuple juif à l’époque de Jésus Christ]. Selon
Esdras 2:64, seuls 42 360 Israélites sont revenus de Baby-
lone à Jérusalem, et ce en 537 avant notre ère. L’histo-
rien juif Flavius Josèphe observe que les Juifs « trans-
port[és] en Babylonie » se comptaient par dizaines de
milliers au 1er siècle de notre ère (Antiquités judaïques,
trad. J. Chamonard). Du 3e au 5e siècle, ces communau-
tés ont produit l’ouvrage appelé le Talmud de Babylone.
On dispose de traces écrites d’une présence juive en
Égypte au moins dès le 6e siècle avant notre ère. Durant
cette p ériode, Jérémie adressa un message aux Juifs ha-
bitant divers endroits du pays, dont Memphis (Jér. 44:1,
note). Peut-être de nombreux Juifs ont-ils immigré en
Égypte pendant la p ériode hellénistique. Josèphe rap-
porte que des Juifs étaient parmi les premiers colons
arrivés à Alexandrie. Par la suite, un quartier entier de
cette ville leur a été attribué. Au 1er siècle de notre ère,
l’auteur juif Philon affirmait qu’un million de ses com-
patriotes vivaient éparpillés en Égypte, « depuis la “Fa-
laise” de Libye jusqu’aux frontières de l’Éthiopie » (In
Flaccum, trad. A. Pelletier).

36 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


LE CHRISTIANISME DANS LE PONT
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Des Juifs du Pont, un district du nord de l’Asie


Mineure, étaient parmi les auditeurs du discours de
Pierre à la Pentec ôte 33 (Actes 2:9). Certains rem-
portèrent manifestement la bonne nouvelle chez eux,
puisque les destinataires de la première lettre de
Pierre sont des croyants « dispersés1 » en divers
lieux, dont le Pont (1 Pierre 1:1). Ces chrétiens, révèle
Pierre, avaient été « attristés par diverses épreuves »
en raison de leur foi, épreuves qui englobaient sans
doute l’opposition et la persécution (1 Pierre 1:6).
Une correspondance entre Pline le Jeune (gouver-
neur de la province romaine de Bithynie-et-Pont) et
l’empereur Trajan fait allusion à d’autres épreuves su-
bies par les chrétiens. Écrivant du Pont vers 112 de
notre ère, Pline affirme que la « contagion » du chris-
tianisme menace tout le monde, sans distinction de
sexe, d’âge ou de rang (L’empire romain et le chris-
tianisme, C. Lepelley). Il explique qu’il donne à ceux
qu’on accuse d’être chrétiens l’occasion de se dédire,
et qu’il exécute ceux qui n’acceptent pas. Est relâché
quiconque maudit Christ ou dit une prière aux dieux
ou à la statue de Trajan. Ce sont là, reconnaît-il, des
« choses qu’il est [...] impossible d’obtenir de ceux qui
sont vraiment chrétiens » (ouvr. cité).
1 « Dispersés » rend un mot grec qui signifie « de la diaspora ».
Ce mot avait des connotations juives, indice que bon nombre des
premiers convertis venaient des communautés juives.

« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 37


« semblable à celui d’un violent coup de vent », ou « un
bruit comme le souffle d’un orage » (Actes 2:2 ; Beau-
mont). Le vacarme emplit la maison où sont assemblés
environ 120 disciples de Jésus. Puis un phénomène in-
croyable a lieu. « Des sortes de langues de feu1 » de-
viennent visibles, et il s’en pose une sur chaque disci-
ple. Sur quoi les disciples ‘se remplissent d’esprit saint’
et commencent à parler dans des langues étrangères !
Quand ils quittent la maison, tous les visiteurs qu’ils
rencontrent dans les rues constatent, stup éfaits, qu’ils
peuvent converser avec eux : oui, chacun les entend
parler « dans sa propre langue » ! (Actes 2:1-6).
3
Cet émouvant récit est celui d’un évènement capital
dans l’histoire du vrai culte : la fondation de la nation
de l’Israël spirituel, l’assemblée chrétienne ointe (Gal.
6:16). Mais ce n’est pas tout. Prononçant un discours
devant la foule ce jour-là, Pierre a utilisé la première
des trois « clés du royaume », dont chacune ferait acc é-
der à des privilèges particuliers un groupe distinct de
1 L’expression « des sortes de langues de feu » indique sans doute que
la manifestation observable sur chaque disciple avait l’aspect et l’éclat
du feu.
3. a) Pourquoi la Pentecôte 33 est-elle une date capitale dans l’histoire
du vrai culte ? b) Quel rapport y a-t-il entre le discours de Pierre et
l’utilisation des « clés du royaume » ?
38 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
personnes (Mat. 16:18, 19). Cette première clé a permis
que des Juifs et des prosélytes1 acceptent la bonne nou-
velle et soient oints de l’esprit saint de Dieu. C’est ainsi
qu’ils deviendraient membres de l’Israël spirituel et, à
ce titre, auraient l’esp érance d’être un jour rois et
prêtres dans le royaume messianique (Rév. 5:9, 10).
Plus tard, ce privilège serait offert aussi aux Samari-
tains et ensuite aux Gentils. Quelle le çon les chrétiens
d’aujourd’hui peuvent-ils tirer des évènements de la
Pentec ôte 33 ?
« Tous ensemble au même endroit » (Actes 2:1-4)
4
L’assemblée chrétienne a commenc é avec environ
120 disciples qui étaient « tous ensemble au même en-
droit », une « pièce à l’étage », et qui étaient oints d’es-
prit saint (Actes 1:13 ; 2:1). À la fin de la journée, les
membres baptisés de cette assemblée se comptaient
par milliers. Et ce n’était là que le départ de l’accroisse-
ment d’une organisation qui continue de grossir à notre
époque ! L’assemblée chrétienne actuelle, une commu-
nauté d’hommes et de femmes craignant Dieu, est le
moyen par lequel la « bonne nouvelle du Royaume »
1 Voir l’encadré « Qui étaient les prosélytes ? », page 40.
4. En quel sens l’assemblée chrétienne actuelle est-elle le prolongement
de l’assemblée qui a été formée en 33 ?
« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 39
QUI ÉTAIENT LES PROS ÉLYTES ?
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Tant Juifs que prosélytes » écoutèrent la prédica-


tion de Pierre à la Pentecôte 33 (Actes 2:10).
Parmi les hommes capables a qui a été confiée la
« tâche nécessaire » consistant à distribuer quoti-
diennement la nourriture figurait Nicolas, qualifié de
« prosélyte d’Antioche » (Actes 6:3-5). Les prosély-
tes étaient des Gentils, c’est-à-dire des non-Juifs, qui
s’étaient convertis au judaïsme. Ils étaient considérés
comme des Juifs sous tous les rapports, puisqu’ils ac-
ceptaient le Dieu et la Loi d’Israël, rejetaient tous les
autres dieux, se soumettaient à la circoncision (dans
le cas des hommes) et devenaient membres de la na-
tion d’Israël.
Après leur lib ération de Babylone en 537 avant no-
tre ère, beaucoup de Juifs s’établirent loin de la terre
d’Israël, mais continuèrent de pratiquer le judaïsme.
C’est ainsi que des habitants de tout le Proche-Orient
ancien et au-delà furent familiarisés avec la religion
juive. Des écrivains de l’Antiquité tels qu’Horace et
S énèque attestent que, dans divers pays, beaucoup de
gens attirés par les Juifs et leurs croyances intégrèrent
leurs communautés et devinrent prosélytes.

est « prêchée sur toute la terre, en témoignage pour


toutes les nations », avant la fin de notre monde (Mat.
24:14).
40 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
5
L’assemblée chrétienne serait aussi une source de
force spirituelle pour ses membres, tant pour les oints
que, plus tard, pour les « autres brebis » (Jean 10:16).
Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, Paul a dit tout le
bien qu’il pensait du soutien que s’apportent mutuelle-
ment les membres de l’assemblée : « Je désire vivement
vous voir pour vous faire un don spirituel, afin que
vous soyez affermis, ou plutôt que nous nous encoura-
gions les uns les autres par notre foi, la vôtre comme la
mienne » (Rom. 1:11, 12).
6 Aujourd’hui, l’assemblée chrétienne a les mêmes ob-
jectifs qu’au 1er siècle. Jésus avait donné à ses disciples
une œuvre difficile mais exaltante à accomplir. Il avait
dit : « Allez donc vers les gens de toutes les nations et
faites des disciples parmi eux, les baptisant au nom du
Père, du Fils et de l’esprit saint, leur enseignant à
pratiquer tout ce que je vous ai commandé » (Mat.
28:19, 20).
7 L’assemblée chrétienne des Témoins de Jéhovah
est l’instrument par lequel cette œuvre s’accomplit
5. Quel bienfait résulterait de l’appartenance à l’assemblée chrétienne,
tant au 1er siècle que maintenant ?
6-7. Comment, de nos jours, l’assemblée chrétienne s’acquitte-t-elle de
la mission de prêcher à toutes les nations ?
« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 41
de nos jours. Évidemment, il est difficile de prêcher
à des gens qui parlent d’autres langues. Mais les Té-
moins produisent des publications bibliques en plus de
1 000 langues. Si tu fréquentes activement l’assemblée
en participant à la prédication du Royaume et à la for-
mation de disciples, réjouis-toi : tu es du nombre, relati-
vement restreint, des humains qui ont au 21e siècle
l’honneur de rendre pleinement témoignage au nom de
Jéhovah !
8 Pour nous aider à endurer avec joie à notre épo-
que cruciale, Jéhovah Dieu nous donne une commu-
nauté mondiale de frères. Paul a écrit aux chrétiens
hébreux : « Soucions-nous les uns des autres pour
nous inciter à l’amour et aux belles œuvres ; n’aban-
donnons pas nos réunions, comme c’est l’habitude de
quelques-uns, mais encourageons-nous mutuellement,
et cela d’autant plus que vous voyez le jour approcher »
(Héb. 10:24, 25). L’assemblée chrétienne est un don de
Jéhovah pour que tu puisses encourager les autres et
être encouragé toi-même. Reste proche de tes frères
et sœurs spirituels. N’abandonne jamais les réunions
chrétiennes !
8. Quel bienfait l’assemblée chrétienne nous apporte-t-elle ?
42 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« Chacun entendait qu’on parlait
dans sa propre langue » (Actes 2:5-13)
9
Imagine l’émoi qui a dû s’emparer du peuple mêlé
de Juifs et de prosélytes à la Pentec ôte 33. La plupart
des gens présents avaient sans doute une langue en
commun, le grec ou l’hébreu. Mais maintenant « cha-
cun entendait qu’on [les disciples] parlait dans sa pro-
pre langue » (Actes 2:6). Comme ils ont dû être touchés
d’entendre la bonne nouvelle dans leur langue ma-
ternelle ! Bien sûr, aujourd’hui, les chrétiens ne sont
pas doués de la faculté miraculeuse de parler des lan-
gues étrangères. Mais beaucoup se rendent disponi-
bles pour propager le message du Royaume parmi des
gens de tous groupes nationaux. Comment ? Certains
apprennent une langue pour soutenir une assemblée
étrangère près de chez eux ou même pour se déplacer
dans un autre pays. Il arrive souvent que leurs interlo-
cuteurs soient vivement impressionnés par leurs ef-
forts.
Mentionnons Christine qui, avec sept autres Té-
10

moins, a pris des cours de gujarati. Un jour, elle a salué


une collègue originaire du Gujerat dans sa langue.
9-10. Comment certains se sont-ils rendus disponibles pour prêcher à
des gens qui parlent une autre langue qu’eux ?
« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 43
Surprise, la jeune Indienne a voulu savoir pourquoi
Christine se donnait la peine d’apprendre une langue
aussi difficile que le gujarati, et Christine a pu lui don-
ner un bon témoignage. « Vous devez vraiment avoir
quelque chose d’important à dire », s’est exclamée la
jeune femme.
11
Il est vrai que tout le monde ne peut pas apprendre
une autre langue. Par contre, il est possible de se pré-
parer pour prêcher le message du Royaume à d’au-
tres groupes linguistiques. Comment ? Une suggestion
est d’utiliser l’application JW Language˙. Elle permet
d’apprendre une salutation simple dans une langue
parlée là où tu vis, ainsi que quelques phrases dans
cette langue afin d’éveiller l’intérêt de ceux qui la par-
lent. Sers-toi aussi de jw.org pour leur montrer les vi-
déos et les publications disponibles dans leur langue.
Si tu utilises ces outils dans ton ministère, tu pour-
ras ressentir la même joie que nos frères du 1er siè-
cle lorsque des étrangers ont été émerveillés d’enten-
dre la bonne nouvelle « chacun [...] dans sa propre
langue ».
11. Comment pouvons-nous nous préparer à prêcher le message du
Royaume à d’autres groupes linguistiques ?
44 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« Pierre se leva » (Actes 2:14 -37)
12 « Pierre se leva » pour prendre la parole devant

une foule cosmopolite (Actes 2:14). Il a expliqué alors à


tous ceux qui étaient attentifs que la faculté miracu-
leuse de parler en diverses langues avait été accordée
par Dieu en accomplissement de cette prophétie de
Jo ël : « Je répandrai mon esprit sur toutes sortes d’hu-
mains » (Jo ël 2:28). Avant son ascension, Jésus avait
promis à ses disciples : « Je demanderai au Père de vous
donner un autre assistant », en précisant qu’il s’agissait
de « l’esprit » (Jean 14:16, 17).
13
Puis Pierre a conclu sur ces paroles directes : « Que
toute la nation d’Israël sache donc avec certitude que
Dieu l’a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous
avez cloué au poteau » (Actes 2:36). Certes, la majorité
de ses auditeurs n’avaient pas assisté personnellement
à la mise à mort de Jésus sur le poteau de supplice.
Mais, appartenant à la nation d’Israël, ils portaient la
responsabilité collective de cet acte. On note toutefois
que Pierre s’est adressé à ses compatriotes avec respect
12. a) En quels termes le prophète Joël avait-il laissé entrevoir l’évène-
ment miraculeux survenu à la Pentecôte 33 ? b) Pourquoi fallait-il
s’attendre à voir un accomplissement de la prophétie de Joël au 1er siècle ?
13-14. Comment Pierre s’est-il efforcé de parler au cœur de ses audi-
teurs, et comment imiter sa façon de faire ?
« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 45
en faisant appel à leurs sentiments. Il ne cherchait pas
à les condamner, mais à les pousser au repentir. Se
sont-ils offusqués de ce qu’il a dit ? Aucunement. Au
contraire, ils ont été « touchés en plein cœur ». « Que
devons-nous faire ? » ont-ils demandé. La façon cons-
tructive dont Pierre a présenté les choses a certaine-
ment contribué à émouvoir nombre d’entre eux, qui se
sont repentis (Actes 2:37).
Nous pouvons imiter cette façon de parler au cœur.
14

Quand nous donnons le témoignage à quelqu’un, ne re-


levons pas systématiquement les idées non bibliques
qu’il exprime. Cherchons plutôt à bâtir sur celles avec
lesquelles nous pouvons être d’accord. Si nous trou-
vons un terrain d’entente, nous pouvons ensuite raison-
ner avec tact à partir de la Parole de Dieu. En général,
lorsqu’on présente les vérités bibliques de cette façon
constructive, les gens sinc ères sont plus enclins à réagir
favorablement.
« Que chacun de vous soit baptis é » (Actes 2:38-47)
15
En ce remarquable jour de la Pentec ôte 33, Pierre a
dit aux Juifs et aux prosélytes réceptifs : « Repentez-
15. a) Quelle déclaration Pierre a-t-il faite, et quelle réaction a-t-il pro-
voquée ? b) Pourquoi les milliers de personnes qui ont entendu la bonne
nouvelle à la Pentecôte étaient-elles aptes à se faire baptiser le jour
même ?
46 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
vous, et que chacun de vous soit baptisé » (Actes 2:38).
Alors, environ 3 0001 se sont fait baptiser, probable-
ment dans des piscines de Jérusalem ou des environs.
Était-ce un coup de tête ? Ce récit sert-il de préc édent
pour que les étudiants de la Bible et les enfants de pa-
rents chrétiens s’empressent de se faire baptiser sans y
être prêts ? Pas du tout. Rappelons que les Juifs et les
prosélytes qui ont été baptisés à la Pentec ôte 33 étaient
de fervents étudiants de la Parole de Dieu et qu’ils fai-
saient partie d’une nation déjà vouée à Jéhovah. De
plus, ils manifestaient déjà leur zèle, pour certains en
venant de loin assister à cette fête annuelle. Ayant ac-
cepté les vérités capitales relatives au rôle de Jésus
Christ dans la réalisation du projet divin, ils étaient
prêts à continuer de servir Dieu, mais désormais en
tant que disciples baptisés de Christ.
16
Assurément, Jéhovah a béni ce groupe. Le récit rap-
porte : « Tous ceux qui devenaient croyants étaient en-
semble et mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs
propriétés et leurs biens, et ils distribuaient le produit de
1 Par comparaison, le 7 août 1993, à une assemblée internationale des
Témoins de Jéhovah en Ukraine, à Kiev, 7 402 personnes ont été bapti-
sées dans six piscines. Au total, les baptêmes ont duré deux heures et
quart.
16. En quoi les chrétiens du 1er siècle ont-ils fait preuve d’abnégation ?
« REMPLIS D’ESPRIT SAINT » 47
la vente à tous, selon les besoins de chacun1 » (Actes
2:44, 45). Nul doute que tous les vrais chrétiens veulent
imiter un tel esprit d’amour et d’abnégation.
L’offrande de soi et le baptême des chrétiens sont
17

l’aboutissement de plusieurs étapes nécessaires indi-


quées par la Bible. Il faut d’abord acquérir la connais-
sance de la Parole de Dieu (Jean 17:3). Ensuite, il faut
exercer la foi et se repentir de sa conduite passée, en ma-
nifestant un regret sincère (Actes 3:19). Puis il faut se
convertir, autrement dit se retourner, et se mettre à pra-
tiquer les bonnes actions qui sont conformes à la vo-
lonté de Dieu (Rom. 12:2 ; Éph. 4:23, 24). C’est alors que,
dans la prière, on fait l’offrande de soi à Dieu — on se
voue à lui —, et enfin on se fait baptiser (Mat. 16:24 ;
1 Pierre 3:21).
Es-tu un disciple de Jésus Christ, voué et baptisé ? Si
18

oui, sois heureux du privilège qui t’est offert. Comme les


disciples du 1er siècle qui furent remplis d’esprit saint, tu
peux être employé d’une manière puissante pour rendre
pleinement témoignage à Jéhovah et faire sa volonté !
1 Cette disposition, temporaire, a comblé des besoins nés du fait que
les visiteurs avaient prolongé leur séjour à Jérusalem pour consolider
leur connaissance spirituelle. La mise en commun des biens était volon-
taire ; il ne faut pas y voir une forme de communisme (Actes 5:1-4).
17. Quelles étapes faut-il franchir avant de pouvoir se faire baptiser ?
18. Quel privilège s’offre aux disciples de Christ ?
48 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 4
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Sans instruction et ordinaires »


Les ap ôtres passent hardiment à l’action,
et Jéhovah les b énit
Actes 3:1 – 5:11

LE SOLEIL de l’après-midi darde ses rayons sur une


foule compacte. Juifs pieux et disciples de Christ
se pressent dans l’enceinte du Temple. C’est bientôt
« l’heure de la prière1 » (Actes 2:46 ; 3:1). Pierre et Jean
se fraient un chemin jusqu’à la porte du Temple appe-
lée la Belle. Dominant le brouhaha des conversations
et des piétinements, la voix d’un mendiant d’âge moyen,
boiteux de naissance, demande l’aumône (Actes 3:2 ;
4:22).
Voyant approcher Pierre et Jean, le mendiant lance
2

sa sempiternelle supplique. Les ap ôtres s’arrêtent ; son


attention attirée, l’homme retient son souffle. Pierre lui
dit alors : « Je ne possède ni argent ni or, mais ce que
j’ai, je te le donne. Au nom de Jésus Christ le Nazaréen,
1 Dans le Temple, on faisait coïncider des prières avec les sacrifices
du matin et du soir. Le sacrifice du soir avait lieu « vers trois heu-
res de l’après-midi ».
1-2. Quel miracle Pierre et Jean ont-ils opéré près d’une porte du Temple ?
« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 49
marche ! » Figure-toi la stupeur de la foule quand il
prend l’infirme par la main et que celui-ci se tient droit,
pour la première fois de sa vie ! (Actes 3:6, 7). Peux-tu
imaginer cet homme contemplant ses jambes guéries et
exécutant quelques pas hésitants ? On comprend qu’il
se mette à sauter partout en louant Dieu à pleine voix !
3 La foule extasiée accourt vers Pierre et Jean sous le
portique de Salomon. Là, à l’endroit même où, un jour,
Jésus s’est tenu et a enseigné, Pierre explique à tous ces
gens le sens réel de ce qui vient d’arriver (Jean 10:23).
Il leur propose, à eux et à l’ex-infirme, un don plus pré-
cieux que de l’argent ou de l’or, un don sup érieur à la
guérison. Il s’agit de l’occasion de se repentir, d’avoir
leurs p échés effac és et de devenir disciples de Jésus
Christ, l’« Agent principal de la vie » établi par Jého-
vah (Actes 3:15).
4
Quelle journée ! Un homme a été guéri physique-
ment, et maintenant il marche. Des milliers d’autres se
sont vu proposer d’être guéris spirituellement pour
pouvoir se conduire d’une manière digne de Dieu (Col.
1:9, 10). D’autre part, toutes ces p érip éties préparent
3. Quel don extraordinaire l’ex-infirme et la foule pouvaient-ils recevoir ?
4. a) À quelle confrontation la guérison miraculeuse a-t-elle préparé le
terrain ? b) À quelles questions allons-nous répondre ?
50 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
le terrain à une confrontation entre les disciples fidè-
les de Christ et l’autorité en place qui voudrait les
emp êcher d’ob éir à l’ordre de prêcher le message du
Royaume (Actes 1:8). Qu’apprenons-nous des méthodes
employées et de l’état d’esprit manifesté par Pierre et
Jean1, « des gens sans instruction et ordinaires », pour
rendre témoignage devant la foule ? (Actes 4:13). Com-
ment imiter la façon dont eux et les autres disciples ont
affronté l’opposition ?
Non « par notre puissance personnelle »
(Actes 3:11-26)
5
Pierre et Jean se tenaient devant la foule, sachant que
certains de leurs auditeurs avaient récemment réclamé à
grands cris l’exécution de Jésus (Marc 15:8-15 ; Actes
3:13-15). Quel courage il a fallu à Pierre pour affirmer
sans crainte que l’infirme avait été guéri au nom de Jé-
sus ! Il n’a pas édulcoré la vérité. Il a condamné sans dé-
tour la complicité de ces Juifs dans la mort de Christ.
Mais il n’avait pas d’animosité envers eux, puisqu’ils
avaient « agi par ignorance » (Actes 3:17). Les appelant
« frères », il s’est concentré sur les aspects positifs du
1 Voir les encadrés « Pierre : du p êcheur à l’ap ôtre », page 52, et
« Jean, le disciple que Jésus aimait », page 56.
5. Qu’apprenons-nous de la façon dont Pierre s’est adressé à la foule ?
« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 51
PIERRE : DU PÊCHEUR À L’AP ÔTRE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Pierre est appelé de cinq façons différentes dans les


Écritures : Siméon en hébreu et Simon, l’équivalent,
en grec, mais aussi Pierre et son équivalent sémitique,
Céphas, et enfin Simon Pierre, juxtaposition des deux
noms (Mat. 10:2 ; 16:16 ; Jean 1:42 ; Actes 15:14, note).
Pierre était marié et vivait sous le même toit que
sa belle-mère et son frère (Marc 1:29-31). C’était un
p êcheur de Bethsaïde, ville située sur la rive nord
de la mer de Galilée (Jean 1:44). Plus tard, il a ha-
bité Capharnaüm, ville voisine (Luc 4:31, 38). Jésus
était à bord de son bateau le jour où il a fait un dis-
cours devant une foule massée au bord de la mer de
Galilée. Juste après, sur ses instructions, Pierre a fait
une prise de poisson miraculeuse. De frayeur, il est
tomb é aux genoux de Jésus, qui lui a déclaré : « Ar-
rête d’avoir peur. À partir de maintenant, ce sont
des hommes que tu prendras vivants » (Luc 5:1-11).
Pierre p êchait avec son frère André ainsi qu’avec Jac-
ques et Jean. Tous les quatre ont abandonné leur mé-
tier pour accepter l’invitation de Jésus à devenir ses
disciples (Mat. 4:18-22 ; Marc 1:16-18). Environ un an
plus tard, Pierre a été un des 12 que le Christ a choisis
pour être ses « ap ôtres » (ce qui signifie « envoyés »)
(Marc 3:13-16).
Jésus s’est fait accompagner par Pierre, Jacques et
Jean lors d’occasions particulières. Ils ont assisté à
sa transfiguration, l’ont vu ressusciter la fille de Jaïre

52 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


et ont partagé sa peine dans le jardin de Gethsémani
(Mat. 17:1, 2 ; 26:36-46 ; Marc 5:22-24, 35-42 ; Luc
22:39-46). Ce sont ces trois-là plus André qui l’ont
questionné au sujet du signe de sa présence (Marc
13:1-4).
Pierre était direct, dynamique et, parfois, impul-
sif. Apparemment, il prenait souvent la parole avant
ses compagnons. Les Évangiles rapportent ses pro-
pos plus fréquemment que ceux des 11 autres ap ôtres
réunis. Il posait des questions quand les autres gar-
daient le silence (Mat. 15:15 ; 18:21 ; 19:27-29 ; Luc
12:41 ; Jean 13:36-38). C’est lui qui a refusé que Jésus
lui lave les pieds, puis, réprimandé, a suggéré qu’il lui
lave aussi les mains et la tête ! (Jean 13:5-10).
Un jour, dans un de ses emballements, il a voulu
persuader Jésus de ne pas se laisser supplicier et tuer.
Son erreur de jugement lui a valu une sèche répri-
mande (Mat. 16:21-23). Durant la dernière soirée du
Christ sur la terre, il a affirmé que même si tous les
autres ap ôtres l’abandonnaient, lui ne ferait jamais
cela. Quand Jésus a été arrêté par ses ennemis, il a eu
le courage de le défendre avec l’ép ée et, plus tard, de
le suivre jusque dans la cour du grand prêtre. Pour-
tant, peu après, il a renié son Maître trois fois, puis
a pleuré amèrement en se rendant compte de ce qu’il
avait fait (Mat. 26:31-35, 51, 52, 69-75).
Juste avant la première apparition de Jésus ressus-
cité à ses ap ôtres en Galilée, Pierre était allé p êcher,

« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 53


et d’autres ap ôtres l’avaient rejoint. Reconnaissant Jé-
sus sur la plage, il s’est aussitôt jeté à l’eau pour na-
ger jusqu’à la rive. Ensuite, Jésus a servi à ses ap ôtres
un petit-déjeuner pendant lequel il a demandé à Pierre
s’il l’aimait plus que « ceux-ci », c’est-à-dire les pois-
sons qui étaient devant eux. C’était une exhortation à
choisir de le suivre à plein temps plutôt que de s’adon-
ner à un métier, par exemple la p êche (Jean 21:1-22).
Vers 62-64, Pierre a prêché la bonne nouvelle à Ba-
bylone, dans l’actuel Irak, où vivait une forte popu-
lation juive (1 Pierre 5:13). C’est là qu’il a rédigé la
première et peut-être la deuxième des deux lettres ins-
pirées qui portent son nom. Jésus lui a donné « les
capacités nécessaires pour être ap ôtre auprès des cir-
concis » (Gal. 2:8, 9). Il a rempli sa mission avec com-
passion et vigueur.

message du Royaume, ajoutant que, s’ils se repentaient


et avaient foi en Christ, « des époques vivifiantes » leur
viendraient de Jéhovah (Actes 3:19). Soyons pareille-
ment courageux et directs quand nous annonçons le ju-
gement futur de Dieu. D’un autre côté, ne soyons jamais
impertinents, ni durs, ni réprobateurs. Considérons plu-
tôt ceux à qui nous prêchons comme nos frères poten-
tiels et, à l’exemple de Pierre, concentrons-nous surtout
sur les aspects positifs du message du Royaume.
54 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
6
Ces ap ôtres étaient pleins de modestie. Ils ne s’at-
tribuaient pas les mérites des miracles qu’ils avaient
op érés. Ainsi, Pierre dit : « Pourquoi nous fixez-vous
comme si c’était par notre puissance personnelle ou
grâce à notre attachement à Dieu que nous avons fait
marcher cet homme ? » (Actes 3:12). Lui comme les au-
tres ap ôtres savaient que tout le bien qu’ils accomplis-
saient dans leur ministère était dû à la puissance de
Dieu, et non à la leur. C’est pourquoi ils renvoyaient
modestement vers Jéhovah et Jésus toute louange au
sujet de leurs exploits.
7Nous devons manifester une modestie semblable
quand nous prêchons le Royaume. Aujourd’hui, c’est
vrai, l’esprit saint ne donne plus la faculté d’op érer des
guérisons miraculeuses. Mais nous pouvons toujours
aider des gens à acquérir la foi en Dieu et en Christ, et
à recevoir le même don que Pierre proposait : l’occa-
sion d’avoir leurs p échés pardonnés et d’être ‘vivifiés’
par Jéhovah. Chaque année, des centaines de milliers
de personnes acceptent cette proposition et se font
baptiser en tant que disciples de Christ.
6. Quelle humilité et quelle modestie Pierre et Jean manifestaient-ils ?
7-8. a) Quel don pouvons-nous proposer aux gens ? b) Comment la
promesse d’un « rétablissement de toutes choses » s’accomplit-elle
aujourd’hui ?
« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 55
JEAN, LE DISCIPLE QUE JÉSUS AIMAIT
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

L’ap ôtre Jean était le fils de Zébédée et le frère de


l’ap ôtre Jacques. On pense que sa mère s’appelait Sa-
lomé et qu’elle était la sœur de Marie, mère de Jésus
(Mat. 10:2 ; 27:55, 56 ; Marc 15:40 ; Luc 5:9, 10). On sup-
pose donc qu’il avait un lien de parenté avec le Christ.
Il était, semble-t-il, d’une famille aisée. En effet, l’entre-
prise de p êche de Zébédée était assez grosse pour avoir
des salariés (Marc 1:20). Quand Jésus était en Galilée,
Salomé l’accompagnait et le servait ; plus tard, quand
il fut mort, elle a acheté des aromates pour préparer
son corps à l’enterrement (Marc 16:1 ; Jean 19:40). Jean
avait probablement une maison à lui (Jean 19:26, 27).
Il était certainement l’un des deux disciples de Jean
le Baptiseur (l’autre étant André) qui se tenaient avec
celui-ci au moment où il a dit en regardant Jésus :
« Regardez : l’Agneau de Dieu ! » (Jean 1:35, 36, 40).
Manifestement, après ces présentations, Jean le fils de
Zéb édée a accompagné Jésus à Cana, où il a assisté
à son premier miracle (Jean 2:1-11). La clarté et la
précision avec lesquelles il raconte dans son Évangile
l’activité postérieure de Christ à Jérusalem, en Sama-
rie et en Galilée permettent de penser qu’il en a été
témoin aussi. Sa foi transparaît dans l’empressement
qu’il a montré (de même que Jacques, Pierre et André)
à abandonner ses filets, son bateau et son emploi lors-
que Jésus l’a appelé pour qu’il devienne son disciple
(Mat. 4:18-22).

56 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


Jean n’occupe pas une place aussi importante que
Pierre dans les Évangiles. Mais lui aussi avait une per-
sonnalité énergique, comme l’indique le surnom que
Jésus lui avait donné ainsi qu’à son frère Jacques :
Boanèrguès, « Fils du Tonnerre » (Marc 3:17). Au dé-
part, il a ambitionné les premières places, au point
que lui et son frère ont fait demander à Jésus par leur
mère de leur donner des positions privilégiées dans
son royaume. C’était un désir égoïste, mais aussi la
preuve de leur foi dans la réalité du Royaume. Les am-
bitions des deux frères ont fourni à Jésus l’occasion
de conseiller ses ap ôtres sur la nécessité de l’humilité
(Mat. 20:20-28).
Le temp érament ardent de Jean s’est manifesté lors-
qu’il a essayé d’emp êcher un certain homme qui
n’était pas disciple de Jésus d’expulser des démons
en son nom. Une autre fois, il aurait volontiers ap-
pelé le feu du ciel pour détruire les habitants d’un vil-
lage samaritain qui avaient été inhospitaliers quand
Jésus avait envoyé des messagers faire des prépara-
tifs pour lui. De telles réactions lui valaient des ré-
primandes de Jésus. Apparemment, avec le temps,
il a acquis l’équilibre et la miséricorde qui lui man-
quaient (Luc 9:49-56). Pourtant, malgré ses défauts,
il était « le disciple que Jésus aimait ». C’est pour-
quoi celui-ci, sur le point de mourir, a confié sa pro-
pre mère, Marie, à ses soins (Jean 19:26, 27 ; 21:7,
20, 24).

« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 57


Jean a survécu aux autres ap ôtres, comme Jésus
l’avait prédit (Jean 21:20-22). Il a servi fidèlement Jé-
hovah pendant quelque 70 ans. À la fin de sa vie, sous
le règne de l’empereur romain Domitien, il a été exilé
sur l’île de Patmos « pour avoir parlé de Dieu et té-
moigné au sujet de Jésus ». C’est là que, vers 96, il a
reçu les visions qu’il a relatées dans le livre de la Ré-
vélation (Rév. 1:1, 2, 9). Selon la tradition, une fois li-
b éré, il est parti pour Éphèse, où il a rédigé l’Évangile
qui porte son nom et les lettres appelées 1, 2 et 3 Jean,
et où il est mort vers l’an 100.

Nous vivons en effet à l’époque du « rétablissement


8

de toutes choses » mentionné par Pierre. En accomplis-


sement de ce ‘dont Dieu avait parlé par la bouche de ses
saints prophètes du passé’, le Royaume a été établi au
ciel en 1914 (Actes 3:21 ; Ps. 110:1-3 ; Dan. 4:16, 17). Peu
après, Christ a commencé à diriger une œuvre de réta-
blissement spirituel sur la terre. Des millions d’humains
ont ainsi été introduits dans un paradis spirituel en de-
venant des sujets du royaume de Dieu. Ils se sont dé-
pouillés de la vieille personnalité corrompue et ont re-
vêtu « la personnalité nouvelle qui a été créée selon la
volonté de Dieu » (Éph. 4:22-24). Comme pour la gué-
rison du mendiant infirme, cette œuvre stup éfiante n’est
58 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
pas accomplie par les efforts humains, mais par l’esprit
de Dieu. À l’instar de Pierre, employons hardiment et ef-
ficacement la Parole de Dieu pour enseigner autrui.
Chaque fois que nous réussissons à faire un disciple de
Christ, c’est par la force de Dieu, et non par la nôtre.
« Nous ne pouvons pas cesser de parler » (Actes 4:1-22)
9
Le discours de Pierre ainsi que les bonds et les cris
de l’ex-infirme ont créé un beau remue-ménage qui a fait
accourir le capitaine du Temple (l’homme en charge de
la sécurité des lieux) et les prêtres en chef. Ces derniers
étaient sans doute des sadducéens — des membres d’une
secte riche et très influente dans la sphère politique, qui
travaillait à des relations paisibles avec les Romains, re-
jetait la loi orale si chère aux pharisiens et se moquait
de la croyance en la résurrection1. Quelle contrariété de
découvrir Pierre et Jean dans le Temple, enseignant avec
bravoure que Jésus avait été ressuscité !
10
Furieux, les ennemis de Pierre et de Jean les ont je-
tés en prison et, le lendemain, les ont traînés devant le
tribunal suprême juif. Aux yeux de ces chefs élitis-
tes, ces ap ôtres étaient « des gens sans instruction et
1 Voir l’encadré « Le grand prêtre et les prêtres en chef », page 60.
9-11. a) Comment les chefs juifs ont-ils réagi au message de Pierre et
de Jean ? b) Qu’ont décidé les ap ôtres ?
« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 59
LE GRAND PR ÊTRE
ET LES PR ÊTRES EN CHEF
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Le grand prêtre représentait son peuple devant


Dieu. Au 1er siècle de notre ère, il était aussi le chef
du Sanhédrin. Il dirigeait les Juifs entouré des prêtres
en chef (c’est-à-dire d’anciens grands prêtres), comme
Anne, et d’autres hommes adultes des familles dans
lesquelles on choisissait les grands prêtres (peut-être
guère plus de quatre ou cinq familles). « Le simple
fait d’appartenir à une des familles privilégiées, écrit
le bibliste Emil Schürer, devait conférer une distinc-
tion particulière » parmi les prêtres (Geschichte des jü-
dischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi).
Les Écritures indiquent qu’on était grand prêtre à
vie (Nomb. 35:25). Mais durant la p ériode qu’em-
brasse le livre des Actes, les gouverneurs romains et
les rois régnant par la grâce de Rome établissaient
et déposaient les grands prêtres à leur guise. Il sem-
ble bien, cependant, que ces dirigeants païens choisis-
saient leurs préposés dans la lignée de prêtres issue
d’Aaron.

ordinaires » n’ayant pas le droit d’enseigner dans le


Temple. Ils n’avaient étudié dans aucune école reli-
gieuse reconnue. Pourtant, leur franc-parler et leur
conviction ont fait l’étonnement du tribunal. Qu’est-ce
qui les rendait si efficaces ? Entre autres raisons, ils
60 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« avaient été avec Jésus » (Actes 4:13). Leur Maître les
avait enseignés avec une autorité réelle, contrairement
aux scribes (Mat. 7:28, 29).
11
Le tribunal a donc ordonné aux ap ôtres de cesser
de prêcher. Dans la société d’alors, ses ordres avaient
beaucoup de poids. Juste quelques semaines avant,
cette même cour avait jugé que Jésus ‘méritait la mort’
(Mat. 26:59-66). Mais Pierre et Jean n’étaient pas inti-
midés. Face à ces hommes riches, instruits et influents,
ils ont déclaré sans peur mais avec respect : « À vous
de juger si, aux yeux de Dieu, il est juste de vous écou-
ter, vous, plutôt que Dieu. Mais nous, nous ne pouvons
pas cesser de parler des choses que nous avons vues et
entendues » (Actes 4:19, 20).
12 Es-tu capable d’un tel courage ? Qu’en est-il quand
tu as l’occasion de rendre témoignage devant des gens
riches, instruits ou influents de ton entourage ? Et si des
membres de ta famille, des camarades d’école ou des
collègues te raillent à cause de tes croyances ? Es-tu in-
timidé ? Si oui, tu peux surmonter ta peur. Quand il était
sur la terre, Jésus a appris aux ap ôtres à défendre leurs
croyances avec assurance et respect (Mat. 10:11-18).
12. Qu’est-ce qui nous fera acquérir courage et conviction ?
« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 61
Après sa résurrection, il a promis aux disciples qu’il res-
terait avec eux « tous les jours jusqu’à la p ériode finale
du monde » (Mat. 28:20). Sous sa direction, l’« esclave
fidèle et avisé » nous apprend à défendre nos croyances
(Mat. 24:45-47 ; 1 Pierre 3:15). Il le fait en nous ensei-
gnant lors des réunions de l’assemblée, telles que la ré-
union Vie chrétienne et ministère, et grâce à des articles
tels que ceux de la rubrique « Questions bibliques » du
site jw.org. Profites-tu bien de ces moyens mis à ta dis-
position ? Si oui, ton courage et ta conviction grandi-
ront. Alors, comme les ap ôtres, tu ne laisseras rien t’em-
p êcher de parler des vérités spirituelles merveilleuses
que tu as vues et entendues.
« Ils élevèrent la voix vers Dieu » (Actes 4:23-31)
13
À peine relâchés, Pierre et Jean sont allés retrouver
le reste de l’assemblée, avec qui ils ‘ont élevé la voix vers
Dieu’ en lui demandant de leur donner le courage de
continuer à prêcher (Actes 4:24). Pierre ne savait que
trop qu’il est insensé de se fier à sa propre force quand
on essaie de faire la volonté de Dieu. Quelques semaines
auparavant, n’avait-il pas affirmé, sûr de lui, à Jésus :
« Même si tous les autres trébuchent à cause de ce qui
13-14. Que devrions-nous faire si nous rencontrons de l’opposition, et
pourquoi ?
62 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
va t’arriver, moi je ne trébucherai jamais ! » Pourtant,
comme prédit par Jésus, il avait vite succombé à la
crainte de l’homme et avait renié son ami et enseignant.
Il avait tiré leçon de son erreur (Mat. 26:33, 34, 69-75).
14
La détermination ne suffit pas à soutenir quelqu’un
qui s’acquitte de sa mission de témoin de Christ. Quand
des adversaires essaient de briser ta foi ou de t’emp ê-
cher de prêcher, imite Pierre et Jean. Demande de la
force à Jéhovah. Cherche l’appui de l’assemblée. Fais
connaître aux anciens et à d’autres chrétiens mûrs les
difficultés que tu traverses. Les prières des autres peu-
vent être un soutien puissant (Éph. 6:18 ; Jacq. 5:16).
15 S’il t’est arrivé de c éder à la pression et de cesser
quelque temps de prêcher, ne te démoralise pas ! Rap-
pelle-toi : tous les ap ôtres ont cessé de prêcher tempo-
rairement après la mort de Jésus, mais très vite ils sont
redevenus actifs (Mat. 26:56 ; 28:10, 16-20). Au lieu de
te laisser abattre par des erreurs passées, ne peux-tu
pas en tirer des le çons utiles pour fortifier les autres ?
16 Que demander à Dieu lorsque des autorités nous
15. Pourquoi quelqu’un qui a cessé quelque temps de prêcher ne doit-il
pas se démoraliser ?
16-17. Qu’apprenons-nous de la prière prononcée par les disciples de
Christ à Jérusalem ?
« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 63
oppriment ? Remarque que les disciples ne l’ont pas prié
de leur éviter les épreuves. Ils se souvenaient bien aussi
de cette déclaration de Jésus : « S’ils m’ont persécuté,
ils vous persécuteront aussi » (Jean 15:20). Fidèles, ils
ont plutôt prié Jéhovah de ‘prêter attention’ aux mena-
ces des adversaires (Actes 4:29). Voyant la situation dans
son ensemble, ils reconnaissaient qu’en fait la persécu-
tion qu’ils subissaient réalisait les prophéties. Ils sa-
vaient que, comme Jésus leur avait appris à le demander
à Dieu, la volonté divine ‘se ferait sur la terre’, n’en dé-
plaise à de simples chefs humains (Mat. 6:9, 10).
17
Voulant faire la volonté de Dieu, les disciples l’ont
supplié : « Accorde à tes esclaves de continuer à dire
ta parole avec une totale assurance. » La réponse de Jé-
hovah a été immédiate ! « Le lieu où ils étaient rassem-
blés trembla, et ils furent tous remplis de l’esprit saint ;
et ils disaient la parole de Dieu avec assurance » (Ac-
tes 4:29-31). Rien ne peut emp êcher la volonté de Dieu
de se faire (Is. 55:11). Quelle que soit la grandeur des
obstacles, quelle que soit la puissance de l’adversaire,
si nous élevons la voix vers Dieu, soyons sûrs qu’il nous
accordera la force de continuer à dire sa parole avec
assurance, avec hardiesse.
64 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Des comptes à rendre, pas aux hommes, mais à Dieu
(Actes 4:32 – 5:11)
18
L’assemblée naissante de Jérusalem a vite grossi
jusqu’à compter 5 000 membres1. Quoique d’origines
diverses, les disciples n’avaient « qu’un seul cœur et
qu’une seule âme ». Ils étaient unis dans la même pen-
sée et dans la même opinion (Actes 4:32 ; 1 Cor. 1:10).
Ils ne se contentaient pas de demander à Jéhovah de
b énir leurs efforts. Ils se soutenaient les uns les autres
spirituellement et, si nécessaire, matériellement (1 Jean
3:16-18). Ainsi, le disciple Joseph, surnommé Barnab é
par les ap ôtres, a vendu un terrain à lui et a généreuse-
ment donné la somme intégrale pour aider les croyants
venus de pays lointains à séjourner à Jérusalem pour
en apprendre plus sur leur nouvelle foi.
19 Les époux Ananias et Saphira ont eux aussi vendu
une propriété et ont apporté une offrande. Ils ont feint
de donner tout le produit de la vente, mais ‘en se-
cret, ils en gardèrent une partie’ (Actes 5:2). Jéhovah
1 En 33, à Jérusalem, il ne se trouvait peut-être que 6 000 pharisiens,
et moins de sadduc éens encore. Sans doute est-ce une autre raison
pour laquelle ces deux groupes se sentaient de plus en plus menac és
par les enseignements de Jésus.
18. Que faisaient les disciples de Jérusalem les uns pour les autres ?
19. Pourquoi Jéhovah a-t-il exécuté Ananias et Saphira ?
« SANS INSTRUCTION ET ORDINAIRES » 65
les a fait mourir — non parce qu’ils n’avaient pas
donné assez, mais parce qu’ils avaient donné avec
des mobiles méchants et qu’ils avaient menti. ‘Ce
n’est pas aux hommes qu’ils avaient menti, mais à
Dieu’ (Actes 5:4). Comme les hypocrites que Jésus
avait condamnés, ils avaient davantage cherché à être
glorifiés par les hommes qu’à être approuvés par Dieu
(Mat. 6:1-3).
Aujourd’hui, avec une générosité semblable à celle
20

des disciples du 1er siècle à Jérusalem, des millions de


Témoins de Jéhovah soutiennent l’œuvre mondiale de
prédication en faisant des offrandes volontaires. Per-
sonne n’est obligé de donner de son temps ou de son
argent pour soutenir cette œuvre. Jéhovah ne veut as-
surément pas que nous le servions à contrecœur ou
sous la contrainte (2 Cor. 9:7). Quand nous donnons,
ce qui l’intéresse n’est pas la quantité, mais notre mo-
bile (Marc 12:41-44). N’imitons jamais Ananias et Sa-
phira en le servant par calcul ou par désir de briller.
Au contraire, comme Pierre, Jean et Barnab é, servons
toujours Jéhovah par amour sinc ère pour lui et pour
notre prochain (Mat. 22:37-40).
20. Quelles le çons tirons-nous sur la façon de donner à Jéhovah ?

66 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


CHAPITRE 5
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Nous devons ob éir à Dieu »


Les ap ôtres prennent une position qui cr ée un pr écédent
pour tous les vrais chr étiens
Actes 5:12 – 6:7

LES juges du Sanhédrin écument de rage ! Les ap ôtres


de Jésus comparaissent devant eux. Pourquoi ? Joseph
Caïphe, le grand prêtre et président du Sanhédrin,
fulmine : « Nous vous avions formellement interdit
de continuer d’enseigner en ce nom-là ! » La colère
l’étouffe au point que prononcer le nom de Jésus serait
trop pour lui. « Et voilà, poursuit-il, que vous avez rem-
pli Jérusalem de votre enseignement ! Vous êtes bien dé-
cidés à nous rendre responsables de la mort de cet
homme ! » (Actes 5:28). Le message est clair : Cessez
de prêcher, sinon...
2 Comment vont réagir les ap ôtres ? Leur mission de
prêcher leur vient de Jésus, qui tenait son pouvoir de
Dieu (Mat. 28:18-20). Vont-ils c éder à la crainte des
1-3. a) Pourquoi les ap ôtres ont-ils comparu devant le Sanhédrin, et à
quoi se résumait le problème ? b) Pourquoi la position prise par les ap ô-
tres nous intéresse-t-elle au plus haut point ?
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 67
hommes et se taire ? Ou auront-ils le courage de rester
fermes et de continuer à prêcher ? Le problème se
résume en fait à ceci : Vont-ils ob éir à Dieu ou à
l’homme ? Sans hésitation, l’ap ôtre Pierre répond pour
tous les ap ôtres ; ses paroles sont catégoriques et coura-
geuses.
3 La réaction des ap ôtres aux menaces du Sanhédrin
nous intéresse au plus haut point, nous, les vrais chré-
tiens. L’ordre de prêcher nous concerne, nous aussi, et
nous rencontrons de l’opposition dans l’exercice de
cette mission divine (Mat. 10:22). Des adversaires es-
saient parfois de restreindre ou d’interdire notre œuvre.
Que faire alors ? Il serait utile d’analyser la position
prise par les ap ôtres et les circonstances qui ont amené
à leur comparution devant le Sanhédrin1.
« L’ange de Jéhovah ouvrit les portes »
(Actes 5:12-21a)
4 Lorsque, préc édemment, on leur avait ordonné de
cesser de prêcher, Pierre et Jean avaient répondu :
« Nous ne pouvons pas cesser de parler des choses que
nous avons vues et entendues » (Actes 4:20). Après ces
1 Voir l’encadré « Le Sanhédrin, tribunal suprême des Juifs »,
page 69.
4-5. Pourquoi Caïphe et les sadducéens étaient-ils jaloux ?
68 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
LE SANHÉDRIN,
TRIBUNAL SUPR ÊME DES JUIFS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Même si la Judée était une province de son empire,


Rome permettait aux Juifs d’observer leurs propres
traditions et, en grande partie, de se gouverner eux-
mêmes. Les délits et les affaires civiles étaient du res-
sort des tribunaux locaux, mais les affaires sur les-
quelles ceux-ci ne pouvaient trancher étaient portées
devant le grand Sanhédrin à Jérusalem. Cette ma-
gistrature faisait fonction de tribunal suprême des
Juifs et de conseil administratif national. Elle avait
aussi le dernier mot sur l’interprétation de la loi
juive, et son autorité était respectée par les Juifs en
tous lieux.
Le Sanhédrin se réunissait dans sa chambre du
conseil, qui se trouvait soit dans l’aire du Temple, soit
à proximité immédiate. Il comptait 71 membres : le
grand prêtre, qui le présidait, d’autres nobles de la
prêtrise (dont des sadduc éens), des aristocrates laï-
ques, et enfin des scribes ou docteurs de la Loi. Les
jugements de ce tribunal étaient sans appel.

démêlés avec le Sanhédrin, eux et les autres ap ôtres


avaient continué de prêcher dans le Temple. Ils avaient
accompli de grands signes, notamment guéri les mala-
des et expulsé des démons. C’était « sous le portique de
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 69
Salomon », une colonnade couverte longeant le c ôté est
du Temple et très fréquentée par les Juifs. Apparem-
ment, même l’ombre de Pierre avait fait des guérisons !
Beaucoup de gens rétablis physiquement avaient ac-
cepté les paroles de guérison spirituelle. En consé-
quence, « des croyants au Seigneur continuaient à
s’ajouter, un grand nombre aussi bien d’hommes que de
femmes » (Actes 5:12-15).
5 Caïphe ainsi que les sadducéens, la secte religieuse
dont il faisait partie, avaient, par jalousie, fait enfermer
les ap ôtres (Actes 5:17, 18). Pourquoi cette exasp ération
des sadducéens ? Les ap ôtres enseignaient que Jésus
avait été ressuscité — mais eux ne croyaient pas en la ré-
surrection. Les ap ôtres disaient que seule la foi en Jésus
pouvait sauver quelqu’un — mais eux redoutaient les re-
présailles de Rome si le peuple prenait Jésus pour Guide
(Jean 11:48). Il n’est pas surprenant qu’ils se soient
acharnés à réduire ces hommes au silence !
6 De même, à notre époque, les principaux instiga-
teurs de la persécution des serviteurs de Jéhovah sont
des adversaires religieux. Ils essaient souvent d’user de
6. Qui sont aujourd’hui les principaux instigateurs de la persécution des
serviteurs de Jéhovah, et pourquoi ne faut-il pas s’en étonner ?
70 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
leur influence sur les autorités gouvernementales et les
médias pour emp êcher notre prédication. Faut-il s’en
étonner ? Non. Notre message met à nu la fausse reli-
gion. En acceptant les vérités bibliques, les gens sinc è-
res se lib èrent des croyances et des pratiques non bibli-
ques (Jean 8:32). Quoi de plus logique si notre message
remplit de jalousie et de haine les chefs religieux ?
7 Attendant leur proc ès au fond de leur cellule, les
ap ôtres se demandaient sans doute s’ils devaient s’ap-
prêter au martyre (Mat. 24:9). Mais, durant la nuit,
coup de théâtre : « L’ange1 de Jéhovah ouvrit les por-
tes de la prison » (Actes 5:19). Puis il leur donna cette
instruction précise : « Allez dans le Temple et continuez
à dire » le message chrétien (Actes 5:20). Cela a certai-
nement confirmé aux ap ôtres qu’ils avaient bien agi et
les a aussi fortifiés pour rester fermes quoi qu’il arrive.
Alors, avec une foi et un courage inébranlables, ils
« entrèrent dans le Temple dès l’aube et se mirent à en-
seigner » (Actes 5:21).
1 C’est ici la première des 20 fois où des anges sont mentionnés
explicitement dans les Actes. Plus haut, en Actes 1:10, il en est ques-
tion indirectement par l’expression « hommes en vêtements blancs ».
7-8. Quel effet l’ordre de l’ange a-t-il certainement eu sur les ap ôtres,
et que ferions-nous bien de nous demander ?
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 71
8 Chacun de nous devrait se demander : « Aurais-je
la foi et le courage nécessaires pour continuer de
prêcher dans des circonstances semblables ? » Forti-
fions-nous à l’idée que l’œuvre capitale de « témoi-
gnage au sujet du royaume de Dieu » b énéficie du
soutien et de la direction des anges (Actes 28:23 ;
Rév. 14:6, 7).
« Nous devons ob éir à Dieu plutôt qu’aux hommes »
(Actes 5:21b-33)
9 Caïphe et les autres juges du Sanhédrin étaient
maintenant prêts à s’occuper des ap ôtres. Ignorant l’in-
cident de la prison, ils ont envoyé des agents chercher
les prisonniers. On imagine la surprise des agents en
trouvant la cellule vide, alors que « la prison était soi-
gneusement verrouillée » et que « les gardiens étaient
postés aux portes » ! (Actes 5:23). Vite prévenu que les
ap ôtres étaient de retour au Temple et rendaient témoi-
gnage au sujet de Jésus Christ — précisément ce pour
quoi on les avait jetés en prison ! —, le capitaine du
Temple s’est précipité sur place avec ses agents et les a
ramenés sous bonne escorte au Sanhédrin.
9-11. Comment les ap ôtres ont-ils réagi quand le Sanhédrin leur a inter-
dit de prêcher, et quel précédent leur réaction a-t-elle cré é pour les vrais
chrétiens ?
72 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
10 Comme le raconte l’introduction de ce chapitre, les
chefs religieux furieux ont enjoint aux ap ôtres de ces-
ser de prêcher. Comment ceux-ci ont-ils réagi ? Se fai-
sant le porte-parole du groupe, Pierre a répondu vail-
lamment : « Nous devons ob éir à Dieu plutôt qu’aux
hommes » (Actes 5:29). Les ap ôtres ont cré é là un pré-
c édent pour les chrétiens de tous les temps. Un chef
humain perd son droit à notre ob éissance lorsqu’il
interdit ce que Dieu exige, ou exige ce que Dieu inter-
dit. Donc, si aujourd’hui les « autorités sup érieures »
interdisent notre œuvre, nous ne pouvons pas interrom-
pre notre mission divine de prêcher la bonne nouvelle
(Rom. 13:1). Nous trouvons alors des moyens discrets
de continuer à rendre pleinement témoignage au sujet
du royaume de Dieu.
11 Évidemment, cette réponse hardie a mis les ju-
ges, déjà passablement irrités, dans une colère noire.
C’était décidé, il fallait « supprimer » les ap ôtres
(Actes 5:33). Le martyre semblait inévitable pour
ces témoins zélés et courageux. Oui, mais... un se-
cours allait venir sous une forme tout à fait inhabi-
tuelle !
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 73
« Vous ne pourrez pas les renverser » (Actes 5:34-42)
12 Gamaliel1, « un enseignant de la Loi estimé de tout
le peuple », a pris la parole. Ce légiste était certaine-
ment très respecté de ses collègues, puisqu’il est inter-
venu avec autorité, donnant même l’ordre de ‘faire sor-
tir les ap ôtres un instant’ (Actes 5:34). Citant des
exemples de révoltes préc édentes vite avortées après la
mort des meneurs, il a exhorté le tribunal à la patience
et à la tolérance envers les ap ôtres, dont le Chef, Jésus,
était mort depuis peu. Il a tenu ce raisonnement per-
suasif : « Ne vous occupez pas de ces hommes ; laissez-
les. Car si cette entreprise ou cette œuvre vient des
hommes, elle sera renversée ; mais si elle vient de Dieu,
vous ne pourrez pas les renverser. Attention, vous ris-
quez même de vous retrouver en train de combattre
contre Dieu » (Actes 5:38, 39). Les juges l’ont écouté.
Mais ils ont quand même fait flageller les ap ôtres et
leur ont ordonné « de ne plus parler au nom de Jésus »
(Actes 5:40).
1 Voir l’encadré « Gamaliel, estimé parmi les rabbins », page 75.
12-13. a) Quel conseil Gamaliel a-t-il donné à ses collègues, et qu’ont
fait ces derniers ? b) Comment Jéhovah vient-il parfois au secours de
son peuple aujourd’hui, et de quoi pouvons-nous être sûrs s’il permet que
nous ‘souffrions pour la justice’ ?
74 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
GAMALIEL, ESTIM É PARMI LES RABBINS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

De l’avis général, le Gamaliel des Actes fut Gama-


liel l’ancien, petit-fils de Hillel, lequel avait fondé la
plus lib érale des deux écoles de pharisaïsme qui exis-
taient. Gamaliel occupait un rang éminent au Sanhé-
drin ; il était si estimé parmi les rabbins qu’il a été le
premier à recevoir le titre honorifique de « Rabban ».
« Depuis la mort de R[abban] Gamaliel l’ancien, dit
la Mishna, la gloire de la Loi s’est éteinte, et avec elle
sont ruinés la pureté et le Pharisaïsme [« l’austérité
et la vie religieuse », note] » (Le Talmud de Jérusalem,
trad. M. Schwab). On attribue à Gamaliel plusieurs dé-
cisions juridiques bienveillantes. « Soulignons en par-
ticulier, dit l’Encyclopaedia Judaica, sa décision de per-
mettre à une femme de se remarier sur le témoignage
d’une seule personne ayant vu son mari mort. » On ra-
conte également qu’il a promulgué des lois protégeant
les épouses de maris sans scrupules ainsi que les veu-
ves d’enfants sans scrupules, et qu’il a revendiqué pour
les Gentils pauvres les mêmes droits de glanage que
ceux des Juifs pauvres.

13 Aujourd’hui comme hier, Jéhovah peut susciter des


grands hommes comme Gamaliel pour interc éder en fa-
veur de son peuple (Prov. 21:1). Il peut, par son esprit,
pousser des puissants — chefs, juges ou législateurs —
à agir selon sa volonté (Néh. 2:4-8). Mais s’il permet que
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 75
nous ‘souffrions pour la justice’, nous pouvons être sûrs
de deux choses (1 Pierre 3:14). Premièrement, il peut
nous donner la force d’endurer (1 Cor. 10:13). Deuxiè-
mement, les ennemis ne pourront pas ‘renverser son
œuvre’ (Is. 54:17).
14 La flagellation a-t-elle démoralisé les ap ôtres ou af-
faibli leur résolution ? Pas du tout ! Ils ‘se retirèrent de
devant le Sanhédrin, heureux’ (Actes 5:41). Pourquoi
étaient-ils heureux ? Sûrement pas en raison de la dou-
leur physique due aux coups de fouet, mais bien parce
qu’ils savaient qu’ils étaient persécutés pour être restés
intègres devant Jéhovah et avoir suivi les traces de leur
Exemple, Jésus (Mat. 5:11, 12).
15 Comme nos frères du 1er siècle, nous endurons avec
joie quand nous souffrons à cause de la bonne nouvelle
(1 Pierre 4:12-14). Non, nous n’aimons pas subir mena-
ces, persécution ou emprisonnement. Mais nous éprou-
vons une satisfaction profonde à rester intègres. Citons
l’exemple de Henryk Dornik, qui a souffert pendant des
années sous des régimes totalitaires. En août 1944,
son frère et lui ont été envoyés dans un camp de
14-15. a) La flagellation a-t-elle découragé les ap ôtres ? Sinon, pour-
quoi ? b) Quel fait montre que les serviteurs de Jéhovah endurent avec
joie ?
76 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
concentration. On disait d’eux : « Il est impossible de
les convaincre de faire quoi que ce soit. Ils trouvent de
la joie dans leur martyre. » « En réalité, explique-t-il, je
ne souhaitais pas être un martyr, mais le fait de souffrir
avec courage et dignité en raison de ma fidélité à Jého-
vah me procurait de la joie » (Jacq. 1:2-4).
16 Sans perdre de temps, les ap ôtres se sont remis à
prêcher. Résolument, ils ont continué « chaque jour,
dans le Temple et de maison en maison1, [...] à enseigner
et à annoncer la bonne nouvelle concernant le Christ,
Jésus » (Actes 5:42). Ces prédicateurs zélés étaient déter-
minés à rendre pleinement témoignage. Notons qu’ils
portaient leur message au domicile des gens, comme Jé-
sus Christ l’avait demandé (Mat. 10:7, 11-14). C’est sans
doute ainsi qu’ils avaient pu remplir Jérusalem de leur
enseignement. Les Témoins de Jéhovah ont la réputation
de suivre la méthode de prédication des ap ôtres. En pas-
sant dans chaque foyer de notre territoire, nous expri-
mons clairement notre désir de faire, nous aussi, les
choses à fond, de donner à toute personne l’occasion
1 Voir l’encadré « La prédication “de maison en maison” », page 78.
16. Comment les ap ôtres ont-ils manifesté leur détermination à rendre
pleinement témoignage, et en quoi suivons-nous la méthode apostolique
de prédication ?
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 77
LA PR ÉDICATION
« DE MAISON EN MAISON »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Bravant l’interdiction du Sanhédrin, les disciples ont


continué de prêcher et d’enseigner « chaque jour, dans
le Temple et de maison en maison » (Actes 5:42). Que si-
gnifie au juste « de maison en maison » ?
Dans le texte grec original, l’expression kat oïkon si-
gnifie littéralement « selon la maison ». Plusieurs tra-
ducteurs expliquent que le mot kata doit s’entendre au
sens « distributif », autrement dit la prédication des
disciples était distribuée d’une maison à l’autre. On
trouve un emploi semblable de kata en Luc 8:1 où, lit-
on, Jésus prêchait « de ville en ville et de village en
village ».
La forme plurielle, kat oïkous, est employée en Actes
20:20, où l’ap ôtre Paul dit aux responsables chrétiens
qu’il ne s’était pas retenu de les enseigner « en public
et de maison en maison ». La preuve qu’il ne parlait pas
d’avoir juste enseigné au domicile des anciens, comme
le laissent entendre certains, est donnée dans le verset
suivant : « J’ai pleinement rendu témoignage tant de-
vant les Juifs que devant les Grecs au sujet du repentir
envers Dieu et de la foi en notre Seigneur Jésus » (Actes
20:21). Ses coreligionnaires s’étaient déjà repentis et
avaient déjà foi en Jésus. À l’évidence, donc, sa prédica-
tion et son enseignement de maison en maison avaient
consisté à donner le témoignage aux non-croyants.

78 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


d’entendre la bonne nouvelle. Jéhovah b énit-il notre mi-
nistère de porte en porte ? Oh oui ! Des millions d’hu-
mains acceptent le message du Royaume en ce temps de
la fin, beaucoup ayant entendu la bonne nouvelle pour
la première fois quand un Témoin a frapp é à leur porte.
Des hommes comp étents prépos és
à une « tâche nécessaire » (Actes 6:1-6)
17 Mais voilà qu’un p éril subtil menaçait l’assemblée
de l’intérieur. Lequel ? Beaucoup de disciples qui se fai-
saient baptiser n’étaient que de passage à Jérusalem, et
ils voulaient en apprendre davantage avant de repartir.
Les disciples habitant Jérusalem donnaient volontiers
de l’argent pour subvenir à leurs besoins alimentaires
ou autres (Actes 2:44-46 ; 4:34-37). Or une situation dé-
licate a surgi. « Lors de la distribution quotidienne »
de nourriture, les veuves de langue grecque étaient
‘négligées’ (Actes 6:1). Celles de langue hébraïque, elles,
ne l’étaient pas. Apparemment, on avait affaire à un
problème de discrimination. Peu de problèmes ont au-
tant la faculté de semer la zizanie que celui-là.
18 Les ap ôtres, servant de collège central pour l’as-
semblée en expansion, ont reconnu qu’il n’était pas
17-19. Quel problème délicat a surgi, et quelle instruction les ap ôtres
ont-ils donnée pour le résoudre ?
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 79
judicieux qu’eux-mêmes ‘délaissent la parole de Dieu
pour distribuer la nourriture’ (Actes 6:2). Comme solu-
tion, ils ont proposé que l’on cherche sept hommes
« pleins d’esprit et de sagesse » qu’ils puissent prépo-
ser à cette « tâche nécessaire » (Actes 6:3). Il fallait des
hommes comp étents, la tâche ne consistant sans doute
pas qu’à servir la nourriture, mais aussi à manipuler de
l’argent, à acheter des vivres et à tenir des comptes mi-
nutieux. Les sept disciples qui ont été choisis avaient
tous des noms grecs, ce qui les ferait mieux accepter
par les veuves lésées. Après avoir considéré leur recom-
mandation avec force prières, les ap ôtres les ont donc
préposés à cette « tâche nécessaire1 ».
La responsabilité de distribuer la nourriture exemp-
19

tait-elle ces sept hommes de celle de prêcher la bonne


nouvelle ? Absolument pas ! Parmi eux, il y avait
Étienne, qui plus tard se révélerait un témoin énergique
et hardi (Actes 6:8-10). Était aussi du nombre Philippe,
qui est appelé « l’évangélisateur » (Actes 21:8). Ainsi
donc, les sept hommes sont restés des prédicateurs zé-
lés du Royaume.
1 Ces hommes remplissaient certainement les conditions requises
des anciens, car cette « tâche nécessaire » était une lourde respon-
sabilité. Toutefois, les Écritures n’indiquent pas avec précision quand
on a commenc é à établir des anciens, ou responsables, dans l’assem-
blée chrétienne.
80 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
20 Les serviteurs de Jéhovah des temps modernes sui-
vent le modèle apostolique. Tout homme recommandé
pour des responsabilités dans l’assemblée doit manifes-
ter la sagesse divine, et sa conduite doit attester que l’es-
prit saint op ère sur lui. Les hommes qui remplissent les
conditions requises dans la Bible sont établis, sous la di-
rection du Collège central, anciens ou assistants dans les
assemblées1 (1 Tim. 3:1-9, 12, 13). On peut donc dire que
ceux qui ont les aptitudes requises sont établis par l’es-
prit saint. Ces frères travailleurs assument beaucoup
de ‘tâches nécessaires’. Ainsi, les anciens coordonnent
l’aide pratique apportée aux fidèles âgés qui en ont réel-
lement besoin (Jacq. 1:27). Certains se dévouent à la
construction de salles du Royaume, à l’organisation d’as-
semblées ou bien dans les comités de liaison hospita-
liers. Les assistants remplissent de nombreuses fonctions
qui ne concernent pas directement l’œuvre pastorale ou
l’enseignement. Tous ces hommes qualifiés doivent équi-
librer leurs responsabilités relatives à l’assemblée et à
1 Au 1er siècle, des hommes qualifiés étaient autorisés à nommer des
anciens (Actes 14:23 ; 1 Tim. 5:22 ; Tite 1:5). Aujourd’hui, le Collège
central nomme les responsables de circonscription, qui eux-mêmes
ont la responsabilité de nommer des anciens et des assistants.
20. En quoi les serviteurs de Dieu des temps modernes suivent-ils le mo-
dèle apostolique ?
« NOUS DEVONS OBÉIR À DIEU » 81
l’organisation avec leur obligation divine de prêcher la
bonne nouvelle du Royaume (1 Cor. 9:16).
« La parole de Dieu continuait à se répandre »
(Actes 6:7)
21 Avec le soutien de Jéhovah, l’assemblée naissante a
résisté à la persécution du dehors et à un facteur de di-
vision interne. La b énédiction divine a été manifeste,
puisqu’on lit : « La parole de Dieu continua donc à se
répandre, et le nombre des disciples se multipliait con-
sidérablement à Jérusalem ; et un très grand nombre de
prêtres se mit à ob éir à la foi » (Actes 6:7). Et ce n’est
là qu’un des nombreux comptes rendus que donne le li-
vre des Actes (Actes 9:31 ; 12:24 ; 16:5 ; 19:20 ; 28:31).
Pour notre part, ne sommes-nous pas encouragés quand
nous entendons parler des progrès de la prédication du
Royaume dans des régions du monde autres que la
nôtre ?
22 En ce 1er siècle de notre ère, les chefs religieux en-
ragés n’étaient pas près de renoncer. Une vague de per-
sécution pointait à l’horizon. Comme on le verra dans
le chapitre suivant, Étienne est devenu la cible d’une
opposition cruelle.
21-22. Qu’est-ce qui montre que Jéhovah b énissait l’assemblée nais-
sante ?
82 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
PARTIE 2 ˙ AC T E S 6:8 – 9:43
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« UNE GRANDE PERSÉCUTION


CONTRE L’ASSEMBLÉE
ÉCLATA »
ACTES 8:1

Au 1er siècle, l’opposition grandissante a-t-elle


empêch é les chrétiens de rendre témoignage au
sujet du royaume de Dieu ? Bien au contraire.
Dans cette partie, nous verrons qu’en fait la
persécution violente a favorisé l’expansion de
l’œuvre de prédication.
CHAPITRE 6
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Étienne, plein de faveur divine


et de puissance »
Les le çons à tirer du témoignage courageux
d’Étienne devant le Sanhédrin
Actes 6:8 – 8:3

ÉTIENNE est face au tribunal, 71 hommes plac és en


large demi-cercle dans une imposante salle, peut-être
tout près du temple de Jérusalem. Ce tribunal, le San-
hédrin, tient séance aujourd’hui pour faire son pro-
c ès. Les juges sont des hommes puissants, influents,
dont la plupart ont peu d’estime pour ce disciple de
Jésus. D’ailleurs, l’homme qui a convoqué la cour est
le grand prêtre Caïphe, celui qui présidait quand le
Sanhédrin a condamné Jésus Christ à mort il y a quel-
ques mois. Étienne a-t-il peur ?
2 Sa physionomie en cet instant a quelque chose
d’extraordinaire. Les yeux fixés sur lui, ses juges voient
que son visage est « comme un visage d’ange » (Actes
6:15). Les anges, porteurs des messages de Jéhovah
1-3. a) Dans quelle situation effrayante Étienne se trouvait-il, et com-
ment a-t-il réagi ? b) Quelles questions allons-nous examiner ?
84 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Dieu, ont des raisons d’être tranquilles, sereins et pai-
sibles. C’est le cas d’Étienne ; même ses juges haineux
le constatent. Comment peut-il être si calme ?
3Il y a pour nous de grandes le çons à tirer de la ré-
ponse à cette question. Il nous faut savoir aussi ce qui
a amené Étienne à ce moment dramatique. Comment
avait-il défendu sa foi auparavant ? De quelles façons
pouvons-nous l’imiter ?
« Ils excitèrent le peuple » (Actes 6:8-15)
4 Nous savons déj à qu’Étienne était un élément pré-

cieux dans l’assemblée chrétienne débutante. Le cha-


pitre préc édent a montré qu’il était l’un des sept hom-
mes humbles qui se sont volontiers rendus utiles aux
ap ôtres quand on les a appelés à l’aide. Son humilité
est encore plus remarquable si l’on tient compte des
dons qu’il possédait. En Actes 6:8, on lit qu’il avait le
pouvoir d’accomplir « des miracles et des signes gran-
dioses », comme certains des ap ôtres. On lit aussi
qu’il était « plein de faveur divine et de puissance ».
En quel sens ?
5 Le mot grec rendu par « faveur divine » peut aussi
être traduit par « charme ». Étienne était sans doute
4-5. a) Pourquoi Étienne était-il un élément précieux dans l’assemblée ?
b) En quel sens Étienne était-il « plein de faveur divine et de puissance » ?
« ÉTIENNE, PLEIN DE FAVEUR DIVINE ET DE PUISSANCE » 85
un homme aimable, gentil, engageant. Il s’exprimait
de telle sorte qu’il persuadait nombre de ses auditeurs
et les convainquait vite de sa sinc érité et des vertus
salutaires des vérités qu’il exposait. Il était plein de
puissance parce que, comme il se soumettait humble-
ment à sa direction, l’esprit de Jéhovah agissait en
lui. Au lieu de s’enorgueillir de ses dons et de ses
capacités, il renvoyait toute louange à Jéhovah et
montrait de la sollicitude aux gens à qui il s’adres-
sait. On comprend que ses ennemis l’aient trouvé
redoutable !
6 Plusieurs hommes1 se sont manifestés pour discu-
ter avec lui, mais « ils ne pouvaient pas rivaliser avec
sa sagesse et l’esprit qui l’animait quand il parlait ».
D épités, ils ont ‘persuadé en secret’ d’autres hommes
de porter plainte contre ce disciple de Christ, contre
un innocent. Ils ont aussi ‘excité le peuple, les anciens
1 Certains de ces ennemis appartenaient à la « synagogue dite
des Affranchis ». Peut-être avaient-ils été autrefois capturés par les
Romains et lib érés plus tard, ou étaient-ils des esclaves affranchis
devenus des prosélytes. Certains étaient de Cilicie, comme Saul de
Tarse. L’histoire ne dit pas si Saul était de ces Ciliciens qui n’ont pas
pu tenir tête à Étienne.
6-8. a) Quelle double accusation les ennemis d’Étienne ont-ils portée
contre lui, et pourquoi ? b) Pourquoi l’exemple d’Étienne peut-il être
utile aux chrétiens d’aujourd’hui ?
86 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
et les scribes’, si bien qu’Étienne a été emmené de
force au Sanhédrin (Actes 6:9-12). Puis ses ennemis
ont porté contre lui cette double accusation : il blas-
phémait Dieu et il blasphémait Moïse. Comment cela ?
7 Ces accusateurs mensongers disaient qu’Étienne
blasphémait Dieu en ce qu’il parlait contre « ce lieu
saint », le temple de Jérusalem (Actes 6:13). Il blas-
phémait Moïse en ce qu’il critiquait la Loi mosaïque,
ce qui revenait à changer les coutumes transmises par
le prophète. L’accusation était très grave, car en ce
temps-là les Juifs attachaient une grande importance
au Temple, aux détails de la Loi mosaïque et aux nom-
breuses traditions orales qu’ils y avaient ajoutées. Elle
signifiait par conséquent qu’Étienne était dangereux
et passible de mort !
8 Hélas ! il n’est pas rare que des gens croyants em-
ploient de telles tactiques pour créer des ennuis aux
serviteurs de Dieu. Aujourd’hui encore, il arrive que
des détracteurs religieux incitent les autorités séculiè-
res à persécuter les Témoins de Jéhovah. Comment
réagir lorsque nous sommes l’objet d’accusations tor-
tueuses ou mensongères ? Tirons le çon de l’exemple
d’Étienne.
« ÉTIENNE, PLEIN DE FAVEUR DIVINE ET DE PUISSANCE » 87
Un témoignage hardi au sujet du « Dieu de gloire »
(Actes 7:1-53)
9 Comme on l’a dit, le visage d’Étienne était serein,

angélique, pendant qu’il écoutait les plaintes formu-


lées contre lui. Sur quoi Caïphe lui a demandé : « Est-
ce bien vrai ? » (Actes 7:1). C’était au tour d’Étienne
de parler. Et pour parler, il a parlé !
Des critiques ont décrié le discours d’Étienne en
10

disant que, malgré sa longueur, il n’a même pas dé-


menti les accusateurs. En réalité, ce chrétien a donné
un exemple magistral de la façon de « présenter une
défense » de la bonne nouvelle (1 Pierre 3:15). N’ou-
blions pas qu’on l’accusait de blasphémer Dieu en dé-
nigrant le Temple et de blasphémer Moïse en parlant
contre la Loi. Sa réponse consiste en un résumé de
trois p ériodes de l’histoire d’Israël, où il accentue soi-
gneusement certaines idées. Considérons ces trois p é-
riodes l’une après l’autre.
L’ère des patriarches (Actes 7:1-16). Étienne a com-
11

menc é par évoquer Abraham, que les Juifs respec-


taient pour sa foi. À partir de cet important terrain
9-10. Qu’ont affirmé des critiques à propos du discours d’Étienne devant
le Sanhédrin, mais que ne faut-il pas oublier ?
11-12. a) Quel usage efficace Étienne a-t-il fait de l’exemple d’Abra-
ham ? b) Pourquoi était-il pertinent qu’Étienne parle de Joseph ?
88 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
d’entente, il a souligné que Jéhovah, le « Dieu de
gloire », s’était jadis révélé à Abraham en Méso-
potamie (Actes 7:2). À l’époque, celui-ci était rési-
dent étranger en Terre promise. Il n’avait ni Temple
ni Loi mosaïque. Comment pouvait-on soutenir que
la fidélité à Dieu devait toujours dépendre de ces
choses ?
12Les auditeurs d’Étienne estimaient aussi grande-
ment Joseph, descendant d’Abraham. Or, a-t-il rap-
pelé, ses propres frères, les p ères des tribus d’Israël,
avaient persécuté ce juste et l’avaient vendu en escla-
vage. Pourtant, c’est de lui que Dieu s’était servi pour
sauver Israël de la famine. Nul doute qu’Étienne dis-
cernait les similitudes frappantes qu’il y avait entre
Joseph et Jésus Christ, mais il a gardé pour lui cette
comparaison afin de se concilier son auditoire le plus
longtemps possible.
13Le temps de Moïse (Actes 7:17-43). Étienne a parlé
longuement de Moïse ; c’était judicieux, puisque
beaucoup de membres du Sanhédrin étaient des
sadduc éens, qui rejetaient tout livre de la Bible autre
13. Comment l’argumentation d’Étienne au sujet de Moïse a-t-elle ré-
futé les accusations portées contre lui, et quelle idée a-t-il pu marteler
ainsi ?
« ÉTIENNE, PLEIN DE FAVEUR DIVINE ET DE PUISSANCE » 89
« MARTYR », EN QUEL SENS ?
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Le mot français « martyr » vient du grec martus,


qui signifie « témoin », c’est-à-dire quelqu’un qui voit
ou entend une action ou un fait. Mais le mot grec si-
gnifie plus que cela. Le martus de la Bible est aussi
« actif », dit un dictionnaire de grec, « appelé à dire
ce qu’il a vu et entendu, à affirmer ce qu’il sait ». Tous
les vrais chrétiens ont l’obligation de témoigner de ce
qu’ils savent sur Jéhovah et ses projets (Luc 24:48 ;
Actes 1:8). Les Écritures qualifient Étienne de « té-
moin » parce qu’il parlait de Jésus (Actes 22:20).
Témoigner en tant que chrétien signifie souvent af-
fronter l’opposition, les arrestations, les coups, voire
la mort. C’est pourquoi, dès le 2e siècle de notre ère,
« martyr » a pris aussi le sens de personne qui souf-
fre toutes ces choses pour avoir refusé d’abjurer sa
foi. C’est en ce sens qu’Étienne peut être appelé le
premier martyr chrétien. Cependant, à l’origine, quel-
qu’un était un « martyr » parce qu’il témoignait, et
non parce qu’il mourait.

que les écrits du prophète. Souvenons-nous aussi


qu’on l’accusait d’avoir blasphémé Moïse. Ses propos
ont donc réfuté directement cette accusation, car ils
ont montré qu’il avait le plus grand respect pour
Moïse et la Loi (Actes 7:38). Il a fait remarquer que
90 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Moïse, alors âgé de 40 ans, avait été lui aussi rejeté
par ceux qu’il essayait de sauver et que, plus de 40 ans
après, les mêmes avaient contesté son autorité à main-
tes reprises1. Il martelait ainsi cette idée essentielle :
très souvent, le peuple de Dieu a rejeté ceux qu’il
avait établis pour le diriger.
14 Puis Étienne a remémoré à son auditoire que
Moïse avait prédit qu’un prophète comme lui-même
se lèverait d’Israël. Qui serait-ce, et comment serait-il
re çu ? Les réponses, Étienne les réservait pour sa
conclusion. Mais il a démontré autre chose encore :
Moïse avait appris que tout sol peut être rendu sacré,
comme celui du buisson ardent, où Jéhovah lui avait
parlé. Alors, peut-on limiter ou circonscrire le culte
de Jéhovah à un seul bâtiment, tel que le temple de
Jérusalem ? Voyons cela.
15 Le tabernacle et le Temple (Actes 7:44-50). Étienne
1 Le discours d’Étienne contient des renseignements qu’on ne
trouve nulle part ailleurs dans la Bible, comme des faits sur l’ins-
truction que Moïse a re çue en Égypte, son âge la première fois qu’il
a fui ce pays et la longueur de son séjour en Madian.
14. Quelles idées Étienne a-t-il étayées en prenant l’exemple de
Moïse ?
15-16. a) Pourquoi le tabernacle était-il important dans le raisonnement
d’Étienne ? b) Comment Étienne s’est-il servi du Temple dans sa démons-
tration ?
« ÉTIENNE, PLEIN DE FAVEUR DIVINE ET DE PUISSANCE » 91
a rappelé au tribunal qu’avant l’existence de tout
temple à Jérusalem, Dieu avait commandé à Moïse la
construction d’un tabernacle — une tente portative
pour le culte. Qui pouvait oser prétendre que le ta-
bernacle était inférieur au Temple, alors que Moïse
lui-même y avait adoré ?
16 Plus tard, quand Salomon eut bâti le Temple à Jé-
rusalem, Dieu lui avait inspiré l’enseignement d’une
le çon capitale dans sa prière d’inauguration : « Le
Très-Haut n’habite pas dans des maisons faites par
des mains », selon la formulation d’Étienne (Actes
7:48 ; 2 Chron. 6:18). Jéhovah peut se servir d’un
temple pour réaliser ses projets, mais il n’y est pas
confiné. Dans ce cas, pourquoi ses adorateurs de-
vraient-ils estimer que le culte pur dépend d’un bâti-
ment fait par des mains humaines ? Un raisonnement
qu’Étienne a mené à une conclusion percutante en ci-
tant Isaïe : « Le ciel est mon trône, et la terre est
mon marchepied. Quel genre de maison me cons-
truirez-vous ?, demande Jéhovah. Et où est mon
lieu de repos ? C’est ma main qui a fait toutes
ces choses, n’est-ce pas ? » (Actes 7:49, 50 ; Is.
66:1, 2).
92 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
17 À ce stade du discours d’Étienne, n’es-tu pas
d’avis qu’il a adroitement révélé les intentions de ses
accusateurs ? Il a montré aussi que le projet de Jého-
vah n’est ni statique ni figé dans la tradition, mais
qu’il est progressif et dynamique. Ceux qui s’enli-
saient dans la vénération pour le splendide bâtiment
de Jérusalem, ainsi que pour les coutumes et tradi-
tions développ ées autour de la Loi mosaïque, per-
daient de vue toute la raison d’être de la Loi et du
Temple ! Le raisonnement d’Étienne soulevait indirec-
tement cette question cruciale : N’honore-t-on pas
mieux la Loi et le Temple en ob éissant à Jéhovah ? En
réalité, dans son plaidoyer, le disciple a présenté une
excellente défense de ses propres actions, car il ob éis-
sait à Jéhovah de son mieux.
18Qu’apprenons-nous du discours d’Étienne ? D éj à,
que ce chrétien connaissait très bien les Écritures.
Soyons de même des étudiants assidus de la Bible
pour pouvoir ‘exposer correctement la parole de la
vérité’ (2 Tim. 2:15). Le charme et le tact d’Étienne
nous donnent une autre le çon. Ses auditeurs auraient
17. Comment le discours d’Étienne a-t-il a) percé à jour les intentions
de ses auditeurs et b) réfuté les accusations portées contre lui ?
18. Dans quels domaines devrions-nous nous efforcer d’imiter Étienne ?
« ÉTIENNE, PLEIN DE FAVEUR DIVINE ET DE PUISSANCE » 93
difficilement pu être plus hostiles ! Pourtant, aussi
longtemps que possible, il est resté sur un terrain
d’entente avec eux en s’étendant sur des sujets qu’ils
tenaient en haute estime. Il s’est également adressé à
ces anciens avec respect, les appelant « p ères » (Ac-
tes 7:2). Nous aussi, présentons les vérités de la Pa-
role de Dieu avec « douceur et profond respect »
(1 Pierre 3:15).
Toutefois, que la crainte de heurter les gens ne
19

nous retienne pas de communiquer les vérités de la


Parole de Dieu ; n’édulcorons pas non plus les mes-
sages de jugement de Jéhovah. Étienne est en cela un
exemple typique. Il voyait probablement que tous ses
arguments avaient peu d’effet sur ses juges implaca-
bles. Aussi, poussé par l’esprit saint, il a achevé son
plaidoyer en leur montrant courageusement qu’ils res-
semblaient à leurs anc êtres qui avaient rejeté Joseph,
Moïse et tous les prophètes (Actes 7:51-53). En effet,
ils avaient, eux, assassiné le Messie, dont Moïse et
tous les prophètes avaient justement prédit la venue.
Ils avaient bel et bien transgressé la Loi mosaïque de
la pire façon possible !
19. Quel message de jugement Étienne a-t-il courageusement transmis
au Sanhédrin ?
94 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« Seigneur Jésus, re çois mon esprit »
(Actes 7:54 – 8:3)
20 La vérité irréfutable des paroles d’Étienne a fini

d’excéder les juges. Perdant tout vernis de dignité, ils


grinçaient des dents contre lui. À cet instant, ce fidèle a
dû discerner qu’on n’aurait envers lui aucune clémence,
pas plus qu’on n’en avait eu envers son Maître, Jésus.
21 Étienne avait besoin de courage pour affronter ce
qui l’attendait ; la vision que Jéhovah a eu la bonté de
lui accorder alors l’a sûrement beaucoup encouragé.
Qu’a-t-il vu ? La gloire de Dieu, et Jésus debout à la
droite de Jéhovah ! Quand il a décrit ce qu’il contem-
plait, ses juges ont mis leurs mains sur leurs oreilles.
Pourquoi ? Quelque temps plus tôt, Jésus avait expli-
qué à ce même tribunal qu’il était le Messie et qu’il se-
rait bientôt à la droite de son Père (Marc 14:62). Cette
vision prouvait qu’il avait dit vrai. Ce Sanhédrin avait
en définitive trahi et assassiné le Messie ! D’un com-
mun accord, les hommes se sont précipités pour faire
lapider Étienne1.
1 Il n’est pas certain que, sous la loi romaine, le Sanhédrin ait eu le
pouvoir d’ordonner une exécution (Jean 18:31). En tout cas, la mort
d’Étienne a vraisemblablement été un meurtre commis par une foule
furieuse, plutôt qu’une action judiciaire.
20-21. Comment le Sanhédrin a-t-il réagi aux paroles d’Étienne, et com-
ment Jéhovah a-t-il fortifié celui-ci ?
« ÉTIENNE, PLEIN DE FAVEUR DIVINE ET DE PUISSANCE » 95
Étienne est mort d’une façon très semblable à
22

celle de son Maître, le cœur en paix, rempli de


confiance en Jéhovah et de pardon pour ses bour-
reaux. Il a dit : « Seigneur Jésus, re çois mon esprit »,
peut-être parce qu’il voyait encore en vision le Fils
de l’homme avec Jéhovah. Il connaissait assurément
cette parole encourageante de Jésus : « Je suis la ré-
surrection et la vie » (Jean 11:25). Finalement, il a
prié Dieu directement, d’une voix forte : « Jéhovah,
ne leur compte pas ce p éché. » Sur ce, il s’est endormi
dans la mort (Actes 7:59, 60).
Il est ainsi devenu le premier martyr de l’Histoire
23

parmi les disciples de Christ (voir l’encadré « “Mar-


tyr”, en quel sens ? », page 90). Il ne serait malheu-
reusement pas le dernier. Jusqu’à nos jours, des ser-
viteurs fidèles de Jéhovah ont été mis à mort par des
fanatiques religieux ou politiques et d’autres adversai-
res hargneux. Mais nous avons de quoi être tout aussi
confiants que l’était Étienne. Jésus règne à présent, et
il exerce l’extraordinaire pouvoir que son Père lui a
conféré. Rien ne l’emp êchera de ressusciter ses disci-
ples fidèles (Jean 5:28, 29).
22-23. En quoi la mort d’Étienne a-t-elle ressemblé à celle de son Maî-
tre, et pourquoi pouvons-nous être tout aussi confiants qu’Étienne ?
96 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
24 Un jeune homme du nom de Saul observait tout
cela. Il approuvait le meurtre d’Étienne, gardant
même les vêtements de ceux qui lui jetaient des pier-
res. Peu après, il a été le meneur d’une vague de per-
sécution terrible contre les chrétiens. Mais la mort
d’Étienne aurait de grandes répercussions. Son exem-
ple conforterait en fait les chrétiens dans leur résolu-
tion de rester fidèles et de remporter une victoire sem-
blable. De plus, Saul (appelé plus souvent Paul par la
suite) en viendrait à repenser avec un profond re-
mords à son rôle dans ce martyre (Actes 22:20). Il
avait aidé à exécuter ce disciple, mais il comprendrait
plus tard qu’il était « un blasphémateur, un persécu-
teur et un insolent » (1 Tim. 1:13). Manifestement,
Paul n’a jamais oublié Étienne ni son puissant dis-
cours de ce jour-là. D’ailleurs, certains de ses propres
discours et écrits ont développ é des thèmes traités
dans l’exposé d’Étienne (Actes 7:48 ; 17:24 ; Héb. 9:24).
Avec le temps, il a amplement appris à suivre l’exem-
ple de foi et de courage laissé par l’homme « plein de
faveur divine et de puissance » que fut Étienne. Et
nous, le ferons-nous ?
24. Comment Paul a-t-il particip é au martyre d’Étienne, et quelles ré-
percussions la mort de ce fidèle a-t-elle eues ?
« ÉTIENNE, PLEIN DE FAVEUR DIVINE ET DE PUISSANCE » 97
CHAPITRE 7
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Il lui annonça la bonne nouvelle


concernant Jésus »
Philippe, un exemple dans l’évangélisation
Actes 8:4-40

UNE terrible persécution s’abat sur les chrétiens, et


Saul se met à « ravager l’assemblée » — expression
qui, dans la langue originale, évoque une cruauté bru-
tale (Actes 8:3). Les disciples fuient, et il peut sembler
à certains observateurs que Saul va réussir à écraser
dans l’œuf le christianisme. Toutefois, la dispersion des
chrétiens a un effet inattendu. Lequel ?
2 Ceux qui sont dispersés ‘annoncent la bonne nou-

velle de la parole’ dans les régions où ils ont fui


(Actes 8:4). C’est incroyable : non seulement la per-
sécution n’a pas étouffé la bonne nouvelle, mais
elle a au contraire favorisé sa diffusion ! En dis-
p ersant le s disciple s, le s p ers é cuteurs ont in-
volontairement permis à l’œuvre de prédication du
Royaume de se propager dans des territoires lointains.
1-2. Quel effet contraire ont eu les tentatives pour étouffer la bonne nou-
velle au 1er siècle ?
98 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Comme on le verra, il s’est produit la même chose à
notre époque.
« Ceux qui avaient été dispers és » (Actes 8:4-8)
3
Philippe1 était de « ceux qui avaient été dispersés »
(Actes 8:4 ; voir l’encadré « Philippe “l’évangélisa-
teur” », page 100). Lui est parti à Samarie, ville où la
prédication avait très peu p énétré, étant donné que Jé-
sus avait recommandé aux ap ôtres : « N’entrez dans
aucune ville samaritaine ; allez plutôt continuellement
vers les brebis perdues de la nation d’Israël » (Mat.
10:5, 6). Cependant, Jésus savait que la ville et sa ré-
gion seraient pleinement évangélisées plus tard, puis-
qu’il avait dit avant son ascension : « Vous serez mes
témoins dans Jérusalem, dans toute la Judée et la Sa-
marie, et jusque dans la région la plus lointaine de la
terre » (Actes 1:8).
4 Philippe a trouvé la Samarie ‘blanche pour la mois-

son’ (Jean 4:35). Son message a été une bouffée d’air


1 ne pas confondre avec l’ap ôtre Philippe. C’est, par contre, le
Philippe mentionné au chapitre 5, l’un des « sept hommes de bonne
réputation » préposés pour organiser la distribution quotidienne de
nourriture aux veuves d’expression grecque et d’expression hébraï-
que de Jérusalem (Actes 6:1-6).
3. a) Qui était Philippe ? b) Pourquoi la prédication avait-elle très peu
p énétré à Samarie, et cependant qu’avait prédit Jésus pour ce territoire ?
4. Comment les Samaritains ont-ils réagi à la prédication de Philippe,
et qu’est-ce qui a sans doute contribué à cette réaction ?
« IL LUI ANNONÇA LA BONNE NOUVELLE CONCERNANT JÉSUS » 99
PHILIPPE « L’ ÉVANG ÉLISATEUR »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Lorsque la persécution a dispersé les disciples de


Christ, Philippe est parti à Samarie. Il semble qu’il
ait coop éré étroitement avec le collège central, car,
« quand les ap ôtres, restés à Jérusalem, apprirent que
la Samarie avait accepté la parole de Dieu, ils y envoyè-
rent Pierre et Jean ». Ainsi, les nouveaux croyants de
cette région ont reçu le don gratuit de l’esprit saint (Ac-
tes 8:14-17).
Après l’épisode d’Actes chapitre 8, Philippe n’est plus
mentionné qu’une fois. C’est environ 20 ans après sa pre-
mière prédication, alors que Paul et ses compagnons,
rentrant à Jérusalem à la fin du troisième voyage mis-
sionnaire de l’ap ôtre, venaient de débarquer à Ptolé-
maïs. « Nous sommes repartis le lendemain, raconte
Luc, et sommes arrivés à Césarée. Là, nous sommes al-
lés chez Philippe l’évangélisateur, qui était l’un des sept
hommes, et nous avons logé chez lui. Il avait quatre fil-
les célibataires qui prophétisaient » (Actes 21:8, 9).
Manifestement, Philippe s’était installé dans son ter-
ritoire de prédication et avait fondé une famille. Que
Luc l’appelle « l’évangélisateur » n’est pas anodin. Les
Écritures qualifient de ce terme ceux qui partaient de
chez eux pour prêcher la bonne nouvelle dans des terri-
toires non travaillés. À l’évidence, donc, Philippe avait
conservé son zèle pour le ministère. Et si ses quatre
filles prophétisaient, c’était sûrement parce qu’il leur
avait appris à aimer et à servir Jéhovah.

100 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


pur pour les Samaritains, ce qui se conçoit aisément.
Effectivement, les Juifs n’avaient pas de relations avec
eux, beaucoup même les traitant avec mépris. Or les
Samaritains découvraient qu’au contraire le message
de la bonne nouvelle ne tenait pas compte des distinc-
tions sociales, et donc n’avait rien à voir avec les rai-
sonnements bornés des pharisiens. En leur donnant le
témoignage avec zèle et impartialité, Philippe a mon-
tré qu’il n’était pas entaché des préjugés de ceux qui
les regardaient de haut. On ne s’étonne guère que des
« foules tout entières » de Samaritains l’aient écouté
(Actes 8:6).
5 À pr ésent comme à l’ époque, la pers écution

n’étouffe pas la prédication des serviteurs de Dieu.


Combien de fois les déplacements forc és d’un endroit
à un autre — soit une prison soit une région différente
— n’ont fait que favoriser l’apport du message du
Royaume aux gens de ce nouvel endroit ! Ainsi, du-
rant la Seconde Guerre mondiale, des Témoins de Jé-
hovah ont pu donner un témoignage remarquable dans
les camps de concentration nazis. Un Juif qui les y a
rencontrés raconte : « La force de caractère des
5-7. Quels exemples montrent que disperser les chrétiens contribue à la
propagation de la bonne nouvelle ?
« IL LUI ANNONÇA LA BONNE NOUVELLE CONCERNANT JÉSUS » 101
prisonniers Témoins de Jéhovah m’a convaincu que
leur foi reposait sur les Écritures, si bien que je suis
moi aussi devenu Témoin par la suite. »
6
Dans certains cas, même des persécuteurs ont re çu
un témoignage et l’ont accepté. Ainsi, après son trans-
fert au camp de concentration de Gusen, en Autriche,
un Témoin du nom de Franz Desch a rencontré un of-
ficier SS qui a accepté d’étudier la Bible avec lui. Ima-
gine la joie des deux hommes quand ils se sont retrou-
vés à une assemblée de Témoins de Jéhovah, des
années après, tous les deux proclamateurs de la bonne
nouvelle !
7
Des faits semblables se sont produits quand la per-
sécution a chassé les chrétiens d’un pays vers un au-
tre. Dans les années 1970, par exemple, les Témoins
malawites venus se réfugier au Mozambique y ont
donné un grand témoignage. Même lorsque l’opposi-
tion a éclaté aussi dans ce pays par la suite, la prédi-
cation a continué. « Parmi nous, certains ont été ar-
rêtés plusieurs fois parce qu’ils prêchaient, raconte
Francisco Coana. Mais, en voyant de nombreuses per-
sonnes réagir favorablement au message du Royaume,
nous avions l’assurance que Dieu nous aidait, comme
il avait aidé les chrétiens du 1er siècle. »
102 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
8
Bien sûr, la persécution n’a pas été le seul facteur
d’accroissement du christianisme dans les territoires
étrangers. Ces dernières décennies, des changements
politiques et économiques ont cré é des occasions de
transmettre le message du Royaume à des gens de
nombreux groupes linguistiques et nationaux. Des per-
sonnes qui ont fui des zones de conflits ou des ré-
gions en pleine crise économique vers des lieux plus
stables ont commenc é à étudier la Bible dans leur
terre d’accueil. L’afflux de réfugiés a entraîné l’ouver-
ture de territoires d’expression étrangère. T’efforces-tu
de prêcher aux « gens de toutes nations et tribus
et peuples et langues » dans ton territoire ? (Rév.
7:9).
« Donnez-moi ce pouvoir à moi aussi »
(Actes 8:9-25)
9 Philippe a accompli de nombreux signes à Sama-

rie. Il a notamment guéri des infirmes et il a même


expulsé des esprits mauvais (Actes 8:6-8). Ses dons
miraculeux ont particulièrement impressionné quel-
qu’un : Simon, un magicien si apprécié qu’on disait
8. Quel effet les changements politiques et économiques ont-ils sur l’œu-
vre de prédication ?
9. Qui était Simon, et qu’est-ce qui, apparemment, l’a attiré vers Phi-
lippe ?
« IL LUI ANNONÇA LA BONNE NOUVELLE CONCERNANT JÉSUS » 103
de lui : « Cet homme est la Puissance de Dieu. »
Voyant sous ses yeux la vraie puissance de Dieu,
manifeste dans les miracles de Philippe, Simon est de-
venu croyant (Actes 8:9-13). Toutefois, plus tard, ses
mobiles ont été mis à l’épreuve. Comment ?
10 Avis
és de l’expansion du christianisme en Samarie,
les ap ôtres y ont envoyé Pierre et Jean (voir l’encadré
« Pierre utilise les “clés du Royaume” », page 105).
Arrivés là-bas, les deux ap ôtres ont posé les mains sur
les nouveaux disciples, qui ont alors re çu de l’esprit
saint1. En les observant, Simon, intrigué, leur a de-
mandé : « Donnez-moi ce pouvoir à moi aussi, pour
que ceux sur qui je poserai les mains re çoivent de
l’esprit saint. » Il leur a même offert de l’argent,
croyant pouvoir acheter ce privilège sacré ! (Actes
8:14-19).
1 Selon toute apparence, à l’époque, les nouveaux disciples étaient
ordinairement oints d’esprit saint, autrement dit recevaient de
l’esprit saint, à leur baptême. Cela leur ouvrait la perspective de gou-
verner au ciel avec Jésus comme rois et prêtres (2 Cor. 1:21, 22 ; Rév.
5:9, 10 ; 20:6). Mais, dans ce cas particulier, l’onction des nouveaux
disciples n’a pas eu lieu à leur baptême. Ces chrétiens récemment
baptisés n’ont re çu de l’esprit saint — et les dons miraculeux qui lui
correspondaient — qu’après que Pierre et Jean ont posé les mains
sur eux.
10. a) Qu’ont fait Pierre et Jean en Samarie ? b) Qu’a fait Simon en
voyant que les nouveaux disciples recevaient de l’esprit saint quand
Pierre et Jean posaient les mains sur eux ?
104 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
PIERRE UTILISE
LES « CL ÉS DU ROYAUME »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Lorsqu’il a promis à Pierre : « Je te donnerai les


clés du royaume des cieux », que voulait dire Jé-
sus ? (Mat. 16:19). En parlant de « clés », il in-
diquait que Pierre « ouvrirait » pour des groupes
différents la connaissance et des possibilités d’en-
trer dans le royaume messianique. Quand Pierre a-
t-il utilisé ces clés ?
˘ Il a utilisé la première à la Pentec ôte 33 lorsqu’il
a exhorté Juifs et prosélytes à se repentir et à se
faire baptiser. Environ 3 000 l’ont écouté et sont
devenus de futurs héritiers du Royaume (Actes
2:1-41).
˘ Il a utilisé la deuxième peu après le martyre
d’Étienne. Cette fois-là, lui et Jean ont posé les
mains sur des Samaritains fraîchement baptisés,
puis ces nouveaux convertis ont re çu de l’esprit
saint (Actes 8:14-17).
˘ Il a utilisé la troisième en 36 de notre ère, année
où il a proposé l’esp érance de l’héritage c éleste
aux Gentils, des incirconcis. Cela a eu lieu quand
il a donné le témoignage à Corneille, le premier
Gentil à devenir un disciple chrétien (Actes
10:1-48).

« IL LUI ANNONÇA LA BONNE NOUVELLE CONCERNANT JÉSUS » 105


11
Pierre a répondu fermement à Simon : « Que ton
argent disparaisse avec toi, parce que tu t’es imaginé
pouvoir obtenir le don gratuit de Dieu contre de l’ar-
gent ! Tu n’as aucune part, aucun droit, dans cette af-
faire, car ton cœur n’est pas droit aux yeux de Dieu. »
Puis il l’a exhorté à se repentir et à demander pardon
à Dieu : « Supplie Jéhovah pour que, si possible, cette
mauvaise intention de ton cœur te soit pardonnée. »
À l’évidence, Simon n’était pas un homme mauvais ;
il voulait faire le bien, mais il s’est égaré momentané-
ment. Aussi a-t-il imploré les ap ôtres en ces termes :
« Suppliez Jéhovah pour moi, afin que rien de ce que
vous avez dit ne m’arrive » (Actes 8:20-24).
12
La réprimande de Pierre à Simon est un avertisse-
ment pour les chrétiens d’aujourd’hui. D’ailleurs, le
mot français « simonie » — c’est-à-dire l’achat ou la
vente de positions, précisément dans un contexte reli-
gieux — vient du nom de cet homme qui voulut ache-
ter les ap ôtres. L’histoire de la chrétienté apostate est
pavée d’exemples de cette pratique. On relevait, en
11. Quelle réprimande Pierre a-t-il faite à Simon, et comment Simon a-
t-il réagi ?
12. Qu’est-ce que la simonie, et quel piège a-t-elle été dans la chré-
tienté ?
106 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
effet, dans la neuvième édition de l’Encyclopædia Britan-
nica (1878) : « Celui qui étudie l’histoire des concla-
ves acquiert la conviction qu’il n’y a encore jamais eu
d’élection papale qui ne soit pas entachée de simonie ;
en outre, dans un grand nombre de cas la simonie pra-
tiquée lors du conclave était de l’esp èce la plus vul-
gaire, la plus éhontée et la plus flagrante qui puisse
exister. »
13
Les chrétiens doivent se garder du p éché de simo-
nie. Par exemple, ils ne devraient pas essayer d’obte-
nir des faveurs en comblant de dons généreux ou d’élo-
ges excessifs ceux qui paraissent en mesure d’octroyer
des privilèges supplémentaires dans l’assemblée. Inver-
sement, ceux qui passent pour être en position d’oc-
troyer des faveurs devraient se garder de faire du fa-
voritisme envers les riches. Dans les deux cas, c’est de
la simonie. En fait, tous les serviteurs de Dieu de-
vraient ‘se conduire comme des petits’, en laissant à
l’esprit de Jéhovah le soin d’attribuer des privilèges de
service (Luc 9:48). Quelqu’un qui ‘cherche sa propre
gloire’ n’a pas sa place dans l’organisation de Dieu
(Prov. 25:27).
13. Sous quels aspects les chrétiens doivent-ils se garder de la simonie ?
« IL LUI ANNONÇA LA BONNE NOUVELLE CONCERNANT JÉSUS » 107
« Comprends-tu vraiment ce que tu lis ? »
(Actes 8:26-40)
14
Sur ces entrefaites, l’ange de Jéhovah a dit à Phi-
lippe d’emprunter la route menant de Jérusalem à
Gaza. Si Philippe s’est demandé pourquoi, il a vite
compris en rencontrant un eunuque éthiopien qui « li-
sait à haute voix le prophète Isaïe » (voir l’encadré
« “Eunuque”, en quel sens ? », page 109). L’esprit saint
de Jéhovah l’a poussé à s’avancer à la hauteur du char
de l’homme. « Comprends-tu vraiment ce que tu lis ? »
a demandé alors Philippe tout en courant près du char.
« Comment pourrais-je comprendre, a répondu l’Éthio-
pien, si personne ne me guide ? » (Actes 8:26-31).
15 Et l’eunuque a fait monter Philippe dans le char.

Imagine la discussion qui a dû suivre ! L’identité


du « mouton », le « serviteur », de la prophétie
d’Isaïe était restée longtemps un mystère (Is. 53:1-12).
Mais, tout en cheminant, Philippe a expliqué à l’eunu-
que que la prophétie s’était réalisée en Jésus Christ.
Comme ceux qui s’étaient fait baptiser à la Pente-
c ôte 33, l’Éthiopien, qui était déjà un prosélyte, a su
14-15. a) Qui était l’ « eunuque éthiopien », et comment Philippe l’a-t-il
trouvé ? b) Comment l’Éthiopien a-t-il réagi au message de Philippe, et
pourquoi peut-on dire que son baptême n’a pas été un coup de tête ? (voir
la note).
108 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« EUNUQUE », EN QUEL SENS ?
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Le terme grec eunoukhos, traduit par « eunuque », dé-


signe soit un homme privé de ses facultés procréatri-
ces, soit simplement un fonctionnaire de cour de haut
rang. Les fonctionnaires de cour qui gardaient le harem
d’un roi étaient en principe castrés, mais l’émascula-
tion n’était pas exigée des autres, comme l’échanson ou
l’officier du trésor. L’eunuque éthiopien que Philippe a
baptisé était, semble-t-il, ce genre de fonctionnaire, car
il avait la charge d’un trésor royal. C’était en quelque
sorte un ministre des finances.
Cet Éthiopien était aussi un prosélyte, autrement dit
un non-Juif qui s’était converti au culte de Jéhovah. En
effet, il venait d’aller à Jérusalem pour adorer (Actes
8:27). C’est ce qui nous permet de penser qu’il ne pou-
vait pas être eunuque au sens littéral, puisque la Loi
mosaïque interdisait aux hommes castrés l’admission
dans l’assemblée d’Israël (Deut. 23:1).

immédiatement ce qu’il devait faire. « Regarde, s’est-


il exclamé, de l’eau ! Qu’est-ce qui m’emp êche de me
faire baptiser ? » Sur-le-champ, il s’est fait baptiser
par Philippe1 ! (voir l’encadré « Le baptême dans
1 L’tthiopien n’a pas agi sur un coup de tête. Étant prosélyte, il
avait déj à une certaine connaissance des Écritures, dont les prophé-
ties messianiques. Une fois éclairé sur le rôle de Jésus dans le projet
divin, il pouvait se faire baptiser sans attendre.
« IL LUI ANNONÇA LA BONNE NOUVELLE CONCERNANT JÉSUS » 109
“un point d’eau” », page 111). Après quoi, Philippe a
été conduit vers une nouvelle mission à Asdod, où il
a continué d’annoncer la bonne nouvelle (Actes 8:32-
40).
16
Les chrétiens du 21e siècle ont le privilège de par-
ticiper à une activité semblable à celle de Philippe. Il
leur est souvent possible de présenter le message du
Royaume aux gens qu’ils croisent dans des situations
informelles, comme en voyage. Il s’avère plus d’une fois
que leur rencontre avec des personnes sincères n’est
pas fortuite. Elle est plutôt prévisible, car la Bible mon-
tre bien que les anges dirigent la prédication pour que
le message atteigne « toute nation, et tribu, et langue,
et peuple » (Rév. 14:6). Que les anges dirigent la prédi-
cation, c’est exactement ce que Jésus a prédit. Dans son
exemple du blé et de la mauvaise herbe, il a expliqué
que, pendant la moisson, la p ériode finale du monde,
« les moissonneurs, ce sont des anges ». Ceux-ci « ra-
masseront et enlèveront de son royaume tous ceux qui
font trébucher les autres et tous ceux qui agissent au
mépris de la loi » (Mat. 13:37-41). En parallèle, ils ras-
sembleraient les futurs héritiers célestes du Royaume,
16-17. Quelle participation les anges ont-ils à la prédication aujour-
d’hui ?
110 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
LE BAPT ÊME
DANS « UN POINT D’EAU »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Comment procède-t-on au baptême chrétien ? Cer-


tains pensent qu’il suffit de verser ou d’asperger de
l’eau sur la tête de quelqu’un. Or l’eunuque éthio-
pien a été baptisé dans « un point d’eau ». Le récit
précise : « Philippe et lui descendirent dans l’eau »
(Actes 8:36, 38). Si verser ou asperger de l’eau avait
été la seule chose à faire, l’eunuque n’aurait pas eu
besoin d’arrêter son char à un point d’eau. Il aurait
eu assez d’une infime quantité d’eau, comme le con-
tenu d’une outre. En fait, il en avait probablement
une, puisqu’il voyageait sur « une route du désert »
(Actes 8:26).
Selon un dictionnaire de grec, le mot baptizô,
d’où vient notre mot « baptiser », signifie
« plonger, enfoncer, immerger » (Dictionnaire grec-
français, V. Magnien, M. Lacroix). Les mentions que
la Bible fait du baptême cadrent avec cette défini-
tion. Jean 3:23 raconte que Jean « baptisait à Énôn,
près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau ».
De même, le récit du baptême de Jésus donne ce dé-
tail : « À l’instant même où il remonta de l’eau, il
vit le ciel s’ouvrir » (Marc 1:9, 10). Les vrais chré-
tiens se font donc baptiser, comme il convient, par
immersion complète dans l’eau.

« IL LUI ANNONÇA LA BONNE NOUVELLE CONCERNANT JÉSUS » 111


et plus tard une « grande foule » d’ « autres brebis »,
que Jéhovah veut attirer vers son organisation (Rév.
7:9 ; Jean 6:44, 65 ; 10:16).
17
Preuve que tout cela s’accomplit, parfois des per-
sonnes que nous abordons dans le ministère nous di-
sent qu’elles priaient pour avoir une aide spirituelle.
Par exemple, un jour, deux proclamateurs prêchaient
accompagnés d’un petit enfant. À la fin de la matinée,
alors qu’ils s’apprêtaient à arrêter, l’enfant a eu éton-
namment envie de frapper à la maison suivante. Ce
qu’il a fait, d’ailleurs, en y allant tout seul ! Une jeune
dame a ouvert, et les deux adultes se sont approchés
pour lui parler. Quelle n’a pas été leur surprise quand
elle leur a révélé qu’elle venait de prier pour que Dieu
lui envoie quelqu’un qui l’aiderait à comprendre la Bi-
ble. Un cours biblique a commenc é...
18
Étant membre de l’assemblée chrétienne, tu as le
privilège de collaborer avec les anges dans l’œuvre de
prédication qui, aujourd’hui, s’effectue sur une échelle
sans préc édent. Ne sous-estime jamais ce privilège !
En persévérant dans tes efforts, tu éprouveras une
grande joie à continuer d’annoncer la « bonne nou-
velle concernant Jésus » (Actes 8:35).
18. Pourquoi ne devrions-nous jamais sous-estimer notre ministère ?
112 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 8
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« L’assemblée entra
dans une p ériode de paix »
Saul, persécuteur cruel, devient un ministre zélé
Actes 9:1-43

RUMINANT de noirs projets, les sinistres voyageurs


arrivent en vue de Damas. Dans quelques heures, ils
vont arracher de leurs maisons des gens haïs, les disci-
ples de Jésus, ils vont les lier, les humilier et les traîner
à Jérusalem où les attend la colère du Sanhédrin.
2
Le chef de la bande, un dénommé Saul1, a déjà du
sang sur les mains. Récemment, il a assisté, approbateur,
à la lapidation d’Étienne, un fervent disciple de Jésus,
par des zélotes comme lui (Actes 7:57 – 8:1). Non
content de s’en prendre aux disciples de Jérusalem, il de-
vient le brandon qui s’apprête à transformer la persécu-
tion en incendie. Il veut éradiquer la secte nuisible qu’on
appelle « le Chemin » (Actes 9:1, 2 ; voir l’encadré « Le
mandat de Saul à Damas », page 114).
1 Voir l’encadré « Saul le pharisien », page 118.
1-2. Que s’apprêtait à faire Saul à Damas ?
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 113
LE MANDAT DE SAUL À DAMAS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Comment Saul a-t-il obtenu le pouvoir d’arrê-


ter les chrétiens dans une ville étrangère ? L’au-
torité morale du Sanhédrin et du grand prêtre
sur les Juifs s’exerçait au-delà des frontières de
la Judée, et le grand prêtre avait entre autres
pouvoirs, semble-t-il, celui d’extrader les crimi-
nels. C’est ainsi que les lettres du grand prêtre
ont valu à Saul la coop ération des anciens des
synagogues de Damas (Actes 9:1, 2).
De plus, les Romains laissaient aux Juifs le
droit de s’occuper eux-mêmes de leurs affaires
judiciaires. Cela explique comment certains ont
pu infliger cinq fois « 40 coups moins un » à
l’ap ôtre Paul (2 Cor. 11:24). Le premier livre des
Maccab ées mentionne cette exigence contenue
dans une lettre écrite par un consul de Rome à
Ptolémée VIII d’Égypte en 138 avant notre ère :
« Si des Juifs apostats sont réfugiés chez vous,
livrez-les au grand prêtre Simon pour qu’il les
châtie selon leur loi » (1 Macc. 15:21, Mared-
sous). En 47 avant notre ère, Jules César a con-
firmé les privilèges accordés jusque-là au grand
prêtre, ainsi que son droit de régler toute ques-
tion relative aux coutumes juives.

114 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


3
Soudain, une lumière aveuglante inonde Saul. Ses
compagnons de voyage voient cette lumière, mais le sai-
sissement leur coupe la parole. Saul, frapp é de c écité,
s’effondre. N’y voyant plus rien, il entend une voix lui
dire depuis le ciel : « Saul, Saul, pourquoi me persécu-
tes-tu ? » Abasourdi, il interroge : « Qui es-tu, Sei-
gneur ? » La réponse l’ébranle certainement jusqu’au
tréfonds : « Je suis Jésus, que tu persécutes » (Actes
9:3-5 ; 22:9).
4
Qu’apprenons-nous de la première question de Jé-
sus ? De quel intérêt nous sera l’examen des circonstan-
ces de la conversion de Saul ? Quelles le çons peut-on ti-
rer de la façon dont l’assemblée a employé la p ériode de
paix qui a suivi cette conversion ?
« Pourquoi me pers écutes-tu ? » (Actes 9:1-5)
5
En arrêtant Saul sur la route de Damas, Jésus n’a
pas demandé : « Pourquoi persécutes-tu mes disci-
ples ? » mais, comme on l’a dit : « Pourquoi me persé-
cutes-tu ? » (Actes 9:4). En effet, Jésus est person-
nellement affecté par les épreuves que subissent ses
disciples (Mat. 25:34-40, 45).
3-4. a) Qu’est-il arrivé à Saul ? b) Quelles questions allons-nous consi-
dérer ?
5-6. Qu’apprenons-nous de ce que Jésus a dit à Saul ?
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 115
6
Si tu es opprimé à cause de ta foi en Christ, sois sûr
que Jéhovah et Jésus savent tous les deux ce qui t’arrive
(Mat. 10:22, 28-31). Peut-être ne supprimeront-ils pas
l’épreuve pour l’instant. Rappelle-toi : Jésus a vu Saul
participer à la mort d’Étienne ; il l’a vu traîner les disci-
ples fidèles hors de chez eux jusqu’à Jérusalem (Actes
8:3). Pourtant, il n’est pas intervenu alors. N’emp êche
que, par son intermédiaire, Jéhovah a donné à Étienne
et aux autres disciples la force nécessaire pour rester
fidèles.
7
Toi aussi, tu endureras la persécution 1) si tu décides
de rester fidèle quoi qu’il advienne, 2) si tu demandes à
Jéhovah de t’aider (Phil. 4:6, 7), 3) si tu laisses la ven-
geance à Jéhovah (Rom. 12:17-21) et 4) si tu as la convic-
tion que Jéhovah te donnera la force d’endurer jusqu’à
ce qu’il juge bon de supprimer l’épreuve (Phil. 4:12, 13).
« Saul, mon frère, le Seigneur m’a envoyé »
(Actes 9:6-17)
8 Après avoir répondu à sa question (« Qui es-tu, Sei-

gneur ? »), Jésus a ordonné à Saul : « Relève-toi et entre


dans la ville. Là, on te dira ce que tu dois faire » (Actes
7. Que dois-tu faire pour endurer la persécution ?
8-9. Qu’a dû ressentir Ananias relativement à sa mission ?
116 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
9:6). Aveugle, Saul s’est fait conduire à son logement à
Damas, où il a jeûné et prié pendant trois jours. Entre-
temps, Jésus a parlé de lui à un disciple de la ville, un
certain Ananias, « qui avait une bonne réputation au-
près de tous les Juifs vivant là » (Actes 22:12).
9 On imagine les sentiments contradictoires d’Ana-
nias ! Le Chef de l’assemblée, Jésus Christ ressuscité,
s’adressait à lui en personne et le choisissait pour une
mission sp éciale. Quel honneur, mais quelle mission ! À
l’idée d’aller trouver Saul, il a objecté : « Seigneur, j’ai
entendu beaucoup de gens parler de cet homme et de
tout le mal qu’il a fait à tes saints à Jérusalem. Et il a
re çu des prêtres en chef le pouvoir d’arrêter ici tous
ceux qui font appel à ton nom » (Actes 9:13, 14).
10 Jésus n’a pas reproché à Ananias d’exprimer son in-
quiétude. Par contre, il lui a donné des instructions
claires. Et il lui a fait la grâce de lui expliquer pourquoi
il voulait qu’il effectue cette mission singulière, préci-
sant au sujet de Saul : « Cet homme est le vase que j’ai
choisi pour porter mon nom aux nations ainsi qu’aux
rois et aux fils d’Israël. Je lui montrerai clairement tout
ce qu’il devra subir pour mon nom » (Actes 9:15, 16).
10. Que révèle sur Jésus la façon dont il a traité Ananias ?
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 117
SAUL LE PHARISIEN
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Le « jeune homme appelé Saul », présent lors


de la lapidation d’Étienne, venait de Tarse, capitale
de la province romaine de Cilicie, dans le sud de
la Turquie actuelle (Actes 7:58). Une assez grande
communauté juive demeurait dans cette ville. Selon
ses propres dires, Saul avait été « circoncis le hui-
tième jour », et il était « de la nation d’Israël, de
la tribu de Benjamin, Hébreu né d’Hébreux ; en ce
qui concerne la loi, un pharisien ». Une généalogie
juive impeccable ! (Phil. 3:5).
Son lieu d’origine, Tarse, était une cité commer-
ciale vaste et prosp ère, un foyer de la culture grec-
que. Y ayant grandi, Saul parlait grec. Il se peut
qu’il ait re çu son instruction primaire dans une
école juive. Il a aussi appris à fabriquer des ten-
tes, métier typique de la région. Ce savoir-faire lui
a très probablement été inculqué par son p ère dès
sa jeunesse (Actes 18:2, 3).
Les Actes révèlent également que Saul possédait
la citoyenneté romaine de par sa naissance (Ac-
tes 22:25-28). Cela signifie que l’un de ses anc êtres
avait déj à acquis cette distinction. On ignore com-
ment, mais, en tout cas, ce privilège rangeait la fa-
mille de Saul parmi l’élite sociale de sa province.
Saul était donc, par la naissance et l’instruction, an-

118 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


cré dans trois cultures : culture juive, culture grec-
que et culture romaine.
Il se peut qu’à peine âgé de 13 ans il soit parti
poursuivre sa formation à Jérusalem, à 840 kilo-
mètres de chez lui. Là-bas, il a étudié aux pieds de
Gamaliel, un très estimé enseignant de la tradition
pharisaïque (Actes 22:3).
Ces études supplémentaires, comparables à un
cursus universitaire à notre époque, consistaient à
approfondir et à mémoriser tant l’Écriture que la
loi orale juive. Un élève doué de Gamaliel était pro-
mis à une brillante carrière ; apparemment, Saul a
été un tel élève. Il a écrit plus tard : « Je faisais
de plus grands progrès dans le judaïsme que beau-
coup de ceux de mon âge et de ma nation, parce
que j’étais bien plus zélé pour les traditions de mes
p ères » (Gal. 1:14). Bien sûr, c’est son zèle pour
la tradition juive qui a fait de lui le tristement
c élèbre persécuteur de la toute nouvelle assemblée
chrétienne.

Ananias a ob éi promptement. Il s’est rendu chez Saul le


persécuteur et lui a dit : « Saul, mon frère, le Seigneur
Jésus, qui t’est apparu sur la route par laquelle tu ve-
nais, m’a envoyé pour que tu retrouves la vue et que tu
sois rempli d’esprit saint » (Actes 9:17).
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 119
11
Plusieurs faits ressortent de ce récit mêlant Jésus,
Ananias et Saul. Par exemple, comme promis, Jésus
joue un rôle actif dans la direction de la prédication
(Mat. 28:20). Même s’il ne parle pas directement aux
hommes aujourd’hui, le fait est qu’il dirige la prédica-
tion par le moyen de l’esclave fidèle, qu’il a maintenant
établi sur ses domestiques (Mat. 24:45-47). Sous la di-
rection du Collège central, des proclamateurs et des
pionniers sont envoyés à la recherche de ceux qui veu-
lent en savoir plus sur Christ. Comme l’a montré le cha-
pitre préc édent, nombre de ces personnes rencontrent
les Témoins de Jéhovah alors qu’elles priaient pour
avoir l’aide divine (Actes 9:11).
12
Ananias a accepté docilement une mission et a été
b éni. Ob éis-tu à l’ordre de rendre pleinement témoi-
gnage, même si la mission t’inspire quelque appréhen-
sion ? Pour certains, ce peut être angoissant d’aller de
maison en maison et d’adresser la parole à des incon-
nus. D’autres ont du mal à prêcher aux gens sur leur
lieu de travail, dans la rue, par téléphone ou par lettre.
Ananias a surmonté sa crainte, et il a eu l’honneur d’ai-
11-12. Qu’apprenons-nous des évènements mêlant Jésus, Ananias et
Saul ?
120 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
der Saul à recevoir l’esprit saint1. S’il a réussi, c’est
parce qu’il avait confiance en Jésus et qu’il considérait
Saul comme son frère. Nous surmonterons nos craintes
si, comme lui, nous avons confiance que Jésus dirige la
prédication, si nous avons de l’empathie pour les gens,
et si nous considérons comme des frères potentiels
même les plus intimidants (Mat. 9:36).
« Il se mit à prêcher au sujet de Jésus »
(Actes 9:18-30)
13 Saul s’est très vite conformé à ce qu’il apprenait.

Une fois guéri, il s’est fait baptiser et a fréquenté étroi-


tement les disciples de Damas. Mais pas seulement. « Il
se mit rapidement à prêcher dans les synagogues au su-
jet de Jésus, lit-on, proclamant que celui-ci est le Fils
de Dieu » (Actes 9:20).
14 Si tu étudies la Bible et que tu envisages le baptême,
te conformeras-tu résolument à ce que tu apprends,
1 En règle générale, les dons de l’esprit saint étaient transmis par les
ap ôtres. Toutefois, dans cette situation inhabituelle, il semble que Jé-
sus ait autorisé Ananias à transmettre les dons de l’esprit à Saul.
Après sa conversion, Saul n’a pas eu de contact avec les 12 ap ôtres
pendant un temps considérable. Mais il est probable qu’il a été actif
durant tout cet intervalle. Donc, Jésus a apparemment veillé à ce qu’il
ait la puissance nécessaire pour accomplir sa mission de prêcher.
13-14. Si tu étudies la Bible et que tu envisages le baptême, que peux-
tu apprendre de l’exemple de Saul ?
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 121
comme Saul ? Certes, Saul a été le témoin direct d’un mi-
racle de Christ, ce qui a sûrement contribué à le pousser
à l’action. Mais il n’est pas le seul à avoir assisté à des mi-
racles de Jésus. Par exemple, des pharisiens ont vu Jésus
guérir la main desséchée d’un homme, et beaucoup de
Juifs ont su qu’il avait ressuscité Lazare ; pourtant, bon
nombre d’entre eux sont restés insensibles, voire hostiles
(Marc 3:1-6 ; Jean 12:9, 10). Saul, lui, a complètement
changé. Pourquoi a-t-il été réceptif alors que d’autres ne
l’ont pas été ? Parce qu’il craignait davantage Dieu que
l’homme, et qu’il a été profondément sensible à la miséri-
corde de Christ envers lui (Phil. 3:8). Si tu réagis de
même, tu ne laisseras rien t’emp êcher de participer à la
prédication et de progresser vers le baptême.
15
Imagine l’escalade des émotions — surprise, choc,
colère — qui ont dû s’emparer des foules quand Saul
s’est mis à prêcher Jésus dans les synagogues ! « N’est-
ce pas là l’homme qui a violemment persécuté à Jérusa-
lem ceux qui font appel à ce nom ? », demandait-on
(Actes 9:21). En expliquant qu’il avait changé d’attitude
concernant Jésus, Saul « prouvait logiquement que Jé-
15-16. Qu’a fait Paul dans les synagogues, et quelle a été la réaction des
Juifs de Damas ?
122 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
sus est le Christ » (Actes 9:22). Mais voilà, la logique
n’est pas une clé universelle. Elle ne peut déverrouiller
tous les esprits entravés par les traditions ou ligotés par
l’orgueil. Malgré tout, Saul n’a pas renonc é.
16
Trois ans plus tard, les Juifs de Damas luttaient
toujours contre lui. Finalement, ils ont essayé de le tuer
(Actes 9:23 ; 2 Cor. 11:32, 33 ; Gal. 1:13-18). Quand leur
complot a été éventé, Saul, préférant la prudence, a
quitté la ville par une ouverture de la muraille, des-
cendu dans un panier. Luc qualifie de « ses disciples »
ceux qui l’ont aidé à fuir cette nuit-là, ce qui semble in-
diquer qu’au moins quelques-uns de ceux qui avaient
entendu sa prédication à Damas l’avaient acceptée et
étaient devenus disciples de Christ (Actes 9:25).
17
Quand tu t’es mis à parler à ta famille, à tes amis et
à d’autres des bonnes choses que tu apprenais, peut-être
pensais-tu que tout le monde accepterait la logique im-
parable des vérités bibliques. Peut-être que quelques-
uns t’ont écouté, mais beaucoup non. Il est même possi-
ble que des membres de ta propre famille t’aient traité
en ennemi (Mat. 10:32-38). Cependant, si tu continues
17. a) Quelles sont les réactions possibles à la vérité biblique ? b) Que
devrions-nous continuer à faire, et pourquoi ?
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 123
d’affiner ton aptitude à raisonner à partir des Écritures
et que tu continues à te conduire en chrétien, qui sait si
même ceux qui s’opposent à toi ne finiront pas par chan-
ger d’attitude ? (Actes 17:2 ; 1 Pierre 2:12 ; 3:1, 2, 7).
18
Quand Saul est arrivé à Jérusalem et a affirmé être
devenu un disciple, les chrétiens ont légitimement
douté. Mais lorsque Barnab é s’est porté garant de lui,
les ap ôtres l’ont accepté, et il est resté avec eux quelque
temps (Actes 9:26-28). Saul a été prudent, mais il
n’avait pas honte de la bonne nouvelle (Rom. 1:16). Il a
prêché hardiment à Jérusalem, à l’endroit même où
il avait cruellement persécuté les disciples de Jésus
Christ. En constatant avec effarement que le champion
de leur cause avait fait défection, les Juifs de Jérusalem
ont voulu le tuer. Mais « quand les frères s’en aperçu-
rent, dit le récit, ils l’emmenèrent à Césarée et le firent
partir pour Tarse » (Actes 9:30). Saul s’est soumis à la
direction de Jésus exprimée par l’assemblée, pour son
plus grand avantage et aussi celui de l’assemblée.
19
Remarquons que Barnab é a spontanément épaulé
Saul. Sans doute cette initiative bienveillante a-t-elle
18-19. a) Comment les choses ont-elles tourné quand Barnab é s’est porté
garant de Saul ? b) Comment imiter Barnab é et Saul ?
124 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
favorisé l’éclosion d’une belle amitié entre ces deux zé-
lés serviteurs de Jéhovah. Toi aussi, comme Barnab é,
épaules-tu volontiers les nouveaux dans l’assemblée, en
prêchant avec eux et en les aidant à progresser spiri-
tuellement ? Si oui, tu seras largement récompensé. Et
si tu es un nouveau proclamateur de la bonne nouvelle,
acceptes-tu, comme Saul, l’aide qu’on t’offre ? En colla-
borant avec des proclamateurs plus exp érimentés que
toi, tu progresseras dans l’art de prêcher, ta joie gran-
dira et tu noueras des amitiés peut-être pour la vie.
« Beaucoup se mirent à croire » (Actes 9:31-43)
20
Après la conversion et la mise à l’abri de Saul,
« l’assemblée dans toute la Judée, la Galilée et la Sama-
rie entra dans une p ériode de paix » (Actes 9:31). Com-
ment les disciples ont-ils employé cette « époque favo-
rable » ? (2 Tim. 4:2). Le récit dit que l’assemblée
« s’affermissait ». Les ap ôtres et les autres frères res-
ponsables renforçaient la foi des disciples et diri-
geaient l’assemblée qui « marchait dans la crainte de
Jéhovah et dans la consolation de l’esprit saint ». Par
exemple, Pierre a employé ce temps pour fortifier les
20-21. Comment les serviteurs de Dieu d’hier et d’aujourd’hui ont-ils
profité de ‘p ériodes de paix’ ?
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 125
disciples de Lydda, dans la plaine du Saron. Grâce à ses
efforts, beaucoup d’habitants de la région se sont tour-
nés « vers le Seigneur » (Actes 9:32-35). Les disciples ne
se sont pas laissé distraire par d’autres objectifs, mais
ils se sont employés à veiller les uns sur les autres et à
prêcher la bonne nouvelle. En conséquence, l’assem-
blée « continuait à se multiplier ».
21 Vers la fin du 20e siècle, les Témoins de Jéhovah
sont entrés dans une « p ériode de paix » comparable
dans de nombreux pays. Des régimes qui les avaient op-
primés pendant des décennies se sont soudain effon-
drés, et des interdictions contre la prédication ont été
assouplies ou levées. Des dizaines de milliers de Té-
moins ont saisi l’occasion de prêcher publiquement, et
les résultats ont été spectaculaires.
22 Fais-tu bon usage de la liberté que tu possèdes ? Si
tu vis dans un pays qui b énéficie de la liberté de reli-
gion, Satan aimerait t’amener à poursuivre la richesse
matérielle plutôt que les intérêts du Royaume (Mat.
13:22). Ne te laisse pas distraire. Emploie utilement
toute p ériode de paix relative dont tu jouis. Considère-
la comme une occasion de rendre pleinement témoi-
22. Comment peux-tu faire bon usage de la liberté que tu possèdes ?
126 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
gnage et d’affermir l’assemblée. N’oublie pas que ta si-
tuation peut changer du jour au lendemain.
23
Voici ce qui est arrivé à une disciple nommée Ta-
bita, ou Dorcas1, qui vivait à Jopp é, non loin de Lydda.
Cette sœur fidèle employait sagement son temps et ses
ressources ; elle « faisait beaucoup de bonnes actions et
donnait généreusement aux pauvres ». Mais une mala-
die l’a emportée subitement. Sa mort a causé un grand
chagrin parmi les disciples de Jopp é, surtout parmi les
veuves qui avaient été touchées par sa bonté. C’est alors
que Pierre, appelé à la maison où l’on préparait son
corps pour l’enterrement, a accompli un miracle que ja-
mais un ap ôtre de Jésus Christ n’avait accompli. Après
avoir prié, il a ressuscité Tabita ! Te figures-tu la joie des
veuves et des autres disciples quand il les a appelés dans
la chambre pour leur présenter Tabita vivante ? Comme
tout cela a dû les fortifier en vue des épreuves qui les at-
tendaient ! Fort logiquement, « tout Jopp é apprit la nou-
velle, et beaucoup se mirent à croire au Seigneur » (Ac-
tes 9:36-42).
1 Voir l’encadré « Tabita, connue pour ses “bonnes actions” »,
page 128.
23-24. a) Quelles le çons tirons-nous de l’histoire de Tabita ? b) À quoi
devrions-nous être résolus ?
« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 127
TABITA, CONNUE POUR
SES « BONNES ACTIONS »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Tabita faisait partie de l’assemblée chrétienne


de la ville portuaire de Jopp é. Ses coreligionnai-
res l’aimaient parce qu’ « elle faisait beaucoup de
bonnes actions et donnait généreusement aux pau-
vres » (Actes 9:36). Beaucoup de Juifs vivant dans
les régions à populations juive et gentile mélangées
— ce qui était le cas de Tabita — portaient deux
noms, l’un hébreu ou araméen, l’autre grec ou la-
tin. Ainsi, « Dorcas », nom grec, donnait « Tabita »
en araméen, les deux noms signifiant « gazelle ».
Il semble que Tabita soit morte subitement après
être tomb ée malade. Selon la coutume, on a lavé
son corps en vue de l’enterrement, puis on l’a dé-
posé dans une pièce à l’étage, peut-être dans sa pro-
pre maison. La chaleur du climat proche-oriental
obligeait à enterrer les morts le jour même ou le
lendemain du déc ès. Ayant appris que Pierre était
à Lydda, à seulement 18 kilomètres de chez eux, soit
quatre heures de marche, les chrétiens de Jopp é ont
estimé qu’il avait le temps d’arriver avant l’enterre-
ment. Aussi ont-ils envoyé deux hommes lui deman-
der de venir sans tarder (Actes 9:37, 38). « Dans le
judaïsme antique, explique un bibliste, il était cou-
rant que l’on envoie les émissaires par deux, en par-

128 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


tie pour que l’un puisse confirmer le témoignage de
l’autre. »
Que s’est-il passé à l’arrivée de Pierre ? Le ré-
cit explique : « Ils le firent monter dans la pièce
à l’étage ; et toutes les veuves s’approchèrent de
lui, pleurant et montrant beaucoup de manteaux et
d’autres vêtements que Dorcas avait faits de son vi-
vant » (Actes 9:39). Entre autres choses qui avaient
rendu Tabita chère aux membres de l’assemblée, il y
avait son habitude de coudre pour eux. Elle faisait
des tuniques, portées près du corps, et des man-
teaux ou des robes, portés par-dessus la tunique.
On ne sait si elle payait tout le tissu elle-même ou
si elle offrait seulement le travail ; toujours est-il
qu’elle était aimée pour sa bonté et parce qu’elle
« donnait généreusement aux pauvres ».
Ce que Pierre a vu en entrant dans la chambre
haute a dû l’émouvoir. « Ce deuil était très diffé-
rent de celui qui avait eu lieu chez Jaïre, avec ses
pleureuses bruyantes et ses flûtistes, dit le bibliste
Richard Lenski. Ce n’était pas un deuil aussi artifi-
ciel » (Mat. 9:23). Le chagrin exprimé était réel et
sinc ère. Selon plusieurs avis, le fait que pas une fois
un mari ne soit mentionné est l’indice que Tabita
était c élibataire.
Quand Jésus a chargé ses ap ôtres de mission, il
leur a donné le pouvoir de ‘ressusciter les morts’

« L’ASSEMBLÉE ENTRA DANS UNE PÉRIODE DE PAIX » 129


(Mat. 10:8). Pierre l’avait vu accomplir de tels mi-
racles, dont la résurrection de la fille de Jaïre, mais
c’est ici la première fois que le récit fait état d’une
résurrection op érée par un ap ôtre (Marc 5:21-24,
35-43). Ainsi, Pierre a fait sortir tout le monde de
la pièce à l’étage, puis il a prononc é une prière fer-
vente, après quoi Tabita a ouvert les yeux et s’est
redressée. Quelle joie cela a dû être parmi les chré-
tiens de Jopp é lorsque l’ap ôtre a présenté vivante
aux saints et aux veuves leur chère Tabita ! (Actes
9:40-42).

24 Il y a deux le çons importantes à tirer de cette ré-


confortante histoire de Tabita. 1) La vie est éphémère.
Qu’il est donc important de se faire une bonne réputa-
tion devant Dieu tant qu’on en a la possibilité ! (Eccl.
7:1). 2) L’esp érance de la résurrection est sûre. Jého-
vah a remarqué les nombreuses œuvres bonnes de Ta-
bita, et il l’a récompensée. Si nous mourons avant Ar-
maguédon, il se souviendra de notre dur labeur et nous
ressuscitera (Héb. 6:10). Par conséquent, que nous tra-
versions actuellement une « époque difficile » ou une
« p ériode de paix », continuons avec persévérance à
rendre pleinement témoignage à Christ (2 Tim. 4:2).
130 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
PARTIE 3 ˙ AC T E S 10:1 – 12:25
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« LES GENS DES NATIONS


AVAIENT ACCEPTÉ
LA PAROLE DE DIEU »
ACTES 11:1

Les disciples juifs de Jésus accepteraient-ils de


prêcher la bonne nouvelle aux Gentils, des incir-
concis ? Dans cette partie, nous verrons comment
l’esprit de Jéhovah a ouvert des cœurs et a aidé
les chrétiens à surmonter leurs préjugés, ce qui
a donn é un grand élan à l’œuvre de témoignage
dans toutes les nations.
CHAPITRE 9
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Dieu n’est pas partial »


La pr édication s’ouvre aux incirconcis
Actes 10:1 – 11:30

NOUS sommes en 36 de notre ère. Le soleil automnal


réchauffe Pierre qui prie sur le toit en terrasse d’une
maison près de la mer, dans la ville portuaire de Jopp é.
Voilà plusieurs jours qu’il séjourne volontiers dans cette
maison, ce qui révèle dans une certaine mesure son ab-
sence de préjugés. En effet, son hôte, nommé Simon, est
tanneur de métier, et plus d’un Juif n’aurait pas voulu
loger chez lui1. N’emp êche que Pierre va bientôt appren-
dre une leçon capitale sur l’impartialité de Jéhovah.
Pierre, en prière, tombe en extase. Tout Juif serait
2

troublé par ce qu’il voit alors en vision : descendant du


ciel, une toile formant récipient, pleine de b êtes impu-
1 Certains Juifs méprisaient les tanneurs parce que leur activité les
mettait en contact avec des peaux et des cadavres d’animaux, et avec
les substances infectes nécessaires à leur traitement. Les tanneurs
étaient jugés indignes de paraître au Temple, et ils ne pouvaient pas
implanter leur atelier à moins de 50 coudées, soit une bonne ving-
taine de mètres, d’une ville. Ce peut être une raison pour laquelle la
maison de Simon était « près de la mer » (Actes 10:6).
1-3. Quelle vision Pierre a-t-il re çue, et pourquoi devons-nous en saisir
le sens ?
132 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
res selon la Loi. À l’ordre de tuer et de manger, Pierre
répond : « Je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’im-
pur. » Sur ce, il s’entend dire non pas une, mais trois
fois : « N’appelle plus “souillées” les choses que Dieu
a purifiées » (Actes 10:14-16). Cela le laisse perplexe,
mais pas pour longtemps.
3 Que signifiait cette vision ? Il est important d’en sai-
sir le sens, car elle rec èle une vérité profonde sur la fa-
çon dont Jéhovah considère les humains. Un vrai chré-
tien ne peut pas rendre pleinement témoignage au sujet
du Royaume sans apprendre à voir les gens comme
Dieu les voit. Pour percer le sens de la vision de Pierre,
analysons les circonstances extraordinaires qui l’ont
entourée.
Il « suppliait Dieu constamment » (Actes 10:1-8)
4 Pierre ignorait que la veille, à Césarée (environ

50 kilomètres au nord), un certain Corneille avait re çu,


lui aussi, une vision divine. Ce centurion de l’armée ro-
maine1 était un « homme fervent », ainsi qu’un chef de
famille exemplaire puisqu’il « craignait Dieu avec tous
ceux qui vivaient sous son toit ». Ce n’était pas un
1 Voir l’encadré « Corneille et l’armée romaine », page 134.
4-5. Qui était Corneille, et qu’est-il arrivé pendant qu’il priait ?
« DIEU N’EST PAS PARTIAL » 133
CORNEILLE ET L’ARM ÉE ROMAINE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Les quartiers généraux administratifs et militai-


res pour la province romaine de Judée se trou-
vaient à Césarée. Les troupes commandées par
le gouverneur consistaient en une cavalerie de
500 à 1 000 hommes et en cinq cohortes d’infan-
terie. Une cohorte au complet comptait environ
600 soldats. Ces troupes étaient d’ordinaire levées
parmi les sujets de l’empire qui n’étaient pas ci-
toyens romains. La majorité servaient à Césarée,
mais de petites garnisons étaient éparpillées en Ju-
dée. Une cohorte stationnait en permanence à Jé-
rusalem, dans la tour Antonia, pour maintenir l’or-
dre sur le mont du Temple et en ville. Les Romains
renforçaient leur présence dans la cité durant les fê-
tes juives pour réprimer d’éventuels troubles.
Comme son nom l’indique, un centurion com-
mandait environ 100 hommes. Selon le texte grec
d’Actes 10:1, Corneille était un centurion d’une
troupe dite « italienne », probablement basée à Cé-
sarée. Il s’agissait peut-être de la Deuxième cohorte
italienne de volontaires citoyens romains1. Les cen-
turions jouissaient d’un prestige militaire et social
considérable, et ils étaient aisés. Leur paye était
peut-être 16 fois celle des soldats de métier.
1 En latin Cohors II Italica voluntariorum civium Romanorum. Sa
présence en Syrie en 69 de notre ère est attestée.

134 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


prosélyte du judaïsme, mais un incirconcis, un Gentil.
Cependant, il témoignait de la compassion aux Juifs in-
digents en les aidant matériellement. Cet homme sin-
c ère « suppliait Dieu constamment » (Actes 10:2).
5
Vers 15 heures, ce jour-là, Corneille priait, lorsqu’un
ange lui était apparu dans une vision et lui avait dit :
« Tes prières et tes dons faits aux pauvres sont montés
devant Dieu, et il les garde en mémoire » (Actes 10:4).
Comme l’ange le lui demandait, il avait envoyé des
hommes chercher l’ap ôtre Pierre. Cet incirconcis était
sur le point de franchir une porte qui lui avait été fer-
mée jusqu’alors : il allait recevoir le message de salut.
6
Et aujourd’hui, Dieu répond-il aux prières des gens
sinc ères qui veulent trouver la vérité sur lui ? Le fait
suivant est révélateur. En Albanie, une femme qui re-
cevait à sa porte un Témoin de Jéhovah a accepté une
Tour de Garde contenant un article sur l’éducation des
enfants1, en expliquant : « Le croiriez-vous si je vous
disais que je priais Dieu de m’aider à élever mes filles ?
C’est lui qui vous envoie ! Vous avez touché mon cœur
1 Il s’agit de l’article intitulé « Des conseils fiables pour éduquer les
enfants », paru dans le numéro du 1er novembre 2006, pages 4 à 7.
6-7. a) Quelle anecdote montre que Dieu répond aux prières des person-
nes sincères qui veulent trouver la vérité sur lui ? b) Que conclure de
telles anecdotes ?
« DIEU N’EST PAS PARTIAL » 135
exactement là où j’en avais besoin ! » Cette femme et
ses filles ont commenc é à étudier la Bible, et elles ont
été rejointes plus tard par le mari.
7
Est-ce un cas isolé ? Pas du tout ! Ce genre d’anec-
dote se rép ète régulièrement dans le monde entier, et
bien trop souvent pour qu’il s’agisse de coïncidences.
Qu’en conclure donc ? D’abord, que Jéhovah répond
aux prières des personnes sinc ères qui le cherchent
(1 Rois 8:41-43 ; Ps. 65:2). Ensuite, que nous avons le
soutien des anges dans notre prédication (Rév. 14:6, 7).
« Pierre, perplexe » (Actes 10:9-23a)
8
Demeuré sur la terrasse, Pierre était « perplexe »
quant au sens de la vision, lorsque des messagers de
Corneille se sont approchés de la maison (Actes 10:17).
Pierre, qui, par trois fois, avait affirmé qu’il refuserait
des aliments jugés impurs par la Loi, accepterait-il de
suivre ces hommes et d’entrer chez un Gentil ? De
quelque manière, l’esprit saint lui a fait connaître la vo-
lonté de Dieu à ce sujet. Il lui a dit : « Écoute ! Il y a
trois hommes qui veulent te parler. Lève-toi, descends
et pars avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui
les ai envoyés » (Actes 10:19, 20). À l’évidence, la vision
8-9. Qu’a fait savoir l’esprit à Pierre, et comment celui-ci a-t-il réagi ?
136 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
des b êtes impures avait préparé Pierre à se soumettre
aux directives de l’esprit saint.
9
En apprenant que Corneille l’avait envoyé chercher
sur les instructions de Dieu, Pierre a invité les messa-
gers gentils à entrer et « les logea » (Actes 10:23a).
Ob éissant, il s’adaptait déjà à la tournure nouvelle que
prenait l’accomplissement du projet de Dieu.
10 Aujourd’hui encore, Jéhovah dirige son peuple pro-
gressivement (Prov. 4:18). Par le moyen de son esprit
saint, il guide l’« esclave fidèle et avisé » (Mat. 24:45).
Il nous est parfois proposé des éclaircissements dans
notre compréhension de la Parole de Dieu ou des chan-
gements dans certaines de nos méthodes. Demandons-
nous : « Quelle est ma réaction à ces améliorations ?
Est-ce que je me soumets à la direction de l’esprit de
Dieu dans ces domaines ? »
Pierre « ordonna qu’ils soient baptis és »
(Actes 10:23b-48)
11 Le lendemain de sa vision, Pierre, avec neuf autres

(les trois messagers de Corneille et « six frères » juifs


de Jopp é), est parti pour Césarée (Actes 11:12). En
10. Comment Jéhovah dirige-t-il son peuple, et quelles questions chacun
de nous devrait-il se poser ?
11-12. Qu’a fait Pierre à son arrivée à Césarée, et qu’avait-il appris ?
« DIEU N’EST PAS PARTIAL » 137
l’attendant, Corneille a réuni « les membres de sa fa-
mille et ses amis intimes », manifestement tous des
Gentils (Actes 10:24). Arrivé à Césarée, Pierre a fait
quelque chose qui lui avait toujours été impensable : il
est entré chez un incirconcis ! Il a expliqué : « Vous sa-
vez bien qu’un Juif n’a absolument pas le droit de fré-
quenter un homme d’une autre race ni même de l’ap-
procher, et pourtant Dieu m’a montré que je ne devais
appeler aucun homme “souillé” ou “impur” » (Actes
10:28). Il discernait maintenant que sa vision avait eu
pour but de lui enseigner une le çon qui ne se limitait
pas aux aliments autorisés. Il ne devait « appeler aucun
homme [pas même un Gentil] “souillé” ».
12 Un auditoire réceptif l’attendait. « Nous voilà tous
présents devant Dieu pour entendre tout ce que Jého-
vah t’a ordonné de dire », a expliqué Corneille (Actes
10:33). Imagine tes sentiments si une personne te disait
cela ! Pierre a commenc é par cette déclaration percu-
tante : « À présent, je comprends vraiment que Dieu
n’est pas partial, mais qu’il approuve toute personne
qui le craint et fait ce qui est juste, quelle que soit sa
nation » (Actes 10:34, 35). Il avait appris que ni la race,
ni la nationalité, ni aucun autre facteur extérieur ne dé-
termine la façon dont Dieu considère les humains. Puis
138 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
il s’est mis à rendre témoignage au sujet du ministère,
de la mort et de la résurrection de Jésus.
13
Alors, un évènement sans préc édent s’est produit :
« Alors que Pierre était encore en train de parler », l’es-
prit saint a été répandu sur ces « gens des nations »
(Actes 10:44, 45). C’est le seul cas, rapporté dans la Bi-
ble, d’effusion de l’esprit saint avant le baptême. Discer-
nant là un signe de l’approbation de Dieu, Pierre ‘or-
donna que ces Gentils soient baptisés’ (Actes 10:48).
Cette conversion de Gentils en 36 de notre ère a mar-
qué la fin de la p ériode de faveur particulière envers les
Juifs (Dan. 9:24-27). Par son intervention en la circons-
tance, Pierre a fait usage de la troisième et dernière des
« clés du royaume » (Mat. 16:19). Cette clé a ouvert aux
incirconcis la porte permettant de devenir des chré-
tiens oints de l’esprit.
14Aujourd’hui, les prédicateurs du Royaume recon-
naissent qu’ « il n’y a pas de partialité chez Dieu »
(Rom. 2:11). Sa volonté est que « toutes sortes de gens
soient sauvés » (1 Tim. 2:4). Par conséquent, ne jugeons
jamais les gens sur le dehors. Nous avons mission de
13-14. a) Qu’ont eu de remarquable la conversion de Corneille et celle
d’autres Gentils en 36 ? b) Pourquoi ne faut-il pas juger les gens sur le
dehors ?
« DIEU N’EST PAS PARTIAL » 139
rendre pleinement témoignage au sujet du royaume de
Dieu, donc de prêcher à tous les humains, quels que
soient leur race, leur nationalité, leur aspect ou leur
culture religieuse.
« Ils arrêtèrent de contester et ils glorifièrent Dieu »
(Actes 11:1-18)
15
Certainement impatient de raconter tous ces évè-
nements, Pierre est parti pour Jérusalem. La nouvelle
que des incirconcis « avaient accepté la parole de
Dieu » l’a sans doute devanc é puisque, peu après son
arrivée, « les partisans de la circoncision se mirent [...]
à lui faire des reproches ». Ces disciples juifs étaient
troublés de ce qu’il était « entré chez des hommes qui
n’étaient pas circoncis » et qu’il avait « mangé avec
eux » (Actes 11:1-3). Leur souci n’était pas de savoir si
des Gentils pouvaient devenir disciples de Christ, mais
de démontrer que les Gentils devaient observer la Loi
(dont la circoncision) pour adorer Jéhovah convenable-
ment. À l’évidence, certains disciples juifs avaient du
mal à renoncer à la Loi mosaïque.
Comment Pierre a-t-il justifié ses actions ? Selon
16

Actes 11:4-16, il a récapitulé quatre preuves que le ciel


15-16. Pourquoi certains chrétiens juifs ont-ils fait des reproches à
Pierre, et comment Pierre a-t-il justifié ses actions ?
140 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
dirigeait les choses : 1) la vision divine qu’il avait re çue
(versets 4-10) ; 2) l’ordre de l’esprit (versets 11, 12) ;
3) la visite de l’ange à Corneille (versets 13, 14) ; et
4) l’effusion de l’esprit saint sur les Gentils (versets 15,
16). Il a conclu sur cette question plus qu’éloquente :
« Si donc Dieu leur a donné le même don gratuit qu’à
nous qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-
je, moi, pour pouvoir emp êcher Dieu d’agir ? » (Actes
11:17).
17
Les déclarations de Pierre ont été une épreuve dé-
cisive pour les chrétiens juifs. Arriveraient-ils à se dé-
faire de toute trace de préjugé pour accepter les Gen-
tils fraîchement baptisés comme leurs frères chrétiens ?
Le récit poursuit : « Quand [les ap ôtres et les autres
chrétiens juifs] entendirent ces choses, ils arrêtèrent de
contester et ils glorifièrent Dieu, en disant : “Ainsi,
Dieu a accordé aux gens des nations aussi le repentir
qui mène à la vie !” » (Actes 11:18). Ce bel état d’esprit
a protégé l’unité de l’assemblée.
18
De nos jours, il peut être difficile de maintenir
l’unité parmi les pratiquants du vrai culte qui viennent
17-18. a) Quelle épreuve les déclarations de Pierre ont-elles été pour les
chrétiens juifs ? b) Pourquoi peut-il être difficile de maintenir l’unité
dans l’assemblée, et quelles questions devrions-nous nous poser ?
« DIEU N’EST PAS PARTIAL » 141
« de toutes nations et tribus et peuples et langues »
(Rév. 7:9). Ainsi, dans beaucoup d’assemblées se mêlent
diverses races, cultures et éducations. Demandons-
nous : « Ai-je extirp é de mon cœur toute trace de pré-
jugé ? Suis-je décidé à ne jamais traiter mes frères et
sœurs chrétiens d’une façon influenc ée par les menta-
lités diviseuses du monde — nationalisme, tribalisme,
orgueil culturel et racisme ? » Rappelons ce qui est ar-
rivé à Pierre (Céphas) quelques années après les pre-
mières conversions de Gentils. Cédant aux préjugés
des autres, il a « pris ses distances » d’avec les
chrétiens gentils, si bien que Paul a dû le reprendre
(Gal. 2:11-14). Méfions-nous constamment du piège des
préjugés.
« Un grand nombre de gens devinrent croyants »
(Actes 11:19-26a)
19 Les disciples de Jésus se sont-ils mis à prêcher aux

incirconcis ? Voici ce qui s’est passé plus tard à Antio-


che de Syrie1. Cette ville comptait une forte commu-
nauté juive, mais il y avait peu d’hostilité entre Juifs et
Gentils. Elle offrait donc une ambiance propice à
1 Voir l’encadré « Antioche de Syrie », page 144.
19. À qui les chrétiens juifs d’Antioche ont-ils commencé à prêcher, et
quel en a été le résultat ?
142 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
l’évangélisation des Gentils. C’est là que des disciples
juifs ont commenc é à annoncer la bonne nouvelle
« aux gens parlant grec » (Actes 11:20). Leur prédica-
tion ne visait pas que les Juifs d’expression grecque,
mais aussi les incirconcis. Jéhovah a b éni cette activité,
et « un grand nombre de gens devinrent croyants » (Ac-
tes 11:21).
20
Pour s’occuper de ce champ mûr à Antioche, l’as-
semblée de Jérusalem y a envoyé Barnab é. Apparem-
ment, Barnab é a vite croulé sous l’incroyable intérêt
qu’il a rencontré. Qui était mieux plac é pour l’aider
que Saul, le futur ap ôtre des nations ? (Actes 9:15 ;
Rom. 1:5). Mais Barnab é verrait-il en lui un rival ? Au
contraire, il a fait preuve de la modestie qui s’imposait.
Il est spontanément allé chercher Saul à Tarse et l’a ra-
mené à Antioche pour qu’il l’aide. Tous deux ont passé
ensemble une année à encourager les disciples de l’as-
semblée (Actes 11:22-26a).
21
Comment faire preuve de modestie dans notre mi-
nistère ? Cette qualité implique que nous admettions
nos limites. Nous avons tous des points forts et des ca-
pacités qui diffèrent de l’un à l’autre. Par exemple,
20-21. Comment Barnab é a-t-il fait preuve de modestie, et comment le
pouvons-nous pareillement dans notre ministère ?
« DIEU N’EST PAS PARTIAL » 143
ANTIOCHE DE SYRIE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Antioche, dite de Syrie, était bâtie sur l’Oronte,


à environ 30 kilomètres en amont du port médi-
terranéen de S éleucie et à 550 kilomètres au nord
de Jérusalem (Actes 13:4). S éleucus I er Nicator,
le premier roi de l’Empire séleucide, la fonda en
300 avant notre ère. Capitale de l’empire, elle ac-
quit rapidement un grand rayonnement. En
64 avant notre ère, le général romain Pomp ée fit
de la Syrie une province romaine ayant Antioche
pour capitale. Au 1er siècle de notre ère, cette mé-
tropole était, par la taille et la richesse, la troi-
sième ville de l’Empire romain, derrière Rome et
Alexandrie.
Antioche était un carrefour autant commercial
que politique. Les marchandises de toute la Syrie
transitaient par elle avant d’être exportées dans le
bassin méditerranéen. « Comme elle était proche
de la frontière entre la région gréco-romaine colo-
nisée et les États orientaux, explique un bibliste,
elle était encore plus cosmopolite que la plupart
des villes hellénistiques. » Elle comptait une forte
communauté de Juifs qui, selon Flavius Josèphe,
« attirèrent [...] à leur culte un grand nombre de
Grecs » de l’endroit (Guerre des Juifs, dans Œuvres
complètes de Flavius Josèphe, trad. R. Harmand).

144 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


certains donnent efficacement le témoignage de maison
en maison ou de façon informelle, mais ont du mal à
revenir voir les personnes ou à commencer des cours
bibliques. Pourquoi ne pas demander de l’aide si tu sou-
haites t’améliorer dans un aspect de la prédication ? Ce
faisant, tu pourras devenir plus productif et trouver
plus de joie dans le ministère (1 Cor. 9:26).
Ils envoyèrent « des secours »
(Actes 11:26b-30)
22
« C’est à Antioche que, par la providence divine,
les disciples furent appelés “chrétiens” pour la pre-
mière fois » (Actes 11:26b). Ce nom approuvé par Dieu
convient fort bien à ceux qui modèlent leur vie sur celle
de Christ. S’est-il formé un lien fraternel entre les
croyants juifs et les croyants gentils à mesure que
des gens des nations devenaient chrétiens ? Voici la
réaction observée lors de la grande famine survenue
vers 461. À l’époque, les famines affectaient cruelle-
ment les pauvres, qui n’avaient ni réserves d’argent ni
provisions de nourriture. Cette fois, les chrétiens juifs
vivant en Judée, qui comptaient, semble-t-il, beaucoup
1 Flavius Josèphe situe cette famine pendant le règne de l’empereur
Claude (41-54 de n. è.).
22-23. Comment les frères d’Antioche ont-ils exprimé leur amour fra-
ternel, et en quoi le peuple de Dieu actuel agit-il de même ?
« DIEU N’EST PAS PARTIAL » 145
de pauvres, ont manqué de vivres. Mis au courant, les
frères d’Antioche, dont des chrétiens gentils, leur ont
‘envoyé des secours’ (Actes 11:29). Quelle authentique
expression d’amour fraternel !
23
Rien n’a changé dans le peuple de Dieu. Quand
nous apprenons que nos frères, d’un autre pays comme
de notre région, sont dans le besoin, nous leur prêtons
main-forte très volontiers. Les comités de filiale for-
ment aussitôt des comités de secours pour s’occuper
des frères touchés par des catastrophes naturelles
— ouragans, séismes, tsunamis, etc. Toutes ces initiati-
ves révèlent l’authenticité de notre fraternité (Jean
13:34, 35 ; 1 Jean 3:17).
24
Les vrais chrétiens que nous sommes prennent au
sérieux le sens de la vision re çue par Pierre sur une ter-
rasse de Jopp é au 1er siècle. Nous adorons un Dieu im-
partial. Sa volonté est que nous rendions pleinement té-
moignage au sujet de son royaume, ce qui suppose
prêcher aux gens sans regarder à leur race, à leur natio-
nalité ou à leur niveau social. Soyons donc déterminés
à donner à tous ceux qui veulent écouter l’occasion
d’accepter la bonne nouvelle (Rom. 10:11-13).
24. Comment montrer que nous prenons au sérieux le sens de la vision
re çue par Pierre ?
146 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 10
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« La parole de Jéhovah
continuait à se répandre »
Pierre est lib ér é ; la persécution n’arr ête pas
la propagation de la bonne nouvelle
Actes 12:1-25

AVEC un fracas assourdissant, la lourde porte de fer


se referme derrière Pierre. Il est mené à sa cellule en-
chaîné entre deux gardes romains. Commencent alors
de longues heures, sinon de longs jours, à attendre que
son sort soit fixé, avec pour tout horizon les murs et
les barreaux de sa prison, ses chaînes et ses gardes.
2 Puis la nouvelle tombe, terrible. Le roi Hérode
Agrippa I er1 a juré sa mort. Pierre sera présenté de-
vant le peuple après la Pâque, et sa condamnation sera
un cadeau qui enchantera les foules. Ce n’est pas une
menace en l’air. Un autre ap ôtre, Jacques, a été exé-
cuté par Hérode tout récemment.
3
L’exécution est pour demain. À quoi songe Pierre
1 Voir l’encadré « Le roi Hérode Agrippa I er », page 148.
1-4. Dans quelle situation p énible Pierre se trouvait-il, et que ressenti-
rais-tu si tu étais à sa place ?
« LA PAROLE DE JÉHOVAH CONTINUAIT À SE RÉPANDRE » 147
LE ROI HÉRODE AGRIPPA I er
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Hérode Agrippa I er, qui a fait exécuter Jacques


et emprisonner Pierre, était le petit-fils d’Hérode
le Grand. Les Hérodes étaient une dynastie idu-
méenne (c’est-à-dire édomite) de chefs politiques
des Juifs. Les Iduméens étaient assimilés aux Juifs,
puisque la circoncision leur avait été impos ée
vers 125 avant notre ère.
Né en 10 avant notre ère, Hérode Agrippa I er avait
fait ses études à Rome. Il entretenait des ami-
tiés avec plusieurs membres de la famille imp ériale.
L’un de ces amis était Gaius, mieux connu comme
Caligula, qui devint empereur en 37 de notre ère et
qui, peu après, proclama Agrippa roi d’Iturée, de
Trachonitide et d’Abilène. Plus tard, il ajouta au ter-
ritoire d’Agrippa la Galilée et la Pérée.
Agrippa était à Rome quand Caligula fut as-
sassiné en 41 de notre ère. Il a, dit-on, joué un
rôle important dans la résorption de la crise qui a
suivi. Il a particip é aux négociations tendues entre
un autre de ses amis puissants, Claude, et le sé-
nat romain. En conséquence, Claude a été proclamé
empereur et la guerre civile évitée. Pour remercier
Agrippa de sa médiation, Claude lui a accordé la
royauté sur la Judée et la Samarie, jusque-là ad-
ministrées par des procurateurs romains depuis 6
de notre ère. C’est ainsi qu’Agrippa est devenu

148 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


maître de territoires équivalents à ceux d’Hérode le
Grand.
La capitale d’Agrippa était Jérusalem, où il a ga-
gné la faveur des chefs religieux. On raconte qu’il ob-
servait scrupuleusement la loi et les traditions jui-
ves, notamment en offrant chaque jour des sacrifices
au Temple, en lisant la Loi en public et en jouant « le
rôle de protecteur zélé de la foi juive ». Toutefois, il
a démenti sa prétention d’être un adorateur de Dieu
quand il a organisé des combats de gladiateurs et des
spectacles païens au théâtre. « Traître, superficiel,
dépensier », tel est le portrait que l’Histoire brosse
de lui.

dans la p énombre de son cachot ? Repense-t-il à ce que


Jésus a révélé il y a des années, à savoir qu’un jour il
serait ligoté, emmené contre son gré, et finalement
tué ? (Jean 21:18, 19). Peut-être se dit-il que ce moment
est arrivé.
4
Que ressentirais-tu si tu étais dans sa situation ?
Plus d’un serait anéanti, se dirait que tout espoir est
perdu. Mais, pour un vrai disciple de Jésus Christ, y
a-t-il des situations réellement désesp érées ? Que nous
enseigne la réaction de Pierre et de ses compagnons à
cette persécution ? Voyons cela.
« LA PAROLE DE JÉHOVAH CONTINUAIT À SE RÉPANDRE » 149
« L’assemblée priait intens ément »
(Actes 12:1-5)
5
Comme on l’a vu dans le chapitre préc édent de cet
ouvrage, la conversion du Gentil Corneille et de sa fa-
mille a été un évènement réjouissant pour l’assemblée
chrétienne. Toutefois, les Juifs non croyants ont dû se
choquer de voir que beaucoup de chrétiens juifs pra-
tiquaient volontiers leur culte avec des non-Juifs.
6 Politicien malin, Hérode a vu là une occasion de

s’attirer leurs bonnes grâces, et il s’est mis à maltrai-


ter les chrétiens. Il était sans doute informé que l’ap ô-
tre « Jacques, le frère de Jean », avait été un intime
de Jésus Christ. C’est pourquoi il l’avait ‘mis à mort
par l’ép ée’ (Actes 12:2). Quelle épreuve pour l’assem-
blée ! Ce Jacques était un des trois ap ôtres qui avaient
assisté à la transfiguration de Jésus et à d’autres mi-
racles que n’avaient pas vus leur neuf compagnons
(Mat. 17:1, 2 ; Marc 5:37-42). C’était lui et son frère
Jean que Jésus avait surnommés « fils du tonnerre »
du fait de leur enthousiasme fougueux (Marc 3:17).
L’assemblée avait donc perdu un témoin fidèle et cou-
rageux, et un ap ôtre bien-aimé.
5-6. a) Pourquoi et comment le roi Hérode Agrippa I er a-t-il attaqué l’as-
semblée chrétienne ? b) Pourquoi la mort de Jacques a-t-elle été une
épreuve pour l’assemblée ?
150 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
7
Comme Hérode l’avait escompté, l’exécution de
Jacques a plu aux Juifs. Ainsi enhardi, il s’est ensuite
attaqué à Pierre. On a vu plus haut qu’il l’a fait ar-
rêter. Mais peut-être se rappelait-il que les prisons
n’avaient pas toujours retenu efficacement les ap ôtres
(voir le chapitre 5 de cet ouvrage). Prenant les précau-
tions maximales, il a fait enchaîner Pierre entre 2 gar-
des et a ordonné à 16 autres de le surveiller par relais
jour et nuit pour emp êcher toute évasion. Si ce pri-
sonnier s’évadait, les gardes eux-mêmes subiraient sa
condamnation. Dans une situation aussi tragique, que
pouvaient faire les compagnons chrétiens de Pierre ?
8
Ils ont su exactement quoi faire. « Pierre était donc
gardé dans la prison, lit-on en Actes 12:5 ; de son c ôté,
l’assemblée priait Dieu intensément pour lui. » Les
prières des chrétiens pour leur cher frère étaient des
suppliques sinc ères et intenses. La mort de Jacques ne
les avait pas plongés dans le désespoir ; elle n’avait pas
non plus sap é leur confiance en la prière. Les prières
comptent énormément pour Jéhovah. Si elles sont
conformes à sa volonté, il les exauce (Héb. 13:18, 19 ;
Jacq. 5:16). C’est une le çon que les chrétiens d’aujour-
d’hui ne voudront pas oublier.
7-8. Comment l’assemblée a-t-elle réagi à l’emprisonnement de Pierre ?
« LA PAROLE DE JÉHOVAH CONTINUAIT À SE RÉPANDRE » 151
9
Entends-tu parler de coreligionnaires qui sont as-
saillis par des épreuves — persécution, interdiction
gouvernementale, catastrophe naturelle, etc. ? Pourquoi
ne pas en faire l’objet de tes prières sincères ? D’autres
subissent peut-être des épreuves moins perceptibles,
comme des ennuis familiaux, le découragement ou une
situation mettant leur foi en danger. Si tu médites avant
de prier, il te viendra à l’esprit beaucoup de personnes
à mentionner par leur nom quand tu parleras à Jého-
vah, celui ‘qui écoute la prière’ (Ps. 65:2). Et puis, tu
as besoin que tes frères et sœurs fassent de même pour
toi quand tu traverses des moments difficiles.
« Suis-moi » (Actes 12:6-11)
10
Pierre avait-il peur à l’approche du danger ? Si l’on
ne peut rien affirmer, toujours est-il que, durant sa der-
nière nuit en prison, il a dormi à poings fermés entre
ses deux gardes qui veillaient. Cet homme de foi sa-
vait assurément qu’avec Jéhovah il était en sécurité,
quoi qu’apporte le lendemain (Rom. 14:7, 8). De toute
façon, il n’aurait pas pu prévoir les évènements extra-
ordinaires qui allaient suivre. Soudain, une vive lu-
9. En ce qui concerne la prière, que nous apprend l’exemple laissé par
les compagnons de Pierre ?
10-11. Comment l’ange de Jéhovah a-t-il lib éré Pierre de la prison ?
152 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
mière a inondé sa cellule. Un ange s’est tenu là, à l’évi-
dence invisible pour les gardes, et l’a secoué pour le
réveiller. Et ces chaînes qui entravaient ses mains, ces
chaînes en apparence si solides, eh bien ! elles sont
tout bonnement tomb ées !
11
L’ange a donné à Pierre plusieurs ordres brefs :
« Vite, lève-toi ! [...] Habille-toi et mets tes sandales.
[...] Mets ton vêtement de dessus. » L’ap ôtre a ob éi
prestement. Puis l’ange a dit : « Suis-moi », et Pierre
lui a emboîté le pas. Ils ont quitté la cellule, sont pas-
sés devant les sentinelles postées dehors, et se sont di-
rigés en silence vers la lourde porte de fer. Comment
franchiraient-ils cet obstacle ? Pierre ne s’est pas posé
la question longtemps, si tant est qu’elle lui ait tra-
versé l’esprit. À leur approche, la porte s’est ouverte
« toute seule ». En moins de temps qu’il ne faut pour
le dire, Pierre et l’ange étaient dans la rue ; puis l’ange
a disparu. Une fois seul, Pierre a saisi d’un coup que
tout ceci était vraiment arrivé. Il n’avait pas eu une vi-
sion. Il était libre ! (Actes 12:7-11).
N’est-ce pas réconfortant de réfléchir sur l’infini
12

pouvoir de Jéhovah de délivrer ses serviteurs ? Pierre


12. Pourquoi est-ce réconfortant de réfléchir sur la délivrance de Pierre
par Jéhovah ?
« LA PAROLE DE JÉHOVAH CONTINUAIT À SE RÉPANDRE » 153
était tenu captif par un roi qui avait l’appui de la plus
forte puissance politique que le monde ait jamais
connue. Pourtant, il est tranquillement sorti de pri-
son ! Certes, Jéhovah ne fait pas de tels miracles pour
tous ses serviteurs. Il n’était pas intervenu ainsi pour
Jacques ; il n’est pas intervenu non plus pour Pierre
par la suite, lorsque la prophétie de Jésus à son sujet
s’est réalisée. De nos jours, nous n’attendons pas de
délivrances miraculeuses. Mais nous nous souvenons
que Jéhovah n’a pas changé (Mal. 3:6). De plus, il
chargera bientôt son Fils de lib érer des humains par
millions de la plus hermétique des prisons, la mort
(Jean 5:28, 29). Nous pouvons puiser énormément de
courage dans ces promesses quand nous affrontons des
épreuves.
« Ils furent stup éfaits de le voir » (Actes 12:12-17)
13
Dans cette rue sombre, Pierre se demandait où al-
ler maintenant... Mais oui, bien sûr ! À deux pas vivait
une chrétienne du nom de Marie. Veuve et aisée, sem-
ble-t-il, elle possédait une maison assez grande pour
13-15. a) Comment les frères réunis chez Marie ont-ils réagi à l’arri-
vée de Pierre ? b) Sur quoi le livre des Actes se concentre-t-il désormais,
mais quel effet Pierre a-t-il continué d’avoir sur ses frères et sœurs spi-
rituels ?
154 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
recevoir une assemblée. C’était la mère de Jean-Marc,
jeune homme que le récit mentionne pour la première
fois ici, et qui est devenu à la longue comme un fils
pour Pierre (1 Pierre 5:13). Cette nuit-là, beaucoup de
membres de l’assemblée étaient chez Marie malgré
l’heure tardive, et ils priaient ardemment. Ils priaient
probablement pour la lib ération de l’ap ôtre, mais ils
ne s’attendaient pas à la réponse de Jéhovah !
14
Pierre a frapp é au battant du portail, qui donnait
sur une cour devant la maison. Une servante nommée
Rode (nom grec courant qui signifie « rose ») est ve-
nue. En entendant la voix de Pierre, elle n’en a pas cru
ses oreilles ! Bouleversée, au lieu d’ouvrir, elle a laissé
l’ap ôtre dehors et a couru dans la maison où elle a
tenté de convaincre les autres qu’il était là. Ils lui ont
dit qu’elle était folle, mais elle n’était pas du genre à
baisser les bras, car elle a soutenu ce qu’elle savait être
vrai. Un peu ébranlés, quelques-uns ont émis l’idée
que c’était un ange qui représentait Pierre (Actes
12:12-15). Et pendant tout ce temps, Pierre tambouri-
nait au portail, jusqu’à ce qu’enfin les disciples vien-
nent lui ouvrir !
15
En arrivant, les disciples « furent stup éfaits de le
voir » ! (Actes 12:16). Pierre a dû calmer leur joyeux
« LA PAROLE DE JÉHOVAH CONTINUAIT À SE RÉPANDRE » 155
tohu-bohu pour pouvoir leur raconter son histoire,
leur dire de prévenir le disciple Jacques et les frères,
et enfin prendre congé avant que les soldats d’Hérode
ne le retrouvent. Il s’en est allé poursuivre son service
fidèle en un lieu plus sûr. Excepté sa participation au
règlement de l’affaire de la circoncision, que relate Ac-
tes chapitre 15, il disparaît ensuite du récit. Le livre
des Actes se concentre désormais sur l’œuvre et les
voyages de l’ap ôtre Paul. Cependant, nous pouvons
être sûrs que Pierre a fortifié la foi de ses frères et
sœurs où qu’il soit allé. Quand il a quitté les disciples
réunis chez Marie cette nuit-là, ils étaient certaine-
ment d’humeur joyeuse.
16
Parfois, Jéhovah donne à ses serviteurs plus qu’ils
n’auraient cru pouvoir esp érer, et la joie les rend pres-
que sceptiques. Tel fut le sentiment des frères et sœurs
spirituels de Pierre cette nuit-là. Tel est quelquefois le
nôtre quand nous sommes l’objet de la grande b éné-
diction de Jéhovah (Prov. 10:22). Un jour, nous ver-
rons se réaliser à l’échelle mondiale toutes ses promes-
ses. Les réalités glorieuses dépasseront sûrement tout
ce que nous imaginons. Aussi, tant que nous restons
16. Pourquoi pouvons-nous être convaincus que l’avenir nous réserve de
nombreuses occasions de nous réjouir ?
156 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
fidèles, nous pouvons être convaincus que bien des
moments joyeux nous attendent.
« L’ange de Jéhovah le frappa » (Actes 12:18-25)
17 L’évasion de Pierre a stup éfié aussi Hérode, mais

pas agréablement. Il a tout de suite ordonné des re-


cherches systématiques. Puis il a fait interroger les gar-
des, qui ont été ‘punis’, vraisemblablement exécutés
(Actes 12:19). Hérode Agrippa n’a pas laissé le souve-
nir d’un homme compatissant ou miséricordieux. Cet
homme cruel a-t-il jamais été puni ?
18
S’il a été mortifié de n’avoir pas exécuté Pierre, il a
vite trouvé une consolation pour sa blessure d’amour-
propre. Une conjoncture diplomatique ayant amené
certains de ses ennemis à solliciter la paix, Hérode n’a
sans doute été que trop content de prononcer un dis-
cours devant un public nombreux. Auparavant, précise
Luc, il « se revêtit de vêtements royaux ». Comme
l’explique l’historien Josèphe, sa robe était faite d’ar-
gent, si bien que, lorsque la lumière tombait sur lui, il
semblait rayonner de gloire. Il s’est alors lanc é dans
un discours pompeux. La foule, servile, s’est écriée :
« Voix d’un dieu, non d’un homme ! » (Actes 12:20-22).
17-18. Qu’est-ce qui a amené à l’ovation flatteuse faite à Hérode ?
« LA PAROLE DE JÉHOVAH CONTINUAIT À SE RÉPANDRE » 157
19
Ce genre de gloire revenait à Dieu ; or Dieu obser-
vait ! Hérode aurait pu éviter la catastrophe. Il aurait
pu réprimander la foule, ou tout au moins la contre-
dire. Au lieu de cela, il s’est montré un exemple vivant
de ce proverbe : « Avant le désastre, il y a l’orgueil »
(Prov. 16:18). ‘À l’instant même, l’ange de Jéhovah
frappa’ ce narcissique bouffi d’orgueil, qui a connu une
mort atroce. En effet, « il fut dévoré par les vers et
mourut » (Actes 12:23). Josèphe aussi précise qu’il a
été frapp é brusquement, ajoutant qu’il a compris qu’il
se mourait pour avoir accepté les flatteries de la foule,
et qu’il a agonisé cinq jours avant d’expirer1.
20
On a parfois l’impression que certains individus
commettent impunément toutes sortes de mauvaises
actions. N’en soyons pas étonnés, puisque « le monde
entier se trouve au pouvoir du méchant » (1 Jean
5:19). Cependant, il arrive que des serviteurs fidèles de
Dieu soient troublés de ce que les mauvais semblent
1 Un auteur médecin a expliqué que les symptômes décrits par Josè-
phe et Luc étaient peut-être ceux d’une occlusion intestinale mortelle
provoquée par des nématodes. Il arrive que le malade vomisse ces
vers ou qu’ils sortent de son corps au moment du déc ès. « L’exacti-
tude professionnelle du médecin Luc fait ressortir l’horreur de la
mort d’Hérode », commente un ouvrage de référence.
19-20. a) Pourquoi Jéhovah a-t-il puni Hérode ? b) En quoi le récit de
la fin soudaine d’Hérode Agrippa est-il réconfortant pour nous ?
158 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
échapper à la justice. Voilà entre autres pourquoi des
récits comme celui qui préc ède sont réconfortants.
C’est comme si nous voyions Jéhovah intervenir et
rappeler à tous ses serviteurs qu’« il aime la justice »
(Ps. 33:5). Tôt ou tard, sa justice prévaudra.
21 Cette histoire s’achève sur une le çon encore plus
encourageante : « La parole de Jéhovah continuait à
se répandre » (Actes 12:24). Ce compte rendu des pro-
grès de l’œuvre de prédication nous rappelle peut-être
la façon dont Dieu b énit la même œuvre à notre épo-
que. Manifestement, Actes chapitre 12 ne parle pas
tant de la mort d’un ap ôtre et de l’évasion d’un autre
ap ôtre que de Jéhovah qui contrecarre les tentati-
ves de Satan pour écraser l’assemblée chrétienne et
étouffer sa prédication zélée. Les attaques de Satan
ont échoué, comme d’ailleurs doivent échouer toutes
ses machinations (Is. 54:17). Inversement, quiconque
prend le parti de Jéhovah et de Jésus Christ participe
à une œuvre qui n’échouera jamais. N’est-ce pas là une
pensée encourageante ? Quel privilège nous avons
de contribuer à répandre « la parole de Jéhovah » de
nos jours !
21. Quelle est la principale le çon à tirer d’Actes chapitre 12, et pour-
quoi peut-elle nous réconforter aujourd’hui ?
« LA PAROLE DE JÉHOVAH CONTINUAIT À SE RÉPANDRE » 159
PARTIE 4 ˙ AC T E S 13:1 – 14:28
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« ENVOYÉS
PAR L’ESPRIT SAINT »
ACTES 13:4

Dans cette partie, nous suivrons l’apôtre Paul


dans son premier voyage missionnaire. Il a été
persécuté dans une ville après l’autre. Mais,
conduit par l’esprit saint, il a continué de rendre
témoignage et de fonder des assemblées. Ce récit
passionnant nous incitera sûrement à redoubler
de zèle dans le ministère.
CHAPITRE 11
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Remplis de joie et d’esprit saint »


L’attitude exemplaire de Paul
face aux gens indifférents ou hostiles
Actes 13:1-52

QUELLE journée palpitante pour l’assemblée d’An-


tioche ! De tous les prophètes et enseignants présents,
l’esprit saint a choisi Barnab é1 et Saul pour porter la
bonne nouvelle à des régions lointaines (Actes 13:1, 2).
Oh ! bien sûr, des hommes capables ont été missionnés
avant ! Mais, jusqu’ici, ils partaient pour des endroits
où le christianisme était déj à implanté (Actes 8:14 ;
11:22). Cette fois, Barnab é et Saul (avec Jean-Marc,
qui leur servira d’auxiliaire) seront envoyés vers des
régions où la grande majorité des habitants ne con-
naissent pas la bonne nouvelle.
2 Il y a 14 ans, Jésus a dit à ses disciples : « Vous se-
rez mes témoins dans Jérusalem, dans toute la Judée
1 Voir l’encadré « Barnab é, “fils de consolation” », page 162.
1-2. Qu’avait de sp écial le voyage que Barnab é et Saul s’apprêtaient à
faire, et en quoi leur activité contribuerait-elle à la réalisation d’Actes
1:8 ?
« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 161
BARNAB É, « FILS DE CONSOLATION »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

L’assemblée primitive de Jérusalem comptait un


membre remarquable : Joseph, un Lévite natif de
Chypre. Les ap ôtres lui avaient donné un deuxième
nom qui évoquait sa personnalité : Barnabé, « fils de
consolation » (Actes 4:36). Quand Barnabé a appris
les ennuis de ses compagnons, il s’est précipité à leur
secours.
À la Pentecôte 33, on a vu 3 000 nouveaux disci-
ples se faire baptiser. Vraisemblablement, beaucoup
étaient venus de loin pour la fête sans prévoir de res-
ter à Jérusalem aussi longtemps qu’ils l’ont fait. L’as-
semblée avait besoin de fonds pour prendre soin de
cette multitude. Alors Barnabé a vendu un terrain et
a généreusement fait don de l’argent aux ap ôtres (Ac-
tes 4:32-37).
En responsable chrétien mûr, Barnabé était tou-
jours prêt à aider les autres. C’est lui qui a pris sous
son aile le nouveau converti Saul de Tarse lorsque
tous les autres disciples le redoutaient à cause de sa
réputation de persécuteur (Actes 9:26, 27). Il a réagi
humblement quand Paul a rappelé Pierre et lui à l’or-
dre au sujet des relations recommandées entre les
chrétiens juifs et les chrétiens gentils (Gal. 2:9, 11-14).
Ces quelques exemples montrent que Barnabé portait
bien son nom de « fils de consolation ».

162 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


et la Samarie, et jusque dans la région la plus lointaine
de la terre » (Actes 1:8). La nomination de Barnab é et
de Saul comme missionnaires va stimuler la réalisa-
tion de cette prophétie1 !
« Mis à part en vue de l’œuvre » (Actes 13:1-12)
3 Aujourd’hui, grâce à des inventions comme l’auto-

mobile et l’avion, on voyage très loin en juste une ou


deux heures. Il n’en était pas ainsi au 1er siècle de notre
ère. Le principal moyen de locomotion par voie de
terre était la marche, souvent sur des chemins inégaux.
Une journée de marche2, peut-être à peine 30 kilomè-
tres, était exténuante ! Par conséquent, même s’ils
avaient hâte d’entreprendre leur mission, Barnab é et
Saul saisissaient certainement toute l’ampleur des ef-
forts et de l’abnégation qu’elle demanderait (Mat.
16:24).
4Mais pourquoi l’esprit saint a-t-il commandé de
‘mettre à part en vue de l’œuvre’ précisément Barnab é
1 ce moment-là, on trouve déj à des assemblées jusqu’à Antioche
de Syrie, à environ 550 kilomètres au nord de Jérusalem.
2 Voir l’encadré « Voyager par la route », page 164.
3. Pourquoi les longs voyages étaient-ils difficiles au 1er siècle ?
4. a) Qu’est-ce qui a dirigé le choix de Barnab é et de Saul, et comment
leurs coreligionnaires ont-ils réagi à leur nomination ? b) Comment pou-
vons-nous soutenir ceux à qui sont confiées des tâches théocratiques ?
« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 163
VOYAGER PAR LA ROUTE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Dans le monde antique, voyager par voie de terre


était plus lent, plus fatigant et probablement plus
cher que par voie de mer. Mais le seul moyen de lo-
comotion vers bien des endroits était la marche.
Un piéton parcourait jusqu’à 30 kilomètres par
jour. Il était exposé aux rigueurs du climat (soleil
et pluie, chaleur et froid) et aux mauvaises rencon-
tres. Ainsi, l’ap ôtre Paul a dit avoir été « souvent en
voyage, en danger à cause des fleuves, en danger à
cause des voleurs » (2 Cor. 11:26).
Un vaste réseau de voies pavées sillonnait l’Em-
pire romain. Le long des grandes routes, les voya-
geurs trouvaient des auberges espacées d’une journée
de marche. Entre les auberges, des tavernes four-
nissaient des provisions de base. Au dire d’auteurs
contemporains, les auberges comme les tavernes
étaient des lieux sales, surpeuplés, humides et infes-
tés de puces, des lieux mal famés, fréquentés par le
rebut de la société. Souvent, les aubergistes volaient
les clients, et ils incluaient la prostitution dans leurs
prestations de services.
Les chrétiens évitaient sans doute autant que
possible ce genre d’établissements. Cependant, ils
n’avaient guère le choix quand ils se déplaçaient dans
des régions où ils n’avaient ni famille ni amis.

164 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


et Saul ? (Actes 13:2). La Bible ne le dit pas. Ce qu’on
sait, c’est qu’il a dirigé le choix de ces hommes. Rien
n’indique que les prophètes et les enseignants d’Antio-
che aient contesté une telle décision. Au contraire, ils
ont soutenu totalement ces nominations. Imagine les
sentiments de Barnab é et de Saul quand leurs frères
spirituels, nullement envieux, ‘après avoir jeûné et
prié, posèrent les mains sur eux et les laissèrent par-
tir’ (Actes 13:3). Nous aussi, soutenons ceux à qui
sont confiées des tâches théocratiques, notamment les
hommes établis responsables dans l’assemblée. Au lieu
d’envier ceux qui re çoivent de tels privilèges, nous de-
vrions « leur manifester une très grande estime,
avec amour, en raison de leur travail » (1 Thess.
5:13).
5 Parvenus à pied jusqu’à S éleucie, un port près
d’Antioche, Barnab é et Saul ont pris le bateau pour
l’île de Chypre, soit environ 200 kilomètres de traver-
sée1. Barnab é, natif de Chypre, était sûrement pressé
d’apporter la bonne nouvelle à ses compatriotes.
1 Au 1er siècle, un bateau pouvait franchir 150 kilomètres en un jour
si les vents étaient favorables. Dans des conditions adverses, un tel
p ériple était beaucoup plus long.
5. Que représentait la prédication sur l’île de Chypre ?
« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 165
D ébarqués à Salamine, sur la c ôte est, Saul et lui n’ont
pas perdu de temps. Immédiatement, « ils se mirent à
annoncer la parole de Dieu dans les synagogues des
Juifs1 » (Actes 13:5). Ils ont parcouru l’île de bout en
bout, prêchant probablement dans les villes principa-
les en chemin. Selon l’itinéraire emprunté, ces mis-
sionnaires ont peut-être fait plus de 150 kilomètres à
pied !
6 Chypre au 1er siècle était engluée dans le faux culte.
Ce fut particulièrement évident à Paphos, sur la c ôte
ouest, quand Barnab é et Saul ont rencontré « un Juif
du nom de Bar-Jésus ; c’était un sorcier et un faux pro-
phète. Il était avec le proconsul2 Sergius Paulus, un
homme intelligent. » En ce temps-là, beaucoup de Ro-
mains instruits — même un « homme intelligent »
comme Sergius Paulus — recouraient souvent à l’aide
d’un sorcier ou d’un astrologue pour prendre des
1 Voir l’encadré « Dans les synagogues des Juifs », page 167.
2 Chypre était sous l’autorité du sénat romain. L’administrateur
principal de l’île était un gouverneur provincial qui avait le rang de
proconsul.
6-7. a) Qui était Sergius Paulus, et pourquoi Bar-Jésus a-t-il essayé de
le détourner de la bonne nouvelle ? b) Comment Saul a-t-il contré l’op-
position de Bar-Jésus ?
166 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
DANS LES SYNAGOGUES DES JUIFS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Synagogue » signifie littéralement « action d’ame-


ner ensemble », d’où « action de réunir ou d’assem-
bler ». D ésignant une assemblée de Juifs, ce mot en
vint avec le temps à désigner le lieu ou l’édifice où se
tenait l’assemblée.
On pense que les synagogues ont été instituées par
les Juifs soit pendant, soit aussitôt après les 70 années
de leur exil à Babylone. Elles servaient de lieu d’ensei-
gnement, de culte, de lecture des Écritures et d’exhor-
tation spirituelle. Au 1er siècle de notre ère, chaque
bourg de Palestine avait la sienne. Les villes en avaient
plus d’une ; Jérusalem en comptait beaucoup.
Après l’Exil, cependant, tous les Juifs n’étaient pas
rentrés en Palestine. Beaucoup étaient partis à l’étran-
ger pour affaires. D ès le 5e siècle avant notre ère, il
existait des communautés juives dans les 127 districts
administratifs de l’Empire perse (Est. 1:1 ; 3:8). Des
quartiers juifs se sont formés également dans des vil-
les du pourtour méditerranéen. L’ensemble des Juifs
dispersés a fini par être appelé « Diaspora », c’est-
à-dire « dispersion ». Eux aussi ont fondé des synago-
gues partout où ils se sont établis.
Dans une synagogue, on lisait et expliquait la Loi
chaque sabbat. Les lectures se faisaient depuis une
estrade entourée de bancs sur trois côtés. Tout Juif
pieux de sexe masculin pouvait participer à la lecture,
à la prédication et à l’exhortation.

« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 167


décisions importantes. Néanmoins, Sergius Paulus,
intrigué par le message du Royaume, ‘tenait absolu-
ment à entendre la parole de Dieu’. Cela n’a pas été
du goût de Bar-Jésus, qui était aussi connu sous
son titre professionnel, Élymas (« sorcier ») (Actes
13:6-8).
7 Bar-Jésus s’opposait au message du Royaume. En
effet, le seul moyen de protéger son statut influent de
conseiller de Sergius Paulus consistait à « détourner
de la foi le proconsul » (Actes 13:8). Mais Saul n’était
pas homme à laisser un magicien de cour distraire l’at-
tention de Sergius Paulus. Qu’a-t-il fait ? Nous lisons :
« Saul, aussi appelé Paul, fut rempli d’esprit saint et, le
fixant du regard, il lui dit : “ Ô homme plein de toutes
sortes de tromperies et de toutes sortes de méchance-
tés, fils du Diable, ennemi de tout ce qui est juste, n’ar-
rêteras-tu jamais de déformer les droits chemins de Jé-
hovah ? Écoute : la main de Jéhovah est sur toi, et tu
seras aveugle, tu ne verras pas la lumière du soleil pen-
dant un temps.” À l’instant même, une brume épaisse
et l’obscurité tomb èrent sur lui, et il se mit à tourner
en rond, cherchant quelqu’un pour le conduire par la
168 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
main1. » Quelle conséquence ce miracle a-t-il eue ?
« Quand le proconsul vit ce qui était arrivé, il devint
croyant ; il était frapp é par l’enseignement de Jého-
vah » (Actes 13:9-12).
8 Paul n’a pas été intimidé par Bar-Jésus. De même,
ne nous aplatissons pas quand des adversaires essaient
de bouleverser la foi de ceux qui s’intéressent au
Royaume. Bien sûr, veillons à ce que nos paroles
« soient toujours pleines de charme, assaisonnées de
sel » (Col. 4:6). D’un autre c ôté, nous ne voudrions
pas, juste pour éviter le conflit, compromettre le bien
spirituel d’une personne réceptive. Ne laissons pas
non plus la crainte nous retenir de mettre à nu la
fausse religion, qui continue de « déformer les droits
chemins de Jéhovah », comme le faisait Bar-Jésus (Ac-
tes 13:10). Imitons Paul en annonçant hardiment la
1 partir de là, Saul est appelé Paul. Certains en déduisent qu’il a
adopté ce nom romain en l’honneur de Sergius Paulus. Mais le fait
qu’il ait conservé ce nom-là même après avoir quitté Chypre suggère
une explication différente : Paul, « ap ôtre des nations », a décidé
d’employer dorénavant son nom romain. Peut-être aussi a-t-il pré-
féré utiliser « Paul » parce que la prononciation grecque de son
nom hébreu, Saul, est très proche de celle d’un mot grec qui a une
connotation défavorable (Rom. 11:13).
8. Comment pouvons-nous imiter la hardiesse de Paul ?
« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 169
vérité et en persuadant les gens sinc ères. Et même si le
soutien divin n’est pas aussi flagrant pour nous qu’il
l’a été pour lui, nous pouvons être sûrs que Jéhovah
emploiera son esprit saint pour attirer à la vérité ceux
qui en sont dignes (Jean 6:44).
« Quelque chose d’encourageant à dire »
(Actes 13:13-43)
9 Manifestement, quelque chose a changé quand le

groupe a quitté Paphos et embarqué pour Pergé,


250 kilomètres plus loin sur la c ôte de l’Asie Mineure.
Actes 13:13 contient l’expression « Paul et ses compa-
gnons ». Cette tournure suggère que Paul avait pris la
direction des op érations. Or, rien n’indique que Bar-
nab é l’ait envié. Au contraire, tous deux ont continué
de collaborer à l’accomplissement de la volonté de
Dieu. Ils sont un bel exemple pour ceux qui dirigent
dans l’assemblée aujourd’hui. Au lieu de se disputer la
pré éminence, les chrétiens se rappellent ces paroles de
Jésus : « Vous êtes tous frères. » Et aussi : « Celui qui
s’élève sera humilié, et celui qui s’humilie sera élevé »
(Mat. 23:8, 12).
9. Quel bel exemple Paul et Barnab é sont-ils pour ceux qui dirigent dans
l’assemblée ?
170 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
10 Une fois à Pergé, Jean-Marc quitta Paul et Bar-
nab é pour retourner à Jérusalem. La raison de ce dé-
part soudain n’est pas donnée. Cela n’a pas arrêté les
deux missionnaires, qui ont poussé jusqu’à Antioche
de Pisidie, ville de la province de Galatie. Ce n’était
pas un trajet de tout repos, puisque cette Antioche se
trouve à presque 1 200 mètres d’altitude. Dans les
montagnes, les défilés, dangereux, avaient aussi la
renommée d’être des coupe-gorge. Comme si cela
n’avait pas suffi, à ce moment-là Paul avait, semble-t-il,
des ennuis de santé1.
11 À Antioche de Pisidie, Paul et Barnab é sont entrés
dans la synagogue le sabbat. Le récit poursuit :
« Après la lecture publique de la Loi et des Prophètes,
les présidents de la synagogue leur firent passer ce
message : “Hommes, frères, si vous avez quelque chose
d’encourageant à dire pour le peuple, dites-le” » (Ac-
tes 13:15). Alors Paul s’est levé et a pris la parole.
1 Paul a écrit sa lettre aux Galates plusieurs années après. Il y di-
sait : « C’est une maladie qui m’a donné l’occasion de vous annoncer
la bonne nouvelle la première fois » (Gal. 4:13).
10. Que peut-on dire du trajet de Pergé à Antioche de Pisidie ?
11-12. Comment Paul a-t-il éveillé l’intérêt de ses auditeurs dans la sy-
nagogue d’Antioche de Pisidie ?
« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 171
12 D’emblée, il a interpellé ses auditeurs : « Hommes,
Israélites et vous autres qui craignez Dieu » (Actes
13:16). Il s’adressait à des Juifs et à des prosélytes.
Comment a-t-il éveillé leur intérêt, à eux qui n’admet-
taient pas le rôle de Jésus dans le projet divin ? Il a
commenc é par résumer l’histoire de la nation juive,
expliquant que Jéhovah avait « fait de ce peuple une
nation puissante pendant qu’ils vivaient en étrangers
en Égypte », et qu’après leur lib ération il les avait
« supportés dans le désert » pendant 40 ans. Il a ra-
conté aussi comment les Israélites avaient pu prendre
possession de la Terre promise et comment Jéhovah
leur avait « donné le pays en héritage » (Actes 13:17-
19). On pense qu’il faisait allusion à des passages bibli-
ques qui avaient été lus à voix haute l’instant d’avant
lors du rituel du sabbat. Si c’est exact, c’est encore un
exemple du fait que Paul savait ‘devenir tout pour des
gens de toutes sortes’ (1 Cor. 9:22).
13 Nous aussi, nous devrions essayer d’éveiller l’inté-
rêt de ceux à qui nous prêchons. Par exemple, connaî-
tre l’appartenance religieuse d’une personne aide à
choisir des thèmes qui l’intéresseront particulière-
13. Comment toucher le cœur de nos auditeurs ?
172 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ment. Nous pouvons également citer des passages bi-
bliques qui lui sont peut-être familiers. Il est souvent
efficace de les lui faire lire dans sa propre bible. Cher-
chons des moyens de toucher le cœur de nos auditeurs.
14 Ensuite, Paul a montré comment la lignée des rois
israélites avait mené à « un sauveur, Jésus », dont le
précurseur avait été Jean le Baptiseur. Sur quoi, il a
expliqué que Jésus avait été exécuté, puis ressuscité
(Actes 13:20-37). « Sachez-le donc, frères, a-t-il pour-
suivi : c’est grâce à celui-ci qu’un pardon des p échés
vous est annonc é ; oui, c’est par son moyen que tout
homme qui croit est déclaré innocent. » Enfin, il a
lanc é cet avertissement : « Faites donc attention qu’il
ne vous arrive pas ce qui est dit dans les Prophètes :
“Regardez, gens méprisants, soyez étonnés et cessez
d’exister, car j’accomplis une œuvre de votre vivant,
une œuvre que vous ne croiriez jamais, même si quel-
qu’un vous la racontait en détail.” » La réaction à son
discours a été extraordinaire. « On les supplia de re-
parler de tout cela le sabbat suivant. » De plus, après
14. a) Comment Paul a-t-il introduit la bonne nouvelle concernant Jé-
sus, et quel avertissement a-t-il donné ? b) Comment la foule a-t-elle
réagi au discours de Paul ?
« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 173
que l’assemblée de la synagogue se fut dispersée,
« beaucoup de Juifs et de prosélytes qui adoraient
Dieu suivirent Paul et Barnab é » (Actes 13:38-43).
« Nous nous tournons vers les nations »
(Actes 13:44-52)
15 Le sabbat suivant, « presque toute la ville » s’est

rassemblée pour écouter Paul. Cela n’a pas plu à cer-


tains Juifs, qui se sont mis « à contredire de manière
blasphématoire ce que Paul disait ». Lui et Barnab é
leur ont donc expliqué franchement : « Il était néces-
saire que la parole de Dieu vous soit dite d’abord à
vous. Mais comme vous la rejetez et que vous ne vous
jugez pas dignes de la vie éternelle, voyez, nous nous
tournons vers les nations. En effet, Jéhovah nous a
donné un ordre en ces termes : “Je t’ai établi comme
lumière des nations, afin que tu apportes le salut jus-
qu’aux extrémités de la terre” » (Actes 13:44-47 ; Is.
49:6).
16 Les auditeurs gentils se sont réjouis, et « tous ceux
qui avaient l’état d’esprit qu’il faut pour avoir la vie
15. Que s’est-il passé le sabbat qui a suivi le discours de Paul ?
16. Comment les Juifs ont-ils réagi aux paroles énergiques de Paul et
de Barnab é, et comment les deux missionnaires ont-ils, eux, réagi à l’op-
position ?
174 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
éternelle devinrent croyants » (Actes 13:48). La Parole
de Jéhovah s’est vite répandue dans tout le pays. Mais
la réaction des Juifs a été très différente. Les mission-
naires leur avaient dit en quelque sorte : « Alors que
Dieu vous a parlé à vous d’abord, vous avez préféré re-
jeter le Messie ; par conséquent, vous encourez la con-
damnation divine. » Alors, dit le récit, « les Juifs mon-
tèrent la tête aux femmes de haut rang [...] ainsi qu’aux
principaux personnages de la ville, et ils déclenchèrent
une persécution contre Paul et Barnab é et les expulsè-
rent de leur territoire. » Comment nos deux mission-
naires ont-ils réagi ? Ils « secouèrent contre eux la
poussière de leurs pieds et allèrent à Iconium ». C’en
était-il fini du christianisme à Antioche de Pisidie ?
Oh ! que non ! Les disciples qu’ils ont quittés « conti-
nuaient d’être remplis de joie et d’esprit saint » (Actes
13:50-52).
17 La réponse de ces fidèles à l’opposition est une
excellente leçon pour nous. Nous ne cessons pas de
prêcher, même quand des gens importants du monde
tentent de nous en dissuader. Remarquons aussi qu’en
17-19. De quelles manières pouvons-nous imiter le bel exemple de Paul
et de Barnab é, et en quoi cela contribuera-t-il à notre joie ?
« REMPLIS DE JOIE ET D’ESPRIT SAINT » 175
voyant les Antiochéens rejeter leur message, Paul et
Barnabé ‘secouèrent la poussière de leurs pieds’, un
geste qui n’exprimait pas de colère, mais qui mon-
trait qu’ils déclinaient toute responsabilité. Ils compre-
naient qu’ils n’étaient pas maîtres de la réaction des au-
tres. Ce dont ils étaient maîtres, par contre, c’était de
leur propre décision de continuer ou non de prêcher.
Eh bien ! ils ont continué, en partant pour Iconium !
18 Et les disciples laissés à Antioche de Pisidie ? Cer-
tes, ils étaient en territoire hostile. Mais leur joie ne
dépendait pas d’un accueil favorable. « Heureux [...]
sont ceux qui entendent la parole de Dieu et y ob éis-
sent ! », avait dit Jésus (Luc 11:28). Exactement ce que
les disciples antiochéens étaient résolus à faire.
19Comme Paul et Barnab é, rappelons-nous toujours
que nous avons la responsabilité de prêcher la bonne
nouvelle. La décision d’accepter ou de rejeter le mes-
sage appartient complètement à nos auditeurs. S’ils
semblent indifférents, prenons exemple sur les disci-
ples du 1er siècle. En aimant la vérité et en nous lais-
sant conduire par l’esprit saint, nous pouvons, nous
aussi, rester joyeux, même face à l’opposition (Gal.
5:18, 22).
176 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 12
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Ils parlaient avec courage


grâce au pouvoir de Jéhovah »
Paul et Barnab é manifestent humilité,
persévérance et courage
Actes 14:1-28

LYSTRE est en effervescence. Guéri par deux incon-


nus, un infirme de naissance gambade de joie. Le pu-
blic pousse des oh ! et des ah ! Un prêtre de Zeus ap-
porte des guirlandes pour les deux hommes que tous
prennent pour des dieux. Des taureaux qu’il s’apprête
à tuer renâclent et beuglent. Des cris de protestation
jaillissent de la gorge de Paul et de Barnab é, qui, dé-
chirant leurs vêtements, bondissent dans la foule en
délire en la conjurant de ne pas les adorer. Et c’est tout
juste s’ils l’en emp êchent.
2 Sur ce, des adversaires juifs arrivent d’Antioche de
Pisidie et d’Iconium, et empoisonnent par des ca-
lomnies les esprits des Lystriens. Toute vénération
1-2. Quels évènements se sont enchaînés quand Paul et Barnab é étaient
à Lystre ?
« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 177
évanouie, la foule encercle Paul en le bombardant de
pierres jusqu’à ce qu’il perde conscience. Ensuite, sa
colère assouvie, elle traîne le corps meurtri de l’ap ôtre
hors des portes de la ville et le laisse pour mort.
3 Comment en est-on arrivé à cet incident tragique ?
Quelle le çon les proclamateurs actuels de la bonne
nouvelle peuvent-ils tirer de cet épisode dont les ac-
teurs furent Barnab é, Paul et les Lystriens versatiles ?
Enfin, comment les anciens peuvent-ils imiter l’exem-
ple de Barnab é et de Paul, ces fidèles qui ont persévéré
dans leur ministère en parlant « avec courage grâce au
pouvoir de Jéhovah » ? (Actes 14:3).
« Une grande multitude de gens devinrent croyants »
(Actes 14:1-7)
4 Peu de jours auparavant, Paul et Barnab é ont été

chassés de la ville romaine d’Antioche de Pisidie


quand des Juifs ont fomenté des troubles contre eux.
Sans se décourager, ils ont « secoué contre [les Antio-
chéens insensibles] la poussière de leurs pieds » (Actes
13:50-52 ; Mat. 10:14). Ils sont partis tranquillement en
3. Quelles questions examinerons-nous dans ce chapitre ?
4-5. Pourquoi Paul et Barnab é sont-ils partis pour Iconium, et que s’y
est-il passé ?
178 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
laissant ces réfractaires aux conséquences qui vien-
draient de Dieu (Actes 18:5, 6 ; 20:26). Avec une joie
nullement entamée, ils ont continué leur circuit de
prédication. Au bout d’une marche de 150 kilomètres
vers le sud-est, ils ont atteint un plateau fertile niché
entre les chaînes du Taurus et du Sultan.
5 D’abord, les deux hommes ont fait halte à Ico-
nium1, une enclave de la culture grecque et l’une des
principales villes de la province romaine de Galatie.
Cette cité abritait une population juive influente et un
grand nombre de prosélytes non juifs. Paul et Barnab é
sont, comme à leur habitude, entrés dans la synagogue
où ils se sont mis à prêcher (Actes 13:5, 14). Ils « par-
lèrent d’une telle façon qu’une grande multitude de
Juifs et de Grecs devinrent croyants » (Actes 14:1).
6 Pourquoi la façon dont Paul et Barnab é ont parlé
a-t-elle été si efficace ? Paul était un puits de sagesse bi-
blique. Il reliait magistralement les éléments de l’His-
toire, des prophéties et de la Loi mosaïque pour prou-
ver que Jésus était le Messie promis (Actes 13:15-31 ;
1 Voir l’encadré « Iconium, ville des Phrygiens », page 180.
6. Pourquoi Paul et Barnab é étaient-ils des enseignants efficaces, et com-
ment les imiter ?
« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 179
ICONIUM, VILLE DES PHRYGIENS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Iconium s’élevait sur un plateau bien arrosé et fer-


tile. Elle se situait à un carrefour de grands axes com-
merciaux reliant la Syrie à Rome, à la Grèce et à la
province romaine d’Asie.
La religion pratiquée à Iconium était le culte de Cy-
bèle, la déesse phrygienne de la fertilité, mêlé d’élé-
ments empruntés au culte grec durant la p ériode
hellénistique. La ville est tombée sous l’influence ro-
maine en 65 avant notre ère. Au 1er siècle de notre
ère, c’était un grand et prosp ère p ôle commercial et
agricole. Même si elle était le foyer d’une population
juive influente, elle a, semble-t-il, conservé son carac-
tère hellénistique. D’ailleurs, le récit des Actes men-
tionne des Juifs et des Grecs parmi ses habitants (Ac-
tes 14:1).
Iconium était sur la frontière entre deux régions ga-
lates, la Lycaonie et la Phrygie. Des auteurs de l’An-
tiquité, dont Cicéron et Strabon, la disaient ville ly-
caonienne, ce qui n’était pas faux du point de vue
géographique. Toutefois, le récit des Actes distingue
Iconium de la Lycaonie, où l’on parlait le lycaonien
(Actes 14:6, 11). C’est pourquoi des critiques ont pré-
tendu que le livre des Actes était erroné. Mais, en
1910, des archéologues ont trouvé à Iconium des ins-
criptions révélant que le phrygien était bel et bien la

180 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


langue encore parlée dans cette cité deux siècles après
le passage de Paul et de Barnabé. L’auteur des Actes
avait donc raison de différencier Iconium des villes
lycaoniennes.

26:22, 23). Barnab é respirait la sollicitude (Actes 4:36,


37 ; 9:27 ; 11:23, 24). Ni l’un ni l’autre ne comptaient
sur leur propre intelligence, mais ils parlaient « grâce
au pouvoir de Jéhovah ». Comment imiter ces mis-
sionnaires quand tu prêches ? Ainsi : Deviens un fin
connaisseur de la Parole de Dieu. Choisis les passa-
ges bibliques les plus susceptibles d’éveiller l’intérêt.
Cherche des moyens pratiques de consoler ceux à qui
tu prêches. Enfin, appuie toujours ton enseignement
sur le pouvoir de la Parole de Jéhovah, et pas sur ta
propre sagesse.
7 Or, à Iconium, tout le monde n’était pas enchanté
d’entendre les propos de Paul et de Barnab é. « Les
Juifs qui ne croyaient pas, poursuit Luc, soulevèrent
les gens des nations contre les frères et les incitè-
rent à les haïr. » Discernant qu’il leur fallait rester
7. a) Quels effets la bonne nouvelle produit-elle ? b) Si ta famille est di-
visée parce que tu ob éis à la bonne nouvelle, à quoi est-il bien de songer ?
« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 181
pour défendre la bonne nouvelle, les deux hommes
« passèrent là un temps considérable à parler avec
courage ». En conséquence, « la population de la ville
se divisa : les uns étaient pour les Juifs, les autres pour
les ap ôtres » (Actes 14:2-4). La bonne nouvelle a des
effets semblables aujourd’hui. Pour certains, elle est
une force unificatrice, pour d’autres, une cause de di-
vision (Mat. 10:34-36). Si ta famille se divise parce que
tu ob éis à la bonne nouvelle, songe que l’opposition
est souvent une réaction à des rumeurs infondées ou à
de pures calomnies. Ta belle conduite peut devenir
l’antidote à ce poison et finir même par adoucir le
cœur de ceux qui te sont hostiles (1 Pierre 2:12 ; 3:1, 2).
8 Après quelque temps, des gens d’Iconium ont com-
ploté de lapider Paul et Barnab é. Prévenus, les deux
missionnaires ont décidé de partir pour un autre terri-
toire de prédication (Actes 14:5-7). Les proclamateurs
du Royaume aujourd’hui sont tout aussi prudents.
Face à des attaques verbales, nous parlons avec cou-
rage (Phil. 1:7 ; 1 Pierre 3:13-15). Mais si nous sentons
la violence imminente, nous nous abstenons de toute
8. Pourquoi Paul et Barnab é ont-ils quitté Iconium, et quelle le çon ti-
rons-nous de leur exemple ?
182 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
témérité qui mettrait inutilement en danger notre vie
ou celle de nos compagnons (Prov. 22:3).
« Que vous vous tourniez vers le Dieu vivant »
(Actes 14:8-19)
9 Paul et Barnab é sont partis pour Lystre, à une tren-

taine de kilomètres au sud-est d’Iconium. Cette colo-


nie romaine avait des liens forts avec Antioche de
Pisidie, mais, contrairement à elle, n’avait pas de com-
munauté juive d’importance. Même si les Lystriens
parlaient sans doute grec, leur langue maternelle était
le lycaonien. Peut-être parce que Lystre n’avait pas de
synagogue, Paul et Barnab é ont entrepris de prêcher
dans un endroit public. À Jérusalem, Pierre avait guéri
un infirme de naissance ; à Lystre, Paul a op éré le
même genre de miracle (Actes 14:8-10). Après le mira-
cle de Pierre, beaucoup étaient devenus croyants (Ac-
tes 3:1-10). Mais celui de Paul a eu des suites radicale-
ment différentes.
10 Comme on l’a vu dans les premiers paragraphes de
ce chapitre, quand l’infirme a bondi sur ses pieds, les
Lystriens païens ont aussitôt tiré la mauvaise conclu-
sion. Ils ont appelé Barnab é Zeus, du nom du chef des
9-10. Où se situait Lystre, et que sait-on de ses habitants ?
« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 183
dieux, et Paul, Hermès, du nom du fils de Zeus et
porte-parole des dieux (voir l’encadré « Lystre et le
culte de Zeus et d’Hermès », page 186). Toutefois, Bar-
nab é et Paul étaient décidés à faire comprendre qu’ils
ne parlaient et n’agissaient pas par le pouvoir de dieux
païens, mais par le pouvoir de Jéhovah, le seul vrai
Dieu (Actes 14:11-14).
11 Malgré la gravité de la situation, Paul et Barnab é
ont cherché à toucher leurs auditeurs du mieux possi-
ble. Luc rapporte là une façon efficace de prêcher la
bonne nouvelle aux païens. Remarquons comment les
deux missionnaires ont éveillé l’intérêt : « Hommes,
pourquoi faites-vous cela ? Nous sommes des humains
avec les mêmes faiblesses que vous. Nous vous annon-
çons la bonne nouvelle pour que vous vous détourniez
de ces choses sans valeur et vous tourniez vers le Dieu
vivant, qui a fait le ciel et la terre et la mer et tout ce
qui s’y trouve. Dans les générations passées, il a laissé
toutes les nations suivre chacune leur chemin. Toute-
fois, il n’a pas manqué de donner des témoignages
de ce qu’il est en faisant du bien : il vous a donné
11-13. a) Qu’ont dit Paul et Barnab é aux Lystriens ? b) Quelle première
le çon pouvons-nous tirer des déclarations de Paul et de Barnab é ?
184 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
pluies du ciel et saisons fertiles, vous a rassasiés de
nourriture et a rempli vos cœurs de joie de vivre » (Ac-
tes 14:15-17).
12 Quelles le çons ces paroles saisissantes nous don-
nent-elles ? Premièrement, que Paul et Barnab é ne
s’estimaient pas sup érieurs à leur public. Ils ne fei-
gnaient pas d’être ce qu’ils n’étaient pas. Au contraire,
ils admettaient humblement avoir les mêmes faibles-
ses que leurs auditeurs païens. Ils avaient certes re çu
l’esprit saint et avaient été lib érés des enseignements
trompeurs. Ils avaient aussi la magnifique esp érance
de régner avec Christ. Mais ils comprenaient que les
Lystriens pouvaient recevoir ces mêmes dons en ob éis-
sant à Christ.
13 Comment considérons-nous ceux à qui nous prê-
chons ? Les voyons-nous comme nos égaux ? En leur
enseignant les vérités de la Parole de Dieu, nous gar-
dons-nous, comme Paul et Barnab é, de rechercher les
flatteries ? Charles Russell, un enseignant remarqua-
ble qui a dirigé l’œuvre de prédication au seuil du
20 e siècle, a donné l’exemple sous ce rapport. Il a
écrit : « Nous ne voulons aucun hommage, aucune
« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 185
LYSTRE ET LE CULTE
DE ZEUS ET D’HERM ÈS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Lystre se situait dans une vallée isolée, à l’écart des


grandes routes. César Auguste en fit une colonie ro-
maine et la nomma Julia Felix Gemina Lustra. La gar-
nison lystrienne devait défendre la province de Gala-
tie contre les tribus montagnardes d’alentour. La ville
était donc administrée selon l’organisation civique ro-
maine traditionnelle, ses fonctionnaires portant des
titres latins. Malgré cela, elle conservait grandement
ses particularismes. Elle restait plus lycaonienne que
romaine, et, en effet, les protagonistes lystriens de la
narration des Actes parlaient le lycaonien.
Parmi les découvertes archéologiques faites près de
la Lystre antique figurent des inscriptions mention-
nant les « prêtres de Zeus » et une statue du dieu Her-
mès. On a aussi trouvé dans le secteur un autel dédié
à Zeus et à Hermès.
Une légende reprise par le po ète romain Ovide
(43 av. n. è. – 17 de n. è.) étaie encore le récit des Ac-
tes. Le po ète raconte que Jupiter et Mercure (les ho-
mologues romains des dieux grecs Zeus et Hermès)
arrivèrent sous les traits de mortels dans la campa-
gne vallonnée de Phrygie. Ils demandèrent l’hospita-
lité à mille maisons, mais furent éconduits par tout
le monde. Seuls des vieillards, le couple Philémon

186 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


et Baucis, les accueillirent dans leur humble chau-
mière. Alors Zeus et Hermès transformèrent la chau-
mière en temple de marbre et d’or, prirent l’homme
et la femme comme prêtre et prêtresse et détruisirent
les maisons de ceux qui leur avaient refusé leur toit.
« Si les Lystriens avaient en tête cette légende quand
ils ont vu Paul et Barnabé guérir l’infirme, dit un ou-
vrage sp écialisé, il n’est pas étonnant qu’ils aient
voulu les accueillir avec des sacrifices » (The Book of
Acts in Its Graeco-Roman Setting).

révérence, ni pour nous-même ni pour nos écrits ;


nous ne désirons pas non plus être appelé Révérend ou
Rabbi. » L’humilité de frère Russell était semblable à
celle de Paul et de Barnab é. De même, notre but,
quand nous prêchons, n’est pas de nous attirer la
gloire, mais d’aider les gens à se tourner « vers le Dieu
vivant ».
14 Deuxième le çon à tirer de ce discours : Paul et
Barnab é étaient disposés à s’adapter. Les Lystriens,
contrairement aux Juifs et aux prosélytes d’Iconium,
ne possédaient que peu ou pas de connaissance des
14-16. Quelles autres le çons pouvons-nous tirer de ce que Paul et Bar-
nab é ont dit aux Lystriens ?
« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 187
Écritures ou de l’histoire des relations de Dieu avec Is-
raël. Malgré tout, faisant partie d’une société agricole
qui jouissait d’un climat doux et de terres fertiles, ils
avaient amplement l’occasion d’observer les qualités
du Créateur à travers, par exemple, les saisons fécon-
des. Les missionnaires ont utilisé ce terrain d’entente
pour les faire raisonner (Rom. 1:19, 20).
15 Savons-nous nous adapter comme eux ? Bien qu’il
sème la même sorte de semence dans plusieurs de ses
champs, l’agriculteur doit varier ses méthodes de pré-
paration des sols. Certains, déj à meubles, sont prêts à
accepter la semence. D’autres nécessitent davantage
de préparation. Pareillement, la semence que nous ré-
pandons est toujours la même : c’est le message du
Royaume contenu dans la Parole de Dieu. Cependant,
à l’imitation de Paul et de Barnab é, nous tentons de
discerner la situation et la religion des personnes à qui
nous prêchons. Puis nous tenons compte de ces élé-
ments dans notre façon de présenter le message (Luc
8:11, 15).
16 Il y a une troisième le çon à tirer de ce récit concer-
nant Paul, Barnab é et les Lystriens : Nous avons beau
188 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
faire, ce que nous semons est parfois arraché ou
tombe sur un sol rocailleux (Mat. 13:18-21). Dans de
tels cas, ne désesp érons pas. Comme Paul l’a rappelé
plus tard aux disciples de Rome, « chacun de nous
[donc aussi chaque personne à qui nous parlons de la
Bible] rendra compte à Dieu pour soi-même » (Rom.
14:12).
« Ils les confièrent à Jéhovah »
(Actes 14:20-28)
17 Quand Paul a été laiss é pour mort hors de Lystre,

les disciples l’ont entouré, puis il s’est levé et a trouvé


refuge en ville pour la nuit. Le lendemain, Barnab é et
lui ont pris la route pour Derb é, à 100 kilomètres de
là. On ne peut qu’imaginer la gêne physique de Paul,
encore tout contusionné, pendant ce voyage éreintant.
Mais il a persévéré, ainsi que Barnab é, et, à Derb é, ils
ont « fait beaucoup de disciples ». Ensuite, au lieu
d’emprunter le chemin le plus court pour rentrer à
leur pied-à-terre à Antioche de Syrie, « ils retournèrent
à Lystre, à Iconium et à Antioche [de Pisidie] ». Dans
quel but ? Pour ‘fortifier les disciples et les encourager
17. Où Paul et Barnab é sont-ils allés après avoir quitté Derb é, et pour-
quoi ?
« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 189
à rester dans la foi’ (Actes 14:20-22). Quel bel exemple
ces deux hommes ont donné ! Ils ont fait passer les in-
térêts de l’assemblée avant leur confort. Les responsa-
bles itinérants et les missionnaires d’aujourd’hui sui-
vent leur modèle.
18 Paul et Barnab é n’ont pas seulement fortifié les
disciples par la parole et l’exemple ; ils ont aussi ‘ éta-
bli des anciens dans chaque assemblée’. Alors qu’ils
avaient été « envoyés par l’esprit saint » dans ce voyage
missionnaire, ils ont quand même prié et jeûné quand
ils ont ‘confié à Jéhovah’ ces anciens (Actes 13:1-4 ;
14:23). Les choses se passent de la même façon aujour-
d’hui. Avant de faire une recommandation pour une
nomination, un collège d’anciens vérifie, après avoir
prié, si le frère remplit les conditions bibliques requi-
ses (1 Tim. 3:1-10, 12, 13 ; Tite 1:5-9 ; Jacq. 3:17, 18 ;
1 Pierre 5:2, 3). Le temps depuis lequel ce frère est
chrétien n’est pas le critère principal. Par contre, son
langage, sa conduite et sa réputation attestent le degré
auquel l’esprit saint op ère dans sa vie. C’est le fait de
satisfaire aux conditions requises des responsables
fixées dans la Bible qui détermine s’il est apte à servir
18. Comment établit-on les anciens ?
190 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
comme berger du troupeau (Gal. 5:22, 23). Le respon-
sable de circonscription proc ède alors à sa nomination
(cf. 1 Tim. 5:22).
19 Les anciens nommés savent qu’ils ont des comptes
à rendre à Dieu sur leur façon de traiter l’assemblée
(Héb. 13:17). Comme Paul et Barnab é, ils donnent
l’exemple dans la prédication. Ils fortifient les disci-
ples par leurs paroles. Enfin, ils sont disposés à faire
passer les intérêts de l’assemblée avant leur confort
(Phil. 2:3, 4).
20 Lorsque finalement Paul et Barnab é sont rentrés à
leur pied-à-terre missionnaire à Antioche de Syrie, ils
se mirent à « raconter tout ce que Dieu avait fait par
leur intermédiaire et comment il avait ouvert aux na-
tions la porte de la foi » (Actes 14:27). De même, en li-
sant l’histoire de l’activité fidèle de nos frères chré-
tiens et en constatant que Dieu b énit leurs efforts,
nous nous sentons poussés à continuer de ‘parler avec
courage grâce au pouvoir de Jéhovah’.
19. De quoi les anciens se savent-ils comptables, et comment imitent-ils
Paul et Barnab é ?
20. En quoi nous est-il b énéfique de lire des récits de l’activité fidèle de
nos frères ?

« ILS PARLAIENT AVEC COURAGE GRÂCE AU POUVOIR DE JÉHOVAH » 191


PARTIE 5 ˙ AC T E S 15:1-35
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« LES AP ÔTRES
ET LES ANCIENS
SE RÉUNIRENT »
ACTES 15:6

Une vive controverse menaçait la paix et l’unité


des assemblées. Auprès de qui celles-ci ont-
elles recherch é direction et conseils pour régler
la querelle ? Dans cette partie, nous verrons la
façon dont l’assemblée du 1er siècle était organi-
sée, ce qui fixe un modèle pour le peuple de Dieu
aujourd’hui.
CHAPITRE 13
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Un désaccord assez grave


et un vif débat »
L’affaire de la circoncision
va devant le collège central
Actes 15:1-12

TRANSPORTÉS de joie, Paul et Barnab é viennent de


rentrer à Antioche de Syrie de leur premier voyage
missionnaire. Ils sont enthousiasmés que Jéhovah ait
« ouvert aux nations la porte de la foi » (Actes 14:26,
27). En fait, tout Antioche bourdonne de la bonne
nouvelle et « un grand nombre » de Gentils sont ajou-
tés à l’assemblée locale (Actes 11:20-26).
2
La nouvelle exaltante de cet afflux atteint vite la
Judée. Mais au lieu de réjouir tout le monde, l’évène-
ment ramène au premier plan l’incessant débat sur la
circoncision. Quelles devraient être les relations entre
les croyants juifs et non juifs, et comment les non-Juifs
devraient-ils considérer la Loi mosaïque ? L’affaire
cause un désaccord qui devient si grave qu’il menace
1-3. a) Quelle affaire menaçait de diviser l’assemblée chrétienne primi-
tive ? b) De quelle utilité nous sera l’étude de cet épisode des Actes ?
« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 193
de diviser l’assemblée chrétienne en clans. Comment
résoudra-t-on ce problème ?
3
En examinant cet épisode du livre des Actes, nous
en tirerons plusieurs le çons utiles, qui nous enseigne-
ront la conduite à tenir en cas de problèmes suscepti-
bles de nous diviser.
« Si vous ne vous faites pas circoncire »
(Actes 15:1)
4 Le disciple Luc raconte : « Certains hommes des-

cendirent de Judée [à Antioche] et se mirent à ensei-


gner aux frères : “Si vous ne vous faites pas circoncire
selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez pas être
sauvés” » (Actes 15:1). Il n’est pas dit si les hommes
en question avaient été pharisiens avant de se conver-
tir au christianisme. À tout le moins, il semble qu’ils
aient été influenc és par la pensée de cette secte juive
légaliste. Peut-être aussi ont-ils prétendu parler au
nom des ap ôtres et des anciens de Jérusalem (Actes
15:23, 24). Mais pourquoi des croyants juifs1 prô-
naient-ils encore la circoncision 13 ans après que l’ap ô-
tre Pierre, sur l’ordre de Dieu, avait accueilli des incir-
1 Voir l’encadré « Les enseignements des judaïsants », page 196.
4. Quelles idées fausses certains croyants prônaient-ils, et quelle ques-
tion cela soulève-t-il ?
194 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
concis dans l’assemblée chrétienne ? (Actes 10:24-29,
44-48).
5 Les raisons étaient sans doute nombreuses. D éjà,
la circoncision avait été instituée par Jéhovah lui-
même, et elle avait été le signe d’une relation sp éciale
avec lui. Datant d’avant l’alliance de la Loi, mais in-
cluse dans celle-ci plus tard, elle avait commenc é avec
Abraham et sa famille1 (Lév. 12:2, 3). Sous la Loi mo-
saïque, même des étrangers devaient se faire circon-
cire avant de b énéficier de certains privilèges, comme
celui de consommer le repas pascal (Ex. 12:43, 44,
48, 49). Assurément, dans la pensée juive, être un
homme incirconcis, c’était être impur et méprisable
(Is. 52:1).
6
Par conséquent, il fallait de la foi et de l’humilité
aux croyants juifs pour s’adapter à la vérité révélée. La
1 L’alliance de la circoncision ne faisait pas partie de l’alliance abra-
hamique. L’alliance abrahamique, encore en vigueur aujourd’hui, a
pris effet en 1943 avant notre ère, lorsqu’Abraham (Abram à l’épo-
que) a traversé l’Euphrate pour se rendre en Canaan. Il avait alors
75 ans. Quant à l’alliance de la circoncision, elle a été contractée plus
tard, en 1919 avant notre ère, lorsqu’Abraham avait 99 ans (Gen. 12:1-
8 ; 17:1, 9-14 ; Gal. 3:17).
5-6. a) Pourquoi, peut-être, certains chrétiens juifs s’accrochaient-ils à
la circoncision ? b) L’alliance de la circoncision faisait-elle partie de
l’alliance abrahamique ? (voir la note).
« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 195
LES ENSEIGNEMENTS DES JUDA ÏSANTS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Au 1er siècle, même après le règlement de l’affaire


de la circoncision par le collège central, certains
croyants qui se disaient chrétiens ont obstinément
entretenu le débat. L’ap ôtre Paul les a qualifiés de
« faux frères » qui voulaient « déformer la bonne
nouvelle concernant le Christ » (Gal. 1:7 ; 2:4 ; Tite
1:10).
L’objectif de ces judaïsants était apparemment
d’apaiser les Juifs, pour les emp êcher de s’opposer
si violemment au christianisme (Gal. 6:12, 13). Ils
affirmaient qu’on démontrait sa justice par des œu-
vres de la Loi mosaïque dans des domaines comme
l’alimentation, la circoncision et les fêtes juives
(Col. 2:16).
Évidemment, les tenants de ces idées étaient mal
à l’aise en présence de croyants gentils. Ces senti-
ments malsains avaient gagné même un certain
nombre de chrétiens nés Juifs de bonne réputation.
Ainsi, des représentants de l’assemblée de Jérusa-
lem, de passage à Antioche, se sont tenus à l’écart
de leurs frères gentils. Jusqu’à Pierre, auparavant
volontiers disposé à se mêler aux Gentils, qui s’est
mis à les fuir — il ne mangeait même plus avec eux.
C’était tout à fait contraire aux principes qu’il avait
défendus naguère ! Pour cela, Paul l’a repris ferme-
ment (Gal. 2:11-14).

196 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


nouvelle alliance ayant remplac é l’alliance de la Loi,
naître Juif ne faisait plus automatiquement de quel-
qu’un un membre du peuple de Dieu. Et pour les chré-
tiens juifs vivant dans des communautés juives, de
même que pour les croyants en Judée, il fallait du cou-
rage pour confesser Christ et accepter comme coreli-
gionnaires des Gentils qui n’avaient pas été circoncis
(Jér. 31:31-33 ; Luc 22:20).
7 Évidemment, les normes de Dieu n’avaient pas
changé. Pour preuve, la nouvelle alliance contenait
l’esprit de la Loi mosaïque (Mat. 22:36-40). Ainsi, en ce
qui concerne la circoncision, Paul écrirait plus tard :
« Le Juif, c’est celui qui l’est au-dedans, et sa circon-
cision, c’est celle du cœur par l’esprit, et non par un
code écrit » (Rom. 2:29 ; Deut. 10:16). Les ‘hommes
de Judée’ ne saisissaient pas ces vérités, mais ils affir-
maient que Dieu n’avait jamais abrogé la loi de la cir-
concision. Voudraient-ils entendre raison ?
« Un désaccord et un vif débat » (Actes 15:2)
8 Luc poursuit : « Un désaccord assez grave et un

vif débat les opposèrent [les ‘hommes descendus de


7. Quelles vérités les ‘hommes de Judée’ ne saisissaient-ils pas ?
8. Pourquoi l’affaire de la circoncision a-t-elle été portée devant le col-
lège central à Jérusalem ?
« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 197
Judée’] à Paul et Barnab é. On décida alors que Paul,
Barnab é et quelques autres1 monteraient à Jérusalem
vers les ap ôtres et les anciens pour parler de cette
question » (Actes 15:2). ‘Le désaccord et le vif débat’
reflétaient des idées arrêtées et des convictions ancrées
de part et d’autre, et les frères d’Antioche étaient im-
puissants devant cela. Dans l’intérêt de la paix et de
l’unité, ils ont pris la sage décision de porter l’affaire
« à Jérusalem », devant « les ap ôtres et les anciens »
qui constituaient le collège central. Qu’apprenons-
nous de ces anciens d’Antioche ?
9
Une le çon utile à tirer est qu’il nous faut faire
confiance à l’organisation de Dieu. Réfléchissons : Les
frères d’Antioche savaient que le collège central était
entièrement composé de chrétiens d’ascendance juive.
Pourtant, ils étaient confiants qu’il réglerait la ques-
tion de la circoncision conformément aux Écritures.
Pourquoi ? Ils étaient sûrs que Jéhovah dirigerait les
choses par le moyen de son esprit saint et du Chef de
1 Il semble que Tite, un chrétien grec qui est devenu plus tard un
compagnon et un émissaire de confiance de Paul, a fait partie de la
délégation (Gal. 2:1 ; Tite 1:4). Cet homme était un bel exemple d’in-
circoncis oint par l’esprit saint (Gal. 2:3).
9-10. Quel bel exemple nous ont laissé les frères d’Antioche ainsi que
Paul et Barnab é ?
198 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
l’assemblée chrétienne, Jésus Christ (Mat. 28:18, 20 ;
Éph. 1:22, 23). À notre époque, quand des problèmes
graves surgissent, imitons le bel exemple des croyants
d’Antioche en faisant confiance à l’organisation de
Dieu ainsi qu’à son Collège central, formé de chrétiens
oints.
10
Il nous est aussi rappelé la valeur de l’humilité et
de la patience. Paul et Barnab é avaient été établis per-
sonnellement par l’esprit saint pour aller vers les na-
tions ; pourtant, ils n’ont pas argué de ce pouvoir
pour régler l’affaire de la circoncision sur-le-champ à
Antioche (Actes 13:2, 3). Paul écrirait d’ailleurs plus
tard : ‘Je suis monté à Jérusalem à la suite d’une ré-
vélation’, ce qui attestait la direction divine en la
matière (Gal. 2:2). Aujourd’hui, les anciens s’effor-
cent d’être aussi humbles et patients quand des ques-
tions susceptibles de diviser l’assemblée se posent. Au
lieu d’entrer en querelle, ils se tournent vers Jého-
vah en consultant les Écritures ainsi que l’enseigne-
ment et les conseils fournis par l’esclave fidèle (Phil.
2:2, 3).
11
Parfois, il nous faut attendre que Jéhovah éclair-
cisse un certain sujet. Souvenons-nous que les frères
11-12. Pourquoi est-ce important de s’en remettre à Jéhovah ?
« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 199
du temps de Paul ont dû attendre jusqu’en 49, soit
13 ans après l’onction de Corneille (qui datait de 36),
pour que Jéhovah fasse aboutir à une solution la ques-
tion de la circoncision exigible ou non des Gentils.
Pourquoi toutes ces années ? Peut-être Dieu voulait-il
laisser aux Juifs sinc ères un temps suffisant pour
s’adapter à un aussi énorme changement d’optique.
Tout de même, la résiliation de l’alliance de la circon-
cision, conclue 1 900 ans auparavant avec leur cher an-
c être Abraham, n’était pas une question mineure !
(Jean 16:12).
12
Quel privilège d’être enseignés et modelés par no-
tre patient et bienveillant Père c éleste ! Les résultats
sont toujours bons et toujours à notre avantage (Is.
48:17, 18 ; 64:8). Aussi, ne cherchons jamais à imposer
orgueilleusement nos idées et ne réagissons pas néga-
tivement aux changements en matière d’organisation
ou aux rectifications dans l’explication de certains ver-
sets bibliques (Eccl. 7:8). Si tu déc èles en toi la moin-
dre trace d’une telle tendance, pourquoi ne pas médi-
ter dans la prière sur les principes opportuns contenus
en Actes chapitre 151 ?
1 Voir l’encadré « Les Témoins de Jéhovah bâtissent leurs croyances
sur la Bible », page 201.
200 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« LES T ÉMOINS DE JÉHOVAH BÂTISSENT
LEURS CROYANCES SUR LA BIBLE »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Comme ce fut amplement démontré avec l’assem-


blée chrétienne primitive, l’histoire du vrai culte
est ponctuée d’éclaircissements spirituels progressifs
(Prov. 4:18 ; Dan. 12:4, 9, 10 ; Actes 15:7-9). Aujour-
d’hui aussi, les serviteurs de Jéhovah rectifient leurs
croyances pour se conformer à la vérité révélée ; ils
ne forcent pas les Écritures à cadrer avec leurs opi-
nions. Des observateurs neutres reconnaissent ce fait.
Par exemple, Jason BeDuhn, maître de conférences en
études religieuses à l’Université de l’Arizona du Nord,
a écrit que « les Témoins de Jéhovah abordent la Bible
avec une esp èce d’innocence, et qu’ils bâtissent leurs
croyances et leurs pratiques à partir de la matière pre-
mière de la Bible, sans idée préconçue de ce qu’il fal-
lait y trouver » (Truth in Translation).

La patience est souvent nécessaire quand nous


13

étudions la Bible avec des personnes qui renoncent à


contrecœur à des croyances erronées ou à des coutu-
mes non bibliques. Dans ces cas-là, il faut sans doute
prévoir un temps raisonnable pour que l’esprit de Dieu
agisse sur le cœur de l’étudiant (1 Cor. 3:6, 7). En
outre, il est bien de faire de cette préoccupation l’objet
13. Comment refléter la patience de Jéhovah dans notre ministère ?
« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 201
de nos prières. D’une façon ou d’une autre et au bon
moment, Jéhovah nous fait savoir la conduite à adop-
ter (1 Jean 5:14).
Ils ont « raconté en détail » des faits encourageants
(Actes 15:3-5)
14 Le narrateur dit encore : « Apr
ès avoir été accom-
pagnés un bout de chemin par l’assemblée, ces hom-
mes traversèrent la Phénicie et la Samarie. Ils en pro-
fitaient pour raconter en détail la conversion des gens
des nations et procuraient ainsi une grande joie à tous
les frères » (Actes 15:3). En accompagnant un bout de
chemin Paul, Barnab é et les autres, l’assemblée les a
honorés par un geste d’amour chrétien, car c’était une
façon de leur souhaiter la b énédiction divine. Là en-
core, quel bel exemple nous ont laissé les chrétiens
d’Antioche ! Honores-tu tes frères et sœurs spirituels,
« surtout ceux qui travaillent dur dans la parole et
dans l’enseignement » ? (1 Tim. 5:17).
15
Sur le trajet, les voyageurs ont été d’une présence
très encourageante pour leurs compagnons de Phénicie
et de Samarie en leur racontant « en détail » des faits
14-15. Comment l’assemblée d’Antioche a-t-elle honoré Paul, Barnab é
et les autres, et de quelle façon les voyageurs ont-ils été d’une présence
encourageante pour leurs compagnons de Phénicie et de Samarie ?
202 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
relatifs à l’œuvre parmi les non-Juifs. Certains de leurs
interlocuteurs étaient peut-être des croyants juifs qui
avaient fui dans ces régions après le martyre d’Étienne.
Pareillement aujourd’hui, il est encourageant pour nos
frères, surtout ceux qui sont éprouvés, d’avoir des
nouvelles de la façon dont Jéhovah bénit l’œuvre de
formation de disciples. Profites-tu pleinement de ces
nouvelles en venant aux réunions et aux assemblées
chrétiennes, et aussi en lisant les faits et les biographies
qui paraissent dans nos publications ou sur jw.org ?
16
Cap vers le sud, 550 kilomètres plus loin, la déléga-
tion d’Antioche est enfin arrivée à destination. « Quand
ils arrivèrent à Jérusalem, précise Luc, ils furent ac-
cueillis aimablement par l’assemblée, les ap ôtres et
les anciens, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait
fait par leur intermédiaire » (Actes 15:4). Mais, alors,
« quelques-uns des membres du parti des pharisiens qui
étaient devenus croyants se levèrent de leurs sièges et
dirent : “Il faut les circoncire et leur commander
d’obéir à la Loi de Moïse” » (Actes 15:5). La question
de la circoncision des chrétiens non juifs était bel et
bien devenue une affaire importante, qu’il fallait régler.
16. Qu’est-ce qui montre que la circoncision était devenue une affaire
importante ?
« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 203
« Les ap ôtres et les anciens se réunirent »
(Actes 15:6-12)
17
« La sagesse appartient à ceux qui demandent
conseil », dit Proverbes 13:10. En accord avec ce prin-
cipe judicieux, « les ap ôtres et les anciens se réunirent
pour examiner » l’affaire de la circoncision (Actes
15:6). « Les ap ôtres et les anciens » en question repré-
sentaient l’assemblée chrétienne dans son entier ; il en
va de même du Collège central aujourd’hui. Pourquoi
« les anciens » en faisaient-ils partie avec les ap ôtres ?
On se souvient que l’ap ôtre Jacques avait été exécuté
et que, au moins pendant un temps, l’ap ôtre Pierre
avait été emprisonné. Et s’il arrivait des ennuis du
même genre au reste des ap ôtres ? La présence d’au-
tres frères oints comp étents permettrait d’assurer la
continuité de la surveillance.
18Luc poursuit : « Après une longue et vive discus-
sion, Pierre se leva et leur dit : “Hommes, frères, vous
savez bien que, dès les premiers temps, Dieu m’a choisi
parmi vous pour que les gens des nations entendent
la parole de la bonne nouvelle par ma bouche et
17. Qui composait le collège central à Jérusalem, et pourquoi, peut-être,
« les anciens » avaient-ils été ajoutés ?
18-19. Quelles paroles convaincantes Pierre a-t-il prononcées, et que de-
vaient en conclure ses auditeurs ?
204 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
qu’ils croient. Et Dieu, qui connaît les cœurs, a mon-
tré qu’il les acceptait en leur donnant l’esprit saint,
tout comme il l’avait fait pour nous. Et il n’a fait
aucune différence entre nous et eux, mais il a pu-
rifié leur cœur par la foi” » (Actes 15:7-9). Selon
un dictionnaire, le mot grec traduit par « discus-
sion » au verset 7 signifie aussi « recherche », « en-
quête ». Apparemment, les frères avaient des opi-
nions sinc ères mais divergentes, qu’ils ont exprimées
franchement.
19
Par des paroles convaincantes, Pierre a rappelé à
tous qu’il était présent en personne la première fois
que des incirconcis, Corneille et sa famille, avaient été
oints d’esprit saint (en 36 de n. è.). Si donc Jého-
vah avait cessé de faire une différence entre Juif et
non-Juif, de quel droit les humains devraient-ils agir
autrement ? De plus, c’était la foi en Christ, et non la
conformité à la Loi mosaïque, qui purifiait le cœur
d’un croyant (Gal. 2:16).
20Sur la base du témoignage inattaquable de la pa-
role de Dieu et de l’esprit saint, Pierre a tiré cette con-
clusion : « Alors pourquoi maintenant mettez-vous
20. En quel sens les défenseurs de la circoncision ‘mettaient-ils Dieu à
l’épreuve’ ?
« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 205
Dieu à l’épreuve en imposant aux disciples de porter
un joug que ni nos anc êtres ni nous n’avons été capa-
bles de porter ? Nous avons au contraire la conviction
que tout comme nous sommes sauvés grâce à la faveur
imméritée du Seigneur Jésus, ils le sont aussi » (Ac-
tes 15:10, 11). En quelque sorte, les défenseurs de la
circoncision ‘mettaient Dieu à l’épreuve’, autrement
dit mettaient sa patience à l’épreuve. Ils essayaient
d’imposer aux Gentils un code auquel les Juifs eux-
mêmes ne pouvaient se conformer complètement et
qui, par conséquent, les condamnait à mort (Gal.
3:10). Les auditeurs juifs de Pierre auraient dû plutôt
remercier Dieu pour sa faveur imméritée exprimée par
le moyen de Jésus.
21 Manifestement, les paroles de Pierre ont fait mou-
che, puisque « tout le groupe se tut ». Ensuite, Bar-
nab é et Paul ont raconté « les nombreux signes et mi-
racles que Dieu avait accomplis par leur intermédiaire
parmi les nations » (Actes 15:12.) Maintenant, enfin,
les ap ôtres étaient en mesure de peser tous les élé-
ments et de rendre une décision qui refléterait claire-
ment la volonté de Dieu sur la question de la circon-
cision.
21. Qu’ont apporté Paul et Barnab é à la discussion ?
206 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
22
De même aujourd’hui, quand les membres du Col-
lège central se réunissent, ils se réfèrent à la Parole de
Dieu pour avoir sa direction et prient ardemment pour
demander de l’esprit saint (Ps. 119:105 ; Mat. 7:7-11). À
cette fin, chacun d’eux reçoit à l’avance un ordre du
jour de façon à pouvoir y réfléchir dans la prière (Prov.
15:28). Au cours de leur réunion, ces frères oints s’expri-
ment franchement et respectueusement. Ils font fré-
quemment usage de la Bible durant leurs discussions.
23Dans les assemblées, les anciens devraient imiter
leur exemple. Lors d’une réunion d’anciens, si après
examen une affaire grave reste sans solution, le collège
devrait consulter le bureau de sa filiale ou ses repré-
sentants nommés, par exemple les responsables de cir-
conscription. Éventuellement, si nécessaire, la filiale
écrira au Collège central.
24
Assurément, Jéhovah bénit ceux qui respectent l’or-
dre théocratique et qui manifestent humilité, fidélité et
patience. Comme nous le verrons dans le chapitre sui-
vant, il récompense leur conduite par une paix réelle,
la prosp érité spirituelle et l’unité chrétienne.
22-24. a) En quoi le Collège central d’aujourd’hui suit-il le modèle du
collège central primitif ? b) Comment tous les anciens peuvent-ils res-
pecter l’autorité théocratique ?

« UN DÉSACCORD ASSEZ GRAVE ET UN VIF DÉBAT » 207


CHAPITRE 14
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Nous avons unanimement décidé »


Le collège central parvient à une décision
qui a un effet unificateur sur les assemblées
Actes 15:13-35

L’ATTENTE est palpable dans cette salle de Jérusa-


lem où les ap ôtres et les anciens sont réunis. Tous s’en-
tre-regardent, sentant que le moment est capital. L’af-
faire de la circoncision a soulevé des questions graves :
Les chrétiens sont-ils sous la Loi mosaïque ? Doit-il y
avoir une différence entre les chrétiens juifs et les chré-
tiens gentils ?
Les responsables ont examiné de nombreux élé-
2

ments. Ils ont en tête la Parole prophétique de Dieu,


plus un puissant témoignage de première main révé-
lant la b énédiction de Jéhovah. Ils se sont amplement
exprimés. Les éléments accumulés concernant l’affaire
en cours sont plus que suffisants. Il est clair que l’es-
prit de Jéhovah montre le chemin. Les frères vont-ils
suivre cette direction ?
1-2. a) Quelles questions graves le collège central du 1er siècle a-t-il dû
traiter ? b) De quelle aide les frères ont-ils b énéficié pour aboutir à la
bonne conclusion ?
208 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
3 Il faudra au collège central beaucoup de foi et de
courage pour accepter les directives de l’esprit dans ce
cas précis. Il risque d’attiser la haine des chefs reli-
gieux juifs. Et puis, au sein de l’assemblée, il se heurte
à la résistance d’hommes décidés à ramener le peuple
de Dieu sous le joug de la Loi mosaïque. Que va-t-il
donc faire ? Voyons cela. Ce faisant, nous discernerons
qu’il a laissé un modèle que suit le Collège central mo-
derne des Témoins de Jéhovah. C’est un modèle que
nous devons suivre nous aussi, dans notre vie de chré-
tiens, face à une décision ou à une difficulté.
« Ceci est en accord avec les paroles des Prophètes »
(Actes 15:13-21)
4 Le disciple Jacques, le demi-frère de Jésus1, a pris la

parole. Il semble que, cette fois-là, il faisait office de


président de séance. Ses propos ont cristallisé dans les
esprits le consensus auquel le collège dans son entier
était apparemment parvenu. Il a commenc é ainsi : « Si-
mon a raconté minutieusement comment, pour la pre-
mière fois, Dieu s’est occup é des nations pour tirer
1 Voir l’encadré « Jacques, le “frère du Seigneur” », page 210.
3. Que nous apportera l’examen d’Actes chapitre 15 ?
4-5. Quel éclairage de la Parole prophétique de Dieu Jacques a-t-il ap-
porté au débat ?
« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 209
JACQUES, LE « FR ÈRE DU SEIGNEUR »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Jacques, fils de Joseph et de Marie, est le premier


de la liste des demi-frères de Jésus (Mat. 13:54, 55),
ce qui permet de supposer qu’il était le deuxième
enfant de Marie. Il a grandi avec Jésus, il a observé
son ministère et, qu’il les ait réellement vus ou non,
il a au moins entendu parler de ses miracles. Cepen-
dant, lui et ses frères « n’exerçaient pas la foi » en
leur frère aîné durant son ministère (Jean 7:5). Jac-
ques partageait peut-être même l’avis de certains au-
tres parents de Jésus, qui ont dit de lui : « Il est de-
venu fou » (Marc 3:21).
Tout a changé avec la mort et la résurrection de
Jésus. Les Écritures grecques mentionnent trois au-
tres Jacques, mais c’est manifestement à son demi-
frère que Jésus est apparu personnellement au
cours des 40 jours qui ont suivi sa résurrection
(1 Cor. 15:7). C’est peut-être ce qui a amené cet
homme à comprendre qui était vraiment son frère
aîné. Toujours est-il que, moins de dix jours après
l’ascension du Christ au ciel, Jacques, sa mère et
ses frères étaient avec les ap ôtres dans une pièce à
l’étage pour prier (Actes 1:13, 14).
Jacques a fini par devenir un membre très res-
pecté de l’assemblée de Jérusalem, vraisemblable-
ment considéré comme un « ap ôtre », ou « envoyé »,

210 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


de cette assemblée (Gal. 1:18, 19). Sa prééminence
a été manifeste lorsque Pierre, libéré de prison mi-
raculeusement, a dit aux disciples : « Annoncez ces
choses à Jacques et aux frères » (Actes 12:12, 17).
Quand l’affaire de la circoncision a été portée de-
vant « les ap ôtres et les anciens » à Jérusalem, il
semble que ce soit lui qui a présidé la discussion
(Actes 15:6-21). Par ailleurs, l’ap ôtre Paul écrivit que
Jacques avec Céphas (Pierre) et l’ap ôtre Jean « pa-
raissaient être des colonnes » de l’assemblée de Jé-
rusalem (Gal. 2:9). Même des années après, rentrant
à Jérusalem de son troisième voyage missionnaire,
Paul est venu en rendre compte « chez Jacques ;
tous les anciens étaient présents » (Actes 21:17-19).
Ce Jacques, que Paul appelait « le frère du Sei-
gneur », est à l’évidence l’auteur de la lettre, ou du
livre biblique, qui porte son nom (Gal. 1:19). Plu-
tôt que comme un ap ôtre ou un frère de Jésus, il s’y
présente humblement comme un « esclave de Dieu
et du Seigneur Jésus Christ » (Jacq. 1:1). Il trans-
paraît de ses lignes que, comme Jésus, c’était un fin
observateur de la création, mais aussi de la nature
humaine. Pour illustrer des vérités spirituelles, il a
exploité des phénomènes naturels connus comme le
vent sur la mer, la lumière de la lune et des étoi-
les, la chaleur brûlante du soleil, ou encore a évoqué

« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 211


la fragilité des fleurs, les incendies et le domptage
des animaux (Jacq. 1:6, 11, 17 ; 3:5, 7). Inspirées de
Dieu, ses descriptions p énétrantes des mentalités et
des actions des hommes ont fourni d’excellents con-
seils de bonne entente (Jacq. 1:19, 20 ; 3:2, 8-18).
Ce que dit Paul en 1 Corinthiens 9:5 laisse pen-
ser que Jacques était marié. La Bible n’indique ni
la date ni les circonstances de sa mort. Cependant,
l’historien Josèphe relate que, peu après la mort du
gouverneur romain Porcius Festus (vers 62 de n. è.)
et avant l’entrée en fonction d’Albinus, son succes-
seur, Anan (Ananias) le grand prêtre « réunit un
sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jé-
sus appelé le Christ, et certains autres, en les ac-
cusant d’avoir transgressé la loi, et il les fit lapider »
(Antiquités judaïques, dans Œuvres complètes de Fla-
vius Josèphe, trad. G. Mathieu et L. Herrmann).

d’entre elles un peuple pour son nom. Et ceci est en ac-


cord avec les paroles des Prophètes » (Actes 15:14, 15).
5 Le discours de Simon, c’est-à-dire Simon Pierre, et
les éléments apportés par Barnab é et Paul avaient sans
doute rappelé à Jacques des passages pertinents de
l’Écriture qui éclairaient le sujet en débat (Jean 14:26).
Après avoir constaté que les idées qui venaient d’être
212 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
présentées étaient « en accord avec les paroles des Pro-
phètes », il a cité le contenu d’Amos 9:11, 12. Ce livre
faisait partie des Écritures hébraïques appelées usuel-
lement les Prophètes (Mat. 22:40 ; Actes 15:16-18). On
remarquera que les termes de Jacques diffèrent légère-
ment de ce qu’on trouve en Amos aujourd’hui. Proba-
blement a-t-il cité la Septante, traduction grecque des
Écritures hébraïques.
6 Jéhovah avait prédit par le prophète Amos qu’un
jour viendrait où il relèverait « la hutte de David »,
c’est-à-dire la lignée royale menant au royaume messia-
nique (Ézéch. 21:26, 27). Traiterait-il de nouveau exclu-
sivement avec les Juifs selon la chair en tant que na-
tion ? Non. La prophétie ajoutait que des gens « de
toutes les nations » seraient rassemblés et ‘appelés du
nom de Dieu’. Rappelons que Pierre venait d’attester :
« [Dieu] n’a fait aucune différence entre nous [les chré-
tiens juifs] et eux [les croyants gentils], mais il a purifié
leur cœur par la foi » (Actes 15:9). En d’autres termes,
la volonté divine était que des Juifs aussi bien que des
Gentils soient admis comme héritiers dans le Royaume
(Rom. 8:17 ; Éph. 2:17-19). Nulle part ces prophé-
ties inspirées ne laissaient entendre que les croyants
6. Comment les Écritures ont-elles éclairé le débat ?
« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 213
gentils devaient au préalable se faire circoncire dans la
chair ou devenir prosélytes.
7 Touché par ces indications bibliques et les témoi-
gnages convaincants qu’il venait d’entendre, Jacques a
soumis ceci à la réflexion de tous : « Ma décision est
donc de ne pas créer de problèmes aux gens des na-
tions qui se tournent vers Dieu, mais de leur écrire de
s’abstenir de ce qui a été souillé par les idoles, des ac-
tes sexuels immoraux, de ce qui est étouffé et du sang.
Car, depuis les temps anciens, Moïse a des gens qui
prêchent ses écrits dans toutes les villes, parce qu’on
les lit à voix haute dans les synagogues chaque sab-
bat » (Actes 15:19-21).
8 En disant : « Ma décision est donc », Jacques impo-
sait-il aux autres frères son autorité, peut-être de prési-
dent de séance, et décidait-il arbitrairement de ce qu’il
fallait faire ? Pas du tout ! L’expression grecque rendue
par « ma décision est » pourrait aussi signifier « je
juge » ou « je suis d’avis ». Loin de régenter le groupe,
Jacques proposait à sa réflexion une ligne de conduite
fondée sur les témoignages entendus et sur les indica-
tions des Écritures relatives au sujet.
7-8. a) Qu’a proposé Jacques ? b) Comment devrions-nous interpréter
les paroles de Jacques ?
214 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
9 La proposition de Jacques était-elle bonne ? Oui, à
l’évidence, puisque les ap ôtres et les anciens l’ont en-
suite adoptée. Quels en seraient les avantages ? D’un
c ôté, la conduite préconisée aurait l’effet de « ne pas
créer de problèmes » aux chrétiens gentils en ne leur
imposant pas les exigences de la Loi mosaïque (Actes
15:19). D’un autre c ôté, cette décision respecterait la
conscience des chrétiens juifs qui, pendant des années,
avaient entendu ‘Moïse1 lu à voix haute dans les syna-
gogues chaque sabbat’ (Actes 15:21). La conduite pré-
conisée renforcerait sûrement le lien entre les chré-
tiens juifs et les chrétiens gentils. Mais surtout, elle
plairait à Jéhovah Dieu, car elle cadrerait avec la pro-
gression de son projet. Quelle belle manière de ré-
gler un problème qui menaçait l’unité et la sérénité
de l’assemblée entière du peuple de Dieu ! Et quel
excellent exemple pour l’assemblée chrétienne ac-
tuelle !
1 Jacques a intelligemment évoqué les écrits de Moïse, qui conte-
naient non seulement la Loi, mais aussi l’histoire des rapports de
Dieu avec les humains et des indications de sa volonté datant d’avant
la Loi. Par exemple, la façon dont Jéhovah considère le sang, l’adul-
tère et l’idolâtrie ressort nettement de la Genèse (Gen. 9:3, 4 ; 20:2-9 ;
35:2, 4). Jéhovah avait donc révélé des principes qui étaient obliga-
toires pour tous les humains, qu’ils soient Juifs ou Gentils.
9. Quels avantages la proposition de Jacques offrait-elle ?
« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 215
10On a vu au chapitre préc édent que, comme son ho-
mologue du 1er siècle, le Collège central des Témoins
de Jéhovah d’aujourd’hui se réfère à Jéhovah, le Souve-
rain de l’univers, et à Jésus Christ, le Chef de l’as-
semblée, pour se diriger en toutes choses1 (1 Cor.
11:3). Comment s’y prend-il ? Voici l’explication d’Al-
bert Schroeder, qui a été membre du Collège central
depuis 1974 jusqu’à la fin de sa vie terrestre en
mars 2006 : « Le Collège central [...] tient chaque mer-
credi une réunion qui commence par la prière afin de
demander la direction de l’esprit de Jéhovah. Il fait un
réel effort pour traiter toutes les questions et prendre
toutes les décisions en harmonie avec la Parole de
Dieu, la Bible. » De même, Milton Henschel, qui fut
membre du Collège central très longtemps jusqu’à la
fin de sa vie terrestre en mars 2003, a posé cette ques-
tion fondamentale aux diplômés de la 101e classe de
l’École biblique de Galaad : « Existe-t-il une autre or-
ganisation sur la terre dont la direction consulte la Pa-
role de Dieu, la Bible, avant de prendre toute décision
importante ? » La réponse est évidente.
1 Voir l’encadré « La structure du Collège central aujourd’hui »,
page 217.
10. Comment, à notre époque, le Collège central suit-il le modèle laissé
par son homologue du 1er siècle ?
216 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
LA STRUCTURE DU COLL ÈGE CENTRAL
AUJOURD’HUI
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Comme les chrétiens du 1er siècle, les Témoins de


Jéhovah sont dirigés par un Collège central d’hom-
mes voués à Jéhovah et oints de l’esprit. Ce Col-
lège central se réunit chaque semaine. Ses membres
sont également organisés en six comités ayant cha-
cun des responsabilités sp écifiques.
˘ Le Comité des coordinateurs a la charge des ques-
tions juridiques et du recours aux médias si
nécessaire pour véhiculer une image exacte de
nos croyances. Il intervient dans les situations de
crise — catastrophes, persécutions, etc. — pou-
vant toucher les Témoins de Jéhovah n’importe où
dans le monde.
˘ Le Comité pour le personnel veille au bien-être spi-
rituel et physique des membres du B éthel qui
servent dans les filiales des Témoins de Jéhovah
du monde entier. C’est aussi lui qui invite de nou-
veaux membres à servir dans les B éthels.
˘ Le Comité d’édition supervise l’impression, l’édi-
tion et l’exp édition de publications bibliques. Il
s’occupe des imprimeries ainsi que des bâtiments
et des terrains dont les associations employées
par les Témoins de Jéhovah sont propriétaires et

« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 217


utilisatrices. Il dirige la construction de B éthels,
de salles du Royaume et de salles d’assemblées. Il
coordonne aussi l’emploi des fonds provenant des
offrandes.
˘ Le Comité pour le service est responsable de l’œu-
vre de prédication et des questions concernant les
anciens des assemblées, les responsables de cir-
conscription et les évangélisateurs à plein temps.
Il décide aussi des invitations et des affectations
des élèves de l’École de Galaad, avec l’objectif de
stabiliser et de renforcer l’œuvre mondiale.
˘ Le Comité pour l’enseignement a la responsabilité
de l’enseignement qui est donné aux assemblées
et aux réunions des assemblées, ainsi que de l’éla-
boration d’ouvrages audio ou vidéo. Il prépare les
matières enseignées à Galaad, à l’École pour le
service de pionniers et à d’autres écoles, et il met
au point des programmes spirituels pour les vo-
lontaires des B éthels.
˘ Le Comité de rédaction s’occupe de la production
de nourriture spirituelle à l’intention des assem-
blées et du public en général. Par ailleurs, il
répond aux questions bibliques, supervise le tra-
vail de traduction à l’échelle mondiale et, enfin,
valide des textes comme les sc énarios de fictions
et les plans de discours.

218 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


Le Collège central compte sur l’esprit saint de
Dieu pour se diriger. Ses membres ne se consi-
dèrent pas comme les chefs du peuple de Jého-
vah, mais, de même que tous les chrétiens oints
sur terre, ils « continuent à suivre l’Agneau [Jésus
Christ] où qu’il aille » (Rév. 14:4).

« Ils envoyèrent des hommes choisis »


(Actes 15:22-29)
11 Le collège central de Jérusalem venait de prendre

une décision unanime relativement à la circoncision.


Toutefois, pour que les frères des assemblées agissent
à l’unisson, il fallait leur communiquer cette décision
de façon claire, positive et encourageante. Quel était le
meilleur moyen de le faire ? Le récit explique : « Les
ap ôtres et les anciens, ainsi que toute l’assemblée, déci-
dèrent d’envoyer à Antioche, avec Paul et Barnab é, des
hommes choisis parmi eux. Ils envoyèrent Judas, qu’on
appelait Barsabas, et Silas, qui exerçaient tous les deux
des responsabilités parmi les frères. » En outre, ils ont
préparé une lettre qu’ils ont confiée à ces hommes
pour qu’elle soit lue dans toutes les assemblées d’An-
tioche, de la Syrie et de la Cilicie (Actes 15:22-26).
11. Comment la décision du collège central a-t-elle été communiquée aux
assemblées ?
« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 219
12 ‘Exerçant tous les deux des responsabilités parmi
les frères’, Judas et Silas étaient pleinement aptes à
servir de représentants du collège central. En voyant
arriver une délégation de quatre frères, les assemblées
comprendraient bien que le message apporté n’était
pas qu’une réponse à l’interrogation de départ, mais
des instructions expresses du collège central. La pré-
sence de Judas et de Silas, les « hommes choisis », rap-
procherait les chrétiens juifs de Jérusalem des chré-
tiens gentils des assemblées. Quelle mesure sage et
bienveillante ! Elle a certainement favorisé la paix et
l’harmonie dans le peuple de Dieu.
13 La lettre donnait des instructions claires pour les
chrétiens gentils, non seulement au sujet de la circonci-
sion, mais aussi de ce qu’ils devaient faire pour avoir la
faveur et la b énédiction de Jéhovah. Son passage im-
portant était : « L’esprit saint et nous-mêmes avons
jugé bon de ne pas vous ajouter d’autre fardeau que
ces choses qui sont nécessaires : vous abstenir de ce
qui a été sacrifié aux idoles, du sang, de ce qui est
étouffé et des actes sexuels immoraux. Si vous vous
12-13. Quel bien a été accompli par l’envoi a) de Judas et de Silas ?
b) d’une lettre du collège central ?
220 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
interdisez strictement ces choses, tout ira bien pour
vous. Portez-vous bien ! » (Actes 15:28, 29).
14Aujourd’hui, l’unité de croyance et d’action règne
parmi les Témoins de Jéhovah, qui sont plus de
8 000 000 répartis en quelque 100 000 assemblées dans
le monde. Comment cette unité est-elle possible, sur-
tout compte tenu du désordre et de l’esprit de division
qui sévissent dans le monde actuel ? Elle résulte prin-
cipalement des instructions claires et fermes que Jésus
Christ, le Chef de l’assemblée, nous fournit par l’inter-
médiaire de l’« esclave fidèle et avisé », c’est-à-dire le
Collège central (Mat. 24:45-47). Elle résulte aussi de la
coop ération sans réserve de l’ensemble des frères dans
le monde avec le Collège central.
« Ils se réjouirent de cet encouragement »
(Actes 15:30-35)
15 Le livre des Actes rapporte ensuite qu’à leur arrivée

à Antioche, les hommes de la délégation de Jérusalem


« réunirent tout le groupe et leur remirent la lettre ».
Comment les frères d’Antioche ont-ils réagi aux ins-
tructions du collège central ? « Ils se réjouirent de cet
14. Comment est-il possible que le peuple de Jéhovah soit uni dans un
monde divisé ?
15-16. Quelle a été l’issue de l’affaire de la circoncision, et comment
expliquer un tel résultat ?
« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 221
encouragement » (Actes 15:30, 31). De plus, Judas et Si-
las « encouragèrent et fortifièrent les frères par de nom-
breux discours ». C’est en ce sens que ces deux hommes
étaient des « prophètes », à peu près comme Barnabé,
Paul et d’autres étaient appelés prophètes — terme qua-
lifiant ceux qui annonçaient ou faisaient connaître la
volonté de Dieu (Actes 13:1 ; 15:32 ; Ex. 7:1, 2).
16 Jéhovah a manifestement b éni la totalité des me-
sures prises, puisqu’il a fait aboutir l’affaire à une solu-
tion heureuse. Quelle a été la clé de cette issue favora-
ble ? Ce sont incontestablement les instructions du
collège central, instructions claires, opportunes et fon-
dées sur la Parole de Dieu ainsi que sur les indications
de l’esprit saint. Mentionnons aussi la manière bien-
veillante et personnalisée de communiquer les déci-
sions aux assemblées.
17Sur ce modèle, le Collège central des Témoins de Jé-
hovah fournit des instructions opportunes à l’ensemble
des frères du monde. Quand il prend des décisions, il les
communique aux assemblées de façon claire et sans
détour. Entre autres moyens, il utilise les visites des
responsables itinérants, des frères d’une grande abnéga-
17. Comment a été fixé le modèle de certains aspects des visites des
responsables itinérants ?
222 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
tion qui vont d’assemblée en assemblée pour apporter
des instructions claires et des encouragements chaleu-
reux. Tels Paul et Barnabé, ces frères passent un temps
considérable dans le ministère, ‘ils enseignent et annon-
cent la bonne nouvelle de la parole de Jéhovah’ (Actes
15:35). Tels Judas et Silas, ils ‘encouragent et fortifient
les frères par de nombreux discours’.
Et les assemblées ? Qu’est-ce qui, dans une société
18

humaine divisée, leur permettra de jouir toujours de la


paix et de l’harmonie ? Souvenons-nous que c’est le
disciple Jacques qui a écrit plus tard : « La sagesse d’en
haut est tout d’abord pure, puis pacifique, raisonnable,
disposée à ob éir [...]. De plus, le fruit de justice se sème
dans la paix pour ceux qui font la paix » (Jacq. 3:17,
18). Il est impossible de savoir s’il pensait à l’assem-
blée de Jérusalem en écrivant ces lignes. Mais on dé-
gage de l’examen d’Actes chapitre 15 la certitude qu’il
ne peut y avoir b énédiction de Dieu que s’il y a unité et
coop ération.
19 L’assemblée d’Antioche avait très visiblement
18. À quelle condition le peuple de Dieu continuera-t-il de recevoir sa
b énédiction ?
19-20. a) À quoi était-il visible que l’assemblée d’Antioche avait retrouvé
la paix et l’unité ? b) Qu’ont pu faire ensuite Paul et Barnab é ?
« NOUS AVONS UNANIMEMENT DÉCIDÉ » 223
retrouvé la paix et l’unité. Au lieu de se disputer avec
les frères de Jérusalem, les frères d’Antioche ont fait
grand cas de la visite de Judas et de Silas, puisque c’est
seulement après que ces deux hommes « eurent passé
là quelque temps » qu’ils « les laissèrent retourner
vers ceux qui les avaient envoyés [c’est-à-dire à Jérusa-
lem1], en leur souhaitant bon voyage » (Actes 15:33).
Nul doute que les frères de Jérusalem se sont réjouis
eux aussi quand Judas et Silas leur ont raconté leur
voyage. Grâce à la faveur imméritée de Jéhovah,
les deux frères avaient excellemment accompli leur
mission !
20Paul et Barnab é, restés à Antioche, pouvaient dé-
sormais s’employer à donner un élan vigoureux à l’œu-
vre d’évangélisation, ce que font aujourd’hui les res-
ponsables itinérants dans les assemblées qui leur
sont confiées (Actes 13:2, 3). Quelle b énédiction pour
le peuple de Dieu ! Mais comment Jéhovah a-t-il
encore utilisé et b éni ces deux évangélisateurs zé-
lés ? C’est ce que nous verrons dans le chapitre
suivant.
1 Certaines versions insèrent au verset 34 une phrase laissant enten-
dre que Silas décida de rester à Antioche (Bible en français courant).
Mais apparemment il s’agit d’ajouts postérieurs figurant dans cer-
tains manuscrits anciens.

224 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


PARTIE 6 ˙ AC T E S 15:36 – 18:22
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« RETOURNONS À PRÉSENT
VOIR LES FRÈRES »
ACTES 15:36

Quel rôle important les responsables de circons-


cription jouent-ils dans l’assemblée chrétienne ?
Quels bienfaits s’ensuivent quand on accepte vo-
lontiers des tâches théocratiques ? Comment
raisonner efficacement à partir des Écritures, et
pourquoi s’adapter à ses auditeurs ? Nous trouve-
rons les réponses à ces questions et à d’autres en
accompagnant l’apôtre Paul dans son deuxième
voyage missionnaire.
CHAPITRE 15
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Fortifiant les assemblées »


Les ministres itinérants aident
les assemblées à s’affermir dans la foi
Actes 15:36 – 16:5

EN CHEMINANT sur des sentiers raboteux entre


deux villes, l’ap ôtre Paul regarde pensivement le
jeune homme qui marche à son c ôté. Il s’appelle Ti-
mothée. Juvénile et plein de vigueur, il a autour de
20 ans. Chaque pas l’éloigne un peu plus de chez lui.
Dans le jour finissant, la région de Lystre et d’Ico-
nium disparaît peu à peu dans le lointain. Que réserve
l’avenir ? Paul en a une idée, puisque c’est son
deuxième voyage missionnaire. Il sait qu’ils auront
leur content de p érils et de difficultés. Timothée tien-
dra-t-il le coup ?
2 Paul a confiance en Timothée, peut-être davantage
que ce jeune homme humble n’a confiance en lui-
même. Des incidents récents l’ont plus que jamais
convaincu qu’il lui faut le bon compagnon de voyage.
1-3. a) Qui était le nouveau compagnon de voyage de Paul, et quel homme
était-ce ? b) Qu’apprendrons-nous dans ce chapitre ?
226 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Il sait que la tâche qui les attend, celle de rendre vi-
site aux assemblées et de les fortifier, exige une déter-
mination inébranlable et une harmonie de pensées de
la part des ministres itinérants. Qu’est-ce qui lui fait
songer à cela ? Probablement, entre autres, le désac-
cord qui l’a brouillé avec Barnab é il n’y a pas si long-
temps.
3 Ce chapitre nous en apprendra beaucoup sur la
meilleure façon de gérer les désaccords. Nous verrons
aussi pourquoi Paul a choisi Timothée pour l’accom-
pagner, et nous comprendrons mieux le rôle essentiel
des responsables de circonscription aujourd’hui.
« Retournons à présent voir les frères » (Actes 15:36)
4 Dans le chapitre préc édent, nous avons vu qu’une

délégation de quatre frères — Paul, Barnab é, Judas et


Silas — avaient fortifié l’assemblée d’Antioche en lui
transmettant la décision du collège central sur la cir-
concision. Qu’a fait Paul ensuite ? Il a proposé à Bar-
nab é ce nouvel itinéraire : « Retournons à présent
voir les frères dans chacune des villes où nous avons
annonc é la parole de Jéhovah, pour voir comment ils
4. Qu’avait l’intention de faire Paul au cours de son deuxième voyage
missionnaire ?
« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 227
vont » (Actes 15:36). Il ne suggérait pas là une sim-
ple visite de courtoisie aux chrétiens nouvellement
convertis. Le livre des Actes révèle le but complet de
ce deuxième voyage missionnaire. Premièrement, Paul
continuerait de transmettre les décisions prises par
le collège central (Actes 16:4). Deuxièmement, en
tant que responsable itinérant, il tenait à encourager
spirituellement les assemblées en les aidant à s’affer-
mir dans la foi (Rom. 1:11, 12). Comment l’organisa-
tion contemporaine des Témoins de Jéhovah suit-elle
le modèle établi par les ap ôtres ?
5 Aujourd’hui, Christ utilise le Collège central des
Témoins de Jéhovah — des frères oints fidèles —
pour diriger son assemblée. Par des lettres, des publi-
cations au format papier ou électronique, des ré-
unions et des assemblées, et d’autres moyens de
communication, ce collège offre conseils et encoura-
gements à toutes les assemblées du monde. Il s’efforce
aussi de garder un contact étroit avec chacune d’en-
tre elles. Pour cela, il passe par les ministres itiné-
rants. En effet, c’est lui qui établit directement dans
5. Comment le Collège central offre-t-il direction et encouragements aux
assemblées ?
228 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
la charge de responsables de circonscription des mil-
liers d’anciens comp étents sur la terre entière.
6 Les responsables itinérants actuels s’emploient à
apporter une attention personnelle et des encourage-
ments spirituels à tous les membres des assemblées
qu’ils visitent. Comment ? En suivant le modèle de
chrétiens du 1er siècle tels que Paul, qui a recom-
mandé à un autre responsable : « Prêche la parole,
fais-le avec insistance en époque favorable et en épo-
que difficile ; reprends, réprimande, exhorte, avec une
patience inlassable et avec art d’enseigner. [...] Fais
l’œuvre d’un évangélisateur » (2 Tim. 4:2, 5).
7 Conformément à ces instructions, le responsable
de circonscription — avec sa femme, s’il est marié —
accompagne les proclamateurs dans divers aspects de
la prédication. Prédicateur lui-même, il est zélé pour
le ministère et habile dans l’enseignement, deux qua-
lités qui ont un effet positif sur le troupeau (Rom.
12:11 ; 2 Tim. 2:15). Le responsable de circonscription
est surtout connu pour son amour plein d’abnéga-
tion. Il donne volontiers de sa personne, voyageant
6-7. Quelles sont quelques-unes des responsabilités du responsable de cir-
conscription ?
« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 229
par tous les temps et même dans des régions dange-
reuses (Phil. 2:3, 4). En outre, il encourage, enseigne
et avertit chaque assemblée grâce à des discours bi-
bliques. Tous les membres de l’assemblée gagnent à
considérer la conduite d’un ministre itinérant et à
imiter sa foi (Héb. 13:7).
« Une explosion de colère » (Actes 15:37- 41)
8 Barnab é a accepté la proposition de Paul de

‘retourner voir les fr ères’ (Actes 15:36). Tous


deux faisaient une bonne équipe et, l’un comme
l’autre, connaissaient déj à les régions et les person-
nes qu’il fallait visiter (Actes 13:2 –14:28). L’idée de
s’associer pour cette mission semblait sans doute
judicieuse et pratique. Mais une complication a surgi.
« Barnab é voulait absolument emmener Jean, qu’on
appelait Marc », rapporte Actes 15:37. Il ne faisait
pas que suggérer. Il « voulait absolument » se faire
accompagner de son cousin Marc dans ce voyage
missionnaire.
9 Paul n’a pas voulu. Pour quelle raison ? Explica-
tion du récit : « Paul n’était pas d’accord pour l’em-
8. Comment Barnab é a-t-il accueilli l’invitation de Paul ?
9. Pourquoi Paul a-t-il eu un désaccord avec Barnab é ?
230 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
mener [Marc] avec eux, puisqu’il les avait quittés en
Pamphylie et ne les avait pas accompagnés dans la
mission » (Actes 15:38). Marc avait effectivement
suivi Paul et Barnab é dans leur première tournée mis-
sionnaire, mais il n’était pas allé jusqu’au bout (Ac-
tes 12:25 ; 13:13). Assez tôt sur le trajet, alors qu’ils
étaient encore en Pamphylie, il avait abandonné pour
rentrer chez lui à Jérusalem. La Bible ne dit pas pour-
quoi, mais manifestement l’ap ôtre Paul a trouvé sa
décision peu sérieuse. Il n’était donc pas très sûr que
Marc soit fiable.
10 Or Barnab é tenait obstinément à prendre Marc
avec lui. Paul s’entêtait autant pour le contraire.
« Alors il y eut une explosion de colère, si bien qu’ils
se séparèrent l’un de l’autre », rapporte Actes 15:39.
Barnab é est rentré chez lui à Chypre, avec Marc.
Paul, lui, a poursuivi son projet. On lit qu’il « choi-
sit Silas et, après avoir été confié par les frères à la
faveur imméritée de Jéhovah, il partit » (Actes 15:40).
Ensemble, ils ont traversé « la Syrie et la Cilicie, for-
tifiant les assemblées » (Actes 15:41).
10. Comment s’est terminé le désaccord entre Paul et Barnab é, et quelle
en a été la conséquence ?
« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 231
11 Cet incident nous rappelle certainement que nous
sommes imparfaits. Paul et Barnab é avaient été éta-
blis représentants sp éciaux du collège central. Paul
lui-même est, semble-t-il, devenu membre de ce col-
lège. Pourtant, en la circonstance, leurs tendances
d’humains imparfaits ont eu raison de ces deux chré-
tiens. Mais ont-ils laissé la situation les brouiller
durablement ? Quoiqu’imparfaits, Paul et Barnab é
étaient des hommes humbles, qui avaient la pensée de
Christ. Nul doute qu’avec le temps ils ont manifesté
un esprit de fraternité et de pardon chrétiens (Éph.
4:1-3). Plus tard, Paul et Marc ont collaboré à d’au-
tres missions théocratiques1 (Col. 4:10).
12 Cette explosion de colère isolée ne caractérisait
ni Barnab é ni Paul. Barnab é était réputé pour son
temp érament chaleureux et généreux, au point qu’au
lieu de l’appeler par son prénom de naissance, Jo-
seph, les ap ôtres le surnommaient Barnab é, « fils de
1 Voir l’encadré « Marc re çoit de nombreux privilèges », page 233.
11. Quelles qualités sont essentielles pour emp êcher toute brouille du-
rable entre nous et quelqu’un qui nous a offensés ?
12. Qu’est-ce qui, à l’imitation de Paul et de Barnab é, devrait caracté-
riser les anciens aujourd’hui ?
232 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
MARC RE ÇOIT DE NOMBREUX PRIVIL ÈGES
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

L’Évangile de Marc raconte que les hommes qui


ont arrêté Jésus ont aussi tenté d’attraper « un cer-
tain jeune homme » qui leur échappa et « s’en-
fuit, nu » (Marc 14:51, 52). Comme Marc (aussi ap-
pelé Jean-Marc) est le seul à rapporter cet incident,
peut-être était-ce lui, ce jeune homme. Dans cette
hypothèse, Marc a eu au moins quelques contacts
personnels avec Jésus.
Environ 11 ans plus tard, sous la persécution des
chrétiens par Hérode Agrippa, « un bon nombre »
de membres de l’assemblée de Jérusalem s’assem-
blaient chez Marie, la mère de Marc, pour prier.
C’est chez elle que l’ap ôtre Pierre s’est rendu après
sa lib ération miraculeuse de prison (Actes 12:12).
On suppose donc que Marc a grandi dans une mai-
son qui a servi plus tard pour les réunions chrétien-
nes. Sans doute connaissait-il bien les premiers dis-
ciples de Jésus, lesquels ont eu une bonne influence
sur lui.
Marc a c ôtoyé de nombreux responsables d’as-
semblées chrétiennes des débuts. Autant qu’on sa-
che, son premier privilège de service a consisté à
collaborer avec son cousin Barnab é et l’ap ôtre Paul
dans leur mission à Antioche de Syrie (Actes 12:25).
Quand Barnab é et Paul ont entrepris leur premier
voyage missionnaire, il est parti avec eux, d’abord

« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 233


pour Chypre, puis pour l’Asie Mineure. De là, il est
rentré à Jérusalem pour des raisons non précisées
(Actes 13:4, 13). Après une brouille entre Barnab é
et Paul à son sujet, évoquée en Actes chapitre 15,
Barnab é et lui ont poursuivi leur service mission-
naire à Chypre (Actes 15:36-39).
Tout souvenir de cette brouille devait être dis-
sip é depuis longtemps en 60 ou 61 de notre ère, où
l’on retrouve Marc œuvrant au c ôté de Paul, cette
fois à Rome. Paul, alors prisonnier, a écrit ceci à
l’assemblée de Colosses : « Aristarque, mon com-
pagnon de captivité, vous envoie ses salutations,
ainsi que Marc (le cousin de Barnab é), au sujet du-
quel vous avez re çu l’instruction de lui faire bon ac-
cueil s’il vient chez vous » (Col. 4:10). L’ap ôtre son-
geait donc à envoyer Jean-Marc de Rome à Colosses
comme son représentant.
Pendant un temps entre 62 et 64, Marc a colla-
boré avec l’ap ôtre Pierre à Babylone. Comme on l’a
dit au chapitre 10 du présent ouvrage, tous deux ont
noué des liens étroits, puisque, pour parler de lui,
Pierre disait « Marc, mon fils » (1 Pierre 5:13).
Finalement, vers 65, Paul, emprisonné pour la
deuxième fois à Rome, a écrit à son collaborateur
Timothée à Éphèse : « Emmène Marc avec toi, car
il me sera utile pour le ministère » (2 Tim. 4:11).
Nul doute que Marc a aussitôt accepté l’invitation

234 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


et a quitté Éphèse pour Rome. Pas étonnant qu’il
ait été très apprécié de Barnab é, de Paul et de
Pierre !
Le plus grand de tous ses privilèges fut celui
d’être inspiré par Jéhovah pour rédiger un Évan-
gile. La tradition veut qu’il ait re çu la majeure
partie de ses renseignements de l’ap ôtre Pierre.
Les faits semblent étayer cette idée, car son récit
contient des détails de première main qu’un témoin
oculaire comme Pierre connaissait certainement.
Toutefois, il a apparemment écrit son Évangile à
Rome, plutôt qu’à Babylone à l’époque où il était
avec Pierre. Il emploie beaucoup d’expressions lati-
nes et traduit les termes hébreux que les non-Juifs
auraient du mal à comprendre ; c’est pourquoi on
pense qu’il a écrit avant tout pour un lectorat de
Gentils.

consolation » (Actes 4:36). Paul aussi était connu


pour être plein de tendresse et de douceur (1 Thess.
2:7, 8). Aujourd’hui, à l’imitation de ces deux hom-
mes, tous les anciens, dont les responsables de cir-
conscription, devraient toujours s’efforcer d’être hum-
bles et de traiter les autres anciens ainsi que tout le
troupeau avec tendresse (1 Pierre 5:2, 3).
« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 235
« On disait beaucoup de bien de lui » (Actes 16:1-3)
13 Le deuxième voyage missionnaire de Paul l’a mené

dans la province romaine de Galatie, où avaient été


formées quelques assemblées. « Il arriva ensuite à
Derbé, puis à Lystre », retrace Luc. « Il y avait là
un disciple qui s’appelait Timothée1 ; c’était le fils
d’une Juive croyante, mais d’un p ère grec » (Actes
16:1).
14 Il semble que Paul ait fait connaissance de la fa-
mille de Timothée lors de son premier passage dans
la région vers 47. Cette fois, deux ou trois ans après, il
a remarqué particulièrement ce jeune homme, parce
que les frères « disaient beaucoup de bien de lui ».
Non seulement Timothée était apprécié des frères de
sa ville, mais encore sa réputation dépassait les limi-
tes de son assemblée. On lit que les frères et de Lys-
tre et d’Iconium, à 30 kilomètres de là, disaient du
bien de lui (Actes 16:2). Guidés par l’esprit saint, les
anciens ont confié à ce jeune homme une lourde
1 Voir l’encadré « Timothée travaille dur pour faire progresser la
bonne nouvelle », page 237.
13-14. a) Qui était Timothée, et à quelle occasion Paul l’a-t-il peut-être
rencontré ? b) Comment se fait-il que Paul ait remarqué particulièrement
Timothée ? c) Quelle mission a-t-on confiée à Timothée ?
236 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« TIMOTH ÉE TRAVAILLE DUR POUR FAIRE
PROGRESSER LA BONNE NOUVELLE »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Timothée était un assistant de Paul extrêmement


apprécié. Après 11 ans de collaboration avec ce
compagnon fidèle, l’ap ôtre a pu écrire à propos de
lui : « Je n’ai personne d’autre qui ait une atti-
tude comme la sienne et qui se soucie réellement
de vos intérêts. [...] Vous savez qu’il a fait ses preu-
ves. En effet, comme un enfant avec son p ère, il
a travaillé dur avec moi pour faire progresser la
bonne nouvelle » (Phil. 2:20, 22). Timothée a vo-
lontiers donné de sa personne pour promouvoir la
prédication, ce qui l’a rendu cher à Paul et nous
laisse un excellent exemple.
Étant de p ère grec et de mère juive, Timothée a
vraisemblablement grandi à Lystre. Sa mère, Eu-
nice, et sa grand-mère, Loïs, lui ont enseigné les
Écritures ‘depuis sa toute petite enfance’ (Actes
16:1, 3 ; 2 Tim. 1:5 ; 3:14, 15). On suppose que c’est
avec elles qu’il a accepté le christianisme durant
le premier passage de Paul à Lystre.
Quand Paul est revenu quelques années plus
tard, Timothée était un jeune homme (de presque
ou d’à peine 20 ans) dont « les frères de Lystre
et d’Iconium disaient beaucoup de bien » (Actes
16:2). L’esprit de Dieu avait inspiré ‘des prophéties

« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 237


à son sujet’ ; en accord avec celles-ci, Paul et les
anciens de l’endroit ont décidé de lui confier un
service particulier (1 Tim. 1:18 ; 4:14 ; 2 Tim. 1:6).
Il accompagnerait Paul dans l’activité mission-
naire. Il devrait quitter sa famille et, pour éviter
un possible sujet de plainte chez les Juifs qu’il fré-
quenterait, il lui a fallu se faire circoncire (Actes
16:3).
Timothée a énormément voyagé. Il a prêché avec
Paul et Silas à Philippes, avec Silas à B érée, puis
seul à Thessalonique. Quand il a rejoint Paul à
Corinthe, il a rapporté de bonnes nouvelles con-
cernant l’amour et la fidélité dont les Thessalo-
niciens faisaient preuve malgré leurs tribulations
(Actes 16:6 – 17:14 ; 1 Thess. 3:2-6). Quand Paul, à
Éphèse, a re çu des nouvelles inquiétantes au sujet
des Corinthiens, il a envisagé de renvoyer Timo-
thée à Corinthe (1 Cor. 4:17). Plus tard, d’Éphèse
encore, il l’a envoyé avec Éraste en Mac édoine. Ce-
pendant, quand il a écrit aux Romains, Timothée
était de nouveau avec lui à Corinthe (Actes 19:22 ;
Rom. 16:21). Ce ne sont là que quelques-uns des
voyages que Timothée a effectués pour la bonne
nouvelle.
On sait que Timothée a quelque peu hésité à
exercer son autorité, puisque Paul lui a adressé
cet encouragement : « Que personne ne méprise

238 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


ta jeunesse » (1 Tim. 4:12). Pourtant, l’ap ôtre l’a
envoyé en toute confiance vers une assemblée qui
avait des problèmes, avec pour instruction d’ ‘or-
donner à certains de ne pas enseigner une autre
doctrine’ (1 Tim. 1:3). Il lui a aussi donné autorité
pour établir des anciens et des assistants dans les
assemblées (1 Tim. 5:22).
Les belles qualités de Timothée l’ont rendu
cher à Paul. Les Écritures révèlent que ce jeune
homme fut un compagnon proche, fidèle et affec-
tueux, comme un fils. Paul a pu lui écrire qu’il
se souvenait de ses larmes, qu’il désirait vivement
le voir et qu’il priait pour lui. Tel un p ère at-
tentionné, il lui a également donné des conseils
au sujet de ses « fréquents ennuis de santé », des
maux d’estomac, semble-t-il (1 Tim. 5:23 ; 2 Tim.
1:3, 4).
Durant la première captivité de Paul à Rome, Ti-
mothée est resté près de lui. Lui aussi a connu la
prison, au moins un temps (Philém. 1 ; Héb.
13:23). On mesure la profondeur du sentiment
qui liait les deux hommes au fait que Paul, sen-
tant sa mort prochaine, a pressé Timothée de
‘faire tout son possible pour le rejoindre bientôt’
(2 Tim. 4:6-9). Les Écritures ne disent pas si celui-
ci est arrivé à temps pour revoir son mentor bien-
aimé.

« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 239


responsabilité : assister Paul et Silas comme ministre
itinérant (Actes 16:3).
15 Pourquoi Timothée avait-il, si jeune, une aussi
bonne réputation ? Était-ce dû à son intelligence, à
son physique ou à ses aptitudes naturelles ? De tel-
les caractéristiques impressionnent facilement les hu-
mains. Même le prophète Samuel, jadis, se fia indû-
ment aux apparences. Mais Jéhovah lui rappela :
« Un homme ne voit pas les choses comme Dieu les
voit, car un homme voit ce qui est visible, mais Jého-
vah, lui, voit ce qu’il y a dans le cœur » (1 Sam. 16:7).
Plutôt que des avantages innés, Timothée avait des
qualités intérieures qui lui ont valu une bonne répu-
tation auprès de ses coreligionnaires.
16 Des années après, l’ap ôtre Paul a parlé de certai-
nes qualités spirituelles de Timothée. Il a mentionné
sa bonne attitude, son amour désintéressé et son zèle
à s’acquitter de ses missions théocratiques (Phil. 2:20-
22). Timothée était aussi connu pour sa « foi sans hy-
pocrisie » (2 Tim. 1:5).
17 De nos jours, beaucoup de jeunes imitent Timo-
15-16. Qu’avait Timothée qui lui a valu une aussi bonne réputation ?
17. Comment les jeunes d’aujourd’hui peuvent-ils imiter Timothée ?
240 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
thée en cultivant des qualités qui plaisent à Dieu. Ils
acquièrent de cette façon une bonne réputation de-
vant Jéhovah et son peuple, même à un âge tendre
(Prov. 22:1 ; 1 Tim. 4:15). Ils font preuve d’une foi
sans hypocrisie : pas question de mener une double
vie (Ps. 26:4). En conséquence, ils sont nombreux à
pouvoir, comme Timothée, jouer un rôle important
dans l’assemblée. Combien ils encouragent tous ceux
qui aiment Jéhovah autour d’eux lorsqu’ils devien-
nent des proclamateurs de la bonne nouvelle, puis, en
temps voulu, se vouent à Dieu et se font baptiser !
« Les assemblées s’affermissaient dans la foi »
(Actes 16:4, 5)
18 Paul et Timothée ont collaboré pendant des an-

nées. En tant que ministres itinérants, ils ont accom-


pli maintes missions au nom du collège central. La
Bible raconte : « Dans les villes où ils passaient, ils
transmettaient aux frères, pour qu’ils y ob éissent, les
décisions prises par les ap ôtres et les anciens qui
étaient à Jérusalem » (Actes 16:4). Selon toute évi-
dence, les assemblées suivaient les directives des
18. a) Quels privilèges Paul et Timothée ont-ils eus en tant que minis-
tres itinérants ? b) Quels bienfaits ont-ils apportés aux assemblées ?
« FORTIFIANT LES ASSEMBLÉES » 241
ap ôtres et des anciens de Jérusalem. Du fait de leur
ob éissance, « les assemblées continuaient à s’affermir
dans la foi et à grossir de jour en jour » (Actes 16:5).
19 De même, les Témoins de Jéhovah à l’heure ac-

tuelle récoltent les b énédictions de la soumission


ob éissante aux directives émanant de ‘ceux qui les di-
rigent’ (Héb. 13:17). ‘La sc ène du monde’ changeant
constamment, il est imp ératif que nous nous confor-
mions sans tarder à l’enseignement de l’« esclave fi-
dèle et avisé » au fur et à mesure qu’il nous le four-
nit (Mat. 24:45 ; 1 Cor. 7:29-31). Cela peut nous éviter
le désastre spirituel et nous aider ‘ à ne pas nous lais-
ser tacher par le monde’ (Jacq. 1:27).
20 Il est vrai que les responsables chrétiens d’aujour-

d’hui, y compris les membres du Collège central, sont


imparfaits, comme l’étaient Paul, Barnab é, Marc et
les autres anciens oints au 1er siècle (Rom. 5:12 ; Jacq.
3:2). Mais le Collège central se révèle digne de
confiance, puisqu’il suit strictement la Parole de Dieu
et se règle sur le modèle fixé par les ap ôtres (2 Tim.
1:13, 14). Résultat : les assemblées sont fortifiées et
s’affermissent dans la foi.
19-20. Pourquoi les chrétiens devraient-ils ob éir à ‘ceux qui les
dirigent’ ?
242 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 16
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Passe en Macédoine »
Des b énédictions pour ceux qui acceptent une mission
et affrontent la persécution avec joie
Actes 16:6-40

NOUS sommes à Philippes, en Macédoine. Des femmes


sortent de la ville et arrivent bientôt au Gangitès. Comme
elles en ont la coutume, elles s’assoient sur la rive pour
prier le Dieu d’Israël. Jéhovah les observe (2 Chron. 16:9 ;
Ps. 65:2).
Entre-temps, plus de 800 kilomètres à l’est, dans le
2

sud de la Galatie, des hommes quittent Lystre. Après plu-


sieurs jours, ces hommes, nuls autres que Paul, Silas et
Timothée, atteignent une voie romaine pavée menant
vers l’ouest, la région la plus peuplée du district d’Asie.
Il leur tarde d’emprunter ce grand axe pour gagner
Éphèse et d’autres villes où des milliers de gens ont be-
soin d’entendre parler de Christ. Mais, avant qu’ils aient
pu se lancer dans leur voyage, l’esprit saint les arrête, de
quelque manière non révélée, et leur interdit de prêcher
en Asie. Pourquoi ? Parce que Jésus — par le moyen de
1-3. a) Comment Paul et ses compagnons ont-ils senti la direction de
l’esprit saint ? b) Quels épisodes allons-nous étudier ?
« PASSE EN MACÉDOINE » 243
l’esprit de Dieu — veut leur faire traverser toute l’Asie
Mineure, franchir la mer Égée et pousser jusqu’aux rives
de cette petite rivière appelée Gangitès.
3
La façon dont Jésus a guidé Paul et ses compagnons
durant ce surprenant voyage en Macédoine nous ensei-
gne des leçons profitables. Revoyons donc certains épiso-
des de la deuxième tournée missionnaire de Paul, com-
mencée vers 49 de notre ère.
« Dieu nous a fait venir » (Actes 16:6-15)
4 Emp êchés de prêcher en Asie, Paul et ses compagnons

ont bifurqué vers le nord pour aller prêcher dans les vil-
les de Bithynie. Ils ont peut-être foulé pendant des jours
de mauvaises pistes entre les régions faiblement peuplées
de Phrygie et de Galatie. Et puis, quand la Bithynie a été
en vue, Jésus a de nouveau utilisé l’esprit saint pour les
stopper (Actes 16:6, 7). À ce moment-là, ils ont dû être per-
plexes. Ils savaient quoi prêcher et comment prêcher, mais
ils ne savaient pas où prêcher ! Ils avaient en quelque sorte
frapp é à la porte de l’Asie — mais rien. Ils avaient frapp é
à la porte de la Bithynie — encore rien. Malgré tout, Paul
était résolu à continuer de frapper jusqu’à ce qu’une porte
4-5. a) Qu’est-il arrivé à Paul et à ses deux compagnons à l’approche
de la Bithynie ? b) Quelle décision les disciples ont-ils prise, et avec
quelle conséquence ?
244 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
s’ouvre. C’est alors que ses compagnons et lui ont pris une
décision qui pouvait sembler aberrante. Repartant vers
l’ouest, ils ont marché 550 kilomètres en laissant les villes,
après quoi ils sont remontés jusqu’au port de Troas, voie
d’accès naturelle vers la Macédoine (Actes 16:8). Là, pour
la troisième fois, Paul a frapp é à une porte, et, ô joie, elle
s’est ouverte toute grande !
5 L’évangéliste Luc, qui a rejoint le groupe à Troas, ra-
conterait ainsi la suite : « Pendant la nuit, une vision ap-
parut à Paul : un Macédonien, se tenait là, debout, et le
suppliait : “Passe en Macédoine et aide-nous !” D ès que
Paul a eu cette vision, nous1 avons cherché à nous rendre
en Macédoine, parce que nous en avions déduit que Dieu
nous avait fait venir pour leur annoncer la bonne nou-
velle » (Actes 16:9, 10). Enfin, Paul savait où prêcher !
Comme il a dû être heureux de ne pas avoir renoncé à mi-
chemin ! Aussitôt, les quatre hommes ont embarqué pour
la Macédoine.
6
Quelle leçon tirer de cet épisode ? Remarquons ceci :
L’esprit de Dieu n’est intervenu qu’après que Paul a pris
la route pour l’Asie et qu’après qu’il a essayé d’entrer en
1 Voir l’encadré « Luc, le rédacteur des Actes », page 246.
6-7. a) Quelle le çon pouvons-nous tirer des p érip éties du voyage de
Paul ? b) Quelle assurance dégageons-nous de ce que Paul a vécu ?
« PASSE EN MACÉDOINE » 245
LUC, LE R ÉDACTEUR DES ACTES
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Jusqu’au chapitre 16, verset 9, la narration des


Actes est uniquement à la troisième personne. Au-
trement dit, le rédacteur se limite à rapporter ce
que d’autres ont dit ou fait. Mais en Actes 16:10, 11,
le style change. Au verset 11, par exemple, on lit :
« De Troas, nous avons donc pris la mer et, filant
tout droit, nous sommes arrivés à Samothrace. »
C’est là que Luc, le rédacteur, s’est joint à l’action.
Toutefois, comme son nom ne figure nulle part
dans les Actes des ap ôtres, comment savons-nous
qu’il en fut bien l’auteur ?
La réponse réside dans les introductions du livre
des Actes et de l’Évangile de Luc. Les deux sont
adressées à un certain « Théophile » (Luc 1:1, 3 ;
Actes 1:1). Les Actes commencent ainsi : « Le pre-
mier récit que j’ai écrit, ô Théophile, concernait
tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le dé-
but. » Puisque des sources autorisées antiques s’ac-
cordent à dire que Luc fut l’écrivain du « premier
récit », l’Évangile, il doit avoir été aussi celui des
Actes.
Nous ne savons pas grand-chose de Luc. Son
nom n’apparaît que trois fois dans la Bible. L’ap ô-
tre Paul le qualifie de « médecin bien-aimé » et
de « collaborateur » (Col. 4:14 ; Philém. 24). Les
passages des Actes contenant le pronom « nous »,

246 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


ceux où Luc s’inclut dans la narration, indiquent
qu’il a accompagné l’ap ôtre Paul de Troas à Phi-
lippes vers 50 de notre ère, mais qu’il n’était plus
avec Paul quand celui-ci a quitté l’endroit. Les deux
hommes se sont retrouvés de nouveau à Philippes
vers 56 et en sont repartis avec sept autres frè-
res pour Jérusalem, où Paul s’est fait arrêter. Deux
ans plus tard, Luc a accompagné Paul, toujours
prisonnier, de Césarée à Rome (Actes 16:10-17, 40 ;
20:5 – 21:17 ; 24:27 ; 27:1 – 28:16). Quand Paul, in-
carc éré pour la deuxième fois à Rome, a compris
que son exécution approchait, « seul Luc » était
avec lui (2 Tim. 4:6, 11). Manifestement, ce disciple
a parcouru de grandes distances et a été disposé à
subir des épreuves pour la bonne nouvelle.
Luc n’a pas prétendu avoir vu de ses yeux ce qu’il
a écrit sur Jésus. Au contraire, il a dit qu’il avait
« entrepris de rédiger un récit des faits » fondé sur
les récits de « témoins ». De plus, il a « recherché
avec soin tout ce qui s’est passé depuis le début »
pour les écrire « dans un ordre logique » (Luc 1:1-
3). Le résultat de ses travaux montre qu’il était un
chercheur minutieux. Peut-être a-t-il eu des entre-
tiens avec Élisabeth, avec Marie, la mère de Jésus,
et avec d’autres pour recueillir ses informations.
Une bonne partie de ce qu’il a écrit est unique dans
les Évangiles (Luc 1:5-80).

« PASSE EN MACÉDOINE » 247


Comme l’a relevé Paul, Luc était médecin ; effec-
tivement, l’intérêt d’un professionnel pour les souf-
frants transparaît dans ses écrits. Voici juste quel-
ques exemples : Il a précisé que le démon que Jésus
avait expulsé d’un possédé était sorti de l’homme
« sans lui faire de mal », que la belle-mère de
l’ap ôtre Pierre avait « une forte fièvre », et qu’une
femme secourue par Jésus « était courb ée en deux
et ne pouvait pas du tout se redresser », rendue in-
valide par un démon depuis 18 ans (Luc 4:35, 38 ;
13:11).
Luc donnait assurément la priorité à « l’œuvre du
Seigneur » dans sa vie (1 Cor. 15:58). Il n’avait pas
pour objectif de se faire une carrière ou une situa-
tion en vue, mais simplement d’aider autrui à con-
naître et à servir Jéhovah.

Bithynie, et c’est seulement après l’arrivée de Paul à Troas


que Jésus l’a dirigé vers la Macédoine. Étant le Chef de
l’assemblée, Jésus peut agir de même avec nous (Col.
1:18). Par exemple, songeons-nous depuis quelque temps
à devenir pionniers ou à déménager dans une région qui
manque de proclamateurs du Royaume ? Peut-être Jésus
ne nous guidera-t-il, par l’esprit de Dieu, qu’après nous
avoir vus prendre des dispositions concrètes pour attein-
dre notre objectif. Pourquoi ? Illustrons : Un conducteur
248 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ne peut diriger son véhicule vers la gauche ou la droite
que si celui-ci avance. De même, Jésus ne nous dirige vers
un ministère accru que si nous avançons — si nous fai-
sons de réels efforts pour cela.
7
Et si nos efforts ne sont pas fructueux tout de suite ?
Devrions-nous renoncer, en conclure que l’esprit de Dieu
ne nous guide pas ? Non. Rappelons-nous que Paul aussi
a eu des revers. Pourtant, il a continué de chercher jus-
qu’à ce qu’une porte s’ouvre. Soyons sûrs que notre per-
sévérance à chercher ‘une grande porte ouverte pour l’ac-
tivité’ sera également récompensée (1 Cor. 16:9).
8 Parvenu en Macédoine, le groupe a continué jusqu’à
Philippes, ville dont les habitants étaient fiers d’être ci-
toyens romains. Pour les vétérans de l’armée romaine vi-
vant ici, la colonie de Philippes était une petite Italie, une
Rome en réduction implantée en Macédoine. Hors de la
porte de la ville, près d’un ruisseau, les missionnaires ont
trouvé un endroit où ils pensaient qu’il y avait « un lieu de
prière1 ». Le sabbat, ils y sont descendus et ont rencontré
plusieurs femmes qui s’y assemblaient pour adorer Dieu.
1 Peut-ttre les Juifs avaient-ils interdiction de posséder une synago-
gue à Philippes parce que c’était une ville militaire. Ou bien la ville
ne comptait pas assez de Juifs de sexe masculin, le minimum requis
pour fonder une synagogue étant de dix.
8. a) Par quoi se caractérisait la ville de Philippes ? b) Quel évènement
heureux a résulté de la prédication de Paul au « lieu de prière » ?
« PASSE EN MACÉDOINE » 249
Ils se sont assis et leur ont parlé. Une femme nommée Ly-
die « écoutait, et Jéhovah a ouvert son cœur tout grand ».
Lydie a été si remuée par ce que les disciples lui ont ap-
pris qu’elle s’est fait baptiser, et « ceux qui étaient sous son
toit » aussi. Puis elle a obligé Paul et ses compagnons à
séjourner chez elle1 (Actes 16:13-15).
9
Imagine la joie occasionnée par le baptême de Lydie !
Comme Paul a dû se réjouir d’avoir accepté l’invitation
de ‘passer en Macédoine’, mais aussi de ce que Jéhovah
ait jugé bon de se servir de lui et de ses compagnons pour
exaucer les prières de ces femmes ferventes. Pareillement
aujourd’hui, de nombreux frères et sœurs, jeunes et
vieux, célibataires et mariés, déménagent dans des ré-
gions pauvres en proclamateurs du Royaume. S’ils ren-
contrent évidemment des difficultés, elles ne semblent
rien comparées à la satisfaction qu’ils éprouvent en trou-
vant des personnes comme Lydie, qui embrassent les vé-
rités bibliques. Ne pourrais-tu pas réorganiser ta vie
pour être en mesure de « passer » dans un territoire qui a
besoin de proclamateurs ? Des bénédictions t’attendent.
Citons Aaron, qui a déménagé dans un pays d’Amérique
1 Voir l’encadré « Lydie, la marchande de pourpre », page 252.
9. Comment beaucoup imitent-ils l’exemple de Paul aujourd’hui, ce qui
leur vaut quelles b énédictions ?
250 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
centrale. Ce jeune homme d’un peu plus de 20 ans fait
écho aux sentiments de beaucoup quand il dit : « Le ser-
vice à l’étranger m’a fait grandir spirituellement et m’a
rapproché de Jéhovah. Et la prédication, c’est formida-
ble : j’ai huit cours bibliques ! »
« La foule se souleva contre eux » (Actes 16:16-24)
10
Satan était sûrement furieux que la bonne nouvelle ait
pris pied dans une partie du monde où l’on peut supposer
que ses démons et lui ne rencontraient pas d’opposition.
Pas étonnant que l’activité des démons ait contribué à re-
tourner la situation de Paul et de ses compagnons ! Pour
commencer, alors qu’ils se trouvaient de nouveau au lieu
de prière, une servante possédée, qui gagnait de l’argent
pour ses maîtres « en pratiquant la voyance », s’est mise
à suivre les missionnaires partout en criant : « Ces hom-
mes sont des esclaves du Dieu très-haut et ils vous font
connaître le chemin du salut ! » Le démon la faisait peut-
être dire cela pour donner l’impression que ses prédictions
et les enseignements de Paul avaient la même origine. De
cette façon, il pouvait emp êcher les passants de prêter at-
tention aux vrais disciples de Christ. Mais Paul a fait taire
la servante en expulsant le démon (Actes 16:16-18).
10. Comment l’activité des démons a-t-elle contribué à un revirement de
situation pour Paul et ses compagnons ?
« PASSE EN MACÉDOINE » 251
LYDIE, LA MARCHANDE DE POURPRE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Lydie vivait à Philippes, une ville importante de


Mac édoine. Elle était originaire de Thyatire, une
ville de la région appelée Lydie, dans l’ouest de
l’Asie Mineure. Pour exercer son métier de ven-
deuse de pourpre, elle avait traversé la mer Égée.
Sans doute faisait-elle commerce d’articles de
pourpre de divers genres : tapis, tapisseries, étof-
fes et même teintures. Une inscription découverte
à Philippes atteste qu’il s’y trouvait une corpora-
tion de vendeurs de pourpre.
On apprend que Lydie était une « adoratrice de
Dieu », donc probablement une prosélyte du ju-
daïsme (Actes 16:14). Peut-être avait-elle connu le
culte de Jéhovah à Thyatire qui, au contraire de
Philippes, comptait un lieu de réunion juif. Cer-
tains pensent que « Lydie » était un surnom, signi-
fiant « la Lydienne », qu’on lui donnait à Philippes.
Toutefois, on dispose de documents attestant que
c’était aussi un nom propre usité.
Les Lydiens et leurs voisins étaient renommés
pour leur art de la teinture pourpre depuis les
jours d’Homère, au 9e ou au 8e siècle avant notre
ère. En effet, l’eau de Thyatire avait la réputation
de produire les teintes les plus vives et les plus
solides.

252 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


Les étoffes de pourpre étaient des articles
luxueux accessibles seulement aux riches. Bien que
l’on connût plusieurs moyens d’obtenir la pourpre,
la meilleure et la plus chère — employée pour le
fin lin — provenait de mollusques méditerranéens.
Un mollusque ne fournissant qu’une quantité in-
fime de teinture, il en fallait 8 000 pour obtenir à
peine un gramme du précieux liquide ; c’est pour-
quoi l’étoffe pourpre était très chère.
Étant donné que son métier exigeait un capi-
tal substantiel et qu’elle avait une grande mai-
son pouvant héberger quatre hommes (Paul, Silas,
Timothée et Luc), Lydie était fort probablement
une marchande prosp ère et fortunée. L’expression
« ceux qui étaient sous son toit » peut signifier
qu’elle vivait avec des membres de sa famille, mais
aussi qu’elle avait des esclaves et des serviteurs (Ac-
tes 16:15). Que Paul et Silas aient rencontré des frè-
res chez cette femme hospitalière avant de quitter
Philippes laisse penser que son domicile était de-
venu un lieu de réunion pour les premiers chrétiens
de l’endroit (Actes 16:40).
Une dizaine d’années plus tard, quand Paul a
écrit à l’assemblée de Philippes, il n’a pas men-
tionné Lydie. Les détails contenus en Actes chapi-
tre 16 sont donc tout ce qu’on sait d’elle.

« PASSE EN MACÉDOINE » 253


11
Les maîtres de l’esclave ont été très contrariés en
constatant la disparition de leur source de revenus faci-
les. Ils ont traîné Paul et Silas sur la place du marché, où
siégeaient des magistrats, des fonctionnaires qui repré-
sentaient Rome. Puis ils ont fait appel aux préjugés et au
patriotisme des juges, disant en quelque sorte : « Ces
Juifs sèment le trouble en enseignant des coutumes que
nous, Romains, nous ne pouvons pas accepter. » L’effet
a été immédiat. « La foule se souleva contre [Paul et Si-
las] », et les magistrats ordonnèrent « qu’on les fouette
à coups de baguettes ». Puis, couverts de blessures, Paul
et Silas ont été emprisonnés. Le gardien les a jetés « dans
la partie la plus retirée de la prison et leur fixa les pieds
dans des entraves » (Actes 16:19-24). Une fois la porte re-
fermée sur eux, sans doute Paul et Silas arrivaient-ils à
peine à se voir l’un l’autre tant l’obscurité de ce cachot
était épaisse. Pourtant, Jéhovah regardait (Ps. 139:12).
12
Des années avant, Jésus avait dit à ses disciples : « Ils
vous persécuteront » (Jean 15:20). En passant en Macé-
doine, les disciples étaient donc prêts à affronter l’oppo-
11. Après l’expulsion du démon de la servante, qu’est-il arrivé à Paul et
à Silas ?
12. a) Comment les disciples de Christ considéraient-ils la persécution,
et pourquoi ? b) Quelles formes d’opposition Satan et ses agents em-
ploient-ils toujours ?
254 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
sition. Lorsqu’elle a frapp é, ils n’y ont pas vu un signe de
la désapprobation de Jéhovah, mais une expression de la
colère de Satan. À notre époque, les agents de Satan em-
ploient des méthodes semblables à celles employées à
Philippes. Des adversaires perfides répandent des men-
songes sur nous à l’école et au travail, ce qui alimente
l’opposition. Dans certains pays, des détracteurs reli-
gieux nous intentent des procès, disant en quelque sorte :
« Ces Témoins sèment le trouble en enseignant des cou-
tumes que nous, “tenants de la tradition”, nous ne pou-
vons pas accepter. » Parfois même, nos frères sont bat-
tus et jetés en prison. Cependant, Jéhovah regarde
(1 Pierre 3:12).
« Baptis és sans plus attendre »
(Actes 16:25-34)
13
Il a sans doute fallu un certain temps à Paul et à Si-
las pour se remettre des perturbations de la journée. Tou-
tefois, vers minuit, ils avaient récup éré de leur baston-
nade au point qu’ils « priaient et louaient Dieu par des
chants ». Soudain, un tremblement de terre a secoué la
prison ! Le gardien réveillé en sursaut a pensé, en voyant
les portes ouvertes, que les prisonniers s’étaient enfuis.
13. À la suite de quoi le gardien a-t-il demandé : « Que dois-je faire
pour être sauvé » ?
« PASSE EN MACÉDOINE » 255
Sachant qu’il serait puni pour les avoir laissés s’échap-
per, « il dégaina son ép ée pour se suicider », quand Paul
lui a crié : « Ne te fais pas de mal, car nous sommes tous
là ! » Bouleversé, l’homme a demandé : « Messieurs, que
dois-je faire pour être sauvé ? » Seul Jésus pouvait le sau-
ver, et non Paul et Silas. Ils ont donc répondu : « Crois
au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » (Actes 16:25-
31).
14 La question du geôlier était-elle sincère ? Paul n’en
a pas douté. Cet homme était un Gentil, qui ne connais-
sait pas les Écritures. Avant de pouvoir devenir chrétien,
il devait en apprendre et en accepter les vérités fonda-
mentales. Paul et Silas ont donc pris le temps de ‘lui dire
la parole de Jéhovah’. Tout absorbés à enseigner les Écri-
tures, ils ont peut-être oublié leur douleur consécutive
aux coups subis. Mais le gardien a remarqué les entailles
profondes qui marquaient leur dos, et il a lavé leurs bles-
sures. Puis lui et tous ceux qui vivaient chez lui ont été
« baptisés sans plus attendre ». Quelle bénédiction Paul
et Silas ont reçue pour avoir affronté la persécution avec
joie ! (Actes 16:32-34).
14. a) Quelle aide Paul et Silas ont-ils offerte au gardien ? b) Quelle b é-
nédiction Paul et Silas ont-ils re çue pour avoir affronté la persécution
avec joie ?
256 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
15
Comme Paul et Silas, de nombreux Témoins aujour-
d’hui prêchent la bonne nouvelle alors qu’ils sont empri-
sonnés pour leur foi, et ils ont d’heureux résultats. Par
exemple, dans un pays où notre activité était interdite, à
un moment donné 40 % de tous les Témoins avaient connu
la vérité sur Jéhovah en prison ! (Is. 54:17). Remarquons
aussi que le gardien n’a demandé de l’aide qu’après le trem-
blement de terre. De même à notre époque, des personnes
qui n’ont jamais accepté le message du Royaume réagis-
sent autrement quand un évènement bouleversant vient
ébranler leur environnement familier. En passant et en re-
passant fidèlement chez les gens de notre territoire, nous
nous tenons à leur disposition pour les aider.
« Et maintenant ils veulent nous mettre
dehors en secret ? » (Actes 16:35-40)
16
Le lendemain de la flagellation de Paul et de Silas, les
magistrats ont ordonné de les relâcher. Mais Paul a rétor-
qué : « Ils nous ont flagellés en public sans que nous ayons
été condamnés, nous, des Romains, et ils nous ont jetés en
prison. Et maintenant ils veulent nous mettre dehors
15. a) Comment de nombreux Témoins aujourd’hui suivent-ils l’exemple
de Paul et de Silas ? b) Pourquoi devrions-nous passer et repasser chez
les gens de notre territoire ?
16. Quel retournement de situation s’est produit le lendemain de la fla-
gellation des disciples ?
« PASSE EN MACÉDOINE » 257
en secret ? Il n’en est pas question ! Qu’ils viennent eux-
mêmes nous faire sortir. » En apprenant que les deux hom-
mes étaient citoyens romains, les magistrats « eurent
peur », car ils avaient violé leurs droits1. Le vent avait
tourné. Les disciples avaient subi une flagellation publi-
que ; maintenant c’étaient les magistrats qui leur devaient
des excuses publiques. Ils ont supplié Paul et Silas de quit-
ter Philippes. Les disciples ont obtemp éré, non sans avoir
pris le temps d’encourager le groupe grossissant de nou-
veaux disciples. Ensuite seulement ils sont partis.
17 Si leurs droits de citoyens romains avaient été respec-
tés auparavant, Paul et Silas auraient certainement évité
la flagellation (Actes 22:25, 26). Mais les disciples de Phi-
lippes auraient pu croire qu’ils avaient usé de leur statut
pour se dispenser de souffrir pour Christ. Quel effet cela
aurait-il eu sur la foi de certains disciples qui n’étaient pas
citoyens romains ? Après tout, eux, la loi ne les protégerait
pas des flagellations. En endurant la punition, Paul et Si-
las ont donc montré par l’exemple aux nouveaux croyants
qu’un disciple de Christ peut tenir ferme sous la persécu-
tion. D’un autre côté, en exigeant que l’on reconnaisse leur
1 La loi romaine stipulait qu’un citoyen avait toujours droit à un
proc ès en règle et ne devait jamais être puni publiquement sans
condamnation.
17. Quelle le çon importante les nouveaux disciples ont-ils apprise en ob-
servant l’endurance de Paul et de Silas ?
258 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
citoyenneté, ils ont obligé les magistrats à déclarer publi-
quement avoir agi de façon illégale. Cela les dissuaderait
peut-être de maltraiter les coreligionnaires de Paul et
constituerait, dans une certaine mesure, une protection lé-
gale contre des attaques semblables à l’avenir.
18 Aujourd’hui, les responsables, ou bergers, de l’assem-
blée chrétienne dirigent aussi par l’exemple. Quoi qu’ils
attendent de leurs frères et sœurs, ils sont prêts à le faire.
De même, à l’instar de Paul, nous pesons soigneusement
comment et quand faire valoir nos droits pour obtenir
une protection. Si nécessaire, nous en appelons à des
tribunaux locaux, nationaux ou même internationaux
pour nous assurer une protection juridique afin de pra-
tiquer notre culte. Notre objectif n’est pas de réformer la
société, mais « de défendre la bonne nouvelle et de la
faire reconnaître en justice », ainsi que Paul l’a écrit
à l’assemblée de Philippes une dizaine d’années après son
emprisonnement dans cette ville (Phil. 1:7). Cela dit,
quelles que soient les issues de ces procès, nous sommes,
comme Paul et ses compagnons, résolus à continuer
d’ « annoncer la bonne nouvelle » où que l’esprit de Dieu
nous pousse (Actes 16:10).
18. a) Comment, de nos jours, les responsables chrétiens imitent-ils
l’exemple de Paul ? b) Comment ‘défendons-nous la bonne nouvelle et
la faisons-nous reconnaître en justice’ ?
« PASSE EN MACÉDOINE » 259
CHAPITRE 17
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Il raisonna avec eux


à partir des Écritures »
Le fondement d’un enseignement efficace ;
le bel exemple des Bér éens
Actes 17:1-15

TRÈS fréquentée, la route construite par de brillants


techniciens romains coupe à travers le relief tourmenté.
Mille bruits fusent et se mêlent par instants : braiments
des ânes, fracas des roues de chars sur les dalles épais-
ses, clameurs des voyageurs, peut-être des soldats,
des marchands, des artisans... Partis de Philippes, trois
hommes, Paul, Silas et Timothée, suivent cette route
pour se rendre à Thessalonique, soit 130 kilomètres. Le
trajet n’est pas de tout repos, surtout pour Paul et Si-
las, qui pansent leurs plaies, souvenir de leur flagella-
tion à Philippes (Actes 16:22, 23).
2 Comment donc font ces hommes pour ne pas pen-
ser aux longs kilomètres qui les attendent ? La conver-
sation aide sûrement. Ils ont encore en mémoire ce mo-
1-2. Qui se rendait de Philippes à Thessalonique, et à quoi songeaient
peut-être ces hommes ?
260 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ment magnifique où le gardien philippien et sa famille
sont devenus croyants. Cet évènement les a confortés
dans leur détermination à proclamer la parole de Dieu.
Toutefois, en approchant de la ville c ôtière de Thessa-
lonique, sans doute se demandent-ils quel accueil vont
leur réserver les Juifs du lieu. Vont-ils les agresser, les
battre même, comme les Philippiens ?
3 Paul exprimera plus tard ses impressions dans une
lettre aux chrétiens de Thessalonique : « Bien que nous
ayons d’abord souffert et été traités avec insolence à
Philippes, comme vous le savez, notre Dieu nous a
donné du courage pour vous annoncer la bonne nou-
velle de Dieu malgré une grande opposition » (1 Thess.
2:2). Cela semble signifier qu’il appréhendait d’entrer à
Thessalonique, particulièrement après les incidents de
Philippes. Te reconnais-tu en Paul ? T’est-il parfois
difficile de proclamer la bonne nouvelle ? L’ap ôtre
a compté sur Jéhovah pour le fortifier, pour l’ai-
der à trouver la hardiesse dont il avait besoin. Étu-
dier son exemple t’aidera à faire de même (1 Cor.
4:16).
3. Pourquoi est-il utile d’examiner la façon dont Paul a trouvé la har-
diesse de prêcher ?
« IL RAISONNA AVEC EUX À PARTIR DES ÉCRITURES » 261
« Il raisonna à partir des Écritures » (Actes 17:1-3)
4 On lit que Paul a prêché dans la synagogue pendant

trois sabbats à Thessalonique. Faut-il en déduire qu’il n’y


est resté que trois semaines ? Pas forcément. On ignore
combien de temps après son arrivée il a fait sa première
visite à la synagogue. Par ailleurs, ses lettres révèlent
qu’à Thessalonique lui et ses compagnons ont travaillé
pour subsister (1 Thess. 2:9 ; 2 Thess. 3:7, 8). Enfin, pen-
dant son séjour, il a reçu deux fois des provisions des frè-
res de Philippes (Phil. 4:16). Sa présence à Thessaloni-
que a donc sans doute duré plus de trois semaines.
5 Ayant rassemblé son courage pour prêcher, Paul a
pris la parole devant tous ceux qui étaient réunis dans
la synagogue. « Selon son habitude, [...] il raisonna avec
eux à partir des Écritures. En citant des passages, il
expliquait et prouvait qu’il fallait que le Christ souffre
et qu’il ressuscite d’entre les morts, et il disait : “Ce Jé-
sus que je vous annonce, c’est lui le Christ” » (Actes
17:2, 3). Remarquons qu’il n’a pas cherché à émouvoir
ses auditeurs ; il a fait appel à leur réflexion. Il savait
4. Pourquoi peut-on supposer que Paul a passé plus de trois semaines à
Thessalonique ?
5. À quoi Paul a-t-il fait appel chez ses auditeurs ?
262 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
que les habitués d’une synagogue connaissaient bien les
Écritures et les respectaient. Ce qui leur manquait,
c’était la compréhension. Il a donc raisonné, expliqué et
prouvé à partir des Écritures que Jésus de Nazareth
était le Messie, ou Christ, promis.
6 Paul a suivi le modèle établi par Jésus, qui avait
fondé son enseignement sur les Écritures. Ainsi, au
cours de son ministère public, Jésus avait expliqué à ses
disciples que, selon les Écritures, le Fils de l’homme de-
vait souffrir, mourir et être ressuscité (Mat. 16:21).
Après sa résurrection, il était apparu à ses disciples.
Cela aurait pu suffire pour prouver qu’il avait dit vrai.
Pourtant, il leur avait donné davantage. On lit à propos
d’une conversation qu’il eut avec certains disciples :
« Commençant par Moïse et tous les Prophètes, il leur
interpréta les choses qui le concernaient dans toutes
les Écritures. » Qu’en était-il résulté ? Les disciples
s’étaient exclamés : « Notre cœur ne brûlait-il pas en
nous quand il nous parlait sur la route, quand il nous
expliquait clairement les Écritures ? » (Luc 24:13,
27, 32).
6. Comment Jésus a-t-il raisonné à partir des Écritures, et qu’en est-il
résulté ?
« IL RAISONNA AVEC EUX À PARTIR DES ÉCRITURES » 263
7 Le message de la Parole de Dieu est puissant (Héb.
4:12). C’est pourquoi, comme Jésus, Paul et les autres
ap ôtres, nous fondons nos enseignements sur cette Pa-
role. Nous aussi, nous raisonnons avec les gens, nous
leur expliquons le sens des Écritures, nous leur donnons
des preuves de ce que nous disons en ouvrant la Bible
pour leur en montrer le contenu. En effet, le message
que nous portons n’est pas le nôtre. En utilisant abon-
damment la Bible, nous leur faisons voir que nous ne
proclamons pas nos idées, mais les enseignements de
Dieu. De plus, gardons en tête que le message que nous
prêchons s’appuie solidement sur la Parole de Dieu. Il
est absolument fiable. Une telle pensée ne t’insuffle-
t-elle pas de l’assurance pour transmettre ce message
hardiment, comme l’a fait Paul ?
« Quelques-uns devinrent croyants » (Actes 17:4-9)
8 Paul avait déj à vérifié l’exactitude de cet avertisse-

ment de Jésus : « Un serviteur n’est pas plus grand que


son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront
7. Pourquoi est-il important de fonder notre enseignement sur les Écri-
tures ?
8-10. a) Quelles réactions la bonne nouvelle a-t-elle suscitées parmi les
Thessaloniciens ? b) Pourquoi certains Juifs ont-ils été jaloux de Paul ?
c) Qu’ont fait les adversaires juifs ?
264 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
aussi ; s’ils ont mis en pratique mon enseignement, ils
mettront aussi en pratique le vôtre » (Jean 15:20). À
Thessalonique, il a rencontré cet accueil partagé : cer-
tains désiraient vivement observer ses paroles, et d’au-
tres y résistaient. Au sujet de l’accueil favorable, Luc
écrit : « Quelques-uns d’entre eux [les Juifs] devinrent
croyants [chrétiens] et se joignirent à Paul et Silas ; ce fut
aussi le cas de très nombreux Grecs qui adoraient Dieu
et de beaucoup de femmes de haut rang » (Actes 17:4).
Ces nouveaux disciples se sont sûrement réjouis que
quelqu’un leur rende les Écritures compréhensibles.
9 Si la prédication de Paul a plu aux uns, elle a fait grin-
cer des dents les autres. Des Juifs de Thessalonique ont
été jaloux que l’ap ôtre ait réussi à convaincre « de très
nombreux Grecs ». Ces Juifs, acharnés à faire des prosé-
lytes, avaient enseigné les Écritures hébraïques aux Gen-
tils grecs et, de ce fait, ils estimaient qu’ils leur apparte-
naient. Et ne voilà-t-il pas que Paul les leur volait, ces
Grecs, et dans la synagogue, en plus ! Ils étaient furieux.
10 Luc raconte la suite en ces termes : « Devenant ja-
loux, les autres Juifs rassemblèrent quelques hom-
mes méchants qui traînaient sur la place du marché,
« IL RAISONNA AVEC EUX À PARTIR DES ÉCRITURES » 265
formèrent un attroupement et se mirent à créer de l’agi-
tation dans la ville. Ils attaquèrent la maison de Jason
et cherchèrent Paul et Silas pour les amener devant la
foule. Ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quel-
ques frères devant les chefs de la ville, en criant : “Ces
hommes qui ont causé de l’agitation partout, voilà
maintenant qu’ils sont ici, et Jason les a accueillis chez
lui ! Tous ces hommes vont à l’encontre des décrets de
César, en disant qu’il y a un autre roi, Jésus” » (Actes
17:5-7). Comment Paul et les autres ont-ils réagi à cette
émeute ?
11 Une foule excitée est abominable. Elle se rue avec
la furie d’un torrent en crue, violent, incontrôlé. Telle
est l’arme que les Juifs ont employée dans l’espoir de se
débarrasser de Paul et de Silas. Puis, après avoir cré é
« de l’agitation dans la ville », ils ont essayé de convain-
cre les chefs de la gravité de leurs accusations. La pre-
mière était que Paul et ses collaborateurs avaient
« causé de l’agitation partout », alors que ceux-ci
n’avaient pas déclenché le tumulte à Thessalonique ! La
deuxième était beaucoup plus lourde : les Juifs affir-
11. De quoi a-t-on accusé Paul et les autres proclamateurs du Royaume,
et à quel décret leurs accusateurs pensaient-ils peut-être ? (voir la note).
266 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
maient que les missionnaires annonçaient un autre Roi,
Jésus, ce en quoi ils violaient les décrets de l’empereur1.
12 Rappelons que les chefs religieux avaient accusé Jé-
sus d’un méfait semblable. Ils avaient dit à Pilate :
« Nous avons trouvé cet homme en train de boulever-
ser notre nation [...] et de dire qu’il est lui-même Christ,
un roi » (Luc 23:2). Sans doute de peur que l’empereur
croie qu’il tolérait la haute trahison, Pilate avait con-
damné Jésus à mort. Pareillement, les accusations
contre les chrétiens à Thessalonique pouvaient mal se
terminer. « On ne saurait exagérer le danger auquel cela
les exposait, commente un ouvrage de référence, car la
seule insinuation de trahison contre les empereurs
s’avérait souvent fatale à l’accusé. » Cette attaque
odieuse allait-elle réussir ?
13 Les émeutiers n’ont pas mis un terme à la
1 Selon un bibliste, il existait alors un décret de César interdisant
toute prédiction « de la venue d’un nouveau roi ou d’un nouveau
royaume, surtout s’il était censé supplanter ou juger l’empereur en
place ». Les ennemis de Paul ont très bien pu faire passer son mes-
sage pour une violation d’un tel décret. Voir l’encadré « Les Césars
et le livre des Actes », page 268.
12. Qu’est-ce qui montre que les accusations portées contre les chrétiens
de Thessalonique auraient pu mal se terminer ?
13-14. a) Pourquoi l’attaque des émeutiers n’a-t-elle pas réussi ? b) En
quoi faisant Paul a-t-il été prudent comme Christ, et comment l’imiter ?
« IL RAISONNA AVEC EUX À PARTIR DES ÉCRITURES » 267
LES C ÉSARS ET LE LIVRE DES ACTES
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Tous les évènements rapportés dans les Actes,


comme d’ailleurs dans l’ensemble des Écritures grec-
ques chrétiennes, ont lieu à l’intérieur des frontiè-
res de l’Empire romain. L’autorité profane suprême
a donc toujours été l’empereur. C’est de lui que les
Juifs de Thessalonique parlaient quand ils ont évo-
qué les « décrets de César » (Actes 17:7). Quatre em-
pereurs se sont succ édé pendant la p ériode couverte
par les Actes : Tib ère, Gaius (Caligula), Claude I er et
Néron.
˘ Tibère (14-37 de n. è.) a été empereur durant tout
le ministère de Jésus et les premières années de
l’assemblée chrétienne. Lors du procès de Jésus, c’est
à Tib ère que les Juifs ont fait allusion quand ils ont
crié à Pilate : « Si tu relâches cet homme, tu n’es pas
ami de César. [...] Nous n’avons pas d’autre roi que
César » (Jean 19:12, 15).
˘ Gaius, mieux connu comme Caligula (37-41 de n. è.),
n’est pas mentionné dans les Écritures grecques
chrétiennes.
˘ Claude I er (41-54 de n. è.) est nommé deux fois dans
les Actes. Comme l’avait prédit le prophète chrétien
Agabus, « une grande famine », datée d’environ 46,
est venue « sur la terre entière [...] au temps
de Claude ». De plus, en 49 ou au début 50,
Claude a « ordonné à tous les Juifs de quitter
Rome », décret qui a incité Aquilas et Priscille à

268 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


déménager à Corinthe, où ils ont rencontré l’ap ôtre
Paul (Actes 11:28 ; 18:1, 2).
˘ Néron (54-68 de n. è.) est le César à qui Paul en
a appelé (Actes 25:11). L’Histoire raconte que
cet empereur a plus tard accusé les chrétiens de
l’incendie qui a presque entièrement ravagé
Rome vers 64. Peu après, vers 65, l’ap ôtre Paul a
été emprisonné à Rome pour la deuxième fois et
finalement exécuté.

prédication à Thessalonique. Pourquoi ? D éj à, on n’a


pas retrouvé Paul et Silas. De plus, apparemment, leurs
accusations n’ont pas convaincu les chefs de la ville.
Après avoir exigé « une caution suffisante », peut-être
sous forme d’argent, ceux-ci ont relâché Jason et les
autres frères qu’on avait amenés devant eux (Actes
17:8, 9). Écoutant le conseil que Jésus avait donné à ses
disciples d’être « prudents comme des serpents et inno-
cents comme des colombes », Paul a sagement fui le
danger pour pouvoir continuer de prêcher ailleurs
(Mat. 10:16). À l’évidence, il n’a pas confondu hardiesse
et témérité. Comment l’imiter aujourd’hui ?
14 À notre époque, il n’est pas rare que des ecclésiasti-
ques excitent des foules contre les Témoins de Jéhovah.
« IL RAISONNA AVEC EUX À PARTIR DES ÉCRITURES » 269
Aux cris de « sédition » et de « trahison », ils manipu-
lent des dirigeants pour qu’ils s’en prennent aux Té-
moins. Comme les persécuteurs du 1er siècle, nos adver-
saires sont mus par la jalousie. Quoi qu’il en soit, nous
ne cherchons pas les ennuis. Nous fuyons autant que
possible les affrontements avec ces individus hargneux
et déraisonnables, et nous tâchons plutôt de continuer
notre œuvre en paix, au besoin en revenant plus tard,
quand les choses se sont calmées.
« Des sentiments plus nobles » (Actes 17:10-15)
15 Par s écurité, les frères ont envoyé Paul et Silas à B é-

rée, environ 65 kilomètres plus loin. À son arrivée, Paul


est entré dans la synagogue et s’est adressé à l’assis-
tance. Quel plaisir d’avoir affaire à un auditoire récep-
tif ! « Les Juifs de B érée, écrit Luc, avaient des senti-
ments plus nobles que ceux de Thessalonique, car ils
accueillirent la parole avec le plus grand empressement,
examinant soigneusement les Écritures chaque jour
pour vérifier que ce qu’on leur disait était exact » (Ac-
tes 17:10, 11.) Cette précision est-elle dénigrante pour
les Thessaloniciens qui avaient accepté la vérité ? Pas
15. Comment les B éréens ont-ils accueilli la bonne nouvelle ?
270 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
du tout. Paul leur a écrit plus tard : « Nous remercions
Dieu constamment, parce que, quand vous avez re çu la
parole de Dieu que nous vous annoncions, vous l’avez
acceptée, non comme la parole des hommes, mais
comme ce qu’elle est réellement : la parole de Dieu, qui
agit bel et bien en vous, les croyants » (1 Thess. 2:13).
Mais alors, qu’est-ce qui faisait que les Juifs de B érée
avaient des sentiments si nobles ?
16 Quoiqu’en présence d’idées nouvelles, les B éréens
n’ont exprimé ni méfiance ni critique acerbe ; mais ils
n’ont pas été crédules non plus. D’abord, ils ont bien
écouté Paul. Ensuite, ils ont vérifié ses dires en consul-
tant les Écritures, que Paul leur avait rendues compré-
hensibles. En outre, ils ont étudié la Parole de Dieu as-
sidûment, non seulement le sabbat, mais chaque jour.
Le tout « avec le plus grand empressement », en s’ap-
pliquant à trouver ce que révélaient les Écritures
sous l’éclairage de ce nouvel enseignement. Enfin, ils
ont été assez humbles pour changer, car « beau-
coup d’entre eux devinrent croyants » (Actes 17:12).
16. Pourquoi l’expression ‘sentiments nobles’ convient-elle aux B é-
réens ?
« IL RAISONNA AVEC EUX À PARTIR DES ÉCRITURES » 271
On comprend pourquoi Luc dit qu’ils avaient des sen-
timents « nobles » !
17 Ces B éréens étaient loin d’imaginer que leur réac-
tion à la bonne nouvelle resterait gravée dans la Parole
de Dieu comme un magnifique exemple de noblesse de
sentiments spirituels. Ils ont fait précisément ce que
Paul esp érait et ce que Jéhovah voulait qu’ils fassent.
C’est aussi ce que nous encourageons les gens à faire :
examiner avec soin la Bible, la Parole de Dieu, pour fon-
der solidement leur foi sur elle. Cela dit, ces sentiments
nobles cessent-ils d’être nécessaires après que l’on de-
vient croyant ? Au contraire, il est encore plus impor-
tant de désirer apprendre de Jéhovah et de s’empresser
d’appliquer ses enseignements. C’est de cette manière
que nous laissons notre Père c éleste nous modeler et
nous former selon sa volonté (Is. 64:8). Ainsi, nous lui
restons utiles et nous lui plaisons entièrement.
18 Paul n’est pas resté longtemps à B érée. On lit :
« Quand les Juifs de Thessalonique apprirent qu’à
17. Pourquoi l’exemple des B éréens est-il si louable, et comment peut-
on continuer de suivre cet exemple longtemps après être devenu croyant ?
18-19. a) Pourquoi Paul a-t-il quitté B érée, mais de quelle persévérance
exemplaire a-t-il fait preuve ? b) À qui Paul allait-il s’adresser ensuite,
et où ?
272 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
B érée aussi Paul annonçait la parole de Dieu, ils vinrent
exciter et soulever les foules. Alors les frères firent aus-
sitôt partir Paul vers la mer, mais Silas et Timothée, eux,
restèrent. Cependant, ceux qui accompagnaient Paul
l’amenèrent jusqu’à Athènes, et ils repartirent avec l’ins-
truction de dire à Silas et à Timothée de rejoindre Paul
le plus vite possible » (Actes 17:13-15). Les ennemis de
la bonne nouvelle étaient tenaces ! Non contents d’avoir
chassé Paul de Thessalonique, ils sont venus jusqu’à B é-
rée pour tenter d’y fomenter les mêmes troubles. Mais
en vain. Paul savait que son territoire était vaste ; il est
simplement parti prêcher ailleurs. Soyons tout aussi ré-
solus à déjouer les intrigues de ceux qui veulent stop-
per la prédication !
19 Ayant rendu pleinement témoignage devant les
Juifs de Thessalonique et de B érée, Paul avait sûrement
beaucoup appris sur l’importance de témoigner avec
hardiesse et de raisonner à partir des Écritures. Nous
aussi. Mais l’ap ôtre allait maintenant rencontrer un pu-
blic différent : les Gentils d’Athènes. Comment cela se
passerait-il ? Nous le verrons dans le chapitre sui-
vant.
« IL RAISONNA AVEC EUX À PARTIR DES ÉCRITURES » 273
CHAPITRE 18
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Qu’ils cherchent Dieu


et le trouvent réellement »
Paul cr ée un terrain d’entente
et s’adapte à son auditoire
Actes 17:16-34

PAUL est vivement contrarié. Il est à Athènes, capitale


grecque de l’érudition où enseignèrent Socrate, Platon
et Aristote. C’est aussi une ville très religieuse. Partout,
dans les temples, sur les places publiques, dans les rues,
il n’aperçoit qu’idoles en tous genres, car les Athéniens
adorent un panthéon de dieux. Il sait ce que le vrai Dieu,
Jéhovah, pense de l’idolâtrie (Ex. 20:4, 5). Cet ap ôtre fi-
dèle partage le sentiment de Dieu : il exècre les idoles !
2
Ce que Paul voit en entrant sur l’agora — « la place
du marché » — est particulièrement choquant. Une ar-
mée de statues phalliques du dieu Hermès s’échelonne
le long de l’angle nord-ouest, près de l’entrée principale.
La place est envahie de sanctuaires. Comment cet ap ô-
tre bouillant de zèle va-t-il prêcher dans ce climat
1-3. a) Pourquoi l’ap ôtre Paul, se trouvant à Athènes, était-il vivement
contrarié ? b) Qu’apprendrons-nous en étudiant le discours de Paul ?
274 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
d’extrême idolâtrie ? Se maîtrisera-t-il et créera-t-il un
terrain d’entente entre lui et les Athéniens ? Réussira-
t-il à en aider quelques-uns à chercher le vrai Dieu pour
le trouver réellement ?
3
Le discours de Paul aux lettrés d’Athènes, transcrit
en Actes 17:22-31, est un modèle d’éloquence, de tact et
de discernement. En l’étudiant, nous en apprendrons
beaucoup sur l’art d’établir un terrain d’entente pour
faire raisonner nos interlocuteurs.
« Sur la place du marché » (Actes 17:16-21)
4
C’est vers 50 de notre ère, durant son deuxième
voyage missionnaire, que Paul est passé à Athènes1. En
attendant que Silas et Timothée arrivent de B érée, il
‘raisonnait dans la synagogue avec les Juifs’, comme à
son habitude. Il s’est aussi mis en quête d’un territoire
où rencontrer des Athéniens non juifs : « sur la place du
marché », l’agora (Actes 17:17). Cette place, une aire
d’environ cinq hectares au nord-ouest de l’Acropole,
était en fait bien plus qu’un lieu d’achat et de vente ;
1 Voir l’encadré « Athènes, capitale culturelle du monde antique »,
page 276.
4-5. À Athènes, où Paul a-t-il prêché, et quel auditoire difficile l’atten-
dait ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 275
ATHÈNES, CAPITALE CULTURELLE
DU MONDE ANTIQUE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

L’Acropole d’Athènes était une solide citadelle


bien avant que ne commence à s’écrire l’histoire de
la ville au 7e siècle avant notre ère. Devenue la cité
principale de la région de l’Attique, Athènes domi-
nait une p éninsule d’à peine 2 600 kilomètres car-
rés bornée par des montagnes et la mer. Son nom
a probablement un rapport avec celui d’Athéna, sa
déesse protectrice.
Au 6e siècle avant notre ère, un législateur athé-
nien du nom de Solon réforma les structures so-
ciales, politiques, juridiques et économiques de
la ville. Il améliora le sort des pauvres et posa le
fondement d’un gouvernement démocratique. Ce
n’était toutefois une démocratie que pour les gens
libres ; or une bonne partie de la population athé-
nienne se composait d’esclaves.
Après les victoires grecques sur les Perses au
5 siècle avant notre ère, Athènes est devenue la
e

capitale d’un petit empire qui a étendu son com-


merce maritime jusqu’à l’Italie et à la Sicile à
l’ouest, et jusqu’à Chypre et à la Syrie à l’est. À
l’apogée de sa splendeur, elle était le p ôle culturel
du monde antique ; elle brillait dans l’art, le thé â-
tre, la philosophie, la rhétorique et les scien-
ces. Elle s’ornait de nombreux édifices publics et

276 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


de temples. Son horizon était dominé par l’Acro-
pole, colline imposante sur laquelle trônaient le
Parthénon et sa statue d’Athéna, 12 mètres d’or et
d’ivoire.
Athènes a été conquise d’abord par les Spartia-
tes, puis par les Mac édoniens, et finalement par les
Romains, qui l’ont dépouillée de sa richesse. Mal-
gré cela, au temps de l’ap ôtre Paul, elle conservait
un certain prestige du fait de son passé illustre.
D’ailleurs, elle n’a jamais été rattachée à une pro-
vince romaine, mais l’empire lui a accordé le pou-
voir juridique sur ses propres citoyens et l’exemp-
tion des taxes romaines. Même dépourvue de ses
plus grands chefs-d’œuvre, elle est restée une ville
universitaire, où les riches envoyaient leurs fils
faire leurs études.

c’était la place publique de la ville. Un ouvrage de réfé-


rence la définit comme « le cœur économique, politique
et culturel de la cité ». Les Athéniens aimaient à s’y ré-
unir pour engager des débats intellectuels.
5
Sur cette agora, Paul a affronté un auditoire difficile,
comptant des épicuriens et des stoïciens, des membres
de deux écoles philosophiques rivales1. Les épicuriens
1 Voir l’encadré « Les épicuriens et les stoïciens », page 278.
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 277
LES ÉPICURIENS ET LES STOÏCIENS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Les épicuriens et les stoïciens étaient les disci-


ples de deux écoles philosophiques. Ni les uns ni
les autres ne croyaient à la résurrection.
Les épicuriens croyaient qu’il existait des
dieux, mais que ceux-ci ne s’intéressaient pas
aux hommes, ne les récompensaient pas et ne
les punissaient pas, d’où l’inutilité des prières et
des sacrifices. Pour eux, le plaisir était le bien
suprême dans la vie. Leur raisonnement et leurs
actions étaient dénués de principes moraux. Ce-
pendant, ils prônaient la modération, au motif
qu’elle leur épargnait les effets indésirables des
exc ès. Ils ne recherchaient la connaissance que
pour se défaire des craintes religieuses et des
superstitions.
D’un autre c ôté, les stoïciens croyaient que
toutes choses faisaient partie d’une divinité im-
personnelle et que l’âme humaine émanait de
cette force. Certains disaient que l’ âme se-
rait un jour détruite avec l’univers. D’autres
croyaient qu’elle finirait par être r éabsor-
b ée par cette divinit é. Selon les philosophes
stoïciens, le bonheur s’obtenait en suivant la
nature.

278 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


croyaient que la vie était apparue par hasard. Leur vi-
sion de l’existence se résumait à cette devise : « Rien à
craindre des dieux ; rien à craindre de la mort ; on peut
atteindre le bonheur ; on peut supporter la douleur. »
Les stoïciens, eux, insistaient sur la raison et la logique,
et ne croyaient pas que Dieu fût une Personne. Ni les
uns ni les autres ne croyaient en la résurrection qu’en-
seignaient les disciples de Christ. Les vues philosophi-
ques des deux groupes étaient tout à fait incompatibles
avec les vérités élevées du christianisme authentique,
que Paul prêchait.
6
Comment les intellectuels grecs ont-ils accueilli la
prédication de Paul ? Certains ont employé un mot si-
gnifiant « bavard », ou « picoreur de graines » (voir la
note d’étude sur Actes 17:18). Selon un bibliste, ce terme
« se disait à l’origine d’un petit oiseau qui picorait de-
ci de-là ; plus tard, il s’est dit de personnes qui ramas-
saient restes de nourriture et autres rogatons sur la
place du marché. Plus tard encore, il s’est employé au
sens figuré au sujet de quelqu’un qui glanait des bribes
de connaissances, et surtout de quelqu’un d’incapable
6-7. Comment certains intellectuels grecs ont-ils accueilli la prédication
de Paul, et à quelle réaction semblable nous heurtons-nous ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 279
de les assembler correctement ». Ces savants hommes
traitaient en quelque sorte Paul de plagiaire ignare.
Mais, comme on le verra, cette insulte ne l’a pas inti-
midé.
7
Rien n’a changé de nos jours. Souvent, les Témoins de
Jéhovah sont traités de tous les noms à cause de leurs
croyances bibliques. Par exemple, des professeurs ensei-
gnent que l’évolution est un fait en disant qu’on l’accepte
forcément si on est intelligent — ce qui revient à traiter
d’ignare quiconque n’y croit pas. Ces gens instruits vou-
draient que l’on nous prenne pour des « picoreurs de grai-
nes » quand nous montrons ce que dit la Bible et signa-
lons les preuves d’une conception dans la nature. Mais
nous ne sommes pas intimidés. Au contraire, nous défen-
dons avec assurance notre croyance selon laquelle la vie
sur terre vient d’un Concepteur intelligent, Jéhovah Dieu
(Rév. 4:11).
8
La prédication de Paul sur l’agora a suscité d’autres
réactions encore. « Il semble qu’il prêche des divinités
étrangères », a-t-on entendu (Actes 17:18). Paul présen-
8. a) Quelle autre réaction la prédication de Paul a-t-elle suscitée ?
b) Que désigne peut-être l’Aréopage où Paul a été conduit ? (voir la note
page 281).
280 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
tait-il vraiment des dieux nouveaux aux Athéniens ?
C’était une question grave, qui rappelait une des accusa-
tions pour lesquelles Socrate avait été jugé et condamné
à mort des siècles avant. Fatalement, Paul a été conduit
à l’Aréopage1 et sommé d’expliquer ses enseignements
si étranges aux oreilles des Athéniens. Comment a-t-il
défendu son message devant des gens qui n’avaient au-
cune notion des Écritures ?
« Hommes d’Athènes, je vois... » (Actes 17:22, 23)
9 On se rappelle que Paul était vivement contrarié par

toute l’idolâtrie qu’il voyait. Mais au lieu de se lancer


dans une violente diatribe contre le culte des idoles, il
a gardé son sang-froid. Avec le plus grand tact, il s’est
efforc é de convaincre son auditoire en établissant un
terrain d’entente. Il a commenc é ainsi : « Hommes
d’Athènes, je vois qu’en toutes choses vous semblez,
plus que d’autres, être voués à la crainte des divinités »
1 Situ au nord-ouest de l’Acropole, l’Aréopage était le lieu de
séance traditionnel du tribunal principal d’Athènes. Le terme « Aréo-
page » désigne soit le tribunal, soit la colline sur laquelle il se
réunissait. Certains biblistes pensent donc que Paul a été emmené
sur cette colline ou non loin, mais d’autres qu’il a été emmené à une
séance du tribunal ailleurs, peut-être sur l’agora.
9-11. a) Comment Paul a-t-il établi un terrain d’entente entre lui et son
auditoire ? b) Comment imiter Paul dans notre ministère ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 281
(Actes 17:22). Autrement dit : « Je vois que vous êtes
très religieux. » Il félicitait judicieusement les Athéniens
d’avoir des aspirations religieuses. Il comprenait que des
gens aveuglés par des croyances fausses pouvaient avoir
un cœur réceptif. D’ailleurs, lui-même n’avait-il pas agi
autrefois « par ignorance et par manque de foi » ?
(1 Tim. 1:13).
10 B âtissant sur ce terrain d’entente, Paul a expliqué
qu’il avait remarqué une preuve tangible de la dévotion
des Athéniens : un autel dédié « À un Dieu inconnu ».
Selon un ouvrage, « il était courant, chez les Grecs et
d’autres, de dédier des autels à des “dieux inconnus”,
par crainte d’avoir oublié d’adorer quelque dieu qui,
sans quoi, se serait offensé ». La présence de cet autel
était pour les Athéniens une façon d’admettre l’exis-
tence d’un Dieu qu’ils ne connaissaient pas. Paul s’en
est servi pour faire la transition avec la bonne nouvelle
qu’il prêchait. « Ce que vous adorez sans le connaître,
c’est cela que je vous annonce », a-t-il enchaîné (Actes
17:23). Son raisonnement était subtil, mais convaincant.
Il ne prêchait pas un dieu nouveau ou étrange, comme
on le lui avait reproché. Il expliquait ce Dieu qui leur
était inconnu, le vrai Dieu.
282 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
11
Comment imiter Paul dans notre ministère ? En
étant observateurs, nous verrons peut-être des indices de
dévotion chez notre interlocuteur, par exemple un objet
religieux sur lui ou ornant son intérieur ou son jardin.
Nous pourrons dire : « Je vois que vous êtes une personne
croyante. J’esp érais rencontrer quelqu’un qui ait des as-
pirations religieuses. » En constatant avec tact le senti-
ment religieux de la personne, nous établirons un terrain
d’entente sur lequel bâtir. N’oublions pas que notre but
n’est pas de juger d’avance les gens sur leurs convictions
religieuses. Beaucoup de nos frères et sœurs étaient au-
trefois des adeptes sincères de fausses doctrines.
« Dieu n’est pas loin de chacun de nous »
(Actes 17:24-28)
12
Paul avait établi un terrain d’entente, mais a-t-il pu
le garder en rendant témoignage ? Sachant que ses au-
diteurs étaient imprégnés de philosophie grecque, mais
ne connaissaient pas les Écritures, il a adapté sa mé-
thode sous plusieurs aspects : 1) il a présenté les doctri-
nes bibliques sans citer directement les Écritures ; 2) il
s’est assimilé à ses auditeurs, en employant quelquefois
le pronom « nous » ; 3) il a cité la littérature grecque
12. Comment Paul a-t-il adapté sa méthode à ses auditeurs ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 283
pour montrer que certaines des choses qu’il enseignait
étaient exprimées par leurs propres auteurs. Analysons
maintenant son magnifique discours. Quelles vérités
importantes a-t-il inculquées au sujet du Dieu inconnu
des Athéniens ?
13
Dieu a créé l’univers. Son discours s’ouvre sur ces
mots : « Le Dieu qui a fait le monde1 et toutes les cho-
ses qui s’y trouvent, lui qui est Seigneur du ciel et de la
terre, n’habite pas dans des temples faits à la main »
(Actes 17:24). L’univers n’est pas apparu par hasard. Le
vrai Dieu est le Créateur de toutes choses (Ps. 146:6).
Contrairement à Athéna et aux autres divinités dont la
gloire dépend de temples, de sanctuaires et d’autels, le
Souverain Seigneur du ciel et de la terre ne peut être
contenu dans des temples bâtis par des mains d’hommes
(1 Rois 8:27). Le sous-entendu de Paul était clair : Le
vrai Dieu est sup érieur à toute idole de fabrication hu-
maine habitant un temple lui aussi de fabrication hu-
maine (Is. 40:18-26).
1 Le mot grec rendu par « monde » est kosmos, par lequel les
Grecs désignaient l’univers matériel. Il se peut que Paul l’ait utilisé
exceptionnellement dans ce sens, par souci de conserver un terrain
d’entente entre lui et son auditoire grec.
13. Qu’a expliqué Paul sur l’origine de l’univers, et que sous-entendait
son raisonnement ?
284 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
14
Dieu ne dépend pas des humains. Les idolâtres avaient
l’habitude d’habiller leurs images de vêtements somp-
tueux, de les inonder de dons coûteux ou de leur porter
nourriture et boisson, comme si elles en avaient eu be-
soin ! Inversement, certains philosophes présents dans
le public croyaient peut-être qu’un dieu n’avait besoin
de rien de la part des humains. Dans ce cas, ils ont dû
acquiescer lorsque Paul a dit que Dieu n’est pas « servi
par des mains humaines, comme s’il avait besoin de
quelque chose ». En effet, il n’est rien de matériel que
les humains puissent donner au Créateur ! C’est plutôt
lui qui leur donne ce qu’il leur faut : « la vie et le souf-
fle et toutes choses », dont le soleil, la pluie et un sol fé-
cond (Actes 17:25 ; Gen. 2:7). Ainsi, Dieu, le Bienfaiteur,
ne dépend pas des humains, les b énéficiaires.
15 Dieu a fait l’homme. Les Athéniens se croyaient sup é-
rieurs aux non-Grecs. Mais l’orgueil national ou racial
est contraire à la vérité biblique (Deut. 10:17). Paul a
traité ce sujet délicat avec doigté. Quand il a dit : « À par-
tir d’un seul homme [Dieu] a fait toutes les nations », ses
14. Comment Paul a-t-il démontré que Dieu ne dépend pas des humains ?
15. Comment Paul a-t-il traité le sentiment de sup ériorité des Athéniens
vis-à-vis des non-Grecs, et quelle le çon importante cela nous enseigne-
t-il ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 285
auditeurs ont sans doute marqué un temps d’arrêt (Ac-
tes 17:26). Il évoquait la Genèse et l’histoire d’Adam, l’an-
cêtre de la race humaine (Gen. 1:26-28). Puisque tous les
humains ont un ancêtre commun, aucune race ni aucune
nationalité n’est sup érieure à une autre. Les auditeurs de
Paul ont certainement saisi l’idée. Cet exemple nous en-
seigne une leçon importante : Bien que nous voulions
être raisonnables et pleins de tact quand nous rendons té-
moignage, nous ne voulons pas édulcorer la vérité bibli-
que pour la faire accepter plus facilement.
16
L’intention de Dieu était que les humains soient pro-
ches de lui. Les philosophes en face de Paul auraient eu
beau débattre longuement du but de l’existence hu-
maine, ils n’auraient jamais pu l’expliquer de façon sa-
tisfaisante. Mais Paul a révélé clairement l’intention du
Créateur en ce qui concerne les humains, à savoir
« qu’ils cherchent Dieu, même à tâtons, et le trouvent
réellement, bien qu’en fait il ne soit pas loin de chacun
de nous » (Actes 17:27). Le Dieu inconnu des Athéniens
n’est nullement inconnaissable. Au contraire, il n’est
pas loin de ceux qui désirent vraiment le trouver et en
savoir plus sur lui (Ps. 145:18). Notons que Paul a em-
16. Quelle est l’intention du Créateur en ce qui concerne les humains ?
286 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ployé « nous », s’incluant donc parmi ceux qui devaient
‘chercher Dieu à tâtons’.
17
Les hommes devraient être attirés par Dieu. « C’est par
lui en effet, dit Paul, que nous avons la vie, que nous bou-
geons et que nous existons. » Selon des biblistes, il fai-
sait allusion à une expression d’Épiménide, po ète cré-
tois du 6e siècle avant notre ère et figure importante de
la tradition religieuse athénienne. Puis il a donné une
autre raison d’être attiré par Dieu : « Comme l’ont
même dit certains de vos po ètes : “Car nous sommes
aussi ses enfants” » (Actes 17:28). Les humains de-
vraient se sentir un lien de parenté avec Dieu, lui qui a
cré é le seul homme dont descend toute l’humanité. Pour
intéresser ses auditeurs, Paul a eu la finesse de citer di-
rectement des textes grecs qui avaient sans doute leur
respect1. Sur son modèle, nous pouvons parfois em-
ployer modérément des citations de l’histoire profane,
d’encyclop édies ou d’autres œuvres de référence accep-
tées. Par exemple, une citation opportune d’une source
1 Il a cité un extrait du po ème astronomique Ph énom ènes, du po ète
stoïque Aratus. On retrouve un vers similaire dans d’autres textes
grecs, dont l’Hymne à Zeus, de l’auteur stoïque Cléanthe.
17-18. Pourquoi les humains devraient-ils être attirés par Dieu, et qu’ap-
prenons-nous de la façon dont Paul a intéressé son auditoire ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 287
respectée convaincra peut-être un non-Témoin de l’ori-
gine de certaines pratiques ou observances de la fausse
religion.
18
À ce stade de son discours, Paul avait exprimé des
vérités fondamentales sur Dieu, en ajustant adroitement
son propos à son auditoire. Que voulait-il que les Athé-
niens fassent de cette connaissance essentielle ? Il le leur
a expliqué sans plus tarder.
« Il annonce à tous et partout
qu’ils doivent se repentir » (Actes 17:29-31)
19 Paul était prêt à exhorter ses auditeurs à l’action.

Reprenant le vers grec qu’il avait cité, il a poursuivi :


« Donc, puisque nous sommes les enfants de Dieu, nous
ne devons pas penser que l’Être divin ressemble à un ob-
jet en or, en argent ou en pierre, à quelque chose qui est
le produit de l’art et de l’imagination des humains » (Ac-
tes 17:29). En effet, si les humains sont des créations de
Dieu, comment Dieu peut-il prendre la forme d’idoles,
des créations d’humains ? Ce raisonnement plein de tact
dévoilait l’ineptie de l’adoration d’idoles fabriquées (Ps.
115:4-8 ; Is. 44:9-20). En disant : « nous ne devons pas... »,
19-20. a) Avec quel tact Paul a-t-il dévoilé l’ineptie de l’adoration d’ido-
les fabriquées ? b) À quelle action Paul a-t-il exhorté ses auditeurs ?
288 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Paul a sûrement atténué un peu le cinglant de sa
remarque.
20
Sur quoi, il a indiqué nettement qu’il fallait agir :
« Il est vrai que, par le passé, Dieu a fermé les yeux sur
une telle ignorance [celle d’imaginer qu’il pouvait
agréer des adorateurs d’idoles], mais maintenant il an-
nonce à tous et partout qu’ils doivent se repentir » (Ac-
tes 17:30). Cet appel à la repentance a peut-être choqué
certains de ses auditeurs. Mais son discours convain-
cant leur avait montré clairement qu’ils devaient la vie
à Dieu et avaient donc des comptes à lui rendre. Il leur
fallait le chercher, apprendre la vérité sur lui et confor-
mer leur vie entière à cette vérité. Pour les Athéniens,
cela signifiait admettre leur p éché d’idolâtrie et s’en
détourner.
21 Et c’est sur ces paroles énergiques que Paul a con-
clu son discours : « [Dieu] a fixé un jour où il va juger la
terre habitée avec justice par un homme qu’il a désigné.
Et il a fourni à tous les humains une garantie en le res-
suscitant d’entre les morts » (Actes 17:31). Un jour de
jugement à venir : voilà une raison sérieuse de chercher
21-22. Sur quelles paroles enthousiasmantes Paul a-t-il conclu son dis-
cours, et que signifient-elles pour nous ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 289
le vrai Dieu et de le trouver ! Paul n’a pas nommé le Juge
établi. Mais il a donné une précision surprenante à son
sujet : Il avait vécu en tant qu’homme, était mort et avait
été ressuscité par Dieu !
22
Cette conclusion enthousiasmante signifie beau-
coup pour nous aujourd’hui. Nous savons que le Juge
établi par Dieu est Jésus Christ ressuscité (Jean 5:22).
Nous savons aussi que le jour de jugement en question
durera mille ans et arrive vite (Rév. 20:4, 6). Nous ne le
craignons pas, parce que nous savons qu’il apportera des
bienfaits ineffables à ceux qui seront jugés fidèles. La
réalisation de notre esp érance d’un avenir glorieux est
garantie par le plus grand des miracles : la résurrection
de Jésus Christ !
« Quelques-uns devinrent croyants »
(Actes 17:32-34)
23 Le discours de Paul a suscité des réactions diverses.

Certains se moquaient en entendant parler de résurrec-


tion. D’autres, quoique polis, ne s’engageaient pas, di-
sant : « Nous t’écouterons en parler une prochaine
fois » (Actes 17:32). Mais plusieurs autres ont réagi fa-
vorablement : « Quelques-uns se joignirent à lui et de-
23. Quelles réactions diverses le discours de Paul a-t-il suscitées ?
290 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
vinrent croyants. Parmi eux, il y avait Denys, qui était
juge au tribunal de l’Aréopage, une femme nommée Da-
maris, et d’autres encore » (Actes 17:34). Nous rencon-
trons des réactions semblables dans notre ministère.
Certains rient de nous, d’autres nous opposent une in-
différence polie. Cependant, notre joie est immense
quand quelques-uns acceptent le message du Royaume
et deviennent croyants.
24
En analysant le discours de Paul, nous en apprenons
beaucoup sur le développement logique et l’argumenta-
tion convaincante, ainsi que sur la façon de s’adapter à
l’auditoire. Nous apprenons aussi l’importance de la pa-
tience et du tact face à des gens aveuglés par des croyan-
ces fausses. Retenons aussi cette le çon primordiale : Il
ne faut jamais arranger la vérité biblique pour apaiser
nos auditeurs. Mais, en prenant exemple sur l’ap ôtre
Paul, nous pouvons devenir des enseignants plus effica-
ces dans le ministère. Quant aux anciens, ils peuvent af-
finer leurs comp étences d’enseignants dans l’assemblée.
Nous serons tous ainsi bien préparés pour aider autrui
à ‘chercher Dieu et à le trouver réellement’ (Actes
17:27).
24. Qu’apprenons-nous du discours de Paul au milieu de l’Aréopage ?
« QU’ILS CHERCHENT DIEU ET LE TROUVENT RÉELLEMENT » 291
CHAPITRE 19
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Continue à parler ; ne te tais pas »


Paul travaille pour vivre,
mais donne la priorité au ministère
Actes 18:1-22

L’ANNÉE 50 touche à sa fin. L’ap ôtre Paul est à Co-


rinthe1, métropole commerciale opulente et fortement
peuplée de Grecs, de Romains et de Juifs. Il n’est pas
là pour acheter ou vendre, ni pour chercher du travail,
mais pour une raison beaucoup plus importante : ren-
dre témoignage au sujet du royaume de Dieu. Or il lui
faut quand même se loger, et il ne veut pas être une
charge pour qui que ce soit. Il ne veut donner à per-
sonne l’impression qu’il vit de la parole de Dieu. Que
va-t-il faire ?
2 Paul a un métier : fabricant de tentes. La tâche est
rude, mais il est prêt à travailler de ses mains pour sub-
sister. Trouvera-t-il un emploi dans cette ville grouil-
lante ? Trouvera-t-il un logement décent ? Malgré ces
1 Voir l’encadré « Corinthe, maîtresse de deux mers », page 294.
1-3. Pourquoi l’ap ôtre Paul était-il venu à Corinthe, et quels soucis
avait-il ?
292 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
soucis, il ne perd pas de vue son occupation principale,
le ministère.
3 En fin de compte, Paul restera un certain temps à
Corinthe, et son ministère y sera très fructueux. Que
pouvons-nous découvrir sur ses activités à Corinthe
qui nous aidera à rendre pleinement témoignage au su-
jet du royaume de Dieu dans notre territoire ?
« Ils étaient fabricants de tentes »
(Actes 18:1-4)
4 Quelque temps après son arrivée, Paul a rencontré

un couple hospitalier : Aquilas, Juif de naissance, et


Priscille, ou Prisca. Cet homme et cette femme avaient
élu domicile à Corinthe à cause d’un décret de l’empe-
reur Claude ordonnant « à tous les Juifs de quitter
Rome » (Actes 18:1, 2). Ils ont accueilli l’ap ôtre non
seulement chez eux, mais aussi dans leur affaire. On lit :
« Comme ils avaient le même métier, [Paul] resta chez
eux et travailla avec eux ; ils étaient fabricants de ten-
tes » (Actes 18:3). Le foyer de ce couple chaleureux est
resté sa demeure durant son ministère à Corinthe.
C’est peut-être chez eux qu’il a écrit certaines des
4-5. a) Où Paul a-t-il logé à Corinthe, et quel emploi a-t-il exercé ?
b) Comment Paul était-il devenu fabricant de tentes ?
« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 293
CORINTHE, MA ÎTRESSE DE DEUX MERS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

La Corinthe antique était bâtie sur l’isthme re-


liant la Grèce continentale à sa presqu’île méridio-
nale, le Péloponnèse. L’isthme faisant moins de six
kilomètres en son point le plus étroit, la ville avait
deux ports : Léchée, sur le golfe de Corinthe, qui
desservait les liaisons vers l’ouest avec l’Italie, la Si-
cile et l’Espagne ; et Cenchrées, sur le golfe Saroni-
que, qui desservait le trafic maritime avec la région
égéenne, l’Asie Mineure, la Syrie et l’Égypte.
Les vents qui fouettaient les caps du sud du Pélo-
ponnèse étant dangereux pour la navigation, beau-
coup de marins préféraient s’ancrer dans l’un des
ports de Corinthe et faire transporter leur cargai-
son par la terre pour la rembarquer dans l’autre
port. Les bateaux légers pouvaient même traver-
ser l’isthme chargés sur une plateforme qu’on tirait
le long d’une chaussée rainurée allant d’une mer
à l’autre. Par sa position, la cité dominait donc le
commerce maritime est-ouest ainsi que les échan-
ges terrestres nord-sud. Cette vitalité économique
attirait à Corinthe les richesses, mais aussi les vices
communs à bien des ports.
Aux jours de l’ap ôtre Paul, Corinthe était la capi-
tale de la province romaine d’Achaïe et un impor-
tant centre administratif. Sa diversité religieuse est
attestée par la présence d’un temple pour le culte

294 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


de l’empereur, de sanctuaires et de temples dédiés
aux multiples divinités grecques et égyptiennes, et
d’une synagogue juive (Actes 18:4).
Les comp étitions athlétiques organisées tous les
deux ans à Isthmia, ville voisine, étaient presque
aussi importantes que les Jeux olympiques. L’ap ô-
tre Paul devait être à Corinthe durant les jeux de
51 de notre ère. D’où ce commentaire d’un ouvrage
biblique : « Ce n’est sûrement pas une coïncidence
si ses premières métaphores sportives apparaissent
dans une lettre à Corinthe » (1 Cor. 9:24-27).

lettres qui ont été incluses plus tard dans le canon de


la Bible1.
5 Comment se fait-il que Paul, homme instruit « di-
rectement par Gamaliel », ait été fabricant de tentes ?
(Actes 22:3). Apparemment, les Juifs du 1er siècle n’es-
timaient pas indignes d’eux d’inculquer un métier à
leurs enfants, même si ces enfants recevaient une ins-
truction supplémentaire. Venant de Tarse en Cilicie (ré-
gion réputée pour sa toile, nommée cilicium, dont on
faisait des tentes), Paul avait sans doute appris son mé-
tier durant sa jeunesse. En quoi consistait-il ? À tisser
1 Voir l’encadré « Des lettres inspirées qui ont encouragé les frè-
res », page 296.
« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 295
DES LETTRES INSPIR ÉES
QUI ONT ENCOURAG É LES FR ÈRES
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Durant son séjour de 18 mois à Corinthe, entre


50 et 52 de notre ère, l’ap ôtre Paul a écrit au moins
deux lettres qui furent incluses plus tard dans les
Écritures grecques chrétiennes : 1 et 2 Thessaloni-
ciens. Il a composé sa lettre aux Galates soit dans
la même p ériode, soit peu après.
Un Thessaloniciens est la première des lettres ins-
pirées que Paul a écrites. Il était passé à Thessa-
lonique vers 50, au cours de son deuxième voyage
missionnaire. L’assemblée qu’il y avait fond ée
s’était vite heurtée à l’opposition, qui avait obligé
Silas et lui à partir (Actes 17:1-10, 13). Inquiet
pour cette toute jeune assemblée, il a essayé par
deux fois d’y retourner, mais ‘Satan lui a barré
la route’. Alors il a envoyé Timothée consoler et
fortifier les frères. Probablement vers la fin de la
même année, Timothée l’a retrouvé à Corinthe et
lui a rapporté de bonnes nouvelles de l’assemblée
de Thessalonique. Après quoi, Paul a rédigé cette
lettre (1 Thess. 2:17 – 3:7).
Deux Thessaloniciens a sans doute suivi de près
la première lettre, peut-être vers 51. En effet, dans
l’une et l’autre, Timothée et Silvain (appelé Silas
dans les Actes) joignent leurs salutations à cel-

296 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


les de Paul, alors que rien n’indique que ces trois
se soient revus après le séjour de l’ap ôtre à Co-
rinthe (Actes 18:5, 18 ; 1 Thess. 1:1 ; 2 Thess.
1:1). Pourquoi Paul a-t-il écrit cette deuxième let-
tre ? Il avait apparemment re çu, peut-être par le
porteur de la première, d’autres nouvelles de l’as-
semblée. Ces nouvelles l’avaient incité à féliciter
les frères pour leur amour et leur endurance, mais
aussi à corriger l’idée de certains d’entre eux selon
laquelle la présence du Seigneur était imminente
(2 Thess. 1:3-12 ; 2:1, 2).
La lettre de Paul aux Galates laisse supposer
qu’il leur avait rendu visite au moins deux fois
avant de leur écrire. En 47-48, Barnab é et lui
étaient passés à Antioche de Pisidie, à Iconium, à
Lystre et à Derb é, quatre villes de la province ro-
maine de Galatie. En 49, Paul était revenu dans la
région avec Silas (Actes 13:1 – 14:23 ; 16:1-6). Il a
écrit cette lettre sans doute dès qu’il a appris que
des judaïsants, sur ses talons, enseignaient à tort
que la circoncision et l’observance de la Loi mosaï-
que étaient exigibles des chrétiens. Peut-être était-
ce depuis Corinthe, à moins que ce ne fût depuis
Éphèse, durant une brève halte en rentrant à An-
tioche de Syrie, ou depuis Antioche même (Actes
18:18-23).

« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 297


la toile ou à couper et à coudre le tissu rugueux et raide
pour confectionner les tentes. Dans tous les cas, c’était
un travail dur.
6 Paul ne considérait pas son métier comme une vo-
cation ou une carrière. Il ne l’exerçait que pour subve-
nir à ses besoins dans le ministère, pour annoncer la
bonne nouvelle ‘sans qu’il en coûte rien’ à personne
(2 Cor. 11:7). Et Priscille et Aquilas, comment considé-
raient-ils leur travail profane ? Certainement comme
Paul, puisqu’ils étaient chrétiens. D’ailleurs, quand
Paul a quitté Corinthe en 52, ils ont déménagé et l’ont
suivi à Éphèse, où leur maison a servi de lieu de réunion
pour l’assemblée locale (1 Cor. 16:19). Plus tard, ils
sont revenus à Rome, puis de nouveau à Éphèse. Ces
croyants zélés donnaient la priorité aux intérêts du
Royaume et se sont dépensés volontiers au service des
autres, ce qui leur a valu la gratitude de « toutes les as-
semblées des nations » (Rom. 16:3-5 ; 2 Tim. 4:19).
7 Aujourd’hui, les chrétiens imitent Paul, Aquilas et
Priscille. Ainsi, des ministres zélés font tout « pour
6-7. a) Comment Paul considérait-il la fabrication de tentes, et qu’est-
ce qui indique qu’Aquilas et Priscille voyaient les choses comme lui ?
b) Aujourd’hui, comment les chrétiens imitent-ils Paul, Aquilas et
Priscille ?
298 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
n’imposer de fardeau coûteux » à personne (1 Thess.
2:9.) Dignes d’éloges, beaucoup de prédicateurs à plein
temps travaillent à temps partiel ou comme saisonniers
pour gagner leur vie tout en suivant leur vocation, le
ministère chrétien. Comme Aquilas et Priscille, beau-
coup de serviteurs de Jéhovah ouvrent cordialement
leur foyer aux responsables de circonscription. Ceux
qui font ainsi « preuve d’hospitalité » savent combien
cela peut être encourageant et fortifiant (Rom. 12:13).
« Beaucoup de Corinthiens devinrent croyants »
(Actes 18:5-8)
8 Paul a confirmé qu’il considérait le travail profane

comme un moyen quand Silas et Timothée sont arrivés


de Mac édoine avec des dons généreux (2 Cor. 11:9).
Aussitôt, il « commença à se consacrer entièrement à
la parole [« il put consacrer tout son temps à prêcher »,
Bible en français courant] » (Actes 18:5). Cependant, son
intense prédication auprès des Juifs a rencontré une
opposition considérable. Alors, dégageant toute res-
ponsabilité de leur refus d’entendre le message salva-
teur relatif au Christ, il a secoué ses vêtements et a dit
8-9. Qu’a fait Paul quand son intense prédication a rencontré l’opposi-
tion des Juifs, et où est-il allé prêcher ensuite ?
« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 299
à ses détracteurs juifs : « Vous serez seuls responsables
de votre mort. Moi, je suis innocent. À partir de main-
tenant, j’irai vers les gens des nations » (Actes 18:6 ;
Ézéch. 3:18, 19).
9 Où Paul allait-il donc prêcher maintenant ? Un
homme lui a offert l’hospitalité : Titius Justus, proba-
blement un prosélyte du judaïsme dont la demeure
jouxtait la synagogue. Paul quitta alors la synagogue
pour la maison de Justus (Actes 18:7). Si le foyer
d’Aquilas et Priscille est resté sa résidence pendant sa
présence à Corinthe, la maison de Justus, elle, est de-
venue le centre d’où il a fait rayonner sa prédication.
10 En disant qu’il irait désormais vers les gens des na-
tions, Paul voulait-il dire qu’il se désintéresserait tota-
lement des Juifs et des prosélytes, même de ceux qui
étaient réceptifs ? Il ne pouvait guère s’agir de cela. Par
exemple, « Crispus, le président de la synagogue, se mit
à croire au Seigneur, lui et tous ceux qui vivaient sous
son toit ». Manifestement, un bon nombre de ceux qui
fréquentaient la synagogue ont fait comme Crispus, car
la Bible dit : « Beaucoup de Corinthiens qui enten-
10. Qu’est-ce qui montre que Paul n’avait pas décidé de prêcher unique-
ment aux gens des nations ?
300 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
daient le message devinrent croyants et furent bapti-
sés » (Actes 18:8). La maison de Titius Justus est ainsi
devenue le lieu de réunion de la nouvelle assemblée
chrétienne de Corinthe. Si le récit des Actes est bien
présenté dans le style caractéristique de Luc, c’est-
à-dire chronologiquement, alors la conversion de ces
Juifs ou de ces prosélytes a eu lieu après que Paul a se-
coué ses vêtements. Une p érip étie qui en dit long sur
la flexibilité de l’ap ôtre.
11 Dans bien des régions, les Églises de la chrétienté
ont pignon sur rue et une forte emprise sur leurs ouail-
les. Dans certains pays et îles, les missionnaires de la
chrétienté ont fait énormément de prosélytisme. Les
gens qui se disent chrétiens sont pour beaucoup pri-
sonniers de la tradition, comme les Juifs de Corinthe
au 1er siècle. Cependant, comme Paul, nous allons vers
eux avec zèle et bâtissons sur le moindre rudiment des
Écritures qu’ils possèdent. Même s’ils s’opposent à
nous ou que leurs chefs religieux nous persécutent,
nous ne désesp érons pas. Parmi ceux qui « ont du zèle
pour Dieu, mais non selon la connaissance exacte », il
11. En quoi les Témoins de Jéhovah imitent-ils Paul quand ils vont vers
les membres de la chrétienté ?
« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 301
y a peut-être de nombreux humbles qui ne demandent
qu’à être cherchés et trouvés (Rom. 10:2).
« J’ai dans cette ville encore beaucoup de gens »
(Actes 18:9-17)
12 Si Paul a un tant soit peu hésité à poursuivre son

ministère à Corinthe, ses doutes se sont dissip és la nuit


où le Seigneur Jésus lui est apparu en vision et lui a dit :
« N’aie pas peur, et continue à parler ; ne te tais pas,
car moi je suis avec toi. Personne ne t’attaquera pour
te faire du mal. J’ai dans cette ville encore beaucoup
de gens qui m’appartiennent » (Actes 18:9, 10). Quel en-
couragement ! Le Seigneur en personne lui assurait
qu’il le protégerait du mal et qu’il y avait dans la ville
beaucoup de personnes dignes de la bonne nouvelle.
Qu’a fait Paul alors ? On lit : « Il resta donc là un an et
six mois et leur enseigna la parole de Dieu » (Actes
18:11).
13 Après avoir passé environ un an à Corinthe, l’ap ô-
tre a re çu une autre preuve du soutien du Seigneur. En
quelle circonstance ? « Les Juifs s’unirent pour atta-
quer Paul. Ils le conduisirent au tribunal », le bêma (Ac-
12. Quelle assurance Paul a-t-il re çue dans une vision ?
13. À quel drame Paul a-t-il dû repenser en arrivant à proximité du tri-
bunal, mais quelle raison avait-il d’escompter une issue différente ?
302 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
tes 18:12). On pense que ce bêma était une estrade de
marbre bleu et blanc tout ornée de sculptures, située
non loin du centre de la place du marché. L’espace li-
bre devant le bêma était suffisamment grand pour
qu’une foule importante s’y rassemble. Comme l’indi-
quent des découvertes archéologiques, ce tribunal était
à deux pas de la synagogue, et donc de la maison de Jus-
tus. À l’approche de ce bêma, Paul a dû repenser à la la-
pidation d’Étienne, parfois appelé le premier martyr
chrétien. À l’époque, Paul, connu sous le nom de Saul,
‘avait approuvé le meurtre d’Étienne’ (Actes 8:1). Al-
lait-il connaître le même sort maintenant ? Non, car Jé-
sus lui avait promis : « Personne ne t’attaquera pour te
faire du mal » (Actes 18:10).
14 Que s’est-il passé à l’arrivée de Paul devant le tri-
bunal ? Le magistrat qui l’occupait était le proconsul
romain d’Achaïe, nommé Gallion. C’était le frère aîné
du philosophe S énèque. Les Juifs ont lanc é cette accu-
sation contre l’ap ôtre : « Cet individu persuade les gens
d’adorer Dieu d’une manière contraire à la loi »
14-15. a) Quelle accusation les Juifs ont-ils lancée contre Paul, et pour-
quoi Gallion a-t-il rendu un non-lieu ? b) Qu’est-il arrivé à Sosthène, et
qu’est-il peut-être devenu ?
« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 303
(Actes 18:13). Cela sous-entendait qu’il faisait du pro-
sélytisme illégal. Cependant, Gallion a constaté que
Paul n’avait commis aucune « injustice » et n’était cou-
pable d’aucun « délit grave » (Actes 18:14). Il n’avait
nullement envie d’être mêlé aux controverses des Juifs.
Sur ce, avant que Paul n’ait prononc é un seul mot pour
sa défense, il a rendu un non-lieu ! Les accusateurs en-
rageaient. Ils ont passé leur colère sur Sosthène, peut-
être le remplaçant de Crispus à la présidence de la sy-
nagogue. Se saisissant de lui, ils « se mirent à le battre
devant le tribunal » (Actes 18:17).
15 Pourquoi Gallion n’a-t-il pas emp êché la foule de
rosser Sosthène ? Pensait-il que cet homme était le me-
neur de l’émeute contre Paul et n’avait que ce qu’il mé-
ritait ? Que telle soit ou non l’explication, il se peut
que l’incident ait eu une suite heureuse. Dans sa pre-
mière lettre, écrite plusieurs années après, à l’assem-
blée de Corinthe, Paul a parlé d’un certain frère du
nom de Sosthène (1 Cor. 1:1, 2). Était-ce le même que
celui qui avait été roué de coups ? Si oui, c’est que
sa mésaventure l’avait amené à accepter le christia-
nisme.
304 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
16 Rappelons que c’est après la réaction hostile des
Juifs à la prédication de Paul que le Seigneur Jésus lui
a assuré : « N’aie pas peur, et continue à parler ; ne te
tais pas, car moi je suis avec toi » (Actes 18:9, 10). Il
est bon de garder en mémoire cette parole, surtout
quand on rejette notre message. N’oublions jamais que
Jéhovah lit dans les cœurs et attire à lui les gens sinc è-
res (1 Sam. 16:7 ; Jean 6:44). C’est là pour nous un bel
encouragement à rester actifs dans le ministère ! Cha-
que année, des centaines de milliers de personnes se
font baptiser — des centaines par jour. À qui écoute le
commandement de ‘faire des disciples de gens d’entre
toutes les nations’, Jésus offre cette assurance : « Je se-
rai avec vous tous les jours jusqu’à la p ériode finale du
monde » (Mat. 28:19, 20).
« Si Jéhovah le veut »
(Actes 18:18-22)
17 On ne peut certifier que l’attitude de Gallion vis-

à-vis des accusateurs de Paul a donné lieu à une p ériode


de paix pour la fragile assemblée de Corinthe. En tout
16. Quel rapport y a-t-il entre notre ministère et cette parole du Sei-
gneur : « Continue à parler ; ne te tais pas, car moi je suis avec toi » ?
17-18. À quoi Paul a-t-il peut-être réfléchi pendant la traversée vers
Éphèse ?
« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 305
cas, « Paul resta là encore de nombreux jours » avant
de dire adieu à ses frères corinthiens. Au printemps 52,
il a projeté de partir pour la Syrie depuis le port de Cen-
chrées, à une dizaine de kilomètres de Corinthe. Ce-
pendant, avant de quitter Cenchrées, il s’est ‘fait ton-
dre la tête, car il avait fait un vœu1’ (Actes 18:18). Puis,
emmenant avec lui Aquilas et Priscille, il a embarqué
sur la mer Égée pour Éphèse, en Asie Mineure.
18 Durant la traversée, Paul a sans doute eu le loisir
de réfléchir à son séjour à Corinthe. Il avait une foule
de beaux souvenirs et de quoi être amplement satisfait.
Ses 18 mois de ministère avaient porté du fruit. Il avait
fondé la première assemblée de Corinthe, dotée d’un
lieu de réunion chez Justus. Les nouveaux croyants
étaient entre autres Justus, Crispus et les siens, et bien
d’autres. Ils lui étaient chers, parce qu’il les avait aidés
à devenir chrétiens. Plus tard, il leur écrirait et parle-
rait d’eux comme d’une ‘lettre de recommandation ins-
crite sur son cœur’. Nous aussi, nous nous sentons liés
à ceux que nous avons eu le bonheur d’aider à embras-
ser le vrai culte. Quelle satisfaction de voir ces « let-
tres de recommandation » vivantes ! (2 Cor. 3:1-3).
1 Voir l’encadré « Le vœu de Paul », page 307.
306 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
LE VŒU DE PAUL
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Actes 18:18 révèle que Paul « s’était fait tondre


la tête à Cenchrées, car il avait fait un vœu ».
Quel genre de vœu était-ce ?
En gros, un vœu est une promesse solennelle li-
brement faite à Dieu d’accomplir un certain acte,
de faire une certaine offrande ou d’entrer dans un
certain état. D’aucuns supposent que Paul s’était
fait raser pour s’acquitter d’un vœu de naziréat.
Remarquons cependant que, selon les Écritures,
un naziréen devait se faire raser la tête « à l’en-
trée de la tente de la rencontre » au terme de
la p ériode de son service sp écial pour Jéhovah.
Apparemment, cette prescription ne pouvait être
respectée qu’à Jérusalem, et donc pas à Cen-
chrées (Nomb. 6:5, 18).
Les Actes ne disent pas quand Paul a prononc é
son vœu. Il est plausible que ce fût avant même
de devenir chrétien. On ne sait pas non plus s’il
avait adressé une requête particulière à Jéhovah.
Un ouvrage de référence suppose qu’en se faisant
couper les cheveux court Paul a voulu « expri-
mer sa reconnaissance à Dieu pour sa protec-
tion, qui lui avait permis d’achever son ministère
à Corinthe ».

« CONTINUE À PARLER ; NE TE TAIS PAS » 307


19 En débarquant à Éphèse, Paul s’est aussitôt attelé
à la tâche. « Il entra dans la synagogue et raisonna avec
les Juifs » (Actes 18:19). Il n’est demeuré que peu de
temps à Éphèse cette fois-là. Bien qu’on lui ait de-
mandé de rester un peu plus, « il refusa ». Au moment
des adieux, il a dit aux Éphésiens : « Je reviendrai vous
voir, si Jéhovah le veut » (Actes 18:20, 21). Il admettait
certainement qu’il y avait beaucoup de prédication à
effectuer à Éphèse. Il envisageait de revenir, mais il pré-
férait laisser Jéhovah en décider. N’est-ce pas un bon
exemple à retenir ? Lorsque nous poursuivons des ob-
jectifs spirituels, nous devons agir. Cependant, nous
devons toujours nous fier à la direction de Jéhovah et
chercher à nous conformer à sa volonté (Jacq. 4:15).
20 Laissant Aquilas et Priscille à Éphèse, Paul a pris
la mer pour descendre à Césarée. Apparemment, il
« monta » saluer l’assemblée à Jérusalem (voir la note
d’étude sur Actes 18:22). Puis il a regagné son pied-
à-terre, Antioche de Syrie. Il avait bouclé avec succ ès
son deuxième voyage missionnaire. De quoi serait fait
son dernier voyage ?
19-20. Qu’a fait Paul dès son arrivée à Éphèse, et qu’apprenons-nous de
lui quant à la poursuite d’objectifs spirituels ?
308 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
PARTIE 7 ˙ AC T E S 18:23 – 21:17
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« ENSEIGNER EN PUBLIC
ET DE MAISON EN MAISON »
ACTES 20:20

Pourquoi faut-il être humble autant que flexi-


ble quand on enseigne autrui ? Quelle est la
principale m éthode de prédication de la bonne
nouvelle ? Comment montrer que l’accomplisse-
ment de la volonté de Dieu est plus
important que nos visées personnelles ? L’his-
toire captivante du troisième et dernier voyage
missionnaire de Paul nous aidera à répondre à
ces questions essentielles.
CHAPITRE 20
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« La parole continuait à se répandre


et à triompher »
Apollos et Paul contribuent au triomphe continu
de la bonne nouvelle
Actes 18:23 – 19:41

LES rues d’Éphèse résonnent de cris, d’exclamations et


de la galopade d’une foule. Il s’est formé un attroupe-
ment, et une véritable émeute fait rage ! Deux des com-
pagnons de Paul sont saisis et emmenés. La large artère
à colonnades bordée de magasins se vide d’un coup, tan-
dis que la foule surexcitée, énorme, s’engouffre dans
l’immense amphithéâtre de la ville, d’une capacité de
25 000 spectateurs. La plupart des émeutiers ne savent
même pas ce qui a déclenché le tumulte, mais ils ont la
vague idée que leur temple et leur chère déesse Artémis
sont en p éril. Alors ils se mettent à scander avec fréné-
sie : « Grande est l’Artémis des Éphésiens ! » (Actes
19:34).
Une fois de plus, on voit Satan recourir à la violence
2

collective pour stopper la propagation de la bonne nou-


1-2. a) Quel danger Paul et ses compagnons ont-ils rencontré à Éphèse ?
b) Que commenterons-nous dans ce chapitre ?
310 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
velle du royaume de Dieu. La menace de violence n’est
évidemment pas sa seule tactique. Nous commenterons
dans ce chapitre plusieurs des machinations qu’il a em-
ployées pour saper l’œuvre et l’unité des chrétiens du
1er siècle. Plus important, nous verrons que toutes ses
tactiques ont échoué, car, « d’une manière puissante, la
parole de Jéhovah continuait à se répandre et à triom-
pher » (Actes 19:20). Pourquoi les chrétiens d’alors ont-
ils triomphé ? Pour les mêmes raisons que nous aujour-
d’hui. Bien entendu, la victoire est celle de Jéhovah, pas
la nôtre. Toutefois, comme les premiers chrétiens, nous
devons faire notre part. Avec l’esprit de Jéhovah, nous
pouvons acquérir des qualités qui favoriseront la réus-
site de notre ministère. Penchons-nous tout d’abord sur
l’exemple d’Apollos.
« Il connaissait bien les Écritures » (Actes 18:24-28)
3 Tandis que, durant son troisième voyage mission-

naire, Paul se dirigeait vers Éphèse, un Juif du nom


d’Apollos y entrait. Il était d’Alexandrie, la c élèbre mé-
tropole égyptienne. Cet homme avait des qualités
exceptionnelles. Il s’exprimait très bien. Outre son élo-
quence, il « connaissait bien les Écritures ». De plus,
3-4. Quelle lacune Aquilas et Priscille ont-ils décelée chez Apollos, et
comment y ont-ils remédié ?
« LA PAROLE CONTINUAIT À SE RÉPANDRE ET À TRIOMPHER » 311
« il débordait de zèle grâce à l’esprit », et il prenait la
parole hardiment devant des publics juifs dans la syna-
gogue (Actes 18:24, 25).
4
Aquilas et Priscille ont écouté ses discours. Ils
se sont certainement réjouis de l’entendre enseigner
« avec exactitude les choses qui concernaient Jésus ».
Ce qu’il disait sur Jésus était juste. Mais le couple n’a
pas tardé à déceler une lacune importante dans sa con-
naissance. En effet, ce disciple « ne connaissait que le
baptême de Jean ». Aquilas et Priscille, modestes fabri-
cants de tentes, n’ont pas été intimidés par l’éloquence
ou l’érudition d’Apollos. Au contraire, « ils le prirent
avec eux et lui expliquèrent plus précisément les ensei-
gnements de Dieu » (Actes 18:25, 26.) Comment cet
homme instruit et bon orateur a-t-il réagi ? Manifeste-
ment, avec l’une des qualités les plus importantes que
puisse cultiver un chrétien : l’humilité.
5Parce qu’il a accepté l’aide d’Aquilas et de Priscille,
Apollos est devenu un serviteur de Jéhovah plus ef-
ficace. Il est parti pour l’Achaïe, où il « aida grande-
ment » les croyants. Sa prédication s’est aussi révélée ef-
ficace contre les Juifs de la région qui affirmaient que
5-6. Grâce à quoi Apollos est-il devenu plus utile à Jéhovah, et qu’ap-
prenons-nous de son exemple ?
312 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Jésus n’était pas le Messie promis. Luc raconte : « Avec
force il réfutait publiquement les arguments des Juifs,
tout en leur montrant à l’aide des Écritures que Jésus
est le Christ » (Actes 18:27, 28). Cet homme a été une b é-
nédiction pour les assemblées ! On peut dire que c’est
en partie grâce à lui que ‘la parole de Jéhovah a conti-
nué à se répandre’. Qu’apprenons-nous de son exemple ?
6
Il est absolument indispensable que les chrétiens
cultivent l’humilité. Nous avons tous des dons diffé-
rents : aptitudes naturelles, exp érience, connaissance
acquise, etc. Mais notre humilité doit l’emporter sur
nos dons. Sans quoi, nos avantages se transforment en
handicaps. Nous risquons d’offrir un terreau à cette
herbe vénéneuse qu’est l’arrogance (1 Cor. 4:7 ; Jacq.
4:6). Si nous sommes vraiment humbles, nous nous ef-
forçons de considérer les autres comme sup érieurs à
nous (Phil. 2:3). Nous ne nous irritons pas d’être corri-
gés et ne rechignons pas à être enseignés par d’autres.
Nous ne persistons pas orgueilleusement dans nos idées
quand nous apprenons qu’elles ne concordent pas avec
les directives présentes de l’esprit saint. Tant que nous
restons humbles, nous sommes utiles à Jéhovah et à son
Fils (Luc 1:51, 52).
« LA PAROLE CONTINUAIT À SE RÉPANDRE ET À TRIOMPHER » 313
7
De plus, l’humilité emp êche la rivalité. On peut ima-
giner à quel point Satan désirait susciter des divisions
parmi les chrétiens. Comme il aurait jubilé si deux per-
sonnalités dynamiques telles qu’Apollos et l’ap ôtre
Paul s’étaient laissé aller à entrer en rivalité, par exem-
ple en se disputant la pré éminence dans les assemblées !
Cela leur aurait été facile. À Corinthe, certains chré-
tiens commençaient à dire : « Moi, j’appartiens à Paul »,
et d’autres : « Moi, à Apollos ». Les deux hommes ont-
ils encouragé ces sentiments diviseurs ? Non ! Par ail-
leurs, Paul a humblement reconnu qu’Apollos apportait
beaucoup à l’œuvre, puisqu’il lui a octroyé des respon-
sabilités supplémentaires. Pour sa part, Apollos a suivi
les instructions de Paul (1 Cor. 1:10-12 ; 3:6, 9 ; Tite 3:12,
13). Quel bel exemple d’humble coop ération !
« Il présentait des arguments convaincants au sujet
du royaume de Dieu » (Actes 18:23 ; 19:1-10)
8 Ainsi qu’il l’avait promis, Paul est revenu à Éphèse1

(Actes 18:20, 21). Mais remarquons comment il est re-


venu. La dernière fois que nous avons parlé de lui, il
était à Antioche, en Syrie. Il aurait pu, pour atteindre
son objectif, gagner S éleucie, toute proche, et y prendre
1 Voir l’encadré « Éphèse, capitale de l’Asie », page 316.
7. Quel exemple d’humilité Paul et Apollos ont-ils donné ?
8. Quel chemin Paul a-t-il pris pour revenir à Éphèse, et pourquoi ?
314 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
un bateau en partance pour Éphèse. Au lieu de cela, il
« traversa l’intérieur des terres ». On a calculé que son
p ériple relaté en Actes 18:23 et 19:1 a représenté environ
1 500 kilomètres ! Pourquoi avoir choisi cet itinéraire
p énible ? Parce qu’il s’était fixé pour but de ‘fortifier
tous les disciples’ (Actes 18:23). Comme les deux préc é-
dents, son troisième voyage missionnaire exigeait beau-
coup de lui, mais il estimait que cela en valait la peine.
Aujourd’hui, les responsables de circonscription et
leurs femmes ont le même état d’esprit. Nous appré-
cions leur amour plein d’abnégation, n’est-ce pas ?
9 Arrivé à destination, Paul a trouvé un groupe d’une
douzaine de disciples de Jean le baptiseur. Ces disciples
avaient été baptisés selon une disposition devenue p éri-
mée. De plus, ils ne savaient apparemment pas grand-
chose, voire rien, sur l’esprit saint. Paul les a mis au cou-
rant, et, comme Apollos, ils se sont montrés humbles et
empressés d’apprendre. Après avoir été baptisés au nom
de Jésus, ils ont re çu de l’esprit saint et des dons miracu-
leux. Ainsi, il est clair qu’on est b éni quand on suit la di-
rection de l’organisation de Jéhovah à mesure qu’elle
avance (Actes 19:1-7).
9. Pourquoi des disciples ont-ils dû se faire rebaptiser, et quelle le çon
leur conduite nous enseigne-t-elle ?
« LA PAROLE CONTINUAIT À SE RÉPANDRE ET À TRIOMPHER » 315
ÉPHÈSE, CAPITALE DE L’ASIE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Éphèse était la plus grande ville de l’ouest de l’Asie


Mineure. Aux jours de l’ap ôtre Paul, sa population
dépassait probablement 250 000 âmes. Capitale de la
province romaine d’Asie, elle s’enorgueillissait du ti-
tre de « première et plus grande métropole d’Asie ».
Éphèse s’enrichissait beaucoup dans le négoce et
la religion. Situé à l’embouchure d’un fleuve naviga-
ble, son port maritime était à l’intersection de rou-
tes commerciales. C ôté architecture, outre le c élèbre
temple d’Artémis, la ville comptait les sanctuaires
et les temples de nombreuses autres divinités gréco-
romaines, égyptiennes et anatoliennes.
Le temple d’Artémis, classé parmi les sept mer-
veilles du monde antique, mesurait environ 100 mè-
tres sur 50. Il contenait plus de 100 colonnes de
marbre de quelque 17 mètres de haut et de 2 mè-
tres de diamètre à la base. Ce temple était sacré dans
tout le bassin méditerranéen et, comme on confiait
d’énormes sommes d’argent à la garde d’Artémis, il
est devenu aussi le centre bancaire le plus important
d’Asie.
Au nombre des monuments importants figuraient
encore un stade pour des rencontres athlétiques et
peut-être même des combats de gladiateurs, un théâ-
tre, des places municipales et commerciales, et enfin
des colonnades abritant des magasins.

316 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


Le géographe grec Strabon rapporte que le port
d’Éphèse souffrait de l’ensablement. Son activité
portuaire ayant fini par cesser, la cité a été abandon-
née. Aujourd’hui, comme aucune ville moderne ne se
dresse sur son emplacement, les touristes qui visitent
ses vastes ruines font en quelque sorte un retour dans
le monde antique.

10 Ce progrès a vite été suivi d’un autre. Paul a prêché


avec hardiesse dans la synagogue pendant trois mois. Il
a eu beau présenter « des arguments convaincants au
sujet du royaume de Dieu », quelques-uns se sont endur-
cis et se sont mués en véritables ennemis. Au lieu de per-
dre son temps avec des gens qui « parlaient en mal du
Chemin », l’ap ôtre a pris des dispositions pour faire des
discours dans une salle d’école (Actes 19:8, 9). Quicon-
que voulait progresser spirituellement devait se trans-
porter de la synagogue à la salle de classe. Comme
Paul, il nous arrive d’interrompre la conversation si
nous constatons que notre interlocuteur n’a pas envie
d’écouter ou cherche juste la dispute. Il reste quantité
de « brebis » qui doivent entendre notre message
encourageant !
10. Pourquoi Paul s’est-il transporté de la synagogue à une salle d’école,
et quel exemple est-ce pour nous dans le ministère ?
« LA PAROLE CONTINUAIT À SE RÉPANDRE ET À TRIOMPHER » 317
11
Paul a peut-être donné des discours dans cette salle
chaque jour entre 11 heures et 16 heures (voir la note
d’étude sur Actes 19:9). C’étaient sans doute les heures
les plus calmes mais les plus chaudes de la journée, où
beaucoup cessaient leur activité pour manger et se re-
poser. S’il a gardé ce rythme rigoureux pendant deux
années entières, on peut estimer qu’il a passé plus de
3 000 heures à enseigner1. Voilà une autre raison pour
laquelle ‘la parole de Jéhovah continuait à se répandre
et à triompher’. Paul était diligent et flexible. Il a modi-
fié son programme pour que son ministère réponde aux
besoins de la population locale. En conséquence, « tous
ceux qui vivaient dans la province d’Asie entendirent la
parole du Seigneur, les Juifs comme les Grecs » (Actes
19:10). Paul a bel et bien rendu pleinement témoignage !
12
Nous nous montrons nous aussi diligents et flexi-
bles. Nous tâchons de rencontrer les gens aux lieux et
aux heures où on peut les trouver. Nous témoignons
dans les rues, sur les marchés, sur les parkings. Nous
employons le téléphone et le courrier. Enfin, dans l’acti-
1 Paul a aussi rédigé 1 Corinthiens durant son séjour à Éphèse.
11-12. a) Quel exemple de diligence et de flexibilité Paul a-t-il donné ?
b) Comment les Témoins de Jéhovah s’efforcent-ils d’être diligents et
flexibles dans leur ministère ?
318 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
vité de porte en porte, nous nous efforçons d’aller chez
les gens à des heures où nous avons le plus de chances
de les trouver.
La parole « continuait à se répandre et à triompher »
malgré les esprits méchants (Actes 19:11-22)
13 Luc raconte qu’une p
ériode remarquable a suivi,
pendant laquelle Jéhovah a donné à Paul le pouvoir
d’accomplir « des miracles extraordinaires ». On appor-
tait même à des malades des tissus et des tabliers qu’il
avait eus sur lui1, et ils étaient guéris. On expulsait des
esprits méchants également par ce moyen (Actes 19:11,
12). Ces victoires éclatantes sur les forces de Satan at-
tiraient beaucoup l’attention, pas toujours positive-
ment.
14 « Des Juifs qui se déplaçaient d’un endroit à l’autre
pour chasser les démons » ont cherché à reproduire les
miracles de Paul, pour certains en invoquant les noms
de Jésus et de Paul. Luc mentionne les sept fils de S éva,
1 Les tissus étaient peut-être des mouchoirs que Paul se mettait sur le
front pour emp êcher la sueur de lui couler dans les yeux. On déduit du
fait qu’il portait aussi des tabliers à ce moment-là qu’il exerçait son mé-
tier de fabricant de tentes durant son temps libre, peut-être tôt le matin
(Actes 20:34, 35).
13-14. a) Quel pouvoir Jéhovah a-t-il donné à Paul ? b) Quelle erreur
les fils de S éva ont-ils faite, et quelle erreur semblable beaucoup de mem-
bres de la chrétienté font-ils ?
« LA PAROLE CONTINUAIT À SE RÉPANDRE ET À TRIOMPHER » 319
membres d’une famille sacerdotale, qui s’y sont essayés
ainsi. Mais le démon leur a répondu : « Je connais Jésus
et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ? » Puis
le possédé s’est jeté tel une b ête sauvage sur les sept
charlatans, qui ont détalé sans demander leur reste,
blessés et nus (Actes 19:13-16). Ce fut une victoire reten-
tissante pour « la parole de Jéhovah », car la différence
entre la puissance donnée à Paul et l’impuissance des
pratiquants d’une fausse religion était plus que visible.
Aujourd’hui, des millions de gens pensent à tort qu’on
peut se contenter d’invoquer le nom de Jésus ou de se
dire chrétien. Or, comme Jésus l’a indiqué, seuls ceux
qui font réellement la volonté de son Père ont une véri-
table esp érance (Mat. 7:21-23).
15 L’humiliation des fils de S éva a répandu la crainte
de Dieu, si bien que beaucoup sont devenus croyants et
ont abandonné leurs pratiques spirites. La culture éphé-
sienne baignait dans les arts magiques. On employait
couramment les charmes et les amulettes, ainsi que les
incantations, souvent sous forme écrite. Or quantité
d’Éphésiens ont décidé de rassembler et de brûler en pu-
blic leurs livres de magie, qui pourtant valaient des di-
15. En ce qui concerne le spiritisme et les objets qui y sont liés, com-
ment suivre l’exemple des Éphésiens ?
320 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
zaines de milliers d’euros selon le cours actuel1. Luc
commente : « C’est ainsi que, d’une manière puissante,
la parole de Jéhovah continuait à se répandre et à triom-
pher » (Actes 19:17-20). Quelle magnifique victoire de la
vérité sur le mensonge et le démonisme ! Ces Éphésiens
pleins de foi sont un exemple pour nous. Nous vi-
vons aussi dans un monde imprégné de spiritisme. Si
nous étions en possession d’un objet lié au spiritisme,
nous ferions comme eux : nous nous en débarrasserions
aussitôt ! Tenons-nous loin de ces pratiques répugnan-
tes, quoi qu’il en coûte.
« De graves troubles éclatèrent » (Actes 19:23-41)
16 Nous en arrivons à la tactique de Satan évoquée

ainsi par Luc : « De graves troubles éclatèrent à propos


du Chemin. » Luc n’exagérait nullement2 (Actes 19:23).
Tout a commenc é avec un orfèvre nommé D émétrius.
1 Luc mentionne une valeur de 50 000 pièces d’argent. Dans la mesure
où il songeait à des deniers, il aurait fallu à l’époque à un ouvrier
50 000 jours, soit 137 ans, pour gagner cette somme, en travaillant sept
jours sur sept.
2 Certains disent que Paul songeait à cet incident en écrivant aux Corin-
thiens : « Nous avons même eu peur pour nos vies » (2 Cor. 1:8). Mais
peut-être avait-il en tête une mésaventure plus terrible. Lorsqu’il écrivit
qu’il avait « combattu contre des b êtes sauvages à Éphèse », n’évoquait-
il pas une rencontre avec des b êtes féroces dans une arène ou une
opposition humaine ? (1 Cor. 15:32). Les deux interprétations, littérale et
figurée, sont possibles.
16-17. a) Comment D émétrius a-t-il déclenché l’émeute à Éphèse ?
b) Comment s’est manifesté le fanatisme des Éphésiens ?
« LA PAROLE CONTINUAIT À SE RÉPANDRE ET À TRIOMPHER » 321
Cet homme a capté l’attention de ses collègues en leur
rappelant d’abord qu’ils devaient leur prosp érité à la
vente d’idoles. Ensuite, il a insinué que le message que
prêchait Paul était mauvais pour leurs affaires, puisque
les chrétiens n’adoraient pas d’idoles. Enfin, il en a ap-
pelé à leur orgueil citoyen et à leur nationalisme, en les
prévenant que leur déesse Artémis et leur si c élèbre tem-
ple dédié à celle-ci risquaient d’être ‘dépouillés de
leur prestige’ (Actes 19:24-27).
17
La harangue de D émétrius a eu l’effet escompté. Les
orfèvres se sont mis à scander : « Grande est l’Artémis
des Éphésiens ! » et la ville s’est remplie de confusion, jus-
qu’à la scène de fanatisme collectif décrite dans l’intro-
duction de ce chapitre1. Paul, l’abnégation même, voulait
entrer dans l’amphithéâtre pour parler à la foule, mais les
disciples ont insisté pour qu’il reste hors de danger. Un
certain Alexandre s’est présenté devant le public et a es-
sayé de prendre la parole. Lui-même juif, il souhaitait
peut-être expliquer la différence entre les Juifs et ces
chrétiens. Mais ses explications n’auraient servi à rien.
En voyant qu’ils avaient affaire à un Juif, les agitateurs
l’ont hué, en scandant : « Grande est l’Artémis des Éphé-
siens ! » pendant près de deux heures. Le fanatisme reli-
1 Ces corporations, ou unions, d’artisans pouvaient être très puissantes.
Ainsi, environ un siècle plus tard, la corporation des boulangers a provo-
qué un soulèvement semblable à Éphèse.
322 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
gieux n’a pas changé depuis. Il rend toujours les gens
complètement déraisonnables (Actes 19:28-34).
18
Finalement, le greffier municipal a apaisé la foule.
Comp étent, plein d’à-propos, ce fonctionnaire a assuré
aux Éphésiens que les chrétiens incriminés n’étaient
pas une menace pour leur temple et leur déesse, que
Paul et ses compagnons n’avaient pas commis de crime
contre le temple d’Artémis et qu’il existait une pro-
c édure appropriée pour ce genre d’affaires. Peut-être
son argument le plus efficace fut-il de rappeler aux
émeutiers qu’ils risquaient de s’attirer la colère de
Rome pour ce rassemblement illégal et désordonné. Là-
dessus, il les a congédiés. Leur fureur était tomb ée aussi
vite qu’elle avait éclaté, grâce à ces paroles sensées et
concrètes (Actes 19:35-41).
19 Ce n’était pas la première fois qu’un homme pondéré,
investi d’un pouvoir séculier, intervenait pour protéger
les disciples de Jésus, et ce ne serait pas la dernière. De
fait, l’ap ôtre Jean a vu par avance que, pendant les der-
niers jours, les éléments stables du monde, figurés par la
terre, avaleraient un véritable déluge de persécution sata-
nique visant les disciples de Jésus (Rév. 12:15, 16). Cela se
18-19. a) Comment le greffier municipal d’Éphèse a-t-il apaisé la foule ?
b) Quelle protection le peuple de Jéhovah re çoit-il parfois des autorités
séculières, et comment pouvons-nous favoriser cette protection ?
« LA PAROLE CONTINUAIT À SE RÉPANDRE ET À TRIOMPHER » 323
vérifie. Il arrive souvent que des juges équitables protè-
gent les droits des Témoins de Jéhovah de tenir des ré-
unions cultuelles et de communiquer la bonne nouvelle à
autrui. Certes, notre conduite joue parfois un rôle dans
ces victoires. La conduite de Paul lui avait apparem-
ment attiré le respect amical de certains fonctionnaires
d’Éphèse ; c’est pourquoi ils souhaitaient vivement le
voir en sécurité (Actes 19:31). Puisse notre conduite hon-
nête et respectueuse faire également bonne impression
sur ceux que nous rencontrons ! Nous ne savons jamais la
portée que cela peut avoir.
20
N’est-ce pas réjouissant de songer que « la parole de
Jéhovah continuait à se répandre et à triompher » au
1er siècle ? Il est pareillement réjouissant de voir que Jého-
vah est l’artisan de victoires similaires à notre époque.
Aimerais-tu avoir le privilège de jouer un rôle, si petit
soit-il, dans ces victoires ? Alors tire leçon des exemples
que nous avons considérés. Reste humble, suis la direc-
tion de l’organisation de Jéhovah qui progresse, ne relâ-
che pas tes efforts, repousse le spiritisme, et fais ton pos-
sible pour donner un bon témoignage par ta conduite
honnête et respectueuse.
20. a) Que penses-tu de la façon dont la parole de Jéhovah a été la plus
forte au 1er siècle et aujourd’hui ? b) À quoi es-tu décidé relativement aux
victoires actuelles de Jéhovah ?
324 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 21
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Je suis pur du sang


de tous les hommes »
Le zèle de Paul dans le ministère
et ses conseils aux anciens
Actes 20:1-38

PAUL se trouve à Troas, dans une pièce à l’étage bon-


dée. Il parle longuement aux frères, car c’est le der-
nier soir qu’il est avec eux. Il est minuit. De nombreu-
ses lampes allumées ajoutent à la chaleur ambiante et
peut-être même enfument la pièce. Un jeune homme
nommé Eutyche est assis à une fenêtre. Pendant que
Paul parle, il s’endort, et il dégringole de son appui,
trois étages plus bas.
2 Étant médecin, Luc est sans doute parmi les
premiers à se précipiter dehors pour examiner le
jeune homme. L’état d’Eutyche ne fait aucun doute :
« Quand on l’a soulevé, il était mort » (Actes 20:9).
Mais un miracle se produit. Paul se jette sur le jeune
homme et dit à la foule : « Ne vous affolez pas : il est
1-3. a) Dans quelles circonstances Eutyche est-il mort ? b) Qu’a fait
Paul, et que révèle cet incident à son sujet ?
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 325
vivant ! » Il a ramené Eutyche à la vie ! (Actes
20:10).
3 Cet incident démontre la puissance de l’esprit saint
de Dieu. Paul ne pouvait légitimement être accusé de
la mort d’Eutyche. Mais il ne voulait pas qu’elle gâche
ce moment important ou fasse trébucher spirituelle-
ment qui que ce soit. En ressuscitant le jeune homme,
il pouvait quitter les frères consolés et bien revigorés
pour poursuivre leur ministère. À l’évidence, il se sen-
tait responsable de la vie d’autrui. Cela nous rappelle
qu’il a dit : « Je suis pur du sang de tous les hom-
mes » (Actes 20:26). Voyons ce que son exemple peut
nous apporter sous ce rapport.
« Il partit pour la Macédoine » (Actes 20:1, 2)
4 Comme l’a montré le chapitre préc édent, Paul ve-

nait de vivre des heures très p énibles. Son ministère


à Éphèse avait mis la ville sens dessus dessous. En ef-
fet, les orfèvres, dont le gagne-pain dépendait du culte
d’Artémis, avaient pris part à une émeute. « Une fois
l’agitation retomb ée, rapporte Actes 20:1, Paul fit ve-
nir les disciples, les encouragea et leur dit adieu ; puis
il partit pour la Mac édoine. »
4. Quelles heures p énibles Paul venait-il de vivre ?
326 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
5En route pour la Mac édoine, Paul a fait halte quel-
que temps dans le port de Troas. Il esp érait que Tite,
qu’il avait envoyé à Corinthe, l’y rejoindrait (2 Cor.
2:12, 13). Mais quand force fut de constater qu’il ne
viendrait pas, Paul s’en est allé en Mac édoine, où il a
passé peut-être un an à donner « de nombreux encou-
ragements à ceux qui s’y trouvaient1 » (Actes 20:2).
Tite l’a finalement retrouvé en Mac édoine, porteur de
bonnes nouvelles concernant la réaction des Corin-
thiens à sa première lettre (2 Cor. 7:5-7). Ce qui a
poussé Paul à leur écrire une seconde lettre, que nous
appelons 2 Corinthiens.
6On remarquera que Luc emploie les termes « en-
couragea » et « encouragements » à propos des visi-
tes de Paul aux frères d’Éphèse et de Mac édoine.
Comme il résume bien la disposition de Paul envers
ses coreligionnaires ! Contrairement aux pharisiens,
qui portaient un regard méprisant sur les autres, Paul
considérait les brebis comme des compagnons de
travail (Jean 7:47-49 ; 1 Cor. 3:9). Il a gardé cette
1 Voir l’encadré « Les lettres que Paul a écrites en Mac édoine »,
page 328.
5-6. a) Combien de temps, peut-être, Paul est-il resté en Macédoine, et
qu’a-t-il fait pour les frères là-bas ? b) Quelle attitude Paul a-t-il gar-
dée envers ses coreligionnaires ?
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 327
LES LETTRES QUE PAUL A ÉCRITES
EN MAC ÉDOINE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, Paul dit


qu’en arrivant en Mac édoine il se faisait du souci
pour ses frères de Corinthe. Mais Tite lui en a rap-
porté de bonnes nouvelles, ce qui l’a rasséréné. C’est
alors, vers 55 de notre ère, qu’il a écrit 2 Corin-
thiens, lettre dans laquelle il indique qu’il est encore
en Mac édoine (2 Cor. 7:5-7 ; 9:2-4). Parmi ses préoc-
cupations du moment figurait l’achèvement de la
collecte pour les saints de Judée (2 Cor. 8:18-21). Il
s’inquiétait aussi de la présence à Corinthe « de faux
ap ôtres, des individus qui trompent les autres »
(2 Cor. 11:5, 13, 14).
Il est possible que Paul ait écrit sa lettre à Tite
depuis la Mac édoine. À un moment entre 61 et
64, après avoir été lib éré de sa première captivité
à Rome, il s’était rendu en Crète. Il y avait laissé
Tite pour régler certains problèmes et établir des an-
ciens dans les assemblées (Tite 1:5). Dans cette let-
tre, il demande à Tite de le rejoindre à Nicopolis. Il
existait plusieurs villes méditerranéennes portant ce
nom, mais il s’agissait très probablement de la Nico-
polis du nord-ouest de la Grèce. Paul œuvrait sans
doute dans ses environs quand il a écrit à Tite (Tite
3:12).

328 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


La première lettre à Timothée appartient aussi à
la p ériode intermédiaire entre les deux emprisonne-
ments de Paul à Rome (de 61 à 64). Dans son intro-
duction, il indique qu’il a demandé à Timothée de
rester à Éphèse, tandis que lui-même est parti pour
la Mac édoine (1 Tim. 1:3). C’est apparemment de là
qu’il a écrit cette lettre pour donner à Timothée des
conseils paternels, des encouragements et des ins-
tructions sur certaines proc édures à suivre dans les
assemblées.

attitude même quand il a dû leur donner des conseils


énergiques (2 Cor. 2:4).
7 Aujourd’hui, les responsables (les anciens dans
les assemblées et les responsables de circonscription)
s’appliquent à imiter Paul. Même quand ils font des
reproches, c’est dans le but de fortifier ceux qui ont
besoin d’aide. Avec empathie, ils cherchent à encoura-
ger plutôt qu’à condamner. Un responsable de cir-
conscription exp érimenté a résumé les choses ainsi :
« La plupart des frères et sœurs ont le désir de bien
faire, mais souvent ils luttent contre des frustrations,
des craintes et l’impression qu’ils n’arrivent pas à
7. Aujourd’hui, comment les responsables chrétiens peuvent-ils imiter
Paul ?
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 329
faire face. » Les responsables peuvent insuffler de la
force à ces compagnons chrétiens (Héb. 12:12, 13).
« Un complot contre lui » (Actes 20:3, 4)
8 De Mac édoine, Paul est parti à Corinthe1. Au bout

de trois mois, il était impatient d’aller à Cenchrées, où


il projetait de prendre un bateau pour la Syrie. De là,
il pourrait se rendre à Jérusalem pour remettre les
contributions aux Judéens qui étaient dans le besoin2
(Actes 24:17 ; Rom. 15:25, 26). Cependant, un évène-
ment inattendu a contrarié ses projets. Actes 20:3 ra-
conte : « Les Juifs avaient monté un complot contre
lui. »
9 Il était logique que les Juifs de Corinthe nourris-
sent de l’animosité contre Paul, puisqu’ils le prenaient
pour un apostat. Quelque temps avant, ils avaient vu
son ministère amener à la conversion de Crispus, per-
sonnage éminent de leur synagogue (Actes 18:7, 8 ;
1 Cor. 1:14). Une autre fois, ils l’avaient mis en accu-
sation devant Gallion, le proconsul de l’Achaïe. Mais,
1 C’est probablement durant cette visite à Corinthe que Paul a écrit
sa lettre aux Romains.
2 Voir l’encadré « Paul remet des fonds de secours », page 332.
8-9. a) Qu’est-ce qui a contrarié le projet de Paul d’aller en Syrie ?
b) Qu’est-ce qui explique peut-être pourquoi les Juifs nourrissaient de
l’animosité contre Paul ?
330 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
à leur grande contrariété, Gallion avait rendu un non-
lieu en estimant leurs accusations infondées (Actes
18:12-17). Alors, ayant su ou présumé que Paul parti-
rait bientôt de Cenchrées, ils ont projeté de lui tendre
une embuscade. Qu’a fait Paul ?
10 Pour sa propre sécurité, mais aussi pour protéger
les fonds qu’on lui avait confiés, Paul a choisi d’éviter
Cenchrées et de rebrousser chemin par la Mac édoine.
Évidemment, le trajet terrestre ne serait pas sans dan-
ger. Beaucoup de bandits rôdaient sur les routes à
l’époque. Même les auberges n’étaient pas toujours
sûres. Mais Paul a opté pour ces risques-là plutôt que
pour ceux qui l’attendaient à Cenchrées. Heureuse-
ment, il ne circulait pas seul. Pour cette partie de son
voyage missionnaire, Aristarque, Gaïus, Secundus, So-
pater, Timothée, Trophime et Tychique l’accompa-
gnaient (Actes 20:3, 4).
11 Aujourd’hui, comme Paul, les chrétiens font le né-
cessaire pour se protéger dans le ministère. À certains
endroits, ils se déplacent en groupe, ou tout au moins
10. De la part de Paul, était-ce lâche d’éviter Cenchrées ? Sinon, pour-
quoi ?
11. Aujourd’hui, quelles mesures raisonnables les chrétiens prennent-ils
pour se protéger, et quel exemple Jésus a-t-il été sous ce rapport ?
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 331
PAUL REMET DES FONDS DE SECOURS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Durant les années qui ont suivi la Pentec ôte 33,


les chrétiens de Jérusalem ont subi de nombreuses
épreuves : famine, persécution et pillage de leurs
biens. En conséquence, certains d’entre eux étaient
dans le besoin (Actes 11:27 – 12:1 ; Héb. 10:32-34).
C’est pourquoi, vers 49, quand les anciens de Jéru-
salem ont demandé à Paul de concentrer son acti-
vité de prédication parmi les Gentils, ils lui ont re-
commandé de « penser aux pauvres ». C’est ce que
Paul a fait en organisant une collecte de fonds de se-
cours dans les assemblées (Gal. 2:10).
En 55, l’ap ôtre a écrit aux Corinthiens : « Sui-
vez les instructions que j’ai données aux assemblées
de Galatie. Chaque premier jour de la semaine, que
chacun de vous mette quelque chose de c ôté selon
ses moyens, afin qu’on ne fasse pas de collecte à mon
arrivée. Et quand je serai là, j’enverrai à Jérusalem
les hommes que vous recommanderez dans vos let-
tres pour qu’ils y apportent votre don fait de bon
cœur » (1 Cor. 16:1-3). Peu de temps après, quand il
a écrit sa seconde lettre inspirée aux Corinthiens, il
les a exhortés à préparer leur don, et il a mentionné
que les Mac édoniens aussi participaient à la collecte
(2 Cor. 8:1 – 9:15).

332 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


C’est ainsi qu’en 56 des représentants de plusieurs
assemblées se sont joints à Paul pour aller livrer le
montant de leur collecte. Neuf hommes voyageant
ensemble, cela offrait non seulement une certaine sé-
curité, mais aussi la garantie que l’ap ôtre ne serait
pas accusé de malversation dans le maniement des
fonds donnés (2 Cor. 8:20). La remise de ces contri-
butions était le but principal du voyage de Paul à Jé-
rusalem (Rom. 15:25, 26). Il a fait plus tard au gou-
verneur Félix cette réflexion : « Après des années
d’absence, je suis revenu à Jérusalem pour apporter
des dons aux pauvres de ma nation et faire des of-
frandes » (Actes 24:17).

par deux, plutôt que seuls. Quant à la persécution, ils


comprennent qu’elle est inévitable (Jean 15:20 ; 2 Tim.
3:12). Mais ils ne vont quand même pas au-devant du
danger. Citons l’exemple de Jésus. Un jour, à Jérusa-
lem, quand des ennemis ont commenc é à ramasser des
pierres pour les lui jeter, il « se cacha et sortit du
Temple » (Jean 8:59). Plus tard, quand les Juifs ont
comploté sa mort, il « ne se déplaça plus en public
parmi les Juifs, mais il partit de là pour la région près
du désert » (Jean 11:54). Il a pris des mesures raison-
nables pour se protéger quand cela n’allait pas à
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 333
l’encontre de la volonté de Dieu. Nous agissons de
même à notre époque (Mat. 10:16).
« Tous débordaient de joie » (Actes 20:5-12)
12 Apparemment, après avoir travers é la Mac édoine

ensemble, Paul et ses collaborateurs se sont séparés,


puis se sont retrouvés à Troas1. On lit : « Nous les
avons rejoints à Troas en moins de cinq jours2 » (Ac-
tes 20:6). C’est là que le jeune Eutyche a été ressus-
cité, comme on l’a vu au début de ce chapitre. On
imagine les sentiments des frères en voyant leur com-
pagnon ressuscité ! Le récit précise qu’ils « débor-
daient de joie », qu’ils « ont été consolés sans me-
sure » (Actes 20:12, note).
13 De tels miracles n’arrivent plus de nos jours.

Toutefois, ceux qui ont perdu des êtres chers sont


« consolés sans mesure » grâce à l’esp érance biblique
de la résurrection (Jean 5:28, 29). Quand on y songe,
Eutyche, imparfait, a fini par mourir de nouveau
1 L’usage de la première personne en Actes 20:5, 6 semble indiquer
que Luc s’est de nouveau joint à Paul à Philippes, où celui-ci l’avait
laissé quelque temps auparavant (Actes 16:10 -17, 40).
2 La traversée de Philippes à Troas a pris cinq jours, sans doute à
cause de vents contraires, car préc édemment le même voyage n’avait
pris que deux jours (Actes 16:11).
12-13. a) Quel effet la résurrection d’Eutyche a-t-elle eu sur l’assem-
blée ? b) Aujourd’hui, quelle esp érance biblique console ceux qui ont
perdu un être cher ?
334 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
(Rom. 6:23). Mais ceux qui seront ressuscités dans le
monde nouveau de Dieu auront la perspective de vi-
vre éternellement ! De plus, ceux qui sont relevés pour
régner avec Jésus au ciel sont revêtus de l’immortalité
(1 Cor. 15:51-53). Aujourd’hui, les chrétiens, tant les
oints que les « autres brebis », ont de bonnes raisons
de ‘déborder de joie’ (Jean 10:16).
« En public et de maison en maison » (Actes 20:13-24)
14 Paul et ses compagnons ont quitté Troas pour As-

sos, puis ont gagné Mytilène, puis Chio, puis Samos


et enfin Milet. Le but de Paul était d’être à Jérusalem
à temps pour la fête de la Pentec ôte. Cette hâte expli-
que pourquoi il a choisi un bateau qui évitait Éphèse
pour ce trajet de retour. Mais, comme il voulait s’en-
tretenir avec les anciens de la ville, il a demandé à les
rencontrer à Milet (Actes 20:13-17). À leur arrivée, il
leur a dit : « Vous savez bien comment je me suis
comporté parmi vous depuis le jour où j’ai posé le
pied dans la province d’Asie : J’ai travaillé en toute
humilité comme esclave pour le Seigneur, avec lar-
mes et dans les épreuves qui m’arrivaient à cause
des complots des Juifs, sans jamais me retenir de
14. Qu’a dit Paul aux anciens d’Éphèse quand il les a rencontrés à
Milet ?
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 335
vous annoncer tout ce qui était profitable et de vous
enseigner en public et de maison en maison. J’ai plei-
nement rendu témoignage tant devant les Juifs que de-
vant les Grecs au sujet du repentir envers Dieu et de
la foi en notre Seigneur Jésus » (Actes 20:18-21).
15 Il existe bien des façons d’annoncer la bonne nou-
velle de nos jours. Comme Paul, nous nous évertuons
à aller où sont les gens. Par exemple, aux arrêts d’au-
tobus, dans les rues fréquentées, sur les places de mar-
ché. Mais la prédication de maison en maison reste
notre méthode de prédication principale. Pourquoi ?
D éj à, elle donne amplement à tous l’occasion d’enten-
dre le message du Royaume de façon régulière, ce qui
atteste l’impartialité de Dieu. Elle permet aussi aux
gens sinc ères de recevoir une aide personnelle et adap-
tée à leurs besoins. Par ailleurs, le ministère de porte
en porte bâtit la foi et l’endurance de ceux qui l’ac-
complissent. Effectivement, une caractéristique des
vrais chrétiens est leur zèle à témoigner « en public
et de maison en maison ».
16 Paul a expliqué aux anciens d’Éphèse qu’il igno-
15. Quels sont quelques-uns des avantages du témoignage de maison en
maison ?
16-17. De quelle bravoure Paul a-t-il fait preuve, et comment les chré-
tiens l’imitent-ils aujourd’hui ?
336 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
rait quels p érils l’attendaient à son retour à Jérusalem.
« Cependant, a-t-il dit, je n’attache aucune importance
à ma vie, du moment que j’achève ma course et le mi-
nistère que le Seigneur Jésus m’a confié : rendre plei-
nement témoignage à la bonne nouvelle de la fa-
veur imméritée de Dieu » (Actes 20:24). Bravement,
il ne permettait à rien, mauvaise santé ou oppo-
sition violente, de l’emp êcher de s’acquitter de sa
mission.
17De même aujourd’hui, les chrétiens endurent tou-
tes sortes de difficultés. Les uns affrontent l’interdic-
tion gouvernementale et la persécution, les autres se
battent courageusement contre une maladie physique
ou psychique débilitante, des jeunes subissent la pres-
sion du groupe à l’école... Dans quelque situation
qu’ils se trouvent, les Témoins de Jéhovah imitent
Paul en restant fermes. Ils sont résolus à « rendre
pleinement témoignage à la bonne nouvelle ».
« Faites attention à vous-mêmes et à tout le troupeau »
(Actes 20:25-38)
18 Paul a poursuivi par des avertissements très di-

rects, en prenant pour exemple sa propre conduite.


18. Comment Paul s’est-il gardé d’être coupable de meurtre, et comment
les anciens d’Éphèse pouvaient-ils suivre son exemple ?
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 337
Après avoir informé les anciens que c’était sûrement
la dernière fois qu’ils le voyaient, il a déclaré : « Je
suis pur du sang de tous les hommes, car je ne me suis
pas retenu de vous annoncer toute la volonté de
Dieu. » Comment ces anciens pourraient-ils suivre
son exemple, et ainsi se garder d’avoir du sang sur la
conscience ? Voici son exhortation : « Faites attention
à vous-mêmes et à tout le troupeau, parmi lequel l’es-
prit saint vous a établis responsables pour prendre
soin de l’assemblée de Dieu, qu’il a achetée avec le
sang de son propre Fils » (Actes 20:26-28). Puis il les
a prévenus que des « loups tyranniques » s’infiltre-
raient dans le troupeau et ‘répandraient des enseigne-
ments trompeurs pour entraîner les disciples à leur
suite’. Que devraient faire les anciens ? « Restez éveil-
lés, et rappelez-vous que pendant trois ans, nuit et
jour, je n’ai pas arrêté d’avertir chacun de vous avec
larmes » (Actes 20:29-31).
19Les « loups tyranniques » ont fait leur apparition
à la fin du 1er siècle. Vers 98, l’ap ôtre Jean a écrit :
« Beaucoup d’antichrists sont apparus [...]. Ils sont
sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ;
19. Quelle apostasie s’est développ ée à la fin du 1er siècle, et à quoi a-
t-elle mené durant les siècles suivants ?
338 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient restés
avec nous » (1 Jean 2:18, 19). Au 3e siècle, l’aposta-
sie avait débouché sur la formation du clergé de
la chrétienté, et au 4e siècle l’empereur Constantin
a donné une reconnaissance officielle à ce christia-
nisme corrompu. En adoptant les rites païens et en
leur donnant un vernis chrétien, les chefs religieux
ont bel et bien répandu « des enseignements trom-
peurs ». Les effets de cette apostasie s’observent en-
core dans les enseignements et les coutumes de la
chrétienté.
20La vie de Paul fut totalement différente de celle
des hommes qui, plus tard, ont abusé du troupeau.
Lui, il a travaillé pour assurer sa subsistance afin de
ne pas imposer de fardeau à l’assemblée. Ses efforts
en faveur de ses coreligionnaires ne visaient pas un
profit personnel. Il a exhorté les anciens d’Éphèse à
faire preuve d’abnégation, en ces termes : « Vous de-
vez venir en aide aux faibles, et vous devez vous
rappeler les paroles du Seigneur Jésus, qui a dit
lui-même : “Il y a plus de bonheur à donner qu’à re-
cevoir” » (Actes 20:35).
20-21. De quelle abnégation Paul a-t-il fait preuve, et aujourd’hui com-
ment les anciens peuvent-ils l’imiter ?
« JE SUIS PUR DU SANG DE TOUS LES HOMMES » 339
21 Aujourd’hui, comme Paul, les anciens sont
pleins d’abnégation. Contrairement au clergé de la
chrétienté, qui mange la laine sur le dos à ses
ouailles, ceux qui p ortent la resp onsabilit é de
« prendre soin de l’assemblée de Dieu » s’acquit-
tent de leurs devoirs avec désintéressement. L’or-
gueil et l’ambition n’ont p as leur plac e dans
l’assemblée chrétienne car, à terme, ceux qui ‘cher-
chent leur propre gloire’ échoueront (Prov. 25:27).
La présomption ne mène qu’à l’humiliation (Prov.
11:2).
22 L’amour sinc ère de Paul pour ses frères lui a valu
leur affection. D’ailleurs, quand est venu le moment
du départ, « tous éclatèrent en sanglots, serrèrent Paul
dans leurs bras et l’embrassèrent affectueusement »
(Actes 20:37, 38.) Vraiment, les chrétiens apprécient et
aiment ceux qui, comme Paul, donnent d’eux-mêmes
avec désintéressement pour le troupeau. Après avoir
étudié l’exemple exceptionnel de Paul, ne penses-tu
pas qu’il était loin de se vanter ou d’exagérer quand
il a dit : « Je suis pur du sang de tous les hommes » ?
(Actes 20:26).
22. Qu’est-ce qui a valu à Paul l’affection des anciens d’Éphèse ?
340 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 22
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Que la volonté de Jéhovah se fasse »


D éterminé à faire la volonté de Dieu,
Paul se rend à Jérusalem
Actes 21:1-17

LES adieux aux anciens d’Éphèse à Milet sont déchi-


rants. Comme c’est dur pour Paul et Luc de s’arracher à
ces frères qu’ils avaient pris en affection ! Les deux mis-
sionnaires se tiennent sur le pont du bateau. Leurs baga-
ges sont bourrés de provisions nécessaires pour la traver-
sée. Ils emportent aussi les fonds collectés pour des
chrétiens indigents de Judée, et il leur tarde d’avoir remis
ce don à ses destinataires.
2
Une brise légère gonfle les voiles ; l’embarcation
s’éloigne de la rumeur du quai. Paul, Luc et leurs sept
compagnons de voyage ne peuvent détacher leur regard
des visages tristes de leurs frères restés à terre (Actes
20:4, 14, 15). Ils agitent la main jusqu’à ce que les sil-
houettes de leurs amis s’estompent dans le lointain.
3 Pendant environ trois ans, Paul a collaboré étroite-
ment avec les anciens d’Éphèse. À présent, conduit par
1-4. Pourquoi Paul allait-il à Jérusalem, et qu’est-ce qui l’attendait ?
« QUE LA VOLONTÉ DE JÉHOVAH SE FASSE » 341
l’esprit saint, il est en route vers Jérusalem. Il sait un
peu ce qui l’attend. Juste avant, il a dit aux anciens :
« Contraint par l’esprit, je me rends à Jérusalem, sans sa-
voir ce qui m’arrivera là-bas ; je sais seulement que, d’une
ville à l’autre, l’esprit saint m’avertit constamment que la
prison et les persécutions m’attendent » (Actes 20:22, 23).
Malgré le danger, il se sent « contraint par l’esprit », à la
fois obligé et désireux de suivre l’instruction de l’esprit
d’aller à Jérusalem. Il tient à la vie, mais le plus important
pour lui est de faire la volonté de Dieu.
4 Vois-tu les choses ainsi ? Quand on se voue à Jéhovah,
on lui promet solennellement de n’avoir rien de plus im-
portant dans la vie que l’accomplissement de sa volonté.
Il sera utile d’étudier l’exemple de fidélité de l’ap ôtre
Paul.
Au large de « l’île de Chypre » (Actes 21:1-3)
5 Le bateau qu’avaient pris Paul et les autres a « filé

tout droit ». Autrement dit, il n’a pas eu à louvoyer puis-


qu’il avait vent arrière, si bien qu’il a atteint Cos dans la
journée (Actes 21:1). Apparemment, il y a mouillé jus-
qu’au lendemain avant de repartir pour Rhodes et Pa-
tara. À Patara, sur la côte sud de l’Asie Mineure, les frè-
res ont pris un gros navire marchand, qui les a emmenés
5. Par quel itinéraire Paul et ses compagnons ont-ils atteint Tyr ?
342 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
directement à Tyr, en Phénicie. En chemin, ils ont ‘laissé
l’île de Chypre sur leur gauche’, ou sur bâbord (Actes
21:3). Pourquoi Luc, le narrateur, mentionne-t-il ce
détail ?
6
Peut-être, en montrant l’île du doigt, Paul a-t-il ra-
conté des anecdotes de son séjour à Chypre. Ainsi, neuf
ans auparavant, durant son premier voyage missionnaire
avec Barnabé et Jean-Marc, il avait rencontré le sorcier
Élymas, qui s’était opposé à leur prédication (Actes 13:4-
12). La vue de l’île et les souvenirs qu’elle a réveillés ont
sans doute encouragé Paul et l’ont fortifié pour ce que
l’avenir lui réservait. Il est bon pour nous aussi de réflé-
chir à la façon dont Dieu nous a bénis et aidés à endurer
des épreuves. Une telle réflexion nous incitera à faire le
même constat que David, qui a dit : « Nombreuses sont
les épreuves du juste, mais de toutes Jéhovah le délivre »
(Ps. 34:19).
« Nous avons cherché et trouvé les disciples »
(Actes 21:4-9)
7
Convaincu de la valeur des fréquentations chrétien-
nes, Paul était impatient d’être avec des gens qui
6. a) Pourquoi la vue de Chypre a-t-elle sans doute été encourageante
pour Paul ? b) À quelle conclusion parviens-tu en réfléchissant à la fa-
çon dont Jéhovah t’a b éni et aidé ?
7. Qu’ont fait les voyageurs en arrivant à Tyr ?
« QUE LA VOLONTÉ DE JÉHOVAH SE FASSE » 343
partageaient sa foi. À l’arrivée à Tyr, ‘nous avons cherché
les disciples et nous les avons trouvés’, raconte Luc (Ac-
tes 21:4). Sachant qu’il y avait des chrétiens dans cette
ville, les voyageurs les ont recherchés et trouvés, et ils ont
probablement logé chez eux. Tel est un des grands bon-
heurs qu’on a quand on possède la vérité, à savoir : où
qu’on aille, on trouve toujours des croyants qui ont les
mêmes idées que nous et qui nous font bon accueil. Qui
aime Dieu et pratique le vrai culte a des amis dans le
monde entier.
8 Racontant les sept jours passés à Tyr, Luc donne une
précision qui peut sembler curieuse au premier abord :
« En raison de ce que l’esprit saint leur avait révélé, [les
frères de Tyr] ont dit plusieurs fois à Paul de ne pas met-
tre les pieds à Jérusalem » (Actes 21:4). Jéhovah avait-il
changé d’avis ? Prescrivait-il maintenant à Paul de ne pas
aller à Jérusalem ? Non. L’esprit avait indiqué que Paul y
serait maltraité, mais pas qu’il devait s’abstenir d’y aller.
Il semble que, grâce à l’esprit, les frères tyriens aient cor-
rectement compris que Paul aurait des ennuis à Jérusa-
lem. Alors, par sollicitude, ils ont insisté pour qu’il n’y
monte pas. Leur désir de protéger l’ap ôtre du danger qui
le menaçait était compréhensible. Cependant, déterminé
8. Comment faut-il comprendre Actes 21:4 ?
344 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
à faire la volonté de Jéhovah, Paul a poursuivi sa route
comme prévu (Actes 21:12).
9
En entendant les frères s’inquiéter, Paul s’est peut-
être souvenu que Jésus avait entendu des propos dissua-
sifs semblables après avoir révélé à ses disciples qu’il irait
à Jérusalem, souffrirait beaucoup et serait tué. Dans un
élan de sentimentalité, Pierre lui avait dit : « Sois bon
avec toi, Seigneur. Non, cela ne t’arrivera pas. » Jésus
avait répondu : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour
moi un obstacle qui fait trébucher, parce que ta façon de
penser n’est pas celle de Dieu, mais celle des hommes »
(Mat. 16:21-23). Il était résolu à accepter la vie de sacri-
fice à laquelle Jéhovah l’avait appelé. Paul voyait les cho-
ses de la même façon. Les frères de Tyr, comme l’ap ôtre
Pierre, avaient sûrement de bonnes intentions, mais dans
le cas présent ils ne discernaient pas la volonté de
Dieu.
10 L’idée d’être bon avec soi ou de prendre le parti du
moindre effort séduit beaucoup de nos contemporains.
Dans l’ensemble, les gens cherchent plutôt une religion
commode qui n’exige pas beaucoup de ses membres.
9-10. a) Qu’ont peut-être rappelé à Paul les inquiétudes exprimées par
les frères de Tyr ? b) Quelle idée séduit beaucoup de gens, et en quoi
s’oppose-t-elle à ce qu’a dit Jésus ?
« QUE LA VOLONTÉ DE JÉHOVAH SE FASSE » 345
Jésus, lui, a préconisé un état d’esprit bien différent. Il a
dit : « Si quelqu’un veut me suivre, il doit se renier lui-
même, prendre son poteau de supplice et me suivre con-
tinuellement » (Mat. 16:24). Suivre Jésus est la voie de la
sagesse, la bonne voie, mais ce n’est pas la voie de la
facilité.
11 Le moment est vite venu pour Paul, Luc et les autres
de continuer leur chemin. La narration de leur départ est
touchante. Elle montre l’affection que les frères tyriens
avaient pour Paul et le soutien solide qu’ils apportaient à
son ministère. Les hommes, les femmes et les enfants ont
accompagné l’ap ôtre et ses compagnons sur la plage. Là,
tout le monde s’est agenouillé pour prier ensemble, puis
on s’est dit adieu. Sur quoi Paul, Luc et les autres ont pris
un bateau qui les a menés à Ptolémaïs, où ils ont rencon-
tré les frères et sont restés avec eux une journée (Actes
21:5-7).
12Ensuite, raconte Luc, Paul et ses compagnons sont
partis pour Césarée1. Une fois arrivés, ils sont « allés
1 Voir l’encadré « Césarée, capitale de la province romaine de Ju-
dée », page 348.
11. Comment les disciples de Tyr ont-ils manifesté à Paul leur affection
et leur soutien ?
12-13. a) Quel service fidèle Philippe avait-il à son actif ? b) Quel excel-
lent exemple Philippe est-il pour tous les p ères chrétiens ?
346 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
chez Philippe l’évangélisateur » (Actes 21:8). Ils se sont
certainement réjouis de revoir Philippe. Vingt ans aupa-
ravant, à Jérusalem, cet homme était de ceux à qui les
ap ôtres avaient confié la distribution de nourriture dans
la toute jeune assemblée chrétienne. Il avait maintenant
derrière lui des années de prédication zélée. On sait que,
lorsque la persécution avait dispersé les disciples, il était
parti à Samarie, qu’il avait entrepris d’évangéliser. Plus
tard, il avait prêché à l’eunuque éthiopien et l’avait bap-
tisé (Actes 6:2-6 ; 8:4-13, 26-38). Quel magnifique passé de
service fidèle !
13
Philippe n’avait rien perdu de son zèle pour le minis-
tère. À présent installé à Césarée, il était toujours actif
dans la prédication, ce que Luc montre en l’appelant
« l’évangélisateur ». On apprend aussi qu’il avait quatre
filles qui prophétisaient, ce qui laisse supposer qu’elles
suivaient les traces de leur p ère1 (Actes 21:9). Il avait
donc dû faire beaucoup pour bâtir la spiritualité de sa fa-
mille. Aujourd’hui, les p ères chrétiens ont tout intérêt à
suivre son exemple, en étant pour leurs enfants des mo-
dèles dans le ministère et en leur apprenant à aimer
l’évangélisation.
1 Voir l’encadré « Des femmes ministres chez les chrétiens ? »,
page 350.
« QUE LA VOLONTÉ DE JÉHOVAH SE FASSE » 347
C ÉSAR ÉE, CAPITALE DE LA PROVINCE
ROMAINE DE JUDÉE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Durant la p ériode couverte par les Actes, Césa-


rée était la capitale de la province romaine de Judée,
le siège de son gouverneur et le quartier général de
son corps militaire. Son bâtisseur en fut Hérode le
Grand, qui la nomma Césarée en l’honneur de Cé-
sar Auguste. Elle contenait tous les éléments com-
muns aux cités hellénistiques païennes de l’époque :
un temple dédié au « divin » César, un théâtre,
un hippodrome et un amphithéâtre. La population
était majoritairement gentile.
Césarée était une ville portuaire fortifiée. De son
nouveau port appelé S ébastos (Auguste en grec),
doté d’une immense digue sur une c ôte par ailleurs
hostile à la navigation, Hérode ambitionnait de faire
un comptoir commercial est-méditerranéen rivali-
sant avec Alexandrie. Quoique n’ayant jamais sur-
passé Alexandrie, Césarée a quand même acquis une
dimension internationale grâce à sa position straté-
gique sur de grands axes commerciaux.
L’évangélisateur Philippe a prêché la bonne nou-
velle dans cette ville, et il semble qu’il y ait élevé une
famille (Actes 8:40 ; 21:8, 9). C’est à Césarée que le
centurion romain Corneille se trouvait en garnison,
et elle fut le cadre de sa conversion (Actes 10:1).

348 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


L’ap ôtre Paul vint plusieurs fois à Césarée. Peu
après sa conversion, quand des ennemis complotè-
rent d’attenter à sa vie à Jérusalem, les disciples lui
firent faire en toute hâte les 90 kilomètres menant
au port de Césarée pour l’envoyer à Tarse par ba-
teau. L’ap ôtre passa aussi par ce port pour se ren-
dre à Jérusalem à la fin de son deuxième et de son
troisième voyage missionnaire (Actes 9:28-30 ; 18:21,
22 ; 21:7, 8). Il a été détenu deux ans dans le palais
d’Hérode à Césarée. C’est là qu’il a conversé avec
Félix, Festus et Agrippa, et de là qu’il a finalement
embarqué pour Rome (Actes 23:33-35 ; 24:27 – 25:4 ;
27:1).

14 Partout où il s’arrêtait, Paul recherchait ses coreli-


gionnaires et passait du temps avec eux. Les frères lo-
caux ne demandaient sûrement qu’à offrir l’hospitalité à
ce missionnaire itinérant et à ses compagnons. Nul doute
que de telles visites donnaient lieu à un échange d’encou-
ragements (Rom. 1:11, 12.) Les mêmes occasions existent
aujourd’hui. Il y a de grands bienfaits à ouvrir sa maison,
même modeste, à un responsable de circonscription et à
sa femme (Rom. 12:13).
14. À quoi ont sans doute donné lieu les visites de Paul à ses coreligion-
naires, et quelles occasions semblables existent aujourd’hui ?
« QUE LA VOLONTÉ DE JÉHOVAH SE FASSE » 349
DES FEMMES MINISTRES
CHEZ LES CHR ÉTIENS ?
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Quel était le rôle des femmes dans l’assemblée chré-


tienne du 1er siècle ? Pouvaient-elles être ministres ?
Jésus a donné à ses disciples l’instruction de prê-
cher la bonne nouvelle du Royaume et de faire des
disciples (Mat. 28:19, 20 ; Actes 1:8). Cette mission
d’être ministres de la bonne nouvelle concerne tous
les chrétiens, qu’ils soient hommes, femmes, garçons
ou filles. C’est ce que confirme la prophétie de Joël
2:28, 29, dont l’ap ôtre Pierre a signalé un accomplis-
sement à la Pentecôte 33 : « Dans les derniers jours,
dit Dieu, je répandrai une partie de mon esprit sur
toutes sortes d’humains. Alors vos fils et vos filles
prophétiseront [...], et même sur mes esclaves, hom-
mes et femmes, je répandrai une partie de mon es-
prit à cette époque-là, et ils prophétiseront » (Actes
2:17, 18). Comme on l’a vu, l’évangélisateur Phi-
lippe avait quatre filles qui prophétisaient (Actes
21:8, 9).
Toutefois, pour ce qui était de l’enseignement dans
l’assemblée, la Parole de Dieu limitait la nomination
d’anciens et d’assistants à des hommes (1 Tim. 3:1-13 ;
Tite 1:5-9). D’ailleurs, Paul a dit : « Je ne permets pas
à la femme d’enseigner ou de dominer sur l’homme,
mais elle doit garder le silence » (1 Tim. 2:12).

350 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


« Je suis prêt à mourir » (Actes 21:10-14)
15
Pendant le séjour de Paul chez Philippe est arrivé un
autre visiteur estimé : Agabus. Les hôtes de Philippe sa-
vaient qu’Agabus était prophète ; il avait prédit une
grande famine sous le règne de Claude (Actes 11:27, 28).
« Pourquoi est-il venu ? Quel message apporte-t-il ? » se
demandaient-ils peut-être. Sous leurs yeux attentifs, Aga-
bus a pris la ceinture de Paul — une longue bande de tissu
portée autour de la taille et pouvant contenir de l’argent
ou d’autres menus objets — et il s’en est lié les pieds et les
mains. Puis il a pris la parole. Son message était grave.
« Voici ce que dit l’esprit saint : “L’homme à qui cette
ceinture appartient sera lié de cette façon par les Juifs à
Jérusalem, et ils le livreront aux gens des nations” »
(Actes 21:11).
16
Sa prophétie a confirmé que Paul irait à Jérusalem.
Elle indiquait aussi que ses rapports avec les Juifs là-bas
seraient tels qu’ils finiraient par le livrer « aux gens des
nations ». La prophétie a atterré ceux qui étaient là. Luc
raconte : « En entendant cela, nous et les autres per-
sonnes présentes, nous nous sommes mis à supplier
Paul de ne pas monter à Jérusalem. Il a répondu :
“Pourquoi pleurez-vous et essayez-vous d’affaiblir ma
15-16. Quel message Agabus a-t-il apporté, et quel effet a-t-il eu sur ceux
qui l’ont entendu ?
« QUE LA VOLONTÉ DE JÉHOVAH SE FASSE » 351
détermination ? Soyez certains que je suis prêt non seule-
ment à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le
nom du Seigneur Jésus” » (Actes 21:12, 13).
17
Imagine la scène. Les frères, dont Luc, supplient
Paul de ne pas aller plus loin. Certains pleurent. Ému par
leur sollicitude, Paul leur dit gentiment qu’ils ‘affaiblis-
sent sa détermination’ ou, selon d’autres versions, lui
‘fendent le cœur’. Mais il reste inébranlable ; comme avec
les frères de Tyr, ni les supplications ni les larmes ne le fe-
ront vaciller. Par contre, il explique pourquoi il doit aller
de l’avant. Quel courage, quelle détermination de la part
de Paul ! Comme Jésus avant lui, il était fermement dé-
cidé à se rendre à Jérusalem (Héb. 12:2). Il n’aspirait pas
à devenir un martyr, mais si cela devait être, il s’estime-
rait honoré de mourir en disciple de Christ Jésus.
18
Comment les frères ont-ils réagi ? En un mot, avec
respect. On lit : « Comme il n’y avait pas moyen de le dis-
suader, nous n’avons plus insisté, et nous avons dit : “Que
la volonté de Jéhovah se fasse” » (Actes 21:14). Ceux qui
essayaient de détourner Paul de son intention n’ont pas
insisté pour qu’il se range à leur avis. Ils l’ont écouté et
ont cédé, reconnaissant et acceptant la volonté de Jého-
17-18. À quoi Paul s’est-il montré fermement résolu, et comment les frè-
res ont-ils réagi ?
352 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
vah, même si c’était difficile pour eux. Paul avait pris une
voie qui le mènerait à la mort. Cela lui serait plus facile si
ceux qui l’aimaient ne tentaient pas de le dissuader.
19
Ce récit nous enseigne une leçon très utile : Ne ten-
tons jamais de dissuader les autres de mener une vie d’ab-
négation au service de Dieu. On peut appliquer cette le-
çon à bien des situations, et pas seulement à celles qui
mettent en danger la vie de quelqu’un. Par exemple,
même s’ils ont du mal à voir leurs enfants partir pour ser-
vir Jéhovah loin de chez eux, beaucoup de parents chré-
tiens sont déterminés à ne pas les en décourager. Phyllis,
qui réside en Grande-Bretagne, se souvient de ce qu’elle a
ressenti quand sa fille unique est devenue missionnaire
en Afrique. « J’étais bouleversée, raconte-t-elle. Qu’est-ce
que c’était dur de penser qu’elle serait si loin ! J’étais
triste et fière à la fois. J’ai beaucoup prié à ce sujet. Mais
c’était sa décision, et je n’ai jamais tenté de la faire reve-
nir dessus. Après tout, je lui avais toujours enseigné à
donner la priorité aux intérêts du Royaume ! Voilà main-
tenant 30 ans qu’elle est missionnaire à l’étranger, et je re-
mercie Jéhovah chaque jour de la savoir si fidèle. » Qu’il
est bien d’encourager nos frères et sœurs qui ont l’esprit
de sacrifice !
19. Quelle le çon utile tirons-nous de ce que Paul a vécu ?
« QUE LA VOLONTÉ DE JÉHOVAH SE FASSE » 353
« Les frères nous ont accueillis avec joie »
(Actes 21:15-17)
20
Après quelques préparatifs, Paul a repris la route, ac-
compagné par des frères qui lui ont ainsi manifesté leur
soutien total. À chaque étape de leur voyage vers Jérusa-
lem, Paul et ses amis avaient recherché la compagnie de
leurs frères et sœurs chrétiens. À Tyr, ils avaient trouvé
des disciples avec qui ils étaient demeurés sept jours. À
Ptolémaïs, ils avaient salué leurs frères et sœurs et
avaient passé une journée avec eux. À Césarée, ils avaient
séjourné plusieurs jours chez Philippe. Puis quelques dis-
ciples de Césarée les ont escortés jusqu’à Jérusalem, où
ils ont été logés par Mnasôn, un disciple des premiers
jours. « Quand nous sommes arrivés à Jérusalem, rap-
porte Luc, les frères nous ont accueillis avec joie » (Actes
21:17).
21 À l’évidence, Paul aspirait à la compagnie de ceux
qui partageaient sa foi. Il puisait de l’encouragement au
contact de ses frères et sœurs, tout à fait comme nous au-
jourd’hui. Indéniablement, cet encouragement l’a fortifié
pour affronter les ennemis furieux qui chercheraient à
l’éliminer.
20-21. Qu’est-ce qui montre que Paul aspirait à la compagnie des frè-
res, et pourquoi voulait-il ainsi être avec ceux qui partageaient sa foi ?
354 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
PARTIE 8 ˙ AC T E S 21:18 – 28:31
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« PR ÊCHANT LE ROYAUME
DE DIEU SANS RENCONTRER
D’EMPÊCHEMENT »
ACTES 28:31

Dans cette partie, nous suivrons Paul face à des


foules furieuses, en prison ou en jugement de-
vant un fonctionnaire romain après l’autre. Dans
toutes ces circonstances, l’apôtre ne cesse de ren-
dre témoignage au sujet du royaume de Dieu.
En étudiant la conclusion palpitante du livre des
Actes, demande-toi comment tu peux imiter cet
évangélisateur hardi et zélé.
CHAPITRE 23
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Écoutez ma défense »
Paul défend la vérité devant des foules
en furie et devant le Sanhédrin
Actes 21:18 – 23:10

JÉRUSALEM ! Encore une fois, Paul en parcourt les


ruelles animées. Aucune ville au monde n’est autant im-
prégnée de l’histoire des relations de Jéhovah avec son
peuple. Dans l’ensemble, ses habitants sont très fiers de
son passé glorieux. Paul n’ignore pas que beaucoup de
chrétiens parmi eux se fient trop au passé et n’avancent
pas avec les projets divins en marche. Il discerne donc
des besoins spirituels en plus des besoins matériels qui,
alors qu’il était à Éphèse, ont motivé son retour dans
cette métropole (Actes 19:21). Malgré le risque qu’il
courait, il est allé jusqu’au bout de son intention.
2 À quoi va-t-il maintenant se heurter ? D éj à, il va
avoir des ennuis avec quelques disciples de Christ trou-
blés par des rumeurs à son sujet. Les ennemis de Christ
vont lui créer des ennuis plus grands encore. Ils vont
1-2. Qu’est-ce qui avait amené l’ap ôtre Paul à Jérusalem, et à quoi al-
lait-il se heurter ?
356 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
l’accuser mensongèrement, le battre et menacer de le
tuer. Ces circonstances mouvementées vont aussi lui
donner l’occasion de présenter sa défense. Son humi-
lité, son courage et sa foi face à de telles difficultés nous
offrent un exemple remarquable. Voyons lequel.
« Ils se mirent à glorifier Dieu » (Actes 21:18-20a)
3 Le lendemain de leur arrivée, Paul et ses compa-

gnons sont allés trouver les anciens qui avaient la


charge de l’assemblée. Le récit ne mentionne aucun des
ap ôtres encore vivants ; peut-être, à cette époque,
s’étaient-ils absentés pour servir dans d’autres parties
du monde. En revanche, Jacques le frère de Jésus était
toujours là (Gal. 2:9). Il semble que ce soit lui qui a pré-
sidé la réunion à laquelle « tous les anciens étaient pré-
sents » avec Paul (Actes 21:18).
4Paul a salué les anciens « et s’est mis à leur raconter
en détail tout ce que Dieu avait fait parmi les nations
par son ministère » (Actes 21:19). Comme cela a dû être
encourageant pour eux ! Pareillement, nous nous ré-
jouissons toujours d’entendre parler des progrès de
l’œuvre dans d’autres pays (Prov. 25:25).
3-5. a) À quelle réunion Paul a-t-il assisté à Jérusalem, et sur quoi la
discussion a-t-elle porté ? b) Quelles le çons peut-on tirer de cette ré-
union de Paul avec les anciens de Jérusalem ?
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 357
5 Paul a sans doute mentionné, à un moment donné,
les contributions qu’il avait rapportées d’Europe. Les
anciens ont certainement été très émus par la sollici-
tude manifestée par leurs frères de contrées lointaines.
D’ailleurs, quand Paul s’est tu, « ils se mirent à glorifier
Dieu » ! (Actes 21:20a). De même, aujourd’hui, beau-
coup de chrétiens qui subissent une catastrophe ou une
maladie grave sont très touchés quand leurs frères et
sœurs leur offrent une aide et des encouragements op-
portuns.
Beaucoup étaient encore « zélés pour la Loi »
(Actes 21:20b, 21)
6 Puis les anciens ont appris à Paul qu’en Judée il y

avait un problème qui le concernait personnellement :


« Frère, tu vois qu’il y a des milliers et des milliers de
croyants1 parmi les Juifs, et ils sont tous zélés pour la
Loi. Mais ils ont entendu raconter que, par ton ensei-
gnement, tu incites tous les Juifs parmi les nations à
abandonner la Loi de Moïse, leur disant de ne pas cir-
concire leurs enfants et de ne pas suivre les coutumes
bien établies » (Actes 21:20b, 21).
1 Pour s’occuper des besoins spirituels d’un si grand nombre de
chrétiens juifs, il devait y avoir beaucoup d’assemblées qui se réunis-
saient dans des maisons particulières.
6. De quel problème Paul a-t-il été informé ?
358 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
7Pourquoi tant de chrétiens étaient-ils encore zélés
pour la Loi mosaïque, plus de 20 ans après son aboli-
tion ? (Col. 2:14). En 49, les ap ôtres et les anciens réunis
à Jérusalem avaient envoyé aux assemblées une lettre
expliquant que les croyants des nations n’étaient pas
obligés de se soumettre à la circoncision ni d’ob éir à la
Loi mosaïque (Actes 15:23-29). Cependant, cette lettre
n’avait pas mentionné les croyants juifs, dont beaucoup
ne comprenaient pas que la Loi mosaïque n’était plus
valide.
8 L’erreur de jugement des croyants juifs les rendait-
elle indignes d’être chrétiens ? Non. Ce n’était pas
comme si, autrefois adorateurs de dieux païens, ils
avaient continué à suivre les usages de leur ancienne re-
ligion. Cette Loi si importante pour ces croyants juifs,
c’était Jéhovah qui l’avait donnée à l’origine. Rien dans
celle-ci n’était démoniaque ni mauvais en soi. Mais elle
était liée à l’ancienne alliance, alors que les chrétiens
étaient maintenant sous la nouvelle alliance. Les obser-
vances de la Loi étaient obsolètes pour ce qui était du
culte pur. Les chrétiens hébreux qui étaient zélés pour
7-8. a) Quelle conception erronée beaucoup de chrétiens de Judée
avaient-ils ? b) Pourquoi l’erreur de jugement de ces chrétiens juifs
n’était-elle pas de l’apostasie ?
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 359
la Loi comprenaient mal ce qu’était l’assemblée chré-
tienne et n’avaient pas confiance en elle. Il leur fallait
aligner leur pensée sur la révélation progressive de la
vérité1 (Jér. 31:31-34 ; Luc 22:20).
« Il n’y a rien de vrai dans dans ces rumeurs »
(Actes 21:22-26)
9 Que dire des rumeurs affirmant que Paul enseignait

aux Juifs parmi les nations à « ne pas circoncire leurs


enfants » et à « ne pas suivre les coutumes bien éta-
blies » ? Paul était ap ôtre des Gentils ; à eux, il confir-
mait la décision selon laquelle ils n’avaient pas à se sou-
mettre à la Loi. Il dénonçait aussi l’erreur de quiconque
tentait de persuader ces croyants de se faire circoncire
en signe de soumission à la Loi mosaïque (Gal. 5:1-7).
De plus, il prêchait la bonne nouvelle aux Juifs dans les
villes où il passait. Il expliquait certainement à ceux qui
étaient réceptifs que la mort de Jésus avait rendu la Loi
caduque et qu’on n’atteignait pas la justice par les
1 Quelques années plus tard, l’ap ôtre Paul a écrit aux Hébreux une
lettre dans laquelle il démontrait la sup ériorité de la nouvelle al-
liance. Il y expliquait clairement que la nouvelle alliance avait rendu
l’ancienne obsolète. Non content d’apporter des arguments convain-
cants que les chrétiens juifs pouvaient utiliser pour répondre à leurs
détracteurs juifs, le raisonnement solide de Paul a sans nul doute for-
tifié la foi de certains chrétiens qui mettaient trop l’accent sur la Loi
mosaïque (Héb. 8:7-13).
9. Qu’enseignait Paul au sujet de la Loi mosaïque ?
360 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
œuvres de la Loi, mais par la foi (Rom. 2:28, 29 ;
3:21-26).
10 Néanmoins, Paul se montrait compréhensif envers
ceux qui ressentaient le besoin d’observer certaines
coutumes juives, comme celles de ne pas travailler le
sabbat ou de ne pas consommer certains aliments
(Rom. 14:1-6). Il n’imposait pas non plus de règles rela-
tivement à la circoncision. D’ailleurs, il avait fait
circoncire Timothée, né d’un p ère grec, pour qu’il
n’inspire pas de méfiance aux Juifs (Actes 16:3). La cir-
concision relevait de la décision personnelle. « Ce n’est
ni la circoncision ni l’incirconcision qui ont de la va-
leur, mais la foi qui agit grâce à l’amour », a dit Paul aux
Galates (Gal. 5:6). Toutefois, ç’aurait été manquer de
foi que de se faire circoncire pour ob éir à la Loi ou de
prétendre qu’il le fallait pour obtenir l’approbation de
Jéhovah.
11 Ainsi, quoique tout à fait aberrantes, les rumeurs
perturbaient quand même les croyants juifs. C’est pour-
quoi les anciens ont donné cette instruction à Paul :
10. Quelle attitude équilibrée Paul avait-il sur des questions relatives à
la Loi et à la circoncision ?
11. Quel conseil les anciens ont-ils donné à Paul, et qu’a-t-il peut-être
dû faire pour le suivre ? (voir aussi la note).
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 361
« Fais donc ce que nous te disons : Il y a avec nous qua-
tre hommes qui ont fait un vœu. Emmène-les, purifie-
toi rituellement avec eux et charge-toi de leurs dépen-
ses, pour qu’ils puissent se faire raser la tête. Alors
tout le monde saura qu’il n’y a rien de vrai dans
les rumeurs qui courent à ton sujet, mais que tu te
conduis bien, ob éissant toi aussi à la Loi1 » (Actes
21:23, 24).
12 Paul aurait pu rétorquer que le problème réel
n’était pas les rumeurs à son sujet, mais le zèle des
croyants juifs pour la Loi mosaïque. Toutefois, il vou-
lait être souple, tant qu’il n’avait pas à transiger avec les
principes divins. N’avait-il pas écrit préc édemment :
« Pour ceux qui sont sous la Loi, je suis devenu comme
si j’étais sous la Loi — alors que moi-même je ne suis
1 Des biblistes pensent que les quatre hommes avaient fait un vœu
de naziréat (Nomb. 6:1-21). Certes, la Loi mosaïque sous laquelle se
faisait un tel vœu était caduque. Mais Paul a peut-être estimé qu’il
n’était pas mal que les hommes s’acquittent d’un vœu fait à Jéhovah.
Il n’était donc pas mal qu’il paie leurs frais et les accompagne. On
ne sait pas exactement de quel vœu il s’agissait, mais, quel qu’il fût,
Paul n’aurait sûrement pas financ é l’offrande d’un sacrifice d’animal
(comme en offraient les naziréens) en croyant qu’elle purifierait du
p éché. Le sacrifice parfait de Christ avait enlevé toute valeur propi-
tiatoire à de tels sacrifices. Quoi que Paul ait fait, nous pouvons être
convaincus qu’il n’aurait rien accepté qui aurait violé sa conscience.
12. En quoi Paul s’est-il montré souple et coop ératif devant le conseil
des anciens de Jérusalem ?
362 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
pas sous la Loi —, afin de gagner ceux qui sont sous la
Loi » (1 Cor. 9:20). Il a donc coop éré avec les anciens de
Jérusalem en devenant ‘comme s’il était sous la Loi’. Ce
faisant, il nous a magnifiquement montré comment co-
op érer avec les anciens sans insister pour que l’on fasse
les choses à notre façon (Héb. 13:17).
« Il ne mérite pas de vivre ! »
(Actes 21:27 – 22:30)
13 Sur ces entrefaites, un incident a éclaté dans le

Temple. Alors que les jours des vœux touchaient à leur


terme, des Juifs d’Asie, apercevant Paul, ont fait un es-
clandre en l’accusant faussement d’introduire des Gen-
tils dans le Temple. Sans l’intervention du commandant
romain, ils l’auraient battu à mort. Soit dit en passant,
Paul allait finir sous les verrous et, à dater de ce jour-là,
ne retrouverait sa liberté que quatre ans plus tard. Mais
pour l’heure tout danger n’était pas écarté. Quand le
commandant a demandé aux Juifs pourquoi ils s’en pre-
naient à lui, ils ont hurlé diverses accusations. Dans le
tumulte, le commandant ne comprenait rien. Finale-
ment, Paul a dû être soustrait physiquement à la
13. a) Pourquoi des Juifs ont-ils fait un esclandre dans le Temple ?
b) Qu’est-ce qui a sauvé la vie à Paul ?
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 363
hargne de ses agresseurs. Alors qu’il allait entrer avec
les soldats romains dans la caserne, il a demandé au
commandant : « Permets-moi, s’il te plaît, de parler au
peuple » (Actes 21:39). Le Romain a acquiesc é, et
Paul s’est lanc é dans une défense courageuse de sa
foi.
14 « Écoutez maintenant ce que j’ai à vous dire pour
ma défense », a-t-il commenc é (Actes 22:1). Puis il s’est
adressé à la foule en hébreu, ce qui l’a calmée. Il a expli-
qué franchement pourquoi il était maintenant un disci-
ple de Christ. Pour cela, il a mentionné adroitement des
faits que les Juifs avaient tout loisir de vérifier : Il avait
été instruit directement par le c élèbre Gamaliel et il
avait persécuté les disciples de Christ, comme certains
Juifs présents le savaient sans doute. Mais un jour,
sur la route de Damas, il avait vu en vision Christ
ressuscité, qui lui avait parlé. Les autres voyageurs
avaient perçu une lumière vive et le son d’une voix,
mais n’avaient pas « compris les mots qui étaient
prononc és » (voir les notes d’étude sur Actes 9:7
et Actes 22:9). Resté aveugle, il avait dû se faire
14-15. a) Qu’a expliqué Paul aux Juifs ? b) Qu’a fait le commandant
romain pour connaître la raison de la colère des Juifs ?
364 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
conduire à Damas. Là-bas, Ananias, homme connu des
Juifs de la région, lui avait rendu la vue miraculeu-
sement.
15 Poursuivant, Paul a raconté qu’après son retour à
Jérusalem il avait vu Jésus lui apparaître dans le Tem-
ple. Alors là, ce fut un tollé général ! Les Juifs criaient :
« Fais disparaître cet homme de la terre ! Il ne mérite
pas de vivre ! » (Actes 22:22). Pour sauver Paul, le com-
mandant l’a fait emmener « dans la caserne ». D écidé à
découvrir pourquoi les Juifs lui en voulaient, il lui a or-
donné de s’apprêter à un interrogatoire par le fouet.
Mais, profitant d’une mesure de protection légale dont
il disposait, Paul a révélé qu’il était citoyen romain. De
même aujourd’hui, les adorateurs de Jéhovah utilisent
les mesures de protection légales dont ils disposent
pour défendre leur religion (voir les encadrés « La loi
romaine et les citoyens romains », page 366, et « Les ba-
tailles juridiques des temps modernes », page 368). En
apprenant que Paul était citoyen romain, le comman-
dant a compris qu’il lui faudrait obtenir ses renseigne-
ments autrement. Le lendemain, il l’a fait venir devant
une session extraordinaire du Sanhédrin, le tribunal su-
prême des Juifs.
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 365
LA LOI ROMAINE
ET LES CITOYENS ROMAINS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

D’ordinaire, les autorités romaines se mêlaient


peu des affaires des provinces. D’une manière géné-
rale, la loi juive régissait les affaires juives. Les Ro-
mains sont intervenus dans le cas de Paul seulement
parce que l’émeute déclenchée par son apparition
au Temple troublait l’ordre public.
Les autorités romaines avaient un pouvoir consi-
dérable sur les sujets ordinaires des provinces. Mais
c’était différent quand il s’agissait de citoyens ro-
mains1. La citoyenneté offrait à son possesseur cer-
tains privilèges admis et respectés dans tout l’em-
pire. Ainsi, il était illégal de lier ou de battre un
Romain qui n’était pas condamné, car ces traite-
ments n’étaient jugés bons que pour les esclaves.
Les citoyens romains avaient aussi le droit de faire
appel des décisions d’un gouverneur de province de-
vant l’empereur, à Rome.
Il y avait plusieurs façons d’obtenir la citoyenneté
romaine. La première était l’hérédité. Les empereurs
l’octroyaient parfois à des individus ou aux popu-
lations libres de villes ou de districts entiers en ré-
1 Vraisemblablement, au 1er siècle de notre ère, il y avait peu de ci-
toyens romains en Judée. Ce n’est qu’au 3e siècle que tous les sujets
des provinces ont re çu la citoyenneté romaine.

366 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


compense de services rendus. Un esclave qui ache-
tait sa liberté à un citoyen romain, un esclave lib éré
par un Romain, ou un vétéran de l’armée auxiliaire
rendu à la vie civile devenaient eux-mêmes Romains.
Apparemment, dans certaines circonstances, il était
également possible d’acheter la citoyenneté. Ainsi,
le commandant Claude Lysias a dit à Paul : « J’ai
acheté très cher ces droits de citoyen. » Et Paul a ré-
pondu : « Moi, je les ai de naissance » (Actes 22:28).
On en déduit que l’un des anc êtres masculins de
Paul a acquis la citoyenneté romaine, mais on ignore
dans quelles circonstances.

« Je suis un pharisien » (Actes 23:1-10)


16 En préambule à sa défense devant le Sanhédrin,

Paul a lanc é : « Hommes, frères, jusqu’à aujourd’hui


c’est avec une conscience tout à fait nette que je me suis
conduit devant Dieu » (Actes 23:1). Il n’est pas allé plus
loin. En effet, « le grand prêtre Ananias ordonna à ceux
qui étaient près de Paul de le frapper sur la bouche »
(Actes 23:2). Quel affront ! Et que de préjugés cette
action trahissait, puisqu’elle revenait à cataloguer
Paul comme menteur avant d’entendre les faits ! On
16-17. a) Qu’est-il arrivé quand Paul s’est adressé au Sanhédrin ?
b) Quel exemple d’humilité Paul a-t-il donné quand on l’a frapp é ?
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 367
LES BATAILLES JURIDIQUES
DES TEMPS MODERNES
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Comme l’ap ôtre Paul, les Témoins de Jéhovah cher-


chent depuis longtemps tous les recours légaux qui
s’offrent à eux pour lutter contre les restrictions im-
posées à leur prédication. Avec zèle, ils ‘défendent
la bonne nouvelle et la font reconnaître en justice’
(Phil. 1:7).
Durant les années 1920 et 1930, ils ont été arrêtés
par centaines pour distribution de publications bibli-
ques. Par exemple, en 1926, 897 affaires étaient en ins-
tance dans les tribunaux allemands. Le contentieux
était tel qu’il est devenu nécessaire de créer un service
juridique à la filiale d’Allemagne. Rien qu’aux États-
Unis, durant les années 1930, on a compté des cen-
taines d’arrestations par an pour prédication de mai-
son en maison. En 1936, elles se sont élevées à 1 149.
Devant la demande d’assistance, les frères des États-
Unis ont créé eux aussi un service juridique. De
1933 à 1939, les Témoins de Roumanie ont fait l’objet
de 530 poursuites. Mais leurs appels devant la cour su-
prême roumaine ont donné lieu à des décisions en leur
faveur. On a observé des situations semblables dans
bien d’autres pays.
D’autres difficultés juridiques ont surgi lorsque,
pour motif de conscience, des chrétiens n’ont pas ac-

368 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


cepté de participer à des activités contraires à leur
neutralité (Is. 2:2-4 ; Jean 17:14). Des adversaires les
ont accusés faussement de sédition, ce qui a parfois
entraîné l’interdiction totale de leur œuvre. Mais, au
fil des ans, de nombreux gouvernements ont reconnu
que les Témoins de Jéhovah ne représentaient pas une
menace pour eux1.
1 Pour en savoir plus sur les victoires juridiques des Témoins
dans le monde, voir Les Témoins de Jéhovah : Pr édicateurs du
Royaume de Dieu, au chapitre 30.

comprend que Paul ait répondu : « Dieu va te frapper,


mur blanchi ! Tu sièges là pour me juger selon la Loi et,
en même temps, tu transgresses la Loi en ordonnant de
me frapper ? » (Actes 23:3).
17 Certains assistants se sont indignés — non contre
celui qui avait frapp é Paul, mais contre la réaction de
Paul ! « Tu insultes le grand prêtre de Dieu ! », se sont-
ils exclamés. En réponse, Paul leur a donné une le çon
d’humilité et de respect envers la Loi. « Frères, a-t-il dit,
je ne savais pas que c’était le grand prêtre1. C’est vrai
1 Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cette méprise : Paul
n’avait pas reconnu le grand prêtre parce qu’il était affligé d’une
mauvaise vue. Ou bien il avait été absent de Jérusalem si long-
temps qu’il ne reconnaissait pas le grand prêtre du moment. Ou bien
encore, simplement, à travers la foule il n’avait pas vu qui avait or-
donné de le frapper.
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 369
qu’il est écrit : “Tu ne dois pas parler en mal d’un chef
de ton peuple” » (Actes 23:4, 5 ; Ex. 22:28). Puis il a
changé de stratégie. Sachant que le Sanhédrin se com-
posait de pharisiens et de sadduc éens, il a enchaîné :
« Hommes, frères, je suis pharisien, fils de pharisiens.
C’est à propos de l’esp érance en la résurrection des
morts qu’on me juge ! » (Actes 23:6).
18 Pourquoi Paul s’est-il dit pharisien ? Parce qu’il
était « fils de pharisiens », d’une famille qui appartenait
à cette secte. Par conséquent, beaucoup le considé-
raient encore comme tel1. Toutefois, comment a-t-il pu
cautionner la croyance pharisienne en la résurrection ?
Les pharisiens pensaient qu’une âme consciente survi-
vait à la mort et que les âmes des justes revivaient dans
des corps humains. Paul ne croyait pas à ces choses,
mais en la résurrection qu’avait enseignée Jésus (Jean
5:25-29). N’emp êche qu’il était d’accord avec les phari-
siens sur l’espoir d’une vie après la mort, contrairement
1 En 49, lors du débat des ap ôtres et des anciens sur la soumission
des Gentils à la Loi mosaïque, certains chrétiens présents sont appe-
lés « membres du parti des pharisiens qui étaient devenus croyants »
(Actes 15:5). Manifestement, ces croyants étaient encore assimilés, en
un sens, à leurs origines pharisiennes.
18. Pourquoi Paul s’est-il dit pharisien, et quel raisonnement semblable
pourrions-nous utiliser dans certaines circonstances ?
370 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
aux sadduc éens, qui ne croyaient pas en une vie future.
Nous pourrions raisonner de la même façon quand
nous discutons avec des catholiques ou des protestants.
Nous pourrions leur dire que nous croyons en Dieu
comme eux. Évidemment, pour eux c’est la Trinité et
pour nous c’est le Dieu de la Bible. N’emp êche que
nous avons en commun la croyance en l’existence de
Dieu.
19 La déclaration de Paul a divisé le Sanhédrin. « Tout
le monde se mit donc à crier, lit-on, et quelques-uns des
scribes du parti des pharisiens se levèrent et commen-
c èrent à argumenter violemment en disant : “Nous ne
trouvons rien de mal en cet homme ; et si un esprit ou
un ange lui a parlé...” » (Actes 23:9). La seule idée qu’un
ange ait pu parler à Paul était anathème pour les sad-
duc éens, qui ne croyaient pas aux anges ! (voir l’encadré
« Les sadduc éens et les pharisiens », page 372). Le tu-
multe est devenu si grand que le commandant est en-
core une fois venu au secours de l’ap ôtre (Actes 23:10).
Cependant, Paul n’était pas au bout de ses peines.
Qu’allait-il lui arriver maintenant ? Nous le saurons
dans le chapitre suivant.
19. Pourquoi la séance du Sanhédrin s’est-elle achevée dans la confu-
sion ?
« ÉCOUTEZ MA DÉFENSE » 371
LES SADDUC ÉENS ET LES PHARISIENS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Le Sanhédrin (conseil administratif national et tri-


bunal suprême des Juifs) était dominé par deux sec-
tes rivales : les sadducéens et les pharisiens. Selon
Flavius Josèphe, les pharisiens se différenciaient des
sadducéens principalement en ce qu’ils voulaient im-
poser au peuple un grand nombre d’observances tra-
ditionnelles, alors que l’autre groupe n’estimait obli-
gatoire que ce qu’on lisait dans la Loi de Moïse. Ces
deux écoles de pensée étaient d’accord dans leur op-
position à Jésus.
Il semble que les sadducéens, fondamentalement
conservateurs, avaient des liens étroits avec la prê-
trise, et qu’Anne et Caïphe, tous deux d’anciens
grands prêtres, appartenaient à cette secte puissante
(Actes 5:17). Josèphe précise toutefois que les ensei-
gnements sadducéens « ne parvena[ient] à convain-
cre que les riches » (Antiquités judaïques, trad. J. Cha-
monard).
Les pharisiens, eux, avaient une grande influence
sur le petit peuple. Mais leurs idées, parmi lesquel-
les l’exigence d’une pureté cérémonielle extrême, ren-
daient pesante l’observance de la Loi. Contrairement
aux sadducéens, ils attribuaient une grande impor-
tance au destin et croyaient qu’une âme survivait à la
mort du corps, puis recevait une récompense ou un
châtiment mérités pour ses vertus ou ses vices.

372 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


CHAPITRE 24
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Courage ! »
Paul échappe à un complot
et pr ésente sa défense devant Félix
Actes 23:11 – 24:27

SAUVÉ de justesse d’une foule en colère à Jérusalem,


Paul se retrouve encore en prison. Cet ap ôtre zélé n’est
pas surpris par la persécution qu’il rencontre ici. On lui
avait dit que « la prison et les persécutions » l’atten-
daient dans cette ville (Actes 20:22, 23). Et, quoiqu’il ne
sache pas très bien ce que l’avenir lui réserve, il sait
qu’il n’a pas fini de souffrir pour le nom de Jésus (Ac-
tes 9:16).
2 Même des prophètes chrétiens l’ont averti qu’il se-
rait lié et ‘livré aux gens des nations’ (Actes 21:4, 10,
11). Récemment, des Juifs ont essayé de le tuer, et peu
après il a failli être ‘mis en pièces’ par les membres du
Sanhédrin, qui étaient divisés à son sujet. À présent, il
est prisonnier, gardé par des soldats romains, et il s’ap-
prête à affronter d’autres proc ès et d’autres accusations
1-2. Pourquoi Paul n’était-il pas surpris par la persécution qu’il rencon-
trait à Jérusalem ?
« COURAGE ! » 373
(Actes 21:31 ; 23:10). Il a bel et bien besoin d’être en-
couragé !
3 En ce temps de la fin, nous savons que « tous ceux
qui veulent vivre dans l’attachement à Dieu et unis à
Christ Jésus seront eux aussi persécutés » (2 Tim. 3:12).
De temps à autre, nous avons besoin, nous aussi, d’en-
couragements à persévérer dans la prédication. Comme
nous apprécions les paroles réconfortantes et opportu-
nes qui nous sont offertes dans les publications ou aux
réunions organisées par l’« esclave fidèle et avisé » !
(Mat. 24:45). Jéhovah nous assure qu’aucun ennemi de
la bonne nouvelle n’arrivera à ses fins. Aucun ne dé-
truira ses serviteurs, collectivement parlant, ni n’arrê-
tera leur prédication (Is. 54:17 ; Jér. 1:19). Et l’ap ô-
tre Paul ? A-t-il re çu des encouragements à continuer
de rendre pleinement témoignage malgré l’opposition ?
Si oui, lesquels, et comment a-t-il réagi ?
Un complot avec serment échoue (Actes 23:11-34)
4 La nuit qui a suivi les incidents du Sanhédrin, Paul

a re çu un encouragement précieux. Le récit inspiré pré-


3. D’où recevons-nous des encouragements à persévérer dans la prédica-
tion ?
4-5. Quel encouragement Paul a-t-il re çu, et pourquoi était-ce au bon
moment ?
374 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
cise : « Le Seigneur vint près de lui et lui dit : “Cou-
rage ! Car, de même que tu as pleinement rendu témoi-
gnage à mon sujet à Jérusalem, de même il faut que tu
témoignes à Rome” » (Actes 23:11). Fort de cet encou-
ragement de Jésus, Paul était certain d’être lib éré. Il sa-
vait qu’il continuerait à vivre pour aller à Rome et
avoir l’honneur d’y rendre témoignage à Jésus.
5 L’encouragement à Paul est arrivé au bon moment.
D ès le lendemain, plus de 40 Juifs « formèrent un com-
plot et firent le serment de ne pas manger ni boire tant
qu’ils n’auraient pas tué Paul ». Ce complot assorti d’un
serment montrait à quel point ils étaient déterminés à
supprimer l’ap ôtre. En effet, ils disaient en quelque
sorte : « Qu’il nous arrive malheur si notre complot
échoue ! » (Actes 23:12-15). Leur plan, approuvé par les
prêtres en chef et les anciens, consistait à faire ramener
Paul au Sanhédrin pour prolonger l’interrogatoire, pré-
tendument pour vérifier des détails le concernant. Mais,
en fait, ils lui tendraient un guet-apens et le tueraient.
6 Or le neveu de Paul a eu vent du complot et lui en a
parlé. Aussitôt, Paul lui a demandé d’aller en informer
6. Comment le complot contre Paul a-t-il été dévoilé, et quel exemple cet
épisode offre-t-il aux jeunes d’aujourd’hui ?
« COURAGE ! » 375
le commandant romain Claude Lysias (Actes 23:16-22).
Assurément, Jéhovah aime les jeunes qui, comme ce
neveu de Paul resté anonyme, font courageusement
passer le bien du peuple de Dieu avant le leur et
se démènent fidèlement pour servir les intérêts du
Royaume.
7 D ès qu’il a été prévenu du complot qui menaçait
Paul, Claude Lysias, chef de 1 000 hommes, a ordonné
la formation d’une troupe de 470 hommes (soldats, ca-
valiers et lanciers). Cette troupe quitterait Jérusalem la
nuit même pour conduire Paul en toute sécurité à Cé-
sarée et le livrer au gouverneur Félix1. Quoiqu’habitée
par beaucoup de Juifs, Césarée, capitale administra-
tive romaine de la Judée, était peuplée principalement
de Gentils. L’ordre qui y régnait contrastait avec l’agi-
tation de Jérusalem, où les préjugés religieux échauf-
faient les esprits et engendraient des émeutes. Césarée
était aussi le quartier général des armées romaines en
Judée.
8 Conformément à la loi romaine, Lysias a envoyé à
Félix une lettre résumant l’affaire. Il y disait à peu près
1 Voir l’encadré « Félix, procurateur de Judée », page 377.
7-8. Qu’a fait Claude Lysias pour la sécurité de Paul ?
376 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
F ÉLIX, PROCURATEUR DE JUDÉE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Vers 52 de notre ère, l’empereur romain Claude


a nomm é l’un de ses favoris, Antonius Félix,
procurateur (ou gouverneur) de Judée. Félix, de
même que son frère Pallas, était un esclave affran-
chi de la famille de l’empereur. C’était la première
fois qu’un affranchi recevait un poste de procura-
teur avec un commandement militaire.
Comme son frère avait de l’ascendant sur l’em-
pereur, Félix « croyait que, soutenu d’un tel crédit,
l’impunité était assurée à tous ses crimes », selon
l’historien romain Tacite (Annales, trad. H. Bor-
necque). En tant que procurateur, il « donna car-
rière à sa cruauté et à ses caprices et exerça le
pouvoir royal avec l’esprit d’un esclave » (Histoi-
res, trad. H. Goelzer). Durant son mandat, il a sé-
duit une femme mariée, Drusille, fille d’Hérode
Agrippa I er, et l’a épousée. Il a traité l’ap ôtre Paul
d’une manière corrompue et illégale, voyant en lui
un pourvoyeur potentiel de pots-de-vin.
L’administration de Félix a ét é si corrom-
pue et tyrannique que l’empereur Néron l’a rap-
pelé en 58. Une délégation de Juifs l’a suivi à
Rome pour l’accuser de mauvaise gestion,
mais on raconte que son frère Pallas l’a sauvé du
châtiment.

« COURAGE ! » 377
ceci : « Quand j’ai appris que cet homme était citoyen
romain, j’ai emp êché les Juifs de le supprimer. Je ne l’ai
trouvé coupable de rien qui mérite la mort ou la prison,
mais à cause d’un complot contre lui, je te le livre pour
que tu puisses entendre les accusateurs et rendre un ju-
gement » (Actes 23:25-30).
9 Lysias disait-il la vérité dans sa lettre ? Pas entière-
ment. Il semble qu’il essayait de se faire bien voir. Ce
n’était pas réellement parce qu’il avait découvert que
Paul était un citoyen romain qu’il était venu à son se-
cours. De plus, il a omis de mentionner qu’il l’avait fait
« attacher avec deux chaînes » et qu’un peu plus tard
il avait ordonné « de le fouetter pour le faire parler »
(Actes 21:30-34 ; 22:24-29). Il avait donc violé les droits
de citoyen de Paul. De nos jours, Satan utilise le
fanatisme religieux pour attiser les flammes de la
persécution, et il arrive que l’on piétine notre li-
berté civile. Mais souvent, comme Paul, les serviteurs
de Dieu peuvent se prévaloir de leurs droits de ci-
toyens d’un pays et chercher protection auprès de la
loi.
9. a) Comment les droits de cité romaine de Paul ont-ils été violés ?
b) Pourquoi pourrions-nous nous prévaloir de nos droits de citoyens d’un
pays ?
378 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« C’est volontiers que je parle pour ma défense »
(Actes 23:35 – 24:21)
10 À Césarée, Paul a été ‘mis sous garde dans le palais

d’Hérode’ en attendant que ses accusateurs arrivent de


Jérusalem (Actes 23:35). Ceux-ci sont arrivés cinq
jours plus tard : le grand prêtre Ananias, un orateur pu-
blic nommé Tertulus et un groupe d’anciens. Tertulus
a commenc é par louer Félix de ce qu’il faisait pour les
Juifs1, manifestement pour le flatter et gagner sa fa-
veur. Puis il en est venu au fait en accusant Paul ‘d’être
une plaie, de provoquer des révoltes chez les Juifs de
toute la terre, d’être un meneur de la secte des Naza-
réens et d’avoir aussi essayé de profaner le Temple’. Les
autres Juifs « apportèrent leur soutien à cette accusa-
tion, affirmant qu’il en était bien ainsi » (Actes 24:5, 6,
9). Provoquer une révolte, mener une secte dangereuse,
profaner le Temple : c’étaient des accusations graves
qui pouvaient valoir la peine de mort.
1 Tertulus a remercié Félix pour la « grande paix » qu’il apportait
à la nation. Mais la vérité est qu’il y eut moins la paix en Judée sous
Félix que sous tout autre gouverneur jusqu’à la révolte contre Rome.
Autre mention bien éloignée de la vérité elle aussi : la « plus grande
reconnaissance » des Juifs pour les réformes faites par Félix. En réa-
lité, la plupart des Juifs méprisaient Félix parce qu’il leur rendait la
vie dure et écrasait leurs insurrections avec brutalité (Actes 24:2, 3).
10. Quelles accusations graves a-t-on portées contre Paul ?
« COURAGE ! » 379
11 Puis Paul a eu droit à la parole. « C’est [...] volon-
tiers que je parle pour ma défense », a-t-il commenc é.
Puis il a nié catégoriquement ce dont on l’accusait. Il
n’avait pas profané le Temple ni n’avait excité une sédi-
tion. En fait, il avait été absent de Jérusalem pendant
« des années » et il était venu pour apporter des « dons
aux pauvres », c’est-à-dire aux chrétiens devenus pau-
vres, vraisemblablement à cause de la famine et de la
persécution. Il a bien souligné qu’avant d’entrer dans
le Temple il s’était « purifié selon le rite » et qu’il s’était
scrupuleusement efforc é de « toujours garder une
conscience nette devant Dieu et les hommes » (Actes
24:10-13, 16-18).
12 Il a toutefois reconnu qu’il offrait un service sacré
au Dieu de ses anc êtres « en suivant ce qu’ils appellent
une “secte” », en précisant cependant qu’il croyait
« tout ce qui est énonc é dans la Loi et écrit dans les
Prophètes ». Et puis, comme ses accusateurs, il croyait
fermement à une « résurrection tant des justes que des
injustes ». Ensuite, il a mis au défi ses accusateurs :
« Que les hommes qui sont ici disent eux-mêmes quel
crime j’ai commis lorsque j’étais devant le Sanhédrin, à
11-12. Comment Paul a-t-il réfuté les accusations portées contre lui ?
380 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
moins qu’on ne m’accuse à cause de cette seule parole
que j’ai criée au milieu d’eux : “C’est à propos de la ré-
surrection des morts qu’on me juge aujourd’hui devant
vous !” » (Actes 24:14, 15, 20, 21).
13 Paul nous a laissé un bon exemple à suivre si jamais
nous comparaissions devant des autorités profanes à
cause de notre religion et qu’on nous accuse faussement
d’être des agitateurs, des séditieux ou des membres
d’une « secte dangereuse ». Paul n’a pas usé de flatteries
serviles envers le gouverneur comme l’avait fait Tertu-
lus. Il est resté calme et respectueux. Avec tact, il a
donné un témoignage clair et véridique. Il a signalé que
les « Juifs de la province d’Asie » qui l’avaient accusé de
souiller le Temple n’étaient pas présents et que, légale-
ment, il aurait dû pouvoir se confronter à eux et enten-
dre leurs accusations (Actes 24:18, 19).
14 Le plus frappant, c’est que Paul ne s’est pas retenu
de témoigner au sujet de ses croyances. Il a réaffirmé
hardiment sa croyance en la résurrection, le sujet qui
avait déclenché une belle mêlée lors de sa comparution
devant le Sanhédrin (Actes 23:6-10). Dans sa défense, il
13-15. Pourquoi peut-on prendre exemple sur Paul pour témoigner har-
diment devant des autorités profanes ?
« COURAGE ! » 381
a insisté sur cette esp érance du retour de la mort à la
vie. Pourquoi ? Parce qu’il rendait témoignage à Jésus et
à sa résurrection, chose que ses détracteurs n’accep-
taient pas (Actes 26:6-8, 22, 23). En effet, c’est la ques-
tion de la résurrection, et plus précisément la croyance
en Jésus et en sa résurrection, qui était au cœur de la
controverse.
15 Comme Paul, nous pouvons témoigner hardiment et
puiser de la force dans cette déclaration de Jésus aux dis-
ciples : « Tout le monde vous haïra à cause de mon nom.
Mais celui qui aura enduré jusqu’à la fin sera sauvé. »
Devons-nous nous inquiéter de ce qu’il faudra dire ?
Non, car Jésus a certifié : « Quand on vous arrêtera pour
vous emmener devant un tribunal, ne vous inquiétez pas
à l’avance de ce que vous devrez dire. Dites ce qui vous
sera donné à ce moment-là, car ce n’est pas vous qui par-
lerez, mais c’est l’esprit saint » (Marc 13:9-13).
« Félix prit peur » (Actes 24:22-27)
16 Ce n’était pas la première fois que le gouverneur

Félix entendait parler des croyances chrétiennes. On


lit : « Félix, qui était très bien informé sur le Chemin
16-17. a) Comment Félix a-t-il mené le procès de Paul ? b) Pour quelle
raison plausible Félix a-t-il pris peur, mais pourquoi a-t-il continué de
voir Paul ?
382 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
[le terme employé pour parler du christianisme primi-
tif], renvoya le proc ès à plus tard et dit : “Je rendrai ma
décision sur votre affaire quand le commandant Lysias
descendra.” Et il donna des ordres à l’officier pour que
Paul soit mis sous garde, mais qu’on lui accorde une
certaine liberté et qu’on permette à ses amis de pren-
dre soin de lui » (Actes 24:22, 23).
17 Quelques jours après, Félix et sa femme, Drusille,
une Juive, ont envoyé chercher Paul et l’ont ‘ écouté par-
ler de la foi en Christ Jésus’ (Actes 24:24). Cependant,
quand Paul a parlé « de justice, de maîtrise de soi et du
jugement à venir, Félix prit peur », sans doute parce que
ces thèmes troublaient sa conscience, compte tenu de la
méchanceté qu’il pratiquait dans sa vie. Il a donc congé-
dié Paul en disant : « À présent tu peux te retirer. Je te
ferai revenir quand j’aurai du temps. » Il a effectivement
revu Paul de nombreuses fois après cela, non parce qu’il
voulait apprendre la vérité, mais parce qu’il esp érait que
celui-ci lui donne un pot-de-vin (Actes 24:25, 26).
18Pourquoi Paul a-t-il parlé à Félix et à sa femme « de
justice, de maîtrise de soi et du jugement à venir » ? On
a vu qu’ils voulaient savoir ce que la « foi en Christ
18. Pourquoi Paul a-t-il parlé à Félix et à sa femme « de justice, de maî-
trise de soi et du jugement à venir » ?
« COURAGE ! » 383
Jésus » supposait. Sachant combien ils étaient immo-
raux, cruels et injustes, Paul leur a fait comprendre ce
qui était exigé de quiconque voulait devenir disciple de
Jésus. Ses propos ont fait ressortir la nette opposition
entre les normes de justice de Dieu et la vie que me-
naient Félix et Drusille. Ceux-ci auraient dû saisir que
tous les humains sont comptables devant Dieu de ce
qu’ils pensent, font et disent, et que le jugement à ren-
dre au sujet de Paul n’était rien comparé au jugement
qui les attendait devant Dieu. Il n’est pas étonnant que
Félix ait ‘pris peur’.
19Dans notre ministère, nous rencontrons parfois
des gens comme Félix. Au début, ils semblent s’intéres-
ser à la vérité, mais en réalité ils cherchent à satisfaire
leur égoïsme. Nous nous méfions légitimement de tels
interlocuteurs. Cependant, comme Paul, nous pouvons
leur parler avec tact des normes justes de Dieu. Peut-
être que la vérité touchera leur cœur. Mais s’il devient
évident qu’ils n’ont pas l’intention d’abandonner leur
conduite p écheresse, nous les laissons et allons vers les
gens qui cherchent réellement la vérité.
19-20. a) Comment agir avec les gens qui semblent s’intéresser à notre
message mais qui, en réalité, cherchent à satisfaire leur égoïsme ?
b) Comment savons-nous que Félix n’était pas réellement l’ami de Paul ?
384 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
20 Pour ce qui est de Félix, sa vraie motivation ressort
de cette remarque : « Au bout de deux ans, Félix fut
remplac é par Porcius Festus ; mais voulant gagner la
faveur des Juifs, Félix laissa Paul en prison » (Actes
24:27). Félix n’était pas réellement l’ami de Paul. Il sa-
vait que les disciples du « Chemin » n’étaient ni des sé-
ditieux ni des révolutionnaires (Actes 19:23). Il savait
aussi que Paul n’avait violé aucune loi romaine ; pour-
tant, il l’a maintenu en prison pour « gagner la faveur
des Juifs ».
21 Ainsi que le montre le dernier verset d’Actes cha-
pitre 24, Paul était encore prisonnier quand Porcius
Festus a succ édé à Félix comme gouverneur. Alors ont
commenc é une kyrielle d’audiences et de renvois de
Paul d’un juge à un autre. Cet ap ôtre courageux a bel
et bien été ‘amené devant des rois et des gouverneurs’
(Luc 21:12). Comme on le verra, il donnerait plus tard
un témoignage au chef le plus puissant de son temps.
Il a traversé tout cela sans jamais vaciller dans sa foi.
Nul doute qu’il a continué de puiser de la force dans
cette exhortation de Jésus : « Courage ! »
21. Qu’est-il advenu de Paul quand Porcius Festus est devenu gouver-
neur, et en quoi a-t-il certainement continué de puiser de la force ?
« COURAGE ! » 385
CHAPITRE 25
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« J’en appelle à César ! »


Paul pr ésente une défense exemplaire
de la bonne nouvelle
Actes 25:1 – 26:32

PAUL est maintenu sous bonne garde à Césarée. Voilà


deux ans, à son retour en Judée, les Juifs ont tenté de
le tuer au moins à trois reprises en quelques jours (Ac-
tes 21:27-36 ; 23:10, 12-15, 27). Ses ennemis ont échoué
jusqu’à présent, mais ils ne renoncent pas. Voyant qu’il
risque encore de tomber entre leurs mains, Paul dit au
gouverneur romain Festus : « J’en appelle à César ! »
(Actes 25:11).
2 Jéhovah a-t-il appuyé la décision de Paul d’en appe-
ler à l’empereur de Rome ? La réponse est importante
pour nous, qui rendons pleinement témoignage au su-
jet du royaume de Dieu au temps de la fin. Paul nous
a-t-il laissé un modèle à suivre « pour ce qui est de dé-
fendre la bonne nouvelle et de la faire reconnaître en
justice » ? (Phil. 1:7).
1-2. a) Dans quelle situation Paul se trouvait-il ? b) Quelle question se
pose au sujet de l’appel de Paul à César ?
386 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« Devant le tribunal de César » (Actes 25:1-12)
3 Trois jours après son entrée en fonction, Festus, le

nouveau gouverneur romain de Judée1, s’est rendu à


Jérusalem. Il y a entendu les prêtres en chef et les no-
tables juifs accuser Paul de crimes graves. Ces hommes
savaient que le nouveau gouverneur était tenu de main-
tenir la paix entre eux et tous les Juifs. Aussi lui ont-ils
demandé une faveur : qu’il fasse venir Paul à Jérusalem
et le juge ici. Seulement, cette demande masquait une
sombre machination. Ils prévoyaient en effet de tuer
l’ap ôtre sur la route de Césarée à Jérusalem. Mais Fes-
tus a refusé, disant : « Si vraiment cet homme a com-
mis quelque chose de mal, que ceux d’entre vous qui
sont chefs descendent avec moi [à Césarée] et l’accu-
sent » (Actes 25:5). Ainsi, Paul a encore une fois
échapp é à la mort.
4Jéhovah, par le Seigneur Jésus Christ, a soutenu
Paul durant tous ses procès. On se souvient que Jésus
avait dit : « Courage ! » à l’ap ôtre dans une vision (Actes
1 Voir l’encadr é « Le procurateur romain Porcius Festus »,
page 388.
3-4. a) Que masquait la demande des Juifs de faire venir Paul à Jéru-
salem, et comment Paul a-t-il échapp é à la mort ? b) En quel sens
Jéhovah soutient-il ses serviteurs d’aujourd’hui comme il a soutenu
Paul ?
« J’EN APPELLE À CÉSAR ! » 387
LE PROCURATEUR ROMAIN
PORCIUS FESTUS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Les seuls renseignements directs que l’on ait sur


Porcius Festus viennent des Actes des ap ôtres et des
écrits de Flavius Josèphe. Festus est devenu procu-
rateur de Judée à la suite de Félix vers 58 de no-
tre ère ; apparemment, il est mort en fonction après
avoir gouverné à peine deux ou trois ans.
Dans l’ensemble, Festus semble avoir été un pro-
curateur avisé et capable, contrairement à son pré-
décesseur, Félix, et à son successeur, Albinus.
Quand il est entré en exercice, la Judée était infes-
tée de bandits. Josèphe raconte qu’il « poursuivit les
principaux auteurs de la ruine du pays ; il prit un
très grand nombre de brigands et en fit p érir beau-
coup » (Guerre des Juifs, dans Œuvres complètes de
Flavius Josèphe, trad. R. Harmand). Durant sa procu-
ratie, les Juifs ont bâti un mur pour emp êcher le roi
Agrippa de regarder ce qui se passait dans le Tem-
ple. Au début, il leur a ordonné de le démolir. Mais,
ensuite, sur leur demande, il les a laissés soumettre
l’affaire à l’empereur Néron.
Apparemment, Festus a été implacable envers les
criminels et les insurgés. Mais, pour rester en bons
termes avec les Juifs, il s’est montré prêt à faire des
entorses à la justice — tout au moins dans ses rap-
ports avec l’ap ôtre Paul.

388 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


23:11). Aujourd’hui aussi, les serviteurs de Dieu rencon-
trent des obstacles et des menaces. Jéhovah ne nous
soustrait pas à toutes les difficultés, mais il nous donne
la sagesse et la force qu’il faut pour endurer. Nous pou-
vons toujours compter sur la « puissance qui dépasse la
normale » que fournit notre Dieu d’amour (2 Cor. 4:7).
5 Quelques jours après, Festus « s’assit au tribunal1 »
à Césarée. Devant lui : Paul et ses accusateurs. Pour ré-
futer les charges infondées, Paul a expliqué : « Je n’ai
commis de p éché ni contre la Loi des Juifs, ni contre le
Temple, ni contre César. » Il était innocent et méritait
qu’on le lib ère. Qu’allait décider Festus ? Voulant se
concilier la faveur des Juifs, il a demandé à Paul :
« Veux-tu monter à Jérusalem pour y être jugé sur ces
choses devant moi ? » (Actes 25:6-9). Quelle proposi-
tion absurde ! Si Paul était renvoyé à Jérusalem, ses ac-
cusateurs deviendraient ses juges et il allait vers une
mort certaine. En la circonstance, Festus a opté pour
l’opportunisme politique plutôt que pour la vraie
justice. Un autre gouverneur avant lui, Ponce Pilate,
1 Le « tribunal » était un siège plac é sur une estrade. La position
surélevée donnait du poids et un caractère irrévocable aux décisions
d’un juge. Pilate s’est assis sur un tribunal pour peser les accusa-
tions portées contre Jésus.
5. Comment Festus a-t-il traité le cas de Paul ?
« J’EN APPELLE À CÉSAR ! » 389
avait agi de même avec un prisonnier encore plus im-
portant (Jean 19:12-16). Aujourd’hui aussi, des juges
c èdent à la pression politique. Ne nous étonnons donc
pas que des tribunaux rendent des décisions arbitrai-
res dans des proc ès touchant des Témoins de Jéhovah.
6 Cette volonté de Festus de c éder aux Juifs risquait
de mettre en danger la vie de Paul. Celui-ci s’est donc
servi d’un droit propre au citoyen romain qu’il était.
« Je me tiens devant le tribunal de César, où je dois être
jugé, a-t-il dit à Festus. Je n’ai fait aucun tort aux Juifs,
ce dont tu te rends très bien compte toi-même. [...] J’en
appelle à César ! » Une fois qu’on avait fait appel, on
ne pouvait en général pas se rétracter. C’est ce que Fes-
tus a souligné en disant : « Tu en as appelé à César, tu
iras devant César » (Actes 25:10-12). En s’en remettant
à une juridiction sup érieure, Paul a cré é un préc édent
pour nous, Témoins de Jéhovah. Quand des adversai-
res tentent de ‘façonner le malheur au nom de la loi’,
nous recourons à des moyens légaux pour défendre la
bonne nouvelle1 (Ps. 94:20).
1 Voir l’encadré « En appel pour défendre le vrai culte de nos
jours », page 392.
6-7. Pourquoi Paul en a-t-il appelé à César, et quel précédent a-t-il ainsi
cré é pour les vrais chrétiens d’aujourd’hui ?
390 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
7 Ainsi, après plus de deux ans de captivité pour des
crimes qu’il n’avait pas commis, Paul a obtenu la pos-
sibilité de présenter sa défense à Rome. Mais, avant
son départ, un autre dirigeant a voulu le voir.
« Je n’ai pas désob éi »
(Actes 25:13 – 26:23)
8 Quelques jours après cet appel à César de Paul de-

vant Festus, le roi Agrippa1 et sa sœur B érénice ren-


daient une « visite de courtoisie » au nouveau gouver-
neur. Au temps des Romains, la coutume voulait que
les officiels rendent ce genre de visite aux gouverneurs
nouvellement nommés. En félicitant Festus pour sa
nomination, Agrippa essayait sûrement de cimenter
des liens politiques et personnels qui pouvaient être
utiles plus tard (Actes 25:13).
9 Festus a parlé de Paul à Agrippa, ce qui a éveillé sa
curiosité. Le lendemain, les deux chefs ont siégé sur le
tribunal. Mais leur pouvoir et leur pompe n’ont nulle-
ment été plus impressionnants que les paroles qu’allait
prononcer le prisonnier plac é devant eux (Actes 25:22-
27).
1 Voir l’encadré « Le roi Hérode Agrippa II », page 394.
8-9. Pourquoi le roi Agrippa est-il venu à Césarée ?
« J’EN APPELLE À CÉSAR ! » 391
EN APPEL POUR DÉFENDRE
LE VRAI CULTE DE NOS JOURS
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Parfois, les Témoins de Jéhovah en appellent à


des juridictions sup érieures dans l’espoir de lever les
obstacles à la prédication de la bonne nouvelle du
Royaume. Voici deux exemples.
Le 28 mars 1938, cassant l’arrêt d’un tribunal fé-
déral, la Cour suprême des États-Unis a disculp é un
groupe de Témoins arrêtés pour avoir distribué des
publications bibliques à Griffin (Géorgie). C’était là
le premier d’une longue série d’appels interjetés de-
vant cette juridiction au sujet du droit des Témoins
de prêcher la bonne nouvelle1.
Autre cas, celui d’un Témoin grec du nom de Mi-
nos Kokkinakis. En 48 ans, ce frère a été arrêté plus
de 60 fois pour « prosélytisme », a été traduit en jus-
tice 18 fois, a passé des années en prison et en exil
sur des îles perdues de la mer Égée. Après sa dernière
condamnation en 1986, il a perdu en appel devant les
juridictions sup érieures de Grèce. Il a donc recher-
ché de l’aide par le moyen de la Cour europ éenne
des droits de l’homme (CEDH). Le 25 mai 1993, cette
cour a déclaré que la Grèce avait violé la liberté de
religion de frère Kokkinakis.
1 Voir le récit de la décision rendue par la Cour suprême amé-
ricaine sur la liberté d’expression, publié dans Réveillez-vous ! du
8 janvier 2003, pages 3-11.

392 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


Les Témoins ont sollicité l’arbitrage de la CEDH
dans des dizaines de procès, qu’ils ont presque tou-
jours gagnés. Aucune autre organisation, religieuse
ou non, n’a autant réussi à défendre les droits hu-
mains fondamentaux devant la CEDH.
Les victoires légales des Témoins de Jéhovah profi-
tent-elles à d’autres ? Voici l’avis du théologien Char-
les Haynes : « Nous avons tous une dette envers les
Témoins de Jéhovah. Quel que soit le nombre de fois
où ils sont insultés, expulsés d’une commune, voire
agressés, ils continuent de se battre pour leur liberté
de culte, et donc pour la nôtre. Et quand ils gagnent,
nous gagnons tous. »

10 Paul a respectueusement remercié le roi de lui don-


ner l’occasion de se défendre devant lui, en relevant
qu’il le savait bien renseigné sur toutes les coutumes
ainsi que les controverses des Juifs. Puis il a évoqué
son propre passé : « J’ai vécu en pharisien, respectant
les enseignements de la branche la plus stricte de notre
religion » (Actes 26:5). Quand il était pharisien, Paul
avait esp éré en la venue du Messie. Maintenant qu’il
était chrétien, il disait hardiment que Jésus Christ était
10-11. Comment Paul a-t-il montré du respect à Agrippa, et quels dé-
tails de son propre passé lui a-t-il révélés ?
« J’EN APPELLE À CÉSAR ! » 393
LE ROI HÉRODE AGRIPPA II
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

L’Agrippa d’Actes chapitre 25 était le roi Hérode


Agrippa II, arrière-petit-fils d’Hérode le Grand et
fils de l’Hérode qui avait persécuté l’assemblée de
Jérusalem 14 ans avant (Actes 12:1). Il fut le dernier
des princes hérodiens.
À la mort de son p ère en 44 de notre ère, Agrippa,
âgé de 17 ans, se trouvait à Rome, où il recevait une
instruction à la cour de l’empereur romain Claude.
Les conseillers imp ériaux le jugeant trop jeune pour
hériter du royaume de son p ère, on nomma un gou-
verneur romain à sa place. Cependant, selon Fla-
vius Josèphe, tout le temps qu’il est resté à Rome,
Agrippa est intervenu en faveur des Juifs et a repré-
senté leurs intérêts.
Vers 50, Claude lui donna la royauté sur Chalcis
et, en 53, sur l’Iturée, la Trachonitide et l’Abilène. Il
lui a confié aussi la surveillance du temple de Jéru-
salem, avec le droit d’établir les grands-prêtres juifs.
Le successeur de Claude, Néron, ajouta à son terri-
toire des parties de la Galilée et de la Pérée. À l’épo-
que où il a rencontré Paul, Agrippa était à Césa-
rée avec sa sœur B érénice, qui venait de quitter son
mari, le roi de Cilicie (Actes 25:13).
En 66, n’ayant pas réussi à mater la rébellion des
Juifs contre Rome, Agrippa lui-même devint la cible

394 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


des rebelles et n’eut pas d’autre choix que de se ral-
lier aux Romains. Une fois la révolte juive écrasée,
un nouvel empereur, Vespasien, donna à Agrippa
encore d’autres territoires en récompense.

ce Sauveur tant attendu. La raison pour laquelle on le


jugeait ce jour-là était une croyance que ses accusa-
teurs et lui avaient en commun : l’esp érance de voir
s’accomplir la promesse de Dieu à leurs anc êtres. Ce
fait a donné à Agrippa encore plus envie d’entendre les
explications de Paul1.
11 « Pour ma part », a poursuivi Paul, rappelant qu’il
avait traité horriblement les chrétiens, « j’étais per-
suadé que je devais m’opposer par tous les moyens au
nom de Jésus le Nazaréen ; [...] j’étais tellement furieux
contre [les disciples de Christ] que j’allais jusqu’à les
persécuter dans d’autres villes » (Actes 26:9-11). Il
n’exagérait pas en disant cela. Beaucoup savaient quel-
les violences il avait infligées aux chrétiens (Gal. 1:13,
23). « Qu’est-ce qui a pu changer un tel homme ? »,
s’est peut-être demandé Agrippa.
1 Paul étant chrétien, il acceptait Jésus comme le Messie. Les Juifs
le considéraient donc comme un apostat, puisqu’eux-mêmes reje-
taient Jésus (Actes 21:21, 27, 28).
« J’EN APPELLE À CÉSAR ! » 395
12 La réponse, Paul l’a donnée ensuite : « Alors que je
me rendais à Damas dans ce but, les prêtres en chef
m’en ayant donné le pouvoir et confié la mission, j’ai
vu à midi1 sur la route, ô roi, une lumière venant du
ciel, plus brillante que le soleil, resplendir autour de
moi et de ceux qui m’accompagnaient. Alors que nous
étions tous tomb és par terre, j’ai entendu une voix qui
me disait en langue hébraïque : “Saul, Saul, pourquoi
me persécutes-tu ? Tu te fais du mal à toujours lancer
des ruades contre les aiguillons.” J’ai demandé : “Qui
es-tu, Seigneur ?” Et le Seigneur a répondu : “Je suis
Jésus, que tu persécutes” » (Actes 26:12-15).
13 Avant l’intervention surnaturelle de Jésus, Paul
avait, au sens figuré, ‘lanc é des ruades contre les aiguil-
lons’. Comme une b ête de somme qui se serait blessée
inutilement en ruant contre la pointe d’un aiguillon, il
s’était blessé, spirituellement parlant, en résistant à la
volonté de Dieu. En apparaissant sur la route de Da-
mas à cet homme sinc ère, mais manifestement four-
1 Au sujet du moment où Paul était sur la route, « à midi », un bi-
bliste commente : « À moins d’être vraiment terriblement pressé, le
voyageur se reposait durant la canicule de la mi-journée. On voit
donc combien Paul se démenait dans cette mission de persécution. »
12-13. a) Qu’a raconté Paul de sa conversion ? b) En quel sens Paul
avait-il ‘lancé des ruades contre les aiguillons’ ?
396 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
voyé, Jésus ressuscité l’avait fait changer d’attitude
(Jean 16:1, 2).
14 En effet, Paul avait radicalement changé. « Je n’ai
pas désob éi à cette vision c éleste, a-t-il expliqué à
Agrippa ; mais aux habitants de Damas d’abord, puis
à ceux de Jérusalem, et dans toute la Judée, et aussi à
ceux des nations, j’apportais ce message : ils devaient
se repentir et se tourner vers Dieu en faisant des actes
qui conviennent au repentir » (Actes 26:19, 20). Cela
faisait maintenant des années qu’il s’acquittait de la
mission que Jésus Christ lui avait confiée un midi dans
une vision. Avec quels résultats ? Ceux qui accueil-
laient bien la bonne nouvelle qu’il prêchait se repen-
taient de leur conduite immorale et malhonnête et ve-
naient à Dieu. Ils devenaient de bons citoyens, qui
favorisaient et pratiquaient le respect de la loi et de
l’ordre.
15 Mais ces bienfaits n’étaient rien pour les adversai-
res juifs de Paul. « C’est pour cette raison que les Juifs
se sont saisis de moi dans le Temple et ont tenté de me
tuer, a précisé Paul. Cependant, comme j’ai b énéficié
14-15. Qu’a expliqué Paul au sujet des changements qu’il avait op érés
dans sa vie ?
« J’EN APPELLE À CÉSAR ! » 397
du secours qui vient de Dieu, je continue aujourd’hui
encore à rendre témoignage devant petits et grands »
(Actes 26:21, 22).
16 Les vrais chrétiens doivent être « toujours prêts à
présenter une défense » de leur foi (1 Pierre 3:15). Si
nous parlons de nos croyances à des juges et à des di-
rigeants, il peut être utile de suivre la méthode de Paul
devant Agrippa et Festus. En racontant respectueuse-
ment à ces hauts personnages les heureux change-
ments que les vérités bibliques ont produits — chez
nous ou chez les personnes qui accueillent bien notre
message —, peut-être toucherons-nous leur cœur.
« Tu me persuaderais de devenir chrétien »
(Actes 26:24-32)
17 Les deux chefs n’ont pas pu rester insensibles de-

vant le témoignage persuasif de Paul. Voyons la suite :


« Tandis que Paul disait ces choses pour sa défense,
Festus s’écria : “Tu deviens fou, Paul ! Le grand savoir
te fait perdre la tête !” » (Actes 26:24). Cette exclama-
tion trahissait peut-être une attitude que l’on rencon-
16. Comment imiter Paul si nous parlons de nos croyances à des juges
et à des dirigeants ?
17. Comment Festus a-t-il réagi à la plaidoirie de Paul, et quelle atti-
tude semblable rencontre-t-on aujourd’hui ?
398 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
tre encore aujourd’hui. Beaucoup considèrent comme
des fanatiques ceux qui enseignent ce que dit vraiment
la Bible. Souvent, les « intelligents » selon le monde ac-
ceptent difficilement l’enseignement biblique de la
résurrection.
18Paul a rétorqué au gouverneur : « Je ne deviens pas
fou, très excellent Festus ; ce que je dis est vrai et
sensé. Une chose est sûre : le roi à qui je parle aussi li-
brement est bien au courant de toutes ces ques-
tions [...]. Crois-tu les Prophètes, roi Agrippa ? Je sais
que tu crois. » Réaction d’Agrippa : « En peu de temps
tu me persuaderais de devenir chrétien » (Actes 26:25-
28). Sinc ères ou non, ces paroles montrent que le té-
moignage de Paul lui avait fait un grand effet.
19Puis Agrippa et Festus se sont levés, signalant que
l’audience était close. « En partant, ils se disaient entre
eux : “Cet homme ne fait rien qui mérite la mort ou la
prison.” Agrippa dit à Festus : “Cet homme aurait
pu être relâché, s’il n’en avait pas appelé à Cé-
sar” » (Actes 26:31, 32). Les deux hommes savaient
qu’ils avaient eu affaire à un innocent. Peut-être que
18. Qu’a répondu Paul à Festus, et quelle a été ensuite la réaction
d’Agrippa ?
19. Quelle décision Festus et Agrippa ont-ils prise au sujet de Paul ?
« J’EN APPELLE À CÉSAR ! » 399
maintenant ils auraient plus de considération pour les
chrétiens.
20 Il semble qu’aucun des chefs puissants de ce récit
n’ait accepté la bonne nouvelle du royaume de Dieu.
Avait-il été judicieux que l’ap ôtre Paul comparaisse de-
vant eux ? La réponse est oui. En étant ‘amené devant
des rois et des gouverneurs’ en Judée, il a pu donner un
témoignage jusqu’à des sphères du gouvernement ro-
main qui étaient peut-être inaccessibles (Luc 21:12,
13). De plus, ses faits et gestes et sa fidélité dans
l’épreuve ont encouragé ses frères et sœurs spirituels
(Phil. 1:12-14).
21 On peut en dire de même aujourd’hui. Notre persé-
vérance dans l’œuvre du Royaume malgré les épreuves
et l’opposition a peut-être quantité d’heureuses consé-
quences. Ainsi, nous donnons le témoignage à des of-
ficiels difficiles à joindre en temps normal. Ou bien no-
tre endurance fidèle encourage nos frères et sœurs
chrétiens et les pousse à rendre témoignage au sujet du
royaume de Dieu avec encore plus de hardiesse.
20. Quels résultats le témoignage de Paul devant des hauts personnages
a-t-il produits ?
21. En persévérant dans l’œuvre du Royaume, quelles heureuses consé-
quences observons-nous peut-être ?
400 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
CHAPITRE 26
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Aucun d’entre vous ne perdra la vie »


Paul, naufragé, montre une grande foi
et un bel amour du prochain
Actes 27:1 – 28:10

PAUL tourne et retourne les phrases dans sa tête, car


elles seront décisives pour son avenir. « Tu iras devant
César », a dit le gouverneur Festus. Paul croupit en pri-
son depuis deux ans ; donc, la longue traversée vers
Rome va au moins lui offrir un changement de décor
(Actes 25:12). Cependant, ses nombreux et vifs souve-
nirs de trajets en mer ne sont pas sp écialement ceux de
brises revigorantes ou d’horizons dégagés. Et la pers-
pective de ce voyage qui l’amènera devant César sou-
lève peut-être en lui plusieurs questions sérieuses.
Paul a connu bien des fois des ‘dangers en mer’ ; il
2

a survécu à trois naufrages et a même passé une nuit et


un jour en pleine mer (2 Cor. 11:25, 26). Il sait aussi que
ce p ériple sera très différent de ses voyages mis-
sionnaires d’homme libre. Il sera un prisonnier à
bord, et la route sera terriblement longue — environ
1-2. À quel genre de voyage Paul s’apprêtait-il, et de quoi s’inquiétait-il
peut-être ?
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 401
3 000 kilomètres de Césarée à Rome. Arrivera-t-il sain
et sauf ? Même en admettant que oui, ne vogue-t-il pas
vers son propre malheur ? N’oublions pas qu’il va être
jugé par l’autorité séculière la plus puissante du monde
de Satan pour l’époque.
3 Après tout ce que tu as lu sur Paul, crois-tu qu’il ait
c édé au désespoir à l’idée de ce qui l’attendait ? Non,
n’est-ce pas ? Il savait que des épreuves le guettaient,
mais il ignorait quelle forme elles prendraient. Pour-
quoi aurait-il étouffé la joie que lui donnait son minis-
tère sous une chape d’inquiétude à propos de choses
qu’il ne maîtrisait pas ? (Mat. 6:27, 34). Il savait que Jé-
hovah voulait le voir saisir toute occasion de prêcher la
bonne nouvelle du Royaume, même à des chefs non re-
ligieux (Actes 9:15). Il était déterminé à s’acquitter de
sa mission, quoi qu’il advienne. N’est-ce pas aussi no-
tre détermination ? Alors suivons l’ap ôtre dans ce
voyage historique, en tirant le çon de son exemple.
« Des vents contraires » (Actes 27:1-7a)
4 Paul et d’autres prisonniers ont été confiés à un of-

3. Quelle était la détermination de Paul, et qu’allons-nous voir dans ce


chapitre ?
4. Sur quel genre de bateau Paul a-t-il fait la première partie de son
voyage, et qui l’accompagnait ?
402 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ficier romain nommé Julius, qui a décidé d’embarquer
sur un navire marchand arrivé à Césarée. Ce bateau ve-
nait d’Adramytium, port de la c ôte ouest de l’Asie Mi-
neure, en face de la ville de Mytilène, sur l’île de Les-
bos. Il prendrait la direction du nord, puis de l’ouest,
en faisant des escales pour débarquer et embarquer des
marchandises. Ce genre de transporteur n’était pas
équip é pour le confort de passagers, surtout pas de pri-
sonniers (voir l’encadré « Voyager sur un navire mar-
chand », page 404). Heureusement, Paul ne serait pas le
seul chrétien parmi des criminels. Au moins deux au-
tres chrétiens l’accompagnaient : Aristarque et Luc.
C’est bien sûr Luc qui a rédigé le récit de la traversée.
On ignore si ces deux compagnons fidèles ont payé leur
voyage ou s’ils ont embarqué au titre de serviteurs de
Paul (Actes 27:1, 2).
5Au bout d’un jour de mer, 100 kilomètres plus au
nord, le bateau s’est arrêté à Sidon, sur la c ôte syrienne.
Apparemment, Julius ne traitait pas Paul en criminel
ordinaire, peut-être parce que c’était un citoyen romain
dont la culpabilité n’était pas prouvée (Actes 22:27, 28 ;
26:31, 32). Il l’a donc laissé descendre à terre pour y
5. De quelle compagnie Paul a-t-il pu b énéficier à Sidon, et quelle est
la le çon à retenir ?
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 403
VOYAGER SUR UN NAVIRE MARCHAND
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Jadis, les bateaux servaient principalement à trans-


porter des marchandises et pas à accueillir des pas-
sagers. Pour emprunter ce mode de locomotion, il
fallait descendre dans un port, chercher un navire
marchand qui s’apprêtait à appareiller dans la direc-
tion désirée, débattre le prix du passage, puis atten-
dre le départ du bateau.
La Méditerranée était sillonnée par des milliers de
bateaux qui acheminaient denrées et autres marchan-
dises. Les voyageurs qui obtenaient une place sur ces
bateaux dormaient sur le pont, éventuellement sous
une tente de fortune qu’ils montaient le soir et dé-
montaient le matin. Ils devaient emporter tout ce
qu’il leur fallait pour le voyage, dont la nourriture et
le couchage.
La durée des traversées dépendait entièrement des
vents. Le climat étant hostile en hiver, en général on
considérait la navigation fermée de mi-novembre à
mi-mars.

retrouver des chrétiens. Comme les frères et sœurs ont


dû être heureux de prendre soin de l’ap ôtre après sa lon-
gue incarc ération ! Vois-tu des occasions où tu pourrais
offrir une hospitalité semblable et être encouragé en
retour ? (Actes 27:3).
404 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
6 Après Sidon, le bateau a continué de remonter la
c ôte et a bifurqué au large de la Cilicie, non loin de
Tarse, la ville natale de Paul. S’il ne mentionne pas d’au-
tres haltes, Luc donne par contre le sinistre détail se-
lon lequel ils ont rencontré « des vents contraires ».
(Actes 27:4, 5). Mais on imagine bien Paul saisissant
toute occasion de communiquer la bonne nouvelle. Il a
sûrement prêché à ses codétenus et à d’autres hommes
à bord, équipage et soldats inclus, ainsi qu’aux gens ren-
contrés dans les ports où le bateau mouillait. Et nous,
employons-nous bien les occasions de prêcher qui s’of-
frent à nous ?
7 Le navire a fini par atteindre le port de Myre, sur la
c ôte sud de l’Asie Mineure. Là, Paul et les autres ont
dû passer sur un vaisseau en partance pour Rome,
leur destination ultime (Actes 27:6). En ce temps-là,
l’Égypte était le grenier de Rome, et les c éréaliers égyp-
tiens s’arrêtaient à Myre. C’est un tel bateau que Julius
a trouvé pour y transborder soldats et prisonniers. Il
était certainement plus grand que le préc édent, puis-
qu’il emportait un précieux chargement de blé et
276 personnes : l’équipage, les soldats, les prisonniers
6-8. Entre Sidon et Cnide, par où Paul est-il passé, et quelles occasions
de prêcher a-t-il certainement saisies ?
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 405
et peut-être d’autres passagers en route pour Rome. À
l’évidence, ce changement d’embarcation a agrandi le
territoire de prédication de Paul, et on suppose qu’il en
a profité.
8 L’arrêt suivant était Cnide, à l’angle sud-ouest de
l’Asie Mineure. Avec des vents favorables, la distance se
franchissait en un jour environ. Mais Luc raconte qu’ils
ont « avanc é lentement pendant un bon nombre de
jours » et sont « arrivés avec peine à la hauteur de
Cnide » (Actes 27:7a). Le temps s’était gâté (voir
l’encadré « Les vents contraires en Méditerranée »,
page 408). Quel mauvais moment cela a dû être pour les
hommes malmenés par les rafales et les paquets de
mer !
« Violemment secoué par la temp ête » (Actes 27:7b-26)
9 Pass é Cnide, le capitaine voulait continuer vers

l’ouest, mais ‘le vent les emp êchait de progresser’, ra-


conte Luc, témoin oculaire (Actes 27:7b). En s’éloi-
gnant du continent, le bateau a perdu le courant litto-
ral, et ensuite un fort vent contraire du nord-ouest
l’a poussé vers le sud, sans doute à grande vitesse.
Tout comme Chypre avait un jour protégé de vents
9-10. Quelles difficultés ont surgi au voisinage de la Crète ?
406 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
contraires le c ôtier qui transportait Paul, cette fois c’est
la Crète qui a fait rempart dès que le bateau a franchi
sa pointe est, au promontoire de Salmoné, et la situa-
tion s’est un peu améliorée. En effet, le navire se trou-
vait sous le vent de l’île, c’est-à-dire au sud de l’île, et
donc quelque peu abrité des bourrasques. On imagine
le soulagement à bord — quoique de courte durée !
Mais tant que le bateau était en mer, l’équipage ne pou-
vait négliger le fait que l’hiver approchait. Il avait de
quoi s’inquiéter.
10 Précis, Luc raconte : « Longeant la c ôte [de la Crète]
avec difficulté, nous sommes arrivés à un endroit appelé
Beaux-Ports. » Même à l’abri d’une terre, le bateau était
difficile à maîtriser. Toutefois, les hommes ont enfin
trouvé un ancrage dans une petite anse, qu’on situe
juste avant l’endroit où la c ôte se redresse vers le nord.
Combien de temps y sont-ils restés ? Luc parle d’ « un
temps considérable », mais cela ne jouait pas en leur fa-
veur. En septembre-octobre, la navigation était plus p é-
rilleuse (Actes 27:8, 9).
11 Il se peut que des passagers aient demandé conseil
à Paul, compte tenu de son exp érience des voyages en
11. Quel conseil Paul a-t-il donné, mais quelle décision a été prise ?
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 407
LES VENTS CONTRAIRES
EN M ÉDITERRANÉE
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Le vent et la saison déterminaient largement où et


quand les navires marchands traversaient la Médi-
terranée, la « Grande Mer ». Dans sa partie orien-
tale, le vent soufflait en général de l’ouest en été.
Cela facilitait la navigation vers l’est, comme Paul
l’a constaté au retour de son troisième voyage mis-
sionnaire. Partis de Milet, ses compagnons et lui
avaient doublé Rhodes, puis leur bateau avait ac-
costé à Patara. De là, ils avaient vogué presque
tout droit jusqu’à Tyr, sur la c ôte phénicienne.
Luc raconte qu’ils ont laissé Chypre sur leur gau-
che, donc qu’ils sont passés au sud de l’île (Actes
21:1-3).
Qu’en était-il de la navigation dans l’autre sens,
vers l’ouest ? Les bateaux suivaient des itinéraires
semblables si le vent le permettait. Mais, parfois,
c’était quasi impossible. « En hiver, dit une encyclo-
p édie, l’atmosphère est beaucoup moins stable, et
de puissants cyclones orientés vers l’est franchissent
la Méditerranée accompagnés de vents forts, quel-
quefois violents, et souvent de pluies torrentielles
ou même de neige » (The International Standard Bi-
ble Encyclopedia). Dans de telles conditions, les p é-
rils étaient grands.

408 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


Quant à la navigation vers le nord, presque en
toute saison, les bateaux c ôtiers pouvaient remon-
ter le long de la Palestine, puis prendre vers l’ouest
le long de la Pamphylie. Sur ce dernier tronçon,
ils b énéficiaient de brises continentales et de cou-
rants favorables. Ce fut le cas du navire sur lequel
Paul, prisonnier, fit la première étape de son voyage
vers Rome. Cela dit, les vents pouvaient devenir
« contraires » (Actes 27:4). Le c éréalier très présent
dans le récit de Luc était peut-être remonté d’Égypte
pour ensuite bifurquer dans la zone abritée entre
Chypre et l’Asie Mineure. À partir de Myre, le capi-
taine avait l’intention de continuer vers l’ouest, de
doubler la pointe de la Grèce et, enfin, de remonter
la c ôte ouest de l’Italie (Actes 27:5, 6). Mais le vent
et la saison en décideraient autrement !

Méditerranée. Il a expliqué qu’il valait mieux ne pas re-


partir, sans quoi il y aurait des ‘dommages et beaucoup
de pertes’, peut-être même en vies humaines. Cepen-
dant, sans doute pressés de se mettre en lieu sûr, le pi-
lote et le propriétaire du navire ont voulu continuer. Ils
ont convaincu Julius, et la majorité a estimé qu’il fal-
lait tenter d’atteindre Phénix, dont le port était proba-
blement plus grand et plus commode pour y passer
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 409
l’hiver. Aussi, dès qu’une brise du sud trompeusement
légère s’est levée, le bateau a démarré (Actes 27:10-
13).
12 Mais un autre problème est apparu : un « vent vio-
lent » du nord-est. Pendant un temps, le navire s’est mis
à couvert derrière une « petite île appelée Cauda »,
à 65 kilomètres de Beaux-Ports. Seulement, il risquait
d’être entraîné vers le sud et d’aller se fracasser sur des
bancs de sable de la c ôte africaine. Affolés à cette idée,
les marins ont hissé à bord le canot en remorque, à
grand-peine parce qu’il devait être plein d’eau. Puis ils
ont p éniblement ceinturé le navire en passant des cor-
des ou des chaînes par-dessous afin d’en tenir les plan-
ches assemblées. Ils ont aussi fait descendre le grée-
ment avec la grand-voile, et ils se sont éreintés à
maintenir le bateau face au vent pour sortir de la tem-
p ête. Quelles heures terribles ils ont dû vivre ! Mais rien
n’y a fait, car le bateau ne cessait d’être « violem-
ment secoué par la temp ête ». Le troisième jour,
sûrement pour maintenir le bateau à flot, ils ont
jeté tout l’équipement par-dessus bord (Actes 27:14-
19).
12. Quels p érils le bateau a-t-il rencontrés après avoir quitté la Crète,
et qu’a fait l’équipage pour éviter la catastrophe ?
410 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
13 Beaucoup devaient être terrifiés. Mais Paul et ses
compagnons avaient bon courage. « Le Seigneur » avait
assuré à Paul qu’il rendrait témoignage à Rome, et un
ange avait confirmé cette promesse (Actes 19:21 ;
23:11). Or, la temp ête a fait rage pendant deux semai-
nes sans discontinuer. Le rideau de pluie et l’épais pla-
fond nuageux qui masquaient le soleil et les étoiles em-
p êchaient le pilote de se rep érer pour estimer la
position ou la direction de son bâtiment. Même un re-
pas normal aurait été hors de question. Tenaillé par le
froid, la pluie, le mal de mer et la peur, qui aurait songé
à manger ?
14 Paul s’est levé. Il a rappelé sa préc édente mise en
garde, non avec l’air de dire : « Je vous l’avais bien dit »,
mais parce que les évènements prouvaient qu’il valait
la peine de l’écouter. « Maintenant, a-t-il poursuivi, je
vous recommande de ne pas vous décourager, car au-
cun d’entre vous ne perdra la vie ; seul le bateau sera
perdu » (Actes 27:21, 22). Comme cela a dû rassurer
tout le monde ! Quant à Paul, il était certainement
13. Quelle devait être la situation sur le bateau pendant la temp ête ?
14-15. a) Pourquoi Paul a-t-il rappelé sa mise en garde précédente ?
b) Quelle le çon tirons-nous du message d’espoir transmis par Paul ?
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 411
enchanté que Jéhovah lui donne à transmettre ce mes-
sage d’espoir. Il est important de se souvenir que Jého-
vah se soucie de chaque vie humaine. Chaque individu
compte pour lui. « Jéhovah [...] ne veut pas que même
un seul soit détruit, a écrit l’ap ôtre Pierre, mais il veut
que tous parviennent au repentir » (2 Pierre 3:9). Qu’il
est donc urgent de s’employer à transmettre le message
d’espoir de Jéhovah au plus de monde possible ! Des
vies précieuses sont en jeu.
15 Paul avait sans doute prêché à un maximum de per-
sonnes sur le bateau, leur parlant de son ‘esp érance en
la promesse que Dieu avait faite’ (Actes 26:6 ; Col. 1:5).
Pour l’heure, devant la probabilité d’un naufrage, il a pu
donner des raisons solides d’un espoir plus immédiat.
« Cette nuit, a-t-il expliqué, un ange du Dieu à qui j’ap-
partiens et à qui j’offre un service sacré s’est tenu près
de moi et m’a dit : “N’aie pas peur, Paul. Il faut que tu
comparaisses devant César, et vois, Dieu t’a accordé la
vie de tous ceux qui naviguent avec toi.” » Puis il a
lanc é : « Alors, hommes, courage ! Car je crois Dieu :
tout se passera exactement comme il m’a été dit. Cepen-
dant, nous devons échouer sur une île » (Actes 27:23-
26).
412 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
« Tous sont arrivés à terre sains et saufs »
(Actes 27:27-44)
16 Au bout de deux effroyables semaines de dérive sur

presque 900 kilomètres, les marins ont perçu un chan-


gement, peut-être un bruit de vagues sur des brisants.
Ils ont jeté les ancres de poupe pour stopper la dérive
et pour orienter la proue vers la terre au cas où ils pour-
raient échouer le bateau. Sur ce, ils ont tenté de s’en-
fuir, mais les soldats les en ont emp êchés, car Paul leur
disait, à eux et à l’officier : « Si ces hommes ne restent
pas sur le bateau, vous ne pourrez pas être sauvés. »
Maintenant qu’ils étaient moins ballottés, Paul a re-
commandé à tous de prendre un repas, en certifiant que
personne n’allait mourir. Puis il a « remercié Dieu de-
vant tous » (Actes 27:31, 35). En prononçant ces remer-
ciements, il a donné l’exemple à Luc, à Aristarque, mais
aussi à nous. Nos prières publiques sont-elles encoura-
geantes et consolantes ?
17Après la prière de Paul, « tous ont repris courage et
se sont mis à manger eux aussi » (Actes 27:36). Ils ont
encore allégé le navire en le délestant de sa cargaison
de blé, pour réduire son tirant d’eau à l’approche du
16-17. a) Quelle occasion de prier Paul a-t-il saisie ? b) Comment l’aver-
tissement de Paul s’est-il vérifié ?
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 413
rivage. Au lever du jour, l’équipage a coup é le c âble des
ancres, lib éré les rames servant de gouvernail à la
poupe, et hissé une petite voile de misaine pour
manœuvrer au mieux le bateau dans l’intention de
l’échouer. L’avant s’est alors enlisé brusquement, dans
un banc de sable ou dans la vase, et la poupe s’est dis-
loquée sous les coups de boutoir des vagues. De peur
qu’ils ne s’échappent, des soldats ont voulu tuer les pri-
sonniers, mais Julius s’est interposé. Il a ordonné à tout
le monde de rejoindre la rive à la nage ou accroché à des
débris. Paul avait dit vrai : les 276 personnes embar-
quées ont survécu. En effet, « tous sont arrivés à terre
sains et saufs ». Mais quelle terre ? (Actes 27:44).
« Une bonté remarquable » (Actes 28:1-10)
18 En fait, les naufragés se trouvaient sur l’île de Malte,

au sud de la Sicile (voir l’encadré « Où situer “Malte” ? »,


page 415). Les habitants, de langue étrangère, leur ont
« témoigné une bonté remarquable » (Actes 28:2). Pour
ces inconnus arrivés sur leur côte tremp és et grelottants,
ils ont fait un feu, qui les a réchauffés malgré le froid et
la pluie, mais qui a aussi donné lieu à un miracle.
18-20. De quelle « bonté remarquable » les Maltais ont-ils fait preuve,
et quel miracle Dieu a-t-il accompli par Paul ?
414 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
OÙ SITUER « MALTE » ?
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Il a parfois été suggéré plusieurs îles pour la


« Malte » où Paul fit naufrage. Une hypothèse a
désigné une île voisine de Corfou, près de la c ôte
ouest de la Grèce. Une autre s’appuie sur le mot
grec rendu par « Malte » dans les Actes : Mélitê.
D’où le fait que certains ont proposé Melitê Illy-
rica, aujourd’hui Mljet, île située au large de la
Croatie, dans l’Adriatique.
Il est vrai qu’Actes 27:27 mentionne la « mer
d’Adria ». Cependant, au temps de Paul, le nom
Adria signifiait bien plus que l’Adriatique ac-
tuelle. Il englobait la mer Ionienne ainsi que les
eaux à l’est de la Sicile et à l’ouest de la Crète,
ce qui comprenait la mer qui bordait la Malte
actuelle.
Le bateau qui transportait Paul a été poussé
vers le sud depuis Cnide jusqu’au sud de la Crète.
Compte tenu des vents dominants de la temp ête,
il est fort peu plausible qu’il ait ensuite viré et re-
monté vers le nord aussi loin que Mljet ou le voi-
sinage de Corfou. Il faut donc plus vraisemblable-
ment situer « Malte » vers l’ouest. Cela fait de l’île
de Malte, au sud de la Sicile, le lieu probable du
naufrage de Paul.

« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 415


19 Pour se rendre utile, Paul a ramassé du bois qu’il a
mis sur le feu. Soudain, une vip ère a surgi et l’a mordu
en s’accrochant à sa main. En voyant la sc ène, les Mal-
tais1 ont pensé que c’étaient les dieux qui le punis-
saient.
20 Les insulaires qui ont vu que Paul avait été mordu
ont cru qu’il allait « enfler ». Ici, selon un ouvrage de
référence, le mot original est « un terme médical ».
C’est normal qu’une telle expression soit venue sponta-
nément à l’esprit de « Luc, le médecin bien-aimé » (Ac-
tes 28:6 ; Col. 4:14). Toujours est-il que Paul s’est débar-
rassé de la b ête venimeuse d’une secousse de la main et
s’en est sorti indemne.
21 Publius, riche propriétaire terrien, vivait dans les
parages. C’était peut-être l’officier romain le plus en vue
à Malte. Luc l’appelle le « principal personnage de
l’île », employant exactement le titre qu’on a retrouvé
sur deux inscriptions maltaises. Il a offert l’hospitalité à
1 Si ces serpents étaient connus des Maltais, c’est qu’on en trouvait
sur leur île à l’époque. Il n’y en a plus aujourd’hui, peut-être parce
que l’habitat a changé au fil des siècles, ou parce que l’augmentation
de la population humaine a éradiqué les vip ères.
21. a) Quels exemples montrent l’exactitude de la narration de Luc ?
b) Quels miracles Paul a-t-il op érés, et quel effet ont-ils eu sur les Mal-
tais ?
416 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Paul et à ses compagnons pendant trois jours. Or, le
p ère de Publius était malade. Là encore, Luc explique
son état avec exactitude. Précisant la nature médicale
de la maladie, il écrit que l’homme « souffrait de dysen-
terie ; il était alité, avec de la fièvre ». Paul a donc prié
et posé les mains sur le vieil homme, qui a guéri. Très
impressionnés par ce miracle, les Maltais lui ont amené
d’autres malades pour qu’il les guérisse, et ils ont com-
blé Paul et ses compagnons de cadeaux et de choses né-
cessaires pour leur voyage (Actes 28:7-10).
22 La partie du voyage de Paul considérée jusqu’ici a
l’accent de la précision et de la vérité. Un professeur a
dit : « Le récit de Luc [...] se distingue comme l’un des
textes descriptifs les plus colorés de toute la Bible. Ses
détails sur la navigation au 1er siècle sont si précis et son
portrait des conditions de vie en Méditerranée orien-
tale si exact » qu’ils doivent s’être appuyés sur un jour-
nal écrit. Il est très possible que Luc ait pris des notes
pendant le voyage. Dans ce cas, l’étape suivante lui
a donné amplement matière à noter aussi. Qu’ad-
viendrait-il de Paul à son arrivée à Rome ? Voyons
cela.
22. a) Quel éloge un professeur a-t-il fait de la narration du voyage à
Rome ? b) Que verrons-nous dans le chapitre suivant ?
« AUCUN D’ENTRE VOUS NE PERDRA LA VIE » 417
CHAPITRE 27
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Rendant pleinement témoignage »


En captivité à Rome, Paul continue de pr êcher
Actes 28:11-31

LA Méditerranée, vers 59 de notre ère. Parti de Malte,


un vaisseau ayant les « fils de Zeus » comme figure de
proue, probablement un gros céréalier, vogue vers l’Ita-
lie. L’ap ôtre Paul, prisonnier sous escorte, et deux au-
tres chrétiens, Luc et Aristarque, sont à bord (Actes
27:2). Contrairement à l’équipage, ces évangélisateurs
n’invoquent pas la protection des fils du dieu grec Zeus,
les jumeaux Castor et Pollux (voir la note d’étude sur
Actes 28:11). Eux servent Jéhovah, qui a fait savoir que
Paul rendrait témoignage à la vérité à Rome et se pré-
senterait devant César (Actes 23:11 ; 27:24).
2 Trois jours après être entré en rade de Syracuse,
belle ville sicilienne qui rivalise avec Athènes et Rome,
le bateau file vers Rhegium, à la pointe de la botte ita-
lienne. Ensuite, aidé par un vent du sud, il franchit en
1. Quelle confiance Paul et ses compagnons avaient-ils, et pourquoi ?
2-3. Quel a été le trajet du bateau qui transportait Paul, et qui soute-
nait Paul depuis le début ?
418 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
un temps optimum les 175 milles nautiques qui le sé-
parent du port de Puteoli (non loin de la future Na-
ples), et il arrive en deux jours (Actes 28:12, 13).
3 Paul en est à la dernière étape de son voyage vers
Rome, où il va comparaître devant l’empereur Néron.
Du début à la fin, le « Dieu de toute consolation » a
été avec lui (2 Cor. 1:3). Comme on le verra, ce sou-
tien ne diminue pas, pas plus que Paul ne perd son zèle
missionnaire.
« Paul a remercié Dieu et a pris courage »
(Actes 28:14, 15)
4 À Puteoli, Paul et ses compagnons ont ‘trouvé des

frères qui ont insisté pour qu’ils restent avec eux sept
jours’ (Actes 28:14). Quel magnifique exemple d’hos-
pitalité chrétienne ! Ces frères accueillants ont sûre-
ment été mille fois récompensés par l’encouragement
spirituel qu’ils ont re çu de Paul et des autres. Mais
pourquoi Paul avait-il autant de liberté alors qu’il était
prisonnier sous surveillance ? Sans doute avait-il
totalement gagné la confiance de ses gardes romains.
4-5. a) Quel accueil Paul et ses compagnons ont-ils re çu à Puteoli, et
pourquoi Paul avait-il autant de liberté ? b) Comment, même en prison,
les chrétiens sont-ils récompensés de leur bonne conduite ?
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 419
5 De même à notre époque, en prison ou en camp de
concentration, des serviteurs de Jéhovah ont souvent
b énéficié de libertés et de privilèges exceptionnels en
raison de leur conduite chrétienne. Ainsi, en Rouma-
nie, un homme qui purgeait une peine de 75 ans pour
vol a radicalement changé quand il s’est mis à étudier
la Bible. En conséquence, la direction lui a confié les
courses pour la prison à faire en ville, sans escorte !
Bien sûr, par-dessus tout, notre bonne conduite glori-
fie Jéhovah (1 Pierre 2:12).
6 Après Puteoli, Paul et ses compagnons ont,
semble-t-il, marché 50 kilomètres jusqu’à Capoue, sur
la voie Appienne. Pavée de grands blocs de lave plats,
cette c élèbre voie menant à Rome offrait des vues
splendides de la campagne italienne et, par endroits,
de la Méditerranée. Elle traversait aussi, à 60 kilomè-
tres de Rome, les marais Pontins, région marécageuse
où se trouvait la place du marché d’Appius. « Quand
les frères de Rome ont appris que nous arrivions », dit
Luc, certains sont venus jusqu’à cette place de marché,
et d’autres ont attendu aux Trois-Auberges, une aire
6-7. Quel amour extraordinaire les frères romains ont-ils montré ?
420 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
de repos à environ 50 kilomètres de Rome. Quel amour
extraordinaire ! (Actes 28:15).
7 La place du marché d’Appius offrait peu de confort
pour qui cherchait un répit au cours d’un rude voyage.
Le po ète et satiriste romain Horace l’a décrite comme
un endroit « fourmillant de mariniers et de cabaretiers
fripons » et a critiqué « l’eau, qui était détestable »
(Satires, trad. F. Villeneuve). Il a même refusé d’y dî-
ner. Pourtant, malgré tous ces désagréments, le petit
groupe de frères romains a volontiers attendu Paul et
les autres pour les escorter dans cette ultime étape de
leur p ériple.
8 En « apercevant » ses frères, « Paul a remercié
Dieu et a pris courage », lit-on (Actes 28:15). En effet,
à la seule vue de ces chers frères, dont il connaissait
peut-être quelques-uns personnellement, il a été revi-
goré et consolé. Pourquoi a-t-il remercié Dieu ? Parce
qu’il savait que l’amour désintéressé était un aspect du
fruit de l’esprit de Jéhovah (Gal. 5:22). Aujourd’hui
aussi, l’esprit saint pousse les chrétiens à se mettre en
quatre les uns pour les autres et à consoler ceux qui
en ont besoin (1 Thess. 5:11, 14).
8. Pourquoi Paul a-t-il remercié Dieu en « apercevant » ses frères ?
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 421
9 Par exemple, l’esprit saint incite des chrétiens à
être hospitaliers envers des responsables itinérants,
des missionnaires de passage ou d’autres serviteurs à
plein temps, dont beaucoup font d’immenses sacrifi-
ces pour servir Jéhovah plus pleinement. Et toi ? Pour-
rais-tu mieux soutenir la visite du responsable de cir-
conscription, peut-être en lui offrant l’hospitalité,
ainsi qu’à sa femme s’il est marié ? Pourrais-tu t’orga-
niser pour les accompagner dans la prédication ? Tu
peux t’attendre à de grandes joies en retour, comme
celle qu’ont éprouvée les frères romains en écoutant
les anecdotes encourageantes racontées par Paul et
ses compagnons (Actes 15:3, 4).
« Partout on parle en mal de ce mouvement »
(Actes 28:16-22)
10 Quand finalement les voyageurs sont entrés dans

Rome, « on a permis à Paul d’avoir un domicile privé


et d’y habiter sous la garde d’un soldat » (Actes 28:16).
En général, dans le cas d’une détention légère, on em-
p êchait un prisonnier de s’évader en l’enchaînant à son
9. Comment imiter l’attitude des frères qui sont venus au-devant de
Paul ?
10. Quelle était la situation de Paul à Rome, et qu’a-t-il fait peu après
son arrivée ?
422 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
garde. Malgré tout, Paul était un proclamateur du
Royaume, et ce n’était certainement pas une chaîne
qui le réduirait au silence. Après s’être donné juste
trois jours pour récup érer du voyage, il a convoqué les
notables juifs de Rome pour se présenter et leur
prêcher.
11 « Hommes, frères, a-t-il commenc é, bien que je
n’aie rien fait contre le peuple ou contre les coutumes
de nos anc êtres, j’ai été fait prisonnier à Jérusalem et
livré aux Romains. Après interrogatoire, ils voulaient
me relâcher, car ils n’avaient trouvé contre moi aucun
motif de condamnation à mort. Toutefois, comme les
Juifs s’y opposaient, j’ai été obligé d’en appeler à Cé-
sar, mais pas parce que je voulais accuser ma nation
de quoi que ce soit » (Actes 28:17-19).
12 En qualifiant ces Juifs de « frères », Paul s’est ef-
forc é d’établir un terrain d’entente et de faire tomber
leurs probables préjugés (1 Cor. 9:20). Il a bien sp éci-
fié aussi qu’il n’était pas là pour blâmer ses compatrio-
tes, mais pour en appeler à César. Cela dit, les Juifs de
la région n’étaient pas au courant qu’il avait fait appel
11-12. Comment Paul s’y est-il pris pour faire tomber les probables pré-
jugés de ses compatriotes ?
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 423
(Actes 28:21). Pourquoi cette apparente faute de com-
munication de la part de ceux de Judée ? Un ouvrage
explique : « Le bateau de Paul a dû être l’un des pre-
miers à atteindre l’Italie après l’hiver, alors que ni les
représentants des autorités juives de Jérusalem ni
même une lettre relative à l’affaire ne pouvaient être
arrivés. »
13 Puis Paul a introduit le thème du Royaume avec
une déclaration qui ne manquerait pas d’éveiller la cu-
riosité de ses invités juifs : « C’est pour cela que j’ai
demandé à vous voir et à vous parler, car c’est en rai-
son de l’esp érance d’Israël que je porte ces chaînes »
(Actes 28:20). Cette esp érance avait, bien sûr, un rap-
port étroit avec le Messie et son royaume que procla-
mait l’assemblée chrétienne. « Il nous semble appro-
prié d’entendre de ta bouche ce que tu penses, ont
répondu ses interlocuteurs, car nous savons que par-
tout on parle en mal de ce mouvement » (Actes 28:22).
14 Quand nous avons l’occasion d’annoncer la bonne
nouvelle, nous pouvons imiter Paul en éveillant l’inté-
rêt avec des affirmations ou des questions qui font ré-
13-14. Comment Paul a-t-il introduit le thème du Royaume, et comment
l’imiter ?
424 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
fléchir. On trouve d’excellentes idées dans des livres
tels que Comment raisonner à partir des Écritures, Tirez
profit de l’École du ministère th éocratique et Applique-toi
à la lecture et à l’enseignement. Fais-tu bon usage de ces
outils ?
Une façon exemplaire de « rendre
pleinement témoignage » (Actes 28:23-29)
15 Au jour convenu, les Juifs des environs « vinrent

en plus grand nombre encore à l’endroit où il logeait ».


« Depuis le matin jusqu’au soir », Paul leur a expliqué
les choses « à l’aide de la Loi de Moïse et des Prophè-
tes » et « en rendant pleinement témoignage au sujet
du royaume de Dieu, pour les persuader de croire en
Jésus » (Actes 28:23). On distingue quatre points forts
dans sa façon de prêcher. 1) Il s’est concentré sur le
royaume de Dieu. 2) Il s’est efforc é de persuader ses
auditeurs. 3) Il a raisonné à partir des Écritures. 4) Il
a été dévoué, car il a prêché « depuis le matin jusqu’au
soir ». Quel bel exemple pour nous ! Et ensuite ? « Cer-
tains se mirent à croire, [...] d’autres non ». Un désac-
cord a éclaté, et les gens « commenc èrent à partir »,
raconte Luc (Actes 28:24, 25a).
15. Quels points forts distingue-t-on dans la façon de prêcher de Paul ?
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 425
16 Ces réactions n’ont pas étonné Paul, car elles con-
cordaient avec les prophéties bibliques et avec ce qu’il
avait l’habitude de voir (Actes 13:42-47 ; 18:5, 6 ; 19:8, 9).
Aussi a-t-il dit à ses interlocuteurs insensibles qui s’en
allaient : « C’est avec raison que l’esprit saint a dit à
vos ancêtres par l’intermédiaire du prophète Isaïe :
“Va dire à ce peuple : ‘Vous entendrez, mais vous
ne comprendrez rien, et vous regarderez, mais vous
ne verrez rien. En effet, le cœur de ce peuple est
devenu insensible’” » (Actes 28:25b-27). Ici, le terme
original rendu par « insensible » désigne un cœur
« épaissi » ou « engraissé », et dans lequel le mes-
sage du Royaume ne peut p énétrer. Quelle situation
dramatique !
17 Les « gens des nations », contrairement aux Juifs,
« eux l’écouteront, c’est certain », a conclu Paul (Ac-
tes 28:28 ; Ps. 67:2 ; Is. 11:10). Il parlait en connais-
sance de cause, puisqu’il avait personnellement vu
beaucoup de Gentils accepter son message ! (Actes
13:48 ; 14:27).
16-18. Pourquoi Paul ne s’est-il pas étonné du peu d’enthousiasme des
Juifs de Rome, et comment devrions-nous réagir quand on rejette notre
prédication ?
426 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
18 À son exemple, quand des gens rejettent la bonne
nouvelle, ne le prenons pas comme un affront person-
nel. Nous savons après tout que relativement peu trou-
veront la route de la vie (Mat. 7:13, 14). D’autre part,
quand des personnes bien disposées prennent position
pour le vrai culte, réjouissons-nous et accueillons-les
sinc èrement (Luc 15:7).
« Prêchant le royaume de Dieu »
(Actes 28:30, 31)
19 Luc achève sa narration sur une note tout à fait

positive et chaleureuse. Il dit à propos de Paul : « Il


resta deux années entières dans la maison qu’il louait,
et il accueillait aimablement tous ceux qui venaient le
voir, leur prêchant le royaume de Dieu et leur ensei-
gnant ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ avec
une très grande assurance, sans rencontrer d’emp êche-
ment » (Actes 28:30, 31). Quel remarquable exemple
d’hospitalité, de foi et de zèle !
20 Parmi ceux que l’ap ôtre accueillait aimablement,
il y avait Onésime, un esclave colossien en fuite qu’il
19. Comment Paul a-t-il tiré le meilleur parti de sa situation ?
20-21. Quels sont quelques-uns de ceux à qui le ministère de Paul à
Rome a été utile ?
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 427
avait aidé à se convertir au christianisme et qui était
devenu pour lui un « frère fidèle et bien-aimé ». Il l’ap-
pelle d’ailleurs « mon enfant, dont je suis devenu le
p ère » (Col. 4:9 ; Philém. 10-12). Comme ce disciple a
dû être une source d’encouragement pour lui1 !
21 Le bel exemple de Paul a été utile à d’autres en-
core. Aux Philippiens, il a écrit : « Ma situation a plu-
tôt contribué au progrès de la bonne nouvelle, de sorte
que, parmi toute la Garde prétorienne et parmi tous
les autres, il est bien connu que je suis enchaîné pour
la cause de Christ. À présent, en raison de mes chaî-
nes, la plupart des frères dans le Seigneur ont gagné
en confiance, et ils redoublent de courage pour annon-
cer sans crainte la parole de Dieu » (Phil. 1:12-14).
22 Paul a profité de sa captivité à Rome pour écrire
d’importantes lettres2 aujourd’hui incluses dans les
Écritures grecques chrétiennes. Ces lettres ont été uti-
1 Paul voulait garder Onésime près de lui, mais cela aurait enfreint
la loi romaine et lésé les droits du maître de cet esclave, Philé-
mon, lui-même chrétien. Onésime est donc retourné chez Philémon,
porteur d’une lettre de Paul qui encourageait celui-ci à l’accueillir ai-
mablement, comme un frère spirituel (Philém. 13-19).
2 Voir l’encadré « Les lettres de Paul datées de sa première capti-
vité à Rome », page 430.
22. Comment Paul a-t-il profité de sa captivité à Rome ?
428 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
les aux chrétiens du 1er siècle à qui elles étaient desti-
nées. Et elles nous sont utiles à nous aussi, étant
donné que les conseils inspirés qu’elles contiennent
sont tout autant valables aujourd’hui qu’à l’époque de
leur rédaction (2 Tim. 3:16, 17).
23 Au moment de sa lib ération1, dont les Actes ne
parlent pas, Paul avait passé environ quatre ans en dé-
tention : deux à Césarée et deux à Rome (Actes 23:35 ;
24:27). Mais il est resté positif, en faisant tout son pos-
sible dans le service de Dieu. De même, à notre épo-
que, beaucoup de serviteurs de Dieu détenus injuste-
ment en raison de leur foi restent joyeux et continuent
de prêcher. Voici, en Espagne, ce qu’un officier a dit à
Adolfo, qui était emprisonné pour sa neutralité chré-
tienne : « Vous êtes étonnant. Nous avons tout fait
pour vous rendre la vie impossible ; plus nous étions
durs avec vous, plus vous étiez souriant, vous aviez
toujours un mot aimable. »
24 Adolfo a de plus en plus inspiré confiance, au
point qu’on laissait ouverte la porte de sa cellule. Les
1 Voir l’encadré « La vie de Paul après 61 », page 432.
23-24. De nos jours, à l’exemple de Paul, quelle attitude positive beau-
coup de chrétiens emprisonnés injustement manifestent-ils ?
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 429
LES LETTRES DE PAUL DAT ÉES
DE SA PREMI ÈRE CAPTIVIT É À ROME
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Cinq des lettres de l’ap ôtre Paul datent de 60-61


de notre ère, p ériode de sa première captivité à
Rome. Dans celle à Philémon, un coreligionnaire, il
explique qu’Onésime, un esclave qui s’est enfui de
chez Philémon, est devenu chrétien. Lui-même est
son p ère spirituel, et il renvoie à son propriétaire
l’esclave ‘autrefois inutile’ en qualité de frère chré-
tien (Philém. 10-12, 16).
Dans sa lettre aux Colossiens, Paul indique
qu’Onésime était ‘de chez eux’ (Col. 4:9). Oné-
sime et un autre chrétien, Tychique, ont eu le pri-
vilège de se voir confier cette lettre et la préc é-
dente, ainsi que celle que Paul écrivit aux Éph ésiens
(Éph. 6:21).
Écrivant aux Philippiens, Paul mentionne ses
« chaînes » et, l à aussi, parle de la situation
du porteur de sa lettre, cette fois Épaphrodite. Cet
homme avait été chargé par les Philippiens d’al-
ler aider Paul. Mais il avait contracté une mala-
die qui avait failli l’emporter. Il était également dé-
primé parce que les Philippiens avaient « appris
qu’il était tomb é malade ». Paul leur dit donc de
« chérir les hommes tels que lui » (Phil. 1:7 ; 2:25-
30).

430 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


La lettre aux Hébreux s’adresse aux chrétiens hé-
breux de Judée. Bien qu’elle ne nomme pas préci-
sément son auteur, des indices désignent Paul. On
reconnaît sa façon de raisonner, il envoie des salu-
tations d’Italie, et il mentionne Timothée, qui était
avec lui à Rome (Phil. 1:1 ; Col. 1:1 ; Philém. 1 ; Héb.
13:23, 24).

soldats lui rendaient visite pour qu’il leur parle de la


Bible. Il y avait même un gardien qui venait lire la Bi-
ble dans sa cellule, pendant qu’il faisait le guet. C’était
le « gardien gardé » ! Puisse le splendide exemple de
Témoins fidèles comme Adolfo nous inciter à ‘redou-
bler de courage pour annoncer sans crainte la parole
de Dieu’, même dans des situations difficiles !
25 Un ap ôtre de Christ en résidence surveillée « prê-
chant le royaume de Dieu » à tous ses visiteurs, quelle
conclusion stimulante au dynamique récit des Actes !
Dans le premier chapitre, nous avons lu la mission que
Jésus a confiée à ses disciples en ces termes : « Vous
recevrez de la puissance lorsque l’esprit saint viendra
25-26. Quelle prophétie fascinante Paul a-t-il vue se réaliser en moins
de 30 ans, et quel parallèle peut-on faire avec notre époque ?
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 431
LA VIE DE PAUL APR ÈS 61
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Sans doute autour de 61, Paul a comparu devant


l’empereur Néron, qui l’a, semble-t-il, innocenté. On
en sait peu sur ses activités ensuite. S’il a fait le
voyage en Espagne qu’il avait envisagé, ce fut durant
cette p ériode (Rom. 15:28). Clément de Rome a écrit
vers 95 que Paul avait voyagé « jusqu’aux bornes du
couchant » (Les écrits des Pères apostoliques, D. Ber-
trand).
De ses trois lettres datées d’après sa lib ération
(1 Timothée, 2 Timothée et Tite), on apprend qu’il
s’est rendu en Crète, en Mac édoine, à Nicopolis et
à Troas (1 Tim. 1:3 ; 2 Tim. 4:13 ; Tite 1:5 ; 3:12).
C’est peut-être à Nicopolis, en Grèce, qu’il a été ar-
rêté encore une fois. Toujours est-il que, vers 65, il
était de nouveau en prison à Rome. Mais, là, Néron
n’a pas eu pitié. En fait, comme le raconte l’histo-
rien romain Tacite, lorsqu’un incendie avait ravagé
la ville l’année d’avant, il en avait accusé les chré-
tiens et avait lanc é une terrible persécution contre
eux.
Dans sa seconde lettre à Timothée, Paul, atten-
dant sa mort prochaine, lui demande de venir le voir
de toute urgence avec Marc. Il faut relever le cou-
rage de Luc et d’Onésiphore, qui ont risqué leur vie
pour le réconforter (2 Tim. 1:16, 17 ; 4:6-9, 11). En ef-

432 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


fet, confesser publiquement le christianisme, c’était
risquer l’arrestation et la mort sous la torture. Paul
a probablement subi le martyre peu après avoir
achevé sa seconde lettre à Timothée, vers 65. On ra-
conte que Néron lui-même connut une fin tragique
environ trois ans après le martyre de Paul.

sur vous, et vous serez mes témoins dans Jérusalem,


dans toute la Judée et la Samarie, et jusque dans la ré-
gion la plus lointaine de la terre » (Actes 1:8). Or,
moins de 30 ans plus tard, le message du Royaume
était prêché « dans toute la création1 sous le ciel »
(Col. 1:23). Quelle preuve de la puissance de l’esprit de
Dieu ! (Zach. 4:6).
26 Aujourd’hui, ce même esprit donne de la puis-
sance au reste des frères de Christ ainsi qu’à leurs
compagnons, membres des « autres brebis », pour
qu’ils continuent à ‘rendre pleinement témoignage au
sujet du royaume de Dieu’ dans plus de 240 pays et ter-
ritoires (Jean 10:16 ; Actes 28:23). Participes-tu sans
réserve à cette œuvre ?
1 Voir l’encadré « La bonne nouvelle est “prêchée dans toute la
création” », page 434.
« RENDANT PLEINEMENT TÉMOIGNAGE » 433
LA BONNE NOUVELLE EST
« PR ÊCHÉE DANS TOUTE LA CR ÉATION »
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

Vers 61 de notre ère, l’ap ôtre Paul, prisonnier à


Rome, a écrit que la « bonne nouvelle » avait été
« prêchée dans toute la création sous le ciel » (Col.
1:23). Comment comprendre cette déclaration ?
Paul donnait apparemment une idée approxima-
tive de l’ampleur atteinte par la « bonne nouvelle ».
On sait qu’Alexandre le Grand avait p énétré en Asie
jusqu’aux frontières de l’Inde au 4e siècle avant no-
tre ère. Jules César avait envahi la Grande-Bretagne
en 55 avant notre ère, et plus tard Claude en avait
assujetti la partie sud, qu’il avait incorporée dans
l’Empire romain en 43 de notre ère. L’Extrême-
Orient était connu aussi, puisque c’était un fournis-
seur de soieries magnifiques.
La bonne nouvelle avait-elle ét é pr êch ée en
Grande-Bretagne, en Chine et en Extrême-Orient ?
Il semble que non. En effet, quand Paul a écrit aux
Colossiens, il n’avait pas encore atteint son but,
exprimé vers 56, de prêcher en Espagne, « territoire
vierge » (Rom. 15:20, 23, 24). Néanmoins, en 61, le
message du Royaume était largement connu. À tout
le moins, il avait atteint les pays où vivaient les Juifs
et les prosélytes baptisés à la Pentec ôte 33, ainsi que
les régions où étaient passés les ap ôtres de Jésus
(Actes 2:1, 8-11, 41, 42).

434 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »


CHAPITRE 28
___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

« Jusque dans la région


la plus lointaine de la terre »
Les Témoins de Jéhovah poursuivent une œuvre
commencée avec les disciples de Jésus Christ
au 1er siècle de notre ère
ILS témoignaient avec zèle. Leur cœur les poussait
à accepter l’aide et la direction de l’esprit saint. La
persécution ne leur fermait pas la bouche. Et la b é-
nédiction de Jéhovah était sur eux. Si tout cela fut
vrai des premiers chrétiens, c’est vrai aussi des Té-
moins de Jéhovah aujourd’hui.
2 Tu as sûrement été encouragé par les récits for-
tifiants contenus dans les Actes des ap ôtres. Ce livre
fertile en rebondissements est exceptionnel, car c’est
la seule histoire du christianisme primitif que Dieu
ait inspirée.
3 Le livre des Actes nomme 95 personnes de
32 pays ou régions, de 54 villes et de 9 îles. C’est une
1. Quelles similitudes y a-t-il entre les premiers chrétiens et les Témoins
de Jéhovah ?
2-3. Qu’a de remarquable le livre des Actes ?
« JUSQUE DANS LA RÉGION LA PLUS LOINTAINE DE LA TERRE » 435
narration captivante dont les acteurs vont du citoyen
ordinaire au pratiquant arrogant, du politique vani-
teux au persécuteur enragé... Mais, surtout, il parle
de tes frères et sœurs du 1er siècle, qui se heurtaient
aux difficultés de la vie tout en prêchant ardemment
la bonne nouvelle.
4 Près de 20 siècles nous séparent du temps où vé-
curent les dévoués ap ôtres Pierre et Paul, le bien-
aimé médecin Luc, le généreux Barnab é, le coura-
geux Étienne, la bienveillante Tabita, l’hospitalière
Lydie et tant d’autres témoins fidèles. Pourtant, nous
avons un lien particulier avec eux. En effet, nous
sommes chargés de la même mission : celle de faire
des disciples (Mat. 28:19, 20). Quel honneur, n’est-ce
pas ?
5 Analysons la mission que Jésus a confiée à ses
disciples : « Vous recevrez de la puissance lorsque
l’esprit saint viendra sur vous, et vous serez mes té-
moins dans Jérusalem, dans toute la Judée et la Sa-
4. Quel lien particulier avons-nous avec des personnes comme l’ap ôtre
Paul, Tabita et d’autres témoins fidèles du passé ?
5. Où les premiers disciples de Jésus ont-ils commencé à remplir leur
mission ?
436 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
marie, et jusque dans la région la plus lointaine de
la terre » (Actes 1:8). D’abord, l’esprit saint a donné
aux disciples la force d’être témoins « dans Jérusa-
lem » (Actes 1:1 – 8:3). Ensuite, sous sa direction, ils
ont témoigné « dans toute la Judée et la Samarie »
(Actes 8:4 – 13:3). Enfin, ils ont entrepris de porter
la bonne nouvelle « jusque dans la région la plus loin-
taine de la terre » (Actes 13:4 – 28:31).
6 Tes frères et sœurs du 1er siècle n’avaient pas la
Bible intégrale quand ils prêchaient. L’Évangile de
Matthieu n’a pas été rédigé avant 41 de notre ère
au plus tôt. Paul a écrit certaines de ses lettres
avant 61, date de l’achèvement des Actes. Mais les
premiers chrétiens n’avaient ni chacun son exem-
plaire des Saintes Écritures complètes ni un choix
de publications à proposer aux gens attentifs. Avant
de devenir disciples de Jésus, les chrétiens juifs
avaient entendu la lecture des Écritures hébraïques
à la synagogue (2 Cor. 3:14-16). Or même eux de-
vaient être des étudiants assidus, puisqu’ils devaient
probablement citer les textes de mémoire.
6-7. Dans l’exercice de notre ministère, quel avantage avons-nous sur nos
coreligionnaires du 1er siècle ?
« JUSQUE DANS LA RÉGION LA PLUS LOINTAINE DE LA TERRE » 437
7 Aujourd’hui, la plupart d’entre nous avons une
bible personnelle et quantité de publications bibli-
ques. Nous faisons des disciples en annonçant la
bonne nouvelle en de nombreuses langues dans plus
de 240 pays et territoires.
Rendus puissants par l’esprit saint
8 « Vous recevrez de la puissance lorsque l’esprit

saint viendra sur vous », a dit Jésus à ses disciples


en les chargeant d’être des témoins. Dirigés par cet
esprit, ou force agissante, de Dieu, les disciples fini-
raient par devenir des témoins sur toute la terre.
L’esprit a donné à Pierre et à Paul de guérir des ma-
lades, d’expulser des démons et même de ressusciter
des morts ! Mais la puissance qu’il insufflait avait
un but plus important : permettre aux ap ôtres et
aux autres disciples de transmettre la connaissance
exacte qui signifie la vie éternelle (Jean 17:3).
9 Le jour de la Pentec ôte 33, les disciples de Jésus
ont parlé « en différentes langues, chacun selon la
capacité que l’esprit lui donnait ». Ils ont donc rendu
8-9. a) Qu’ont pu faire les disciples de Jésus grâce à l’esprit saint ?
b) Que produit l’esclave fidèle avec l’aide de l’esprit de Dieu ?
438 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
témoignage concernant les « choses magnifiques de
Dieu » (Actes 2:1-4, 11). Nous, nous ne parlons pas
en langues étrangères miraculeusement. Par contre,
aidé par l’esprit de Dieu, l’esclave fidèle produit des
publications bibliques en quantité de langues. Il im-
prime ainsi La Tour de Garde et Réveillez-vous ! à des
millions d’exemplaires par mois. Et grâce au site
jw.org, il met à disposition des publications et des
vidéos basées sur la Bible en plus de 1 000 langues.
Tout cela nous permet d’annoncer les « choses ma-
gnifiques de Dieu » à des gens de toutes nations, tri-
bus et langues (Rév. 7:9).
10 Depuis 1989, l’esclave privilégie la production de
La Bible. Traduction du monde nouveau en de nom-
breuses langues. Cette version existe déjà en plus de
200 langues ; elle a été tirée à des dizaines de millions
d’exemplaires, et ce n’est pas fini. Seuls Dieu et son es-
prit peuvent avoir fait réussir une telle entreprise.
11 L’activité de traduction est effectuée par des mil-
liers de volontaires chrétiens dans plus de 150 pays
10. Qu’est-ce qui se fait depuis 1989 en rapport avec la traduction de la
Bible ?
11. Qu’en est-il de la traduction des publications des Témoins ?
« JUSQUE DANS LA RÉGION LA PLUS LOINTAINE DE LA TERRE » 439
ou régions. Rien d’étonnant à cela, car nulle autre
organisation au monde n’est dirigée par l’esprit saint
pour ‘rendre pleinement témoignage’ partout à Jé-
hovah Dieu, à son Roi messianique et au royaume
c éleste établi ! (Actes 28:23).
12 Quand Paul a prêché aux Juifs et aux Gentils
d’Antioche de Pisidie, « ceux qui avaient l’état d’es-
prit qu’il faut pour avoir la vie éternelle devin-
rent croyants » (Actes 13:48). Au moment où Luc
achève le livre des Actes, Paul ‘prêche le royaume de
Dieu avec une très grande assurance, sans rencon-
trer d’emp êchement’ (Actes 28:31). Où prêche-t-il ?
À Rome, la capitale d’une puissance mondiale ! Soit
par des discours, soit autrement, les premiers disci-
ples de Jésus ont effectué toute leur activité de té-
moignage avec l’aide et sous la direction de l’esprit
saint.
De la pers évérance malgré la pers écution
13 Face à la pers écution, les premiers disciples ont

demandé de la hardiesse à Jéhovah. Sur quoi, ils


12. Comment Paul et les autres ont-ils pu effectuer l’activité de témoi-
gnage ?
13. Pourquoi devrions-nous prier face à la persécution ?
440 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
ont été remplis d’esprit saint et fortifiés pour dire
la parole de Dieu avec assurance (Actes 4:18-31).
Nous aussi, nous prions pour avoir la sagesse et la
force de continuer à témoigner malgré la persécu-
tion (Jacq. 1:2-8). Comme Dieu nous b énit et que son
esprit nous aide, nous persévérons dans le service du
Royaume. Rien n’arrête l’œuvre de témoignage — ni
l’opposition farouche ni la persécution brutale. Si
l’on nous persécute, nous devons absolument deman-
der à Dieu esprit saint, sagesse et courage pour an-
noncer la bonne nouvelle (Luc 11:13).
14 Étienne a témoigné hardiment avant de mou-
rir lapidé par ses ennemis (Actes 6:5 ; 7:54-60).
Dans la « grande persécution » qui a éclaté en ce
temps-là, tous les disciples, sauf les ap ôtres, ont été
dispersés en Judée et en Samarie. Mais cela n’a
pas arrêté l’œuvre de témoignage. Philippe est allé
« prêcher le Christ » à Samarie, et il a obtenu
des résultats excellents (Actes 8:1-8, 14, 15, 25). De
plus, « ceux qui avaient été dispersés à cause de la
14-15. a) Qu’est-il résulté de la « persécution survenue après la mort
d’Étienne » ? b) Comment, de nos jours, beaucoup de Sib ériens ont-ils
connu la vérité ?
« JUSQUE DANS LA RÉGION LA PLUS LOINTAINE DE LA TERRE » 441
persécution survenue après la mort d’Étienne allè-
rent jusqu’en Phénicie, à Chypre et à Antioche,
mais ils n’annonçaient la parole qu’aux Juifs. Cepen-
dant, certains hommes de Chypre et de Cyrène al-
lèrent à Antioche et s’adressèrent aux gens par-
lant grec pour leur annoncer la bonne nouvelle du
Seigneur Jésus » (Actes 11:19, 20). À l’époque, la
persécution a contribué à propager le message du
Royaume.
15 À notre époque, on a vu la même chose dans
l’ex-Union soviétique. Particulièrement dans les an-
nées 1950, des milliers de Témoins de Jéhovah ont
été déportés en Sib érie. Comme ils ont été éparpil-
lés dans divers villages, la bonne nouvelle n’a cessé
de se répandre dans ce vaste territoire. Jamais au-
tant de Témoins n’auraient pu trouver l’argent né-
cessaire pour parcourir jusqu’à 10 000 kilomètres
afin de proclamer la bonne nouvelle ! Mais c’est
l’État lui-même qui leur a fait traverser le pays. « En
fin de compte, a commenté un frère, ce sont les au-
torités elles-mêmes qui ont permis à des milliers de
Sib ériens sinc ères de découvrir la vérité. »
442 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
Abondamment b énis par Jéhovah
16 Indéniablement, la b énédiction de Jéhovah était

sur les premiers chrétiens. Paul et d’autres ont


planté et arrosé, « mais c’est Dieu qui faisait pous-
ser » (1 Cor. 3:5, 6). Maints comptes rendus des Ac-
tes attestent cette croissance due à la b énédiction de
Jéhovah sur l’œuvre de témoignage. Par exemple :
« La parole de Dieu continua [...] à se répandre, et
le nombre des disciples se multipliait considéra-
blement à Jérusalem » (Actes 6:7). Le témoignage
prenant de l’ampleur, « l’assemblée dans toute la
Judée, la Galilée et la Samarie entra dans une p é-
riode de paix, et elle s’affermissait. Comme elle
marchait dans la crainte [révérencielle] de Jéhovah
et dans la consolation de l’esprit saint, le nombre
des disciples continuait à se multiplier » (Actes
9:31).
17 À Antioche de Syrie, tant les Juifs que les gens
parlant grec ont appris la vérité par des témoins cou-
rageux. « Comme la main de Jéhovah était avec eux,
lit-on, un grand nombre de gens devinrent croyants
16-17. Quelle preuve les Actes donnent-ils que Jéhovah b énit l’œuvre de
témoignage ?
« JUSQUE DANS LA RÉGION LA PLUS LOINTAINE DE LA TERRE » 443
et se tournèrent vers le Seigneur » (Actes 11:21). Les
progrès dans cette ville ont fait dire que « la parole
de Jéhovah continuait à se répandre et le nombre
des disciples à se multiplier » (Actes 12:24). Et puis,
grâce à l’intense activité de témoignage de Paul et
d’autres parmi les Gentils, « d’une manière puis-
sante, la parole de Jéhovah continuait à se répandre
et à triompher » (Actes 19:20).
18 La « main de Jéhovah » est incontestablement
avec nous aussi. C’est pourquoi tant de gens devien-
nent croyants, se vouent à Dieu et le montrent en se
faisant baptiser. Par ailleurs, c’est seulement avec
l’aide et la b énédiction de Dieu que nous parvenons
à endurer une opposition tenace, ou parfois viru-
lente, et réussissons à accomplir notre ministère,
comme Paul et les autres premiers chrétiens (Actes
14:19-21). Jéhovah Dieu est toujours là pour nous.
Ses « bras éternels » nous soutiennent infaillible-
ment dans toutes nos épreuves (Deut. 33:27). Rappe-
lons-nous également que, pour son grand nom, Jého-
18-19. a) Comment savons-nous que la « main de Jéhovah » est avec
nous ? b) Quel exemple montre que Jéhovah soutient son peuple ?
444 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
vah n’abandonne jamais son peuple (1 Sam. 12:22 ;
Ps. 94:14).
19 À titre d’exemple, pendant la Seconde Guerre
mondiale, les nazis ont envoyé Harald Abt dans le
camp de Sachsenhausen parce qu’il continuait de
prêcher. En mai 1942, la Gestapo a emmené sa pe-
tite fille et a arrêté sa femme, Elsa, qui a été en-
voyée dans divers camps. « J’ai tiré de toutes ces
années passées dans les camps de concentration [al-
lemands] une le çon remarquable, devait dire plus
tard sœur Abt. Je sais maintenant à quel point l’es-
prit de Jéhovah peut nous fortifier lorsque nous
traversons les pires épreuves. Avant d’être arrêtée,
j’avais lu une lettre d’une sœur qui disait qu’en cas
de tribulations particulièrement éprouvantes, l’esprit
de Jéhovah répandait sur nous une sorte de paix se-
reine. Sur le moment, je m’étais dit qu’il devait y
avoir là un peu d’exagération. Pourtant, lorsque j’ai
moi-même été soumise au feu de l’épreuve, j’ai su
que cette sœur disait vrai. Pour qui n’est pas passé
par là, il est difficile de se l’imaginer, mais j’en ai bel
et bien fait l’exp érience. Oui, Jéhovah nous aide. »
« JUSQUE DANS LA RÉGION LA PLUS LOINTAINE DE LA TERRE » 445
Continue à rendre pleinement témoignage
20 Le livre des Actes se termine avec Paul en train

de ‘prêcher le royaume de Dieu’ (Actes 28:31). Étant


en résidence surveillée, il n’avait pas la liberté de
prêcher de maison en maison dans Rome. Néan-
moins, il n’a cessé de prêcher à tous ceux qui ve-
naient chez lui. Aujourd’hui, certains de nos chers
frères et sœurs sont confinés chez eux, voire cloués
au lit, ou vivent dans des établissements médicalisés
en raison de l’âge, d’une maladie ou d’une infirmité.
Mais ils n’ont rien perdu de leur amour pour Dieu
et de leur désir de témoigner. Nous prions pour eux
et pouvons très bien demander à notre Père c éleste
de leur faire rencontrer des personnes qui brûlent de
le connaître, ainsi que ses projets magnifiques.
21 La majorité d’entre nous peuvent participer au
ministère de maison en maison et à d’autres aspects
de l’œuvre consistant à faire des disciples. Faisons
donc tous notre maximum pour remplir notre rôle
de proclamateurs du Royaume, et participer au té-
20. Que faisait Paul en résidence surveillée, et de quel encouragement
est-il pour certains de nos frères et sœurs ?
21. Pourquoi devrions-nous prêcher en ayant conscience que le temps
presse ?
446 « RENDS PLEINEMENT TÉMOIGNAGE AU SUJET DU ROYAUME DE DIEU »
moignage rendu « jusque dans la région la plus loin-
taine de la terre » ! Cette œuvre doit s’effectuer dans
l’idée que le temps presse, car le « signe » de la pré-
sence de Christ est nettement visible (Mat. 24:3-14).
Il n’y a pas un instant à perdre. En ce moment, nous
avons « beaucoup à faire dans l’œuvre du Seigneur »
(1 Cor. 15:58).
22 En attendant que vienne le « grand et redouta-
ble jour de Jéhovah », soyons déterminés à continuer
de témoigner hardiment et fidèlement (Jo ël 2:31).
Nous trouverons encore beaucoup de gens comme
les B éréens qui « accueillirent la parole avec le plus
grand empressement » (Actes 17:10, 11). Témoignons
donc jusqu’à ce que nous nous entendions dire, en
quelque sorte : « C’est bien, serviteur bon et fi-
dèle ! » (Mat. 25:23). Si nous faisons notre part avec
zèle dans l’œuvre qui consiste à faire des disciples et
restons toujours fidèles à Jéhovah, soyons certains
que nous nous réjouirons éternellement d’avoir eu
l’honneur de ‘rendre pleinement témoignage au su-
jet du royaume de Dieu’ !
22. Que devrions-nous être déterminés à faire en attendant le jour de
Jéhovah ?
« JUSQUE DANS LA RÉGION LA PLUS LOINTAINE DE LA TERRE » 447
Pour plus de renseignements, consultez www.jw.org
ou prenez contact avec les Témoins de Jéhovah.

Dépôt légal : mai 2023 ISBN 978-2-900804-60-5

Vous aimerez peut-être aussi