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DROIT MUSULMAN
Professeur : Mohamed EL MADANI
01/01/2020
Droit musulman Professeur Mohamed EL MADANI
A/ CORAN :
Le mot " Coran " signifie récitation en arabe. Il comprend plusieurs versets qui
posent le principe selon lequel toute action doit être conforme aux prescriptions
de l'islam. Ainsi, il est dit dans le Coran : " nous t avons envoyé le livre
contenant la vérité afin que tu juges entre les hommes d'après ce qu'Allah t'a fait
connaître " " juge entre eux tous selon les commandements de dieu "" nous
avons assignés à chacun de vous, un code et une règle de conduite".Parmi les
caractéristiques du Coran on peut résumer :
Les récitations du prophète Mohamed que la paix soit sur lui, étaient verbales.
La mémoire en était confiée aux amis et compagnons du prophète. Aucun texte
écrit n'était dressé. Le Coran a été écrit et codifié à l'époque d’Otman Ibn Afan,
3eme khalife du P.M. Il ne s’agit pas d'un code ni d'un texte juridique car le
Coran revêt un caractère global. Il concerne. Il concerne tous les comportements
des hommes qui constituent des éléments indissociables et indivisibles de
l'islam. Le Coran présente de par son origine des caractères qu'il faut considérer
comme le fondement de l'islam à savoir:
Il ne peut donner lieu qu'a une seule interprétation ; ex: " ALLAH, Dieu vous
commande dans le partage de vos bien de donner au fils mal la portion de
deux filles". Cette catégorie de règle ne peut faire l'objet d'aucun Ijtihad ni
d'interprétation de la part des jurisconsultes.
Elles peuvent aussi être présomptives c'est à dire qui peuvent être interprétées
de deux ou plusieurs manières.
Ce qui ouvre la voie aux jurisconsultes pour faire intervenir leur propre effort
de réflexion et d'interprétation (ex: « les divorcés peuvent attendre trois
étapes avant de se remarier" 9oro2 est susceptible de deux sens à savoir
purification et fin des règles »
2-caractères obligatoires :
B/SUNNA
Elle signifie la conduite et le comportement du prophète que la paix soit sur lui,
constituée par ses dires et pratiques ou ses approbations tacites ou express. C'est
un recueil de traditions valant un code pour les musulmans qui désirent suivre
l'exemple du prophète.
* critique du Matn: le vice peut aussi provenir du texte (ex: le hadith est
anormal car son 1er transmetteur est en contradiction avec la généralité des
autres). La pire des tares est la fabrication de toutes pièces de récit que l'on fait
précéder d'un isnad correcte.
Suivant que le hadith est atteint de ces vices, il est donc parfait, bon ou faible.
* les hadiths parfaits: sont ceux qu'on réunit 2 auteurs ou plus appréciés par
tous (ex: al Bokhari et muslim)
* les hadiths bons: sont ceux de provenance connue, rapportées par des
transmetteurs notoires. Théoriquement il est difficile de les distinguer des
hadiths parfaits. La question est tranchée par le fait que les textes ont été
regroupés dans des recueils et sont mis en œuvre par des jurisconsultes (ex: les
sunnans de tirmidi)
* tous les autres sont faibles (ex: hadiths destinés a expliquer, interpréter,
compléter les versets coraniques)
Le prophète a dit : « tout acte qui n'a pas notre approbation est nul". Il a
aussi dit " les hommes sont égaux comme les dents d'un peigne ».
L'un des aspects de cette égalité est l'égalité de tous devant la loi islamique.
(LE PROPHETE mohamed que la paix soit sur lui a dit : "Ceux les générations
qui vous ont précédé n'ont péri que parce que le noble parmi eux commet un
vol et le laisse libre et lorsque c'est le faible qui le fait, il lui applique la
sanction, Par Allah s'il venait à Fatima fille de Mohamed, je lui couperai la
main").
Cela prouve la nécessité pour tous d'obéir à la loi islamique et établir la légalité
pour tous, sans distinction entre riche et pauvre et entre gouvernant et gouverné.
Lorsque la loi islamique (Coran et Sunna) ne suffit pas à résoudre une question
posée, on fait appel à deux sources complémentaires de règles normatives:
Ijmaa et Quiass.
A/ IJMAA :
C'est un travail collectif venu du verbe ajmaa (être d'accord).
Ce terme désigne un usage, une règle de droit, un fait juridique acquis au débat
car il réunit l'unanimité.
En droit, ijmaa signifie l'accord des savants de même époque sur des questions
de la religion ou sur une question donnée.
L'ijmaa doit intervenir après la mort du prophète et non de son vivant, car dans
ce cas si le prophète l'approuve, il devient sunna.
L'ijmaa est en effet une source de la loi islamique au même titre que le
coran et la sunna. Comme le coran et la sunna ne résolvent pas tous les
problèmes quotidiens et devant cette nécessité, on va faire appel aux savants qui
sont qualifiés et qui ont la compétence pour créer des textes et des règles
nouvelles, Leur accord doit être établit aux exigences de la religion.
Le pouvoir de moujtahid est largement justifié: « si vous même ne savez pas,
interrogez ceux qui savent ».
Les hadiths sont explicites sur ce point : « vous êtes les meilleurs des hommes,
il est de notre devoir d'ordonner que les hommes fassent ce qui est juste et
d'interdire ce qui est injuste ».
B/ QUIASS :
Etablir quelles sont les raisons d'une règle posée par une loi est une travail
laissé aux jugements des moujtahids.
Les ulémas qui ont abordé ce chapitre de par le passé ont en général
dénombré cinq ou six objectifs supérieurs (maqsad, plur. maqâssid) des
enseignements de l'islam :
– la protection du "" ِديْن, "dîn" : ici ce terme désigne "la religion agréée par
Dieu", c'est-à-dire, par rapport aux humains d'un lieu ou d'une époque, le
message d’ALLAH le plus récent qui les concerne ;
– la protection du ""نَ ْفس, "nafs" : la vie, la personne physique ;
– la protection du "ع ْقل
َ ", "'aql" : la raison ;
– la protection du ""مال, "mâl" : les biens matériels ;
– la protection du "سلْ َ"ن, "nasl" : la filiation ;
– la protection du "" ِع ْرض, "'irdh" : la dignité de l'individu au milieu de ses
semblables.
Par ailleurs, on voit clairement, que les enseignements de l'islam n'ont pas
uniquement pour finalité le développement et la protection de laspiritualité et de
la religion, mais également des objectifs aussi temporelles ; par exemple : la
santé physique, la santé mentale, les biens matériels, et peut-être
même d'autres objectifs, que nous évoquerons plus bas.
* Exemple des "Al-Hajiyyates" : Les allégements dans les actes cultuels tels
que le rassemblement entre les prières en cas de besoin, le raccourcissement de
la prière pendant le voyage, la permission de rompre le jeûne à cause d’une
maladie…
- le "ْ" ِع ْرض, "'irdh" : la dignité [déjà rajoutée par certains ulémas précédents],
- la ""أَ ْمن, "amn" : l'établissement de la sécurité pour chaque individu ;
- la ""تَكافُل, "takâful" : l'établissement de la solidarité dans la société ;
- les "ْ" ُحقُ ْوق, "huqûq" : le respect des droits de chaque individu ;
- la "عدْل َ ", "'adl" : l'établissement de la justice dans la société ;
- la "" ُح ّريّة, "hurriya" : la liberté ;
ُ
- la ""أ ُخ َّوة, "ukhuwwa" : la fraternité .
On peut affirmer que les prémices de cette science ont vu le jour dès
l’avènement de l’islam. Le Prophète a éduqué ses compagnons en matière
d’Ijtihad (effort d’interprétation) afin de les rendre indépendants. Il n’a eu de
cesse de les consulter et de les valoriser. Le hadith du compagnon
Mu’adhIbnJabal* est très instructif à ce sujet. En effet, son profond respect à la
fois pour le livre d’Allah et pour la Sunna du Prophète, n’excluait en rien
l’usage de sa raison. Les opinions et les jugements de ce compagnon sont une
preuve de sa conception finaliste de l’islam.
* Mu’adh ibn Jabal avait été nommé juge au Yémen par le Prophète Mohamed.
Avant son départ, le Prophète lui demanda : Selon quel critère tu jugeras ? Il
répondit : Selon le livre de Dieu. Mohamed demanda : Et si tu n’y trouves rien ?
Il répondit : Selon la tradition du Prophète de Dieu. Mohamed demanda
finalement : Et si tu n’y trouves rien ? Il dit : Alors je m’efforcerai de former
mon propre jugement… (Hadith rapporté par Abou Daoud).
* ’Amr Ibn Al-’Ass (que Dieu l’agrée) rapporte : « Lorsque je fus envoyé à la
bataille "des bandages", j’ai fait un rêve dans une nuit de très grand froid, j’ai eu
peur qu’en me lavant je périsse, j’ai donc fait le Tayammoum puis j’ai présidé la
prière du matin [As-Soubh]. Quand nous sommes retournés, ils ont rapporté cela
au Prophète qui a dit : "’Amr, tu as présidé la prière en état d’impureté majeure
?". J’ai fait cela par rapport au propos du Très-haut : « Et ne vous tuez pas vous-
mêmes. Dieu, en vérité, est Miséricordieux envers vous »,j’ai donc fais le
tayammoum et prié. Le Prophète a rigolé sans rien me reprocher. » (rapporté
par Ahmad, Abou Dawoud).
La manière dont Omar – que Dieu l’agrée – a changé certaines lois qui
paraissaient immuables aux yeux des musulmans est une autre preuve de cette
dynamique initiée par le Prophète. En effet, le calife ’Umar ibn al-Khattab – que
Dieu l’agrée – a décidé de suspendre, au nom donc de la finalité de la Chari’a
l’application de la peine sanctionnant les voleurs au cours d’une année marquée
par la famine. Il a ainsi évité une grande injustice à l’égard des pauvres qui
volaient par nécessité en vue de survivre à une situation de pauvreté généralisée.
Le texte Coranique est des plus explicites en la matière.
A titre d’exemple, l’imam Malik (93-179 H) est connu pour son attachement au
bien commun, « Al Maslaha Al mursala », considéré comme une source de la
législation. L’imam Abou Hanifa (80-150 H), utilisait également la préférence
juridique/l’appréciation personnelle, « Al Istihssan », comme une cinquième
référence du droit musulman.La finalité première étant la préservation du
bien, et de l’utile pour le genre humain et la protection contre le mal et ce
qui est nuisible en général.
Dans son livre « al-moustassfâ min ’ilm al-ussul », l’imam Abu Hamid Al
Ghazali (450-505H) déclare :
En premier lieu, il faut préserver la religion, qui est le garant même des
autres finalités.*
Par ailleurs, Al Ghazali affirme que ces finalités sont classées par ordre de
priorité, de façon à ce que l’on puisse choisir laquelle appliquer en cas de conflit
d’intérêts. A titre d’exemple, la préservation de la vie passe avant celle de la
raison, il est donc – par exemple – permis de consommer de l’alcool en vue de
sauvegarder sa vie.
« Il est inconcevable pour toute religion ou philosophie qui veut le bien des
hommes de ne pas chercher à préserver ces cinq éléments ».*
*** ALLAH dit : « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa
capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle
aura fait » (Coran 2/286). Et selon Abu-Horaïra, le Prophète a précisé :
- Le droit positif est limité car crée et posé par les hommes qui sont par
définition imparfait et limité. En effet, ces hommes ne peuvent pas tout
prévoir parce que la société évolue (à cause des transformations et des
mutations économiques et sociales) ; et par conséquent, les dispositions
juridiques crées et posées par les hommes évoluent aussi.
- Le droit positif est posé par des hommes qui ont des aspirations et des
ambitions qui tendent rarement vers un seul et même but de fait que ces
hommes ( les représentants du peuple) sont assujettis à des faiblesses, à
des penchants et ont leurs propre priorités voir leurs propre intérêts. Par
voie de conséquence, ces hommes élaborent un droit qui reflète toutes ces
lacunes et toutes ces imperfections. De ce fait, ce droit positif, crée par ces
hommes dans ces conditions est imparfait. L’explication de ce fait, réside
dans la constat que la raison humaine diffère d’une personne à une autre.
Parfois, même la raison est inconstante chez la mêmes personne, ce qui lui
semble bon et juste à un moment donné peut lui sembler mauvais à un
autre. Cette inconstance à laquelle s’ajoute l’influence de la passion et des
sentiments, nous interdit de dire que la raison humaine juge bon et
d’une manière équitable d’où l’inconstance et la variabilité de l’être
humain dans ses jugements.
Ces opinions ne sont que des suppositions, elles sont dans tous les cas,
sujette à des erreurs et des divergences et leurs jugement sont relatifs, d’où la
nécessité de la révélation d’Allah pour trancher les divergences et les conflits.
« Et Nous avons fait descendre sur toi (le prophète Mohamed que la paix et les
bénédictions soient sur lui), le Livre, comme un exposé explicite de toute
chose, ainsi qu’un guide, une grâce et une bonne annonce aux musulmans »
S16 V89.
« Nous avons fait descendre sur toi (le prophète Mohamed que la paix et les
bénédictions soient sur lui), le Livre afin que tu leur montre clairement le
motif de leur dissension ; de même qu’un guide et une miséricorde pour les
gens croyants ».
« C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués
d’intelligence ». S2 V179.
« Nous avons effectivement envoyé Nos messagers avec des preuves évidentes,
et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent
la justice ». S57 V25.
Dans la mesure qu’Allah est parfait, par conséquent la charîâ est parfaite
parce qu’elle est révélé par Allah. Le droit musulman est, par conséquent,
valable en tous lieu et à toute époque. Les règles de la chariâ sont constantes ;
c’est-à-dire qu’elles ne changent pas car elles se caractérisent par la pérennité.
En effet, ce Droit musulman a répondu et répondra toujours au besoin de la
communauté musulmane en essayant d’élever son niveau.
Par ailleurs, le Droit positif, reste limité dans le temps et dans l’espace.
Ainsi, ce qui peut être illicite aujourd’hui sera licite et sera permis demain et
vice versa. La meilleure illustration se trouve dans l’exemple de la femme
mariée qui dans le passé n’avait pas le droit d’exercer le commerce sans
l’autorisation de son mari. Désormais, la femme mariée peut exercer le
commerce sans l’autorisation de son mari et toute convention contraire est
réputée nulle. (Art 17 du Code du commerce).
Cependant, le Droit positif est limité dans l’espace où il est appliqué ; il n’a
d’effets que sur le territoire où il est appliqué. De ce fait, il reflète uniquement
l’évolution du pays où il se trouve et traduit seulement, les besoins et les
aspirations de chaque peuple.
Ainsi, dans la mesure où l’évolution des pays change, par conséquent, les lois
changent en fonction des besoins de chaque pays. Le Droit positif, est un droit
territorial qui s’applique dans un territoire limité et un peuple déterminé. En
revanche, le Droit musulman, s’applique à tous les musulmans en tout lieu et à
toute époque.
La meilleure illustration de cette idée réside dans le fait que si une action
humaine ou un comportement humain est de nature à réaliser un intérêt
particulier au détriment de l’intérêt général ; c’est-à-dire, en portant préjudice à
autrui, cette action sera immédiatement écartée. Ainsi, L’Islam fait prévaloir
l’intérêt général sur l’intérêt particulier.