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ACTION URGENTE

DOCUMENT PUBLIC ÉFAI – 010166 – AFR 16/013/01


AU 58/01
Avertissement : Amnesty International défend des individus sans prendre position ni sur leurs idées
ni sur les organisations auxquelles ils pourraient adhérer.

DÉTENTION AU SECRET / CRAINTES DE TORTURE ET DE MAUVAIS


TRAITEMENTS / PRISONNIER D'OPINION

BURUNDI Gabriel Nikundana, journaliste


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Londres, le 14 mars 2001

Le journaliste de radio Gabriel Nikundana est actuellement détenu au secret dans les locaux d'un service de renseignements
burundais, dans la capitale, Bujumbura. Amnesty International craint qu'il ne soit soumis à la torture ou à d'autres formes de
mauvais traitements.
Gabriel Nikundana, qui collabore avec la station de radio indépendante burundaise Bonesha FM+ et travaille comme correspondant
pour la radio allemande Deutsche Welle, est détenu dans les locaux de la Documentation nationale depuis le 12 mars. Or ce
service de renseignements généraux qui dépend directement du président de la République n'est pas habilité à détenir des
suspects. Des personnes sont pourtant fréquemment détenues au secret par la Documentation nationale, et torturées dans de
nombreux cas.
Gabriel Nikundana a été appréhendé le 7 mars, après que Bonesha FM+ eut diffusé une interview d'Anicet Ntawuhiganayo, le
porte-parole des Forces nationales pour la libération (FNL), un groupe d'opposition armé qui occupait alors certaines parties de la
capitale. Au cours de cet entretien, le porte-parole des FNL a posé six conditions préalables à l'ouverture de négociations avec le
gouvernement actuel, et démenti les rumeurs faisant état d'une alliance avec un autre groupe d'opposition armé. Il semble que
Gabriel Nikundana ait été arrêté au seul motif de ses activités professionnelles légitimes. Par conséquent, Amnesty International
considère cet homme comme un prisonnier d'opinion. La Documentation nationale a également pris contact avec les directeurs de
Bonesha FM+ et de Radio Publique Africaine, une autre station indépendante qui a également diffusé une interview du porte-parole
des FNL, mais n'a appréhendé aucun de ces deux hommes.

INFORMATIONS GÉNÉRALES
La presse burundaise est en butte à un harcèlement croissant de la part des autorités, et l'arrestation de Gabriel Nikundana n'est
que la dernière attaque en date dans le cadre de ce qui semble être une campagne de répression de plus en plus intense. Ainsi, le
4 mars 2001, le gouvernement a diffusé un communiqué de presse dans lequel il a appelé les médias privés et publics « à
respecter la déontologie, la morale et la loi », en ajoutant que tout manquement à ces règles serait sévèrement sanctionné. Le
5 mars, au cours d'une conférence de presse, le président Pierre Buyoya a averti des journalistes qu'ils ne devaient pas relayer la
propagande de l'ennemi ni « faire le jeu de l'ennemi ».
Le 10 mars, au moins trois journalistes ont été menacés ou harcelés alors qu'ils tentaient de se rendre à l'aéroport de Bujumbura
pour y interviewer Epitace Bayaganakandi, candidat à l'élection présidentielle d'une coalition de partis d'opposition. Au niveau d'un
barrage routier, à trois kilomètres environ de l'aéroport, Léon Masengo, qui travaille également pour Bonesha FM+, a été battu par
des gendarmes, apparemment sur ordre de deux agents de la Documentation nationale. Deux autres journalistes, Jacqueline
Segahungu, collaboratrice de Radio Publique Africaine, et Jean-Pierre Aimé Harerimana, caméraman pour Reuters, ont été
menacés de violences.
Les FNL ont lancé une offensive prolongée contre Bujumbura le 24 février, et occupé des parties du nord de la capitale pendant
plusieurs jours, avant de battre en retraite aux alentours du 10 mars. On ignore combien d'individus, civils ou militaires, ont été tués
au cours des affrontements. D'après les informations recueillies, peu d'atteintes aux droits humains ont été commises par les
belligérants au cours des combats, que ce soit par les FNL ou les forces armées, dont les membres ont bafoué les droits
fondamentaux à maintes reprises par le passé. Néanmoins, la situation demeure extrêmement tendue. Selon certaines sources,
des maisons inoccupées dans le quartier de Kinama ont été pillées, apparemment avec la complicité ou la participation active de
membres des forces armées dans certains cas.
ACTION RECOMMANDÉE : télégramme / fax / lettre par avion / lettre exprès (en français ou dans votre propre langue) :
Remarque : veuillez vous assurer auprès des services postaux de votre pays que le courrier est bien acheminé jusqu'au
Burundi.
– demandez instamment la libération inconditionnelle du prisonnier d'opinion Gabriel Nikundana, qui a été arrêté au seul motif de
ses activités professionnelles légitimes ;
– appelez les autorités à garantir sa sécurité pendant sa détention, et à veiller à ce qu'il soit immédiatement autorisé à entrer en
contact avec ses proches, à bénéficier de soins médicaux, à consulter des avocats et à recevoir la visite de représentants
d'organisations de défense des droits humains ;
– dites-vous préoccupé par ce qui semble être une campagne de répression de plus en plus intense contre les journalistes,
destinée à entraver l'exercice du droit à la liberté d'expression, et demandez instamment qu'une enquête soit menée sur l'agression
dont a été victime Léon Masengo et que les responsables présumés soient traduits en justice.

APPELS À :
Remarque : La transmission des fax pouvant s'avérer difficile, nous vous invitons à faire preuve de persévérance (même
si l'opérateur vous affirme que la ligne est en dérangement).
Président : Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique :
Son Excellence Colonel Ascension Twagiramungu
Major Pierre Buyoya Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique
Président de la République Ministère de l’Intérieur
Présidence de la République Bujumbura, Burundi
BP 1870, Bujumbura, Burundi Télégrammes : Ministre Intérieur, Bujumbura, Burundi
Télégrammes : Président, Bujumbura, Burundi Fax : + 257 22 19 82
Fax : + 257 22 74 90 Formule d'appel : Monsieur le Ministre,
Formule d'appel : Monsieur le Président de la République,

Ministre de la Défense : Procureur général de la République :


Colonel Cyrille Ndayirukiye Monsieur Gérard Ngendabanka
Ministre de la Défense nationale Procureur général de la République
Ministère de la Défense nationale Bujumbura, Burundi
Bujumbura, Burundi Télégrammes : Procureur général, Bujumbura, Burundi
Télégrammes : Ministre Défense, Bujumbura, Burundi Fax : + 257 24 15 03
Fax : + 257 22 56 86 Formule d'appel : Monsieur le Procureur général,
Formule d'appel : Monsieur le Ministre,

COPIES À :
Ministre des Droits de la personne humaine, des Réformes institutionnelles et des Relations avec l’Assemblée nationale :
Monsieur Eugène Nindorera
Ministre des Droits de la personne humaine, des Réformes institutionnelles et des Relations avec l’Assemblée nationale
Ministère des Droits de la personne humaine, des Réformes institutionnelles et des Relations avec l’Assemblée nationale
Bujumbura, Burundi
Fax : + 257 21 38 47

ainsi qu'aux représentants diplomatiques du Burundi dans votre pays.

PRIÈRE D'INTERVENIR IMMÉDIATEMENT.


APRÈS LE 25 AVRIL 2001, VÉRIFIEZ AUPRÈS DE VOTRE SECTION S'IL FAUT ENCORE INTERVENIR. MERCI.

La version originale a été publiée par Amnesty International,


Secrétariat international, 1 Easton Street, Londres WC1X 0DW, Royaume-Uni. Seule la version anglaise fait foi.
La version française a été traduite et diffusée par Les Éditions Francophones d'Amnesty International - EFAI -
Vous pouvez également consulter le site ÉFAI sur internet : http://www.efai.org

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