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MINISTERE DE LA SANTE BURKINA FASO

ET DE L’HYGIENE PUBLIQUE Unité–Progrès- Justice


********
SECRETARIAT GENERAL
*******
DIRECTION GENERALE
DE LA SANTE PUBLIQUE
*********
DIRECTION DE LA PROTECTION
DE LA SANTE DE LA POPULATION
*********
PROGRAMME NATIONAL DE
LUTTE CONTRE LES MALADIES
TROPICALES NEGLIGEES

DIRECTIVES NATIONALES DE PRISE EN


CHARGE DES CAS DE DENGUE AU
BURKINA FASO

Version révisée d’octobre 2023


TABLE DES MATIERES

SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................... iii


AVANT PROPOS ....................................................................................
I. INTRODUCTION................................................................................................. 1

II. PROCESSUS D’ELABORATION .............................. Erreur ! Signet non défini.

III. ASPECTS CLINIQUES DE LA MALADIE ........................................................... 3

3.1. Dengue classique sans signes d’alerte ......................................................... 3

3.2. Dengue avec signes d’alerte ......................................................................... 3

3.3. Dengue sévère .............................................................................................. 4

3.4. Phase de convalescence ............................................................................... 5

3.5. DEFINITION OPERATIONNELLE ................................................................ 5

a. Cas suspect ................................................................................................... 5

b. Cas probable ................................................................................................. 5

c. Cas confirmé ................................................................................................. 5

IV. CLASSIFICATION DES CAS DENGUE .............................................................. 6

4.1. Groupe A : Dengue probable (ou confirmée) ................................................. 6

4.2. Groupe B : Dengue probable (ou confirmée) avec « signes d’alerte » .......... 6

4.3. Groupe C : La dengue sévère ....................................................................... 7

V. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE ......................................................................... 9

5.1. Le diagnostic direct ou diagnostic précoce de la dengue .............................. 9

Détection du virus ou de son génome ................................................................. 9


Détection antigénique : la protéine NS1 .............................................................. 9
5.2. Le diagnostic indirect ou diagnostic sérologique ........................................... 9

a. Cinétique des anticorps dirigés contre le virus de la dengue (DENV) ........... 9

b. Les tests immuno-enzymatiques (ELISA) ou immuno-


chromatographiques(ICT)....................................................................................... 11

i
VI. RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN CHARGE CLINIQUE DE LA
DENGUE .................................................................................................................. 12

6.1. Étape I – Évaluation globale ........................................................................ 12

6.2. Étape II – Diagnostic, évaluation de la phase et de la gravité de la


maladie. ................................................................................................................. 14

6.3. Étape III – Traitement (groupes A à C) ........................................................ 14

a. Traitement des patients du Groupe A : dengue probable ou confirmée sans


signes d’alerte ....................................................................................................... 14

b. Traitement des patients du Groupe B : dengue probable ou confirmée avec


signes d’alerte ....................................................................................................... 15

c. Traitement des patients du Groupe C : dengue sévère ............................... 17

d. Traitement adjuvant ..................................................................................... 27

VII. PREVENTION DE LA DENGUE .................................................................. 27

7.1. Prévention individuelle : ............................................................................... 27

7.2. Prévention collective :.................................................................................. 28

VIII. CONCLUSION............................................................................................. 28

IX. BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................. 31

ii
SIGLES ET ABREVIATIONS

ASAT : Aspartate amino-transférase

ALAT : Alamine amino-transférase

CHR : Centre hospitalier régional

CHU : Centre hospitalier universitaire

CGR : Concentré de globules rouges

CM : Centre médical

CMA : Centre médical avec antenne chirurgicale

CNRFP : Centre national de recherche et de formation sur le


paludisme

DENV : Dengue virus

DPSP : Direction de la protection de la santé de la population

ELISA : Enzyme linked immunosorbent assay

IgG : Immunoglobulines de type G

IgM : Immunoglobulines de type M

IMC : Indice masse corporelle

IRSS : Institut de recherche en sciences de la santé

MSHP : Ministère de la santé et hygiène publique

MTN : Maladie tropicale négligée

NS1 : Protéine non structurale de type 1

OMS : Organisation mondiale de la santé

iii
PCR : Polymerase chain reaction (Réaction de polymérisation en
chaîne)

PEC : Prise en charge

PID : Pulvérisation intra domiciliaire

PNMTN : Programme national de lutte contre les maladies tropicales


négligées
RL : Ringer lactate
RT-PCR : Reverse transcriptase-polymerase chain reaction
SNC : Système nerveux central
SSI : Sérum salé isotonique
TDR : Test de diagnostic rapide
UI/L : Unité internationale/litre

iv
I. INTRODUCTION

La dengue fait partie de la liste des pathologies classées par


l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant des Maladies
tropicales négligées (MTN). C’est une maladie infectieuse ré-émergente
de type grippal due à un virus qui est transmis à l’homme la piqûre de
moustiques femelles diurnes du genre Aedes principalement Aedes
aegypti et Aedes albopictus.

Elle est due à un virus ayant 4 sérotypes : DEN-1, DEN-2, DEN-3, DEN-
4. La guérison entraîne une immunité à vie contre le sérotype à l’origine
de l’infection.

Elle est bénigne et touche tous les âges de la vie. Cependant sa sévérité

(Hémorragies, problèmes neurologiques etc …) dépendra de nombreux


facteurs comme l’âge, les antécédents de fragilité capillaire, les
antécédents de contage antérieur avec le virus.

Au cours des 20 dernières années, l’incidence de la dengue a progressé


de manière spectaculaire dans le monde entier : les cas signalés à l’OMS
sont passés de 505 430 en 2000 à 5,2 millions en 2019 [10]. La maladie
est désormais endémique dans plus de 100 pays d'Afrique, des
Amériques, de la Méditerranée orientale, de l'Asie du Sud-Est et du
Pacifique occidental. [7]

Au Burkina Faso, la dengue, a été signalée pour la première fois en 1925


puis 30 cas de dengue ont été notifiés en 1982 [11]. Entre 2006 à 2008
quatre (4) touristes rentrant en France en provenance du Burkina Faso
ont été diagnostiqués positifs à la dengue. [2].

1
Des flambées de cas de dengue ont été enregistrées en 2014, 2016 et en
2017 ce qui a justifié le renforcement de la surveillance et la mise en place
de sites sentinelles en 2017 [3, 12, 13].
La plus grande flambée a été enregistrée en 2017 avec 15074 cas
suspects dont 8768 cas probables et 36 décès. La majorité des cas
probables (59,32%) et des décès enregistrés (89%) ont été notifié dans la
région du centre [13].
Les sérotypes DENV-1, DENV-2 et DENV-3 ont été incriminés lors de la
flambée de 2016 [14]. Au cours de la semaine 32 (du 7 au 13 août 2023),
des flambées de cas suspects ont été notifiés principalement dans les
régions sanitaires du Centre et des Hauts-Bassins avec 6 décès signalés
dans la région des Hauts-Bassins.

Des actions sont en cours afin d’organiser la riposte. C’est dans ce


contexte qu’intervient la révision des directives éditées en 2016 afin de les
mettre à jour.

L’objectif des présentes directives est d’informer les prestataires de soins


à tous les niveaux et d’apporter des orientations standardisées sur la prise
en charge des cas de dengue en l’absence de traitement spécifique de
cette maladie.

II. PROCESSUS DE REVISION

La révision a été faite à Ouagadougou au cours d’un atelier organisé en


septembre 2023 par la Direction de la protection de la santé de la population
(DPSP). Cet atelier a regroupé les acteurs des structures de soins du public et du
privé, les acteurs des directions centrales et régionales du Ministère de la santé
et de l’hygiène publique (MSHP) et les partenaires techniques et financiers. La
méthodologie de la révision était la suivante :
- Une présentation de la version de 2016 des directives de prises en charge
des cas de la dengue

2
- Des travaux de groupe
- Validation en plénière
III. ASPECTS CLINIQUES DE LA MALADIE

Les virus de la dengue provoquent une infection symptomatique ou


asymptomatique.

L’infection symptomatique est une maladie systémique et dynamique qui


évolue en général sous trois (3) formes cliniques (la dengue classique, la
dengue avec signes d’alerte, la dengue sévère) et une phase de
convalescence.

3.1. Dengue classique sans signes d’alerte


La maladie débute avec l’apparition brutale d’une forte fièvre. Cette phase
fébrile aiguë dure habituellement 2 à 7 jours et s’accompagne souvent de
rougeurs du visage, d’un érythème, de douleurs corporelles généralisées,
de myalgie, d’arthralgie, de douleurs oculaires rétro-orbitaires, de
photophobie, d’un exanthème rubéoliforme ou de céphalées. L’anorexie,
les nausées et les vomissements peuvent être observés.
Au début de cette phase de fièvre, il peut être difficile de distinguer
cliniquement la dengue des maladies fébriles. La positivité du Test du
lacetR (ou du test du tourniquet) pendant cette phase augmente la
probabilité que la maladie présente soit la dengue.
Les malades qui n’auront pas subi d’augmentation de leur perméabilité
capillaire verront leur état s’améliorer sans passer par la phase critique.
3.2. Dengue avec signes d’alerte
Elle est caractérisée par les éléments de la dengue classique associés à des
signes d’alerte. Au lieu de progresser vers un rétablissement avec la baisse de la
fièvre, les malades dont la perméabilité capillaire a augmenté pourront présenter
des signes d’alerte qui résulteront principalement d’une fuite plasmatique
(épanchement pleural, péritonéal, péricardique.).

3
Les signes d’alerte (résumés dans le tableau suivant) marquent le début
de la phase critique.

Signes d’alerte
Douleurs abdominales ou sensibilité à la palpation
Vomissements persistants
Léthargie ou agitation
Clinique Saignement des muqueuses (épistaxis,
gingivorragies……)
Hépatomégalie >2 cm ou foie hypertrophié sensible à la
palpation Accumulation clinique de liquides
Augmentation de l’hématocrite parallèlement à une baisse
Laboratoire
rapide de la numération plaquettaire

3.3. Dengue sévère


C’est la forme sévère de la dengue dont le pronostic vital est réservé.

Elle est caractérisée par les signes précédemment décrits avec un ou


plusieurs des signes ci-dessous cités :
• fuite plasmatique sévère conduisant à un état de choc (état de choc dû
à la dengue) et/ou accumulation liquidienne accompagnée d’une
détresse respiratoire ;
• hémorragie sévère ;

• défaillance organique sévère (hépatique, rénale, cardiaque,


neurologique …).

4
3.4. Phase de convalescence
Lorsque le malade survit aux 24-48 heures que dure la phase critique, une
réabsorption progressive des liquides présents dans le milieu extravasculaire se
produit dans les 48-72 heures suivantes. Le bien-être général s’améliore, l’appétit
revient, les symptômes gastro-intestinaux régressent, l’état hémodynamique se
stabilise et on note une reprise de la diurèse.

3.5. Définitions opérationnelles


a. Cas suspect
Toute personne présentant une maladie fébrile (>39°C) aiguë d’une
durée comprise entre 2 et 7 jours, et s’accompagnant d’au moins 2 des
symptômes suivants :

• céphalées,
• douleur rétro-orbitale,

• myalgies, arthralgies,

• éruption cutanée,
• manifestations hémorragiques,
• syndrome de choc.
b. Cas probable
Il s’agit d’un cas suspect avec un test de diagnostic rapide (TDR) positif.
Un TDR dengue positif = sérologie positive des IgM et/ou des IgG et/ou
Ag NS1 positif.

NB : les IgM persistent 2 à 3 mois dans l’organisme.

c. Cas confirmé
Il s’agit de tout cas suspect ou probable confirmé par le laboratoire :
sérologie (ELISA) positive des IgM, augmentation des titres d’IgG ; la
détection du virus par la RT-PCR (Reverse Transcriptase Polymerase
Chain Reaction) ou isolement par culture.

5
IV. CLASSIFICATION DES CAS DENGUE

La dengue comprend une grande variété de formes cliniques avec une


évolution souvent imprévisible. En fonction de la gravité de la maladie,
l’OMS a adopté une nouvelle classification en 2013 des patients en 3
groupes : groupe A, groupe B, groupe C [4].

4.1. Groupe A : Dengue suspect probable (ou confirmée)


Elles représentent 50 à 90% des cas de dengue. Ce sont des formes sans
symptômes ou avec des symptômes discrets. Il y a une notion de
vie/séjour lors d’un voyage dans une zone d’endémie de la dengue. On
retrouve la présence de fièvre et de 2 des signes suivants :

• nausées et/ou vomissements


• éruptions cutanées

• douleurs
• Test du lacet positif

• leucopénie

4.2. Groupe B : Dengue suspect probable (ou confirmée) avec «


signes d’alerte »
Les signes d’alerte sont les suivants :

• Douleur ou sensibilité à la palpation au niveau abdominal


• Vomissements persistants

• Accumulation liquidienne clinique


• Saignements au niveau des muqueuses

• Léthargie, anxiété

• Hépatomégalie> 2 cm

6
• Elévation de l’hématocrite et diminution rapide de la
numération plaquettaire

Terrains particuliers : grossesse, petite enfance, âge avancé, obésité,


diabète, hypertension, insuffisance, cardiaque ou rénale, hépatique,
maladies hémolytiques chroniques comme la drépanocytose et maladies
immuno- dépressives acquises ou innées ; maladies auto-immunes et
antécédent de dengue.

4.3. Groupe C : La dengue sévère


C’est la forme sévère de la dengue avec des complications potentiellement
mortelles. Environ 2,5% des patient meurent ; et sans traitement adapté,
le taux de létalité de la dengue hémorragique peut dépasser 20%.

Les critères en faveur d’une dengue sévère sont :

Fuite plasmatique sévère entrainant :

- Etat de choc

- Accumulation liquidienne avec détresse respiratoire

Saignements sévères

Selon l’évaluation du clinicien : rechercher les signes de gravité


(agitation, soif, dyspnée, tachycardie, hypotension artérielle,)
saignement de grande abondance même sans signes de gravité.

Atteintes organiques sévères

- Hépatique : ictère, taux d’ASAT ou d’ALAT ≥ 1000 UI/L

- Rénale : augmentation de la créatininémie supérieure à 26,5 µmol/l


en 48 heures ou une diminution du volume des urines de 0.5 ml/kg/h
en 6 heures.

7
- Système nerveux central : altération de l’état de conscience
(agitation, somnolence, obnubilation, coma)

- Cardiaque : péricardite, myocardite, etc.

- Pulmonaire : pleurésie, insuffisance respiratoire

- Autres organes

Figure 1 : Classification des cas de dengue par gravité

Source (guide pour la PEC clinique de la dengue OMS 2013)

NB : Il convient de garder à l’esprit que même une dengue sans signe


d’alerte (groupe A) est susceptible d’évoluer vers une dengue sévère
(Groupe C).
8
V. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE

5.1. Le diagnostic direct ou diagnostic précoce de la dengue


Le diagnostic direct ou diagnostic précoce repose sur la détection du virus
entier par culture cellulaire ou la détection de son génome par des
techniques de biologies moléculaires ou la détection de l’antigène NS1.
[5].

Détection du virus ou de son génome

A partir de sérums obtenus entre le 1er et le 7ème jour de maladie, la


détection du virus peut être effectuée soit par culture virale ou par
détection du génome au moyen de technique de biologie moléculaire (ex
: RT-PCR en temps réel). Cette technique est donc réservée aux centres
nationaux de référence ou aux laboratoires équipés d’un plateau
technique adapté.

Détection antigénique : la protéine NS1

La protéine NS1 (protéine non structurale 1) est spécifique du virus de la


dengue.

Elle est présente dans le sérum des patients dès l’apparition des premiers
signes cliniques et permet ainsi un diagnostic précoce de l’infection.

5.2. Le diagnostic indirect ou diagnostic sérologique


Le diagnostic sérologique de la dengue repose sur la détection d’IgM et
d’IgG spécifiques au moyen de test immuno-enzymatiques (ELISA) ou
immunochromatographiques (ICT).

a. Cinétique des anticorps dirigés contre le virus de la dengue (DENV)


Au cours d’une infection primaire, les IgM apparaissent au bout de cinq à
six jours et les IgG sept à dix jours après les premiers signes cliniques
et atteignent leur maximum en deux à trois semaines. Les IgM atteignent
leur pic de sécrétion deux semaines après le début de la maladie.
9
Figure 2 : cinétique de la virémie, de l’antigénémie NS1 et des anticorps
anti dengue lors d’une infection primaire.

Au cours d’une Dengue secondaire, les IgG sont détectables dès la phase aiguë
(1 à 2 jours après le début des signes cliniques). Leur titre est plus élevé que lors
d’une infection primaire et elles persisteront plus longtemps.
Les taux d’IgM sont plus faibles qu’en cas d’infection primaire (voir indétectables
dans certains cas). La détermination du ratio IgM/IgG peut être utilisée pour
distinguer une dengue secondaire d’une dengue primaire.

10
Figure 3 : Cinétique du virus et des anticorps de type IgM et IgG au cours d’une
Dengue secondaire

NB : La dengue primaire est définie par une première infection par l’un des
sérotypes. La dengue secondaire est une réinfection par un autre sérotype.

b. Les tests immuno-enzymatiques (ELISA) ou immuno- chromatographiques(ICT)


Il en existe 2 types : les tests à visée diagnostique et les tests permettant
de différencier une dengue primaire d’une dengue secondaire.

NB : Réactiver les sites sentinelles (CMA de DO, CMA Pouytenga, CMA de Nongr-
Massom, CHU-YO, CSPS de Marcoussi (DS Sig-noghin), CHR-Dori, CMU de
Koudougou) et en rajouter d’autres afin d’avoir une meilleure couverture. En
attendant, les échantillons seront directement acheminés au LNR/FHV

11
VI. RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN CHARGE
CLINIQUE DE LA DENGUE

Étape I – Évaluation globale


I.1 Antécédents, dont symptômes, passé médical et antécédents
familiaux
I.2 Examen physique, incluant une évaluation physique et mentale
complète
I.3 Investigations, y compris les analyses de laboratoire de routine
et les tests spécifiques de dépistage en laboratoire de la dengue
Étape II – Diagnostic, évaluation de la phase de la maladie et de sa
gravité

Étape III – Traitement


En fonction des manifestations cliniques et d’autres
circonstances, les malades peuvent :
- Être pris en charge en ambulatoire (groupe A)
- Être orientés vers une prise en charge dans une formation
sanitaire (groupe B)
- Nécessiter un traitement d’urgence et un transfert
immédiat vers un centre de référence (groupe C).

6.1. Étape I – Évaluation globale


Les antécédents doivent
mentionner :
• la date d’apparition de la fièvre et de la maladie ;

• la quantité d’apport liquidien par voie orale ;

• la présence éventuelle de diarrhée ;

• la diurèse (fréquence, volume et moment de la dernière miction) ;


12
• l’évaluation des signes d’alerte (Encadré C) ;

• les modifications de l’état mental, les convulsions et les vertiges ;

• d’autres antécédents pertinents importants tels que :

- l’existence de cas de dengue dans la famille ou le voisinage,

- l’existence d’un antécédent de cas de dengue chez le patient

- les déplacements dans d’autres zones d’endémie de cette


maladie,

- les situations ou affections concomitantes (petite enfance,


grossesse, obésité, diabète, hypertension, drépanocytose,
insuffisance rénale, insuffisance hépatique…) ;
- rechercher la notion d’autres pathologies infectieuses.

L’examen physique doit comprendre :

• une évaluation de l’état de conscience ;

• une évaluation de l’état d’hydratation ;

• une évaluation de l’état hémodynamique ;

• la recherche d’une tachypnée au repos, d’une respiration acidosique

et d’un épanchement pleural ;


• la recherche d’une sensibilité abdominale à la palpation, d’une

hépatomégalie et d’une ascite ;


• l’examen des manifestations éruptives ou hémorragiques ;

• le test du tourniquet (à répéter s’il était auparavant négatif ou en

l’absence de saignements).

13
6.2. Étape II – Diagnostic, évaluation de la phase et de la gravité
de la maladie.
En se basant sur l’évaluation des antécédents, l’examen physique et/ou
la numération-formule sanguine, l’hématocrite, le bilan rénal
(créatininémie) et hépatique (ASAT/ALAT), les prestataires de soins
devront déterminer si la maladie évaluée est la dengue, dans quelle phase
elle se trouve (phase fébrile, critique ou de convalescence), si le malade
présente des signes d’alerte, son état hémodynamique et d’hydratation,
et s’il faut l’hospitaliser.

6.3. Étape III – Traitement (groupes A à C)


En fonction des manifestations cliniques et d’autres circonstances, les
malades sont traités en ambulatoire (groupe A) ou orientés vers une
prise en charge hospitalière (groupe B), ou encore doivent bénéficier
d’un traitement d’urgence et d’un transfert sans délai vers un
établissement spécialisé (groupe C).
a. Traitement des patients du Groupe A : dengue probable ou confirmée
sans signes d’alerte
Ces patients peuvent être traités en ambulatoire chez eux. Ce sont les
patients qui ne présentent pas de signes d’alerte ET qui sont capables
de :

• Tolérer des quantités suffisantes de liquides par voie orale

• D’uriner un volume d’au moins 50ml/kg en 6 heures

Conseiller :

• Un repos suffisant au lit

• De boire suffisamment d’eau (au moins 2 litres/jour chez


l’adulte et 70-100ml/kg/j chez l’enfant)

14
• De prendre du paracétamol au besoin, (au maximum 4
grammes par jour pour les adultes, posologie à adapter pour
les enfants)
• D’éviter l’automédication moderne et/ou traditionnelle
• De dormir sous une moustiquaire

• D’utiliser des crèmes ou spray répulsifs


• De revoir le patient après 48h.

NB : L’utilisation d’acide acétylsalicylique (aspirine par exemple) et de


médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofène, par
exemple) est formellement contre indiquée car ils majoreraient le
risque hémorragique.

b. Traitement des patients du Groupe B : dengue probable ou confirmée


avec signes d’alerte
Ces patients doivent bénéficier d’une prise en charge dans un centre de
Santé doté d’un laboratoire (CM, CMA, CHR, CHU). Ils manifestent des
signes d’alerte, ou présentent une affection ou un état coexistant rendant
la dengue plus dangereuse ou sa prise en charge plus complexe. Tout cas
de dengue sur les terrains suivants est classé au groupe B (grossesse,
petite enfance, âge avancé, obésité, diabète, hypertension, insuffisance
cardiaque ou rénale, maladies hémolytiques chroniques comme la
drépanocytose et maladies auto-immunes)
Conduite à tenir :

- Encourager le patient à boire ;

- Faire un traitement symptomatique des vomissements ;

15
- S’il ne tolère pas les liquides par voie orale, commencer la perfusion,
intraveineuse d’une solution saline à 0,9% ou de lactate de Ringer à
un débit d’entretien ;
- Déterminer un hématocrite de référence ;

- Débuter la perfusion intraveineuse en attendant les résultats ;

- Administrer des solutés isotoniques comme une solution saline à


0,9%, du Ringer Lactate : commencer par 5-7ml/kg/h pendant 1 à 2
heure puis réduire à 3-5 ml/kg/h pendant 2 à 4 heures puis réduire
encore à 2-3ml/kg/h ou moins selon la réponse clinique.
NB : Pour les patients obèses (IMC sup 30kg/m2), considérer le
poids idéal théorique (taille en cm-100 chez l’homme et taille-105
chez la femme).
Réévaluer l’état clinique et refaire l’hématocrite

- Si l’hématocrite reste au même niveau ou augmente très peu,


continuer à un débit de 2-3ml/kg/h à nouveau pendant 2 à 4 heures.
- En cas d’aggravation des signes vitaux et de hausse rapide de
l’hématocrite, augmenter le débit à 5-10ml/kg/h pendant 1 à 2
heures.
Réévaluer l’état clinique et refaire l’hématocrite et revoir la vitesse de
perfusion

Diminuer progressivement le remplissage vasculaire intraveineux lorsque


la fuite plasmatique régresse à la fin de la phase critique.

Le principal moyen pour prévenir l’évolution vers l’état de choc des


patients présentant des signes d’alerte réside dans un remplacement
liquidien rapide.

16
NB : éviter la voie intramusculaire en cas de thrombopénie sévère (taux
de plaquette ‹ 50 000/mm3)

c. Traitement des patients du Groupe C : dengue sévère


Mesures générales :

- Examen clinique initial après respect des précautions standard (port


blouse, hygiène des mains, port de gant, interrogatoire, examen
général, examen physique)
- Hospitalisation (USI si possible)
- Monitorage/surveillance
- Dormir sous MILDA
- Bilan systématique : Hémogramme, transaminases hépatiques,
urée/créatininémie, Groupage Rhésus, ionogramme sanguin
complet, glycémie, CRP, TP, TCA, Fibrinogène, taux procalcitonine,
CPK
- Recherche de co-infection : paludisme, autres pathologies
infectieuses
- Bilan de terrain : électrophorèse de l’hémoglobine, glycémie,
serologie VIH, Ag HBs, VHC, facteurs de coagulation (VIII et IX)
- Sonde urinaire (apprécier la diurèse, et observer si hématurie,
protéinurie des 24h)
- Prise de voie veineuse périphérique de bon calibre (G18, G20 chez
l’adulte, G22, G24 chez l’enfant)

Traitement de la dengue sévère sans état de choc :


- Commencer la réanimation en perfusant en intraveineuse un soluté
isotonique de cristalloïdes à un débit de 5-10ml/kg/h pendant 3
heures.
- Rechercher et traiter les éventuelles défaillances d’organes
17
- Vérifier si possible l’hématocrite après les 3 heures ;

- Si l’hématocrite augmente/reste élevé (>50%), administrer un


deuxième bolus de soluté de cristalloïdes à raison de 10-20ml/kg/h
pendant 1 heure.
- Si l’hématocrite baisse, c’est un signe d’hémorragies ; il faut faire
les tests de compatibilité et transfuser du sang dès que possible.
Réévaluer l’état clinique et paraclinique du patient selon les critères de
sévérité.

Traitement du choc hypotensif (Fuite plasmatique sévère avec état


de choc)

- Conditionner le malade : voie veineuse de bon calibre,


oxygénothérapie ;
- Remplissage : commencer la réanimation en perfusant un soluté de
cristalloïdes (SSI 0,9% ou RL) ou de colloïdes (gélofusine,
haemacel) en bolus intraveineux : 20 ml/kg sur 15 minutes.
- Si le choc est d’origine hémorragique, transfusion de produits
sanguins labiles (plasma frais congélé + concentré de globule
rouge) en plus des mesures précédentes.
- Evaluer après 30 mn si non amélioration, perfuser à nouveau un
soluté de cristalloïdes (SSI 0,9% ou RL) ou de colloïdes (gélofusine,
haemacel : 20 ml/kg sur 15 minutes.
- Evaluer après 30 mn si non amélioration administrer un
vasopresseur (noradrénaline 0,1 à 3µg/kg/mn en IV avec seringue
électrique ou perfusion continue à défaut l’adrénaline
1microgramme/kg/mn en IV avec seringue électrique ou perfusion
continue) ;Si l’état du patient s’améliore, ramener le débit à 7-
10ml/kg/h pendant 1 à 2 heures, puis revenir à un soluté de
cristalloïdes en IV et réduire le débit comme ci-dessus.
18
NB : pour les patients du groupe B et C isoler les malades sous une
moustiquaire.

Traitement des complications hémorragiques


- En cas d’anémie sévère : transfusion sanguine de 5-10ml/kg de concentré
érythrocytaire (CGR) si intolérance clinique, chez un enfant ayant un taux
d’hémoglobine inferieur à 06g/dl, chez l’adulte avec un taux d’hémoglobine
inferieur à 07g/dl, chez un patient cardiopathe ayant un taux d’hémoglobine
inferieur à 10g/dl.
NB : chez le drépanocytaire il faut transfuser si taux d’hémoglobine
diminue de 2g/dl par rapport taux d’hémoglobine de base. Si le taux
d’hémoglobine de base n’est pas connu et en présence de signes
d’intolérance, la transfusion est nécessaire.
En cas d’indisponibilité de concentré plaquettaire ou érythrocytaire,
administrer du de sang total frais(10-20ml/kg).
En cas de crise vaso-occlusive il faut systématiquement une
oxygénothérapie
- Administrer 5-10ml/kg de concentré plaquettaire : en cas de
thrombopénie sévère (inférieure ou égal à 20.000/mm3) avec saignement
actif (Contrôle de l’hémogramme à réaliser chaque jour). En cas de
thrombopénie en dessous de 50 000/mm3 avec besoins d’exécuter des
gestes invasifs il faut transfuser les plaquettes.

NB : la transfusion prophylactique de concentrés plaquettaires n’est


pas systématique quelque soit le taux de plaquettes.

Gestes d’urgences :

En cas de détresse respiratoire : Oxymétrie de pouls, aspiration si


nécessaire, Oxygénothérapie si saturation périphérique en Oxygène
inférieur à 95% (lunettes nasales si besoin de 01 à 04 litres par minute,

19
masque faciale de 05 à 08 L/mn, masque à haute concentration si besoin
en oxygène supérieur à 08L/mn. Le débit sera réglé selon l’objectif 95% de
saturation.

En cas de troubles de la conscience : classer selon Glasgow pour les


adultes et Blantyre pour les enfants. Sonde urinaire, sonde naso-gastrique,
une voie veineuse ou deux au besoins, oxygénothérapie au besoin

En cas d’hypoglycémie : Glycémie inférieure à 3,3 mmol/l : utiliser du Sérum


Glucosé Isotonique (SGI) à 5%, si Glycémie inférieure à 2,2-3,3 mmol/l :
utiliser du SGH à 30% (à défaut du G10), une ampoule, en Intra Veineuse
Lente (IVL), glycémie inf à 2,2mmol/l : 2 ampoules en IVL puis contrôle
15mn après et surveillance.

Enfant : nouveau-né : glycémie < 1,65 mmol/l dans les 24 premières


heures de vie ou <2,2 mmol/l après 24h :
o SGH 10% 2ml/kg en IVL
o Glucagon 1mg (0,3mg/kg s/c ou IVL)
Nourrissons et enfant : glycémie <2,7 mmol/l :
o NRS : SGH10% 2ml/kg en IVl
o Chez l’enfant SGH 30% 0,5 à 1ml/kg en IVL

En cas d’hyperglycémie : si glycémie casuelle sup à 11mmol/L, recontrôlez


01H après, si toujours élevé administrer 10UI d’ACTRAPID en sous cutané
et faire une surveillance horaire de la glycémie, de la cétonurie et glycosurie
et adapter.

En cas de déshydratation : classer selon l’OMS. Si déshydratation sévère


avec plis de déshydratation persistante après 03 secondes, une sècheresse
des muqueuses, léthargie, troubles de la conscience, collapsus chez
l’enfant de 2 à 59 mois : léthargique ou inconscient, yeux enfoncés,
incapable de boire, pli cutané s’efface très lentement : Ringer Lactate (RL),
20
Sérum Salé Isotonique (SSI), 100ml/KG à passer en 03 Heures chez
l’adulte, en 06Heures chez l’enfant et chez les personnes âgées. Il faut
corriger les troubles ioniques. Chez l’enfant les troubles ioniques sévères :

❖ hypocalcémie = calcémie<85 mg/l : gluconate de calcium 10%


2ml/kg dilué avec SGI 5% en IVL de 15mn puis relais avec
perfusion de gluconate de calcium en raison 4-5ml/kg dans 100ml
de SGI par 24H
❖ Hyperkaliémie = kaliémie>5,5mol/l : Bicarbonate de sodium 8,4%
soit 1-2mmol/kg à passer en 10 mn. On y associe du salbutamol
en raison de 0,5mg/1,73m2 dilué dans 50ml de SGI/1,73m2
❖ Hypokaliémie = kaliémie< 3mmol/l : Kcl10% en raison de
0,5mEq/kg et par heure en perfusion
❖ Hyponatrémie = natrémie < 130 mmol/l :
o Nouveau-né : Qté de Nacl en mEq= Δ Na x poids en kgx0,6
(Δ=Natrémie normale-natrémie du patient) à mettre dans les
solutés (SGI 100cc) à passer en 3-4h
o NRS : Qté de Nacl en mEq=delta Na x poids en kgx0,3
o Enfant : Qté de Nacl en mEq=delta Na x poids en kgx0,25
❖ Conduite de la réhydratation chez l’adulte : 30ml/KG à passer en
30mn et les 70ml/KG en 02H30mn.
❖ Conduite de la réhydratation chez les personnes âgées : 30ml/KG
en 01Heure et les 70ml/KG en 05Heures.
❖ Conduite de la réhydratation chez l’enfant :
o Moins de 12 mois : 30ml/kg en 1h puis 70ml/kg en 5h
o 12 mois ou plus : 30 ml/kg en 30mn puis 70ml/kg en 2h30
Surveillance, réévaluer la déshydratation.

21
En cas de fièvre (température sup à 38,5) : administrer le paracétamol, en
cas de contre-indication utiliser les moyens physiques (ventilation,
climatisation, enveloppement humide etc.

En cas de douleur : utiliser l’échelle EVA chez l’enfant et chez l’adulte (voir
annexe I)

Antalgique en injectable selon le palier :

Palier 1 : paracétamol 15mg/KG toutes les 06 heures (adulte et enfant


de plus de 10kg), ou en association avec de Néfopam ; chez l’enfant
de moins de 10kg on utilise le paracétamol en raison de 7,5mg/kg
toutes les six heures.

Palier 2 : tramadol 100mg toutes les 08 heures ; la codéine peut être


prescrite chez l’adulte.
Palier 3 : la morphine sera utilisée après avis du spécialiste de la
douleur.

En cas oligurie/anurie : si déshydratation il faut réhydrater avec prudence


30ml/KG/Jour environ 1,5L de Ringer Lactate ou Sérum Salé Isotonique
(SSI) + correction des troubles ioniques.

Si surcharge hydrique (dyspnée, OAP etc.)

En cas d’OAP hypervolémique : Position demi-assise, Oxygénothérapie,


dérivés nitrés, furosémide IV

En cas de cytolyse sévère avec insuffisance hépato cellulaire : éviter les


médicaments hépato toxiques (paracétamol autres médicaments
hépatotoxique, limiter les gestes invasifs)

Prévention de l’ulcère de stress (chez l’enfant et l’adulte) : administrer de


l’oméprazole 40mg/24H en IV systématiquement.

22
En cas d’hypertension artérielle grade 3 (en cas d’urgence hypertensive à
partir 180 mmHg pour la systolique et/ou 110 mmHg pour la diastolique
associée à une atteinte viscérale et cas de poussée) : administrer de la
Nicardipine 10mg, une ampoule diluée dans 250ml de SGI.

Surveillance des paramètres cliniques et paracliniques en utilisant une fiche


de surveillance (TA, SpO2, T°c, diurèse horaire, IMC, FR, pouls,
conscience, état d’hydratation, saignement, créatininemie, urée,
ALAT/ASAT, Hémogramme, ionogramme, glycémie, CRP, TP, TCA,
Fibrinogène).

Prise en charge des défaillances :

*Fuite plasmatique sévère avec accumulation liquidienne avec


détresse respiratoire (OAP) :
• Position demi-assise
• Oxygénothérapie
• Ventilation non invasive
• Dérivé nitré : Trinitrine 10mg : 1 patch, contre-indiqué en cas
d’hypotension
• Diurétique : furosémide 40 à 60 mg en IVL chaque 8h ; chez
l’enfant, faire 1mg/kg en IVL chaque 8 heures.
*Saignements sévères : insérer le tableau d’appréciation des
saignements

Selon l’évaluation du clinicien : rechercher les signes de gravité


(agitation, soif intense, dyspnée, tachycardie, hypotension artérielle…)
saignement de grande abondance même sans signes de gravité.

Si choc :
o prendre 2 voies veineuses périphériques de gros calibres

23
o commencer le remplissage prudent en perfusant un soluté de
cristalloïdes (SSI 0,9% ou RL) 20 ml/kg
o transfusion de produits sanguins labiles (plasma frais congélé+
concentré de globule rouge avec un rapport 1/1 ou 2/1 chez
l’adulte si anémie sévère ) en plus des mesures précédentes.
Si le patient est vu dans les trois premières heures, on administre exacyl
une ampoule/08Heure en IVL (utiliser dicynone chez l’enfant), s’il est vu
après 03 heures, transfuser du plasma frais congelé et concentré de
globules rouge avec un rapport 1/1. Méchage au besoin.

Surveillance si persistance de l’hypotension, associer noradrénaline 0,1 à


3µg/kg/mn en IV avec seringue électrique ou perfusion continue à défaut :
l’adrénaline 1microgramme/kg/mn en IV avec seringue électrique ou perfusion
continue.

*Atteintes hépatique sévère : ictère, taux d’ASAT ou d’ALAT ≥ 1000


UI/L : éviter les médicaments hépatotoxiques.

*Atteintes rénale sévère :

En cas d’insuffisance rénale aigue : augmentation de la créatininémie d’au


moins 26,5 µmol/l en 48 heures ou une augmentation de la créatininémie
de base d’au moins 1,5 fois la créatininémie de base (celle qui est connu
chez le patient qui est suivi) ou une diminution de la diurèse à moins de 0.5
ml/kg/h en 6 heures.

NB : éviter tant que possible produit néphrotoxiques : produits de contraste


iodé, aminoside, vancomycine, adapter les doses médicamenteuses à la
fonction rénale

L’insuffisance rénale sévère est définie lorsque l’IRA s’accompagne de l’un


ou plusieurs des signes gravités.

24
- IRA + oligurie/anurie + déshydratation : Assurer une
réhydratation : Ringer Lactate ou Sérum Salé Isotonique : 100ml/kg
à passer en 03Heures chez l’adulte, en 06Heures chez l’enfant et
chez les personnes âgées. Il faut corriger les troubles ioniques.

- Chez l’adulte : 30ml/KG à passer en 30mn et les 70ml/KG en


02H30mn.

- Chez l’enfant et les personnes âgées : 30ml/kg en 01Heure et


70ml/ kg en 05Heures.

- Surveillance : signes de déshydratation, TA.

- IRA + oligurie/anurie avec volémie normale : hydratation


prudente : assurer les apports de base du patient : 30 ml/kg24h.

- IRA + oligurie/anurie avec surcharge hydrique (dyspnée, OAP


etc.) avec ou sans œdème, administrer la furosémide 1mg/KG en
IVD.

- IRA + Hyperkaliémie menaçante (sup à 6,5mmol/l ou trouble à


l’ECG ou paralysie flasque) donner gluconate de calcium une
ampoule en IVL, + insuline rapide 10 U dilué dans SGH 10% : 250
cc en 30 mn ou 5 unités d’insuline rapide dans SGI 5% 250 en 30
mn + Bicarbonate de sodium 250 cc surtout si acidose métabolique
sévère (contre indiqué si surcharge hydrique) + résine échangeuse
d’ions (Kayexalate) : 15 à 30 g/j.

- IRA + Acidose métabolique sévère (pH < 7.10, [ HCO3 ] < 15


mmol/l, ou symptomatique ( dyspnée de kussmal, épuisement
respiratoire) : Bicarbonate de sodium IV : 500 cc de Bicarbonate de
sodium IV 14 °/00 (Contre indiqué si surcharge hydrique)

Indication de l’hémodialyse :

25
- Troubles ioniques graves : Hyperkaliémie menaçante et/ou
Acidose métabolique sévère après échec des traitements
médicamenteux
- OAP résistant aux diurétiques,
- Encéphalopathie urémique (troubles de la conscience,
confusion, astérixis)
- Oligurie/anurie au-delà de 48h

*Système nerveux central : (altération de l’état de conscience


(agitation, somnolence, obnubilation, coma)

. Si hypoglycémie : SGH 10%

. Si encéphalopathie urémique : hémodialyse

. Si encéphalopathie hépatique : Lactulose : 01 sachet chaque 8h


par la sonde naso-gastrique

*Cardiaque :

Myocardite : transfert en unité de soins intensifs ou en réanimation pour les


formes plus graves. Elle vise à corriger l’insuffisance cardiaque, des
troubles du rythme et conduction. Elle vise également à prévenir

Péricardite : colchicine 1/2compx2/j si poids inf à 70kg et 1compx2/j si poids


sup à 70kg

*Pulmonaire :

En cas d’OAP : Position demi-assise, Oxygénothérapie, dérivés


nitrés, furosémide IV

*Autres organes : Appareil digestif

Vomissements incoercibles : métopimazine, lévosulpiride

Diarrhée importante : réhydratation au besoin


26
Douleurs abdominales : antispasmodique, antalgique

Hémorragies digestives : lactulose (prévention d’encéphalopathie


hépatique), oméprazole

Prévention de l’ulcère de stress (chez l’enfant et l’adulte) :


administrer de l’oméprazole 40mg/24H en IV systématiquement. A
vérifier chez l’enfant
- Si co-infection : traitement étiologique
- Prise en charge des terrains particuliers (diabète, infection VIH,
drépanocytose, HTA, asthme, hépatite chronique, obésité,
personnes âgées).

d. Traitement adjuvant
- Prodiguer une alimentation hypercalorique, hyperprotidique, consommation des
fruits et légumes ;

- Au besoin administrer par voie orale de vitamine C ou d’acide aminée ;

- Eviter le paracétamol en cas d’atteinte hépatique et prendre avis avec les


spécialistes.

VII. PREVENTION DE LA DENGUE

7.1. Prévention individuelle :


Réduisez le risque de contracter la dengue en vous protégeant des piqûres
de moustiques à l’aide :

• de vêtements qui couvrent autant que possible votre corps

• de moustiquaires idéalement imprégnées d’insecticides à longue


durée d’action si vous dormez même pendant la journée

• d’écrans anti-insectes sur les fenêtres (grilles anti-moustiques, vitres


scellées et autres)

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• de répulsifs contre les moustiques (contenant du DEET, de l’icaridine
ou de l’IR3535)

• de serpentins fumigènes et de vaporisateurs

7.2. Prévention collective :


Limiter la population de moustiques par :

▪ l’assainissement de l’environnement (désherbage, nettoyage

élimination des gites larvaires : réserves d’eaux stagnantes (bidons,


bouteilles, canettes, pneus….) ;
▪ la couverture des récipients de stockage de l’eau

▪ la pulvérisation spatiale ;

▪ la pulvérisation intra domiciliaire (PID) ;

▪ l’équipement des portes et fenêtres en grilles antimoustiques.

NB : Tout cas confirmé de dengue doit obligatoirement dormir sous


une moustiquaire afin de rompre la chaine de transmission.

VIII. CONCLUSION

Les présentes directives se veulent être un document de référence pour


la prise en charge standardisée des cas de dengue à tous les niveaux du
système de santé au Burkina Faso. Elles s’inspirent fortement des
recommandations proposées par l’OMS en 2013.

La prise en charge de la dengue est relativement simple et peu onéreuse


et permet avec une grande efficacité de sauver des vies, à condition que
des mesures appropriées aient été prises en temps utile [4]

Il n’y a pas de traitement spécifique ni de vaccin commercialisé contre la dengue


au Burkina Faso donc la principale arme reste la lutte antivectorielle.

28
Annexe I : Echelle d’évaluation de la douleur

Échelle Visuelle Analogique (EVA)

Echelle d’auto évaluation sensible, reproductible, fiable, validée utilisable en


douleur chronique comme en douleur aiguë mesure l’intensité de la douleur de 0
à 10.

Réglette en plastique de 10 cm graduée en mm présentée au patient


horizontalement (ou verticalement)

Sur la face présentée au patient se trouve un curseur qu’il mobilise le long d’une
ligne droite l’une des extrémités correspond à absence de douleur l’autre à douleur
maximale imaginable.

Le patient positionne le curseur à l’endroit qui situe le mieux sa douleur.

L’autre face (vue par le soignant) est graduée en millimètres, le curseur mobilisé
permet de lire l’intensité de la douleur (peut aussi être graduée de 0 à 10).

De 0 à 10 ou 0 à 100.

Le patient nécessite une prise en charge de la douleur si EVA ≥ 4/10 (échelle de 0


à 10 en cm) ou EVA ≥ 40/100 (échelle de 0 à 100 en mm).

29
Échelle Numérique (EN)

Cotée de 0 à 10 ou 0 à 100. L’Echelle Numérique, consiste à demander au patient


de donner une note entre :

0 (« je n’ai pas mal du tout ») et 10 (« j’ai la pire douleur imaginable »).

Le patient nécessite une prise en charge de la douleur si EN ≥ 4/10 (échelle de 0


à 10 en cm) ou EN ≥ 40/100 (échelle de 0 à 100 en mm).

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IX. BIBLIOGRAPHIE

1. Gonzalez JP, Du Saussay C, Gautun JC, McCormick JB, Mouchet J.

[Dengue in
Burkina Faso (ex-Upper Volta): seasonal epidemics in the urban area of
Ouagadougou]. Bull Soc Pathol Exot Filiales. 1985;78(1):7-14.
French.PubMed PMID: 3886182.
2. Etude prospective de l’épidémiologie et de la transmission de la dengue

au Burkina Faso (Projet EPITRADE-BF), CNRFP Burkina Faso,


Protocole approuvé en juin 2014

3. Rapport d’investigation des cas suspects de dengue dans la région

sanitaire du centre. Service de surveillance épidémiologique de la


direction de la lutte contre la maladie ; Novembre 2013
4. Guide pour la prise en charge clinique de la dengue OMS/TDR 2013

5. Stratégie de diagnostic biologique de la dengue ; Rapport du groupe de

travail ;
Janvier 2011. Haut conseil de la santé. Ministère du travail de l’emploi et
de la sante.
FRANCE

6. OMS/ Dengue et dengue hémorragique ; Aide-mémoire N°117 Mars

2014 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs117/fr/index.html

7. OMS/ Dengue et dengue hémorragique ; Aide-mémoire N°117. Révisé

Avril 2002 http://www.lestransmetteurs.fr/IMG/pdf/OMS_Dengue.pdf

8. JP H: Circulation du virus dengue 2 dans plusieurs milieux boisés des

savanes soudaniennes de la région de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso).


Entomologie Medicale et Parasitologie 1985, 22:135-143.

31
9 : Robert V, Lhuillier M, Meunier D, Sarthou JL, Monteny N, Digoutte JP,
Cornet M, Germain M, Cordellier R. Yellow fever virus, dengue 2 and
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to 1986. Entomological and epidemiological considerations. Bull Soc
Pathol Exot. 1993;86(2):90-100. French.
PubMed PMID: 8102567

10: World health organization Dengue et dengue sévère du 17 mars 2023

https://www.who.int

11: Amarasinghe A, Kuritsk JN, Letson GW, Margolis HS.Dengue Virus


Infection in Africa. Emerg Infect Dis 2011; 17(8):1349-54.
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Emerg infect Dis. 2018; https://doi.org/10.3201/eid2401.170973 Google
Scholar
13: Service de surveillance de la DPSP

32

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