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La Revolte de Lynorya
La Revolte de Lynorya
Les quelques survivants elfes furent exécutés. Les oreilles pointues étaient pas loin de cinq
cents, les Hommes à peine trois cents. Il ne restait que cinquante survivants tout au plus.
Seriel extirpa difficilement son glaive de la mâchoire de sa victime, et regarda autour de lui.
Désolation. Sang.
- Seriel ! Que les quatre dieux soient bénis, tu as survécu !
- Bien sûr que j’ai survécu, répondit-il fièrement, par contre toi, cela m’étonne Jonya.
J’aurai parié que tu serais mort rien qu’en voyant un cadavre.
- Ne dis pas de conneries, rétorqua le jeune homme blond, tu t’es fait dessus à peine la
bataille avait commencé. J’ai même pensé que tu allais t’évanouir.
- C’est totalement faux d’abord ! J’ai été le soldat le plus vaillant que tu n’as jamais vu !
Même Aguenon pâlit de jalousie en ce moment ! J’ai tué au moins une vingtaine de
dorés.
- Tu veux plutôt dire qu’une vingtaine de dorés ont failli te tuer, lança Jonya en rigolant.
Si je ne t’avais pas sauvé les miches, ton cadavre serait déjà froid.
Seriel fronça les sourcils. Jonya posa sa main sur l’épaule de son ami.
- Je suis heureux que tu aies survécu.
- Je le suis aussi. As-tu vu mon père durant la bataille ? Est-il vivant ?
- Je crois l’avoir vu aux côtés d’Aguenon, là-bas, dit-il en pointant du doigt un
regroupement de soldats. Je suis certain qu’il sera très fier de ce que tu as accompli
aujourd’hui.
- Tu le penses vraiment ? Je veux dire, bien sûr ! J’ai été brave, j’ai tué des dizaines
d’oreilles pointues. Aucune raison qu’il ne soit pas empli d’une fierté incroyable !
Je ne suis pas une fiotte, pensait-il alors qu’il prenait la direction de l’amas d’armures. Les
Hommes encerclaient leur chef, attendant qu’il ouvre la bouche. Seriel joua du coude, et
parvint à se rapprocher. « Mes amis, mes frères, aujourd’hui nous avons gagné ! ». Un
hurlement de joie retentit. « Mais ce n’était que la première bataille. Aussi grande est la joie,
aussi honorifique est la victoire, aussi inoubliable est cette journée, je ne suis pas satisfait ! Et
vous ne devriez pas l’être non plus. Gagner une bataille, bien d’autres avant nous ont su le
faire, mais changer le destin, aucun ne l’a fait jusqu’à présent. Ce n’est pas la joie que cette
victoire doit susciter, mais l’espoir. L’espoir sera notre guide. Mes frères, aujourd’hui nous
allumons la flamme de l’espoir et nous l’alimentons du sang des tyrans ! ». Applaudissement,
cris. Seriel remarqua un homme à la peau grisée par la vieillesse et la fatigue, et au regard
sévère, engoncé dans une armure de fer rouillé. Son père. Il se tenait droit comme un i, les
mains croisées dans le dos. Le jeune homme s’approcha.
- Père, dit-il timidement, m’avez-vous vu ?
- Comment aurais-je pu te voir, rétorqua-t-il d’un ton sec, alors même que tu restais
planqué ? Ta seule victime, c’est toi. As-tu fait dans tes braies ? Je peux presque sentir
l’odeur par-dessus celle des cadavres. Si seulement ton frère était encore là, il te
mettrait la correction que je n’ai plus la force ou la volonté de t’infliger. Va ! Rejoins
donc ta blondinette et allez vous enculer dans un coin.
Le jeune homme s’éloigna, puis se mit à pleurer. « J’ai fait tout ce qu’il m’avait demandé, et
ce n’est pas assez. Peut-être aurais-je dû mourir… ». Une main se posa sur son épaule,
interrompant sa complainte. Seriel sécha ses larmes en un éclair et se releva. Un grand homme
aux longs cheveux bruns et au visage héroïque se trouvait derrière lui.
- Ague… Aguenon, bégaya-t-il, je suis déso…
- Ne sois pas désolé jeune homme, tu t’es battu avec beaucoup de courage. Je l’ai vu. Je
dirai même que tu avais plus de bravoure que moi.
- Vous mentez, vous avez bien plus de courage que je n’en aurai jamais.
- Penses-tu ? Laisse-moi t’avouer quelque chose, tu veux bien ? Juste avant la bataille,
j’ai vomi mes tripes de peur contre cette arbre (il pointa du doigt un gros chêne).
J’étais terrifié, au point d’en avoir des crampes dans l’estomac. Le courage, ce n’est
pas de ne pas avoir peur, c’est d’agir malgré celle-ci. Seuls les fous n’ont pas peur.
C’est notre principal défense contre le danger. C’est aussi l’une des plus belles
preuves d’amour.
- Mais ce n’est pas ce que dit mon père ! La peur c’est pour les fiottes. Lui il n’a jamais
peur.
- Si ce que tu dis est vrai, je le plains terriblement. Je vais devoir te laisser maintenant,
mais sache que tu peux compter sur moi.
Aguenon se leva et repartit en souriant au jeune homme. Les survivants commencèrent à
quitter le champ de bataille. Seriel passa au milieu des décapités, des éventrés, des broyés. Ses
bottes rouillées s’enfonçaient dans la boue et dans le sang. La pluie ne parvenait pas à
nettoyer tout le sang qui maculait les plaques d’armure qu’il portait. Son épée, qu’il serrait
toujours aussi fermement, gouttait. La vague de fer disparut dans la forêt, ne laissant sur le
rivage que mort et destruction. Sur cette terre poussaient maintenant les germes de la révolte,
la fin de la Tyrannie.
CHAPITRE II
Cidril
Le nain