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AVANT -PROPOS

Chers collègues,

Nous proposons sur cette page quelques indices qui pourront vous
permettre d’identifier plus aisément les typologies de textes étudiés en
classe de 4ème et 3ème, l’objectif étant de mieux les distinguer.
En effet, la limite entre le texte explicatif et celui informatif est si
‘’ mince’’ qu’il arrive souvent de les confondre. Plus grave encore,
l’information étant au service de l’argumentation, il peut arriver de prendre
le type informatif pour un texte argumentatif et vis-versa.

LE TEXTE INFORMATIF
 Il renseigne, éclaircit, transmet des renseignements.
 Aucun indice (pronom personnel) ne permet de savoir qui parle, à
qui, dans quelle situation, aucun jugement n’est porté sur les faits
qui sont communiqués au lecteur.
 L’emploi du présent tend lui aussi à gommer toute marque
d’énonciation particulière.
 Il se veut une présentation neutre du réel.

LE TEXTE EXPLICATIF
 Il a pour but d’expliquer, de transmettre des informations en
facilitant leur compréhension.
Indices textuels : -présence d’un vocabulaire spécialisé
-processus de clarification du sens (comparaisons,
périphrases, synonymes…)
Critères grammaticaux : -le présent, les connecteurs logiques et
temporaires.

LE TEXTE ARGUMENTATIF
 Il cherche à modifier l’opinion du destinataire et le faire adhérer à
celle du locuteur /auteur.
Les indices du texte argumentatif
 Selon la stratégie d’argumentation choisie,
-Le locuteur ne se manifeste pas : il adopte l’objectivité du texte
informatif/explicatif (3ème personne, phrases déclaratives…), qui marque
ainsi l’intention de convaincre ;
-Le locuteur se manifeste : il affiche des indices d’énonciation (1ère et 2ème
personne), des marques de jugement.
 Des articulations de type logique (car, donc, cependant…) qui
permettent d’organiser des oppositions, des raisonnements.
-Le lexique : selon la stratégie adoptée, il est neutre ou au contraire
comporte des termes valorisants ou dévalorisants.
Le CRD Français
LISTE DES TEXTES
NIVEAU 4ème

TEXTES EXPLICATIFS
1-La prostitution juvénile
2-L’érosion côtière
3-L’autruche
4-Le jeu de l’awalé
5-Le carnaval de l’Abissa
6-Notre alimentation
7-La fête de génération chez les Ebrié

TEXTES INFORMATIFS
1-L’école ivoirienne
2-Les produits verts
3-L’incendiaire n’est pas un pyromane
4-La Côte d’Ivoire
5-La traite négrière

DIALOGUES ARGUMENTATIFS
1-pour ou contre la dot
2-Il faut partir
3-L’amour des armes
4-l’exile, une chose difficile
5-La formation technique
6-Les craintes d’un mari
TEXTES EXPLICATIFS

LA PROSTITUTION JUVENILE

La prostitution constitue de nos jours une véritable pandémie,


pratiquée par les jeunes filles surtout dans les pays en voie de
développement.
En Inde, ce phénomène est le fait de filles dont l’âge varie entre
douze et dix-huit ans. Issues pour la plus part des familles misérables
et de milieux ruraux, ces jeunes filles prostituées arpentent chaque
nuit les rues animées de New Delhi, la capital. Elles s’installent
majoritairement devant les bars et les boîtes de nuit fréquentées par
les travailleurs et autres gens aisés à la recherche de clients.
La prostitution s’est aussi développée dans plusieurs grandes
villes du pays telles Calcutta Bombay… Ces adolescentes tout en
affirmant que l’exercice de ce métier permet la satisfaction de leurs
besoins primaires, il n’en demeure pas moins qu’il comporte une
multitude de risques.
En effet, selon Monsieur Hure, chef du service statistique de
l’hôpital de Bombay, 50 à 70 % des prostituées ont une fois au moins
une de ces maladies vénériennes : gonococcie, syphilis…
Par ailleurs, toujours selon Monsieur Uhuru, la grande majorité
de ces filles sont affectées par le virus du SIDA et au moins 20% des
décès dans les hôpitaux indiens sont dus au VIH6SIDA. De plus, l’une
de ces conséquences est le bannissement des filles issues de castes
par les siens, qui considèrent que la pratique de ce métier jette
l’opprobre sur la famille.

Mark Friedman,
Daily News du 20 janvier 1991.
L’EROSION COTIERE

On ne dira jamais assez : l’érosion côtière fait peser


de graves menaces sur les pays du golfe. Dans ces pays,
l’Océan Atlantique emporte plusieurs millions de mètres
cube de sable. Sous l’effet des vagues, plusieurs mètres de
plages fondent tous les ans. Des millions d’habitations, des
routes, des hôtels, des cocoteraies et même des villes
entières ont été englouties par les tumultueux océans. Au
Ghana, la ville de Keta, une cité de pêcheurs n’a pas résisté
aux assauts répétés des vagues. Cette ville n’existe plus sur
la carte du Ghana.
Au Togo, une des principales cathédrales est en
perdition, littéralement léchée par les vagues. Les anciens
racontent qu’elle était construite à une quarantaine de
kilomètres de l’océan. L’abattoir et les toilettes publiques
de la cité, vestiges de l’époque coloniale ont cédé depuis
longtemps. Leur site ne pourrait être atteint aujourd’hui
qu’en barque ou à la nage, à cent trente-mètres au moins
des plages actuelles. Des villages entiers ont dû se déplacer
pour ne pas se retrouver sur les flots. Des risques de s
risques de disparitions pèsent sur certains ports. La
construction de barrages, de ports et l’extraction du sable
côtier ont largement contribué à l’accélération de l’érosion
côtière.
Certains pays du littoral ont engagé dans la lutte
contre le phénomène, la construction d’épis ou l’utilisation
de caisses remplis de sable et de cailloux, là où le désespoir
s’installe. Aussi, de vieux pneus de tracteur peuvent être
utilisés pour amoindrir l’effet érosif des vagues.

Extrait d’Entente africaine n° 86, septembre 1991.


L’autruche

Pour courir, deux pattes suffisent ; c’est ce que


l’autruche démontre parfaitement à plus de soixante-dix
kilomètres à l’heure. Elle s classe dans le peloton de tête de
champion de vitesse de la savane. Mais n’oublions pas que
l’autruche est un oiseau ; comme tel, elle possède une
paire d’ailes. Trop faible pour supporter en vole les cent
cinquante kilos que pèse leur propriétaire. Celles-ci lui
servent à maintenir son équilibre lorsqu’elle court parmi les
vastes espaces de la savane.
A la période des amours, toutes ailes déployées, le
mâle parade devant sa future compagne. Son régime n’est
guère exigeant : bien que préférant les feuilles, et les
pousses tendres, elle avale indifféremment sauterelles,
lézards ou petits mammifères.
Loin d’être une œuvre d’art, son nid se présent
comme un simple creux gratté à même le sol, parfois
tapissé de brindilles et de feuilles sèches. La femelle y
dépose une quinzaine d’œufs, les plus gros parmi ceux des
oiseaux vivant aujourd’hui : chacun peut peser jusqu’à un
kilo et demi. Les parents couvent à tour de rôle, la femelle
le jour et le mâle la nuit.
Au bout de dix semaines, la petite autruche perce la
coquille.
Gros poussin blanc jaunâtre, tacheté de gris ou de brun,
elle peut aussi trottiner derrière ses. Quatre années lui
suffiront pour devenir à l’âge adulte, le plus gros oiseau du
monde.

M.P. et A. Mineli, Le lion et les animaux d’Afrique, Ed.


Fernand Nathan
LE JEU DE L’AWALE

Le jeu de l’awalé d’apparence simple, est d’abord un jeu de


stratégie faisant appel à des principes mathématiques. Il demande
par conséquent une certaine concentration, même si on peut le
pratiquer dès l’âge de dix ans, voir plut tôt. C’est un jeu captivant,
attirant facilement des spectateurs qui ne peuvent rester indifférents.
On raconte même qu’un jour, tout un village a pris feu tandis que
deux champions s’affrontaient lors d’un match particulièrement
suivi : les spectateurs à ce point intéressés par la partie que le village
entier se consuma avant que quelqu’un ne s’avisât du désastre !
Si l’awalé est très facile à apprendre, il n’en reste pas moins
assez difficile à maîtriser. Cinq à dix minutes suffisent pour se
familiariser avec les règles principales, mais il faut des années de
pratique pour prétendre devenir un grand joueur.
Voici les règles qu’il faut suivre pour jouer à l’awalé. Il convient
de respecter rigoureusement :
-Le jeu se déroule toujours de la gauche vers la droite.
-Le jeu se déroule en prenant tous les pions d’un trou pour les placer
un par un dans les trous suivants, à partir du premier trou qui suit
celui où on a ramassé les pions. Le tour de jeu se termine quand le
dernier pion est placé. Tu dois toujours prendre les pions dans ton
camp ; ne pioche pas dans celui de ton adversaire !
-Dès qu’un joueur a terminé son tour, c’est au tour de l’adversaire.
On ne peut pas jouer deux fois de suite.
-Le but du jeu consiste à capturer les pions de l’adversaire (ceux qui
sont situés dans son camp). Un joueur peut capturer à chaque fois
deux ou trois pions, qu’il conserve jusqu’à la fin du jeu. Si le dernier
pion que tu places parvient dans un trou où se trouvent déjà deux
autres pions, tu gagnes les trois pions. Attention ! Rappelle-toi qu’il
s’agit toujours du dernier pion attribué, et que tu peux capturer des
pions dans ton propre camp.

D’après Kanga Ballou.


LE CARNAVAL DE L’ABISSA

La tradition enseigne que les sept familles qui composent le


peuple N’Zima (Mafoulé,Ndjouffou, Azanhoulé, N’vavilé , allonhôba,
Ehozilé et Adahonlin) sont dépositaires de la danse de l’Abissa. Mais
c’est un membre du clan N’vavilé qui l’a découverte, il y a très
longtemps. Alors qu’il se baladait dans une forêt, il entendit, à l’orée
d’une clairière, une musique et des chants mêlés au son peu
ordinaire du tambour. Il s’approcha et vit des génies, le fils Nvavilé
s’empara du tambour et retourna au village. Depuis, une fois l’an, les
légataires du tambour sacré Edogbolé exécutent cette danse qui a
donné son nom à la fête de l’Abissa.
A l’occasion de l’Abissa, tout s’arrête dans le village. On ne va
plus au champ ou à la pêche et on n’organise pas de funérailles. Le
gouazo, cérémonie où le peuple salue le tambour majeur marque le
début officiel des festivités. Sur la place Abissa (située au quartier
France), jeunes, femmes et hommes, le visage des uns badigeonnés
de kaolin, les autres en perruque, parés de longs colliers en perles ou
encore déguisés, chantent sur les frappes cadencées des
percussionnistes.
A chaque jour son programme. Lundi, journée des doyens et
des jeunes, où l’on transmet les coutumes et prodigue des conseils.
Mardi : Edo N’Gbolé, jour de purification, de retrouvailles et de
pardon. Suivent les jours des cadres, des femmes, des chefs
traditionnels. Samedi, les sept familles N’Zima font allégeance au roi
et on danse la nuit. Au petit matin du dimanche, vient la cérémonie
secrète d’au revoir au génie de l’Abissa (Afantché) et de purification
du roi au bord de la mer.
L’Abissa est la seule fête qui rassemble avec autant de ferveur
les N’Zima Kôtôkô. L’ambiance est super, tout le monde s’éclate.
C’est une fête vraiment conviviale, qui réunit les gens autour d’une
philosophie de pardon et de tolérance. A l’Abissa, on ne fait que
danser, on apprend aussi à se connaître, à raffermir les liens de
fraternité. C’est pourquoi elle est si populaire.

Le carnaval de l’Abissa, Planète jeune n° 93, pp 16-17.


NOTRE ALIMENTATION

Les aliments que nous mangeons sont transformés à l’intérieur


du corps. Ils contiennent de l’eau, des sels minéraux et des quantités
variables de glucides, protides, lipides.
La nourriture sue nous mangeons est d’abord digéré dans le
tube digestif : elle devient une bouillie. Les aliments, devenus petits,
traversent la paroi de l’intestin et arrive dans le sang : c’est
l’absorption. Les aliments sont transportés par le sang. Ils rentrent à
l’intérieur des organes et servent à les réparer ou à les faire grandir.
Cette dernière transformation s’appelle l’assimilation.
Certains aliments ne passent pas dans le sang ; ils restent dans
le tube digestif et sont rejetés par l’anus sous forme de matières
fécales.
Pour simplifier la gestion d’une alimentation équilibrée, les
aliments sont habituellement regroupés en cinq familles
indispensables au quotidien. Au sein de chaque groupe, on peut
consommer un aliment ou un autre.
Pour avoir une alimentation variée, attention à ne pas toujours
choisir le même aliment au sein d’une même famille. Manger des
céréales (mils, sorgho…) et des légumineuses (pois, haricot…) en
même temps donne autant de protides utiles que manger de la
viande.
Pour s’assurer une nourriture saine et pour éviter la
contamination au cours de l’ingestion d’aliments, la première
nécessité absolue consiste à se laver très régulièrement les mains
avant les repas. En effet les mains portées à la bouche sont à l’origine
de nombreuses contaminations par les agents qui produisent des
vers parasites (oxyures anales, etc.)
Mais il faut également manger une nourriture saine, c’est- à
dire dont on est assuré qu’elle n’est pas contaminée. Pour éviter tout
risque, il est conseillé de consommer les aliments bien cuits (en
profondeur). Si les denrées doivent être consommées crues, le lavage
doit être approfondi et renouvelé avec de l’eau saine (robinet).
Enfin la protection des aliments doit être assurée en les
couvrant et en les plaçant dans un endroit propre et clos
(réfrigérateur).

Cahier d’activité, 4ème, p.55, éd. Hatier/CEDA


LA FETE DE GENERATION CHEZ LES EBRIE

La fête de génération chez les Tchama appelés Ebrié


consiste globalement en une série de processions de jeunes
initiés à travers le village d’Anoumabo. Ces jeunes âgés
d’au moins vingt ans, qui sont parés d’ornements
traditionnels, doivent exécuter autour de leur chef, les pas
de danse guerrière (celle-ci est définie par un ensemble de
gestuels connus des seuls initiés). C’est un grand moment
de ferveur et de communion dans la communauté Ebrié.
La fête de génération est avant tout une initiation, un
service militaire qui consacre l’entrée du jeune homme
dans le cercle des adultes. Le jeune qui acquiert la majorité
(20-21 ans), quitte la tutelle parentale et peut être associé
à toutes les prises de décision qui engagent le destin de la
communauté. La fête de génération réglemente également
la succession des générations au pouvoir. On distingue la
génération Tchagba,Blessoué, gnando, Dougbo. A chacune
de ces grandes classes de génération, il faudra associer des
sous catégories Djehou, Dogba, Agban, Assoukrou, selon
l’âge des initiés. La prise de pouvoir obéit à un système de
rotation. « Pour que le pouvoir passe d’une génération à
l’autre, il faut environ quatre-vingt à cent ans ».
Enfin, la fête de génération est une exclusivité
culturelle des tchaman. C’est donc une fête réservée aux
Ebrié. Cependant, vu les brassages sociaux issus des
mariages mixtes, la cérémonie est aussi ouverte aux métis
et autre personnes étrangères parfaitement intégrées à la
communauté autochtone. Toutefois, tout le monde peut
assister sans risque aux cérémonies et rites traditionnels.

Extrait de Le guide répertoire, le magazine des communes,


éd. 2005.
TEXTES INFORMATIFS
L’ECOLE IVOIRIENNE

L’école ivoirienne va mal, très mal : infrastructures


insuffisantes, effectif pléthorique, niveau d’enseignement trop bas,
etc. Une situation qui s’est fortement détériorée avec la crise
militaro-politique. Il ne se passe plus de jours sans qu’on assiste à des
grèves d’animateurs du secteur d’Education/Formation.

Une crise qui, le moins qu’on puisse dire a fortement précarisé


la quasi-totalité des secteurs d’activités, y compris l’école. Mais la
crise ivoirienne n’est pas la seule responsable des maux qui minent
l’école. La population ivoirienne est jeune, elle croît vite. Elle tourne
aujourd’hui autour de vingt millions d’habitants, soit soixante-deux
habitants au kilomètre carré quand les écoles datent de 1980. 0En
clair la densité de la population est en hausse là où il n’y a pas de
nouvelles infrastructures. Cela entraîne une augmentation des
effectifs dans bons nombre de classes d’établissements publics
secondaires. Un enseignant face à cent élèves. Autant dire que la
pédagogie de proximité qui demande 75% de réussite d’une leçon
dispensée sera vite sacrifiée. La tricherie gagne du terrain parce
qu’on a beau être vigilant, on ne peut pas surveiller vingt-cinq
casseroles sur le feu. Et ce sont des élèves formés au rabais qui vont
se retrouver au bout de la chaîne comme enseignants. Et seuls ceux
qui ont conscience de la lourdeur de leur responsabilité vont songer à
s’auto- former pour mieux former. Mais pour cela il faut que le
salaire soit proportionnel à la cherté de la vie.

Tché Bi Tché, Le Temps du 3 mars 2009.

DRENET ABENGOUROU ANNEE SCOLAIRE 2018-2019


LYCEE NKK NIABLE UP FRANÇAIS

NIVEAU 4ème

LES PRODUITS VERTS

Piles sans mercure, lessives sans phosphates, essence sans


plomb, emballages recyclés ou biodégradables, peintures sans
solvants, etc., les produits verts dits aussi éco- produits, sont
supposés moins polluer l’environnement et sont identifiés comme
tels par les consommateurs grâce à des mentions particulières.
Apparus en France à la fin des années 80, ils ne jouent
encore qu’un faible rôle, ne dépassant pas 7 % des ventes. Selon
une étude du ministère français de l’industrie portant sur huit
mille entreprises françaises, 14ù seulement d’entre elles déclarent
fabriquer des éco- produits, pour l’essentiel vendus par les
grandes entreprises, les PME n’intervenant que marginalement.
Les consommateurs sont aujourd’hui peu sensibles à
l’argument environnement dans leurs achats de tous les jours. 10
% seulement d’entre eux se sentent concernés. S’ils redoutent les
grandes pollutions accidentelles, ils font par contre rarement le
lien entre leurs gestes et les équilibres naturels. Faute sans doute
d’une information adéquate. Surtout, comme le montre divers
études, ils ne sont pas prêts à, payer plus pour les produits
écologiques, qui doivent prouver leur efficacité.
Le manque d’intérêt des consommateurs s’explique aussi par
la faiblesse du mouvement consumériste français et son absence
de mobilisation autour des produits verts. Le boycottage d’un
produit polluant n’est guère envisageable chez nous à moins d’un
accident grave, à la différence des pays anglo-saxons où la
sensibilité verte est nettement plus importante. Enfin le faible
engouement actuel se justifie chez maints consommateurs par la
difficulté de se séparer dans les arcanes flous des écoproduits.

C. Levi, Le Monde, 14-9-1993.


L’INCENDIAIRE N’EST PAS UN PYROMANE

Alors que le terme de pyromane est le plus souvent


utilisé, c’est, au contraire, à des incendiaires qu’on doit la
majorité des incendies criminels récents. « Les incendiaires
allument des feux par vengeance, par jalousie ou par
intérêt, mais sans souffrir d’aucun déséquilibre mental. Ils
relèvent donc du droit commun », explique le professeur
Jean Marc Albi. Incendiaire donc l’ouvrier agricole qui
voulait mieux débroussailler son champ et le jeune garçon
qui voulait venger son père.
Les pyromanes, en revanche, provoquent des
incendies pour se jouir du spectacle, auquel ils prennent un
plaisir pervers. Il existe d’ailleurs plusieurs types de
pyromanes selon les critères psychiatriques. Certains sont
des débiles légers, d’autres peuvent être, au contraire,
d’une intelligence supérieure. Beaucoup d’entre eu sont
des psychotiques rêvant de purifier le monde par le feu.
Enfin, les psychiatres insistent tous sur la publicité donnée
aux feux de forêt qui joueraient un rôle de déclencheur
chez les pyromanes en puissance.

Le Monde, 7 août 1989.


DRENET ABENGOUROU ANNEE SCOLAIRE 2018-2019

LYCEE NKK NIABLE UP FRANÇAIS

NIVEAU 4ème

LA CÔTE D’IVOIRE

La Côte d’Ivoire, située sur le Golf de Guinée, a la forme d’un


carré d’environ 600 km de côté. Indépendant depuis 1960, cet Etat
francophone ne compte que 10 millions d’habitants.
Le relief de la Côte d’Ivoire est peu accidenté, sauf dans le nord-
ouest du pays, où le mont Nimba atteint 1752 m.
La savane couvre le nord du pays, où la saison sèche peut atteindre 6
mois par an. Pour se nourrir, les paysans cultivent des céréales (du
mil et du sorgho) ; ils pratiquent un petit élevage de chèvres ou de
volailles. Les cultures commerciales, comme le coton, et la canne à
sucre, occupent de grandes surfaces. Autour des villes, comme
Korhogo, les Sénoufo récoltent des légumes dans des jardins bien
arrosés.
La forêt dense couvre le sud du pays. Les pluies, reparties sur 9
mois, dépassent 1500 mm par an. Les paysans récoltent toute
l’année des tubercules comme le manioc, les patates douces,
l’igname et le taro. Ils possèdent aussi des champs de café de cacao
et d’ananas, de bananes. La forêt fournit des bois précieux ou
industriels qui sont traités sur place ou exportés en grumes.
La population est partagée en de nombreuses ethnies, que l’on
peut rassembler en quatre groupes. Le français est la langue
véhiculaire, utilisée par l’administration et dans les écoles. La Côte
d’Ivoire compte aussi de nombreux étrangers : coopérants français,
commerçants et hommes d’affaire libanais, travailleurs émigrés
venus du Burkina Faso et du Mali.
La Côte d’Ivoire est, comme l’Algérie, un pays jeune. Avec un
taux de natalité de 46 %o et bun taux de mortalité de 18 %o, la
population augmente chaque année de 300 000 habitants.

J. M. Lambin, J. Martin, P. Desplanques, Histoire, Géographie, classe


de 5ème, Hachette, 1987.
LA TRAITE NEGRIERE
La véritable traite négrière commence avec les besoins en main-d’œuvre des
puissances européennes pour leur empire colonial.
Au XVe siècle, pendant leurs expédions de découverte, les
Portugais longent la côte ouest de l’Afrique. Pour financer leurs
voyages, ils font prisonniers des Noirs qu’ils revendent comme
esclaves.
D’abord peu nombreux, ces esclaves vont devenir la principale
« marchandise » et permettre la mise en valeur de l’Amérique : leur
travail coûte en effet moins cher que celui d’un blanc libre.
C’est la naissance d’un nouveau type d’esclavage et le début de
la traite des Noirs et de la fortune des négriers. Ainsi commença l’un
des plus importants déplacements de population de l’histoire d
l’humanité : la déportation de quelque douze à quinze millions
d’hommes et de femmes.
Au XVe siècle, les Espagnols et les Portugais, grâce à leurs
voyages de découvertes, ont acquis un véritable empire colonial. Puis
ce sera la Hollande, la Grande-Bretagne, la France…
Toutes ces puissances coloniales pratiquent une politique
appelée mercantilisme : importer le minimum de matières premières,
exporter le maximum de produits fabriqués. Les colonies fournissent
à la métropole ce qu’elle ne peut pas produire elle-même. Par
exemple, les plantes qu’on ne peut pas cultiver en grandes quantités
sous le climat tempéré européen mais qui poussent très bien sous le
climat tropical américain : canne à sucre, café, cacao, coton, riz,
tabac, indigo. Et ce climat, le Noirs le supportent mieux que les
Blancs…
En quelques années les plantations de canne à sucre des
Canaries espagnoles, de Madère et des Açores voient arriver un »
dizaine de milliers d’esclaves en provenance du Sénégal, de
Mauritanie et du Golf de Guinée. Puis le phénomène gagne les îles
portugaises du Golfe de Guinée : Sao Tomé, Fernando Po, l’île au
Prince deviennent pour un temps les principaux producteurs sucriers
du monde. En un siècle, elles font venir plus de 75 000 Noirs des
côtes africaines toutes proches.
Au début du XVIIe siècle, 300 000 esclaves venant d’Afrique
sont « livrés » en Amérique, mais ils coûtent chers et la traversée de
l’Atlantique reste un exploit. En un siècle tout va changer.
J. Meyer, Esclaves et négriers, coll. « Découvertes », Gallimard.

DIALOGUE ARGUMENTATIF

POUR OU CONTRE LA DOT


Lakounlé - Jure, Sidi, jure que te sera ma femme et je ferai face à la
terre, au ciel et aux neuf cercles de l’enfer…
Sidi –Voilà que tu recommence ! Pour la moindre chose tu te mets à
caqueter comme un cacatoès. Tu causes, tu causes et me casse les
oreilles de mots qui ont toujours le même ronron et qui n’ont ni
queue ni tête. Je te l’ai dit et je te le répète ; je t’épouserai
aujourd’hui, la semaine qui vient ou n’importe quand tu voudras.
Mais il faut d’abord que ma dot soit versée. Voudrais-tu faire de moi
un objet de risée ? Mais Sidi ne veut pas se transformer elle-même
en crachoir recueillant les mépris du village.
Lakounlé – Que leur crachat retombe sur ma tête !
Sidi – Ils diront que je n’étai vierge et que j’étais forcée de vendre ma
honte en t’épousant sans dot !
Lakounlé – Coutume sauvage, barbare, démodée, rejetée, inutile,
rétrograde, aberrante, imbuvable !
Sidi – As-tu vidé ton sac ? Pourquoi t’arrêtes-tu ?
Lakounlé – Pour le moment je n’ai que le Larousse de poche. Mais j’ai
commandé le grand. Attends et tu verras.
Sidi – Paye seulement la dot !
Lakounlé (dans un cri)- Ignoble, infâme, ignominieuses coutumes
couvrant notre passé de honte aux yeux de l’univers. Sidi, je cherche
une femme, ce n’est pas pour la voir peiner à mon service, faire la
cuisine, frotter à terre et faire des enfants à douzaine…
Sidi – Dieu te pardonne ! Est-ce que tu mettrais en cause la maternité
chez la femme ?
Lakounlé - Bien sûr que non, je voulais seulement dire…O Sidi, je
désire me marier par amour. Je cherche une compagne pour la vie…
Sidi – Alors, paye la dot.
Lakounlé – Fille ignorante, ne peux-tu rien comprendre ? Payer la dot
ce serait acheter une génisse à, l’étable du marché. Tu serais mon
cheptel, ma pure propriété. Non Sidi.

Wolé Soyinka, Le lion et la perle, éd. C.L.E


IL FAUT PARTIR

La scène se passe dans un village africain. Un barrage doit être construit par
le gouvernement. Cela a pour conséquence le déplacement du village.

Nda – Penses-tu que notre intérêt à nous soit de quitter ce village où


repose les ancêtres qui veillent sur nous ? Penses-tu que quitter ce
village où nous avons toujours vécu heureux soit dans notre intérêt ?

Ndouba – moi aussi je connais la peine que j’aurais à quitter ces lieux.
Je sais le grave choc que notre départ implique. Je pressens le vide
qui va nous habiter les premiers temps de notre départ. Je sais les
bouleversements que cela provoquera dans notre vie quotidienne.
Portant quand je regarde l’avenir qui nous est réservé, je réponds
sans hésiter que notre intérêt se trouve dans le départ. Oui, il faut
partir. Vous voyez vous-mêmes que notre village ne peut plus vivre
comme autrefois. Nos habitudes les naturelles ont été faussées. Pour
vivre maintenant, on ne peut plus se contenter des simples poissons
du fleuve, des bananes et des tubercules des champs. Il faut acheter
du riz, du sucre, il faut du pétrole pour nos lampes ; il nous faut de
bonnes machettes pour travailler nos champs, des filets résistants
pour la pêche.
Regardez donc les pagnes que vous portez : ils sont faits par des
machines.
(Murmures d’approbation dans l’assemblée)
Malgré nous, nous sommes embarqués dans ce monde où il faut tout
acheter, au prix qu’on nous impose. Voilà par où l’on nous tient
encore.

Voilà donc, Anoh, ce monde ne nous permet plus de vivre isolés.


Nous ne pouvons pas nous suffire tout comme les autres ne peuvent
pas se suffire sans nous non plus. Il nous faut donc apprendre avec
ardeur ce qu’ils savent de plus que nous.
Et il faut partir avec conviction et enthousiasme.

Amadou Koné, Le respect des morts. Acte III, Scène3,


Ed. Hatier International.
L’AMOUR DES ARMES

Nandi- Pardonne encore, mon fils. Je ne voulais pas te blesser.


(Comme si elle changeait de sujet)
La conduite des affaires du royaume présente de lourdes
charges qui écrasent chaque jour davantage tes épaules, fils bien
aimé… Un enfant, Chaka, dériderait mes vieux ans et me donnerait
un peu de l’affection que tu ne sauras plus m’apporter depuis que ta
stature en impose à tous.

Chaka (riant)-N’exagère rien, mère. Mais… qui aimer ? Je ne suis pas


aimé. Dans mon jeune âge, il t’en souvient, je n’ai pas appris à
attendrir le cœur des jeunes filles. En fait de jeux, je n’ai connu que
ceux des armes.

Nandi- C’est là le danger, mon fils. A force de combattre, tu ne sauras


pas combattre. Un souverain perd l’amour de son peuple. La tension
est forte, pour les meilleurs de nos enfants, de suivre tes traces. Alors
dis-moi, qui tracera les champs et les ensemencera ? Qui bâtira nos
maisons ? Qui tissera nos vêtements et fabriquera les parures des
femmes ?
(Un temps)
L’amour des armes est une noble passion qui n’est toutefois
pas sans risque : celui de détruire l’amour dans le cœur des hommes.
Au reste que crains-tu, toi que craignent et l’orient et l’occident. Seul
le soleil, dans sa course, cerne les limites de ton royaume.

Chaka- Mais il y a au nord, il y a Zwidé. Par deux fois déjà, il a menacé


le royaume de Dingiswayo qui n’a plus sa vigueur et sa force
d’autrefois. Ai-je le droit d’abandonner se sujets qui sont également
les miens ?

Condetto Nénékehaly-Camara, Amazoulou, tableau I


(In Contient-Afrique, suivi d’Amazoulou, Ed. Pierre-Jean Oswald,
1970,
P. 66 à 67)
L’EXILE, UN CHOIX DIFFICILE

La scène se passe à la fin du XIXe siècle, dans l’un des royaumes sénégalais : le
Djolof, commandé par un guerrier incomparable nommé Ali Bouri Ndiaye, encore
appelé Bourba Albouri.
(Entre la Reine Mère et la Linguère (la sœur aînée du Roi). Le roi se lève, va à
leur rencontre. Il conduit la Reine Mère jusqu’au trône et la fait asseoir. La
Linguère et le Roi restent debout).
La Reine Mère Yay- Quel est donc ce mot qui te brûle et dont tu as peur ?
Le Roi Albouri- l’exil !!!
(Surprise des deux femmes. Un silence.)
La Reine Mère Mam yay- L’exil ? Dis plutôt la fuite. L’exil vers où ? Non fils,
Non. Meurs dans ta capitale, au milieu de tes sujets.
Le Roi Albouri- N’avais-je pas raison, Toi, ma mère, tu m’accuse sans même
m’écouter, sans me comprendre ; qu’arrivera-t-il quand ce mot atteindra
mon peuple, seigneur, je sens venir la division !
(Il s’approche de sa mère et lui tient le bras.)
Mère ! Quitterais-je mon royaume, la terre de mes ancêtres sans
contrainte ? Il me suffirait d’un compromis pour rester. Seulement, je ne
serais plus le même ; il y aurait un autre au-dessus de moi. Je ne puis
accepter pareille chose. Mère, nous ne sommes pas seuls ; à Ségou, des
hommes refusent de courber l’échine.
(Silence.)
Lutter ou mourir, pas servir !
(Il marche vers La Linguère.)
Linguère ma sœur, tu m’as souvent compris et aidé. Tu élèves mes enfants
depuis la mort de la première Reine.
Linguère Madjiguène- Mon rôle de Linguère m’a toujours tenue à tes côtés.
Je transmets tous tes ordres touchant aux femmes du Djolof. Le pays est à
feu et à sang. Il faudra trouver un moyen, mon frère(…).
Le Roi Albouri- Nous risquons tous l’esclavage(…)
La Reine Mère Mam Yay- Mon fils ! Ta décision est peut-être sage, mais
honore-il ton lignage ?
Linguère Madji guène- L’exil devrait être un dernier recours. Soutenons
d’abord l’assaut des troupes ennemies.
Le Roi Albouri- Il importe d’épargner des souffrances au peuple. Les Spahis
sont payés pour tuer. Ma stratégie est plus efficace que le suicide de bien
des rois. Voyez la mort de Samba Laobé Fâl à tivâlon. Mieux vaut amoindrir
les chances de nos ennemis. Ahmadou peut encore battre les envahisseurs.
Linguère Madjiguène- Mère ! Albouri a raison.

Cheikh Aliou N’Dao, L’Exil d4albouri, éd. L’Harmattan.


LA FORMATION TECHNIQUE
On nous dicta un texte très simple(…). Il me semble que je retournais
plusieurs années en arrière, que j’étais assis dans une des petites classes de
Kouroussa. Mais c’était bien cela : La semaine s’écoula sans que j’eusse rien
appris. Le dimanche, je m’en plaignis vivement à mon oncle.
-Rien ! Je n’ai rien appris, mon oncle ! Tout ce qu’on nous a enseigné, je le
savais depuis longtemps. Est-ce la peine vraiment d’aller à son école ? Autant
regagner Kouroussa tout de suite.
-Non, dit mon oncle, non ! Attends un peu !
-Il n’y a rien à attendre ! J’ai bien vu qu’il n’y avait rien à attendre !
-Allons ! Ne sois pas si impatient ! Es-tu toujours si impatient, cette école où
tu es, peut-être est-elle à un niveau trop bas pour ce qui concerne l’enseignement
général, mais elle peut te donner une formation pratique que tu ne trouveras pas
ailleurs. N’as-tu pas travaillé dans les ateliers ?
Je lui montrai mes mains : elles étaient zébrées d’éraflures(…).
-Mais je ne veux pas devenir ouvrier ! Dis-je.
-Pourquoi le deviendrais-tu ?
-Je ne veux pas qu’on me méprise !
-Ecoute -moi attentivement, dit mon oncle. Tous les élèves venant de Kouroussa
ont toujours détesté l’école technique, toujours ils ont rêvé d’une carrière de
gratte-papier. Est-ce une telle carrière que tu ambitionne ? Une carrière où vous
serez perpétuellement treize à la douzaine ? Si réellement ton choix s’est fixé sur
une telle carrière, change d’école. Mais dis-toi bien ceci, retiens ceci : si j’avais
vingt ans de moins, si j’avais mes études à faire, je n’eusse point été à l’école
normale, non ! J’aurais appris u bon métier dans une école professionnelle ; un
bon métier m’eût conduit autrement loin !
-Mais alors, dis-je, j’aurais bien pu ne pas quitter la forge paternelle.
-Tu aurais pu ne pas la quitter. Mais dis-moi, n’as-tu jamais eu l’ambition de la
dépasser ?
Or j’avais cette ambition ; mais ce n’est pas en devenant travailleur manuel
que je la réaliserais ; pas plus que l’opinion publique, je n’avais de considération
pour de tels travailleurs.
-Mais qui te parle de travailleurs manuel ? Dit mon oncle. Un technicien n’est pas
forcement un manuel et, en tout cas, il n’est pas cela. C’est un homme qui dirige
et qui sait, le cas échéant, mettre ka main à la pâte. Or les hommes qui dirigent les
entreprises ne savent pas tous mettre la main à la pâte, et ta supériorité sera là
justement. Crois-moi demeure où tu es, je vais d’ailleurs t’apprendre une chose :
ton école est en voie de réorganisation(…). L’enseignement n’y sera plus sera plus
inférieur à celui du Collège Camille Guy.
Est-ce que les arguments de mon oncle finirent par me convaincre ? Pas
pleinement peut-être. Mon oncle Sékou et mes tantes même joignirent leurs
instances aux siennes et je demeurai donc à l’école technique.
D’après Camara Laye, L’enfant noir.

LES CRAINTES D’UN MARI


Malimouna préparait son intervention. Il fallait qu’elle ait des
arguments de taille, et qu’elle s’appuie sur des preuves indiscutables. Elle
se rappelait son impuissance, en France face au douloureux problème de
fanta. Malimouna allait témoigner. Elle allait parler de sa propre
expérience. Elle allait annoncer publiquement qu’elle n’était pas excisée et
qu’elle n’en était pas pour autant une débauchée. Elle allait parler de son
mariage forcé(…). Elle allait… La porte de la chambre claqua, et Malimouna
se retourna en sursautant. Karim était debout devant elle et la regardait,
l’air courroucé.
-Tu n’en a pas marre de jouer les vedettes ? Lança-t-il en gesticulant.
Malimouna par-ci, l’AAFD par –là. J’en ai par-dessus la tête ! A partir
d’aujourd’hui, je veux que tu arrête toutes ces simagrées et que tu
reviennes un peu sur terre. Tu penses peut-être que tu a le pouvoir de
changer le monde ?
-Il y a un début à tout…
-Bon, eh bien, moi, j’en ai marre de me faire appeler « Monsieur
Malimouna ». C’est moi l’homme, et je voudrais que tu te fasses un peu
plus discrète. Tu vas donner l’impression aux gens que tu me mène à la
baguette. Aie une attitude un peu moins agressive, un peu plus femme.
-Il ne s’agit pas de nous dans tout ceci. Il s’agit d’aider les femmes dans leur
oppression quasi quotidienne… En fait, tu sais, tout ça,… Bon excuse-moi…
on en parlera un peu plus tard si tu veux bien. J’ai mon meeting dans deux
jours et je ne suis pas tout à fait prête. Je dois témoigner, il faut que je sois
calme et sereine.
-Témoigner, Témoigner de quoi et pourquoi ?
-témoigner de mon histoire, du viol dont j’ai été victime, du mariage
forcé, du fait que je ne sois pas excisée, et que je me suis pourtant mariée
et que j’ai eu des enfants…
-Tu es folle ? Je te l’interdis !... Ce n’est pas digne d’une femme de se
mettre ainsi à nu devant tout le monde. Tu penses à moi, et aux enfants ?
Je ne veux pas que mes parents apprennent tout ceci ! Tu te rends
compte ! Comment vais- je expliquer que je me sois marié avec une femme
non excisée ?
Malimouna sentait le sang bouillir dans ses veines. Mais ne fallait pas
qu’elle s’énerve, cela ne ferait qu’envenimer les choses.
Tu veux que je sois la risée de tous ? Tempêtait encore Karim.

Fatou Kéita, Rebelle.

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