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ÉTUDE EXPÉRIMENT ALE

sur la DURABILITÉ des BÉTONS


de POUDRES RÉACTIVES

Nicolas ROUX, Carmen ANDRADE et Miguel Angel SANJUAN

1. INTRODUCTION

Les bétons a hautes et tres hautes performances sont ves (BPR) a été récemment développé par la Direction
utilisés depuis de nombreuses années pour leurs résis- Scientifique de Bouygues [5]. Les performance s de ce
tances mécaniques et leur bonne tenue a la pénétration matériau vis-a-vis de la durabilité ont été caractérisées
d'agents agressifs [1,2]. Les caractéristiques mécani- par l'étude expérimentale présentée ci-apres. Cette
ques sont obtenues par ajout de superplastifiants réduc- étude couvre les principaux cas de pathologie des bé-
teurs d'eau et de fumée de silice qui permettent de tons, et notamment ceux qui pourraient affecter la pé-
réduire le rapport Eau/Ciment (E/C), diminuant ainsi la rennité d'une structure réalisée en BPR. Les essais de
porosité de la matrice cimentaire [3,4]. durabilité réalisés permettent de comparer la résistance
Un nouveau matériau a matrice cimentaire et ultra a la pénétration d'agents agressifs du BPR200 a deux
hautes performance s appelé Béton de Poudres Réacti- bétons de référence, un B30 et un B80.

2. MATÉRIAUX

Les bétons de référence retenus pour cette étude sont TA8LEAU I


représentatifs des bétons ordinaires et des bétons a tres Compositions seches et caractéristiques du béton ordinaire
hautes performances mis en reuvre sur chantier. La for- 830 et du béton a tres hautes performances 880.

mulation du B30 non adjuvantée possede un slump de


15 cm. Le béton B80 est fortement adjuvanté et contient 5 kg/m3
45 kg/m3
Caractéristiques
B80cm
90
23
1,6
0,26MPa B30
30015
35 -MPa
cm
1,4
0,62
kg/m3
450 kg/m3
10 % de fumée de Eau/Liant
silice.
Fumée Sa
GravierlSable
Slump
fe,28 résistance
de silice
Superplastifiant en compression
(Extrait sec)
est élevée et sa Ciment CP A55
faible porosité lui garantit une bonne
durabilité.

Les bétons de référence ont été fabriqués dans un


malaxeur de laboratoire a axe vertical d'une capacité de
70 litres. Les sables et graviers utilisés sont des silico-
ca1caires semi-concassés. Le plus gros diametre des
granulats est de, 14 mm. Les formulations des bétons
sont données dans le tableau 1.

Deux catégories de BPR ont été étudiées. Leur com- Les compositions des matrices cimentaires BPR200 et
position relative est identique, les éprouvettes confec- BPR200c sont données dans le tableau 2. Certains es-
tionnées se différencient uniquement par la procédure sais de durabilité ont été réalisés sur le matériau fibré a
de mise en reuvre. Les premieres sont vibrées sur une raison de 2 % en volume, ce qui représente 156 kg par
table de laboratoire (BPR200) puis mise en cure, alors metre cube. Les fibres métalliques ont un diametre de
que les secondes sont comprimées avant et pendant la 0,175 mm pour une longueur de 13 mm et sont recou-
prise (BPR200c). La pression de serrage est de 60 MPa. vertes d'une couche mince de laiton.
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TABLEAU 11
Toutes les éprouvettes utilisées pour les essais de
Compositions seches et caractéristiques du BPR200 durabilité sont cylindriques. Celle de B30 et de B80
et du BPR20Oc.
mesurent 11 cm de diametre et 22 cm de hauteur, celles
en BPR ont un diametre de 7 cm et une hauteur de
BPR200c
230
Compositions
244
176
14,5
977
1074 MPa
0,14seches
kg/m3
kg/m3
kg/m3 170
1026
13,8
168
233
933 MPa
0,14
kg/m3
kg/m3
kg/m3 14 cm. Elles ont toutes été mises en cure pendant
BPR200
28 jours dans l'eau a 20°C avant d'etre soumises aux
Ciment CPA HPR différents essais de durabilité.

3. PROCÉDURES EXPÉRIMENTALES et RÉSULTATS

Les essais suivants ont permis de comparer expéri- lement déterminée par la taille des pores et leur porosité
mentalement la durabilité des bétons B30, B80 et BPR : cumulée. Ces deux parametres sont déterminés en
• Porosimétrie au mercure grande partie par le rapport Eau/Ciment (E/C). L'utili-
sation de superplastifiants réducteurs d'eau et l'optimi-
• Perméabilité a l'air
sation de la composition granulaire du mélange contri-
• Absorption d'eau buent a diminuer la quantité d'eau de gachage et, ainsi,
• Diffusion et migration des ions chlore la porosité du béton.
• Vitesse de carbonatation
La répartition des diametres de pores entre 6 nm et
• Vitesse de corrosion des armatures
100 Jlm a été mesurée avec un porosimetre a mercure
• Résistivité Micromeritics Pore Size 9320. Les échantillons de bé-
• Résistance a l' abrasion ton ont été prélevés a creur d'une éprouvette cylindrique
de dimension 7 x 14 cm. Ils ont été maintenus pendant
Porosimétrie 24 h a 40°C puis exposés a un vide de 6 kPa pendant
24 h avant d'etre caractérisés. La porosité cumulée des
La résistance a la pénétration d'agents agressifs dans quatre matériaux est comparée dans la figure l.
les matériaux a base de liants hydrauliques est principa-

Porosité cumulée (mllg)


0,06
B30
B80
0,05 r···..·..···· ···· ···..······ ·· ········
..·········
..\: ··· ······ ··1 -+-
-+- BPR200

0,04 -a- BPR200c

Fig. 1. - Porosité
cumulée du 8PR200 0,0 3 L..•••..•.........•..•....•..•...•.•••••••••..•..•..•..•.•.•..•.••....•.
" ••.••....•.......
~•.••.•.•••.••...•..•••....••.••.•..••......•..........................••.•.......••...••.•.•.....•.•..•.............•.......•..•.......•.•.•.••.•......•.......
et 8PR200c comparée
a celles des bétons
830 et 880.
0,0 2 1- \ ~ .

0,01

o
0,001 0,01 0,1 1 10 100
Diamétre des pares (microns)
134
BÉTON 320

La porosité cumulée du B80 a été ramenée de 15 % Les essais ont été réalisés sur un appareil conforme
dans le cas du B30 a 10 % en diminuant le rapport E/C aux recommandations du CEMBUREAU [9]. Le prin-
de 0,62 a 0,26. Ce meme principe appliqué au BPR200 cipe de mesure est illustré sur la figure 2. L'échantillon
permet de réduire la porosité cumulée mesurée entre de béton prélevé dan s une éprouvette cylindrique a une
6 nm et 100 ¡..tm a 1 % pour le BPR200 non comprimé épaisseur de 30 mm.
pendant la prise et a 0,5 % pour le matériau comprimé
La perméabilité est calculée avec l' équation issue de
avant et pendant la prise. On constate également l'ab- la formule d'HAGEN-POISEUlLLE :
sence de pores capillaires et une diminution du seuil de
la microporosité qui caractérise la taille maximale des 2 Q¡..tL -----I!.E.
micropores. L'influence de la procédure de mise en (1)
K=~. (P2_p2J
reuvre et les modifications de la microstructure par un
traitement thermique apres durcissement du BPR est avec:
donnée dans [6].
K = Perméabilité a l'air, m2
Perméabilité a I'air
Q = Débit a la sortie de la cellule de mesure, m3/sec
La perméabi1ité d'un matériau a matrice cimentaire
est déterminée principa1ement par son systeme de pores
¡..t= Viscosité de l'air, Pa.s (1,9 x 10-5 Pa.s a 20 De)
(taille des pores, porosité cumu1ée, connectivité), mais
également par sa composition chimique et minéralogi-
que. Les tres faibles porosités des B80 et BPR200 ne L = Epaisseur du disque, m
permettent pas de mesurer leur perméabilité a l'eau. Les
matériaux étudiés ont done été soumis a l' essai de per- A = Section du disque, m2
méabilité a l'air.
P = Pression a l' entrée de la cellule de mesure,
La sensibilité de la mesure aux variations hygrométri- 0,176 MPa
ques du matériau nécessite un préconditionnement des
échantillons apres la cure en eau a 20 DC pendant
28 jours. Deux traitements thermiques en étuve ont été
Po = Pression atmosphérique, 0,1 MPa
retenus:
Le seuil de sensibilité du dispositif de mesure est de
• 5 jours a 50 DC [7],
l'ordre de 10-18 m2• Les résultats comparatifs sont don-
• 30 jours a 80 DC [8]. nés dans le tableau 3.

ManomMre au mercure

Capteur de d6blt voIum6trIque


E1ectrovenne

Compresseur

Therrnom8lre

Cellule

Fig. 2. - Schéma du dispositif utilisé pour la mesure du coefficient


de la perméabilité a I'air.

TA8LEAU 11I
Perméabilité a I'air du 8PR200 non comprimé comparée aux bétons 830 et 880.

2,5 x 10-18 Xm2


120jours
30 -10-18 m20,3
a 80° 30 - Préconditionnement
e xx 10-18 m2 des échantillons
10-18 m2
5 jours a 50° e

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N° 532 MARS-AVRIL 1995

La pennéabi] ité Ú 1"air du 13PR200 esl i nférieure de tion de la racine carrée du temps écoulé, FAGERLUC\JD
p]usieurs ordres de grandeur Ú celle des bétons B_~Oet détermine apres un temps f" un fléchissement de la
BRO. Cette propriété, qui est principalement caractéri- courbe qui caractérise le début de I'état stationnaire. Ce
sée par le systeme de pores du matériau, est détermi- dernier est obten u par extrapolation des points en début
nante pour sa résistance :1 la pénétration d'agents agres- et en fin d'essai. I1 est alors possible de calculer deux
sifs, Cette faible perméahilité est égalcment d'un grand raramelrL's, la résistance a ]a pénétration et ]e cocffi-
intérét pour la réalisation de struL'lures étanches (résL'r- cient el' absorption capillaire. Les courbes expérimenta-
"oirs, caissons, re\étemcnts, ... ). les sont i1lustrées sur la figure 4.
Pour le 8PR200, aucun tléchissement de la courbe
Absorptiol1 d'eall
eXpérimentale ne peut étre ohser"é apres 15 jours
L'ne absorption el'eau lrop importanlC par le béton d' es.sai el 1"absorption d' eau reste inférieure a
peut causer un cerlain nombre de désordres sur les .struc- 0,2 !--g/m'. La tres l'aible absorption et I'inexistence du
tures, notammenl I"écaillage du matériau apres exposi- roint de fiéehissement est caractéristique pour un béton
tion au gel-dégel el la corros ion des armatures aprcs ne possédant pas de porosité capi]laire, ce qui a par
pénétration des ions chlore en (onc de marnage, La ailleurs pu elre ohser"é par]a mesure de porosimétrie au
résistance du béton Úl"absorption d'eau peut étre esti- mercure, Un ohtien!. de ce fait. une tres honne tenue a
mée a I"aide el'un essai proposé par F-\(iUtU;\1l [101. la pénétrat ion d' agents agressifs,
La détermination de la cinétique eLlbsorption et de
quantité absorbée a I"équilibre permettent de caracléri- DiffllSiol1 et migratiol1 des iOl1schlore
ser les mécanismes el' absorption L'l le diametre des pc))'es
La pn.;sence el' ion s chlore. Ú prox imi té el' armatures
capillaires.
métalliques, constilue une cause majeure de corrosion.
Les essais ont été réalisés sur des éprou"ettes cylin- La couche de passi"ation dc I'acier est attaquée par les
driques d'une épaisseur dc JO mm, curée.s 2R jours dans ion s chlore dés que Ieur concentration de"ient trop im-
I"eau a 20 cC et entreposées a 20C :1 une humidite portante. Compte-tenu de la tres faible porosité du
relati"e de SO (Ir jusqu'Ú I'équilibre de la masse. Le's 8PR200, la diffusi"ité des ions chlore est a priori tres
corps d'épreu"e sont alors placés sur un tissu éponge L'l inférieure Ú celle de bétons ordinaires, Deux types d'es-
immergés dans S mm d' eau, Le bac el' essai est i1Iust ré sai ont été réalisés, unc mesure de ditlusion simple et
sur la figure J. Pendant la durée de I"essai le belL' esl une mesure de migration en régllne permanent obtenu
coU\ert par un film plastique qui permet de maintenir par dillérenee de potentiel.
une humidité saturante.
L 'essai de difl'usion simple par gra"ité consiste a
Les éprou"ettes sont pesées Ú intenalles déterminés, éludicr le prol'il de concentration en ions chlore dans
apres a\oiressuyé la surfaee du corps d'épreu\e a\ec un une éprou "ette cyl indrique (7 x ] 4 cm) enduite d' une
tissu ]égerement absorban!. Les résultals sont exprimés couchc de résine époxy et sunnontée d'un réser"oir
en c¡uantité el'eau absorhée par unilé de surl'aee en l'one- contenant unc solution 0,5 M de NaCl. La concentration

Fig. 3. - Mesure de I'absarptian d'eau du bétan selan [10].

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BÉTON 320

Absorption d'eau (kg/m2)


3

2,5

2
B30
-1- B80
1,5
--+ BPR200

--&- BPR200c
1

5 10 15 20
Temps (h 0.5)
Fig. 4. - Absorption d'eau mesurée sur le 8PR200 et 8PR200c
et comparée a ce/le des bétons 830 et 880.

est maintenue constante pendant la durée de l' essai, soit


une année. Cette méthode permet de déterminer le coef-
ficient de diffusion apparent Da" Le dispositif d' essai est
illustré sur la figure 5.
L 'interprétation du profil de concentration d'ions chlore
dans 1'éprouvette de BPR200 ne permet pas de mettre en
évidence la pénétration d'ions durant la durée de 1'essai.
La concentration varie entre 0,0 I et 0,03 % de la masse de
béton et se situe au dessous de la limite du seuil de sensi-
bilité de la méthode expérimentale utilisée. Les profils de
concentration mesurés sur les trois bétons B30, B80 et
BPR200 sont illustrés dans la figure 6.
La mesure de migration a régime constant par diffé-
rence de potentiel (12 V) revient a intercaler un disque
de béton de 5 mm d'épaisseur entre deux chambres,
1'une cathodique contenant une solution 0,5 M de NaCl
et l' autre anodique contenant de l' eau distillée [1 1]. La
teneur en chlore des deux chambres est suivie dans le
temps. des qu'un régime permanent de migration s'est
établi. Cette procédure permet de déterminer le coeffi-
cient effectif de diffusion Den qui est calculé al' aide de
1'équation de NERNST-PLANK. II ne tient pas compte des
interactions chimiques entre les ion s chlore et le matériau.
Les résultats d'essai sont résumés dans le tableau 4.

TA8LEAU IV
Coefficient effectif Deff pour les bétons 830, 880 et 8PR200c.

Coefficient BPR200c
B80
0.02
0,6
LlXB3010-12
XX10-12
10-12

Den (m2/s)
Fig. 5. - Eprouvette en cours d'essai de diffusion simple
par gravité.

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long chIore / Ciment


4
B30
+ B~
3 O BPR200

o
O 10 20 30 40 50 60
Pro1ondeur (mm)
Fig. 6. - Profil de la concentration d'ions chlore dans les éprouvettes de B30, B80
et BPR pour la détermination du coefficient de diffusion apparent.

On mesure un coefficient de diffusion dans le peut déclencher le processus de corrosion. L' électrolyte
BPR200 comprimé avant et pendant la prise qui est tres joue alors un role important en assurant trois fonctions :
inférieur a celui des bétons ordinaires. La progression
des ions chlore dan s le BPR200 est donc tres lente. • la diffusion d' agents agressifs, principalement le
caz et les ions chlore,
Vitesse de carbonatation • le passage du courant électrique de nature ionique,

La résistance des bétons au dioxyde de carbone a été • le passage des produits formés lors de la corrosion
des aciers.
mesurée par un essai de carbonatation naturelle et deux
essais de carbonatation accélérée. Les conditions de
vieillissement retenues sont : La corrosion d'armatures passives a haute adhérence
noyées dans les différentes catégories de béton a été
• exposition a l'ambiante (0,03 % de Caz/50 % HR) étudiée par des mesures électrochimiques. Deux essais
pendant 18 mois, ont été réalisés, l' essai de résistance de polarisation et
• essai accéléré a 60 % d'humidité relative et 5 % de l'essai d'impédance électrochimique par spectroscopie.
caz pendant 42 jours, Les éprouvettes cylindriques étudiées ont été coulées
avec deux aciers de 3 mm de diametre noyés dans le
• essai accéléré décrit ci-dessus suivi de 90 jours a
béton. L'interface béton/armature était isolée par un
100 % de caz.
ruban adhésif et la longueur d'acier au contact du béton
La carbonatation du béton est mise en évidence par un était de 3 cm.
indicateur coloré a base de phénolphtaléine. Alors que
le coefficient de carbonatation du B30 atteint 50 mm/an La premiere méthode consiste a appliquer une varia-
tion par saut de potentiel de -10m V et 10m V autour du
apres le traitement accéléré a 100 % de caz, aucune
potentiel de corrosion Eeorr.La détermination de l' inten-
carbonatation n' a pu etre détectée sur le BPR200.
sité I permet de calculer la résistance de polarisation Rp
Vitesse de corrosion des armatures sans perturber les réactions de corrosion a l'interface
métal-électrode [12]. On calcull'intensité de corrosion
La corrosion des armatures métalliques dans le béton Icorrpar la relation de STERN leorr= B/Rp en estimant le
est le résultat de réactions électrochimiques, le béton coefficient B = 26 m V pour un acier en cours de corro-
étant le milieu électrolytique. L'armature peut se com- sion et B = 52 mV pour un acier a l'état passivé [13]. Un
porter soit comme cathode, soit comme anode et l'alté- suivi de l'intensité de corrosion leorrdans le temps per-
ration de l' acier est le résultat de réactions chimiques. A met d'estimer la perte de masse par unité de temps et
l' origine. la matrice cimentaire assure la protection des d' aire. On définit ainsi une vitesse de corrosion des
aciers en favorisant la formation d'une couche de passi- armatures, Veorrexprimée en mm par ano Il est communé-
vation sur les aciers. La chute du pH causée par la ment admis qu'il n'existe pas de risque de corrosion
carbonatation de la matrice ou la présence d'ions chlore pour des valeurs inférieures a 1 !lm/an.
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avec: Résistance a l'abrasion

ROhm = Résistance électrique du béton, kO, La résistance du BPR200 aux agressions mécaniques
a été vérifiée par l'essai CNR (Compagnie Nationale du
A = Section de l'éprouvette, cm2 Rh6ne). Le matériau immergé est soumis a un jet de
l = Espacement des électrodes, cm. sable de silice sous pression (2,5 bars) orienté a 45°.
Apres un intervalle de temps, le volume de l'empreinte
Les mesures de conductivité ont été faites sur des est mesuré. Ce volume est rapporté a celui d'un verre de
éprouvettes curées dans l'eau a 20°C pendant 28 jours, référence pour déterminer le coefficient d' abrasion.
puis conservées 30 jours a 92 % d'humidité relative et
30 jours supplémentaires a 100 % d'humidité relative. 1= ~ o (3)
Les résultats sont donnés dans le tableau 6. 11 a été
vérifié que la résistance électrique mesurée par la mé- avec:
thode de la résistivité est identique a celle mesurée par
les méthodes de l'impédance électrochimique ou par la
v = Volume de l'empreinte sur le matériau,
méthode plus classique de la conductivité. Vo = V olume de l' empreinte sur le verre de référence.
La méthode de mesure est illustrée par le schéma de la
TABLEAU VI figure 8. Les coefficients d'abrasion 1 obtenus sur diffé-
Résistivité p des bétons B30, B80 et BPR200. rentes catégories de béton sont donnés dans le tableau 7.
La résistance a l'abrasion du BPR200 peut etre com-
Résistivité BPR200
B80
133B30
196 16 parée a ceBe d'un mortier coulé avec des granulats de
corindon dont le coefficient d' abrasion 1 est de l' ordre
de 1,2.

La présence de fibres métalliques fait chuter la résis-


tivité du matériau de 1 133 kO.cm a 137 kO.cm. La
résistivité extremement élevée de la matrice cimentaire TABLEAU VII
BPR200 contribue a protéger efficacement la fibre mé- Coefficient d'abrasion mesuré avec la procédure d'essai CNR.
taBique et les aciers noyés dans le matériau. Le verre de référence possede un coefficient égal él 1.

La sensibilité de la matrice cimentaire du BPR200 a


des variations d'humidité est faible. La diminution de Essai CNR BPR200
B80
1,3 B30
2,8 4,0
l'humidité de lad'abrasion
matrice 1cimentaire par un traitement
Coefficient
thermique de 6 jours a 50° e
augmente la résistivité de
1 133 al 196 k O.cm.

Eau

Pompe

GI1lIe

Sable

Fig. 8. - Appareillage utilisé pour les mesures du coefficient d'abrasion


selon la procédure CNR.

140
BÉTON 320

4. CONCLUSION

Les principaux résultats expérimentaux obtenus sur le • une vitesse de corrosion des armatures inférieure a
BPR200 mis en ceuvre sans pressage et sans traitement O,Olllm/an (seuil de corrosion 1Ilmlan),
thermique sont : • une résistivité de la matrice du BPR200 70 fois
• 1'absence de pores d'un diametre supérieur a supérieure a celle des bétons ordinaires,
15 nm, • un coefficient d'abrasion comparable a celui des
• un coefficient de perméabilité a l'air de 2,5 x 10-18 m2 mortiers a base de granulats en corindon.
apres une dessiccation sévere (30 jours a 80° C), L'excellente résistance du BPR200 a la pénétration
• une excellente résistance a l' absorption d' eau, d'agents agressifs traduit un tres bon comportement de
• un coefficient de diffusion effectif 50 fois inférieur ce matériau vis-a-vis de la durabilité conduisant a une
a celui des bétons ordinaires, augmentation importante de la durée de vie des ouvra-
ges.
• aucune carbonatation apres une exposition de
42 jours a 5 % de CO2 (60 % d'humidité relative)
et 90 jours a 100 % de CO2,

5. RÉFÉRENCES

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