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ISET Radès Cours Instrumentation Industrielle

Chapitre 1 :
INTRODUCTION AUX CAPTEURS

1 INTRODUCTION
L’instrumentation est l’ensemble des données et moyens qui permettent sur un système donné
de collecter des résultats de mesures de grandeurs physiques fournies par des capteurs, ceci de
manière fiable, rapide, pertinente et économique. On peut également y inclure les procédures
de traitement numérique des informations recueillies, et la mise en œuvre en retour sur le
système par des actionneurs.
Un des volets importants de l’instrumentation est la chaîne d’acquisition des données, qui va
du capteur au résultat numérique.

2 CHAINE DE MESURE
La chaîne de mesure de la Figure 1 est constituée de l’ensemble des dispositifs, y compris le
capteur, rendant possible dans les meilleures conditions la détermination précise de la valeur
physique à mesurer.
Les conditions pratiques de mesures telles qu’elles sont imposées par l’environnement et par
les performances exigées pour une exploitation satisfaisante du signal amènent à introduire dans
la chaîne des blocs fonctionnels destinés à optimiser l’acquisition et le traitement du signal :
 Circuit de linéarisation du signal délivré par le capteur,
 Amplificateur d’instrumentation ou d’isolement destiné à réduire les tensions parasites,
 Multiplexeur, amplificateur d’instrumentation programmable, convertisseur analogique
digital lorsque l’information doit être traitée par le calculateur.
Les fonctions principales du calculateur sont :
 Gestion de l’acquisition,
 Traitements du signal requis par la précision et par la nature de l’information recherchée.

Le microprocesseur gère les différents dispositifs de la chaîne d’acquisition. Il doit délivrer les
séquences de signaux de commande activant de façon ordonnée les divers dispositifs
concourant à l’obtention de la valeur à mesurer :
 Sélection d’une voie d’entrée par l’envoi de son adresse au multiplexeur,
 Fixation du gain de l’amplificateur programmable,
 Échantillonnage puis blocage du signal,
 Déclenchement de la conversion analogique numérique,
 Lecture de la donnée numérique à la réception du signal de fin de conversion délivré par le
convertisseur analogique numérique.

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Figure 1 : Exemple de constitution de chaînes de mesure : chaîne contrôlée par microprocesseur.

En aval de la chaîne d’acquisition, le microprocesseur gère les périphériques classiques


d’entrée/sortie :
 Clavier permettant l’introduction d’ordres, modification de paramètres de mesure qui
doivent être pris en compte par la chaîne d’acquisition,
 Mémoire de masse externe pour l’archivage des données,
 Affichage du résultat de la mesure en cours.

Les calculateurs ont la possibilité d’effectuer des opérations mathématiques sur le signal
numérisé, en particulier, pour compenser certaines imperfections de la chaîne de mesure :
 Correction des dérives de zéro et de sensibilité causées par les conditions d’environnement,
température en particulier.
 Correction de la non linéarité des capteurs afin d’obtenir une donnée proportionnelle à la
grandeur mesurée.

3 LES CAPTEURS
3.1 Définition
Un capteur est un dispositif qui transforme une grandeur physique d'entrée, appelée mesurande
[m], en une grandeur de sortie appelée réponse [s].
Généralement, on obtient une grandeur de sortie du type électrique. Elle peut être soit :
- une charge,
- une tension,
- un courant,
- une impédance ( R, L, C)
La relation entre la grandeur électrique et le mesurande doit être univoque.

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Figure 2 : Principe d’un capteur

Exemple : Capteur de pression à jauges de contraintes


Mesurande : pression ;
Réponse : tension.

On peut classer les grandeurs physiques en 6 familles, chaque capteur s’associant à


l’une de ces 6 familles :
 Mécanique : déplacement, force, masse, débit etc…
 Thermique : température, capacité thermique, flux thermique etc...
 Electrique : courant, tension, charge, impédance, diélectrique etc…
 Magnétique : champ magnétique, perméabilité, moment magnétique etc…
 Radiatif : lumière visible, rayons X, micro-ondes etc...
 (Bio)Chimique : humidité, gaz, sucre, hormone etc…

3.2 Corps d’épreuve ou capteur composite


Pour des raisons de coût ou de facilité d’exploitation, on peut être amené à utiliser un capteur
non pas sensible au mesurande mais à l’un de ses effets.
Le capteur composite est un dispositif qui traduit le mesurande étudié en une autre grandeur
physique non électrique appelée mesurande secondaire.

Figure 3 : Capteur composite


Les corps d’épreuve sont très utilisés pour la mesure de grandeurs mécaniques : celles-ci
imposent au corps d’épreuve des déformations ou des déplacements auxquels un capteur
approprié est sensible.

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Ainsi, par exemple, une traction F exercée sur une barre (longueur L, section A, module
G¶<RXQJ <  HQWUDvQH XQH GpIRUPDWLRQ ǻ// TXL HVW PHVXUDEOH SDU OD YDULDWLRQ ǻ55 GH OD

résistance d’une jauge collée sur la barre.


- L’équation du corps d’épreuve qui lie la traction, mesurande primaire, à la déformation,
PHVXUDQGHVHFRQGDLUHǻ// <-1F/A.
- L’équation du capteur liant sa grandeur d’entrée, ici la déformation, à sa réponse électrique
ǻ55, VRLWǻ55 .āǻ// ; K étant le facteur de jauge,
Ö La relation entre traction et YDULDWLRQGHUpVLVWDQFHǻ55  .< ā )$ 

3.3 Capteur intégré

C’est un composant réalisé par les techniques de la micro-électronique et qui regroupe sur un
même substrat de silicium commun, le capteur à proprement dit, le corps d’épreuve et
l’électronique de conditionnement.

Figure 4 : Capteur intégré

4 CARACTERISTIQUES METROLOGIQUES DES CAPTEURS

4.1 Introduction : Système de mesure idéal


Un système de mesure idéal est tel que le signal de sortie est une fonction linéaire du mesurande,
la sortie est une reproduction de l’entrée quelle que soit la manière dont elle varie. Le système
de mesure idéal n’existe pas dans la réalité, c’est un outil théorique qui permet d’évaluer les
performances d’un système de mesure donné, en les comparant avec celles qui seraient obtenues
par un système idéal, dans les mêmes conditions :
 Les performances statiques d’un système sont obtenues en appliquant un signal d’entrée
constant ou en régime permanent et en comparant le signal de sortie avec le cas idéal.
 Les performances dynamiques d’un système sont obtenues en appliquant un signal
variable et en comparant le signal de sortie avec le cas idéal.

Nous traitons dans le paragraphe suivant les caractéristiques statiques d’un capteur.

4.2 Caractéristiques statiques d’un capteur

4.2.1 Gamme de mesure – Etendue de mesure

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x La gamme de mesure est l’ensemble des valeurs du mesurande pour lesquelles un


instrument de mesure est supposé fournir une mesure correcte.
x L’étendue de mesure (EM) correspond à la différence entre la valeur maximale et la
valeur minimale de la gamme de mesure.
Pour les appareils à gamme de mesure réglable, la valeur maximale de l’étendue de mesure
est appelée pleine échelle.
EM = mmax – mmin

Exemple: Capteur de force à jauges piezorésistives N556-1 :


Domaine Mesurande Température
Nominal 0-10 N (EM) 0°C à 60°C

4.2.2 La courbe d’étalonnage ou l’étalonnage statique

Elle est propre à chaque appareil de mesure et permet de transformer la mesure brute en une
mesure corrigée. Elle est obtenue en soumettant le capteur à une série de valeurs constantes de
la grandeur à mesurer, et à relever avec précision les valeurs correspondantes des grandeurs
électriques de sortie, lorsque le régime permanent est atteint. Les résultats obtenus sont
présentés sous forme de tableaux ou de graphiques (courbes, abaques …).

4.2.3 Précision

Elle caractérise l'aptitude d'un capteur à donner une mesure proche de la valeur vraie de la
grandeur mesurée.

La précision est spécifiée numériquement comme l’intervalle autour de la valeur mesurée à


l’intérieur duquel on est assuré de trouver la valeur vraie. L’exploitation convenable des
mesures exige une limite max à l’incertitude de mesure GM.
On peut définir l’erreur de précision :
ɁM
οM =
M୫ୟ୶ െ M୫୧୬
La précision sera d’autant plus grande que ce rapport sera petit.
L'incertitude de mesure ¨M est telle que : m = M ± ¨M.

4.2.4 Le décalage du zéro

C’est une variation constante de la sortie après une période de temps, elle peut être due à la
variation des conditions climatiques, au changement des conditions électriques, au
vieillissement du capteur …

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4.2.5 Sensibilité

La sensibilité S(m) d'un capteur, pour une valeur donnée du


mesurande, est égale au rapport de la variation du signal
électrique sur la variation du signal physique.
§ 's ·
S ( m) ¨ ¸
© 'm ¹m cons tan te

4.2.6 Fidélité

Elle caractérise l'aptitude d'un capteur à donner, pour une même valeur de la grandeur mesurée,
des mesures concordant entre elles.
Pour qualifier le capteur de fidèle, il faut que les résultats de mesures répétées d'une même
valeur de mesurande restent groupés autour d'une valeur moyenne.
La fidélité est souvent caractérisée par l'écart type.

4.2.7 Justesse

Elle caractérise l'aptitude d'un capteur à donner des mesures proches de la valeur vraie de la
grandeur mesurée, les erreurs de fidélité n'étant pas prise en compte.
La valeur la plus probable du mesurande est très proche de la valeur vraie

Figure 5 : Illustrations de la fidélité et de la justesse

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4.2.8 Hystérésis

Certains capteurs ne retournent pas la même valeur de sortie, pour une même valeur du
mesurande selon la façon où cette valeur est obtenue (cycle croissant ou décroissant).
L'hystérésis est la différence maximale entre ces deux valeurs de sortie.

4.2.9 Résolution

La résolution est le plus petit incrément du mesurande détectable.

4.3 Caractéristiques dynamiques d’un capteur

4.3.1 Rapidité

Elle caractérise l'aptitude d'un dispositif à répondre aux variations temporelles du mesurande.
Elle est spécifiée soit par la bande passante, soit par le temps de réponse.

4.3.2 Fonction de transfert

C'est la relation fonctionnelle qui relie le mesurande en entrée et la grandeur électrique en sortie
du capteur.
Elle est définie soit par un graphe, soit par une relation formelle (linéaire, exponentielle,
logarithmique…).

5 CLASSIFICATION DES SIGNAUX


Un signal est dit analogique si l'amplitude de la grandeur physique le représentant peut prendre
une infinité de valeurs dans un intervalle donné. La sortie est une grandeur physique dont la
valeur est proportionnelle à la grandeur physique mesurée par le capteur.
x Signal continu : C'est un signal qui varie 'lentement' dans le temps : température, débit,
niveau.

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x Temporel (Forme) : C'est la forme de ce signal qui est importante : pression cardiaque,
chromatographie, impact.

x Fréquentiel : C'est le spectre fréquentiel qui transporte l'information désirée : analyse


vocale, sonar, spectrographie.

Figure 6 : Classification des signaux

Un signal est dit numérique si l'amplitude de la grandeur physique le représentant ne peut


prendre qu'un nombre fini de valeurs. La sortie est une séquence d'états logiques qui, en se
suivant, forment un nombre. En général ce nombre fini de valeurs est une puissance de 2.
x logique (Tout ou rien (TOR)) : Il informe sur l'état bivalent d'un système. Exemple : une
vanne ouverte ou fermée.
x Train d'impulsion : Chaque impulsion est l'image d'un changement d'état. Exemple : un
codeur incrémental donne un nombre fini et connu d'impulsion par tour.
x Echantillonnage : C'est l'image numérique d'un signal analogique. Exemple : température,
débit, niveau, son (pression)….

6 CLASSIFICATION DES CAPTEURS


Les capteurs peuvent être classés selon :
x La mesurande qu'ils traduisent (capteur de température, de pression, ...)
x Leur rôle dans un processus industriel (contrôle de produits finis, de sécurité, ...)
x Le signal qu’ils fournissent
¾ Capteur analogique (catégorie la plus importante)
¾ Capteur logique (key sensor)

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¾ Capteur digitaux
x Leur principe de traduction du mesurande (capteur résistif, à effet de Hall, ...)
x Leur principe de fonctionnement : Capteurs actifs et capteurs passifs.

6.1 Capteurs actifs


Fonctionnant en générateur, un capteur actif est généralement fondé dans son principe sur un
effet physique qui assure la conversion en énergie électrique de la forme d’énergie propre à la
grandeur physique à prélever, énergie thermique, m´mécanique ou de rayonnement.
Les plus classiques sont :

6.1.1 Effet thermoélectrique


Un circuit formé de deux conducteurs de nature chimique différente, dont les jonctions sont à
des températures T1 et T2, est le siège d'une force électromotrice e(T1,T2).

Application : détermination à partir de la mesure de e d'une température inconnue T1 lorsque


T2 est connue.

6.1.2 Effet pyroélectrique


Les cristaux pyro-électriques (le sulfate de triglycine par exemple) ont une polarisation
électrique spontanée qui dépend de leur température, ils portent en surface des charges
électriques proportionnelles à cette polarisation et de signes contraires sur leurs faces opposées.
Exemple d’application : la mesure de la charge aux bornes d’un condensateur associé à un
cristal pyro-électrique permet de déterminer le flux lumineux auquel il est soumis.

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6.1.3 Effet photoémissif


Les électrons libérés sont émis hors de la cible éclairée et forment un courant électrique.

6.1.4 Effet photovoltaïque


Un rayonnement lumineux sur l’assemblage de semi-conducteurs de types opposés P et N
provoque la libération d’électrons (charges négatives) et de trous (charges positives) au
voisinage de la jonction illuminée. Leur déplacement dans le champ électrique de la jonction
modifie la tension à ses bornes. Exemple d’application : la mesure de la tension de sortie permet
de déterminer le flux par rayonnement.

6.1.5 Effet piézo-électrique


L'application d'une contrainte mécanique à certains matériaux dits piézo-électrique (le quartz
par exemple) entraîne l'apparition d'une déformation et d'une même charge électrique de signe
différent sur les faces opposées.

Application : mesure de forces à partir de la tension qui se produise aux bornes du condensateur
associé à l'élément piézo-éléctrique.

La tension VS de sortie sera proportionnelle à la force F : VS = k.(F+F) = 2k.F avec k constante.

6.1.6 Effet Hall


/RUVTX¶XQPDWpULDXHVWSDUFRXUXSDUXQFRXUDQW,HWVRXPLVjXQFKDPS%IRUPDQWXQDQJOHș
avec le courant, il apparaît une tension de Hall VH dans une direction qui leur est perpendiculaire
(VH= KH,%VLQ ș R.H est une constante qui dépend du matériau considéré).

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Exemple d’application : la mesure de la tension VH permet de déterminer la position d’un


objet qui est lié à un aimant.

6.1.7 Effet induction électromagnétique


Lorsqu’un conducteur se déplace dans un champ d’induction fixe, il est le siège d’une force
électro-motrice proportionnelle à sa vitesse de déplacement. Ainsi, lorsqu’un circuit électrique
est soumis à un flux d’induction variable dû à son déplacement ou à celui de la source de
l’induction (par exemple, un aimant), la f.e.m dont il est le siège est de valeur égale et de signe
opposé à la vitesse de variation du flux d’induction.
Exemple d’application : la mesure de la f.e.m d’induction permet de connaître la vitesse du
déplacement qui en est l’origine.

6.2 Capteurs passifs


Il s’agit d’impédances (très souvent des résistances) dont l’un des paramètres déterminants est
sensible au mesurande. Ils ont besoin dans la plupart des cas d'apport d'énergie extérieure pour
fonctionner (exemple : thermistance, photorésistance, potentiomètre, jauge d’extensométrie
appelée aussi jauge de contrainte...).
Ce sont des capteurs modélisables par une impédance. Une variation du phénomène physique
étudié (mesuré) engendre une variation de l'impédance. Il faut leur appliquer une tension pour
obtenir un signal de sortie.
La variation d'impédance résulte :
x Soit d'une variation de dimension du capteur, c'est le principe de fonctionnement d'un grand
nombre de capteur de position, potentiomètre, inductance à noyaux mobile, condensateur
à armature mobile.
x Soit d'une déformation résultant de force ou de grandeur s'y ramenant, pression accélération
(armature de condensateur soumise à une différence de pression, jauge d'extensomètre liée
à une structure déformable).

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Dans ce cas, le corps d’épreuve est une impédance dont l’un des paramètres est sensible au
mesurande.
L’impédance d’un capteur passif et ses variations ne sont mesurables qu’en intégrant le capteur
dans un circuit électrique, par ailleurs alimenté et qui est son conditionneur. Les types de
conditionneurs le plus utilisés sont :

Thermistance :
Une thermistance est un composant dont la résistance varie en fonction de la température.
En première approximation, la relation entre résistance et température est la suivante :
Rș = R0 ( 1 + aș )

R0 est la résistance à la température 0°C


Rș est la résistance à la température ș
a est le coefficient de température.

Remarque :
ƒ si a > 0 alors on a une thermistance CTP .
ƒ si a < 0 alors on a une thermistance CTN.

Utilisation :
On insère la thermistance dans un pont de jauge.
On obtient ainsi une tension V en sortie du pont V = k ( ș - ș0 ).

On peut aussi alimenter la thermistance avec un générateur de courant.


La tension à ses bornes sera donc proportionnelle à la résistance.

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