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Stabi 1isation

des glissements
de terrain

Guide technique

Février 1998

LCPC

Laboratoire central des Ponts et Chaussées


58, bd Lefebvre, F75732 Paris Cedex 15
Rédaction

Ce document a été rédigé par :

Gilles Sève
Ingénieur des Travaux publics de l'État, Section Mécanique des sols et fondations
Laboratoire central des Ponts et Chaussées

Pierre Pouget
Ingénieur INSA, Chef de la section Fondation mécanique des sols
Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Clermont-Ferrand

..

Diffusion

Document disponible au :

Laboratoire central des Ponts et Chaussées


IST-Diffusion des Éditions
58, boulevard Lefebvre
F-75732 Paris Cedex 15
Téléphone : +33 (0) 1 40 43 52 26
Télécopie : +33 (0) 1 40 43 54 95
Internet: http://www.lcpc.fr

Prix : 200 FF HT

Ce document est propriété de l'Administration et ne peut être reproduit, même partiellement,


sans l'autorisation du directeur du Laboratoire central des Ponts et Chaussées
(ou de ses représentants autorisés)
© 1998 - LCPC
ISSN : 11 51-1516
ISBN : 2-7208-3740-7
r

Préambule 7
~
Caractérisation des mouvements
de terrain 9
'-
••
0 Typologie des mouvements de terrain 9 m
0 Conditions de stabilité 12
0 Vitesses de déplacement des glissements 15
E
Les techniques de stabilisation 19

0 Généralités 19
E
0 Choix d'une technique 19
0
Mise en œuvre de terrassements 25 tf1
0 Butée de pied et allégement en tête 26
0 Purge et reprofilage 29
0 Substitutions (bêches, contreforts, masques
et éperons) 31

Dispositifs de drainage 39

0 Collecte et canalisation des eaux de su rface


(drainage de surface) 39
0 Tranchées drainantes 41
0 Drains subhorizontaux 46
0 Drains verticaux, puits et galeries drainantes 50
0 Éperons et contreforts, masques
et bêches drainants 51

Introduction d'éléments résistants 53

0 Ouvrages de soutènement 53
0 Tirants d'ancrage 57

-
0 Clous et micro-pieux 63
0 Pieux 64
Techniques de protection passive 67
--~------~------------
0 Surveillance des glissements de terrain 67
0 Systèmes de protection 67

Conclusions 71

Références bibliographiques 73

Annexes 75

0 Annexe 1-
Relations pluie - piezométrie - déplacement sur le site
de Sallèdes (Puy-de-Dôme) 75

0 Annexe 2-
Méthodes de calcul de stabilité de talus.
Équilibres limites 79

0 Annexe 3-
Dimensionnement de la stabilisation du glissement
de La-Chapelle-aux-Brocs (Corrrèze) 83

0 Annexe 4-
Méthodes de dimensionnement d'un clouage par barres 85

0 Annexe 5-
Méthodes de dimensionnement d'un clouage par pieux 93

0 Annexe 6-
Dimensionnement d'un clouage par pieux (site d'Aktéa) 95

Index 97

-
Présentation

Jean-Pierre Magnan
Directeur technique chargé du pôle Géotechnique
Laboratoire central des Ponts et Chaussées

Stabiliser les glissements de terrain est l'une des tâches majeures de la géotechnique.

Ces glissements peuvent être minuscules, quelques mètres cubes de talus


routier, ou gigantesques, comme les millions de mètres cubes des glissements
qui menacent et obstruent de temps en temps les vallées dans les zones
montagneuses. Ils peuvent être naturels, parfois très anciens, ou provoqués par
des activités humaines. Dans certains cas, les stabiliser paraît possible ... dans
d'autres, on espère seulement les ralentir.

À la diversité de ces situations correspond une grande diversité des techniques


et des méthodes. Le guide préparé par Gilles Sève et Pierre Pouget classe,
explique, décrit et commente ces méthodes, avec le souci de fournir aux
ingénieurs des outils et des armes dans leur lutte perpétuelle contre les
glissements de terrain.

Ce guide s'appuie sur la longue expérience des laboratoires des Ponts et


Chaussées (LPC) en matière d'études et de traitement des glissements de
terrain . En 1976, deux numéros spéciaux du Bulletin de liaison des laboratoires
des Ponts et Chaussées (*) avaient déjà été consacrés à ce sujet, pour faire le
bilan des travaux effectués depuis le début des années 1960 ; les auteurs des
articles issus des LPC. avaient alors pour noms : J.-C . Blivet, F. Blondeau ,
J.-P. Bru , G. Colas, A. Devaux, J.-P. Gosset, H. Lemasson, H. Josseaume,
J.-P. Khizardjian, A. Le Roux, J. Lenglet, J.-P. Magnan, M. Masson, Y. Meimon,
J.-P. Méneroud, G. Olivier, D. Queyroi, M. Payani, A. Perrot, G. Pilot, P. Pouget,
M. Rat, J.-P. Renet, J.-P. Rotheval , A. Simon, S.Y. Ung, P. Ursat, M. Virollet. De
nombreux autres géologues et ingénieurs ont été associés à ces études au
cours des vingt années suivantes, comme B. Pincent, R.-M. Faure, G. Cartier,
P. Delmas, J.-L. Ourville, L. Rochet, H. Evrard et bien d'autres. Ces noms nous
rappellent que l'expérience collective constitue toujours la base de la maîtrise
des mouvements de terrain. Les LPC ont d'ailleurs aussi eu des échanges
avec de nombreux partenaires français (BRGM , universitaires, bureaux
d'études, entreprises, SNCF, etc.) et étrangers dans ce domaine.

La publication d'un guide n'arrêtera pas l'évolution des besoins et des techniques,
mais il nous a paru utile de faire le point de l'état des connaissances et des
méthodes tel qu'il existe en 1997. Les deux auteurs ont fait un important travail
de compilation et d'analyse des pratiques de stabilisation des glissements de
terrain et je suis convaincu que ce guide contribuera à la qualité de la maîtrise
des risques naturels en France et dans les pays où il sera utilisé.

(*) Bulletin spécial Il : Stabilité des talus : versants naturels


Bulletin spécial ill : Stabilité des talus : déblais et remblais
L'objet de ce guide est de fournir à l'ingénieur géotechnicien les éléments néces-
saires au choix et à la définition d'un dispositif de confortement pour un glissement
de terrain. Ces éléments sont :
• le type d'instabilité,
• la cinématique du phénomène,
• les facteurs qui interviennent dans le déclenchement du mouvement et son
évolution dans le temps.

Les méthodes de reconnaissance et de suivi des mouvements de terrain ainsi que


la méthodologie d'analyse de la stabilité ne sont pas abordées dans ce document.

L'ingénieur géotechnicien dispose d'une panoplie de techniques d'intervention qui


se regroupent en trois grandes familles : les terrassements, les drainages et les
renforcements. Le choix dépendra du type de phénomène et d'autres considéra-
tions. Les aspects qui interviennent dans la recherche d'une solution de conforte-
ment ne sont pas uniquement techniques. En effet, l'impact économique et
environnemental d'un projet et les délais et contraintes particulières liées aux tech-
niques et au savoir-faire des entreprises locales participent à la définition de la
solution.

La rédaction de ce document a fait appel à l'expérience de nombreux ingénieurs


géotechniciens des laboratoires des Ponts et Chaussées (LPC). La première version
de ce texte a été rédigée, en 1986, par Gilles Cartier qui était alors le chef de la sec-
tion des Ouvrages en terre au Laboratoire central des Ponts et Chaussées (LCPC).

Les auteurs remercient chaleureusement Jean-Claude Blivet, Francis Blondeau,


Jean-Louis Ourville, Éric Leca, Jean-Pierre Magnan et Philippe Mestat pour les
relectures approfondies et les commentaires, conseils et précisions techniques
prodigués.

Le guide aborde successivement :


• la typologie des glissements de terrain ;
• les différentes cinématiques observées sur le terrain ;
• les facteurs générateurs de mouvements ;
• les techniques de stabilisation actuelles et leur méthode de dimensionnement,
illustrées par des exemples d'application ;
• des recommandations sur le choix d'une technique de stabilisation adaptée au
phénomène étudié.

1111
Caractérisation
des mouvements de terrain

1.1. Typologie des mouvements de terrain


De nombreuses classifications ont été proposées pour les mouvements de ver-
sants ; elles s'appuient sur des notions de cinématique, de nature de sol , de strati-
graphie, etc.

De façon simplifiée, on peut considérer quatre familles principales (fig. 1) :


• les glissements,
• les mouvements sans surface de rupture (fluage) ,
• les écroulements et chutes de blocs,
• les coulées boueuses et laves torrentielles.

Ces deux dernières familles présentent la particularité de mettre en jeu des dépla-
cements de matériaux importants et rapides ; il n'est généralement pas possible
d'intervenir au cours du phénomène ni de remettre en état le site après rupture.
L'intervention de l'ingénieur est orientée, dans ces conditions, vers la prévention,
la prévision et la protection.

\
1

Calcaire

Grès tendre

Marnes

Glissement de terrain - - - - - - - - - - _ _ __ _ _ _ _ Éboulement de surplomb

Zone de départ des matériaux


Calcaire
1 Chenal d'écoulement

S J~ ~
Bombement
Éboulis
t
\ "'~
Langue
~ Pression

/~
Argile
Fluage 'l
Fluage - - - - - - - - - - - Coulée boueuse

Fig. 1 - Les quatre grands types de mouvements de terrain.


Stabilisation des glissements de terrain

Dans le cadre de ce document, on ne s'intéressera qu'à ces quatre familles de phé-


nomènes. En particulier, les effondrements de cavités souterraines (karsts ou gale-
ries), de même que les phénomènes de retrait-gonflement, ne seront pas étudiés.

Les échelles géométrique et cinématique des phénomènes sont très étendues :


• volumes allant de quelques décimètres cubes (pour des chutes de blocs) à plu-
sieurs millions de mètres cubes ;
• vitesses très lentes (quelques millimètres par an) à très rapides (plusieurs
dizaines de mètres par seconde pour les éboulements) . Le tableau 1définit une
terminologie cinématique qui sera utilisée dans la suite de ce document.

Tableau 1- Échelle cinématique des mouvements de terrain

Très lent Lent Moyen Rapide Très rapide


1 mm/an 1 mm/mois 1,5 mm/j 4 mm/h 2 500 mm/s
à à à à à
12 mm/an 50 mm/mois 100 mm/j 10 000 mm/h 10 000 mm/s

1.1.1. Les glissements


Ces mouvements se produisent généralement dans des matériaux meubles (des
sols) ou des massifs rocheux fracturés ou altérés.

Ils se manifestent par le déplacement d'une masse de matériau le long d'une (ou plu-
sieurs) surface(s) de rupture. La forme de cette dernière dépend en partie de la structure
géologique du site. Les formations complexes donnent généralement lieu à des sur-
faces de rupture qui suivent les contacts entre couches ou qui se développent au sein
de zones de plus faible résistance. Ces surfaces peuvent être de forme quelconque.
Dans les massifs rocheux fracturés, les glissements se produisent le long de plans privi-
légiés (schistosité, pendage, plans de fracturation, etc.) qui délimitent des dièdres.

Les volumes des glissements varient de quelques mètres cubes (glissements pelli-
culaires de talus de déblais, par exemple) à plusieu rs dizaines de millions de
mètres cubes.

Les vitesses de déplacement couramment observées varient dans la plage •• très


lent à moyen , (au sens du tableau 1). En phase de paroxysme, les mouvements
peuvent atteindre des vitesses •• rapides ,, .

Les facteu rs déclenchants sont généralement :


• les modifications du régime hydraulique (saturation du matériau, augmentation
des pressions interstitielles, etc.) ;
• les terrassements ;
• l'érosion naturelle (ruissellements, érosions de berges) ;
• les accélérations produites par des séismes.

1.1.2. Les mouvements sans surface de rupture (fluage)


Les phénomènes sont très différents selon la nature des matériaux impliqués :
d'une part, les formations meubles, d'autre part, les formations rocheuses.

Mouvements dans les formations meubles


Les mouvements dans les formations meubles sont souvent désignés par le terme
générique de fluage. Ils se caractérisent par des mouvements lents dans la

m masse, susceptibles d'évoluer par un phénomène de rupture progressive vers des


glissements ou des écroulements (apparition d'une surface de rupture).
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Caractérisation des mouvements de terrain

Le fluage se produit généralement au sein de formations (marnes, argiles plas-


tiques, etc.) de grande épaisseur, supportant une surcharge (naturelle ou anthro-
pique) . Ce type de phénomène s'observe également dans des remblais constitués
d'argiles, qui ont été amenées à des teneurs en eau élevées au cours du temps et
fluent sous leur propre poids.

Les volumes intéressés par ce phénomène sont comparables à ceux des glisse-
ments. Les vitesses de déformation sont" très lentes'' ·

Les causes motrices principales sont le chargement (dans le cas de matériaux


naturels), la saturation progressive (dans le cas de certains remblais argileux) et
l'évolution des caractéristiques mécaniques du matériau.

Mouvements dans les formations rocheuses


Les mouvements dans les formations rocheuses sont souvent désignés par le terme
de fauchage et se caractérisent par un basculement ou renversement des sommets
de couches très redressées (proches de la verticale). Le fauchage est susceptible
d'évoluer en écroulement ou en chutes de blocs. Dans les roches tendres (par
exemple, dans des pélites), on peut observer une évolution en glissement.

Le fauchage affecte des matériaux qui présentent une schistosité : schistes,


gneiss et micaschistes. Les marno-calcaires, grès et pélites sont également sen-
sibles à ce type de phénomène.

Les volumes des fauchages sont souvent réduits : quelques centaines de mètres
cubes voire milliers de mètres cubes. Dans certains cas exceptionnels, ils attei-
gnent plusieurs millions de mètres cubes.

Les vitesses sont extrêmement lentes, inférieures au millimètre par an pendant


des centaines d'années, jusqu'à ce que les mouvements atteignent les couches
extrêmes et provoquent leur basculement ; les vitesses sont alors plus importantes :
" très lentes à lentes ,, .

Parmi les causes motrices, les mouvements néotectoniques, le vieillissement et


l'altération des joints jouent un rôle majeur.

1.1.3. Les écroulements et chutes de blocs


Ces phénomènes affectent les massifs rocheux. Ils consistent en des déplacements
le long de discontinuités : chutes soudaines de masses de dimensions variables.

Les volumes couramment intéressés par le phénomène varient entre une dizaine
de milliers de mètres cubes (on parle alors d'écroulement en masse) et une centai-
ne de mètres cubes (on parle alors de chutes de blocs) .

Les vitesses sont très variables dans le temps : durant la période qui précède la
rupture, la vitesse est " très lente ,, ; pendant la chute des blocs ou l'écroulement
en masse, elle est " très rapide ,, .

Les facteurs déclenchants sont les apports d'eau, les cycles de gel-dégel, l'éro-
sion, le sous-cavage et les séismes.

1.1.4. Les coulées boueuses et laves torrentielles


Ces phénomènes sont des mouvements fluides de suspensions de matériaux de
granulométrie variable pouvant aller des limons aux blocs rocheux. La taille de ces
blocs est généralement de l'ordre du décimètre mais peut atteindre plusieurs Ill
Stabilisation des glissements de terrain

mètres. Les mouvements se produisent lorsque la matrice fine atteint une teneur
en eau très élevée qui la liquéfie.

Les volumes déplacés se chiffrent en dizaines voire en centaines de milliers de


mètres cubes.

Les vitesses atteintes sont " très rapides , pendant une durée de quelques heures
à quelques jours. Les distances parcourues peuvent atteindre plusieurs kilomètres.

Ces phénomènes se produisent lorsque des quantités d'eau très importantes sont
disponibles. C'est le cas pendant de fortes précipitations ou lors de ruptures de
digues ou de barrages.

1.1.5. Synthèse
Le tableau Il présente les différentes familles de mouvements et leur caractérisa-
tion en termes de nature de matériaux, de vitesses de déplacement, de volumes
déplacés et de facteurs déclenchants.

Tableau Il - Éléments caractérisant les différentes familles de mouvements

Terrains Vitesse moyenne Volume Facteurs déclenchants


Glissement sols très lente à de quelques m3 à plus eau, terrassements
massifs fracturés moyenne de dix millions de m3
Fluage formations très lente de quelques m3 à plus chargement,
meubles de dix millions de m3 évolution du matériau
Écroulement massifs rocheux de très lente à de quelques m3 à plus eau, gel-dégel,
très rapide de dix mille m3 séisme
Coulée sols argileux et très rapide de dix à plusieurs très fortes pluies,
limoneux lâches centaines de ruptures de digues
milliers de m3

1.2. Conditions de stabilité


Le processus d'instabilité d'une pente dépend de différents facteurs :
• sa géométrie,
• la résistance au cisaillement des sols ou des roches,
• les pressions de l'eau interstitielle,
• les sollicitations extérieures (climatiques et anthropiques) .

1.2.1. Géométrie
La pente de la surface du terrain constitue le premier facteur de stabilité ou d'in-
stabilité. La pente critique dépend de la nature des sols ou des roches (caracté-
ristiques de résistance au cisaillement) et de la présence d'eau dans le massif.

1.2.2. Résistance au cisaillement des sols ou des roches


Parmi les facteurs qui régissent la stabilité d'une pente, la résistance mécanique des
sols et des roches constitue un élément essentiel.

Le mécanisme de rupture mis en œuvre dans les phénomènes d'instabilité fait inter-
venir la résistance au cisaillement.

Cette résistance, en un point donné, dépend de la nature du matériau, de son his-


toire et de l'état de contraintes qui règne au point considéré. L'état de contraintes
est fonction des diverses sollicitations appliquées au massif (chargement, déchar-
gement, fluctuations de la nappe phréatique, etc.).
- - - - -- -- - - - -- - - - - - - - - - -- - Caractérisation des mouvements de terrain

En cas de réactivation de glissements de versants naturels, les déplacements se


produisent le long de la surface de rupture préexistante. Sur cette surface de rup-
ture, la résistance au cisaillement mobilisée est appelée résistance résiduelle.

La détermination de l'état de stabilité d'un versant nécessite donc la connaissance


de deux types de paramètres des terrains rencontrés :
• la résistance au cisaillement à court ou long terme,
• la résistance au cisaillement résiduelle.

Dans le cas des argiles raides, que l'on rencontre fréquemment dans les versants
instables (marnes oligocènes du bassin de la Limagne , argile des Flandres,
marnes du Keuper, argile du Lias, etc.), la courbe effort-déformation relevée lors
d'un essai de cisaillement présente un pic de résistance plus ou moins marqué,
suivi d'une décroissance sensible de la résistance au cisaillement ; la valeur ultime
est la résistance résiduelle. Cette dernière s'obtient en laboratoire par un essai de
cisaillement alterné, comme l'indique la figure 2.

Les analyses de stabilité consistent habituellement en un calcul d'équilibre limite


prenant en compte la résistance au cisaillement de pic, dans le cas d'une pre-
mière rupture, et la résistance au cisaillement résiduelle, dans le cas de la réac-
tivation d'un glissement. En général , ce sont les paramètres de résistance
drainés c' et <p' (valeurs de pic) et c'R et <p'R (valeurs résiduelles) qui régissent la
stabilité de la pente.

-c (kPa)
120 ,--,--,--,--,--,---,--r-~--,--.,--rr=========--=~~
/""\. Argile (Oligocène)
100
'- /' lp = 43
80 1
,....., 1 ~ w 0 =40%
.1 Yd = 12,6 kN 1 m3
60 , , ./ , - r < 211 = 57 % crn (kPa)
40 11 , · , , , ~ -- - / - ~---- 200
.· · •• • •f!,' 11 , /.' - :- - - - - / , - -- - ~ :-: 1 / - -- 150
20 _:" ,'_.·.... . . . . . 1/~ -: - - - - , , - - - - - , ,,, y - - , ', - 1, - - - If" - - - - - - . 1oo
0 L--L--~-3_-~_
·-.~·
- · ···· •··• • .. • ••. ··•• • ··•• '•. ·•··• ··••••• ·············· .·•·· •..·r1 . . . • . • •••···• • · . . ...•• 50
_ L_ _ L_ _L_~-~~-L--L--~-~-~-~

0 8 16 24 32 40 48 56 64 72 80 88 96 104 11 2 120
d(mm)

Fig. 2 • Courbes de cisaillement de l 'argile de Sal/èdes (Puy-de-Dôme), essais de cisaillement alterné


réalisés à la boïte (6 x 6 cm), la course est de 16 mm alternativement dans un sens et dans l 'autre.

Par ailleurs, dans le cas des remblais sur versants, l'effet de la consolidation des
argiles reste très faible et la construction de l'ouvrage par étapes n'apporte aucune
amélioration de la stabilité (Biondeau et al., 1983).

Le comportement mécanique des sols et des roches dépend de facteurs mal


connus comme les déformations avant rupture, l'état de contraintes dans le mas-
sif, la loi de comportement du matériau, les conditions aux limites, etc. Certains
auteurs ont proposé de prendre en compte ces aspects dans l'analyse de stabilité,
par des calculs en éléments finis (Chan et Morgenstern, par exemple, en 1987).
Des résultats intéressants ont été obtenus, mais ce type d'approche fait partie,
encore aujourd'hui, du domaine de la recherche.

1.2.3. Conditions hydrauliques


La compréhension du régime hydraulique du site est un élément essentiel pour
l'analyse d'une instabilité et dans la recherche des solutions. Ceci conduit à s'inté-
resser à une zone nettement plus grande que celle qui est en mouvement : en
Stabilisation des glissements de terrain

effet, les conditions d'alimentation peuvent être complexes et dépendre de


couches de terrains situées bien en amont.

La connaissance des conditions hydrauliques les plus défavorables nécessite une


longue durée d'observations sur le terrain. Par exemple, on peut choisir de
prendre en compte les régimes hydrauliques mesurés durant une année dont la
pluviométrie est décennale. Ceci étant rarement possible, des extrapolations peu-
vent être utilisées pour juger des conditions les plus défavorables.

La détermination du régime hydraulique est souvent très difficile du fait de


l'étendue des zones à prospecter et de l'hétérogénéité des sols rencontrés, et
notamment de la présence d'accidents tectoniques qui perturbent sensible-
ment les nappes.

Certains éléments sont de première importance. Il s'agit :


• des pressions interstitielles au niveau de la surface de rupture ; la nappe peut
être statique ou présenter des gradients mettant en charge la couche le long
de laquelle se produisent les mouvements ;
• de l'alimentation hydraulique du site ; des couches plus perméables dont la
capacité d'alimentation est importante sont susceptibles d'exister et il est alors
intéressant de les drainer ; d'une manière plus générale, la perméabilité des ter-
rains est un point important qui permet d'orienter les solutions de confortement ;
• de l'évolution de la nappe au cours du temps ; les mouvements s'accroissent
fortement au-delà d'un seuil critique.

Le tableau Ill illustre l'influence du type d'écoulement sur la stabilité d'une pente
constituée d'un matériau homogène et isotrope, et supposée infinie. Il donne l'incli-
naison j3, sur l'horizontale de la pente infinie en limite de stabilité (F = 1). Cet angle
varie dans un rapport de 2 selon l'écoulement.

Les expériences de ces dernières décennies ont montré l'importance des phéno-
mènes dits de " château d'eau ''• en particulier dans le cas de couches d'éboulis
de pente en pied de falaises calcaires fracturées. Toutefois , pour de nombreux
versants de colluvions argileuses, on a pu mettre en évidence une alimentation
principale par infiltration directe de l'impluvium. C'est le cas, par exemple, des ver-
sants marneux des Limagnes (région Auvergne) pour lesquels l'effet de " château
d'eau , des coulées basaltiques sommitales reste très faible.

L'annexe 1 détaille les relations entre la pluviométrie, la piézométrie et les déplacements


du sol mesurés pendant plusieurs années sur le site de Sallèdes (Puy-de-Dôme).
Tableau Ill - Inclinaison limite d'une pente infinie en fonction du type d 'écoulement
Type de Angle ~ limite Sable Argile Argile
l'écoulement théorique =
(<p' 35°) =
(<p' 22°) =
(<p' 14°)
Parallèle
~ = tan· (0,5.tan <p')
1
~ = 19,3° ~= 11,4° ~ = 7,1 °
à la pente

Horizontal ~ = <p'/2 ~= 17,5° ~ = 11° ~ = 70

Vertical
~ = <p' ~= 35° ~ = 22° ~ =14°
descendant

1.2.4. Facteurs climatiques et anthropiques


Les facteurs climatiques prépondérants sont constitués par les apports d'eau. Les
autres actions externes, susceptibles de modifier l'état d'équil ibre d'un versant,
résultent principalement de modifications de géométrie, de chargements et de
Ill déchargements.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Caractérisation des mouvements de terrain

Pluie, neige, évapo-transpiration


Les nappes sont alimentées principalement par les pluies et la fonte des neiges.
D'autres phénomènes peuvent se rajouter, comme des infiltrations à partir de fos-
sés, de bassins de rétention et d'adduction d'eau ou de réseaux d'assainissement.

Séismes
Les sollicitations sismiques peuvent être la cause de glissements de terrain. Deux
phénomènes entrent en jeu dans ce cas :
• la liquéfaction des limons et sables fins saturés, susceptible de provoquer le
glissement des formations sus-jacentes,
• la force inertielle déstabilisatrice due au séisme lui-même.

Constructions sur pente


La construction de remblais sur pente naturelle diminue la stabilité de l'ensemble
pente et remblai. Cartier et al. (1984) décrivent le glissement de Nabringhen,
déclenché par la construction d'un remblai sur un versant crayeux reposant sur
l'argile du Gault. À la suite de conditions météorologiques très défavorables, le
remblai et la pente naturelle se sont déplacés de plusieurs mètres.

Lorsque la pente naturelle est en équilibre limite, ou qu'elle a connu des glisse-
ments par le passé, les charges apportées par les ouvrages (remblais, fondations,
soutènements) peuvent provoquer des mouvements et des désordres importants.
L'ouvrage mis en place peut dans certains cas être complètement détruit.

Déblai sur pente


Les terrassements en déblai dans une pente , qui sont souvent réalisés pour
construire des bâtiments ou des routes, peuvent conduire à des désordres de gran-
de ampleur. Ces phénomènes s'observent dans les pentes naturelles en équilibre
limite, avec des surfaces de glissement remontant loin en amont. Ils
s'expliquent par la suppression de la butée de pied ; de faibles volumes de déblai
peuvent provoquer des glissements d'ensemble. Un exemple de glissement déclen-
ché par ce type de terrassement est présenté plus loin (paragraphe 3.1, fig. 6). Les
affouillements en pied de pente (souvent liés à la présence d'une rivière) peuvent
entraîner des glissements régressifs.
L'action de raidissement d'une pente de talus joue défavorablement sur la stabilité
de ce dernier.

Modification de l'utilisation des sols

Une autre cause d'instabilité est le changement d'utilisation des sols :


• remembrement,
• déforestation,
• abandon d'exploitations agricoles (cultures en terrasses, drainages agricoles).

1.3. Vitesses de déplacement des glissements


Une pente naturelle connaît plusieurs périodes dans son évolution , Vaunat et al.
(1994) proposent de considérer quatre phases :
• pré-rupture,
• rupture,
• post-rupture,
• réactivation.
Stabilisation des glissements de terrain

1.3.1. Pré-rupture
En phase de pré-rupture, deux situations sont susceptibles d'être observées : la
première correspond à une absence d'évolution mesurable du massif, la seconde à
l'existence de mouvements de faible amplitude, qui induisent une diminution pro-
gressive de la résistance moyenne des terrains. Ce phénomène est connu sous le
nom de rupture progressive. Il a été décrit pour la première fois par Bjerrum (1967) :
• fluage d'une zone d'extension limitée sous l'action des contraintes de cisaillement,
• rupture localisée dans les zones amenées à l'état plastique par les déformations,
• extension progressive de la rupture vers les zones voisines.

1.3.2. Rupture
La rupture, stricto sensu, correspond à la période, généralement de courte durée,
pendant laquelle le massif connaît des déplacements importants. Cette notion
dépend du sens accordé au terme " déplacements importants , : les déformations
admissibles d'un ouvrage porté par le massif en rupture peuvent, par exemple,
permettre de la définir. Au sens mécanique, une zone du massif de sol ou de
roche est à la rupture lorsque l'état de contraintes atteint la résistance de pic.

Les vitesses de glissement atteintes lors de la rupture peuvent être très impor-
tantes et, en général, l'intervention pour stabiliser le massif a lieu après cette
phase de mouvements très intenses.
Lorsque les mouvements sont déclenchés par des séismes, on observe en géné-
ral des vitesses élevées plusieurs heures après le passage de l'onde sismique.

Dans le cas où la modification de l'état de contraintes dans le massif est brutale et


non contrôlée (lors de terrassements, par exemple), le phénomène se caractérise
généralement par des mouvements importants de la pente, qui peuvent atteindre,
en quelques heures, plusieurs dizaines de mètres selon le matériau constitutif. Il
s'agit d'une rupture généralisée. Les vitesses de mouvements iront par la suite en
décroissant (en phase post-rupture) pour évoluer en fonction d'autres facteurs d'in-
fluence (hydrogéologie, géométrie).

1.3.3. Post-rupture
La phase de post-rupture succède immédiatement à la phase de rupture.

Le cas de la post-rupture correspond au cas le plus couramment rencontré par le


géotechnicien. En effet, très souvent, il est amené à intervenir après que les mou-
vements les plus importants se sont produits.

Selon les types de phénomènes, les vitesses moyennes durant cette phase cor-
respondent à celles présentées dans le tableau Il, dans les plages << très lente , à
<< très rapide ''• en fonction des facteurs pluviométriques et géométriques. Les
vitesses conditionnent les techniques de stabilisation réalisables : des drains ne
pourront pas être installés dans un massif qui glisse de plusieurs dizaines de centi-
mètres par mois.

Dans le cas d'instabilités qui affectent des colluvions argileuses, phénomènes fré-
quemment rencontrés en France, les mouvements se produisent en dehors des
périodes sèches et les vitesses de déplacements présentent des pointes, qui
peuvent atteindre plusieurs centimètres par jour et dont l'amplitude dépend de la
durée et de l'importance des épisodes pluvieux antérieurs. Les mouvements se
produisent par à-coups successifs lors des remontées des pressions interstitielles.
- - - - - - -- - - - - - -- - - - - - - -- - - Caractérisation des mouvements de terrain

La cinématique peut être très différente d'un site à l'autre. On peut rencontrer des
phénomènes avec plusieurs surfaces de rupture (emboîtées ou non) et des com-
portements différents au niveau de chacune d'elles.

Certaines instabilités de grande ampleur dans des éboulis calcaires présentent


une surface de glissement profonde (47 m) et une vitesse de déplacement de
l'ordre du centimètre par an . Cette vitesse paraît peu influencée par les évolutions
piézométriques ou les apports pluviométriques.

En France, deux grands glissements rocheux, l'un à Séchilienne (Antoine et al.,


1987) et l'autre à Saint-Étienne-de-Tinée (Follacci , 1987) , connaissent des
vitesses de déplacements qui peuvent atteindre localement le centimètre par jour.
Ils sont sensibles, avec un retard important par rapport à leur manifestation, à des
phénomènes saisonniers d'apport d'eau.

1.3.4. Réactivation
La réactivation désigne un mouvement qui se produit le long d'une surface de rup-
ture créée lors de déplacements anciens et après qu'ils se sont arrêtés pendant
une période de temps plus ou moins importante.

En l'absence de modifications géométriques, les réactivations de mouvements


sont principalement liées à l'hydrogéologie du site (fig. 3).

Les manifestations qui en résultent peuvent varier sensiblement d'un site à l'autre :
c'est ainsi que l'on peut observer des déplacements annuels sur versants marneux
de l'ordre du millimètre (site de Ville-au-Val , Meurthe-et-Moselle) ou supérieurs à
30 mm sur le site de Sallèdes (Puy-de-Dôme).

Lorsque des terrassements sont réalisés sur un site de glissement fossile, un suivi
des mouvements en surface ou en profondeur peut permettre de contrôler l'évolu-
tion de la déformation avant la réactivation, et d'arrêter éventuellement les terras-
sements pour éviter des désordres importants.

Pluviométrie (mm)
50
Fig . 3 - Évolution
40
des déplacements
30 du glissement
20 de Sa/lèdes
r (Puy-de-Dôme)

'
10 1 n 11A ft

0 JLA -~lJl j~ JlP" l~ Wt "--1 JL .JJ Ji\ 1~


en regard
de la pluviosité.

Déplacements au niveau de la surface de rupture (cm)


16
14 _..../
12 r
10 1
8
6 ,......1-/
4 r
2 1
0 /

Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
lfl
~ Les techniques de stabilisation

2.1. Généralités
Dans la majorité des cas, l'étude d'un glissement de terrain conduit à définir une
solution confortative et à exécuter des travaux de stabilisation. Cette solution doit
tenir compte de la faisabilité des travaux liée à :
• l'investissement consenti,
• l'accessibilité du site,
• la période de l'année choisie pour l'exécution des travaux,
• la cinématique du glissement.

Elle doit tenir compte également d'autres aspects tels que :


• les conditions de sécurité vis-à-vis de l'environnement et notamment les
risques de désordres en phase de travaux ;
• les délais impartis à la réalisation du confortement, qui dépendent de la gravité
du phénomène et de l'urgence des travaux ;
• la pérennité du système retenu et les possibilités d'entretien et de réparation ;
• les moyens en matériels et la technicité des entreprises locales.

Enfin, les différentes solutions envisageables sont examinées dans l'ordre d'une
progressivité croissante des moyens mis en œuvre : des solutions réparatrices
(qui s'opposent aux conséquences de l'instabilité) aux solutions curatives (qui
traitent la cause de l'instabilité), en allant des solutions les plus simples aux plus
complexes. De plus, dans certains cas, les actions peuvent être graduées dans le
temps : par exemple, mise en place progressive de diverses actions de drainage
après appréciation de l'efficacité de chacune d'entre elles.

Dans ce sens, le jugement et l'expérience du géotechnicien contribuent au


meilleur choix. La réalisation d'une étude de stabilité adaptée à l'ampleur des pro-
blèmes fournit une bonne connaissance des causes des désordres et permet de
s'inscrire dans un schéma méthodologique qui assure une aide réelle à la déci-
sion. C'est la connaissance des particularités locales et régionales, ainsi que l'ana-
logie avec des chantiers réussis, qui permettront d'adapter les règles générales au
site considéré.

2.2. Choix d•une technique


Le choix d'une méthode de stabilisation résulte de la prise en compte de :
• l'analyse des paramètres techniques du site,
• la connaissance des techniques de stabilisation,
• les impératifs technico-économiques.

La méthode retenue devra être le fruit d'un compromis entre ces trois aspects.

2.2.1. Caractérisation du site


L'analyse de stabilité, généralement basée sur un calcul d'équilibre limite (voir en
annexe 2, les méthodes de Bishop, 1955, et des perturbations, Raulin et al.,
1974), conduit à évaluer quantitativement l'incidence des paramètres de l'instabili-
té tels que la géométrie (équilibre des masses), l'hydraulique, les caractéristiques
mécaniques des terrains. Le résultat de ces calculs permet donc de classer les
actions correspondantes (terrassement, drainage, soutènement et amélioration m
Stabilisation des glissements de terrain

des efforts résistants) par ordre d'efficacité. Il convient d'orienter son choix, dès le
départ, sur la base de ce classement. Évoquer trop tôt les problèmes de faisabilité ,
de coût, d'urgence, etc., peut en effet conduire à éliminer une solution qui aurait pu
être optimale.

Dans le cas du glissement représenté sur la figure 4, les solutions acceptables dans
l'emprise du chantier routier [déchargement du remblai (1 ), drainage (2), soutène-
ment (3), clouage par pieux (4)] s'avèrent, après calcul, inopérantes ou irréalistes.
L'étude a montré que c'est la butée de pied qui offre la meilleure amélioration de
sécurité ; cette solution a finalement été retenue, malgré les problèmes d'emprise qui
en résultent.

État initial F = 1,00


25m Déchargement (1) F = 1,02
Drainage (2) F=1 ,12
Butée de pied (3) F = 1,20
Clouage (4) F=1 ,15
Butée + drainage (2) + (3) F = 1,31

Substratum

Fig. 4 - Recherche d 'une méthode de stabilisation.

En pratique , on procède de la façon suivante :


• sur un profil représentatif du glissement, on s'assure que le calcul de stabilité
donne un coefficient de sécurité F0 = 1 avec les paramètres (résistance au
cisaillement mobilisable, niveau de la nappe, géométrie, etc.) à l'époque de la
rupture. On fait alors varier l'équilibre des masses, les niveaux des nappes, les
caractéristiques mécaniques, etc. , ce qui fournit, pour chaque technique de
stabilisation, le gain de stabilité ~F/F 0 que l'on peut espérer obtenir;
• le gain de sécurité théorique ainsi déterminé doit alors être comparé avec la
marge qu'il est nécessaire d'atteindre en pratique pour stabiliser le glissement
et s'affranchir de désordres ultérieurs. Cette marge n'est généralement pas de
50 %, comme pour les projets d'ouvrages en terre, mais comprise entre 10 et
30 %. Cette différence entre le projet et la réparation provient du fait que le
calage à F = 1 sur " l'essai de cisaillement en vraie grandeur , que constitue le
glissement réduit ces incertitudes. Les marges de sécurité à atteindre par cha-
cune des techniques de stabilisation sont, par ailleurs, bien calées sur l'expé-
rience, bien qu'il n'existe pas de valeur unanimement fixée.

On donnera, dans ce qui suit, des recommandations sur la manière d'évaluer les
avantages et les inconvénients de chaque technique et sur les marges de sécurité
à atteindre. On notera, toutefois, que ceci dépend étroitement des risques encou-
rus, du degré de connaissance des caractéristiques du glissement, de la maîtrise
des travaux à réaliser et des moyens de contrôle sur chantier.

La construction d'un ouvrage (remblai, déblai, fondation d'une structure) sur un


versant pose le problème de la stabilité du versant dans son ensemble et celui de
m la stabilité propre de l'ouvrage qui affecte le versant dans une zone réduite appe-
lée communément zone d'influence. En général, la construction ne modifie pas
fondamentalement la stabilité d'ensemble du versant (il convient néanmoins de
s'en assurer). Le versant est donc maintenu dans ses conditions de stabilité d'ori-
gine (qui peuvent être éventuellement inférieures aux critères imposés aux
ouvrages neufs). La question qui se pose alors au projeteur est celle de l'étendue
de la zone d'influence dans laquelle le versant et l'ouvrage doivent avoir un coeffi-
cient de sécurité minimal vis-à-vis du glissement, F = 1,5. Une règle couramment
admise est celle dite des << 3 H ,, :
• dans le cas d'un remblai de hauteur H, la zone d'influence a pour longueur 3H
horizontalement en aval du pied de remblai ;
• dans le cas d'un déblai de hauteur H, la zone d'influence a pour longueur 3H
horizontalement en amont de la crête du déblai ;
• dans le cas d'une fondation de structure, la zone d'influence est une combinai-
son des deux cas précédents (remblai-déblai).

Cette ,, règle , est issue de calculs élastoplastiques par éléments finis de massifs
horizontaux excavés pour lesquels on a obtenu des points plastiques jusqu'à une
distance de 2 H de la crête du déblai. Elle a été généralisée en " 3 H , et reste toute
théorique. En effet, les conditions géologiques sont prépondérantes : existence
d'une surface de rupture fossile, d'une couche << savon », d'un pendage privilégiant
le glissement, etc. Elle doit donc être adaptée à chaque cas particulier étudié.

Des actions de stabilisation acceptables au seul vu des calculs de stabilité


peuvent être éliminées du fait de certaines particularités du glissement.
Par exemple :
• la stabilisation des glissements très étendus ne peut généralement pas être
assurée par une structure ponctuelle (mur, rangée de pieux, etc.) ;
• les glissements très actifs s'accommodent mal de techniques qui utilisent des
éléments fragiles (drains subhorizontaux, tirants, etc.) ;
• dans le cas des glissements de terrains à très faible module, les structures
(pieux, par exemple) ne peuvent généralement pas empêcher la masse en
mouvement de s'écouler.
Cette première étape conduit à un premier choix de solutions techniquement
acceptables.

2.2.2. Adaptation de la technique au glissement


Proposer un procédé de stabilisation suppose que l'on en maîtrise parfaitement les
limites d'utilisation. Aussi doit-on s'interroger sur :
• l'adéquation entre l'action du confortement et la cause des désordres ; d'une
manière générale , et outre les limites évoquées précédemment, le fait de se
demander si la confortation est à l'échelle du phénomène évitera de nom-
breuses déconvenues ;
• la pérennité de certaines techniques et les possibilités d'entretien ultérieur ;
cela peut être le cas de systèmes drainants susceptibles d'être colmatés et
pour lesquels un autre type de solution serait préférable ;
• la progressivité d'application des moyens : outre qu'il est toujours préférable
d'accorder la priorité au drainage et au terrassement (dans la mesure où l'hy-
draulique et le chargement sont généralement les causes directes des mou-
vements), il est également souhaitable de graduer les remèdes en fonction
des observations faites pendant le chantier ; dans ce sens , on devra se
réserver la possibilité de faire réaliser des travaux complémentaires ;
• la maîtrise des risques liés à certains types de travaux ; ceci concerne la
phase de chantier mais également la vie ultérieure du site dans la mesure
où , à long terme , une stabilisation locale peut entraîner la réactivation
d'autres mouvements ; ce risque concerne principalement les drainages,
Stabilisation des glissements de terrain

dont l'exutoire peut réalimenter des terrains en profondeur ou en aval du site,


et les travaux de terrassement dans les argiles surconsolidées.

Le tableau IV présente les différentes techniques de stabilisation des glisse-


ments de terrain qui seront décrites en détail dans la suite du document.

Tableau IV- Différentes techniques de stabilisation des glissements de terrain

Principe Moyens Méthode F Contraintes d'utilisation


de stabilisation techniques de dimensionnement final

Butée de pied Rééquilibrage Remblai Calcul de stabilité 1,20 - accès et emprises nécessaires
des masses avec la géométrie modifiée à - présence d'un horizon résistant
1,30 à faible profondeur
-assurer la stabilité en aval
Allègement Rééquilibrage Déblai Calcul de stabilité 1,20 - accès et emprises nécessaires
en tête des masses avec la géométrie modifiée - assurer la stabilité en amont
Purge totale Le massif Déblai Calcul de stabilité 1,50 - s'applique à de petits volumes
est stable avec la géométrie modifiée - protection de la surface mise à nu
après la purge - assurer la stabilité en amont
Reprofilage Adoucissement Déblai Calcul de stabilité 1,20 - accès et emprises nécessaires
de la pente avec la géométrie modifiée - terrassements importants
Substitution Apport de matériau Déblai, Calcul de stabilité 1,50 - terrassements importants
totale de meilleure remblai avec les caractéristiques -ancrer sous la surface de rupture
résistance du matériau de substitution - travail par plots
Substitution Apport Déblai, Calcul de stabilité 1,20 - ancrer sous la surface de rupture
partielle : bêche, de matériau remblai avec les caractéristiques - travail par plots
contrefort, de meilleure du matériau initial - gérer le drainage
éperon, masque résistance et de celui de substitution
Substitution en Diminution Déblai, Calcul de stabilité 1,20 - terrassements réduits
tête, matériau du moment polystyrène avec les caractéristiques - protection du matériau allégé
allégé moteur matériau de poids du matériau allégé - gérer les circulations d'eau
alvéolaire
Collecte et Limiter Cunettes, Calcul de stabilité avec le 1,30 - implique une surface supérieure
canalisation des les pressions drains champ de pressions intersti- à celle du glissement
eaux de surface interstitielles agricoles tielles estimé après drainage - entretien indispensable
Tranchées Diminuer Trancheuse, Calcul de stabilité avec le 1,30 - connaissance préliminaire du
drainantes les pressions haveuse, champ de pressions intersti- réseau d'écoulement
interstitielles pelle tielles estimé après drainage - entretien indispensable
Drains Diminuer Drains Calcul de stabilité avec le 1,30 -connaissance préliminaire du
subhorizontaux les pressions plastiques, champ de pressions intersti- réseau d'écoulement
interstitielles moyens tielles estimé après drainage - vérification du rabattement
de forage - entretien indispensable
Drainages Diminuer Drains Calcul de stabilité avec le 1,30 - connaissance préliminaire du
profonds les pressions verticaux champ de pressions intersti- réseau d'écoulement
interstitielles puits, galeries tielles estimé après drainage - entretien indispensable
Soutènements Apporter un effort Ouvrages Murs fixes: 1,50 - ancrer l'ouvrage sous le niveau
stabilisateur fixes calcul de la longueur de la rupture
horizontal de massif mis en butée,
Ouvrages murs souples : calcul de 1,20 - gérer la circulation des eaux
souples stabilité en tenant compte derrière l'ouvrage
de la résistance du mur
Tirants Apporter un effort Torons, Calcul de stabilité en introdui- - problème des déplacements de sol
d'ancrage stabilisateur barres sant les efforts stabilisateurs, 1,20 (phases de chantier et en service)
horizontal calcul à la rupture des tirants - associer un bon drainage
(F= 1,5)
Clous Apporter un effort Barres, Calcul de stabilité en introdui- 1,20 - technicité importante
stabilisateur per- tubes, sant les efforts stabilisateurs, à - estimation correcte des
pendiculaire à la micropieux calcul à la rupture des clous 1,30 interactions sol/inclusions
surface de rupture (F= 1,5) - associer un bon drainage
Pieux Apporter un effort Pieux bétons, Calcul de stabilité en introdui- 1,10 - technicité importante
stabilisateur profilés H, sant les efforts stabilisateurs, à - estimation correcte des
horizontal palplanches calcul à la rupture des pieux 1,20 interactions sol/inclusions
(F= 1,5) - associer un bon drainage
- - -- - - - - - - - - -- - - - - - - - - -- - -- - - -- - Les techniques de stabilisation

2.2.3. Contraintes économiques


Les conclusions des réflexions d'ordre technique doivent être mises en regard des
impératifs des différentes parties concernées par la stabilisation. Le compromis
recherché devra en effet tenir compte :
• de considérations économiques : rapport " efficacité 1 coût "• coût de l'entretien et
de la maintenance du site après travaux, conditions locales relatives aux maté-
riaux disponibles et à la qualification des entreprises ;
• des contraintes imposées aux autorités concernées : urgence des travaux, rapidi-
té dans les effets recherchés, risques liés à des ouvrages, problèmes d'emprises ;
• d'autres considérations techniques : conditions météorologiques prévisibles pen-
dant le chantier, menace d'extension du phénomène, degré de stabil isation
recherché.

2.2.4. Méthodologie de choix d'une technique de stabilisation


Le choix d'une méthode de stabilisation d'un glissement de terrain passe par le
jugement, l'expérience et l'intuition du géotechnicien. Une démarche méthodolo-
gique doit être suivie : elle est présentée dans le tableau V. Il est nécessaire d'en-
visager successivement toutes les techniques existantes avant de fixer son choix.

Le tableau VI donne un premier choix de types de solutions envisageables. Les


critères utilisés sont volontairement limités aux plus importants.

Le choix obtenu dans le tableau VI doit être affiné en tenant compte de la profon-
deur du mouvement, de la nature et du volume de matériau en jeu, des vitesses
de glissement, des contraintes d'accès et d'emprise du site, etc.

Lorsque plusieurs types de solutions sont envisageables, il peut être intéressant


de les associer.

L'application de ces principes est illustrée par l'étude du cas de glissement de


La-Chapelle-aux-Brocs (Corrèze) présentée en annexe 3.
Tableau V- Méthodologie pour le choix d 'une méthode de stabilisation
(d'après Cartier, 1985)

Phase d'étude Éléments nécessaires

Analyse à rebours du glissement. Profil géotechnique


Calage de la méthode de calcul Paramètres géométriques, hydrauliques, mécaniques
et des paramètres de résistance Calcul de stabilité.
au cisaillement sur F 1.=
Détermination de l'influence sur F Calculs de stabilité
des actions envisageables :
- modification de la géométrie ;
- abaissement de la nappe ;
- renforcements au niveau de la surface
de rupture.
Définition des solutions techniques. Limites et avantages des techniques envisagées
Caractéristiques particulières du glissement
Choix d'une solution. Contraintes économiques
Délais
Savoir-faire des entreprises
Risques acceptables à court et long terme
Dimensionnement de la solution. Calcul de stabilité
Essais préalables (tirants, drains, etc.)
Réglementation
Travaux. Contrôles des structures (déplacements, efforts, etc.)
Contrôle des paramètres du glissement
Stabilisation des glissements de terrain

Tableau VI - Grille d 'orientation d 'un dispositif de stabilisation d'un glissement de terrain

Effet sur la stabilité Effet sur la stabilité Effet sur la stabilité


de la variation de l'accroissement
de la modification Solutions envisageables
de pression de la géométrie de la résistance
interstitielle au cisaillement
Terrassement
+ + + Drainage
Renforcement
Terrassement (mais substitution
+ + . inefficace)
Drainage
+ . . Drainage
Terrassement pour substitution
+ . + Drainage
Renforcement
. + + Terrassement
Renforcement
. + . Terrassement
. . + Terrassement pour substitution
Renforcement
. . . Application des techniques
de surveillance ou de protection

+ : important, · : faible
Mise en œuvre de terrassements
Les conditions de stabilité étant directement liées à la pente du terrain , le terrasse-
ment reste le moyen d'action le plus naturel. On peut distinguer trois groupes de
méthodes de stabilisation par terrassement :
. les actions sur l'équilibre des masses (allégement en tête et butée en pied),
. les actions sur la géométrie de la pente (purge et reprofilage),
• les substitutions partielles ou totales de la masse glissée (bêches, contreforts,
masques, éperons).

La figure 5 schématise les différentes actions de terrassement.

1 - Allégement en tête

2 - Butée de pied

3 - Reprofilage
(a) adoucissement de la pente
(b) risberme

4 - Purge
- partielle : avant traitement complémentaire
- totale : avant reconstitution éventuelle

Fig. 5 - Les différentes actions de terrassement possibles.


Stabilisation des glissements de terrain

3.1. Butée de pied et allégement en tête


Le chargement en pied ou le déchargement en tête d'un glissement sont des tech-
niques généralement efficaces, qui sont très fréquemment utilisées.

3.1.1. Butée de pied


Le chargement en pied (ouvrage de butée, également appelé banquette dans cer-
taines configurations) agit de deux manières : d'une part, il équilibre les forces
motrices et, d'autre part, il permet de contenir les déplacements de la masse instable.

Le dimensionnement d'une butée de pied se fait par un calcul de stabilité (métho-


de de calcul d'équilibre limite, voir l'annexe 2) " au grand glissement ,, de la pente
instable en tenant compte de la modification géométrique envisagée. La surface
de rupture étudiée est celle qui résulte de l'investigation (inclinométrie, coupes de
sondages, observations de terrain) . On recherche généralement une amélioration
de la sécurité llF/F0 de 20 à 30 % .

Il est nécessaire de réaliser un ancrage dans les formations sous-jacentes en


place. Par exemple, sur le glissement de Saint-Urcize, cette technique a conduit à
prévoir deux niveaux de banquettes afin de reporter les efforts sur les moraines
stables du fond de la vallée (fig . 6).

La stabilité au grand glissement suppose deux vérifications (fig. 7) :


• l'ouvrage de butée doit limiter les risques de reprise du glissement en amont,
• l'ouvrage de butée ne doit pas déclencher d'autre glissement, par exemple à l'aval.

Fig. 6 - Stabilisation
par plusieurs
niveaux de butées
du glissement
de Saint-Urcize Surface de glissement
(Cantal).

SOm

Argile cendreuse

Fig. 7 -
Glissement déclaré
Dimensionnement
d 'une butée de pied. Glissement potentiel amont

Glissement potentiel aval


- - - -- - - - - - - - -- - -- -- - - - - -- - - - - - Mise en œuvre de terrassements

On remarquera que les ouvrages de butée ainsi dimensionnés, en plus de leur


action gravitaire, peuvent assurer un drainage du massif. Même si l'on ne
recherche pas spécifiquement cet effet, il est recommandé d'utiliser un matériau
drainant et autostable, et d'organiser la collecte et l'évacuation des eaux, par
exemple par un drain placé en fond de fouille et un collecteur. Dans tous les cas,
on veillera à disposer un tapis drainant.

En pratique, il est assez facile de contrebalancer les efforts moteurs par une ban-
quette quand le glissement est profond et ressort subverticalement en pied ,
comme dans le cas du célèbre glissement de Folkestone Warren, en Grande-
Bretagne (fig. 8), décrit par Hutchinson et al. (1984) .

Cette solution est également bien adaptée aux remblais construits sur le flanc
instable d'une vallée, à proximité du point bas. C'est ce qui a été réalisé sur l'auto-
route A13 au passage du vallon des Bottentuits. Le remblai a été construit selon le
profil de la figure 9, après réalisation d'un important dispositif d'assainissement.

La mise en place d'une butée en enrochements au pied d'un glissement du type de


celui du Piou sur l'autoroute A75 (fig. 10) nécessite une masse importante de maté-
riaux pour lutter contre la poussée des terres et provoquer un effet de soutènement.

200 Fig. 8 - Glissement


- - - - - Surface de glissement de Folkestone
Warren
(Royaume-Uni)
(d'après Hutchinson
et al., 1984).

Voie ferrée

Surcharge
de pied
0
Argile de Gault
... ....._ ___ .,.

-50 L-----~------L-----~-----L-----~
0 100 200 300 400 500

Fig. 9 - Schéma
'\....../ Fossés en béton 20 m de principe
de construction
de l'autoroute A 13
dans le vallon
des Bottentuits
(Calvados).
Stabilisation des glissements de terrain

Fig. 10 -
Stabilisation
par butée de pied
du glissement
de l'autoroute A75
au Piou (Lozère).
y= 21 kN 1 m 3
c' = 0 kPa
·-- --- ...... . . cp' = 40°
y = 19 kN 1 m3 /
c' = 0 kPa --. ------
cp' = 15°

0~--~----~--~----~--~--~~--~--~~--~--~----~--~
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120
(rn)

Une solution de butée de pied peut être efficacement associée à un drainage.


C'est le cas du glissement de la côte du Beil dans le Cantal , où les désordres du
talus routier ont progressé très loin en amont sur une pente naturelle d'éboulis (fig.
11). Dans ce cas, la butée a été associée à un drainage par tranchées de faible
profondeur (1 ,5 mètre).

Les tassements susceptibles d'être provoqués par une surcharge stabilisatrice


peuvent être gênants s'ils provoquent des désordres sur des ouvrages
avoisinants : ce sera souvent le cas des banquettes implantées en fond de vallée
où l'on rencontre fréquemment des alluvions compressibles. C'est ainsi que le
remblai ferroviaire d'Ormoy (fig. 12) qui, depuis sa construction à la fin du siècle
dernier, est affecté par des mouvements du pied de versant, n'a pu être conforté
par banquette ; la présence d'alluvions modernes et de tourbes risquait en effet
d'induire des tassements indésirables de la voie.

Fig. 11 - 10 rn
Surface de glissement
Stabilisation 1....-1

par butée de pied et


drainage
du glissement
de la côte du Bei/
Micaschistes
(Cantal).

Fig. 12-
- - - - - Surface de glissement
Stabilisation 1 Tubes inclinométriques
du remblai
ferroviaire d 'Ormoy 10 rn
(Essonne).

Marno • calcaire
de Champigny .
•) Alluvions
-
- - - - - -- -- - -- - - - - - - - - -- - - -- - - - Mise en œuvre de terrassements

3.1.2. Allégement en tête


L'allégement en tête de glissement consiste à venir terrasser le matériau dans la
partie supérieure. Il en résulte une diminution du poids moteur et, par conséquent,
une augmentation du coefficient de sécurité. La méthode de dimensionnement
consiste en un calcul de stabilité le long de la surface de rupture déclarée (fig. 13)
en prenant en compte la modification de géométrie en tête. Le déchargement par
terrassement du sommet de la masse glissée, tel qu'il apparaît sur la figure 13 (sur-
face 2), peut créer des risques de régression des désordres vers l'amont à court ou
long terme.

Comme dans le cas des butées de pied, l'amélioration de la sécurité recherchée


~F/F 0 sera de 20 %. En général, cet objectif n'est obtenu qu'avec des volumes de
terrassement importants. De ce fait, le déchargement en tête est une action rare-
ment suffisante pour obtenir le gain de sécurité souhaité. Une action complémentai-
re (drainage, recharge en pied, par exemple) devra généralement être recherchée.

Fig. 13 -
(1) surface de rupture déclarée Dimensionnement
(2) surface de rupture potentielle
d'un allégement
en tête.

3.2. Purge et reprofilage


3.2.1. Purge
Les techniques de terrassement s'accompagnent fréquemment de purges du
matériau glissé. Cette solution est généralement limitée aux glissements de
taille modeste. On peut, dans certains cas, purger l'ensemble du matériau glis-
sé à condition que la surface mise à nu soit stable (F = 1,5). C'est souvent le
cas des éboulements rocheux. Cette technique est parfois utilisée dans les glis-
sements de terrains comme à Saint-Vidal (fig. 14), où la voie ferrée a été recou-
verte par 10 m d'éboulis argilo-marneux.

Fig. 14 -
Glissement
de Saint-Vidal

~~~!!~~!~~ (Haute-Loire).

m
Stabilisation des glissements de terrain

Une purge totale a été réalisée de façon à dégager un horizon stable. C'était ici
la seule solution envisageable. Elle a toutefois été complétée par un dispositif
de drainage superficiel.
Quand le terrain est en forte pente et donc difficilement accessible aux engins
autres que les bouteurs, la purge constitue le seul moyen de confortation, notam-
ment si la profondeur de rupture est faible. C'est, par exemple, le cas du glisse-
ment survenu en mai 1977 sur la route d'accès au tunnel routier du Fréjus (Koenig
et al. , 1980). Les observations ayant montré que l'épaisseur des terrains instables
était limitée (3 à 6 m), une purge de 50 000 m3 a été effectuée. Afin d'éviter une
régression des désordres, diverses mesures complémentaires ont été appliquées :
mur ancré de blocage latéral, mur de verrouillage à l'amont, purge à l'explosif des
blocs à l'équilibre précaire (fig. 15).

Fig. 15- Glissement


de la route d 'accès
_ 1190 m Gabions
au tunnel du Fréjus
(Savoie).

_ 1180 m RN 566
U

==---1~~~g Massif
«Terre Armée,

- f1..7p m
" ''-... Surface de
'"'-glissement
'

'
"
3.2.2. Reprofilage
Les conditions de stabilité d'un talus étant directement liées à sa pente, on peut
assez simplement augmenter la sécurité par retalutage du terrain naturel. Dans ce
sens, le procédé s'apparente à l'allégement en tête : il consiste en un adoucisse-
ment de la pente moyenne. On recherchera un accroissement de sécurité LiF/F 0
égal à 20%.

Ce type de traitement est particulièrement bien adapté aux talus de déblais et suf-
fisamment classique pour qu'on ne le développe pas ici. On rappellera simplement
que l'exécution de risbermes a l'avantage d'améliorer la stabilité par rapport à une
pente unique et de créer des voies d'accès pour l'entretien ou des travaux complé-
mentaires (cf. fig. 5). Dans les versants naturels, l'adoucissement de la pente est
généralement mal adapté, car il met en jeu des volumes de sol très importants
pour une amélioration du coefficient de sécurité relativement faible.

L'action sur la géométrie, dans ce cas, portera essentiellement sur :


• le rééquilibrage des masses en tête et en pied de glissement,

m • le raidissement des talus intermédiaires avec création de risbermes (cela dimi-


nue localement la stabilité, mais améliore la stabilité d'ensemble).
-
- - - -- - -- - -- -- - - - - - - -- - - - - - - - - Mise en œuvre de terrassements

Un tel exemple est cité par Peck et lreland (1953) : l'action principale provient certai-
nement du déchargement en tête (fig. 16). Si, dans certains cas particuliers, l'adou-
cissement de tout ou partie de la pente naturelle se révèle la meilleure solution, on
devra être vigilant à ne pas déclencher d'autres glissements.

- 1615 m Fig. 16 - Traitement


du glissement
Ouest de Cameot (d'après
Peck et Ire/and,
1953).

F initial = 1 Mesa Verde


F après A = 1,01
F après B = 1,3

Schistes 60 m
L_-------------------~========~l 1400m

3.3. Substitutions (bêches, contreforts, masques


et éperons)
La solution a priori la plus simple pour traiter un glissement est d'éliminer la masse glis-
sée en tout ou partie, et de reconstituer le talus à l'aide d'un matériau frottant de bonne
qualité, qui assure, le plus souvent, un drainage en plus de son action mécanique.

3.3.1. Substitution totale des matériaux glissés


La substitution totale consiste à venir purger l'ensemble des matériaux glissés et à
les remplacer par un matériau de meilleure qualité. Cela permet de reconstituer le
profil du talus initial.

La vérification de l'efficacité du traitement nécessite de recourir à un calcul de stabili-


té dans lequel on prendra en compte les caractéristiques du nouveau talus (matériau
de substitution et matériau intact en place). On recherchera la surface de rupture
potentielle la plus défavorable et on s'assurera que le coefficient de sécurité du projet
est supérieur à F = 1 ,5.

Cette solution a été appliquée au niveau de la tête sud du tunnel ferroviaire à Marnay
(fig. 17). Après terrassement du pied de versant et à la faveur de pluies exception-
nelles, environ 20 000 m3 d'éboulis surmontant les marnes compactes du Toarcien
avaient obstrué l'emprise du chantier. Ces matériaux ont été purgés et remplacés par
des matériaux frottants et drainants de granulométrie 0-500 afin d'assurer la stabilité
de la falaise en amont.
Stabilisation des glissements de terrain

Fig. 17 -
Substitution totale Profil après glissement
des matériaux Purge et reconstruction en 0 1 500
glissés au droit
de la tête sud du
tunnel de Marnay. Calcaire compact

Éboulis calcaires

Marnes bleues compactes

La substitution de matériaux glissés suppose que l'on prenne un certain nombre


de précautions :
• reconnaître à l'avance le volume de matériaux concerné ;
• excaver plus profondément que la surface de rupture sous peine d'inefficacité totale ;
• assurer un bon accrochage entre le substratum et le massif de sol d'apport ;
une purge parfaite des matériaux glissés et la réalisation de redans donnent
généralement satisfaction ;
• prévoir un drainage correct du massif de substitution et un exutoire ;
• vérifier que les phases dangereuses des travaux sont prises en compte dans le
processus d'exécution et que l'on ne risque pas d'engendrer une régression
des désordres.

La tenue des talus provisoires de la purge dépend principalement des conditions


de terrassement, de la météorologie, des hétérogénéités locales : il est donc tou-
jours recommandé de travailler par plots de faible largeur, de ne pas maintenir de
fouilles ouvertes pendant des durées trop importantes et de veiller à l'assainisse-
ment du chantier.

3.3.2. Substitution partielle des matériaux glissés


En pratique, la substitution totale est limitée par les conditions de réalisation de la
purge (profondeurs importantes, présence d'eau, mauvaise tenue des matériaux).
On peut toutefois limiter le terrassement en exécutant des bêches, des contreforts,
des masques ou des éperons qui, s'ils sont bien dimensionnés, peuvent suffire à
la stabilisation (fig. 18).

Une bêche est une fouille réalisée en partie basse du glissement et sur toute sa
largeur remblayée par des matériaux frottants et drainants. Les dimensions cou-
rantes sont :
• 4 à 10 m de largeur,
• 5 à 6 m de profondeur.

Elle permet de reporter une partie de la charge sur un horizon plus compact (sub-
stratum) avec un ancrage de 1 mou plus.
- -- - - - - - - - -- - -- - - - - -- - -- - - - -- - - Mise en œuvre de terrassements

Fig. 18 -
Substitutions
partielles.

Contreforts (bèches discontinues) Bèche

Éperons (masques discontinus) Masque

La bêche est particulièrement bien adaptée aux cas de construction de remblais


sur un massif de sol instable de faible épaisseur (moins de 5 m). Elle permet de
transmettre la surcharge du remblai au substratum et, si un exutoire peut être trou-
vé, de constituer un drainage à l'aval du glissement.

On dimensionne la bêche en prenant en compte le long de la surface de rupture,


sur la longueur substituée, les caractéristiques mécaniques du matériau rapporté. Fig. 19-
Éventuellement, on tient également compte du rabattement de la nappe lorsqu'un Stabilisation
exutoire existe. On recherche une amélioration de la sécurité L\F/F0 de 20 %.
par bêche
du glissement
Un exemple de stabilisation de glissement par bêche a été mis en œuvre à La de La Roche/ambert
Rochelambert (fig. 19). (Haute-Loire).

P1 , P2, P3 : reconnaissance à la pelle Schéma de calcul (et coupe schématique)


Pz1, Pz2 : piézomètres ouverts - condition du glissement F = 1,02
81 : inclinomètre - avec butée en enrochements F = 1,26
Pz1
=
- avec butée + talus aménagé F 1,28

~ons
Colluvions '-.. .$'{/. Butée en enrochements
-,
~ce
Argile et
sable-argileux
' ...!!e rup
' ......_f~re
~
-~-
Y= 19 kN 1 m3
c' = 0 kPa
<p' = 15°
Stabilisation des glissements de terrain

Il s'agissait d'un remblai sur versant naturel instable. La bêche a été réalisée au
niveau du bourrelet de pied et surmontée d'un massif de butée en enrochement.
Son ancrage important (3 m sous la surface de rupture) s'explique par la profondeur
du niveau compact d'appui qui n'a, d'ailleurs, pas pu être complètement atteint.

Dans le cas de la rupture du remblai du PK 1,9 de la déviation de la RN 42 à


Nabringhen (fig. 20), la bêche, d'une longueur de 100 met d'environ 15 m de lar-
geur, a été divisée en vingt plots de 5 m, ce qui permettait de termin er chaque plot
en une journée avec un atelier réduit (une pelle mécanique et une rotation de deux
tracto-bennes). Le fond de fouille a été ancré dans l'argile du Gault et penté vers
l'aval pour permettre le recueil des eaux de drainage. Après nettoyage du fond de
fouille et mise en place d'un géotextile anti-contaminant sur son talus amont, un
matelas de granulats a été compacté jusqu'à 1 ,5 m au-dessus de la surface de
glissement repérée lors du terrassement.

Fig. 20 -
RN42
Stabilisation - - - - - Surface de glissement
- - - - Géotextile
par bêche Remblai
du remblai
au PK 1,9
5m
de la déviation
de Nabringhen (Pas-
de-Ca/ais).

Argile du Gault
- ... -- ..
-----

Une recharge de la fouille a ensuite été réalisée avec une craie compactée prove-
nant d'un déblai voisin. Peu de temps après la fin des travaux, et après qu'un dépla-
cement d'environ 10 mm s'était à nouveau produit, le glissement s'est stabilisé. Les
vitesses maximales mesurées sur le site avant les travaux de stabilisation s'éle-
vaient à près de 3,5 mm par jour.

On appelle contreforts ce même type d'ouvrage lorsqu'il est discontinu. Pour assu-
rer un exutoire, ces contreforts sont souvent rel iés par des tranchées drainantes.

Les dimensions d'un ensemble de contreforts doivent être optimisées sur la base
d'un calcul de stabilité le long de la surface de glissement existante. À défaut
d'une connaissance précise du réseau d'écoulement entre les éperons, et par
sécurité, on peut retenir un coefficient de sécurité calculé comme une moyenne
selon la formule suivante :

( 1)

où F0 est le coefficient de sécurité entre contreforts ; F1 est le coefficient de sécu-


rité dans l'axe d'un contrefort ; e et d sont l'espacement et la largeur des
contreforts.

Des contreforts ont été utilisés depuis longtemps avec succès (Bruère, 1873 ;
Collin, 1846), notamment sur le réseau ferroviaire (fig. 21 ).
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Mise en œuvre de terrassements

Comme pour les bêches, leur rôle est d'améliorer le frottement le long de la
surface de glissement interceptée et de reporter les efforts sur le substratum.

Quand un exutoire peut être trouvé, un effet de drainage se superpose. La dimen-


sion des contreforts et leur espacement sont très variables selon les conditions de
réalisation et l'extension du glissement à stabiliser.

Au PK 2,4 de la déviation de la RN 42 à Nabringhen, le remblai construit sur un


versant de la ceinture crétacée du Boulonnais au printemps 1982 a réactivé un
glissement fossile. Ceci s'est traduit par une rupture totale de
l'ouvrage et d'importants désordres dans le versant aval.

Fig. 21 -Stabilisation
par contreforts
sur la ligne
SNCF Gretz-Sézanne
(d'après Collin, 1846).

J Vue en plan J - Fig. 22 - Stabilisation


par contreforts
du remblai au PK 2,4
de la déviation
de Nabringhen
(Pas-de-Calais).
Contreforts \...

! coupe AA 1
P9 P10 P11

_ 10m
Stabilisation des glissements de terrain

La reconnaissance complémentaire de la profondeur de rupture et les analyses de


stabilité ont conduit les projeteurs à concevoir un réseau de contreforts sous le
talus aval du remblai, avant de reconstituer ce dernier (fig. 22) . Un pré-terrasse-
ment des 3 à 4 m supérieurs de terrains glissés a permis de réaliser les contreforts
à la pelle mécanique sur une profondeur de 4 à 5 m. Le comblement a été consti-
tué de granulats, puis de craie saine sur le mètre supérieur avec utilisation d'un
filtre géotextile en enveloppe des matériaux drainants. L'ensemble a été remblayé
sur 3 à 4 m afin de retrouver la cote du terrain naturel initial. Les contreforts, espa-
cés de 10 m d'axe en axe, ont été reliés en partie basse par une tranchée collectri-
ce débouchant sur un exutoire dirigé dans l'axe du glissement.

Quand la tenue des fouilles provisoires pose problème, on peut recourir à des blin-
dages havés télescopiques, comme ceux utilisés au passage du col d'Evires sur
l'autoroute A41 {Nhiem et Dagnaux, 1983) ; ces dispositifs ont également permis de
réaliser les tranchées collectrices réunissant les contreforts (fig. 23). Les dimensions
des contreforts sont de 3 m de largeur et de 5 à 6 m de profondeur.
Dans certains cas, un seul contrefort réalisé dans l'axe du glissement peut être
suffisant du fait des effets combinés de drainage et de renforcement mécanique.
La figure 24 illustre cette configuration utilisée avec succès sur le CD 990, où le
glissement s'étendait sur une largeur de 40 mètres.

Une autre technique de substitution consiste à remplacer, en partie haute du glisse-


ment, le matériau naturel par un matériau allégé et à reconstituer le talus et la chaus-
sée éventuelle. On utilise comme matériau léger : du polystyrène, des structures de
polypropylène en nid d'abeille, des granulats légers comme la pouzzolane, etc. Cette
technique trouve souvent des applications dans le franchissement en remblai de
zones en limite de stabilité ; elle présente l'avantage de minimiser les perturbations
sur le site. Le dimensionnement de cet ouvrage se fait comme indiqué précédemment
par un calcul de stabilité. On recherche une amélioration de la stabilité de 20 %.

Fig. 23 - Blindage
havé télescopique
utilisé sur
l'autoroute A41.
- - - - - - -- -- - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - Mise en œuvre de terrassements

Cette technique a été utilisée avec succès sur le glissement de Vic-le-Comte sur la
RD 227 (Puy-de-Dôme). Le glissement affectait des colluvions marneuses sur une
épaisseur de 4 à 8 m reposant sur des marnes compactes, en place. Le versant
présentait une pente moyenne de 15°. Les niveaux piézométriques profonds (8 m)
n'autorisaient pas une solution de drainage aisée. Par ailleurs, les conditions topo-
graphiques imposaient le maintien du tracé routier. La solution mise en œuvre
(fig. 25) a consisté à purger sur une épaisseur de 3 à 4 m le matériau glissé, et à
lui substituer des blocs de polystyrène mis en place avec un parement vertical.

La densité moyenne du matériau prise en compte dans le calcul était égale à 0,15
(y compris le poids de la structure de chaussée) .

Fig. 24 - Stabilisation
Géotextile
par contrefort central :

----- fl~'!l!21~i- J. -
Remblai
glissement de la RD 990
au lieu-dit
Le Four à Chaux
rocheux
(Cantal).

10 m
816 L_____J

Fig. 25 - Stabilisation
Compostyrène 5m
par allégement
Profil avant travaux en tête, remblai
r---~-~- - - - ' ''' ' ' / polystyrène :
glissement de la RD 227

--- - - Profil après travaux

/
à Vic-le-Comte
(Puy-de-Dôme).

---
Marne en lace

Iii
~ Dispositifs de drainage
Très souvent, l'eau joue un rôle moteur déterminant. Aussi, et bien qu'elles soient
plus délicates à dimensionner et à mettre en oeuvre que des techniques de
terrassement, le géotechnicien doit étudier des solutions ayant pour objectif de
réduire l'action de l'eau. Le drainage a pour but de réduire les pressions
interstitielles le long de la surface de glissement et ainsi d'augmenter la résistance
au cisaillement du terrain. Différentes techniques peuvent être appliquées pour
atteindre cet objectif. Elles relèvent de deux options fondamentales :
• éviter l'alimentation en eau du site,
• expulser l'eau présente dans le massif instable afin de réduire les pressions
interstitielles.
Les paragraphes ci-dessous présentent les techniques couramment utilisées ;
celles-ci peuvent être employées seules, combinées, ou associées à d'autres
techniques de stabilisation.

De nombreux paramètres conditionnent l'efficacité d'un système de drainage, en


particulier la nature et l'hétérogénéité des terrains, la géométrie des couches
aquifères, la perméabilité, l'anisotropie et la fissuration des sols, les alimentations et
les exutoires. De ce fait, et compte tenu des difficultés de détermination de
l'ensemble de ces éléments, le dimensionnement d'un système de drainage est fait
en prenant un coefficient de sécurité plus élevé (~F/F 0 de l'ordre de 30 %) que pour
d'autres techniques (terrassements , renforcements). Sur le terrain , cet
accroissement du coefficient de sécurité est difficile à atteindre, aussi doit-on
s'assurer de l'efficacité du drainage par des mesures de suivi de débits, de
pressions interstitielles et de déplacement du sol.

Comme la plupart des ouvrages, les dispositifs de drainage nécessitent un


entretien régulier qui, s'il n'est pas réalisé, peut conduire à la ruine de l'ouvrage.
On distingue schématiquement : les drainages de surface et les ouvrages de
collecte des eaux, les tranchées drainantes, les drains subhorizontaux, les drains
verticaux, les galeries, tunnels et autres ouvrages profonds.

4.1. Collecte et canalisation des eaux de surface


(drainage de surface)
Il s'agit ici de mettre en œuvre des moyens pour limiter les infiltrations dans le
massif en mouvement. Les eaux peuvent provenir d'une couche superficielle
aquifère, d'un défaut d'étanchéité sur un réseau ou sur un bassin de stockage à
l'amont, ou plus simplement de l'impluvium et des eaux de ruissellement. En effet,
les eaux de surface ont tendance à s'infiltrer dans les fissures, à stagner dans les
zones de faible pente ou en contre-pente, mettant ainsi en pression la surface de
rupture. Aussi les ouvrages de collecte des eaux (fossés, caniveaux, cunettes) et
l'étanchéification des fissures de surface, bien que ne constituant pas des
ouvrages de drainage à proprement parler, sont réalisés en première urgence
dans de nombreux cas de glissements.

La technique de drainage superficiel était autrefois très fréquemment utilisée pour


les terrains agricoles ; dans de nombreux cas, les cultures ont été abandonnées et
l'absence d'entretien de ces systèmes a provoqué une réactivation progressive
des mouvement des versants.
Stabilisation des glissements de terrain

On ne décrira pas dans le détail les ouvrages de collecte des eaux de surface : ils
sont d'usage courant en génie civil. On retrouve des ouvrages comme les fossés et
caniveaux, qui peuvent être étanchés par des géomembranes. Leurs caractéristiques
géométriques dépendent de la nature des terrains, des débits d'eaux à évacuer, des
vitesses d'écoulement acceptables au regard de l'érosion. Des dispositifs d'entrave
(épis , saillies, ressauts, etc .) sont en général utilisés pour limiter les vitesses
d'écoulement. Il est recommandé, de façon générale, d'éviter d'implanter de tels
ouvrages sur les fissures provoquées par les mouvements. Les conditions
géométriques du site sont déterminantes pour l'implantation de ces ouvrages.

Les cunettes en béton de dimensions courantes (50 cm de profondeur sur 50 à


100 cm de largeur) et les cu nettes demi-tube en PVC sont parfois employées pour
collecter les eaux de ruissellement. Ces ouvrages sont fragiles et le contact avec
le sol support est délicat à assurer. Ils doivent donc être implantés dans les zones
de très faibles déformations.

Le drainage agricole constitue un procédé de drainage de surface simple et peu


coûteux. Comme on le voit dans l'annexe 1, l'alimentation de la nappe de certains
versants d'éboulis se fait par infiltration verticale. Un réseau de drains superficiels
peut contribuer à la limiter. Un tel système est présenté sur la figure 26. Il est
constitué de drains en plastique, annelés, de 50 mm de diamètre, posés au tond
d'une tranchée de 50 cm de profondeur rebouchée avec les matériaux terrassés.
Le dispositif a été complété par des collecteurs de drains agricoles fermés, un
fossé de ceinture de 1 m de profondeur et un fossé amont étanche, de 1,5 m de
profondeur, dont le rôle est de couper les arrivées d'eau de ruissellement. Quatre
fossés ouverts étanches de 80 cm de profondeur assurent, au sein du glissement,
l'évacuation des eaux des collecteurs de drains.

Fig. 26 - Réseau
de drainage de surface, Collecteur extérieur
glissement de la RD 12 Fossé de ceinture
(d'après Livet, 1980). Collecteur fermé
Fossé ouvert
Drain agricole

800

50m
Dispositifs de drainage

Les vitesses de déplacement mesurées sur ce site après travaux étaient


considérablement plus faibles que celles mesurées avant les travaux (près de
25 fois moindres). Insistons sur le fait qu'elles n'ont cependant pas été complè-
tement neutralisées et que des déformations résiduelles persistent.

Le drainage agricole est une mesure rarement utilisée seule, mais il permet de
compléter d'autres dispositifs de drainage ou de renforcement.

Le dimensionnement d'un tel dispositif est, dans l'état actuel des connaissances,
purement empirique. Retenons encore qu'une vitesse élevée du glissement rend
difficile l'emploi de cette technique, l'évolution des fissures conduisant à la
destruction des drains pendant leur exécution (un chantier de drains agricoles tel
que celui présenté sur la figure 26 dure plusieurs semaines).

4.2. Tranchées drainantes


Les tranchées drainantes, dont une coupe type est présentée sur la figure 27, sont
des ouvrages couramment employés pour rabattre le niveau de la nappe. Elles
sont implantées sur le site de façon à venir recouper les filets d'eau {lignes de
courant dans un horizon homogène, couche aquifère, venues d'eau ponctuelles,
etc.). Le choix de l'implantation (dans le sens de la plus grande pente ou dans un
sens parallèle aux lignes de niveau, ou encore en épis) dépend des résultats de
l'étude hydrogéologique et conditionne l'efficacité de la tranchée. Sur le site de
Sallèdes (voir annexe 1 ), où l'alimentation principale de la nappe provient de
l'impluvium, l'efficacité d'une tranchée parallèle aux lignes de niveau reste faible.

Fig. 27 - Coupe
schématique
d 'une tranchée
drainante.

Remblai

-- 3m

-.......
--------- /
Géotextile

..::----
-----=---
-
Remplissage
de grave

8 0,6 m

Ill
Stabilisation des glissements de terrain

L'effet stabilisateur provient, dans le cas des tranchées drainantes, de la diminution


des pressions interstitielles au niveau de la surface de rupture.

Les tranchées drainantes peuvent être réalisées de plusieurs façons :


• à la pelle mécanique : les dimensions de la tranchée sont de l'ordre de 5 à 6 m
de profondeur sur une largeur de l'ordre du mètre ; un drain en plastique
souple est généralement placé au fond avec un sable propre en protection. Le
remplissage est réalisé en matériau drainant de 40/100 mm (environ) ;
• à la trancheuse : les profondeurs atteintes sont du même ordre de grandeur ; la
largeur de la tranchée est par contre réduite, de l'ordre de 30 cm ; un dispositif
mécanisé permet de mettre en place un géotextile anti-contaminant, le drain en
plastique et le matériau drainant de remplissage ;
• à la haveuse de paroi : les profondeurs atteintes sont plus importantes (jusqu'à
20 m) ; la technique de creusement est identique à celle utilisée pour les parois
moulées, par panneaux successifs (de 2 à 3 m) ; la tenue des parois de la
fouille est assurée par une boue biodégradable, dont la viscosité diminue avec
le temps et qui s'élimine naturellement par gravité.

Le dimensionnement du confortement d'un glissement de terrain par tranchées


drainantes se fait en recherchant un accroissement du coefficient de sécurité de
l'ordre de ôF/F0 = 30 %. Cet accroissement provient du rabattement de nappe
qu'on est en droit d'attendre des tranchées. La profondeur des tranchées et leur
espacement dépendent du modèle hydraulique du site.

L'évaluation du rayon d'action d'une tranchée drainante repose sur les hypothèses
et les formules de Dupuit (1863). Si la tranchée est alimentée par une nappe
hydrostatique à une distance R (fig. 28), l'équation de la surface libre à la
distance x de la tranchée s'écrit :

(2)

où x représente la distance du point considéré à la paroi de la tranchée ; H, la


charge hydraulique de la nappe hydrostatique à une distance supérieure à R ; hp,
la hauteur de suintement au niveau de la paroi de la tranchée et h, la charge au
point considéré.

H
, , ' ' ' "----_ Parabole de Dupuit

m Fig. 28- Tranchée complète dans une nappe libre {d'après Rat, 1976).
Cette formule fournit une excellente approximation de la position de la surface
libre à une certaine distance de la tranchée à condition de disposer de la valeur de
R, qui peut être obtenue par des essais de pompage. La hauteur de suintement,
h5 (fig. 28) qui donne le point de rencontre de la surface libre et de la tranchée,
peut être obtenue par diverses théories selon les paramètres du problème. Rat
(1970) donne les éléments nécessaires à cette estimation, notamment dans le cas
fréquent de tranchées n'atteignant pas le substratum imperméable. On y trouvera
également l'équation de la surface libre entre tranchées (assimilée à une ellipse).

Lorsqu'on souhaite évaluer plus précisément le rabattement apporté par une


tranchée drainante, un calcul par la méthode des éléments finis ou par la méthode
des différences finies peut être nécessaire. La difficulté réside dans le choix des
paramètres de calcul : perméabilité et anisotropie.

La figure 29 présente un exemple de stabilisation par tranchées drainantes. Il


s'agit du confortement du glissement de Vaucluse près de Besançon, affectant la
route qui passe à flanc de coteau sur les marnes de I'Oxfordien, au pied de la
falaise calcaire du Rauracien. Les marnes, altérées sur plusieurs mètres, sont
masquées par un placage d'éboulis calcaires et d'éboulis argileux. L'eau , qui
circule rapidement à l'intérieur du massif calcaire fissuré, est en partie réinjectée
dans les formations de pente par des chenaux préférentiels, ce qui se traduit par
une circulation proche du terrain naturel. À la suite de conditions pluviométriques
particulièrement défavorables, un décrochement subvertical d'une trentaine de
mètres de hauteur s'est produit en pied de versant. Un glissement d'ensemble,
d'un volume estimé à 800 000 m3 est survenu peu de temps après. La rupture, qui
affecte les 8 à 10 m supérieurs de terrain, a emporté la route sur environ 400 m et
endommagé plusieurs maisons.

----- 630
'\.
\' -

100 m

Fig. 29 - Drainage mis en œuvre sur le glissement de Vaucluse (Doubs)


(d'après Faure et al., 1975).
Stabilisation des glissements de terrain

Les calculs de stabilité réalisés ont permis d'évaluer les caractéristiques mécaniques
des terrains et de montrer que le maintien de la nappe à un niveau suffisamment bas
permettrait d'arriver à un coefficient de sécurité F = 1,4. Pour maintenir ce niveau de
nappe, un réseau de tranchées drainantes a été mis en place (4 m de profondeur,
espacement entre tranchées de 20 m, la disposition est indiquée sur la figure 29). On
a ainsi pu capter des sources en pied de falaise et évacuer gravitairement des débits
de plusieurs mètres cubes par heure. Le suivi inclinométrique réalisé après les
travaux n'a pas mis en évidence de mouvement significatif.

Un exemple de drainage par tranchée de grande profondeur (15 m) est représenté


sur la figure 30. Il s'agit du glissement de Moissac qui affectait la route nationale et
la voie ferrée. L'étude a mis en évidence des formations argileuses sur le versant
et des argiles tourbeuses à l'aval , en comblement d'un ancien bras mort de la
Garonne supportant la voie ferrée. Le substratum molassique du Stampien est
constitué d'une alternance irrégulière de couches argilo-marneuses et sableuses.

Fig. 30 •
Stabilisation du Cotes (rn) - . L Y - Niveau piézométrique lors de la rupture
Paroi drainante
Glissement de 105 Surface de rupture
! Chemin
Moissac 100 I : lnclinomètre
(Tarn-et-Garonne) PAC : Cellule piézométrique
{d'après Deniau 95 -tt~;;m;==~~
et al., 1981). 90 TC 2
(PAC)
85
80
75
Argile du Stampien
70
65
60

Fig. 31- Pression (kPa)


Suivi de l'efficacité - - Pression interstitielle (TC 2)
Réalisation
du drainage des drains - - Débit de la paroi Débits
à Moissac Réalisation de la paroi ~
(Tarn-et-Garonne) 80 t l - - Débit des drains subhorizontaux (m3 1 s)

{d'après Deniau

-~
et al., 1981).

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- 0

1978 1979 1980


Dispositifs de drainage

Fig. 32 - Phases
de réalisation
d 'une paroi
drainante (d'après
Deniau et al., 1981).

Panneau 1

Pann eau 2

t €)

r-
- - - -
-1

Panneau 3

Le suivi piézométrique a permis d'identifier de fortes venues d'eau dans une


couche sableuse d'épaisseur variable ; ces venues d'eau ont progressivement
entraîné la remontée de la nappe dans le remblai ancien, jusqu'à provoquer le
glissement. La stabilisation a été obtenue en captant les venues d'eau du banc
sableux, grâce à une tranchée drainante profonde. Neuf drains subhorizontaux
provisoires ont, par ailleurs, permis d'accélérer le drainage dans le remblai.
Stabilisation des glissements de terrain

La figure 31 montre l'efficacité du traitement : sur le piézomètre TC2, la pression


interstitielle a chuté de 50 kPa en quelques mois et a atteint un régime permanent
correspondant à un gain de sécurité d'environ 20 %. Aucun mouvement n'a affecté
la route et la voie ferrée depuis lors.
Pour atteindre une profondeur d'une quinzaine de mètres et re c ouper
complètement l'aquifère, une paroi drainante a été réalisée par havage selon la
technique utilisée pour les parois moulées. Les différentes phases (fig. 32) du
creusement sont :
• (a) excavation du panneau 1 ;
• (b) pose d'un coffrage provisoire de soutènement du filtre à l'extrémité du
panneau n°1 ;
• (c) mise en place du filtre dans le panneau n° 1 ;
• (d) excavation du panneau no 2 ;
• (e) pose d'un coffrage provisoire à l'extrémité du panneau no 2 ;
• (f) mise en place du filtre dans le panneau no 2 ;
• (g) extraction du coffrage du panneau no 1 ;
• (h) excavation du panneau no 3 ; etc.

Après réalisation du dernier panneau, les eaux de la paroi sont collectées par un
dispositif adapté au site (drain , tranchée, pompe). Durant l'excavation, le
soutènement de la tranchée est assuré par une boue qui, contrairement à la
bentonite, ne forme pas de cake permanent étanche sur les parois.

4.3. Drains subhorizontaux


Lorsque les contraintes d'accessibilité du site ou les conditions de circulation
interdisent la réalisation de tranchées, l'installation de drains subhorizontaux
peut permettre de diminuer les pressions interstitielles et de décharger des
aquifères localisés.

La technique consiste à réaliser de nombreux forages avec une faible pente sur
l'horizontale (2 à 5° ) et à y placer des tubes crépinés . Ces tubes sont
généralement en PVC (50 à 80 mm de diamètre), parfois en acier lorsque de
grandes déformations sont susceptibles de se produire. Un dispositif de captage
des eaux recueillies dans les drains avec un exutoire adapté complète l'ensemble.
Les drains subhorizontaux peuvent être disposés en un ou plusieurs faisceaux ou
plus simplement en lignes. Dans certains cas, pour des raisons de contraintes
géométriques ou hydrauliques, on peut forer les drains en faisceau sur deux ou
trois plans subhorizontaux différents. Les longueurs courantes des drains sont de
30 à 100 m. La limite physique à la longueur des drains est celle imposée par la
machine de forage et la nature du matériau à drainer. Le positionnement de la tête
du drain est difficile à maîtriser lorsque les longueurs deviennent importantes. Le
forage des drains se fait à partir de plates-formes qui peuvent être installées à
l'intérieur de puits ou de fosses lorsque la configuration du terrain l'impose.

Cette techn ique peut s'employer dans de nombreuses configurations de


glissement et dans de nombreuses formations géologiques. Cependant, les
formations très peu perméables s'y prêtent mal car le rayon d'action des drains est
dans ce cas très faible. Dans des éboulis argileux à blocs, les forages peuvent
être difficiles à réaliser et, en particulier, leur position n'est pas maîtrisable.
Les drains subhorizontaux permettent de drainer des versants instables dans les
cas suivants :
• nappe de versant,
• couche et poches aquifères, éventuellement en charge,
• circulations d'eau localisées (dans des fractures, dans des couches de faible
épaisseur).
Dispositifs de drainage

Pour les deux derniers cas, l'efficacité des drains dépend de leur position, qui peut
être très délicate à maîtriser.

Le dimensionnement du confortement d'un glissement de terrain par drains


subhorizontaux se fait en recherchant un accroissement du coefficient de sécurité
de l'ordre de ~ F/F 0 = 30 %. Cet accroissement provient du rabattement de nappe
qu'on est en droit d'attendre des drains. Ce rabattement doit être vérifié en place
après exécution des travaux.

La définition du système de drains subhorizontaux est très empirique et repose sur


l'observation des débits d'exhaure, des diminutions des pressions interstitielles et
des temps de réponse aux apports d'eau.

Dans le cas d'un régime hydraulique de nappe de versant, dans des terrains
homogènes et de perméabilité isotrope, les codes de calcul par éléments finis
permettent d'évaluer l'influence sur les pressions interstitielles d'un réseau de
drains. Dans la pratique courante, on réalisera des essais de drains pour estimer
le rayon d'action et les débits à prendre en compte dans le dimensionnement. On
peut utiliser également l'approche des rayons d'action en régime transitoire pour les
puits verticaux :

R 15 {Tt (3)
· fs
où R est le rayon d'action du drain ; T, la transmissivité (T = kH) ; k, la perméabilité
du milieu ; H, la hauteur de la nappe ; S, la porosité efficace et t, le temps considé-
ré. Cette formule s'applique à un drain isolé.

Dans le cas du déchargement de nappes captives, une évaluation grossière de la


densité de drains à mettre en œuvre peut être obtenue en calculant le bilan
hydraulique du massif (les drains doivent être en mesure d'évacuer les apports
d'eau) compte tenu du rabattement souhaité (dont dépend la position des têtes
des drains). Par ailleurs, la perméabilité de l'aquifère conditionne également l'es-
pacement des drains ; la définition complète du système de drainage se fera
durant le chantier de réalisation en mesurant les débits d'exhaure, les pressions
interstitielles et les apports pluviaux.

Dans le cas d'un glissement lié à des circulations d'eau localisées, le système de
drainage sera défini sur la base des résultats obtenus sur les premiers drains réali-
sés. On sera amené à densifier ou alléger le réseau en fonction des débits mesu-
rés. La direction des drains est ici un élément primordial : on cherchera à
intercepter le maximum de circulations d'eau.

En pratique, le fonctionnement des drains subhorizontaux est intimement lié à la


nature des terrains rencontrés. Dans les zones d'éboulis, où l'eau
circule dans des veines privilégiées, il est courant de devoir forer plusieurs drains
avant d'obtenir un débit significatif. Seuls des piézomètres judicieusement implan-
tés, et notamment au niveau de la surface de glissement, pourront alors attester
de l'efficacité du traitement. Le débit d'exhaure n'est en effet qu'une présomption
d'efficacité, dans la mesure où il est proportionnel à la perméabilité des sols : on
peut donc, en terrain très perméable fortement alimenté, recueillir de grandes
quantités d'eau et obtenir un rabattement modéré ; en revanche, en terrain imper-
méable homogène, le débit est très faible. L'efficacité des drains sera maximale
dans les terrains fissurés ou à poches perméables, pour lesquels il est difficile de
caractériser la perméabilité. Iii
Stabilisation des glissements de terrain

Le bon fonctionnement des drains dépend de l'entretien de l'ensemble du dispositif :


• protection contre le gel (engravement de la sortie des drains),
• protection contre la végétation (bétonnage ou engravement de la sortie des
drains),
• protection contre le vandalisme,
• entretien des drains contre le colmatage (tringlages périodiques, jets d'eau sous
pression, bains d'acide oxalique pour dissoudre des dépôts calcaires, etc.),
• entretien du système de collecte des eaux d'exhaure.

Le glissement de Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) s'est produit dans des formations


de sables argileux surmontant des argiles et marna-calcaires. Il a été provoqué
par la construction d'un remblai routier sur ces formations saturées. La figure 33
représente le profil géotechnique de ce glissement. La première opération,
réalisée immédiatement après le début des désordres, a consisté à décharger
partiellement le versant en terrassant le remblai. Pour la solution de stabilisation
définitive, il a été décidé de réaliser une dizaine de drains subhorizontaux (de
pente 9°}, de 40 m de longueur, forés à la base des sables argileux et disposés en
faisceau.

Pour optimiser leur efficacité, ils ont été forés à partir d'une chambre de travail,
creusée sous le remblai, de 4,6 m de diamètre et de 8,2 m de profondeur. La
machine de forage a été descendue en pièces détachées dans la chambre de forage.
L'évacuation des eaux a été réalisée à l'aide d'un collecteur de 1 m de diamètre. Les
niveaux piézométriques ont été rabattus de 5 m, ce qui correspond à une
amélioration du coefficient de sécurité d'environ 30 %. Le suivi dans le temps des
niveaux piézométriques et des débits des drains a confirmé l'efficacité du dispositif.

Fig. 33 -
Drainage du
glissement
de Châtel-Guyon Remblai
(Puy-de-Dôme). Sables argileux

Collecteur 0 1000

Marno-calcaires
Argile

Fig. 34 -
Stabilisation
de la RD 56 à Muret
20 m
(Haute-Garonne).

Molasse compacte
Dispositifs de drainage

Fig. 35-
Stabilisation
du glissement
de Sobache (Bas-Rhin).

10m

L10 rn

* 1re phase de conforte ment


•• 2e phase de confortement

Fig. 36-
h 0 ~---.---.----.----.----r----.---.----.----.--~
Ligne de puits
4n°Ke 1'\. parallèle à une source
-2 ~~--~"-
~+----+----~----~---+----+----4----~----~---4 (d'après Rat, 1970).

-4 ~--~~
~~4----+----+---~--~~--y~P ___.____ ~--~
-6 ~-4--~~~~~--+---~d-=4a~l--~a-4--~--~
\~
-8 ~--1---~----~~-r----~--1----+----+---~--~
Source linéaire x

X=O ~~' IX= ± ;


-10 ~--~----~--~----~~~
, ·-,~
~~~~~~~--~----~--~--~
-12 t----t,./"
'-- ~-t--_--j. ~"'T"
. _[" -o. . \-T''_, '-t=l=--=-=-c =ir----.-
........... :-: - : -:~""'5~~=~
-14 lv '1\\ --- v~

-1 6
Il y=d f-\ f
(
X= O

- 1 8 L----L--~----~---L----L----L--~----L----L--~
0 0,2 0,4 0 ,6 0,8 1,2 1,4 1,6 1,8 2
x y
a'a

Fig. 37 -
Ligne de Surface de Niveau hydrostatique Niveau hydrostatique
glissement avant traitement après traitement Stabilisation
drains siphons
par drains verticaux
du glissement de Noaillac
Colluvions (Corrèze).
argileuses

RD 38
Marnes et grès
Stabilisation des glissements de terrain

Le glissement de la RD 56 (fig. 34), le long de la Garonne, illustre un deuxième


cas de drainage par drains subhorizontaux. Il s'est produit dans des formations
d'éboulis de pente reposant sur le substratum molassique. La masse d'éboulis est
directement alimentée par des venues d'eau en provenance des niveaux
perméables de la molasse. La solution mise en œuvre a consisté en vingt drains
subhorizontaux, inclinés de 3 à 5° sur l'horizontale et de 100 à 150 m de longueur
espacés de 10 m, la tête des drains atteignant la molasse en amont. La nappe a
été rabattue de 6 à 7 m et le site a été stabilisé.

Le glissement de Sobache (Bas-Rhin) s'est produit dans des schistes très


fracturés . Il s'agit d'un éperon rocheux dont la partie avant a été terrassée avec
deux niveaux de risberme (fig . 35). Le talus, d'une vingtaine de mètres de hauteur,
a commencé à glisser à la suite de très forts apports pluvieux durant la fin de
l'automne. La direction de fracturation de la roche, dans la direction de l'axe de
l'éperon, explique que les eaux en provenance de l'amont circulent jusqu'au talus
de déblai. Des niveaux graphiteux ont délimité la zone de glissement.
Dans un premier temps, une solution de stabilisation par clouage a été mise en
œuvre ; celle-ci s'est avérée insuffisante et une solution complémentaire de
drainage a été réalisée. On a foré plusieurs séries de drains subhorizontaux d'une
trentaine de mètres de longueur, espacés de 2,5 m et orientés de façon à
intercepter le plus grand nombre de fractures " ouvertes ,, (à l'intérieur desquelles
l'eau circule préférentiellement). La stabilisation a été obtenue à la suite du
drainage.

4.4. Drains verticaux, puits et galeries drainantes


Les techniques de drains et puits verticaux sont peu fréquemment utilisées pour la
stabilisation des glissements de terrain , sans doute en raison des difficultés
d'évacuation des eaux drainées : gravitairement en profondeur vers des couches
plus perméables ou vers le haut par pompage ou siphonnage.

Le transfert d'eau en profondeur est une opération risquée, qui doit être réservée
aux cas où l'écoulement de surface est bien connu et où l'aquifère profond est
drainant, et présente un exutoire franc. Dans le cas contraire, cela peut conduire à
une aggravation de l'instabilité.

Les puits et drains verticaux permettent de couper un aquifère comme le ferait une
tranchée drainante sans être limité en profondeur. Les galeries drainantes
constituent un autre type d'ouvrage profond à partir duquel il est possible, comme
pour les puits, de forer des drains subhorizontaux qui augmentent le rayon d'action
du drainage.

Le dimensionnement du confortement d'un glissement de terrain par une rangée


de puits drainants se fait en recherchant un accroissement du coefficient de
sécurité de l'ordre de ~ F/F = 30 % . Cet accroissement provient du rabattement de
nappe qu'on est en droit d'attendre des puits. La profondeur des puits et leur
espacement dépendent du modèle hydraulique du site.

L'évaluation du rayon d'action d'une ligne de puits repose sur les hypothèses et les
formules de Dupuit (1863). Si la ligne de puits est alimentée par une ligne de
source à une distance d, tout se passe comme si la ligne de puits était remplacée
m par une tranchée complète.
Dispositifs de drainage

La charge en un point M(x, y) peut être obtenue à partir de la construction de la


figure 36, dans laquelle x représente la distance du point considéré au puits dans
l'axe de la ligne des puits ; h, la charge de la nappe hydrostatique à une distance
supérieure à d ete, l'épaisseur de la couche.

Lorsqu'on souhaite évaluer plus précisément le rabattement apporté par une ligne
de puits, un calcul par la méthode des éléments finis peut être nécessaire.

La figure 37 présente un exemple de stabilisation par une ligne de vingt-deux


drains verticaux. Le glissement affecte la RD 38 à Noaillac (Corrèze) ; il se produit
au sein de colluvions argileuses de 6 m d'épaisseur reposant sur des calcaires
marneux. Le mouvement est lié à la présence d'eau au contact argiles-calcaires.
Un système de drains siphons comportant vingt-deux forages verticaux de 13 à
19 m de profondeur a été mis en place à l'amont de la zone instable. Ce système
a été équipé de drains de diamètre 80 mm. Les forages possèdent un réservoir
permanent d'eau de 50 mm de diamètre et sont siphonnés à l'aide de rilsans de
diamètre 10/12 mm. Tous les drains sont équipés de systèmes à balanciers qui
assurent le maintien d'un niveau d'eau minimum et permettent l'évacuation du trop
plein. Dix d'entre eux sont de plus siphonnés par des rilsans plus fins (6/8 mm) qui
débouchent dans des dispositifs d'exutoire. Depuis la mise en place de ce
système en 1989, aucun mouvement n'a été observé sur le site.

4.5. Éperons et contreforts, masques


et bêches drainants
Ces ouvrages ont été présentés plus haut dans le chapitre 3. Ils possèdent une
fonction drainante en plus de leur fonction gravitaire déjà vue.

Leur dimensionnement consiste à prendre en compte, dans le calcul de stabilité,


un niveau de nappe rabattu lié à la géométrie de l'ouvrage.

Dans le cas de masques et de bêches, une estimation du rabattement de la nappe


peut être obtenue en utilisant la formule de Dupuit pour une tranchée drainante
(équation 3).

Fig. 38 - Rabattement
A
entre des éperons
drainants .
. B . S B .
· ~·-----------------------------------~

h
h
,
___ __

1 1

E •F
1
1 : -_ _:.:.
x _ _ _,
---- -~----
1
---------1---
hd
G 1 H - ---
1

A/ 2
Stabilisation des glissements de terrain

Dans le cas des éperons et des contreforts drainants, qui sont des ouvrages
discontinus, une approximation du rabattement de la nappe dans le plan de
l'ouvrage peut être obtenue de la même manière.
L'espacement e entre les éperons ou les contreforts est adapté en calculant le
coefficient de sécurité comme défini plus haut dans l'équation (1 ). En général, on
considère, par simplification et par sécurité, que la nappe n'est pas rabattue entre
les éléments drainants, ce qui consiste, comme indiqué sur la figure 38, à
remplacer la courbe théorique (2) par la courbe (1 ). Plus les caractéristiques de
perméabilité du sol sont faibles, meilleure est l'approximation.

Le dimensionnement de ces types d'ouvrages a été présenté en détail dans le


paragraphe traitant des substitutions.
~ Introduction d'éléments résistants
On appelle éléments résistants les structures suivantes :
• ouvrages de soutènements (murs en béton, murs cellulaires, gabions, remblais
renforcés),
• tirants d'ancrage et murs ancrés,
• clouages par des barres, des micro-pieux,
• rangées de pieux, de barrettes ou de profilés métalliques d'inertie diverse, etc.

Ces techniques ne s'attaquent pas à la cause des mouvements mais tentent d'en
combattre les effets. Elles visent à réduire ou à arrêter les déformations. Elles sont
intéressantes dans les cas où les solutions curatives (terrassements et drainages)
ne peuvent pas être techniquement ou économiquement mises en œuvre.

On peut également introduire des éléments résistants à titre préventif, de façon à


éviter les déplacements, qui pourraient avoir pour conséquence de diminuer la
résistance au cisaillement des sols.
Deux grands types de structures peuvent être distingués :
• les ouvrages rigides tels que les murs en béton, les tirants précontraints,
les pieux et les barrettes,
• les ouvrages souples tels que les remblais renforcés, les mu rs cellulaires,
les clous et les micro-pieux.

La compatibilité des déplacements des sols et des structures doit être prise en
compte lors du choix de ce type de technique. En effet, dans le cadre de travaux
de stabilisation de glissements de terrain très actifs, l'exécution d'ouvrages rigides
comme un mur de soutènement en béton ou des tirants précontraints n'est pas
envisageable . Les déplacements du glissement conduiraient à la ruine de
l'ouvrage au cours de son exécution . Il est préférable de construire, dans ces
conditions, des ouvrages qui supportent mieux les déformations.

Par ailleurs, la construction d'un ouvrage rigide se prête mal à la stabilisation d'un
glissement. En effet, les efforts engendrés par ce dernier sont généralement très
importants, ce qui conduit au dimensionnement de structures très lourdes.

5.1. Ouvrages de soutènement


On trouve dans cette catégorie deux types d'ouvrages : les ouvrages rigides (mur
poids ou ancré) et les ouvrages souples (murs cellulaires, gabions, remblais
renforcés par armatures ou nappes).

5.1.1. Ouvrages rigides


Les ouvrages rigides ne sont pas les mieu x adaptés à la stabilisation des
glissements de terrain . Outre l'aspect de l'incompatibilité des déformations, le
dimensionnement doit prendre en compte les efforts très importants engendrés
par le glissement.
Le dimensionnement d'un mur de soutènement se fait en considérant les
mécanismes de rupture suivants :
• rupture interne de l'ouvrage en béton ou en maçonnerie (les pressions
appliquées derrière l'ouvrage dépassent la résistance interne de la structure) ;
• rupture par glissement sur la base ; elle se produit lorsque l'ancrage de la
structure est insuffisant ;
Stabilisation des glissements de terrain

• rupture par renversement ou basculement ; elle se produit également lorsque


l'ancrage est insuffisant et que la résultante des moments appliqués est trop
forte et dirigée dans le sens d'un renversement ;
• poinçonnement du sol de fondation.

Ces différents mécanismes ne diffèrent pas de ceux classiquement pris en compte


dans la justification d'un ouvrage de soutènement.

Lorsque l'ouvrage est correctement ancré et suffisamment résistant vis-à-vis des


efforts qui lui sont appliqués, il reste fixe. Les efforts apportés par les masses en
mouvement en amont seront, de ce fait, supérieurs aux efforts de poussée, tout en
restant majorés par les valeurs limites de butée. Aussi la pratique est de
dimensionner l'ouvrage en prenant en compte un effort limite de butée du sol en
amont ; cet effort peut être estimé, par exemple, à l'aide des tables de Caquot et
al. (1973).

Il est également nécessaire de vérifier que le phénomène de déversement du sol


par dessus l'ouvrage de soutènement ne peut se produire. Blondeau et Virollet
(1976) ont montré qu'on pouvait estimer la longueur maximale L (mesurée le long
d'une surface de rupture plane parallèle à la pente) , pour laquelle il ne se produit
pas de déversement, par la relation :

(4)

où Lb désigne la longueur du coin de butée qui se forme immédiatement à l'amont


du soutènement et L0 représente la longueur du massif en amont de ce coin
nécessaire pour mobiliser l'état limite de butée (fig. 39).

On peut évaluer la valeur de Lb en assimilant la ligne caractéristique à une portion


de cercle définie par ses tangentes extrêmes, la tangente amont étant la surface

Fig. 39 •
Dimenslonnement
de la stabilisation
d 'un glissement par 0
soutènement rigide ~
(d'après Blondeau
et Virollet, 1976).
1
1
F +dF

:~
: B dl
~

H
zc
--
....aractenstaque
- -- - - -- - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - Introduction d'éléments résistants

de rupture, et la tangente aval étant inclinée à un angle ~ + ~ sur la verticale :


4 2
sin <p' + cos ~ + -J2 cos ~
h 2 2 (5)
sin (~ - ~· )+ cos (~ - ~·)
où h est la profondeur de la surface de rupture et ~ l'angle de cette dernière avec
l'horizontale.
On peut évaluer la longueur L0 par la formule suivante :

~2 K
p
cos~ y h2
Ls = (6)
y h sin ~ cos ~ - (y h cos2 ~ tan <p' + c')

Si L > ~ (Lb + L 5 ), il est nécessaire de construire un second ouvrage de


3
soutènement, en amont sur le versant. Ce critère correspond à un coefficient
de sécurité F =1 ,5.

Notons encore que la réalisation de ce type d'ouvrage doit se faire par plots de
faible largeur, afin de limiter les risques d'accélération des mouvements.

Blondeau et Virollet (1976} décrivent une application de cette technique sur le site
de La Fouillouse (Loire). Le glissement s'est produit sur un versant naturel de 18°
de pente moyenne , après qu'on eut entaillé le pied de la colline lors de
terrassements autoroutiers. Les matériaux concernés par les mouvements sont
constitués d'apports sédimentaires bréchiques qui reposent sur un substratum de
micaschistes. Il est en outre apparu, lors de l'étude complémentaire du site, que
les terrassements avaient été réalisés dans une zone présentant l'aspect d'un
bourrelet. Il est donc vraisem blab le que le déchargement ait réactivé un
glissement fossile des matériaux de pente.

Malgré un adoucissement général de la pente et du talus de l'autoroute, les


fissures apparues en amont dès le début des travaux ont régressé et les
désordres se sont accentués. Afin de préserver l'autoroute, le maître d'œuvre a
décidé de soutenir le talus en construisant une longrine en béton armé fondée sur
un rideau de pieux forés de 1 m de diamètre. On a alors constaté que le
glissement se poursuivait en amont de l'ouvrage et parvenait même à le recouvrir
localement. Par la suite , l'ouvrage a cédé sous la pression des terres et un
déplacement de la longrine d'environ 70 cm a été enregistré (fig. 40}. Ces
désordres ont été imputés à une insuffisance de l'encastrement des pieux et à une
sous-estimation importante des efforts appliqués à la structure (basée sur la prise
en compte d'un état limite de poussée).

5.1.2. Ouvrages souples


Il s'agit de structures obtenues à partir de gabions, de sol renforcé par des fibres
ou des pneumatiques usagés, de sol renforcé par des armatures synthétiques ou
métalliques, de sol renforcé par des nappes de géotextiles, de sol renforcé par des
grilles métalliques ou synthétiques , de murs cellulaires souples ou rigidifiés qui
sont éventuellement renforcés (par des nappes de géosynthétiques, des grilles ou
des armatures).

Ces ouvrages fonctionnent comme les massifs poids décrits au chapitre 3. On les
dimensionne en deux phases : vis-à-vis de la stabilité interne, selon une méthode
Stabilisation des glissements de terrain

propre à chacune des techniques ; vis-à-vis de la stabilité externe, ainsi que décrit
dans le chapitre 3. On recherche généralement un coefficient de sécurité F = 1,20
pour la pente confortée (stabilité externe).

Ces ouvrages, qui respectent les déformations du sol, sont utilisés nettement plus
couramment que les murs rigides.

Sur le site de La Fouillouse (fig. 40), la solution de réparation mise en œuvre a


consisté en un mur cellulaire.
Fig. 40-
Glissement
de La Fouillouse
(Loire).

Fig. 41 -
Plaques de répartition
des efforts d 'ancrage.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Introduction d'éléments résistants

5.2. Tirants d•ancrage


Les techniques de boulonnage par barres ou de stabilisation par tirants actifs, bien
connues pour la protection des excavations, peuvent également être employées
pour la stabilisation des glissements de terrain.

Le principe consiste à accroître les contraintes normales effectives sur la surface de


rupture. Pour ce faire, on ancre des tirants dans le terrain stable situé en dehors de
la surface de rupture et on applique en tête un effort tel que l'on améliore le
coefficient de sécurité F vis-à-vis de la rupture d'une valeur ilF/F0 suffisante. Cet
effort peut être réparti sur la surface du terrain par l'intermédiaire de plaques ou de
petits massifs en béton armé (fig. 41 ). Dans de nombreux cas, ils sont combinés à
un mur ou à des longrines. On notera, par contre, que les ancrages associés à des
rideaux (palplanches, parois moulées) sont généralement mal adaptés à la
configuration des glissements de versants naturels, du fait notamment des
modifications apportées au champ des écoulements hydrauliques.

De nombreux exemples de stabilisation par ancrages sont présentés dans la


littérature technique. On constate toutefois que la plupart des cas concernent des
stabilisations de pentes rocheuses ou des applications à titre préventif. Il est, en
effet, judicieux d'utiliser des structures ancrées pour améliorer la stabilité de
pentes en limite de stabilité, ou pour compenser le déchargement dû à une
excavation en pied de versant. En revanche, l'application de cette technique à la
stabilisation de glissements est beaucoup moins fréquente car, comme pour les
murs de soutènement, les efforts engendrés par les mouvements sont très
importants et difficiles à évaluer. En pratique, cette technique sera donc limitée
aux glissements de faible extension.

L'utilisation de tirants précontraints suppose :


• que l'on détermine la force d'ancrage nécessaire par mètre de largeur du
glissement,
• que l'on justifie le choix et les caractéristiques des tirants.

Le premier point nécessite une étude de stabilité. Quand le glissement est quasi
plan, les calculs sont assez simples et peuvent être conduits comme indiqué sur la
figure 42.

Fig. 42 -
Schéma de calcul
d 'un ancrage.

~ce d'ancrage
Stabilisation des glissements de terrain

La masse instable peut être assimilée au bloc ABCD avec un état de poussée
(effort P) sur AB et de butée (effort B) sur CD. Si l'on suppose que le terrain est
homogène et sec, le coefficient de sécurité initial F0 est donné par la relation :

c' 1 + (W cos ~ + B sin ~ - P sin ~) tan q>'


F = (7)
W sin ~ + P cos ~ - B cos ~

On choisit un couple de valeurs c' et q>' pour lequel F = 1.

Si on applique un effort d'ancrage <1> :

c'l + (W cos ~
+ B sin ~ - P sin ~) tan q>' + <1> cos 8 tgq>'
F + Ll F = (8)
W sin ~ + P cos ~ - B cos ~ - <1> sin 8

On cherchera alors à minimiser l'effort d'ancrage <1> nécessaire en faisant varier


l'inclinaison 8. On constate que l'effort <1> minimal est obtenu pour :

S = tan- 1 F + !lF (9)


tan q>'

Lorsque la surface de glissement n'est pas plane, on utilise un logiciel de calcul de


stabi lité adapté permettant d'introduire des efforts extérieurs, définis par leur
intensité et leur inclinaison sur l'horizontale.

Dans tous les cas, il est souhaitable de considérer un pourcentage minimal


d'amélioration de la sécurité, !lF/F0 de 20 %. Les caractéristiques des tirants
découleront de l'analyse de stabilité. On choisit un espacement et une traction
unitaire permettant une bonne répartition de l'effet de l'ancrage sur la pente. On
doit également vérifier, dans le cas d'ancrages actifs, que le sol n'atteint pas l'état
de butée, auquel cas il y aurait plastification du sol derrière les plaques de
réaction .

La position du bulbe d'ancrage est définie par rapport à la position de la surface de


rupture critique ; les caractéristiques de l'ancrage doivent être justifiées selon la
réglementation en vigueur (essais d'arrachement, recommandations Tirants
d'ancrage TA 95).

Fig. 43 -
Renforcement par tirant
sur l'autoroute A 41,
butte de " Chez Jacquet "
(Haute-Savoie).
- - - - - - - - - - - - - -- - - -- - - - - - - - - - Introduction d'éléments résistants

Il est prudent de se réserver la possibilité de venir reprendre la tension dans les


tirants, aussi bien en cas d'augmentation que de diminution de celle-ci. Pour ce
faire, il est judicieux de prévoir un suivi des déformations du terrain (au moyen de
tubes inclinométriques) ainsi que des cales dynamométriques pour la surveillance
des tensions dans les tirants. Les mesures doivent être relevées régulièrement
(périodicité semestrielle en phase de service de l'ouvrage, par exemple).

Nhiem et Dagnaux (1983) décrivent les ouvrages ancrés réalisés sur le versant de
« Chez Jacquet , lors de la construction de l'autoroute A 41 (fig. 43). Selon
l'analyse géologique , cette butte serait constituée par le pied d'un ancien
écroulement des molasses, d'un volume approximatif d'un million de mètres
cubes. La voie ferrée y passait déjà en tranchée et le projet autoroutier prévoyait
l'exécution d'un terrassement, susceptible de réactiver les mouvements. Il a donc
été décidé de procéder à un renforcement préalable du versant par plaques
ancrées dans la molasse saine, sous le niveau de marnes de caractéristiques a
priori médiocres. Ceci a été assuré par trois niveaux de dalles en béton armé
coulées en place, et par cinquante tirants actifs de 1 000 kN espacés de 3 m et de
35 à 40 m de longueur.

Sève et al. (1994) présentent le cas de la Côte des Basques à Biarritz (fig. 44),
constituée par une falaise d'une cinquantaine de mètres de hauteur surplombant
l'océan Atlantique. Cette falaise, formée d'une alternance de marna-calcaires, est
soumise à une érosion régressive intense dont la vitesse, sur les cinquante
dernières années, a été de l'ordre du mètre par an. Ce phénomène résulte de
l'action combinée de l'océan, qui attaque le pied de la falaise, et de circulations
d'eau qui, par érosion interne, déstabilisent les dépôts récents de sables fins
silteux situés en crête de la falaise. La solution de confortement choisie a consisté
en la mise en œuvre dans les alluvions supérieures de profilés H fichés dans les
marnes. Un terrassement par phases successives a ensuite été réalisé à l'aval
immédiat de ces profi lés , avec mise en place de tirants et treillis soudés et
gunitage entre profilés. La paroi berlinoise ainsi réalisée, sur une longueur de
100 m, représente 397 m2 de surface ; elle a été ancrée par 104 tirants (2 216 m),
précontraints entre 450 et 550 kN.
Dans ces deux exemples, il s'agissait en réalité de maintenir la stabi lité d'un
versant, et non pas de stabiliser un glissement.
À Mont-de-Marsan, le remblai d'accès au pont Saint-Médard, sur le Midou, a été
édifié sur un versant instable au contact entre des matériaux glissés et remaniés
comportant des alluvions tourbeuses et les marnes du Miocène en place. Compte
tenu de la topographie des lieux et de la nature du glissement, seule une solution
de soutènement paraissait acceptable. On a donc mis en œuvre une solution
d'ancrage en pied , en réalisant des tirants de 330 kN, inclinés à 65° sur la verticale
et espacés de 1 ,40 m, en quinconce sur deux files (fig. 45) .

Cette technique est parfois utilisée dans le domaine routier, quand les glissements
sont de moyenne importance et que la topographie des lieux ne permet pas
d'envisager d'autre solution. Sur la RN 117 à Habas, la chaussée était, depuis
longtemps, affectée par des désordres, qui ont conduit le service gestionnaire à
réaliser des travaux de drainage. Le mouvement s'éta nt réactivé, une
reconnaissance complémentaire a été entreprise et a montré que le drainage ne
pouvait pas améliorer suffisamment la stabilité du versant marneux (fig. 46). On a
donc réalisé des tirants précontraints à 520 kN , disposés en quinconce tous les
2,50 m. Le gain de sécurité de 20% ainsi obtenu a, par ailleurs, été augmenté en
réalisant quelques drains subhorizontaux complémentaires.

À Saint-Jean-de-Luz (fig. 47 et 48), un glissement de terrain dans des limons de


couverture a récemment emporté un ancien mur de soutènement en maçonnerie,
Stabilisation des glissements de terrain

construit le long de la promenade du bord de mer. Du fait de contraintes d'emprise


et de contraintes architecturales (préservation de l'aspect du site), la solution
adoptée a été, dans un premier temps, de venir soutenir le pied du glissement par
un clouage à l'aide de tubes pétroliers (Bustamante, 1991 ). Un parement en béton
projeté a permis de solidariser les têtes des tubes. Bien entendu, un système de
drainage par drains subhorizontaux a été réalisé, pour éviter l'accumulation d'eau
derrière le soutènement. Un curage des matériaux glissés a pu être fait à l'abri de
ce soutènement.

Fig. 44-
(m)
Falaise de la Côte
des Basques, Biarritz
(Pyrénées-A tian tiques)
(Sève et al., 1994).

Profil TN (mai 87)

OL---~--~----~--~----~--~----L----L--~L---~--~--~
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
(m)
Introduction d'éléments résistants

La deuxième phase a consisté à venir construire un mur en béton armé qui assure
la continuité de l'ouvrage de soutènement ancien . Après remblaiem ent et
remodelage du terrain en arrière de ces deux murs , une rangée de tirants
précontraints, reprise sur une longrine intégrée au mur en béton armé, a été mise
en place.

Quand il s'agit de stabiliser un glissement, il est assez rare que l'on connaisse
parfaitement le champ des déplacements dans le massif, et que les efforts à
reprendre en tout point du glissement soient homogènes. Par ailleurs, si une
méthode de renforcement par ancrage est retenue , on doit s'assurer que
l'instabilité ne va pas se réactiver pendant la durée du chantier du fait des
terrassements et des conditions météorologiques. Une bonne reconnaissance
préalable du site est nécessaire (présence de zones de faiblesse, de failles, etc.).
Par ailleurs, peu d'informations existent sur le comportement à long terme de ce
type d'ouvrage et sur le mode de répartition des efforts dans la masse instable
ainsi que les contraintes générées à court terme. Il est de plus difficile d'évaluer la
pérennité des tirants si un mouvement lent se poursuit pendant la phase de
stabilisation ; l'expérience récente tend à montrer, qu'après quelques années et
parfois quelques mois, le sol se plastifie au niveau des plaques d'ancrage et l'on
voit diminuer la tension dans les ancrages.

Ces phénomènes sont en général accompagnés d'u ne reprise des mouvements.


De plus, les pathologies récentes observées sur des glissements de terrain traités
par des tirants précontraints engagent à recommander cette technique pour des
sites qui n'ont pas encore glissé (en limite de stabilité ou sur lesquels on envisage
de réaliser des travaux qui modifient les conditions de stabilité).

Fig. 45-
Surface de glissement Glissement
Remblai du pont Saint-Médard,
Mont-de-Marsan,
10 m
(Landes).

Marne compacte

Fig. 46 - Stabilisation
RN 117 par tirants précontraints
du glissement d 'Habas
Remblai sur la RN 117
(Pyrénées-Atlantiques).
Sm

Marne compacte
Stabilisation des glissements de terrain

Fig. 47- Glissement de


Saint-Jean-de-Luz
(Pyrénées-Atlantiques)-
vue des désordres.

Fig. 48 - Glissement de
Saint-Jean-de-Luz
(Pyrénées-Atlantiques) -
vue du confortement.
Introduction d'éléments résistants

5.3. Clous et micro-pieux


Le clouage des sols a été largement employé durant les dernières années comme
une technique de stabilisation des pentes instables. Si cette technique a trouvé
tant d'applications dans ce domaine, c'est parce qu'elle est aisée et rapide à
mettre en œuvre et qu'elle n'affecte pas la géométrie du site.

On distingue habituellement deux catégories d'inclusions, en fonction de l'inertie


des armatures utilisées :
• les clous et micro-pieux, constitués d'une armature de faible inertie et d'un
coulis d'injection,
• les pieux et barrettes, qui sont des éléments de grande rigidité, mis en place
verticalement.

Les clous et micro-pieux les plus couramment utilisés sont :


• des barres HA de différents diamètres ou des petits profilés pleins scellés dans
des forages de diamètre de 100 à 150 mm à l'aide d'un coulis de ciment ;
• des cornières battues jusqu'au refus directement dans le massif ;
• des tubes métalliques de quelques millimètres d'épaisseur pour un diamètre
de 40 à 120 mm, scellés dans des forages à l'aide d'un coulis de ciment.

Les clous sont habituellement installés avec un angle de 5 à 20° sur l'horizontale,
tandis que les micro-pieux sont disposés subverticalement (45 à 90° sur
l'horizontale).

On décrira dans le paragraphe suivant la technique de clouage par pieux.

La stabilisation d'un glissement de terrain par clouage repose sur le principe


suivant : la partie supérieure du massif en mouvement engendre une déformation
des clous ; les efforts qui en résultent sont transmis par les clous au substratum et
s'opposent au mouvement. Le clouage agit sur le glissement par goujonnage du
bloc mobile sur le substratum fixe. De ce fait, on ne peut pas, par cette technique,
stabiliser de glissements de grande ampleur qui nécessitent la reprise d'efforts très
importants sans utiliser un très grand nombre de clous.

L'efficacité du clouage réside dans la mobilisation d'efforts de traction et de


cisaillement dans le clou. Pour que ces efforts stabilisateurs soient mobilisés, il est
nécessaire qu'il se produise des déplacements relatifs sol/clou. Aussi, le clouage a
un effet progressif et des mouvements résiduels se produisent.

Il serait donc plus judicieux d'évaluer l'efficacité du confortement en terme de


ralentissement du glissement. En pratique , cependant, on dimensionne les
ouvrages en recherchant un gain de sécurité, t.F/F 0 , de 20 à 30 % .

L'annexe 4 précise les méthodes de calcul employées pour dimensionner ces


ouvrages.

Une fois le dimensionnement réalisé, il convient de vérifier que l'ouvrage projeté


assure un coefficient de sécurité supérieur à 1,5 le long de surfaces de rupture qui
passent en aval, en amont et sous le dispositif de clouage.

Cette technique a été utilisée à quelques kilomètres d'Agen, dans


le Lot-et-Garonne, où un glissement de terrain affectait la route nationale menant à
Astaffort (fig. 49), construite en remblai sur un versant constitué de colluvions
argilo-marneuses, reposant sur un substratum de marne raide. La surface de
rupture est plane et s'appuie sur le toit des marnes saines, à une profondeur de
Stabilisation des glissements de terrain

Fig. 49 -
Clouage
d'Astaffort
(Lot-et-
Garonne). Zone humide périodiquement

Marne
N2 j Piézomètre ouvert
argileuse
Marne j;88
Ma rne a rgileuse
limoneuse

Fp1 Pl E
Marne
plus sableuse
--- -;:: 0

(24- 1-84) :
----
• (kPa) (MPa) Marne
TN .__ 1m 320 4 ,5
-~ argileuse
Marne indurée
Remblai 2m 370 3 argileuse
3m 360 3 indurée
- -
4m 850 5,5
5m 1240 7

Mar ne 6m > 2700 40


7m > 2700 55
8m > 2700 57 3m

8 8 8 , 8 98 : sondages en tarières mécaniques (1982) P 1 , ... P6 : sondes piézométriques (PAC LPC)


C 1 :sondage carotté (1983) N 1 ,N2 : embases de nivelle
11,T2 :tubes inclinométriques (type LPC) Fp 1 :forage pressiométrique

5 m sous la crête du remblai. Le glissement implique la chaussée sur une


vingtaine de mètres ; son pied se situe à une centaine de mètres, au niveau du
ruisseau en contrebas du versant. La pente moyenne du glissement est de 10°.
La reconnaissance géotechnique n'a pas permis de déterminer le régime
hydraulique du versant.

Compte tenu de la faible profondeur du mouvement et de son extension réduite,


un confortement par terrassements était envisageable. Toutefois, un clouage par
micro-pieux a été choisi afin de ne pas perturber la circulation et les accès au
village voisin.

L'analyse de stabilité a permis d'établir que deux rangées de clous, placés en pied
de remblai et inclinés à 45°, augmenteraient de 20% le coefficient de sécurité. Les
clous, longs de 8 m, ont été placés en quinconce en pied du remblai et espacés de
2 m. Ils consistent en des barres de 25 mm de diamètre scellées dans des forages
de 120 mm de diamètre.

5.4. Pieux
Le clouage de glissement par des pieu x ou des barrettes procède du même
principe. Toutefois, compte tenu de leur inertie importante, les pieux travaillent
principalement en flexion /cisaillement alors que les clous de faible inertie
travaillent en traction/flexion.

Généralement, on dispose deux ou trois rangées de pieux dans le tiers central de


la pente instable.
- -- - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - -- Introduction d'éléments résistants

L'annexe 5 décrit les méthodes de dimensionnement applicables pour ce type


d'ouvrages.

Comme dans le cas d'un clouage par micro-pieux ou clous, l'évaluation de la


sécurité au glissement se fait en utilisant une méthode de calcul de stabilité de
pente dans laquelle on introduit les efforts apportés par les pieux. On recherche en
général un gain de sécurité de 10 à 20 %.

Cette technique a été employée pour stabiliser le glissement de terrain qui affectait
la petite ville d'Aktéa, située à 36 km d'Athènes, Grèce, (Sève et al., 1996).

Le site (fig. 50) a été stabil isé à l'aide de 80 pieux de 1 m de diamètre. Le gain de
sécurité calculé lors de l'étude était de 20 % correspondant à un déplacement
théorique du sol de 3 cm. Le détail de ce calcul est donné en annexe 6.

10 m Fig. 50 - Profil
'--' géotechnique du site
d'Aktéa (Grèce).
Colluvions de pente + rembai

Marnes et conglomérats
®Techniques de protection passive
En présence d'un versant instable qui menace des personnes ou des biens, nous
avons vu qu'il existait une panoplie importante de solutions de confortement.
Cependant, dans certains cas, si l'on ne peut ou ne veut réaliser ces travaux de
stabilisation , on peut choisir de construire des ouvrages de protection ou encore
de ne pas réaliser de travaux, mais d'installer un système de surveillance qui
donne l'alarme si une évolution dangereuse se produit.

6.1. Surveillance des glissements de terrain


Le LCPC a publié en 1994 un guide technique consacré à la surveillance des
glissements de terrain et à la définition de dispositifs de surveillance. Les points
suivants y sont successivement abordés :
• données nécessaires à la conception de la surveillance :
- le phénomène et son environnement,
- l'objectif de sécurité ;
• guide pour le choix d'un système de surveillance :
- les éléments du système de surveillance,
-l'adéquation du système aux objectifs de sécurité,
- quelques exemples de systèmes de surveillance.

6.2. Systèmes de protection


Les systèmes de protection contre les mouvements de terrain sont nombreux. Ils
ne s'opposent pas aux mouvements et déformations mais permettent de réduire
voire même d'annuler leurs effets sur les ouvrages. Quelques exemples de
solutions sont présentés ci-dessous. En pratique, le géotechnicien devra adapter
le système de protection au problème spécifique qui lui est posé.

La première protection consiste à déplacer les ouvrages ou les personnes au-delà


du rayon d'action du phénomène. Cela pourra conduire, par exemple, à reconstruire
la route sur le versant opposé de la vallée qui ne connaît pas d'instabilité de pente.
C'est ce qui a été réalisé sur la RN 200 entre Corté et Languillaccia, où la Direction
départementale de l'Équipement de Haute-Corse a exécuté deux ouvrages de fran-
chissement de la rivière Tavignano et une nouvelle route en déblai sur le versant sud
afin d'éviter trois glissements de terrain qui ne pouvaient être stabilisés à un coût
acceptable.

Une autre façon de résoudre le problème consiste à s'affranchir des effets des
mouvements de terrain sans déplacer l'ouvrage. Ceci peut être obtenu , par
exemple, en construisant les fondations profondes d'un ouvrage d'art à l'intérieur
de puits qui assurent une '' garde , suffisante vis-à-vis des déplacements. La
figure 51 présente le cas du viaduc du bois d'Arlod sur l'autoroute A40, où les
pieux de fondation de 1,40 à 1,80 m de diamètre sont protégés par des viroles de
plus gros diamètre, qui sont excentrées vers l'amont. L'espace ménagé doit être
compatible avec les déplacements attendus. Par ailleurs, cette solution est limitée
par la profondeur des viroles, qui ne peut excéder 15 m sans risque de flambe-
ment.

Un dispositif comparable a été mis en place sur quatre des appuis du pont de
Saint-Cloud sur l'autoroute A 13 (Mathivat, 1973) , où des barrettes moulées
comportant un onglet compressible ont été réalisées (fig. 52} : il s'agit d'une
enceinte métallique formée d'un assemblage de tôles épaisses.
Stabilisation des glissements de terrain

Fig. 51-
Fondation
des piles du viaduc
du Bois d 'Arlod
(Isère).

-----
-----
Argile varvée

Molasse

Fig. 52 -
Axe de l'ouvrage
Dispositif Soufflet déformable
de reprise des efforts
du glissement
sur les fondations 1 \
1 \
1 1 \
du pont de Saint-Cloud - ~- -
110 cm - - - -"- - - .J - - ~ - - - ~ Sens du glissement
(Hauts-de-Seine).
1 1
Boue bentonitique

Bavette de protection
175 cm ' 55 cm :
1 1
190 cm '40 cm
- -- - - -- -- - --·'--..•

Cet onglet a été incorporé dans les barrettes durant leur exécution ; ses
dimensions permettent l'écrasement complet des soufflets, ce qui correspond à un
déplacement admissible de 25 centimètres.

Dans le cadre de l'aménagement de l'autoroute A75 en Lozère, s'est posé le


problème du franchissement d'un très grand glissement (1 mi ll ion de mètres
cubes, profondeur de rupture : 47 m) au sein d'éboulis calcaires surmontant des
marnes argileuses du Toarcien. Il est envisagé de réaliser un dispositif de deux
dalles de transition disposées au niveau des deux fissures apparues sur la
chaussées de la voie actuelle. Cette solution est envisageable car l'étude du
comportement dans le temps du glissement a montré qu' il évolue de façon
relativement indépendante des apports d'eau, à une vitesse de l'ordre de
1 centimètre par an .

Les mesures de protection et de prévention des chutes de blocs (voir le rapport de


recherche LPC no 81) et éboulements rocheux sont généralement choisies parmi
les suivantes :
• purge des éléments susceptibles de se détacher (purge manuelle ou abattage
à l'explosif) ;
• stabilisation :
- béton projeté pour éviter l'évolution de l'altération,
- boulons, épingles, tirants pour renforcer le massif,
- piliers, butons, contreforts pour soutenir ponctuellement,
- câble de ceinturage,
- filet métallique attaché ;
_ _ _ _ _ _ __ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Techniques de protection passive

• déviation de la trajectoire et freinage des blocs :


- grillage de protection fixé en partie supérieure,
-étraves disposées sur le versant pour détourner les blocs ;
• interception :
-écrans verticaux (filets anti sous-marins),
-écrans massifs (massifs poids de toute nature),
- pièges à blocs.

La parade couramment mise en œuvre consiste en la pose de grillages sur les


parois estimées dangereuses. On associe fréquemment à ces grillages un
boulonnage des blocs les plus menaçants et des pièges à cailloux en pied de
paroi. Dans certains cas, on est amené à construire un tunnel de protection.

Après l'éboulement de la falaise de Belle-Fontaine (Martinique) en 1992, la


chaussée qui passait immédiatement en pied de la falaise a été déplacée sur un
remblai en mer et protégée d'éventuelles chutes de blocs et de nouveaux
éboulements par un merlon en terre de 5 m de hauteur (fig. 53) .
Fig. 53 ·
Éboulement de
Belle-Fontaine
(Martinique),
merlon de
protection.

',
10 m

406m 3 : par m dè'·,, Merlon de protection (h = 5 m)


stockage disponible '
Axe, chaussée Axe, nouvelle chaussée
ancienne 1
1
1 Conclusions
Les différents éléments à prendre en compte dans la démarche de définition d'un
projet de stabilisation d'un glissement de terrain ont été présentés précédemment.
Il va sans dire que le premier élément à considérer dans cette démarche est le
phénomène lui-même. Il peut être caractérisé, outre l'aspect sécurité , par les
éléments suivants :
• la nature des terrains,
• les vitesses de déplacements,
• les volumes déplacés,
• les facteurs déclenchants.
La vitesse des mouvements et son évolution (en fonction des conditions climatiques,
des terrassements réalisés sur le 'site, etc.) constituent un critère de choix de la
technique de stabilisation particulièrement important.
L'expérience montre que les vitesses des mouvements sont très variables d'un
phénomène à l' autre . Pour ne retenir que quelques chiffres, on peut citer le
glissement de La Clapière (Alpes-Maritimes) et celui du Brimborion (Hauts-de-
Seine). Le glissement de La Clapière implique un versant entier de montagne pour
un volume d'environ 40 millions de mètres cubes de gneiss. Certaines parties du
glissement ont des vitesses qui ont atteint 4 m/j à certaines périodes. Le
glissement du Brimborion implique un volume de 4 000 m3 de matériau calcaire et
argileux ; le mouvement se produit dans des argiles plastiques à une vitesse de
quelques millimètres par an.

Il n'y a pas de règles générales qui relient matériaux, volumes, facteurs moteurs et
vitesse. Malgré tout, on a pu observer, dans la plupart des cas, un bon
synchronisme entre facteur climatique et mouvements.

L'analyse de stabilité d'une pente et la définition d'un dispositif de stabilisation


doivent prendre en compte les éléments suivants :
• état mécanique des matériaux,
• eau dans le sol,
• facteurs climatiques (apports d'eau),
• causes anthropiques (terrassements, apports d'eau accidentels, etc.).

La résistance mécanique (résistance au cisaillement) des sols impliqués (très


souvent des argiles raides) dans des glissements de terrain conditionne la stabilité
d'un versant. On pourra retenir que cette résistance dépend de l'état de contrainte
du sol et de son histoire (états de contrainte passés, réactions chimiques,
évolution des minéraux, etc.). La prise en compte des différentes étapes du
processus de formation d'un versant conduit à considérer les paramètres
rhéologiques suivants :
• la résistance au cisaillement à court et long terme,
• la résistance au cisaillement résiduelle.

Les techniques de stabilisation relèvent de trois principales actions :


• les terrassements,
• les drainages,
• les renforcements.

Il est évidemment possible d'associer différentes actions afin d'obtenir le gain de


sécurité vis-à-vis de la stabilité que l'on souhaite. Dans certains cas, ces travaux Iii
Stabilisation des glissements de terrain

sont menés par phases : par exemple, une première action consiste à terrasser de
façon à stopper provisoirement les grands mouvements, puis à drainer pour
assurer la stabil ité définitive du site. Généralement, on examine l'effet de
l'application de ces actions dans l'ordre : terrassement, drainage, renforcement.
Bien que l'eau dans le sol soit l'élément déstabilisateur principal, les stabilisations
par terrassement, qui présentent les avantages d'être souples et aisées de mise
en œuvre, sont généralement employées. Elles permettent également, lorsque les
matériaux d'apport utilisés sont drainants, de gérer les circulations d'eau dans le
terrain et de contribuer à diminuer les pressions interstitielles.

Lorsqu'il n'est pas techniquement ou économiquement possible de stabiliser le


glissement de terrain , il est très souvent envisageable de mettre en place des
dispositifs de protection ou de surveillance. L'objectif est alors de prévenir
l'évolution du phénomène vers la rupture et la ruine des ouvrages adjacents. La
notion de risque (probabilité de rupture du glissement combinée au coût des
ruines et dommages qu'elle peut causer) pèse beaucoup dans la décision
d'installer un système de surveillance.

Le type de phénomène et son évolution prévisible, le site et son environnement


définissent pour partie le système de surveillance. L'objectif assigné de sécurité
complète sa définition.

En conclusion , la démarche d'élaboration d'un dispositif de confortement d'un


glissement de terrain procède des éléments suivants :
• identification du type de mouvement (géologie, géométrie, paramètres
géomécaniques, vitesses de glissement, etc.) ;
• analyse numérique, évaluation de l'influence des différents facteurs (géométrie,
pressions interstitielles, renforcement) ;
• choix de solutions en tenant compte des contraintes de site, économiques, de
délai, etc. ;
• dimensionnement du projet de solution ;
• suivi des paramètres du glissement pendant toute la durée de l'étude et durant
la phase de travaux et souvent également après ces derniers.
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________________________________________________________________________ Annexes

Annexe 1

Relations pluie - piézométrie -


déplacement sur le site de Sallèdes
(Puy-de-Dôme)

Mesures de suivi du site


Le site de Sallèdes (Puy-de-Dôme) est constitué de colluvions argileuses reposant
sur un substratum marneux avec des coulées basaltiques sommitales. Le suivi
des différents paramètres (fig. 1-1) montre que les pressions interstitie ll es
remontent brutalement après les périodes pluvieuses, et que le terrain se met en
mouvement au-delà d'un seu il. On observe, en effet, en surface sur quelques
dizaines de centimètres initialement non-saturés (conditions remplies après une
période sèche) , lors des événements pluvieux , une progression du front
d'infiltration. Cela conduit à la formation d'une nappe perchée lorsque l'évapo-
transpiration n'est pas suffisamment importante pour compenser les apports
pluvieux. Cette zone saturée progresse vers le bas et, lorsqu'elle rejoint la nappe
profonde , il y a recharge brutale de celle-c i. Ce phénomène se produit
simultanément en tout point du versant.

On a pu noter également que les vitesses peuvent être d'autant plus élevées que
le dépassement du seuil est important (fig. 1-2). Pour un niveau de la nappe au
plus haut, les vitesses mesurées ont atteint 1,7 centimètres par jour.

De plus, la vitesse maximale est observée au même moment que la pression


maximale (fig. 1-3). Ces constatations ont pu être faites, pour chaque période
d'activation du glissement, sur quinze années d'observations.

De telles constatations permettent de définir la profondeur du rabattement de la


nappe à assurer pour stabiliser le glissement. Dans l'exemple de la figure 1-3,
pour assurer la stabilité de la pente, le niveau de la nappe ne devra pas dépasser
2,50 m sous le terrain naturel.

Modélisation hydraulique du site


Il est difficile de modéliser l'évolution des pressions interstitielles en fonction de la
pluviométrie, dans la mesure où de nombreux facteurs interviennent :
• nature géologique, géotechnique et hydrogéologique des sols,
• nature du couvert végétal,
• morphologie du site,
• quantité de précipitations instantanées et cumulées,
• exposition du site et les conditions climatiques,
• etc.

Même si , à l'évidence , les nappes remontent après des périodes climatiques


pluvieuses, les analyses faites sur le sujet ne montrent pas de corrélations simples
entre les quantités de pluie réellement tombées et les niveaux atteints par les
Stabilisation des glissements de terrain

Fig. 1-1 -
Evolution 50 mm d'eau
1Pluviométrie 1'
de la pluviométrie, 40
de la piézométrie.
du déplacement 30
et de la vitesse 20
sur le site 10
de Sallèdes
(Puy-de-Dôme).

60 (kPa)
1Piézométrie 1

50

40

30

20

10 .\!\'~· .
0
70 (cm)

1Déplacements 1 G 1Q5 ••.. .•


60 i • +
,..,.~·- -·-·-··-·...···.........
• • + + + li'f". ~ · ...,. . .. ..... . .. •

G4R5

.. ___ .....-·--·····
50 .t T t ......... . .... . ·· ~ IIP t
4
t
~..,.,... . _,
40 ~·
• + t ,....

. .
""

30
_.,r-·-·-··-·'
,...,. -f
.
r "..... ,.... ,___ .. .,.., •
1 ~

:__.-.~

20 + .;:''f
' G6S6

0,5 (cm / j).

1 Vitesse de déplacements 1

0~ G105.

0,3

0,2

Date
Annexes

Fig. 1-2-
Pression interstitielle à 6 m de profondeur (kPa)
Relation entre
60
la pression
interstiUelle
50 et la vitesse
Il 1!1 1!1 I!D
Ill
de déplacement
sur le site de
40 Sallèdes
il (Puy-de-Dame).

30

20

10

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 V (mm 1j)
---

Fig. 1-3-
D v u Évolution
(mm) (mm/j) (kPa)
de la piézométrie.
25 r 1,5 50 des déplacements
- Moyenne des Pl à 6 m et de la vitesse de
20 1,2 40
- Vitesse de déplacement
Déplacement en G105
11
~ déplacement
pendant une phase

1 F-
1,081
) F = 1,07
v
~ critique sur le site
de Sallèdes
15

10
0,9

0,6
30

20 1
v 1 -- r
D
(Puy-de-Dame).

5 0,3 10
- __; F=1, 1; f /

0 0 0
F=
1,38
F=
1,4
Novemb re 1 982
F~ J
F = 1,25
F = 1,2 1
Décembre 1 982
~ = 1,24
F = 1,27
Janvier 1 983
F=
1,33

1
1
Pl (kPa)
40
Fig. 1-4-
Comparaison
des pressions
interstitielles
35
- - Pl mesurée
l1
j ~· mesurée et calculée
sur le site
30 - - Pl calculée 1' - ' de Sallèdes
·~
25
A2 = 0,76
'1 r1 (Pouget et al., 1994).

20 j 1\/ 1\ ·~ A V\. 1\
~

15
v
f-'4 \V\ 1 A 1\\
10 ~ ,/1 If\ ~ 1 / 1"-
5 r\\ li" ufV"rv \J
0 r ~ rv ~1"--
J M M J s N J M M J s
1991 1992
Ill
Stabilisation des glissements de terrain

nappes de versant. Parmi les analyses par modèles statistiques et hydrauliques


qui ont été réalisées, Pouget et al. (1994) , ont fait l'hypothèse que la pression
interstitielle Uw dépend de plusieurs variables :
• variables de recharge (précipitations),
• variables de décharge (évaporation et transpiration des végétaux),
• variables de drainage (fonction du second degré de la hauteur piézométrique) ,
• variables d'infiltration, faisant intervenir la réserve facilement utilisable du sol.

La modélisation tient compte d'éventuels décalages temporels afin d'intégrer un


temps de réponse à un événement subi par le système. Deux types de modèles
ont été étudiés : l'un repose sur une approche statistique, l'autre sur une approche
analogique.

Sur le site de Sallèdes, le modèle statistique (fig. 1-4) proposé par Pouget et al. ,
(1994) donne la pression interstitielle Uw au niveau de la surface de rupture :
Uw (en kPa) = 21 ,66 + 0,123 x {somme des pluies des 30 derniers jours (en mm)}
-0,044 x {somme de l'évapotranspiration sur les 150 derniers jours (en mm)}

Ce modèle est complété par une relation homographique (c'est-à-dire de type

f(x) = ax + b ) qui donne la vitesse de glissement en fonction de Uw·


ex + d

Les modélisations analogiques se basent sur des modèles hydrauliques à


réservoirs. Elles prennent en compte les divers apports d'eau (pluie, fonte des
neige). Un exemple d'une telle approche est celui élaboré pour le site de La
Clapière. Il consiste en un modèle à réservoir qui permet de calculer une hauteur
piézométrique H à partir des apports d'eau (pluie et fonte des neiges) et des
quantités d'eau infiltrées. En faisant l'hypothèse de l'existence d'une deuxième
relation, entre la vitesse du glissement Vi et la hauteur piézométrique Hi_ 1
équivalente au jour j-1 , on obtient sur la période de juillet à décembre 1991 :

v1 (enmm/j) = 27,05 Hi_1 (enmm) - 2,78.

L'utilisation de ces modèles reste cependant limitée, car certaines données


comme l'évapotranspiration potentielle nécessitent un délai d'obtention de
plusieurs jours.
________________________________________________________________________ Annexes

Annexe 2

Méthodes
,
de calcul de stabilité de talus
Equilibres limites

Méthode de Bishop (1955)


La méthode de Bishop (1955) est assurément la méthode de calcul d'équilibre
limite la plus employée pour l'analyse de stabilité. Facile d'emploi, elle permet de
modéliser des talus à géométrie complexe, comportant plusieurs couches de sol
avec des conditions hydrauliques variées.

Pour calculer la résistance au cisaillement par le critère de Mohr - Coulomb, il faut


déterminer la valeur de la contrainte normale cr' en chaque point de la surface de
glissement. Pour calculer cr' sur cette surface, la méthode de Bishop (1955) utilise
le principe des tranches (fig. 2-1) qui consiste à diviser la masse de sol située au-
dessus de la surface de rupture potentielle en tranches verticales et à décrire
l'équilibre statique de chacune d'elles. Elle repose sur les hypothèses suivantes :
• la surface de rupture est un cylindre à section circulaire ;
• le sol a un comportement rigide-plastique ;
• le critère de rupture du sol est celui de Mohr-Coulomb ( 't1 = c' + cr' tan <p' ),

dans une analyse à long terme et 'tt = Cu dans une analyse à court terme) ;

• les efforts verticaux inter-tranches sont négligés ;


. le coefficient de sécurité Fest constant tout le long de la surface de rupture et

s'écrit : F = ~ .
't

L'expression de ce coefficient de sécurité est obtenue en écrivant les deux


équations d'équilibre statique : équilibre des forces verticales appliquées à chaque
tranche et équilibre global des moments.

y Fig. 2-1 -
Équilibre d'une
tranche de sol.
e(x) _
1

--fw---_~
--
H + dH h

1
tT~dT
x
Stabilisation des glissements de terrain

L'expression du coefficient de sécurité F donnée par Bishop (1955) en prenant en


compte les caractéristiques drainées du sol est la suivante :

1
Ï,
1=1
2
(c; bi +(Wi cos o:i - ui bi)tan<p;) (
tan o:i tan <pi
'J
cos o:i 1 + - -':: F----'--'-
F= ----------------~n ----------~----------~
2:, w i sino:i
i=1

Dans cette expression, i est l'indice de la tranche , c'i désigne la cohésion drainée
du sol à la base de la tranche considérée ; <p'i • l'angle de frottement drainé du sol ;
bi, la largeur de la tranche ; wio le poids de la tranche i ; O:j, l'angle d'inclinaison par
rapport à l'horizontale de la tangente à la courbe de rupture à la base de la
tranche.

Pour résoudre cette équation implicite, F = f(F), une méthode itérative est
nécessaire.

Sur la base d'hypothèses identiques, mais en supposant que les efforts inter-
tranches horizontaux sont nuls, Fellenius (1927) donne une formulation explicite
de F:

~
L.. (c:1b·1+ (w 2
1cos o:-1- u1b)
1 tan <p:)
1
1 -cos - .
F = 1=1 o:l
n
2:, wi sin o:i
i=1

Cette formule permet de réaliser une estimation sommaire de F lorsque des


calculs par ordinateur ne sont pas possibles.

La procédure itérative de résolution est présentée sur la figure 2·2 . Afin d'éviter les
problèmes de fausse convergence (convergence vers une valeur du coefficient de
sécurité qui n'est pas la plus grande), il est conseillé d'initialiser le calcul à partir
d'une valeur assez grande du coefficient de sécurité.

Fig. 2·2 ·
Méthode
de résolution
=
de l'équation F f(F).
________________________________________________________________________ Annexes

Méthode des perturbations


La méthode des perturbations (Raulin et a/., 1974) est une méthode d'équilibre
limite de calcul de stabilité d'un massif de sol qui fait l'hypothèse de l'équilibre
global du massif le long d'une surface de rupture. Elle suppose que la contrainte
normale à la surface de rupture potentielle, en un point M de celle-ci, peut être
2
écrite sous la forme: cr = cr 0 (À + Il tan a ) , avec cr 0 = y h cos a qui est la

contrainte obtenue par Fellenius (1927).

Dans ces expressions, y désigne le poids volumique du sol au-dessus de M, h est


la hauteur au-dessus de M, a , l'angle, en M, de la surface de rupture avec
l'horizontale, À et IJ., deux coefficients réels à déterminer.

Aucune hypothèse n'est faite sur la forme de la surface de rupture. En particulier,


cette méthode peut être utilisée pour calcu ler le coefficient de sécurité le long
d'une surface de rupture circulaire.

Le coefficient de sécurité a pour définition :

't = c' + [cr0 (À + Il tana)- u] tan cp'


avec
F

En écrivant les trois équations de la statique qui traduisent l'équilibre de l'ensemble :

• somme des forces horizontales : J(- 't + cr tan a ) dx = 0,

• somme des forces verticales : J('t tan a+ cr) dx = JdW,

• équilibre des moments par rapport à l'origine des axes :

J('t (x tan a+ y)+ cr (x- y tan a)) dx = JxdW,

on obtient un système de trois équations à trois inconnues (F, À, IJ.) . Après


élimination de À et ~L, il reste à résoudre une équation du troisième degré en F dont
la racine la plus grande est la valeur cherchée. On vérifie également que la valeur
de À est proche de 1 et celle de 1..1 proche de O.
------------------------------------------------------------------------ Annexes

Annexe 3

Dimensionnement de la stabilisation
du glissement de La-Chapelle-aux-Brocs
(Corrèze)
Dans la nuit du 17 au 18 février 1995, un important glissement de terrain, affectant
une superficie de près de 55 000 m2, s'est produit sur le versant est de la vallée du
ruisseau du Colombier, à une dizaine de kilomètres au sud de Brive (Corrèze). Sur
une pente relativement douce {1 0 à 13°), il affecte des matériaux de la période du
Permien qui constituent le substratum du site et les formations superficielles qui en
dérivent. Le Permien est stratifié sub-horizontalement et formé par des
alternances de bancs gréseux dont les épaisseurs, variables, peuvent atteindre
plusieurs mètres. Associés à ces niveaux gréseux, on trouve des horizons argileux
ou pélitiques (qui sont des limons surconsolidés).

Le glissement, dont la profondeur atteint 18 m, affecte les colluvions de surface


sur une épaisseur de 1 à 3 m et les terrains stratifiés du substratum. Le
mouvement s'est traduit par un déplacement d'une dizaine de mètres. Il s'est
produit après une longue période pluvieuse et la réalisation de travaux de
terrassements de faible ampleur sur la RN 121. Celle-ci a été endommagée par le
glissement : 250 m ont été emportés.

L'étude de la solution par drainage conduit à définir des systèmes très difficiles à
mettre en œuvre du fait de la profondeur des niveaux aquifères {8 à 14 m par
rapport au niveau du terrain naturel).
Les calculs ont permis d'évaluer l'influence d'un abaissement du niveau d'eau de
3 m dans l'emprise du glissement : la stabilité d'ensemble est améliorée de 14 %.
La réalisation d'un système complet et fiable n'a pas été imaginée sur une telle
superficie et une telle profondeur.

Une tranchée drainante de 2 m de profondeur a été réalisée dans une zone


particulièrement humide et en amont du glissement dans le but de capter les
venues d'eau superficielles.

L'étude d'une solution éventuelle par renforcement montre que, compte tenu du
volume des masses en mouvement (près de 500 000 m3) et de la profondeur de la
surface de rupture, la solution de type clouage par tirants inclinés sur l'horizontale
ou par pieux de gros diamètre conduit à une densité de forages très élevée et
donc à un coût de solution excessif.

La solution de terrassement visant à disposer un massif poids formant drain en


pied de glissement a donc été étudiée de façon approfondie et a conduit à définir
deux types de structures :
0 Aux deux extrémités du glissement, compte tenu de l'étroitesse de la vallée, le
ruisseau a été busé à l'aide de deux ouvrages métalliques de 90 et 50 m de
longueur et de 5 m de diamètre.

Un massif poids en enrochements a été disposé sur l'ensemble du fond de la


vallée, en particulier par dessus ces ouvrages (fig. 3-1 ). Une purge a été
réalisée par plots successifs, en fond de vallée, de manière à appuyer la
structure ainsi définie sur des matériaux compacts.
Stabilisation des glissements de terrain

L'analyse de la stabilité d'ensemble au droit des profils représentatifs de cet


aménagement a été réa lisée par calage à F = 1 du profil initial , avec
détermination des caractéristiques mécaniques le long de la surface de
rupture ; une évaluation des conditions de sécurité après la phase de grands
déplacements (F = 1,02) a conduit à déterminer une structure de massif poids
qui améliore la sécurité de 50 % . Cet aménagement a été adopté sur une
longueur de 150 mètres ;

@ Dans la partie centrale du glissement, un massif poids constitué d'éléments


rocheux a été mis en place entre le ruisseau et le pied du versant. Il présente
une largeur à la base de 8 m et une hauteur de 15 m . Une purge des
colluvions argileuses remplissant le fond de la vallée a été pratiquée par plots
successifs, de manière à réaliser un ancrage dans le rocher compact.

L'amélioration de la stabilité au droit des profils représentatifs de cet


aménagement est de 8 % sur une distance de 100 mètres.

L'amélioration de la stabilité d'ensemble du versant est évaluée à 30 %, à


partir de la détermination du coefficient de sécurité global :

F = (100 x 1,08) + (150 x 1,50) = , .


1 33
100 + 150

Les travaux d'aménagement ont été réalisés pendant l'année 1996 en


pratiquant un suivi des mouvements au moyen de mesures inclinométriques et
de nivelles à vis micrométriques.

Fig. 3-1-
Profi/ d'étude Surface de rupture @
Calcul de calage :
de la stabilisation
du glissement
- conditions initiales F 1 ;=
- après grands déplacements F = 1,02 ; Paramètres retenus
de La-Chape/le-aux- Couche
Brocs (Corrèze).
- après mise en place de massif poids F =1,50. y(kN 1 m 3 ) c' (kPa) cp' (0)

Surface de rupture 0
0 19 0 12
-Vérification des conditions de sécurité F = 1,69. f} 21 0 40

(m)
40 Surface de rupture potentielle 0
y = 21 kN 1 m 3
30
c' = 0 kPa
20 "'!;:-- -----.....cp'= 40°
y = 19 kN 1 m 3
10 0 c' =0 kPa
cp'= 12°
O L-~-~~~~-~~-~-~~-~-~~-~~-~-~~-~
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 11 0 120 130 140 150 160 170 180
(m)
________________________________________________________________________ Annexes

Annexe 4

Méthodes de dimensionnement
d•un clouage par barres

Principe de dimensionnement
Les risques de rupture d'un ouvrage de confortement par clouage se situent :
• dans le clou (barre ou tube d'acier) par traction/cisaillement ;
• au contact sol/clou, dans la partie inférieure d'ancrage (arrachement du clou) ;
• dans le sol, le long de la surface de rupture, par insuffisance d'efforts apportés
par les clous ;
• dans le sol , si un glissement se produit en profondeur sous l'ouvrage
(insuffisance de fiche des clous) , soit en partie basse si le clouage est placé trop
en amont sur le versant, soit en partie supérieure si le clouage est situé trop en
aval sur le versant.

Le dimensionnement d'un clouage se fera donc en justifiant une sécurité suffisante


vis-à-vis de chacun de ces modes de ruine.

On peut, par exemple, prendre un coefficient de sécurité de 1,5 sur la résistance


interne de l'armature en traction/cisaillement, et augmenter la section des barres pour
tenir compte d'une corrosion, suivant la nature de l'ouvrage et l'agressivité du site.

L'effort transmis par le sol au clou (interaction sol/clou) en sollicitation axiale est
estimé à partir de l'effort limite défini comme le produit P.q 5 , où P désigne le
périmètre du clou et q5 le frottement latéral unitaire ; ce dernier peut être évalué à
partir d'essais d'arrachement ou d'essais p·ressiométriques. Là encore, on pourra
prendre en compte un coefficient de sécurité de 1,5.

L'évaluation de l'amélioration de la sécurité au glissement se fait en utilisant une


méthode de calcul de stabilité de pente, tenant compte des efforts apportés par les
clous. On utilise couramment la méthode de Bishop (1955) et la méthode des
"perturbations " (Raulin et al. 1974).
Les différentes analyses ont été programmées dans des codes de calcul. Deux
options sont couramment utilisées (Schlosser et Unterreiner, 1994) qui donnent
des résultats sensiblement identiques:
• prendre en compte les efforts maximaux admissibles pour le clou et le contact
sol/clou diminués par l'application d'un coefficient de sécurité ;
• prendre en compte les efforts engendrés dans le clou par le déplacement
maximal du sol le long de la surface de rupture que la structure peut tolérer
sans perte de service.

La première option utilise le concept du multi-critère décrit ci-dessous. La


deuxième option a été développée par Delmas et al. (1986).

Le multi-critère
Schlosser (1982) a décrit une méthode de calcul de l'effet de renforcement d'un
clou connue sous l'appellation de multi-critère, qui comporte quatre critères de
rupture.
Stabilisation des glissements de terrain

Notations
L'expression des différents critères fait appel aux paramètres suivants :
• q5 , frottement latéral unitaire sol-clou ;
• De, diamètre de forage ;
• D9 , diamètre équivalent au diamètre de forage dans le cas d'un clou battu ;
• D, diamètre égal à De pour les clous scellés et à D9 pour les armatures battues;
• La, longueur d'ancrage;
• Lp, longueur entre la surface de rupture et le parement ;

• E, module d'Young du clou ;


• 1, moment d'inertie du clou par rapport à son axe;
• E 8 , module de réaction du sol :

18
pour D > 0, 6 m, Es = EM a. (D est exp rimé en mètres)
06
4 (2 65 _Q__J • + 3a
' 0,6 D

18
pour D s 0,6 m, Es= EM - ------=--
4(2,65t + 3a

• a, coefficient rhéologique de Ménard : a = 1/3 pour les sables et graviers, 1/2


pour les limons et 2/3 pour les argiles ;
• EM, module pressiométrique Ménard ;
• P1o pression limite mesurée au pressiomètre Ménard ;
• Pu • pression ultime du sol, habituellement égale à la pression limite p 1 ;
• T n• effort normal pour une section droite du clou ;
• Tc, effort tranchant pour une section droite du clou ;
• Rn, résistance à la traction pour une section droite du clou ;
• Re, résistance au cisaillement pour une section droite du clou ;
• M, moment fléchissant d'une section du clou par rapport au centre.

Critère C1
Le frottement latéral sol-clou est limité par l'arrachement des clous. Cela se traduit
dans les sols homogènes par :

Tn s q5 1t D L

L désigne la longueur d'ancrage égale à La si le clou est fixé au parement, et à la


plus petite des deux longueurs La et LP dans le cas contraire.
___________________________________________________________________________ Annexes

Critère C2
L'interaction latérale sol-clou est limitée de deux manières :
a. La pression ultime, Pu· est atteinte au point 0, intersection clou/surface de
rupture.
On a alors l'expression Pu ~ Po avec Po =
2
Tco où :
De lo

T00 = 3, 12 ~0 [ 1 - [ ;: rl est l'effort tranchant maximal en 0 .

Dans ce cas, le sol se plastifie avant l'armature et le critère s'écrit :

- De .
Tc ~ Tc1 max - - lo Pu ,
' 2

b. Il y a plastification du sol sur une certaine longueur de part et d'autre du point 0 ,


avec formation de rotules plastiques dans l'armature, dans ce cas Pu :::=: Po et

Critère C3
Ce critère traduit la condition d'écoulement plastique du clou . Il suppose que le
clou mesure plus de 3 10 de part et d'autre de la surface de rupture. Le critère
s'écrit:

avec, en général, Re = Rn/2.

Critère C4
Il traduit la rupture par plastification des clous en flexion aux points de moment
maximal situés à IP = %1 0 de part et d'autre de la surface de rupture. Ce critère
a pour expression :

Tc ~ Tcz, max 1,62 ~0 [ 1 - [ ; : )'] + 0,24 p" De 10

Règle du travail maximal

La combinaison de ces quatre critères définit, dans une représentation plane (Tn•
Tc), la courbe enveloppe des efforts maximaux qui peuvent être reprises par le
clou . Le principe du travail maximal suppose que le clou est à la rupture. Dans ces
conditions, les efforts T n et Tc à l'intersection clou/surface de rupture sont
déterminées comme l'intersection de la droite tangente en ce point à la surface de
rupture avec la courbe enveloppe du multi-critère.
Stabilisation des glissements de terrain

Recommandations Clouterre (1991)


Les recommandations Clouterre 1991 ont été rédigées dans le cadre d'un projet
national regroupant les entreprises de travaux publics, les bureaux d'études et de
contrôle et les organismes de recherche publics. Elles sont la synthèse de l'état
des connaissances théoriques et pratiques dans le domaine du renforcement par
clouage des massifs de sol. Elles reposent sur plusieurs expérimentations en vraie
grandeur de fouilles clouées.

L'application directe de ces recommandations au problème du dimensionnement


d'un versant naturel en glissement reste délicate. En effet, la transposition des
résultats obtenus lors de l'étude des conditions de rupture d'un massif initialement
stable puis renforcé au problème du dimensionnement du clouage d'un massif en
glissement n'est pas immédiate.

Les recommandations Clouterre suggèrent de calculer l'ouvrage cloué en


imaginant différentes combinaisons de chargements qui conduisent à la ruine et
en affectant, pour chacune de ces combinaisons de chargements, des coefficients
pondérateurs aux actions (I's ,i) et des coefficients de sécurité partiels aux
résistances des différents éléments (rm i)· Les tableaux ci-après, extraits des
recommandations Clouterre, synthétisent cette démarche.

Les différentes actions sont :


. les actions permanentes P'i (appliquées aux points de coordonnées xi , Yi)
apportées par les structures adjacentes ;
• les actions variables Qi dues aux charges roulantes (appliquées aux points de
coordonnées xi , Yi) ou aux actions climatiques ;
• les actions accidentelles Ak (séismes, chocs, crues) de composantes Akx , Aky
(point d'application xk , Yk)·

Pour chacun des clous , il est nécessaire de déterminer la valeur de l'effort à


l'intersection clou/surface de rupture : coordonnées x 0 , y0 dans le clou o. Le
multi-critère permet d'évaluer la valeur de la tension T0 dans le clou o sous une
forme décomposée suivant la direction du clou (Tn0 ) et la direction orthogonale au
clou (Tc ). Enfin, on note 00 l'inclinaison du clou o avec l'horizontale. Ces efforts
0
sont introduits dans les équations de stabilité (les notations sont précisées dans
les tableaux suivants) :

Équilibre des forces horizontales

L,(crndS sina-1:dScosa) =- L,rAAkx + ..!. 'L, Tb 1 cos0 1


t k e 1

Équilibre des forces verticales

L,( cr nt dS cosa+'t 1dS sin a) = T'51 P+ L,(rs 1 pi'+ r~ 1 ~· )


t i

....
~
___________________________________________________________________________ Annexes

Équilibre des moments

L lx 1 /\lcrndSsin a - TdScosa +L
1 y1 crn dScos a+TdSsin a-r51 P1 i

+ L xi /\1 0 + L
lxk /\'Akx + _!_ L
'xl/\,- Tbl cos el
Yi - ra Oi k Yk Aky e 1 Y1 - Tb1sin el

1
- - (- Tno coseo - TCo sineo)
+ 1 "LJ Xo rm ,cr e
eo 1 Yo 1\ -
1
r: - (- Tn0 sin eo - Tc 0 cos e o )
m,cr 8

Avec T = "Cmax 1(rs3·F), Tmax = c 1 rm,c +cr' tan <p 1 rm, q> et cr'= (Jn - u (voi r tab leaux
suivants).
Stabilisation des glissements de terrain

Tableau IV- 1 - Justification aux États limites ultimes


(d'après les recommandations Clouterre 1991 ; combinaison fondamentale)

Ouvrage courant Ouvrage sensible


NATURE DES ACTIONS NATURE DES ACTIONS
1) Actions permanentes type G 1) Actions permanentes type G
Poids propre du sol G Poids propre du sol G
effet déstabilisateur rs 1 = 1,05 effet déstabilisateur rs 1 =1,05
effet stabilisateur r 's 1 = 0,95 effet stabilisateur r's1 = 0,95
Autres actions permanentes Autres actions permanentes
effet déstabilisateur rs 1 = 1,2 effet déstabilisateur rs 1 = 1,2
effet stabilisateur r·s 1 = 0,9 effet stabilisateur ~"'s1 = 0,9
Action de l'eau Gw rGw= 1 Action de l'eau Gw rGw=1
Action des clous FR 1/f'm,ae Action des clous FR 1/f'm,cre
Action des tirants Fr r·r = 1 Action des tirants Fr ~"'r = 1
2} Action variable type a Q ra= 1,33 2} Action variable type a Q r· 0 = 1,33
(charges roulantes, actions (charges roulantes, actions
climatiques) climatiques)
3) Actions accidentelles A - 3} Actions accidentelles A -
type A type A
Coefficient de la méthode rs 3 = 1,125 Coefficient de la méthode rs 3 = 1,125
PROPRIETES DES MATERIAUX PROPRIETES DES MATERIAUX
1) SOL Courant 1) SOL Sensible
tangente de l'angle tangente de l'angle
de frottement effectif tan<p' rm,<p' 1,2 de frottement effectif tan<p' rm,<p' 1,3
cohésion effective C' rm,C 1,5 cohésion effective C' r m,c' 1,65
cohésion cohésion
non drainée (<pu= 0) Cu r m,Cu 1,3 non drainée (•Pu = 0} Cu rm,Cu 1,4
2) ACIER PASSIF 2) ACIER PASSIF
Limite élastique cre r m,cre 1,15 Limite élastique cre rm,cre 1,15
3) INTERACTION SOL-CLOU 3) INTERACTION SOL-CLOU
frottement latéral qs r m,qs essais 1,4 frottement latéral qs r m,qs essais 1,5
unitaire sol-clou r m,qs abaques 1,8 unitaire sol-clou r m,qs abaques 1,9
pression limite Pi rm,PI 1,9 pression limite Pi r m,PI 2
module pressiométrique EM r m,EM 1 module pressiométrique EM r m,EM 1
_____________________________________________________________________________________ Annexes

Tableau IV-2 - Justification aux États limites ultimes


(d'après les recommandations Clouterre 1991 ; combinaison accidentelle)

Ouvrage courant Ouvrage sensible


NATURE DES ACTIONS NATURE DES ACT IONS
1) Actions p ermanentes type G 1) Actions permanentes type G
Poids propre du sol G Poids propre du sol G
effet déstabilisateur rs1 = 1 effet déstabilisateur rs 1 = 1
effet stabilisateur rs1 = 1 effet stabilisateur r s1 = 1
Autres actions permanentes Autres a ctions pe rmanentes
effet déstabilisateur r s1 = 1 effet déstabilisateu r rs1 = 1
effet sta bilisateur r's1 = 1 effet stabilisateur r's1 = 1
Action de l'eau Gw rGw=1 Action de l'eau Gw rGw=1
Action des clous FR 1/r 'm,cre Action des clous FR 1/r' m,cre
Action des tirants Fr r'r = 1 Action des tirants Fr r'r= 1
2) Action vari able ty pe Q Q r'a = 1 2) Action variable type Q Q ra = 1
(charge s roulantes, actions (charg es roulantes, actions
climatiques) climatiques)
3) Actions accidentelles FA rA= 1 3) Actions acc identelles FA rA= 1
type A type A
Coefficient de la méthod e rs3= 1 voefficient d e la méthode r s3 = 1
PROPRIETES DES MATERIAUX PROPRIETES DES MATERIAUX
1) SOL Coura nt 1)SOL Sensib le
tangente de l'angle tangente de l'angle
de frottement effectif tan<p' r m,<p' 1,1 de frottement effectif tan<p' rm,<p' 1,2
cohésion effective C' rm,C 1,4 cohésion eff ective C' r m,C 1,5
cohésion cohésion
non drainée (<pu = 0) Cu r m,Cu 1,2 non drainée (<pu = O) Cu rm,Cu 1,3

2) ACIER PASSIF 2} ACIER PASSIF


Limite élastique cre rm,cre 1 limite élastique cre r m,cre 1
3) INTERACTION SOL-CL OU 3) INTERACTION SOL-CLOU
frotteme nt latéra l qs r m,qs essais 1,3 frottement latéral qs r m ,qs essais 1,4
unitaire sol-clou r m,qs abaques 1,6 unitaire sol-clou r m ,qs abaques 1,7

p ression limite Pi r m,PI 1 pression limite Pi rm,PI 1, 1


module pressiométrique EM r m,EM 1 module p ressiométrique EM rm,E M 1
________________________________________________________________________ Annexes

Annexe 5

Méthodes de dimensionnement
d•un clouage par pieux
Principe de dimensionnement
Les risques de rupture d'un confortement par pieux ou barrettes se situent :
• dans le pieu (tube métallique ou pieu en béton armé) par flexion/cisaillement;
• au contact so l/ pieu , en so llicitation latérale du sol par le fût du pieu
(plastification du sol lorsque la pression ultime Pu est atteinte, ce qui peut se
produire lorsque l'espacement entre les inclusions est trop important) ;
• dans le sol, le long de la surface de rupture, par insuffisance d'efforts apportés
par les pieux ;
• dans le sol, si un glissement se produit en profondeur sous l'ouvrage
(insuffisance de fiche des pieux) , soit en partie haute si le clouage est placé
trop en amont sur le versant, soit en partie inférieure si le clouage est situé trop
en aval sur le versant.
Le dimensionnement d'un clouage se fera donc en justifiant une sécurité suffisante
vis-à-vis de chacun de ces modes de ruine.
On prend en général un coefficient de sécurité de 1,5 sur la résistance interne du
pieu en flexion/cisaillement.
Le déplacement du sol en glissement mobilise latéralement le pieu. L'équilibre du
massif est obtenu lorsque le pieu oppose au sol une réaction latérale. Cette
dernière doit être évaluée à partir de la pression ultime. On considère que la
pression limite mesurée à l'aide du pressiomètre Ménard est une bonne évaluation
de la pression ultime, et on limite la valeur de la pression latérale à P1 = P1 1 2 •
Alors qu'un clou de faible inertie (cf. annexe 4) se déforme essentiellement dans la
direction de sa plus grande dimension, dans le cas d'un pieu utilisé pour stabiliser
un glissement de terrain, la déformation résulte de la flexion et du cisaillement.
L'aspect déformation revêt donc une importance particulière. C'est pourquoi est
présentée, ci-dessous, la méthode de calcul développée par Delmas et al. (1986).

Méthode de calcul
La méthode de calcul mise au point par Delmas et al. (1986) comporte trois étapes :
• définition du déplacement maximal de sol ô, compatible avec les structures
sus-jacentes, par exemple, de l'ordre du centimètre pour un bâtiment et de
plusieurs centimètres pour un ouvrage routier ;
• détermination des efforts de cisaillement, traction et flexion engendrés dans le
pieu du fait du déplacement de sol ô (en tenant compte de la réponse élasto-
plastique du sol sous sollicitations axiale et latérale), cela est réalisé en
résolvant l'équation différentielle :
d4y
El. - 4 = Es [y(z) - g(z)];
dz

dans cette expression, E désigne le module d'Young du pieu ; 1, son inertie


par rapport à son axe ; E 8 , le module de réaction du so l ; y(z) et g(z) ,
respectivement le déplacement horizontal du pieu et du sol en fonction de la
profondeur z ;
• calcul de l'équilibre du volume de sol délimité par la surface de rupture par la
méthode des perturbations (cf. annexe 2), en tenant compte des efforts de
réaction des pieux déterminés précédemment.
___________________________________________________________________________ Annexes

Annexe 6

Dimensionnement d'un clouage


par pieux (site d'Aktéa)
Le glissement d'Aktéa, près d'Athènes, actif depuis plus de trente ans, intéresse
en particulier la route nationale qui, à ce niveau, est construite sur un ouvrage
mixte déblai/viaduc, fondé sur semelle filante à l'amont et sur fondations semi-
profondes à l'aval. Des désordres dans les structures sont apparus rapidement
après la construction et, à la fin des années 1980, il est devenu urgent de
stabiliser le site (fig . 50, dans le chapitre 5), ce qui a été réalisé à l'aide de pieux
de gros diamètre (Sève et al., 1996).

La géologie du site est composée de dépôts lacustres du Néogène d'une centaine


de mètres d'épaisseur, reposant sur un substratum de marbre du Trias. Ces
dépôts consistent en des alternances de bancs de conglomérats et de marnes
argileuses ou sableuses, avec quelques lentilles de grès. Le glissement implique
l'ensemble de ces formations, ainsi que les remblais et colluvions de pente plus
récents sur une longueur de 250 m et sur une largeur d'une cinquantaine de
mètres. La surface de rupture se situe entre 6 et 8 m de profondeur, le pied du
glissement étant sous le niveau de la mer.

Des essais au pressiomètre ont conduit aux valeurs de pressions limites et de


modules suivantes :
. au-dessus de la surface de rupture, Pi= 900 kPa, EM = 15 000 kPa ;
. sous la surface de rupture, Pi = 3 200 kPa, EM = 70 000 kPa.

Des calculs de stabilité à rebours ont permis d'obtenir une estimation des
caractéristiques de résistance au cisaillement du terrain en grandes déformations :
c' = 0 kPa, <p' = 15°.

Les dimensions du glissement et l'absence d'un régime hydraulique permanent


reconnu ont conduit à rejeter des solutions de stabilisation par terrassement ou
drainage.

Le dispositif de stabilisation mis en place a consisté en deux rangées de pieux (de


1 m de diamètre) en béton armé, de 12 m de longueur, espacés de 2,5 m ; ce
dispositif n'avait pas pour ambition de conforter l'ensemble de la pente, mais
uniquement l'ouvrage.

Le dimensionnement du confortement a été réalisé à l'aide du logiciel PROSPER-


LCPC (Delmas et al. , 1986), qui permet de modéliser différents systèmes de
clouage. Ce logiciel détermine les efforts induits dans les pieux par le déplacement
de la masse de sol instable.

Lors de l'analyse de ce glissement, la réaction du sol prise en compte dans les


calculs a été réduite de moitié dans l'hypothèse d'une éventuelle réactivation du
glissement immédiatement en aval du clouage.

Les pieux utilisés pour stabiliser le glissement ont une rigidité El = 1 540 MN.m2.
Le moment fléchissant maximal calcu lé est de 1 800 kN.m, avec un effort de
cisaillement maximal de 1 000 kN pour un déplacement ô de 3 cm et un gain de
sécurité de 20 %.
Stabilisation des glissements de terrain

Le système de renforcement a été mis en place à l'automne 1990 et les pieux


instrumentés en février 1991. Ceux-ci ont été descendus dans des forages
réalisés préalablement à la tarière et scellés par un coulis de bentonite et ciment.

Les déplacements au niveau de l'ouvrage ont été notablement réduits, passant de


10 mm/an avant clouage à moins de 1 millimètre par an.
~Index
Allégement en tête : p. 26 Hydraulique : p. 10, p. 13
Ancrage: p. 26, p. 32 Lave torrentielle : p. 9, p. 11
Barrette : p. 53, p. 63 Long terme : p. 13, p. 21
Bêche : p. 25, p. 31 Masque : p. 22, p. 25
Butée de pied : p. 15, p. 20 Merlon : p. 69
Choix d'une technique: p. 7, p. 19 Micropieu : p. 22, p. 53
Chute de blocs : p. 9, p. 11 Modèle statistique :p. 78
Cinématique : p. 7, p. 10 Piège à blocs : p. 69
Climat: p. 14 Pieu : p. 20, p. 53
Clouage: p. 20, p. 53 Pression interstitielle : p. 10, p. 14
Comportement mécanique : p. 13 Puits : p. 22, p. 48
Confortement : p. 7, p. 19 Purge : p. 22, p. 25
Contrefort : p. 25, p. 51 Remblai : p. 11, p. 22
Coulée boueuse : p. 9, p. 11 Reprofilage : p. 22, p. 25
Court terme : p. 63 Résistance au cisaillement : p. 12, p. 13
Déblai : p. 1o, p. 15, p. 26 Résistance résiduelle : p. 13
Drain vertical : p. 39, p. 50 Risque : p. 19, p. 20
Drainage : p. 7, p. 39 Rupture progressive : p. 10, p. 16
Drainage agricole : p. 15, p. 40 Seuil : p. 14, p. 75
Drainage subhorizontal : p. 46 Soutènement : p. 22, p. 53
Écoulement : p. 14, p. 34 Stabilisation : p. 7, p. 19
Écroulement : p. 9, p. 10 Substitution :p. 22, p. 29
Éperons : p. 25, p. 31 Surveillance : p. 24, p. 59
Facteur anthropique : p. 14 Système de protection : p. 67
Facteur climatique : p. 14, p. 71 Temps: p. 10, p. 11
Fauchage : p. 11 Terrassement: p. 10, p. 22
Filet: p. 68 Tirant d'ancrage: p. 22, p. 53
Fluage : p. 9, p. 10 Tranchée drainante : p. 22, p. 34
Galerie drainante : p. 50 Typologie : p. 7, p. 9
Glissement : p. 9, p. 10 Vitesse de déplacement : p. 10, p. 12
Grillage : p. 69
Document publié par le LCPC

sous le numéro 502374

Conception et réalisation

LCPC-IST, Ruth Amar

Dessins

LCPC-IST, Philippe Caquelard

Flashage

Burovit

Impression

Imprimerie Julien-Nollet

Dépôt légal

1er trimestre 1998


Stabilisation des glissements de terrain

L'objet de ce guide est de fournir à l'ingénieur géotechnicien les éléments nécessaires au choix et
à la définition d'un dispositif de confortement pour un glissement de terrain. Ils dépendent du type
d'instabilité, de la cinétique du phénomène, des facteurs qui interviennent dans le déclenchement
du mouvement et de son évolution dans le temps.

Les techniques d'intervention disponibles se regroupent en trois grandes familles : les terrasse-
ments, les drainages et les renforcements.

Les aspects qui interviennent dans la recherche d'une solution de confortement ne sont pas uni-
quement techniques. En effet, l'impact économique et environnemental d'un projet et les délais et
contraintes particulières liées aux techniques et au savoir-faire des entreprises locales participent
à la définition de la solution.

Les sujets suivants sont abordés successivement :


- la typologie des glissements de terrain :
- les différentes cinématiques observées sur le terrain ;
- les facteurs générateurs de mouvements ;
- les techniques de stabilisation actuelles et leur méthode de dimensionnement, illustrées par des
exemples d'application ;
-des recommandations sur le choix d'une technique de stabilisation adaptée au phénomène étu-
dié.

En annexe sont présentés les méthodes de calculs usuelles, des exemples d'études et de dimen-
sionnement d'ouvrages, les dernières recommandations concernant les techniques de clouage de
pentes.

ABSTRACT

Stabilization of landslides

This guide gives engineers the information they need to select and specify stabilization techniques
for landslides. The technique chosen will depend on the type of instability, the kinematics of the phe-
nomenon and its time behaviour as weil as the factors initiating the movement.

There are three main families of techniques : earth works, drainage and reinforcement.

The stabilization technique used does not depend on technical considerations alone : the economie
and environmental impact of a project and the particular lead times and constraints that depend on
the technique and on the know-how of local contractors are also factors in selecting a solution.

The following subjects are dealt with in turn :


- the typology of landslides ;
- the various kinematics observed in the field ;
- the factors that generate movements ;
- common stabilization techniques and associated design methods, illustrated by examples of their
application ;
- recommandations on the choice of a stabilization technique suited to the phenomenon studied.

An appendix presents the usual engineering methods, examples of structure design studies, and
the latest recommandations concerning slope nailing.

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