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Deux congrès et deux partis : continuité ou rupture

Par RAOIDI Mohammed

Introduction

Un parti politique est une association organisée regroupant des citoyens et


des citoyennes qui partagent une idéologie (ensemble d’idées) ou une philosophie
politique, et pour reprendre les termes Benjamin CONSTANT 1 ¨un parti politique est
une réunion d’hommes qui professent la même doctrine politique¨ dont elle cherche
la conquête et l’exercice du pouvoir. C’est l’objectif (l’exercice du pouvoir) est le trait
qui distingue le parti politique des autres organisations tels :les groupes de
pression ,les association de la société civile, les syndicats.. qui se contentent
d’influencer les décisions politiques.

Un parti politique est composé de sympathisants qui constituent l’électorat


traditionnel du parti, d’adhérents et de militants qui investissent directement dans la
vie du mouvement.

Tout parti politique est doté d’un statut indiquant ses orientations
idéologiques, ses objectifs, les grands principes de son fonctionnement, son
organisation, ses instances, les règles de désignation des responsables et des
dirigeants.

Au Maroc les partis politiques ne sont reconnus officiellement que depuis


1958 avec l’élaboration du Dahir des libertés publiques 2, même si leur existence
remonte en effet au tout début du 20eme siècle et plus précisément avec le
mouvement national à l’ère du protectorat. Ainsi l’histoire des partis politiques
marocains est associée, elle est indissociable de celle du mouvement national 3
1
-Benjamin constant : Benjamin Constant de Rebecque, né à Lausanne le 25 octobre 1767, mort à Paris le
8 décembre 1830, inhumé au cimetière du Père-Lachaise1, est un romancier, homme politique, et
intellectuel français d'origine suisse
2
-Dahir N° 1-58-376 du 3joumada1378 correspond au 15 novembre 1958 paru au Bulletin Officiel du 27
novembre 1958.
3
- Jean Claude SANTUCCI¨ le multipartisme marocain entre les contraintes du ¨pluralisme contrôlé et
les dilemmes du ¨multipartisme autoritaire¨
concrétisé par la naissance du comité de l’action nationale(CAM) crée en 1934.Depuis
on assiste successivement à la naissance du parti de l’Istiqlal (l’indépendance)en
1943 par feu Allal ELFASSI, au parti démocratique et indépendance(PDI) en 1946 par
Bel Hassan EL OUAZZANI au nord du Maroc et au Parti communiste (PCM) en 1943
par Léon SALTAN un juif marocain visant à limiter la montée du parti de l’Istiqlal(PI).
Aujourd’hui le Maroc compte plus de trente six formations politiques toute
tendances confuses dont les plus influents sont ceux qui s’associant au pouvoir
central tel le parti de l’Istiqlal(PI) et ceux qui sont ennemis jurés comme l’Union
Socialistes des Forces Populaires(USFP).

Depuis son ascension au pouvoir le roi Mohamed VI ne cesse d’exprimer sa


volonté de consolider le rôle des partis politiques car ces derniers ont contribué à la
profanation de la vie politique marocaine et ont façonné une image négative dans
l’opinion publique ce qui a poussé le législateur a en consacré tout un article (article
7)4 dans la nouvelle constitution (la constitution de 2011). En plus du rôle des partis
politiques la dite constitution a fait références aux principes démocratiques comme
principes d’organisation et de fonctionnement de ces partis. En effet un parti qui ne
respecte pas les principes de la démocratie dans son organisation et dans sa fonction
de ses instances ne peut être qualifié de parti politique. Depuis les partis politiques
sont appelés à appliquer les valeurs démocratiques en leurs intérieurs. Ces principes
sont de six :

- La sélection des dirigeants du parti en recourant aux règles démocratiques


(élection libre et transparente)
- Le choix des candidats à la lumière des critères objectifs.
- La définition collective de la plate forme du parti.

Revue des mondes musulmans et de la méditerranée N°126 du Novembre 2009


4
-L’article 7¨Les partis politiques Œuvrent à l’encadrement et à la formation politique des citoyennes et citoyens,
à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Ils concourent à
l’expression de la volonté des électeurs et participent à l’exercice du pouvoir, sur la base du pluralisme et de
l’alternance par les moyens démocratiques, dans le cadre des institutions constitutionnelles. Leur constitution et
l’exercice de leurs activités sont libres, dans le respect de la Constitution et de la loi. Il ne peut y avoir de parti
unique.

Les partis politiques ne peuvent être fondés sur une base religieuse, linguistique, ethnique ou régionale, ou, d’une
manière générale, sur toute base discriminatoire ou contraire aux Droits de l’Homme. Ils ne peuvent avoir pour
but de porter atteinte à la religion musulmane, au régime monarchique, aux principes constitutionnels, aux
fondements démocratiques ou à l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Royaume. L’organisation et le
fonctionnement des partis politiques doivent être conformes aux principes démocratiques. Une loi organique
détermine, dans le cadre des principes énoncés au présent article, les règles relatives notamment à la constitution
et aux activités des partis politiques, aux critères d’octroi du soutien financier de l’Etat, ainsi qu’aux modalités de
contrôle de leur financement.
- La représentativité de tous les membres du parti.
- Le contrôle financier et la prise des mesures contre la corruption.
- Le respect des droits fondamentaux des membres5.

Un parti politique qui fonde son organisation et sa fonction sur ces principes et
ces valeurs est à la meilleure position pour représenter les citoyens et les citoyennes
et pour les intégrer dans la vie politique voire même dans le système politique.

Par là la nouvelle constitution de 2011 veille à ce que les partis politiques


marocains assurent ,lors de la formation et de l’encadrement des ses membres aussi
bien que les citoyennes et les citoyens ,un comportement de démocratie, de
rationalité et de transparence en réalisant une coupure avec le passé et ses
traditions afin de former une nouvelle élite capable de gérer la chose publique,
d’animer le champ politique, de réhabilité l’action partisane et de consolider une
modernisation institutionnelle. De ceci la balle est au camp des partis politiques tout
en s’interrogeant sur leur disposition à relever ce nouveau défi et être à la hauteur
de la nouvelle constitution. Les partis politiques marocains vont-ils remettre leur
pendule à l’heure du changement ?

1- Les partis politiques marocains : état des lieux ou crise de la vie


partisane.
Selon les observateurs et même les acteurs politiques la vie partisane au
Maroc traverse une crise exprimée concrètement par la régression des partis
politiques marocains. Car ces derniers(les partis politiques) ont quitté leur rôle de
mobilisation à la base, d’encadrement et de formation de nouveaux cadres, de
nouvelles élites –futurs militantes- pour assurer la continuité et prendre la relève et

5
-¨ l’organisation interne des partis politiques¨ Le manuel de formation pour la démocratie.
Institut national démocratique pour les affaires
Les affaires internationales. Avril 2003
ont abandonné la politique de proximité 6. Cette régression, confirmée par les partis
politiques eux-mêmes, est qualifiée de déroute, de dérapage et de déviation pour ne
pas dire une trahison.

Les élections législatives du 25 novembre 2011 législatives ont mis en relief


les indices de cette crise dont souffrent les partis politiques marocains. Ces élections
ont enregistré un taux de non participation, d’absentéisme, de 55 % soit un taux de
participation de 45% des marocains inscrits sur les listes électorales. C’est un taux
plausible qui ne résulte pas d’un manque d’opinion politique ou de dépolitisation de
la population mais c’est une critique si non une atteinte aux performances de travail
des partis politiques aussi bien que celui du gouvernement. Et d’une autre expression
tous ceux qui ont dit oui à l’absentéisme ont dit non aux partis politiques 7.Ce taux
d’absentéisme record reste la preuve du manque d’emprise sur la société. En effet
les partis politiques ont affirmé et ont exprimé d’une façon nette, lors des échéances
électorales, leur impuissance à séduire la masse électorale à cause de l’absence de
programme politique, de décision politique, de vision politique claire et par l’absence
de projet de société, en plus de ça le jeu politique dans la coutume des partis
politiques marocains n’est pas un jeu politique mais un jeu familial dans le sens qu’ils
ne défendent pas des programmes reflétant l’intérêt général mais ils défendent leurs
intérêts personnels et ceux de leurs familles 8. Ce qui a poussé un bon nombre de
militants et de responsables politiques à critiquer leurs directions en les accusant de
faiblesse et de mauvaise gestion et orientation. Dans ce cadre Mohamed EL GAHS a
affirmé que la perte des élections pour son parti l’union socialiste des forces
populaires n’est que la défaite de la direction et de la gestion de même pour
Mohamed LAHBABI qui incombe la responsabilité aux dirigeants du parti 9. Et
nombreux les membres du parti de l’Istiqlal (parti de l’indépendance) ont annoncé
leur intention de s’opposer à la réélection de Abbas EL FASSI comme nouveau
secrétaire général du part

6
Ali SEDJARI : ¨Al’ origine de la crise des partis (1)¨
La vie économique du 04 juillet 2004 rubrique débat et chroniques
7
Hassan ZOUAOUI : ¨ l’absentéisme et la crise des partis¨
Le soir week end du 2fevrier 2012
8
Mohamed SASSI : ¨la crise touche tous les partis¨ aujourd’hui le maroc N°485 du 3oct2003

9
Naoufal CHERKAOUI :¨la faible participation déclenche une crise de confiance au sein des partis
Marocains
Maghrebia du 1novembre 2011
Le taux de participation lors des élections législatives est conçu comme un
verdict à leur manque d’efficacité par le passé. Ce qui a mouillé les partis politiques
marocains dans une crise de crédibilité au vu des citoyens qui font preuve de la plus
grande indifférence et un désamour vis-à-vis de la politique et qui a déclenché une
crise de confiance entre les citoyens et les partis politiques. L’illustration de cette
indifférence te ce désamour et cette méfiance réside les chiffres avancés dans un
sondage effectué en décembre 2006 dans lequel les sondés ont déclaré leur
intention de s’abstenir (45%) et pour des raisons d’offre politique (12%).. et qu’aucun
parti politique ne répond à leurs aspirations en jugeant que les candidas ne
cherchent que leurs propres intérêts(25%)10

En effet les partis politiques ont montré leur incapacité de remplir leurs
fonctions traditionnelles de représentation, de mobilisation et d’encadrement. Ils ont
cessé d’agir en tant qu’intermédiaire au sein d’un système politique tout en creusant
un fossé enter eux et leurs bases à cause de la stratégie carriériste des dirigeants
selon Abdelali DOUMOU11.

Cette situation de crise qui marque l’action partisane au Maroc est due, d’une
proportion non négligeable, à l’organisation des partis politiques marocains qui
souffre d’un manque de démocratie interne souvent provoquée par les jeunes et les
femmes sui se voient exclus des instances dirigeantes. Par là ces derniers manifestent
leur révolte à l’encontre des ainés, des vieux accusés de conservatisme et de
réactionnisme et d’avoir avalisé des noms qui ne disposent ni de militantisme ni de
popularité au sein même de leurs fiefs électoraux. Ainsi la grande partie des
instances du parti est monopolisée par une élite vielle, traditionnelle, sans
changement et d’une sensibilité extrême à l’existence des courants opposés à
l’intérieur du parti. Une telle organisation trompée dans la bureaucratie, dans la
centralisation, dans l’absence totale de toute communication entrave le
renouvellement des structures du parti et empêche, par la suite, le renouvellement
et l’émergence d’une nouvelle élite politique et sa visibilité sur le devant de la scène
politique, qui peut injecter du sang neuf et un nouveau souffle à l’action partisane et
à la vie politique. Ace déficit s’ajoute les stratégies politiciennes de l’institution du
palais qui ne cesse, sous la pression des mutations sociales et culturelles, d’embellir

10
Larbi BELAMINE : ¨crise au sein des partis : la crise en berne¨
La gazette du Maroc N° 561 du 26 janvier 2008
11
Abdelali DOUMOU : ¨le printemps arabe, la gauche et la conduite des réformes¨
La vie économique du 18 mars 2011
l’échiquier politique par l’incitation à la création des partis politiques dits partis de
l’administration, ou parti pro- makhzen dans le but de minimiser le danger probable
des partis historiques à savoir le parti de l’Istiqlal(parti de l’indépendance) ou le partis
des forces populaires(USFP).

L’absence de la démocratie interne ne remet pas en cause seulement la


légitimité des partis politique mais aussi l’autorité politique car il n’y aura pas de
démocratie sans démocrates. Ce qui a poussé le chef d’Etat à maintes reprises
d’établir des diagnostics portant sur le système des partis politiques en les invitant
à agir le détachement grandissant entre les formations politiques et les citoyens 12. Le
chef d’Etat lors de son discours devant le parlement a démontré la déconnexion des
partis politiques marocains, toutes idéologies confondues, de la réalité sociale. il les
a incité à donner beaucoup de sens à l’action partisane par le biais de la démocratie
et de la transparence dans leurs gestions afin de mettre fin à certaines pratiques qui
nuisent l’action politique et la vide de son aspect noble. En termes d’organisation et
de gestion l’Etat procède à un projet loi relatif aux partis politique 13, imposant le
principe d’élection, de démocratie et de transparence, comme moyen de démocratie,
pour la désignation des candidats et candidates dans toutes les instances (locales,
régionales et nationales) du parti pour donner vocation à tous les membres à tous les
adhérents de participer effectivement dans la direction des différents organes.
Depuis le chef d’Etat souligne le lien entre l’impératif de développement, de
démocratisation et le renforcement des partis politiques.14

Les partis politiques marocains se trouvent entre l’enclume et le marteau


entre les protestations de leurs adhérents et les exigences de l’autorité politique.
Sont ils habiletés de se mettre en phase et en synergie avec les évolutions et les
mutations sociales, économiques et culturelles qui s’opèrent dans la société
marocaine et aux pays de la région ?

2-Deux congrès nationaux pour deux formations politiques : ou le


rendez-vous avec l’histoire ?
12
Mohamed SIHADDOU : ¨le sévère diagnostic du souverain sur le paysage politique marocain¨
Le matin du 23octobre 2005
13
Dahir N° 1-11-166 Kaada 1432( 22octobre)portant promulgation de la loi organique N° 29-11 relative aux partis
politiques
14
Hassan BENTALEB :¨le projet de loi sur les partis politiques au Maroc¨
Thése de master en sciences politiques université Mont pellier 2005
Vers la fin de l’année 2012 la vie politique marocaine a été marquée par
l’organisation de deux congrès nationaux de deux formations politiques les plus
emblématiques à savoir le parti de l’Istiqlal (l’indépendance) et l’Union Socialiste des
Forces populaires(USFP). Ces deux congrès se sont organisés dans un contexte
régional et national exceptionnel.

2. a- le contexte régional
A partir du mois de décembre 2012 le monde arabe a connu un
ensemble de contestations populaires d’ampleur et d’intensité variables.
Autant d’expression sont utilisées par les medias pour qualifier ces
contestations (¨printemps arabe¨ de ¨ révoltes arabes¨ du ¨réveil arabe¨ …)
qui ont lieu dans beaucoup de pays d’Afrique (Tunisie, Egypte, Lybie, Algérie et
Maroc) et de Moyen Orient15 (Yémen, Oman Jordanie, Bahreïn et Syrie) sans
porter les même formes, ni revêtir les mêmes intensités, ni produire les
mêmes effets même si presque tous les observateurs ont constaté des points
communs, des similitudes dans les causes de ces dites contestations et dans les
objectifs poursuivis par les manifestants ( la dignité, la liberté et un pouvoir
politique digne, respectable et loin de toute corruption, de tout favoritisme et
de tout clientélisme) . En effet ces contestations ont constitué, d’une façon
incontestable, un événement majeur de l’année 2011 et un moment décisif qui
a marqué un tournant dans l’histoire de toute la région arabo-musulmane 16.
15
Mari Oiry VARACCA : ¨le printemps arabe à l’épreuve des revendications amazighes au Maroc :
Analyse des enjeux territoriaux et politiques du discours sur l’identité¨
Espace politique N° 18 du Mars 2012
16
Francesco CAVATORTA : ¨le printemps arabe : le réveil de la société civile : aperçu général¨
Dossier MED 2012 ; Université de Dublin
*- les jeunes se sont trouvés au cœur de ces manifestations. Ils sont descendus dans les rues pour exprimer leur
mécontentement, leur haine à l’égard des régimes en place et de la pratique autoritaire et corrompue des dirigeants au
pouvoirs aussi bien que les leaders des partis politiques dont les visages vieux et consommés. Ces jeunes qui ne cessent
d’être considérés comme apolitiques agissaient en dehors de toute affiliation aux partis politiques traditionnels.
** les réseaux sociaux sont utilisés comme moyen de mobilisation permettant aux utilisateurs de partager l’information
et de la faire circuler , de discuter toutes sortes de sujets en toute liberté et loin de toute oppression.
***les premières mobilisations se sont concentrés sur les antennes locales de la centrale syndicale en Tunisie à savoir
l’union générale des travailleurs tunisiens(UGTT) pour revendiquer les inégalités sociales et économiques dont
souffrent les ouvriers et toutes les couches populaires sont liées étroitement à la libération des capitaux et à la doctrine
néolibérale.
Les dites manifestations se sont caractérisés par trois traits (le facteur
jeunesse*, l’utilisation de des espaces sociaux** et le renouveau du
syndicalisme***.
Les soulèvements que connaissent les pays du sud de la méditerranée et les
pays du Moyen orient ont remis en cause la façon de faire la politique et ont
sonné le glas de l’action politique menée par les partis politiques ce qui
incombe aux responsables de ces derniers de repenser le cadre de leurs entités
politiques à tous les niveaux : organisationnel, idéologique, fonctionnel.. Dans
le but de tenir en compte de nouvelles formes d’action, de structure et de
nouveaux acteurs.

2-b le contexte national : des contestations et une nouvelle


constitution.

2-b-1le mouvement 20 février

Suite à une répression des sit-in de solidarité avec les peuples tunisiens
et égyptiens en lutte pour la démocratie par les forces de l’ordre .Depuis
plusieurs jeunes se sont rassemblés et ont décidé la proposition d’un premier
appel , risque de rester à l’écart de la dynamique enclenchée dans la région, à
manifester pour la démocratie, l’égalité et la justice. Ils se sont donnés le 20
février comme jour de protestation et de revendication, d’où le nom du
mouvement (mouvement 20 février).Ainsi c’est un mouvement crée dans la
foulée des événements tunisiens et égyptiens et qui ont bien atteint le Maroc
et leur impact y’est réel17. Depuis le Maroc n’a pas été épargné de la vogue de
ces événements malgré ses apparences de relative paix sociale et consensus
politique.
Le mouvement 20 février a pu mobilisé plusieurs jeunes par le biais des
réseaux sociaux et les a incités à descendre dans les rues dans des marches et
des sit-in pacifiques pour porter critique à la corruption généralisée et
systématisée, aux corrompus, à l’inégalité sociale, à la pauvreté, au
chômage..Tout en revendiquant la dissolution du parlement, le départ du
gouvernement Abbas ELFASSI, le jugement de tous ceux qui sont impliqués

17
Beatrice HIBOU :¨le mouvement 20 février, le makhzen et l’antipolitique l’impensé des reformes au
Maroc¨CERI. Sciences po mai 2011
dans le pillage, la gabegie, la lapidation des deniers publics, la reconnaissance
de la langue amazighe comme langue officielle, une nouvelle constitution
démocratique garantissant une monarchie parlementaire. .

Le mouvement 20 février est marqué par une grande hétérogénéité


(regroupe la jeunesse du face book, la jeunesse des partis politiques, les
amazighs, les militants de l’association marocaine des droits humains, le
mouvement Mali, le mouvement Baraka….) et un dualisme structurel entre les
jeunes et les personnalités et les organisations qui les ont rejoints. C’est un
mouvement composé de jeunes sans affiliations politiques, n’affiche aucune
étiquette partisane et que l’appartenance se fait sur une base individuelle. Ce
mouvement qui a permis une organisation atypique sans hiérarchie ni
leadership s’est substitué aux partis politiques corrompus et dépolitisés 18 et
qui se sont ouvertement prononcés contre le mouvement (le cas du parti de
l’Istiqlal) ou ont souligné leur neutralité concernant le mouvement(le cas de
l’union socialiste des forces populaire). Avec le mouvement février composé de
jeunes on assiste à de nouveaux acteurs sur la scène politique marocaine ce
qui présente un défi aux partis politiques marocains. Ainsi ces derniers sont
censés accorder une très grande importance à cette couche sociale
considérée ,de par son poids démographique et sa dynamique, comme un
énorme potentiel et véritable levier de développement de la société, en les
intégrant dans les structures politiques dans le but de favoriser l’émergence
d’élites politiques et apporter du sang nouveau à la vie politique.

2-b-2 une nouvelle constitution.

A l’encontre des partis politiques marocain le souverain a bien saisi le


message et a régit rapidement en annonçant le 9mars dans un discours
adressé à la nation préconisant un vaste programme de réformes entre autre
une révision de la constitution. Dans ce cadre le souverain a annoncé la
création d’une commission technique composée de plusieurs personnalités du
monde universitaire, de la vie politique et associative dont Abdellatif EL
MENNOUNI est à sa tête, sans faire appel à des commissions secrètes ou des

18
Leila MERNISSI :¨le mouvement 20 février vers une seconde indépendance¨
Revue Avirroes N° 4-5 spécial printemps arabe 2011
experts étrangers. C’est une première dans l’histoire constitutionnelle
marocaine. A vrai dire c’est un produit marocain. Cette attitude de par le
souverain constitue une réponse aux manifestants et par là même les
légitimant en partie.
Le contexte régional et national nécessite des partis politiques forts qui
peuvent réhabiliter l’action partisane et assainir le champ politique et mettre
fin à la balkanisation de l’échiquier politique qui rend flou les perceptions des
citoyennes et impossible de former une majorité cohérente et forte. Ainsi les
partis politiques sont au rendez-vous avec l’histoire : le changement ou
l’éclipse si non la disparition.

3-le 16 eme congrès de l’Istiqlal: une rupture avec la culture


consensuelle.

Le parti de l’Istiqlal (P.I) reste le premier parti politique marocain,


crée19officiellement le 11janvier 1944, le jour de la présentation du manifeste
de l’indépendance et de la démocratie. C’est un parti à vocation nationaliste,
monarchiste.
Le parti de l’Istiqlal est resté un parti de famille ; c’est pour cela qu’il n’a
pas connu de scission depuis 1959. Il n’a jamais tenu d’élection pour désigner
son dirigeant. Ainsi il ne jouit pas d’une culture démocratique et depuis sa
création le candidat unique, sans rival, était toujours la règle unique, et que la
question d’élire un secrétaire général n’a jamais été posée, plus pire que çà le
poste de secrétaire général n’existait même pas. Tous les dirigeants du parti au
travers de son histoire ont été choisis par voix consensuelle 20. Après plusieurs
années de consensus et de culture de compromis le parti de l’Istiqlal(P.I) se
voit ,lors de son seizième congrès (16eme),tenu le 29 et le premier juillet 2012,
incapable de trouver de consensus autour du futur leader. Après la renonce
des jeunes prétendant comme Adil DIOURI(1963), Abdelkabir ZAHOUD(1961)
et Taoufiq HJIRA (1959) à leurs candidatures et se sont abstenus par ¨discipline

19
-Le parti de l’Istiqlal est crée le 10décembre 1943 par Ahmed BALAFREJ(1908-1990).il fut le premier secrétaire général
pour une période de 17 ans(1943-1960), succédant de Allal ELFASSI(1910-1974) qui à pris le titre de ¨ZAIM¨pour une
durée de 14 ans(1960-1974) ,puis M’hamed BOUCETTA(1925) fondateur du parti et son secrétaire général pendant 28
ans(1974-1998)et son quatrième secrétaire fut Abbas ELFASSI(1940) de 1998jusqu’au eiziéième congrés2012 qui a
couronné Hamid CHabat (1953).
20
- Tahar ABOU EL FARAH :¨ comment l’Istiqlal élit son secrétaire général¨
La vie économique N° 274 du 19-juin 2O12.
partisane¨ de se mesurer au fils du fondateur 21, chef spirituel de tous les
istiqlaliens et les istiqlaliennes . Jusque là Abdelwahed ELFASSI (1949) demeure
l’unique candidat postulant pour le poste de secrétaire général du parti sans
concurrent d’où l’incapacité du parti de produire un autre candidat hors la
famille ELFASSI.
Les temps ont changé et le Maroc a connu des changements depuis
2011 d’où la politique des compromis est désormais conçue caduc. Ainsi le
parti de l’Istiqlal n’est plus en 1998 où Abbas ELFASSI est élu suite à un
compromis, il n’est même plus en 2009 quand Mohamed ELKHAILIFA s’est
retiré à la dernière minute au profit du secrétaire sortant. Les militants du parti
veulent le changement au niveau des instances décisionnelles et revendiquent
l’élection du secrétaire général comme l’article 57 du statut du parti stipule. De
même que Hamid CHABAT a manifesté son intention de présenter sa
candidature au poste du secrétaire général du parti de l’Istiqlal en déclarant
que l’ère que vit le Maroc est une ère de démocratie et la politique du
consensus ne servira en rien les intérêts du partis 22. Il s’agit pour lui de mettre
fin au règne de la famille ELFASSI. Il s’est vu porté sur les épaules des siens
sillonné la salle qui a abrité le congrès en scandant les slogans¨ non au parti de
la famille, non à l’hérédité, le peuple veut le changement¨ 23 . Malgré la
tentative de Mohamed ELKHALIFA,et la réunion du comité exécutif de parvenir
à un consensus et d’endiguer Hamid CHABAT. Ce dernier s’attache à sa
candidature. Depuis le seizième congrès du parti de l’Istiqlal a opposé deux
candidats au poste du secrétaire général et par la suite a opposé deux camps à
savoir le camp de Abdelwahed ELFASSI comme le défenseur du patrimoine de
la famille ELFASSI , doté d’une légitimité familaile et historique et le camp de
Hamid CHABAT le syndicaliste. Ces deux candidats présentent des profils
différents : Abdelwahad ELFASSI24 : un véritable gentleman, cardiologue de
carrière, ancien ministre de la santé, respecté et qui jouit d’une grande estime
au sein du parti. C’est un homme de valeurs, homme de consensus. Il manque

21
- Tahar ABOUELFARAH : article cité.
22
- Gihane GATTIOUI :¨congrès de l’Istiqlal : le poste de chef de file convoité par le camp de Hamid
CHABAT¨le matin du 25 juin 2012
23
-Mohamed BOUDARHAM :¨Istiqlal : le combat des chefs¨
La revue Telquel du 18 juillet 2012
24
- Abdelouahed El Fassi est un cardiologue et homme politique marocain né le 31 octobre 1949 à Tanger1. Il a été
ministre de la Santé dans le gouvernement el-Youssoufi I de 1998 à 20002. Il est actuellement membre du bureau
exécutif du Parti de l'Istiqlal.
de punch (énergie), de présence et de charisme, tandisque Hamid CHABAT
25
homme de terrain, tribun, né au penchant populiste, dispose d’appui un peu
partout. Il a les sympathisants dans toutes les instances du parti et les
organisations parallèles. H CHABAT le type que rien ne peut le freiner, le type
qui n’a pas froid aux yeux même s’il annonce les mensonges, rien ne l’intimide
et aucune partie ne trouve grâce à ses yeux : il a traité Mehdi BENBARKA en
sanguinaire26 et il a considère Fès comme ville sacrée au titre qu’al qods ou la
Mecque.
La candidature inattendue de Hamid CHABAT a permis au parti de l’Istiqlal de
vivre une confrontation entre deux camps et un exercice inédit de démocratie
interne. Au terme d’un vote démocratique, garanti contre toutes fraudes et
toutes manipulations des électeurs, Hamid CHABAT a été élu, avec 478
suffrages contre 458 contre son rival Abdelwahed ELFASSI, à la tête du parti. En
effet H. CHABAT s’est imposé par les urnes dans une vieille formation politique
habituée aux successions consensuelles et aux Zaims issus des grandes familles
et des notables. Il représente la nouvelle génération issue des couches
populaires, une génération qui a mis terme à une époque ou les postes
s’héritaient. C’est une vraie révolution au sein du parti de l’Istiqlal. La
désignation de H. CHABAT a suscité beaucoup de réaction de la part de ses
médisants. Dans ce cadre on assiste à l’expression de plusieurs membres du
comité central du parti de retirer leur candidature à l’élection du comité
exécutif et la création, à l’initiative de deux cents membres de la commission
centrale, d’un courant ¨sans répit pour la défense des constantes du parti de
l’Istiqlal. Par ces réactions la légitimité du nouveau chef est contestée par le
camp adversaire qui a mis le doigt sur plusieurs décisions influerons le parti et
ses structures (la désignation des coordonateurs régionaux, la date de la
session du conseil national le mémorandum adressé au chef du
gouvernement..)27Cette contestation va se traduire par une action référée en

25
- Né en 1953 dans un petit patelin connu sous le nom de Braness de la région de Taza, issu d’une famille modeste
d’un pére membre du parti de l’Istiqlal ancien résistant au sein de l’armée de libération. Après l’obtention d’un diplôme
de technicien spécialisé il a commencé sa carriére professionnelle dans la société des industries mécanique et
éléctriques de Fes(SIMEF) d’où vient le qualifiant de cycliste que l’opinion publique colle à cette personne. Il est député
et maire de Fés .
26
-Driss BENNANI : ¨profil : le fabuleux destin de Hamid CHABAT¨
Revue telquel du 11octobre 2012

27
- Amine HARMACH :¨ Les détracteurs de Hamid Chabat se mobilisent¨
justice que le tribunal de première instance a rejeté. Cette cacophonie n’a
même pas attiré l’attention de H. CHABAT qui a déclaré que des mains
invisibles l’ont emporté à la tête du parti. Qui a intérêt à mettre H. CHABAT le
simple ouvrier dépourvu de toute formation académique et politique? Sans
savourer le gout de sa victoire il entraine des réunions partisanes et des
rencontres avec la presse afin de marquer son territoire et de forger sa propre
image. Désormais H.CHABAT est devenu une icône incontournable de
l’échiquier politique.

4-Le 9eme congrès de l’Union socialiste des forces populaires ou la


fin des figures historiques.

L’Union Socialiste des Forces Populaires est un parti marocain crée en


1975 suite à une scission avec l’union nationale des forces populaires 28 à cause
d’un différend avec la commission administrative sur ¨l’assemblée constituante
et son mode d’élection. C’est un parti qui se réclamait les idées de la gauche
dont il a payé lourd en termes de martyres, d’exils forcés, de tortures,
d’emprisonnement et de condamnations à mort. La scission avec l’union
nationale des forces populaire était une occasion pour les fondateurs de l’USFP
d’introduire un changement radical portant sur la ligne politique du parti sous
la dénomination du ¨choix démocratique¨ tout en quittant l’option
révolutionnaire et le recours à la lutte violente. C’est un choix qui relève de la
sociale démocratie cherchant à utiliser les élections comme le seul moyen pour
accéder ou conquérir le pouvoir avec l’intention d’introduire des reformes
politiques et constitutionnelles. Depuis le parti des forces populaires a accepté
la démocratie pluraliste29et a participé à toutes les élections organisées dés
1976. Le dit parti s’est engagé dans une nouvelle piste celle de gérer la chose

Aujourd’hui le Maroc N° 2841 du 4 janvier 2013

28
- 1975 la tenue du congrès extraordinaire du parti à l’initiative de Abderrahim BOUABID, Abderrahmane
ALYOUSSOUFI et Mohamed EL YAZGHI. Lors de ce congrès A. BOUABID est élu premier secrétaire du parti (1975-1992).
29
La démocratie pluraliste est conçue comme un système politique ou la Constitution doit garantir les libertés
fondamentales (liberté de penser, garanties contre l'arbitraire, liberté de la presse, liberté de réunion, etc.), la
séparation des pouvoirs (exécutif et législatif, principalement), le suffrage universel, l'organisation d'élections libres et
régulières et le multipartisme. Des procédures de révision constitutionnelle doivent également y être prévues ainsi que
le contrôle de la constitutionnalité des lois et celui des consultations électorales.-(Larousse)
publique. La participation au gouvernement d’alternance (1998) et la décision
de rester au gouvernement de 2002(sous la présidence du technocrate Driss
JETTOU) et de 2007(sous la direction de Abbas ELFASSI secrétaire général du
parti de l’Istiqlal) avaient des répercussions néfastes sur le parti des forces
populaires. Cette expérience a altéré l’image du parti et a démunie sa
crédibilité aux vues des militants et des citoyens d’une part et d’autre part a
déclenché une crise concernant son identité idéologique, son organisation et
sa gestion. Cette situation s’est traduite par les résultats recueillis par le parti
lors des élections législatives. Il s’est contenté de la cinquième place à
l’élection législative anticipée du 25 novembre 2011. Le rapport présenté au
conseil national le 11janvier 2011 a considéré que ces résultats sont une
résultante due à une crise du parti. Une crise qui touche aux choix socialistes
du parti, sa ligne politique, sa vie organisationnelle et ses méthodes de gestion
d’où la nécessité de repenser le cadre organisationnel, idéologique et
gestionnaire du parti. Ainsi le parti de l’union socialiste des forces populaires
est censé procédé à une cure radicale et globale pour refaire son image, faire
peau neuve et devenir un parti démocratique et moderne. Pour être en
mesure de la refonte du parti et de sa cristallisation, les socialistes sont
appelés à bien exploiter l’occasion du neuvième congrès. Ce dernier constitue
une étape décisive dans l’histoire et le devenir du parti. Le 14,15 et 16
décembre est la date de l’organisation du neuvième congrès sous le slogan
¨ensemble pour la construction du Maroc de la démocratie et de la
modernité¨. La date et le slogan sont soigneusement choisis. Car la date
coïncide plus ou moins avec les préparatifs de l’assassinat d’Omar
30
BENJELLOUNE et le slogan met le parti, désormais, dans une logique
d’opposition en rompant avec tous ceux qui ne sont pas modernes (passéistes)
et qui ns sont pas démocratiques (anti démocratiques)*.

Le conseil national du parti a décidé que les candidats en lice doivent


mener des réunions, organiser des débats avec les militants et les
sympathisants autour des questions précises portant sur la vie du parti. C’est
30
Omar BENJELLOUNE(1936-1975) : Fondateur , animateur et idéologue du parti de l’union socialiste des forces
populaires assassiné le 18 décémbre1975 à Casa Blanca par la chabiba islamiya(la jeunesse islamique ) fondée entre
1969-1970 par Abdelkrim MOUTII.
 La présence de Abdelilah BENKIRANE a été accueilli par les congressistes en scandant le slogan qui incombe
lrésponsabilité de l’assassinat de Omar BENJELLOUNE aux islamistes ¨criminels,criminels, les assassins de
BENJELLOUN¨
une première qui a pour but, d’abord, de rendre la chose partisane une chose
publique, ensuite de moderniser l’action politique et enfin pour que les
militants choisissent le premier secrétaire rationnellement. Une autre mesure
prise par le dit conseil est ce que le nombre des congressistes est
proportionnel aux voix recueillies lors des élections législatives. Par ces deux
décisions l’odeur de la démocratie se sente. Le congrès a approuvé les
amendements contenus dans le document organisationnel du parti, adopté le
4 novembre 2012 par le conseil national du parti concernant le mode de
l'élection du premier secrétaire qui se déroulera, désormais, en deux tours.

Avant les travaux du congrès, quatre candidats, El Habib El Malki 31,


Fathallah Oualalou32, Ahmed Zaidi33 et Driss Lachgar34, sont en lice pour le
poste de premier secrétaire, après le retrait de la candidature de Mohamed
Talbi après sa participation à l’émission organisée par 2M.
Le premier constat qui peut se faire à la lumière de la liste des
candidats c’est le recul des vieux routiers à savoir Abdelwahad RADI(1935) et
Mohamed ELYAZGHI(1935) qui ont choisi de rester à distance de chacun des
candidats. Le deuxième constat c’est que les candidats en lice pour le poste du
premier secrétaire du parti appartiennent à deux différentes générations : la
vielle garde qui regroupe hbib ELMALKI et Fathallah OUALALOU et la
31
-Hbib EL MALKI natif de boujaad(1946),professeur universitaire et homme politique, député de sa ville depuis 1993.
En 1991 il est élu secrétaire général du conseil national de la jeunesse et de l’avenir (CNJA), nommé ministre de
l’agriculture, du développement rural et de la pêche dans le gouvernement ELYOUSSOUFFI, ministre de l’éducation en
2002. Il représente le Maroc auprès de plusieurs instances internationales telle: l’OCDE, l’OMS, l’FIDA
32
- fathallah OUALALOU : natif de rabat(1942) , professeur universitaire, homme politique, syndicaliste. Elu président de
l’association des économistes marocains dont il est parmi les fondateurs. Il a participé à la création de l’USFP en 1975.
Député de sa ville. Nommé ministre de l’Economie et des Finances dans le gouvernement EL YOUSSOUFI, puis dans le
gouvernement JETTOU. Elu à l’unanimité président du réseau pour le développement en Afrique. Elu maire de la ville
de rabat en 2009.
33
-Ahmed ZAIDI :natif de bouznika (1953) a fait l’essentiel de sa carrière personnelle autant que présentateur du journal
télévisé. A cause des grève à l’université il a quitté le Maroc vers l’Algérie pour poursuivre ses études universitaires.
Après deux années d’étude à l’université de droit à Oran, il a regagné le Maroc en 973. En 1985 il a déposé sa démission
à cause de la tutelle absolue de Driss BASRI sur le département de l’information. Il s’est réinscrit en droit. Après
l’obtention de sa licence ,il s’est rendu en France pour un long stage au centre de formation des journalistes. Député au
nom de l’USFP et président de la commune de Bouznika.
34
-Driss LACHGAR : natif de rabat(1954) avocat et homme politique. En 1970 il adhère l’union nationale des forces
populaires(UNFP). Il assume le poste de responsable de la jeunesse socialiste juste après la fondation de l’union
socialiste des forces populaires(USFP) en 1975. Il milite au sein de l’Union Nationale des étudiants marocains(UNEM).
Membre du bureau politique du parti socialiste en 2001( 6eme congrès). Député en 1993 sous la bannière de l’USFP.
Conseillé municipaldans la circonscription Rabat-Souissi. Il est nommé ministre cgargé des realtions avec le parlement
dans le gouvernement de Abbas ELFASSI.
génération de l’indépendance présentée par les deux autres candidats : Driss
LACHGAR et Ahmed ZAIDI.les premiers ont forgé leurs image par leurs
militantismes au sein du parti tandisque les deux derniers ont façonné leur
image au travers l’action parlementaire.
Avant le commencement des travaux du neuvième congrès les quatre
candidats ont entamé leur compagne électorale pour présenter leurs
programmes, leurs visions concernant le 9eme congrès 35. Tous les candidats
ont mis l’accent sur la crise que traverse le parti tout en incombant la
responsabilité aux dirigeants qui prennent les décisions individuellement sans
la concertation des instances compétentes (par exemple : Mohamed EL
YAZGHI a exclu le bureau politique lors de la formation du gouvernement
Abbas ELFASSI). Ils ont tous conclu que, suite à un manque de démocratie
interne le parti a participé au gouvernement JETTO, malgré le critique porté à
la méthodologie démocratique. C’est un paradoxe politique selon l’expression
de Habib ELMALKI. Ils attesté que le 9 eme congrès constitue une étape
décisive dans la vie politique du parti. Leurs feuilles de routes insistent sur la
redynamisation du parti, lui donner une nouvelle vision mobilisatrice afin qu’il
trouve sa place naturelle dans l’échiquier politique et participe activement à
l’animation de l’action partisane et politique.
Le vendredi 14 décembre 2012 ,au centre d’accueil de la jeunesse et
des sports de Bouznika, le 9eme congrès du parti des forces populaire démarre
et les travaux ont commencé.
Les élections du premier tour ont emporté Driss LACHGAR et Ahmed ZAIDI au
second tour de l’élection du premier secrétaire du parti. D. LACHGAR est arrivé
en tête avec 543 alors que A. ZAIDI a recueilli 443. Les deux autres candidats
F.OUALALOU et H. ELAMLKI ont quitté la compétition après avoir récolté
respectivement 345 et 255 voix. Ce premier tour dénote un grand changement
qui est entrain de s’opérer au sein de l’un des grands partis politiques au
Maroc. Car l’élimination de H. ELMALKI et de F.OUALAOU , figures de
l’ancienne génération et parmi les rapprochés du fondateur Abderrahim
BOUABID(1922-1992) est très significative. Est-ce la fin dune génération qui a
tout brulé lors du gouvernement de l’alternance consensuelle ? Le deuxième
tour a mis D.LACHGAR à la téte du parti de la rose . Malgré la déception de
quelques(le trio Ali BOUABID, Larbi AJOUL et Mohamed ALACHAARI) uns et le

35
- deux débats ont été organisés un par radio plus et un autre par 2M .
dénigrement des résultats par d’autres ( Ahmed ZAIDI) les socialistes
semblent accepter le verdict des urnes comme moyen démocratique.

5-Le champ politique entre deux formations politiques

L’année 2012 a connu un tournant dans la vie de deux formations


politiques traditionnelles à savoir le parti de l’Istiqlal(P.I) et le parti de l’union
socialiste des forces populaires(USFP). Ces deux formations sont sorties d’une
étape inédite et décisive de leurs histoires après un vrai exercice de
démocratie interne. En renouvelant leurs directions ces formations ont bien
compris, désormais, que les urnes sont et devront être la seule et unique
source de légitimité pour les dirigeants, en d’autre terme elles sont le seul
moyen de légitimation politique, de la méthodologie démocratique et la clé
d’exercer le pouvoir. En effet l’élection de Hamid CHABAT et de Driss LACHGAR
découle de la même logique. Ils ont été portés par les urnes malgré les voix qui
se sont soulevées pour contester les résultats des urnes dans chacun des deux
partis politiques. C’est une ouverture sur une nouvelle génération de militants
qui jouit d’une facilité de contact avec leur entourage. En effet l’arrivée de
H.CHABAT à la téte du parti de l’Istiqlal et l’élection de Driss LACHGAR pour le
poste du premier secrétaire de l’union socialiste des forces populaires ne
résident pas dans leurs compétences académiques ou intellectuelles ni dans
leurs discours politique fort ni dans leurs visions idéologiques claires ni dans
leurs projets de société mais dans leurs relations fortes avec la base. C’est un
nouveau type de militantisme appelé ¨militantisme de proximité¨ qui a mis fin
à la tradition consensuelle et à la culture des compromis.
Les deux partis ont répondu aux exigences de la réalité politique
nationale te régionales, aux dispositions de la constitution et aux textes de loi
relatifs aux parti politiques en favorisant une alternance à la gestion de la
chose partisane par l’avènement de nouveaux visages. Est-ce suffisant pour
affirmer le changement des dits partis politiques ? La tache ne réside pas dans
le changement des visages mais dans l’introduction des changements au
niveau idéologique, organisationnel et gestionnaire.

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