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Mme Huang Mathématiques ECG 1

Logique et démonstration

Objectif
 Apprendre la logique mathématique afin de mener des raisonnements de manière rigoureuse
 Mener une démonstration de façon rigoureuse

Définition 1.
Une proposition est une phrase soit vraie (V), soit fausse (F), mais jamais les deux en même temps.

Exemple.
? VRAI FAUX

? VRAI FAUX

Remarque. Une proposition peut dépendre d’une (ou de plusieurs) variable(s).

1 Les opérateurs logiques


À partir de propositions données, on peut construire de nouvelles propositions à l’aide de connecteurs logiques.
La valeur (V ou F) de ces nouvelles propositions dépend alors de celles des propositions données, et on la
détermine dans une table de vérité.
1.1 La négation “non”

Définition 2.
La proposition “non P ” est vraie quand P est fausse. P non P

Exemple. V
? non(N ⊂ Z) VRAI FAUX
F
? non(2 < 1) VRAI FAUX
1.2 La conjonction “et”

Définition 3. P Q P et Q
La proposition “P et Q” est vraie quand les deux propositions sont vraies. V V

V F
Exemple.
? N ⊂ Z et 2 ≥ 1 VRAI FAUX F V

? N ⊂ Z et 2 < 1 VRAI FAUX F F


1.3 La disjonction “ou”

Définition 4. P Q P ou Q
La proposition “P ou Q” est fausse quand les deux propositions sont V V
fausses.
V F
Exemple.
? N ⊂ Z ou 2 < 1 VRAI FAUX F V

? Z ⊂ N ou 2 < 1 VRAI FAUX F F

Le “ou” inclusif et le “ou” exclusif


Dans le langage courant, lorsque l’on dit “fromage ou dessert”, c’est soit l’un soit l’autre mais pas les
deux. C’est un “ou” exclusif. Alors que, dans le formalisme mathématique, le “ou” est inclusif. On
pourrait prendre du fromage et du dessert !
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1.4 L’implication
Définition 5.
P Q P ⇒Q
La proposition “P ⇒ Q” est fausse quand P est vraie et Q est fausse.
V V
Exemple.
? Soit ABCD un quadrilatère. V F

ABCD est un carré ⇒ ABCD est un parallélogramme VRAI FAUX F V

? Soit x un réel. F F
x2 ≥ 1 ⇒ x ≥ 1 VRAI FAUX
Remarque. La proposition “P ⇒ Q” peut se lire :
◦ P implique Q,
◦ si P est vraie alors Q est vraie,
◦ si P alors Q.
◦ pour que P soit vrai, il faut que Q soit vrai ;
◦ une condition nécessaire pour que P soit vrai est que Q soit vrai ;
◦ pour que Q soit vrai, il suffit que P soit vrai ;
◦ une condition suffisante pour que Q soit vrai est que P soit vrai.
On dira alors que P est une condition suffisante pour Q et que Q est une condition nécessaire pour P .

Même si la proposition P ⇒ Q est vraie, rien n’indique que P soit vraie, ni Q d’ailleurs !
Par exemple : (R ⊂ Z) ⇒ (Q ⊂ Z)

Définition 6.
La réciproque de l’implication P ⇒ Q est la proposition Q ⇒ P .
La contraposée de l’implication P ⇒ Q est la proposition non(Q) ⇒ non(P ).

Exemple. Soit ABCD un quadrilatère. On considère la proposition :


ABCD est un carré ⇒ ABCD est un parallélogramme.
Sa réciproque est : VRAI FAUX
Sa contraposée est : VRAI FAUX

P Q non(Q) ⇒ non(P )
Il ne faut pas confondre réciproque et contraposée.
V V
Proposition 7.
V F
Une implication et sa contraposée ont la même table de vérité.
F V

F F

1.5 L’équivalence
Définition 8.
La proposition “P ⇔ Q” est vraie quand P et Q sont toutes les deux vraies ou P Q P ⇔Q
toutes les deux fausses.
V V
Exemple.
V F
? Soit ABCD un quadrilatère.
F V
ABCD est un carré ⇔ ABCD est un parallélogramme VRAI FAUX

? Soit x un réel. F F

x2 ≥ 1 ⇔ x ≥ 1 ou x ≤ −1 VRAI FAUX
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Remarque. La proposition “P ⇔ Q” peut se lire “P équivaut Q”, ou “P est vraie si et seulement si Q
est vraie”, ou encore “P si et seulement si Q”.

Même si la proposition P ⇔ Q est vraie, rien n’indique que P et Q soient vraies !


Par exemple : 2 < 1 ⇔ 3 < 2

Proposition 9. Soit P et Q deux propositions.


Deux propositions, dont la valeur de vérité dépend de P et Q, qui ont la même table de vérité sont
équivalentes.

Exemple. Une implication et sa contraposée sont équivalentes.


Proposition 10. Soit P , Q et R trois propositions. On a :
1. (P ⇒ Q) ⇔ ((non P ) ou Q) 4. ((P ou Q) ou R) ⇔ (P ou (Q ou R))
2. (P ⇔ Q) ⇔ ((P ⇒ Q) et (Q ⇒ P )) (associativité de “ou”)
3. ((P ⇔ Q) et (Q ⇔ R)) ⇒ (P ⇔ R) 5. ((P ou Q) et R) ⇔ ((P et R) ou (Q et R))
(transitivité de ⇔) (distributivité de “et” sur “ou”)

Une équivalence est une double implication.

1.6 Nier une proposition


Proposition 11. Soit P et Q deux propositions. On a :
? (non (non P )) ⇔ P
? (non (∀ x ∈ E, P (x))) ⇔ ( . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . )
? (non (P et Q)) ⇔ ((non P ) ou (non Q))
? (non (∃ x ∈ E, P (x))) ⇔ ( . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . )
? (non (P ou Q)) ⇔ ((non P ) et (non Q))

La négation de P ⇒ Q est . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2 Démonstration
2.1 Directe
Rédaction
Pour démontrer la proposition “P et Q”, on écrit :
1. Montrons : P . + démonstration
2. Et montrons : Q. + démonstration
3. Donc : P et Q.

2
Exemple. Montrer que : −1 ∈
/ N et − ∈ Q.
5

Rédaction
Pour démontrer la proposition “P ou Q”, on écrit :
1. Supposons : (non P ).
2. Montrons : Q. + démonstration
3. Donc : P ou Q.

Exemple. Montrer que : ∀ n ∈ Z, (∃ m ∈ N, m ≤ n) ou (∃ m0 ∈ N, m0 ≤ −n).

Rédaction
La démonstration de l’assertion “∀x ∈ E, P (x)” commence obligatoirement par “Soit x ∈ E.”
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Rédaction
Pour démontrer la proposition“∃ x ∈ E, P (x)”, on peut exhiber un exemple d’élément x ∈ E tel que
P (x) est vraie.

Rédaction
Pour démontrer la proposition “P ⇒ Q”, on écrit :
1. Supposons : P .
2. Montrons : Q. + démonstration
3. Donc : P ⇒ Q.

Exemple. Montrer que : ∀ x ∈ R, x ≥ −1 ⇒ (x + 3)2 ≥ 1.

Rédaction Double implication


Pour démontrer la proposition “P ⇔ Q” par double implication, on écrit :
1. Montrons : P ⇒ Q. + démonstration
2. Réciproquement, montrons : Q ⇒ P . + démonstration
3. Donc : P ⇔ Q.

Exemple. Montrer que : ∀ x, y ∈ R, x2 + y 2 = 0 ⇔ x = y = 0.

Rédaction Succession d’équivalences


Pour démontrer la proposition “P ⇔ Q” par une succession d’équivalences, on écrit :
1. On a : P ⇔ P1 ⇔ P2 ⇔ . . . ⇔ Q.
2. Donc : P ⇔ Q.

−x + 3
Exemple. Montrer que : ∀ x ∈ R, x ≥ −1 ⇔ ≤ 2.
2
2.2 Par disjonction des cas
Exercice. Soit P, Q, R trois propositions. Montrer que : (P ou Q) ⇒ [((P ⇒ R) et (Q ⇒ R)) ⇔ R].

Rédaction
Si (P ou Q) est vraie alors on peut démontrer la proposition R par disjonction des cas. On écrit :
1. On a : (P ou Q).
2. Supposons : P . Montrons : R. + démonstration
3. Supposons : Q. Montrons : R. + démonstration
4. Donc, par disjonction des cas, on a : R.

n(n + 1)
Exemple. Montrer que : ∀n ∈ N, ∈ N.
2

Une définition est une équivalence, on peut donc utiliser les deux implications !

2.3 Par contre-exemple


Pour montrer que la proposition “∀ x ∈ E, P (x)” est fausse, on peut montrer que sa négation
“∃ x ∈ E, non P (x)” est vraie. Il s’agit donc d’exhiber un contre-exemple x ∈ E à la proposition P (x).

Exemple. Montrer que la proposition “Tout nombre pair est un multiple de 4” est fausse.
2.4 Par contraposée
Exercice. Soit P et Q deux propositions. Montrer que : ((non Q) ⇒ (non P )) ⇔ (P ⇒ Q).
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Rédaction
Pour démontrer la proposition “P ⇒ Q” par contraposée, on écrit :
1. Montrons : (non Q) ⇒ (non P ). + démonstration
2. Par contraposée, on a : P ⇒ Q.

Exemple. Soit n, n0 ∈ N∗ . Montrer que : nn0 = 1 ⇒ n = 1 et n0 = 1.

Il ne faut pas confondre la contraposée “(non Q) ⇒ (non P )” et la réciproque “Q ⇒ P ”. La première


est une assertion équivalente à “P ⇒ Q” alors que la seconde ne l’est pas !

2.5 Par l’absurde


Exercice. Soit P une proposition. Montrer que : ((non P ) ⇒ F aux) ⇔ P .

Rédaction
Pour montrer la proposition P par l’absurde, on écrit :
1. Supposons par l’absurde : non P . + raisonnement
2. Nous aboutissons à une contradiction.
3. Donc : P .

Exemple (Principe des tiroirs). On doit ranger n + 1 paires de chaussettes dans n tiroirs. Montrer qu’il y a
au moins un tiroir qui contient au moins deux paires de chaussettes.

Le raisonnement par l’absurde sert souvent à démontrer des assertions de la forme “il y a une infinité. . . ”,
ou encore “il existe un unique. . . ”.
2.6 Par récurrence
Pour démontrer une proposition de la forme “∀n ∈ N, P (n)”, on peut faire un raisonnement par récurrence.

Rédaction
Pour montrer la proposition “∀n ∈ N, P (n)” par récurrence, on écrit :
1. Montrons par récurrence sur n ∈ N : P (n).
2. (Initialisation) Montrons : P (0). + démonstration
3. (Hérédité)
4. (Conclusion) Donc : ∀n ∈ N, P (n).

Exemple. Montrer que, pour tout entier naturel n, 7n+1 + 2 est un multiple de 3.
Remarque. Si l’assertion est de la forme “∀n ∈ N, n ≥ n0 , P (n)”, l’étape d’initialisation consiste à montrer
que P (n0 ) est vraie et l’étape d’hérédité à montrer que “∀n ≥ n0 , P (n) ⇒ P (n + 1)”.

Autres récurrences
Il existe deux autres types de récurrence :
? Récurrence double : on démontre l’initialisation “P (0) et P (1)”, puis l’hérédité
“P (n) et P (n + 1) ⇒ P (n + 2)”
? Récurrence forte : on démontre l’hérédité “(∀k ≤ n, P (k)) ⇒ P (n + 1)”

2.7 Par analyse et synthèse


Pour déterminer les éléments d’un ensemble E qui vérifient une proposition P , on peut raisonner par analyse
et synthèse.
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Rédaction
1. Analyse On cherche à réduire les possibilités.
On écrit “Soit x ∈ E tel que P (x).” + raisonnement par implications
2. Synthèse On teste chacune des possibilités restantes et on élimine celles qui ne conviennent pas.
On écrit “Pour x = . . ., vérifions que x ∈ E et que P (x).” + démonstration


Exemple. Résoudre l’équation x = x + 6 dans [0; +∞[.

2.8 En pratique ?
Une preuve (ou une réponse) c’est comme un immeuble, avant de la créer il faut d’abord élaborer un plan !
Ensuite on crée la structure et on complète ! Ça n’est pas un procédé linéaire du sous-sol au dernier étage que
l’on improvise au fur et à mesure.

Étapes pour construire une preuve (ou une réponse) :


1. Qu’est-ce que vous voulez prouver ? (première et dernière phrases)
2. Qu’est-ce que prouver cela signifie ?
Que dois-je faire pour y arriver ?
Quel est le lien entre ces choses ?
Puis-je passer par une étape intermédiaire ?
3. Comment est-ce que je fais (en pratique) ? Quelle style de preuve ?
4. Faites-le !

Avoir des réflexes


1. Quelle type de démonstration je fais ?
2. Si je dois montrer “∀x ∈ E, ...” ma preuve va commencer par :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3. Si je dois montrer “∃x ∈ E tel que P (x)” alors je fais en gros un raisonnement par analyse-synthèse :
je cherche un x qui devrait fonctionner et
◦ Soit j’ai une formule explicite et j’écris “On pose x = . . . ”
◦ Soit le x vient d’une autre propriété et j’écris “D’après (l’autre propriété), il existe x tel que ...”
puis j’explique pourquoi x ∈ E et pourquoi la proposition P (x) est vraie.

faire des fiches “En pratiques, pour montrer ça, je fais ...”

En cas de blocage

1. Êtes-vous sûr de connaitre tous les mots de la question ?


2. Essayez de reformuler la question/la phrase.
3. Y a-t-il un théorème, un exemple, un exercise... qui pourraient être utiles ?
4. Marchez un peu et/ou allez boire un verre d’eau. (Parfois ça aide vraiment !)
5. Demander de l’aide (sauf en DS...).

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