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Santé, social, humanité: éthique

1. Les fondements de la réflexion éthique


1.1 Sens et importance de l’éthique
Pourquoi est-ce important dans le milieu médical ?
Il n’existe aucune définition consensuelle sur
l’éthique car chacun temps à ériger son propre
système de pensée. La réflexion éthique est
omniprésente dans le domaine médical. = on ne
sait pas ce que c’est mais on ne peut pas y
échapper. Il y a trois raisons à cela :
1) L’éthique n’est pas un ajout à la médecine. Le
but même de la médecine est de soigner, de
répondre aux plaintes du patient. Une médecine
qui impose son système de valeurs et ne prend pas
en considération l’éthique n’est pas en mesure
de soigner.
2) La médecine évolue toujours dans l’incertitude,
les situations sont toujours singulières et les
décisions sont jamais parfaitement tranchées. On
doit choisir « le
mieux ». On choisit en fonction des préférences du
médecin et du patient mais pour cela il faut les
connaître et agir rapidement dans l’urgence.
3) La médecine est une pratique relationnelle qui
met en contact des personnes qui ne partagent pas
forcément les mêmes valeurs donc cela génère des
conflits de
valeurs.
L’éthique médicale = discipline académique, grosse
production scientifique(journaux), elle
produit des avis, des recommandations, il y a des
comités pluridisciplinaires, des formations, des
communautés, des sociétés savantes etc….
Dans l’éthique, on s’intéresse à des problèmes
particuliers
Exemple :
- Est-il bon de procéder à l’implantation de
l’embryon quand le père biologique est décédé ?
- Est-ce qu’il faut opérer des frères siamois qui
risquent de déboucher à la mort d’un ou des
deux ?
- Est ce qu’il faut prévenir la compagne d’un
patient séropositif s’il refuse ?
- Comment choisir entre rémission de cancer ou
choc septique ?
- Qu’est-ce qui est bon de faire quand il ne reste
qu’un seul lit en réanimation avec deux patients
au même stade de gravité ?
Personne ne sait ce qu’il est bon de faire. On a
affaire à des dilemmes. Deux alternatives dont les
termes ne sont pas satisfaisants avec des
conséquences négatives voire tragiques (Antigone).
C’est le problème de l’éthique : Il y a une
indétermination fondamentale du bien. Elle
cherche donc à construire et à déterminer le bien
pour soi-même et pour les autres. Pour cela, il faut
être sûr d’avoir posé des questions correctement
et de pas forcément vouloir faire le “bien”. La
notion de bien est inexacte dans une société
multiculturelle, chacun a des conceptions
différentes du bien. Par conséquent, les réponses
toutes faites n’existent pas. L’éthique n’est pas la
seule à s'inquiéter de ça, il y a aussi la morale et le
droit.
1.2 Ethique morale et droit

1.2.1 Distinction
La distinction entre l’éthique et la morale est
conventionnelle. Etymologiquement, ces mots
signifient la même chose :
- La distinction que l’on peut faire est que la morale
est un système collectif de
règles et de fonctions.
-L’éthique argumente plus sur la pertinence de la
morale et elle la fonde. On critique
et on interroge les valeurs, on cherche les principes
et on explicite les fondements
- Le droit est une manière de poser des règles, le
droit est la sanction, la prison, les amendes, le
pouvoir juridique, c’est pareil avec la déontologie
qui est un code de règles au sein des professions.
Le droit est rationnel et consensuel, il est commun
et s’impose à tous les individus.
L’éthique se veut rationnelle sur les problèmes
d’ordre moral mais en gardant la question
d’engagement personnel.

1.2.2 Articulation, le jugement médical : P. Ricoeur

L’articulation de 3 pôles dans la réflexion éthique :


-je (= dimension intime, perso , subjectif)
-tu (= dimension interpersonnel, patient)
-il (=le monde autour: famille, personnel
hospitalier, société).
L’objectif de l’éthique est « la visée de la vie bonne
(je), avec et pour les autres (tu) dans des
institutions justes (il) ». L’éthique articule un souci
de soi (=estime de soi), un souci de l’autre
(=sollicitude) et un souci de l'institution (=justice). Il
ne faut pas mettre à mal la personne en face pour
respecter notre propre éthique ou des institutions.
Exemple : le médecin et la question de l’euthanasie
: qu’est-ce qu’elle signifie pour moi,
pour le patient, sa famille, la société ?
1.2.3 Les niveaux de réflexion 3 niveaux de
réflexion :
-Prudentiel→ on part toujours d’une situation
concrète qui va nous demander de réfléchir sur le
bien et le mal, on doit bien déterminer la situation
pour voir sa singularité. C’est la sagesse pratique de
Aristote (la phronesis). On s’intéresse à la situation
dans son unicité en considérant les valeurs du
patient, ses principes et ses croyances.

-Déontologique →Ensuite on va se référer aux


valeurs reflétées dans la société.
Qu’est-ce qui est justifié par la médecine, par le
code de déontologie, par la loi ?

-Réflexif → Enfin, on revient à la situation concrète


et on va chercher avec ce qu’on a déjà trouvé,
analyser les concepts qu’on a sous les yeux.
Le but du jeu n’est pas forcément de faire une
synthèse car il faut faire des choix et qu’il est
rare que toutes les valeurs des pôles et de la
réflexion coïncident. La question est plus de
savoir quels choix on va faire. Si un patient veut
mourir car il n’est plus digne, qu’est ce que
la dignité et à quoi cela tient ?
La délibération éthique se construit grâce aux 3
pôles et aux 3 niveaux de réflexion.

L’éthique n’existe donc pas mais pourquoi parle


t’on de comportement éthique ? →il y a une forme
de consensus qui provient des grands systèmes
éthiques depuis plusieurs années.

1.3 Régimes de réflexion diérents


Il y a une différence entre l’éthique théologique et
l’éthique déontologique. L’éthique théologique
considère que notre action est morale si on vise à
faire le bien alors que l’éthique déontologique va
considérer qu’une action est morale quand on
respecte des obligations préexistantes. Il y a 3
traditions principales en éthique. 2 sont
théologiques et une est déontologique.
1.3.1 Éthique de la vertu (Aristote)
Aristote (inventeur de l’éthique) considère qu’une
action est morale lorsqu’il n’y a pas de
contradiction entre la fin et les moyens, les deux
doivent être dirigés vers le bien. Selon
Aristote, la vertu est la disposition à faire quelque
chose de bien et elle s'acquiert avec la
pratique et l’observation des autres vertueux. Le
problème de la conception d’Aristote est
que le bien n’est pas défini, la règle est donc
indéterminée et ne permet pas de s'adapter
aux situations diverses..
1.3.2 Éthique déontologique (Kant / Habermas)
Kant →On évalue l’acte en fonction de sa
conformité à la règle. On suit une obligation
morale, mais surtout une obligation qu’on se dicte
à soi-même (=l’intention qui compte, il
faut que la volonté soit bonne). C’est ce qui fait la
différence entre un acte moral et un acte
par intérêt personnel. L'action morale est libre car
on donne à soi même sa propre loi
(=autonome). Ces obligations existent à priori et
elles sont universelles (valent pour tous).
Comment déterminer ces obligations ? →impératif
catégorique (on donne un ordre
opposition à hypothétique ) c’est sans condition.
Comment je fais ? Je me demande si
j’accepterais que je fasse ce qu’on me propose de
faire. La règle que je propose de suivre
est universalisable. C’est une opposition à Aristote
car les maximes morales valent dans
tous les cas, ici c’est le respect de la dignité
humaine qui vaut dans tous les cas.
Habermas→l'éthique de la discussion (autre cas de
éthique déontologique), il y a une
pluralité de valeurs dans les sociétés, les impératifs
catégoriques anciens ne sont pas
faciles à trouver. La solution du conflit éthique est
bonne car on a réussi à se mettre
d’accord (base des comités éthique). On ne
cherche pas le compromis, mais tout le monde
doit s’exprimer et on va trouver la solution qui a
permis de mettre d’accord un certain
nombre de gens. Il ne faut pas oublier la sincérité
(on ne trompe pas) et la symétrie (= pas de
rapports hiérarchiques et tout le monde parle). La
procédure est bonne donc la règle sur
laquelle on débauche est conforme.
1.3.3 Éthique conséquentialiste (Mill/ bentham)
On juge un acte selon ces conséquences. On ne
juge pas l’intention mais ses
conséquences et on a pour but de maximiser le
bien être. C’est une philosophie hédoniste
(utilitariste). C’est la recherche du plaisir maximal
qui compte. On va donc faire des calculs
pour maximiser le bénéfice/le plaisir et minimiser
la douleur. La meilleure solution est celle
qui a le meilleur score

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