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Chapitre 2

SYSTEMES LOGIQUES ET ALGEBRE DE BOOLE

2.1 SYSTEMES LOGIQUES

2.1.1 Définition
Un système logique est un système dont les variables ne peuvent prendre que deux états
possibles. On l’appelle encore système booléen et ses variables sont appelées variables booléennes.

Exemple :
La figure 2.1 représente un système
d’éclairage communément appelé « va-et-vient ». Il
comporte 3 variables : les commutateurs A et B et la
lampe L. Les commutateurs ne peuvent prendre que
l’une ou l’autre des deux positions en HAUT ou en
BAS ; la lampe ne être que ALLUMEE ou ETEINTE.
Le système va-et-vient est donc un système logique. Figure 2.1 : système logique « va-et-vient ».

2.1.2 Valeurs de vérité


Les valeurs de vérité sont les deux états possibles que peut prendre une valeur booléenne.

Exemple :
- valeurs de vérité associées aux commutateurs A et B : HAUT et BAS ;
- valeurs de vérité associées à la lampe L : ALLUMEE et ETEINTE.

2.1.3 Variables d’entrée


Ce sont les variables sur lesquelles un opérateur peut exercer une action pour que le système
atteigne l’objectif visé. On les appelle encore variables de commutation.

Exemple :
Le système va-et-vient possède deux variables d’entrée : les commutateurs A et B.

2.1.4 Variables de sortie


Ce sont les variables qu’on désire commander. On les appelle encore fonctions logiques.
Exemple :
Le système va-et-vient possède une seule variable de sortie : la lampe L.

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2.1.5 Table de vérité

2.1.5.1 Définition de la table de vérité

La table de vérité, encore appelée table de fonction, est le principal outil de représentation des
fonctions logiques. Elle permet d’indiquer l’état de la variable de sortie pour chacune des
combinaisons possibles des états des variables d’entrée. Pour construire la table de vérité, on dresse
d’abord un tableau dans lequel on inscrit toutes les combinaisons possibles des variables d’entrée
suivant leurs valeurs de vérité. On inscrit ensuite devant chaque combinaison l’état correspondant de
la variable de sortie.

Pour un système logique possédant un nombre n de variable d’entrée, on démontre que le


nombre de combinaisons possibles suivant les deux états des variables d’entrée est 2n combinaisons.

Exemple :
Entrées Sortie
Le système va-et-vient possède deux variables
B A L
d’entrées donc 4 combinaisons. Sa table de vérité est BAS BAS ETEINTE
BAS HAUT ALLUMEE
donnée ci-contre. HAUT BAS ALLUMEE
HAUT HAUT ETEINTE

2.1.5.2 Ecriture condensée de la table de vérité

Dans l’analyse des systèmes logiques, la représentation adoptée est d’affecter pour chaque
variable le chiffre « 1 » pour l’une des valeurs de vérités et « 0 » pour l’autre. Le choix de l’un ou
l’autre des deux chiffres pour une valeur de vérité est en général arbitraire et doit alors être précisé. La
représentation donne une écriture condensée de la table de vérité ne comportant que des 1 et des 0.

Exemples :

1) Soit la convention binaire suivante pour le système va-et-vient :


Entrées Sortie
HAUT  1 B A L
Commutateurs A et B 
BAS  0 0 0 0
0 1 1
ALLUMEE  1 1 0 1
Lampe L  1 1 0
ET EINT E  0
La forme condensée de la table de vérité est donnée ci-contre.

2) Enoncé :

Une usine possède un groupe électrogène de secours installé dans une salle dont l’accès est
réglementé. Les conditions d’accès sont les suivantes :

 Toute personne désirant entrer dans la salle doit nécessairement composer un numéro secret à
partir d’un clavier disposé à la porte d’entrée ;

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 Le numéro secret ne peut ouvrir la porte que s’il y a panne du secteur ;

 Si le secteur est normal, le numéro secret ne peut ouvrir la porte que si le chef d’entretien de
l’usine donne l’autorisation en actionnant un bouton placé à cet effet dans son bureau.

Donner la table de vérité décrivant les conditions d’ouverture de la porte.

Solution : après l’analyse du système, il faut adopter les étapes suivantes :

a) Dénombrement et identification des variables du système


Chef C

Variables d' entrée  Numéro  N
Secteur  S

Variable de sortie : Porte  P

b) Identification des valeurs de vérité et choix des conventions binaires


n' autorise pas  C  0
Chef 
autorise  C 1

incorrect  N  0
Numéro 
correct  C 1

normal  S0
Secteur 
en panne  S 1

ne s' ouvre pas  P  0


Porte
s' ouvre  P 1

Entrées Sortie
c) Etablissement de la table de vérité
C N S P
Le système possède 3 variables d’entrée ; il y a donc 0 0 0 0
0 0 1 0
2 = 8 combinaisons, d’où la table ci-contre.
3
0 1 0 0
0 1 1 1
1 0 0 0
1 0 1 0
1 1 0 1
1 1 1 1

2.2 OPERATIONS LOGIQUES ET PORTES LOGIQUES

2.2.1 Définition
On appelle opération logique toute opération portant sur une ou plusieurs variables d’entrée
booléennes pour réaliser une fonction logique.
Les opérations logiques peuvent être réalisées par tout dispositif physique possédant deux états
bien caractéristiques comme par exemple les contacts électriques du système va-et-vient. Cependant,

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en techniques numériques, les opérations logiques sont réalisées par des dispositifs électroniques en
circuits intégrés qu’on appelle portes (en anglais : « gate »).
Il existe 7 portes types en systèmes numériques. Une porte et l’opération qu’elle réalise
possèdent le même nom. A chaque porte et son opération correspondent un symbole algébrique, une
expression booléenne, une table de vérité et un symbole graphique.
Le tableau 2.1 présente la synthèse des portes. Elles sont classées en deux catégories : les
portes fondamentales au nombre de 3 les portes auxiliaires au nombre de 4.

2.2.2 Opérations et portes fondamentales


Les trois opérations fondamentales de l’algèbre de Boole sont les opérations : NON, ET, OU.

a) Porte NON (1ère ligne du tableau 2.1)


Elle permet de réaliser l’inverse (ou le complément) de la variable d’entrée. L’expression
booléenne de la sortie Y en fonction de l’entrée A s’écrit Y  A (lire « A barre » ou « NON A »). La
porte NON, appelée le plus souvent INVERSEUR, ne traite qu’une seule variable d’entrée.

b) Porte ET (2ème ligne du tableau 2.1)


La sortie Y d’une porte ET est vraie si toutes les conditions d’entrée sont simultanément
vraies. Cette porte traite donc deux ou plusieurs variables d’entrées. Dans le cas de deux variables
d’entrées A et B, l’expression logique de la sortie Y est : Y = A.B (lire « AB » ou « A et B »). Lorsqu’il
n’y a pas d’ambiguïté, le « . » entre A et B peut être omis.

c) Porte OU (3ème ligne du tableau 2.1)


La sortie Y d’une porte OU est vraie si une au moins parmi les conditions d’entrées est vraie.
Cette porte traite aussi deux ou plusieurs variables d’entrées. Dans le cas de deux variables d’entrées
A et B, l’expression logique de la sortie Y est : Y = A + B (lire « A ou B »).

2.2.3 Opérations et portes fondamentales


Il existe 4 autres portes très utilisées dont les expressions sont des combinaisons simples des
portes principales : ce sont les portes NON-ET, NON-OU, OU-EXCLUSIF, NON-OU-EXCLUSIF.

a) Porte NON-ET (4ème ligne du tableau 2.1)


Elle est équivalente à une porte ET suivie d’un INVERSEEUR. Pour deux variables d’entrée
on a : Y  A.B .

b) Porte NON-OU (5ème ligne du tableau 2.1)


Elle est équivalente à une porte OU suivie d’un INVERSEEUR. Pour deux variables d’entrée
on a : Y  A  B .

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c) Porte OU exclusif (6ème ligne du tableau 2.1)
Sa sortie Y est vraie si et seulement si un nombre impair de conditions d’entrée est vraie. Pour
deux variables A et B, XOU correspond à une fonction OU qui exclue la condition de A et B

simultanément vraies ; l’expression est : Y  A  B (équivalent à Y  A.B  A.B ).

d) Porte NON-OU exclusif (7ème ligne du tableau 2.1)


Elle est équivalente à une porte XOU suivie d’un inverseur, soit Y  A  B (équivalent à

Y  A.B  A.B ).

Notes relatives au tableau 2.1


1) Les appellations entre parenthèses sont les appellations anglo-saxonnes. Elles sont très utilisées
pour les portes auxiliaires dans la terminologie française.
2) On distingue dans le tableau deux symboles pour chaque porte. Le symbole du haut est celui
adopté par les normes affiliées à la Commission Electrotechnique Internationale (CEI). Le
symbole du bas est le symbole traditionnel de la norme nord-américaine ANSI. A cause de leur
meilleure lisibilité (pas de ressemblance entre les symboles), les symboles ANSI des portes sont
ceux universellement utilisés en pratique. Bien que la norme ANSI ait adopté depuis longtemps les
symboles CEI, les symboles traditionnels ANSI demeurent toujours en usage pour les portes
logiques. Pour la suite de ce cours, nous utiliserons les symboles traditionnels.

2.3 EXPRESSIONS BOOLEENNES


L’expression booléenne d’une variable de sortie d’un système logique est une expression
algébrique de cette variable en fonction des variables d’entrée liées par des opérations logiques.
L’expression booléenne peut prendre plusieurs formes, mais la forme la plus courante est la
fonction qui représente la somme logique de toutes les combinaisons des variables d’entrées pour
lesquelles la variable de sortie est vraie (1 logique).
Une combinaison pour laquelle la sortie est vraie est représentée par un produit logique de
toutes les variables d’entrée, chaque variable apparaissant sous la forme directe (sans barre) lorsqu’elle
est vraie (1 logique) et sous la forme complément (surmontée de la barre d’inversion) lorsqu’elle n’est
pas vraie (0 logique).
L’expression obtenue selon cette définition est une forme non simplifiée. Par exemple, d’après
le tableau synthèse des portes logiques, l’expression découlant de la table de vérité de la porte OU est :
Y  AB  AB  AB
L’expression booléenne donnée dans la 5ème colonne du tableau est :
Y  A B
On verra ultérieurement à l’aide des théorèmes de l’algèbre de Boole que les deux expressions
sont équivalentes.

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Tableau 2.1 : Synthèse des portes logiques

Appellations : Symboles Tables de vérité Expressions Observations


française graphiques : booléennes
(anglaise) CEI et ANSI

1 INVERSEUR YA Porte à une entrée.


L’opération réalisée est
(INVERTER) une inversion ou
complément.

2 ET Y = A.B Porte à 2 ou plusieurs


entrées. L’opération est
(AND) une intersection ou
multiplication logique.

3 OU Y=A+B Porte à 2 ou plusieurs


entrées. L’opération est
(OR) une réunion ou addition
logique.

4 NON-ET Y  A.B Porte à 2 ou plusieurs


entrées. L’opération est le
(NAND) complément du ET.

5 NON-OU, Y  A B Porte à 2 ou plusieurs


entrées. L’opération est le
NI complément du OU.

(NOR)

6 OU exclusif Y  A B Porte à 2 (en général) ou


plusieurs entrées. La
(XOR) sortie est fausse si le
nombre d’entrées vraies
est pair.

7 NON-OU Y  A B Porte à 2 (en général) ou


plusieurs entrées. C’est le
exclusif complément du XOR.

(XNOR)

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Exemples :

1°) L’expression booléenne du système va-et-vient est :


L  AB  AB
 A B

2°) L’expression booléenne associée à la porte de la salle du groupe électrogène dont l’accès est
réglementé est :
P  CNS  CN S  CNS

2.4 LOGIGRAMME
Le logigramme, encore appelé schéma logique, est un diagramme synoptique décrivant un
système logique à l’aide des symboles graphiques logiques. Il indique les différentes liaisons entre les
portes. Il est en général tracé à partir de l’expression booléenne du système étudié.
C’est à partir du logigramme qu’on passe à la réalisation matérielle du circuit du système
logique.

Exemples :

Les logigrammes des fonctions logiques L et P précédemment étudiées sont donnés respectivement
par les figures 2.2 et 2.3.

Figure 2.2 : Logigramme de la fonction logique


L  AB  AB
Figure 2.3 : Logigramme de la fonction logique
P  CNS  CN S  CNS

2.5 QUELQUES THEOREMES DE L’ALGEBRE DE BOOLE

2.5.1 Postulats
L’algèbre de Boole et ses théorèmes sont basés sur les postulats suivants :

0.0 = 0 1+1 = 1
0.1 = 0 1+0 = 1
1.1 = 1 0+0 = 0
0 = 1 1 = 0

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2.5.2 Théorèmes à une variable

2.5.2.1 Opérations avec des 1 et des 0

Théorème n° 1 : 0.A = 0 Théorème n° 2 : 1+A=1

Théorème n° 3 : 1.A = A Théorème n° 4 : 0+A=A

La démonstration de ces 4 théorèmes est simple à l’aide des tables de vérité qui les
accompagnent : dans la première colonne se trouve la valeur constante du théorème, dans la deuxième
se trouvent les deux valeurs possibles que peut prendre la variable du théorème et dans la troisième
colonne se trouve le résultat de l’opération pour chacune des deux lignes.

2.5.2.2 Opérations d’une variable avec son complément ou avec elle-même

Théorème n° 5 : A.A = A Théorème n° 6 : A+A=A

Théorème n° 7 : A.A  0 Théorème n° 8 : A  A 1

Ces 4 théorèmes sont démontrés par les tables de vérité qui les accompagnent.

2.5.3 Théorèmes à plusieurs variables


Théorème n° 9 : A.B = B.A Théorème n° 10 : A+B=B+A

Théorème n° 11 : (A.B).C = A.(B.C) Théorème n° 12 : (A+B)+C = A+(B+C)

Théorème n° 13 : A.(B+C) = A.B +A.C Théorème n° 14 : A+B.C = (A+B).(A+C)

Théorème n° 15 : A+A.B = A Théorème n° 16 : A(A+B) = A

Théorème n° 17 : A  A.B  A  B Théorème n° 18 : A(A  B)  AB


Les théorèmes 9 et 10 sont les théorèmes de la commutativité ;
Les théorèmes 11 et 12 sont les théorèmes de l’associativité ;
Les théorèmes 13 et 14 sont les théorèmes de la distributivité.

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Ces six théorèmes peuvent être démontrés par la méthode de comparaison des tables de vérité
des membres de gauche et de droite de l’expression. Notons que, si les théorèmes 9 à 13 sont
similaires à ceux de l’algèbre ordinaire, le théorème 14 n’existe pas en algèbre ordinaire.
Les théorèmes 15 à 18 peuvent être démontrés avec les théorèmes déjà étudiés. Voici leurs
démonstrations :

- Démonstration du théorème 15 :
A + AB = A.1 + AB D’après théorème 3
= A(1+B) D’après théorème 13
= A D’après théorèmes 2 et 3

- Démonstration du théorème 16 :
A(A + B) = A.A + A.B D’après théorème 13
= A+A.B D’après théorème 5
= A D’après théorème 15

- Démonstration du théorème 17 :
A  AB = (A  A)(A  B) D’après théorème 14

= 1.(A+B) D’après théorème 8


= A+B D’après théorème 3

- Démonstration du théorème 18 :
A( A  B) = AA  AB D’après théorème 13

= 0 + AB D’après théorème 7
= AB D’après théorème 4

2.5.4 Théorèmes de « De Morgan » ou théorèmes d’inversion


Théorème n° 19 : A.B.C  A  B  C Théorème n° 20 : A  B  C  A.B.C

Les théorèmes de De Morgan (ci-dessus) sont très utiles pour obtenir le complément d’une
fonction logique. Ils peuvent être facilement démontrés par la méthode de comparaison de tables de
vérité. Dans le cas de l’inversion d’une fonction logique quelconque, la règle à appliquer mentalement
peut se décomposer comme suit :
1° Regrouper entre parenthèses les termes reliés par la même fonction ;
2° Changer les « + » en « . » et vice versa ;
3° Prendre le complément de l’état des variables.

Exemple :

Trouver le complément de la fonction T  x y z( x  z )  ( x  y ) z  yz

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Etape 1 : regroupement

  
T  x y z( x  z )  ( x  y ) z   yz  
Etape 2 : permutation des opérations « OU » et « ET » donnant la fonction T1

 
T1  x  y  z  ( x.z ) ( x. y )  z  y  z  
Etape 3 : inversion de l’état des variables donnant la fonction T2  T

 
T2  x  y  z  ( x.z ) ( x. y )  z y  z  
Résultat : T2  T

 
T  x  y  z  xz x y  z y  z  
NOTA : les 3 étapes de la règle d’inversion doivent s’appliquer simultanément ; le passage de
T à T est donc direct.

2.6 SIMPLIFICATION DES FONCTIONS LOGIQUES


Afin de conduire à un schéma d’implantation dont les coûts seront minimisés, les expressions
algébriques des fonctions logiques doivent être simplifiées. La simplification consiste à minimiser
dans les expression algébriques le nombre de variables (les variables sont comptées chaque fois
qu’elles apparaissent avec ou sans barre).
On distingue plusieurs méthodes de simplification ; les deux méthodes couramment utilisées
sont : la méthode algébrique directe et la méthode des tables de Karnaugh.

2.6.1 Méthode algébrique directe


Elle consiste à réduire le nombre de variables de l’expression algébrique en utilisant
directement les théorèmes de l’algèbre de Boole. L’inconvénient de la méthode est qu’elle ne donne
pas toujours l’assurance que la fonction est complètement simplifiée.

Exemples : simplifier les fonctions suivantes

1) P  CNS  CN S  CNS
P = CNS  CN S  CNS
= CNS  CN ( S  S ) D’après théorème 13
= C.N .S  C.N .1 D’après du théorème 8
= CNS  CN D’après du théorème 3
= (CS  C ) N D’après théorème 13
= (C  S ) N D’après théorème 17

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2) W  x. y. z  x. y. x.z

W = x. y. z  x. y. x.z
= x. y.z  x. y.( x  z ) D’après théorème 19
= x. y.z  x. y.( x  z ) Annulation de la double inversion
= x. y.z  x.( x  z ). y D’après théorème 9
= x. y. z  x. y D’après du théorème 16
= x( yz  y ) D’après théorème 13
= x( y  z ) D’après théorème 17

2.6.2 Méthodes des tables de Karnaugh


C’est une méthode graphique basée sur une table particulière dite table de Karnaugh.

2.6.2.1 La table de Karnaugh


C’est une table de fonction à structure matricielle dont la construction fait appel aux notions
de combinaisons adjacentes et d’ordre binaire réfléchi.

a) Notion de combinaisons adjacentes


Deux combinaisons logiques sont dites adjacentes si elles ne diffèrent que sur une seule
colonne.

Exemple :
 les combinaisons 101 et 100 sont adjacentes car elle ne diffèrent que sur la colonne de rang 0 ;
 les combinaisons 101 et 011 ne sont pas adjacentes car elles diffèrent sur les colonnes de rang
1 et 2.

b) Ordre binaire réfléchi


Sur les tables de vérité étudiées précédemment, la progression des combinaisons suit le
comptage binaire naturel (on parle de code binaire pur) : peu de combinaisons voisines sont
adjacentes. L’ordre binaire réfléchi est une disposition des combinaisons qui consiste à les mettre de
manière à ce que chaque combinaison de la table soit adjacente à ses voisines : c’est l’ordre du code
Gray.
La méthode systématique que décrit la table à trois variables ci-dessous est utilisée pour
dresser une table à plusieurs variables suivant l’ordre réfléchi.

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Le début de chaque colonne de la table contient un nombre
de 0 égal à l’équivalent décimal de son poids, puis suivent des
groupes alternés de 1 de 0 dont la quantité est constamment égale (à
concurrence du nombre total de lignes) au double du nombre de 0 du
début de la colonne. Si on fait abstraction de la colonne la plus à
gauche, on constate que la moitié inférieure des lignes du tableau est
obtenue par « réflexion » de la moitié supérieure par rapport à l’axe
médian appelé axe de réflexion.

Lorsque le nombre de colonnes augmente, les axes de réflexion définis pour les colonnes de
rangs inférieurs se conservent de sorte que pour une table à n variables, chaque ligne est adjacente à n
autres lignes (la première et la dernière ligne sont toujours adjacentes).

Le code Gray est donc tout simplement la suite des nombre suivant l’ordre binaire réfléchi
mais sans application de la pondération.

Exemple :
La table ci-contre est une table de combinaisons à 4
variables établie suivant l’ordre binaire réfléchi.
Comme il y a 4 variables, chaque ligne de la table est
adjacente à 4 autres lignes :
- La 1ère ligne est adjacente aux 2e, 4e, 8e et 16e lignes.
- La 2e ligne est adjacente aux 1ère , 3e, 7e et 15e lignes.
- La 3e ligne est adjacente aux 2e, 4e, 6e et 14e lignes.
- Etc.

c) Construction de la table de Karnaugh

La table de Karnaugh est un ensemble de cases, chacune représentant une combinaison des
variables d’entrée. Elle possède une structure matricielle à deux entrées : une entrée pour les lignes et
une pour les colonnes. Les variables d’entrée sont réparties le plus équitablement possible entre ces
deux entrées.
Les lignes et les colonnes sont numérotées suivant l’ordre binaire réfléchi de sorte que d’une
part, chaque case représente une combinaison des variables d’entrée et d’autre part, deux cases
voisines sont adjacentes, la dernière étant adjacente à la première (suivant les lignes ou les colonnes).
Dans chaque case, on inscrit l’état logique (0 ou 1) de la variable de sortie correspondant à la
combinaison d’entrée que représente cette case.

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Exemple :

Les tables de Karnaugh des fonctions L et P ci-après sont données ci-dessous :

L  AB  AB

P  CNS  CN S  CNS

Première variante Deuxième variante

L étant fonction de 2 variables d’entrée, possèdent 4 cases ; de même, P, fonction de 3


variables d’entrée, possèdent 8 cases.
Par exemple pour la fonction P, la combinaison C = 0, N = 0 et S = 0 de la table de vérité
correspond à la case intersection de la première ligne et de la première colonne de la table de
Karnaugh ; on inscrit donc l’état de P dans cette case soit 0. De même on associe à la combinaison C =
1, N = 1 et S = 0 de la table de vérité la case intersection de la 2e ligne et de la 4e colonne de la table de
Karnaugh ; on inscrit 1 dans cette case pour état de P. On rempli de cette façon toute la table.

On procédera de la même façon pour la table de la fonction L et pour la table d’un fonction
quelconque.

2.6.2.2 Principe régissant la méthode de simplification de Karnaugh

La méthode est basée sur l’utilisation des 2 relations suivantes :

[1] AB  AB  A (d’après théorèmes 8 et 3)

[2] A + A = A (d’après théorème 6)

On peut remarquer dans la relation [1] que AB et AB sont


des termes adjacents, ce qui signifie que, dans la somme logique de
deux termes adjacents, la variable « d’adjacence » B disparaît. Par
conséquent, sur une table de Karnaugh, si on arrive à regrouper 2 à 2
les cases adjacentes, la variable « d’adjacence » est éliminée.

Par ailleurs, d’après la relation [2], on peut utiliser plusieurs fois la même case comme sur la
table de Karnaugh ci-dessus. Cela ne change pas la valeur de l’expression.
On aura aisément remarquer que la table de Karnaugh à deux variables données ci-dessus est
celle qui correspond à la table de vérité de la fonction OU. Nous avons donc procédé par
l’intermédiaire de la table de Karnaugh à la simplification algébrique suivante :

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Y = AB  AB  AB
= AB  AB  AB  AB
= ( AB  AB)  ( AB  AB)
= A + B

La méthode de simplification de Karnaugh consiste à généraliser cette procédure pour un


nombre quelconque de variables. Nous distinguerons deux cas : le cas de deux à quatre variables
d’entrée et le cas de plus de quatre variables d’entrée.

2.6.2.3 Simplification des fonctions de deux à quatre variables d’entrée

La procédure est la suivante :

(1) Etablir la table de Karnaugh de la fonction donnée en ne considérant que les cases
comportant 1 ; les cases comportant 0 peuvent être laissées pour ne pas surcharger la table.
(2) Faire tous les groupements possibles à partir de ces cases avec les conditions suivantes :
(2.1) Aucune case ne doit être oubliée ;
(2.2) Le nombre de cases par groupement doit être une puissance de 2, soit 1, 2, 4, 8 ou
16 cases.
(2.3) Les cases groupées doivent être circulairement adjacentes, c’est-à-dire que la 1ère
case est adjacente à la 2e, la 2e à la 3e, ainsi de suite jusqu’à la dernière case
adjacente à la 1ère.

(2.4) Faire les groupements en privilégiant l’ordre décroissant pour leur tailles c’est-à-
dire que pour une table à 16 cases par exemple, faire d’abord si c’est possible le
groupement de 16 cases, faire ensuite si c’est possible le groupement de 8 cases,
après passer aux groupements de 4 cases, puis 2 et enfin une case.

(2.5) Une même case peut être utilisée pour plusieurs groupements différents, cependant,
chaque groupement doit posséder au moins une case propre, c’est-à-dire qu’il ne
doit y avoir aucun groupement composé exclusivement de cases utilisées plus d’une
fois.

(3) Eliminer, dans les groupements réalisés, les variables « d’adjacence » pour obtenir une
expression sous forme d’un produit logique des variables qui restent :

- pour un « groupement » d’une seule case, aucune variable n’est éliminée ;

- pour un groupement de 2 cases, une variable est éliminée ;

- pour un groupement de 4 cases, 2 variables sont éliminées ;

- pour un groupement de 8 cases, 3 variables sont éliminées ;

- pour un groupement de 16 cases, 4 variables sont éliminées (et il reste 1 logique) ;

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(4) Ecrire la somme logique des expressions qui résultent de chaque groupement.

(5) La forme la plus simplifiée de la fonction n’est pas forcément celle donnée par la table de
Karnaugh à l’étape 4 ; il faut appliquer, à l’expression obtenue, le théorème 13 de la
distributivité afin de dégager , s’il y a lieu, les termes communs ; cette dernière opération
conduit à la solution la plus simplifiée de la fonction.

Exemples : Simplifier les fonctions P et X telles que :

P  CNS  CN S  CNS
X  a.b(c.d  c.d  c.d )  c.d (a.b  a.b)  a.c.d  bc

X  a.b.c.d  a.b  b.c  a.c.d


 b(a  c)  c(a.b.d  a.d )

P  NS  CN
 N (C  S )

Exemples : Simplifier les fonctions Y et Z représentées respectivement par leur table de Karnaugh ci-
dessous :

Solution :

Y  a.b.c  a.c.d  a.c.d  a.b.c


 b( a.c  a.c )  d (a.c  a.c ) Z  a  b.d

 b( a  c )  d ( a  c )

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2.6.2.4 Simplification des fonctions ayant plus de quatre variables d’entrée

Lorsque le nombre de variables d’entrée est supérieure à 4 sur une table de Karnaugh, les
combinaisons adjacentes ne sont plus aussi claires parce qu’elles ne sont pas systématiquement
voisines sur la table. La méthode dans ces cas consiste à découper le problème en plusieurs sous
problèmes ayant au maximum 4 variables d’entrée.
La figure 2.4 illustre le principe du découpage pour une fonction X = f(A,B,C,D,E,F).
 Au niveau 1, on a 4 sous problèmes à 4
variables d’entrées :
X00 = f(A, B, C, D) pour {F, E} = {0, 0} ;
X01 = f(A, B, C, D) pour {F, E} = {0, 1} ;
X10 = f(A, B, C, D) pour {F, E} = {1, 0} ;
X11 = f(A, B ,C, D) pour {F, E} = {1, 1} ;
 Au niveau 2, on a 2 sous problèmes à 3
variables d’entrées :
X0 = f(X00, X01, E) pour F = 0 ;
Figure 2.4 : Principe du découpage d’un problème
X1 = f(X10, X11, E) pour F = 1 ; à 6 variables en sous problèmes à 4
 Au niveau 3, on a un sous problème à et 3 variables d’entrée.
3 variables d’entrées :
 X = f(X0, X1, F).
On utilise la méthode de Karnaugh telle qu’étudiée dans les paragraphes précédents pour
étudier les différents sous problèmes.

2.7 LES ETATS INDIFFERENTS


On appelle états indifférents (ou états indéterminés) les états qui correspondent aux
combinaisons qui sont sans conséquence sur la sortie :
- soit parce que ces combinaisons sont inapplicables par suite d’impossibilité technologique,
- soit parce que l’expression de la sortie est indifférente à l’état suscité par ces combinaisons.

Ces états sont notés par le symbole « X ». On peut leur attribuer au gré 0 logique ou 1 logique
de manière à obtenir l’équation la plus avantageuse possible pour la fonction de sortie.

Exemple :

Enoncé :

Le monte-charge de la figure 2.5 doit permettre le levage de masses m comprises entres 10 kg


et 60 kg. Pour cela, il comporte une plate-forme reposant sur des ressorts. Suivant l’importance des
charges à soulever, trois contacts a, b et c à têtes de longueurs différentes sont mis en circuit. Les
conditions de fonctionnement sont les suivantes :

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(1) 1er cas : m < 5 kg : le monte-charge est considéré comme vide
et peut fonctionner ; aucun des 3 contacts n’est actionné.
(2) 2e cas : 5 kg  m < 10 kg : la charge est considérée comme
insuffisante et le monte-charge ne doit pas fonctionner ; seul
le contact a est actionné.
(3) 3e cas : 10 kg  m  60 kg : la charge est normale et le monte-
charge doit fonctionner ; les contacts a et b sont actionnés3.
(4) 4e : m > 60 kg : il y a surcharge et le monte-charge ne doit pas Figure 2.5 : monte-charge

fonctionner ; les trois contacts sont actionnés.

Donner l’expression simplifiée de la fonction relative aux autorisations et aux interdictions du


déplacement du monte-charge.

Solution :

a) Table de vérité
- variables d’entrée : contacts
actionné  1
a, b et c 
contraire  0
- Variable de sortie : Validation déplacement monte-charge
autorisation  1
Y
Interdiction  0

b) Table de Karnaugh et expression booléenne

Cas 1 : valeurs des X fixées à 0 Cas 2 : valeurs des X fixées à 1 Cas 3 : valeurs des X optimisées
logique pour la simplification logique pour la simplification pour la simplification

Y  a.b.c  a.b.c Y  a  b.c  b.c Y  a  b.c


 (a.b  a.b)c  (a  b)c  a  (b  c )

Si on tient compte des expressions avec les opérateurs de base, le troisième cas donne la
solution la plus économique.

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2.8 EXERCICES D’APPLICATIONS

2.8.1 On donne la table de vérité de la fonction T1 ci-contre.


a) Donnez l’expression booléenne de T1.
b) Simplifiez T1 par la méthode algébrique directe.
c) Simplifiez T1 par la méthode de Karnaugh.
d) Tracez les logigrammes de T1 suivant les expressions
simplifiée et non simplifiée et comparez.

2.8.2 Reprenez l’exercice 2.8.1


respectivement avec les fonctions
T2 et T3 dont les tables sont
données ci-contre.

Nota :
ne pas tracer les logigrammes des
expressions non simplifiées.

2.8.3 On considère les fonctions X et Y représentées par leur logigramme. Donnez l’expression
booléenne de chacune d’elles et déduisez leurs tables de vérités.

2.8.4 Simplifiez à l’aide des théorèmes de l’Algèbre de Boole, les fonctions suivantes :
X  a.b.c  a.b.c  a.b.c  a.b.c  a.b.c

Y  (b  c)(b  c)  a  b  c

Z  (c  d )  a.c.d  a.b.c  a.b.c.d  acd

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2.8.5 Simplifier à l’aide de la méthode de Karnaugh les fonctions de l’exercice 2.8.4.

2.8.6 Faites l’étude d’un générateur de bit de parité pour mots de 4 bits avec choix du type de parité
(paire ou impaire) et donnez son logigramme.

2.8.7 Donnez le complément des fonctions suivantes :


X  b(a  c)  c(a.b.d  a.d )

Y  b(a.c  a.c)  d (a.c  a.c)

2.8.8 Tracez la forme d’onde du circuit de la figure ci-dessous :

2.8.9 Démontrez que, à l’aide exclusivement d’une ou de plusieurs portes NAND, on peut réaliser :
(a) un inverseur,
(b) un opérateur ET,
(c) un opérateur OU.

2.8.10 En utilisant exclusivement que des portes NAND, donnez le logigramme des fonctions :
(a) L  AB  AB
(b) P  N (C  S )

(c) Y  A  BC

2.8.11 Reprenez l’exercice 2.8.9 en considérant la porte NOR à la place de la porte NAND.

2.8.12 Reprenez l’exercice 2.8.10 en considérant la porte NOR à la place de la porte NAND.

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