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Espaces de Hilbert
Définition 26.2.
Un espace préhilbertien est
— soit un espace vectoriel réel muni d’un produit scalaire 1 ,
— soit un espace vectoriel complexe muni d’un produit hermitien 2 .
Un espace de Hilbert est un espace préhilbertien qui est complet 3 pour la norme induite par son
produit (scalaire ou hermitien).
Dans les deux cas nous considérons la topologie métrique dérivant du produit.
Dans les cas de dimension finie, les espaces vectoriels normés sont automatiquement complets
par la proposition 8.43.
La différence entre un espace de Hilbert et un espace de Banach est que dans le cas d’un espace
de Hilbert, nous demandons que la norme dérive d’un produit scalaire.
Proposition 26.3.
Si H est un espace de Hilbert réel, alors
}x ` y}2 “ }x}2 ` }y}2 ` 2xx, yy. (26.1)
Si H est un espace de Hilbert complexe alors
}x ` y}2 “ }x}2 ` }y}2 ` 2 Rexx, yy. (26.2)
Dans les deux cas nous avons l’inégalité de Cauchy-Schwarz :
|xx, yy| § }x}}y}. (26.3)
Dans un espace vectoriel de dimension infinie, tous les opérateurs linéaires ne sont pas continus.
Exemple 26.4
Soit un espace vectoriel V engendré par la base tek ukP et l’application linéaire T : V Ñ V donnée
par
T ek “ kek . (26.4)
Nous allons montrer que l’image inverse de la boule unité ouverte O n’est pas ouverte. En effet si
p‘k q est une suite de réels strictement positifs tendant vers zéro, les vecteurs
ˆ ˙
1
ak “ ` ‘k ek (26.5)
k
1. Définition 10.21.
2. Définition 10.23.
3. Définition 8.20.
1445
1446 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
où les –k sont suffisamment décroissants pour assurer les convergences 4 . Le vecteur a n’est pas
∞
dans SpanpAq, mais la suite an “ nk“1 –k vk est dans SpanpAq et converge vers a : an ›Ñ a. En
H
effet,
ÿ8 8
ÿ
|–k | ›Ñ 0. (26.8)
nÑ8
}an ´ a} “ } –k vk } §
k“n`1 k“n`1
∞
Vous voulez des détails sur la dernière limite ? Vu que la somme k |–k | converge, la suite des
sommes de queues de suites 5 converge vers zéro :
8
ÿ
lim |–k | “ 0. (26.9)
nÑ8
k“n`1
Démonstration. Nous commençons par prouver l’existence et l’unicité d’un élément dans C véri-
fiant la première condition. Ensuite nous verrons l’équivalence.
Nous nommons d l’infimum en question de la première condition.
Existence Soit pyn q une suite dans C telle que
Nous allons montrer que cette suite peut être choisie de Cauchy. Elle convergera donc
dans H parce que ce dernier est complet. Mais C étant supposé fermé dans H , la limite
4. Par exemple –k “ 1{k2 si les vk sont orthonormaux.
5. On se comprend hein.
26.2. THÉORÈME DE LA PROJECTION 1447
Ensuite,
› ›2
› y r ` ys ›
4›
› ´ x›› “ xyr ` ys ´ 2x, yr ´ ys ´ 2xy (26.12a)
2
“ }yr ´ x}2 ` }ys ´ x}2 ` 2xyr ´ x, ys ´ xy. (26.12b)
La suite pyn q est donc de Cauchy et la limite est un élément de C. Prouvons que cet élément
y réalise l’infimum. Pour cela nous avons les inégalités
d § }x ´ y} § d. (26.18)
Proposition 26.6.
Soit C une partie convexe et fermée de l’espace de Hilbert H . Alors pour tout x1 , x2 P H nous
avons
} projC px1 q ´ projC px2 q} § }x1 ´ x2 }. (26.19)
En particulier la projection est une application continue.
Démonstration. Nous posons y1 “ projC px1 q et y2 “ projC px2 q. Par la partie (1)b du théo-
rème 26.5, nous avons, pour tout z, z 1 P C les inégalités
Rexx1 ´ y1 , z ´ y1 y § 0 (26.20a)
Rexx2 ´ y2 , z ´ y2 y § 0.
1
(26.20b)
1448 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
}y1 ´ y2 }2 “ Re }y1 ´ y2 }
“ Rexy1 ´ y2 , py1 ´ x1 q ` x1 ´ x2 ` px2 ´ y2 qy
“ Rexy1 ´ y2 , x1 ´ x2 y ` Rexy2 ´ y1 , px1 ´ y1 q ` py2 ´ x2 qy
(26.22)
§ xy1 ´ y2 , x1 ´ x2 y
› ›
§ ›xy1 ´ y2 , x1 ´ x2 y›
“§ }y1 ´ y2 }}x1 ´ x2 }.
x ´ y P K K. (26.24)
L’élément y ainsi définit est la projection orthogonale de x sur K et sera noté projK pf q.
Le produit scalaire est nul parce que a ´ z P K. La distance }z ´ x} est donc bien la plus petite
distance entre x et les éléments de K.
Dans l’autre sens, nous supposons que y P K minimise la distance à x dans K. Par hypothèse
pour tout a et pour tout ⁄ P , la différence
est positive. En développant les produits scalaires nous trouvons la conditions suivante
qui doit être vraie pour tout ⁄ P . En tant que polynôme du second degré en ⁄, cela n’aura pas
deux racines réelles distinctes uniquement si xa, y ´ xy “ 0.
Nous montrons maintenant la linéarité de la projection orthogonale. Soient x1 , x2 P H . L’élé-
ment y “ projK x1 ` projK x2 satisfait à la condition d’orthogonalité : pour tout z P K,
Étant donné que K est un sous-espace vectoriel, la condition de minimalité est automatiquement
vérifiée (seconde partie du théorème 26.5).
6. Si c’est nul, alors la preuve est évidente.
26.3. SYSTÈMES ORTHOGONAUX ET BASES 1449
En prenant }x} “ 1 nous trouvons } projK x}2 § 1 et par conséquent } projK } § 1. Mais d’autre
part en prenant x P K nous avons automatiquement } projK } • 1.
Proposition 26.8.
Soit H “ L2 p , A, µq, F une sous tribu de A et K l’ensemble de fonctions F-mesurables dans
L2 p , A, µq. Si f P L2 p , A, µq est positive, alors projK f est positive (presque partout).
alors que, par construction, projK f est F-mesurable. La fonction indicatrice A est alors F-
mesurable (c’est à dire 1A P K) et nous avons
ª ª
0§ f A“ projK f A § 0. (26.32)
Étant donné que nous avons supposé f • 0 nous avons alors µpAq “ 0. D’où le fait que projK f
est presque partout positive.
x: H Ñ
(26.33)
y ބ xx, yy.
Proposition 26.10.
Si H est une préhilbert et si A Ä H , alors l’ensemble AK est un sous-espace fermé de H .
Démonstration. L’application x définie en (26.33) est continue pour chaque x P H et par consé-
quent l’ensemble ker x “ ´1x pt0uq est fermé. L’ensemble
£
AK “ ker x (26.35)
xPA
Lorsqu’une décomposition en somme directe vérifie la proposition 26.11, nous disons que la
décomposition est topologique.
Théorème 26.12.
Soit H un espace de Hilbert et F un sous-espace fermé de H . Alors
(1) Nous avons la décomposition
H “ F ‘ F K. (26.36)
(2) La projection sur F par rapport à la somme directe (26.36) est la projection projF du
théorème de projection.
(3) La décomposition (26.36) est topologique.
Proposition 26.13.
Si F est un sous-espace de l’espace de Hilbert H alors on a F KK “ F̄ .
Démonstration. Nous savons par la proposition 26.10 que F K est fermé, par conséquent le théo-
rème 26.12 donne la somme directe
H “ F K ‘ F KK . (26.37)
Mais F̄ étant également fermé nous avons la somme directe
H “ F̄ ‘ pF̄ qK . (26.38)
Montrons que pF̄ qK “ F K . En effet si x P F K et si y P F̄ , alors il existe une suite yn dans F qui
converge vers y. Pour chaque n nous avons xx, yn y “ 0 et dons xx, yy “ 0 par continuité du produit
scalaire.
Nous avons donc
H “ F K ‘ F KK “ F̄ ‘ F K . (26.39)
Mais F̄ Ä F KK (prendre une suite). Les espaces F̄ et F KK étant tous deux des supplémentaires de
F K , nous déduisons qu’ils doivent être égaux.
Proposition 26.14.
Soit H un espace de Hilbert et F un sous-espace vectoriel de H . Alors F est dense si et seulement
si F K “ t0u.
Pour vérifier si un sous-espace vectoriel d’un espace de Hilbert est dense, il suffit donc de
montrer que son orthogonal est réduit à zéro.
Par conséquent } y } § }y}. Mais d’autre part le fait que y pyq “ }y}2 montre que } y } • }y}.
En ce qui concerne la continuité de y , elle est garantie par le fait que c’est une application
linéaire bornée via la proposition 11.21.
Définition 26.16.
Le dual de l’espace de Hilbert H est l’ensemble
Notons que dans le contexte des espaces de Hilbert nous demandons la continuité des éléments
du dual parce qu’elle n’est pas automatique par la linéarité dans les cas de dimension infinie. En
principe nous devrions préciser dual topologique, mais nous ne le ferons pas systématiquement
lorsque le contexte parle clairement de topologie (ce qui est le cas lorsqu’on parle d’espaces de
Hilbert). De temps en temps le dual algébrique d’un espace est noté E ˚ ; dans ce cas la continuité
n’est pas demandée.
:H ÑH1
(26.43)
y ބ y
Démonstration. Nous savons du lemme 26.15 que est une isométrie. Nous devons seulement
montrer que est surjective. L’application nulle est dans l’image de . Soit f P H 1 non nulle. Par
continuité nous savons que F “ kerpf q est fermé, donc
est une base de H avec v P pker f qK et us P ker f . Nous choisissons v pour avoir }v} “ 1.
Existence Nous pouvons maintenant prouver l’existence de y tel que y “ f . En effet si nous
posons y “ f pvqv nous avons y “ f , en effet
Unicité En ce qui concerne l’unicité, d’abord si y “ f alors nous devons avoir y P pker f qK et
par conséquent y “ ⁄v pour un certain ⁄ P . Nous avons alors
Notons que nous avons réellement utilisé le théorème du rang pour l’unicité. Si nous ne de-
mandions pas l’unicité, alors nous n’avions pas besoin du fait que dimpker f qK “ 1, et nous aurons
donc pu parler de formes plus générales à valeurs dans n .
26.3.3 Séparabilité
Définition 26.18.
Un espace topologique est séparable s’il possède une partie dénombrable dense.
Proposition 26.20.
Un espace vectoriel normé est séparable si et seulement s’il possède une partie totale dénombrable.
Démonstration. Si est une partie dénombrable de E, alors le -espace vectoriel Span est
dénombrable, et sa fermeture est la même que celle de Span .
Définition 26.21.
Une famille pui qiPI d’éléments de H indicée par un ensemble quelconque I est un système or-
thonormé si
(1) }ui } “ 1 pour tout i P I,
(2) ui K uj pour tout i ‰ j.
Notons que si pun qnP est un système orthonormé dénombrable alors en utilisant les formules
de la proposition 26.3, nous avons
›ÿn ›2 n
ÿ
› ›k uk › “ |›k |2 . (26.48)
k“1 k“1
Exemple 26.22
Dans l’ensemble L2 pa, bq avec b ´ a “ L l’ensemble des fonctions
1 2fi
en ptq “ ? expp intq (26.49)
b´a L
avec n P forme un système orthonormé. En effet
ªb
1 2fi 2fi
xen , en y “ expp intq expp´ intq “ 1 (26.50)
b´a a L L
et ªb
1 2fi
xen , em y “ e L pn´mqt dt “ 0. (26.51)
b´a a
Dans cette intégrale nous utilisons le fait que b “ a ` pb ´ aq pour simplifier les expressions en
cours de calcul.
La famille (26.49) est le système trigonométrique de L2 pa, bq. On en parle aussi dans [298].
—
26.3. SYSTÈMES ORTHOGONAUX ET BASES 1453
Proposition 26.23.
Une partie orthonormée est libre.
Démonstration. Soit pui qiPI une famille orthonormée de H et une combinaison linéaire finie nulle :
n
ÿ
ak uk “ 0. (26.52)
k“1
Avant de continuer nous devons définir comment nous calculons des sommes sur des ensembles
quelconques. Si I est un ensemble et si pour chaque i P I nous avons un nombre réel positif ai ,
alors nous définissons ÿ ÿ
ai “ sup aj . (26.55)
iPI JÄI
J fini jPJ
Cela est discuté dans la section 10.8.
Démonstration. Les éléments de la somme étant des réels positifs, la notion de somme à utiliser
est celle de la définition 10.183.
Posons ci pxq “ xx, ui y. Pour toute partie finie J Ä I nous avons
› ÿ ›2 ÿ ÿ
0 § ›x ´ cj pxquj › “ }x}2 ´ 2 Re xx, cj pxquj y ` |cj pxq|2 . (26.57)
jPJ j j
Finalement, ÿ
|cj pxq|2 § }x}2 . (26.60)
jPJ
Ayant cette inégalité pour toute partie finie de I, nous l’avons encore pour le supremum.
Proposition 26.25.
Soit H un préhilbert et une famille orthonormé pui qiPI . Si
ÿ
x“ ›i ui (26.61)
iPI
alors ›i “ xx, ui y.
1454 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
26.27.
Cette définition demande quelques remarques.
(1) La notion de base hilbertienne pas la même notion de base qu’en algèbre. En effet pour
avoir une base algébrique d’un espace vectoriel, nous demandons que les éléments soient
des combinaisons linéaires finies des éléments de la base, tandis qu’ici en demandant que
la partie soit totale nous demandons simplement que les combinaisons linéaires finies soient
denses.
(2) Nous allons voir qu’un espace de Hilbert est généré par les sommes infinies de vecteurs
d’une base hilbertienne avec des coefficients qui forment une suite dans ¸2 .
(3) Nous ne demandons pas que la famille soit libre ? La belle affaire. Une famille orthogonale
est toujours libre, proposition 26.23.
Démonstration. Notons qu’ici, H n’est pas supposé séparable. Nous savons par l’inégalité de Bessel
(26.56) que ÿ
|xx, ey|2 § }x}2 . (26.64)
ePE
Donc si ‘ ° 0 est donné, l’ensemble te P E tel que |xx, ey| ° ‘u est fini. Or
8
§ 1
te P E tel que xx, ey ‰ 0u “ te P E tel que |xx, ey| ° 0u “ te P E tel que |xx, ey| ° u. (26.65)
n“1
n
Bref, cet ensemble est une union dénombrable d’ensembles finis. Il est donc dénombrable.
Remarque 26.29.
Le lemme 26.28 ne signifie pas que la base E doive être dénombrable. Il signifie seulement que pour
chaque x séparément, seule une partie dénombrable de E est nécessaire.
7. Théorème 26.17.
8. Définition 26.19
9. Définition 26.26.
26.3. SYSTÈMES ORTHOGONAUX ET BASES 1455
alors que le lemme 26.28 indique que chacun des ensembles de l’union est au plus dénombrable.
La partie F est donc une union dénombrable d’ensemble dénombrables. Elle est dénombrable.
Remarque 26.31.
En travaillant un peu plus sur la notion de cardinalité, le corollaire 26.30 indique que toutes les
bases hilbertiennes ont même cardinalité. En effet en laissant tomber l’hypothèse de dénombrabilité
sur E, l’inclusion (26.66) donne que F est une union de CardpEq ensembles dénombrables et est
alors de cardinalité CardpEq.
Définition 26.32.
Une partie orthonormale B est maximale si le seul x P H vérifiant xx, by “ 0 pour tout b P B
est x “ 0.
Cela est encore une partie orthonormé de H parce que si x, y P A, alors il existe i, j P I tels
que x P Ai et y P Aj . Vu que tAi uiPI est totalement ordonné nous supposons pour fixer les idées
que Ai Ä Aj . Alors x et y sont dans Aj qui est une partie orthonormée ; nous en déduisons que
xx, yy “ 0 et donc que A est une partie orthonormée. C’est à dire : A P O. Par ailleurs, A est un
majorant de tAi uiPI pour l’inclusion parce que Ai Ä A pour tout i.
Nous avons prouvé que O est un ensemble inductif. Le lemme de Zorn 1.15 nous dit alors que O
possède un maximum. Ce maximum est une partie orthonormale inclue dans aucune autre partie
orthonormale. C’est à dire que ce maximum est une partie orthonormale maximale au sens de la
définition 26.32.
Démonstration. Soit B une partie orthonormale maximale, et A une partie orthonormale. Pour
chaque b P B nous notons
Apbq “ ta P A tel que xa, by ‰ 0u Y t0u. (26.68)
Un élément de A qui ne serait dans aucun des Apbq serait perpendiculaire à tous les éléments de
B, et serait donc l’élément nul. Mais l’élément nul est dans tous les Apbq ; donc nous avons
§
AÄ Apbq. (26.69)
bPB
Or par l’inégalité de Bessel, l’ensemble Apbq est dénombrable. Par conséquent A est inclus dans
une union dénombrable d’ensembles dénombrables ; A est dénombrable.
Le fait que tout espace de Hilbert possède une base hilbertienne est vrai. Nous allons démontrer
ce résultat d’abord pour les espaces séparables et ensuite, indépendamment, en général. Si vous
vous la sentez de maîtriser la proposition 26.36, vous pouvez sauter la 26.35.
Proposition 26.35.
Tout espace de Hilbert séparable possède une bases hilbertienne.
Démonstration. Vu que nous supposons avoir un espace de Hilbert séparable, il possède une partie
totale dénombrable par la proposition 26.20. Soit pvn qnP une telle partie. Quitte à supprimer les
vi qui sont combinaisons linéaires des précédents, nous pouvons supposer que cette partie est libre.
Nous considérons l’espace vectoriel
Fn “ Spantv1 , . . . , vn u. (26.70)
Sur Fn nous pouvons appliquer un procédé de Gram-Schmidt pour construire une base orthonormée
tu1 , . . . , un u de Fn au sens usuel. En considérant Fn`1 et en recommençant, les vecteurs u1 , . . . , un
ne changent pas, mais nous obtenons un vecteur un`1 .
Nous construisons ainsi une suite pun q qui est alors orthonormée au sens des espaces de Hilbert.
Nous devons encore prouver qu’il s’agit d’un ensemble total. Cela est simplement dû au fait que tout
élément de Spantvn u est contenu dans Spantun u parce que Span ne considère que des combinaisons
linéaires finies.
Démonstration. Soit une partie orthonormale maximale B et la fermeture de son espace engendré :
F “ SpanpBq. Pour que B soit une base, nous devons démontrer que F “ H . Pour cela nous
considérons x P H et nous utilisons le théorème de projection orthogonale 26.7 pour mentionner
le fait que
x ´ projF pxq K F (26.71)
Cela dit que x ´ projF pxq est un vecteur orthogonal en particulier à tous les éléments de B ; par
maximalité nous avons x ´ projF pxq “ 0, c’est à dire x “ projF pxq ou encore x P F . Cela prouve
que F “ H .
Note : pour être pointilleux, nous aurions dû travailler non avec x ´ projF pxq, mais avec le
vecteur normalisé à 1.
En ce qui concerne le second point, nous invoquons le lemme 26.33 pour dire que tout espace de
Hilbert possède une partie orthonormale maximale. Ensuite la première partie de cette proposition
nous dit que cette dernière est une base hilbertienne.
Théorème 26.37.
Pour un espace de Hilbert, les choses suivantes sont équivalentes.
(1) L’espace est séparable 11 .
(2) L’espace possède au moins une base hilbertienne 12 dénombrable.
(3) Toutes les bases hilbertiennes sont dénombrables.
11. Définition 26.18.
12. Définition 26.26.
26.3. SYSTÈMES ORTHOGONAUX ET BASES 1457
Remarque 26.38.
À mon avis il doit exister un théorème de complétion de base hilbertienne disant que si on a
une famille orthonormée, alors elle se prolonge en base. Utilisant cela, nous trouvons une nouvelle
démonstration de la proposition 26.24 en disant que la somme sur la « partie de base » est plus
petite que la somme sur la « base complète ».
26.39.
Vu que nous n’avons l’intention de ne travailler qu’avec des espaces de Hilbert séparables et que
toutes leurs bases sont dénombrables, nous n’allons travailler qu’avec des bases dénombrables, et
donc des systèmes orthonormés dénombrables. Nous allons conventionnellement les indicer par .
La proposition suivante explique que la notion de projection est compatible avec la décompo-
sition d’un vecteur dans un système orthonormé.
Proposition 26.40.
Soit puk qk•1 un système orthonormé d’un préhilbert H . Soient
8
ÿ
x“ ›k uk (26.72)
k“1
et
F “ Spantu1 , . . . , un u. (26.73)
Alors
n
ÿ
projF pxq “ ›k uk . (26.74)
k“1
où nous avons utilisé la continuité du produit scalaire pour permuter la somme (infinie) et le
produit. Étant donné que y P F K nous avons projF y “ 0 par le point (2) du théorème 26.12.
1458 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
donc le résultat.
Ce théorème exprime le fait que les nombres xx, ui y sont les meilleurs coefficients à mettre
devant les ui pour approximer x.
Corollaire 26.42.
Soit tui uiPI une famille orthonormé de H . Pour tout x P H et pour toutes parties finies J, K de
I avec J Ä K nous avons
ÿ ÿ
} xx, uj yuj ´ x} § } xx, uj yuj ´ x}. (26.80)
jPK jPJ
Ce corollaire exprime le fait que plus on prend de termes de la forme x, ui yui , mieux c’est.
Proposition 26.43.
Soit H un espace de Hilbert et pun q un système orthonormé dans H . Si p›n qnP est une suite
dans ¸2 alors la série
8
ÿ
›n un (26.81)
n“1
converge dans H .
Autrement dit l’application
S : H Ñ ¸2
` ˘ (26.82)
x fiÑ xx, un y n•1
est surjective.
∞
Démonstration. Nous allons montrer que la série 8 n“1 ›n un est de Cauchy, c’est à dire que la
limite
› n`p
ÿ ›
lim › ›k uk › “ 0 (26.83)
nÑ8
k“n
› n`p
ÿ ›2 n`p
ÿ
› ›k uk › “ |xk |2 . (26.84)
k“n k“n
Mais si p›n q est dans ¸2 , pour tout ‘, il existe N tel que si n ° N alors le membre de droite est
inférieur à ‘ indépendamment de p.
26.3. SYSTÈMES ORTHOGONAUX ET BASES 1459
Dans le théorème suivant (et d’ailleurs partout), les sommes sur I sont prises au sens de la défini-
tion 10.184.
Le point (5) nous indiquera que cette égalité est en fait suffisante pour dire que nous avons
une base.
(4) Nous avons l’identité de Parseval
ÿ
xx, yy “ xx, ui yxy, ui y. (26.88)
iPI
(5) Si tei u est une famille de vecteurs unitaires vérifiant l’identité de Plancherel, alors c’est
une base hilbertienne.
(6) Si tui uiPI est une base hilbertienne, la suite n fiÑ |xx, en y| appartient à ¸2 pIq.
Démonstration. (1) Étant donné que le système tui uiPI est total, nous pouvons considérer une
suite de combinaisons linéaires finies des ui qui converge vers x. Nous écrivons
ÿ
xn “ an,k uj (26.89)
xPJn
et xn Ñ x dans H . Les ensembles Jn sontî des sous-ensembles finis de I. Nous pouvons les
choisir de telle sorte que Jn Ä Jn`1 et nP Jn “ I. Ce choix correspond à éventuellement
prendre an,j “ 0 pour toutes les valeurs de j « en trop ».
Soit ‘ ° 0 et N tel que }xn ´ x} † ∞‘ pour tout n • N . Nous allons montrer que pour tout
J fini tel que JN Ä J nous avons } jPJ xx, uj yuj ´ x} † ‘. Étant donné que
ÿ ÿ
xx, uj yuj “ aj uj (26.90)
jPJN jPJ
avec #
xx, uj y si j P JN
aj “ (26.91)
0 sinon,
le théorème de meilleure approximation 26.41 nous enseigne que
ÿ ÿ
} xx, uj yuj ´ x} § } xx, uj yuj ´ x} † ‘ (26.92)
jPJ jPJN
1460 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
∞
par conséquent la somme iPI xx, ui yui converge vers x au sens général, et en particulier
commutativement.
∞
Les sommes étant commutatives (en particulier x “ iPI xx, ui yui ), et les bases hilbertiennes
étant dénombrables, nous ne perdons aucune généralité en ne considérant que des bases
indexées par .
(2) Nous devons montrer que l’ensemble des combinaisons linéaires finies est dense dans H .
Par hypothèse, pour tout ‘, il existe un ensemble fini J tel que
ÿ
} xx, uj yuj ´ x} † ‘. (26.93)
jPJ
(4) Au tour de Parseval. Nous commençons par prouver que la somme du membre de droite
converge. En utilisant l’inégalité |zz 1 | § |z|2 ` |z 1 |2 (valable pour z, z 1 P ) et Plancherel,
nous avons ÿ ÿ
|xx, ui yxy, ui y| § |xx, ui y|2 ` |xy, ui y|2
iPI iPI (26.96)
2 2
§ }x} ` }y} .
Nous en déduisons que la famille xx, ui yxy, ui y est (commutativement) sommable en utilisant
la proposition 10.191. Par ailleurs nous savons que
ÿ
x“ ci pxqui (26.97a)
iPI
ÿ
y“ ci pyqui , (26.97b)
iPI
Par conséquent xuj , ui y “ 0 dès que i ‰ j. Cela prouve que le système tui uiPI est orthonormé.
Nous devons encore prouver que le système est total. Pour cela nous repartons de l’équation
(26.59) que nous avions déduites dans la démonstration de l’inégalité de Bessel :
ÿ ÿ
}x ´ cj pxquj } “ }x}2 ´ |cj pxq|2 . (26.100)
jPJ jPJ
Par hypothèse le membre de droite peut être rendu aussi petit que l’on veut en prenant
J grand (mais fini) dans I. Le membre de gauche indique alors que le système tui uiPI est
total.
26.3. SYSTÈMES ORTHOGONAUX ET BASES 1461
∞
(6) L’identité de Plancherel signifie entre autres que si x P H alors iPI |xx, ui y|2 converge. Du
coup la suite pxx, ui yqiPI est dans ¸2 pIq.
Remarque 26.45.
Nous avons décidé d’indexer les bases hilbertiennes par ; cela est légitime parce que les sommes
sont commutatives. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’en pratique l’ensemble naturel avec
lequel on indexe une base est parfois . Un tel cas est donné par la base trigonométrique de L2 .
Indexer cette dernière par plutôt que par serait une contorsion inutile.
Remarque 26.46.
L’égalité de Parseval est la raison pour laquelle les physiciens écrivent souvent
8
ÿ
Id “ |un yxun | (26.101)
n“1
dans les livres de mécanique quantique par exemple. Dans certains[327], nous lisons même
ª `8
ˆ
dq|qyxq| “ I. (26.102)
´8
Notons que ces personnes travaillent avec un espace de Hilbert dont la base n’est pas dénombrable.
Pour dire que la physique, ça n’utilise pas des mathématiques pour rire !
Remarque 26.47.
Par définition une base orthonormée est donc une partie dénombrable dont l’espace vectoriel en-
gendré est dense. Un espace de Hilbert possédant une base orthonormée est donc séparable. C’est
ce fait qui nous pousse à ne considérer que des espaces de Hilbert séparables ; nous n’allons donc
pas étudier ce qu’il se passerait par exemple en considérant l’espace vectoriel librement engendré
par les éléments de .
Exemple 26.48
L’identité de Parseval (26.88), dans le cas de l’espace des fonctions continues périodiques de période
2fi signifie qu’en posant
ª
1 2fi
cn pf q “ f psqe´ins , (26.103)
2fi 0
nous avons ª
1 2fi ÿ8
|f psq|2 “ |cn pf q|2 . (26.104)
2fi 0 n“´8
Corollaire 26.49.
Soit H un espace de Hilbert et pun q une base orthonormée. L’application
S : H Ñ ¸2
` ˘ (26.105)
x ބ xx, un y nP
S ´1 : ¸2 Ñ H
8
ÿ (26.106)
p›n q fiÑ ›n un .
n“1
1462 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
Démonstration. Nous devons prouver que l’application est bijective et qu’elle vérifie
C “ Spantbi ´ vi u (26.109)
est l’orthogonal de V .
Démonstration. Juste pour rappel, lorsque nous écrivons vi “ projV pbi q, nous parlons de la pro-
jection orthogonale du théorème 26.7. Donc tous les vecteurs bi ´ vi sont dans V K . En passant aux
limites, C Ä V K .
∞
Soit x P V K que nous décomposons dans la base tbi uiPI comme x “ iPI xi bi . Posons ci “
bi ´ vi “ bi ´ projV pbi q. Alors d’une part
ÿ ÿ
0 “ projV pxq “ xi projV pbi q “ xi pbi ´ ci q. (26.110)
i i
Nous avons utilisé la continuité de projV pour permuter avec la somme. D’autre part,
ÿ ÿ ÿ ÿ
x“ xi bi “ xi pbi ´ ci ` ci q “ xi pbi ´ ci q ` xi ci P C. (26.111)
i i loooooomoooooon
i i
“0
Notons que pour la dernière appartenance, il est important de prendre la fermeture pour définir
C.
Démonstration. Soit une partie orthonormée tui uiPI de l’espace de Hilbert H . Nous mentionnons
que cette partie est libre et donc, par le théorème 26.37, dénombrable 13 . Montrons pour commencer
que la partie V “ Spantui uiPI est un sous-espace vectoriel fermé de H .
Vectoriel Soit v, w P V et ‘ ° 0. Il existe a P Spantui u tel que }a ´ v} † ‘ et b P Spantui u tel
que }b ´ w} † ‘. Dans ce cas,
pour des coefficients xi et x– . Notons que I et A sont deux ensembles différents. Aucun des
x– n’est un des xi , ni inversement. Supposons que x P SpanpC Y U qK ; alors
ÿ ÿ
0 “ xx, uj y “ xi xu i ,
loomoonu j y ` xc– , uj y “ xj .
loomoon (26.114)
iPI –PA
“”ij “0
Proposition 26.52.
Soit H un espace de Hilbert et tui uiP une base hilbertienne de H . Au sens de la topologie faible
sur l’espace des opérateurs nous avons
8
ÿ
projui “ Id . (26.122)
i“1
Démonstration. Pour chaque N P et x P H , en vertu de la décomposition (26.86) nous avons
N
ÿ
projui pxq ´ x “„8
i“N `1 xx, ui yui . (26.123)
i“1
Par l’orthonormalité de la base nous avons
ÿ8 8
ÿ
}xx, ui yui } “ |xx, ui y|, (26.124)
i“N `1 i“N `1
dont la limite N Ñ 8 est zéro étant donné que la suite i fiÑ |xx, ui y| est dans ¸2 p q par le
théorème 26.44.
où nous avons permuté la somme et la dérivée en considérant la suite de fonctions fk ptq “ kpxk `
Bf
tuk qek . Donc Bej
pxq existe et est continue sur un voisinage de x “ 0 (c’est même constant). Nous
savons pourtant que la fonction f n’est pas différentiable en zéro parce que non continue.
L’endroit qui coince dans la preuve de la proposition 13.228 est l’introduction des « contres-
termes » dans l’équation (13.615). En effet les contre-termes à ajouter seraient
d” ` ˘ı
lpxq “ f a ` spx ´ aq (26.127)
dt t“0
qui ici serait
`ÿ ˘ d” ` ÿ ˘ı ÿ
l xk ek “ f s xk ek “ xk ek , (26.128)
k
dt k
t“0
k
dont la convergence est plus que douteuse.
Notons que les dérivées directionnelles n’existent pas toutes, loin s’en faut : si u P H nous avons
Bf d” ı d ”ÿ ı ÿ
pxq “ f px ` tuq “ kpxk ` tuk qek “ kuk ek (26.129)
Bu dt t“0 dt k t“0
k
La convergence de la dernière somme n’est pas garantie pour tout u.
26.4. THÉORÈME DE KOCHEN-SPECKER 1465
Démonstration. Soit tun unP une base hilbertienne de H . Nous notons proji l’opérateur de pro-
jection sur l’espace (fermé) engendré par ui . Ce sont des opérateurs compatibles deux à deux parce
que la base tun unP est une base commune de vecteurs propres 16 .
D’abord nous devons avoir vp q “ 1. En effet pour tout opérateur A, nous avons
et donc vpproji q doit valoir zéro ou un. Mais la relation (26.133) donne une forte contrainte sur
le choix de 0 et de 1. En effet, parmi les vpproji q, un et un seul doit valoir 1, les autres doivent
valoir 0.
Refaisant le raisonnement pour une autre base orthonormale hilbertienne, nous trouvons que
les valeurs de v sur les opérateurs de projection sur les différentes directions doivent être choisies
de telle façon que tout choix de base hilbertienne orthogonale contienne exactement un 1 et le
reste de zéros.
Nous voudrions maintenant insister sur un point. Le problème de déterminer de façon cohérente
les valeurs 0 ou 1 pour tous les vpproji q revient à attacher 0 ou 1 à tous les rayons de H de façon
que toute base orthogonale de H contienne exactement un 1. Un rayon est une direction, c’est à
dire une classe d’équivalence x „ ⁄x. Si nous décidons de nommer « blanc » les rayons attachés à
16. Pour les besoins de la physique, nous remarquons que ces opérateurs sont des opérateurs hermitiens qui
commutent, mais ça ne joue pas ici.
1466 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
la valeur 0 et « noirs » ceux attachés à la valeur 1, le problème se réduit à colorer la boule unité
de façon compatible.
Soit tui uiP une base orthogonale de H numérotée de telle sorte que vpu0 q “ 1 et vpuk q “ 0
pour k ‰ 0. Nous allons maintenant nous particulariser au cas de dimension supérieure ou égale à
4. Si R est une rotation dans le plan Spantu0 , u1 , u2 , u3 u, alors l’ensemble
est encore une base orthogonale de H et nous avons encore vpuk q “ 0 pour k • 4. Par conséquent
un et un seul des vecteurs Ru0 , Ru1 , Ru2 ou Ru3 est colorié en noir ; les trois autres étant blancs. Le
problème est maintenant complètement réduit à la dimension 4. Note : pour réduire à la dimension
3, on procède de même, mais pour conclure, il faut travailler plus.
Nous allons construire 9 base orthogonales de 4 à partir de 18 vecteurs, chacun arrivant dans
exactement deux des bases. Ils sont donnés dans le tableau suivant :
0 1 0 0 0 0 1 1 1 ´1 1 ´1 ´1 1 1 1 1 1
0 0 1 0 0 1 1 1 1 ´1 ´1 1 1 1 ´1 1 1 ´1
0 0 0 1 0 0 1 ´1 1 ´1 1 1 1 1 ´1 1 1 1
0 1 0 0 1 0 1 ´1 ´1 1 1 1 1 ´1 1 1 ´1 1
1 0 1 0 1 1 1 0 1 1 1 0 1 0 1 0 1 ´1
1 0 0 1 0 0 ´1 0 0 0 0 ´1 0 1 1 0 0 0
1 0 1 0 1 ´1 0 1 0 0 0 1 0 1 0 1 0 0
´1 0 0 ´1 0 0 0 ´1 1 1 ´1 0 ´1 0 0 ´1 1 1
Chaque case de ce table représente un rayon de 4 ; il y en a 18 différents, chacun écris deux
fois. Une simple vérification montre que chaque colonne est un système orthogonal. La preuve
du théorème de Kochen-Specker revient à montrer que nous ne pouvons pas colorier ce tableau
de façon cohérente. En effet, étant donné que chaque vecteur est écrit deux fois, le tableau doit
contenir un nombre pair de cases blanches et un nombre pair de cases noires.
Par ailleurs chaque colonne étant un système orthogonal, chaque colonne contient exactement
une case noire ; il y a donc exactement neuf cases noires dans le tableau, ce qui est impossible.
Encore une fois, bw étant continue et linéaire, elle est dans V 1 et Riesz nous fournit un
élément Apwq P V tel que
bw pvq “ xApwq, vy (26.139)
pour tout v P V .
Le problème variationnel apu, vq “ Lpvq est équivalent à xApuq, vy “ xf, vy. L’ensemble des
solutions de cette dernière est égal à l’ensemble des solutions de l’équation
Apuq “ f. (26.140)
A est linéaire Soient –, — P et w, z P V . Nous avons pour tout v P V :
xAp–w ` —zq, vy “ ap–w ` —z, vq (26.141a)
“ –apw, vq ` —apz, vq (26.141b)
“ –xApwq, vy ` —xApzq, vy (26.141c)
“ x–Apwq ` —Apzq, vy. (26.141d)
Étant donné que nous avons égalité pour tout v P V nous en déduisons que Ap–w ` —zq “
–Apwq ` —Apzq, ce qui signifie que A est linéaire.
Une autre propriété de A Nous déduisons une majoration de }Apvq}2 lorsque ce n’est pas
nul. Pour ce faire,
}Apvq}2 a “ xApvq, Apvqy (26.142a)
“ apv, Apvqq (26.142b)
§ M }v}}Apvq}. (26.142c)
En simplifiant, }Apvq} § M }v}. Et donc
}Apvq}2 § M 2 }v}2 . (26.143)
Une contraction Nous allons choisir une valeur de fl ° 0 telle que l’application
` ˘
T : w fiÑ w ´ fl Apwq ´ f (26.144)
` ˘
soit une contraction 18 . Nous avons T pwq ´ T pw1 q “ w ´ w1 ´ fl Apw ´ w1 q et donc
}T pwq ´ T pw1 q}2 “ }w ´ w1 }2 ` fl2 }Apw ´ w1 q}2 ´ 2flxApw ´ w1 q, w ´ w1 y (26.145a)
1 2 2 2
“ }w ´ w } ` fl }Apw ´ w q} ´ 2flapw ´ w , w ´ w q.
1 1 1
(26.145b)
Vu que le dernier terme arrive avec un signe moins, pour majorer l’expression, il faut minorer
ce terme, c’est à dire utiliser apw ´ w1 , w ´ w”q • –}w ´ w ´ w1 }. Et en même temps nous
utilisons (26.143) pour le second terme. Au final pour pouvons factoriser }w ´ w1 } et
` ˘
}T pwq ´ T pw1 q} § }w ´ w1 } 1 ` fl2 M 2 ´ 2fl– . (26.146)
Pout que T soit contractante, il faut 0 † P pxq † 1 avec P pxq “ M 2 x2 ´2–x`1. Le minimum
–2
de ce polynôme est obtenu en x “ M–2 (la formule du xmin “ ´b{2a) et vaut 1 ´ M 2 † 1.
Vu que par ailleurs limxÑ8 P pxq “ `8, et que ce polynôme passe par au moins une valeur
strictement inférieure à 1, nous savons qu’il existe un x tel que 0 † P pxq † 1. En donnant
à fl cette valeur, l’application T est une contraction.
18. Définition 18.42.
1468 CHAPITRE 26. ESPACES DE HILBERT
et donc
}L}
}u} § . (26.149)
–
Notons que Lpuq et apu, uq sont positifs.
Exemple 26.56([331])
La borne }u} § }L}{– est optimale au sens où il existe des cas d’égalité. En effet nous pouvons
considérer
apu, vq “ sxu, vy (26.150)
et
Lpvq “ xf, vy (26.151)
pour un certain s ° 0 et f P V . L’application L n’est autre que f dont nous avons abondamment
parlé autour du théorème de représentation de Riesz 26.17. Le lemme 26.15 nous apprend que L
est une application borné (et donc continue) de norme }L}V 1 “ }f }V .
L’application a : V ˆ V Ñ est continue par la proposition 11.42. Elle est coercive parce que
Les hypothèses du théorème de Lax-Milgram 26.55 sont réunies et il existe un unique élément
u P V tel que apu, vq “ Lpvq pour tout v. Cet élément n’est autre que
1
u “ f. (26.153)
s
Nous avons alors }u} “ 1s }f }.
Mais s est la constante de coercivité de a et }f } est la norme de L. Cette dernière affirmation
est contenue dans le fait que est une isométrique dans le lemme 26.15. En reprenant les notations
du théorème, nous avons l’égalité
}L}
}u} “ , (26.154)
–
ce qui signifie que l’inégalité du théorème est dans un certain sens optimale. —
Proposition 26.57.
Soit un espace de Hilbert réel V et une application a : V ˆ V Ñ coercive et continue.
L’application „ : V 1 Ñ V qui à L fait correspondre l’unique solution u de apu, vq “ Lpvq est
(1) bien définie,
(2) linéaire,
(3) continue.
26.5. THÉORÈME DE LAX-MILGRAM 1469
Démonstration. Le fait que „ soit bien définie est le théorème de Lax-Milgram 26.55.
L’application „ dont nous parlons ici est une application entre deux espaces normés. Soient
L1 , L2 P V 1 ; nous définissons u1 “ „pL1 q et u2 “ „pL2 q. Nous avons
Un problème est bien posé au sens de Hadamard si la solution est unique et dépend continue-
ment des données ; nous ne rentrerons pas plus dans les détails pour l’instant : nous en reparlerons
dans la définition 34.14 mais sachez qu’il existe en fin de compte autant de Hadamard qu’il y a de
contextes dans lequel le mot « problème » a un sens.
Ce que dit la proposition 26.57 est que, a étant donné, le problème qui consiste à résoudre
apu, vq “ Lpvq est bien posé au sens de Hadamard, au moins par rapport à L.
ce qu’il fallait.
Soit u P V , un élément minimisant la fonctionnelle J. Nous fixons w P V et considérons la
fonction g : Ñ définie par
gp‘q “ Jpu ` ‘wq. (26.162)
En développant un peu et en regroupant les termes,
` ˘ ‘2
gp‘q “ Jpuq ` ‘ apu, wq ´ lpwq ` apw, wq. (26.163)
2
Cela est une fonction éminemment continue et dérivable ; en réalité c’est un bête polynôme
de degré deux. Vu que u minimise J, pour tout ‘ ‰ 0 nous avons gp‘q • gp0q ou encore :
‘ “ 0 est minimum local (et même global) de g. Le polynôme (26.163) prend son minimum
en ‘ “ 0 si et seulement si
apu, wq ´ lpwq “ 0. (26.164)
Vous ne me croyez pas ? Faites g 1 p‘q “ 0 ou bien reprenez la formule du ´b{2a pour le
sommet d’une parabole, en tenant compte que apw, wq ‰ 0. Notons qu’ici encore le fait que
a soit coercive joue parce que c’est cela qui nous permet d’affirmer que la parabole a un
minimum et non un maximum.