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Séance 5 - Fiche de connaissances n°2

La fusion des EPCI et les conséquences financières et fiscales

Par Patrice Raymond


Dernière mise à jour : novembre 2017

La mise en place d’une nouvelle structure bipartite du territoire passe par une simplification du nombre
d’échelons administratifs mais aussi par une réduction du nombre des composantes dans chacun de ces
échelons.

Concernant les régions, la loi du 16 janvier 2015 sur la délimitation des régions a eu pour conséquence la
fusion des régions entre elles et leur passage de 22 à 13.

Pour les communes, la situation est plus délicate. Leur grand nombre et leur grande diversité a toujours
été une difficulté face à l’Etat unitaire et souverain. Dès 1789, le député Jacques-Guillaume Thouret
propose la suppression des 55 000 paroisses de l’ancien régime par 720 communes. Le 14 décembre
1789, 44 000 communes qui seront créées.
Si aucun texte ne prévoit leur suppression, la stratégie de l’Etat est plutôt le développement des outils
financiers et administratifs d’incitation à leur regroupement.

Concernant l’intercommunalité et la loi du 6 février 1992 sur l’administration territoriale de la République,


elle a permis aux communes les plus petites de trouver des solutions inhérentes aux difficultés de gestion
des compétences confiées par les lois de décentralisation.

Il leur a fallu en effet 10 années pour se rendre compte de la difficulté à rester une commune rurale face
aux nouvelles attentes des administrés en terme de qualité et de diversité attendues par eux dans la
gestion des services public locaux.

L’heure n’est plus aux encouragements financiers d’appartenance des communes aux EPCI à fiscalité
propre. Hormis quelques rares exceptions, il n’existe plus de communes isolées.

La 3ème génération de schémas départementaux de coopération intercommunale de 2022 poursuivra


l’œuvre initiée par les schémas de seconde génération, ceux du 1er janvier 2017.

C’est désormais le nombre d’EPCI qui doit être réduit par leur fusion.

C’est la loi du 13 août 2004 sur les responsabilités et libertés locales qui, pour la 1ère fois, prévu la
possibilité de fusionner les EPCI. Cette dynamique a été ensuite renforcée par la loi du 16 décembre 2010
sur la réforme des collectivités territoriales à travers la première génération de schéma départemental de
coopération intercommunale. Les objectifs sont au nombre de 5 :

- La suppression des communes isolées ;


- La suppression significative des syndicats de communes ;
- Un seuil de 5000 habitants minimum par EPCI ;
- Des périmètres d’un seul tenant et sans enclave ;
- La solidarité financière

Face aux inquiétudes émises par bon nombre d’élus dans l’application des SDC, la loi « Pélissard / Sueur »
du 29 février 2012 a, quant à elle, assoupli les règles relatives à la mise en commun des compétences des
EPCI qui fusionnent.

La loi NOTRe du 7 août 2015 prévoit une seconde génération de SDCI. Le législateur poursuit à travers eux
les objectifs de la loi du 16 décembre 2010. La loi est plus précise sur la nature des syndicats à supprimer.
La loi qualifie juridiquement la nature des syndicats qui doivent disparaitre : syndicats liés à l’énergie, à
l’eau, au transport et à l’assainissement.

Le seuil de population optimal préconisé en cas de fusion est désormais de 15 000 habitants sous réserve
d’une densité de population au Km². Les objectifs de solidarité financière sont maintenus ainsi que celui
de périmètre d’un seul tenant et sans enclave.

I. La fusion des EPCI : les étapes préparatoires

Un projet de fusion d’EPCI n’est pas anodin. Tout comme en matière de création de communes nouvelles,
un travail préparatoire s’impose dans les EPCI dont il est prévu la fusion. Il s’agit avant tout de s’interroger
sur la nature de la dynamique territoriale propre à chaque EPCI pour en dégager les meilleurs éléments
qui pourraient composer celle du nouvel EPCI.

1ère étape : La mise à plat des statuts et des compétences

Cette étape s’appuie sur une lecture attentive des arrêtés de création et des délibérations des communes
membres sur le projet de périmètre fixé par le Préfet au moment de la création des EPCI. Les
délibérations des communes membres permettent de comprendre certaines réticences ou tensions
actuelles dans le fonctionnement des EPCI dont on envisage la fusion. Avant la loi du 27 janvier 2014 dite
« MAPTAM », l’intérêt communautaire était défini à la majorité qualifiée des communes membres.

Cette étape permet également de lister la nature des compétences obligatoires, optionnelles et
facultatives exercées. La législation est précise sur le sort réservé à ces différentes natures de
compétences.

La nature du volume des dépenses induites aura des effets importants sur la nature de la fiscalité qui
s’appliquera dans l’EPCI. Plusieurs principes s’imposent dans ce domaine. Ils sont régulièrement rappelés
dans les circulaires ou les notes des préfectures à destination des exécutifs locaux.

- Les compétences obligatoires sont transférées aux EPCI sans possibilité pour les communes de s’y
opposer ;

- Les compétences optionnelles sont à choisir parmi plusieurs possibilités (trois compétences sur les
neuf proposées pour les communautés de communes et trois sur sept pour les communautés
d’agglomération) ;

- L’EPCI issu de la fusion dispose d’un an pour restituer les compétences optionnelles qui seraient
en surnombre qu’il ne souhaiterait pas exercer. Dans le cas où les compétences optionnelles sont
en nombre insuffisant, certaines compétences libellées comme « facultatives » dans les statuts
pourraient éventuellement être reprises en optionnelles, à condition de respecter la rédaction
issue du CGC ;

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- Les compétences facultatives peuvent être restituées dans un délai de deux ans. Ces compétences
peuvent être définies précisément, afin d’en limiter le contenu ou la portée sur le territoire ;

- Pendant ces délais, le nouvel EPCI exerce ses compétences sur les territoires antérieurs de
manière identique. À l’issue des délais, il doit décider de restituer les compétences aux
communes ou de les étendre sur l’ensemble du nouveau territoire ;

- Une compétence optionnelle classée dans les compétences facultatives peut être restituée dans le
délai d’un an et non deux ;

- Les transferts peuvent avoir des incidences sur les structures intercommunales (syndicats
intercommunaux, syndicats mixtes, pôles d’équilibre territorial et rural...), par modification
automatique de leur périmètre, substitution de l’EPCI à ses communes membres ou même
dissolution ;

- En matière de compétences optionnelles ou facultatives, les préfets recommandent de ne pas en


prendre en surnombre. Cette analyse des compétences optionnelles permet à ce stade de
s’interroger sur des restituions éventuelles.

2ème étape : Modalité de gestion des compétences et redéfinition de l’intérêt communautaire à


l’intérieur des compétences qui l’imposent

Dans le cas d’une fusion d’EPCI, il est vivement recommandé dans un premier temps de s’interroger sur la
définition qui a été donnée au préalable par chacun des présidents et des conseils communautaires du
contenu des compétences.

Il convient également de s’interroger sur les différences entre les compétences énumérées dans les statuts
et celles réellement exercées sur le terrain.

Lorsqu’une compétence fait l’objet d’un « intérêt communautaire », le nouvel EPCI dispose d’un délai de
deux ans pour le définir.

Depuis la loi n° 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et


d'affirmation des métropoles (MAPTAM), il est prévu que « lorsque l'exercice des compétences [...] est
subordonné à la reconnaissance de leur intérêt communautaire, cet intérêt est déterminé par le conseil de
la communauté [...] à la majorité des deux tiers ».

Afin de permettre la réflexion et les adaptations, l’intérêt communautaire ne doit pas être défini dans les
statuts.

Si l’intérêt communautaire est défini sous forme d’objectifs à atteindre, un lourd travail d’harmonisation
s’impose. Il s’agit là d’un mode innovant de définition de l’intérêt communautaire très favorable pour les
EPCI.

3ème étape : Nature et contenu des contrats de délégation de gestion

Cette 3ème étape permet d’analyser les modalités de transfert de gestion de certains services publics à des
entreprises privées ou à des syndicats mixtes.

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En cas de délégation de gestion d’un service public, un état des lieux doit être fait des délais restant à
courir dans l’exécution des contrats. La question des droits et des obligations de l’EPCI dans le cadre du
contrat doivent être mises à plat.

Pour un même service public exercé dans deux EPCI par deux prestataires différents, des
Différences de situation, de tarifs et de coûts peuvent être mis en avant. Cette étude des contrats de
délégation permet également de faire un point sur les modalités de mise à disposition du domaine public.

Cette étape permet également de s’interroger sur les tarifs pratiqués par les EPCI pour un même service :
déchets, activités sportives, crèches, …

Il s’agit ici de préparer l’unification tarifaire sur tout le nouveau territoire issu de la fusion.

4ème étape : le contenu des programmes pluriannuels d’investissement : convergence des projets et
soutenabilité du montant des investissements

Le Plan pluriannuel d’investissement (PPI) est un outil de programmation des investissements envisagés
pour le mandat. Généralement arrêté en début de mandat, il permet de fixer les grands axes prioritaires
d’investissement de la collectivité et donc de s’interroger sur les modes de financement à prévoir, en
tenant compte de coûts prévisionnels qui seront actualisés et du rythme de leur réalisation.

En confrontant les programmes envisagés, le service des finances du nouvel EPCI pourra dégager des axes
prioritaires d’investissement sur les deux programmes antérieurs. Les priorités d’investissement d’avant
peuvent ne pas devenir mécaniquement celles d’après. Des adaptations budgétaires peuvent s’avérer
indispensables.

5ème étape : Modalité de répartition des « bassins de vie »

Cette étape permet de s’interroger sur les conditions et les outils d’aménagement du nouveau territoire
en fonction de la localisation des bassins de vie qui étaient ceux des anciens EPCI.

Il s’agit ici de s’interroger sur la répartition des services ou des équipements en fonction des besoins des
populations (temps de trajet « travail/domicile », « travail/loisirs », « domicile/ecole », …). Dans le cas
d’agglomération, la question est aussi de savoir comment aménager les relations « urbain/rural » et
« centre-ville/sortie d’agglomération ».

Pour les services techniques des EPCI, la question sera notamment celle des fréquences d’utilisation et du
mode d’utilisation des grands axes de desserte routière, ainsi que des axes secondaires, non prioritaires.
Les équilibres de stationnement et de circulation au sein d’un EPCI peuvent ne plus correspondre aux
besoins d’un territoire élargi.

6ème étape : Analyse rétrospective de la situation financière des EPCI

Cette étape est aussi importante que celle qui consiste à mettre à plat les compétences exercées par les
anciens EPCI. Procéder à une analyse financière rétrospective permet de connaître non seulement la
situation financière actuelle de chaque entité, mais aussi de mesurer la nature des richesses et des
pauvretés qui devront être gérées à une échelle plus importante et de quantifier le poids des
engagements respectifs et des disponibilités financières du nouveau groupement.

Ce sont les ratios classiques de bonne santé qui seront utilisés ici ; CAF brute, CAF nette, épargne de
gestion et capacité de désendettement. A ce stade, il est intéressant de mesurer les conséquences de
chacune des politiques fiscales engagées antérieurement par les exécutifs. La question est ici celle des
marges de manœuvre fiscale quant aux taux d’imposition encore modulables selon la forme fiscale du
groupement. Cette étude doit également mettre en avant également les montants et l’évolution des
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coefficients d’intégration fiscale antérieure. Elle doit déboucher sur une politique d’optimisation et de
stratégie financière et fiscale.

Si des pactes financiers et fiscaux ont été engagés antérieurement, la question est celle de leur refonte ou
mise à jour. En tant que document évolutif et souple, le pacte doit tenir compte des intérêts des deux
anciens EPCI et de leurs communes membres dans le cadre de moyens financiers qui peuvent être
différents.

7ème étape : Choix de la fiscalité appliquée

En cas de possibilité de choix de la fiscalité pour les communautés de communes et les communautés
urbaines créées avant la loi de Chevènement, ou pour deux EPCI à fiscalité additionnelle qui
fusionneraient, la question est ici de savoir si l’EPCI n’aurait pas intérêt à monter en puissance en matière
de forme fiscale.

Autrement dit, un passage en FP « U » ne serait-il pas source de recettes supplémentaires et d’outils


propres au développement d’une stratégie entre acteurs.

8ème étape : Implantation du périmètre du nouvel EPCI et « intégration » ou « retrait » possible de


certaines communes

L’article L.5211-43-1 du code général des collectivités territoriales fixe le cadre juridique des fusions
d’EPCI.

Il est ainsi précisé dans cet article que le projet de périmètre peut éventuellement comprendre la liste des
communes dont l’inclusion est de nature à assurer la cohérence du périmètre ainsi que la solidarité
financière nécessaires au développement du nouvel EPCI à fiscalité propre dans le respect du schéma
départemental de coopération intercommunale. Dans ce cas, le projet consiste en une fusion d’EPCI dont
le périmètre sera étendu à des communes qui n’appartiennent à aucun des deux EPCI.

9ème étape : Les points de veille organisationnelle du nouvel EPCI

Quelle que soit la nature juridique ou la forme fiscale du groupement qui naît d’une fusion, le préfet
bénéficie de prérogatives importantes en tant que représentant du gouvernement dans le département.
L’arrêté du préfet comportera plusieurs informations précieuses : le nom du nouvel PCI, le lieu du siège et
la nature des compétences exercées. Il dresse la liste des EPCI concernés et détermine la catégorie d’EPCI
à fiscalité propre envisagée.

La répartition des sièges entre les communes au sein du conseil communautaire fait l’objet d’un arrêté
préfectoral complémentaire.

La fusion implique par ailleurs de déterminer certains éléments de gouvernance courante de l’EPCI : le
nombre et la répartition des sièges, dans les conditions de l’article L. 5211-6-1 du CGCT. La répartition se
fera de droit commun selon la règle de la proportionnelle à la plus forte moyenne fondée sur le tableau
de l’article L. 5211-6-1 du CGCT. Cette répartition peut se faire en application d’un accord local conclu à la
majorité des 2/3 des communes représentant plus de la 1/2 de la population de celles-ci ou de la 1/2 des
conseils municipaux des communes membres représentant les 2/3 de la population de celles-ci. Le
nombre et la répartition des sièges sont en principe annexés à l’arrêté de fusion.

Dans les communes de moins de 1 000 habitants, les conseillers communautaires qui siègeront au sein du
nouvel organe délibérant sont désignés dans l’ordre du tableau. Il convient de redésigner l’ensemble des
élus. Si la commune ne dispose que d’un titulaire, le conseiller communautaire suppléant est l’élu suivant
dans l’ordre du tableau.
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L’ensemble des personnels des EPCI fusionnés sont réputés relever de l’établissement public issu de la
fusion dans les conditions de statut et d’emploi qui sont les siennes.
Les agents conservent, s’il y ont intérêt, le bénéfice du régime indemnitaire qui leur était applicable ainsi
que les avantages acquis à titre individuel.

La loi NOTRe prévoit désormais que le DGS de la communauté la plus peuplée est maintenu dans ses
fonctions jusqu’à la date de délibération créant les emplois fonctionnels de la nouvelle communauté et au
plus tard 6 mois après la fusion.

10ème étape : les points de veille sur les contrats en cours et le patrimoine des EPCI fusionnés

Une fusion a deux conséquences administratives importantes : patrimoniale et contractuelle.

Sur le terrain patrimonial, le code général des collectivités territoriales prévoit que l’ensemble des biens,
droits et obligations des EPCI fusionnés sont transférés en leur intégralité à la communauté issue de la
fusion. Dans tous les engagements pris antérieurement, le nouvel EPCI issu de la fusion est substitué de
plein droit, pour l’exercice de ses compétences, aux anciens EPCI. La fusion est effectuée à titre gratuit et
ne donne lieu au paiement d’aucun droit, taxe ou indemnité de la part des communes ou d’un tiers.

Concernant les contrats de tous ordres (emprunt, assurance, bail, arrêté de nomination, contrat de
maintenance, …), ils sont exécutés dans les conditions antérieures jusqu’à leur échéance sauf accord
contraire des parties. Le nouvel EPCI doit informer les cocontractants de la substitution de personne
morale par la communauté issue de la fusion. La substitution de personne morale n’entraîne aucun droit à
résiliation ou indemnisation au profit du cocontractant.

II. Les modalités financières et fiscales de fusion des EPCI

Les conséquences financières et fiscales d’une fusion d’EPCI dépendent étroitement des formes fiscales
appliquées antérieurement aux EPCI existant avant la fusion. Deux situations se dégagent.

Dans un cadre institutionnel, un EPCI de type fédératif de rang supérieur s’impose à un EPCI de type
fédératif de rang inférieur. Même s’il n’existe aucune hiérarchie entre les différentes formes juridiques
d’EPCI, il est admis qu’une métropole s’imposera sur une communauté urbaine, laquelle s’imposera sur
une communauté d’agglomération jusqu’à la communauté de communes.

Sur le terrain fiscal, il existe également une hiérarchie implicite en fonction de la fiscalité choisie par
l’EPCI.

Le code général des impôts prévoit dans son article 1638-0 bis III que lorsqu’au moins 1 des EPCI qui
fusionne est à fiscalité professionnelle unique, le nouvel EPCI est lui-même à fiscalité professionnelle
unique.

Par ailleurs, l’article 1638-0 II bis du même code prévoit que si l’un des EPCI fusionnés est à fiscalité
professionnelle de zone, le nouvel EPCI sera à fiscalité professionnelle de zone, sauf si la loi impose qu’il
soit à fiscalité professionnelle unique de plein droit ou sur option.

Le tableau ci-dessous permet la synthèse des différentes situations envisageables.

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Source : DGCL – 2017

II.1. La fusion d’EPCI à fiscalité additionnelle restant en fiscalité additionnelle

Dans ce cadre de fusion, l’EPCI aura le choix entre deux méthodes de calcul des taux d’imposition au titre
des quatre taux additionnels. Les taux d’imposition qui seront pratiqués seront des taux moyens
pondérés. (TMP).

Pour information, quelle que soit la taxe dont on calcule le taux, le TMP se calcule de la façon suivante :

Recettes au titre de la taxe « Y »


perçue sur le territoire des communes en « n-1 »
TMP d’une taxe « Y » = --------------------------------------------------------------------------------
Valeur des bases d’imposition au titre
de la taxe « Y » perçue ayant permis le prélèvement en « n-1 »

Les deux méthodes sont les suivantes :

- Méthode des « taux moyens pondérés intercommunaux » ;


- Méthode des « taux moyens pondérés communaux ».

II.1.1. Méthode des « taux moyens pondérés intercommunaux »

La méthode de calcul s’appuie sur l’ossature de base du TMP présentée ci-dessous :

Recettes au titre de la taxe « Y » + Recettes au titre de la taxe « Y »


perçue sur le territoire de l’EPCI A perçue sur le territoire de l’EPCI B
« n-1 » « n-1 »

TMP « Y » = ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
d’une taxe « Y
Valeur des bases d’imposition + Valeur des bases d’imposition
au titre de la taxe « Y » au titre de la taxe « Y »
EPCI A EPCI B

L’EPCI issu de la fusion aura recours à ce mode de calcul pour les 4 taxes directes locales. Les 4 TMP qui
seront ainsi issus de ce calcul sont ceux que le législateur autorise à appliquer la première année de
fonctionnement. Les taux effectifs peuvent être égaux aux TMP ainsi calculés ou inférieurs.

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Compte tenu du produit attendu, il peut arriver que ces taux théoriques permettent d’obtenir des
recettes d’un montant supérieure à celles attendues. Ces recettes théoriques sont appelées « recettes
assurées ».

Ces taux devront être revus à la baisse par le biais d’un coefficient de variation proportionnelle (CVP) qui
résulte du rapport entre le produit attendu et le produit assuré. Cette diminution des taux et leur
application n’est pas automatique. La loi prévoit en effet qu’en fonction de la différence entre les taux les
plus bas pratiqués avant la fusion et les taux les plus élevés, l’EPCI issu de la fusion bénéficie d’une
période de lissage des taux.

II.1.2. Méthode des « taux moyens pondérés communaux »

Recettes au titre de la taxe « Y » + Recettes au titre de la taxe « Y »


perçue sur le territoire des communes perçue sur le territoire des EPCI A et B
« n-1 » « n-1 »

TMP « Y » = ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
d’une taxe « Y
Valeur des bases d’imposition au titre de la taxe « Y »
Sur le territoire des communes

De la même façon, les taux moyens pondérés peuvent être revus à la baisse par le biais d’un coefficient de
variation proportionnelle.

Dans le cadre de cette méthode, il n’y a pas de période possible de lissage des taux.

II.2. La fusion de deux EPCI à fiscalité additionnelle en un EPCI à fiscalité mixte

En cas de passage d’un EPCI à fiscalité additionnelle en un autre à fiscalité professionnelle unique
bénéficiant d’une fiscalité additionnelle supplémentaire, l’EPCI en fiscalité « mixte » vote les taux de la
taxe d'habitation, de la taxe foncière sur les propriétés bâties et de la taxe foncière sur les propriétés non
bâties qu’il additionnera aux taux pratiqués par les communes membres.

Il existe deux modalités de détermination de ces taux. C’est à l’EPCI de choisir en concertation avec les
maires des communes membres.

- Les « taux moyens pondérés ajustés » aux besoins de l’EPCI à fiscalité mixte ;
- Les « taux moyens reconduits ».

II.2.1. Les taux moyens pondérés ajustés

L’outil « taux moyen pondéré » ajusté aux besoins réels de l’EPCI issu de la fusion a pour conséquence
que, la première année d’application de la FPU, les rapports entre les taux de taxe d'habitation et des
taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties votés par le conseil de l’EPCI sont égaux aux
rapports constatés l'année précédente entre les taux moyens pondérés de chaque taxe dans l'ensemble
des communes membres.

La méthode est celle étudiée précédemment des taux moyens pondérés communaux.

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II.2.2. Les taux moyens pondérés reconduits

Par dérogation, le nouvel EPCI peut reconduire les taux pratiqués au titre des impôts ménages l’année
précédente. Lorsque l’EPCI percevait auparavant une fiscalité additionnelle, les rapports entre les taux de
taxe d'habitation et des taxes foncières établis par l'établissement public de coopération intercommunale
pouvaient être égaux aux rapports entre les taux de taxe d'habitation et de taxes foncières votés par lui
l'année précédente.

L’intérêt de cette seconde méthode est de ne pas modifier les taux antérieurs et ainsi jouer la carte de la
continuité.

II.3. La fusion de deux EPCI à fiscalité additionnelle et passant en FP « U »

Ce cas de figure est celui qui sera le plus fréquent dans les années à venir compte tenu des
encouragements à la fusion des EPCI.

L’EPCI aura l’obligation de calculer les trois taux moyens d’imposition pondérés au titre des trois impôts
ménages, lesquels seront additionnels aux taux pratiqués par les communes membres sur tout le
territoire intercommunal. Il devra également calculér le taux moyen pondéré de CFE et auquel seront
assujetties toutes les entreprises. L’EPCI bénéficiera de l’outil lissages des taux.

II.4. Les modalités de calcul du CIF en cas de fusion d'EPCI


L’article L5211-32-1 du code général des collectivités territoriales prévoit que lorsqu'une communauté de
communes ou une communauté d'agglomération est issue d'une fusion (…) la dotation
d'intercommunalité qui lui est attribuée la première année est calculée en retenant comme CIF celui de
l'EPCI à fiscalité propre qui lui préexistait.

Il précise également que, si plusieurs EPCI à fiscalité propre préexistaient, le coefficient d'intégration
fiscale à retenir la première année est le coefficient d'intégration fiscale le plus élevé parmi ces
établissements, dans la limite de 105 % de la moyenne des coefficients d'intégration fiscale de ces
établissements, pondérés par leur population.

Une illustration chiffrée permettra de comprendre le mécanisme.

Deux communautés de communes ont respectivement un CIF de 0,35 et l’autre de 0,54. La population
DGF de ces deux EPCI est respectivement de 14 256 et de 4 786.

1ère étape : Calcul du CIF moyen pondéré de « n »

La formule de calcul est la suivante :

(CIF « n-1 » x Pop. DGF « n-1 » de l’EPCI A) + (CIF « n-1 » x Pop. DGF « n-1 » de l’EPCI B)

Pop. DGF 2016 A + Pop. DGF 2016 B

(14 256 x 0,35) + (4 786 x 0,54)

Le CIF Moyen pondéré = ------------------------------------------- = 0,3977

14 256 + 4 786

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2ème étape : Calcul du CIF moyen pondéré par la population :

Le CIF moyen pondéré par la population sera : 105% x 0,3977 = 0,417585

Ainsi le CIF moyen du nouvel EPCI sera égal à 0,417585.

II.5. Les modalités de versement des compensations aux EPCI en cas de fusion
Depuis la loi de finances pour 2010 et la suppression de la taxe professionnelle, deux compensations
seront reversées aux EPCI : une au titre du fond national de garantie individuelle de ressources (FNGIR) et
l’autre au titre de la dotation de compensation de réforme de taxe professionnelle (DCRTP).

Un autre reversement est effectué au titre des allocations compensatrices, à ne pas confondre avec les
attributions de compensation.

° Reversement au titre du FNGIR

En cas de fusion d’EPCI, le montant de prélèvement sur les ressources de l’EPCI issu de la fusion est égal à
la somme des prélèvements des EPCI participant à la fusion.
Il en est de même pour les reversements en cas de perte de recettes issue de la suppression de la TP.

En cas de retrait d’une commune, la part communale de prélèvement ou de reversement correspondant à


cette commune est soustraite du montant des prélèvements ou des reversements FNGIR de l’EPCI
concerné.

Dans la mesure où plus aucune commune ne peut être isolée, cette part est versée à l’EPCI de
rattachement de cette commune.

° Reversement au titre de la DCRTP

Pour information, la DCRTP a été créée par la loi de finances pour 2010 pour compenser les pertes de
recettes dues à la suppression de la TP que le FNGIR communal n’a pas pu compenser.

En cas de fusion d’EPCI, il est prévu sans difficulté que le montant de DCRTP versé à l’EPCI issu de la fusion
est la somme des DCRTP versées antérieurement aux anciens EPCI. En cas de retrait d’une commune, la
part afférante à cette commune est tout naturellement déduite du montant de la DCRTP de l’EPCI
concerné.

° Reversement au titre des allocations compensatrices

Les allocations compensatrices permettent à l’Etat de compenser certaines diminutions de recettes


fiscales instituées par la loi. Il est prévu que les EPCI issus d’une fusion dont la forme fiscale est la fiscalité
additionnelle, la fiscalité professionnelle de zone ou unique, perçoivent les allocations compensatrices en
lieu et place des EPCI préexistants dans les conditions fixées dans des textes différents selon la forme
fiscale de l’EPCI.

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