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Le Groupe Scolaire Les Figuiers


Le Collège Le Figuier
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Humilité - Discipline - Travail

Fermeture des établissements scolaires pour mesure de sécurité sanitaire : Cours et exercices
de maison pour les élèves des classes de Tle D du Collège le Figuier de la Riviera Palmeraie

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COURS ET EXERCICES DE MAISON

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SVT PHILOSOPHIE

LE GROUPE SCOLAIRE LES FIGUIERS / COLLEGE LE FIGUIER DE LA RIVIERA PALMERAIE


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SVT PREPA BAC SERIE D - SVT

SERIE D’EXERCICES POUR LA PERIODE DU 16 MARS AU 16 AVRIL 2020

Exercice 1

Le document 1 est une photographie d’une portion de sac pollinique de Lis observée au
microscope optique.
1 – Nommez la pièce florale dans laquelle on a fait cette observation en précisant si elle est
jeune ou non.
2- Identifiez les structures désignées par les lettres a, b, c et d

3 – Le document 2 représente une autre structure observée au fort grossissement dans un


autre sac pollinique.
a- Identifiez-la.
b- Annotez-la en utilisant les lettres.
4- Sachant que la structure du document 2 provient des éléments a du document 1, expliquez
clairement cette transformation.

Exercice 2

Les documents 1 et 2 représentent des formations qui ont été observées respectivement dans
un tube pollinique et dans une macrospore d’un ovule.

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1. Analysez les figures de chacun des deux documents.


2. Nommez avec précision le phénomène que représente chaque document.
3. Ordonnez les figures a, b et c du document 1, suivant la chronologie normale de
l’évolution du phénomène qu’elles représentent.

Exercice 3

Dans un ovaire de Lis, on observe la structure représentée par le document 1.


1 – Nommez avec précision cette structure.
2 - Annotez le document 1.
3 – Dans d’autres ovaires, on a observé les structures représentées par les documents 3 et 4 ;

a- Annotez le document 2 en utilisant les chiffres.


b- Analysez les documents 2 et 3.
c- Identifiez le phénomène représenté par le document 3.
d- Donnez le résultat de ce phénomène.
e- Etablissez la relation entre les phénomènes représentés par les documents 2 et 3.
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f- Dans certaines graines, on a deux types de tissus : l’albumen et l’embryon. A partir du


document 3, expliquez l’origine de ces deux tissus.

Exercice 4
L’arbre généalogique ci-dessous du document1 représente une famille dont certains membres
sont atteints de rachitisme vitamino-résistant qu’un traitement par vitamine ne suffit pas à
faire disparaitre. Il s’agit d’une anomalie très rare.

&

1 – Montrez que l’allèle de cette maladie est récessif ou dominant.


2 – Démontrez l’allèle de cette maladie est autosomal ou hétérosomal ; envisagez les deux
possibilités.
3 – Des recherches ont été faites dans plusieurs familles où existe cette maladie. Les résultats
obtenus sont consignés dans le tableau ci-dessous du document 2

a- Analysez ces résultats ;


b- Déduisez alors si l’allèle est autosomal ou hétérosomal.
4 – déterminez si possible les génotypes des individus 1, 2, 7 et 8

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Exercice 5

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PHYSIQUE- PHILOSOPHIE CHIMIE

COMPETENCE III (Séries C-D-E) : TRAITER UNE SITUATION RELATIE AUX


CONDITIONS D’EPANOUISSEMENT DE L’HOMME.
THEME : LES CONDITIONS DU BONHEUR
Leçon 1 : LA VALEUR DE LA PHILOSOPHIE
Situation d’apprentissage : De retour des congés de pâques, l’inspectrice d’orientation invite
les de Terminale du Collège le Figuier à son service pour échanger avec eux sur les études post
baccalauréat. A la fin des travaux, un élève de la TleD, affichant son désir d’être orienté au
département de philosophie de l’Université Felix Houphouët Boigny d’Abidjan est raillé par
ses camarades de classe. Alors survient une discussion sur la valeur de la philosophie. Réalisant
leur méconnaissance de cette discipline, ceux-ci décident d’un commun accord d’en savoir
davantage sur la notion de philosophie et d’analyser son rôle effectif dans l’histoire.

CONTENUS : HISTOIRE – PHILOSOPHIE

TRACE ECRITE

Leçon 1: LA VALEUR DE LA PHILOSOPHIE

INTRODUCTION
Notre monde actuel est à la croisée des chemins. Ce qui signifie clairement que notre société
est en proie à des difficultés de tout genre. Qu'il nous suffise de regarder autour de nous pour nous
rendre compte des différents fléaux tels que : la crise économique généralisée, les catastrophes
écologiques et climatiques, les pandémies et autres maladies incurables, les guerres fratricides et
autres génocides ; pour ne citer que ceux-là. Tous ces faits donnent de notre monde ; l'image d'un
malade chronique dont le diagnostic est on ne peut plus inquiétant. Pour palier de telles difficultés,
plusieurs solutions sont préconisées au détriment de la philosophie. Cela se justifie par le fait que
la philosophie est qualifiée de discipline purement spéculative, c'est-à-dire abstraite. Par
conséquent, elle apparaît comme n'apportant aucune solution aux problèmes rencontrés par
l'Homme. Face à une telle prise de position, l'on se propose de réfléchir sur le statut de la
philosophie et de l'histoire dans la vie de l'Homme. Partant, la philosophie participe-t-elle à la
marche de l’humanité ? si oui, en quoi la philosophie aurait-elle de la valeur dans l’histoire des
hommes ? au fait, quel est le rôle de l’homme lui-même dans l’histoire ?

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I- LE ROLE DE L’HOMME DANS L’HISTOIRE

L’histoire désigne la succession des évènements dans le temps, c’est le devenir ou


l’ensemble des évènements qui jalonnent l’existence de l’homme. En effet, dans son existence
l’homme est confronté à plusieurs situations. Ces situations peuvent être heureuses ou
malheureuses. Toujours est-il que la paternité de ces évènements fait objet de positions aussi variées
que diversifiées. A priori, l’homme semble être un acteur décisif dans histoire. Au regard des luttes
menées en vue d’améliorer ses conditions d’existence, on serait tenté de placer l’homme au cœur
de son histoire. Mais vu les catastrophes naturels, les pandémies, les épidémies qui arrivent contre
la volonté l’homme, on est amené à douter de la capacité de l’homme à présider son histoire en le
considérant un simple pion dans le devenir histoire. C’est ce paradoxe qui légitime l’interrogation
suivante : quel est le rôle de l’homme dans l’histoire ?
Pour répondre, deux tendances se dégagent.

A- L’HOMME COMME OBJET OU PRODUIT DE L’HISTOIRE.


« C’est Dieu qui l’a voulu ! Que sa volonté soit faite ! » a-t-on coutume de dire. Cette
formule consacrée aux évènements inexorables atteste bien de ce que l’histoire de l’humanité est
déjà tracée, prévue de toute éternité par la providence divine. On dit dans ce cas que l’homme est
objet de l’histoire Appréhender l’homme comme objet ou produit de l’histoire, c’est reconnaître
qu’il n’a aucune prise sur le cours des évènements qu’il subit à la manière d’un esclave aux ordres
de son maître. Ce qui est indiqué dans une telle appréciation de la relation de l’homme à l’histoire,
c’est que les actions humaines sont la résultante de forces supérieures qui, bien évidemment les
transcendent. Dire de l’homme qu’il est objet de l’histoire signifie qu’il est un agent passif de
celle-ci. En réalité, l’homme ne ferait que suivre le chemin tracé par les forces extérieures qu’on
appelle tantôt destin, tantôt providence, Dieu, nature. Et c’est d’ailleurs ce qu’expriment certaines
conceptions mythiques, religieuses et philosophiques.

1- L’HISTOIRE COMME RÉALISATION D’UN PROGRAMME DIVIN OU


UN DESTIN
Les évènements tels qu’ils se produisent échappent à la volonté humaine et laisse penser
que l’histoire est un destin. Chez les anciens grecs, l’histoire n’est pas l’œuvre des hommes. Elle
se déroule sur la trame du destin ; cette puissance supra-humaine qui réglerait la vie des hommes
et le cours des évènements. En réalité, l’existence toute entière est la réalisation interrompue d’un
programme, d’un plan dans lequel l’homme apparait comme un simple instrument Les dieux auront
tout prévu dans les moindres détails et quoique fassent les hommes, ils ne peuvent rien y changer.
Bien au contraire les efforts qu’ils fournissent pour s’en détourner ne font que les y conduire. C’est
le cas d’Œdipe qui, en dépit des efforts de ses géniteurs et des siens propres pour éviter son histoire
tragique, finit par réaliser son destin de fils parricide et incestueux. Cet exemple à lui tout seul suffit
à montrer que l’homme est un jouet aux mains de l’histoire dont il ne saurait par conséquent en être

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le maître. C’est ce phénomène que les grecs appellent Moïra, c’est-à-dire le destin, cette puissance
qu’aucune force ou volonté ne peut infléchir, la nécessité à laquelle tous les êtres sont soumis. C’est
devant cette réalité que HOMERE dans L’Iliade soutenait que « aucun homme brave ou lâche ne
se soustraire à son destin ». se faisant, l’homme n’est rien d’autre qu’un objet de l’histoire, un être
qui subit le cours des choses sans que sa volonté ne soit prise en compte. D’où la pertinence de
cette thèse fondamentale du stoïcisme : « abstiens-toi et supporte ». Il transparait ici la vanité des
efforts humains. L’échec d’un projet savamment mené ou la mort qui choppe au carrefour, dans la
fleur de l’âge, illustrent bien cet état de chose.
Une telle thèse, nous en retrouvons des traces dans les dogmes du christianisme et toutes
les grandes religions. L’histoire en elle-même doit être considérée comme l’œuvre de la providence
divine. Mettant tout en scène, Dieu prévoit tout et rien ne peut arriver contre sa volonté. Pour la
plupart des religions, Dieu est le maître incontesté de l’univers, lui qui gouverne tout vers une fin
programmée. Dieu est responsable de tout ce qui advient, de tout ce l’homme fait. A ce propos, on
peut lire sous la plume de Saint AUGUSTIN (354-430), plus précisément dans Quatre-vingt-trois
questions diverses : « La providence divine conduit admirablement toutes choses, gouverne la suite
des générations humaines depuis Adam jusqu’à la fin des siècles ». Ici, l’homme ne fait
qu’actualiser ou rendre effectives les étapes d’un programme divin préétabli. Le moteur de
l’histoire c’est Dieu qui, de manière souveraine décide de son contenu et de sa trajectoire tels que
décrits dans la Bible : la création, le jardin d’Eden, le péché originel, la damnation, les
commandements, la venue du sauveur et sa crucifixion, l’apocalypse et la rédemption. Et c’est
certainement ce plan préétabli que l’homme ne peut en aucune façon modifier qui conduit Jacques
Bénigne BOSSUET (1627-1704) à écrire que « Dieu du plus haut des cieux tient les rênes de
l’histoire » dans Discours sur l’histoire universelle. S’il en est réellement ainsi, c’est que la part
prise par l’homme dans le déroulement de l’histoire est insignifiante voire inexistante. On pourrait
même aller plus loin pour affirmer que celle-ci se déroule à l’insu de l’homme et malgré lui.
L’homme devient donc une marionnette, un pantin dans le processus historique. Dans la même
optique religieuse, la foi du musulman arabe le mène à déclarer : « Mekboub », c’est-à-dire « c’est
écrit ». ici, l’histoire est déjà écrite par Dieu dont nous ne sommes que des personnages qui
accomplissons à la lettre le scenario. Et c’est précisément cette thèse qu’HEGEL (1770-1831)
défend en faisant de l’Esprit Universel ou de la Raison le véritable moteur de l’histoire.

2-L’HISTOIRE COMME MANIFESTATION DE L’ESPRIT UNIVERSEL.


Pour HEGEL (1770-1831), les hommes se trompent lorsqu’ils pensent être les véritables
acteurs de l’histoire. Ceux-ci en poursuivant des buts particuliers, en réalisant des actions
particulières semblent être les auteurs de l’histoire mais en réalité ils sont dirigés par la main
invisible d’un metteur en scène à savoir l’Esprit universel ou la Raison qui s’incarne dans le monde
à travers les actions individuelles des hommes. Ceux-ci sont des instruments ou des moyens dont
se sert l’Esprit universel pour se manifester et s’accomplir. C’est que HEGEL appelle la « la ruse
de la Raison ». pour lui, les hommes sont engagés dans l’histoire sans lucidité. L’histoire se sert
des hommes à leur insu pour s’accomplir. HEGEL pense que c’est la Raison, l’Esprit encore appelé

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Hermès qui préside l’histoire. Dans un passage de La raison dans l’histoire, HEGEL (1770-1831)
écrit ce qui suit : « C’est leur propre bien que les peuples et les individus cherchent et obtiennent
dans leur agissante vitalité. Mais en même temps ils sont les moyens et les instruments d’une chose
plus élevée, plus vaste qu’ils ignorent et accomplissent inconsciemment (…). La Raison gouverne
le monde et par conséquent a gouverné l’histoire universelle ». Paris, Plon, 1965, p. 110.
A ces thèses fatalistes, religieuses et Hégélienne, on peut ajouter la thèse essentialiste. Pour
les essentialistes, l’homme a une nature innée, une nature déjà toute faite. Et c’est en fonction de
cette nature que toute son existence ou son histoire se déroule. Il ne peut en aucun cas se dérober à
cette nature. C’est tout le sens de la devise essentialiste : « L’essence précède l’existence ». En
partant de cette thèse, une chose nous parait inéluctable : L’irréversibilité du temps et la finitude
de l’homme. Quelle que soit la grandeur de ses œuvres, l’homme ne peut suspendre le temps, et il
ne peut s’éterniser dans l’univers qu’il n’a d’ailleurs pas créé. Cela suffit pour comprendre que
l’homme n’est pas maitre de son histoire et la fatalité de la mort est là pour nous le rappeler à
chaque instant. Dans L’Être et temps HEIDDEGER (1889-1976) n’a pas manqué de dire : « A
l’horizon de tous mes possibles se dessine ma mort ». Cela sous-entend que ne pouvant rien contre
la mort l’homme ne peut être maitre de l’histoire. On en conclut que l’homme n’a aucune prise sur
l’histoire. Mais cette thèse est-elle absolument soutenable ? L’homme est-il totalement passif dans
le déroulement de son histoire ? N’est-il pas à la vérité responsable de son devenir.

B- L’HOMME, UN SUJET OU ARTISAN DE L’HISTOIRE.


Dire que l’homme est sujet de l’histoire, c’est reconnaitre que l’homme prend une part
active dans la réalisation de celle-ci. Cette manière de concevoir l’homme dans le déroulement
l’histoire se perçoit clairement dans le matérialisme historique de Karl MARX et dans
l’existentialisme de jean -Paul SARTRE.

1- L’histoire, un résultat des productions humaines.


A force d’assujettir l’histoire de l’homme à la volonté divine ou de la faire dépendre des
forces qui le transcendent, on finit par occulter le rôle prépondérant que celui-ci pourrait jouer et
joue dans l’accomplissement de son devenir. C’est pourquoi Karl MARX (1818-1883) considère
comme étriquées toutes ces conceptions qui n’insistent pas particulièrement sur la part
prépondérante prise par l’homme dans la réalisation de son histoire. Selon lui, la philosophie
hégélienne renverse l’ordre normal des choses car ce n’est pas l’Esprit universel ou la Raison qui
fait l’histoire mais bien plutôt l’homme qui, engagé dans un processus de transformation de la
nature produit sa propre histoire à partir de son travail. L’histoire de l’homme dans cette perspective
prend forme et se concrétise sur la base de ses productions. C’est l’engagement, la détermination,
la volonté à transformer la matière en sa faveur qui est au fondement de l’histoire. Les hommes
vivent et réalisent l’histoire non pas poussés dans le dos par la providence mais à partir de modes
de production consciemment voulu et réalisés. MARX (1818-1831) écrit dans un passage de La
sainte famille que « L’histoire ne fait rien (…), c’est plutôt l’homme réel et vivant qui fait et
possède cela. Ce n’est pas l’histoire qui se sert de l’homme pour réaliser ses propres buts. Elle n’est

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que l’activité de l’homme qui poursuit son objectif ». Pour MARX, la société est divisée en deux
classes antagonistes. Et c’est cet antagonisme des classes qui constitue le moteur de l’histoire. Le
bourgeois en cherchant à pérenniser son hégémonie sur le prolétaire fait son histoire. Il en n’est de
même pour le prolétaire qui cherche à s’émanciper Le moteur de l’histoire est donc la lutte des
classes. Dans le Manifeste du parti communiste on peut lire ceci : « l’histoire de toute société
jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes ». Comme nous le constatons avec
MARX (1818-1883), c’est la volonté du sujet qui est au fondement de l’histoire. C’est à peu de
choses près la thèse de l’existentialisme sartrien.
2- L’histoire : un produit des libres choix de l’homme.
On peut considérer dans une certaine mesure que l’histoire de l’humanité se compose de la
somme de tous les actes posés par l’homme et cela en fonction des objectifs escomptés. Pour
atteindre ses objectifs, il n’a d’autres solutions que d’opérer des choix et de les assumer en toute
responsabilité. C’est pourquoi l’existentialisme sartrien refuse de faire dépendre l’histoire de
l’homme des caprices et des fantaisies d’une volonté transcendante. L’histoire apparaît à SARTRE
(1818-1883) comme la résultante ou l’aboutissement des choix que l’homme opère librement en
face des situations auxquelles il se trouve confronté. C’est que, de façon consciente et responsable
l’homme oriente son existence dans le sens voulu. C’est pourquoi le premier principe de
l’existentialisme sartrien pose que « l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait ».
L’existentialisme est un humanisme, Paris, Nagel, 1970. En d’autres termes, l’homme est sujet ou
artisan de son histoire. L’existence de l’homme se réduit à seule détermination ou volonté.
D’ailleurs nous savons avec le rationaliste que l’homme est un être de conscience. En tant tel il agit
en connaissance de cause et en toute responsabilité et en toute liberté. Dans ses agissement,
l’homme n’est nullement influencé par quoique ce soit. Il est alors maitre de lui et de son histoire.
Dans Critique de la raison dialectique SARTRE écrit sans ambages que : « l’homme fait l’histoire
». parlant d’une prétendue nature prédéfinie qui orienterait l’homme, SARTRE est catégorique, il
n’existe pas de nature prédéfinie, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. C’est l’homme lui-
même qui se donne une nature au cours de son existence : « l’existence précède l’essence » dit-il
dans L’Existentialisme est un humanisme. Il apparait que tout ce qui arrive à l’homme est dû à lui-
même. Rien n’est prédit d’avance, tout est construit progressivement par l’homme. C’est pourquoi
selon SARTRE « L’avenir est une page blanche ». C’est l’homme qui fait son avenir, son histoire.
La providence est une vue d’esprit.
A la question de savoir si l’homme est objet ou sujet de l’histoire, les thèses fatalistes
admettent qu’il est un jouet aux mains de puissances qui le transcendent. Mais à l’analyse, on s’est
aperçu qu’il y a une série d’actes qui échappent totalement au pouvoir de l’homme et qu’il y en a
par contre qui dépendent de sa capacité décisionnelle. C’est pourquoi la réponse la plus conforme
à la réalité que nous puissions donner au problème initial est la suivante : l’homme est à la fois
produit et artisan de l’histoire. Cette idée, MACHIAVEL (1469-1527) l’a si bien comprise lui qui
écrivait dans Le prince que « la fortune dispose de la moitié de nos actions mais (…) elle en laisse

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à peu près l’autre moitié en notre pouvoir ». Mais quel la valeur de la philosophie dans tout ce
processus ?

II- LE STATUT DE LA PHILOSOPHIE DANS LA VIE DE L'HOMME

Le mot philosophie vient des termes grecs philein et sophos qui veulent respectivement dire
aimer et sagesse. Etymologiquement donc la philosophie signifie amour de la sagesse. Or être
amoureux suppose se lancer à la quête de ce dont est amoureux. Ainsi, la philosophie pourrait-elle
se définir comme la recherche de la sagesse, de la vérité. Elle peut désigner aussi un savoir
totalisant, une réflexion visant une interprétation globale du monde et de l’existence, ou encore un
questionnement. Différents buts lui ont été attribués, de la recherche de la vérité, du bien, ou du
beau à celle du sens de la vie, et du bonheur, mais plus largement, la constante recherche de la
réflexion. A un moment où l’intérêt pour une connaissance est lié à son impact matériel, la
philosophie apparaît comme disqualifiée. Mais quelles sont les raisons de ce discrédit de la
philosophie ?

A. Des raisons du discrédit de l'activité


Considérée à l’époque de SOCRATE comme une discipline de référence, la philosophie
semble avoir perdu ses lettres de noblesse. La philosophie est au banc des accusés dans notre société
et ce par rapport à plusieurs raisons.
Il est reproché à la philosophie son manque de certitude. En effet, contrairement aux
sciences dites exactes, la philosophie est incapable de donner des réponses satisfaisantes aux
questions qu’elle soulève. La philosophie se borne à poser des questions sans toutefois donner des
réponses définitives. Le philosophe accorde plus de valeurs aux questions par rapport aux réponses
pouvant étancher la soif de connaissance de l’homme. À une même question, la philosophie
propose une infinité de réponses souvent contradictoires et installe dans le doute. À quoi sert de se
poser des questions si ce n’est pas pour trouver des réponses ? le propre de la philosophie c’est dire
une chose, de la contredire puis de contredire la contradiction, encore et encore, indéfiniment. Cela
montre la futilité de la philosophie qui est une interrogation incapable d’aller au terme normal de
son aventure. Martin HEIDEGGER (1889-1976), pourtant lui-même philosophe reconnait que
« la philosophie est un chemin qui ne mène nulle part ». Pratiquer la philosophie c’est demeurer
neuf, c’est-à-dire ignorant dans tout ce qu’il faut savoir. C’est pourquoi les scientistes et positivistes
préconisent la mort de la philosophie au profit des sciences positives. Comme l’atteste cette
affirmation de Karl JASPERS dans Introduction à la philosophie : « Pour quiconque croit à la
science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultats apodictiques, un savoir qu’on
puisse posséder ».
On reproche aussi à la philosophie d’être une activité non pratique, ses idées étant abstraites
et complexes (Dieu, l’âme, l’être…). Elle éloignerait des problèmes concrets de la vie quotidienne.
Vue comme une vaine spéculation, comme verbiage, divagation, elle est taxée d’être une activité
incapable de trouver des solutions aux problèmes réels des êtres humains ou de soulager leur
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misère. Pour l'imagerie populaire, la philosophie est une discipline inutile parce qu'elle est
purement spéculative, c'est-à-dire théorique, abstraite. Ce caractère abstrait fait que l'activité
philosophique est considéré par l'opinion commune coupée des réalités quotidiennes. Par
conséquent, le philosophe se contente d'une simple vision contemplative du monde en s'enfermant
dans sa tour d’ivoire ; n'ayant aucune préoccupation relative aux difficultés humaines. La
philosophie ne participe en rien au progrès de l’humanité. C’est dans ce contexte que Karl MARX
dans ses thèses sur FEUERBACH fait cette invective : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter
le monde de différentes manières, mais ce qui importe c’est de le transformer ». pour ces raisons
MARX réclame une philosophie plus pratique en lieu et place de la philosophie spéculative. Avant
lui, HEGEL montrait que la philosophie n’apparait que lorsque la réalité a accompli et terminé son
processus, la philosophie vient toujours trop tard. Comme le dit HEGEL, « La philosophie est
comme la chouette de Minerve qui ne prend son vol qu’au crépuscule, c’est-à-dire à la tombée de
la nuit au moment où cessent les activités relatives à la satisfaction des besoins des hommes ».
La philosophie apparait aux yeux du sens commun comme une activité bizarre et ridicule.
Le comportement atypique des philosophes, leur apparence bizarre ou leurs réactions apparemment
absurdes choquent ou, tout au moins, suscitent rires et moqueries. Tout tend à montrer que le
pratiquant de la philosophie a une santé mentale discutable. Le philosophe est comme un marginal,
un individu, incapable de s’adapter aux réalités de son époque. Cette critique rappelle l’attitude de
Thales qui préoccupé par contempler les astres se trouve dans le fond d'un puits. A l'instar de celui-
ci, Diogène de Cynique à son tour se permet en pleine journée d'allumer sa torche sous prétexte
qu'il cherche l'Homme et derrière lui la vérité. C'est pour toutes ces raisons que le philosophe est
comparable à un fou car ramant à contre-courant. Ce sont là quelques aspects de comportements
de philosophes qui conduisent les détracteurs de la philosophie à la discréditer. C’est certainement
ce qui pousse CALLICLES, un des personnages dans le Gorgias de PLATON (427-347 av. JC),
à déclarer que la philosophie est juste bonne pour la jeunesse en mal de divertissement. Il conclut :
« L’homme mûr qui continue de philosopher mérite le fouet ». on se rend compte que la philosophie
est objet de critiques acerbes. Et c'est fort de cela que Ferdinand Alquier pouvait affirmer « la
philosophie est à notre époque attaquée de toute part». Notre philosophe poursuit sa réflexion en
indiquant que les attaques dont est l'objet la philosophie ne sont pas nouvelles car Socrate
philosophe de l'antiquité grecque a été condamné à boire de la ciguë. Mais ces critiques et cette
condamnation sont-elles fondées ? la philosophie ne participe-t-elle pas au progrès de l’humanité ?
Autrement dit, la philosophie n’a-t-elle pas de la valeur ?
Cette condamnation se justifie par le fait qu'il désaliénait les consciences des jeunes et luttait contre
l'injustice sous toutes ses formes.
Si, la philosophie en tant que discipline critique rigoureuse et en quête perpétuelle de la
vérité est rejetée par bon nombre de personnes, c'est parce qu'elle est méconnue par la plupart des
personnes. Ainsi, est-il nécessaire de rappeler que notre monde fait la part belle à tout ce qui a trait
à l'avoir, au matériel au détriment de la philosophie nourricière de l'esprit. Comme on peut le
constater, désormais la valeur de l'Homme se mesure par rapport à ce qu'il possède, à son pouvoir
d'achat et non à son être. La conscience est que chacun s'engage résolument dans cette quête du

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bien-être matériel. Si telle est l'image que projette la philosophie de notre société actuelle, qu'en
est-il de l'histoire ?

B. Des dangers de l'histoire dans le progrès de l'humanité


A l'instar du philosophe, l'historien est perçu dans la société comme un élément subversif.
Cela s'explique par le fait que l'historien éveille la conscience du peuple. Car, il relate les faits
passés dans leur matérialité historique, ce qui consiste aux yeux de certaines personnes, une arme
redoutable. N'oublions pas que l'historien, en dépit de son souci de recherche d'objectivité est
quelques fois, l'otage de sa propre idéologie, de ses propres convictions politiques. C'est fort de ces
réalités que l'histoire est, le plus souvent, considérée comme étant dangereuse pour l'individu et
l'humanité. Et comme le soutenait Paul Valéry :
« l'histoire prouve tout ce que l'on veut elle donne même des exemples de tout, elle juge tout».
Autrement dit, le contemporain systématique du passée empêche quelques fois d'aborder le présent
avec sérénité, en nous faisant entrer dans l'avenir à reculons, car tout progrès suppose une rupture
avec son passé. Recourir à l'histoire, constitue donc un obstacle au progrès, à l'évolution. C'est
d'ailleurs, fort de tout ceci que Nietzsche faisait remarquer: «
l'histoire perpétue haine et préjugés ». Pour lui, l'histoire provoque en nous un esprit de
vengeance ; car en se remémorant le passé, cela éveille en nous cet esprit revanchard. Partant de
toutes ces réalités, on peut dire que l'histoire présente à bien des égards des aspects négatifs. Mais,
doit-on de façon radicale rejeter l'histoire et la philosophie parce qu'elles révèlent des idées ?
Autrement, en quels sens, l'activité philosophique et l'histoire peuvent-elles contribuer au progrès
de l'humanité ?

III- DE LA NECESSITE DE L'HISTOIRE ET DE LA PHILOSOPHIE

A. De la nécessité de l'activité philosophique


II n'y a de progrès que par rapport à l'être humain. Car étant doté de conscience, l'homme
recherche des voies et moyens pour accéder à la plénitude. Certes, le travail, la science et la
technique lui procurent le bonheur matériel ; mais cela ne saurait en aucun cas permettre à l'homme
d'en être comblé. C'est pourquoi, la philosophie en tant que discipline aiguisant la conscience de
l'homme, éveillant son esprit d'analyse, joue un rôle primordial dans la vie de l'individu. En tant
que telle, la philosophie nous éclaire dans les actes quotidiens que nous posons, et est ainsi donc
comparable à une lumière. N'est-ce pas par rapport à cela que pouvait affirmer René Descartes : «
c’est proprement avoir les yeux fermés, sans jamais tacher de les ouvrir que de vivre sans
philosopher », et Bertrand Russell de renchérir « celui qui n’a aucune teinture de philosophie,
traverse l'existence emprisonné dans les préjugés qui lui viennent ».
Etant donné que notre monde est confronté à toutes sortes de difficultés, l'apport de la
philosophie est de nous interpeller par rapport à l'origine, l'essence de cette crise ; car il n'apportera
certes pas de recette ou de potion magique en guise de solution, mais son mérite est de susciter une
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série de questionnement par rapport aux difficultés, car en philosophie, les questions sont plus
importantes que les réponses et une réponse à une question fait toujours appel à une autre question.
Tandis que le scientifique pose la question du comment, le philosophe pose la question du pourquoi.
Ce qui revient à dire que le scientifique s'interroge sur la phénoménalité des choses alors que le
philosophe est préoccupé par l'essence. De ce point de vue, la philosophie entretient des rapports
étroits avec la science. Car, même, si elles sont toutes deux distinctes l'une de l'autre de par leur
méthode d'approche, le philosophe porte toujours un regard critique sur la science et ce par
l'intermédiaire de l'épistémologie (réflexion philosophique sur les sciences).
Cela, ne saurait nous surprendre quand on sait que dans l'histoire de la connaissance dans
l'antiquité grecque, les philosophes étaient à la fois des scientifiques. On peut évoquer entre autres,
les exemples de Thales et de Pythagore. Et si au fil du temps, les sciences se sont démarquées de
la tutelle de la philosophie, c'était dans l'optique d'une plus grande spécialisation et dans un souci
d'efficacité.
En dépit de cette démarcation, le divorce n'est pas encore consumé entre la philosophie et
la science ; car comme le signalait Rabelais « science sans conscience n’est que ruine de rame ».
C'est-à-dire que toute science qui ne prend pas en compte l'aspect psychologique, moral, parce que
n'ayant de regard que pour l'aspect matériel, physique est vouée à l'échec.
Emmanuel Kant quant à lui, pouvait se permettre de dire : « il n'y a pas une philosophie que
l'on puisse apprendre ; on ne peut qu'apprendre à philosopher ». Pour ce philosophe, la philosophie
n'est pas une matière à connaissance, mais elle forge plutôt en chacun de nous, un mode de vie ;
c'est-à-dire un comportement, car la réflexion philosophique nous permet de comprendre le monde
et de transcender toutes les difficultés qui le sous-tendent mais qu'en est-il de l'histoire ? Autrement,
quel rôle convient-il d'assigner à l'histoire ?

B. L'importance de l'histoire dans le progrès de l'humanité


L'histoire est l'étude des faits passés, en tant que telle, elle nous renseigne sur tout ce qui
caractérise le passé humain. C'est dans cette perspective que l'histoire revêt pour nous une
importance capitale car non seulement, en tant qu'élément culturel, l'histoire nous instruit, nous
informe et nous forme ; mais aussi, ses enseignements nous servent de repère, c'est-à-dire de
boussole afin que nous parvenions à nous orienter dans le futur. Car, comme on le dit : « le recours
à l'histoire nous permet de comprendre le présent afin d'aborder le futur avec plus de sérénité parce
que inspiré de l'expérience du passé ».
Par exemple, si l'on s'inspire des conséquences néfastes des deux précédentes grandes
guerres mondiales» on ne peut que s'atteler à prévenir tout conflit susceptible d'occasionner de
telles barbaries. Mais hélas, l'humanité semble ignorer l'importance de l'histoire en ne se contentant
que de tout ce qui est immédiat, spontané. C'est pour toutes ces raisons que notre monde est en
pleine déliquescence.

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Par rapport à la notion de l'histoire, Hegel et Karl Marx ont deux points de vue divergents.
Car, pour Hegel : «l'Homme est le produit de l'histoire », Ce qui signifie qu'il subit le cours de
l'histoire en se conformant à tout ce qui est tracé d'avance par un agent extérieur. Pour lui, c'est la
raison, c'est-à-dire l'idée qui gouverne le monde. L'Homme par conséquent, n'est qu'un simple pion,
c'est-à-dire une marionnette qui se contente de se soumettre à cette force irrationnelle, A l'instar de
Hegel, la confession religieuse attribue un sens à l'histoire et exhorte l'Homme à simplement se
soumettre à un tel projet. Contrairement à la thèse de Hegel, Karl Marx soutient l'idée selon laquelle
l'Homme est un agent d'histoire. Ce qui signifie qu'il est acteur et même auteur de son histoire. C'est
pour cette raison que Marx dit de Hegel qu'il a fait marcher la dialectique sur la tête et que c'est à
lui de la faire marcher sur les pieds. Marx souligne même que ce sont nos conditions d'existence
matérielles qui déterminent nos idées.
CONCLUSION
Au terme de notre analyse, force est de reconnaître que les idées concourent au progrès de
l'humanité. Et cela se justifie quand on sait qu'aucune pratique n'est envisageable sans théorie, En
d'autres termes, tout développement digne de ce nom, se conçoit d'abord théoriquement, c’est-à-
dire qu'il repose sur des fondements théoriques solides. Or, toute théorie révèle des idées, c'est dire
de l'abstraction; c'est pourquoi l'activité philosophique pour cela même qu'elle est nourricière de
l'esprit, contribue à bien des égards au développement de notre monde. Car le philosophe, éveille
la conscience du peuple en interpellant à agir dans le sens du bien. II en est de même pour la
vocation de l'histoire qui non seulement, nous renseigne sur notre passé mais aussi, aiguise
d'avantage notre esprit critique, Pour toutes ces misons, on peut dire que les idées jouent un rôle
fondamental dans le progrès de l'humanité.

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THEME3 : LES CONDITIONS DU BONHEUR

Leçon 3 : PROGRES ET BONHEUR

Situation d’apprentissage :
Le chef de classe de la Terminale de la terminale A1 du Collège Privé ARHOGNINCI de
Bingerville a écrit au tableau : « Le progrès conduit au bonheur ». Cette affirmation suscite un
débat. Pour en savoir davantage, la classe décide de connaître les caractéristiques du désir, des
passions, du travail, de la technique, de l'art, de l’imagination, distinguer les différents types de
progrès, établir les rapports entre le progrès et le développement et examiner les conditions du
bonheur.
CONTENUS : LE TRAVAIL, LA TECHNIQUE, L’ART, LE DESIR, LES PASSIONS,
L’IMAGINATION, LE PROGRES et LE DEVELOPPEMENT ET LE BONHEUR
Séance 1 : L’impact du progrès sur le bonheur
Notions à examiner : Progrès - Développement et Bonheur
TRACE ECRITE
Leçon : PROGRES ET BONHEUR
Séance 1 : L’impact du progrès sur le bonheur

INTRODUCTION

La grandeur d’une nation a-t-on coutume de dire, se mesure à l’aune de développement


économique, culturel, social, militaire etc. C’est sans nul doute pour mériter ce titre de grande
nation que les Etats dits sous-développés se lancent dans une course effrénée au
développement et ceux qu’on estime développés ne rechignent pas à la tâche pour maintenir
ou transcender ce niveau. Ce développement qui s’accompagne de progrès ou se confond avec
lui serait dit-on, générateur de bien-être et donc de bonheur pour le genre humain. C’est à
croire que le progrès entraine toujours le bonheur. Mais en dépit des progrès accomplis par
l’humanité dans bien des domaines de la vie, nous constatons à notre grand désenchantement
que des maux tels que la famine, la maladie, la pauvreté etc. n’ont pu être consignés dans les
tiroirs de l’utopie. Qui plus est, on constate avec amertume que le progrès provoque de
nouveaux problèmes qui constituent une source d’angoisse pour le genre humain. C’est ce
contraste ahurissant entre nos progrès continuels et la misère toujours exponentielle qui
légitime cette réflexion sur les rapports entre le progrès et le bonheur. Le progrès entraine-t-il
en effet toujours le bonheur ? si oui en quel sens ? Le progrès n’est-il pas au contraire source
de misère ? Par ailleurs, n’y a pas lieu de procéder une réorientation du progrès en y apportant
une bonne dose spiritualité ou de moralité ?

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I. APPROCHE DÉFINITIONNELLE.
A. LE PROGRÈS.

Le progrès peut se comprendre dans plusieurs domaines de l’existence. Il peut être


économique, politique, social, scolaire, intellectuel, scientifique, technique, moral etc.
Quoiqu’il en soit, il dérive du mot latin ‘’progressus’’ qui signifie l’action d’avancer. Le progrès
désigne alors une marche en avant, un mouvement qui s’accomplit dans une direction définie.
Il est une démarche de l’esprit ou d’une chose qui, dans certaines conditions posées, passe
nécessairement de chaque terme à un terme nouveau. En d’autres mots, le progrès est une
transformation graduelle du moins bien au mieux, soit dans un domaine limité, soit dans
l’ensemble des choses. C’est un mouvement d’amélioration constante de l’existence humaine.
Pour PROUDHON (1809-1865), « le progrès (…) est le mouvement inné, spontané, essentiel
incoercible et indestructible (…) et qui se manifeste principalement dans la marche des
sociétés, dans l’histoire », Philosophie du progrès. Ainsi défini, le progrès selon PROUDHON
(1809-1865) s’oppose à tout ce qui est immuable, éternel, inamovible, impeccable et qui ne
change pas.

B. LE DÉVELOPPEMENT.

Le développement au sens le plus courant s’entend en des termes économiques et


sociaux. C’est une croissance positive qui naît de la transformation des conditions de vie
primaires et donc pénibles de l’homme en une situation jugée plus vivable, plus avantageux à
celui-ci. Mais le développement n’est pas qu’économique et social. Il peut aussi être médical,
sportif, politique… Tout compte fait, le développement doit viser l’épanouissement de
l’homme. C’est pourquoi il est très souvent pris comme synonyme de progrès et source de
bonheur.

C. LE BONHEUR.

C’est Blaise PASCAL (1623-1662) qui faisait remarquer fort à propos que tous les
hommes aspirent au bonheur. Il écrit dans Pensées que « Tous les hommes cherchent le
bonheur même celui qui va se pendre ». Le bonheur apparait de ce point de vue comme
l’aspiration ultime de tout individu et de toute société. Mais quand il s’agit de lui conférer un
contenu, la question se complexifie car comme le note Emmanuel KANT (1724-1804), « il est
impossible qu’un être fini (…) se fasse un concept déterminé de ce qu’il veut ici véritablement
». Fondements de la métaphysique des mœurs. Risquons-nous toutefois à dire avec lui que « pour
l’idée du bonheur, un état absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans
toute ma condition future, est nécessaire ». Idem. Le bonheur est donc un état de plénitude, de
complète satisfaction de nos tendances. C’est un état de satisfaction totale, stable et durable.
Cette satisfaction est à la fois systématique et statique. Il est aussi la réalisation d’un idéal

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personnel ou collectif ; conciliation entre l’idéal visé par l’individu ou la collectivité et la réalité
même.
Partant de ces définitions, on s’aperçoit que les concepts de progrès, de développement
et de bonheur semblent liés. Georges CANGUILHEM, relativement à cela soutient que :
« Dans la théorie du progrès, les termes de progrès, de perfectionnement et de développement
sont interchangeables ».Mais progrès et développement engendrent-ils effectivement le
bonheur ?

II. RAPPORTS ENTRE PROGRÈS, DÉVELOPPEMENT ET BONHEUR.


A. LE PROGRÈS COMME SOURCE DE BONHEUR POUR L’HOMME.

1. Au plan intellectuel.

C’est Amadou HAMPATÉ BÂ (1901-1991) qui faisait dire à l’un de ses personnages
dans Kaydara que « notre désir de savoir est un feu en nous allumé » pour indiquer que
l’homme est un être assoiffé de connaissances qui cherche continuellement à faire reculer les
limites de l’ignorance. S’il en est ainsi, c’est qu’il a conscience des dangers de l’ignorance et
des bienfaits du savoir qui, nécessairement ont une incidence positive sur son existence. Ainsi
par la connaissance des phénomènes de la nature dont on ne fait plus dépendre l’avènement
des humeurs des dieux comme se fût le cas aux états « théologique » et « métaphysique » selon
le mot de COMTE (1798-1857) dans Discours sur l’esprit positif mais de causes
rationnellement identifiées et connues - signe distinctif de l’état « positif » - l’humanité a
accompli des progrès au plan intellectuel. Ce progrès intellectuel peut se concevoir comme le
passage graduel d’un moment moins élevé à un autre ; qualitativement et quantitativement
plus élevé en matière de connaissance. Il renvoie à l’accroissement du savoir et son extension
à tous les hommes. ce faisant, l’on assiste au recule de l’obscurantisme caractéristique de l’état
de nature. L’on acquiert de plus en plus de nouvelles connaissances soit en rompant soit en
peaufinant les précédents savoirs. Telle est la remarque faite par Blaise PASCAL (1623-1662)
lorsqu’il soutient que « L’homme est dans l’ignorance au premier âge de sa vie ; mais s’instruit
sans cesse dans son progrès ». Ces progrès ont eu pour conséquence la découverte de plusieurs
lois dont l’application pratique a permis de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la
nature » pour emprunter à René DESCARTES (1596-1650) son expression dans Discours de
la méthode. On peut alors soutenir que le progrès permet à l’homme de dompter et transformer
la nature en sa faveur. L’homme, grâce au progrès impose ses lubies et caprices à la nature.
Par exemple, l’homme a pu transformer l’eau et le soleil en énergie, effectuer les voyages sur
mars… Ce bonheur généré par le progrès intellectuel est aussi perceptible au plan politique et
social

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2. Au plan politique et social

Au niveau politique et social, il y a lieu de préciser que le premier progrès remarquable


est le passage de l’état de nature à l’état civil. Ce progrès a produit un changement très
remarquable en l’homme. L’homme quittait ainsi la bestialité animale pour accéder à la
rationalité et à la moralité. C’est ce que ROUSSEAU soutient dans du Contrat social : « Le
passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement très
remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct et en donnant à ses actions
la moralité qui leur manquait auparavant ». L’homme, désormais vit dans un environnement
de sécurité, de quiétude et de tranquillité contrairement à l’état de nature où chacun était une
proie potentielle pour l’autre. L’histoire des idées politiques peut être appréhendée dans une
certaine mesure comme une suite de mutations positives qui a consisté à faire tomber en
désuétude des idéologies proprement nocives au bonheur humain et à établir des systèmes de
gestion plus favorable à celui-ci. Ainsi, sur la majeure partie du globe, la dictature, la tyrannie,
le despotisme, l’aristocratie - systèmes politiques qui se caractérisent par leur nature
foncièrement répressive – ont fait place à la démocratie. Celle-ci en favorisant la liberté et
garantissant à l’individu ses droits, lui permet de donner la pleine mesure de ses potentialités
car c’est connu, l’homme ne peut s’épanouir dans les fers de l’asservissement. C’est la raison
pour laquelle il convient de noter avec justesse que si le bonheur ne va jamais ensemble avec
la servitude et que la démocratie promeut la liberté, alors celle-ci en tant que progrès au plan
politique crée les conditions de notre bonheur. Aussi, par reconnaissance de l’égalité des
droits, de la liberté d’expression et de culte et de la bonne gouvernance qu’elle favorise, la
démocratie concourt-elle au bonheur de l’homme. Tout ceci permet aussi un progrès social
partagé. Celui-ci se manifeste par l’extension du bien-être qui se traduit concrètement par
l’accès aux soins de santé, à la formation et à l’éducation, à l’urbanisation, la croissement
économique… Ce n’est donc pas à pied levé que Ebénézer N’JOH MOUELLE dans Force de
la science disait : « Le progrès, peu importe sa provenance, nous procure la félicité, un morceau
de liberté » Mais c’est surtout dans les domaines scientifique et technique que les impacts du
progrès sur le bonheur sont particulièrement prégnants.

3. Au plan scientifico-technique.

Dans plusieurs domaines de la vie, les progrès scientifico-techniques engendrent le


bien-être en améliorant considérablement les conditions de vie de l’homme. Ils diminuent les
difficultés de nombreuses tâches, multiplient les biens de consommation et génèrent une
prospérité sans commune mesure avec le passé. En effet, le progrès facilite la vie de l’homme,
libère des tâches fastidieuses et de la pénibilité du travail et augmente sa productivité. Avec le
progrès, l’homme se fatigue de moins en moins mais devient de plus en plus efficace. Dans
L’Evolution créatrice Henri BERGSON notait à juste titre que « Le progrès technique produit
puissance et efficacité de l’intelligence ».Au niveau de la communication par exemple,
l’homme n’est plus prisonnier de l’espace et du temps, bien au contraire, il semble maîtriser
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ces deux réalités. Au plan médical, l’espérance de vie s’est accrue avec la découverte de
multiples vaccins et la mise sur place de thérapeutiques de plus en plus performantes. Que dire
alors de la mécanisation, de l’utilisation des fertilisants et des organismes génétiquement
modifiées (OGM) qui permettent aux productions agricoles de croître en quantité et en qualité
? A travers donc les possibilités offertes par les progrès scientifiques et techniques, l’homme
améliore ses conditions de vie, s’ouvrant ainsi le chemin qui mène au bonheur. Se
comprennent dès lors aisément ces mots de Sylvie BOTTON dans L’Essor technologique et
l’idée de progrès : « L’idéologie du progrès a mis en place une figure du bonheur capable de se
doter d’existence objective ».
Mais le progrès ne donne-t-il pas souvent lieu à des dérives ? Celles-ci ne sont-elles pas
à même d’entraver le bonheur de l’homme ?

B. LES IMPACTS NÉGATIFS DU PROGRÈS SUR LE BONHEUR DE


L’HOMME

1. Au plan moral.

D’un point de vue moral, on peut reprocher au progrès et au développement de


détourner l’homme des questions spirituelles et morales au profit des préoccupations
matérielles. Avide d’accéder au confort et à la sécurité, l’homme de l’ère contemporaine
dominée par la techno science oublie les autres dimensions de sa personne en général et sa vie-
intérieure, celle de son esprit en particulier. C’est cette dichotomie entre le bien-être matériel
de l’homme et sa misère spirituelle qu’Henri BERGSON (1859-1941) dénonce en ces termes
« le corps agrandi attend un supplément d’âme ». Les deux sources de la morale et de la
religion. Tout se passe en effet comme si la course à l’accumulation des biens matériels
qu’imposent les progrès scientifico-techniques conduisait l’homme à la prostitution, à la
corruption et à la barbarie. Comme le souligne si bien Sigmund FREUD (1856-1939), « nous
vivons un temps particulièrement curieux. Nous découvrons avec surprise que le progrès a
conclu un pacte avec la barbarie ». Malaise dans la civilisation. On a l’impression que le
triomphe de la techno science entraine le déclin moral de l’homme pour qui la fin justifie les
moyens et chez qui par conséquent la perversion est devenue de loin préférable à la rectitude
éthique. C’est ce constat regrettable que fait Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) lorsqu’il
écrit que « c’est vrai que nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se
sont avancés à la perfection ». Discours sur les sciences et les arts. Ainsi, compare-t-il l’homme
perverti et déformé par le progrès à « la statue de Glaucus que le temps, la mer et les orages
avaient tellement défigurée qu’elle ressemblait moins à un Dieu qu’à une bête féroce
».Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. C’est dire que le
progrès qui visait le bonheur entre en contradiction avec cet idéal comme cela se donne à voir
au plan politique.

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2. Au plan politique.

L’idéal démocratique, considéré comme le parachèvement de toutes les doctrines


politiques, sensé favoriser le bonheur humain semble poser plus de problèmes qu’il n’en résout.
En instituant un libéralisme en matière économique fondé sur la libre entreprise et la
concurrence, la démocratie met sur un pied d’égalité des entités incommensurables à savoir
riches et pauvres. En le faisant, elle creuse dangereusement davantage le fossé qui sépare les
deux mondes. On ne peut assister ici qu’à un enrichissement vertigineux de certains
opérateurs économiques déjà tout puissants et à une paupérisation grandissante des masses
laborieuses.
Fondée sur la loi de la majorité, la démocratie peut donner l’occasion à une bande
d’incompétents de se hisser au sommet de l’État tout simplement parce qu’elle a avec elle une
majorité tout aussi ignorante qu’incompétente. La gestion des affaires de la cité qui exige
pourtant des qualités exceptionnelles peut ici échoir aux médiocres et incompétents de tout
acabit. C’est justement cette dictature de la médiocrité et de l’incompétence qui, au lieu de
conduire le genre humain au bonheur l’y éloigne véritablement que PLATON (428-348)
dénonce au Livre VIII de La république.
Aussi, constatons-nous que dans un tel système politique qui fait le culte de la liberté,
lorsqu’on n’y prend garde, les individus ont tendance à se conduire comme ils veulent, faisant
ainsi glisser dangereusement la liberté vers le libertinage. Le bonheur a donc ici de fortes
chances d’être manqué comme cela se constate avec les dérives de la science et de la technique.

3. Au plan scientifico-technique.

Les dérives de la science et de la technique représentent de graves menaces pour la


survie de l’espèce humaine même. Par leurs effets pervers, celles-ci ont aujourd’hui le
redoutable pouvoir de faire disparaître toute trace de vie sur terre. C’est ce qu’a dénoncé Albert
EINSTEIN (1879-1955) dans son message au congrès mondial des intellectuels de 1948 : «
tout notre progrès technologique dont nous chantons les louanges, le cœur même de notre
civilisation est comme une hache dans la main d’un criminel ». Les graves déséquilibres
écologiques causés par la pollution elle-même née d’une industrialisation sauvage, la
destruction lente mais sûre de la couche d’ozone, l’appauvrissement des sols constamment
agressés par les produit chimiques, les déchets toxiques réfractaires à toute élimination, la
multiplication extraordinaire des cancers liée à une forte présence des substances toxiques
aussi bien dans l’atmosphère que dans notre alimentation, des microbes et autres virus devenus
de plus en plus résistants, sont autant d’exemples qui voilent mal les malaises engendrés par
le couple science/technique. Avec pareilles dérives, nous courons tout droit au précipice ; et
c’est à cela que nous interpelle Albert EINSTEIN (1879-1955) : « l’empoisonnement de
l’atmosphère par la radioactivité et par suite la destruction de toute vie sur terre sont entrés
dans le domaine des possibles techniques ». Ceci nous autorise à dire que les progrès

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techniques et scientifiques de par leurs dérives constituent une menace pour le bonheur de
l’homme.

CONCLUSION.

L’analyse des caractères du progrès et du développement nous permet de comprendre


qu’ils sont dans une certaine mesure sources de bonheur pour l’homme. Et pourtant,
l’aventure exaltante d’un bonheur intégral promise par les différents progrès prend l’allure
d’une aventure cauchemardesque où les lendemains sont de plus en plus incertains. En opérant
d’une part, une rupture entre l’homme et lui-même et d’autre part entre l’homme et son milieu,
le progrès s’écarte considérablement de son objectif initial qui était de conduire le genre
humain au bonheur. Cela montre donc bien que le progrès n’entraine pas toujours le bonheur.
Le bonheur même peut-il se réaliser véritablement au regard de la nature de l’homme ?
L’homme qui est un être caractérisé par le désir peut –il par ses activités et productions accéder
au bonheur ?

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COMPETENCE IV : TRAITER UNE SITUATION RELATIVE AUX CONDITIONS DE


LA CONNAISSANCE
THEME : LES CONDITIONS DE L’ELABORATION DE LA CONNAISSANCE
Leçon 1 : LANGAGE ET VERITE
Contenus : Vérité-Langage- Communication

TRACES ECRITES

Leçon 1: LANGAGE ET VERITE

INTRODUCTION.

La philosophie, a-t-on coutume de dire est l’amour de la sagesse, la quête permanente de la


vérité. Si cette acception ne donne pas lieu à des débats dans la mesure où elle est admise par tous,
des divergences éclatent cependant entre les philosophes quant au contenu qu’il y a à donner au
mot vérité. Ce terme est-il en effet univoque ou polysémique ? Que recouvre-t-il concrètement ?
Peut-on le définir ?
I. LES DIFFÉRENTES ACCEPTIONS DE LA VERITÉ.
A. LA THÉORIE DE L’ÉVIDENCE-VÉRITÉ.
On a pu définir comme étant l’évidence même car le vrai n’a besoin d’autre chose que lui-
même pour s’imposer. Est évident ce qui va de soi, ce qui saute aux yeux ou encore ce qui se suffit
à lui-même comme sa propre preuve. Exemple: Le tout est plus grand que la partie. Pour René
DERSCARTES (1596-1650), l’évidence est un critère de vérité car elle s’impose par sa clarté et sa
distinction. Il écrit à cet effet que « les choses que nous concevons fort clairement et fort
distinctement sont toutes vraies ». Discours de la méthode, Paris, Garnier Flammarion, 1991, p. 60.
Mais l’évidence peut être source d’erreur car nos sens qui nous permettent de l’appréhender
nous trompent souvent.
B. L’UNANIMITÉ.
Cette conception de la vérité consiste à dire que l’idée vraie est celle-là autour de laquelle se
fait un consensus. C’est l’idée autour de laquelle on est d’accord ou qui est partagée par le plus
grand nombre.
La limite d’une telle définition, c’est que la majorité peut se tromper et se trompe souvent.
PLATON (428-348 AVJC) dans La république fait remarquer fort justement à ce propos que « la
vérité n’est pas dans le nombre ». Pour Gaston BACHALARD (1884-1962) toute idée autour de
laquelle s’agglutine la multitude doit être suspectée car à ses yeux « L’opinion pense mal ; elle ne
pense pas ». La formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin, 1996, P. 14. La vérité ne se décline

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donc pas en termes de majorité. D’ailleurs GALILÉE (1564-1642) qui professait l’héliocentrisme
n’avait-il pas raison seul contre tous ?
C. LE PRAGMATISME.
Cette théorie consiste à affirmer selon la formule de William JAMES (1842-1910) que « ce
qui est vrai est ce qui est avantageux de n’importe quelle manière ». L’idée vraie est donc celle qui
nous arrange ou qui réussit c’est-à-dire qui nous permet de réaliser nos objectifs quels qu’en soient
les moyens.
Une telle conception est dangereuse dans la mesure où elle ôte toute signification au mot
vérité. Ici, le mensonge et l’erreur qui nous permettent souvent d’atteindre nos objectifs peuvent
être assimilés à la vérité alors que c’est connu, ils s’opposent radicalement.
D. LE FORMALISME.
Cette conception de la vérité affirme qu’un raisonnement est vrai uniquement s’il respecte
certaines dispositions logiques. Ce qui importe ici, c’est la forme du discours et l’enchaînement
cohérent des propositions qui le composent indépendamment de leur rapport à la réalité.
Le risque ici, c’est qu’on peut aboutir à des propositions qui sont fausses dans la réalité
comme dans le raisonnement suivant :
Tout ce qui brille est de l’or.
Or le front de Michel brille,
Donc le front de Michel est de l’or.
E. LA VÉRITÉ ET LA RÉALITÉ.
Pour les scolastiques, « la vérité est la conformité de nos pensées aux choses ». Cela signifie
que pour qu’il y ait vérité, il faudrait que notre esprit soit en conformité avec les choses qu’il se
représente. Autrement dit, le vrai est ce qui est conforme à la réalité. Par exemple si j’affirme qu’il
pleut présentement et que c’est effectivement le cas dans la réalité, alors mon affirmation est vraie.
Mais cette acception de la vérité est réductrice car elle ne prend nullement en compte les
disciplines qui n’entretiennent aucun rapport avec la réalité. C’est le cas par exemple des sciences
formelles.
REMARQUE.
Ces définitions montrent le caractère pluriel, polysémique et relatif de la vérité. Ce qui est
vrai ici, aujourd’hui et pour moi peut ne pas l’être ailleurs, demain et pour autrui. Blaise PASCAL
(1623-1662) notait à cet effet que « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Pensées, Paris,
Coll. Pléiade, 1950, p.887. S’il en est véritablement ainsi, c’est que sa définition doit toujours être
fonction du domaine d’étude dans lequel on se situe. Quoiqu’il en soit, sa divulgation relève d’un
problème de communication. Mais qu’est-ce que la communication ?

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II. LES DIFFÉRENTES FORMES DE COMMUNICATION.


La communication désigne un processus d’échange d’informations, d’idées, d’opinions ou
de messages entre deux ou plusieurs individus. Ce qui suppose bien entendu l’émission et la
réception de messages. Il existe plusieurs moyens de communication. Il s’agit principalement des
moyens traditionnels (les sons, les signes, les couleurs) et des moyens modernes ou techniques (les
médias, le téléphone, internet…). Cette communication est intimement liée au langage. Mais
qu’est-ce que le langage ?
III. LE LANGAGE ET SES DIFFÉRENTES FONCTIONS.
On appelle langage tout système institué de signes graphiques, sonores ou gestuels
susceptibles de se combiner entre eux en fonction de certaines règles et dont l’objectif est de
communiquer. Au-delà de ce rôle, le langage remplit d’autres fonctions.
Georges MOUNIN dans son œuvre Clefs pour la linguistique (Ed. Seghers, Paris, 1968, pp.
79-80) en distingue sept parmi lesquelles on peut retenir quatre particulièrement intéressantes. Il
s’agit de la « fonction expressive (ou émotive, chez quelques auteurs) celle par laquelle le locuteur
manifeste son affectivité, volontairement, à travers ce qu’il dit, - grâce au débit , à l’intonation, au
rythme de ce qu’il dit», de la « fonction appellative (ou conative), distincte de la précédente, celle
par laquelle le locuteur cherche à provoquer chez son auditeur certaines tonalités affectives sans
les partager lui-même (cas du menteur, de l’hypocrite, de l’acteur et de l’orateur qui jouent ou
parlent « à froid » », de sa fonction « d’élaboration de la pensée » (le langage comme moyen par
lequel la pensée se structure) et de sa « fonction esthétique » (traduire le sentiment du beau à travers
les différent arts). A cela, il faut ajouter la fonction magique (capacité à agir sur les hommes et les
choses par les mots). Mais si le langage sert à communiquer, communique-t-il fidèlement la vérité
?
IV. LE RÔLE DU LANGAGE DANS LA QUÊTE DE LA VÉRITÉ.
A. LE LANGAGE COMME MOYEN D’EXPRESSION
FIDÈLE DE LA VÉRITÉ.
Si parler consiste essentiellement à émettre des pensées, alors nous pouvons en déduire que
le langage exprime fidèlement la vérité de notre vie intérieure. Le langage fait ainsi passer nos
pensées de l’état d’anonymat à celui d’objectivité. C’est pourquoi selon HEGEL (1771-1831) « le
mot donne à la pensée la plus haute et la plus vraie ». Philosophie de l’esprit, Editions Germer
Baillère, 1897, P. 914.
our lui donc, le langage ne trahit point la pensée ; bien au contraire il exprime sa vérité.
Autrement dit la vérité ne se révèle que dans le discours. Celui-ci par cela même qu’il dévoile notre
intériorité dans sa totalité ne véhicule rien d’autre que sa vérité. On pourrait même dire que le
langage est un messager fidèle de la vérité de la pensée. Et Nicolas BOILEAU (1636-1711) ne dit
pas autre chose lorsqu’il affirme que «Tout ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots
pour le dire arrivent aisément ». Art poétique.

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Mais dans ce transfert de la pensée fait par le langage, n’y a-t-il pas des déperditions ? En
d’autres termes, le langage traduit-il toujours fidèlement la vérité de notre pensée ?
B. LES LIMITES DU LANGAGE DANS LA QUÊTE DE LA VÉRITÉ.
1. L’influence négative de l’inconscient sur notre discours.
Les propos ténus par l’individu ne reflètent pas toujours la vérité de sa pensée. Dans biens
des cas en effet, nous nous surprenons à exprimer des idées qui sont aux antipodes ce que nous
voulions véritablement dire. Ces erreurs de langage qu’on nomme lapsus sont dues selon Sigmund
FREUD (1856-1939) à une pression de l’inconscient qui conditionne le langage et le détourne de
ses intentions véritables. Il y a donc du fait de l’inconscient un hiatus considérable entre ce qui est
dit et ce qui a été véritablement pensé. Cela montre bien que le langage ne traduit pas toujours
fidèlement la vérité de la pensée. Mais cette incapacité du langage à exprimer fidèlement la pensée
n’est-elle pas aussi liée à ses multiples insuffisances ?
2. Les insuffisances du langage.
Le fait même que nous cherchons nos mots et qu’ils nous manquent souvent pour exprimer
la vérité de notre vie intérieure, cela dénote d’une pauvreté du langage par rapport à la pensée.
Celle-ci, plus vaste, plus étendue et plus complexe que le langage ne peut complètement être portée
par le langage. Dans son œuvre Essais sur les données immédiates de la conscience, Henri
BERGSON (1859-1942) fait remarquer que le langage a un caractère objectif et impersonnel. Mais
aussi paradoxal que cela puisse paraître, cet instrument marqué du sceau de l’objectivité a pour
fonction de traduire des états d’âme qui eux, sont empreints de la marque de la singularité, de la
subjectivité. Le langage égalise par conséquent des états de conscience qui ne sont pas identiques,
uniformise des sentiments dont la nature ne les prédispose pas à cet effet et occulte par conséquent
une bonne part de la vérité de la pensée. Henri BERGSON (1859-1942) écrit à cet effet que « Le
mot brutal qui emmagasine ce qu’il y a de commun et par conséquent d’impersonnel dans les
impressions de l’humanité, écrase (…) les impressions délicates (…) de notre conscience
individuelle ». Ibid. Paris, PUF, 1993, P. 124. Cela montre bien que le langage qui déforme la
pensée ne peut traduire fidèlement sa vérité tant il est vrai qu’ils ne coïncident pas. Et BERGSON
(1859-1942) de conclure que : « Nous échouons à traduire ce que notre âme ressent. La pensée
demeure incommensurable avec le langage ». Ibid. Paris, PUF, 1993, P. 124.
On pourrait aussi ajouter à tout ceci le mensonge, la roublardise et la mauvaise foi des
hommes qui conduisent à une dissimulation de la vérité par le langage.
CONCLUSION.
Cette réflexion qui arrive à son terme laisse transparaître la remarque selon laquelle la vérité
ne se laisse pas enfermer dans une définition unilatérale. C’est un terme polysémique et il
conviendrait de noter avec justesse que c’est le nom singulier d’une réalité plurielle. Cela montre
bien que la vérité n’est pas absolue ; bien au contraire elle est relative.

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THEME : LES CONDITIONS DE L’ELABORATION DE LA CONNAISSANCE


Leçon 2 : LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE

TRACE ECRITE

Leçon : LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE

INTRODUCTION.

Si toutes les disciplines s’assignent pour objectifs terminaux la quête et la possession de


la vérité, il n’en demeure pas moins qu’elles connaissent des fortunes diverses dans la
réalisation d’un tel objectif. En la matière, la science a, semble-t-il pris une longueur d’avance
sur ses concurrentes. En effet, contrairement aux autres disciplines qui éprouvent
d’innombrables difficultés pour établir des connaissances indubitables, la science par son
discours rationnel fondé sur des preuves construit des vérités sûres et certaines autour
desquelles se fait l’unanimité. Ne pourrait-on pas dans ce cas faire de la vérité le privilège du
discours scientifique ? Mais cette vérité est-elle aussi absolue qu’on le croit ? N’admet-elle pas
des limites ?
I. LES CARACTÈRES DE LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE.
De façon générale, la science se présente comme un savoir rationnel qui établit des
relations universelles et nécessaires entre les phénomènes de la nature, dégage de manière
expérimentale les causes de ceux-ci afin de prévoir leurs effets. La science repose donc sur
l’universalité, l’objectivité, la prévision, l’expérimentation et l’établissement de lois. On
distingue généralement trois grands groupes de science : les sciences formelles ou abstraites,
les sciences de la nature ou sciences expérimentales et les sciences humaines.
A. Les sciences formelles ou abstraites.
Elles sont dites sciences formelles parce qu’ici la vérité ne découle pas de l’expérience
sensible ou de la réalité mais résulte tout simplement de la cohérence interne ou formelle du
raisonnement. Il s’agit principalement de la logique et des mathématiques.
1. La logique.
La logique est la science du raisonnement correct ou si l’on veut, elle est l’art de penser
droit et juste en tenant uniquement compte de la forme des énoncés indépendamment de ce
qu’ils disent dans la réalité. La vérité provient de l’enchaînement cohérent et rigoureux des
propositions. Peu importe si celles-ci sont dans la réalité vraie ou fausses. La logique a pour
symbole le syllogisme.

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Celui-ci est un raisonnement rigoureux à trois temps qui, de deux prémisses ou


hypothèse (la majeure et la mineure) tire la conclusion qui s’y trouvait implicitement contenue.
Exemple 1 :
Tous les hommes sont mortels
Or Socrate est un homme
Donc Socrate est mortel.
Exemple 2 :
Tout ce qui brille est de l’or
Or le front de Michel brille,
Donc le front de Michel est de l’or.
2. Les mathématiques.
Les mathématiques peuvent être définies comme étant l’ensemble des théories portant
sur les nombres, les figures géométriques, les structures algébriques, l’étude des fonctions, le
calcul de probabilités, les statistiques, les intégrales, les suites numériques Etc. Tout comme
en logique, la vérité en mathématique n’entretient aucun rapport avec la réalité et résulte
uniquement de l’enchaînement cohérent des énoncés.
B. LES SCIENCES EXPÉRIMENTALES OU SCIENCES DE LA NATURE.
Elles sont dites sciences de la nature ou sciences expérimentales parce qu’elles ont pour
objet d’étude les phénomènes de la nature sur lesquels on réalise des expériences. La vérité ici
ne réside plus simplement dans la forme du raisonnement mais découle de ce que les
expériences font découvrir au scientifique. Elles ont un lien indéfectible avec la nature ou la
réalité. Exemples : la biologie, la physique, la chimie, la géologie… Dans leur démarche, ces
sciences s’appuient à la fois sur la théorie et l’expérience. Mais à quoi renvoient ces deux
termes ?
La théorie désigne un ensemble de lois ou de formules qui expriment le plus souvent
en langage mathématique, les relations qui existent entre les phénomènes de la nature. Quant
à l’expérience même si elle renvoie aussi à l’expérience sensible ou à la réalité visible, palpable,
et à une somme de connaissances acquises grâce à la longue pratique d’un art, d’un métier ou
d’une activité quelconque, elle désigne dans le cadre de cette réflexion un processus complexe
par lequel on teste ou on vérifie essentiellement au laboratoire, des hypothèses.
C. LES SCIENCES HUMAINES.
Elles sont dites sciences humaines parce qu’elles ont pour objet d’étude l’homme dans
ses dimensions autres que biologiques et pris soit individuellement, soit en relation avec
d’autres hommes. Ce sont des sciences telles que l’histoire, la sociologie, la psychologie, la
criminologie Etc.

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Mais comment la connaissance scientifique s’élabore-t-elle ? En d’autres termes,


comment parvient-on à la vérité en science ?
II. LE MODE D’ÉLABORATION DE LA CONNAISSANCE
SCIENTIFIQUE.
A. LES SCIENCES FORMELLES : DES SCIENCES HYPOTHÉTICO-
DÉDUCTIVES.
Si les sciences semblent détenir le monopole de la vérité, cela tient à la nature de leur
démarche. Celle-ci dans les sciences formelles est cohérente et rigoureuse. Un raisonnement
cohérent est celui-là même dans lequel les propositions s’enchaînent les unes les autres en
suivant une certaine logique. Le raisonnement rigoureux quant à lui se caractérise par le fait
que tout ce qui y est affirmé est par la suite justifié au moyen de preuves.
L’exactitude de la vérité dans les sciences formelles provient d’une démarche
méthodique fondée sur des hypothèses (propriétés, axiomes, théorèmes, définitions, postulats)
considérées comme absolument vraies et à partir desquelles on déduit d’autres vérités. Cela
prouve bien que le raisonnement mathématique est un raisonnement démonstratif. Une
proposition est dite démontrée lorsqu’on l’a déduite des propositions déjà admises, lorsqu’on
montre qu’elle en découlait logiquement ou nécessairement. Ainsi dit Gottfried Wilhelm
LEIBNIZ (1646-1716), « Une proposition n’est pas autre chose que la résolution d’une vérité
en d’autres vérités déjà connues ». Démontrer par exemple que 3+3 font 6, c’est ramener cette
proposition aux propositions déjà admises c’est-à-dire à la définition des nombres. C’est
pourquoi on dit des mathématiques qu’elles sont des sciences hypothético-déductives. Et c’est
ce que professe BOULIGAND lorsqu’il affirme que « La force véritable de la méthode
mathématique réside dans son caractère hypothético-déductif ».
A la différence de l’opinion, les sciences raisonnent sur des principes universels et
objectifs où les points de vue subjectifs n’ont pas droit de cité. Ce refus de la subjectivité est
mis en évidence par GOBLOT lorsqu’il écrit que « La pensée ne revêt le caractère de science
que lorsqu’elle a une valeur universelle (…). Je veux dire qu’une connaissance n’est
scientifique qu’autant qu’elle est valable pour tout esprit. A la science s’oppose l’opinion et
même la croyance collective si elle est dépourvue des moyens de se rendre universelle ».
Système des sciences.
Aussi, la simplicité et la clarté des principes de base du raisonnement mathématique
confèrent-elle une certitude à la vérité et font d’elle un privilège du discours scientifique. Et
c’est à cela que nous rend sensibles René DESCARTES (1596-1650) lorsqu’il affirme que «
On voit clairement pourquoi l’arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que
les autres sciences : c’est que seules elles traitent d’un objet assez pure et simple (…) et qu’elles
consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement ». Règles pour
la direction de l’esprit, Paris, Bovin, 1933, pp. 13-15. Cette certitude se rencontre aussi dans
les sciences de la nature qui la doivent à la démarche expérimentale.

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B. LES SCIENCES DE LA NATURE : DES SCIENCES EXPERIMENTALES


1. Les différentes étapes de la démarche expérimentale.
Les sciences de la nature sont fondées sur la méthode expérimentale. Celle-ci comprend
trois étapes : l’observation, l’hypothèse et la vérification de l’hypothèse ou l’expérimentation.
L’observation porte sur les phénomènes de la nature en général et en particulier sur
ceux qui contredisent les théories antérieures. Ce sont « les faits polémiques » selon
l’expression de Gaston BACHELARD (1884-1962). Après l’observation directe des faits par
les sens, il faut formuler des hypothèses en vue de les comprendre. Cette étape de la démarche
expérimentale est un effort de la raison qui fait des conjectures ou des supposions en vue de
comprendre ces faits étranges car ceux-ci sont muets. Mais pour établir la véracité des
hypothèses, il faut les soumettre à une vérification. Celle-ci consiste à proposer des tests qui
confirmeront ou invalideront l’hypothèse. Lorsque l’hypothèse est confirmée, on parle alors
de loi ou de vérité scientifique.
C’est donc à partir de cette démarche qui ne laisse aucune place à l’arbitraire ou aux
affirmations gratuites c’est-à-dire qui n’ont pas été soumises au feu de la vérification que les
sciences expérimentales construisent la vérité. En raison des succès qu’elle a connus dans les
sciences de la matière brute où elle prit forme, les biologistes ont adopté la démarche
expérimentale dans leurs travaux en l’appliquant au vivant.
2. L’application de la démarche expérimentale au vivant.
On peut définir le vivant par opposition à la matière inerte comme tout être possédant
un degré minimum d’organisation. Cet être composé d’organes ne peut se maintenir en vie
que par l’intervention de certaines fonctions telles que la nutrition, la respiration, la
reproduction, et l’autorégulation. C’est à cet être que la biologie se propose d’appliquer la
démarche expérimentale.
Pour Claude BERNARD (1813-1878), la méthode expérimentale est applicable au
vivant car selon lui « Chez les êtres vivants aussi bien que dans les corps bruts, les conditions
d’existence de tous les phénomènes sont déterminés d’une manière absolue ». Introduction à
l’étude de la médecine expérimentale. Ce déterminisme signifie que rien ne se produit dans
l’organisme vivant sans causes. Et ces causes sont d’ordre physico-chimique. Si le vivant est
entièrement déterminé par des causes physico-chimiques, il devient alors possible de
l’expliquer par analogie avec la physique et la chimie et par conséquent de lui appliquer la
démarche expérimentale. Tout porte à croire que la matière vivante met en œuvre les mêmes
mécanismes que la matière brute. L’oxygène par exemple représente à peu près 70% du poids
de l’organisme, le carbone 18%, l’hydrogène 10%, viennent ensuite l’azote, le calcium, le
phosphore, le potassium… Avec une vingtaine d’éléments chimiques, la vivant battit ses
édifices moléculaires et peut s’expliquer expérimentalement comme si on se trouvait dans
l’univers de la physique et de la chimie. La respiration par exemple se ramène à une
oxygénation de l’hémoglobine et à une oxydation cellulaire. On voit clairement par là que la

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démarche expérimentale est applicable au vivant. Mais l’est-elle aussi dans les sciences
humaines ?
C. LES EFFORTS D’OBJECTIVITÉ DES SCIENCES HUMAINES.
Les sciences humaines à l’instar des sciences de la nature essaient de construire des faits
objectifs. L’histoire par exemple part de témoignages méthodiquement critiqués et confrontés
aux vestiges archéologiques. Pour avoir une précision égale à celle des mathématiques ou de
la chimie, on a recourt au carbone 14 dans la datation de ces vestiges.
La sociologie s’efforce de définir des faits sociaux objectifs tels que le taux de pratique
religieuse, le taux de suicide sur 100000 habitants…
L’économie aussi part de données mesurables telles que le prix, la production, la
quantité, la monnaie, les salaires etc.
L’introduction de ces données mathématiques dans les sciences humaines confère une
certaine certitude à celles-ci. De tout ce qui précède, nous pouvons retenir que la science par
sa démarche rigoureuse semble détenir le monopole de la vérité. Mais cette démarche ne
rencontre-t-elle pas des limites dans l’approche du vivant et des sciences humaines ?
III. LES LIMITES DE LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE DANS
L’APPROCHE DU VIVANT ET DES SCIENCES HUMAINES.
A. LES LIMITES DE L’EXPÉRIMENTATION CHEZ LE VIVANT.
Le vivant se caractérise par une unité harmonique. Celle-ci fait de lui quelque chose
d’irréductible aux mécanismes de la matière inerte et en isolant un organe pour l’étudier, des
détails importants peuvent échapper au biologiste. La solidarité organique joue même parfois
entre des organes qui en apparence n’ont aucun rapport. Par exemple, l’ablation de l’estomac
provoque des troubles au niveau de la fabrication des globules rouges.
En tant qu’individu, tout être vivant se distingue des autres. Les généralisations en
biologie ne peuvent donc pas avoir le même degré de certitude que celles faites dans les
sciences de la matière inerte.
Aussi la dépendance du somatique du psychique constitue-t-elle une limite à
l’application de la démarche expérimentale au vivant. Beaucoup de perturbations qu’on
constate au niveau physique chez le vivant ont une origine psychique. Or les phénomènes
psychiques ne sont pas quantifiables. D’où les difficultés d’appliquer intégralement la
démarche expérimentale au vivant. Ces difficultés ne se rencontre-t-elles pas aussi dans les
sciences humaines ?

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B. LES LIMITES DE LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE DANS


L’APPROCHE DES SCIENCES HUMAINES.

En dépit de toutes les précautions prises par les sciences humaines, leur objectivité
demeure problématique. Celle-ci est entachée par plusieurs faits qui constituent une limite
rédhibitoire à leur constitution sur le modèle des sciences de la nature.
S’agissant de l’histoire par exemple, on ne peut pas dire que le passé est un terrain
d’observation aussi sûr que la nature. Il est lacunaire et parfois même douteux. Sur un même
évènement peuvent exister plusieurs documents aussi contradictoires les uns que les autres.
Certains documents s’ils ne sont détruits demeurent inaccessibles. Le document n’est donc pas
fiable à tout point de vue.
Aussi, l’objectivité des sciences humaines est-elle remise en cause par l’impartialité de
leurs auteurs qui abordent les faits humains avec « la richesse et les limites » et de leur « culture
» de leur « qualité d’esprit » selon les expressions de Lucien GOLDMAN dans son œuvre
Science et philosophie. Cela montre bien la subjectivité qui prévaut dans les sciences humaines
; toute chose qui s’oppose l’objectivité des sciences de la nature.
Si les sciences humaines ne peuvent se constituer sur le modèle des sciences de la
nature, c’est aussi en raison de la singularité temporelle des faits qu’elles étudient alors que la
science se caractérise par son universalité. On ne peut donc ni établir des lois aussi certaines
que celles de la nature, ni prévoir l’avenir.
Enfin, la méthode expérimentale est inapplicable dans les sciences humaines car
comme le fait remarquer MONNEROT, « les faits sociaux ne sont pas des choses ». Ces
différentes limites n’ont-elles pas bien naturellement un impact sur la vérité scientifique ?
IV. LES LIMITES DE LA VÉRITÉ SCIENTIFIQUE.

A. LA VÉRITÉ SCIENTIFIQUE, UNE VÉRITÉ RELATIVE ET


TEMPORELLE.

Contrairement à l’opinion communément admise, la vérité scientifique est loin d’être


absolue et immuable. Elle n’est pas absolue mais plutôt relative car elle est toujours la vérité
d’un système donné. En dehors de ce système, elle s’avère totalement inopérante. Ainsi par
exemple, la mécanique d’Isaac NEWTON (1642-1727) fondée sur la notion du temps absolu
quoique vraie dans son système, est incommensurable avec la théorie de la relativité aussi bien
générale que restreinte d’Albert EINSTEIN (1879-1955) basée sur le concept de temps relatif.
Ce caractère systémique et donc relatif de la vérité scientifique est relevé par BOULIGAND à
travers ce qu’il appelle le « déclin des absolus mathématiques » réalisé par les géométries non-
euclidiennes. Le postulat d’EUCLIDE (IVe-IIIe S AVJC) sur les parallèles stipulant que « par
un point extérieur à une droite, on ne peut mener qu’une seule parallèle à cette droite » qui

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fonctionna pendant des siècles comme une vérité absolue fut remise en cause au 19ème siècle
par LOBATCHEVSKI (1792-1856) et RIEMANN (1826-1866). Pour le premier, par un point
on peut mener plusieurs parallèles à une droite donnée tandis que la seconde estime qu’on ne
peut mener aucune parallèle à cette droite. Le postulat d’EUCLIDE (IVe-IIIe S AVJC) est
absolument vrai dans le système qu’il a défini mais faux lorsqu’il est rapporté aux géométries
de LOBATCHEVSKI (1792-1856) et de RIEMANN (1826-1866). En fait ces géométries
correspondent à donner trois définitions différentes de l’espace et ne sont uniquement vraies
qu’à l’intérieur de leur système. La vérité ici ne relève plus de l’absolu mais bien plutôt du
conventionnel.
Elle n’est pas immuable car elle est susceptible d’être remise en cause par des faits
nouveaux. Ainsi la thèse géo centriste (la terre, immobile et fixe est le centre de l’univers) qui
fît pendant longtemps autorité en astronomie tomba en désuétude avec la thèse hélio centriste
(la terre n’est pas immobile au centre de l’univers) de Nicolas COPERNIC (1473-1543). Cet
exemple prouve, s’il en était encore besoin, que la vérité scientifique est toujours la vérité d’un
moment ou d’une époque. Ce qui est vrai aujourd’hui peut s’avérer faux demain. Et c’est en
ce sens qu’il faut comprendre l’affirmation suivante de Gaston BACHELARD (1884-1962) :
« Toute science a l’âge de ses instruments de mesure et de son époque ». A ces limites internes
à la vérité scientifique, s’ajoute son incapacité à prospérer dans les autres domaines de la vie.

B. LA VÉRITÉ SCIENTIFIQUE : UNE VÉRITÉ INOPÉRANTE DANS LES


AUTRES DOMAINES DE LA VIE.

Tout dans la nature ne saurait être soumis à l’expérimentation et à la dictature du


calcul. C’est le cas par exemple des sentiments et des émotions qui selon BERGSON (1859-
1942), dans Matière et mémoire, demeurent imperméables à toute tentative de quantification,
de spatialisation et de schématisation. Malgré son intelligibilité et sa rigueur, la science ne
représente pas tout le réel. Dans la quête de la vérité, elle ne prend en compte que quelques
espaces du vaste domaine du savoir humain. Dans bien des domaines de l’existence, celui des
valeurs morales par exemple, la science reste impuissante à atteindre la vérité et cède le pas à
des disciplines telles que la philosophie, la morale et la religion. On ne peut donc pas faire de
la vérité scientifique en général et de la vérité mathématique en particulier le modèle de toute
vérité comme l’estimait PLATON (428-348 AVJC) qui avait inscrit au portique de son
académie la recommandation suivante : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ».

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CONCLUSION.
S’il est vrai de dire que la rigueur scientifique permet d’atteindre la vérité, il n’est pas
aussi faux de reconnaître que tout ne saurait être soumis à l’expérimentation dans la nature.
Cela montre bien que la vérité scientifique est une vérité limitée et uniquement valable à
l’intérieur d’un système donné. Comme le fait remarquer Blaise PASCAL (1623-1662) « vérité
au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà », Paris, Coll. Pléiade, 1950, p.887. Ce caractère relatif
de la vérité scientifique doit nous faire comprendre que la vérité elle-même est le nom singulier
d’une chose plurielle dont les différentes branches du savoir humain font de sa quête leur
véritable fin.

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SUJETS DE PHILOSOPHIE POUR LES CONGES.

SUJET 1 ; la religion parvient-elle à exorciser l’inhumain ? (série A)

SUJET 2 : l’avenir est-il joué d’avance ? (séries A-C-D)

SUJET 3 : doit-on se fier au langage ? (séries A-C-D)

SUJET 4 : la nature humaine est-elle identique en tous temps ? (série A)

SUJET 5 : la liberté du moi est- elle illusoire ? ( séries A-C-D)

SUJET 6 : peut- on vivre en autarcie ?

SUJET 7 : << La science a fait de nous des dieux>> qu’en pensez-vous ?

SUJET 8 : peut-on à la fois vouloir être libre et travailler ?

SUJET 9 : la logique suffit-elle à nous pourvoir de vérité ?

SUJET 10 : l’art n’est-il qu’un luxe ?

SUJET 11 : << Seuls les dieux sont heureux.>> Qu’en pensez-vous ?

SUJET 12 : l’humanité est-elle naturelle à l’homme ?

SUJET 13 : le bonheur de l’homme dépend-il de la victoire sur l’imagination ?

SUJET 14 : obéir à l’Etat , est-ce renoncer à sa liberté ?

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