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Mai 2014
La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation
SOMMAIRE
SOMMAIRE .............................................................................................................................. i
RESUME EXECUTIF ............................................................................................................. ii
LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ............................................ iv
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 7
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET REGLEMENTAIRE DE LA
COMPETITIVITE ................................................................................................................. 14
I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE ....................................................................... 14
II. La compétitivité dans les entreprises camerounaises.................................................................... 18
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION
AU CAMEROUN ................................................................................................................... 25
I.Cadre théorique ............................................................................................................................... 25
II. Cadre de mise en œuvre de l’innovation au Cameroun ................................................................ 27
CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ...................................................................................... 35
I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE COMPETITIVITEDES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ? ................................................................................................ 35
II. ANALYSE DE LA RELATION ENTRE L’INNOVATION ET LA COMPETITIVITE DES
ENTREPRISES ................................................................................................................................. 38
CONCLUSION ....................................................................................................................... 49
BIBLIOGRAPHIE : ............................................................................................................... 50
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 52
RESUME EXECUTIF
du recensement général des entreprises (RGE 2009), sur les 93 969 entreprises recensées au
Cameroun, 75% sont des Très Petites Entreprises (TPE), 19% des Petites Entreprises (PE),
5% des Moyennes Entreprises (ME), et 1% des Grandes Entreprises (GE)1. Lorsqu’on sait que
les pratiques des activités de recherche-développement au sein d’une entreprise sont fonction
de la taille de cette dernière et qu’au Cameroun 1% des entreprises sont dans la classe des
Grandes Entreprises, on peut comprendre aisément que la faible pratique de l’innovation par
les entreprises est due à la taille très petite de ces entreprises et donc ne disposent pas de
moyens pour mener la recherche-développement.
Si mener des activités de recherche-développement est coûteux pour les entreprises
camerounaises, on pourrait explorer une autre possibilité, celle d’exploiter les résultats de
recherche menées par les chercheurs camerounais qui à ce jour ont déjà mis en œuvre
plusieurs innovations qui pourraient de manière significative améliorer la compétitivité de ces
entreprises. D’après toujours le Recensement Général des Entreprises (RGE 2009), malgré
les efforts déployés par les pouvoirs publics pour vulgariser les résultats de la recherche, il
ressort que seulement 11% des chefs d’entreprises en font usage. Toutefois, l’agriculture est le
secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats de la recherche.
Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau avec 21% et les
industries alimentaires avec 17%. On voit bien là que ni la pratique de l’innovation au sein de
l’entreprise ou alors l’exploitation des innovations des chercheurs, rien ne semble
véritablement faire partir des habitudes des entrepreneurs camerounais. Il s’en suit donc une
faible productivité et par ricochet la faible compétitivité de ces entreprises qui mettent en mal
l’économie nationale et réduisent de ce fait les chances du pays d’atteindre les objectifs de
croissance.
Pourtant le rapport de l’étude sur la productivité du secteur informel menée par l’INS
en 2009 et qui portait sur 3 635 Unités de production Informelles, démontre à suffisance que
la productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises réside dans leur capacité à
utiliser les résultats de la recherche. Les résultats de cette enquête montrent que le facteur
travail contribue de 47% dans la production, l’innovation de 31% et le capital seulement de
22%. Même si l’on note des légères différences, la situation est similaire dans les différents
secteurs ; la productivité globale des facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à
quantité égale de travail et de capital, les Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent
les innovations technologiques ont une production 10,5 fois supérieure. Une analyse par
secteur montre que ce niveau est deux fois plus élevé dans les secteurs du commerce et des
services (environ 20 fois)2. Preuve que la compétitivité d’une entreprise réside dans sa
capacité à innover.
En définitive, l’atteinte de l’émergence en 2035 réside dans la capacité du Cameroun à
faire de l’innovation le moteur de la compétitivité des entreprises et de l’économie nationale.
Ce n’est plus seulement un objectif stratégique, mais un impératif. Telle est la substance de
l’étude que nous avons menée. Au moment où toutes les forces nationales se mobilisent pour
l’amélioration de la compétitivité de l’économie camerounaise, nous espérons que ce travail
interpellateur, retiendra l’attention des pouvoirs publics.
1
INS, Recensement Général des Entreprises (RGE 2009)
2
EESI 2 2010
GRAPHIQUES
TABLEAUX
INTRODUCTION GENERALE
Contexte et justification
L’Etat du Cameroun s’est fixé pour objectif d’être un pays émergent à l’horizon 2035.
Cette ambition de développement est consignée dans le Document « Cameroun vision
2035 »3, servant ainsi de balise pour l’atteinte de l’objectif. La vision du développement à
long terme est programmée sur trois périodes à savoir : l’étape 2010-2019 dont l’objectif est
de moderniser l’économie et d’accélérer la croissance (taux de croissance moyen de 5,5%);
l’étape 2020-2027 dont l’objectif est d’atteindre le niveau de pays à revenu intermédiaire
(revenu/hbt compris entre 3706 et 11455 $ en valeur de 2007 et un taux de croissance à deux
chiffres) ; et l’étape 2028-2035 dont l’objectif est de devenir un nouveau pays industrialisé et
un pays émergent (part du secteur secondaire à plus de 40% du PIB).
Pour atteindre l’émergence, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
(DSCE) qui est le tableau de bord des dix premières années de la vision à long terme, se
focalise sur l’accélération de la croissance, la création d’emplois formels et la réduction de la
pauvreté. Il vise en conséquence à porter la croissance à 5,5% en moyenne annuelle sur la
période 2010-2020, ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020 avec la
création de dizaines de milliers d’emplois formels par an dans les dix prochaines années, et
ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 20204.
Pour être émergent, le pays doit avoir une économie capable de créer plus de richesses
pour sa prospérité ; une économie capable aussi de faire face à la concurrence mondiale. C’est
à cette tâche que s’attellent les pouvoirs publics à travers des outils tels que le Comité de
Compétitivité, le projet de compétitivité des filières de croissance, le Cameroon Business
Forum, l’agence des petites et moyennes entreprises, la banque agricole… Mais au vu des
performances actuelles du pays en matière économique, cela semble insuffisant pour
permettre au Cameroun d’avoir une économie forte et compétitive, à même de créer une
valeur ajoutée importante pour son projet de société et surtout d’atteindre ses objectifs de
croissance.
Cette faible performance de l’économie camerounaise est confortée par le rapport sur
la compétitivité globale 2013-2014 du World Economic Forum (WEF), relayé par le Comité
de Compétitivité, qui classe le Cameroun 115e sur 148 pays. Les performances économiques
du pays depuis les trois dernières années, évoluent en dent de scie, reculant ainsi de trois
places sur le classement mondial des économies les plus compétitives, par rapport à 2012-
2013. Sur la base des facteurs retenus par le WEF, l’économie nationale est classée au premier
stade ; celui où la croissance est impulsée par la mobilisation des facteurs de production avec
des travailleurs peu qualifiés, aux bas revenus et, de fait, une faible productivité5. Pourtant les
enjeux actuels de développement et la concurrence mondiale des économies obligent le
Cameroun à avoir un tissu économique fort et compétitif, capable de permettre au pays de
tirer profit des échanges internationaux et de s’assurer une croissance de long terme. De plus,
3
MINEPAT, Cameroun Vision 2035, Février 2009
4
DSCE, p.14
5
Cameroon Tribune, 19 Mars 2014
la forte probabilité pour le Cameroun de ratifier l’APE intérimaire avec l’Union Européenne
d’ici le 1er octobre 2014, soulève à nouveau la problématique de la compétitivité de
l’économie camerounaise face à la concurrence internationale. Cette problématique de la
ratification ou non de l’APE entre le Cameroun et l’UE soulève de nombreux débats qui pour
la plus part s’opposent.
Une bonne partie de la classe intellectuelle camerounaise pense que le pays n’est pas
prêt à affronter cette concurrence et qu’il faille prendre en compte les statistiques actuelles des
échanges du Cameroun avec l’extérieur. Lesquelles statistiques montrent une multiplicité des
partenaires commerciaux et une diminution de la part de l’UE dans les échanges avec le
Cameroun. Ce qui fait conclure à ces intellectuels que le Cameroun a plus à perdre qu’à
gagner dans cet accord. Ils ajoutent que les intérêts commerciaux du Cameroun sont ailleurs et
que le pays gagnerait à multiplier des partenariats et renforcer ceux existant, plutôt qu’à
hypothéquer son avenir à travers un accord compromettant.
Le politique, appuyé par une autre classe d’intellectuels estiment que l’APE n’a pas
que des inconvénients mais aussi des avantages que le pays pourrait en profiter. De toutes les
façons pensent ceux-là, compte tenu de la mondialisation des économies dans laquelle se
trouve le Cameroun et au vu des multiples conventions que le pays a ratifié avec l’extérieur,
l’on a presque l’obligation d’ouvrir ses frontières aux autres, quitte à ce que le pays face des
efforts pour s’arrimer à la nouvelle donne en modernisant son appareil de production afin de
le rendre fort et compétitif. De plus, des mesures d’adaptation de l’économie camerounaise en
perspective à ces accords sont prévues et un budget évalué à 2500 milliards a été alloué à cet
effet par le MINEPAT.
Le gouvernement a aussi engagé un vaste programme de transformation de tous les
secteurs productifs et l’assainissement du climat des affaires. Transformer l’appareil de
production revient surtout à renforcer la compétitivité des entreprises de manière à ce qu’elles
créent d’avantage de richesses indispensables à la croissance économique. L’économie
camerounaise même sans l’APE, doit se rivaliser aux autres économies pour tirer sa part belle
et garantir sa croissance. Bref la mise à niveau des entreprises reste un impératif pour exister
dans un monde en pleine globalisation. Pour cela, la compétitivité est l’élément fondamental
sur lequel les pouvoirs publics doivent davantage agir pour permettre aux entreprises de
résister à la concurrence et à l’économie, d’atteindre les objectifs attendus c'est-à-dire
l’émergence.
Parlant de compétitivité, elle désigne une aptitude à faire face à la concurrence. Elle
s’applique aux entreprises aussi bien qu’aux nations. La compétitivité traduit la capacité à
conserver ou à augmenter les parts de marché. Elle résulte des choix établis en matière de
technologie, de formation de la main d’œuvre, de gestion, etc6. Il existe donc deux types de
compétitivité : la compétitivité entre les Etats et la compétitivité entre les entreprises. Pour
certains auteurs comme P. Krugman (la mondialisation n’est pas coupable, 1998), la
compétitivité est une notion à manier avec précaution puisque la compétitivité entre Etats
n’est pas de la même manière que celle qui oppose les entreprises. La compétitivité au niveau
d’une nation est difficile à définir : une entreprise qui n’est pas compétitive risque la faillite,
6
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
ce qui n’est pas le cas d’un Etat. Au niveau microéconomique, la compétitivité d’une
entreprise désigne sa capacité à occuper une position forte sur un marché. L’évolution des
parts de marché de cette entreprise est dès lors fondamentale pour apprécier la compétitivité.
Au niveau macroéconomique, la compétitivité d’une économie nationale est la
capacité de son secteur productif à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec en
arrière-plan l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des résidents du pays
concerné. La compétitivité (d’une entreprise ou d’une économie nationale) est classiquement
désignée de deux façons différentes selon l’origine des facteurs de cette compétitivité : « par
les prix » ou « par les coûts ». La recherche d’une compétitivité par les prix se réalisera en
général par une politique d’économies d’échelle ou encore le développement du progrès
technique ou de l’innovation, visant à réaliser des gains de productivité. L’innovation occupe
de ce fait une place prépondérante dans la recherche de la compétitivité d’un Etat ou d’une
entreprise.
Les résultats de la deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2)
menée par l’INS au Cameroun en 2009 montrent que le facteur travail contribue de 47% dans
la production, l’innovation de 31% et le capital de 22%. Même si l’on note des légères
différences, la situation est similaire dans les différents secteurs ; la productivité globale des
facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à quantité égale de travail et de capital, les
Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent les innovations technologiques ont une
production 10,5 fois supérieure. Une analyse par secteur montre que ce niveau est deux fois
plus élevé dans les secteurs du commerce et des services (environ 20fois)7.Ce qui montre fort
bien la part importante qui revient à l’Innovation dans la productivité d’une entreprise et par
delà, sa compétitivité. Le but de l’innovation réside majoritairement dans une amélioration de
la compétitivité structurelle. Une entreprise qui veut rester dans le marché et assurer sa
croissance doit innover.
Les résultats du dernier recensement général des entreprises de 2009 mené par l’INS
au Cameroun, montrent aussi que malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour
vulgariser les résultats de la recherche et de l’Innovation, ils sont très peu utilisés. Il ressort
que seulement 11% environ des chefs d’entreprises en font un usage. Toutefois, l’agriculture
est le secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats de la
recherche. Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau avec
21% et les industries alimentaires avec 17%8. Cette sous utilisation des résultats des
innovations se traduit par la faible productivité et la faible compétitivité des entreprises
camerounaises, d’autant plus que les 89% des entreprises n’exploitent pas les innovations, ou
encore moins ne mènent aucune activité de recherche-développement au sein de leurs
entreprises. Situation qui induit la baisse des performances économiques de notre pays qui
doit désormais faire face à la concurrence internationale pour garantir sa prospérité.
Il se pose donc là un problème d’incitation des entreprises camerounaises à
l’utilisation des résultats de la recherche et de l’innovation pour accroitre leur productivité et
être de ce fait compétitive. Ce d’autant plus que le contexte économique mondial s’y prête et
qu’en plus l’atteinte de l’émergence en 2035 passe nécessairement par une économie
7
EESI 2 2010
8
INS/RGE 2009
compétitive, aux produits à haute valeur ajoutée, capables d’impulser une croissance de long
terme et soutenue. Pour y parvenir, l’innovation est la voie la plus utilisée en ces temps de
globalisation. Les pays dits développés, émergents et surtout ceux de l’OCDE en ont
d’ailleurs fait la source principale de leur croissance9.
Dans l’entreprise qui consiste à moderniser l’appareil de production de l’économie
camerounaise, afin de le rendre fort et compétitif, notre analyse voudrait répondre à la
question de savoir comment amener les entreprises camerounaises à utiliser les résultats
de la recherche et de l’innovation pour accroitre leur productivité et améliorer leur
compétitivité. Cela devrait aussi nous amener à savoir quel impact l’innovation a sur la
compétitivité des entreprises et partant de l’économie nationale ?De manière spécifique, nous
voulons répondre aux questions ci-après : quel est l’état des lieux et le niveau de compétitivité
des entreprises camerounaises ?, ce niveau de compétitivité peut-il permettre au pays de faire
face à la concurrence internationale et de garantir sa croissance?, comment l’innovation peut-
elle être la base de cette compétitivité ?, l’état actuel du développement de l’innovation au
Cameroun permet-il d’atteindre cet objectif ?, si non, quelles peuvent être les mesures à
prendre ?, quelle place occupe réellement l’innovation dans la société camerounaise ?
La réponse à ces différentes interrogations qui fera office d’ossature de notre analyse
va consister dans un premier temps à définir le cadre théorique et réglementaire de la
compétitivité des entreprises camerounaises, ensuite, donner l’état des lieux de la mise en
œuvre de l’innovation au Cameroun et enfin analyser le lien de causalité qui existe entre la
mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise et par delà l’économie en
général.
Objectif Général
L’objectif général de l’étude est de montrer comment l’innovation peut contribuer à
augmenter la compétitivité d’une entreprise en particulier, et de l'économie camerounaise en
général.
Objectifs spécifiques
De manière spécifique, l’étude vise à :
- Apprécier le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises
- Etablir une relation de cause à effet entre l’innovation et la compétitivité d’une
entreprise.
Hypothèses.
Comme hypothèses de recherche nous avons :
- Une entreprise qui n’innove pas a une faible productivité et n’est pas compétitive.
- Il existe une corrélation entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité
d’une entreprise.
9
Site internet de l’OCDE consulté le 07avril 2014
Méthodologie.
Pour atteindre les objectifs de cette étude, nous allons partir d’une revue de la
littérature, qui servira de base à notre analyse. Par la suite, nous aurons recours à une
méthodologie analytique de type SWOT, qui dégagera les forces et les faiblesses, les
opportunités et les menaces de l’innovation au Cameroun. Par ailleurs, l’analyse des résultats
du Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) et ceux de la deuxième Enquête sur
l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2), pourrait nous permettre de confronter nos
hypothèses. Enfin, la matrice SWOT et les résultats issus d’autres analyses comparatives
basées sur les différents classements mondiaux sur l’innovation d’une part, et sur la
compétitivité d’autre part, orienteront nos recommandations de politiques économiques visant
à terme, à contribuer à la compétitivité des entreprises par la mise en œuvre de l’innovation.
Pour réaliser ce travail, nous avons collecté et confronté entre le mois d’avril et le
mois de mai 2014, des informations des sources jugées fiables (données secondaires) et qui
sont entre autres : le MINRESI, l’INS, l’OAPI, l’ANOR, le site internet de l’OCDE, le site
internet de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, du WEF, du Doing Business, ...
Pour confirmer la véracité de certaines données collectées au niveau national, nous nous
sommes rapprochés de quelques entreprises camerounaises dont la taille de l’échantillon est
de 30 (données primaires).
En termes de bibliographie, outre les ouvrages traditionnels de sciences économiques
se rapportant au sujet et des documents rencontrés lors de nos recherches, nous nous sommes
fortement appuyés sur les travaux de l’économiste autrichien Joseph Aloïs SCHUMPETER et
de l’économiste français Dominique GUELLEC, qui ont suffisamment travaillé dans ce
domaine. Il faut tout aussi signaler les difficultés que nous avions eues à avoir des données et
informations concernant l’innovation et ses activités au Cameroun. Cela illustre fort bien le
faible intérêt accordé à l’innovation dans ce pays. Voilà pourquoi ce travail se veut beaucoup
plus une sorte d’alerte des pouvoirs publics pour comprendre que l’atteinte des objectifs de
développement au Cameroun est soumise à une endogéinisation du progrès technique et
partant de l’innovation.
Plan de Travail.
Le travail est structuré autour de trois Chapitres :
INTERET DE L’ETUDE
L’objectif que s’est fixé le Cameroun est de devenir un pays émergent à l’horizon
2035. Or un pays émergent est un pays en développement qui, dans le cadre d’une mutation
vers une économie ouverte, a amorcé une croissance forte du PIB par tête et une dynamique
d’exportation de produits manufacturés10. Le Cameroun lui dans sa vision 2035, compte sur
la période 2028-2035, devenir un nouveau pays industrialisé et un pays émergent avec un
secteur secondaire contribuant à plus de 40% au PIB. Mais dans une économie mondialisée,
tirer une part importante de ses richesses à partir des exportations n’est plus aisé. Ce sont
désormais les produits les plus compétitifs et à haute valeur ajoutée qui passent sur le marché.
Et depuis quelques décennies, les nouvelles théories économiques avec des auteurs tels que
Schumpeter, Solow, Guellec … ont pu démontrer le rôle important de l’innovation dans la
compétitivité des entreprises et partant de la croissance économique. La mise en œuvre de
l’innovation dans les pays développés, émergents et ceux de l’OCDE précisément est
corrélative à leur niveau de développement. Ceux de l’OCDE en ont carrément fait leur
source principale de croissance.
Le niveau de compétitivité de l’économie camerounaise est très faible (115e sur 148
en 2013 au classement du WEF) et cela se justifie en grande partie par la faible proportion des
entreprises camerounaises (11,2% d’après le RGE 2009) qui utilisent les résultats de la
recherche et des innovations. Cette situation se traduit par une faible performance de
l’économie et par ricochet un retard par rapport aux objectifs de croissance. Pourtant le
recensement général des entreprises de 2009 montre que 11,2% des entreprises utilisent les
innovations et l’EESI 2 montre que les UPI qui utilisent les innovations sont 10,5 à 20 fois
10
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
plus productive que celles n’utilisant pas. Une information suffisamment convaincante pour
que désormais les politiques soient orientées vers la recherche des stratégies d’innovation afin
d’en faire le moteur de la croissance au Cameroun. L’enjeu est d’autant plus actuel compte
tenu de la signature très probable de l’APE avec l’UE. Cet accord qui va accroitre la
concurrence entre les entreprises camerounaises et celles de l’UE, oblige plus que jamais les
pouvoirs publics camerounais à revoir leurs stratégies d’amélioration de la compétitivité des
entreprises. Pour y arriver, l’innovation est de fait le meilleur moyen. D’où l’intérêt de notre
étude qui vise à montrer aux décideurs la nécessité pour le Cameroun de faire de l’innovation
le facteur de compétitivité des entreprises camerounaises et par delà, la source principale de la
croissance.
I.1. Définition
qualité. Autrement dit, il s'agit de l'aptitude d'un territoire à maintenir et à attirer les activités
et investisseurs au service de l'amélioration durable du bien être des populations concernées11.
On distingue souvent deux types de compétitivité, tant pour les États que pour les entreprises :
la compétitivité-prix, basée sur la capacité à produire des biens et des services à des
prix inférieurs à ceux des concurrents avec une qualité identique ;
la compétitivité structurelle (ou hors-prix), basée sur la capacité à imposer ses
produits sur un marché non pas du fait de leur prix mais en raison de leur qualité, de
leur innovation, des services attachés, etc.
le reflet de l’âme des marchands qui ont laissé des traces dans l’histoire, l’expression du talent
des héros des affaires comme Thomas Edison, Nikola Tesla, Bill Gates, Steve Jobs, Bernard
Arnault, la dynamique des lauréats des prix de management par l’Excellence ainsi que
l’approche actuelle des entreprises de toutes tailles qui sont couronnées de succès dans la
mondialisation des grands groupes aux PME. Parmi ces leviers nous avons :
Levier n°1 : une entreprise compétitive se définit comme un ensemble de choix stratégiques
déterminants qui relèvent de la compétence des entrepreneurs afin d'optimiser le modèle
économique de l'entreprise, c'est-à-dire de construire des avantages sur les concurrents pour
transformer les besoins matériels et immatériels ainsi que les attentes rationnelles et
irrationnelles des clients en satisfactions financières et non financières pour toutes les parties
prenantes de l’entreprise, notamment la satisfaction des clients qui est à l'origine de la
satisfaction de toutes les autres (la satisfaction de l'entreprise elle-même pour assurer son
développement), la satisfaction des actionnaires pour conserver leur confiance, la satisfaction
du personnel pour assurer la cohérence économique, sociétale et sociale.
En somme, une entreprise compétitive développe les compétences managériales afin
d’optimiser le modèle économique de l’entreprise sur la base d’une vision stratégique orientée
vers le client.
Levier n° 2 : une entreprise compétitive clarifie sa vision stratégique orientée vers le client en
élaborant un plan stratégique à un horizon de 3 ans (ou un busines plan intelligent dépassant
l’approche du banquier)afin de définir les finalités
économiques/sociétales/sociales/environnementales de l’entreprise, positionner l'entreprise
sur des cibles de clientèles, définir les besoins et les attentes des clients ciblés, analyser
l'attractivité du marché au regard de l’offre des concurrents, identifier les avantages
concurrentiels potentiels de l’entreprise, définir une offre produits/services compétitive et
innovante, définir la stratégie d'innovation, clarifier les marques et les discours de marque,
optimiser la chaîne de valeur-client dont les 30 choix stratégiques déterminants de la
compétitivité, structurer et optimiser le réseau de processus opérationnels, élaborer les
comptes prévisionnels à 3 ans, résumer la vision stratégique par un tableau de bord stratégique
global, fixer les lignes directrices de l'organisation afin de déployer la vision stratégique.
En somme, une entreprise compétitive clarifie la vision stratégique de l’avenir de
l’entreprise à un horizon de 3 ans.
Levier n° 3 : une entreprise compétitive organise les ressources qui permettent de déployer le
plan stratégique prédéfini, notamment, ils organisent la structure juridique, la gouvernance de
l’entreprise, le financement des activités en tirant parti des aides et des subventions, la
dynamique de croissance externe, l’organisation de la structure opérationnelle afin de séparer
le flux des coûts du flux des revenus qui ne répondent pas à la même logique, le management
des compétences et des ressources humaines, l’encadrement des activités, le dispositif
d’Intelligence économique, l’organisation de la communication interne et externe.
Levier n° 4 : une entreprise compétitive optimise les processus qui vont de la conception
d’une offre produits/services compétitive et innovante jusqu’à sa mise sur le marché au
meilleur rapport besoins et aux attentes/fonctionnalités/performances/qualité/coût de revient.
L’entreprise compétitive conçoit une offre produits/services en 3 volets afin de réduire les
incertitudes du futur (existant, opportunités, avenir), fait un management méthodique du
programme d’innovation sur le fond et sur la forme dans tous les domaines matériels,
immatériels, rationnels et irrationnels qui forment la satisfaction des clients. L’entreprise
compétitive développe les projets d’innovation au regard des évolutions de l’environnement
concurrentiel. L’entreprise compétitive fait un management méthodique de la conception en
référence à l’analyse de la valeur-client afin de réduire les coûts dès la conception [la juste
fonction pour le juste besoin au juste coût]. L’entreprise compétitive organise son système de
production de façon cohérente avec le positionnement de son offre produits/services, avec sa
stratégie d’innovation, avec les opportunités d’optimiser son offre, notamment de réduire ses
coûts.
En somme, une entreprise compétitive optimise les processus allant de la conception
de l’offre produits/services jusqu’à la mise sur le marché.
13
« Stratégie de l’entreprise compétitive »,Jean Supizet, 2012
14
Site internet du World Economic Forum
15
« Cameroon tribune » du 19 mars 2014.
16
Site Internet de Doing Business, visité le 28 mai 2014
17
Site Internet de L’Enabling Trade Index (ETI), visité le 28 mai 2014
experts qui résident dans les pays évalués. Le Cameroun en 2013 a été classé 144e sur
175 pays18.
- L’attractivité des IDE. Ce sont des mouvements internationaux de capitaux réalisés en
vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le
contrôle (ou une influence significative) sur la gestion d'une entreprise étrangère.
Élément moteur de la multinationalisation des entreprises, les IDE recouvrent aussi
bien les créations de filiales à l’étranger que les fusions-acquisitions transfrontières ou
les autres relations financières (notamment les prêts et emprunts intra-group. En 2011
le classement plaçait le Cameroun à la 129e sur 204 pays19.
- Le rapport sur le développement humain du PNUD. Ce rapport examine le
changement profond de la dynamique mondiale guidée par les puissances rapidement
émergentes du monde en développement et les conséquences importantes de ce
phénomène pour le développement humain. En 2012, le Cameroun était classé 150e
sur 186 pays20.
- L’indice de transformation de Bertelsmann, qui donne les informations sur les
changements sociétaux des pays en développement en faveur de la démocratie et de
l’économie. Le Cameroun au classement 2014, occupe le 98e rang sur 129 pays21.
- Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique 2013 (IIAG).l’objectif est d’inciter à
une meilleure gouvernance en Afrique. Il a en outre pour objectif de lancer le Prix Mo
Ibrahim pour le leadership d’excellence en Afrique récompensant, par un paiement
initial de 5 millions de dollars et un paiement annuel à vie d’un montant de 200 000
dollars, des chefs d’État ayant exceptionnellement amélioré la sécurité, la santé,
l’éducation, le développement économique et les droits politiques dans leurs pays, et
transféré démocratiquement leurs pouvoirs à leurs successeurs. En 2013, le Cameroun
dans ce classement africain, a occupé la 35e place sur 52 pays en compétition22.
Dans pratiquement tous ces classements, les rangs qu’occupe le Cameroun démontrent
à suffisance que le niveau de compétitivité du pays est faible et ne peut en l’état actuel des
choses garantir une croissance soutenue et surtout de permettre l’atteinte de l’émergence en
2035.
Certains économistes utilisent le concept de compétitivité dans un sens macro-
économique. Ils proposent comme indicateurs le solde de la balance commerciale, le taux de
couverture des importations, la propension d'un pays à importer, la propension d'un pays à
exporter, le degré d'ouverture et les parts de marchés. Selon cette approche, la compétitivité
correspond à la performance commerciale d’un pays. Un pays devient moins compétitif
lorsque ses exportations baissent ou lorsque ses importations augmentent. Selon Lafay (1976)
in Njikam (1996, P.68), « la compétitivité d’une économie nationale peut être définie comme
étant sa capacité d’affronter la concurrence mondiale ». D’après cette définition, la
compétitivité reflète la performance globale de l’économie et conditionne de ce fait son
équilibre extérieur à travers le taux de change réel, la balance commerciale, etc. Plus grandes
18
Site internet de Transparency International (TI), visité le 28 mai 2014.
19
www.nextafrique.com › Economie et Finance ›, visité le 27 mai 2014
20
Site Internet du PNUD, visité le 27 mai 2014
21
Site Internet Taiwan info, visité le 28 mai 2014
22
Site Internet de l’Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique, visité le 27 mai 2014
sont les capacités d’un pays à vendre les biens qu’il produit aussi bien sur les marchés
étrangers que sur son propre marché, plus forte sera la croissance permise avant que ne
survienne l’obstacle du déficit extérieur23. Le graphique ci-après donne l’évolution de la
balance commerciale du Cameroun entre 1997 et 2009.
23
Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises : Partie I, 2009
entreprises mais également le secteur primaire et industriel. Le rapport de l’étude souligne que
les délestages et coupures de courant, les tracasseries administratives et le difficile accès au
financement constituent les entraves majeures à la croissance des industries. D'autres facteurs
ont aussi été décelés. Il s'agit entre autres de la corruption, des dysfonctionnements du
système judiciaire, la fiscalité directe et indirecte, l'insécurité et la concurrence déloyale24.
Dans le Recensement Général des Entreprises (RGE) de 2009 au Cameroun, plusieurs
contraintes liées au déploiement des affaires ont été soulevées par les chefs d’entreprises. Les
opérateurs économiques dans leur grande majorité décrient l’environnement économique peu
favorable au développement de leurs activités au triple plan administratif, juridique et
financier. Les obstacles les plus cités par les entrepreneurs sont par ordre d’importance : la
fiscalité pour 58,8%, la corruption pour 50,6%, l’accès au crédit pour 37,6%, les formalités
administratives pour 35,2%, la concurrence déloyale pour 25,8%, les infrastructures pour
18,4% et enfin le coût du financement du crédit pour 18%. Les autres obstacles qui gênent la
bonne marche des affaires se rapportent à l’insuffisance du dialogue entre le secteur privé et
les pouvoirs publics, les pénuries de l’énergie électrique, le transport et le fonctionnement de
la justice.
Graphique 2 : Les principaux obstacles à l’entreprenariat (en % des opinions des Chefs
d’entreprises).
Ces appréciations fort défavorables proviennent principalement des nationaux (53,8%), des
chinois (57,9%), des nigérians (47,5%), des français (40,3%) et des américains (37%). Il
s’agit à 56% des dirigeants des très petites entreprises et à 54% de ceux des petites
24
Rapport de l’atelier sur l'évaluation de l'environnement favorable au développement de l'entreprise durable au
Cameroun, tenu le 10 mai 2013 à Douala.
entreprises. En effet, leur taille et sans doute leur surface financière les rendent plus
vulnérables25.
Pour pallier à toutes ces insuffisances et assainir le climat des affaires afin de rendre plus
compétitives les entreprises camerounaises, les pouvoirs publics ont mis en place une
panoplie de mesures visant à lever les contraintes liées au déploiement des affaires au
Cameroun et relancer l’activité économique. Parmi ces mesures, nous pouvons citer :
- Le comité de compétitivité dont l’objectif est de contribuer au renforcement de la
compétitivité de l’économie camerounaise par l’instauration d’un environnement des
affaires propice au développement des investissements privés productifs ;
- Le programme d’Appui à l’amélioration de la Compétitivité de l’Economie
Camerounaise (PACOM). D’un montant de 6,6 milliards de F CFA, le PACOM
devrait contribuer au renforcement de l'économie camerounais à travers l'amélioration
de la productivité et la progression qualitative nationale, permettant ainsi la mise en
œuvre des deux composantes de la stratégie commerciale souhaitée par l'Etat :
valorisation des avantages comparatifs des filières compétitives sur les marchés
d’exportation (régionaux et internationaux) et développement des entreprises
nationales sur le marché intérieur notamment sur l’axe de la sous-traitance.
- Le Cameroon Business Forum (CBF). Le Cameroon Business Forum (CBF) est un
mécanisme de dialogue public-privé mis en place pour œuvrer à l’amélioration du
climat des affaires. Il est initié conjointement par le gouvernement camerounais et IFC
(Société Financière Internationale) du groupe de la Banque Mondiale qui apporte son
appui technique à l’État pour une meilleure appropriation, à terme, de cette plate-
forme de concertation ;
- Le Programme d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance (PCFC). Ce
programme vise à contribuer à une accélération de la croissance et de l’emploi par
l’amélioration de la compétitivité des filières non agricoles prioritaires non
répertoriées et validées par le gouvernement (filières bois, textile-confection, tourisme
et les technologies de l’information et de la communication), ce à travers la réduction
des coûts, l’amélioration du climat des affaires et de la qualité des infrastructures. Il
met en œuvre une masse critique d’interventions de nature à inciter les investissements
privés productifs et les exportations autour de ces filières ;
- Le Programme d’Appui à la Compétitivité Agricole (PACA). Le PACA porte sur le
développement des agro-industries, celles-ci constituant un débouché important pour
la production agricole et un puissant facteur d’intensification des activités et de
transformation des produits du monde rural. Il vise en outre l’accroissement de la
compétitivité des petits producteurs agricoles à travers l’amélioration de la
productivité et de la qualité des produits, et l’intensification de la commercialisation.
Le projet est concentré sur un nombre limité de filières agro-pastorales reconnues
comme porteuses de croissance (riz, maïs, porcs, bovins, volailles, bananes plantain et
palmier à huile) ;
- Le Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Familiale Agro-
pastorales (ACEFA). Ce programme vise à permettre aux exploitants de mieux
maîtriser leur gestion technique et économique, d’avoir un meilleur accès aux intrants
25
Rapport final du recensement général des entreprises au Cameroun, 2009.
reste toujours faible. Les classements du WEF et du Doing Business en 2013 en sont une
preuve. On peut donc s’apercevoir que les pouvoirs publics ont actionné sur quasiment
tous les instruments et leviers de compétitivité, sauf sur celui de l’innovation qui est
justement le plus utilisé par les pays développés et émergents qui occupent les premiers
rangs dans les classements des meilleurs Etats compétitifs. L’innovation, associée à
toutes les mesures prises par les pouvoirs publics, aboutirait forcément à une
amélioration considérable du niveau de compétitivité des entreprises et de l’économie
camerounaise en général.
Comment la mise en œuvre de l’innovation pourrait-elle contribuer à améliorer la
compétitivité des entreprises ?, et avant d’y arriver, qu’est ce que l’innovation ? Comment se
pratique t-elle au Cameroun ?, le Cameroun peut-il innover pour ses entreprises?
I. CADRE THEORIQUE
26
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
27
Manuel d’Oslo, 3e édition, OCDE 2005
consommateurs. Que ce soit dans les administrations publiques, les entreprises ou les
organismes à but non lucratif, elle transcende les frontières entre pays, secteurs et institutions.
Ce qui place l’Innovation au centre de l’activité économique, génératrice d’emplois et de
richesses. Le manuel d’Oslo distingue à cet effet quatre types d’Innovation :
‐ l’Innovation de produit. Elle est l’introduction d’un bien ou d’un service nouveau.
Cette définition inclut les améliorations sensibles des spécifications techniques, des
composantes et des matières, du logiciel intégré, de la convivialité ou autres
caractéristiques fonctionnelles ;
‐ l’innovation de procédé. C’est la mise en œuvre d’une méthode de production ou de
distribution nouvelle ou sensiblement améliorée. Cette notion implique des
changements significatifs dans les techniques, le matériel et le logiciel ;
‐ l’Innovation de commercialisation. Elle est la mise en œuvre d’une nouvelle
méthode de commercialisation impliquant des changements significatifs de la
conception ou du conditionnement, du placement, de la promotion ou de la tarification
d’un produit ;
‐ L’Innovation d’organisation. C’est la mise en œuvre d’une nouvelle méthode
organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations
extérieures de la firme28.
Joseph Schumpeter expliquait dans Le cycle des affaires, publié en 1939, les cycles
économiques par l'innovation et en particulier par les « grappes d'innovation ». Selon lui, le
progrès technique est au cœur de l'économie et elles apparaissent en grappes ou essaims :
après une innovation majeure, souvent une innovation de rupture due à un progrès technique,
voire scientifique (par exemple : la vapeur, les circuits intégrés, l'informatique, l'internet, les
nanotechnologies, ...) d'autres innovations sont portées par ces découvertes. On constate alors
des cycles industriels où, après une innovation majeure, l'économie entre dans une phase de
croissance (créatrice d'emplois), suivie d'une phase de dépression, où les innovations chassent
28
Manuel d’Oslo, (3e édition, OCDE 2005)
Schumpeter met en avant le rôle majeur des innovations dans l'impulsion, la mise en
mouvement de l'économie sous l'action de l'entrepreneur. C'est par la fabrication de produits
nouveaux, l'adoption de procédés et de techniques inédits, l'utilisation de nouvelles matières
premières ou l'ouverture de nouveaux débouchés que les structures finissent par changer.
Schumpeter met en évidence le rôle déterminant de l'innovation dans l'impulsion du système
économique. Il prend comme point de départ la modélisation d'une économie stationnaire,
nommé circuit économique, et dont les différents éléments structurels se reproduisent à
l'identique. Il s'agit d'une représentation simplifiée de la vie économique et des relations qui se
nouent entre les agents économiques. La logique de ce circuit économique est celle de
l'équilibre général : les mouvements adaptatifs des prix assurent l'adéquation entre les
différentes variables économiques, et chaque facteur de production est rémunéré à son prix.
Ce circuit économique est caractérisé par la libre concurrence, la propriété privée et la
division du travail entre les agents. Ces derniers, qui agissent en fonction de leur expérience
passée, n'introduisent aucune rupture fondamentale dans leurs comportements et les relations
économiques en place. Les méthodes de production et les pratiques de consommation restent
stables, l'offre devient égale à la demande par le jeu des prix, de sorte que l'allocation des
ressources est efficiente. Les comportements routiniers et les mécanismes adaptatifs
conduisent alors à un état stationnaire.
Or, selon Schumpeter, cette routine est brisée par l'entrepreneur et ses innovations.
Ainsi, l'évolution ne peut pas venir d'une modification quantitative (hausse de la production
ou du capital), mais de la transformation qualitative du système de production. Schumpeter
montre que le facteur déterminant de cette évolution est l'innovation : celle-ci est au cœur non
seulement du processus de croissance, mais aussi de transformations structurelles plus
importantes.
29
J. A. Schumpeter, « Capitalisme, socialisme et démocratie », Petite Bibliothèque Payot, 1974, pp. 119-125
En effet, que ce soit dans les administrations publiques, les entreprises ou les
organismes à but non lucratif, l’innovation transcende les secteurs, les institutions et même les
frontières inters étatiques. Or au Cameroun cette dernière reste malheureusement dans les
tiroirs et n’est pas mis à contribution pour le développement du pays. Toutefois, il convient de
relever que le Chef de l’Etat lors du comice agropastoral d’Ebolowa, au sortir de la visite des
stands du MINRESI, a instruit à Mme le MINRESI après s’être émerveillé par le génie
inventeur des chercheurs camerounais, de « faire connaitre toutes ces innovations ».
que ce taux d’accès, grâce aux actions entreprises par le MINRESI en collaboration avec les
instituts sous-tutelle, a quelque peu augmenté.
Années 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Budget
MINRESI 6 052 6 196,8 6 501 10 447 11 855 12 586 12 257 7 825 8 793 11 731
1 617 1 861 2 251
Budget total 000 1 721 000 000 000 2 276 000 2 301 400 2 570 000 2 571 000 2 800 000 3 236 000
Taux de
croissance
Cameroun 3,5% 2,8 3,2 % 3,3% 2,6% 2,0% 3,2% 4,1% 4,6% 4,8%
Pourcentage
par rapport
au Budget
total 0,37 0,36 0,34 0,46 0,52 0,54 0,47 0,3 0,31 0,36
Source : Lois des finances des différentes années
Cette faible culture de l’innovation se confirme par le nombre réduit des brevets
déposés par le Cameroun en 40 ans à l’OAPI (Cf. Tableau 3). Le nombre des dépôts des
brevets d’invention étant un indicateur du niveau d’inventivité d’un pays.
Technologie Santé et
et Art; 44% Alimentation
; 45%
Agriculture
et protection
de la nature;
7% Elevage; 4%
Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs
Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs
Analyse SWOT
L’analyse choisie pour mieux ressortir les enjeux de la mise en œuvre de l’innovation au
Cameroun est l’analyse SWOT qui consiste à donner les Forces/Faiblesses,
Opportunités/Menaces (FFOM) de l’innovation au Cameroun.
la propriété intellectuelle.
Opportunités: Menaces:
‐ La politique de développement - L’innovation comme simple mode et
actuelle du Cameroun repose sur non un sujet véritablement politique ;
l’amélioration de l’offre et de - La non prise en compte par les
l’accès au plus grand nombre de pouvoirs publics des mesures
produits ; préconisées par les observateurs et les
‐ La création de tout un Ministère décideurs ;
en charge de la recherche - APE Cameroun-UE. La signature de
scientifique et de l’innovation ; cet accord avant l’implémentation
‐ Révision du DSCE. Dans cette d’une culture de l’innovation pourrait
révision, il est prévu la prise en plomber la croissance du fait de la
compte de l’innovation comme faible compétitivité actuelle des
Externe outil de compétitivité des entreprises camerounaises ;
entreprises et de l’économie en - L’absence de ressources pour accroitre
général ; le financement de l’innovation ;
‐ APE Cameroun-UE. Cet APE va - Mauvaise exécution des projets
contraindre le pays à innover pour d’innovation ;
mieux faire face à la concurrence - Intérêts égoïstes de certains acteurs ;
internationale ; - Les résistances au changement d’une
‐ Un personnel administratif bonne partie de responsables du
essentiellement jeune et dévoué ; MINRESI sceptiques à l’innovation ;
‐ Un engouement significatif de - Le manque de motivation des
tous les partenaires sectoriels en chercheurs.
faveur des pôles de compétitivité.
Ce raisonnement peut être illustré par le classement du WEF 2013 des cinq premiers
pays les plus compétitifs, à savoir : la Suisse, Singapour, la Finlande, l'Allemagne et les Etats-
Unis. En Afrique, l’île Maurice, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Botswana et le Maroc sont
les cinq premiers. Le Cameroun occupe la seizième place. Les Etats-Unis sont le pays où la
productivité par salarié est la plus forte. Et cette productivité remarquable peut elle-même
s’interpréter comme la conséquence d’un haut degré d’innovation: le nombre de brevets
déposés par rapport au nombre d’habitants est près de 40% plus élevé aux Etats-Unis qu’en
France, et près du double en Suède et en Suisse. Au Cameroun, en 40 ans (1964-2004), le
Cameroun n’a pu déposer que 126 demandes de brevets à l’Organisation Africaine de la
Propriété Intellectuelle (OAPI). Cela démontre à suffisance de la faible activité de recherche
et d’innovation menée par le pays et qui se traduit malheureusement par ses faibles
performances économiques.
I.1.b) les innovations organisationnelles contribuent aussi à faire baisser les prix
30
Méthode de travail dans l'industrie mise au point par Frederick Winslow Taylor (1856-1915). Elle consiste en
une organisation rationnelle dutravail qui est divisé en tâches élémentaires, simples et répétitives, confiées à des
travailleursspécialisés. L'objectif du taylorisme est d'obtenir la meilleure productivité possible des agents au
travail et une moindre fatigue.
31
Le Fordisme, modèle d’organisation que l’on doit à Henry Ford, est basé sur une production standardisée de
masse. La réussite du modèle Ford est liée aux deux ingrédients symboliques, la Ford T et l’usine de River
Rouge qui l’a produite. C’est dans cette usine que les matières premières se présentaient sur la ligne
d’assemblage pour ressortir en voitures achevées à l’autre extrémité.
32
Le toyotismedésigne une organisation du travail élaborée dans les années 1960 par l'ingénieur japonais Taiichi
Ono et mise en place au sein de l'entreprise Toyota. Le toyotisme se veut d'abord une amélioration du taylorisme
et du fordisme considérés comme insuffisants pour assurer une adaptation rapide des entreprises aux marchés. Il
est basé sur une plus grande responsabilisation des travailleurs qui voient leurs tâches enrichies, qui deviennent
polyvalentset qui doivent s'impliquer dans leur équipe. Leurs avis sont pris en considération ; ils participent au
diagnostic des problèmes et à leur résolution.
33
Ingénieur allergique aux idées reçues, Taiichi Ohno a mis en place chez Toyota un modèle organisationnel
novateur. Fondé sur le juste-à-temps et sur de nouvelles règles de management, celui-ci a peu à voir avec le
taylorisme et le fordisme.
L’utilisation optimale des TIC par ces organisations34 leur a permis de moderniser leur service
et d’accroitre la qualité de leur produit. Cette avancée induit un accroissement des
consommateurs du produit et une assurance du client.
34
L'organisation est une structure suivant une logique propre pour atteindre un but précis. On parle alors de la
société dans sa globalité ou de l'organisation d'une partie de l'effectif de la société visant la résolution d'un
problème ou l'accomplissement d'une tâche.
35
une innovation qui ne modifie pas profondément les modalités de fonctionnement existant au moment de son
apparition. Elle ne remplace pas la technologie dominante, et n’a d’ailleurs généralement pas été conçue pour
cela. Si elle apporte une amélioration pour que l’on puisse parler d’innovation, celle-ci est souvent graduelle. «
Dans le cas d’une innovation incrémentale, il s’agit généralement d’une petite amélioration technique ou
organisationnelle, voire d’une adaptation du modèle économique.
36
Integrated ELectronics. Fondeur de puces électroniques, et plus particulièrement de processeurs centraux, en
plus des Chipsets et des coprocesseurs. Ses puces les plus connues sont la série des i80x86, le Pentium et le
Pentium Pro. Intel a été fondé en 1968 par Bob Noyce et Gordon Moore.
37
Advandced Micro Device. Fondeur de puces, en particulier de clones des processeurs d'Intel. AMD est entré en
fanfare dans le monde des producteurs de puces, en surprenant Intel avec un 386DX40 plus puissant et moins
cher que les puces du concurrent. AMD a aussi été la première société à commercialiser un processeur de un
GHz.
fabriquer des circuits avec une finesse de gravure de 45 nanomètres au début de l’année 2008,
plusieurs mois avant son concurrent, a représenté une innovation de procédé très favorable à
sa compétitivité hors-prix.
38
Allocution d’ouverture de M. Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE, prononcée au Forum économique
international des Amériques le 8 juin 2009 à Montréal, Canada.
39
The Global innovation index 2013
les premiers rangs : Singapour, Hong-Kong, Nouvelle Zélande, Etats Unis, Danemark,
Norvège, Royaume Unis, République de Corée, Géorgie, Australie, Finlande, Malaisie,
Suède, Islande, Irlande, …
Pour ces classements du WEF 2013 et du Doing Business 2013, si l’on fait une
parallèle avec le Cameroun, on constate que son rang de 115e sur 148 pour le WEF et de 161e
sur 185 pour le Doing Business, justifient clairement les difficultés qu’éprouve actuellement
le pays à relancer son économie. Le pays a du mal à mettre en place un climat des affaires
favorable au développement des entreprises. Cette faiblesse du tissu économique s’agrandit
d’années en années du fait de l’absence d’une politique ambitieuse de l’innovation.
Dans certains pays de l’OCDE tels que les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne et la
France, le rôle de l’innovation est fondamental dans la mesure où, le résidu qui représente en
quelque sorte l’innovation (progrès technique) est le facteur qui contribue le plus à la
croissance économique. Le tableau ci-après donne les différentes contributions à la croissance
des facteurs de production dans ces quatre pays.
Source : Virginie COUDERT, « Croissance et démographie dans les pays industrialisés », Economie prospective
internationale, 4e trimestre, 1992.
Tableau 7:Part des diverses dépenses dans le total des dépenses d’innovation.
R&D 32,9 27,1 44,7 32,6 45,6 40,1 32,8 22,2 36,4 22,9
Brevets et
licences 6,0 3,4 1,5 2,7 6,1 5,3 4,2 4,3 8,0 4,1
Design 31,9 27,8 11,3 28,4 7,6 15,8 14,2 22 24,5
Analyse
du
marché 5,3 6,1 6,6 8,9 19,8 8,2 5,5 38,5 8,8 5,4
Autres
dépenses 29,2 21,2 15,9 20,2 9,0 17,6 20,4 6,3 16,8
D’années en années, les performances économiques engrangées par les pays innovants
ont fini par persuader beaucoup de gouvernements à se tourner vers le développement de
l’innovation. A ce sujet, une nouvelle classe de pays dits Nouveaux Pays Industrialisés et
Pays Emergents est née. Ces pays sont pour la plus part des pays d’Asie, d’Amérique du
Nord, de l’Europe de l’Est… Par définition, un pays émergent est un pays en développement
qui, dans le cadre d’une mutation vers une économie ouverte, a amorcé une croissance forte
du PIB par tête et une dynamique d’exportation de produits manufacturés40.
Une course à la compétitivité par l’innovation est engagée dans le monde. La France,
5e puissance économique mondiale, ne ressort que 23e dans le classement du World
Economic Forum (WEF) sur la compétitivité 2013 et 20e au titre de l’innovation. Les pays
émergents, qui captent depuis quelques temps près de deux tiers de la croissance mondiale,
ont intégré les enjeux de la croissance par l’immatériel : les BRICS (Brésil, Russie, Inde,
40
Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science
économique, 3e édition revue et augmentée
Chine, Afrique du Sud) enregistrent la plus forte corrélation entre l’investissement immatériel
et le PIB. La Chine est devenue en 2011 le premier pays dépositaire de brevets d’invention
dans le monde, passant du « Made in China » au « Designed in China »41.
Le rapport 2013 du classement des pays les plus innovants du monde souligne les
progrès d'un groupe de pays dynamiques à faibles et moyens revenus, comprenant notamment
la Chine, le Costa Rica, l'Inde et le Sénégal. Ces pays occupent respectivement la 35e, 39e, 66e
et la 96e places. Les dix premiers pays les plus innovants d’Afrique sont donc : l’Afrique du
Sud (58e), la Tunisie (70e), l’Ouganda (89e), le Botswana (91e), le Maroc (92e), le Ghana
(94e), le Sénégal (96e), le Kenya (99e), le Cap Vert (103e), le Swaziland (104e)42. Lorsqu’on
observe maintenant le classement africain des pays les plus compétitifs pour l’année 2013, on
constate aussi que ce sont presque les mêmes Etats qui occupent les premières places, à
l’exception de quelques un qui ont reculé de deux ou trois places au trop. On a donc comme
dix premiers Etats africains les plus compétitifs : l’Ile Maurice (45e), l’Afrique du Sud (53e),
le Rwanda (66e), le Botswana (74e), le Maroc (77e), les Seychelles (80e), la Tunisie (83e), la
Namibie (90e), la Zambie (93e) et le Kenya (96e)43. Tout compte fait, les pays les plus
innovants du monde sont aussi les pays les plus compétitifs.
La Chine et l’Inde grâce à l’innovation sont entrées dans la cour des grands pays
producteurs des produits à haute valeur ajouté à l’exemple des produits manufacturiers. Entre
1997 et 2007, les dépenses en recherche développement de certains grands tel que la Chine,
l’Inde, l’Allemagne, le Japon, la Corée, et les Etats-Unis, ont fait accroitre de manière
exponentielle, la productivité industrielle dans ces différents pays.
41
Gouvernance de l’innovation : Quels enjeux de compétitivité ?, par Marie-Ange ANDRIEUX et Dominique
FERNANDEZ POISSON, ECHANGES Juillet-Août 2012, pp 30-32
42
The global innovation index 2013
43
The global competitiveness report 2013-2014
Les dépenses totales en recherche-développement dans ces pays par rapport à l’année
1997, ont considérablement augmenté dix ans après. On note aussi que dans les entreprises,
ces dépenses en R&D ont augmenté. Ce financement de la R&D s’est traduit par
l’augmentation plus que proportionnelle de la productivité industrielle. Ce qui a permis à ces
pays de consolider leur position de leader mondial en matière de compétitivité.
44
INS, Recensement Général des Entreprises (RGE 2009)
Il ressort du tableau que les entreprises enquêtées sont pour la plus part des entreprises
individuelles (37%), qu’elles font pour la plus part partie de la branche agroalimentaire
(37%) et sont en générale des entreprises de taille moyenne (74%).
Contenu innovant
Innovation de biens/services
Entre 2009 et 2013, près de la moitié des entreprises enquêtées ont incorporé
une nouveauté dans un produit existant, le contenu innovant qui est l’une des caractéristiques
des projets innovants est faible. Conséquence, le nombre d’entreprises ayant amélioré un
produit déjà existant est important. Au cours de cette période, ce sont au total 27 biens ou
services nouveaux qui ont été introduits sur le marché soit une moyenne de deux
biens/services par entreprise. Il est important de mentionner que ces innovations sont à plus de
33% le fait de l’entreprise elle-même. Ici, pas besoin d’acheter une licence ou d’utiliser les
résultats des centres de recherche.
Plus de la moitié des chefs d’entreprise interrogés pense que l’aide publique est le
mode de financement le plus adapté pour leurs projets innovants. L’autofinancement apparait
comme un dernier recours puisque seulement 5 chefs d’entreprise (soit 16% des interrogés)
lui sont favorables. Ceci s’expliquerait soit par le fait qu’à priori personne n’aimerait toucher
à ses fonds propres pour financer un projet dont la rentabilité n’est pas garantie, soit parce que
l’innovation coûte chère et donc une subvention de l’Etat serait la bienvenue. Les Business
angels45 et les Sociétés de capital-risque46 ne font pas partie des modes de financement des
patrons camerounais.
45
On appelle "business angels" des particuliers qui investissent dans des sociétés innovantes. Ces investisseurs
privés, souvent issus du monde des affaires, financent des projets à fort potentiel dans la perspective d’une
revente très lucrative de leur participation. En plus de son soutien financier, le business angel accompagne
l'entrepreneur et lui fait profiter gratuitement de ses compétences, de son expérience, de ses réseaux relationnels
et d’une partie de son temps.
46
Le capital risque (venture capital ou VC) est une prise de participation par un ou des
investisseurs, généralement minoritaire, au capital de sociétés non cotées. L'objectif de l'investisseur est de
participer financièrement au développement d'entreprises innovantes à fort potentiel de croissance et de réaliser
une plus-value substantielle lors de la cession de ses titres.
Les modes de financement utilisés entre 2009 et 2013 par les entreprises pour
financer leurs projets
Il est aussi intéressant de voir vers quels modes de financement les entreprises
innovantes se sont tournées entre 2009 et 2013. Car, on peut à partir de là confirmer ou
infirmer si les caractéristiques des projets innovants influencent leur accessibilité au
financement externe.
Graphique 8:modes de financement utilisés par les entreprises pendant la période 2009-2013
Bien que la moitié des chefs d’entreprises souhaitent être financés par l’Etat, très peu
obtiennent cette aide. En effet, une seule entreprise de notre échantillon a eu accès à l’aide
publique pour financer ses projets innovants ces dix dernières années, soit seulement 3% des
entreprises enquêtées. Le mode de financement le plus utilisé demeure l’autofinancement à
hauteur de 77%. C’est dire que les entreprises rencontrent de réelles difficultés d’accès au
crédit, puisque l’autofinancement est le dernier recours de ces entreprises. Il faut donc à ce
titre que l’Etat prenne ses responsabilités en mettant une politique et des moyens visant à
encourager et soutenir la création et le développement des entreprises innovantes au
Cameroun.
Si mener soi même des activités de recherche-développement est coûteux pour les
entreprises camerounaises, on pourrait explorer une autre possibilité, celle d’exploiter les
résultats de recherche menés par les chercheurs camerounais qui à ce jour ont déjà mis en
œuvre plusieurs innovations qui pourraient de manière significative améliorer la compétitivité
de ces entreprises. D’après toujours le Recensement Général des Entreprises (RGE 2009),
malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour vulgariser les résultats de la
recherche, il ressort que seulement 11% des chefs d’entreprises en font usage. Toutefois,
l’agriculture est le secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats
de la recherche. Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau
avec 21% et les industries alimentaires avec 17%. On voit bien là que ni la pratique de
l’innovation au sein de l’entreprise ou alors l’exploitation des innovations des chercheurs, ne
semble véritablement faire partir des habitudes des entrepreneurs camerounais. Il s’en suit
donc une faible productivité et par ricochet la faible compétitivité de ces entreprises qui
mettent en mal l’économie nationale et réduisent de ce fait les chances du pays d’atteindre les
objectifs de croissance.
Pourtant le rapport de l’étude sur la productivité du secteur informel menée par l’INS
en 2009 et qui portait sur 3 635 Unités de production Informelle, démontre à suffisance que la
productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises réside dans leur capacité à
utiliser les résultats de la recherche et donc à innover. Les résultats de la deuxième Enquête
sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2) menée par l’INS au Cameroun en 2009 montrent
que le facteur travail contribue de 47% dans la production, l’innovation de 31% et le capital
de 22%. Même si l’on note des légères différences, la situation est similaire dans les différents
secteurs ; la productivité globale des facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à
quantité égale de travail et de capital, les Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent
les innovations technologiques ont une production 10,5 fois supérieure. Une analyse par
secteur montre que ce niveau est deux fois plus élevé dans les secteurs du commerce et des
services (environ 20 fois)47. Preuve que la compétitivité d’une entreprise réside dans sa
capacité à innover.
Ces résultats de l’EESI 2 nous permettent de conclure qu’il existe une corrélation
entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise (hypothèse 2
vérifiée). Les entreprises camerounaises, appuyées par l’Etat, doivent donc fournir des efforts
47
EESI 2 2010
pour innover surtout si celles-ci voudraient gagner une part importante dans les échanges
internationaux.
II.2.b) Recommandations
La mise en place au MINRESI d’un Hôtel d’incubation des entreprises innovantes. Cet
Hôtel d’entreprises aura pour vocation de faciliter, d’appuyer et d’accompagner la
création et le développement d’entreprises innovantes au Cameroun. Ainsi, les
porteurs d’idées et de projets d’entreprises trouveront la solution à leur problème. De
même celles des entreprises qui éprouvent des difficultés à fonctionner pourront
recevoir des appuis multiformes sous l’encadrement bien entendu d’un texte législatif.
CONCLUSION
L’exercice auquel nous nous sommes livrés au cours de cette étude, consistait à
montrer comment à travers le développement de l’innovation, le Cameroun pourrait trouver la
solution au problème de la faible compétitivité de ses entreprises.
BIBLIOGRAPHIE :
Conférences
- Allocution d’ouverture de M. Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE, prononcée au
Forum économique international des Amériques à Montréal, Canada le 8 juin 2009 ;
-Avis du Conseil économique, social et environnemental sur la compétitivité, octobre 2011 ;
- Rapport de l’atelier sur l'évaluation de l'environnement favorable au développement de
l'entreprise durable au Cameroun, tenu le 10 mai 2013 à Douala.
Webographie
-Site Internet de Doing Business, visité le 28 mai 2014 ;
- Site Internet de L’Enabling Trade Index (ETI), visité le 28 mai 2014 ;
- Site Internet de l’Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique, visité le 27 mai 2014 ;
- Site internet de Transparency International (TI), visité le 28 mai 2014 ;
- www.nextafrique.com › Economie et Finance ›, visité le 27 mai 2014 ;
-www.cbfcameroun.org ;
- Site Internet du PNUD, visité le 27 mai 2014 ;
- Site Internet Taiwan info, visité le 28 mai 2014 ;
‐ Site internet de l’OCDE consulté le 07avril 2014;
‐ The Global innovation index 2013 ;
‐ www.statistics-cameroon.org (Site internet de l’Institut National de la Statistique) consulté
le 08 mai 2014.
Photo de couverture :
SOMMAIRE .............................................................................................................................. i
RESUME EXECUTIF ............................................................................................................. ii
LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ............................................ iv
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 7
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET REGLEMENTAIRE DE LA
COMPETITIVITE ................................................................................................................. 14
I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE ....................................................................... 14
I.1. Définition .................................................................................................................... 14
I.2. Evolution du concept et modèle d’une entreprise compétitive ................................... 15
II. LA COMPETITIVITE DANS LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES ................................ 18
II.1. Le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises ....................................... 18
II.2. Les freins à la compétitivité des entreprises camerounaises .................................... 20
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION
AU CAMEROUN ................................................................................................................... 25
I.CADRE THEORIQUE ................................................................................................................... 25
I.1. Définition de l’innovation ........................................................................................... 25
I.2. Schumpeter et les nouveaux modèles de croissance endogène .................................. 26
II. CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN ............................... 27
II.1. Diagnostic du cadre de mise en œuvre de l’innovation ............................................ 28
i)Potentiel d’innovation camerounais............................................................................... 28
ii)Faible vulgarisation des innovations ............................................................................ 28
iii)Faible financement de l’innovation au Cameroun ....................................................... 29
iv)Quelques résultats des innovations .............................................................................. 30
v) Insuffisance des compétences en administration d’innovation..................................... 32
II.2. Analyse de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun ..................................... 32
CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ...................................................................................... 35
I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE COMPETITIVITEDES
ENTREPRISES AU CAMEROUN ? ................................................................................................ 35
I.1. L’innovation est un moyen d’améliorer la compétitivité-prix .................................... 35
I.1.a) Les innovations de procédés permettent de réduire les coûts grâce aux gains de
productivité ....................................................................................................................... 35
I.1.b) les innovations organisationnelles contribuent aussi à faire baisser les prix ........ 36