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REPUBLIQUE DU CAMEROUN

Université de Maroua
Institut Supérieur des Techniques Appliquée et de Management (ISTAM)
NOM ET PRÉNOM : Djonfabe Keplouabe Dieudonné
Matricule :

AVANT PROJET DE MEMOIRE


THEME :
AMELIORATION DE LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES PUBLIQUES AU
CAMEROUN : Cas de la Société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de
Yagoua (SEMRY)

Sous la direction de :

Année académique 2021/2022


I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET
II- MOTIVATION DU CHOIX DU SUJET
III-OBJECTIFS ET INTERETS DE LA RECHERCHE
IV-PROBLEME
V-PROBLEMATIQUE
VI-CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
VII-QUESTIONS DE RECHERCHE
VIII-HYPOTHESES DE RECHERCHE
IX-DEFINITION DES CONCEPTS OPERATOIRES
X-PLAN DU TRAVAIL

RESUME
Le secteur des entreprises publiques joue un rôle important dans le cadre du développement
économique et social de notre pays. Son implication directe dans la mise en œuvre des stratégies
publiques sectorielles justifie le renforcement des pratiques de gouvernance des entreprises
publiques en vue de plus d’efficience et de performance.

La mesure de la performance dans la gestion publique répond à un impératif démocratique,


reconnu par la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen : "tous les citoyens ont le droit
de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique
(…) et d’en suivre l’emploi (…) ". Par ailleurs,"la société a le droit de demander compte à tout
agent public de son administration".1

L’étude du sujet portant sur l’ « amélioration de la performance des entreprises publiques au


Cameroun : cas de la société d’expansion et de modernisation de la riziculture de yagoua
(SEMRY)» conduira à déterminer tour à tour dans cette partie introductive ; le contexte de
l’étude, son intérêt, la problématique qu’il suscite, les hypothèses de recherche, la démarche
méthodologique ainsi que les autres points importants de cette partie. Ces différentes rubriques
renferment un certain nombre de précisions qui mettent en lumière les contours du sujet.

I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET

1
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
Le Cameroun est actuellement le plus grand fournisseur de produits vivriers et maraîchers
d'Afrique Centrale, mais paradoxalement, il doit encore importer annuellement d'énormes
quantités de riz pour satisfaire la demande nationale. Le pays a importé 545 000 tonnes de riz en
2011, pour 145 milliards de FCFA.

Le ministère camerounais de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) vient fournir


des données relatives à la production et à la demande de riz au Cameroun pour le compte de
l’exercice 2020. Il en ressort que la demande domestique est évaluée au cours de cette année à
576 949 tonnes de riz pour une production moyenne nationale estimée à 140 710 tonnes, soit
un déficit de 436 239 tonnes pour 2020.

« Historiquement, dans nos pays, on observe que quelle que soit l'option idéologique,
l'évolution de nos économies s'est accompagnée d'une forte intervention de l'Etat. » C'est en ces
termes que Bekolo-Ebe (cité par Tamba I., 1991) justifie l'existence prépondérante des
entreprises publiques au sein de l'économie camerounaise. En effet, en marge de toute
considération du débat sur l'interventionnisme étatique, le Cameroun s'est doté d'un ensemble
important d'entreprises publiques dans le but de donner un coup d'accélérateur à son économie.
Touna Mama et Tamba I. (1996) remarquent à cet effet que le poids des entreprises publiques
dans l'économie camerounaise est tel qu'elle se trouverait revigorée si ces dernières florissaient.
Le secteur public à lui seul emploie près de 100.000 personnes, la masse salariale variant entre
100 et 120 milliards de FCFA soit 18% des dépenses publiques et 50% des recettes pétrolières.2
Cependant, depuis quelques années déjà, la crise économique aidant, le contexte de
fonctionnement de ces entreprises a laissé entrevoir de multiples turbulences ; les entreprises
publiques dans leur grande majorité ont cessé d'être rentables mieux elles ne réalisent plus que
d'énormes pertes (Tedga, 1990).

En effet, les entreprises publiques se sont révélées être d'énormes gouffres financiers ; les
subventions, constituant une règle pour elles, ont joué un rôle négatif en ce sens qu'elles ont
permis de masquer leurs défaillances et d'entretenir un pilotage à vue (Bekolo C., 1995). On
estime à 150 milliards par an les subventions reçues par ces dernières, soit 20 à 25% des budgets
annuels de l'Etat, sans compter qu'elles grevaient à concurrence de 40% la dette publique du
Cameroun. Outre ces appuis financiers, on déclame aussi les choix de gestion qui tenaient moins

2
(Banque mondiale, citée par Touna Mama et Tamba I., 1996).
compte d'un souci d'efficacité que de celui du prolongement de la politique, parfois incohérente,
de l'Etat. Face donc à tous ces griefs, et convaincus que le secteur public est d'une importance
indéniable pour l'économie camerounaise, des thérapeutiques ont été administrés au secteur
public

Cependant il faut rechercher en la construction même des entreprises publiques les causes de
leur désuétude. La volonté de protéger notre économie de la concurrence étrangère au
lendemain de notre indépendance aurait conduit les autorités à créer, sans études de marchés
préalables des entreprises qui constituent aujourd'hui de véritables « tonneaux de danaïdes. » et
qui ne semblent pas toujours à ce jour connaitre de véritables essors.

II-INTERET DE L’ETUDE

Lors du conseil du cabinet du 25 Février 20163, le premier ministre du Cameroun a invité ses
collaborateurs, à une gestion sans faille des établissements publics, des entreprises du secteur
public et parapublic. Deux exposés ont meublé les assises :

- Le premier, relatif à « la performance dans la gestion des établissements publics


administratifs, des sociétés à capital public et des sociétés d’économie mixte », présenté par le
ministre délégué auprès du ministre des Finances. De cette intervention, l’on retient que le
portefeuille des entreprises et établissements publics est constitué de 127 organismes, dont 86
établissements publics administratifs, 24 sociétés à capital public et 17 sociétés d’économie
mixte

-Le second, portant sur « le bilan de la mise en œuvre des contrats plans signés entre l’État, les
établissements publics administratifs, les sociétés à capital public et les sociétés d’économie
mixte », par le ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, de la planification et de
l’aménagement du territoire..

Ce sujet à l’ordre du jour dans le conseil du cabinet traduit à suffisance la préoccupation de


l’état face aux entreprises publiques

La présente proposition de recherche s'inscrit dans le sillage de l'étude des causes du déclin des
entreprises publiques camerounaises, mais elle se veut, à l'exemple de Faye (2003) pour le
Sénégal, une contribution à l'explication du malaise persistant des entreprises publiques

3
Actu.Cameroun, Article du 26 Fevrier 2016
camerounaises via l'analyse de leur mode de gouvernement. Ainsi cette étude présente un intérêt
certain, lequel peut être appréhendé à différents niveaux :

-Primo, elle intervient au moment où le secteur public camerounais, compte tenu du marasme
économique, connaît des turbulences. Ces entreprises ont coûté 750 milliards de Francs CFA à
l'Etat (Mayegle, 1992) et ne demandent qu'à être remises sur pied. C'est dans cette optique que
la mission de réhabilitation3 a proposé qu'elles soient privatisées, mais seulement les résultats
des récentes privatisations ne semblent pas convaincre sur la pertinence de ce choix. Notre étude
peut donc permettre de relativiser cette approche trop radicale et minimiser par là le coût
d'opportunité associé à cette mesure par une optimisation des performances.

-Deusio, le riz est l’un des aliments de base les plus consommés au Cameroun, mais pour autant,
le pays n’en produit pas en quantité suffisante pour s’assurer une sécurité alimentaire garantie.
Il dispose cependant d’une société de production de cette céréale, vieille d’une cinquantaine
d’années (la SEMRY)4, mais dont les performances au fil des années ne sont guère reluisantes
pour la stabilité de la balance commerciale. La Société d’expansion et de modernisation de la
riziculture de Yagoua (Semry), créée en 1971, bat de l’aile et ne parvient toujours pas à
satisfaire la demande de consommation nationale qui se chiffre annuellement à près de 700 000
tonnes.

-Tertio, une étude sur les entreprises publiques est toujours intéressante ceci eu égard au poids
qu'elles représentent dans le tissu économique indifféremment de l'espace et du temps. Au
Cameroun, elles demeurent les plus grandes pourvoyeuses d'emplois.

-Enfin, Sur le registre économique, la riziculture injecte plus de 8 milliards de F CFA chaque
année dans l’économie de la Vallée du Logone qui est la zone d’intervention de la SEMRY.

De manière spécifique, notre étude consiste à retracer la constitution des entreprises publiques
au Cameroun en général et la Semry en particulier afin d'en faire une analyse qui nous permette
de comprendre les causes de son échec et y apporter des solutions d’amélioration de sa
performance.

Par ailleurs, cette étude nous permettra :

- Sur le plan académique, conformément aux normes qui régissent l’Institut Supérieur des
Techniques Appliquées et de Management et plus particulièrement, cette étude nous permettra
de rédiger le mémoire de Master II.

-Sur le plan personnel, notre sujet va apporter des connaissances sur les problèmes de
performance que rencontrent les entreprises publiques camerounaises en général et la SEMRY
en particulier face à la gouvernance des entreprises publiques selon les canaux internationaux
et surtout africains adapté au contexte Camerounais.

- Sur le plan scientifique, elle se propose de retracer Le parcours socio-historique de la


création des entreprises en Afrique au lendemain des indépendances, les soucis de
développement et les défis des entreprises publiques camerounaises et l’amélioration de la

4
Societe d’expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua
performance dans la gestion de la Semry. En effet, les chercheurs entreprennent des études sur
le Mayo-Danay et la SEMRY, mais pas sur l’aspect de l’amélioration de façon plurielle de cette
structure étatique.

A cette ère du numérique, l’amélioration de la performance, comme intérêt de cette étude


permettra de résoudre les problématiques et les défis les plus complexes rencontrés par les
entreprises lors de leur transformation. Au sein de la Semry, nous travaillerons à l’anticipation
des défis stratégiques, répondre aux problématiques opérationnelles, repenser le modèle
économique, stimuler sa croissance, donner des orientations gérer des coûts efficacement et
optimiser son efficacité, répondre à l’évolution des réglementations, anticiper l’introduction et
l’impact des nouvelles technologies…
II-PROBLEME
Le développement d‘un pays a toujours été tributaire des performances de ses entreprises. Ainsi,
les gouvernants africains ont-ils suscité, après l’indépendance de leurs états respectifs, la
création d‘entreprises en impliquant la puissance publique dans le processus économique, que
ce soit directement par des sociétés d‘État, ou par des participations par le biais de sociétés
d‘investissements ou encore, plus directement, par diverses incitations reprises par exemple
dans les codes d‘investissement. Au Cameroun, le secteur public regroupait en 1987 près de
180 entreprises réparties dans toutes les branches de l‘économie et employait près de 100 000
personnes, soit les 3/4 des effectifs de la fonction publique. La masse salariale distribuée sur
cette période variait entre 110 et 120 milliards de francs CFA, les transferts et les subventions
atteignaient 150 milliards, soit 50 % des recettes pétrolières annuelles et 18 % des dépenses
publiques. Toutefois, si l‘objectif d‘efficacité figurait dans leur statut – obligation plus ou moins
claire d‘atteindre certains résultats - il était rarement pris en compte dans la mesure de la qualité
de leur gestion.

Depuis quelques années, l‘importance de la crise économique et financière pose le


problème de la dynamisation de ces entreprises dont certaines sont devenues un poids financier
insupportable pour la collectivité. Les pouvoirs publics ne cessent de s‘interroger sur leur
efficacité au regard des moyens qui sont mis à leur disposition. Des voix se lèvent de plus en
plus pour dénoncer le gaspillage fait dans ce secteur et préconisent pour leur gestion des
méthodes analogues à celles du secteur privé. D‘autres recommandent de plus en plus leur
privatisation. C‘est ce point de vue que consacrent les plans de stabilisation appliqués sous
l‘égide du FMI. L‘État apparaît comme synonyme de perturbations génératrices de
déséquilibres et d‘effets pervers, alors que la privatisation s‘analyse comme la solution idoine
pour replacer l‘économie dans la phase ascendante du cycle. Est-ce à dire que là où il y a l‘État
il n‘y a pas de réussite ? C‘est à cette question que la présente étude tente d‘apporter une réponse
en se penchant sur une analyse comparée des systèmes de gestion dans les entreprises publiques
et privées au Cameroun et plus particulièrement à la Semry.

La SEMRY est une société à capital public avec l’Etat comme actionnaire unique. Elle a été
créée par Décret Présidentiel N° 71/DF/74 du 24 février 1971 et était alors inscrite dans la
catégorie de « Société de Développement ». Le siège de la SEMRY est fixé à Yagoua dans le
Département du Mayo-Danay. La société a pour mission essentielle de lutter contre la
pauvreté en : améliorant les conditions de vie des populations en proie à la rudesse du climat
sahélien ; contribuant à l’autosuffisance du Cameroun en riz produit sur son sol ; limitant
l’exode rural par la fixation des jeunes dans les villages rizicoles.
Le domaine d’activités de la SEMRY est la pratique de la riziculture irriguée en double culture
annuelle sur 11 500 hectares aménagés répartis sur deux périmètres, dont 5 300 hectares à
Yagoua (irrigables par pompage d’eau à partir du fleuve Logone) et 6 200 hectares à
Maga (irrigables par un système gravitaire à partir des vannes fixées sur le Lac de Maga).
La société encadre 20 000 familles de riziculteurs et donc, près de 160 000 âmes qui tirent leurs
revenus essentiellement de la riziculture.
La SEMRY dispose de grands atouts parmi lesquels un sol riche, adapté à la riziculture avec
des possibilités d’extension ; une variété de riz, l’IR46, qui permet de boucler deux cycles
culturaux par an et qui donne des rendements moyens de six tonnes de paddy à l’hectare en
milieu paysan. Ce qui la classe parmi les meilleures d’Afrique. Le riz SEMRY présente aussi
des qualités organoleptiques inégalables : il a une très bonne saveur et est naturellement
parfumé. Des campagnes de dégustation organisées par le Ministère du Commerce en 2010, en
prélude à la tenue du Comice Agropastoral d’Ebolowa, ont démontré que l’IR46 est de loin la
meilleure de toutes les variétés de riz cultivées, commercialisées et consommées au Cameroun.
L’autre atout indéniable de la SEMRY repose sur une population rizicole nombreuse et
dynamique qui maitrise de mieux en mieux les techniques culturales modernes.
La production du riz à la SEMRY a atteint en 1985 plus de 110 000 tonnes de paddy. La
réhabilitation en cours des aménagements permettra à la société de pratiquer véritablement la
double culture annuelle et d’envisager une production annuelle de 180 000 tonnes de paddy sur
les périmètres de Yagoua et de Maga.
Sur le registre économique, la riziculture injecte plus de 8 milliards de F CFA chaque année
dans l’économie de la Vallée du Logone qui est la zone d’intervention de la SEMRY.
En perspective, un plan stratégique visant la satisfaction totale des besoins du Cameroun en riz
à l’horizon 2030 a été prescrit par le MINADER à la SEMRY. Ce plan prend en compte
l’extension des compétences techniques de la société à d’autres bassins de production du riz du
Septentrion. Il s’agit de Lagdo, Zina, Kousseri et Faro.5
Selon le rapport de la situation des entreprises publiques et des établissements publics et des
entreprises publiques au 31 décembre 20186, la Société d’expansion et de modernisation de la

5
(Performance et gestion publiques | Forum de la performance (budget.gouv.fr)

CIRCULAIREN° 9 0 2 /CAB/PMDU 3 1 JAN 2011 relative à l’amélioration de la performance du système des Marchés Publics.-

6
L’ECONOMIE, 20 Fevrier 2020
riziculture de Yagoua( SEMRY ) qui est une entreprise à capital public à hauteur de 04 milliards
580 millions de Fcfa éprouve toujours de nombreuses difficultés de fonctionnement, malgré sa
signature d’un contrat plan avec l’état du Cameroun d’un montant de 8 milliards de Fcfa cou,
couvrant une période de 2013-2017, prorogé jusqu’en 2019 par les avenants. Les résultats de la
Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (SEMRY) sont en
constante baisse depuis 2016 avec plusieurs insuffisances de performance à plusieurs niveaux
aussi bien au niveau du labour, des problèmes de commercialisation du riz, des difficultés à
faire décoller la fonction industrielle, des soucis financiers énormes en passant par des
problèmes au niveau de son personnel .La poursuite des différentes restructurations :
infrastructurelles, opérationnelle,, technique et financière ont toujours du mal à se concrétiser.
Le résultat de la structure est en baisse constantes depuis 2016. Entre 2016 et 2018, les dettes
fiscales de la Semry sont passés de 1 milliard 800 millions FCFA à plus de 3 milliards FCFA.Il
est plus qu’important au vu de ce qui précède de revoir sa politique de gestion et apporter des
solutions pour améliorer sa performance.7

III-PROBLEMATIQUE
La problématique selon A. Lalande est « l’ensemble de connaissances et de recherches,
ayant un degré suffisant d’unité et de généralité, et susceptibles d’amener les hommes qui s’y
consacrent à des conclusions concordantes qui ne résultent ni de conventions arbitraires, ni de
gouts ou intérêts individuels qui leurs sont communs, mais de relations objectives que l’on
découvre graduellement et que l’on confirme par des méthodes de vérifications »8. C’est dire
qu’elle est l’ensemble des procèdes qui ont été dit concernant notre problème de recherche donc
les micros problèmes qui structurent le problème majeur. C’est cette partie qui nous permettra
de poser notre question de recherche, d’émettre des hypothèses ainsi que des objectifs bien
déterminés
Plus précisément, la performance est définie soit en termes de coûts, de productivité ou
de rentabilité (Millward et al., 1983). Or, les indicateurs de rentabilité seront nécessairement
plus sensibles aux différences d’objectifs entre les entreprises. En effet, les objectifs non
commerciaux communément assignés aux entreprises du secteur public imposent à ces

7
Les differentes crises économiques ont favorisé l'adoption de pilules tel le programme d'ajustement structurel (PAS), signé le
27 juillet 1989 avec le FMI et la BAD, le programme d'aide à la gestion (PAGE) avec la banque mondiale et dont la mission depuis
l'exercice 1986-1987 était de réhabiliter les entreprises publiques et parapubliques décadentes.
La mission de réhabilitation des entreprises publiques a été créée en 1986 (décret n° 86/656 du 3 juin 1986, puis modifié et
complété par les décrets n° 89/010 du 4 janvier 1989 et n° 90/428 du 27 février 1190).
8
A Lalande : sous la direction de vocabulaire technique et critique de la philosophie, 12e édition, Paris, PUF, 1976,
p. 954. Cité par Gilles Ferréol et Philippe Deubel, dans méthodologie des science sociales, Paris, Armand Colin,
1993 ? P. 65
organisations des coûts supplémentaires soit sous la forme d’une diminution des revenus ou
d’une augmentation des coûts. Ces politiques gouvernementales auront donc un effet négatif
direct sur la mesure du profit. Notons, à ce propos, que lorsque l’entreprise publique reçoit des
compensations pour les coûts encourus (subventions), l’expérience pratique révèle que de telles
mesures restent largement insuffisantes (Gordon, 1981; Pratt, 1988; Stanford, 1990). D’autre
part, les entreprises publiques ne visent pas la maximisation des profits. Au mieux, lorsqu’elles
sont commercialisées, elles tenteront de les améliorer (profit-seeking)

Les mécanismes du système de gouvernance sont répertoriés selon qu'ils sont de nature externe
ou interne. Les mécanismes externes comprennent le marché des biens et services, le marché
financier (particulièrement comme lieu de réalisation des prises de contrôle), les relations de
financement avec les banques, le marché du travail notamment celui des cadres dirigeants et
l'environnement légal, politique et réglementaire, notamment par les relations qui s 'établissent
avec les bureaucraties publiques et par le régime légal qui encadre le règlement des défaillances.
L'efficacité de ces mécanismes pour ceux qui relèvent du processus de marché est fondée pour
l'essentiel sur le caractère concurrentiel. Les mécanismes de contrôle externes sont complétés
par des mécanismes internes, susceptibles de pallier leurs carences éventuelles. Par ailleurs, si
l'actionnariat dans les entreprises publiques est moins dispersé, il n'en demeure pas moins vrai
que le problème de l'opportunisme managérial relevé dans les firmes managériales
(caractérisées par une forte dispersion du capital) se pose avec acuité du fait de la complexité
de la relation liant l'Etat-actionnaire et ses dirigeants. Il convient donc dans cette optique de
doter les mécanismes de contrôle des entreprises publiques de pouvoirs nécessaires, afin de
juguler les dérapages des dirigeants, dans le but ultime d'améliorer leurs performances et par-
delà leur gestion.

Le domaine d’activités de la SEMRY est la pratique de la riziculture irriguée en double culture


annuelle sur 11 500 hectares aménagés répartis sur deux périmètres, dont 5 300 hectares à
Yagoua (irrigables par pompage d’eau à partir du fleuve Logone) et 6 200 hectares à
Maga (irrigables par un système gravitaire à partir des vannes fixées sur le Lac de Maga).

La société encadre 20 000 familles de riziculteurs et donc, près de 160 000 âmes qui tirent leurs
revenus essentiellement de la riziculture.

La SEMRY dispose de grands atouts parmi lesquels un sol riche, adapté à la riziculture avec
des possibilités d’extension ; une variété de riz, l’IR46, qui permet de boucler deux cycles
culturaux par an et qui donne des rendements moyens de six tonnes de paddy à l’hectare en
milieu paysan. Ce qui la classe parmi les meilleures d’Afrique. Le riz SEMRY présente aussi
des qualités organoleptiques inégalables : il a une très bonne saveur et est naturellement
parfumé. Des campagnes de dégustation organisées par le Ministère du Commerce en 2010, en
prélude à la tenue du Comice Agropastoral d’Ebolowa, ont démontré que l’IR46 est de loin la
meilleure de toutes les variétés de riz cultivées, commercialisées et consommées au Cameroun.
L’autre atout indéniable de la SEMRY repose sur une population rizicole nombreuse et
dynamique qui maitrise de mieux en mieux les techniques culturales modernes.

La production du riz à la SEMRY a atteint en 1985 plus de 110 000 tonnes de paddy. La
réhabilitation en cours des aménagements permettra à la société de pratiquer véritablement la
double culture annuelle et d’envisager une production annuelle de 180 000 tonnes de paddy sur
les périmètres de Yagoua et de Maga.
Mais avec tous ces potentiels, le Cameroun n’arrive toujours pas à satisfaire ses citoyens et qui,
laissant ces derniers dans un avenir peu certain dans le domaine de la riziculture. C’est cet état
des choses qui nous ont poussé à nous pencher sur la problématique des difficultés rencontrées
par les entreprises.9

C'est donc conscient du débat sur l'opportunisme managérial, de sa présence dans nos
entreprises publiques, et des travaux entrepris dans les pays européens notamment en France
afin de réformer les mécanismes de gouvernance tel que le conseil d'administration dans
l'objectif d'améliorer le fonctionnement des entreprises, que nous souhaitons analyser la gestion
de la Semry à travers le rôle qu'y joue la performance dans son système de gestion. De manière
spécifique, il s'agira de répondre à la question de savoir quel est l 'impact de la performance
dans les entreprises publiques et de déterminer les attributs de ceux dans l’amélioration de la
gestion de la Semry? La gestion telle qu 'elle fonctionne dans nos entreprises publiques en
général et au sein de la Semry en particulier peut-il contribuer à améliorer les performances
de ces dernières ?

IV- LES QUESTIONS DE RECHERCHE

Concernant la question de départ, Stéphane B et Florence W pense que « vous ferez une
bonne enquête si vous choisissez un thème qui vous parle, à propos duquel vous avez envie d’en
savoir plus, de découvrir de choses, et plus tard de les faire savoir. Il est donc essentiel que la
réalisation de votre enquête de terrain soit guidée par une question de départ qui peut être
formulée dans l’univers politico-médiatique ou dans l’univers théorico-académique ».10
Les questions de recherche sont les idées qui nous ont poussés à nous interroger sur notre sujet
de recherche. Dans le cadre de ce travail, elles se subdivisent en deux (02) à savoir la question
principale et les questions spécifiques qui se présentent comme suit :

1- La question principale

Alors cette question se pose à la lumière de :

 En quoi la performance peut aller booster de façon compétitive et améliorative


les résultats de la Semry ?
2- Les questions spécifiques
 Quel rapport peut-on établir entre la gestion des entreprises publiques et celles
privés ?
 Quel est l’impact de la performance dans l’amélioration du système de gestion ?

9
Semry online.com
10
Stéphane Beaud et Florence Weber : guide d’enquête de terrain, « enfin un livre de méthode qui dit simplement
et clairement ce qui est une recherche en sociologie » sciences humaines. Paris, La Découverte, 2003, p. 34.
 En quoi cette étude aidera davantage à améliorer l’offre alimentaire en matière de
riz au Cameroun ? Ces questions nous ont amené à avancer des réponses qui se
matérialise en termes des hypothèses.

V- LES HYPOTHESES DE RECHERCHE

L’hypothèse est une réponse provisoire à la question posée. Selon Omar Actouf
l’hypothèse « est une base avancée de ce que l’on cherche à prouver, c’est la formulation
proforma de conclusions que l’on compte tirer et que l’on va s’efforcer de justifier et de
démontrer méthodiquement et systématiquement. Elle constitue les soubassements, les
fondations préliminaires de ce qui est à démontrer ou à vérifier sur le terrain »11. Comme nous
l’avons dit tantôt, c’est la réponse anticipée à la question posée et dans le cadre de notre travail,
elle se subdivise en deux : une hypothèse principale et trois hypothèses spécifiques.

1-L’hypothèse principale

Elle répond directement à la question principale de la recherche :

 La mauvaise gestion est la principale cause de la mauvaise performance


conduisant à de mauvais résultats.
2-Les hypothèses spécifiques

C’est aussi les réponses aux questions spécifiques :

 Entre une mauvaise gestion et un mauvais résultat, il existe un rapport de


dépendance ;
 Le déficit de performance impacte négativement sur la dynamique de la
production rizicole à travers par la baisse de rendement rizicole, la crise
alimentaire, l’instabilité économique, la pauvreté et la sous scolarisation ;
 L’absence d’anticipation, l’ingérence des pouvoirs publics dans la gestion en
inadéquations avec les objectifs, le manque de moyens financiers, la mauvaise
répartition des ressources plombent les objectifs fixés
 La redevance accordée aux riziculteurs, l’influences des pays frontaliers

VI- LES OBJECTIFS DE RECHERCHE

11
Omar Aktouf : méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations : Une
introduction à la démarche classique et une critique, les presses de l’université du quebec, 1987, pp. 57-58.
Les objectifs sont les buts visés, ce vers quoi on tend, on veut montrer et démontrer par la
problématique de la recherche qui est notamment celle des difficultés que rencontrent les
riziculteurs dans la production du riz et les stratégies que ces derniers mettent en œuvre pour
remédier à ce problème. Dans ce cadre d’idée, l’on note un objectif principal et trois autres
secondaires.

1-Objectif principal
 Analyser scientifiquement le facteur explicatif de la crise hydraulique dans la
culture du riz à Yagoua ;
2-Les objectifs spécifiques
 Montrer le rapport qui existe entre l’offre d’énergie et la dynamique rizicole ;
 Montrer l’impact du déficit énergétique sur le développement de la riziculture à
Yagoua ;
 Identifier les stratégies de résilience des riziculteurs de Yagoua.

VII- LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE

De fonçons simple, la méthodologie concerne l’ensemble des règles utilisées. Pour


Benoit Gauthier, la méthodologie « est le pont, la bretelle qui permet le passage (entendu
comme le passage à gué) entre la prémisse théorique à l’observation empirique à saisir »12.
Ainsi, dans le cadre de notre recherche, la méthodologie est subdivisée en deux : nous avons
d’une part un cadre théorique réservé au choix des approches paradigmatiques qui nous
permettrons décortiquer notre terrain afin de rendre compte de la réalité sociale et d’autre part,
cadre pratique réservé aux outils et technique de collecte des données.

1-Les modelés théoriques

La théorie est un principe ou règle qui fonde la connaissance rationnelle. Autrement dit,
c’est un rapport établi entre un fait général ou le moindre nombre des faits généraux possible,
et tous les autres faits particuliers qui en dépendent13. Elle est l’ensemble des lois concernant
un phénomène donné en un corps explicatif global et systémique14.

En effet, André Akoun et Pierre ANSART définissent la théorie comme « un système


structuré d’hypothèses à vocation explicative(…) la théorie n’est pas un corps de
connaissances, mais un système cohérent de conjectures orientant la recherche par voie de

12
Benoit Gauthier : la recherche sociale : de la problématique à la collecte des données, Paris. 1987
13
Dictionnaire français
14
Omar Actouf. Op. cit, pp. 24.
déduction dans l’étude des données ».15 Ainsi, pour bien démontrer notre problématique portant
sur les difficultés rencontrées par la Semry pour atteindre ses objectifs, nous allons exposer les
stratégies déployées pae l’état du cameroun pour pouvoir surmonter ces problèmes deficit
alimentaire en matière de riz. A cet effet, nous avons opté pour le choix de deux théories à
savoir la théorie de la dépendance de Karl Marx et la théorie de l’analyse stratégique de Michel
Crozier et Erhard Fridberg travers leur concept de l’acteur stratégique.

a- La théorie de la dépendance de Karl Marx

La dépendance ou perte d’autonomie est l’impossibilité totale ou partielle d’accomplir


seul certains actes de la vie quotidienne (AVQ)16. Conçue dans les années 1950 lors d’une
phase de radicalisation de compréhension des rapports internationaux et du développement, la
théorie de la dépendance est une théorie marxiste issue du champ des sciences sociales qui
soutient que la pauvreté, l’instabilité politique et le sous-développement des pays du sud est la
conséquence de processus historiques mis en place par les pays du nord ayant comme résultat
la dépendance économique des pays du sud17. Elle a été popularisée dans les années 60 et a été
nuancée ou contredite par le développement économique des certains pays pauvres à l’instar
des quatre dragons asiatiques ou les nouveaux pays industrialisés (Corée du sud, Taiwan,
Singapour et Hong Kong) et le développement de la Chine et de Linde.

Cette théorie se rapproche de la notion de néocolonialisme et a mérité le soutien de


plusieurs auteurs tels que Samir Amin, André Gunder Frank, Giovanni Arrighi, Emmanuel
Wallerstein. Ces derniers partagent certaines observations communes. Ils pensent que :

Les pays les plus pauvres seraient dans l’obligation de fournir des ressources naturelles
ou de la main d’œuvre bon marché aux pays les plus riches. Ces obligations sont le résultat de
la colonisation ;

 Les pays les plus riches auraient mis en place un ensemble des contraintes (légales,
financières, techniques, et autres) qui ont rendu les pays les plus pauvres
dépendants. Ces contraintes sont entre autres, le résultat d’un transfert
technologique déficient entre les pays riches exportateurs de la technologie et les
pays pauvres du sud qui sont dépourvus18.

15
A Koun et P Ansart (éds), Dictionnaire de sociologie, Paris, Seuil, 1999, p 535.
16
www.previssima.fr, consulté le 26 juin 2021
17
Fr. m. Wikipédia. Org. Consulté le 26 juin 2021 ;
18
Op. cit.
 La théorie est utilisée dans la mesure où on veut montrer la domination d’un
élément moderne sur autre élément. Comme par exemple l’impérialisme des Etats
sur les Etats faibles en industrie moderne en faisant ressortir les conventions ou les
accords de coopérations économiques entre les états.

Cette théorie trouve sa pertinence dans notre terrain de recherche dans la mesure où
l’élément que nous étudions est un élément dépendant d’un autre élément, d’où ses effets
pervers qui conduisent les acteurs à faire valoir leur savoir-faire en inventant des nombreuses
méthodes. Cet élément est notamment la bonne gestion de la Semry entièrement dépendante
de la politique de gestions des entreprises publiques au Cameroun. En effet. Dans un autre cas,
ceci cause le sous-développement de la population de Mayo-Danay, car la plus grande partie
de son économie provienne du riz de la riziculture et cela rend dépendant les riziculteurs à cette
société vu qu’ils ont besoin nécessairement de celle-ci pour être indépendant financièrement.

b -L ’analyse stratégique de Michel Crozier et de Erhard Friedberg

Avec un membre de sa recherche, Michel Crozier et Erhard Friedberg développent la


théorie de l’analyse stratégie dans leur livre intitulé : acteur et le système : les contraintes
de l’action collective, 1977, ouvrage dans laquelle ils analysent le comportement des
acteurs dans une organisation comme des données stratégiques. « La stratégie consiste à
préserver sa liberté d’action. L’analyse stratégique considère que chaque acteur est en
mesure de le faire dans les systèmes où il évolue. Il lui suffit pour cela de contrôler une
zone d’incertitude même minime, afin d’acquérir du pouvoir et de s’efforcer de faire valoir
ses projets enjeux19 ». Indiquer que chaque acteur est un stratège, c’est rappeler que chacun
se réfère à ses propres enjeux et détient un pouvoir suffisant pour s’efforcer de les atteindre.
L’organisation pour Crozier et Friedberg est un construit social mis sur pied pour satisfaire
des attentes bien définies et donc donnant lieu à des contraintes.

Ainsi, la question de la production agricole centrée sur la culture du riz met en relation
des acteurs qui se matérialisent en termes de SEMRY et des riziculteurs dans le Mayo-
Danay. C’est un fait qui mérite beaucoup d’attention pour sa compréhension. Les règles
fixées par la SEMRY se trouvent souvent boycotter par les riziculteurs, ceci à cause des
contraintes qui pèsent sur comme celle du manque de fourniture des prestations de labour
à temps, le retatrd dans les remboursements des dettes liés à l’achat du paddy. Ainsi, tant

19
J. M. MORIN : repères pratiques : précis de sociologie, NATHAN, p. 58
donné que l’acteur au sens de Crozier et Friedberg est « celui dont le comportement
(l’action) contribue à structurer un champ, c’est-à-dire-à construire des régulations.

2-Cadre pratique

Le cadre pratique présente les techniques et les outils que nous avons utilisées pour
collecter et analyser les données du terrain.

a- La recherche documentaire

Il s’agit ici des documents que nous avons eu à consulter pour notre travail de recherche.
Etant donné que dans toute recherche, les sources documentaires peuvent permettre à la fois
comme l’a souligné COMBESSIE « fournir à la fois des informations complémentaires et une
diversification d’éclairages »20. En d’autres termes, cette technique consiste à épuiser les
données disponibles dans les ouvrages et les textes en rapport avec le sujet. Elle est
indispensable dans un travail scientifique comme le nôtre. Cette recherche se passera la
bibliothèque D’ISTAM, à la SEMRY de Yagoua, sur l’internet avec la consultation les
documents traitants du thème de recherche et autre de la gestion des entreprises publiques.

Afin de mener à bien notre recherche, nous avons utilisé les techniques suivantes :

-La pré-enquête

Encore appelé pré-recherche c’est une technique qui consiste à tester sur un petit
échantillonnage l’objet de recherche. Elle nous a permis de rechercher les données pertinentes
sur notre population d’étude et sa composition.

-L’observation

Dans le but d’acquérir un rapport lié avec l’objet, l’observation semble indispensable,
comme le dit Loubet DELBAYE « l’observation est une phase capitale dans la recherche
L’entretien semi-directif

D’après TREMBLY. M. A dans son ouvrage initiation à la recherche dans les sciences
humaines, « l’entretien est une technique qui se fonde sur une communication entre deux ou
plusieurs individus donc l’un est observateur et le(s) autre(s) observé(s) et dont le but du
premier est de recueillir des données dans ces échanges verbaux avec l’informateur »21. Il

20
J. C. COMBESSIE, la méthode en sociologie, Découverte, 1999, p. 195.
21
TREMBAY Marc Adéland, initiation à la recherche dans les sciences humaines, Hill Editeurs, Montreal,
Canada, 1968 ? P. 312.
existe plusieurs types d’entretien mais, dans le cadre de cette recherche nous nous sommes
attardés sur l’entretien semi-directif.

Ainsi, l’entretien semi-directif encore appelé entretien qualitatif ou approfondi selon


Lincoln « est une technique de collecte des données qui contribue au développement de
connaissances favorisant des approches qualitatives et interprétatives relevant en particulier
des paradigmes constructiviste »22. En d’autres termes, c’est un moment où le chercheur se
trouve à un face à face avec l’enquêté lors de sa descente sur le terrain. C’est une situation de
communication orale, dans laquelle l’un est enquêteur et l’autre est enquêté et les données
recueillies sont essentiellement des opinions, des motivations c’est-à-dire des informations
qualitatives. Cet outil de collecte se subdivise en deux à savoir : l’entretien semi-directif à
réponse libre (des interrogations peuvent être ajoutées pendant l’entretien et la discussion porte
sur un aspect général du sujet étudié), et l’entretien semi-directif centré ou ciblé (le chercheur
pose des questions ouvertes sur une situation ou un événement en particulier)23.

- focus group discussion

Le focus group discussion est une forme de recherche qualitative qui prend forme au
sein spécifique culturel, sociétal, ou idéologique afin de déterminer la réponse de ce groupe te
l’attitude qu’il adopte au regard d’un produit, d’un service, d’un concept ou de notices. Il peut
se faire soit par questionnement ou soit par l’activité d’un groupe

-La définition de la population de l’étude

A la question de qui doit-on faire face pour le recueillement de nos informations, la


définition de la population d’étude est inévitable. Elle revient à situer avec exactitude la
population ciblée par notre enquête de recherche. Cependant, étant donné que la question du riz
est une question qui concerne presque tout le monde, il va de soi que la population étudier se
compose des : riziculteurs, des dirigeants et employés de la SEMRY, les pouvoir publics et
aussi les consommateurs des produits provenant de ces entités.

VIII- LA REVUE DE LITTÉRATURE.

La recherche documentaire nous permet de vérifier ce qui a été fait sur notre problématique
de recherche. Autrement dit, elle a pour rôle d’orienter le chercheur dans sa collecte des données
et donc de trouver son originalité qui est sa part de contribution sur la problématique. Ainsi, la
question de la performance des entreprises publiques a donné lieu à un débat entre les chercheur,

22
Lincoln, 1995.
23
Cours des techniques de collecte des données, dispensé par le Pr MBRING Joel, 2016.
raison pour laquelle plusieurs auteurs dans des différentes sciences et plus particulièrement en
science sociale ce sont donné pour objectif la clarification dudit phénomène. Ainsi, nous allons
examiner tour à tour ces écris car, ils sont d’une importance capitale dans notre recherche.

Dans la littérature, de nombreux auteurs ont tenté d‘analyser les entreprises publiques par
rapport à celles du privé. D‘aucuns font remarquer qu‘une référence au secteur privé pour
apprécier le secteur public peut s‘avérer difficile à cause de nombreuses différences de
situations qui jouent tantôt en faveur, tantôt à l‘encontre de ces entreprises. Ils posent de ce fait
la problématique de la comparaison des deux secteurs. D‘autres laissent entendre qu‘un recours
à l‘État pour expliquer les mauvais résultats des entreprises n‘est pas suffisant. Il peut y avoir
une mauvaise performance due à une gestion médiocre. Il y a donc lieu de croire avec M.A.
Ayub et S.O. Hegstad (1987), que la théorie de comparaison de Léon Festinger, qui veut que
les gens évaluent leur propre performance en se comparant aux autres et non à des normes
absolues, vaut aussi pour les entreprises publiques.

Si on se réfère à des études comparatives, les nombreux travaux sur la détermination des
facteurs discriminants relèvent d‘une approche économique et se distinguent par une double
démarche :

 la première a consisté à évaluer l‘efficacité des entreprises à travers le temps ou à


comparer les unités de production qui les composent les unes par rapport aux autres. Si
elle paraît intéressante, elle ne donne cependant pas une image concrète de la
performance globale.
 la seconde s‘est tournée vers une étude comparative de leur comportement. On essaye
ainsi de voir comment se comportent les entreprises publiques par rapport à leurs
consoeurs du secteur privé. L‘avantage de cette approche est qu‘elle permet de mesurer
les relations entre conjoncture globale et conjoncture d‘entreprises.

Ces deux types de travaux ont été réalisés sans essayer de définir au préalable un cadre
d‘analyse qui permette de tirer des conclusions qui soient autres que partielles. À cet égard,
l‘originalité de notre étude est d‘englober ces deux approches en intégrant les spécificités
propres à la Semry. 24

24
(La gestion dans les secteurs public et privé : une analyse critique des similarités et des différences au Cameroun

Jean-Paul Tchankam Dans La Revue des Sciences de Gestion 2008/2 (n° 230), pages 69 à 78 )
Selon Charles D, (1988), On désigne sous le nom d'entreprise publique, l'ensemble des
exploitations industrielles et commerciales dotées d'une autonomie plus ou moins grande. Cette
autonomie peut se traduire par des attributs plus limités : autonomie financières, capacité de
contacter, ...

Les entreprises publiques apparaissent souvent comme un moyen de lutte contre les intérêts
économiques très puissants. Elles doivent constituer des leviers de commande à partir desquels
l'ensemble de l'économie pourra être dirigé conformément aux exigences de l'intérêt général.

Les entreprises publiques visent plus souvent l'intérêt de la collectivité et ne recherchent pas le
gain. Le publique qui, à tort, a tendance à juger de la bonne gestion en fonction des résultats
financiers obtenus, comme il le fait pour les entreprises capitalistes, oublie que le rôle de
l'exploitation publique est, pour la plupart de temps, le service des consommateurs, ce qui
souvent amène celle-ci à couvrir uniquement ses charges d'exploitation et parfois à enregistrer
les pertes.

I.1.1.4 Formes des entreprises publiques

Toute exploitation publique quelle que soit la forme qu'elle revêt, trouve son origine dans
l'initiative des pouvoirs publics, (Etat, province, communes) propriétaires du capital, soit lors
de la constitution ; soit indemnisation lors de l'étatisation ou nationalisation (Debbasch, 1988).

1. a) Les sociétés d'Etat (ou Entreprises d'Etat) : Il s'agit d'organismes étatiques qui
jouissent d'une autonomie technique mais ne possèdent pas la personnalité juridique.
Elles ont un caractère industriel, commercial ou financier.
2. b) Le pouvoir public peut exploiter lui-même une activité par l'intermédiaire d'une Régie
directe disposant contrairement à l'entreprise d'Etat, de la personnalité juridique. Dans
ce cas, le pouvoir fournit le capital, finance la production, assure la gestion par
l'intermédiaire des actionnaires, s'attribue les bénéfices et supporte les pertes.
3. c) Le pouvoir peut confier l'exploitation à une entreprise privée pour un temps déterminé
sous forme de concession ou de régie intéressée. S’agissant de la concession, l'entreprise
concessionnaire doit se soumettre à certaines conditions bien établies au préalable dans
un cahier des charges qui fixe les redevances à payer au pouvoir, le prix à la
consommation, etc. Pour la régie intéressée par contre, le pouvoir fournit le capital, les
moyens d'action, court les risques, ...
4. d) Le pouvoir (ou un certain nombre des collectivités locales ou régionales intéressées
dans l'exploitation soit directement (elles-mêmes) soit indirectement (leurs
administrés), peut constituer une société dont les parts sont souscrites par lui-même.
Cette société de droit public est appelée régie coopérative.
5. e) Le pouvoir peut s'allier à des intérêts privés pour former ce que l'on appelle les
sociétés d'économie mixte, en vue d'une exploitation dans laquelle le capital est apporté
par les deux parties, la direction assurée par leurs représentants et les résultats partagés
proportionnellement aux mises. En fait, bien souvent, le pouvoir fait en sorte qu'il
dispose toujours d'une certaines prépondérance dans la direction de l'exploitation.
6. f) En fin, le pouvoir devenu, pour l'une ou l'autre raison, propriétaire d'entreprises
capitalistes par expropriation des entrepreneurs ou actionnaires, peut confier
l'exploitation de celles-ci à la nation ; il s'agit alors d'entreprises nationalisées. Le
pouvoir désigne ou fait désigner les membres du conseil d'administration qui
comprendra ses représentants, les représentants des travailleurs (syndicats) et les
représentants des consommateurs.
Il convient de remarquer que le personnel des entreprises nationalisées ne peut être assimilé au
personnel de l'Etat (fonctionnaires), contrairement à l'entreprise étatisée qui est administrée par
des fonctionnaires.

I.1.2 NOTIONS SUR L’ORGANISATION DE L’ENTREPRISE

L'organisation d'une entreprise ou une institution suppose avant tout la bonne structuration de
ses services.

Parmi ces derniers, le service commercial est l'un de ceux qui nécessitent une bonne
organisation de tous les moyens matériels et humains mis à sa disposition.

Aussi, le choix d'une certaine forme d'organisation par les responsables de l'entreprise doit être
sanctionné par le souci de veiller à la bonne réalisation de la stratégie propre à la firme.

L'organisation ne devrait donc exister que pour permettre l'accomplissement des actions
spécifiques présentées dans les prévisions de l'entreprise s'il n'est pas ainsi, cette organisation
n'a pas de justification.

I.1.2.1 DEFINITION

La notion d'organisation est très large et englobe plusieurs domaines. Ainsi, différentes
définitions sont énoncées selon les conceptions des auteurs.

Organiser une activité donnée c'est le pouvoir de tous les éléments nécessaires à son
fonctionnement de sorte que le rendement puisse être optimum aussi bien sur le plan technique
que sur le plan humain.

Notre souci n'est pas d'énumérer les différentes définitions et de les apprécier, nous disons, en
résumé qu'il n'existe pas une définition exhaustive de ce concept du fait qu'il s'adapte à l'activité,
au temps, à l'espace dans lequel l'auteur l'a placé. Ce qui est nécessaire chez nous, c'est de lier
le concept au service commercial.

Ainsi, l'organisation du service commercial s'impose à toutes les entreprises du genre.

I.1.2.2 PRINCIPES D’ORGANISATION

Dans chaque domaine social quelle que soit sa dimension, les individus essayent d'établir des
règles pour organiser la bonne marche de leurs activités.

Dans le choix des moyens qui permettent d'adapter l'organisation au but poursuivit, on peut se
référer à quelques principes directeurs suivants (MUPENGE, 2015) :

 Principe d'exécution

Chaque agent exécute seulement les tâches auxquelles il s'adapte le mieux.

 Principe de rentabilité

Il faut un rendement optimum pour une dépense minimum.

 Principe de la division du travail


Il permet un gain de temps dans l'exécution des taches étant donné que chaque agent sait ce
qu'il doit faire et comment il doit le faire

 Principe de l'économie des efforts

L'Organisation doit tendre vers la plus grande simplification des tâches.

 Principe de la concentration

Chaque agent est appelé à se concentrer au travail, Ce principe est cependant conditionné par
le rendement.

X- DEFINITION DES CONCEPTES

Parlant de la définition des concepts, Durkheim25 conseille de définir toujours les


concepts car selon lui :

« Nous sommes tellement habitués à nous servir de ces mots, qui


reviennent à tout instant dans le cours de conversations, qu’il semble inutile
de préciser le sens dans lequel nous les prenons. On s’en réfère simplement à
la notion commune, or celle-ci est très souvent ambiguë. On doit prendre
soins de définir l’objet sur lequel va porter la recherche ».

Dans le cadre de ce travail, les concepts clés à définir sont : offre d’énergie électrique,
production agricole, culture du riz.

0.5 METHODOLOGIE

HYPOTHESES :

Le premier effet potentiel du gouvernement d'entreprise auquel on s'intéresse est relatif aux
incitations (Mayer C., 1996). En effet, le conseil d'administration dans sa structuration met en
place des systèmes d'incitations et de contraintes dont le but est d'atteindre de meilleures
performances de la part de la technostructure8, au profit de toutes les parties prenantes au noeud
de contrats. C'est donc un mécanisme participant à la gestion de l'entreprise.

H1/ Le conseil d'administration, à travers ses attributs (composition, caractéristiques, structure


et processus), développe des systèmes d'incitations et de contraintes à l'égard de la
technostructure et qui ont pour objet de réduire les coûts d'agence associés associés à
l'opportunisme des dirigeants.

8 Elle désigne l'équipe dirigeante dans l'entreprise. Elle est constituée généralement de cadres
supérieurs qui prennent les grandes décisions engageant la vie de l'entreprise.

25
Durkheim E., les règles de la méthode sociologique, Paris, Flammarion, 1988.
H2/ Le conseil d'administration, à travers ses attributs (composition, caractéristiques, structure
et processus), développe des systèmes d'incitations et de contraintes à l'égard de la
technostructure et qui ont une influence sur la performance de l'entreprise.

L’étude du sujet portant sur « Amélioration de la performance des entreprises publiques


Cameroun : cas de la Semry » conduira à déterminer tour à tour dans cette partie introductive ;
le contexte de l’étude, son intérêt, la problématique qu’il suscite, les hypothèses de recherche,
la démarche méthodologique ainsi que les autres points importants de cette partie. Ces
différentes rubriques renferment un certain nombre de précisions qui mettent en lumière les
contours du sujet.

En effet, la performance globale des entreprises publiques est un champ d’étude très
diversifié, d’une part, ces acteurs publics sont dotés de caractéristiques spécifiques et sont
soumises au fonctionnement déterministe, et d’autre part, les indicateurs de mesure de la
performance globale nécessitent des items précis et objectifs.

I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU SUJET

Le ministre délégué a par ailleurs présenté les difficultés qui entravent la mise en œuvre efficace
desdits contrats. L’insuffisante maturation des projets, les lenteurs dans les procédures de
passation des marchés et les difficultés à conduire des transactions avec des fournisseurs à
l’étranger, sont autant de facteurs qui expliquent que le taux réalisation financière des contrats
plans atteint difficilement 50%.

La réforme des entreprises publiques est une caractéristique essentielle des programmes de
réforme de la politique économique en cours d'exécution dans beaucoup de pays africains. Pour
répondre au besoin de promouvoir une meilleure gestion de l'entreprise publique africaine, la
division de l'administration publique, des ressources humaines et du développement social, a
lancé, dans le cadre de SAPAM, un programme visant l'amélioration de la performance dans la
gestion de l'entreprise publique africaine. La première activité de cette série a été un séminaire
de haut niveau consacré à l'étude des conditions requises pour améliorer la performance dans
la gestion de l'entreprise publique. A la fin de ce séminaire les participants ont exhorté la CEA
a "organiser un séminaire, dans une année, pour évaluer les progrès réalisés dans la
redynamisation des entreprises publiques africaines". Afin de rendre cette évaluation fiable,
CEA/SAPAM a commandé la réalisation des études de cas sur dix entreprises publiques. Nous
sommes réunis ici pour analyser les conclusions de ces études de cas sur les dix entreprises
publiques africaines en vue d'en tirer les enseignements appropriés pour l'amélioration de la
gestion des entreprises.

La réforme des entreprises publiques est une caractéristique essentielle des programmes de
réforme de la politique économique en cours d'exécution dans beaucoup de pays africains. Pour
répondre au besoin de promouvoir une meilleure gestion de l'entreprise publique africaine, la
division de l'administration publique, des ressources humaines et du développement social, a
lancé, dans le cadre de SAPAM, un programme visant l'amélioration de la performance dans la
gestion de l'entreprise publique africaine. La première activité de cette série a été un séminaire
de haut niveau consacré à l'étude des conditions requises pour améliorer la performance dans
la gestion de l'entreprise publique. A la fin de ce séminaire les participants ont exhorté la CEA
a "organiser un séminaire, dans une année, pour évalver les progrés réalisés dans la
redvnamisation des entreprises publiques africaines". Afin de rendre cette évaluation fiable,
CEA/SAPAM a commandé la réalisation des études de cas sur dix entreprises publiques. Nous
sommes réunis ici pour analyser les conclusions de ces études de cas sur les dix entreprises
publiques africaines en vue d'en tirer les enseignements appropriés pour l'amélioration de la
gestion des entreprises.( Séminaire de haut niveau sur le thème intitulé "Amélioration de la
performance dans la gestion des entreprises publiques uincumes tEnseignemeiits tires des
experiences JC . dès pays" Dakar, 14-17 octobre 1991 ; RAPPORT SYNOPTIQUE
CONSOLIDE

II-INTERET D’ETUDE

Sur le plan académique, conformément aux normes qui régissent l’Université de


Ngaoundéré et plus particulièrement le département de sociologie/anthropologie, cette étude
nous permettra de rédiger le mémoire de Master II.

Sur le plan personnel, notre sujet va apporter des connaissances sur les problèmes que
rencontrent les riziculteurs de Yagoua face à leur production agricole qui est celle du riz irrigué.

Sur le plan scientifique, notre étude se propose de retracer Le parcours socio-historique


de Mayo-Danay en générale et de l’arrondissement de Yagoua en particulier partant de la
culture du Riz associée avec l’énergie électrique qui est devenue une affaire de la communauté
internationale, nationale, régionale et même locale et cet aspect semble ne pas intéresser les
sociologues. En effet, les chercheurs entreprennent des études sur le Mayo-Danay et la SEMRY,
mais pas sur l’aspect de la production du riz grâce à l’électricité. Car l’on sait très bien que
l’irrigation du riz est faite grâce à l’eau, mais l’on ignore le fait que cette dernière (irrigation)
est rendue possible grâce à l’offre d’énergie électrique que dispose le pays.

Methodologie

Plus particulièrement, ces séminaire de haut niveau sera axé sur les objectifs suivants

i) Analyser les techniques dont se servaient les entreprises de faible et de bon


rendement dans les grands domaines de gestion tels que le personnel, la
commercialisation, le financement, etc; ii)

ii) Examiner la performance financière des deux catégories d'entreprises;


iii) iii) Evaluer l'incidence de l'environnement extérieur sur l'entreprise publique des
deux catégories

Identifier un système d'indicateurs à utiliser dans l'évaluation,

le suivi et l'amélioration du rendement des entreprises publiques; I

v) Mettre au point des politiques et des techniques susceptibles d'améliorer la performance des
entreprises publiques de faible rendement; et vi)

Elaborer des lignes directrices pour la coopération entre les entreprises publiques africaines
c.à.d. faciliter les échanges d'expériences et d'expertise entre les entreprises publiques de faible
rendement et celles qui ont un bon rendement.

(Cameroun : La performance des entreprises publiques au centre du Conseil de cabinet


(actucameroun.com))

II- Les défauts de gestion : l'inertie du conseil d'administration

La gestion des entreprises publiques au Cameroun a posé et pose encore de nombreux


problèmes à l'Etat camerounais. Même avec la création de la mission de réhabilitation, on
semble jusqu'ici n'avoir pas trouvé le juste moyen d'assainir leur gestion. Dans ce paragraphe,
nous revenons sur les déficits de gestion notamment sur ceux liés au fonctionnement du
conseil d'administration. Cependant, ces déficits prennent leurs sources dans la forte
dépendance du système de gestion des entreprises publiques à l'égard de l'Etat et au système
bureaucratique qui s'est développé dans les administrations publiques camerounaises.

II-1 Les sources de l'inertie du conseil d'administration

Les difficultés de gestion des entreprises publiques camerounaises sont si persistantes que
certains analystes n'hésitent pas à affirmer qu'elles figurent en bonne place dans la liste des
causes de leur échec. Parmi les maux qui minent la gestion des entreprises publiques, on peut
citer le développement du système bureaucratique dans les entreprises publiques
camerounaises, la forte dépendance à l'égard de l'Etat. Tout ceci contribue à paralyser le
conseil d'administration.

II-1-1 La bureaucratie

C'est un héritage de la colonisation. Pour en comprendre la pratique, il convient de revenir sur


ses fondements théoriques.

II-1-1-1 Le modèle de Max Weber

Pour Weber, la bureaucratie constituerait une organisation parfaitement efficiente, voire


idéale. Elle repose sur un certain nombre de faits qui en assureraient à la fois l'efficacité et la
neutralité.
- La stricte division du travail : chaque personne se voit affecter une tache précise, ne donnant
lieu à aucune interprétation et répétitive.

- La définition des liens hiérarchiques : on peut identifier avec précision qui donne les ordres
et qui doit en assumer la responsabilité.

- La stricte formalisation : toutes les actions suivent des règles prédéterminées à l'avance et
toutes les exceptions possibles sont conçues avec les règles.

- La neutralité : les règles s'appliquent indifféremment de la nature des personnes concernées.

- Le principe du mérite : les promotions des fonctionnaires obéissent aux seules règles de
compétences et de qualité des services rendus.

Dans un tel système, les objectifs sont clairs, les chaînes de commandes précises et ses
compétences pour accomplir les actes aux différents niveaux assurées. Pour Weber, c'est
d'ailleurs un système supérieur à tout autre du point de vue de sa précision, de sa stabilité, de
son respect de la discipline et de la confiance qu'on lui prête.

II-1-1-2 La pratique camerounaise du système bureaucratique

Elle se matérialise par les éléments ci-après :

- Une forte hiérarchisation : à l'exemple des colonisateurs, les dirigeants des entreprises
publiques exercent une forte autorité sur leurs subordonnés, limitant la collaboration qui doit
régner entre les deux parties. Ceci est de nature à réduire le degré de réactivité de
l'organisation publique alourdissant de ce fait le processus de décision. En effet, le strict
respect des procédures entraîne la naissance de comportements tatillons, irréalistes ;
comportements qui sont de nature à paralyser le système.

- L 'incongruence du système : il s'agit de l'écart entre les règles régissant le fonctionnement


de l'entreprise publique et les applications qui en son faites. Les objectifs généraux énoncés
dans les discours officiels restent théoriques parce que non traduits en objectifs spécifiques,
opérationnels, quantifiables et vérifiables et aussi parce que non supportés par des plans
d'action cohérents, explicites et concertés, et une répartition judicieuse des responsabilités et
des ressources.

- Le service public au service de l 'autorité publique : dans les organisations publiques


camerounaises, les employés ne privilégient pas toujours les usagers. Et pourtant, c'est grâce
aux prélèvements obligatoires que versent les usagers qu'on paie l'employé. Contrairement
aux pays développés, l'action des organisations est déterminée non pas par l'opinion publique
au profit de cette dernière, mais par

l'autorité. La conséquence immédiate est l'inadaptation des politiques des organisations


publiques aux besoins des populations.

Les dysfonctionnements résultant de cette pratique sont nombreux. La déviation des objectifs,
la mauvaise application et l'incohérence des règles, la concentration excessive du pouvoir et
enfin l'aliénation croissante des fonctionnaires et agents publics.

La déviation des objectifs prend des formes variées : emprise des règles sur les résultats,
substitution d'intérêts privés aux intérêts généraux, maintien d'objectifs spécifiques dépassés
en lieu et place des objectifs qui s'imposent, alignement sur les minima alors qu'on pourrait
produire plus.

Les règles sont fixées à un moment donné et considérées comme intangibles. Or


l'environnement change de telle sorte que ces règles deviennent totalement inadaptées face à
l'évolution des situations, faute de laisser une certaine marge d'autonomie aux fonctionnaires.
Plus grave encore, les administrations tentent de se prévenir contre ce risque d'inadaptation en
multipliant les hypothèses et les cas d'espèces, ce qui conduit à obscurcir le fonctionnement
de l'administration sans le rendre plus efficace pour autant.

Si la concentration des responsabilités et des choix au haut de l'échelle présente l'intérêt de


bien identifier les responsabilités, cela conduit aussi à laisser à quelques membres de
l'administration un pilotage d'ensemble mais aveugle. Les situations concrètes ne peuvent
jamais remonter au niveau des choix généraux pour permettre d'y dégager des solutions
claires, et les ressources existantes dans l'entreprise ne sont pas mobilisées pour le plus grand
intérêt de l'organisation.

A la longue, les travailleurs de l'organisation publique voient dans son impersonnalité une
réalité de plus en plus extérieure, ils s'y sentent étrangers et en tout état de cause peu
concernés par ses résultats.

II-1-2 Un système de gestion dépendant, et des effectifs pléthoriques

Bien que la plupart des entreprises publiques camerounaises jouissent d'une autonomie
financière, elles demeurent cependant, du point de vue de leur gestion contraintes. Cet
assujettissement à l'Etat est d'ailleurs responsable de tous les autres maux affectant le

système de gestion des entreprises publiques au Cameroun. En particulier, elles se sont


révélées comme de grandes consommatrices de fonds en faisant des subventions une règle. Or
celles-ci ont joué un rôle négatif, car elles ont permis de masquer leur autonomie. De plus, les
choix de gestion ont très peu de lien avec le souci d'efficacité. On peut citer à titre d'exemple
la désignation des directeurs généraux ou de responsables de divisions parmi les hauts
fonctionnaires de l'administration centrale, ou encore parmi une race d'hommes dont les
décisions engagent l'entreprise et se situe au prolongement de la politique parfois incohérente
de l'Etat. Ces constats prolongent les observations de Gilguy (1992) qui invoque des
interférences excessives de l'Etat dans la gestion et la politisation des entreprises publiques.

A cet effet, la plupart des orientations prises n'intègrent pas explicitement la contrainte de
résultat, dans la mesure où se dégage souvent l'entretien des objectifs conflictuels ou
incohérents. Causse G. (1988) incrimine ainsi la fixation et la gestion des objectifs en
présentant les difficultés des entreprises publiques dans les pays en voie de développement.

La pléthore des effectifs, caractéristique de la politique sociale des pouvoirs publics dont une
des ambitions est de lutter contre le chômage, mais entretenue dans les entreprises publiques,
constitue un élément probant. C'est dans ce sillage qu'un rapport de la Banque Mondiale
publié en 1984 explique que les causes les plus importantes des difficultés auxquelles les
entreprises publiques sont confrontées sont à situer dans les effectifs pléthoriques et non
qualifiés.

B- Nomination au sein des conseils


La sélection et la nomination sont habituellement de la responsabilité du ministère de tutelle, le
gouvernement approuvant, éventuellement les nominations. Dans ce cas de figure, il se peut
que les considérations politiques l'emportent sur les besoins de l'entreprise pour influencer les
nominations à un conseil. Selon les études, l'opinion selon laquelle la plupart des nominations
répondent à des motivations politiques est largement répandue (Land A. et Corkery J., 1995).
Il existe néanmoins des efforts visant à « dépolitiser » les nominations en recourant à des
groupes d'experts et des banques de données recensant les membres potentiels. L'expérience
suggère toute fois que là où ces instruments existent, ils ne sont pas généralement utilisés.

A la lumière de ces diagnostics quasi-unanimes, des thérapeutiques ont été préconisées afin de
redynamiser le secteur des entreprises publiques camerounaises dont on ne doute plus de leur
capacité à servir de levier pour le développement économique et social. La libération
constitue à notre sens celle qui résume toutes les autres.

Trois conditions sont indispensables pour opérer le pas vers la libération du système de
gestion des entreprises publiques camerounaises.

La première concerne l'autonomie de gestion, qui doit accompagner l'autonomie financière déjà
présente, du moins sur le plan juridique. Elle suppose une interaction plus faible entre l'Etat et
les unités concernées, des choix cohérents, et une affectation judicieuse des responsabilités, de
sorte que la liberté acquise deviendra un atout significatif dans la recherche d'efficacité et de
performance, et que les faiblesses de l'Etat ne seront plus un handicap insurmontable.

La deuxième contrainte s'articule autour de l'impérieuse orientation de l'entreprise publique


vers les performances. Celles-ci nécessitent la définition d'un objectif global clair avec des
sous-objectifs non conflictuels. La rentabilité des capitaux investis qui a toujours été la finalité
de la plupart des choix industriels doit en être le fondement.

La dernière contrainte de la libération découle des deux précédentes et s'apparente à une gestion
appelée à s 'identifier à celle des entreprises du secteur privé, ce qui exige non seulement un
degré de spécialisation et d'expertise suffisamment élevé, mais aussi un esprit intégratif afin de
tenir compte de la vision systémique où les hommes, les équipements, les divisions, les
fonctions, les décisions, etc., devront être en harmonie entre eux, en accord avec
l'environnement externe et les objectifs poursuivis.

Bekolo C., (1995), p.35

Classification des entreprises publiques et choix de gestion appropriés

Trois grandes catégories d'entreprises découlent de la matrice précédente.

- Les entreprises publiques à gestion relevant du privé : il s'agit des structures dans lesquelles
la libération devrait intervenir, c' est-à-dire celles qui sont à mission et objectif économique
pur ou dominant, et d'attractivité intéressante. Ces entreprises doivent impérativement se
tourner vers une gestion identique à celle du secteur privé.

- Les entreprises publiques à gestion publique : elles sont de vocation sociopolitique et


exercent dans des domaines d'attractivité relativement importants. Les entreprises de cette
catégorie verront l'Etat continuer à présider à leurs destinées dans la mesure où elles servent
en quelque sorte d'auxiliaire ou de soutien à la politique poursuivie par les autorités publiques.
- Les entreprises publiques intermédiaires ou du désinvestissement et du dégagement : ce sont
des entreprises exerçant dans un domaine peu attractif mais dont la mission est économique.
La privatisation et la fermeture constituent les deux options de gestion.

(Memoire Online - Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques


camerounaises: le rôle du conseil d'administration - André Marie MBILI ONANA).

0.6 PLAN

PREMIERE PARTIE

La gestion de l'entreprise publique : fondements théoriques et expérience camerounaise.

DEUXIEME PARTIE

La nécessité d'ajustement de la gestion des entreprises publiques camerounaises : les


déterminants associés au conseil d'administration.

9 C'est une division de la mission de réhabilitation des entreprises publiques.

Nonobstant les nombreuses difficultés que traversent les entreprises publiques


camerounaises - révélées par la crise économique (Bekolo Claude, 1995) - celles-ci
occupent toujours une place importante dans notre économie. C'est fort de cette conviction
que l'Etat camerounais, par le biais de la mission de réhabilitation10 a proposé des
thérapeutiques afin de les sortir de la tourmente. Ceci est de nature à confirmer l'idée
qu'elles demeurent de véritables supports de l'activité économique, même si d'aucuns s
'interrogent sur leur avenir et leur utilité.

Il appert cependant que les restructurations et autres mesures jusque là préconisées


semblent ne pas avoir les effets escomptés. Il convient alors de revenir un temps soit peu
sur la gestion de nos entreprises publiques, notamment sur les principaux organes qui en
orientent les actions.

L'examen du conseil d'administration mis en cause pour expliquer les défaillances de


gestion au sein de l'entreprise publique (Tamba I. , 1991) retiendra notre attention
(chapitre II) dans l'optique ultime de déterminer certains de ses dysfonctionnements qui
influenceraient la saine gestion de l'entreprise publique.

Mais avant cela, nous nous attèlerons d'abord à analyser de manière théorique le concept
d'entreprise publique et sa gestion (Chapitre I) afin de mieux comprendre les écarts par
rapport au cas camerounais.

10 Les éléments de procédure d'une réhabilitation sont : la réforme juridique (textes de


base conformes), la réforme de l'environnement, la réforme organisationnelle, la
rationalisation des ressources humaines, la restructuration financière, la réforme de
l'approche managériale et l'informatisation des systèmes de gestion.
Chapitre I

L'entreprise publique et son système de gestion

La légitimité de l'entreprise publique, surtout en ce temps de quasi-déclin de ce type


d'entreprise, ne semble plus faire l'unanimité non seulement parmi les chercheurs mais
aussi parmi ses initiateurs ; la tendance est maintenant au désengagement de l'Etat au profit
des entrepreneurs privés dont l'action est jugée plus dynamique. C'est d'ailleurs pourquoi,
dès 1967, Simon Nora faisait remarquer que la gestion publique ne saurait être
automatique, qu'elle devrait se soumettre au critère de rationalité économique, gage de sa
survie. Il devient alors impérieux, lorsqu'on s'engage à mener une étude sur ce type
d'entreprise, d'en rappeler la justification de leur existence. Avant d'y arriver, il faudrait en
donner une définition afin de ne pas avoir à s'égarer dans le flot de définitions qui
caractérise l'entreprise publique. C'est l'objectif que poursuit la première section de ce
chapitre (section I). Cependant, la légitimité de l'entreprise publique à elle seule ne suffit
pas, d'où la nécessité d'en définir les modes de gestion (section II).

I- Définitions et justifications de l'existence des entreprises publiques

La définition de l'entreprise publique est une mission complexe au regard du flou à la fois
juridique et opérationnel qui la caractérise. Mais nous tenterons tout au long de ce
paragraphe d'en déterminer les principales définitions, nous serons aidés en cela par la
recherche des éléments de définition du concept. Ce n'est qu'après avoir appréhendé les
contours de la notion d'entreprise publique que nous nous attèlerons à en justifier
l'existence dans le tissu économique.

I-1 Tentative de définition de l'entreprise publique

I-1-1 Les éléments de la définition

Il est une réalité qui fait l'unanimité parmi les chercheurs qui traitent de
l'entreprise publique, c'est la difficile définition de ce concept. Proposer une
définition précise de l'entreprise publique s'avère donc être une mission
complexe à bien des égards. Les

entreprises publiques sont hybrides de nature, elles sont caractérisées par une
grande diversité tant sur le plan de leurs statuts juridiques que sur celui de leurs
activités ; l'entreprise publique constitue une des composantes du secteur
public11. Rivier (1969) propose cependant que l'on caractérise l'entreprise
publique par les traits suivants :

- le caractère public du capital ;

- les règles de fonctionnement de cette dernière ;

- le rattachement à une collectivité territoriale.


Toujours dans le même ordre d'idée, Causse (1988) identifie trois critères de
définition de l'entreprise publique :

- le caractère de l'activité et le degré de contrainte de service public. C'est ce qui


permet de distinguer les activités des entreprises stratégiques des autres ;

- la propriété de l'organisation concernée qui donne le droit au contrôle sur la


base de la part du propriétaire ;

- la situation (monopole, concurrence...) dans laquelle opère cette entreprise


publique.

Cette approche par la définition de normes souffre de limites de plusieurs ordres.


Le capital dans les entreprises publiques n' est pas nécessairement public, il
existe des entreprises où le capital est partagé entre le public et le privé ; les
règles de fonctionnement au sein des entreprises publiques sont loin d'être
uniformes, elles sont influencées par l'appartenance à un secteur d'activité
quelconque. Enfin, le rattachement à une collectivité territoriale n'implique pas
du coup l'Etat.

Au Cameroun, les entreprises publiques, du moins pour ce qui est de leur statut
juridique, se définissent suivant deux catégories :

- les sociétés à capital public ;

- les sociétés d'économie mixte.

La communauté européenne quant à elle définit les entreprises publiques comme


<<celles sur lesquelles, l'Etat peut exercer directement ou indirectement une influence
dominante. » Eu égard la diversité caractérisant l'entreprise publique, on peut
néanmoins dire que l'entreprise publique << se présente d'une manière générale comme

11 Le secteur public est constitué en effet des établissements administratifs, des sociétés
d'Etat et d'économie mixte qui toutes deux participent de ce qu'on appelle entreprises
publiques. Nous utiliserons indifféremment les expressions secteur public et entreprises
publiques tout au long de notre exposé.

une forme originale de production de biens et services à mis chemin entre les
administrations d'Etat et les entreprises privées » (Douanla, 1993). Ceci traduit l'idée
que l'entreprise publique, du fait qu'elle soit l'émanation de l'ensemble des citoyens est
soumise aux autorités politiques et en même temps, elle se doit d'optimiser l 'allocation
de ses ressources. C 'est aussi cette idée qui conduit à la pluralité des définitions
suivantes de l'entreprise publique.

I-1-2 Quelques propositions de définition

Selon Chevalier F. (1979), l'entreprise publique est une entreprise produisant des biens
et services en vue de leur vente à un prix qui doit couvrir approximativement leur prix
de revient, mais qui est la propriété de l'Etat ou placée sous son contrôle.
Anastassopoulos J.P (1980) pense que l'entreprise publique est une organisation ayant
pour objet de produire et de vendre des biens et services et dont l'Etat a la
responsabilité. Durupty M. (1986) propose une définition beaucoup plus large en partant
de trois approches : l'approche normative confère à certaines entreprises publiques un
caractère légal ou réglementaire et fonctionnent dans un but de contrôle. D'autres ont un
caractère jurisprudentiel et correspondent à une tentative de légalisation des flux de
passage alternatif du secteur public au secteur privé ou inversement. Enfin, les dernières
ont un caractère plus économique, voire plus gestionnaire et s'efforcent de restituer les
caractères spécifiques des entreprises publiques par rapport aux entreprises privées.

La multitude de définitions et d'approches de l'entreprise publique est révélatrice de la


complexité du secteur dont elle relève (secteur public), notamment aux plans de sa
gestion et de ses obj ectifs. Si l 'on retient les deux éléments suivants : la structure du
capital de l'entreprise et le contexte légal et réglementaire, nous pouvons dire avec
Darbelet et Laugine J.M (1984) que l'entreprise publique est une entreprise dans
laquelle tout ou partie du capital et du pouvoir de décision appartient à une collectivité
publique, c'est-à-dire l'Etat, une région, un département ou une commune. C'est sous
cette approche que sera abordée l'entreprise publique tout au long de ce travail.

I-2 Justifications de l'existence des entreprises publiques

L 'accent est mis ici sur le débat relatif à l 'intervention de l 'Etat dans l 'activité
économique. Pour les uns, l'Etat est un simple arbitre et doit laisser le marché
s'autoréguler, c'est la main invisible d'Adam Smith. Une autre thèse veut que l'Etat
assure la restauration de l'équilibre du marché en cas d'altération de ce dernier.
Cependant, outre ce débat une autre justification de l'entreprise publique est sa
mission de service public.

I-2-1 Le débat sur l'interventionnisme

Trois courants de pensée s'opposent sur ce point.

I-2-1-1 L'analyse du courant du libéralisme

A- Les classiques

L'approche classique se veut une limitation de l'interventionnisme étatique.


Chaque fois que la consommation d'un bien est nécessairement collective
(bien collectif) et dont la principale propriété est le non fonctionnement du
principe d'exclusion12 ; ou que la production de tel bien est physiquement
optimale dans les conditions techniques données par une seule entreprise,
l'intervention de l'Etat sera bénéfique à l'économie. L'optimum ainsi mobilisé
dans la seconde proposition sus-citée est encore appelé rendement social
maximal dans l'analyse libérale. La compréhension de cette dernière notion
nécessite au passage une éclaircie en ce qui concerne la situation d'optimum
économique ou état de redressement social optimal. En effet, on se trouve
dans une telle situation chaque fois que la modification de l'une des
composantes de cette situation entraîne une diminution du bien être d'un ou de
plusieurs individus.13
B- Les néo-classiques

C'est la continuité de l'approche classique ; ainsi, la notion de bien collectif constitue


le fondement du justificatif de l'entreprise publique pour les économistes du courant
néo-classique. Avec la notion de monopole naturel, les néo-classiques parviennent à
regrouper les activités selon que celles-ci doivent être nationalisées ou confiées au

12 Voir supra

13 Pour une illustration, voir Douanla (1993), Contribution à la connaissance des


causes des difficultés des entreprises du secteur public et parapublic au
Cameroun, thèse de doctorat 3è cycle en Sciences Economiques, Janvier, p.23

secteur privé. Les activités jugées ne pas revenir au secteur privé sont ainsi
concentrées entre les mains de l'Etat, généralement sous la forme de monopole
justifiant ainsi l'existence, à tout au moins sur le plan économique, de l'entreprise
publique.

Les degrés d'intervention de l'Etat, sous la forme de l'entreprise publique, se font ainsi
à quatre niveaux.

L'Etat est le garant du respect des règles du jeu de l'économie de marché, qui peuvent
être remises en cause à tout moment. Il convient alors, non seulement de créer un
corps de législation assurant le respect des règles de la concurrence, mais aussi et
surtout de nationaliser des entreprises ou des secteurs produisant à rendements
constamment croissants.

Deuxièmement, les cas de défaillances, de lacunes du marché peuvent impliquer une


intervention de l'Etat dans la vie économique. L'Etat peut ainsi assurer la production
des biens collectifs.

De plus, l'Etat peut jouer un rôle de tuteur des préférences individuelles des
consommateurs, on parlera alors de biens et services sous-tutelle. Deux motifs
principaux justifient la mise en tutelle d'un bien : l'information disponible au niveau
des consommateurs est insuffisante, l'Etat doit alors, par contrainte ou par incitation,
orienter les choix de ces derniers. Dans un second temps, les effets externes étendus
(interdépendances entre centres de décision et non sanctionnées dans le système des
prix) conduisent à la mise sous-tutelle du bien impliqué.

Enfin, le rôle de répartition des ressources est dans la vision néo-classique confié à
l'Etat parce que garant de l'intérêt général, d'où son éventuelle intervention dans l
'activité économique.

La partialité de la justification du secteur public, notamment l'incapacité du courant


néo-classique de rendre compte de l'existence d'une large part du secteur public
productif dans la quasi-totalité des pays (Nioche J.P. , 1979 ), ainsi que l'absence de
dimension organisationnelle dans l'analyse sont les principaux griefs à l'approche
néoclassique. Cela traduit les difficultés qu'il y'a à dégager à partir de cette doctrine,
une justification et une définition pertinentes de l'entreprise publique ; d'où le recours
à des approches plus denses en l'occurrence l'approche keynésienne.
I-2-1-2 Le courant keynésien

Keynes préconise l'intervention de l'Etat au moyen de la dépense publique afin de


restaurer les différents équilibres du marché détériorés à la suite de crises. La théorie
keynésienne apparaît en effet dans les années 1920-1930, années de crise et
s'interprète comme une légitimation de la nécessaire intervention de l'Etat dans
l'activité économique dans le but de redonner vie au marché. L'analyse keynésienne
est fondée sur le modèle de la demande agrégée. Elle part des insuffisances de
l'analyse classique dont l'optimum économique est loin de l'optimum social,
notamment en matière d'emploi. Les keynésiens définissent la notion d'intérêt public
qui se situe au dessus des mécanismes microéconomiques et justifient ainsi la gestion
publique des affaires. Les entreprises publiques sont alors perçues comme l'épine
dorsale d'un processus socio-économique qui prend en compte les problèmes d'
équilibre macroéconomique.

Dans la théorie keynésienne, l'Etat est considéré comme un agent économique


agissant au nom de la société et utilisant au besoin la contrainte. L'Etat doit dépasser
son rôle d'arbitre, car il est l'émanation d'une volonté générale, pour assurer la
régulation du système économique dans son ensemble. Les entreprises publiques font
donc partie de l'ensemble des politiques mises en oeuvre par l'Etat pour y parvenir.
Ces entreprises doivent alors concourir à la maximisation de l'utilité sociale.

L'investissement est aussi au coeur de la théorie keynésienne. L'Etat doit en effet


chercher, par l'intermédiaire de ses entreprises, à limiter les faiblesses conjoncturelles
de l'investissement privé par des augmentations de la formation brute du capital fixe
des entreprises publiques.

I-2-1-3 Le courant marxiste

Pour comprendre le développement marxiste relativement à l'interventionnisme


étatique dans l'activité économique, il convient de rappeler d'abord le conflit qui
oppose la classe ouvrière aux capitalistes. En effet, les capitalistes ou la classe
dirigeante dans leur processus d'accumulation du capital exploitent les prolétaires, ce
qui conduit ces derniers à des soulèvements. Pour les marxistes, la création d'un

secteur public n'est donc rien d'autre que l'accumulation excessive du capital entre les
mains des personnes privées.

L'industriel développe un capital en vue de maximiser son profit. Cependant la


réalisation de cet objectif est contrecarrée par divers facteurs. Il est par exemple
impossible d'augmenter trop fortement le taux d'exploitation des travailleurs, en
raison notamment de la lutte qu'ils mènent en vue de diminuer ce taux. Ainsi,
l'accumulation du capital conduit à une baisse des profits. L'Etat qui est l'instrument
de la classe dirigeante, c'est-à-dire des capitalistes, s'approprie une partie du capital
de l'économie en se contentant de sa mise en valeur réduite ou de sa gestion
simplement équilibrée voire déficitaire. Ce sacrifice consenti par l'Etat permet de
relancer l'exploitation des capitalistes privés, car si l'Etat produit une plus-value, il
renonce à se l'approprier. Pour les marxistes, l'Etat perd ainsi sa qualité d'arbitre, de
médiateur neutre que lui reconnaissaient les deux courants de pensée précédents.
C'est un Etat de classe qui se veut à la disposition de la classe dominante en
socialisant les coûts alors que les profits restent privés. Les entreprises publiques ne
sont alors que des outils permettant de réaliser des transferts de valeur au profit du
secteur privé.

I-2-2 La mission de service public

D'après Bon et Loupe (1977), c'est la mission de service public qui est le véritable
motif de l'existence des entreprises publiques. Cependant, il pèse sur cette notion une
ambiguïté foncière. Pour les uns il est générateur de la cohérence d'un ensemble
juridique, tandis que pour les autres, il est le noeud d'une certaine conception de la
société civile toute entière et l'enjeu de la cohésion sociale. La crise aidant, ce
concept a souvent été dramatisé, remettant ainsi en cause la notion même de service
public. Elle s'est ainsi fait de fervents ennemis (Devolvé, 1985 ; Pisier, 1986) qui
l'accusent d'être foncièrement liberticide d'une part, et d'autres parts elle aura eu des
défenseurs chaleureux qui en font un véritable symbole des valeurs républicaines
(Regourd, 1987 ; Chevallier, 1976, 1984, 1994).

En deçà de ce combat toujours présent dans l'idéologie comme dans les discours
scientifiques, la loi du marché fait inexorablement peser sur le service public le poids

d'exigences qui le contraignent, le contiennent et viennent jusqu'à changer son


appellation, et donc sa signification.14

Alors la question se pose, qui semble naïve, mais qui est impérative. Que faire du
service public, de ce service public qui se réduit à une expérience spatialement
limitée (le service public à la camerounaise) et temporellement discutée (notion du
passé voire dépassée). Faut-il y renoncer, le moderniser, le repenser ? La question est
vaste et complexe, les réflexions nombreuses et diverses. Toute fois, il existe une
voie qui a été singulièrement délaissée (Espagno D., 1997) celle de l'analyse des
sources de la notion de service public. Si cette perspective ne peut constituer une
investigation complète du sujet, elle est cependant susceptible d'apporter des
éclaircissements.

I-2-2-1 Les dimensions de la notion

Le service public désigne une activité d'intérêt général prise en charge par une
personne publique ou privée pour le compte d'une personne publique (Espagno D.,
1997) - définition classique mais qui ne détermine qu'un aspect de la notion. - Il
convient cependant d'admettre que cette notion contient intrinsèquement certaines
dimensions qu'il faudrait retrouver.

L'élément déterminant et fondamental de la notion de service public, c'est le collectif.


Dès l'analyse étymologique, on perçoit qu'elle ne véhicule en aucune manière une
dimension individuelle. Or le critère collectif n'est pas né de la doctrine de service
public. Il est le fruit d'une perception lointaine, relevant d'une certaine conception de
la vie en société. Dans cette perspective, l'une des premières sources à laquelle il
convient de revenir est constituée par l'approche de la dimension collective.

Outre la dimension collective, le service public est également fondé par le bien
commun. Une étude de la notion de communauté dans le cadre du service public
supposerait que l'on s'attache à l'analyse des autres notions de bien commun et
d'intérêt général. De plus il appelle effectivement des dimensions essentielles
différentes du concept de collectivité.

14 Cf. les notions de service universel, utilities ou encore monopole naturel.

I-2-2-2 Les sources originelles15 de la notion

L'exploration des sources originelles du service public se fera au détour de l'analyse


des dimensions collective et communautaire de la notion.

A- La dimension collective, source de la notion

Il existe plusieurs manières d'aborder le phénomène collectif. Nous nous


intéresserons notamment sur la perception philosophique du collectif au travers des
pensées platonicienne et aristotélicienne. Le propos peut paraître étonnant pour une
étude des sources de la notion de service public. Pourtant, l'analyse des perceptions
platonicienne et aristotélicienne du phénomène collectif permettront de mieux
appréhender comment, dès l'antiquité, le collectif a été pensé comme un élément
fondamental de l'organisation politique et économique.

1- L'éclairage platonicien

Le concept de collectif n'est pas explicitement énoncé chez Platon. Pour ce dernier, la
Cité naît d'une nécessaire association politique à laquelle les hommes ont été
confrontés afin de faire face aux difficultés de la vie. Ainsi donc, de manière brève,
l'idée d'une nécessaire association suppose que l'homme ne puisse pas affronter seul
les pièges de la vie. En revanche, par le biais du groupe, les difficultés s'estompent.
Dans La République, Platon explique que des nécessités de la vie naît l'association
politique. Dans un premier temps, l'association politique est une association naturelle,
voire spontanée. Il s'agit alors de la Cité nature. Dans un deuxième temps, la Cité
nature ne suffisant plus aux exigences des hommes, il convient de construire la Cité
juste, la callipolis. Celle-ci suppose l'existence d'un certain nombre de règles de vie,
la mise en place d'un système d'éducation. En bref, une réelle organisation de la
communauté, que nous avons l'habitude de désigner actuellement par la satisfaction
de l'intérêt général qui est la mission principale de la Cité de Platon et dont le reflet
est l' entreprise publique.

15 Nous distinguons les sources originelles des sources récentes comme l'intérêt
général ou encore la solidarisme. Pour cette dernière notion voir les travaux de
Durkheim.

2- L'éclairage aristotélicien

A l'opposé de Platon, Aristote fait de la dimension communautaire le fondement de sa


vision de la Société. L'élément fondamental connu de tous est le postulat selon lequel
«l'homme est par nature un animal politique. » Cette célèbre affirmation constitue
une reconnaissance explicite de la dimension communautaire ; elle signifie que
l'homme est un animal destiné par nature à vivre en Société.

A partir de ce postulat, Aristote démontre que la Cité est le système le plus favorable
à l'épanouissement de la communauté et de ses membres. De ce fait, l'organisation
politique et économique dépend entièrement de cette dimension collective garantie
par l'intervention de l'Etat dans l'économie au moyen des entreprises publiques.

La matérialisation politique, juridique et économique du collectif se manifeste


notamment, par l'institution d'un certain nombre de grands services administratifs
qu'il convient de désigner par l'expression grands services publics. La dimension
collective peut ainsi être considérée comme une véritable source de la notion.

B- Bien commun et notion de service public

Ce sont les liens qui se tissent entre la notion thomiste de bien commun (Gilson,
1930,1948 ; Michel, 1931 ; Chenu, 1993) et la notion de service public, parce que
particulièrement significatifs en tant que source du service public, qui seront mis en
évidence ici. Alors que chez les philosophes grecs l'objectif de l'homme doit être
d'atteindre le bien, chez le philosophe chrétien, l'ultime but de l'homme consiste en
l'atteinte du bien commun. Cette notion qui vient relayer celle du bien naturel et
individuel est une des clés de voûte de la doctrine thomiste. La question est alors de
savoir dans quelle mesure le bien commun peut être une des composantes de la
notion de service public ?

Le concept de bien commun, en jouant le rôle de principe philosophique dans la


doctrine de l'Eglise, a eu pour conséquence de contribuer à la mise en place d'un
certain esprit de solidarité. En ce sens, il apparaît comme un élément générateur du
service public.

Le bien commun exerce d'un point de vue des sources une influence sur celle de
service public dans la mesure où elle met à jour une perception particulière de la
solidarité et de la réciprocité, éléments déterminants du service public.

A bien des égards, la notion thomiste apparaît comme l'expression religieuse d'un
concept, l'intérêt général, que l'on retrouve dans la définition de la notion de service
public. Or si l'on peut parvenir à poser le principe selon lequel le service public
consiste, notamment en la satisfaction de l'intérêt général, c'est parce qu'avant l'intérêt
général il y'a eu le bien commun. C'est à partir de cette doctrine du bien commun
qu'un certain nombre de solidarités se mettent en place et que l'Etat prend en charge
des pans entiers de la question sociale.

Charité, fraternité, solidarité (Chevallier et alii., 1992), sont trois des éléments
instillés par la doctrine du bien commun et que l'on retrouve implicitement dans la
notion de service public. En ce sens, le principe du bien commun semble être
générateur de l'idée de service public et plus particulièrement de l'approche théorique
du service public. Il est en effet difficile d'aborder la question du service public en
excluant celles de l'intérêt général et du bien commun.

I-2 Justifications de l'existence des entreprises publiques

L 'accent est mis ici sur le débat relatif à l 'intervention de l 'Etat dans l 'activité
économique. Pour les uns, l'Etat est un simple arbitre et doit laisser le marché
s'autoréguler, c'est la main invisible d'Adam Smith. Une autre thèse veut que l'Etat
assure la restauration de l'équilibre du marché en cas d'altération de ce dernier.
Cependant, outre ce débat une autre justification de l'entreprise publique est sa
mission de service public.

I-2-1 Le débat sur l'interventionnisme

Trois courants de pensée s'opposent sur ce point.

I-2-1-1 L'analyse du courant du libéralisme

A- Les classiques

L'approche classique se veut une limitation de l'interventionnisme étatique.


Chaque fois que la consommation d'un bien est nécessairement collective
(bien collectif) et dont la principale propriété est le non fonctionnement du
principe d'exclusion12 ; ou que la production de tel bien est physiquement
optimale dans les conditions techniques données par une seule entreprise,
l'intervention de l'Etat sera bénéfique à l'économie. L'optimum ainsi
mobilisé dans la seconde proposition sus-citée est encore appelé rendement
social maximal dans l'analyse libérale. La compréhension de cette dernière
notion nécessite au passage une éclaircie en ce qui concerne la situation
d'optimum économique ou état de redressement social optimal. En effet, on
se trouve dans une telle situation chaque fois que la modification de l'une
des composantes de cette situation entraîne une diminution du bien être
d'un ou de plusieurs individus.13

B- Les néo-classiques

C'est la continuité de l'approche classique ; ainsi, la notion de bien collectif


constitue le fondement du justificatif de l'entreprise publique pour les économistes
du courant néo-classique. Avec la notion de monopole naturel, les néo-classiques
parviennent à regrouper les activités selon que celles-ci doivent être nationalisées
ou confiées au

12 Voir supra

13 Pour une illustration, voir Douanla (1993), Contribution à la connaissance des


causes des difficultés des entreprises du secteur public et parapublic au
Cameroun, thèse de doctorat 3è cycle en Sciences Economiques, Janvier, p.23

secteur privé. Les activités jugées ne pas revenir au secteur privé sont ainsi
concentrées entre les mains de l'Etat, généralement sous la forme de monopole
justifiant ainsi l'existence, à tout au moins sur le plan économique, de l'entreprise
publique.

Les degrés d'intervention de l'Etat, sous la forme de l'entreprise publique, se font


ainsi à quatre niveaux.
L'Etat est le garant du respect des règles du jeu de l'économie de marché, qui
peuvent être remises en cause à tout moment. Il convient alors, non seulement de
créer un corps de législation assurant le respect des règles de la concurrence, mais
aussi et surtout de nationaliser des entreprises ou des secteurs produisant à
rendements constamment croissants.

Deuxièmement, les cas de défaillances, de lacunes du marché peuvent impliquer


une intervention de l'Etat dans la vie économique. L'Etat peut ainsi assurer la
production des biens collectifs.

De plus, l'Etat peut jouer un rôle de tuteur des préférences individuelles des
consommateurs, on parlera alors de biens et services sous-tutelle. Deux motifs
principaux justifient la mise en tutelle d'un bien : l'information disponible au
niveau des consommateurs est insuffisante, l'Etat doit alors, par contrainte ou par
incitation, orienter les choix de ces derniers. Dans un second temps, les effets
externes étendus (interdépendances entre centres de décision et non sanctionnées
dans le système des prix) conduisent à la mise sous-tutelle du bien impliqué.

Enfin, le rôle de répartition des ressources est dans la vision néo-classique confié à
l'Etat parce que garant de l'intérêt général, d'où son éventuelle intervention dans l
'activité économique.

La partialité de la justification du secteur public, notamment l'incapacité du


courant néo-classique de rendre compte de l'existence d'une large part du secteur
public productif dans la quasi-totalité des pays (Nioche J.P. , 1979 ), ainsi que
l'absence de dimension organisationnelle dans l'analyse sont les principaux griefs à
l'approche néoclassique. Cela traduit les difficultés qu'il y'a à dégager à partir de
cette doctrine, une justification et une définition pertinentes de l'entreprise
publique ; d'où le recours à des approches plus denses en l'occurrence l'approche
keynésienne.

I-2-1-2 Le courant keynésien

Keynes préconise l'intervention de l'Etat au moyen de la dépense publique afin de


restaurer les différents équilibres du marché détériorés à la suite de crises. La
théorie keynésienne apparaît en effet dans les années 1920-1930, années de crise et
s'interprète comme une légitimation de la nécessaire intervention de l'Etat dans
l'activité économique dans le but de redonner vie au marché. L'analyse
keynésienne est fondée sur le modèle de la demande agrégée. Elle part des
insuffisances de l'analyse classique dont l'optimum économique est loin de
l'optimum social, notamment en matière d'emploi. Les keynésiens définissent la
notion d'intérêt public qui se situe au dessus des mécanismes microéconomiques et
justifient ainsi la gestion publique des affaires. Les entreprises publiques sont alors
perçues comme l'épine dorsale d'un processus socio-économique qui prend en
compte les problèmes d' équilibre macroéconomique.

Dans la théorie keynésienne, l'Etat est considéré comme un agent économique


agissant au nom de la société et utilisant au besoin la contrainte. L'Etat doit
dépasser son rôle d'arbitre, car il est l'émanation d'une volonté générale, pour
assurer la régulation du système économique dans son ensemble. Les entreprises
publiques font donc partie de l'ensemble des politiques mises en oeuvre par l'Etat
pour y parvenir. Ces entreprises doivent alors concourir à la maximisation de
l'utilité sociale.

L'investissement est aussi au coeur de la théorie keynésienne. L'Etat doit en effet


chercher, par l'intermédiaire de ses entreprises, à limiter les faiblesses
conjoncturelles de l'investissement privé par des augmentations de la formation
brute du capital fixe des entreprises publiques.

I-2-1-3 Le courant marxiste

Pour comprendre le développement marxiste relativement à l'interventionnisme


étatique dans l'activité économique, il convient de rappeler d'abord le conflit qui
oppose la classe ouvrière aux capitalistes. En effet, les capitalistes ou la classe
dirigeante dans leur processus d'accumulation du capital exploitent les prolétaires,
ce qui conduit ces derniers à des soulèvements. Pour les marxistes, la création d'un

secteur public n'est donc rien d'autre que l'accumulation excessive du capital entre
les mains des personnes privées.

L'industriel développe un capital en vue de maximiser son profit. Cependant la


réalisation de cet objectif est contrecarrée par divers facteurs. Il est par exemple
impossible d'augmenter trop fortement le taux d'exploitation des travailleurs, en
raison notamment de la lutte qu'ils mènent en vue de diminuer ce taux. Ainsi,
l'accumulation du capital conduit à une baisse des profits. L'Etat qui est
l'instrument de la classe dirigeante, c'est-à-dire des capitalistes, s'approprie une
partie du capital de l'économie en se contentant de sa mise en valeur réduite ou de
sa gestion simplement équilibrée voire déficitaire. Ce sacrifice consenti par l'Etat
permet de relancer l'exploitation des capitalistes privés, car si l'Etat produit une
plus-value, il renonce à se l'approprier. Pour les marxistes, l'Etat perd ainsi sa
qualité d'arbitre, de médiateur neutre que lui reconnaissaient les deux courants de
pensée précédents. C'est un Etat de classe qui se veut à la disposition de la classe
dominante en socialisant les coûts alors que les profits restent privés. Les
entreprises publiques ne sont alors que des outils permettant de réaliser des
transferts de valeur au profit du secteur privé.

I-2-2 La mission de service public

D'après Bon et Loupe (1977), c'est la mission de service public qui est le véritable
motif de l'existence des entreprises publiques. Cependant, il pèse sur cette notion
une ambiguïté foncière. Pour les uns il est générateur de la cohérence d'un
ensemble juridique, tandis que pour les autres, il est le noeud d'une certaine
conception de la société civile toute entière et l'enjeu de la cohésion sociale. La
crise aidant, ce concept a souvent été dramatisé, remettant ainsi en cause la notion
même de service public. Elle s'est ainsi fait de fervents ennemis (Devolvé, 1985 ;
Pisier, 1986) qui l'accusent d'être foncièrement liberticide d'une part, et d'autres
parts elle aura eu des défenseurs chaleureux qui en font un véritable symbole des
valeurs républicaines (Regourd, 1987 ; Chevallier, 1976, 1984, 1994).
En deçà de ce combat toujours présent dans l'idéologie comme dans les discours
scientifiques, la loi du marché fait inexorablement peser sur le service public le
poids

d'exigences qui le contraignent, le contiennent et viennent jusqu'à changer son


appellation, et donc sa signification.14

Alors la question se pose, qui semble naïve, mais qui est impérative. Que faire du
service public, de ce service public qui se réduit à une expérience spatialement
limitée (le service public à la camerounaise) et temporellement discutée (notion du
passé voire dépassée). Faut-il y renoncer, le moderniser, le repenser ? La question
est vaste et complexe, les réflexions nombreuses et diverses. Toute fois, il existe
une voie qui a été singulièrement délaissée (Espagno D., 1997) celle de l'analyse
des sources de la notion de service public. Si cette perspective ne peut constituer
une investigation complète du sujet, elle est cependant susceptible d'apporter des
éclaircissements.

I-2-2-1 Les dimensions de la notion

Le service public désigne une activité d'intérêt général prise en charge par une
personne publique ou privée pour le compte d'une personne publique (Espagno D.,
1997) - définition classique mais qui ne détermine qu'un aspect de la notion. - Il
convient cependant d'admettre que cette notion contient intrinsèquement certaines
dimensions qu'il faudrait retrouver.

L'élément déterminant et fondamental de la notion de service public, c'est le


collectif. Dès l'analyse étymologique, on perçoit qu'elle ne véhicule en aucune
manière une dimension individuelle. Or le critère collectif n'est pas né de la
doctrine de service public. Il est le fruit d'une perception lointaine, relevant d'une
certaine conception de la vie en société. Dans cette perspective, l'une des premières
sources à laquelle il convient de revenir est constituée par l'approche de la
dimension collective.

Outre la dimension collective, le service public est également fondé par le bien
commun. Une étude de la notion de communauté dans le cadre du service public
supposerait que l'on s'attache à l'analyse des autres notions de bien commun et
d'intérêt général. De plus il appelle effectivement des dimensions essentielles
différentes du concept de collectivité.

14 Cf. les notions de service universel, utilities ou encore monopole naturel.

I-2-2-2 Les sources originelles15 de la notion

L'exploration des sources originelles du service public se fera au détour de


l'analyse des dimensions collective et communautaire de la notion.

A- La dimension collective, source de la notion

Il existe plusieurs manières d'aborder le phénomène collectif. Nous nous


intéresserons notamment sur la perception philosophique du collectif au travers des
pensées platonicienne et aristotélicienne. Le propos peut paraître étonnant pour une
étude des sources de la notion de service public. Pourtant, l'analyse des perceptions
platonicienne et aristotélicienne du phénomène collectif permettront de mieux
appréhender comment, dès l'antiquité, le collectif a été pensé comme un élément
fondamental de l'organisation politique et économique.

1- L'éclairage platonicien

Le concept de collectif n'est pas explicitement énoncé chez Platon. Pour ce dernier,
la Cité naît d'une nécessaire association politique à laquelle les hommes ont été
confrontés afin de faire face aux difficultés de la vie. Ainsi donc, de manière brève,
l'idée d'une nécessaire association suppose que l'homme ne puisse pas affronter
seul les pièges de la vie. En revanche, par le biais du groupe, les difficultés
s'estompent. Dans La République, Platon explique que des nécessités de la vie naît
l'association politique. Dans un premier temps, l'association politique est une
association naturelle, voire spontanée. Il s'agit alors de la Cité nature. Dans un
deuxième temps, la Cité nature ne suffisant plus aux exigences des hommes, il
convient de construire la Cité juste, la callipolis. Celle-ci suppose l'existence d'un
certain nombre de règles de vie, la mise en place d'un système d'éducation. En bref,
une réelle organisation de la communauté, que nous avons l'habitude de désigner
actuellement par la satisfaction de l'intérêt général qui est la mission principale de
la Cité de Platon et dont le reflet est l' entreprise publique.

15 Nous distinguons les sources originelles des sources récentes comme l'intérêt
général ou encore la solidarisme. Pour cette dernière notion voir les travaux de
Durkheim.

2- L'éclairage aristotélicien

A l'opposé de Platon, Aristote fait de la dimension communautaire le fondement de


sa vision de la Société. L'élément fondamental connu de tous est le postulat selon
lequel «l'homme est par nature un animal politique. » Cette célèbre affirmation
constitue une reconnaissance explicite de la dimension communautaire ; elle
signifie que l'homme est un animal destiné par nature à vivre en Société.

A partir de ce postulat, Aristote démontre que la Cité est le système le plus


favorable à l'épanouissement de la communauté et de ses membres. De ce fait,
l'organisation politique et économique dépend entièrement de cette dimension
collective garantie par l'intervention de l'Etat dans l'économie au moyen des
entreprises publiques.

La matérialisation politique, juridique et économique du collectif se manifeste


notamment, par l'institution d'un certain nombre de grands services administratifs
qu'il convient de désigner par l'expression grands services publics. La dimension
collective peut ainsi être considérée comme une véritable source de la notion.

B- Bien commun et notion de service public

Ce sont les liens qui se tissent entre la notion thomiste de bien commun (Gilson,
1930,1948 ; Michel, 1931 ; Chenu, 1993) et la notion de service public, parce que
particulièrement significatifs en tant que source du service public, qui seront mis
en évidence ici. Alors que chez les philosophes grecs l'objectif de l'homme doit
être d'atteindre le bien, chez le philosophe chrétien, l'ultime but de l'homme
consiste en l'atteinte du bien commun. Cette notion qui vient relayer celle du bien
naturel et individuel est une des clés de voûte de la doctrine thomiste. La question
est alors de savoir dans quelle mesure le bien commun peut être une des
composantes de la notion de service public ?

Le concept de bien commun, en jouant le rôle de principe philosophique dans la


doctrine de l'Eglise, a eu pour conséquence de contribuer à la mise en place d'un
certain esprit de solidarité. En ce sens, il apparaît comme un élément générateur du
service public.

Le bien commun exerce d'un point de vue des sources une influence sur celle de
service public dans la mesure où elle met à jour une perception particulière de la
solidarité et de la réciprocité, éléments déterminants du service public.

A bien des égards, la notion thomiste apparaît comme l'expression religieuse d'un
concept, l'intérêt général, que l'on retrouve dans la définition de la notion de
service public. Or si l'on peut parvenir à poser le principe selon lequel le service
public consiste, notamment en la satisfaction de l'intérêt général, c'est parce
qu'avant l'intérêt général il y'a eu le bien commun. C'est à partir de cette doctrine
du bien commun qu'un certain nombre de solidarités se mettent en place et que
l'Etat prend en charge des pans entiers de la question sociale.

Charité, fraternité, solidarité (Chevallier et alii., 1992), sont trois des éléments
instillés par la doctrine du bien commun et que l'on retrouve implicitement dans la
notion de service public. En ce sens, le principe du bien commun semble être
générateur de l'idée de service public et plus particulièrement de l'approche
théorique du service public. Il est en effet difficile d'aborder la question du service
public en excluant celles de l'intérêt général et du bien commun.

BIBLIOGRAPHIE

-“Nations Unies. Commission Economique pour l'Afrique. Institut Africain de


développement économique et de planification (1991-10). Amélioration de la performance
dans la gestion des entreprises publiques Africaines enseignements tirés des expériences des
pays : Rapport synoptique consolide. Dakar. © NU. IDEP.
-Memoire Online - Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques
camerounaises: le rôle du conseil d'administration - André Marie MBILI ONANA
Amelioration des performances des entreprises publiques camerounaises, André Marie Bili
ONANA, Université de Yaoundé 2 SOA, DEA ès Science de Gestion, Oprion Finance 2004
-https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/performance-gestion-publiques/gestion-
publique-axee-performance#.YYD6XRzjLIU
-http://kalieu-elongo.com/classification-des-entreprises-publiques-et-parapubliques-au-
cameroun-ce-quil-faut-savoir/
- http://leconomie.cm/performances-le-difficile-redecollage-de-la-semry-malgre-les-
subventions-du-gouvernement/
- https://www.agenceecofin.com/cereales/2706-77947-cameroun-le-deficit-de-production-
de-riz-est-evalue-a-436-239-tonnes-pour-2020

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