Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
En 2014, la Cour dressait son constat sur la filière forestière, ses organisations
professionnelles et les instances publiques. Des évolutions importantes ont été
introduites au sein du volet forestier de la "Loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d'avenir
pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt (dite loi LAAF)" :
En dépit de ces réformes, ces différents volets de l’action de l’État restent néanmoins peu
lisibles et peinent à s’incarner dans une politique forestière affirmée et cohérente.
2
1 Une filière pour affronter des enjeux économiques et climatiques :
En tant que matière première à de nombreux secteurs industriels et source d’énergie
renouvelable, le bois est une ressource naturelle stratégique et son exploitation révèle
une importance particulière pour l’économie, l’industrie, les territoires et la politique
énergétique.
L’enjeu d’une gestion active des forêts met en évidence un intérèt lié au réchauffement
climatique pour participer à l'efforts de décarbonation. La forêt constitue un « puits de
carbone » qui permet de compenser plus de 10 % des émissions françaises de gaz à effet
de serre. La substitution du bois à d’autres procédés et matériaux permet d’éviter une
partie de ces émissions. C'est donc un moyen de lutte contre le changement climatique.
Mais l’exploitation des forêts est confrontée à une contestation de l’opinion publique.
Liée une vision de la déforestation, déconnectée de la réalité des attentes et usages de la
forêt e et de ses activités sylvicoles. La filière forêt-bois, qui met en oeuvre une pratique
durable, est prise en étau entre le contexte économique défavorable et la crise climatique
et sanitaire.
3
Filière forêt-bois et répartition simplifiée de la récolte de bois en forêt
4
1.1 Une filière importante sur le plan économique :
L’ambition de regrouper l’ensemble des activités liées au bois, allant « de la graine
auproduit transformé » la conduit à réunir, une grande variété de secteurs économiques
aux profils / enjeux / intérêts hétérogènes.
A titre d'exemple, historiquement tournés vers l’amont forestier, les scieurs connaissent
un mouvement vers l’aval, plusieurs entreprises développant des activités de seconde
transformation.
La surface de la forêt a progressé de 10 millions d’hectares (Mha) en 1908 à 16,9 Mha
aujourd’hui en France métropolitaine depuis la seconde guerre mondiale (exode rural et
de la déprise agricole).
La forêt continue à croître, à un rythme désormais plus faible que dans les décennies
précédentes. L’extension continue des forêts est aujourd'hui le fait du boisement
spontané de terres agricoles abandonnées.
5
Toutefois, l’exploitation économique de la forêt est moins assuré qu’auparavant. Seule la
moitié de l’accroissement annuel de la forêt est récoltée (45 Mm3 sur 83 Mm3), avec des
situations différenciées selon les régions, les reliefs, le type de propriété, l'âge des
peuplements et les essences.
La récolte de bois commercialisée est estimée à 38,9 millions de m³ en 2018. 40 % de ce
volume est récolté en forêt publique (15,3 Mm³, dont 6,2 Mm³ en forêt domaniale). En y
6
ajoutant le bois de chauffage non commercialisé (autoconsommation), la récolte totale
représente la moitié de la production biologique nette de la forêt chaque année, en
légère augmentation à 56 % sur la période 2008-2016.
Cette exploitation partielle de l’accroissement de la forêt conduit à une augmentation de
sa densité et de son âge moyen. En 30 ans, le volume de bois en forêt a augmenté de 45
% le stock de bois vivant est passé de 130 m/ha à 168 m/ha en moyenne à nombre de
tiges constant.
L’amont forestier (sylviculture et exploitation forestière, hors 1ère transformation),
représente 35 400 emplois en 2017 pour 2,1 Md€ de valeur ajoutée, se caractérise par :
• Une grande diversité dans les modes de gestion en forêt privée : 25 % des 12 Mha
de forêt privée sont détenus par des personnes morales
◦ Groupements forestiers gérant des surfaces généralement importantes (117 ha en
moyenne) et 75 % par des particuliers.
◦ L’ONF, chargé de la gestion des forêts domaniales et communales représentant
ensemble 25 % de la surface forestière française, à l’origine de 40 % du bois
commercialisé. Il emploie près du tiers des effectifs de l’amont forestier10.
7
Représentation de l'amont et de l'aval de la filière Forêt.
8
1.2 Une filière fragmentée :
L'ambition de la filière forêt-bois de regrouper les acteurs « de la graine au produit
transformé » n’a pas d’équivalent :
9
Les approches divergent sur les actions d’intérêt commun prioritaires.
◦ L’approche classique de filière industrielle de la 2e transformation visant à
prioriser la recherche de marchés et de débouchés, quitte à recourir à un bois
importé n’est pas en mesure de répondre aux demandes des industries (« pilotage
par l’aval »)
◦ Elle s’oppose à une approche priorisant la valorisation de la ressource existante
dans les productions industrielles (pilotage de la filière par l’amont).
10
Les principaux acteurs de la filière
11
1.3 Difficultés des interprofessions à parler d’une seule voix :
Création de deux interprofessions pour regrouper les organisations représentant et les
acteurs privés de la filière forêt-bois :
• France Bois Forêt (FBF) a été créée en 2004 pour l’amont de la filière et la 1ère
transformation.
• France Bois Industries Entreprises (FBIE) en 2011 pour l’aval.
Ces interprofessions régionales associent amont et aval. Elles ont créé en 2012 un
troisième organisme, France Bois Régions (FBR), afin de fédérer leur action. FBIE, FBR et
les structures régionales de la filière ont des statuts d’associations interprofessionnelles.
L’articulation entre ces trois interprofessions est conflictuelle :
• L’amont reproche à l’aval de représenter les intérêts des importateurs à l’encontre de
ceux de la filière bois française.
• L’aval reproche à l’amont de ne pas mener d’actions d’intérêt collectif pour la filière,
mais de se borner à juxtaposer les intérêts du secteur.
12
Par ailleurs :
Les interprofessions régionales ne sont pas membres à part entière des interprofessions
nationales, mais partenaires. Elles estiment leurs actions insuffisamment soutenues.
Les acteurs du bois-énergie disposent de leur propre association interprofessionnelle
propre, le Comité Interprofessionnel du Bois-Energie (CIBE) et de syndicats spécifiques tel
le Syndicat des Energies Renouvelables (SER).
La Fédération nationale du bois (FNB), représente les scieurs. Elle se positionne comme
une organisation professionnelle horizontale (membre de FBF et de FBIE).
13
Interprofessions et organisations professionnelles de la filière forêt-bois
14
1.4 Les acteurs et partenaires forestiers : les gestionnaires de laforêt :
15
• Objectifs : Sa mission principale est d’assurer la gestion des forêts publiques (1 300
forêts domaniales appartenantà l’État et 15 600 forêts de collectivités) soit 25 % de la
forêt française. Les territoires conés à l’oicecouvrent plus de 10 millions d’hectares
(4,7 millions d’hectares en métropole et 6 millions en outre-mer)dont un demi-
million d’hectares d’espaces non forestiers : dunes, landes, zones de montagne...
• Une gestion multifonctionnelle : Les espaces forestiers ne sont pas spécialisés pour
un usage précis. Ils permettent la production simultanée de bois, la protection de
l’environnement et l’accueil du public.
L’ONF assure des missions d’intérêt général, notamment en matière de prévention
des risques naturels (défense des forêts contre l’incendie, restauration des terrains
en montagne, stabilisation des dunes littorales) et pour la conservation des
ressources génétiques forestières. Il est également présent à l’international et a pris
une part active dans le développement de la filière bois énergie.
16
FNCOFOR : Fédération nationale des communes forestièresFonction :
• Fonction : La Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR) est une
association de communes propriétaires de forêts (plus de 6000 collectivités
adhérentes, soit 60% de la surface des forêtscommunales).
Elle représente les intérêts de ces communes forestières auprès de grandes
instancesadministratives et politiques nationales. Elle est membre d'EUSTAFOR
(European State ForestAssociation).
• Plus d'informations :
Contact : 13, rue du Général Bertrand 75007 Paris – France
Tél. : 33 (0) 1 45 67 47 98
Courriel : federation@communesforestieres.org
Site : www.fncofor.frFRANSYLVA
17
FPF : Fédération Forestiers Privés de FranceFonction :
• Fonction : FRANSYLVA - FPF fédère les syndicats départementaux de propriétaires
forestiers sylviculteurs et leursunions régionales et représente les intérêts des
propriétaires privés français au sein de la CEPF(Confédération européenne des
propriétaires français).
18
CNPF : Centre national de la propriété forestièreFonction :
• Fonction : Le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) est un établissement
public administratif regroupant 18 délégations régionales des Centres Régionaux de
la Propriété Forestière (CRPF), ainsi que l’Institut pour le Développement Forestier
(IDF), de la recherche et du développement pour la forêt privée.
19
EFF : Experts forestiers de France
• Fonction : EFF est le syndicat professionnel des experts forestiers (132 adhérents).
EFF assure le développement de la profession et participe par ses réexions à
l’évolution de la politiqueforestière.
Site : www.foret-bois.com
20
UCFF : Union de la coopération forestière française
• Fonction : L’UCFF assiste le réseau des coopératives ancrées sur l’ensemble du
territoire et présentes par leursactions quotidiennes dans tous les secteurs de la
forêt privée. Le réseau comprend 17 coopérativesforestières et groupements de
gestion et 112 000 producteurs forestiers adhérents.
21
FNEDT : Fédération nationale Entrepreneurs des territoires
• Fonction : La Fédération nationale Entrepreneurs des territoires (FNEDT) est
l’organisation professionnelle quireprésente les 23 000 entreprises de travaux
agricoles, forestiers et ruraux employant 74 000 salariéspermanents et saisonniers.
Les 7 750 entreprises de travaux forestiers réalisent en France 70 % destravaux de
sylviculture-reboisement et 80 % des travaux d’exploitation pour le compte de leurs
clients(propriétaires forestiers, industriels du bois, communes, coopératives…).
• Objectifs : Elle défend les intérêts des entreprises prestataires de services auprès des
pouvoirs publics, institutions et acteurs professionnels de la filière forêt-bois. Elle
s’appuie sur la Commission Forêt et ses trois groupes de travail (bois énergie,
débardage par câble aérien, sylviculture–reboisement), la Fédération accompagne
ses adhérents en développant des services adaptés à leurs entreprises.
22
1.5 Le manque de coordination nationales et régionales :
Les interprofessions régionales sont les premières se sont constituées sous forme
d’associations qui associent l’amont et aval de la filière. Elles sont l’interlocuteur privilégié
des régions, dont elles reçoivent la majorité de leurs financements.
Certains acteurs de la filière au niveau national considèrent ces structures régionales
comme dominées par des industriels « importateurs », ce qui a conduit à un éloignement
des organisations nationales et régionales depuis 2017. Ils acceptent difficilement que
leurs membres puissent les contourner en adhérant directement aux interprofessions
régionales.
De son côté, France Bois Régions détient une expertise sur de nombreuses thématiques
(reboisement, problèmes sanitaires, innovation, prescription bois, emploi, etc.) et une
vision de l’ensemble de la filière. Or, de l’avis de FBR, son réseau est sous-utilisé par les
interprofessions nationales.
Les liens institutionnels entre interprofessions sont eux aussi limités. Celles-ci ne siègeant
pas ou trop rarement dans les réunions et conseils de ces interprofessions nationales et
régionales.
23
1.6 Les stratégies de la filière bois :
Le projet « Cadre de vie - demain le bois » vise à renforcer l’innovation autour des
usages du bois et des marchés de demain (aménagement intérieur, urbanisme, espaces
de travail…) pour apporter une vision stratégique et économique sur l’activité de la filière.
Le projet « France Bois 2024 » a pour but d’élaborer d’une offre de service de la filière à
destination des maîtres d’ouvrages pour la réalisation du village olympique et
paralympique des JO Paris 2024. La réalisation de l’ensemble du village en bois a été
retenue . L’objectif d’intégrer 50 % de bois français, jugé initialement ambitieux par de
nombreux acteurs, a pourtant pu être intégré.
24
• Le projet sur l’accélération de la transformation des entreprises de la filière a établi
un accord sur la formation et l’attractivité des métiers de la filière (signé le 18
décembre 2018) entre la Direction Générale de l’Emploi et de la Formation
Professionnelle (DGEFP), huit associations de l’aval de la filière et les trois organismes
paritaires collecteurs agréés.
25
1.7 La politique publique :
La politique publique forêt-bois comporte plusieurs volets qui articulent plusieurs
politiques sectorielles. La politique forestière et de développement de la filière forêt bois
est confiée au ministère de l’agriculture, qui est ainsi pilote de la politique forestière :
26
La coordination entre les missions semble assurée au niveau régional, les effectifs en DDT
étant insuffisants pour garantir l'homogènéité dans tous les départements le maintien de
compétences dans toutes les missions de l’État en forêt. Chaque organisme s'adresse,
selon son positionnement, de façon privilégiée à un ministère ou un autre.
27
Plans et stratégies spécifique à la filière bois-forêt,
28
2 Les freins nécessitant une action de long terme :
Pour l’IGN 33 % de la surface forestière est difficile d’exploitation (pente forte, absence
de piste forestière, grande distance de débardage…). 80 % de la surface forestière du
Massif central, des Alpes, des Pyrénées ou de la Corse est classée "zone d’exploitation
difficile", la rentabilité y diminue fortement en raison des coûts importants pour ces
travaux et ces techniques.
La forêt française repose sur un mix d’essences : 64 % de feuillus (chêne, hêtre,
châtaigner…) et 36 % de résineux (sapin, épicéa, pin sylvestre, pin maritime…). Or, le
marché est plus demandeur de résineux, pour le bois d’oeuvre. Le bois de feuillus ne
représente qu’un tiers de la récolte de bois d’oeuvre et d’industrie (10 Mm/an, contre
plus de 20 Mm/an pour le résineux).
• La forêt française se répartit en 146 essneces selon l’IGN, dont quatre représentent
50 % du volume de bois sur pied (chêne, hêtre, sapin et épicéa),
• 51 en Allemagne, dont quatre représentent les ¾,
• 26 en Suède, dont trois représentent 92 %.
29
Du fait de cette abondante biodiversité, la forêt française se partage à part égale entre les
peuplements mono-spécifiques (7,4 Mha) et mélangés (7,3 Mha). La plupart de ces
essences, comme le châtaigner ou le charme, sont cultivées en taillis, et ne produisent
pas de bois d’oeuvre ou ne présentent pas de réel intérêt économique.
Cette grande diversité forestière en France correspond moins au modèle de plantations
de résineux des pays du nord et de l’est de Europe. Elle constitue un atout dans le
contexte d’incertitudes liées au changement climatique.
30
• Ceux qui possèdent moins d’un hectare de forêt sont les plus nombreux (2,2 millions
de propriétaires).
• 380 000 possèdent plus de 4 hectares et totalisent 76 % de la surface forestière
privée ;
• 50 000 propriétaires possèdent plus de 25 hectares (52 % de la surface forestière
privée) et assurent les ¾ de la commercialisation de bois des forêts privées.
• Les propriétaires de plus de 100 hectares de forêt ne sont que 11 000.
32
Les forêts privées ayant un plan simple de gestion (PSG) sont en moyenne à 83 % plus
productives que celles qui n’en ont pas. Le potentiel de mobilisation de bois en France se
situe actuellement dans la forêt privée sans PSG, et devrait cumuler 60 % de la
disponibilité nationale d’ici 2035.
Le regroupement foncier est indispensable. Mais c'est une tâche ardue, longue et
coûteuse, comme en témoignent les actions entreprises par le Centre national de la
propriété forestière (CNPF), les chambres d’agriculture et les SAFER.
Au total 30 % de la forêt privée est regroupée en gestion (3 565 000 ha sur 12 Mha), de
coopératives et, depuis 2014, de groupements d’intérêt économique et environnemental
forestiers (GIEEF).
33
Les pratiques de vente du bois sont devenues archaïques. Un handicap important à la
compétitivité est lié à la vente du « bois sur pied » encore largement pratiquée :
• Ce système, où le client achète les arbres qu’il fait lui même couper, comporte de
nombreuses incertitudes, pour le vendeur, pour l’acheteur et tous les métiers
intermédiaires. Cette pratique s’apparente à un pari sur le volume et donc le prix du
lot de bois, connus qu’après l’abattage des arbres et donc l’acte de vente, génère
tensions et manque de confiance.
• Elle entraîne un manque de sécurité d’approvisionnement pour les industriels du
bois, qui se retourne les petites entreprises de transformation du bois.
• Les pratiques de fractionnement des contrats entre les travaux d’abattage, de
débardage et de transport du bois relations commerciales sont également
défavorables aux entreprises de travaux forestiers (ETF) :
• Ils ne peuvent pas effectuer toutes les prestations de la forêt à l’usine (« rendu
usine »), comme c’est la pratique dans d’autres pays. Elles sont confrontées à des
coûts d’investissement importants et sont en position faiblesse face à des donneurs
d’ordre de grande taille. Ceux-ci n’hésitent pas à dicter leurs conditions (délais de
paiement, contrôle de la facturation).
34
Depuis 10 ans, L’ONF développe deux pratiques pour la structuration de la filière :
• La vente de « bois façonné », que le propriétaire ou exploitant récolte lui-même
avant de le commercialiser en bord de route. La quantité et la qualité du bois sont
connus tant par le vendeur que l’acheteur. Le propriétaire mobilise ses équipes pour
couper le bois en fonction de ses contrats en aval. Ce qui valorise mieux le bois.
• Les contrats d’approvisionnement permettent de mieux structurer la filière. Ils
concernent 40 % du bois vendu en forêt domaniale, pour 20 % en forêt communale.
En Allemagne, la contractualisation est de règle et permet de sécuriser les
approvisionnements des industriels.
D’autres pratiques de vente favorables à la structuration de la filière sont à encourager :
• Les plateformes de stockage du bois, investissements qui peuvent être portés par
des coopératives ou des groupements forestiers. Elles permettent le tri des bois
locaux pour contourner les inconvénients de la vente de bois sur pied et valoriser
toutes les essences.
• Les ventes groupées de bois, par exemple par les experts forestiers ou les
coopératives.
35
La nécessité de sécuriser l’approvisionnement du secteur du bois énergie a donné lieu à
différentes initiatives, comme le Plan d’Approvisionnement Territorial (PAT), conçu et
développé par les communes forestières, dans le cadre de leur programme « 1 000
chaufferies bois pour le milieu rural ».
Il permet, à l’échelle d’un territoire, de faire un inventaire des installations en
fonctionnement ou en projet et de déterminer les quantités de bois susceptibles d’être
mises en marché, leur localisation et les coûts de mobilisation associés. Cet outil d’aide à
la décision permet d’élaborer des scénarios sylvicoles validés par la profession.
36
Le métier de bûcheron souffre d’une mauvaise image : il figure en 2017, en 3e position
du « top 10 des pires métiers à éviter ». Les difficultés de recrutement tiennent aux
faibles salaires et à la pénibilité du travail. De nombreux acteurs soulignent une
incompréhension croissante entre les nouvelles générations et des entreprises marquées
par un fonctionnement traditionnel et peu ouvertes aux nouvelles technologies.
37
2.4 Des résistances sociales à l’exploitation des forêts :
Le principe vise à articuler ces différents usages de la forêt, il repose sur les acteurs
économiques de la filière et est confronté à une remise en cause fondamentale par
certains acteurs du débat public, qui donnent la priorité aux fonctions environnementales
et récréatives de la forêt.
Dans le projet de plan régional forêt-bois (PRFB) 2019-2029 d’Ile-de-France, région très
urbanisée, « le grand public voit essentiellement la forêt comme un espace naturel de
loisirs et confond souvent gestion forestière et déforestation. »
En 2017 il n'y avait pas de conflits entre la société et forestiers, plutôt un intérêt faible de
celle-ci pour la forêt. La situation aurait évolué en 2018-2019, avec l’inquiétude vis-à-vis
de la dégradation de l’environnement et du changement climatique.
La suspicion à l’égard de la gestion forestière nait d’une méconnaissance de la forêt, de
plus en plus éloignés de ses réalités. La société valorise le bois, mais accepte de moins de
moins de couper des arbres, croyant la forêt en recul et en danger. Si la déforestation
gagne en Amazonie, ce n’est pas le cas en France. Seuls 3 % des Français savent que la
forêt progresse en France.
38
Au débat scientifique, légitime, sur les modes de gestion de la forêt les plus appropriés et
la conciliation des différents usages, se substituent des approches niant le principe même
d’une exploitation des forêts. Elle est assimilée à la déforestation observée sur d’autres
continents. La conciliation de l’exploitation économique avec l’idée d’une forêt
d’agrément et d’une forêt "sanctuaire naturel", est également problématique.
Quels que soient les efforts déployés par les professionnels forestiers pour limiter
l’impact de leur activité, la coupe de bois en forêt, son transport et son stockage
produisent des impacts visibles et mal acceptés par les riverains et les collectivités. Des
pratiques rares, peu conformes aux exigences de gestion durable, ou des défauts de
concertation entre collectivités publiques et riverains sur les travaux conduits, participent
de cette défiance croissante.
Deux mécanismes tendent à limiter cet effet : la séquestration du carbone dans les
écosystèmes forestiers et les produits en bois, d’une part, la substitution du bois à des
matériaux plus polluants, d’autre part (cf. encadré). Selon la stratégie nationale bas
carbone (SNBC) adoptée en 2018, « le secteur forêt-bois-biomasse est un secteur
stratégique pour atteindre la neutralité carbone, car il permet la séquestration du
carbone et la production de matériaux et d’énergie biosourcés et renouvelables se
substituant aux produits d’origine fossile. »
39
Les principaux leviers pour agir sont une meilleure gestion sylvicole ; une récolte accrue
de bois, avec un objectif fixé par le programme national de la forêt et du bois pour 2016-
2026 ; l’orientation vers des usages à longue durée de vie, en particulier dans la
construction, et un développement du recyclage et de la valorisation énergétique des
produits en fin de vie.
40
41
Sommaire :
1 Une filière pour affronter des enjeux économiques et climatiques :.................................................................................................................................3
1.1 Une filière importante sur le plan économique :........................................................................................................................................................5
1.2 Une filière fragmentée :.............................................................................................................................................................................................9
1.3 Difficultés des interprofessions à parler d’une seule voix :.....................................................................................................................................12
1.4 Les acteurs et partenaires forestiers : les gestionnaires de laforêt :.........................................................................................................................15
1.5 Le manque de coordination nationales et régionales :.............................................................................................................................................23
1.6 Les stratégies de la filière bois :...............................................................................................................................................................................24
1.7 La politique publique :.............................................................................................................................................................................................26
2 Les freins nécessitant une action de long terme :............................................................................................................................................................29
2.1 Des freins anciens liés à la gestion de la forêt privée :............................................................................................................................................30
2.2 Des freins économiques liés à une modernisation insuffisante :..............................................................................................................................33
2.3 Des freins à l'embauche :.........................................................................................................................................................................................36
2.4 Des résistances sociales à l’exploitation des forêts :................................................................................................................................................38
42