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ISIB Laboratoire de physique, 18 novembre 2022

Expérience de Young :
Couples de fentes
A. Colin, E. Espinoza, E. Poket
Institut Supérieur Industriel de Bruxelles
Rue des Goujons, 1070 Anderlecht (Belgique)
58024@etu.he2b.be 58672@etu.he2b.be 56981@etu.he2b.be

1 Introduction et but
Le but du présent laboratoire est de déterminer expérimentalement la longueur d’onde λ d’un laser
Néon-Hélium au moyen de l’expérience de Young. Il convient donc dans un premier temps de
rappeler brièvement cette dernière.

L’expérience de Young (les fentes de Young), réalisée par Thomas Young en 1801, a permis de mettre
en lumière la dualité onde-particule. En effet, le principe appliqué à cette expérience est l’analyse de
l’interférence observée entre deux faisceaux lumineux cohérents, à l’aide d’une seule et même
source. Le front d’onde principal passe dans deux fentes percées sur une plaque opaque et est alors
divisé en deux faisceaux subséquents cohérents. La projection de ces faisceaux sur un écran permet
l’analyse de leur interférence. Il en ressort que la matière présente un comportement ondulatoire là
où leur projection démontre un comportement particulaire.

Le déphasage est interprété par la différence d’intensité lumineuse affichée sur l’écran. Lorsque les
intensités des deux ondes se superposent, s’il s’agit de points extremums (maximums ou creux), les
deux ondes sont en phase, impliquant une interférence constructive, une intensité maximale et donc
un point lumineux. À l’inverse, si deux extremums opposés se superposent, l’interférence résultante
est destructive et un point noir est observé.

Figure 1 : Expérience de Young, phénomène de


diffraction

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2 Matériel employé
Le matériel utilisé lors de cette manipulation se compose :

 D’une source lumineuse : un laser néon-hélium

 D’une plaque opaque présentant trois couples de fentes (A, B et C)

 D’un microscope comparateur

 D’un banc optique

 D’un écran

3 Mode opératoire
Pour engager l’expérience, il convient premièrement d’aligner un laser Néon-Hélium, un support de
fentes et l’écran sur un rail d’essai. Les trois éléments doivent être alignés et positionné de manière à
faire passer le faisceau du laser à travers une première paire de fentes en vérifiant la diffraction
optimale de la lumière sur l’écran. L’intensité étant diminuée, il est plus intéressant de réaliser cette
expérience dans une pièce sombre voire dans le noir.

Sur l’écran, auquel est collé une feuille en papier pour récupérer les résultats, sont alors observables
différents points lumineux correspondants aux ordres de diffraction (m). Le calcul de la longueur
d’onde, but final de la manipulation, nécessite la connaissance de la distance (x) entre le centre du
point lumineux central, exactement en face de la source, et les centres des points lumineux des
ordres supérieurs, avec un total requis ici de cinq ordres différents. Afin d’obtenir ces mesures, les
points lumineux sont marqués par un trait de crayon avant d’être mesurés à l’aide d’une équerre. Les
points utilisés dans cette expérience sont à chaque fois ceux de l’ordre un et deux de part et d’autre
du point lumineux central ainsi que l’ordre trois d’un côté pour avoir les mesures sur un total de cinq
ordres (-1, -2 ,1 , 2, 3). Il est important de spécifier que l’ordre 0 n’est pas pris en compte car ce
dernier ne permet pas une mesure de x étant donné que cette distance est de 0mm, les points étant
superposés en cet ordre de diffraction.

Cette manipulation doit être répétée pour les trois (paires de) fentes différentes, avec cinq mesures
pour chacune d’entre elles. Avec cinq mesures pour les cinq ordres différents, un total de septante-
cinq mesures sont récupérées.

4 Questions inhérentes
4.1 Le laser néon-hélium
Dans un premier temps, il convient de comprendre le fonctionnement d’un laser avant de se pencher
sur celui du laser néon-hélium. Le laser, de l’acronyme Light Amplification by Stimulated Emission of
Radiation (amplification de la lumière par émission stimulée de rayonnements) désigne un
phénomène photonique se basant, comme indiqué dans son titre, sur l’émission stimulée.

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Il est important d’expliquer dans un premier temps le concept de quantification de la matière. Les
électrons situés autour d’un atome sont répartis sur des « couches », des niveaux d’énergie,
correspondant à des orbitales (régions de l’espace autour du noyau atomique où la probabilité de
trouver un électron est fortement élevée).

L’absorption désigne le phénomène par lequel, lorsqu’un rayonnement lui parvient, un électron peut
être excité et passe d’un niveau d’énergie En à un niveau supérieur En’, comme vu sur la figure 2. La
fréquence ν du rayonnement vérifie la relation E2 – E1 = hν.

Figure 2 : Phénomène d’absorption


S‘en suit alors l’émission spontanée, processus par lequel un électron d’une couche supérieur vient
combler la « place » vacante laissée par l’électron excité par absorption. Ce dernier doit donc
abaisser son niveau d’énergie et émet un rayonnement, émet donc un photon d’énergie hν
transportant la différence d’énergie dans une direction aléatoire, comme illustré sur la figure 3.

Figure 3 : Phénomène d’émission spontanée


Enfin, le phénomène sur lequel se base les lasers est l’émission stimulée. Ce principe est défini
comme inverse à l’absorption. En effet, sous l’effet d’un rayonnement de fréquence ν, un électron
passe d’un état excité à un état plus stable en émettant un photon. L’onde incidente se trouve alors
amplifiée puisque la direction d’émission est équivalente à celle de l’onde incidente. Ce phénomène
est représenté sur la figure 4.

Figure 4 : Phénomène d’émission stimulée


Dès lors le fonctionnement du laser néon-hélium peut être expliqué par les phénomènes et concepts
repris ci-dessus. Le rayon émis de longueur d’one λ = 632,8 nm correspond à une différence
d’énergie entre deux niveaux E1 et E2 du néon repris ci-dessous :

- Niveau inférieur E1 = 18,704625 eV


- Niveau supérieur E2 = 20,663362 eV

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La différence E2 – E1 = 1,958737 eV peut être utilisée pour déterminer la fréquence émise de la


radiation (1) et donc la longuer d’onde dans le vide de ce type de laser (2), de valeur égale à 632,98
nm :

ν=(E 2−E 1)/(h e) (1)

λ vide=c/ ν (2)

NB : e représente la charge élémentaire, h la constante de planck et c la vitesse de la lumière dans le


vide.

La longueur d’onde dans l’aire étant inférieure de 0,17 nm à celle dans le vide, on retrouve
effectivement la valeur annoncée λair = 632,81 nm.

Dans le tube du laser étudié sont contenu du néon ainsi que de l’hélium. Ce dernier est présent en
majorité (90%). Ce constituant principal a été choisi du fait que son énergie d’excitation pour un
certain état de configuration est relativement similaire à la valeur E2 du néon. Grâce à des décharges
électriques, les électrons de l’hélium sont excités et, par collision, cette énergie est transmise aux
électrons du néon comme représenté à la figure 5. Ensuite, un phénomène d’émission stimulée
permet aux électrons en E2 du néon de revenir à leur état E1, pour ensuite revenir rapidement à leur
état fondamental par successions rapides en cascade.

Figure 5 : Fonctionnement du laser Néon-Hélium

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4.2 Relation entre λ et l’inter-fentes a


Suite à la lecture du cours de physique ondulatoire dans le cadre de la deuxième année académique
du master en sciences de l’ingénieur industriel dispensé à l’ISIB, la longueur d’onde λ et l’inter-fentes
a peuvent être reliées en fonction de trois autres paramètres, à savoir la distance x, la distance D et
enfin l’ordre de diffraction m selon la relation suivante :

xa
λ= (3)
mD
Comme expliqué, l’inter-fentes est multiplié par la distance entre le centre de diffraction et le centre
de l’ordre m considéré. La valeur obtenue est alors divisée par cet ordre m multiplié par la distance D
(prises entre l’écran de projection et la plaque opaque présentant les couples de fentes).

4.3 Positionnement du matériel


Comme vu selon la relation (3), les paramètres impactant sont la distance x, la distance D et les
ordres de diffraction m. Ces derniers doivent donc être adapté pour une précision optimale. Les
distances respectives x et D devront donc être suffisamment élevée afin de pouvoir distinguer les
figures de diffraction avec plus de précision jusqu’à des ordres m suffisant pour croiser différentes
mesures afin d’obtenir une valeur expérimentale basée sur un nombre important de valeurs de x.

5 Mesures
Cette manipulation a permis de récolter plusieurs données. Premièrement, il est primordial de
mesurer la longueur qui sépare les fentes de l’écran, 2593±1 [mm] dans le cas présent. L’expérience
a donc été réalisée avec trois fentes de largeurs différentes, reprises avant les tableaux 1, 2 et 3 des
données respectives à la fente en question. Les franges pour lesquelles les mesures ont été
effectuées sont listées dans les tableaux dans le même ordre que stipulé dans le mode opératoire.

5.1 Fente 1 de largeur 0.599±0.001 mm


Franges Valeurs mesurées 5 fois [mm] Moyenne σ λ [mm]
[mm]
M-1 3.5 3.0 3.5 3.0 2.5 3.1 0.37 0.0007161
M-2 5.5 5.5 6.0 5.5 5.5 5.6 0.2 0.0006468
M1 2.5 2.5 2.5 3.0 2.5 2.6 0.2 0.0006006
M2 5.5 5.5 5.5 6.0 5.5 5.6 0.2 0.0006468
M3 8.0 8.5 8.0 9.0 8.0 8.3 0.4 0.0006391
Tableau 1 Fentes 1

5.2 Fente 2 de largeur 0.608±0.001 mm


Franges Valeurs mesurées 5 fois [mm] Moyenne σ λ [mm]
[mm]
M-1 3.0 3.0 3.0 3.0 2.5 3 0.00 0.0007034
M-2 7.0 7.0 7.0 7.0 6.5 6 0.00 0.0007034
M1 3.0 3.0 3.0 3.0 3.5 3 0.00 0.0007034
M2 7.0 7.0 7.0 7.0 7.5 7 0.00 0.0008207
M3 2.0 12.0 12.5 12.0 13.0 10.8 0.04 0.0008441
Tableau 2 Fentes 2

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5.3 Fente 3 largeur 1.196±0.001 mm


Franges Valeurs mesurées 5 fois [mm] Moyenne σ λ [mm]
[mm]
M-1 1.5 1.0 1.5 1.0 1.0 1.2 0.24 0.0005535
M-2 3.0 2.0 3.0 3.0 3.0 2.8 0.40 0.0006457
M1 1.5 2.0 1.5 1.5 1.5 1.6 0.20 0.0007380
M2 2.9 3.5 3.0 3.0 3.0 3.1 0.21 0.0007149
M3 4.1 5.0 4.0 4.5 5.0 4.5 0.43 0.0006919
Tableau 3 Fentes 3

A l’aide de la formule précisée au point précédent, la longueur d’onde peut être donc déterminée à
l’aide des données des tableaux repris ci-dessus. La longueur d’onde du faisceau en question est,
selon la source théorique [5], de 632.8 nm. Les longueurs d’ondes calculées s’approchent bien de la
valeur théorique et comprennent cette dernière dans leur incertitude. On observe cependant que les
valeurs de longueur d’onde les plus proches de la valeur théorique sont celles de la fente 1 du
tableau 1. En effet, cette fente ayant une largeur plus faible que les autres, la distance séparant les
centres des franges augmente et la précision des mesures s’en voit donc améliorée.

6 Incertitudes
Dans le but de spécifier et classifier au mieux les incertitudes inhérentes à la présente manipulation,
la section suivante sera divisée en 2 parties : les types d’incertitudes présentes et les formules et
incertitudes calculées.

6.1 Types d’incertitudes


Dans la présente manipulation, les mesures sont répétées un nombre conséquent de fois. Dès lors,
les incertitudes liées aux répétitions sont dites de type A. Dans le cas de l’expérience de Young,
l’incertitude sur la mesure prise de la distance x ainsi que celle finale sur lambda sont donc des
incertitudes de type A.

Les incertitudes liées, quant à elles, au matériel utilisé sont déterminées sur base de la précision de
ce dernier. Aussi la distance D mesurée sur base d’une règle au millimètre près aura une incertitude
au millimètre près.

6.2 Formules relatives et incertitudes


6.2.1 Incertitude sur la distance x
Comme décrit précédemment, la valeur moyenne des distances mesurées a dans un premier temps
été effectuée. Afin d’en déterminer l’incertitude, l’écart-type σ a donc été calculé selon la formule
(4) :

(4)

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En effet, il convenait dans un premier temps de mesurer les écarts de chacune des mesures par
rapport à la moyenne avant de les élever au carré et de les sommer. Il a ensuite fallu les diviser par le
nombre d’élément mesurés (5 dans le cas présent) pour finalement en prendre la racine carrée.
L’écart-type ainsi mesuré constitue la demi-largeur d’incertitude de la mesure.

Il est important de spécifier que cette incertitude a été déterminée sur 5 valeurs et ce pour chaque
valeur de x initialement mesurée. Ces valeurs ainsi que leurs écarts-type sont repris dans le tableau
4:

Fentes 1 x(±σ) [mm] Fentes 2 x(±σ) [mm] Fentes 3 x(±σ) [mm]


1,2(±0,24)
3,1(±0,37) 3(±0) 2,8(±0,40)
5,6(±0,20) 6(±0) 1,6(±0,20)
2,6(±0,20) 3(±0) 3,08(±0,21
5,6(±0,20) 7(±0) )
8,3(±0,40) 10,8(±0,04) 4,52(±0,43
)
Tableau 4 : Valeurs de x et incertitudes subséquentes

6.2.2 Incertitude sur la distance D


La distance prise entre la plaque opaque (les fentes) et l’écran de projection, autrement nommée
distance D, a été mesurée à l’aide d’une règle précise au millimètre près. L’instrument de mesure
possède donc une incertitude proportionnelle à son échelle et donc une précision au millimètre près.
En outre, cette distance n’a pas été modifiée lors de l’expérience et sa valeur vaut donc 2593(±1)
mm.

6.2.3 Incertitude sur l’entre-fentes a


Les trois entres-fentes à ont été mesurés au préalable et sont fournis dans la manipulation avec le
matériel, aussi chacune d’entre elle est de l’ordre du nanomètre, de même que leurs incertitudes
respectives. Les différentes valeurs sont reprises dans le tableau 5 ci-dessous :

Entre-fentes Mesure et incertitude [mm]


1 0,599(±0,001)
2 0,608(±0,001)
3 1,196(±0,001)
Tableau 5 : Valeurs de a et incertitudes subséquentes

6.2.4 Incertitude sur la longueur d’onde λ

L’incertitude sur chaque valeur de lambda est déterminée quadratiquement sur bases des
incertitudes sur x, D et a selon la formule (5) suivante :

√( )( )( )
ua 2 u x 2 u D 2

u λ =λ + + (5)
a x D

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Les carrés de chaque incertitude préliminaire divisée par leur valeur sont additionnés, mis en racine
et multiplié par la valeur de λ pour obtenir l’incertitude sur la longueur d’onde. Cette méthode
quadratique assure une incertitude finale sur la longueur d’onde du laser néon hélium recherchée
lors de l’expérience de Young réalisée.

Ci-dessous sont reprises les valeurs des longueurs d’onde calculées et approximée ainsi que leurs
incertitudes respectives.

Couple de fentes 1 λ ¿ incertitude) [mm] Couple de fentes 2 λ ¿ incertitude) [mm]


0,00071612(±8,64433E-05) 0,00070343(±1,18834E-06)
0,00064682(±2,31272E-05) 0,00070343(±1,18834E-06)
0,00060062(±4,62128E-05) 0,00070343(±1,18834E-06)
0,00064682(±2,31272E-05) 0,00082067(±1,3864E-06)
0,00063912(±3,08203E-05) 0,00084412(±3,43623E-06)
Couple de fentes 3 λ ¿ incertitude) [mm]
0,00055349(±1,13E-04)
0,00064574(±9,22503E-05)
0,00073799(±9,22509E-05)
0,00071492(±4,84349E-05)
0,00069186(±6,61144E-05)
Tableau 6 : Valeurs de λ et incertitudes subséquentes

7 Analyses et conclusion
Finalement, l’expérience de Young avec ces trois paires de fentes de largeur légèrement différentes,
à l’aide de la formule citée précédemment et des mesures des variables à intégrer à cette dernière, il
est possible de calculer la longueur d’onde du faisceau lumineux du laser néon-hélium. Une
augmentation de la précision est observée pour une largeur de fente plus faible, de par la
proportionnalité inverse entre cette largeur et la distance entre les franges, permettant donc une
mesure plus précise de cette dernière. Les longueurs d’onde calculées sont donc moyennement
proches de la valeur théorique à cause du manque de précision assez important de cette
manipulation. Cependant, les incertitudes démontrent malgré tout que la valeur recherchée est
comprise dans les intervalles des résultats.

8 Bibliographie
[1] Institut Supérieur Industriel de Bruxelles, Cours de physique ondulatoire – Bloc 2 : chapitre 1, les
ondes et les phénomènes ondulatoires par Ir I.Gerardy

[2] Institut Supérieur Industriel de Bruxelles, Syllabus de Laboratoire de physique – Bloc 2 :


manipulation 4 : Expérience de Young par Drs. Ir. J.Derrien

[3] Article internet sur les fentes de Young, publiée sur le site Techno-Science.net
https://www.techno-science.net/definition/2936.html

[4] Article rédigé sur l’expérience de Young https://fr.wikipedia.org/wiki/Fentes_de_Young

[5] Article rédigé le 18/02/11 par Marie-Christine Artru sur le laser Néon-Hélium
http://culturesciencesphysique.ens-lyon.fr/ressource/laser-HeNe.xml

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[6] Article rédigé sur le fonctionnement d’un laser https://fr.wikipedia.org/wiki/Laser

NB : Toutes les figures reprises dans ce rapport sont issues des sources ci-dessus.

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