Vous êtes sur la page 1sur 42

BONNES PRATIQUES

pour l’intervention
sur sites sprinklés
Ce document est mis gratuitement à la disposition des services d’incendie et de secours (SIS) et des
directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) dans le cadre d’un
partenariat CNPP, FFA, ministère de l’Intérieur (DGSCGC). Tout usage ou reproduction externe est interdit
sans l’autorisation des partenaires.

Document disponible en version numérique uniquement et téléchargeable


sur www.cnpp.com/Telechargements-gratuits

 CNPP – Fédération française de l’assurance – Ministère de l’Intérieur (DGSCGC). 2017


ISBN eBook : 978-2-35505-241-5
« Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur, ou
de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (article L.122-4 du Code de la propriété intellectuelle).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon
sanctionnée dans les conditions prévues aux articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété
intellectuelle.
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorise, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une
part que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé et, d’autre part, que les
analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration

Crédit illustrations : CNPP, Groupement français des installateurs sprinkleurs (GIS)

Éditeur :
CNPP Éditions
Route de la Chapelle Réanville – CD 64 – CS 22265 – F 27950 Saint-Marcel
Téléphone 33 (0)2 32 53 64 34 – Télécopie 33 (0)2 32 53 64 80
editions@cnpp.com – www.cnpp.com
Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

SOMMAIRE

1. Généralités 5
1.1 Objectifs 5
1.2 Domaine d’application 5
1.2.1 Installations visées 5
1.2.2 Destinataires 6

2. Rappels sur les systèmes sprinkleurs 7


2.1 Rôle d’un système sprinkleurs 7
2.1.1 Déceler un départ de feu 7
2.1.2 Donner une alarme 7
2.1.3 Contenir l’incendie 7
2.2 Principes de fonctionnement d’un système sprinkleurs 8
2.3 Composants d’une installation 9
2.3.1 Les sources d’eau 9
2.3.2 Les postes de contrôle 11
2.3.3 Les réseaux 15
2.3.4 Les têtes sprinkleurs 15
2.3.5 Autres installations associées au système sprinkleurs 19
2.4 Principaux référentiels 20
2.5 Critères de dimensionnement 20
2.6 Maintenance et contrôles périodiques 22

3. Prise en compte du sprinkleur dans le cadre


de l’intervention 23
3.1 Organisation, prévision et planification opérationnelles 23
3.1.1 Organisation des exploitants 23
3.1.2 Fiche technique du système sprinkleurs 25
3.1.3 Prévision et planification opérationnelles 26
3.1.4 Gestion des indisponibilités 27
3.2 Prise en compte du système sprinkleurs au cours de l’intervention 28
3.2.1 Alerte des secours 28
3.2.2 Accueil des secours 28
3.2.3 Actions manuelles sur le système sprinkleurs 29
3.2.4 Désenfumage 31
3.2.5 Engagement de personnel d’intervention à l’intérieur des bâtiments sprinklés 31
3.2.6 Arrêt du système sprinkleurs ou isolement d’un poste de contrôle 34
3.2.7 Ressource en eau du système sprinkleurs 36
3.2.8 Gestion des eaux d’extinction 37
3.3 Gestion de l’après-sinistre 38

ANNEXE - Glossaire 39

 CNPP – FFA – DGSCGC 3


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

Ce guide a été élaboré à l’initiative du ministère de l’Intérieur, de la Fédération française de


l’assurance (FFA) et de CNPP, sous la conduite de Frédéric Brenez (CNPP) et avec la contribution de :
- Jean-Luc Barnay, BSPP
- Cédric Bédo, CLF Satrem
- Yann Belloeil, Groupe PSA
- Stéphane Berrard, ENSOSP
- Luc Blondel, NG Concept
- Frédéric Bordet, Axa
- Jean-Michel Chatry, Safran Aircraft Engines
- Nicolas Conté, SDIS 33
- Franck Fumat, MSIG Insurance Europe
- Jean-Pierre Germain, SDIS 13
- Karim Karzazi, Axa Matrix
- Damien Liébart, Allianz
- Thierry-René Murat, Girus puis GSE Group
- Jérôme Richard, ministère de l’Intérieur (DGSCGC) puis Seris group
- Stéphane Spalacci, FFA
- Pierre Balaud, Maxime Lanté, Rémi Perrier, Matthieu Vandewalle, CNPP

Par ailleurs, CNPP a consulté les organismes suivants :


- Afilog
- Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP)
- Direction générale de la sécurité civile et de la gestion de crises (DGSCGC)
- École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP)
- Fédération nationale des prestataires logistiques et des magasins généraux agréés par l’État
(Fédimag)
- Groupement français des installateurs de sprinkleurs (GIS)
- Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer
- Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS 13, SDIS 27, SDIS 33, SDIS 38, SDIS 67, SDIS 87)

4  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

1. Généralités

1.1 Objectifs
Le présent guide a pour objet de formuler des recommandations relatives à
l’intervention en cas d’incendie dans les bâtiments protégés par des systèmes
sprinkleurs.

Ces recommandations visent à accompagner les personnels d’intervention ainsi que


les exploitants dans la prise en compte des systèmes sprinkleurs au cours d’un
incendie afin d’améliorer :

• la sécurité des intervenants ;

• la rapidité de l’intervention ;

• l’efficacité de l’intervention.

L’atteinte de ces objectifs repose également sur la connaissance technique des


systèmes d’extinction automatique à eau. Ainsi, la deuxième partie est consacrée à la
description des installations sprinkleurs.

1.2 Domaine d’application


1.2.1 Installations visées

Ce document concerne l’intervention dans les bâtiments équipés de systèmes


d’extinction automatique de type sprinkleur ou déluge (à eau ou eau dopée pour
chacun d’entre eux).

D’autres types de systèmes d’extinction automatique peuvent présenter des


approches particulières. Il est possible de mentionner notamment les systèmes
d’extinction automatique suivants :

• à brouillard d’eau ;

• à gaz ;

• à mousse (bas, moyen ou haut foisonnement).

Ces installations ne sont pas visées par le présent guide. Par conséquent, les
recommandations formulées dans le chapitre 3 ne peuvent pas être transposées
directement dans le cadre d’une intervention sur ces systèmes à brouillard d’eau, à gaz
ou à mousse.

 CNPP – FFA – DGSCGC 5


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

1.2.2 Destinataires

Les recommandations formulées au chapitre 3 sont destinées aux services d’incendie


et de secours publics ainsi qu’aux exploitants de bâtiments sprinklés.

Selon les cas, les recommandations peuvent s’adresser aux :

• services d’incendie et de secours publics


− service prévention,
− service prévision,
− officiers assurant la fonction de commandant des opérations de secours (chefs de
groupe, chefs de colonne, etc.) ;

• exploitants
− responsables sécurité/incendie,
− chefs d’équipe d’intervention,
− astreintes techniques,
− équipiers d’intervention technique, services techniques,
− sociétés de prestation de sécurité.

Certaines recommandations à destination des services d’incendie et de secours


prennent en compte le niveau de formation et d’entraînement ainsi que les moyens
matériels des secours publics. Dans le cadre d’un site industriel ou tertiaire disposant
d’équipes d’intervention, l’exploitant devra adapter les consignes d’intervention sur le
site en fonction des moyens humains et matériels à sa disposition.

6  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

2. Rappels sur les systèmes


sprinkleurs

2.1 Rôle d’un système sprinkleurs


Le rôle d’une installation de sprinkleurs est de :

• déceler un départ de feu ;

• donner une alarme ;

• éteindre à ses débuts ou au moins contenir le départ de feu, de façon que


l’extinction puisse être menée à bien par les moyens de l’établissement ou par les
sapeurs-pompiers.

Un système sprinkleurs contribue à la protection des personnes en agissant sur le feu à


ses débuts et permet l’évacuation ou l’intervention avec des risques réduits.

Ces systèmes ne dispensent pas de prévoir d’autres systèmes de prévention et de


protection contre l’incendie tels que le compartimentage, le désenfumage, les
extincteurs, etc. ainsi que toutes mesures imposées réglementairement.

2.1.1 Déceler un départ de feu

La détection est faite par les têtes sprinkleurs qui sont des détecteurs thermiques à
température fixe. Le choix des températures est fonction des caractéristiques des
locaux et de leur utilisation.

2.1.2 Donner une alarme

Un système sprinkleurs comporte un dispositif d’alarme destiné à signaler le


fonctionnement de l’installation. L’alarme vise à informer l’exploitant, non seulement
pour qu’il agisse sur l’incendie (directement ou indirectement en transmettant l’alerte
aux services d’incendie et de secours) mais également pour qu’il évite les dégâts des
eaux inutiles. L’alarme est donnée par l’intermédiaire d’une turbine hydraulique
actionnant le gong d’alarme et par un pressostat de report d’alarme électrique, placés
à chaque poste de contrôle.

Dans certaines installations, notamment en l’absence de poste de contrôle, l’alarme


peut être donnée par un indicateur de passage d’eau.

2.1.3 Contenir l’incendie

Le contrôle ou la suppression de l’incendie est faite par l’eau déversée par les
sprinkleurs. Le débit d’eau, le type de pulvérisation et la surface d’arrosage de chaque

 CNPP – FFA – DGSCGC 7


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

sprinkleur sont fonction de l’incendie envisagé. L’efficacité maximum est obtenue


quand tout incendie peut être arrosé à ses débuts, quel que soit son emplacement et
avec la quantité d’eau nécessaire.

Deux modes de conception des systèmes sprinkleurs existent et visent des objectifs
différents :

• le mode contrôle a pour objectif de limiter l’étendue d’un incendie par projection
d’eau visant à réduire le débit calorifique et à arroser de façon préventive les
matières combustibles environnantes, ainsi que de contrôler l’augmentation des
températures de gaz et de fumées au plafond ;

• le mode suppression a pour objectif de réduire de façon significative le débit


calorifique d’un incendie et d’empêcher le redémarrage de ce dernier au moyen
d’un arrosage d’eau direct et suffisant traversant le panache de flammes et de gaz
chauds ascendants pour atteindre la surface en feu.

2.2 Principes de fonctionnement


d’un système sprinkleurs
Le fonctionnement général d’une installation sprinkleurs sous eau repose sur une
détection thermique à température fixe qui ouvre la tête en permettant à une
première partie de l’eau de s’écouler, les canalisations étant sous pression. Ensuite, le
clapet du poste de contrôle correspondant s’ouvre en raison de la différence de
pression dans les canalisations entre l’aval et l’amont du poste. La chute de pression
engendre le démarrage du groupe de pompage et génère des alarmes. L’ouverture du
poste et le démarrage du groupe de pompage assurent l’alimentation en eau sous
pression et sa diffusion, de la réserve jusqu’à la tête et jusqu’au foyer, via le réseau.

F2.2a – Chronologie de fonctionnement d’un système sprinkleurs

Départ de feu

Développement du feu

Ouverture d’une tête sprinkleur (élément thermosensible)

Chute de pression dans le réseau

Ouverture du poste de contrôle

Démarrage d’une pompe

Projection d’eau sur l’incendie par la ou les têtes sprinkleurs ouvertes

Si l’incendie se développe
Ouverture de têtes
supplémentaires
Incendie contenu

8  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

Le logigramme F2.2a n’est pas applicable à tous les systèmes d’extinction automatique
à eau (notamment les systèmes déluge ou les sprinkleurs alimentés directement sur un
réseau sous pression).

F2.2b – Synoptique d’une installation sprinkleurs

Une installation sprinkleurs est donc composée des principaux éléments suivants :

• une source d’eau, ensemble des moyens alimentant en eau les installations
sprinkleurs ;

• un poste de contrôle, ensemble comportant un clapet d’alarme, une vanne d’arrêt


et les vannes et accessoires associés servant à la commande d’une installation
sprinkleurs ;

• un réseau de canalisations, canalisations alimentant un groupe de sprinkleurs ;

• des têtes sprinkleurs, dispositif équipé d’un élément thermosensible qui s’ouvre
pour diffuser de l’eau en vue d’arroser (contenir ou supprimer) un feu.

2.3 Composants d’une installation


2.3.1 Les sources d’eau

Les sources d’eau permettent d’alimenter le système sprinkleurs et de maintenir sous


pression les réseaux sous eau.

Plusieurs types de sources peuvent être utilisés selon la configuration du site et les
ressources à disposition.

 CNPP – FFA – DGSCGC 9


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

• Réserve d’eau et groupe de pompage


La configuration la plus fréquente pour les sources sprinkleurs consiste à disposer sur
le site d’une réserve d’eau dédiée au système sprinkleurs ainsi que d’un groupe de
pompage. Lorsque la réserve d’eau n’est pas suffisante, dans certains cas il peut être
prévu une réalimentation automatique par le réseau d’eau de distribution si celui-ci
est en mesure d’assurer un débit suffisant.

• Réseau de distribution d’eau et groupe de pompage (surpressé)


Dans certains cas, le groupe de pompage peut être raccordé directement à un réseau
de distribution d’eau (public ou privé) si celui-ci est en mesure d’assurer un débit
suffisant en complément des autres besoins.

• Réseau de distribution d’eau seul


Dans de rares cas, le système sprinkleurs peut être raccordé directement sur un réseau
de distribution d’eau sans groupe de pompage si le réseau présente un débit et une
pression suffisants en complément des autres besoins.

2.3.1.1 Les réserves d’eau

Lorsque le système dispose de réserves d’eau, celles-ci peuvent être constituées de


réservoirs aériens (bac pétrolier, bassin aérien), de réservoirs enterrés ou de réservoirs
naturels (rivière, lac, etc.). Du fait des risques de pollution et de malveillance, les
réserves à ciel ouvert ne sont normalement plus proposées sur des projets neufs mais
peuvent être rencontrées sur des installations existantes.

Au minimum, la réserve d’eau du système doit permettre d’assurer le fonctionnement


au débit de conception pendant une durée variable selon la nature du risque couvert.

Ces réservoirs peuvent être réalimentés ou non par un réseau de distribution d’eau.

F2.3.1.1a – Exemple de bac pétrolier

10  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

F2.3.1.1b – Exemple de réserve à ciel ouvert

2.3.1.2 Le groupe de pompage

Lorsque le système dispose d’un groupe de pompage, celui-ci est systématiquement


constitué des deux pompes suivantes :

• la pompe jockey (électrique) permet de maintenir la pression dans le réseau d’eau.


Ses capacités ne permettent pas d’alimenter le système en cas d’incendie mais
simplement de compenser la baisse de pression sur le réseau ;

• la pompe sprinkleurs (parfois appelée « pompe B ») est destinée à couvrir les


besoins en eau en termes de débit et de pression, définis par conception.

Les pompes reçoivent un ordre de démarrage par un pressostat de démarrage au


moment de la chute de pression dans le réseau, en amont du poste de contrôle.

Afin d’améliorer la fiabilité de la source d’eau et de couvrir les périodes de


maintenance, certains groupes de pompage peuvent être complétés par des
équipements complémentaires :

• la pompe A, dont la capacité est dite « limitée ». Elle doit être capable de fournir
le besoin en eau de cinq têtes. Cette pompe doit assurer au minimum un débit de
60 m3/h ;

• la seconde pompe sprinkleurs. En fonction de l’étendue du risque, la pompe


sprinkleurs peut être doublée. Dans ce cas, chaque pompe peut couvrir
individuellement les besoins du système. Ce cas ne doit pas être confondu avec
une configuration, moins fiable, dans laquelle les deux pompes doivent
fonctionner simultanément pour couvrir le besoin hydraulique.

2.3.2 Les postes de contrôle

Le poste de contrôle sépare la partie aval de l’installation (réseau et sprinkleurs) de la


partie amont (réseau, groupe de pompage et réserve d’eau).

Lorsqu’une ou plusieurs têtes s’ouvrent, le réseau aval se vide, créant une différence
de pression au niveau du poste de contrôle dont le clapet s’ouvre. La baisse de
pression dans la partie amont du réseau déclenche le démarrage du groupe de
pompage.

 CNPP – FFA – DGSCGC 11


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

2.3.2.1 Les postes sous eau

Les postes sous eau sont les plus couramment installés. Sur ces systèmes, les
canalisations en amont et en aval du poste de contrôle sont sous pression d’eau.

Du glycol peut être ajouté en cas de risque de gel. Cet agent antigel ne correspond pas
à un émulseur ou un éventuel additif améliorant l’extinction.

F2.3.2.1a – Schéma de principe d’un poste sous eau

F2.3.2.1b – Exemple de poste sous eau

12  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

2.3.2.2 Les postes sous air

Les postes sous air sont notamment utilisés lorsqu’il y a des risques de gel ou lorsque
que la température peut excéder 95 °C. Sur ces postes, la partie aval du réseau est
sous air comprimé, la partie amont du poste restant sous eau. La pression d’air dans le
réseau est maintenue par un compresseur.

Lors d’un déclenchement de sprinkleurs, l’air présent dans le réseau doit être chassé
avant que l’eau n’arrive jusqu’à la tête sprinkleur ouverte.

F2.3.2.2a – Schéma de principe d’un poste sous air

F2.3.2.2a – Exemple de poste sous air

 CNPP – FFA – DGSCGC 13


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

2.3.2.3 Les postes alternatifs

Les postes alternatifs sont des postes de contrôle pour lesquels la partie en aval du
réseau est alternativement sous air et sous eau en fonction des saisons estivales et
hivernales. Du fait de l’augmentation des risques de corrosion, ces postes ne sont plus
proposés pour des projets neufs mais peuvent être rencontrés sur des installations
existantes.

2.3.2.4 Les postes à préaction

Les postes à préaction sont notamment utilisés afin d’éviter les dégâts des eaux en cas
d’ouverture intempestive d’une tête sprinkleur. Ces systèmes nécessitent en parallèle
la mise en place d’un dispositif de détection (détection automatique d’incendie ou
réseau pilote). Le réseau en aval du poste de contrôle est maintenu sous air et
l’envahissement des réseaux est asservi à une ou plusieurs détections.

Trois types de systèmes à pré-action existent :

• l’envahissement du réseau n’est possible qu’après le déclenchement du dispositif


de détection ;

• l’envahissement du réseau est possible après le déclenchement du dispositif de


détection ou l’ouverture d’une tête sprinkleur ;

• l’envahissement du réseau n’est possible qu’après le déclenchement du dispositif


de détection et l’ouverture d’une tête sprinkleur.

2.3.2.5 Les postes déluge

Une installation de type déluge est une installation dont le réseau de protection est
équipé de sprinkleurs ou pulvérisateurs ouverts, donc sans éléments thermosensibles.
L’envahissement des canalisations du réseau de protection par l’eau est commandé,
soit par un système de détection d’incendie, soit par un réseau pilote équipé de
sprinkleurs.

En complément, l’installation de type déluge doit pouvoir être actionnée


manuellement.

L’ouverture du poste de contrôle permet l’arrosage par tous les sprinkleurs raccordés
sur ce poste de contrôle. Le dimensionnement des sources d’eau se fait alors sur la
base de scénarios de déclenchements simultanés de postes de contrôle.

Les installations de ce type sont destinées à la protection de risques spéciaux où des


feux à développement rapide et intense sont à craindre. Pour ces types de feu, il est
nécessaire d’arroser immédiatement la totalité d’une zone déterminée.

Ce type de poste de contrôle peut également être utilisé pour la protection


d’équipements divers par refroidissement ou par formation d’un rideau d’eau.

14  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

2.3.3 Les réseaux

Les réseaux de canalisations permettent d’acheminer l’eau depuis les réserves


jusqu’aux têtes sprinkleurs.

F2.3.3 - Réseau sprinkleurs

Ces canalisations sont généralement en acier mais peuvent éventuellement être en


inox, en acier galvanisé ou en matière plastique (pour des risques faibles).

Les réseaux en aval des postes de contrôle sont généralement équipés de dispositifs
d’essai aux points hydrauliquement les plus défavorisés (parfois appelés « point F »)
simulant l’ouverture d’un sprinkleur et permettant de tester la mise en route du
système (alarmes et sources d’eau). Ces dispositifs sont constitués d’une vanne, d’un
manomètre et d’une tête sprinkleur ouverte donnant généralement sur l’extérieur.

Les réseaux sont également équipés de vannes de vidange permettant de vider le


réseau entre les postes de contrôle et les têtes sprinkleurs.

2.3.4 Les têtes sprinkleurs

La tête, ou sprinkleur, est l’élément terminal du système. C’est une buse fixée sur le
réseau et située au-dessus du volume à protéger. La tête est fermée par un obturateur
maintenu en place par un fusible ou une ampoule en verre. Dans le cas des systèmes
déluge, les têtes sont totalement ouvertes.

 CNPP – FFA – DGSCGC 15


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

F2.3.4a – Tête sprinkleur

La présence d’un foyer sous une tête sprinkleur fait monter la température de cette
dernière jusqu’à sa température de déclenchement où le fusible fond ; l’ampoule
éclate, libérant l’orifice et permettant le passage de l’eau.

F2.3.4b – Éclatement d’une ampoule

En fonction des risques à protéger, différents types de sprinkleurs peuvent être choisis.

Les sprinkleurs diffèrent en termes de type de diffusion de l’eau, de température ou de


rapidité de déclenchement de facteur K ou de position des têtes.

2.3.4.1 Type de diffusion de l’eau

La forme du diffuseur va générer l’orientation et la distribution de l’arrosage. Cela aura


donc des conséquences sur l’orientation du montage des sprinkleurs. Certains
sprinkleurs spéciaux (ESFR, CMSA) à arrosage spécifique sont validés en essais réels.

2.3.4.2 Température de déclenchement

La température de déclenchement d’une ampoule ou d’un fusible varie de 57 à 343 °C.


Usuellement, un code couleur est utilisé pour identifier rapidement les températures
de déclenchement (couleur du liquide contenu dans l’ampoule ou couleur des étriers
des fusibles). Le marquage de couleur n’est toutefois pas systématique, notamment
pour les fusibles.

Seuls les sprinkleurs situés directement au-dessus ou à proximité du feu se


déclencheront.

16  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

Dans le cas des têtes sprinkleurs équipées d’ampoule, lorsque qu’un incendie se
déclenche sous le sprinkleur, le liquide contenu dans l’ampoule de verre se dilate. À
une température prédéfinie, la dilatation du liquide entraînera la rupture de l’ampoule
de verre. Le réseau sprinkleurs n’est donc plus étanche et le système entre en action,
pulvérisant de l’eau sur l’incendie.

T2.3.4.1.2 – Températures de déclenchement et codes couleurs

Ampoules Fusibles

Température Température
Couleur du liquide Couleur de l’étrier
de déclenchement de déclenchement

57 °C Orange 57 - 77 °C Non coloré

68 °C Rouge 80 - 107 °C Blanc

79 °C Jaune 121 - 149 °C Bleu

93 - 100 °C Vert 163 - 191 °C Rouge

121 - 141 °C Bleu 204 - 246 °C Vert

163 - 182 °C Mauve 260 - 302 °C Orange

204 - 343 °C Noir 320 - 343 °C Noir

2.3.4.3 Rapidité de déclenchement

Les têtes sprinkleurs présentent des niveaux de sensibilité thermique différents


(inertie). La sensibilité dépend habituellement du diamètre de l’ampoule utilisée, du
fait notamment de la quantité de liquide à réchauffer à l’intérieur de l’ampoule. Un
diamètre d’ampoule réduit correspond à un temps de réponse réduit et inversement.

La rapidité de déclenchement des têtes sprinkleurs est caractérisée par le Response


Time Index (RTI) exprimé en (m.s)1/2.

2.3.4.4 Facteur K

Les têtes sprinkleurs sont caractérisées par un facteur K. Cette valeur permet de lier le
débit de la tête (en l/min, pour les unités internationales1) à la pression d’alimentation
en eau (en bar, pour les unités internationales) à l’aide de la formule suivante :
Q=K P

Cette valeur est notamment liée au diamètre de l’orifice de la tête sprinkleur (le
facteur K augmente avec le diamètre), elle correspond à la valeur du débit des têtes
sprinkleurs (en l/min) à 1 bar.

1 Dans certains cas, les facteurs K peuvent être exprimés avec les unités américaines (gpm/(psi)1/2). Ils permettent

alors d’obtenir un débit en gallons par minute.

 CNPP – FFA – DGSCGC 17


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

Les facteurs K les plus fréquemment utilisés sont K57, K80, K115 voire K160 à 360. Par
conséquent, à une pression d’environ 9 bar, le débit instantané d’une tête sprinkleur
en K80 atteint 240 l/min.

2.3.4.5 Position des têtes

Selon les modèles, les têtes sprinkleurs doivent être installées verticalement « vers le
haut » (têtes up ou upright), verticalement « vers le bas » (têtes « p » ou « pendant »)
ou encore horizontalement (têtes « h »).

T2.3.4 - Les différents types de têtes sprinkleurs

Type de tête Caractéristiques

Les sprinkleurs conventionnels sont conçus pour produire une


projection d’eau dans toutes les directions, une partie de
Sprinkleurs conventionnels l’eau étant projetée au plafond.
Ces têtes sont aujourd’hui rarement mises en place sur des
nouvelles installations.

Les sprinkleurs spray sont conçus pour produire une


Sprinkleurs spray projection d’eau uniquement vers le bas.

Les sprinkleurs ELO (Extra Large Orifice) sont des sprinkleurs


spray permettant d’atteindre des débits plus importants
Sprinkleurs ELO (facteur K plus élevé).

Les sprinkleurs muraux sont conçus pour produire une


projection d’eau horizontale. Ils peuvent être montés soit
Sprinkleurs muraux verticalement soit horizontalement selon les modèles et être
montés le long des murs ou cloisons.

Les têtes sprinkleurs ESFR (Early Suppression Fast Response)


sont conçues pour répondre rapidement à un feu en
Sprinkleurs ESFR développement et pour produire une projection d’eau
violente dans le but de supprimer le feu.

Les têtes sprinkleurs grosses gouttes (ou CMSA pour Control


Sprinkleurs grosses gouttes Mode Special Application) sont conçues pour produire un
CMSA débit important à travers les courants de gaz ascendants
produits par l’incendie.

18  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

2.3.5 Autres installations associées au système sprinkleurs

Selon les installations, d’autres équipements peuvent être raccordés aux systèmes
sprinkleurs en partageant les réserves, les pompes ou les réseaux.

2.3.5.1 Robinets d’incendie armés (RIA), postes d’incendie additivés (PIA)

Lorsqu’un site dispose d’une installation sprinkleurs, les RIA et PIA sont habituellement
associés à l’installation dont ils partagent la source d’eau. Ces équipements disposent
généralement d’un poste de contrôle dédié.

L’installation est dimensionnée pour assurer simultanément le fonctionnement du


sprinkleur et des RIA/PIA (surdimensionnement des pompes et des réserves d’eau)
pendant une durée limitée (généralement 20 min).

2.3.5.2 Défense extérieure contre l’incendie (poteaux incendie, bouches incendie)

Les réseaux d’eau privés alimentant des hydrants sont parfois raccordés directement à
une source sprinkleurs. Dans ce cas, lors de la conception de l’installation, il est
déterminé les conditions d’utilisation des hydrants permettant d’assurer le
fonctionnement simultané des deux systèmes. Ces conditions peuvent notamment
correspondre à une valeur maximale de débit à utiliser à partir des hydrants afin de ne
pas remettre en cause le fonctionnement du système sprinkleurs.

Ces limitations peuvent également apparaître dans le cas des systèmes sprinkleurs
raccordés directement sur un réseau de distribution d’eau. Dans ce cas, la limitation
concernera les hydrants privés et publics raccordés au réseau.

2.3.5.3 Systèmes à mousse (bas foisonnement, moyen foisonnement, haut foisonnement)

Les systèmes d’extinction automatique à mousse, principalement utilisés pour les feux
de liquides, peuvent être associés au système sprinkleurs. Ces systèmes sont
généralement assimilés à des postes déluge et dotés d’un système d’injection
d’émulseur ainsi que d’une réserve d’émulseur.

En fonction des scénarios accidentels pris en compte lors de la conception de


l’installation, les sources peuvent, ou non, être dimensionnées pour assurer le
fonctionnement simultané du sprinkleur et d’un ou plusieurs systèmes à mousse.

2.3.5.4 Systèmes de protection à eau (couronnes de refroidissement, rideaux d’eau,


irrigation de murs, etc.)

D’autres systèmes de protection à eau peuvent, le cas échéant, être associés au


système sprinkleurs. Ces systèmes sont généralement assimilés à des postes déluge.

En fonction des scénarios accidentels pris en compte lors de la conception de


l’installation, les sources peuvent être dimensionnées pour assurer le fonctionnement
simultané du système sprinkleurs et d’un ou plusieurs systèmes de protection
complémentaires.

 CNPP – FFA – DGSCGC 19


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

2.4 Principaux référentiels


Le dimensionnement et la conception des systèmes sprinkleurs n’est pas encadrée par
la réglementation actuelle. Dans ce contexte, les installateurs peuvent s’appuyer sur
des référentiels reconnus.

Les référentiels les plus couramment utilisés en France sont :

• la norme NF EN 12845 Installations fixes de lutte contre l’incendie – Systèmes


d’extinction automatique du type sprinkleur ;

• le référentiel APSAD R1 Extinction automatique à eau de type sprinkleur – Règle


d’installation ;

• les référentiels NFPA


− NFPA 13 Standard for the Installation of Sprinkler Systems
− NFPA 20 Standard for the Installation of Stationary Pumps for Fire Protection
− NFPA 22 Standard for Water Tanks for Private Fire Protection
− NFPA 25 Standard for the Inspection, Testing, and Maintenance of Water-Based
Fire Protection Systems
− NFPA 30B Code for the manufacture and storage of aerosol products
− NFPA 30 Flammable and Combustible Liquids Code

• la règle FM Data Sheet 2-0 Guide d’installation des réseaux sprinkleurs ;

• la règle FM Data Sheet 4-12 Foam-water sprinkler systems ;

• la règle CEA 4001 Sprinkler systems – Planning and installation.

En l’absence d’obligation réglementaire, installateurs et exploitants sont libres d’opter


pour l’un ou l’autre des référentiels, voire, dans certains cas, d’utiliser leurs propres
référentiels internes (cas notamment de grands groupes industriels) ou en dehors de
tout référentiel.

2.5 Critères de dimensionnement


Quel que soit le référentiel utilisé pour le dimensionnement et la conception de
l’installation, il est fondamental de rappeler qu’un système sprinkleurs est une
installation « sur mesure » conçue pour protéger un risque spécifique.

L’analyse du risque permet de définir certains paramètres de l’installation,


notamment :

• la densité d’eau
La densité théorique correspond à la densité minimale d’eau à déverser en litres par
mètre carré de plancher et par minute (exprimée en l/m2/min). Cette densité d’eau
doit être assurée par l’installation, quelle que soit la localisation de l’incendie dans le
risque protégé. Associée à la surface impliquée, elle permet le dimensionnement du
système sprinkleurs. La densité varie en fonction du risque protégé de 2,25 l/m2/min
pour les risques les plus faibles à 30 l/m2/min et plus, pour les plus importants ;

20  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

• la surface impliquée
La surface impliquée théorique correspond à une surface de sprinkleurs déclenchés
simultanément sur laquelle on doit assurer, par conception, la densité théorique
requise. La surface impliquée est une surface théorique utilisée pour le
dimensionnement du système sprinkleurs par calculs hydrauliques. La surface
impliquée varie en fonction du risque protégé de 72 m2 pour les risques faibles, à
360 m2 pour les risques les plus importants ;

• la durée de fonctionnement théorique


La durée de fonctionnement théorique de l’installation est définie en fonction du
risque. Elle peut varier de 30 min à 1 h 30, voire plus. Cette durée reste théorique car
elle se base sur l’application de la densité sur la surface impliquée. Une sollicitation
plus faible du système (trois têtes ouvertes par exemple) pourra entraîner une durée
de fonctionnement plus importante ;

• l’agent extincteur utilisé (eau ou eau dopée)


En fonction des équipements et produits à protéger, l’agent extincteur peut être de
l’eau seule ou de l’eau dopée (eau et émulseur). Dans ce dernier cas, une réserve
d’émulseur et un système d’injection permettent de réaliser le mélange au niveau du
poste de contrôle ;

• le type de têtes sprinkleurs à mettre en place


La nature du risque à protéger peut, dans certains cas, imposer la mise en place d’un
type de tête sprinkleur particulier ;

• la surface maximale couverte par une tête


En fonction du risque, la surface maximale couverte par une tête sprinkleur peut
évoluer. Pour les risques les plus importants, la surface couverte par une tête sera
réduite, permettant ainsi de disposer d’un nombre de têtes plus important sur une
même surface à protéger.

Cette analyse de risque, indépendamment du référentiel utilisé, peut prendre en


compte les facteurs suivants :

• l’activité ;

• la nature des produits combustibles ;

• le conditionnement des matières combustibles ;

• le mode de stockage ;

• la hauteur de stockage.

Un système sprinkleurs est conçu pour protéger un risque spécifique. Si l’un des
paramètres listés précédemment évolue, la protection apportée par le système
sprinkleurs ne sera plus nécessairement adaptée. Le suivi du risque par l’exploitant est
donc fondamental pour s’assurer du maintien de l’adéquation du système sprinkleurs
dans le temps.

 CNPP – FFA – DGSCGC 21


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

2.6 Maintenance
et contrôles périodiques
Afin de garantir le bon fonctionnement des équipements, ceux-ci doivent faire l’objet
d’un entretien, d’une maintenance et de contrôles périodiques appropriés. Les
référentiels d’installation peuvent définir les types de contrôles et d’essais à effectuer.

Les opérations de maintenance et les contrôles périodiques sont réalisés sous la


responsabilité de l’exploitant.

22  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

3. Prise en compte
du sprinkleur dans le cadre
de l’intervention
Les recommandations formulées dans ce chapitre représentent les bonnes pratiques
liées à l’intervention en cas d’incendie dans les bâtiments sprinklés. Ces
recommandations sont présentées de façon chronologique :

• avant l’incendie (organisation, prévision et planification opérationnelles) ;

• pendant l’incendie (intégration du sprinkleur dans la stratégie d’intervention) ;

• après l’incendie (gestion de l’après sinistre).

Elles ne peuvent toutefois pas être considérées comme des règles strictes et doivent
être adaptées au contexte local et à la situation.

3.1 Organisation, prévision


et planification opérationnelles
3.1.1 Organisation des exploitants

La gestion d’un incendie repose sur les actions prises par les intervenants mais
également sur l’organisation mise en place par l’exploitant afin de disposer des
ressources nécessaires aux opérations de secours.

Dans ce contexte, un site sprinklé peut intégrer à son organisation certains éléments
permettant de faciliter la mise en œuvre des recommandations opérationnelles
détaillées dans le § 3.2.

3.1.1.1 Levée de doute (en cas de présence permanente de personnel sur le site)

Pour les sites disposant d’une présence permanente de personnel, il est recommandé
de mettre en place une étape de levée de doute en cas d’alarme sprinkleur (ou de
détection automatique), afin de confirmer la présence d’un incendie avant d’alerter les
secours.

Cette levée de doute est également importante pour identifier un déclenchement


intempestif et limiter un dégât des eaux.

 CNPP – FFA – DGSCGC 23


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

3.1.1.2 Définir les modalités d’alerte

Afin d’assurer une information rapide et précise des services d’incendie et de secours,
il est recommandé, pour chaque site sprinklé, de définir les modalités d’alerte (par
exemple : la conduite à tenir en cas d’alarme sprinkleur, la personne chargée d’alerter
les secours).

L’appel initial peut éventuellement être complété par un contre-appel permettant


d’apporter des précisions sur l’évènement en cours, voire d’annuler la mobilisation des
secours (en cas de déclenchement intempestif du système sprinkleurs par exemple).

3.1.1.3 Astreinte technique

L’accueil des secours, la transmission des informations relatives au sprinkleur et la


manipulation des différents éléments du système sprinkleurs nécessitent une bonne
connaissance de l’installation sprinkleurs.

Il est donc fondamental de disposer, en tout temps, de personnel apte, formé et


habilité à la manipulation du système sprinkleurs. Au minimum, une personne doit
être disponible en permanence sur le site (ou éventuellement en astreinte).

3.1.1.4 Actions du personnel sur le système sprinkleurs dès le début de l’incendie

Les consignes du site en cas d’incendie peuvent préciser les vérifications à effectuer
sur le système sprinkleurs dès la réception d’une alarme (témoin, détection
automatique, alarme sprinkleurs, etc.). Ces vérifications peuvent notamment
concerner les pompes, les postes de contrôle et les réseaux de canalisation. Les actions
possibles sont détaillées au § 3.2.3.

3.1.1.5 Suivi du système sprinkleurs en cours de fonctionnement

Au cours de l’incendie, le suivi du système sprinkleurs doit être assuré par l’exploitant.

Une personne apte, formée et autorisée aura notamment pour tâche de suivre la
pression (et éventuellement le débit) en sortie de pompe, les volumes d’eau et
d’émulseur.

Une personne apte, formée et autorisée sera également chargée, en concertation avec
le personnel d’intervention, d’isoler le poste sprinkleurs dès que nécessaire.

3.1.1.6 Gestion de l’indisponibilité du système

Afin de s’assurer de la prise en compte des indisponibilités du système sprinkleurs, il


est recommandé d’intégrer la gestion des indisponibilités dans les procédures du site.

Ces procédures devront définir les modalités d’information ainsi que les consignes
spécifiques lors de l’indisponibilité du système sprinkleurs. Les recommandations
relatives à la gestion des indisponibilités du système sprinkleurs sont formalisées au
§ 3.1.4.

24  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

3.1.1.7 Gestion des eaux d’extinction

Afin de limiter les risques de pollution liée aux eaux d’extinction, il est recommandé
aux exploitants de mettre en place des moyens techniques permettant de retenir les
eaux d’extinction sur le site. En présence de ces moyens, des consignes devront définir
les actions à mettre en œuvre pour assurer la mise sur rétention du site.

3.1.1.8 Entretien, maintenance et vérifications périodiques

En dehors de l’aspect opérationnel, l’exploitant assure la maintenance et l’entretien du


système, selon les prescriptions applicables. Il est également important d’assurer le
suivi des risques protégés par le système sprinkleurs afin d’identifier des évolutions
susceptibles de remettre en cause l’efficacité du système (évolutions des matières
stockées, du mode de stockage, de la hauteur de stockage, du conditionnement, etc.).

3.1.2 Fiche technique du système sprinkleurs

La gestion d’une intervention sur un site sprinklé nécessite de disposer d’informations


techniques pour prendre en compte le système sprinkleurs dans la stratégie
d’intervention. Ces informations doivent être disponibles en cas d’incident.

Il est donc recommandé de mettre en place une fiche technique opérationnelle du


système, rassemblant les informations utiles sur un support accessible et facilement
exploitable.

Ce document pourra contenir les éléments suivants :

• un plan synthétique du site intégrant


− les zones sprinklées,
− les autres installations d’extinction automatique (installations à gaz, brouillard
d’eau, mousse haut foisonnement, etc.),
− localisation des postes de contrôle,
− localisation de la pomperie,
− localisation de la réserve d’eau du système sprinkleurs,
− modalités d’accès aux locaux techniques du système sprinkleurs ainsi qu’aux zones
protégées,
− plan du réseau incendie et des RIA si ces systèmes sont reliés au système
sprinkleurs ;

• les caractéristiques du système sprinkleurs pour chaque zone protégée


− risque protégé,
− densité et surface impliquée,
− type de poste de contrôle (sous eau, sous air, déluge, pré-action, etc.) ;

• les caractéristiques des pompes


− courbe de pompe,
− pression correspondant à 150 % des capacités de la pompe pour la zone la plus
défavorable,
− moyens permettant de suivre le niveau de la réserve,
− lien entre la défense extérieure contre l’incendie et le système sprinkleurs
(alimentation commune ou séparée),
− réseau incendie alimenté par la pomperie du système sprinkleurs ou indépendant,

 CNPP – FFA – DGSCGC 25


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

− présence d’une réserve d’eau sprinkleurs ou alimentation directement sur le réseau


d’eau public,
− volume d’eau de la réserve d’eau du système sprinkleurs prévu pour la défense
extérieure contre l’incendie (DECI),
− débit prévu pour la DECI à partir des poteaux incendie ou du réseau public
permettant d’assurer le fonctionnement du sprinkleur et le DECI simultanément ;

• les actions réflexes à mener dès le début de l’évènement ;

• les scénarios définis pour les systèmes déluge ;

• les actions permettant d’assurer la rétention des eaux d’extinction.

Afin de faciliter l’utilisation de ce document, il convient de se limiter à une feuille


recto-verso A4 (ou éventuellement A3) et de présenter les informations de façon
synthétique. Ce document devra être accessible en permanence et mis à disposition
des services d’incendie et de secours à leur arrivée sur site. Il peut éventuellement être
présent dans le local des pompes ou bien être affiché à l’extérieur de ce même local.

Lorsque l’exploitant dispose d’un plan d’urgence (plan d’opération interne ou plan de
défense incendie), les différents documents et procédures mentionnés précédemment
peuvent avantageusement être intégrés à ce document.

3.1.3 Prévision et planification opérationnelles

Les pratiques des services d’incendie et de secours en matière de prévision et de


planification peuvent varier d’un département à l’autre, notamment en ce qui
concerne la mise en place de plans ÉTARE (Établissement répertorié). Aucune règle
générale ne peut donc être énoncée.

Toutefois, il est important que l’exploitant puisse, à la demande des services


d’incendie et de secours, transmettre les informations relatives au système
sprinkleurs. Ces informations peuvent notamment être demandées dans le cadre de
l’élaboration d’un plan ÉTARE ou d’un POI (plan d’opération interne).

Les informations relatives au système sprinkleurs nécessaires pour la prévision et la


planification doivent être définies en concertation avec le service d’incendie et de
secours. Elles peuvent notamment intégrer les éléments suivants :

• les plans des zones sprinklées ;

• les activités et produits dangereux dans les zones sprinklées ;

• le lien entre la DECI et le système sprinkleurs ;

• les localisations des réserves, des pompes et des postes ;

• le volume des réserves d’eau et d’émulseur ;

• la densité et la surface impliquée pour chaque poste ;

• l’astreinte technique (numéro de téléphone).

26  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

3.1.4 Gestion des indisponibilités

Les systèmes sprinkleurs peuvent être temporairement indisponibles, totalement ou


partiellement, pour des raisons de maintenance (préventive ou curative) ou après le
déclenchement du système. Lors de ces périodes, l’absence d’un moyen de protection
incendie entraîne une aggravation du niveau de risque incendie du bâtiment ou de la
zone concernée.

Afin de gérer cette situation dégradée, il est nécessaire de mettre en place des
mesures compensatoires permettant de maintenir un niveau de risque incendie
acceptable.

Les mesures, définies par l’exploitant et sous sa responsabilité, sont à adapter aux
risques et aux enjeux du site. Elles peuvent être divisées en deux catégories :

• les mesures de prévention permettent d’éviter l’apparition d’un incendie


(exemple : interdiction des travaux par point chaud, arrêt temporaire de procédés
à risque, etc.) ;

• les mesures de protection permettent de lutter rapidement et efficacement contre


un incendie (exemple : surveillance humaine, mise en place d’autres moyens
d’extinction, etc.).

En complément des mesures compensatoires, il est également recommandé


d’informer les différents acteurs de la prévention et de la protection incendie de
l’indisponibilité du système sprinkleurs. Dans la mesure du possible, cette information
doit se faire avant l’indisponibilité (notamment dans le cadre des indisponibilités liées
à la maintenance et aux vérifications périodiques du système).

Les modalités d’information peuvent être encadrées par les référentiels techniques
mais de façon générale, les acteurs suivants peuvent être informés :

• l’assureur ;

• le service d’incendie et de secours ;

• l’autorité administrative selon la réglementation applicable au site (inspection des


installations classées pour la protection de l’environnement, maire, inspection du
travail, etc.) ;

• la société de télésurveillance (si existante) ;

• les salariés travaillant dans la zone couverte par le ou les postes indisponibles.

Les modalités d’informations (écrite/orale, systématique/non systématique, etc.) sont


à définir avec chaque acteur. Les informations à transmettre sont les suivantes :

• la date du début de l’indisponibilité ;

• la durée prévue de l’indisponibilité ;

• la cause (maintenance, casse, etc.) et la nature (partielle/totale) de


l’indisponibilité ;

 CNPP – FFA – DGSCGC 27


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

• les mesures compensatoires mises en œuvre.

À l’issue de l’indisponibilité, la remise en service doit systématiquement être notifiée


aux acteurs qui ont été informés de l’indisponibilité.

3.2 Prise en compte du système


sprinkleurs au cours de l’intervention
3.2.1 Alerte des secours

Pour les bâtiments sprinklés, les principales informations à transmettre aux services
d’incendie et de secours lors de l’alerte restent les mêmes que dans le cas général
(identification de l’appelant, nature de l’évènement, localisation de l’évènement,
actions en cours, etc.).

Toutefois, il peut être nécessaire de préciser, lors de l’alerte des secours extérieurs :

• le déclenchement ou non de l’installation sprinkleurs ;

• l’indisponibilité éventuelle du système sprinkleurs (ou, le cas échéant, d’autres


systèmes, par exemple pour les hydrants) ;

• la localisation précise de l’incendie en fonction des alarmes du ou des postes de


contrôle ouverts.

Dans le cadre des sites sprinklés, il est recommandé à l’exploitant de l’établissement


de procéder, dans la mesure du possible (notamment pour les sites disposant de
personnel sur place en permanence), à une levée de doute afin de confirmer la nature
de l’évènement et d’éviter de solliciter les services de secours pour des
déclenchements de l’installation non liés à un incendie (bris d’ampoules, fuites sur le
réseau, etc.).

L’alerte doit faire l’objet de consignes et de procédures internes permettant d’assurer


la transmission des informations nécessaires aux services d’incendie et de secours.
Pour rappel, la consigne incendie définie à l’article R.4227-37 du Code du travail doit
notamment définir les modalités d’alerte.

3.2.2 Accueil des secours

L’accueil des secours extérieurs est une étape cruciale des interventions en cas
d’incendie dans les établissements industriels ou recevant du public. Elle doit
permettre de guider les secours et de leur transmettre les informations nécessaires à
la mise en place des premières mesures.

L’accueil des secours extérieurs doit être assuré en tout temps par une personne
physique faisant partie de l’établissement ou éventuellement par un prestataire
(société de sécurité privée notamment) formé et habilité par l’exploitant.

En termes d’informations à transmettre aux secours extérieurs lors de leur arrivée,


deux niveaux d’information peuvent être distingués.

28  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

3.2.2.1 Informations à transmettre au chef d’agrès

Les informations transmises au chef d’agrès (sapeur-pompier prenant la fonction de


commandant des opérations de secours à l’arrivée du premier véhicule) permettent de
définir les premières actions mises en œuvre par les services de secours extérieurs. Il
est recommandé de transmettre ces informations de façon systématique dès l’arrivée
des secours extérieurs.

Les informations suivantes peuvent être transmises par l’exploitant :

• la couverture de la zone concernée par l’installation sprinkleurs ;

• l’état de l’installation (en fonctionnement, à l’arrêt, indisponible, etc.) ;

• le type de risque protégé (stockage, activité, présence de produits dangereux) ;

• l’état de l’évacuation de la zone concernée.

3.2.2.2 Informations à transmettre au chef de groupe ou chef de colonne

Des informations plus détaillées peuvent être tenues à disposition des chefs de groupe
et des chefs de colonne (officier prenant la fonction de commandant des opérations de
secours en présence de plusieurs véhicules d’intervention), afin d’élaborer les
stratégies d’intervention lors d’évènements de plus grande ampleur.

Les informations supplémentaires suivantes peuvent être transmises par l’exploitant


(en complément de la fiche technique du système définie au § 3.1.2) :

• le poste sprinkleurs concerné ;

• les zones protégées ou non protégées et leurs séparations (murs coupe-feu


notamment) ;

• le lien entre les hydrants et le système sprinkleurs (pomperie commune, réserves


communes, limites d’utilisation de la DECI) ;

• la présence ou non de personnel formé et habilité au niveau du poste et de la


pomperie ;

• le suivi de la pression au manomètre de refoulement (suivi de la pression au poste


de contrôle, valeur de la pression à 150 % des capacités de la pompe) ;

• le suivi du niveau de la réserve d’eau du système sprinkleurs ;

• le suivi du niveau d’émulseur ;

• le suivi du niveau de carburant des éventuels moteurs diesel.

3.2.3 Actions manuelles sur le système sprinkleurs

Les défaillances techniques, si elles restent peu fréquentes, peuvent concerner les
différents composants du système sprinkleurs (réserve d’eau, pompes, canalisations,
postes de contrôle, alarme et têtes). La présence de personnel formé et habilité sur le

 CNPP – FFA – DGSCGC 29


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

site peut, dans certains cas, permettre d’agir manuellement sur le système afin
d’améliorer sa fiabilité.

Les intervenants peuvent notamment agir sur les points suivants, dès le départ de feu
ou au cours du fonctionnement du système sprinkleurs.

3.2.3.1 Actions dès le départ de feu

• Pompes, démarrage manuel


Les premiers intervenants peuvent vérifier le démarrage automatique des groupes
pompes. En cas de non fonctionnement du ou des groupes, le démarrage manuel ou
d’urgence peut être utilisé.

• Postes, ouverture manuelle


Les premiers intervenants peuvent vérifier l’ouverture de la vanne de sectionnement
du poste de contrôle concerné. Si celle-ci n’est pas ouverte, une ouverture manuelle
peut être effectuée, sous réserve que cette fermeture ne soit pas justifiée par des
travaux en cours.

• Réseaux, ouverture manuelle


Dès le début de l’incendie, les premiers intervenants peuvent vérifier l’ouverture
complète des vannes du réseau (de la source jusqu’au poste de contrôle). Si certaines
vannes sont fermées ou seulement partiellement ouvertes, les intervenants peuvent
les ouvrir complètement, sous réserve que la fermeture de vanne ne soit pas justifiée
par des travaux en cours.

• Poste déluge, pilotage manuel


L’ouverture du poste déluge manuellement peut être effectuée par du personnel de
l’exploitant à l’aide des commandes manuelles avant le pilotage automatique par la
détection incendie.

L’efficacité de ces actions reste cependant liée à leur délai de mise en œuvre. En effet,
lors d’un démarrage manuel ou d’urgence d’un groupe motopompe n’ayant pas
démarré automatiquement, la pompe pourrait ne pas être en mesure d’alimenter le
système si le nombre de têtes ouvertes est supérieur au nombre théorique de têtes
pour lequel est dimensionné le système. Ces actions sont donc préférentiellement du
ressort de l’exploitant.

3.2.3.2 Actions au cours du fonctionnement du système sprinkleurs

• Pompes, by-pass du filtre de refroidissement


Les moteurs diesel des groupes motopompes sont généralement refroidis à l’eau sous
pression en aval des pompes. En cas de surchauffe (cas d’un filtre encrassé), il est
possible de by-passer le filtre du système de refroidissement afin d’améliorer le
refroidissement et éviter une casse. Ce by-pass est constitué d’une vanne manuelle.

• Pompes, remplissage du réservoir de gazole


L’autonomie du système sprinkleurs peut être limitée par le réservoir de carburant du
moteur diesel. Il convient donc d’assurer au cours de l’intervention le suivi des niveaux
de carburant. Dans le cas où le niveau de carburant serait bas sans que la réserve
d’eau soit consommée, il est possible de compléter le contenu du réservoir au cours de
l’intervention.

30  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

• Postes déluge supplémentaires


Au cours de l’intervention, il est possible de déclencher manuellement l’ouverture de
postes déluge supplémentaires. Toutefois, le nombre de postes pouvant être
déclenchés simultanément est donné par les scénarios de conception initiaux des
sources d’eau. De manière générale, il est recommandé de ne pas déclencher plus de
postes de contrôle que ceux prévus par le scénario ayant servi au dimensionnement de
la protection pour la zone en feu.

3.2.4 Désenfumage

Le désenfumage a pour objectif, en évacuant les fumées d’incendie vers l’extérieur, de :

• faciliter l’évacuation des locaux ;

• limiter la propagation de l’incendie ;

• faciliter l’intervention des secours extérieurs.

Dans le cadre des bâtiments sprinklés, l’utilisation du désenfumage est susceptible


d’avoir un impact négatif sur l’installation d’extinction automatique à eau (des études
sont actuellement en cours pour quantifier l’impact du désenfumage).

De façon générale, deux types d’effets sont redoutés.

• Le retardement du déclenchement des têtes sprinkleurs


L’évacuation des fumées de combustion vers l’extérieur peut éventuellement retarder
l’ouverture des têtes en limitant la montée en température à l’intérieur du bâtiment.
L’arrosage interviendrait alors de manière différée, sur un feu dont la puissance a
augmenté.

• La déviation des fumées


Les mouvements aérauliques générés par le désenfumage sont susceptibles de dévier
les fumées et ainsi de déclencher des têtes sprinkleurs qui ne seraient pas situées au-
dessus du feu.

Dans ce cadre, il est recommandé d’utiliser le désenfumage naturel après le


déclenchement du système sprinkleurs afin de ne pas perturber l’ouverture des
premières têtes.

Lors de l’utilisation d’un système de désenfumage naturel, il est rappelé l’importance


d’ouvrir les ouvrants en partie haute (trappes de désenfumage ou ouvrants en façade)
ainsi que les ouvrants en partie basse (portes, portes de quai, fenêtres).

3.2.5 Engagement de personnel d’intervention à l’intérieur


des bâtiments sprinklés

Le refroidissement réalisé par un système sprinkleurs à l’intérieur d’un bâtiment est un


atout majeur pour l’engagement de personnel à l’intérieur du bâtiment, notamment
en termes de sécurité. Le fonctionnement du système sprinkleurs permet de limiter
l’intensité de l’incendie, sa propagation, la température à l’intérieur du local et les
fumées de combustion. Toutefois, il engendre une déstratification des fumées
(formation de « fumées froides » ou de brouillard par la vapeur refroidie), réduisant la

 CNPP – FFA – DGSCGC 31


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

visibilité et produisant un niveau sonore potentiellement inconfortable (gong


d’alarme, bruit généré par la diffusion d’eau sous pression).

L’engagement de personnel dans un bâtiment nécessite une analyse globale de la


situation. Le fonctionnement du système sprinkleurs permet d’allonger ce temps
d’analyse en contenant ou ralentissant le développement de l’incendie.

De manière générale, le système sprinkleurs ne doit pas être arrêté dans le but
d’améliorer la visibilité en rétablissant la stratification des fumées par le feu. En effet,
l’arrêt du système sprinkleurs signifie le rétablissement de l’évolution exponentielle du
feu, ce qui peut mettre en péril les éventuels intervenants.

3.2.5.1 Indicateurs extérieurs pour l’évaluation de la situation

La décision d’engager du personnel d’intervention à l’intérieur d’un bâtiment sprinklé


peut notamment s’appuyer sur l’observation de certains indicateurs permettant
d’évaluer la situation à l’intérieur du bâtiment. Ces indicateurs ne sont en aucun cas
des critères absolus mais permettent, dans le cadre d’une analyse globale de la
situation, de définir la stratégie d’intervention.

Au cours de l’intervention, le suivi de la pression en sortie de pompe (ou au niveau du


poste de contrôle) peut donner des indications sur l’évolution de la situation à
l’intérieur du bâtiment. Ces indications doivent toutefois être utilisées avec prudence
et doivent être complétées par une analyse globale de la situation.

Les éléments à observer sont les suivants :

• une pression stable pendant plusieurs minutes indique qu’aucun sprinkleur


supplémentaire ne s’est ouvert pendant ce délai. La situation est donc stable et
indique, si le délai est représentatif, un feu contrôlé par le système sprinkleurs ;

• une pression instable (décroissante) indique que des têtes sprinkleurs


supplémentaires s’ouvrent. Cela peut indiquer un incendie en cours de
propagation et non contrôlé, pour l’instant, par le système sprinkleurs. Une
pression instable ne présage pas systématiquement de l’inefficacité du système
car la pompe peut encore être en capacité de fournir débit et pression aux têtes
sprinkleurs ouvertes ;

• une pression faible (inférieure à la pression correspondant à 150 % des capacités


de la pompe) indique généralement un dépassement des capacités de la pompe et
un débit faible au niveau des têtes sprinkleurs. Une pression faible ne présage pas
systématiquement de l’inefficacité du système. Dans le cadre de l’intervention,
cette sollicitation trop importante de la pompe peut engendrer une défaillance de
la pompe au cours de l’intervention.

L’observation des exutoires de fumées ouverts peut également apporter des éléments
afin d’évaluer la situation à l’intérieur du bâtiment sprinklé :

• l’absence ou un faible volume de fumées s’échappant par les exutoires peuvent


indiquer un incendie contrôlé par le système sprinkleurs. L’action du système
entraîne en effet un refroidissement important et donc une déstratification des
fumées à l’intérieur des bâtiments. Celle-ci limitera les dégagements de fumées
par les exutoires en partie haute ;

32  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

• d’importantes fumées d’incendie (noires) et/ou flammes s’échappant des


exutoires naturels indiquent que l’incendie n’est pas, ou pas encore, contrôlé par
le système sprinkleurs. Ces phénomènes sont liés à une stratification des fumées
et correspondent à un faible refroidissement par le système sprinkleurs à
l’intérieur du bâtiment.

Désenfumage mécanique
Attention, dans le cas de désenfumage mécanique, les fumées observées peuvent être froides. Aucune
conclusion ne peut alors être apportée quant à l’inefficacité du système.

Par ailleurs, les niveaux d’eau de la réserve d’eau et le niveau de gasoil dans le
réservoir du moteur thermique permettent une estimation du temps pendant lequel le
système va pouvoir encore fonctionner sans intervention humaine. Généralement,
cela confirme l’absence d’urgence à prendre la décision de pénétrer dans le bâtiment.

3.2.5.2 Recommandations pour la pénétration des bâtiments

Lors de l’engagement de personnel d’intervention à l’intérieur d’un bâtiment sprinklé


(reconnaissance, extinction, sauvetage, etc.), plusieurs recommandations peuvent être
formulées.

• Risques liés à la présence d’aérosols ou de produits chimiques


Ces éléments peuvent engendrer une évolution subite de la situation, notamment si
les moyens de protection complémentaires au système sprinkleurs n’ont pas été
intégrés (cages grillagées, rétentions).

• Ligne guide et protection respiratoire


Comme toute progression dans un milieu clos et présentant une visibilité limitée ou
évolutive, il est fortement recommandé l’utilisation d’appareils respiratoires isolants
(ARI) et de lignes guides (ou autres moyens reliant les intervenants à l’extérieur du
bâtiment).

• Caméra thermique
L’utilisation de caméra thermique est recommandée pour faciliter la progression dans
les locaux malgré la présence de fumée et de vapeur d’eau. Cet équipement permet
également de repérer plus facilement l’incendie avec le système sprinkleurs en
fonctionnement.

• Désenfumage
La visibilité peut être améliorée par l’utilisation du désenfumage naturel. Du fait de la
déstratification des fumées générée par le système sprinkleurs (« fumées froides »), il
est important d’ouvrir les ouvrants en partie haute (trappes de désenfumage, ouvrants
en façade) et en partie basse (portes, fenêtres, portes de quai, etc.). Les
recommandations liées au désenfumage sont détaillées au § 3.2.4.

• Reconnaissance en dehors des projections d’eau du système sprinkleurs


Dans la mesure du possible, il est recommandé de procéder aux opérations à
l’intérieur du bâtiment en se positionnant en dehors de la zone sur laquelle le système
sprinkleurs projette de l’eau.

• Attaque du feu à distance, système sprinkleurs en fonctionnement


L’arrosage des têtes sprinkleurs étant localisé, les premières opérations d’extinction
peuvent être menées avec les intervenants en dehors de la zone d’arrosage.

 CNPP – FFA – DGSCGC 33


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

De façon générale, l’engagement de personnel dans un bâtiment ne nécessite pas


l’isolement du poste sprinkleurs concerné.

Cas des systèmes déluge


Les systèmes déluge ont la particularité d’arroser une zone potentiellement plus importante que la zone
de l’incendie. Il reste toutefois recommandé d’intervenir en maintenant le système en fonctionnement.

3.2.6 Arrêt du système sprinkleurs ou isolement d’un poste de contrôle


3.2.6.1 Les risques liés à l’isolement d’un poste de contrôle ou à l’arrêt
du système sprinkleurs

Dans un premier temps, il convient de rappeler les risques liés à l’isolement d’un poste
sprinkleurs en cours d’intervention.

• Augmentation exponentielle de l’intensité d’un incendie si celui-ci n’est pas éteint


Les systèmes sprinkleurs sont conçus pour contenir un incendie, l’arrêt de ce système
présente un risque d’augmentation de l’intensité de l’incendie qui pouvait jusque-là
être contenu par le système. Ce phénomène est notamment redouté en l’absence de
moyens hydrauliques pour prendre instantanément le relais du système sprinkleurs.

• Nombre de têtes ouvertes trop important lors d’un redémarrage du système


Lors de l’isolement d’un poste, l’augmentation de l’intensité de l’incendie peut
déclencher l’ouverture de têtes supplémentaires. Si le nombre de têtes ouvertes
dépasse le nombre total de têtes pouvant être alimentées par les sources d’eau, le
système sprinkleurs sera inefficace lors d’un éventuel redémarrage.

• Redémarrage non garanti


Les installations de type sprinkleurs, malgré de nombreuses marges de sécurité, ne
sont pas conçues pour assurer un démarrage suite à un arrêt complet du système. Lors
d’un démarrage avec de nombreux sprinkleurs ouverts (en charge), les différents
éléments du système sont soumis à de fortes sollicitations. Ainsi, en cas d’arrêt
complet, le redémarrage immédiat des pompes ne peut être garanti.

• Perte de la protection incendie de la zone entière


L’isolement d’un poste sprinkleurs entraîne la perte de la protection de l’ensemble de
la zone couverte par le poste. Ainsi, il est possible que des locaux voisins de la zone
concernée par l’incendie initial ne soient plus protégés.

3.2.6.2 Recommandations relatives à l’isolement d’un poste de contrôle

En cours d’intervention, l’arrêt du système doit être réalisé dans une première phase
par l’isolement d’un poste de contrôle et non par l’arrêt des sources d’eau (maintien
en fonctionnement de la source), afin de faciliter le redémarrage éventuel de la
protection. Dans cette optique, la personne intervenant sur l’installation pour isoler le
poste doit rester à proximité et disposer d’un moyen de communication permettant,
en lien direct avec les services de secours, de rouvrir rapidement le poste en cas de
redémarrage du feu malgré les moyens d’extinction manuelle.

De façon générale, plusieurs recommandations relatives à l’isolement des postes


sprinkleurs lors de l’intervention peuvent être formulées :

• autant que possible, les opérations d’extinction doivent être réalisées avec le
système sprinkleurs en fonctionnement ;

34  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

• l’isolement d’un poste doit être précédé de la mise en place de moyens


hydrauliques permettant de prendre immédiatement le relais du système
d’extinction automatique ;

• les opérations de reconnaissance à l’intérieur d’un bâtiment sprinklé sont réalisées


avec le système sprinkleurs en fonctionnement afin d’assurer la protection des
intervenants.

3.2.6.3 Situations pouvant amener à un isolement du poste de contrôle

Les cas exposés dans ce paragraphe ne constituent pas une liste exhaustive, d’autres
cas nécessitant un isolement du poste peuvent éventuellement se présenter. Quelle
que soit la situation, l’isolement d’un poste de contrôle sprinkleurs n’est pas une
action anodine au vu des risques que cela peut générer. Une analyse détaillée de la
situation par les intervenants (services de secours et exploitant) est systématiquement
nécessaire avant l’isolement d’un poste de contrôle sprinkleurs.

Parmi les situations pouvant éventuellement nécessiter l’arrêt du système sprinkleurs


et devant faire l’objet d’une analyse de la situation par les intervenants, il est possible
d’identifier :

• le déclenchement intempestif
En l’absence d’incendie, il est nécessaire d’isoler rapidement le poste sprinkleurs
concerné afin de limiter les dégâts des eaux. Il est toutefois fortement recommandé de
confirmer cette absence de départ de feu. Dans les cas où la cause n’est pas identifiée,
une levée de doute sur la totalité du poste en fonctionnement doit être effectuée afin
de vérifier qu’un feu n’est pas en cours sur une zone cachée ou sur plusieurs zones
(malveillance) ;

• l’inefficacité du système sprinkleurs / rupture de canalisation


Il peut être possible d’isoler un poste sprinkleurs en cas d’inefficacité du système,
celui-ci pouvant être caractérisé par une pression trop faible aux têtes sprinkleurs, par
un incendie généralisé ou encore par l’effondrement de la toiture (ou d’un rack de
stockage dans le cas des protections à l’intérieur des racks). Dans ces différents cas, il
est possible pour les intervenants d’isoler un poste de contrôle afin de préserver la
ressource en eau ainsi que la protection assurée par les autres postes ;

• la phase d’extinction lors d’un incendie contrôlé par le système sprinkleurs


Si l’isolement du poste est nécessaire pour l’extinction (finalisation de l’extinction,
accessibilité de la zone, déblai), celui-ci ne pourra intervenir que lorsque des moyens
d’extinction complémentaires et adaptés seront mis en place et alimentés au niveau
de la zone protégée par le système sprinkleurs en fonctionnement. Du personnel devra
rester à proximité du poste de contrôle avec un moyen de communication afin de
rouvrir le poste rapidement si nécessaire ;

• l’incompatibilité du système sprinkleurs avec les matières stockées


L’évolution d’une activité ou d’un stockage à l’intérieur d’un bâtiment sprinklé est un
mode de défaillance de ce système d’extinction, notamment en cas de présence de
matières incompatibles avec l’eau (produits chimiques, métaux spéciaux, etc.). Si cette
incompatibilité est avérée, le maintien en fonctionnement du système sprinkleurs peut
être remis en question en lien avec l’exploitant.

 CNPP – FFA – DGSCGC 35


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

3.2.7 Ressource en eau du système sprinkleurs

Les réserves d’eau du système sprinkleurs ne doivent généralement pas être utilisées
pour l’alimentation de moyens de secours mobiles. Les autres ressources en eau
(hydrants ou réserves statiques) doivent systématiquement être privilégiées.

L’utilisation des réserves d’eau du système sprinkleurs pour alimenter d’autres moyens
de lutte contre l’incendie remet en cause son autonomie, réduit son temps de
fonctionnement et remet en cause son efficacité.

Signalisation des éventuels raccords sur les réserves d’eau sprinkleurs


Pour les réserves d’eau non dimensionnées pour concourir à la défense extérieure contre l’incendie et
disposant de raccords d’aspiration, il est recommandé d’identifier ces raccords et de placer un affichage
permanent portant la mention suivante : « Attention : Réserve d’eau sprinkleurs uniquement - Ne pas
utiliser pour alimenter d’autres équipements ».

Il existe cependant plusieurs cas particuliers pour lesquels il peut être possible
d’utiliser l’eau de la réserve sprinkleurs pour alimenter d’autres moyens.

3.2.7.1 Réserve d’eau dimensionnée pour le système sprinkleurs et la défense extérieure


contre l’incendie

Certaines sources d’eau sprinkleurs sont dimensionnées pour assurer totalement ou


partiellement la défense extérieure contre l’incendie du site. La contribution à la
défense extérieure contre l’incendie (DECI) peut se faire sous la forme d’un volume
d’eau supplémentaire prévu au niveau de la réserve d’eau du système sprinkleurs
voire, dans certains cas, d’un réseau d’hydrants alimentés à partir de la pomperie
sprinkleurs et de la réserve d’eau sprinkleurs.

Pour ces installations, les intervenants peuvent utiliser cette ressource en eau dans la
limite du dimensionnement réalisé lors de la conception. En effet, le volume d’eau (et
éventuellement le débit dans le cas des hydrants alimentés par la source sprinkleurs)
dédié à la DECI a été défini initialement et toute sollicitation supérieure remet en
cause le temps de fonctionnement et éventuellement l’efficacité du système
d’extinction automatique.

Les ressources dédiées à la DECI doivent être identifiées par l’exploitant en amont d’un
incendie afin de fournir cette information aux intervenants internes ou externes. Il est
également recommandé d’afficher de façon visible et durable sur la réserve d’eau du
système sprinkleurs le volume d’eau dédié à la défense extérieure contre l’incendie.

3.2.7.2 Système sprinkleurs alimenté directement sur le réseau d’eau de ville

Dans le cas des systèmes sprinkleurs ne disposant pas de réserve d’eau mais alimentés
directement sur le réseau d’eau public, une sollicitation simultanée du réseau par le
système sprinkleurs et la DECI peuvent être prévue.

Par conception, un débit maximal utilisé par la DECI sur le réseau d’eau public est
défini afin de ne pas impacter le fonctionnement du système sprinkleurs. Il est donc
recommandé de limiter la sollicitation du réseau à cette valeur. Dans le cas contraire,
l’alimentation en eau du système sprinkleurs n’est pas garantie. De plus, cela peut
générer des dépressions sur le réseau d’eau de ville, le rendant vulnérable. Il est

36  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

généralement recommandé de limiter le puisage sur les poteaux d’incendie de telle


façon que la pression minimale de 1 bar soit garantie.

Le débit maximal prévu pour l’utilisation des hydrants alimentés par le même réseau
d’eau public que le système sprinkleurs doit être identifié par l’exploitant en amont
d’un incendie afin de fournir cette information aux intervenants internes ou externes
dès leur arrivée sur le site.

3.2.7.3 Système sprinkleurs non fonctionnel

Dans le cas d’un système sprinkleurs non fonctionnel, c’est-à-dire mis hors service
volontairement et totalement (pour l’ensemble des zones protégées), pour des raisons
de maintenance ou autres, et ne pouvant être redémarré, les intervenants peuvent
éventuellement utiliser les ressources en eau du système sprinkleurs pour
l’alimentation d’autres moyens de lutte contre l’incendie. Cette possibilité ne concerne
toutefois qu’une minorité d’installation disposant de raccords d’aspiration sur les
réserves sprinkleurs.

Si l’installation n’est que partiellement mise hors service (exemple : isolement d’un
poste de contrôle mais système fonctionnel sur les autres zones), l’utilisation de l’eau
d’une réserve sprinkleurs remet en cause la protection incendie dans les zones restant
fonctionnelles. Il n’est donc pas recommandé d’utiliser les réserves d’eau du système
sprinkleurs si certaines zones sont encore protégées par l’installation.

Réalimentation des réserves


La réalimentation des réserves d’eau sprinkleurs peut éventuellement être réalisée à l’aide de moyens de
pompage mobiles (attention : eau propre sans matières en suspension au risque d’endommager les
pompes).
Toutefois, cette action ne présente que peu d’intérêt car le débit d’un système sprinkleurs est
généralement supérieur aux capacités de pompage mobiles pouvant être utilisées pour la réalimentation.
Le gain en temps de fonctionnement du système est donc très faible alors que cette opération mobilise
des ressources humaines et en matériels qui pourraient être utilisées par ailleurs.

Réalimentation des réseaux


Depuis quelques années, les installations sprinkleurs ont été équipées de raccords permettant aux
équipes d’intervention de réalimenter la protection sprinkleurs à partir de moyens hydrauliques mobiles.
Ces raccords sont équipés d’un clapet qui autorise uniquement l’introduction d’eau dans le réseau
sprinkleurs et non le soutirage.
L’utilisation de ces raccords est laissée à l’appréciation des équipes d’intervention s’ils disposent des
moyens hydrauliques nécessaires.
Le temps nécessaire à la mise en place de ces moyens hydrauliques peut laisser présager d’un nombre
important de têtes ouvertes. Néanmoins, les intervenants peuvent choisir d’utiliser les réseaux sprinkleurs
comme une aide dans leur lutte contre l’incendie en alimentant eux-mêmes les réseaux, y compris avec
des moyens hydrauliques réduits.

3.2.8 Gestion des eaux d’extinction

Les eaux d’extinction, en fonction des matières concernées, peuvent présenter un


risque pour l’environnement ainsi que pour les intervenants. De façon générale, la
gestion des eaux d’extinction doit être intégrée dans le cadre de la stratégie
d’intervention mais la présence d’un système sprinkleurs permet in fine de limiter le
volume total des eaux d’extinction en contenant l’incendie.

Dans le cas des bâtiments sprinklés, et du fait du démarrage automatique du système,


des eaux d’extinction seront générées de façon précoce et avant même l’arrivée de
personnel d’intervention ou la mise en place de moyens hydrauliques. Pour les sites

 CNPP – FFA – DGSCGC 37


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

disposant de moyens actifs (vannes, obturateurs, etc.) de rétention de ces eaux


d’extinction, la cinétique de déclenchement de ces moyens doit être adaptée à celle
du système sprinkleurs.

Après le déclenchement de l’installation sprinkleurs, le bon fonctionnement des


moyens actifs de rétention doit être contrôlé.

De façon générale, une élévation rapide du niveau d’eau dans les rétentions ne
nécessite pas un isolement prématuré du poste sprinkleurs. Les volumes d’eau
nécessaires avec des moyens mobiles n’en seront que plus élevés.

3.3 Gestion de l’après-sinistre


De façon générale, l’extinction d’un incendie ne correspond pas à la fin de
l’intervention. Les phases de déblai et de surveillance doivent systématiquement être
effectuées afin de limiter le risque de reprise de feu.

Ce risque est d’autant plus critique qu’après l’extinction, le système sprinkleurs n’est
plus opérationnel dans la zone concernée jusqu’au remplacement des têtes. Les
phases de surveillance et de déblai sont fondamentales pour éviter la reprise de
l’incendie en l’absence de protection automatique fonctionnelle.

En parallèle aux phases de déblai et de surveillance, si la remise en service immédiate


de l’installation sprinkleurs impactée par l’incendie n’est pas possible, l’exploitant doit
prendre les mesures permettant de rétablir la protection du système sprinkleurs dans
les zones non impactées par l’incendie.

La remise en service comprend notamment les actions suivantes :

• isoler le poste ou la zone concerné(e) par l’incendie ;

• remettre en service les pompes ;

• faire le plein de gasoil pour les pompes diesel ;

• remplir les réserves d’eau ;

• remettre le réseau sous pression ;

• remettre en service le report d’alarme.

Après la fin de l’intervention, et au plus tôt, l’exploitant doit mettre en œuvre les
mesures permettant de remettre en service le système sprinkleurs dans la zone
sinistrée.

Dans cet intervalle, la gestion de l’indisponibilité peut être réalisée comme défini au
§ 3.1.4, c'est-à-dire par la mise en place de mesures compensatoires et l’information
des différents acteurs.

38  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

ANNEXE

Glossaire
Alerte
Ensemble des actions permettant l’information des secours extérieurs de la survenue
d’un incendie.

Alarme
Enchaînement des différentes actions (techniques et organisationnelles) permettant
l’intervention des secours internes et l’information des occupants pour l’application
des consignes internes.

Commandant des opérations de secours (COS)


Le commandant des opérations de secours est chargé, sous l'autorité du directeur des
opérations de secours, de la mise en œuvre de tous les moyens publics et privés
mobilisés pour l'accomplissement des opérations de secours.

Déblai
Le déblai est une des phases de la marche générale des opérations (MGO). Le
règlement d’instruction et de manœuvre des sapeurs-pompiers communaux le définit
ainsi : « Une fois le feu éteint, le déblai a pour objet de déplacer les décombres qui
pourraient encore cacher des foyers et d’écarter ainsi toute chance de reprise du
feu. ».

Défense extérieure contre l’incendie (DECI)


La défense extérieure contre l’incendie a pour objet d’assurer, en fonction des besoins
résultant des risques à prendre en compte, l’alimentation en eau des moyens des
services d’incendie et de secours par l’intermédiaire de points d’eau identifiés à cette
fin.

Densité théorique
Quantité minimale d’eau à déverser en litres par mètre carré de plancher et par
minute, exprimée en l/m2/min. Associée à la surface impliquée, elle permet le
dimensionnement du système sprinkleurs.

Directeur des opérations de secours (DOS)


La direction des opérations de secours relève de l'autorité de police compétente,
c'est-à-dire le maire ou le préfet.

Équipier de seconde intervention (ESI)


Personne formée régulièrement au maniement de tous les moyens d’intervention
contre l’incendie de l’établissement.

 CNPP – FFA – DGSCGC 39


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017

Équipier d’intervention technique (EIT)


Personne désignée et formée à la mise en sécurité des installations techniques en cas
d’incendie.

Gong hydraulique (ou cloche d’alarme)


Turbine hydraulique délivrant une alarme sonore lors du basculement du clapet
d’alarme.

Marche générale des opérations (MGO)


La marche générale des opérations définit les principales phases de l’intervention des
services d’incendie et de secours lors d’un incendie. Elle comprend la reconnaissance,
le sauvetage, les établissements, l’attaque, la protection, le déblai et la surveillance.

Plan d’opération interne (POI)


Le plan d’opération interne est un plan d’urgence réglementaire. Il définit
l’organisation d’une ICPE afin de contenir et maîtriser les incidents de façon à en
minimiser les effets mais également pour mettre en œuvre les mesures nécessaires
pour protéger la santé publique et l'environnement contre les effets d'accidents
majeurs.

Plan de défense incendie (PDI)


Le plan de défense incendie est un plan d’urgence réglementaire définissant les
stratégies d’intervention de l’exploitant face à des scénarios d’incendie spécifiques.

Pompe jockey
Pompe de petite taille utilisée pour compenser des pertes d’eau mineures afin d’éviter
le démarrage automatique d’une pompe ou d’un surpresseur.

Poste de contrôle
Ensemble comportant un clapet d’alarme, une vanne d’arrêt et les vannes et
accessoires associés servant à la commande d’une installation sprinkleurs.

Services d’incendie et de secours (SIS)


En fonction de la localisation du site, le terme de service d’incendie et de secours peut
se rapporté à un service départemental d’incendie et de secours (SDIS), au service
départemental et métropolitain d’incendie et de secours (SDMIS) pour le Rhône et la
métropole de Lyon, à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) ou au bataillon
des marins-pompiers de Marseille (BMPM).

Source d’eau
Ensemble des moyens alimentant en eau les installations sprinkleurs. La source peut
comprendre les réserves et les pompes.

Surface impliquée
Surface de sprinkleurs déclenchés simultanément sur laquelle on doit assurer, par
conception, la densité théorique requise. Elle permet de dimensionner le système
sprinkleurs par calculs hydrauliques.

Surveillance
La surveillance est une des phases de la marche générale des opérations (MGO). Le
règlement d’instruction et de manœuvre des sapeurs-pompiers communaux la définit

40  CNPP – FFA – DGSCGC


Bonnes pratiques pour l’intervention dans les sites sprinklés. Édition avril 2017
.

ainsi : « La surveillance a pour objet d’empêcher une reprise de feu après la fin de
l’intervention et le départ des secours. ».

Système sprinkleurs
Ensemble des moyens concourant à fournir une protection sprinkleurs dans les locaux
comprenant une ou plusieurs installations sprinkleurs. Le système comprend
notamment les sources d’eau, les postes, le réseau de canalisation et les sprinkleurs.

Tête sprinkleur
Dispositif équipé d’un élément thermosensible qui s’ouvre pour diffuser de l’eau en
vue d’arroser un feu.

 CNPP – FFA – DGSCGC 41


Prévention et maîtrise des risques
CNPP Éditions
Route de la Chapelle Réanville
CD 64 - CS 22265 - F 27950 SAINT-MARCEL
Tél.: +33 (0)2 32 53 64 34 - Fax +33 (0)2 32 53 64 80
editions@cnpp.com - www.cnpp.com ISBN eBook 978-2-35505-241-5

Vous aimerez peut-être aussi