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IRM corps entier

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IRM corps entier


Sébastien Mulé
Maître de conférences des universités-praticien hospitalier,
service d’imagerie médicale,
Hôpitaux Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil ;
Faculté de santé, Université Paris Est Créteil
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France

IRM corps entier, de Sébastien Mulé.

© 2023 Elsevier Masson SAS


ISBN : 978-2-294-78189-6
e-ISBN: 978-2-294-78235-0
Tous droits réservés.

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Table des matières

Liste des auteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX Partie II


Abréviations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XI
Applications/indications chez l’adulte

Partie I Section A
Principes techniques Applications oncologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Chapitre 1 Chapitre 3
Principes généraux et spécificités instrumentales IRM du corps entier et myélome multiple (Vassiliki Pasoglou,
de l’IRM appliquée au corps entier (Edouard Reizine, Douglas Lacomblez, Frédéric E. Lecouvet). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Sébastien Mulé, Alain Luciani). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Imagerie du myélome multiple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Spécificités instrumentales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Radiographie standard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Séquences de diffusion corps entier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Scanner du corps entier faible dose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Séquences anatomiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 TEP-TDM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Séquences avec injection de contraste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Principales recommandations sur les protocoles d’IRM Quelles séquences IRM et pourquoi ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
corps entier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Patterns d’infiltration tumorale de la moelle
Acceptabilité de l’IRM corps entier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 osseuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Exploration pulmonaire en IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 IRM du corps entier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Suivi de la réponse au traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Limitations et futur de l’IRM corps entier. . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Chapitre 2
Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Identification et gestion des artéfacts en IRM corps entier
(Solène Le Cam). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Chapitre 4
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 IRM corps entier et lymphomes (Sébastien Mulé,
Artéfacts spécifiques à, ou majorés par l’acquisition corps Victoria Assouline, Emmanuel Itti, Alain Luciani). . . . . . . . . . . . . . 43
entier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Défaut de reformatage en une image. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Artéfacts liés à l’équipement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Protocole d’acquisition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Artéfacts courants, non modifiés par l’acquisition corps Interprétation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
entier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Bilan d’extension initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Artéfacts de mouvement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Évaluation de la réponse thérapeutique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Artéfacts de volume partiel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Causes d’artéfact. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Artéfacts d’excitation croisée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Indications. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Artéfacts d’échantillonnage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Bilan d’extension initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Artéfacts de susceptibilité magnétique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Évaluation de la réponse thérapeutique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Bruit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Perspectives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

v
Table des matières

Chapitre 5 Chapitre 8
IRM corps entier et métastases osseuses de cancers IRM musculaire corps entier dans les myopathies
solides (Mario Ghosn, Lina El Bejjani). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 héréditaires et acquises (Nadia Venturelli, Annaëlle Chetrit,
Amine Ammar, Valentin Renault, Robert Carlier) . . . . . . . . . . . . . 103
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Séquences IRM et interprétation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Protocole d’acquisition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Indications. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Sémiologie IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Technique d’examen et de réalisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Perspectives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Interprétation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Cancer de la prostate. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Remplacement graisseux du contingent musculaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Patients nouvellement diagnostiqués. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Trophicité des groupes musculaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Patients en récidive biochimique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Existence d’un pattern spécifique d’atteinte d’un groupe musculaire
Patients métastatiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 donné. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Cancer du sein et autres cancers solides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Existence d’une augmentation pathologique de la quantité
d’eau dans un muscle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Cancer du sein. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Distribution et caractère symétrique de l’atteinte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Autres cancers solides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Autres éléments à considérer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
IRM musculaire dans les myopathies héréditaires. . . . . . . . . 109
Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Dystrophies musculaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Chapitre 6 Myopathies congénitales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
IRM corps entier et cancer colorectal (Sébastien Mulé, Myopathies métaboliques : les glycogénoses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Laurence Baranes, Marjan Djabbari, Frédéric Pigneur, Edouard Reizine,
IRM musculaire dans les myopathies acquises
Athena Galletto Pregliasco, Rym Kharrat, Alain Luciani). . . . . . . . . 71
et dans les fasciites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Myosite à inclusions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Protocole d’acquisition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Dermatomyosite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Interprétation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Myopathie nécrosante à médiation immunitaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Bilan d’extension initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Syndrome des antisynthétases. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Surveillance post-thérapeutique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Fasciites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Perspectives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Pour en savoir plus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Section B Partie III
Applications non oncologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Applications chez l’enfant
Chapitre 7 Chapitre 9
Exploration des spondyloarthrites en IRM (Mickael Tordjman, IRM corps entier en hémato-oncologie pédiatrique
Antoine Feydy). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 (Nayla Nicolas, François Chalard, Liesbeth Cardoen, Hervé Brisse). . . 121
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Imagerie par rayons X. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Technique et interprétation des IRM corps entier. . . . . . . . . 123
Spondyloarthrite axiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Préparation et sédation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Rhumatisme psoriasique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Autres spondyloarthrites, formes périphériques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Interprétation et limites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Spondyloarthrite axiale : quelle IRM réaliser ?. . . . . . . . . . . . . . 90 Histiocytose langerhansienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
IRM des spondyloarthrites axiales : sémiologie. . . . . . . . . . . . 92 Bilan d’extension initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Spondyloarthrite axiale : IRM des sacro-iliaques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Suivi, réponse au traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Spondyloarthrite axiale : IRM rachidienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Lymphomes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Rhumatisme psoriasique périphérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Bilan d’extension initial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Autres spondyloarthrites axiales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Suivi, réponse au traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Comment différencier sacro-iliite inflammatoire, Tumeurs solides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
infectieuse ou mécanique ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Neuroblastomes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Classifications fondées sur l’IRM : spondyloarthrite Sarcomes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
axiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 IRM-CE de dépistage et prédisposition génétique aux
Perspectives en IRM des spondyloarthrites axiales. . . . . . . . 99 cancers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

vi
Table des matières

Chapitre 10 Protocoles d’examens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149


Indications non oncologiques de l’IRM corps entier Indications oncologiques dans les cancers
en pédiatrie (Inès Mannes). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 solides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 Cancers ORL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Technique et spécificités pédiatriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 Cancer de l’œsophage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Principales indications non oncologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . 137 Cancer du rectum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Ostéomyélite chronique multifocale récurrente (OCMR). . . . . . . . . . . . . 137 Tumeurs neuroendocrines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Pathologies musculaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Cancer du pancréas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Infections et fièvre d’origine indéterminée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Cancers hépatobiliaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Cancer de la prostate. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Pistes d’étude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Cancers gynécologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Bilan d’extension des cancers solides en général. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Hémopathies malignes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Lymphomes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Partie IV Myélome multiple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
Imagerie hybride TEP-IRM corps entier Leucémie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
Neurofibromatoses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Chapitre 11 Neurofibromatose de type 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM Schwannomatose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
corps entier (Mathilde Vermersch). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Références. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Principes physiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

vii
Liste des auteurs

Amine Ammar, service de radiologie, service de radiolo- Emmanuel Itti, service de médecine nucléaire, Hôpitaux
gie, Hôpitaux Ambroise Paré-Raymond Poincaré, AP-HP, Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil ; Faculté de
Boulogne-Billancourt-Garches ; DMU Smart Imaging, santé, Université Paris Est Créteil
GHU Paris Saclay Rym Kharrat, service d’imagerie médicale, Hôpitaux Uni-
Victoria Assouline, service d’imagerie médicale, Hôpitaux versitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil
Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil Douglas Lacomblez, département d’imagerie médicale,
Laurence Baranes, service d’imagerie médicale, Hôpitaux Cliniques Universitaires Saint-Luc, Institut de recherche
Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil cinique (IREC), Université Catholique de Louvain
Paul Blanc-Durand, service de médecine nucléaire, pla- (UCLouvain), Bruxelles, Belgique
teforme SyMPTOm, Hôpitaux Universitaires Henri Solène Le Cam, département d’imagerie pédiatrique,
Mondor, AP-HP, Créteil Hôpital Bicêtre, AP-HP, Le Kremlin-Bicêtre ; faculté de
Hervé Brisse, département d’imagerie, Institut Curie, Paris médecine, Université Paris Saclay
Liesbeth Cardoen, département d’imagerie, Institut Curie, Frédéric E. Lecouvet, département d’imagerie médicale,
Paris Cliniques Universitaires Saint-Luc, Institut de recherche
cinique (IREC), Université Catholique de Louvain
Robert Carlier, service de radiologie, Hôpitaux Ambroise (UCLouvain), Bruxelles, Belgique
Paré-Raymond Poincaré, AP-HP, Boulogne-Billancourt-
Alain Luciani, service d’imagerie médicale, Hôpitaux Uni-
Garches ; DMU Smart Imaging, GHU Paris Saclay ; End :
versitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil ; Faculté de santé,
iCap, UMR1179, Inserm, UVSQ-Université Paris Saclay,
Université Paris Est Créteil
Montigny-le-Bretonneux
Inès Mannes, service de radiologie pédiatrique, Hôpital
François Chalard, département d’imagerie, Hôpital Trous-
Bicêtre, Hôpitaux universitaires Paris-Saclay, AP-HP, Le
seau AP-HP, Paris
Kremlin-Bicêtre
Annaëlle Chetrit, service de radiologie, Hôpitaux Ambroise
Sébastien Mulé, service d’imagerie médicale, Hôpitaux
Paré-Raymond Poincaré, AP-HP, Boulogne-Billancourt-
Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil ; Faculté de
Garches ; DMU Smart Imaging, GHU Paris Saclay
santé, Université Paris Est Créteil
Marjan Djabbari, service d’imagerie médicale, Hôpitaux Nayla Nicolas, département d’imagerie, Institut Curie, Paris
Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil
Vassiliki Pasoglou, département d’imagerie médicale,
Lina El Bejjani, service d’imagerie médicale, Hôpitaux Uni- Cliniques Universitaires Saint-Luc, Institut de recherche
versitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil cinique (IREC), Université Catholique de Louvain
Antoine Feydy, service de radiologie ostéo-articulaire, (UCLouvain), Bruxelles, Belgique
Hôpital Cochin, AP-HP, Paris ; Université Paris Cité Frédéric Pigneur, service d’imagerie médicale, Hôpitaux
Athena Galletto Pregliasco, service d’imagerie médicale, Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil
Hôpitaux Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil Edouard Reizine, service d’imagerie médicale, Hôpitaux
Mario Ghosn, service d’imagerie médicale, Hôpitaux Uni- Universitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil ; Faculté de
versitaires Henri Mondor, AP-HP, Créteil santé, Université Paris Est Créteil

ix
Liste des auteurs

Valentin Renault, service de radiologie, Hôpitaux Ambroise Nadia Venturelli, service de radiologie, Hôpitaux Ambroise
Paré-Raymond Poincaré, AP-HP, Boulogne-Billancourt- Paré-Raymond Poincaré, AP-HP, Boulogne-Billancourt-
Garches ; DMU Smart Imaging, GHU Paris Saclay Garches ; DMU Smart Imaging, GHU Paris Saclay
Mickael Tordjman, service de radiologie, Hôpital Hôtel- Mathilde Vermersch, service de radiologie, centre hospi-
Dieu AP-HP, Paris ; service de radiologie ostéo-articulaire, talier de Valenciennes
Hôpital Cochin, AP-HP, Paris ; Université Paris Cité

x
Abréviations

ADC apparent diffusion coefficient (coefficient MALT mucosa-associated lymphoid tissue


apparent de diffusion) MET-RADS-PMETastasis Reporting and Data System for
AINS anti-inflammatoire non stéroïdien Prostate Cancer
ASAS Assessment of SpondylArthritis International MGUS monoclonal gammopathy of undetermined
Society significance (gammapathie monoclonale de
CE corps entier signification indéterminée)
CPK créatine phosphokinase MIBG méta-iodobenzylguanidine
CRAB hypercalcemia, renal failure, anemia, bone MICI maladie inflammatoire chronique de l’intestin
lesions MIP maximum intensity projection
CRP C reactive protein (protéine C réactive) MM myélome multiple
DM1 dystophie myotonique de type 1 MY-RADS Myeloma Response Assessment and Diagnosis
DM2 dystophie myotonique de type 2 System
DMC dystrophie musculaire congénitale NF1 neurofibromatose de type 1
DMD dystrophie musculaire de Duchenne NF2 neurofibromatose de type 2
DWIBS diffusion-weighted whole-body imaging with OCMR ostéomyélite chronique multifocale récurrente
background body signal suppression ONCO-RADS Oncologically Relevant Findings Reporting and
ESMO European Society for Medical Oncology Data System
ESPR European Society of Paediatric Radiology PNDS protocole national de diagnostic et de soins
FDG fluorodésoxyglucose PR prostatectomie radicale
18F-FDG 18-fluoro-2-désoxyglucose PSA prostate-specific antigen (antigène prostatique
FF fat fraction (fraction graisseuse) spécifique)
FLAIR fluid-attenuated inversion recovery PSIR phase sensitive inversion recuperation
FOV field of view PSMA prostate-specific membrane antigen (antigène
FSE fast spin echo membranaire spécifique de la prostate)
FSH facio-scapulo-humérale (dystrophie) RBC récidive biochimique
GE gradient echo RCP réunion de concertation pluridisciplinaire
GIST gastrointestinal stromal tumor (tumeur RT radiothérapie
stromale gastro-intestinale) SE spin echo (écho de spin)
GM-CSF granulocyte macrophage colony-stimulating SMM smoldering multiple myeloma
factor (facteur stimulant les colonies de SNC système nerveux central
granulocytes et de macrophages) SpA spondyloarthrite
GRE gradient (recalled) echo SSFSE single-shot fast spin echo
HAS Haute autorité de santé SSH-EPI single-shot echo-planar imaging (séquences
HASTE half-Fourier acquired single shot turbo spin echo d’imagerie planaire à écho unique)
HR hazard ratio STIR short tau inversion recovery
IC intervalle de confiance SUV standardized uptake value (valeur de fixation
IL interleukine normalisée)
IMWG International Myeloma Working Group T Tesla
IRM imagerie par résonance magnétique TE temps d’écho
ISUP International Society of Urological Pathology TEMP tomographie à émission monophotonique
LGMD limb girdle muscular dystrophy (dystrophie TEP tomographie par émission de positons
musculaire des ceintures) TNE tumeur neuroendocrine

xi
Abréviations

TNF tumor necrosis factor VIBE volumetric interpolated breath-hold examination


TR temps de répétition VPN valeur prédictive négative
TSE turbo spin echo VPP valeur prédictive positive
UTE ultra-short echo-time ZTE zero echo-time

xii
Partie I
Principes techniques

P L AN D E L A PA RT I E
1. Principes généraux et spécificités
instrumentales de l’IRM appliquée
au corps entier 3

2. Identification et gestion des artéfacts


en IRM corps entier 15
Chapitre 1
Principes généraux
et spécificités instrumentales
de l’IRM appliquée au corps
entier
Edouard Reizine, Sébastien Mulé, Alain Luciani

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 5

Spécificités instrumentales 5

Séquences de diffusion corps entier 5

Séquences anatomiques 7

Séquences avec injection de contraste 7

Principales recommandations sur


les protocoles d’IRM corps entier 10

Acceptabilité de l’IRM corps entier 10

Exploration pulmonaire en IRM 11

Conclusion 12

IRM corps entier


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1. Principes généraux et spécificités instrumentales de l’IRM appliquée au corps entier

Introduction
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) corps entier
est un examen de plus en plus utilisé en oncologie, mais
également dans les maladies inflammatoires. Sur le plan
technique, ces examens peuvent être réalisés sur des IRM à
1,5 Tesla (T) ou à 3 T. La couverture de l’examen corps entier
nécessite le développement de techniques multi-stations
au cours desquelles les différentes régions du corps sont
explorées successivement, couvrant des champs de vue
consécutifs de 20 à 50 cm. Les images sont ensuite com-
binées afin d’obtenir une imagerie corps entier. De façon
générale, il n’existe pas de standardisation sur le protocole
à utiliser [1] ; néanmoins, la plupart des protocoles com-
portent des séquences anatomiques T1 et T2 ainsi que Fig. 1.1
des séquences fonctionnelles de diffusion corps entier. Les Installation d’un patient pour un examen d’IRM corps entier.
séquences avec injection de produit de contraste gadoliné Sont installés de manière simultanée des éléments d’antenne en
réseau phasé couvrant la tête, le cou, la poitrine, l’abdomen et le
restent aujourd’hui souvent optionnelles [2]. bassin jusqu’au haut des cuisses, auxquels s’ajoutent les antennes
postérieures incluses dans la table d’examen.

Spécificités instrumentales L’IRM corps entier a également bénéficié de la possibi-


lité d’utiliser des gradients de haute performance avec une
Le développement de l’IRM corps entier et son utilisation en
amplitude élevée et une grande vitesse de commutation.
routine clinique ont été rendus possibles grâce à plusieurs pro-
Enfin, plus récemment, des algorithmes de recons-
grès instrumentaux au cours des deux dernières décennies.
truction fondés sur l’apprentissage profond (« deep lear-
Tout d’abord, la plupart des systèmes IRM disposent à
ning ») ont été introduits [5]. Ces algorithmes permettent
présent d’une plateforme d’examen du patient mobile,
la reconstruction d’images présentant un rapport signal/
permettant de recentrer la zone du patient à explorer au
bruit élevé ou un contraste élevé à partir de données sous-
centre de l’aimant en cours d’examen.
échantillonnées bruitées dans l’espace k. L’utilisation de ces
Plusieurs éléments d’antenne peuvent être utilisés de
algorithmes permet ainsi de diminuer significativement la
manière combinée avec plusieurs canaux d’entrée, en réseau
durée d’acquisition des séquences et d’améliorer la qualité
phasé, chaque élément étant positionné en regard d’une
image, notamment en termes de bruit. Une étude récente
région différente du corps. Cela permet une imagerie à l’échelle
a montré que l’implémentation d’un algorithme fondé sur
du corps entier sans qu’il soit nécessaire de repositionner les
de l’apprentissage profond permettait de diviser par trois
éléments d’antenne à chaque palier d’acquisition, tout en maxi-
la durée d’acquisition d’une imagerie de diffusion corps
misant le signal et le rapport signal/bruit. Il est possible d’instal-
entier avec une qualité image équivalente chez des patients
ler de manière simultanée des éléments d’antenne couvrant la
atteints d’un cancer de la prostate [6].
tête, le cou, la poitrine, l’abdomen et le bassin jusqu’au haut des
cuisses (fig. 1.1). L’antenne de surface corps entier intégrée dans
la table d’examen peut également être utilisée pour combiner Séquences de diffusion corps entier
un grand nombre d’éléments d’antenne multicanaux et offrir
une couverture anatomique large. Les séquences de diffusion reposent sur l’analyse des mouve-
Des méthodes de reconstructions parallèles ont été ments browniens (aléatoires) des molécules d’eau [7], dont
développées et ont permis d’optimiser la résolution tem- historiquement les premières applications étaient en ima-
porelle et ainsi de répéter des acquisitions en grand champ gerie neurologique dans l’accident vasculaire cérébral [7].
sans nécessiter d’apnée importante grâce à une réduction Aujourd’hui, ces séquences sont largement utilisées dans
significative du temps d’acquisition. d’autres applications, en particulier en imagerie oncologique
L’exploitation combinée de ces progrès instrumentaux [8]. Ainsi, l’importance des séquences de diffusion est majeure
autorise ainsi une exploration à l’échelle du corps entier dans la recherche de métastases hépatiques [9], ou bien dans
sans compromettre la résolution spatiale [3, 4]. l’exploration du cancer de la prostate [10, 11]. De plus, une
5
I. Principes techniques

approche quantitative de la diffusion par mesure du coef- cours d’examen afin de réduire les artéfacts de susceptibi-
ficient apparent de diffusion (apparent diffusion coefficient lité magnétique. Pour cela, des paliers d’acquisition de faible
[ADC]) est de plus en plus utilisée comme outil de prédiction épaisseur doivent être configurés (par exemple, épaisseur
et d’évaluation de la réponse thérapeutique [12, 13]. de 11 cm comportant 22 coupes de 5 mm d’épaisseur cha-
Ces séquences ont bénéficié d’avancées technologiques cune). La prise en compte des mouvements respiratoires
au cours de ces dernières années, comme le développe- est indispensable en imagerie de diffusion pour une explo-
ment de l’imagerie parallèle qui a permis de réduire le temps ration optimale des régions thoracique et abdominale. Plu-
d’écho, la longueur du train d’écho et le temps de remplis- sieurs adaptations instrumentales sont possibles pour limi-
sage de l’espace k, et ainsi de réduire considérablement les ter l’influence des mouvements liés à la respiration. Tout
artéfacts de mouvement et les distorsions d’image [8, 14]. d’abord, nous l’avons dit, il faut réduire le temps d’écho
Pour optimiser le temps d’acquisition, la plupart des proto- au maximum pour limiter les artéfacts de susceptibilité
coles utilisent des séquences de diffusion en apnée permet- magnétique et maintenir un rapport signal/bruit satisfai-
tant d’obtenir des coupes fines (typiquement 4 mm) en un sant. Ensuite, l’utilisation de techniques de reconstruction
temps acceptable [15]. Les séquences d’imagerie planaire à parallèle et d’antennes de surface en réseaux phasés permet
écho unique (single-shot echo-planar imaging [SSH-EPI] ) sont de diminuer la durée d’acquisition. Enfin, des méthodes de
recommandées, avec l’acquisition d’au moins deux valeurs de gating respiratoire (à l’aide d’une ceinture abdominale ou
b, qui sont nécessaires pour permettre le calcul de l’ADC [16]. d’un trigger respiratoire) permettent de phaser l’acquisi-
Alors que la valeur de b la plus élevée doit être comprise entre tion au cycle respiratoire ; des acquisitions en apnée sont
800 et 1000 s/mm2, la valeur la plus basse ne doit pas être également possibles. Il est à noter qu’à l’étage abdominal,
inférieure à 50 s/mm2, afin de réduire les signaux liés à la per- notamment au niveau hépatique, une correction maximale
fusion [17]. En fonction des paramètres de balayage, un exa- des artéfacts de mouvement respiratoire semble nécessiter
men du corps entier en diffusion peut être réalisé en moins de la mise en œuvre d’un asservissement du mouvement car-
20 minutes, à une résolution cliniquement acceptable. diaque [18].
Sur le plan instrumental, il est indispensable de conser- Un exemple de différents paliers d’acquisition de
ver la zone du patient à explorer au centre de l’aimant en séquence de diffusion est proposé dans la figure 1.2.

b = 50 s/mm2 b = 400 s/mm2 b = 800 s/mm2 Cartographie ADC

Fig. 1.2
Exemple de positionnement de différents paliers d’acquisition de séquence de diffusion, de petite dimension, de manière à conserver la
zone analysée au centre de l’aimant (gauche).

6
1. Principes généraux et spécificités instrumentales de l’IRM appliquée au corps entier

Séquences anatomiques du myélome multiple [22, 23] ou dans la détection des


métastases osseuses [24, 25].
Les images anatomiques sont le plus souvent acquises dans
le plan coronal ou sagittal, en T1 ou STIR (short tau inversion
recovery) en particulier, pour la détection d’une atteinte osseuse
Séquences avec injection
(fig. 1.3) [19]. Ce choix de plan d’imagerie pourrait devenir super- de contraste
flu prochainement avec l’utilisation croissante de séquences
anatomiques tridimensionnelles avec des coupes fines et une Il n’existe pas de consensus sur l’utilisation de séquences
dimension de voxel isotrope, permettant un reformatage mul- avec injection de chélates de gadolinium à ce jour dans les
tiplanaire et une couverture étendue corps entier [20]. protocoles corps entier et cette utilisation va dépendre du
Par ailleurs, de plus en plus de protocoles utilisent les contexte clinique. En effet, du fait de la vigilance quant à
séquences Dixon, fondées sur le déplacement chimique l’accumulation tissulaire de produits de contraste gadolinés
entre eau et graisse [21]. Avec ces séquences, deux images [26], certaines recommandations suggèrent d’éviter l’injec-
différentes sont obtenues : une image avec les signaux de tion de produit de contraste, en particulier lorsque l’IRM
l’eau et de la graisse en phase, et une deuxième image où est réalisée dans une approche de dépistage en popula-
les signaux de la graisse et de l’eau sont déphasés de 180°. tion générale [27]. L’injection de chélates de gadolinium
À partir de ces deux images, on obtient une 3e image d’eau semble toutefois indispensable en cas de recherche de
seule (Water) offrant une suppression du signal de la graisse localisation secondaire hépatique et/ou cérébrale [28].
et une 4e image de graisse seule (Fat). Dans le myélome multiple, l’injection de contraste peut
Une illustration de séquence Dixon corps entier est pro- aider à l’évaluation de la réponse (fig. 1.5), mais de façon
posée dans la figure 1.4. Plusieurs études ont montré l’inté- générale, l’utilisation des séquences de diffusion corps
rêt de ces séquences dans l’évaluation de l’atteinte osseuse entier rend l’injection souvent inutile [29].

A B C D

Fig. 1.3
Séquences morphologiques permettant notamment une exploration complète du cadre osseux.
Séquences T2 Dixon (A) et T1 spin echo (B) dans le plan sagittal centrées sur le rachis entier, T2 Dixon dans le plan coronal en corps entier (C),
et T1 spin echo dans le plan coronal centrée sur le bassin (D).

7
I. Principes techniques

A B

C D

Fig. 1.4
Exemples d’images obtenues à l’aide d’une séquence Dixon à l’échelle du corps entier : images en phase (A) et en opposition de phase (B),
images Eau (C) et Graisse (D).

8
1. Principes généraux et spécificités instrumentales de l’IRM appliquée au corps entier

A B C

D E

Fig. 1.5
Exemples d’acquisitions dynamiques T1 VIBE Dixon avant (A) et après (B-E) injection de chélates de gadolinium.
Les acquisitions sont réalisées en trois paliers, puis combinées. La résolution temporelle est de 40 secondes.

9
I. Principes techniques

Principales recommandations sur en T1 et en T2 avec suppression du signal de la graisse. Les


séquences Dixon sont aussi fortement recommandées, en
les protocoles d’IRM corps entier particulier pour le calcul de la fraction graisseuse [23].
Plus récemment, un travail a proposé une standardisa-
Les protocoles d’IRM corps entier vont être adaptés en fonc- tion pour les patients avec une prédisposition génétique,
tion de la pathologie et des pratiques locales ; néanmoins, en particulier ceux avec un syndrome de Li-Fraumeni
Lecouvet et al. [28] proposent une synthèse des séquences (Oncologically Relevant Findings Reporting and Data System
pouvant être utilisées que ce soit dans les hémopathies [ONCO-RADS]) [2]. Pour ces patients à haut risque onco-
malignes, la recherche de lésions secondaires osseuses, ou logique, le protocole recommandé est plus complet, com-
les prédisposions génétiques aux cancers, telles que le syn- prenant des séquences T2 FLAIR (fluid-attenuated inversion
drome de Li-Fraumeni, afin d’éviter une irradiation répétée. recovery) sur l’encéphale, mais aussi 3D T1 GRE (gradient
Cette synthèse de séquences est illustrée dans le tableau 1.1. recalled echo) en coupes fines sur le thorax pour la recherche
À ce jour, les principales recommandations concernent de nodule pulmonaire [2]. Les acquisitions peuvent être
les patients avec un myélome multiple [23], un cancer de réalisées jusqu’aux pieds ou seulement jusqu’aux cuisses en
la prostate [30] ou, plus récemment, pour tous les patients fonction de la réalisation d’un protocole complet ou d’un
avec une prédisposition génétique aux cancers [2]. En 2017, protocole court [2]. Dans ce contexte d’examens qui vont
des critères ont été proposés pour standardiser la réalisa- être répétés chez des patients jeunes, l’utilisation de ché-
tion et l’interprétation de l’IRM corps entier dans le cancer lates de gadolinium doit être évitée le plus possible.
de la prostate (METastasis Reporting and Data System for
Prostate Cancer [MET-RADS-P]) [30]. Ces protocoles sont
dédiés à la recherche de ganglions ou de lésions osseuses ; Acceptabilité de l’IRM corps entier
ainsi, les séquences avec injection de produit de contraste
ne doivent être réalisées que de façon optionnelle. Malgré l’intérêt croissant de l’IRM corps entier en oncologie et
Dans le myélome multiple (Myeloma Response Assess- dans les pathologies inflammatoires, cette modalité d’image-
ment and Diagnosis System [MY-RADS]) [23], la priorité est rie présente certaines limites qui sont communes à l’ensemble
l’évaluation de la moelle osseuse ; ainsi, des séquences sagit- de ses applications. Cet examen peut ainsi être perçu comme
tales du rachis doivent être réalisées de façon systématique plus difficile que le scanner injecté par les patients.
La première de ces limites est la durée d’examen, qui est
supérieure à celle d’un scanner injecté. L’espace clos et le
Tableau 1.1. Synthèse des principales séquences bruit de la machine en cours d’examen sont également des
du protocole d’IRM corps entier selon Lecouvet et al. [28]. facteurs limitants. Le temps d’acquisition relativement long
Séquences Plans et techniques et l’obligation de rester immobile peuvent être anxiogènes
chez les patients souffrant de claustrophobie et entraîner
Anatomiques Acquisition axiale ou coronale
des artéfacts de mouvement sur leurs images [31]. La pré-
– Pondérées en T1 jusqu’aux cuisses
– Pondérées en T2 et/ou STIR 2D FSE ou GE sence de comorbidités, notamment musculosquelettiques,
– Facultatif : T1 avec injection 3D FSE ou GE (Dixon) peut aussi limiter la tolérance des patients et être source
de produit de contraste 2D FSE sans suppression de d’artéfacts de mouvements.
graisse Néanmoins, des stratégies visant à limiter l’influence de
Fonctionnelles Acquisition axiale ou coronale ces facteurs peuvent être mise en œuvre. Ces stratégies
– Séquences de diffusion Avec suppression de la graisse peuvent être axées sur la motivation à réaliser l’examen,
corps entier Au moins 2 valeurs b par exemple en se concentrant sur les avantages pour la
(50-150 s/mm2, 800-1000 s/mm2) santé, et vont aider à surmonter les difficultés physiques et
Optionnelles Sagittales émotionnelles liées à l’examen. Il a ainsi été suggéré qu’une
Couverture du rachis entier bonne communication avec l’équipe médicale et paramédi-
(superflue si les séquences cale prenant en charge le patient pour son examen pourrait
anatomiques utilisent réduire l’anxiété et favoriser les stratégies d’adaptation [32].
l’option 3D) De plus, l’importance relative accordée par les patients
– Pondérées en T1 à la durée et au confort de l’examen n’est pas forcément
– STIR prioritaire chez des patients oncologiques. Ainsi, l’obtention
FSE : fast spin echo ; GE : gradient echo ; STIR : short tau inversion recovery. d’un bilan d’extension précis et dans un temps plus court,
10
1. Principes généraux et spécificités instrumentales de l’IRM appliquée au corps entier

et la limitation de l’exposition aux rayonnements ionisants Exploration pulmonaire en IRM


semblent être plus importantes pour ces patients que la durée
de réalisation de l’examen ou son inconfort. Au total, sur une L’exploration du parenchyme pulmonaire a longtemps
population de 72 patients avec un cancer pulmonaire et été considérée comme non réalisable de manière fiable en
66 patients avec un cancer colorectal, la majorité d’entre eux routine clinique en raison de performances diagnostiques
préféraient bénéficier d’une IRM corps entier plutôt que des insuffisantes (fig. 1.6). En effet, la structure même du paren-
modalités d’imagerie habituellement recommandées pour le chyme pulmonaire semble un frein à une exploration par
bilan d’extension initial de leur maladie, à condition qu’elle soit IRM du fait de sa faible densité en protons d’hydrogène
au moins équivalente à ces dernières en termes de précision et des très nombreuses interfaces entre air et parois alvéo-
diagnostique, de nombre d’examens d’imagerie réalisés et de laires, responsables d’une hétérogénéité locale du champ
durée du bilan d’extension complet [33]. magnétique. Ces spécificités sont donc potentiellement

A B

C D

E F

Fig. 1.6
Acquisition StarVIBE® centrée sur le thorax dans le plan axial (A, B), avec reformatage dans les plans coronal (C, D) et sagittal (E, F).
A, C, E. Images en coupes de 1,20 mm. B, D, F. Reconstructions maximum intensity projection (MIP), épaisseur 10 mm.

11
I. Principes techniques

responsables d’un signal très faible et d’artéfacts de suscep- 6. Tajima T, Akai H, Sugawara H, et al. Feasibility of accelerated whole-
tibilité magnétique importants, auxquels viennent s’ajouter body diffusion-weighted imaging using a deep learning-based
noise-reduction technique in patients with prostate cancer. Magn
des artéfacts de mouvements liés à la respiration et aux bat- Reson Imaging 2022 ; 92 : 169–79.
tements cardiaques. 7. Le Bihan D, Breton E, Lallemand D, et al. MR imaging of intravoxel
Néanmoins, le développement de séquences IRM à incoherent motions : application to diffusion and perfusion in neu-
temps d’écho ultracourt a permis une amélioration signifi- rologic disorders. Radiology 1986 ; 161 : 401–7.
8. Koh D-M, Collins DJ. Diffusion-weighted MRI in the body : applications
cative des performances de l’IRM, notamment en termes de
and challenges in oncology. AJR Am J Roentgenol 2007 ; 188 : 1622–35.
résolution spatiale, alors que la sensibilité aux mouvements a 9. Hardie AD, Naik M, Hecht EM, et al. Diagnosis of liver metastases :
pu être considérablement réduite grâce à des séquences avec value of diffusion-weighted MRI compared with gadolinium-
acquisition radiale du plan de Fourier. Ces séquences offrent enhanced MRI. Eur Radiol 2010 ; 20 : 1431–41.
un rapport signal/bruit et une résolution en contraste élevés. 10. Haider MA, van der Kwast TH, Tanguay J, et al. Combined
T2-weighted and diffusion-weighted MRI for localization of pros-
Elles permettent ainsi de détecter significativement plus de tate cancer. AJR Am J Roentgenol 2007 ; 189 : 323–8.
nodules pulmonaires, mais aussi de métastases ganglionnaires 11. Lim HK, Kim JK, Kim KA, Cho KS. Prostate cancer : apparent dif-
et osseuses thoraciques qu’une séquence de type 3D T1 écho fusion coefficient map with T2-weighted images for detection–a
de gradient volume interpolated breath-hold examination multireader study. Radiology 2009 ; 250 : 145–51.
12. Prevos R, Smidt ML, Tjan-Heijnen VCG, et al. Pre-treatment diffe-
(VIBE). Dans un travail portant sur 123 patients explorés au
rences and early response monitoring of neoadjuvant chemothe-
moment du diagnostic initial d’un cancer solide, nous avons rapy in breast cancer patients using magnetic resonance imaging : a
ainsi montré que tous les sites métastatiques à l’étage thora- systematic review. Eur Radiol 2012 ; 22 : 2607–16.
cique étaient détectés à l’aide d’une séquence avec acquisition 13. Maffazzioli L, Zilio MB, Klamt AL, et al. ADC as a predictor of patho-
radiale du plan de Fourier, contre 66,7 % des sites métasta- logic response to neoadjuvant therapy in esophageal cancer : a sys-
tematic review and meta-analysis. Eur Radiol 2020 ; 30 : 3934–42.
tiques avec la séquence VIBE (p < 0,05) [34]. 14. Takahara T, Imai Y, Yamashita T, et al. Diffusion weighted whole
body imaging with background body signal suppression (DWIBS) :
technical improvement using free breathing, STIR and high resolu-
` Conclusion tion 3D display. Radiat Med 2004 ; 22 : 275–82.
15. Kwee TC, Takahara T, Ochiai R, et al. Diffusion-weighted whole-body
imaging with background body signal suppression (DWIBS) : fea-
L’IRM corps entier est un outil d’imagerie de plus en plus uti- tures and potential applications in oncology. Eur Radiol 2008 ; 18 :
lisé, en particulier pour les patients oncologiques. Les amélio- 1937–52.
rations techniques ces dernières années ont permis la réalisa- 16. Padhani AR, Makris A, Gall P, et al. Therapy monitoring of skeletal
metastases with whole-body diffusion MRI. J Magn Reson Imaging
tion de cet examen non irradiant en routine dans un nombre 2014 ; 39 : 1049–78.
croissant de pathologies. De plus, des travaux récents ont 17. Koh D-M, Blackledge M, Padhani AR, et al. Whole-body diffusion-
proposé des guides afin d’homogénéiser les acquisitions, weighted MRI : tips, tricks, and pitfalls. AJR Am J Roentgenol 2012 ;
l’interprétation et les comptes-rendus pour une standardisa- 199 : 252–62.
18. Lee Y, Lee SS, Kim N, et al. Intravoxel incoherent motion diffusion-
tion de l’utilisation de l’IRM corps entier en routine. weighted MR imaging of the liver : effect of triggering methods on
regional variability and measurement repeatability of quantitative
Références parameters. Radiology 2015 ; 274 : 405–15.
19. Balliu E, Boada M, Peláez I, et al. Comparative study of whole-body
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12
1. Principes généraux et spécificités instrumentales de l’IRM appliquée au corps entier

25. Costelloe CM, Madewell JE, Kundra V, et al. Conspicuity of bone interpretation, and reporting of whole-body magnetic resonance
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13
Chapitre 2
Identification et gestion
des artéfacts en IRM corps entier
Solène Le Cam

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 17

Artéfacts spécifiques à, ou majorés par


l’acquisition corps entier 17
Défaut de reformatage en une image 17
Artéfacts liés à l’équipement 18

Artéfacts courants, non modifiés par


l’acquisition corps entier 18
Artéfacts de mouvement 18
Artéfacts de volume partiel 19
Artéfacts d’excitation croisée 20
Artéfacts d’échantillonnage 21
Artéfacts de susceptibilité magnétique 22
Bruit 23

Conclusion 23

IRM corps entier


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2. Identification et gestion des artéfacts en IRM corps entier

Introduction ■ Compromis permanent entre temps d’acquisition et


qualité de l’image.
L’amélioration technologique, notamment l’utilisation de
■ Shimming : réglage de l’aimant, soit passif (par des
séquences rapides, a permis une diminution du temps pièces métalliques), soit actif (par des bobines
d’acquisition et a rendu possible l’utilisation en routine électromagnétiques), pour homogénéiser le champ
de l’IRM corps entier pour les pathologies oncologiques magnétique.
et non oncologiques chez l’adulte comme chez l’enfant
[1–4]. Néanmoins, une bonne connaissance des artéfacts
qui peuvent survenir en IRM corps entier, qui est une tech-
nique par acquisition de plusieurs régions, secondairement Artéfacts spécifiques à,
assemblées, est nécessaire. ou majorés par l’acquisition
Les artéfacts peuvent être définis comme toute anoma-
lie dans une image qui altère l’objet situé dans le champ de
corps entier
vue [5].
Afin de diminuer l’impact des artéfacts, il est important Défaut de reformatage
de les reconnaître ; d’avoir une notion du fonctionnement en une image
de l’IRM pour attacher un artéfact à une cause ; de modifier
les paramètres pour améliorer l’image autant que possible. Le corps entier ne peut pas être acquis en un seul champ
L’objectif de ce chapitre est de présenter les artéfacts ren- de vue. Plusieurs paliers sont acquis pour ensuite être com-
contrés en IRM, en particulier ceux fréquemment retrouvés binés afin de former une image. Le recouvrement entre
lors de l’imagerie du corps entier et ceux spécifiques à ce les paliers peut être insuffisant, entraînant une perte de
type d’examen, afin d’apporter quelques clés pour les iden- données appelée artéfact de reformatage (fig. 2.1). Celui-ci
tifier et d’approcher quelques modifications paramétriques peut être minimisé par un recouvrement minimal entre les
possibles pour les éviter. paliers d’acquisition [2].
Les différentes acquisitions peuvent aussi ne pas être cor-
rectement fusionnées (notamment si l’une d’entre elles a
Prérequis [5–7]
■ Voxel
– le volume du voxel dépend de la dimension de
la matrice, du champ de vue et de l’épaisseur
de coupe ;
– plus les voxels sont petits, plus la résolution
spatiale sera élevée ;
– la quantité de signal et le rapport signal sur bruit
augmentent avec la taille du voxel.
■ Matrice :
– organisation des pixels en un nombre défini de
lignes et de colonnes ;
– elle est constituée d’un gradient d’encodage de
fréquence (indépendant du temps d’acquisition)
et d’un gradient d’encodage de phase (influence
sur le temps d’acquisition) ;
– les gradients d’encodage de fréquence et de phase
peuvent être inversés pour limiter certains artéfacts
(comme ceux des mouvements physiologiques et
flux).
■ Champ de vue : définit la zone qui sera imagée ; Fig. 2.1
dépend des antennes. Pour limiter les artéfacts de
Artéfacts de reformatage.
repliement, le champ de vue peut être agrandi pour Séquence coronale STIR, acquisitions thoracique et abdominale.
l’ajuster à la zone imagée du patient. Absence de signal (flèches) à la jonction entre les paliers par défaut
de recouvrement entre ces deux paliers.

17
I. Principes techniques

dû être réalisée de nouveau, par exemple devant trop d’ar- un équipement de monitorage ou une source d’électricité
téfacts de mouvement). statique dans la pièce) et s’assurer de la bonne fermeture
de la porte d’IRM pour éviter les sources externes. Si ces
artéfacts persistent sur toutes les images, il faut faire appel
Artéfacts liés à l’équipement au service technique.
Parmi les artéfacts liés à l’équipement, l’artéfact de non-
linéarité des gradients est présent dans les larges champs de
vue et entraîne une distorsion de l’image tendant à com-
primer les informations de l’image aux bords du champ de Artéfacts courants, non modifiés
vue (fig. 2.2) [5]. Cet artéfact de non-linéarité des gradients par l’acquisition corps entier
est présent lors des examens IRM du corps entier qui uti-
lisent des champs de vue larges pour couvrir l’ensemble Artéfacts de mouvement
du corps [4]. Il y a en effet un compromis à faire entre
le risque d’artéfact de non-linéarité des gradients en dimi- Les artéfacts de mouvement peuvent être volontaires
nuant la dimension (notamment la hauteur) du champ de (mouvements actifs du patient), physiologiques (mouve-
vue et le temps d’acquisition lié au nombre d’acquisitions ments respiratoires, cardiaques et péristaltisme digestif) ou
nécessaires. de flux (vaisseaux sanguins). Les mouvements aléatoires
Les autres artéfacts d’équipement, moins fréquents mais (comme ceux volontaires) pendant l’acquisition de la
facilement reconnaissables, sont appelés « zipper » et « her- séquence se traduisent généralement par un flou de l’image,
ring bone ». Ces artéfacts apparaissent, pour le premier, contrairement aux mouvements périodiques (comme
comme des lignes discrètes de pixels alternativement noirs ceux de flux) qui produisent des images fantômes (fig. 2.3).
et blancs sur l’ensemble de l’acquisition ; pour le deuxième, Les artéfacts de mouvement perturbent essentiellement
comme un quadrillage régulier de bandes en hyposignal l’échantillonnage en phase et se produisent donc surtout
et hypersignal sur l’ensemble d’une image. Ils sont dus à dans la direction du codage de phase [6]. Cela est expliqué
une irruption d’une onde de radiofréquence lors de la par une durée plus longue de l’échantillonnage en phase
séquence. Lorsque ces artéfacts sont présents, il faut cher- (dont la durée correspond environ à un temps de répé-
cher une source d’onde radiofréquence parasite (comme tition [TR]) que celui en fréquence (dont la durée est de

A B C

Fig. 2.2
Artéfact de non-linéarité des gradients (appartient aux artéfacts liés à l’équipement).
A. Séquence coronale T1 TSE, palier thoraco-abdominal, avec distorsion de l’image aux bords du champ de vue sur le thorax et la cuisse droite
(flèches). B. Séquence sagittale STIR, palier centré sur le rachis cervicothoracique, avec distorsion de l’encéphale sur la partie supérieure du
champ de vue (flèche). C. Séquence coronale T1 TSE, palier centré sur l’encéphale, avec distorsion de l’encéphale sur la partie supérieure
du champ de vue (flèche).

18
2. Identification et gestion des artéfacts en IRM corps entier

A B C

Fig. 2.3
Artéfacts de mouvement.
A. Séquence coronale T1 TSE, palier sur les jambes et pieds, avec mouvements du pied droit (flèches). B. Séquence sagittale STIR sur le rachis
(2 paliers), avec artéfacts de mouvement de l’ensemble du rachis. C. Séquence coronale STIR, palier thoraco-abdominal, avec artéfacts de
mouvement de l’ensemble des éléments et répétition de la vésicule biliaire dans le sens de la phase.

quelques millisecondes, avec un déplacement des spins de de la réalisation d’IRM corps entier. Lorsque les artéfacts
moins d’un pixel). Sur les séquences axiales de diffusion et gênent l’analyse d’une structure précise, il est possible de chan-
leur cartographie ADC, les localisations les plus à risque ger le sens du codage de phase pour modifier la localisation
d’erreurs d’interprétation à cause d’artéfacts de mouve- des artéfacts de mouvement, notamment ceux de flux [5, 7].
ment sont le médiastin, du fait des pulsations cardiaques Les artéfacts de mouvement ne sont pas retrouvés de
– surtout lors de l’évaluation d’adénopathie –, et l’analyse façon identique sur les séquences. Il est donc intéressant
des lésions du lobe hépatique gauche [1]. Cela est partielle- d’associer au moins deux séquences différentes lors de la réa-
ment réduit par les techniques de synchronisation et l’ana- lisation d’IRM corps entier [4]. L’augmentation du nombre
lyse de séquences anatomiques complémentaires réalisées d’excitations peut permettre une réduction des artéfacts
lors du même examen. de mouvement, mais cela entraîne une augmentation de
Plusieurs techniques peuvent être utilisées pour réduire la durée d’acquisition [7]. Les artéfacts de mouvement
les artéfacts de mouvement en IRM corps entier. Dans un peuvent être diminués par l’utilisation de séquences d’écho
premier temps, il est important d’expliquer aux patients de gradient ou d’écho de spin rapide. Cependant, quelques
l’intérêt de ne pas bouger, de respirer doucement, ou de techniques IRM ne sont pas applicables en IRM corps entier,
bloquer la respiration quand demandé, quand cela est pos- comme l’utilisation de séquences à remplissage radial (non
sible. Une bonne installation du patient, voire son immobi- applicable sur les séquences utilisées classiquement en IRM
lisation (par une contention douce, en pédiatrie mais aussi corps entier, notamment la séquence STIR) ; ou l’utilisation
chez l’adulte, notamment avec l’utilisation d’une sangle des bandes de présaturation, car l’ensemble de l’image doit
abdominale) peut permettre de diminuer les artéfacts être analysée (sauf pour l’analyse du rachis en sagittal).
de mouvement. Il est important d’adapter et de minimiser le
protocole d’IRM corps entier en fonction de la question
Artéfacts de volume partiel
clinique, pour diminuer la durée en machine du patient
[8]. Une synchronisation respiratoire ou des séquences en Les artéfacts de volume partiel comportent l’artéfact
apnée peuvent être utilisées sur le thorax et l’abdomen [1, 8]. de déplacement chimique (appelé aussi déplacement
Une synchronisation cardiaque est très rarement utilisée lors chimique du 1er type), l’artéfact d’annulation de phase
19
I. Principes techniques

Fig. 2.4
Artéfacts de volume partiel.
Séquence axiale STIR sur les fémurs avec un défaut d’annulation du signal de la graisse (flèches pleines). Ce défaut d’annulation de la graisse
entraîne la présence d’une interface eau-graisse avec apparition d’un artéfact de déplacement chimique (flèches en pointillés).

(appelé aussi déplacement chimique du 2e type) et le 180°, entraînant un hyposignal dans les voxels contenant ces
défaut d’annulation du signal de la graisse (fig. 2.4). deux tissus. Cet artéfact n’apparaît donc qu’à certains temps
d’écho. Il s’observe dans la direction du gradient de codage
Artéfact de déplacement chimique de phase comme dans celui de la fréquence, et surligne donc
les contours de l’ensemble des organes entourés de graisse.
Le déplacement chimique apparaît aux interfaces eau-
graisse, car la graisse a une fréquence de résonance plus
faible que l’eau. Cette différence de fréquence est à l’origine Défaut d’annulation du signal
d’un décalage de la position de la graisse dans le sens de la de la graisse
fréquence. Cela entraîne une bande en hyposignal ou en
Le défaut d’annulation du signal de la graisse est induit par
hypersignal sur une interface eau-graisse. Plus la bande pas-
des inhomogénéités de radiofréquence, surtout à haut
sante de réception est étroite, plus cet artéfact augmente.
champ magnétique, ou avec des larges champs de vue. Cer-
Pour diminuer cet artéfact de déplacement chimique, il
taines séquences de diffusion avec suppression du signal de
est possible d’augmenter la bande passante, mais au prix
fond du corps (DWIBS ou diffusion-weighted whole-body
d’une diminution du rapport signal sur bruit [5, 7, 9]. Il est
imaging with background body signal suppression) peuvent
possible aussi d’augmenter la taille du voxel à champ de
être soumises à l’inhomogénéité de suppression de la graisse
vue constant pour diminuer cet artéfact, mais cela dimi-
et entraîner une erreur de calcul de la cartographie ADC. Il
nue la résolution spatiale [9]. Cet artéfact de déplacement
est important d’analyser la cartographie ADC en parallèle des
chimique est moins présent sur les séquences d’annulation
images natives de diffusion aux différentes valeurs de b [1].
du signal de la graisse.

Artéfact d’annulation de phase Artéfacts d’excitation croisée


L’artéfact d’annulation de phase est présent sur les séquences Lors de l’acquisition multicoupes avec coupes jointives,
en écho de gradient uniquement. C’est un artéfact dû à la l’impulsion radiofréquence de sélection de coupe peut
différence de fréquence de Larmor entre les spins de l’eau exciter partiellement les coupes adjacentes, ce qui entraîne
et ceux de la graisse avec apparition d’un hyposignal dans une modification du contraste et/ou une perte de signal de
un voxel contenant à la fois de la graisse et de l’eau. L’ac- la coupe adjacente. Cela peut apparaître comme une dimi-
quisition « out phase » correspond à l’acquisition quand les nution de l’intensité du signal sur toutes les coupes d’une
spins des protons de la graisse et de l’eau sont déphasés de acquisition, en dehors des premières coupes de la série
20
2. Identification et gestion des artéfacts en IRM corps entier

A B

Fig. 2.5
Artéfacts d’excitation croisée.
Séquence coronale STIR, deux coupes adjacentes du palier sur l’encéphale (A, frontale antérieure ; B, coupe successive plus postérieure). La
2e coupe de l’acquisition (B, flèche) apparaît en hyposignal plus global que la 1re coupe du fait de l’excitation résiduelle sur la 2e coupe de
l’impulsion radiofréquence de la 1re coupe.

(fig. 2.5). Ce phénomène est plus marqué lors de l’utilisation d’image, ni le temps d’acquisition et sont donc constam-
d’impulsions de 180°, comme les acquisitions en inversion- ment employées. Pour diminuer les artéfacts de repliement
récupération et les séquences en écho de spin rapide [4, 7]. dans le sens du codage de phase, il est possible de mettre le
Pour diminuer cet artéfact, il est possible d’entrelacer sens du codage de phase dans l’axe le plus fin de la matrice
l’acquisition multicoupes pour ne pas imager sur la même
répétition les coupes adjacentes [7]. Une autre solution est
d’augmenter l’espace intercoupe (plus de 10 % entre les
coupes voire 20 % pour les séquences d’inversion-récupé-
ration), mais cela diminue la résolution spatiale car les tissus
dans l’espace intercoupe ne sont pas imagés [5, 9].

Artéfacts d’échantillonnage
L’artéfact de repliement et celui de troncature sont des
artéfacts d’échantillonnage.

Artéfact de repliement
Le repliement fait suite à une erreur de codage spatial.
Quand une partie du corps s’étend en dehors du champ
de vue mais produit un signal qui atteint l’antenne, cette
partie du corps est reproduite du côté opposé de l’image
(fig. 2.6). Cet artéfact apparaît aussi bien dans le sens de la Fig. 2.6
phase que dans le sens de la fréquence. Cependant, pour Artéfact de repliement (appartient aux artéfacts
le codage en fréquence, l’artéfact est plus facile à éliminer d’échantillonnage).
car l’utilisation d’un filtre passe-bas pour éliminer les fré- Séquence coronale T1 TSE, palier sur le thorax, l’abdomen et les
membres supérieurs. Les zones anatomiques hors du champ de vue
quences supérieures à celle de Nyquist et la réalisation d’un (ici épaule droite et coudes) se retrouvent représentées du côté
suréchantillonnage en fréquence n’influencent ni la qualité controlatéral dans l’image (flèches).

21
I. Principes techniques

ou de suréchantillonner (augmenter le champ de vue et la Les artéfacts métalliques résultent du même phéno-
matrice), mais au prix d’une augmentation du temps d’ac- mène, mais avec un hyposignal allant jusqu’à la perte du
quisition [7]. signal, entouré de cercles en hypersignaux, associé à une
Pour l’IRM corps entier, les patients, notamment en pédia- distorsion des régions adjacentes (fig. 2.7). La perte de signal,
trie, sont installés sur le dos, les bras le long du corps pour un due à l’hétérogénéité de champ magnétique, et la distor-
meilleur confort en espérant diminuer les artéfacts de mou- sion du champ magnétique sont liées à la modification de
vement, mais chez les patients plus larges, les membres supé- la fréquence de résonance lors de la sélection de coupe
rieurs peuvent se retrouver hors du champ de vue et être (absence d’excitation des protons) et de la lecture du signal.
à l’origine d’un artéfact de repliement [2, 4]. Les membres Chez les adolescents, le matériel métallique le plus fréquent
supérieurs peuvent être placés au-dessus de la tête (mais cela est l’appareil dentaire. L’artéfact métallique qui en résulte
nécessite un temps d’acquisition supplémentaire). empêche l’analyse de la face, notamment des articulations
temporomandibulaires.
Artéfact de troncature Les examens d’IRM corps entier peuvent être réalisés à
1,5 T ou à 3 T. Il y a un peu plus d’artéfacts liés à l’inhomo-
L’artéfact de troncature est causé par l’échantillonnage. En généité du champ magnétique à 3 T qu’à 1,5 T [10]. Cepen-
effet, l’absence de prise en compte de l’ensemble des fré- dant, l’acquisition à 3 T permet d’avoir un meilleur rapport
quences dans le plan de Fourier rend impossible la repré- signal sur bruit.
sentation parfaite des changements brusques de contraste Le changement de direction du codage en fréquence
[7]. La troncature apparaît sous forme de lignes en hyper- et en phase change l’aspect de l’artéfact de susceptibilité,
signal ou hyposignal parallèles aux zones de changement sans le modifier, et n’est donc pas une solution pour la
abrupt d’intensité de signal [9]. Cet artéfact dépend des réduction de ce type d’artéfacts. Pour diminuer les arté-
dimensions de la matrice et est plus fréquent si on aug- facts de susceptibilité magnétique, il est possible d’utiliser
mente le champ de vue sans modifier la matrice. On peut des séquences en écho de spin qui sont moins susceptibles
diminuer l’artéfact de troncature en augmentant la taille de aux artéfacts que celles en écho de gradient, mais au prix
la matrice [5–7, 9]. L’utilisation de grands champs de vue en
IRM corps entier doit trouver le meilleur compromis entre
la taille de matrice suffisante pour éviter l’artéfact de tron-
cature et la taille de voxel suffisante pour garder un bon
rapport signal sur bruit.

Artéfacts de susceptibilité
magnétique
Les artéfacts de susceptibilité magnétique sont liés à une
hétérogénéité du champ magnétique local en lien avec
des gradients microscopiques dans les tissus qui sont
placés dans le champ de force magnétique B0 de l’IRM.
Il en résulte des zones en hyposignal et une distorsion
à l’interface entre deux tissus ayant des susceptibilités
magnétiques différentes. Les images echo planar utilisées
en diffusion sont sensibles aux artéfacts de susceptibilité
aux interfaces entre l’air et les tissus mous (notamment au
niveau du médiastin). Ce phénomène peut être réduit en
optimisant le champ magnétique (utilisation des bobines Fig. 2.7
électromagnétiques = « shimming » actif) et en utilisant Artéfact métallique (appartient aux artéfacts de susceptibilité
une grande matrice avec un petit champ de vue [1]. magnétique).
Cependant, l’augmentation des dimensions de la matrice Séquence coronale T1 TSE, palier sur l’encéphale chez un adolescent
avec un appareil dentaire. Perte de signal et distorsion du champ
va augmenter le temps d’acquisition et diminuer le rap- magnétique induites par l’artéfact métallique de l’appareil dentaire
port signal sur bruit. (flèche).

22
2. Identification et gestion des artéfacts en IRM corps entier

d’une augmentation de durée d’acquisition. L’utilisation de


temps d’écho (TE) courts permet de diminuer la perte Nom des artéfacts en anglais
de signal liée aux inhomogénéités de champ magnétique ■ Artéfact de reformatage : stair-step artifact or stitch
en laissant moins de temps de déphasage, mais va entraî- artifact
ner une modification du contraste de l’image. L’utilisation ■ Artéfact de non-linéarité des gradients : gradient non-
d’une bande passante de réception large permet l’acquisi- linearities artifact
tion plus rapide du signal (utilisation d’un TE court) par un ■ Artéfacts de mouvement : motion artifacts
gradient de lecture du signal plus précoce, mais diminue le ■ Artéfact de déplacement chimique : chemical shift
rapport signal sur bruit [5–7, 9]. La diminution de l’épais- artifact
Artéfact d’excitation croisée : cross-talk artifact
seur de coupe peut diminuer les artéfacts de susceptibilité ■

■ Artéfact de repliement : aliasing (= phase wrap-


magnétique, mais augmente le temps d’acquisition pour
around artifact)
recouvrir une région donnée [9]. La séquence STIR, par sa ■ Artéfact de troncature : truncation artifacts
technique d’inversion-récupération, est moins sensible aux (= Gibbs’artifact)
hétérogénéités de champ magnétique que les techniques ■ Artéfact de susceptibilité magnétique : magnetic sus-
de saturation du signal de la graisse (comme la séquence T2 ceptibility artifact
fat sat chez Siemens). ■ Bruit : noise

Bruit
Le bruit est une perturbation aléatoire issue du patient et
de la chaîne de mesure. Cependant, plusieurs éléments
influencent le rapport signal sur bruit. Par exemple, le bruit ` Conclusion
dépend du champ magnétique utilisé avec un signal plus
important (et donc un meilleur rapport signal sur bruit) L’IRM corps entier n’est pas une technique dénuée d’arté-
lors de l’augmentation de l’intensité du champ magné- facts. Cependant, la reconnaissance de ces derniers, associée
tique. L’augmentation du volume du voxel permet d’aug- à un protocole d’imagerie combinant plusieurs séquences
menter le signal et d’avoir un meilleur rapport signal sur optimisées pour limiter ces artéfacts réduisent considé-
bruit. L’augmentation du nombre d’excitations augmente rablement leur impact sur l’interprétation de l’IRM corps
le rapport signal sur bruit. Pour diminuer le bruit, l’utilisa- entier, qui garde un apport majeur dans de nombreuses
tion des antennes de surface recouvrant le corps entier est indications cliniques.
nécessaire (association de l’antenne crâne, d’une antenne L’ensemble des images sont issues de la série d’IRM corps
de surface sur le thorax, sur l’abdomen et sur les membres entier pédiatrique du service du CHU de Bicêtre, principa-
inférieurs). Le bruit dépend aussi de la bande passante ; une lement réalisées sur une IRM Siemens 1,5 T.
bande passante de fréquence large aura une proportion de Remerciements : M. B. Cauquis, Mme O. Le Cam.
bruit plus élevée qu’une bande passante étroite. Cepen-
dant, une bande passante large aura un temps de lecture
plus court ; il y a donc un compromis à faire entre rapport
signal sur bruit et temps d’acquisition [5–7, 9].
Références
1. Albano D, La Grutta L, Grassedonio E, et al. Pitfalls in whole body
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Astuces lymphoma : What radiologists should know. Magn Reson Imaging
2016 ; 34(7) : 922–31.
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and non-oncologic indications. Pediatr Radiol 2018 ; 48(9) : 1348–63.
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■ Bien couvrir l’ensemble de la région explorée 4. Le Cam S, de Boissieu P, Teglas JP, et al. Analysis of whole-body
■ Mettre les mains le long du corps pour éviter les MRI artifacts in a pediatric population with a special emphasis on
the effect of hands position. Diagn Interv Imaging 2022 ; S2211-
artéfacts sur les coudes 5684(22) : 00191–7.
■ Changer le sens de la phase en cas d’analyse 5. McRobbie DW, Moore EA, Graves MJ, Prince MR. MRI From picture
limitée par les mouvements physiologiques to proton, 2nd ed. Cambridge: Cambridge University Press ; 2006.

23
I. Principes techniques

6. Kastler B, Vetter D. Comprendre l’IRM Manuel d’auto-apprentissage. 9. Stadler A, Schima W, Ba-Ssalamah A, et al. Artifacts in body MR
Paris: Elsevier Masson ; 2018. imaging : their appearance and how to eliminate them. Eur Radiol
7. Hoa D, Micheau A, Gahide G, et al. L’IRM pas a pas. Montpellier: 2007 ; 17(5) : 1242–55.
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8. Schaefer JF, Kramer U. Whole-body MRI in children and juveniles. body magnetic resonance imaging applications at 1.5 and 3 Tesla : a
Rofo 2011 ; 183(1) : 24–36. comparative study. Invest Radiol 2007 ; 42(6) : 449–59.

24
Partie II
Applications/indications
chez l’adulte

P L AN D E L A PA RT I E
A. Applications oncologiques 27

3. IRM du corps entier et myélome multiple 29

4. IRM corps entier et lymphomes 43

5. IRM corps entier et métastases osseuses


de cancers solides 57

6. IRM corps entier et cancer colorectal 71

B. Applications non oncologiques 83

7. Exploration des spondyloarthrites en IRM 85

8. IRM musculaire corps entier dans les


myopathies héréditaires et acquises 103
Section A
Applications oncologiques

P L AN D E L A SECT I O N
3. IRM du corps entier et myélome multiple 29

4. IRM corps entier et lymphomes 43

5. IRM corps entier et métastases osseuses


de cancers solides 57

6. IRM corps entier et cancer colorectal 71


Chapitre 3
IRM du corps entier et myélome
multiple
Vassiliki Pasoglou, Douglas Lacomblez, Frédéric E. Lecouvet

PLAN DU C HAPITRE
Généralités 31

Imagerie du myélome multiple 31


Radiographie standard 31
Scanner du corps entier faible dose 31
TEP-TDM 32
IRM 32

Quelles séquences IRM et pourquoi ? 32

Patterns d’infiltration tumorale de la moelle


osseuse 33

IRM du corps entier 35

Suivi de la réponse au traitement 35

Limitations et futur de l’IRM corps entier 39

Conclusion 41

IRM corps entier


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3. IRM du corps entier et myélome multiple

Généralités paracliniques comprenant un hémogramme, un frottis san-


guin, une électrophorèse des protéines sériques, une ana-
Le myélome multiple (MM) représente environ 1 % des lyse d’urine et une ponction/aspiration et/ou une biopsie
pathologies néoplasiques, avec 176 404 nouveaux cas dans de moelle.
le monde en 2020 et un pic d’incidence dans la sixième
décennie. Après le lymphome non hodgkinien, c’est la
maladie hématologique la plus répandue et le cancer le Imagerie du myélome multiple
plus fréquent du squelette après les lésions osseuses secon-
daires. Le MM se caractérise par une prolifération anormale L’imagerie médicale joue un rôle central dans chaque
de plasmocytes infiltrant la moelle osseuse et/ou plus rare- étape de la prise en charge du MM, comprenant le dia-
ment les tissus extramédullaires, produisant des protéines gnostic, la stadification et le suivi, en fournissant des
monoclonales sous forme d’immunoglobuline intacte ou informations structurelles et fonctionnelles essentielles.
chaînes légères, dosables dans le sérum ou les urines. Selon les nouveaux critères diagnostiques de l’IMWG,
Le MM se développe rarement de novo. Il correspond le l’indication principale de l’imagerie est de déterminer
plus souvent à la progression d’une gammapathie mono- l’atteinte osseuse, biomarqueur du MM. La détection des
clonale de signification indéterminée (monoclonal gammo- lésions osseuses nécessite l’instauration d’un traitement
pathy of undetermined significance [MGUS]) évoluant vers et comporte une valeur pronostique. De plus, les patho-
un stade intermédiaire, le myélome indolent asymptoma- logies ostéolytiques altèrent la qualité de vie des patients
tique (smoldering multiple myeloma [SMM]). Le risque de atteints d’un MM et sont responsables d’une morbimor-
progression/transformation en MM dans les 5 ans est talité très élevée.
de 10 % pour le SMM et de 1 % pour le MGUS.
Le plus souvent, le patient atteint de MM présente des Radiographie standard
douleurs osseuses, de l’anémie, une insuffisance rénale ou
des symptômes neurologiques liés aux complications des Pendant longtemps, la radiographie standard a été la tech-
lésions osseuses (fracture pathologique par exemple). nique d’imagerie de choix en raison de sa disponibilité et
Jusqu’en 2014, le MM symptomatique était diagnostiqué de sa facilité d’interprétation. Les radiographies du sque-
sur la base de critères biologiques, cliniques et d’imagerie ; lette ont cependant de faibles sensibilité et spécificité. En
critères regroupés sous l’acronyme CRAB (hypercalcemia, effet, la visualisation de lésions lytiques à la radiographie
renal failure, anemia, bone lesions). Depuis, l’International nécessite une perte d’environ 30 à 50 % de l’os trabéculaire
Myeloma Working Group (IMWG) propose l’utilisation de d’une vertèbre correspondant à une maladie avancée [1].
biomarqueurs spécifiques associés aux critères CRAB chez De plus, en se fondant uniquement sur les radiographies,
les patients atteints d’un SMM afin de pouvoir les traiter il est impossible d’évaluer une réponse thérapeutique. Ces
avant le développement de lésions organiques. Selon ces dernières années, cette technique a donc été progres-
nouveaux critères, le diagnostic de MM se fonde sur un sivement remplacée par des modalités d’imagerie plus
taux supérieur ou égal à 10 % de plasmocytes monoclo- modernes, comme le scanner du corps entier faible dose,
naux dans la moelle, ou la preuve histologique de plasmo- l’IRM du corps entier et la tomographie par émission de
cytome à la biopsie et un ou plusieurs critères définissant la positrons (TEP-TDM) au fluorodésoxyglucose marqué au
suspicion de MM, à savoir : fluor 18 (FDG).
• un critère CRAB ;
• un ou plusieurs biomarqueurs diagnostiques de Scanner du corps entier faible dose
malignité :
– plus 60 % de plasmocytes monoclonaux à la biopsie La sensibilité du scanner du corps entier faible dose est net-
de moelle osseuse ; tement supérieure à celle de la radiographie, notamment au
– ratio de chaînes légères supérieur à 100 ; niveau du pelvis et du rachis, détectant les lésions lytiques
– plus d’une lésion focale en IRM d’au moins 5 mm. affectant moins de 5 % de l’os trabéculaire. C’est donc
Ces trois biomarqueurs sont associés à un risque de 80 % une technique performante dans la détection des lésions
de progression vers une lésion organique symptomatique. ostéolytiques, qui apporte également des informations
Le diagnostic de MM nécessite donc une anamnèse supplémentaires sur l’atteinte osseuse et les complica-
et un examen clinique complet ainsi que des examens tions, par exemple les fractures pathologiques [2].

31
II. Applications/indications chez l’adulte

TEP-TDM fonctionnelle de diffusion. Les lésions médullaires appa-


raissent iso- ou hypo-intenses en pondération T1 par rap-
La tomographie par émission de positons-tomodensitomé- port au muscle ou au disque intervertébral, au sein de la
trie (TEP-TDM) fournit des informations à la fois fonction- moelle osseuse graisseuse qui est hyperintense. En STIR ou
nelles et morphologiques, et est souvent utilisée pour la sur les autres séquences avec suppression du signal grais-
détection de l’atteinte osseuse et extramédullaire du MM. seux, une lésion tumorale présente un hypersignal par rap-
Par ailleurs, la TEP-TDM est largement utilisée dans l’éva- port à la moelle osseuse hypo-intense, dont le signal grais-
luation de la réponse au traitement. Sa capacité de détec- seux a été supprimé.
tion lésionnelle au moment du diagnostic est inférieure à Au lieu de supprimer le signal graisseux, Thomas Dixon
celle de l’IRM, surtout dans les cas d’infiltration diffuse ou a développé une technique permettant de séparer le signal
avec peu de lésions focales. Dans une étude par Zamagni graisseux et hydrique en utilisant le déplacement chimique
et al., comparativement à l’IRM du rachis et du pelvis et [7]. La technique Dixon est appliquée à des séquences
aux radiographies du corps entier, la TEP-TDM était néga- de type TSE et gradient echo (GRE), et on obtient quatre
tive chez 30 % des patients chez qui l’IRM était positive [3]. séries d’images : avec et sans suppression de la graisse, et
Une étude récente comparant l’IRM et la TEP-TDM chez des séquences en phase et opposition de phase. Avec cette
les patients atteints d’un MM a démontré la supériorité de technique, on peut obtenir la fraction graisseuse (fat frac-
l’IRM dans la détection de l’atteinte osseuse [4]. Les auteurs tion [FF]). La FF est définie comme la quantité de signal
ont démontré que la sensibilité de l’IRM pour la détection provenant des protons graisseux, divisée par la somme des
des lésions osseuses est significativement plus élevée que protons de la graisse et de l’eau. La FF lésionnelle peut être
celle de la TEP-TDM. utilisée comme un biomarqueur quantitatif, étant significa-
tivement plus faible chez les patients avec un MM symp-
tomatique [8].
IRM Beaucoup de centres utilisent un protocole d’acquisi-
L’IRM est une technique sensible et spécifique qui permet tion du rachis, comprenant des images sagittales du rachis
une visualisation directe de la moelle osseuse et l’évaluation cervical, thoracique et lombaire ainsi que du sacrum. Ce
de sa composition. Grâce à sa haute résolution spatiale et protocole inclut des séquences T1 et STIR, avec ou sans
en contraste, l’IRM est devenue une imagerie de choix dans séquences T1 post-injection de contraste. Dans notre
le cadre des pathologies médullaires osseuses. L’avantage centre, nous rajoutons également une séquence coronale
majeur de l’IRM est sa capacité de détecter des remplace- T1 centrée sur le bassin (fig. 3.1) étant donné que l’IRM du
ments médullaires avant même la destruction osseuse. La rachis et du bassin permet de détecter environ 90 % des
présence de plus d’une lésion de 5 mm est suffisante pour lésions focales du MM.
le diagnostic de MM [5]. L’IRM a également une valeur pro- L’imagerie de diffusion se fonde sur le mouvement aléa-
nostique, et le taux de survie à 5 ans est nettement abaissé toire des molécules d’eau pour produire des images, et le
lorsque l’IRM est pathologique (30 % versus 80 % en cas contraste entre les tissus est lié à la différence de mouve-
d’IRM normale) [6]. ment moléculaire au niveau cellulaire. De façon schéma-
Parmi les multiples modalités d’imagerie, l’IRM est main- tique, dans des tissus très cellulaires (comme une tumeur),
tenant reconnue par l’IMWG comme imagerie de première les mouvements de l’eau libre sont restreints par les mem-
ligne chez les patients avec une suspicion diagnostique de branes cellulaires. À l’inverse, dans les tissus peu cellulaires,
myélome asymptomatique ou de plasmocytome (solitaire) la diffusion de l’eau est moins restreinte. Le mouvement
osseux. des molécules d’eau se fait dans différents compartiments ;
intracellulaire, transmembranaire, extracellulaire et intra-
vasculaire. En choisissant une valeur de b, on sélectionne
quel compartiment sera étudié. Une valeur de b basse sera
Quelles séquences IRM plus sensible au flux vasculaire, et une valeur de b élevée
et pourquoi ? à la cellularité. L’utilisation de plusieurs valeurs de b per-
met le calcul du coefficient de diffusion apparent (ADC)
Le protocole IRM le plus souvent utilisé pour le dépistage pour chaque voxel, qui reflète la diffusion des tissus. Les
des lésions de la moelle osseuse consiste en une combi- tissus hypercellulaires vont présenter un hypersignal dif-
naison de séquences pondérées en T1 (T1 turbo spin echo fusion à facteur b élevé avec un ADC abaissé. Cependant,
[TSE]), short tau inversion recovery (STIR) et une séquence la présence de graisse dans la moelle osseuse complique
32
3. IRM du corps entier et myélome multiple

A B C

Fig. 3.1
Protocole IRM du « squelette axial » réalisé dans notre centre comportant des séquences sagittales T1 TSE (A) et STIR (B) de la colonne
entière et une séquence T1 TSE du bassin (C).
Nous observons des fractures tassements des corps vertébraux T11, T12, L1, L2 et L3 (flèches).

l’interprétation. La moelle osseuse adulte est classiquement Patterns d’infiltration tumorale


riche en graisse et pauvre en eau. Le mouvement de cette
faible quantité d’eau est limité par la graisse, expliquant de la moelle osseuse
son faible signal en diffusion et un ADC bas. Une moelle
osseuse cellulaire, à l’inverse, aura une composante hydra- Cinq patterns d’infiltration médullaire ont été décrits [9]
tée intracellulaire et libre plus importante, et donc un ADC (fig. 3.2) :
élevé. Une lésion tumorale focale aura une valeur ADC plus • aspect normal de la moelle osseuse ;
basse et un signal plus intense en diffusion à facteur b élevé • pattern « focal » avec zones focales de moelle anormale se
que la moelle osseuse normale. De plus, l’augmentation de traduisant par des lésions en hyposignal sur la séquence pon-
la vascularisation et de la perfusion sanguine des plasmo- dérée en T1, et hyperintenses sur les séquences pondérées en
cytes infiltrant la moelle semble également influencer les T2 et dont le rehaussement est variable sur les séquences T1
valeurs d’ADC. après injection de gadolinium en cas d’injection (fig. 3.2A) ;

33
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

Fig. 3.2
Différents patterns d’infiltration tumorale de la moelle osseuse. Coupes sagittales T1 et STIR de la colonne vertébrale.
A. Pattern « focal » avec multiples nodules tumoraux de la moelle osseuse en hyposignal T1 et hypersignal STIR (flèches). B. Pattern « diffus »
avec infiltration diffuse de la moelle osseuse qui apparaît en hyposignal T1 par rapport au disque et hypersignal STIR. C. Pattern « poivre et sel »
avec innombrables petits micronodules tumoraux en hyposignal T1 et hypersignal STIR.

34
3. IRM du corps entier et myélome multiple

• pattern « diffus » dans lequel la moelle normale est rem- avec 2 valeurs de b (50-100 s/mm2 et 800-900 s/mm2), des
placée par des cellules tumorales responsables d’un hypo- reconstructions 3D maximum intensity projection (MIP) à la
signal diffus anormal de la moelle par rapport au disque valeur de b la plus élevée et le calcul des cartes ADC.
intersomatique en pondération T1, se rehaussant diffusé- Des séquences optionnelles pour une analyse plus pré-
ment post-injection de produit de contraste et un hypersi- cise de la charge lésionnelle comprennent une troisième
gnal diffus en pondération T2 (fig. 3.2B) ; valeur de b (500-600 s/mm²), une séquence axiale T2 FSE
• pattern « poivre et sel », avec une myriade de lésions mil- du corps entier sans suppression de graisse (épaisseur de
limétriques, hypo-intenses en T1, hyperintenses en T2 et se coupe 5 mm) et des séquences dédiées focalisées sur des
rehaussant post-injection de produit de contraste (fig. 3.2C) ; zones à risque de compression neurologique ou de patho-
• pattern mixte, diffus et focal. logie extramédullaire.
Les patterns « focal » ou « diffus » sont associés à un taux Les valeurs d’ADC de la moelle osseuse infiltrée par le
de morbidité plus élevé par rapport au pattern « poivre et myélome sont significativement différentes de celles d’une
sel » chez les patients symptomatiques [10]. moelle osseuse normale chez l’adulte. Nonomura et al.
ont étudié la relation entre les valeurs d’ADC et la cellula-
rité de la moelle osseuse [15]. Ces auteurs ont démontré
IRM du corps entier que la moelle osseuse normale a un ADC plus bas (0,362 ±
0,312 × 10−3 mm2/s pour une moelle osseuse paucicellulaire
Depuis plusieurs années, l’IRM corps entier est devenue le et 0,827 ± 0,708 × 10−3 mm2/s pour une moelle osseuse nor-
gold standard dans l’étude des patients atteints de MM afin mocellulaire) qu’une moelle osseuse hypercellulaire à cause
d’imager l’ensemble du squelette. En effet, l’étude de Bäurle d’une infiltration tumorale (1,31 ± 0,330 × 10−3 mm2/s). Selon
et al., comparant l’IRM du rachis et l’IRM corps entier des une autre équipe, une valeur d’ADC de 0,655 × 10−3 mm2/s
patients avec MGUS et MM, a démontré que 9 patients permet de différencier la moelle normale de la moelle infil-
sur 37 avec des lésions de myélome n’avaient aucune lésion trée par le myélome avec une sensibilité et une spécificité de
au niveau du rachis [11]. Les auteurs ont donc conclu que 90 % et 93 % respectivement [16, 17].
l’IRM corps entier plutôt que l’IRM du rachis devrait être L’ADC a une valeur pronostique et représente l’un des
utilisée dans la stadification initiale. Le National Institute for principaux indicateurs de l’effet du traitement chez les
Clinical Excellence et la British Society of Hematology ont patients atteints nouvellement diagnostiqués [18]. Un ADC
suggéré la réalisation d’une IRM corps entier quand cela est initial augmenté au niveau des lésions osseuses représente
possible et recommandent son utilisation dans l’évaluation un facteur pronostique négatif, et pour chaque point d’ADC
de la réponse thérapeutique des myélomes non et oligosé- en plus dans la lésion, la survie diminue d’un an au minimum
crétants ainsi que chez les patients présentant une topo- [18]. En plus, sur la base des valeurs ADC, il est possible de
graphie extramédullaire [12, 13]. différencier une maladie précoce d’une maladie avancée.
Le protocole d’IRM corps entier classique inclut des Concernant les paramètres techniques, la valeur de b opti-
séquences anatomiques en pondération T1 et T2 fat sat male pour différencier une moelle infiltrée d’une moelle nor-
dans le plan coronal et une séquence de diffusion du corps male est de 1,262 s/mm2 [17]. Cependant, avec l’utilisation de
entier. La séquence fonctionnelle de diffusion corps entier valeurs de b aussi hautes, le temps d’acquisition est prolongé,
permet une vision d’ensemble du corps et attire l’attention avec toutes les implications qui peuvent en découler. Une
du lecteur sur les anomalies. valeur de b à 900-1000 s/mm2 semble raisonnable afin d’ob-
Afin d’harmoniser l’acquisition et l’interprétation, Mes- tenir des images de bonne qualité, en un temps acceptable.
siou et al. ont rédigé les recommandations MY-RADS (Mye-
loma Response Assessement and Diagnosis System) [14]. Les
auteurs y proposent les paramètres techniques d’acquisition Suivi de la réponse au traitement
et les séquences standard d’une IRM corps entier réalisable
en moins de 30 minutes. Cela comprend l’imagerie du rachis L’IRM corps entier est un outil non invasif et intéressant
par des coupes sagittales T1 FSE (épaisseur de coupe de 4 dans le suivi du traitement des patients atteints d’un MM.
à 5 mm), T2 et STIR ou T2 fat sat d’une épaisseur de coupe Selon Moulopoulos et al., une réponse complète est carac­
de 4 à 5 mm) ; l’imagerie du corps entier (du vertex aux térisée par la résolution complète des anomalies médul­
genoux) comprenant des coupes axiales ou coronales T1 laires, tandis que la transformation du pattern « diffus » en
GRE ou Dixon avec reconstructions en Fat et Water, et un pattern « focal » ou « poivre et sel » traduit une réponse
carte de FF ainsi que des séquences de diffusion axiales partielle [19] (fig. 3.3 et 3.4).
35
II. Applications/indications chez l’adulte

A B C D

E F

Fig. 3.3
Illustration de la progression de la maladie malgré traitement.
IRM de l’ensemble de la colonne vertébrale chez un patient de 55 ans atteint d’un myélome multiple nouvellement diagnostiqué. A, B. Coupes
sagittales T1 et STIR montrant quelques foyers de remplacement médullaire (flèches). C, D. Coupes correspondantes d’un examen de suivi réalisé
à 4 mois après l’instauration d’une chimiothérapie. Nette augmentation en nombre et en taille des lésions plasmocytaires (flèches). E, F. Coupes
correspondantes d’un nouvel examen de suivi réalisé 3 mois après le précédent et modification thérapeutique. Poursuite de la progression de
la maladie, avec infiltration diffuse de la moelle osseuse rachidienne caractérisée par un hyposignal T1, un hypersignal STIR de l’ensemble des
pièces osseuses. Noter un début d’envahissement épidural postérieur en T10 (flèche). Le patient est décédé quelques mois plus tard.
36
3. IRM du corps entier et myélome multiple

A B C

0% 750 mm2/s
D E

Fig. 3.4
Illustration de la réponse de la maladie au traitement.
IRM corps entier au moment du diagnostic de myélome multiple et après traitement chez un patient de 80 ans. A, B. Reconstructions frontale et
sagittale des deux séquences 3D T1. C. Coupe frontale de la séquence diffusion, fenêtre inversée, b = 1000 s/mm2. Démonstration de l’existence d’un
volumineux foyer tumoral occupant l’ensemble du corps de T12 et débordant dans les tissus mous paraspinaux droits (flèche). D. Coupe transversale
de la cartographie de la fraction de graisse ; la mesure effectuée dans le corps vertébral montre l’absence de tout reliquat médullaire graisseux (FF = 0 %).
E. Coupe transversale de la cartographie de l’ADC. L’ADC est mesuré à 750 × 10-6 mm2/s.

37
II. Applications/indications chez l’adulte

F G H

16% 1235 mm2/s


I J
Fig. 3.4
Suite.
F-J. Images morphologiques et quantitatives correspondantes de l’examen IRM réalisé 2 mois plus tard après instauration d’un traitement systémique
et irradiation de la charnière thoracolombaire. Régression en taille de la lésion et de l’extension paraspinale sur les images morphologiques (flèche en
F, G, H). Nette élévation de la FF mesurée à 16 % et de l’ADC mesuré à 1235 × 10-6 mm2/s au sein du corps de T12. Noter l’involution adipeuse des
vertèbres voisines de T12, incluses dans le champ d’irradiation.

38
3. IRM du corps entier et myélome multiple

Les critères RECIST 1.1 sont actuellement considérés de la nécrose et de l’œdème [23] (voir fig. 3.4). Ensuite, une
comme l’outil principal pour le suivi de la réponse au trai- moelle osseuse graisseuse normale réapparaît et on observe
tement de patients oncologiques. Pourtant, RECIST 1.1 alors une baisse des valeurs ADC.
se concentre sur les masses des tissus mous et les lésions Au cours des dernières années, la FF dérivée des
osseuses ne sont considérées mesurables que lorsqu’il y a images T1 Dixon a montré un grand potentiel pour l’éva-
une atteinte des tissus mous de plus de 10 mm. Le MM luation de la réponse au traitement, car les modifications
est caractérisé par des lésions lytiques au sein de la moelle précoces au sein des lésions offrent des informations
osseuse et l’atteinte extra-osseuse est très rare. De ce fait, les très utiles et importantes (voir fig. 3.4). La FF des lésions
critères RECIST ne peuvent pas être utilisés dans ce contexte. osseuses chez les patients ayant répondu au traitement et
L’équipe de l’University of Texas MD Anderson Cancer Cen- considérés en réponse complète montre une majoration
ter a développé des critères de réponse spécifiques pour les significativement plus importante par rapport aux patients
lésions osseuses en 2004. Ces critères, appelés MDA (MD présentant une réponse partielle [24]. De plus, l’ampleur du
Anderson), peuvent être utilisés pour le MM. changement de la FF des lésions peut nous aider à différen-
Les critères MDA divisent la réponse en quatre catégo- cier les répondeurs lents (slow responders) des répondeurs
ries : réponse complète, réponse partielle, maladie stable et rapides (fast responders). Effectivement, selon une étude
maladie progressive. Pour les examens IRM, une réponse récente, les histogrammes de la FF ont une meilleure per-
partielle se définit par une régression de ≥ 50 % de la formance que les histogrammes de l’ADC pour prédire la
somme des lésions mesurables ou une régression subjective réponse rapide [25]. La FF des patients en réponse partielle
de ≥ 50 % des lésions mal définies. Une maladie progressive ou complète se majore dès 3 semaines après l’initiation du
correspond à une augmentation de ≥ 25 % de la somme traitement. Les changements de la FF à 8 semaines et com-
des lésions mesurables ou à une augmentation ≥ 25 % des parés aux valeurs d’ADC sont le meilleur biomarqueur indi-
lésions mal définies [20]. La maladie stable est définie par quant une moins bonne réponse.
une augmentation < 25 %, une régression de < 50 %, ou Le système MY-RADS propose des critères exhaus-
pas de changement des lésions mesurables sans nouvelle tifs pour l’évaluation de la réponse au traitement sur la
lésion. En plus de la taille, l’apparition d’une composante base de l’analyse des images morphologiques, des images
graisseuse au sein ou autour (halo-graisseuse ou « fat halo de diffusion et des données quantitatives (tableau 3.1).
sign ») d’une lésion osseuse témoigne d’une réponse au Les auteurs encouragent un compte-rendu structuré de
traitement [21]. Au contraire, l’apparition d’un halo cellu- chaque examen d’IRM corps entier, ainsi qu’une évalua-
laire en discret hyposignal T1 et hypersignal STIR témoigne tion de la tendance de la réponse au traitement en sui-
d’une lésion active et progressive. vant les critères d’évaluation de la réponse. Les auteurs du
Park et al. ont étudié le rôle de l’IRM corps entier dans MY-RADS soulignent la nécessité d’uniformiser l’acquisi-
l’évaluation de la réponse au traitement des patients atteints tion d’images et la collecte des données et facilitent les
d’un MM, en utilisant les critères RECIST 1.1 et MDA [22]. comptes-rendus des radiologues. De plus, la standardi-
Selon les auteurs, l’IRM corps entier sous-estime la réponse sation des comptes-rendus simplifie le suivi et le contact
complète et la réponse partielle. Effectivement, l’IMWG avec les cliniciens.
signale que l’IRM corps entier peut observer des lésions
non viables, persistantes dans la moelle osseuse après trai-
tement [5]. Lorsque les séquences de diffusion corps entier Limitations et futur de l’IRM
sont ajoutées aux critères en plus des séquences anato- corps entier
miques, l’agrément entre la clinique et l’IRM corps entier est
significativement amélioré. Lors de la réalisation d’une IRM corps entier, des logiciels
Pour améliorer l’évaluation de la réponse au traite- et des antennes spéciales sont nécessaires. Cependant, cet
ment, l’imagerie de diffusion et les cartes ADC sont utili- équipement n’est pas disponible dans tous les centres. De
sées. La diffusion corps entier est une technique sensible plus, afin d’interpréter les milliers d’images et de répondre
et spécifique pour la différenciation des répondeurs et des aux questions des cliniciens, un niveau d’expertise est
non-répondeurs. nécessaire, qui nécessite un apprentissage qui ne s’acquiert
Les histogrammes d’ADC issus de la segmentation tumo- qu’à force d’expérience.
rale semblent avoir un intérêt en tant que biomarqueurs de La longue durée de l’examen IRM corps entier (30
la réponse. L’ADC augmente 4 à 6 semaines après le début à 45 minutes) est la principale faiblesse de cette tech-
du traitement chez les répondeurs, probablement à cause nique. Ce temps d’acquisition assez long peut être source
39
II. Applications/indications chez l’adulte

Tableau 3.1. Système MY-RADS.


1. Très haute probabilité de réponse
Réapparition de moelle osseuse composée de graisse dans les régions précédemment infiltrées par le myélome
Régression incontestable en nombre ou en taille des lésions focales
Conversion d’une large infiltration de la moelle osseuse en des nodules plurifocaux avec régression incontestable de la charge tumorale
Diminution de l’atteinte des tissus mous associée à la maladie osseuse
Apparition de graisse au sein ou au pourtour des lésions focales (signe de l’îlot graisseux ou du halo graisseux)
Augmentation de l’ADC d’une lésion, de ≤ 1400 μm2/s à > 1400 μm2/s
≥ 40 % d’augmentation de l’ADC par rapport au baseline avec diminution de l’intensité du signal en diffusion à facteur b élevé ;
modifications morphologiques correspondant à une maladie stable ou à une réponse thérapeutique
Atteinte des tissus mous rencontrant des critères RECIST 1.1 suffisants pour une réponse complète ou partielle
2. Probabilité de réponse
Signes évidents de réponse mais pas suffisamment pour remplir les critères du point 1, par exemple :
– discrète régression en nombre/taille des lésions focales
– augmentation de l’ADC d’une lésion, de ≤ 1000 μm2/s à < 1400 μm2/s
– ≥ 25 % mais < 40 % d’augmentation de l’ADC par rapport au baseline avec diminution de l’intensité du signal en diffusion à facteur b élevé ;
– modifications morphologiques correspondant à une maladie stable ou à une réponse thérapeutique
Atteinte des tissus mous ne rencontrant pas des critères RECIST 1.1 suffisants pour une réponse partielle
3. Pas de changement
Pas de changement visualisé
4. Probabilité de progression
Signes de maladie évolutive mais pas suffisamment pour remplir les critères pour le point 5
Apparition équivoque de nouvelles lésions
Pas de changement en taille mais majoration de l’intensité du signal en diffusion à facteur b élevé (avec des valeurs d’ADC < 1400 μm2/s)
compatible avec une probable progression
Récidive de la maladie : réapparition ou réaugmentation en taille de lésion(s) ayant précédemment répondu ou s’étant stabilisée(s) sous
traitement
Tissu tumoral au sein du canal médullaire provoquant une sténose, mais sans atteinte neurologique et sans besoin de traitement par
radiothérapie
Atteinte des tissus mous ne rencontrant pas des critères RECIST 1.1 suffisants pour une maladie progressive (PD)
5. Très haute probabilité de progression
Nouvelles fractures critiques/compression médullaire nécessitant un traitement par radiothérapie ou chirurgie ; confirmées comme
pathologiques en IRM
Apparition d’une nouvelle lésion incontestable (> 5 à 10 mm)/nouvelle plage d’infiltration diffuse dans une moelle osseuse précédemment
normale
Progression incontestable en nombre/en taille de lésions focales
Progression du pattern « focal » à « diffus »
Apparition/progression de l’atteinte des tissus mous associée à la maladie osseuse
Nouvelles lésions/plages d’intensité élevée en diffusion à facteur b élevé avec un ADC compris entre 600-1000 μm2/s
Atteinte des tissus mous rencontrant des critères RECIST 1.1 suffisants pour une maladie progressive
Adapté de Messiou C et al. Guidelines for acquisition, interpretation, and reporting of whole-body MRI in myeloma : myeloma response assessment and
diagnosis system (MY-RADS). Radiology 2019 ; 291(1) : 5‑13.

40
3. IRM du corps entier et myélome multiple

d’inconfort pour le patient, celui-ci étant souvent fragi- with multiple myeloma : a study of the International Myeloma
lisé et douloureux. Un patient anxieux et peu coopérant Working Group. Blood Cancer J 2017 ; 7(8) : e599–e599.
3. Zamagni E, Nanni C, Patriarca F, et al. A prospective comparison of
peut bouger et provoquer des artéfacts de mouvement. 18F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography-computed
Des techniques d’accélération, telles que l’imagerie paral- tomography, magnetic resonance imaging and whole-body planar
lèle, sont importantes pour réduire la durée de l’examen. radiographs in the assessment of bone disease in newly diagnosed
De nombreux travaux sont en cours afin de développer de multiple myeloma. Haematologica 2007 ; 92(1) : 50–5.
4. Lecouvet FE, Boyadzhiev D, Collette L, et al. MRI versus 18F-FDG-
nouvelles stratégies d’accélération, comme la technique
PET/CT for detecting bone marrow involvement in multiple mye-
de compressed sensing ou encore l’utilisation de l’intelli- loma : diagnostic performance and clinical relevance. Eur Radiol
gence artificielle. 2020 ; 30(4) : 1927–37.
Alors que l’IRM présente un atout majeur pour l’image- 5. Dimopoulos MA, Sonneveld P, Leung N, et al. International mye-
rie des tissus mous, des développements récents laissent loma working group recommendations for the diagnosis and mana-
gement of myeloma-related renal impairment. J Clin Oncol 2016 ;
également présager des perspectives pour l’analyse des tis- 34(13) : 1544–57.
sus durs comme les os. Ces séquences sont appelées ultra- 6. Hillengass J, Fechtner K, Weber MA, et al. Prognostic significance of focal
short echo-time (UTE) et zero echo-time (ZTE). Le principe lesions in whole-body magnetic resonance imaging in patients with
est que les protons situés dans les tissus durs présentent asymptomatic multiple myeloma. J Clin Oncol 2010 ; 28(9) : 1606–10.
7. Dixon WT. Simple proton spectroscopic imaging. Radiology 1984 ;
un T2 extrêmement court, et ne sont donc pas visibles
153(1) : 189–94.
lors des séquences IRM conventionnelles. Cependant, ils 8. Takasu M, Kaichi Y, Tani C, et al. Iterative decomposition of water
peuvent être mis en évidence en utilisant des temps d’écho and fat with echo asymmetry and least-squares estimation (IDEAL)
suffisamment petits. Dans certaines études, l’imagerie ZTE magnetic resonance imaging as a biomarker for symptomatic mul-
s’est déjà avérée être une alternative prometteuse à la TDM tiple myeloma. Gelovani JG, Ed PloS One 2015 ; 10(2) : e0116842.
9. Moulopoulos LA, Gika D, Anagnostopoulos A, et al. Prognostic
pour l’imagerie osseuse, et pourrait donc jouer un rôle clé significance of magnetic resonance imaging of bone marrow in
dans l’imagerie du MM en remplaçant le scanner du corps previously untreated patients with multiple myeloma. Ann Oncol
entier faible dose [26]. 2005 ; 16(11) : 1824–8.
10. Lee SY, Kim HJ, Shin YR, et al. Prognostic significance of focal lesions
and diffuse infiltration on MRI for multiple myeloma : a meta-
analysis. Eur Radiol 2017 ; 27(6) : 2333–47.
` Conclusion 11. Bäuerle T, Hillengass J, Fechtner K, et al. Multiple myeloma and
monoclonal gammopathy of undetermined significance : impor-
L’IRM corps entier est actuellement reconnue comme tance of whole-body versus spinal MR imaging. Radiology 2009 ;
252(2) : 477–85.
l’imagerie de référence pour le myélome multiple (MM).
12. Myeloma Diagnosis and Management. NICE (NG35) and appen-
Elle joue un rôle crucial dans le diagnostic, le suivi, l’évalua- dices. Disponible sur : https://www.nice.org.uk/guidance/ng35.
tion de la réponse au traitement et offre des informations 13. Chantry A, Kazmi M, Barrington S, et al. Guidelines for the use of
pronostiques importantes. Les protocoles IRM corps entier imaging in the management of patients with myeloma. Br J Haema-
comprennent des séquences à la fois anatomiques et fonc- tol 2017 ; 178(3) : 380–93.
14. Messiou C, Hillengass J, Delorme S, et al. Guidelines for acquisition,
tionnelles avec reconstructions des cartes de fraction grais- interpretation, and reporting of whole-body MRI in myeloma :
seuse (FF) à partir des séquences Dixon, et d’ADC à partir myeloma response assessment and diagnosis system (MY-RADS).
de la séquence de diffusion. Il est crucial pour les radiolo- Radiology 2019 ; 291(1) : 5–13.
gues d’utiliser des critères qui garantissent l’uniformité de 15. Nonomura Y, Yasumoto M, Yoshimura R, et al. Relationship between
bone marrow cellularity and apparent diffusion coefficient. J Magn
l’acquisition, de l’interprétation et des comptes-rendus afin
Reson Imaging 2001 ; 13(5) : 757–60.
de communiquer au mieux les résultats aux cliniciens. Dans 16. Messiou C, Collins DJ, Giles S, et al. Assessing response in bone
cette optique, le score MY-RADS constitue une avancée metastases in prostate cancer with diffusion weighted MRI. Eur
dans cette direction. Radiol 2011 ; 21(10) : 2169–77.
17. Messiou C, Collins DJ, Morgan VA, deSouza NM. Optimising dif-
fusion weighted MRI for imaging metastatic and myeloma bone
disease and assessing reproducibility. Eur Radiol 2011 ; 21(8) : 1713‑8.
Références 18. Costachescu D, Ionita I, Borsi EC, et al. Whole‑body diffusion‑
weighted magnetic resonance imaging and apparent diffusion
1. Edelstyn GA, Gillespie PJ, Grebbell FS. The radiological demonstra- coefficient values as prognostic factors in multiple myeloma. Exp
tion of osseous metastases. Experimental observations. Clin Radiol Ther Med 2021 ; 22(2) : 827.
1967 ; 18(2) : 158–62. 19. Moulopoulos LA, Dimopoulos MA, Alexanian R, et al. Multiple
2. Hillengass J, Moulopoulos LA, Delorme S, et al. Whole-body com- myeloma : MR patterns of response to treatment. Radiology 1994 ;
puted tomography versus conventional skeletal survey in patients 193(2) : 441–6.

41
II. Applications/indications chez l’adulte

20. Costelloe CM, Chuang HH, Madewell JE, Ueno NT. Cancer response 24. Latifoltojar A, Hall-Craggs M, Bainbridge A, et al. Whole-body MRI
criteria and bone metastases : RECIST 1.1, MDA and PERCIST. J Can- quantitative biomarkers are associated significantly with treatment
cer 2010 ; 1 : 80–92. response in patients with newly diagnosed symptomatic multiple
21. Lecouvet FE, Larbi A, Pasoglou V, et al. MRI for response assessment myeloma following bortezomib induction. Eur Radiol 2017 ; 27(12) :
in metastatic bone disease. Eur Radiol 2013 ; 23(7) : 1986–97. 5325–36.
22. Park HY, Kim KW, Yoon MA, et al. Role of whole-body MRI for 25. Koutoulidis V, Terpos E, Papanikolaou N, et al. Comparison of
treatment response assessment in multiple myeloma : comparison MRI features of fat fraction and ADC for early treatment response
between clinical response and imaging response. Cancer Imaging assessment in participants with multiple myeloma. Radiology 2022 ;
2020 ; 20(1) : 14. 304(1) : 137–44.
23. Messiou C, Giles S, Collins DJ, et al. Assessing response of mye- 26. Aydıngöz Ü, Yıldız AE, Ergen FB. Zero echo time musculoskeletal
loma bone disease with diffusion-weighted MRI. Br J Radiol 2012 ; MRI : technique, optimization, applications, and pitfalls. RadioGra-
85(1020) : e1198–203. phics 2022 ; 42(5) : 1398–414.

42
Chapitre 4
IRM corps entier et lymphomes
Sébastien Mulé, Victoria Assouline, Emmanuel Itti, Alain Luciani

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 45

Protocole d’acquisition 45

Interprétation 46
Bilan d’extension initial 46
Évaluation de la réponse thérapeutique 48
Causes d’artéfact 48

Indications 51
Bilan d’extension initial 51
Évaluation de la réponse thérapeutique 53

Perspectives 55

Conclusion 55

IRM corps entier


© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
4. IRM corps entier et lymphomes

Introduction réponse thérapeutique. L’évaluation des lymphomes peu


avides de 18F-FDG repose quant à elle sur le scanner cervi-
Les lymphomes sont un groupe hétérogène de cancers cal et thoraco-abdominopelvien avec injection de produit
issus du système lymphatique se caractérisant par la proli- de contraste, à la fois au bilan initial et au cours du suivi
fération excessive des lymphocytes B (le plus souvent) ou évolutif.
T. On distingue le lymphome de Hodgkin et les lymphomes L’IRM n’est recommandée que dans des situations spé-
non hodgkiniens – dont le plus fréquent est le lymphome B cifiques, telles que les atteintes du système nerveux central
diffus à grandes cellules (30 à 40 % des lymphomes non (fig. 4.1) [2]. Néanmoins, un intérêt croissant est porté à
hodgkiniens). l’IRM corps entier en raison de son absence d’exposition
Parmi les lymphomes non hodgkiniens, on distingue aux rayonnements ionisants, de la disponibilité supérieure
classiquement les lymphomes dits agressifs, dont la crois- de l’IRM par rapport à la TEP et des progrès technologiques
sance tumorale est rapide, des lymphomes indolents à récents permettant une couverture à l’échelle du corps
croissance lente : entier avec une durée d’acquisition raisonnable (voir cha-
• les lymphomes agressifs sont dominés par les lym- pitre 1).
phomes B diffus à grandes cellules, les lymphomes follicu-
laires de grade III, les lymphomes T périphériques ;
• les lymphomes indolents les plus fréquents sont le lym- Protocole d’acquisition
phome folliculaire de grades I et II, la leucémie lymphoïde
chronique, le lymphome de la zone marginale, le lymphome Il n’y a actuellement pas de consensus sur le meilleur proto-
lymphoplasmocytaire ou maladie de Waldenström. cole d’IRM corps entier dans les lymphomes. L’examen peut
Le type de lymphome, sa localisation et son étendue être réalisé à 1,5 T ou 3 T. Une acquisition à 3 T permet une
ont une incidence directe sur le choix thérapeutique et acquisition plus rapide avec un rapport signal-sur-bruit aug-
le pronostic des patients. La stadification du lymphome menté. Cependant, la sensibilité à l’inhomogénéité du champ
de Hodgkin et des lymphomes non hodgkiniens est magnétique sera plus grande, entraînant des artéfacts dans
aujourd’hui principalement fondée sur la classification de les zones présentant de grandes variations dans la compo-
Lugano qui prend en compte le nombre de sites atteints, le sition des tissus – notamment dans les régions cervicales et
type de lésions (ganglionnaires ou extraganglionnaires) et la thoraciques – et impactant la qualité de la suppression de
distribution des sites atteints [1]. signal de la graisse en limite de grands champs de vue.
Ainsi, l’imagerie occupe une place centrale dans la prise Différents protocoles d’IRM corps entier ont été pro-
en charge des patients atteints de lymphome à la fois pour posés dans la littérature, comprenant des séquences sans
la stadification, la prédiction du pronostic et l’évaluation injection pondérées en T1 et T2, STIR et des séquences de
de la réponse thérapeutique. L’imagerie initiale, en plus de diffusion (tableau 4.1). Les acquisitions sont réalisées dans
permettre une stadification précise, permet d’identifier la le plan axial.
meilleure cible à prélever (par biopsie ou chirurgie) pour L’imagerie de diffusion offre une évaluation fonction-
obtention du diagnostic histopathologique et sert de nelle fondée sur les mouvements browniens aléatoires
référence pour l’évaluation de la réponse thérapeutique. des molécules d’eau dans les tissus biologiques, quantifiés
Il est donc nécessaire de réaliser une imagerie à l’échelle par le coefficient de diffusion apparent (ADC). Le lym-
du corps entier de manière à obtenir une cartographie phome est caractérisé par une forte cellularité et un rap-
exhaustive des atteintes lymphomateuses ganglionnaires et port nucléaire-cytoplasmique élevé, conférant à l’imagerie
extraganglionnaires. de diffusion un intérêt majeur. En effet, ces caractéristiques
La TEP-TDM au 18F-FDG (18-fluoro-2-désoxyglu- entraînent une diffusion restreinte des molécules d’eau au
cose) est aujourd’hui l’examen d’imagerie recommandé sein des atteintes lymphomateuses par rapport aux tissus
pour l’évaluation des lymphomes habituellement avides normaux, produisant ainsi une intensité de signal élevée en
de FDG, en premier lieu desquels le lymphome B diffus diffusion persistant à b élevé et des valeurs d’ADC faibles
à grandes cellules et le lymphome de Hodgkin, au bilan [3]. L’imagerie de diffusion est réalisée à l’aide de multiples
initial et pour l’évaluation de la réponse thérapeutique. paliers d’acquisition de taille restreinte combinés entre eux
Un scanner cervical et thoraco-abdominopelvien avec de manière à obtenir une couverture corps entier tout en
injection de produit de contraste est également réalisé au conservant la région imagée au centre de l’aimant. Les sta-
bilan initial ; il n’est pas obligatoire pour l’évaluation de la tions d’acquisition doivent être centrées sur les interfaces

45
II. Applications/indications chez l’adulte

A B C D

E F G

Fig. 4.1
A-C. Bilan initial d’un lymphome cérébral primitif avec images de diffusion à b = 1000 s/mm2 (A), ADC (B), 3D T1 post-gadolinium (C) et
T2 FLAIR. D-F. Rechute neuroméningée (D) et osseuse (E, F) 6 mois après la fin du traitement.

Tableau 4.1. Séquences IRM corps entier d’intérêt dans entre eau et air de manière à limiter les artéfacts dans ces
l’exploration des lymphomes. zones, telles que la région cervicale ou les creux sus-clavicu-
Séquence Paramètres d’acquisition laires (fig. 4.2). L’utilisation d’un asservissement respiratoire
permet de limiter les artéfacts de mouvement aux étages
Diffusion Plan axial
thoracique et abdominal, notamment pour l’analyse du
Avec suppression du signal de la graisse (STIR)
Épaisseur de coupes : 5 mm, contiguës foie et de la rate. Bien que le choix des paramètres d’acqui-
2 valeurs de b au minimum (50-100 et sition, notamment le choix des valeurs de gradients de dif-
800-1000 s/mm2) fusion (valeurs de b), ne soit pas clairement défini, au moins
Acquisition par stations, 30-50 images/station deux valeurs de b sont classiquement utilisées : une valeur
Respiration libre ± asservissement respiratoire faible (entre 0 et 50 s/mm2) et une valeur élevée (entre 800
pour les stations couvrant le thorax et l’abdomen et 1000 s/mm2).
Cartographie ADC La séquence Dixon écho de gradient présente égale-
T1 Plan axial ou coronal ment un intérêt croissant, notamment pour l’imagerie de
Spin echo ou turbo spin echo la moelle osseuse. En effet, elle permet une suppression
Épaisseur de coupes : 5 mm, contiguës homogène du signal de l’eau et de la graisse, même sur de
Sans saturation du signal de la graisse grands champs de vue [4].
Peut être remplacée par une séquence 3D T1 Enfin, des séquences après injection de produit de
Dixon écho de gradient
contraste gadoliné ne sont généralement pas réalisées.
T2 Plan axial ou coronal
Turbo spin echo (par exemple HASTE)
Épaisseur de coupes : 5 mm, contiguës
Sans saturation de la graisse
Interprétation
T2 STIR Plan coronal
Spin echo ou turbo spin echo Bilan d’extension initial
Avec suppression du signal de la graisse (STIR) L’enjeu de l’imagerie corps entier dans les lymphomes est
Épaisseur de coupes : 5 mm, contiguës
de détecter et de caractériser l’ensemble des atteintes
46
4. IRM corps entier et lymphomes

Diffusion b = 0 s/mm2 Diffusion b = 400 s/mm2

Diffusion b = 800 s/mm2 Cartographie ADC

Fig. 4.2
Atteinte ganglionnaire sus-claviculaire gauche (flèches blanches) dans un lymphome T périphérique.
Bonne visualisation des adénopathies et de leur hétérogénéité malgré la localisation. Noter la présence d’artéfacts de susceptibilité magnétique
en regard de la chambre implantable au niveau de la paroi thoracique antérosupérieure droite (flèches bleues).

lymphomateuses ganglionnaires et extraganglionnaires, notamment ganglionnaires. L’analyse du signal lésionnel sur


ainsi que leur éventuel retentissement (par exemple une des images à valeur de b élevée (par exemple, b = 800 ou
compression vasculaire). 1000 sec/mm2) aide à la caractérisation lésionnelle. Si une
La réalisation non obligatoire de séquences morpholo- lésion détectée sur des images obtenues à faible valeur de
giques pondérées en T1 ou T2 avec suppression du signal b présente une intensité de signal réduite sur des images
de la graisse permet de détecter et mesurer les lésions. obtenues à des valeurs de b plus élevées, la lésion est géné-
Néanmoins, lors de la réalisation de séquences de diffu- ralement considérée comme bénigne et apparaîtra hype-
sion corps entier, plusieurs jeux d’images sont obtenus rintense sur la carte ADC. Les atteintes lymphomateuses
avec des valeurs de gradient de diffusion (b) différentes. apparaissent hyperintenses à toutes les valeurs de b et
Les images à faible valeur b (par exemple, b = 50 s/mm2), hypo-intenses sur la carte ADC en raison d’une restriction
donc pondérées en T2, permettent également de détec- marquée de la diffusion.
ter, localiser et mesurer les lésions, rendant la réalisation Cette restriction de la diffusion semble plus marquée
de séquences dites morphologiques non indispensable dans les atteintes ganglionnaires de cancers solides et dans
[3]. Ces images à b faible peuvent permettre l’utilisation les tumeurs des tissus mous, avec des valeurs ADC plus
de critères de taille de la même manière qu’en scanner, basses [5, 6]. En cas de tumeur hétérogène, les portions
aussi bien pour les atteintes ganglionnaires qu’extragan- nécrotiques ou kystiques présenteront une plus grande
glionnaires [1]. perte d’intensité du signal sur les images à valeur de b éle-
Cependant, les critères de taille seuls ne sont pas suf- vée et des valeurs d’ADC plus élevées, traduisant une res-
fisamment précis pour la caractérisation des atteintes triction de la diffusion moins importante.

47
II. Applications/indications chez l’adulte

Point d’attention organe lymphoïde cellulaire qui présente généralement


une diffusion restreinte physiologique.
Il existe un piège d’interprétation de zones avec un L’analyse des ganglions infracentimétriques est plus diffi-
long temps de relaxation T2 qui apparaîtront en cile et la présence d’une restriction de la diffusion apparaît
franc hypersignal sur les images à b faible et reste- moins spécifique dans ces situations.
ront en hypersignal à b élevé, pouvant faire croire à
tort à une zone en diffusion restreinte. Ce phéno-
mène, appelé T2 shine-through, sera correctement
Évaluation de la réponse
appréhendé en analysant la cartographie ADC. En thérapeutique
effet, ces zones présenteront des valeurs d’ADC
Après traitement, une évaluation à la fois morphologique
hautes, traduisant l’absence de restriction de la
et fonctionnelle est possible. Comme dit précédemment,
diffusion.
l’imagerie de diffusion permet ces deux approches :
Cette approche permet de détecter et de caractéri- • les images à b faible permettent d’utiliser des critères de
ser avec précision les atteintes ganglionnaires ainsi que taille de la même manière qu’en scanner ;
les atteintes d’organes tels que le foie, le pancréas, les • l’évolution du signal en fonction des valeurs de b, et donc
reins (fig. 4.3), les surrénales, le tube digestif (fig. 4.4) et la l’analyse des valeurs d’ADC, permet de mettre en évidence
moelle osseuse, avec des performances supérieures à celles une réponse fonctionnelle des lésions qui se traduira par une
du scanner. Ces atteintes sont fréquentes, une atteinte diminution peu marquée du signal entre les images acquises
hépatique survenant par exemple chez environ 20 % des à b faible et à b élevé, et donc des valeurs d’ADC augmen-
patients atteints de lymphome non hodgkinien (fig. 4.4) et tées par rapport à l’imagerie préthérapeutique (voir fig. 4.5).
environ 5 % des patients atteints de lymphome de Hodgkin
[7]. L’atteinte splénique est encore plus fréquente (fig. 4.5), Causes d’artéfact
présente chez 20 % des patients atteints de lymphome
non hodgkinien et jusqu’à 40 % des patients atteints La résolution en contraste est un avantage indéniable
de lymphome de Hodgkin [8]. Une atteinte diffuse de la de l’IRM par rapport au scanner. Néanmoins, la qualité
rate peut être difficile à détecter. En effet, la rate est un des images peut être altérée par des artéfacts d’origines

Diffusion b = 0 s/mm2 Diffusion b = 800 s/mm2 Cartographie ADC

Fig. 4.3
Atteintes rénale plurifocale (flèches) et ostéomédullaire d’un lymphome de Burkitt.

48
4. IRM corps entier et lymphomes

Diffusion b = 0 s/mm2 Diffusion b = 800 s/mm2 Cartographie ADC

Fig. 4.4
Imagerie de diffusion corps entier dans le cadre du bilan d’extension initial d’un lymphome T périphérique.
Atteinte ganglionnaire inguinale droite (haut), hépatique (2e ligne), osseuse (3e ligne) et iléale (bas). Noter l’hétérogénéité intralésionnelle des
atteintes sous-capsulaire postérieure hépatique et inguinale droite, bien mise en évidence par l’imagerie de diffusion.

diverses. Des artéfacts de susceptibilité magnétique sont respiration du patient. Ces éléments peuvent être à l’origine
présents en cas de matériel prothétique, d’implant médi- d’une perte de signal, notamment en diffusion à b élevé,
cal, de clips vasculaires, et peuvent limiter l’analyse voire et de valeurs d’ADC élevées, y compris en zone en diffu-
masquer des lésions de lymphome. C’est par exemple le cas sion restreinte [3]. Les mouvements périodiques d’origine
au niveau sus-claviculaire en cas de voie veineuse centrale cardiaque et respiratoire peuvent être à l’origine d’images
(voir fig. 4.2). L’analyse du médiastin peut également être fantômes se propageant selon la direction du codage de
difficile en raison de multiples interfaces entre eau et air, phase et dont l’intensité est croissante avec l’amplitude du
et de mouvements liés aux battements cardiaques et à la mouvement.
49
II. Applications/indications chez l’adulte

Avant traitement
Diffusion b = 50 s/mm2

Diffusion b = 800 s/mm2

Cartographie ADC

Fin de traitement
Diffusion b = 50 s/mm2

Diffusion b = 800 s/mm2

Cartographie ADC

Fig. 4.5
Bilan initial (en haut) et après 4 cures de traitement par R-CHOP (en bas) d’un lymphome B diffus à grandes cellules avec atteinte
ganglionnaire sus- et sous-diaphragmatique, et extraganglionnaire splénique (flèches orange) et osseuse (flèches bleues).
Noter la bonne réponse fonctionnelle des lésions osseuses et spléniques après traitement, avec des valeurs d’ADC fortement augmentées par
rapport aux valeurs préthérapeutiques.

50
4. IRM corps entier et lymphomes

Diffusion b = 0 s/mm2 Diffusion b = 800 s/mm2

Cartographie ADC T2 écho de gradient

Fig. 4.6
Atteinte nodulaire de la rate d’un lymphome B diffus à grandes cellules.
Noter la présence de dépôts de fer au sein de ces lésions, apparaissant en franc hyposignal en T2 écho de gradient.

Des artéfacts de susceptibilité magnétique peuvent Mayerhoefer et al. ont ainsi montré une concordance
aussi être générés par la présence de fer ou de produits de très élevée (kappa = 0,92 pour les lymphomes fortement
dégradation du sang, ce qui n’est pas rare au sein d’atteintes avide de 18F-FDG ; kappa = 0,89 pour les lymphomes pré-
lymphomateuses ganglionnaires ou extraganglionnaires – sentant une avidité variable au FDG) entre l’IRM du corps
notamment hépatiques et spléniques (fig. 4.6). Dans ces entier et la TEP-TDM au 18F-FDG pour la détermination du
situations, le signal est modifié sur les images de diffusion et stade initial sur une cohorte prospective de 140 patients
la mesure de l’ADC est faussée. La présence de fer au sein de avec un lymphome nouvellement diagnostiqué [10]. Des
lésions lymphomateuses est corrélée à la présence d’un syn- résultats similaires ont été obtenus sur une cohorte de
drome inflammatoire biologique et semble être un élément lymphomes de Hodgkin ainsi que sur une population
de mauvais pronostic [9]. de lymphomes B diffus à grandes cellules, avec une
concordance de 93 % avec la TEP-TDM au 18F-FDG pour
la stadification au bilan initial [11, 12]. L’IRM corps entier
Indications semble particulièrement intéressante pour la mise en évi-
dence d’atteintes difficilement évaluables en TEP-TDM
au 18F-FDG, telles que les atteintes rénales (pouvant être
Bilan d’extension initial
méconnues en TEP 18F-FDG en raison de l’excrétion uri-
L’IRM corps entier permet une stadification initiale précise naire du 18F-FDG) ou hépatique (voir fig. 4.3 et 4.4).
des lymphomes quel que soit le sous-type, avec des perfor- Une méta-analyse récente intégrant les données de
mances proches de celles de la TEP-TDM au 18F-FDG (fig. 4.7). 15 études et 519 patients a permis de montrer les per-

51
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

C D

E F

Fig. 4.7
Bilan d’extension initial d’un lymphome B diffus à grandes cellules retrouvant une atteinte ganglionnaire axillaire et cervicale gauche.
Images de diffusion à b = 50 s/mm2 (A), b = 800 s/mm2, image ADC (C), image T1 (D). Concordance parfaite avec les résultats de la TEP au
18F-FDG (E), avec un aspect superposable des atteintes en restriction de la diffusion et hypermétaboliques (F).

52
4. IRM corps entier et lymphomes

formances élevées de l’IRM corps entier pour le bilan Évaluation de la réponse


d’extension à la fois ganglionnaire et extraganglionnaire
dans le lymphome, avec une sensibilité de 93 % et 89 %
thérapeutique
pour les atteintes ganglionnaires et extraganglion- L’IRM corps entier avec séquences de diffusion présente
naires respectivement, et une spécificité de 99 % pour des performances très intéressantes pour l’évaluation de
les deux types d’atteintes [13]. La concordance avec le la réponse thérapeutique également, proches de celles
standard de référence incluant la TEP-TDM au 18F-FDG de la TEP-TDM au FDG. Ainsi, la concordance avec la TEP
était de 90 %. au 18F-FDG sur la réponse thérapeutique semble supé-
L’IRM corps entier est particulièrement performante rieure à 95 % pour les lymphomes avides de 18F-FDG [18].
pour mettre en évidence des envahissements médullaires. L’utilisation de séquences de diffusion, contrairement aux
Notamment, l’IRM de diffusion semble avoir des perfor- séquences IRM morphologiques seules, semble permettre
mances au moins équivalentes à la TEP-TDM au 18F-FDG une évaluation précoce de la réponse thérapeutique dans
pour la détection de l’infiltration médullaire dans des lym- les lymphomes agressifs, proche de celle de la TEP au
phomes agressifs, avec une sensibilité de 87 % et une spé- FDG, bien avant l’apparition de modifications de taille,
cificité de 96 % dans l’étude de Kharuzhyk et al. portant sur se traduisant par une diminution du signal à b élevé et une
92 patients dont 31 présentaient une infiltration médullaire augmentation du coefficient ADC (fig. 4.8) – secondaire
à la biopsie ostéomédullaire [14]. Dans cette même étude, à la nécrose tumorale et/ou à la lyse cellulaire en réponse
l’IRM de diffusion présentait des performances inférieures à au traitement – décelable dès la première cure de chimio-
celles de la TEP-TDM au 18F-FDG pour mettre en évidence thérapie [19], et persistant au sein des masses résiduelles
une atteinte splénique, avec des sensibilités respectives de [20]. Cela est d’autant plus important qu’une réponse
55 % contre 100 %. Néanmoins, l’association de séquences rapide à la chimiothérapie est un indicateur reconnu de
morphologiques pondérées en T1 et T2 avec saturation chimiosensibilité dans le lymphome de Hodgkin et le lym-
du signal de la graisse a permis d’obtenir des performances phome B diffus à grandes cellules. À l’inverse, une diminu-
équivalentes à celle de la TEP-TDM au 18F-FDG dans une tion des valeurs de l’ADC témoignera d’une progression
étude rétrospective portant sur 107 patients, dont 19 pré- tumorale.
sentaient une atteinte splénique [15]. Enfin, l’IRM corps Les images de diffusion obtenues à faibles valeurs de b
entier avec séquences de diffusion semble également une permettent également d’évaluer la réponse morphologique
alternative intéressante à la TEP-TDM au 18F-FDG pour des lésions (voir fig. 4.5).
l’évaluation des lymphomes primitifs digestifs ; néanmoins, La réponse thérapeutique des localisations osseuses
ces résultats obtenus sur de faibles effectifs restent à confir- peut être difficile en IRM. L’administration de facteurs de
mer [16]. croissance tels que le G-CSF en cours de chimiothérapie
Par rapport au scanner injecté, l’IRM corps entier avec entraîne une augmentation du signal de la moelle osseuse
séquences de diffusion permet la détection des sites sup- sur les images de diffusion à b élevé, cet aspect pouvant
plémentaires chez 25 % des patients [17]. être pris à tort pour une progression de la maladie. De plus,
L’IRM corps entier présente un intérêt croissant pour l’augmentation du signal induit par l’administration de
l’évaluation des lymphomes indolents, dont l’avidité pour le G-CSF peut diminuer la visibilité des lésions osseuses [21].
18F-FDG est variable ou nulle. Ces lymphomes, en premier En cas de localisation médiastinale antérieure initiale, une
lieu desquels le lymphome folliculaire, ne relèvent générale- tumeur résiduelle ou récurrente est parfois difficile à diffé-
ment pas d’un traitement instauré d’emblée, mais d’une sur- rencier en TEP au 18F-FDG d’un rebond thymique bénin,
veillance à la fois clinique, biologique et d’imagerie. Le carac- fréquent après traitement par chimiothérapie chez l’adulte
tère non irradiant de l’IRM corps entier en fait une modalité jeune, en cas d’hyperfixation 18F-FDG modérée au sein de la
d’intérêt pour la surveillance de ces patients. Dans un groupe loge thymique. L’IRM peut dans ces situations être d’une aide
de 40 patients présentant un lymphome d’avidité variable diagnostique majeure et permettre de mettre en évidence
pour le 18F-FDG (dont 38 lymphomes de MALT ou mucosa- une chute de signal en opposition de phase et une diffusion
associated lymphoid tissue), Mayerhoefer et al. ont mis en évi- intermédiaire ou non restreinte en cas de rebond thymique.
dence une sensibilité significativement supérieure de l’IRM de Enf in, l’IRM corps entier permet de mettre en évidence
diffusion corps entier (94 %) par rapport au scanner injecté des complications du traitement – notamment de la cor-
(71 %), à la TEP-TDM au 18F-FDG (61 %) et à la combinaison ticothérapie – dans le lymphome de Hodgkin, telles que
des deux (82 %), avec des spécificités équivalentes [10]. l’ostéonécrose [22].

53
II. Applications/indications chez l’adulte

Avant traitement Fin de traitement

T1 Dixon T1 Dixon

Diffusion b = 800 s/mm2 Diffusion b = 800 s/mm2

Cartographie ADC Cartographie ADC

Fig. 4.8
Images de diffusion corps entier au bilan initial (à gauche) et après 6 cures de chimiothérapie R-CHOP (à droite) d’un lymphome B diffus
à grandes cellules avec masse mésentérique et atteinte péritonéale diffuse initiales.
Régression partielle de la taille des atteintes après traitement ; en revanche, bonne réponse fonctionnelle se traduisant par des valeurs d’ADC
nettement augmentées.

54
4. IRM corps entier et lymphomes

Perspectives of the International Conference on Malignant Lymphomas Imaging


Working Group. J Clin Oncol 2014 ; 32 : 3048–58.
3. Toledano-Massiah S, Luciani A, Itti E, et al. Whole-body diffusion-
Au-delà de ses performances proches de celles de la TEP- weighted imaging in Hodgkin lymphoma and diffuse large B-cell
TDM au 18F-FDG dans les lymphomes, l’IRM corps entier lymphoma. RadioGraphics 2015 ; 35 : 747–64.
semble apporter des informations complémentaires à 4. Morone M, Bali MA, Tunariu N, et al. Whole-body MRI : current
applications in oncology. AJR Am J Roentgenol 2017 ; 209 :
celles de la TEP-TDM au FDG, grâce notamment à son
W336–49.
excellente résolution en contraste et aux informations 5. Gowda P, Bajaj G, Silva FD, et al. Does the apparent diffusion
fonctionnelles de l’imagerie de diffusion. Ainsi, l’image- coefficient from diffusion-weighted MRI imaging aid in the
rie hybride TEP-IRM qui permet l’acquisition simultanée, characterization of malignant soft tissue tumors and sarcomas.
sur une même machine, d’images TEP et IRM apparaît Skeletal Radiol 2023 Online ahead of print.
6. King AD, Ahuja AT, Yeung DKW, et al. Malignant cervical
comme une modalité d’imagerie innovante particulière- lymphadenopathy : diagnostic accuracy of diffusion-weighted MR
ment intéressante pour l’exploration des lymphomes. La imaging. Radiology 2007 ; 245 : 806–13.
TEP-IRM offre la combinaison des deux modalités d’ima- 7. Ippolito D, Porta M, Maino C, et al. Diagnostic approach in hepatic
gerie des lymphomes la plus performante, apportant à lymphoma : radiological imaging findings and literature review.
J Cancer Res Clin Oncol 2020 ; 146 : 1545–58.
la fois des informations morphologiques, fonctionnelles
8. Paes FM, Kalkanis DG, Sideras PA, Serafini AN. 18F-FDG PET/CT of
et métaboliques. Cette modalité d’imagerie hybride pré- extranodal involvement in non-Hodgkin lymphoma and Hodgkin
sente également l’avantage de ne pas exposer aux rayon- disease. RadioGraphics 2010 ; 30(1) : 269–91.
nements X du scanner. La TEP-IRM au 18F-FDG présente 9. Cottereau A-S, Mulé S, Lin C, et al. Whole-body diffusion-weighted
des performances égales voire supérieures à celles de la MR imaging of iron deposits in Hodgkin, follicular, and diffuse large
B-cell lymphoma. Radiology 2018 ; 286 : 560–7.
TEP-TDM au 18F-FDG dans le bilan d’extension des lym- 10. Mayerhoefer ME, Karanikas G, Kletter K, et al. Evaluation of
phomes agressifs et du lymphome de Hodgkin [23]. diffusion-weighted MRI for pretherapeutic assessment and staging
La place exacte de cette modalité d’imagerie émergente – of lymphoma : results of a prospective study in 140 patients. Clin
et peu disponible – dans la prise en charge des lym- Cancer Res 2014 ; 20 : 2984–93.
11. Albano D, Patti C, La Grutta L, et al. Comparison between whole-body
phomes reste à préciser.
MRI with diffusion-weighted imaging and PET/CT in staging newly
diagnosed FDG-avid lymphomas. Eur J Radiol 2016 ; 85 : 313–8.
12. Lin C, Luciani A, Itti E, et al. Whole-body diffusion-weighted
` Conclusion magnetic resonance imaging with apparent diffusion coefficient
mapping for staging patients with diffuse large B-cell lymphoma.
Eur Radiol 2010 ; 20 : 2027–38.
L’IRM corps entier est une technique d’imagerie très per-
13. Lambert L, Burgetova A, Trneny M, et al. The diagnostic performance
formante dans l’exploration des lymphomes, avec des of whole-body MRI in the staging of lymphomas in adult patients
performances proches de celles de la TEP-TDM au 18F-FDG compared to PET/CT and enhanced reference standard-systematic
dans les lymphomes agressifs avides de FDG, et au moins review and meta-analysis. Quant Imaging Med Surg 2022 ; 12 : 1558–70.
équivalente dans les lymphomes indolents. L’utilisation de 14. Kharuzhyk S, Zhavrid E, Dziuban A, et al. Comparison of whole-body
MRI with diffusion-weighted imaging and PET/CT in lymphoma
séquences de diffusion permet une meilleure caractérisa- staging. Eur Radiol 2020 ; 30 : 3915–23.
tion des atteintes – ganglionnaires ou extraganglionnaires – 15. Littooij AS, Kwee TC, Barber I, et al. Accuracy of whole-body MRI in
ainsi qu’une évaluation fonctionnelle précoce de l’évolution the assessment of splenic involvement in lymphoma. Acta Radiol
des lésions après traitement. Sa complémentarité avec la 2016 ; 57 : 142–51.
16. Stecco A, Buemi F, Quagliozzi M, et al. Staging of primary abdominal
TEP au 18F-FDG fait de l’imagerie hybride TEP-IRM au 18F-
lymphomas : comparison of whole-body MRI with diffusion-weighted
FDG une modalité d’imagerie très attractive pour l’explora- imaging and (18)F-FDG-PET/CT. Gastroenterol Res Pract 2015 : 104794.
tion des lymphomes aujourd’hui et demain. 17. Kwee TC, Quarles van Ufford HME, Beek FJ, et al. Whole-body
MRI, including diffusion-weighted imaging, for the initial staging
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55
II. Applications/indications chez l’adulte

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treatment response. Magn Reson Imaging Clin North Am 2011 ; 19 : magnetic resonance diffusion-weighted imaging. Invest Radiol 2016 ;
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56
Chapitre 5
IRM corps entier et métastases
osseuses de cancers solides
Mario Ghosn, Lina El Bejjani

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 59

Séquences IRM et interprétation 59


Protocole d’acquisition 59
Sémiologie IRM 59
Perspectives 62

Cancer de la prostate 62
Patients nouvellement diagnostiqués 62
Patients en récidive biochimique 62
Patients métastatiques 65

Cancer du sein et autres cancers solides 66


Cancer du sein 66
Autres cancers solides 67

Conclusion 68

IRM corps entier


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5. IRM corps entier et métastases osseuses de cancers solides

Introduction Séquences morphologiques


Les séquences morphologiques consistent en des acqui-
L’os est un siège fréquent de métastases de multiples can- sitions en pondération T1 et en pondération T2. Ces der-
cers solides, en premier lieu desquels les cancers de la pros- nières sont souvent acquises avec saturation du signal de la
tate et du sein, suivis des cancers du poumon, du rein et graisse de type STIR (short tau inversion recovery) ou Dixon
de la thyroïde [1]. Les lésions secondaires osseuses peuvent [8]. L’acquisition est réalisée le plus souvent dans le plan
causer des fractures pathologiques, de la douleur et des axial ou coronal. Dans le cadre de la recherche de métas-
compressions nerveuses, qui peuvent sérieusement altérer tases osseuses, des acquisitions dans le plan sagittal sont
la qualité de vie du patient. Elles sont également corrélées conseillées, permettant une meilleure analyse du rachis, des
à une augmentation de la morbidité et de la mortalité [1], fractures vertébrales et de leur retentissement canalaire [8].
avec par exemple aux États-Unis près de 350 000 décès
annuels à cause de métastases osseuses [2], ce qui souligne
Séquences fonctionnelles
la nécessité d’une détection précoce permettant d’adapter
et de personnaliser la prise en charge. Les séquences fonctionnelles incluent notamment l’image-
L’IRM corps entier est une modalité d’imagerie offrant rie de diffusion, habituellement acquise dans le plan axial,
la possibilité d’évaluer de manière simultanée l’atteinte avec au minimum deux valeurs de b (facteur de diffusion),
osseuse et l’atteinte viscérale (ganglionnaire, hépatique, permettant de calculer le coefficient de diffusion appa-
cérébrale, etc.), avec un nombre croissant d’études sug- rent (ADC, en mm2/s). La faible valeur de b utilisée pour
gérant son utilisation dans le bilan d’extension initial des les lésions osseuses est autour de 50 à 100 s/mm2, ce qui
cancers à haut risque de métastases osseuses, mais éga- permet de s’affranchir des effets de la microcirculation.
lement dans la surveillance et l’évaluation de l’efficacité L’acquisition à b faible fournit par la même occasion un
thérapeutique [3–5]. Un avantage particulier dans cette équivalent d’imagerie T2 et une information anatomique.
indication est la supériorité de l’IRM par rapport à la Le b élevé est autour de 800 à 1000 s/mm2 [8]. La sensibilité
scintigraphie osseuse et au scanner en termes de sensi- élevée de la diffusion pour la détection tumorale en fait un
bilité et de spécificité pour la détection des métastases outil majeur et incontournable dans l’imagerie oncologique
osseuses [6, 7]. et l’IRM corps entier. Cette sensibilité élevée s’explique en
Dans ce chapitre seront présentés la sémiologie, les indi- partie par la restriction des mouvements d’eau au sein du
cations et l’apport de l’IRM corps entier pour l’évaluation tissu cancéreux comparativement au tissu sein, même si les
des métastases osseuses de cancers solides, ainsi que sa mécanismes physiopathologiques sous-jacents sont plus
place par rapport aux autres examens d’imagerie. complexes [8].
L’injection de produit de contraste n’est pas nécessaire
dans le bilan de métastases osseuses. Elle est utilisée pour
Séquences IRM et interprétation la détection de métastases hépatiques ou cérébrales, en
fonction de la tumeur primitive, en cas de doute diagnos-
tique, ou encore pour caractériser une atteinte épidurale
Protocole d’acquisition ou méningée [8].
Il n’existe actuellement pas de consensus sur un protocole
IRM corps entier unique et standardisé pour la recherche de Sémiologie IRM
métastases osseuses, et celui-ci varie en fonction de la loca-
lisation et du type histologique du cancer primitif, ainsi que L’IRM est l’examen de référence pour l’exploration de la
des habitudes des services. De manière générale, la région moelle osseuse (fig. 5.2). Elle a une excellente sensibilité pour
anatomique explorée s’étend de la base du crâne jusqu’à la détection des lésions de remplacement médullaire, autre-
mi-cuisses, avec, en fonction de l’indication, certains proto- ment dit la détection de cellules cancéreuses remplaçant le
coles couvrant tout le vertex jusqu’aux pieds. Le champ de contenu normal de la moelle osseuse. En pondération T1, ces
vue ou field of view (FOV) utilisé est habituellement de 40 à lésions apparaissent de manière quasi constante en hyposi-
45 cm de largeur [5]. Le protocole inclut une combinaison gnal comparativement au signal des muscles ou des disques
de séquences dites morphologiques et de séquences dites intervertébraux. Le signal en pondération T2 avec suppres-
fonctionnelles (fig. 5.1) [8]. sion du signal de la graisse est en revanche moins constant,

59
II. Applications/indications chez l’adulte

C D

A B E F

G H I

Fig. 5.1
Exemple de protocole IRM corps entier.
Acquisitions sagittale T2 Dixon Water (A), sagittale T1 (B), coronales centrées sur le bassin en T2 STIR (C) et T1 (D), axiales diffusion avec
b = 800 s/mm2 (E) et cartographie ADC (F). Acquisitions coronales T1 VIBE Dixon avant et après injection dynamique de gadolinium. Ici sont
représentées les compositions finales avant (G) et après injection aux temps artériel (H) et portal (I).

60
5. IRM corps entier et métastases osseuses de cancers solides

A B C

D E

Fig. 5.2
Moelle osseuse normale en IRM.
En IRM, une moelle osseuse normale chez un adulte apparaît en hypersignal T1 par rapport aux disques intervertébraux (A). Elle apparaît en
hyposignal par rapport aux muscles paravertébraux sur les images T2 Dixon Water (B). De manière similaire à son signal en pondération T1, la
moelle osseuse apparaît en hypersignal par rapport aux disques intervertébraux en T2 Dixon Fat (C). La moelle osseuse normale n’apparaît pas
en hypersignal diffusion (D) et présente des valeurs d’ADC globalement inférieures à 0,3-0,4 × 10–3 mm2/s (E).

61
II. Applications/indications chez l’adulte

variant en fonction du contenu en eau et du type de métas- Patients nouvellement


tases : ostéolytique, classiquement en hypersignal (fig. 5.3), ou
ostéoblastique, en hyposignal, avec des sensibilités variables
diagnostiqués
rapportées dans la littérature [9]. Les patients nouvellement diagnostiqués et ayant une mala-
Grâce à son excellent contraste entre la tumeur et le tissu die localisée sont classés dans des groupes à risque (faible,
sain, l’imagerie de diffusion augmente la sensibilité de détec- intermédiaire, élevé) en fonction de la clinique, du taux de
tion des métastases osseuses. De plus, cette séquence est prostate-specific antigen (PSA) et du grade ISUP (Interna-
particulièrement utile pour la recherche de lésions osseuses tional Society of Urological Pathology) de la tumeur [14].
dans des zones anatomiques difficiles (comme les côtes), Alors que l’IRM multiparamétrique prostatique réalisée
mais également pour rechercher des lésions viscérales, avant la biopsie est utile pour la stadification quel que soit
notamment ganglionnaires, hépatiques, cérébrales ou péri- le risque du patient, une imagerie supplémentaire n’est pas
tonéales [8]. Les métastases osseuses apparaissent en hyper- indiquée systématiquement. Selon les recommandations
signal diffusion à b élevé, mais l’interprétation doit toujours européennes, une imagerie abdominopelvienne en coupe
être corrélée à celle des séquences anatomiques et de la (scanner ou IRM) et une scintigraphie osseuse sont recom-
cartographie ADC. En effet, l’hypersignal diffusion est non mandées pour la recherche de métastases uniquement
spécifique, et peut être observé dans l’œdème médullaire en chez des patients avec :
rapport avec une atteinte inflammatoire ou infectieuse, ou • maladie localisée à risque intermédiaire (PSA10-20 ng/
dans des tumeurs osseuses bénignes, comme l’hémangiome ml) avec un ISUP ≥ 3 ;
vertébral. Il faut également être prudent à l’effet « T2 shine- • maladie localisée à risque élevé (PSA ≥ 20 ng/ml ou ISUP
through », pour lequel l’analyse de la cartographie ADC est 4-5, ≥ cT2c) ;
indispensable afin de ne pas se faire piéger [10]. • maladie localement avancée (cT3-4 ou cN+) [14].
Actuellement, l’IRM corps entier, tout comme la tomo-
graphie par émission de positons (TEP), ne sont pas recom-
Perspectives mandées dans la stadification initiale de la maladie [14]. En
La séquence T2 Dixon est de plus en plus utilisée à la place effet, malgré plusieurs études ayant montré la supériorité en
de la séquence T2 STIR. En plus de s’affranchir des inhomo- termes de sensibilité et de spécificité de l’IRM corps entier
généités de champ magnétique et de fournir des images T2 et de la TEP-tomodensitométrie (TDM) au PSMA (anti-
Water équivalentes au T2 STIR, la séquence T2 Dixon four- gène membranaire spécifique de la prostate) dans la détec-
nit également des images T2 Fat qui ont une performance tion de métastases osseuses (fig. 5.5) et des infiltrations
diagnostique équivalente à l’imagerie pondérée T1 pour la médullaires diffuses (fig. 5.6) comparativement au scanner,
détection de métastases osseuses rachidiennes, comme à la scintigraphie osseuse et à la tomographie d’émission
montré en 2018 par Maeder et al. [11]. Menée chez des monophotonique (TEMP)-TDM, le bénéfice clinique de la
patients atteints de cancers solides (prostate, sein, tumeur détection plus précoce de métastases est encore incertain
neuroendocrine) à haut risque métastatique ou de myé- à l’échelle de l’ensemble des patients [15].
lome multiple, l’étude récente de Chiabai et al. a montré Il est à noter que l’American Society of Clinical Oncology
des résultats similaires [12]. La séquence T2 Dixon pourrait propose l’utilisation de l’IRM corps entier en deuxième ligne
ainsi, en une seule acquisition, offrir l’équivalent d’une ima- chez des patients à haut risque avec un bilan d’extension
gerie T2 STIR et d’une imagerie T1, permettant éventuelle- négatif ou des lésions équivoques en imagerie convention-
ment de s’affranchir des séquences T1 et ainsi de réduire le nelle, ou chez des patients avec peu de lésions en scanner/
temps de l’examen (fig. 5.4). scintigraphie et pouvant éventuellement bénéficier de thé-
rapies dirigées contre les métastases [15].

Cancer de la prostate Patients en récidive biochimique


Le cancer de la prostate est le deuxième cancer en fréquence Malgré les progrès thérapeutiques de la prostatectomie
chez l’homme, et reste, malgré les avancées thérapeutiques, radicale (PR) et de la radiothérapie (RT), 25 à 50 % des
la 5e cause de décès par cancer [13]. L’imagerie joue un rôle patients présentent une récidive biochimique (RBC) [16].
important dans l’évaluation initiale des patients, mais per- La RBC après PR est définie comme une élévation du taux
met aussi de mieux évaluer la réponse au traitement. de PSA > 0,2 ng/ml sur deux dosages consécutifs. Après RT,
62
5. IRM corps entier et métastases osseuses de cancers solides

A B

C D

E F
Fig. 5.3
A-F. Exemple de métastases osseuses d’un paragangliome.
Deux métastases osseuses (flèches) du cotyle droit envahissant le muscle obturateur interne (colonne de gauche) et du grand trochanter
gauche (colonne de droite), apparaissant respectivement en hyposignal intermédiaire et franc hyposignal en pondération T1 (en haut),
hypersignal T2 intermédiaire et franc hypersignal T2 sur les séquences T2 avec suppression du signal de la graisse (au milieu), et prenant le
contraste de manière intense sur la séquence T1 fat sat après injection de gadolinium (en bas) avec une portion nécrotique centrale pour la
lésion du trochanter qui ne se rehausse pas après injection.

63
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

C D
Fig. 5.4
Exemple de l’intérêt de la séquence T2 Dixon.
Métastase osseuse du corps vertébral de T9 d’un mélanome. En pondération T1, le corps vertébral de T9 apparaît discrètement en hyposignal
diffus (A), alors que sur la séquence T2 Dixon Fat, la vertèbre apparaît en franc hyposignal (B), témoin du remplacement médullaire. En T2
Dixon Water, la lésion apparaît en hypersignal (C). Après injection, la séquence T1 fat sat montre un rehaussement diffus du corps vertébral de
T9 et une épidurite antérieure associée (flèches) (D).

la RBC est définie par une élévation de plus de 2 ng/ml du Dans l’essai clinique randomisé de phase II ORIOLE, les
taux de PSA comparativement au nadir [17]. À ce stade, patients en récidive oligométastatique (1 à 3 métastases
l’imagerie est essentielle pour sélectionner les patients éli- détectées en imagerie conventionnelle) ont été randomisés
gibles à un traitement de sauvetage ou les patients oligo- entre un bras observationnel et un bras traité par RT sté-
métastatiques pouvant avoir des traitements locaux dirigés réotaxique. Les résultats ont montré une amélioration de
contre les métastases. la survie sans progression dans le groupe traité par RT sté-
64
5. IRM corps entier et métastases osseuses de cancers solides

A B
B

C D

Fig. 5.5
Exemple de métastases osseuses d’un cancer de la prostate.
Métastases osseuses des branches ischiopubiennes droite et gauche (flèches) avec infiltration des muscles adducteurs gauches adjacents et
des parties molles de la loge prostatique, apparaissant en franc hyposignal T1 (A), hypersignal T2 avec suppression du signal de la graisse (B), et
prenant le contraste sur la séquence T1 fat sat après injection de gadolinium (D) par rapport à la séquence T1 fat sat avant injection (C).

réotaxique comparé au groupe placebo (pas atteinte versus corps entier chez des patients à haut risque avec un bilan
5,8 mois ; hazard ratio [HR] 0,30 ; intervalle de confiance d’extension négatif en imagerie conventionnelle ou des
[IC] 95 % 0,11-0,81 ; P = 0,002). Comme les investigateurs lésions équivoques en 68Ga-PSMA TEP-TDM, ou en cas
étaient en aveugle par rapport au statut métastatique des d’indisponibilité de cette dernière [15].
patients en PSMA-TEP-TDM, 16/36 patients traités par RT
externe avaient en réalité des lésions secondaires visibles en
PSMA-TEP-TDM qui avaient été non détectées par imagerie Patients métastatiques
conventionnelle. L’analyse post-hoc a montré un allongement
significatif de la survie sans progression chez les patients qui Chez les patients atteints de cancer de la prostate métasta-
ont reçu un traitement de consolidation sur l’ensemble des tique, l’imagerie doit permettre d’évaluer la réponse théra-
métastases comparativement à ceux ayant au moins une peutique afin d’adapter au mieux le traitement. Même si la
lésion non traitée (pas atteinte versus 11,8 mois, HR 0,26 ; scintigraphie est toujours indiquée pour évaluer la réponse
IC 95 % 0,09-0,76 ; P = 0,006), confirmant l’importance d’une au traitement des lésions osseuses, elle est limitée par le
stadification précise par PSMA-TEP-TDM [18]. phénomène de pseudoprogression (dû à la réaction ostéo-
La TEP-TDM au PSMA est ainsi l’imagerie de choix dans blastique) pouvant survenir dans les deux à trois premiers
cette indication [15]. Le rôle de l’IRM corps entier, lui, reste à mois après l’initiation du traitement et par l’impossibilité de
définir. En effet, dans une étude prospective comparant la mesurer la taille des lésions [15].
68Ga-PSMA TEP-TDM à l’IRM corps entier dans la détection L’IRM semble ici jouer un rôle important, permettant
de RBC après PR, Sawicki et al. ont montré une supério- une évaluation quantitative et qualitative des lésions :
rité de la 68Ga-PSMA TEP-TDM dans la détection des lésions • quantitativement, une réponse au traitement se traduit par
[19]. Une autre étude comparant 68Ga-PSMA TEP-TDM, la diminution en taille et en nombre des lésions osseuses ;
18F-soldium fluoride TEP-TDM et IRM de diffusion chez des • qualitativement, on recherchera l’apparition d’un
patients en RBC a montré des résultats similaires, l’IRM de contenu graisseux intra- ou périlésionnel, une diminution
diffusion ayant une performance diagnostique inférieure à du signal à b élevé et une élévation de l’ADC.
celle des 68Ga-PSMA TEP-TDM et 18F-soldium fluoride TEP- Utilisant une échelle de 1 à 5, les critères MET-RADS-P
TDM pour la détection de lésions osseuses [20]. Compte (METastasis Reporting and Data System for Prostate Cancer)
tenu de sa supériorité par rapport aux imageries conven- ont ainsi été proposés pour uniformiser l’évaluation de la
tionnelles, certains auteurs proposent l’utilisation de l’IRM réponse thérapeutique en IRM corps entier [21].
65
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

Fig. 5.6
Exemple d’une infiltration médullaire diffuse d’un cancer de la prostate.
Infiltration médullaire diffuse apparaissant en hyposignal T1 franc, plus marqué que celui des disques intervertébraux (A), et en
hypersignal T2 STIR par rapport aux muscles paravertébraux (B). Noter la différence par rapport à une moelle osseuse normale dans la
figure 5.3. Après injection, les séquences T1 fat sat en plans sagittal (C) et axial (D) montrent une épidurite antérieure (flèches).

Cancer du sein et autres la prostate, l’IRM corps entier, du fait de ses performances
diagnostiques, a rapidement suscité l’intérêt dans l’évalua-
cancers solides tion de la charge tumorale chez des patientes métasta-
tiques (fig. 5.7) ou avec une maladie localement avancée
Cancer du sein [23, 24].
Actuellement, les recommandations de l’European Society
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la for Medical Oncology (ESMO) de 2021 recommandent
femme, chez laquelle il est la 2e cause de décès par cancer chez des patientes métastatiques, au minimum, un scanner
après le cancer du poumon [22]. L’os est le siège le plus thoraco-abdominal et une scintigraphie osseuse. Les
fréquent de métastases et, tout comme pour le cancer de auteurs précisent qu’une [18F]2-fluoro-2-désoxy-D-glucose

66
5. IRM corps entier et métastases osseuses de cancers solides

A B

C D

Fig. 5.7
Exemple de métastase osseuse d’un cancer du sein.
Métastase osseuse de l’aile iliaque gauche (flèches) apparaissant en franc hyposignal T1 (A), hypersignal T2 avec suppression du signal de la
graisse (B), et prenant le contraste de manière intense sur la séquence T1 fat sat après injection de gadolinium (D) par rapport à la séquence T1
fat sat avant injection (C).

(18F-FDG) TEP-TDM peut être utilisée à la place du scanner (SERAM), à l’adopter déjà en première ligne dans la détec-
et de la scintigraphie osseuse [25]. Même si l’IRM corps tion de métastases, la stadification de la maladie et le suivi
entier n’est pas recommandée par l’ESMO, plusieurs études thérapeutique [28].
suggèrent un intérêt dans cette indication. Enfin, Peccatori et al. ont montré que l’IRM corps entier
Dans une étude de 2020, Kosmin et al. ont montré que pouvait être utilisée dans le bilan d’extension de cancer du
l’IRM corps entier identifiait les patientes en progression sein chez des femmes enceintes, sans risque chez le fœtus,
osseuse dans deux tiers des cas avant le scanner, et que insistant sur deux avantages majeurs dans cette indication :
seulement la moitié des progressions osseuses détectées l’absence d’irradiation et l’absence d’injection de produit de
en IRM corps entier avaient été détectées en scintigraphie contraste [29].
osseuse (fig. 5.8) [26]. Une étude antérieure menée par
Zugni et al. avait également montré la supériorité de l’IRM Autres cancers solides
corps entier comparativement au scanner et à la 18F-FDG
TEP-TDM dans la détection d’une progression de la mala- L’IRM corps entier a aussi présenté des résultats encou-
die, et l’IRM corps entier était seule responsable de 50 % des rageants pour la détection de métastases osseuses dans
changements thérapeutiques [27]. d’autres types histologiques de cancers solides, par exemple
Même si ces résultats devraient être confirmés par des le mélanome [30], le cancer du poumon [31], le cancer du
études prospectives évaluant l’impact sur la qualité de vie rein (fig. 5.9), ou encore le sarcome d’Ewing [5].
et la survie des patientes, ces études suggèrent un intérêt de Par exemple, dans une étude publiée en 2019, Kalu et al.
l’IRM corps entier dans l’évaluation initiale, mais également ont montré que l’IRM corps entier avait une sensibilité
le suivi des patientes métastatiques, poussant certaines supérieure à la scintigraphie osseuse pour détecter les
sociétés savantes, comme la société espagnole d’imagerie métastases osseuses chez des patients atteints de sarcome

67
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

C D
Fig. 5.8
Exemple de métastases osseuses d’un cancer du sein.
Deux métastases osseuses des corps vertébraux de L5 et S1 (flèches), apparaissant en franc hyposignal T1 (A), signal intermédiaire en
pondération T2 sans suppression du signal de la graisse (B), en hypersignal en T2 STIR (C), et prenant le contraste de manière intense sur la
séquence T1 fat sat après injection de gadolinium (D).

d’Ewing [32]. Le caractère non irradiant de cette imagerie TEP-TDM dans certaines indications, et grâce à la combi-
en fait d’autant plus un atout intéressant dans cette indica- naison d’informations anatomiques et fonctionnelles, l’IRM
tion, notamment en pédiatrie. corps entier émerge comme une nouvelle technique d’ima-
gerie incontournable dans l’évaluation initiale, mais égale-
ment le suivi de cancers solides affectant l’os, en premier
` Conclusion lieu desquels les cancers de la prostate et du sein. L’impact
de l’IRM corps entier sur la survie des patients et sa place
Compte tenu de ses performances diagnostiques supé- dans l’arsenal d’imagerie devront être évalués et précisés
rieures au scanner, à la scintigraphie osseuse, ainsi qu’à la dans de futures études prospectives.
68
5. IRM corps entier et métastases osseuses de cancers solides

A B

C D

E F

Fig. 5.9
Exemple de réponse thérapeutique d’une métastase d’un cancer du rein.
Métastase de cancer du rein en T5 (flèches) apparaissant en hyposignal T1 franc (A) et en hypersignal diffusion à b = 800 s/mm2 (C) avec des
valeurs d’ADC basses (D). Après traitement, la lésion apparaît en hypersignal T1 (B) en rapport avec un contenu graisseux, n’apparaît plus en
diffusion restreinte, avec une disparition de l’hypersignal diffusion à b élevé (E) et une élévation franche des valeurs d’ADC (F).

69
II. Applications/indications chez l’adulte

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70
Chapitre 6
IRM corps entier
et cancer colorectal
Sébastien Mulé, Laurence Baranes, Marjan Djabbari, Frédéric Pigneur,
Edouard Reizine, Athena Galletto Pregliasco, Rym Kharrat, Alain Luciani

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 73

Protocole d’acquisition 73

Interprétation 73

Bilan d’extension initial 75

Surveillance post-thérapeutique 79

Perspectives 79

Conclusion 81

IRM corps entier


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6. IRM corps entier et cancer colorectal

Introduction élevées pour la détection et la caractérisation lésionnelles.


L’IRM a montré sa supériorité par rapport au scanner dans
Le cancer colorectal est le troisième cancer en France en l’évaluation oncologique au niveau hépatique, osseux et
termes d’incidence, avec 42 000 nouveaux cas par an, péritonéal [8–10]. Le développement récent de séquences
dont 65 % sont de localisation colique [1]. Il représente à temps d’écho ultra courts a considérablement amélioré
actuellement la deuxième cause de mortalité par cancer. la sensibilité de l’IRM pour la détection des métastases
Des métastases sont observées dans 40 à 60 % des cas, de pulmonaires. Cela positionne aujourd’hui l’IRM comme
manière synchrone dans 25 % des cas. une alternative performante et non irradiante au scanner
L’imagerie occupe une place importante dans la prise en et à la TEP-TDM pour l’évaluation oncologique à l’étage
charge des patients avec un cancer colorectal, à la fois pour thoracique, notamment pour la détection des lésions
le bilan d’extension initial et dans le suivi thérapeutique. Le secondaires pulmonaires jusqu’à une résolution de 2 mm
bilan d’extension initial en imagerie s’appuie aujourd’hui sur [11, 12].
la réalisation d’un scanner thoraco-abdominopelvien avec
injection de produit de contraste à la recherche de métas-
tases hépatiques et pulmonaires. La place de l’IRM est ainsi Protocole d’acquisition
limitée. Une IRM hépatique avec injection de chélates de
gadolinium – complétée d’un scanner thoracique sans Les séquences à intégrer à un examen d’IRM corps entier
injection – est réalisée en cas d’impossibilité de scanner pour explorer un cancer colorectal n’ont pas encore fait
avec injection ou en cas de doute sur la présence de métas- l’objet de consensus et vont dépendre de la situation cli-
tases hépatiques. Pour les cancers du rectum, une IRM pel- nique. L’examen peut être réalisé à 1,5 T ou à 3 T.
vienne est nécessaire pour la stadification locale tumorale Au bilan initial, le protocole d’acquisition minimal inclut
et ganglionnaire. des séquences dans le plan axial avec des coupes jointives ne
La surveillance post-thérapeutique a pour objectif de devant pas dépasser 5 mm, pondérées en T1, T2 avec sup-
rechercher une récidive de la maladie. Les récidives sont pression du signal de la graisse, une séquence de diffusion
essentiellement métastatiques, et surviennent dans environ avec au moins 2 valeurs de b (par exemple 50-100 s/mm2 et
80 % des cas au cours des trois premières années suivant 800-1000 s/mm2) et un calcul de la cartographie ADC, ainsi
le traitement curatif [1]. Parmi ces récidives, le pourcen- que des images T1 post-injection de chélate de gadolinium
tage accessible à un traitement à visée curative est relati- couvrant les poumons, l’abdomen et le pelvis, et incluant
vement faible, autour de 25 % [2]. La mise en place d’une des acquisitions dynamiques en 3D GRE T1 avec épaisseur
surveillance plus intensive a montré son intérêt dans la de coupe maximale de 3 mm couvrant au minimum l’aire
réduction de la mortalité et la détection plus précoce des hépatique (fig. 6.1). Les acquisitions post-injection peuvent
récidives [3]. La réalisation d’un scanner abdominopelvien également couvrir l’étage cérébral. L’exploration T1 post-
tous les 3 mois et d’un scanner thoracique annuel (tous les gadolinium centrée sur l’étage thoracique peut être réalisée
6 mois en cas de métastases pulmonaires réséquées) est avec des séquences limitant les artéfacts respiratoires, et
aujourd’hui recommandée dans les trois premières années exploitant les motifs de reconstruction radiaires [11].
de la surveillance [1]. La TEP-TDM au 18F-FDG a également À titre d’exemple, le protocole réalisé dans notre institu-
été évaluée dans la surveillance post-thérapeutique [4]. tion est présenté dans le tableau 6.1.
Cependant, le scanner est une modalité d’imagerie irra-
diante, posant la problématique d’une augmentation du
risque de cancer radio-induit en raison d’examens répétés Interprétation
au cours du temps [5]. De plus, le diagnostic de récidive
requiert la plupart du temps la réalisation de plusieurs exa- Le premier temps de l’analyse des images doit permettre de
mens successifs, exploitant les fortes sensibilité et spécificité s’assurer de la disponibilité des séquences minimales, d’une
de l’IRM hépatique notamment [6, 7]. qualité d’image ainsi que d’une couverture anatomique
Ainsi, bien que non recommandée actuellement en pre- suffisantes.
mière intention, l’IRM présente de sérieux arguments en Au bilan initial, l’IRM corps entier doit permettre une
faveur de son utilisation dans le cancer colorectal, notam- évaluation précise du stade de la maladie. Doivent donc
ment en raison de son absence d’exposition aux rayon- être décrits la localisation et la taille de la lésion primitive, le
nements ionisants et de ses performances diagnostiques stade ganglionnaire N, ainsi que la présence, la localisation,

73
II. Applications/indications chez l’adulte

Diffusion b50 s/mm2 Diffusion b800 s/mm2 Cartographie ADC T1 Dixon post-gadolinium

T1 Dixon Eau T2 fat sat T1 Dixon artériel

Fig. 6.1
Bilan d’extension initial par IRM corps entier d’un cancer colique.
Séquences dans le plan axial pondérées en T1, T2 avec suppression du signal de la graisse, diffusion avec 3 valeurs de b (50, 400 et 800 s/mm2)
et cartographie ADC, séquences dynamiques post-injection centrées sur le foie suivies d’une acquisition multipaliers sur le corps entier. Mise en
évidence d’une métastase hépatique de 35 mm du segment VII.

le nombre et la taille d’éventuelles atteintes métastatiques, vist®, Bayer) est un élément important en vue d’une intégra-
par site anatomique. tion de tels produits de contraste dans un protocole d’IRM
L’imagerie de diffusion présente un intérêt majeur pour corps entier. La séquence de diffusion et la séquence à la
ce bilan d’extension, permettant à la fois de détecter les phase hépatobiliaire avec acide gadoxétique présentent une
atteintes avec une grande sensibilité, et de les caractériser sensibilité respective de 87 % et 91 % pour les métastases
grâce à l’acquisition de plusieurs valeurs de b et à l’analyse des hépatiques [14]. Cette sensibilité est encore supérieure en
valeurs des d’ADC au sein des lésions. C’est notamment le combinant ces deux techniques (95 %), y compris pour les
cas s’agissant des lésions secondaires hépatiques. Les images lésions infracentimétriques (fig. 6.4).
acquises à faible valeur b (par exemple, b = 50 s/mm2), for- À l’étage thoracique, les séquences avec acquisition non
tement pondérées en T2, permettent également de localiser cartésienne de l’espace k, peu sensibles aux artéfacts de
et mesurer les lésions (fig. 6.2). Pour rappel, le choix d’une mouvement, sont supérieures à l’imagerie de diffusion pour
faible valeur de b non nulle permet une meilleure analyse la détection des nodules pulmonaires et permettent d’iden-
des chaînes ganglionnaires le long des vaisseaux, supprimant tifier l’ensemble des patients métastatiques pulmonaires.
le signal du flux dans les vaisseaux et en limitant les effets de Elles sont aussi supérieures à la diffusion pour l’analyse des
perfusion [13]. aires ganglionnaires médiastinales et sus-claviculaires, dont
L’imagerie de diffusion et les séquences pondérées en T1 l’analyse peut être limitée sur les images de diffusion par des
avec injection seront les plus utiles pour la mise en évidence artéfacts de susceptibilité magnétique en cas de matériel
de métastases hépatiques (fig. 6.2 et 6.3). Dans le cadre d’un prothétique ou d’implant médical. C’est par exemple le cas
bilan avant traitement curatif, l’imagerie se doit d’être très sen- au niveau sus-claviculaire en cas de voie veineuse centrale.
sible afin de ne négliger aucune métastase, mais également Au-delà de la stadification tumorale, les incidentalomes
très spécifique afin d’éviter des résections inutiles. L’IRM s’est doivent également être rapportés, surtout en cas de sus-
imposée comme l’imagerie de choix dans le bilan préthéra- picion de malignité à l’imagerie. Il n’est en effet pas rare de
peutique des métastases hépatiques de cancer colorectal, découvrir une seconde tumeur maligne.
grâce notamment à l’imagerie de diffusion et aux produits Dans le suivi post-thérapeutique, l’objectif de l’imagerie
de contraste hépatospécifiques. L’autorisation récente est de détecter une éventuelle récidive tumorale locale ou
(2020) de mise sur le marché de l’acide gadoxétique (Primo- à distance. La séquence de diffusion est une séquence clé
74
6. IRM corps entier et cancer colorectal

Tableau 6.1. Protocole d’acquisition IRM corps entier dans notre institution pour un patient pris en charge pour un cancer
colorectal.
Séquence Obligatoire Paramètres communs
1. Séquence de diffusion corps entier Oui Plan axial
Avec suppression du signal de la graisse (STIR)
Épaisseur de coupes : 5 mm, contiguës
2 valeurs de b au minimum (50, 400 et 800 s/mm2)
Acquisition par stations, 30-50 images/station
Respiration libre ± asservissement respiratoire pour les stations couvrant le
thorax et l’abdomen
Génération d’une cartographie ADC (modèle mono-exponentiel)
2. Séquence pondérée en T1 avant Oui Plan axial
injection corps entier Avec suppression du signal de la graisse (Dixon)
Épaisseur de coupes : 5 mm, contiguës
3. Séquences dynamiques pondérées en Oui Mêmes paramètres d’acquisition que la séquence précédente
T1 après injection centrées sur le foie Phases artérielle, portale et tardive au minimum
4. Séquence pondérée en T1 après Oui T1 GRE VIBE avec temps d’echo (TE) court (< 1,5 ms)/acquisition radiaire du
injection centrée sur le thorax plan de Fourier
Phase tardive
5. Séquence pondérée en T1 après Oui Mêmes paramètres d’acquisition que la séquence 2
injection centrée sur l’abdomen et le pelvis Phase d’équilibre
6. Séquence pondérée en T2 Non Plan axial
Turbo spin echo (TSE)
Épaisseur de coupes : 5 mm, contiguës
Sans saturation de la graisse
7. Séquence pondérée en T1 après Non Mêmes paramètres d’acquisition que la séquence 2
injection centrée sur l’encéphale Phases d’équilibre
8. Séquences pondérées en T1 et T2 Non Plan sagittal
centrées sur le rachis Pondération T1/pondération T2 avec saturation de la graisse (idéalement Dixon)

pour le diagnostic de récidive locale. La recherche d’une Pour pallier ce manque de données sur l’apport de
récidive à distance, notamment au niveau hépatique et l’IRM corps entier dans le bilan initial du cancer colorec-
pulmonaire, s’appuie sur les mêmes séquences qu’au bilan tal, et évaluer son intérêt médico-économique, une étude
d’extension initial. prospective multicentrique anglaise a été menée au sein
de 16 hôpitaux ; 299 patients avec un cancer colorectal
nouvellement diagnostiqué ont été inclus entre 2013 et
Bilan d’extension initial 2016, parmi lesquels 68 étaient métastatiques au diagnos-
tic ; 130 patients présentaient un cancer du rectum, et
L’IRM corps entier – qui explore généralement de la tête 169 patients un cancer colique. Les performances de l’IRM
à la mi-cuisse – est une alternative potentiellement plus corps entier ont été comparées à celles du bilan d’imagerie
précise et plus sûre que les modalités de stadification mul- standard. Les patients bénéficiaient de l’IRM corps entier,
timodales standard, fondées essentiellement sur le scan- puis du parcours d’imagerie standard en aveugle l’un de
ner thoracique et abdominopelvien. Jusqu’à récemment, l’autre. Une décision de traitement était prise en réunion
les données de la littérature étaient très disparates, les de concertation pluridisciplinaire (RCP) en se fondant sur
quelques méta-analyses disponibles combinant des cancers les examens standard, puis en se fondant sur la stadifica-
différents ou se concentrant sur un seul site métastatique. tion par IRM corps entier, et enfin en se fondant sur l’en-
La plus grosses série portant sur le bilan d’extension initial semble des données disponibles. Le critère de jugement
du cancer colorectal portait ainsi sur 20 patients [15]. principal était la différence de sensibilité par patient pour
75
II. Applications/indications chez l’adulte

Diffusion b50 s/mm2 Diffusion b800 s/mm2 Cartographie ADC

T1 Dixon sans injection T1 Dixon artériel T1 Dixon veineux

Fig. 6.2
Images dans le plan axial de diffusion à b = 50 s/mm2 et 800 s/mm2, cartographie ADC, T1 VIBE Dixon dynamiques avant et après
injection de chélate de gadolinium aux temps artériel et veineux.
Métastase hépatique unique lobulée de 35 mm d’un cancer du rectum, présentant un rehaussement progressif.

T1 Dixon artériel Diffusion b800 s/mm2 Cartographie ADC

Fig. 6.3
Surveillance après clôture de la chimiothérapie adjuvante d’un adénocarcinome du côlon droit avec métastases hépatiques synchrones,
traité par colectomie droite associée à une lobectomie hépatique gauche.
Apparition de deux lésions infracentimétriques à proximité de la tranche de section et sous-capsulaire du segment VII, bien visibles en diffusion
à b élevé.
76
6. IRM corps entier et cancer colorectal

Diffusion b50 s/mm2 Diffusion b800 s/mm2

Cartographie ADC Phase hépatobiliaire

Fig. 6.4
Réévaluation après radio-embolisation de métastases hépatiques d’un adénocarcinome du côlon gauche.
Mise en évidence d’une lésion de 4 mm à proximité des métastases traitées, en diffusion restreinte et présentant un défaut de captation à la
phase hépatobiliaire, en rapport avec une lésion secondaire nouvellement apparue.

les métastases entre imagerie standard et IRM corps entier, était plus marqué encore pour les patients métastatiques,
avec comme standard de référence une évaluation consen- l’IRM corps entier permettant de raccourcir cette durée de
suelle à 12 mois. Les sensibilités obtenues pour l’imagerie 18 jours à 8 jours ;
standard et l’IRM corps entier s’établissaient respective- • la réalisation d’une IRM corps entier nécessitait moins
ment à 63 % et 67 %, sans différence significative (p = 0,51). d’examens d’imagerie complémentaires que le parcours
Les spécificités étaient élevées, sans différence significative standard, avec un coût moyen final du bilan d’extension
non plus (93 % et 95 %, p = 0,48). initial inférieur de 25 %.
Les concordances avec la décision thérapeutique finale Ainsi, cet essai prospectif multicentrique a permis de
prise en RCP étaient très bonnes pour les deux parcours montrer les bonnes performances de l’IRM corps entier
d’imagerie, supérieure à 95 %. En revanche, plusieurs élé- dans cette indication, équivalentes à celles du parcours
ments étaient en faveur de l’IRM corps entier par rapport d’imagerie standard et amenant aux mêmes décisions
au parcours d’imagerie standard : thérapeutiques, tout en soulignant l’intérêt clinique (bilan
• le temps nécessaire pour obtenir un bilan d’extension d’extension initial plus rapide) et médico-économique de
complet était significativement plus court de 5 jours avec cette modalité d’imagerie.
l’IRM corps entier, avec une médiane de 8 jours contre Ces performances ont également été mises en évi-
13 jours avec le parcours d’imagerie standard. Cet écart dence pour le cancer du rectum sur une population de
77
II. Applications/indications chez l’adulte

139 patients avec une tumeur rectale, dont 21 étaient lignent l’apport de l’IRM pour la caractérisation des lésions
métastatiques [16]. L’IRM corps entier a montré une hépatiques, plus fréquemment indéterminées lors de leur
spécificité de 97 % et une valeur prédictive positive (VPP) découverte en scanner, et nécessitant donc plus d’examens
de 80 % pour la détection de métastases à distance, signi- d’imagerie pour les caractériser.
ficativement supérieures à celles du scanner avec injection Concernant les nodules pulmonaires, l’IRM corps entier
de produit de contraste iodé (spécificité : 86 % ; VPP : 49 %, présentait trois faux positifs, mais cela n’avait pas d’impact
p < = 0,001), pour une sensibilité identique de 76 %. L’IRM sur la classification M. En effet, l’utilisation de séquences IRM
corps entier incluait une séquence de diffusion avec deux avec acquisition non cartésienne de l’espace k, peu sen-
valeurs de b (0 et 1000 s/mm2) dans le plan coronal et une sibles aux artéfacts de mouvement, permet aujourd’hui de
séquence pondérée en T1 avec injection au temps portal détecter la quasi-totalité des nodules de 5 mm et plus, et
dans les plans axial et coronal, pour une durée totale d’ac- d’identifier l’ensemble des patients métastatiques pulmo-
quisition de 6 minutes et 12 secondes. Ces résultats sou- naires (fig. 6.5) [11].

Bilan initial Réévaluation après radiochimiothérapie

Diffusion b1000 s/mm2 Diffusion b1000 s/mm2 Diffusion b800 s/mm2

Cartographie ADC Cartographie ADC Cartographie ADC

T2 TSE T2 TSE StarVIBE post-gado.

Fig. 6.5
Évaluation avant et après radiochimiothérapie d’une tumeur du bas rectum développée aux dépens des parois antérieure et latérale
droite du bas rectum, classée initialement T3N1M0.
Après traitement, aspect de bonne réponse thérapeutique de la lésion du bas rectum qui ne présente plus de restriction de la diffusion, mais
apparition d’un nodule pulmonaire apicodorsal du culmen en diffusion restreinte en rapport avec une localisation métastatique.

78
6. IRM corps entier et cancer colorectal

La présence d’une carcinose péritonéale est obser- T1 TSE et STIR dans le plan sagittal centrées sur le rachis,
vée chez environ 7 % des patients présentant un cancer et des séquences pondérées en T2 et dynamiques 3D-T1-
colorectal métastatique. Des stratégies thérapeutiques VIBE avec injection de chélates de gadolinium dans le plan
invasives agressives telles que la chirurgie de cytoréduc- axial aux étages cérébral et abdominopelvien. Les deux
tion suivie d’une chimiothérapie hyperthermique intra- modalités d’imagerie présentaient une sensibilité de 100 %
péritonéale permettent aujourd’hui d’améliorer la survie pour les récidives locales (2/2), avec un faux positif pour la
de ces patients, au prix d’une morbimortalité importante. TEP-TDM au FDG contre zéro faux positif pour l’IRM corps
Une sélection stricte des patients – et donc une stadifica- entier. Les performances étaient également similaires pour
tion précise de l’atteinte péritonéale – est ainsi essentielle les récidives métastatiques à distance, avec une sensibilité
chez ces patients. Dans une série de 60 patients atteints de 78 % (36/46) pour l’IRM corps entier et de 80 % (37/46)
d’un cancer colorectal avec suspicion clinique de carcinose pour la TEP-TDM au FDG, et une spécificité de 95 % pour
péritonéale, l’IRM corps entier avec séquences pondérées les deux modalités d’imagerie. La TEP FDG était plus sensible
en T2, T1 injectées et séquences de diffusion permettait que l’IRM corps entier pour les récidives métastatiques pul-
une stadification de l’atteinte péritonéale significativement monaires, détectait moins de récidives métastatiques hépa-
meilleure que le scanner injecté (sensibilités respectives tiques et osseuses. En revanche, l’IRM corps entier était
de 98 % et de 43 %, spécificités respectives de 93 % et de moins sensible pour la détection des récidives ganglion-
85 %), et permettait d’identifier précisément les patients naires à l’étage thoracique.
non opérables (29/32 contre 8/32 pour le scanner injecté, Ces performances encourageantes de l’IRM corps entier
p < 0,001) [9]. De plus, aucun patient n’a été exclu de la pourraient être améliorées au niveau pulmonaire par l’uti-
chirurgie à tort. lisation de séquences plus sensibles pour la détection des
La survenue de métastases cérébrales est rare dans le nodules pulmonaires telles que des séquences avec acqui-
cancer colorectal : une méta-analyse a montré que leur inci- sition non cartésienne de l’espace k (voir fig. 6.5) [11]. De
dence était comprise entre 0,1 % et 11,5 % selon les études plus, ces résultats ont été obtenus sans séquence de diffu-
[17]. Cela ne justifie donc pas une exploration systématique sion, qui est aujourd’hui indispensable en raison de sa sen-
de l’étage cérébral lors de l’IRM corps entier. La plupart des sibilité très élevée pour les lésions malignes. Les séquences
patients ayant développé des métastases cérébrales sont de diffusion sont en effet très performantes pour détecter
déjà métastatiques sur d’autres sites. les métastases hépatiques et osseuses, mais également les
En cas de cancer du rectum localement avancé, récidives pelviennes de cancers colorectaux [20], notam-
l’IRM corps entier permet également la réalisation de ment les récidives locales de cancers du rectum opérés [21]
séquences de diffusion centrées sur la lésion rectale qui et les reprises évolutives en cas de stratégie de préservation
semblent pouvoir prédire la réponse à la radiochimiothé- d’organe [22]. Enfin, l’imagerie de diffusion est utile dans le
rapie néoadjuvante, avec des valeurs d’ADC corrélées à la suivi après résection chirurgicale d’un cancer du rectum
réduction du volume tumoral et à une réponse histolo- pour différencier la récidive tumorale du tissu cicatriciel,
gique complète [18]. avec des valeurs médianes d’ADC plus faibles en cas de
récidive tumorale [23]. La distinction est plus difficile en cas
d’adénocarcinome mucineux, dont les valeurs d’ADC sont
Surveillance post-thérapeutique plus élevées et rejoignent celles observées dans du tissu
cicatriciel.
L’intérêt de l’IRM corps entier dans le suivi post-thérapeutique
(fig. 6.6) et dans l’évaluation de la réponse thérapeutique n’a
pas été autant évaluée que dans le bilan d’extension initial Perspectives
du cancer colorectal. Une étude rétrospective portant sur
24 patients avec suspicion de récidive de cancer colorec- L’essai prospectif Streamline C a permis non seulement de
tal a évalué les performances diagnostiques de l’IRM corps conforter les performances diagnostiques de l’IRM corps
entier en comparaison à la TEP-TDM au FDG [19]. Le pro- entier dans le bilan initial du cancer colorectal, mais éga-
tocole d’IRM corps entier incluait des séquences pondérées lement de démontrer sa supériorité médico-économique
T1 turbo spin echo (TSE) et STIR (short tau inversion reco- par rapport au bilan d’imagerie de référence [24]. Ces résul-
very) dans le plan coronal, une séquence HASTE dans le tats, associés à la disponibilité de l’acide gadoxétique et au
plan axial à l’étage thoracique, des séquences pondérées en développement régulier de séquences optimisées pour

79
II. Applications/indications chez l’adulte

T1 Dixon portal

StarVIBE

T1 Dixon post-gado T1 Dixon portal

Diffusion b800 s/mm2 Cartographie ADC

Diffusion b800 s/mm2 TEP 18F-FDG

T1 Dixon en phase T1 Dixon en opposition de phase

Fig. 6.6
Cancer du côlon transverse et métastase hépatique synchrone du segment VIII traitée par ablation percutanée.
Réévaluation post-thérapeutique montrant une récidive de la lésion métastatique du segment VIII sur 26 mm (flèches jaunes), en diffusion
restreinte, ainsi que l’apparition d’une lésion suspecte pulmonaire inférieure gauche (flèches bleues), dont le caractère secondaire est appuyé
par l’hyperfixation au TEP au 18F-FDG. Par ailleurs, lésion surrénalienne gauche de 20 mm considérée suspecte sur le précédent scanner,
présentant une chute de signal homogène en opposition de phase, en rapport avec un adénome surrénalien.

80
6. IRM corps entier et cancer colorectal

l’exploration pulmonaire, doivent amener à une utilisation 5. Brenner DJ, Hall EJ. Computed tomography–an increasing source of
croissante de l’IRM corps entier dans cette indication. Enfin, radiation exposure. N Engl J Med 2007 ; 357 : 2277–84.
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FDG pourrait à l’avenir améliorer encore la précision dia- cancer. Eur Radiol 2018 ; 28 : 4234–42.
gnostique, renforçant la confiance diagnostique et dimi- 7. Sivesgaard K, Larsen LP, Sørensen M, et al. Diagnostic accuracy of
nuant le nombre de lésions jugées équivoques en IRM [25]. CE-CT, MRI and FDG PET/CT for detecting colorectal cancer liver
metastases in patients considered eligible for hepatic resection and/
Pour l’évaluation post-thérapeutique, notamment la
or local ablation. Eur Radiol 2018 ; 28 : 4735–47.
surveillance des patients à haut risque de récidive, l’IRM 8. Floriani I, Torri V, Rulli E, et al. Performance of imaging modalities in
corps entier pourrait permettre une détection et une diagnosis of liver metastases from colorectal cancer : a systematic
prise en charge thérapeutique précoces des récidives review and meta-analysis. J Magn Reson Imaging 2010 ; 31 : 19–31.
ainsi qu’une réduction du nombre d’examens d’imagerie 9. Dresen RC, De Vuysere S, De Keyzer F, et al. Whole-body diffusion-
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nécessaire avant traitement, permettant ainsi d’augmen- cancer and peritoneal metastases. Cancer Imaging 2019 ; 19 : 1.
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Des études évaluant l’apport diagnostique et médico- sus whole-body MDCT for staging of multiple myeloma. AJR Am J
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11. Vermersch M, Emsen B, Monnet A, et al. Chest PET/MRI in
sont nécessaires et devraient débuter en France dès l’an-
solid cancers : comparing the diagnostic performance of a free-
née 2023 (programme de recherche médico-économique breathing 3D-T1-GRE stack-of-stars volume interpolated breath-
[PRME] « ICE-CCReaM »). hold examination (StarVIBE) acquisition with that of a 3D-T1-GRE
volume interpolated breath-hold examination (VIBE) for chest
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` Conclusion 12. Basso Dias A, Zanon M, Altmayer S, et al. Fluorine 18-FDG PET/CT
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L’IRM corps entier est une modalité d’imagerie perfor- lesions : a meta-analysis. Radiology 2019 ; 290 : 525–34.
13. Nguyen TD, de Rochefort L, Spincemaille P, et al. Effective
mante qui offre une précision diagnostique similaire au
motion-sensitizing magnetization preparation for black blood
bilan d’imagerie standard dans le bilan initial des cancers magnetic resonance imaging of the heart. J Magn Reson Imaging
colorectaux, tout en diminuant le coût et la durée du bilan 2008 ; 28 : 1092–100.
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pour l’exploration hépatique, associée aux progrès continus weighted and gadoxetic acid-enhanced MR imaging for the
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Références colorectal cancer : a systematic review of the literature and meta-
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81
II. Applications/indications chez l’adulte

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82
Section B
Applications non oncologiques

P L AN D E L A SECT I O N
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM 85

8. IRM musculaire corps entier dans les


myopathies héréditaires et acquises 103
Chapitre 7
Exploration
des spondyloarthrites en IRM
Mickael Tordjman, Antoine Feydy

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 87

Imagerie par rayons X 87


Spondyloarthrite axiale 87
Rhumatisme psoriasique 88
Autres spondyloarthrites, formes périphériques 88

Spondyloarthrite axiale : quelle IRM réaliser ? 90

IRM des spondyloarthrites axiales : sémiologie 92


Spondyloarthrite axiale : IRM des sacro-iliaques 92
Spondyloarthrite axiale : IRM rachidienne 92
Rhumatisme psoriasique périphérique 94
Autres spondyloarthrites axiales 94

Comment différencier sacro-iliite


inflammatoire, infectieuse ou mécanique ? 95

Classifications fondées sur l’IRM :


spondyloarthrite axiale 96

Perspectives en IRM des spondyloarthrites


axiales 99

IRM corps entier


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7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

Introduction assez fréquentes dans la population générale (environ 0,43 %


de patients SpA dans la population française en 2010) et que
Les spondyloarthrites ou SpA (terme qui remplace celui moins de 5 % des patients HLA-B27+ développent une SpA,
de spondylarthropathie) sont un groupe de pathologies HLA-B27 augmente le risque de développer une pathologie
rhumatismales inflammatoires chroniques présentant des de ce spectre de 39 fois comparativement aux individus HLA-
similarités cliniques et génétiques, mais également des dif- B27 négatifs [2]. Il est ainsi utile dans les cas douteux.
férences phénotypiques. Elles comprennent la spondylar-
thrite axiale (SpA axiale), chef de file de ce groupe noso-
logique, mais aussi le rhumatisme psoriasique, les arthrites Imagerie par rayons X
réactionnelles, les arthrites associées aux maladies inflam-
matoires chroniques intestinales (MICI), les formes juvé- Spondyloarthrite axiale
niles, mais également les SpA indifférenciées [1]. Le SAPHO
(synovite, acné, pustulose, hyperostose et ostéite) est une Les radiographies standard ont été pendant longtemps
entité apparentée aux SpA, bien que son inclusion au sein la pierre angulaire du diagnostic en imagerie des SpA,
de ces pathologies soit controversée. Les patients peuvent notamment de la SpA ankylosante (érosions, sclérose et
également être classés en fonction de leur présentation cli- ankylose visibles en radiographie). Elles restent toujours
nique, différenciant les SpA axiales et périphériques. un examen de première intention, facile d’accès et à bas
Le diagnostic de SpA associe des critères cliniques, biolo- coût. La Haute autorité de santé (HAS) recommande,
giques et d’imagerie. dans le bilan initial et le suivi, des radiographies du bassin
D’un point de vue clinique, le syndrome pelvirachidien de face, du rachis lombaire de face et de profil incluant
correspond à l’atteinte axiale qui inclut l’atteinte rachi- la jonction thoracolombaire, et des radiographies du
dienne et des sacro-iliaques. Un syndrome enthésopa- rachis cervical de profil.
thique périphérique, un syndrome articulaire périphérique, Les radiographies du rachis permettent de mettre en
mais également des atteintes extra-articulaires (psoriasis, évidence des érosions des coins vertébraux ± associées
uvéite, urétrites, symptomatologie digestive, etc.) peuvent à une sclérose (lésions de Romanus). La mise au carré
coexister. La symptomatologie du syndrome pelvirachi- des vertèbres débute généralement au rachis lombaire et
dien associe fréquemment des dorsalgies et/ou lombalgies correspond à la perte de la concavité normale des bords
inflammatoires évoluant depuis plus de 3 mois et des pyal- antérieurs des corps vertébraux. Les syndesmophytes sont
gies (douleurs fessières) à bascule. Le syndrome articulaire classiquement décrits comme des ossifications paraver-
périphérique s’exprime généralement par des mono- ou tébrales verticales des marges latérales de l’espace discal
oligoarthrites, asymétriques et prédominant aux membres intervertébral, parallèles au rachis (fig. 7.1). Au contraire,
inférieurs, notamment aux genoux et aux chevilles, mais les ostéophytes sont généralement perpendiculaires à
aussi aux hanches (coxites) et aux interphalangiennes dis- l’axe du rachis. Une ankylose diffuse du rachis est défi-
tales (en particulier dans le rhumatisme psoriasique). L’at- nie comme un « rachis bambou » (fig. 7.2). Les autres
teinte périphérique enthésitique, caractéristique, associe atteintes radiographiques sont les discites d’Anderson
des talalgies, des dactylites (« doigts en saucisse ») et d’autres (voir plus loin), les ossifications des ligaments et articu-
enthésites. Les manifestations extra-articulaires principales lations spinales, comme le « dagger sign » (ligne dense
comprennent l’uvéite antérieure aiguë, les lésions derma- centrale sur les radiographies de face du rachis, en rap-
tologiques évocatrices de psoriasis, une symptomatologie port avec une ossification des ligaments supra-épineux
digestive compatible avec une MICI, ainsi que des atteintes et interépineux) (voir fig. 7.2).
cardiaques (troubles du rythme, valvulopathie). La radiographie du bassin de face (fig. 7.3) est également
L’âge de début des symptômes est en général avant essentielle. Les critères de New York modifiés ont défini
35 ans, bien que le délai avant que le diagnostic soit posé une classification radiographique des grades de sacro-
puisse être long (plusieurs années). L’absence de syndrome iliite (tableau 7.1). Cependant, l’obliquité des sacro-iliaques
inflammatoire biologique est fréquente aussi bien dans les empêche une analyse radiographique optimale des berges
formes axiales que périphériques. articulaires des sacro-iliaques. Une atteinte bilatérale de
L’antigène HLA-B27 est un facteur génétique majeur de grade II ou unilatérale de grade III est hautement spécifique
susceptibilité pour les SpA. Bien que ces pathologies soient pour le diagnostic de SpA axiale. Cependant, la sensibilité

87
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

Fig. 7.1
Radiographie du rachis cervical de profil (A, B) chez une patiente de 39 ans retrouvant des syndesmophytes antérieurs descendants en
C4 et C5 (flèches), avec préservation des hauteurs discales, rentrant dans le cadre d’une spondyloarthrite (SpA) axiale débutante.

des radiographies standard est faible, en particulier lors des de la colonne que le syndesmophyte de la SpA. L’atteinte
premières années d’évolution de la maladie. cervicale est fréquente.
Le scanner du bassin permet une évaluation plus pré- Les radiographies du rhumatisme psoriasique périphé-
cise des modifications structurales des articulations sacro- rique mettent en évidence une association d’érosions et de
iliaques (érosions, sclérose sous-chondrale, ankylose) que constructions osseuses à prédominance distale (notam-
les radiographies standard (fig. 7.4). Cependant, il ne per- ment les interphalangiennes distales) [5]. L’atteinte des
met pas le diagnostic des remaniements inflammatoires, mains/poignets et des pieds est plus fréquente que les
et le scanner reste une technique irradiante, notamment atteintes axiales. Les radiographies démontrent des éro-
chez les adultes jeunes, population atteinte par les SpA. sions centrales et marginales, un aspect de « pencil-in-cup »
Le scanner offre globalement une sensibilité plus élevée en rapport avec la résorption osseuse sous-chondrale, des
que les radiographies standard, bien qu’inférieure à celle appositions périostées des phalanges, des acro-ostéolyses
de l’IRM [4]. et des phalanges ivoires.
La scintigraphie et le TEP-scanner ne sont pas recom-
mandés en pratique courante pour le diagnostic et le suivi
des SpA.
Autres spondyloarthrites,
formes périphériques
Rhumatisme psoriasique Des radiographies centrées sur les articulations doulou-
reuses sont utiles. Par exemple, l’atteinte coxofémorale
Classiquement, l’ossification du rhumatisme psoriasique ou (coxite) peut être inaugurale et est un marqueur de sévérité
« parasyndesmophyte » est plus épaisse et plus à distance de la SpA (fig. 7.5).

88
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

A B

Fig. 7.2
Radiographies du rachis en entier (EOS® Edge) de face (A) et de profil (B) chez un patient de 53 ans avec SpA axiale ancienne, avec aspect
de « colonne bambou ».
Noter de face (A) la ligne dense centrale en rapport avec une ossification des ligaments supra-épineux et interépineux (« dagger sign »).

Fig. 7.3
Radiographie du bassin de face mettant en évidence des érosions sacro-iliaques avec « pseudo-élargissement de l’interligne » (flèches)
dans le cadre d’une SpA chez un patient de 27 ans.
89
II. Applications/indications chez l’adulte

Tableau 7.1. Grades de sacro-iliite selon les critères de New


York modifiés [3].
Spondyloarthrite axiale :
Grade Aspect radiographique quelle IRM réaliser ?
Grade 0 Normal
La recherche de SpA axiale en IRM commence en priorité
Grade I Douteux : flou des berges articulaires avec une IRM centrée sur les articulations sacro-iliaques.
Grade II Minime : zones localisées de petites tailles Cette IRM est différente d’une IRM globale du bassin ou du
d’érosions ou de sclérose, pas d’altération de la pelvis, car elle est optimisée pour l’analyse des interlignes et
largeur articulaire (« pseudo-élargissement ») des berges articulaires des sacro-iliaques.
Grade III Avéré : sacro-iliite modérée ou évoluée avec Le protocole IRM pour explorer les sacro-iliaques com-
érosions, sclérose, élargissement ou amincissement prend en routine des coupes 2D frontales obliques et des
articulaire ou ankylose partielle coupes axiales avec une résolution suffisante. Les séquences
Grade IV Sévère : ankylose complète pondérées en T1 sensibles aux remaniements graisseux et
les séquences T2 sensibles à l’inflammation (STIR, T2 FS,
Dixon) sont indispensables. L’ajout de séquences pondé-
rées en T1 avec saturation du signal de la graisse permet
souvent de faciliter l’analyse des interlignes pour le diagnos-
Les signes radiographiques des autres pathologies du tic des érosions (fig. 7.6).
spectre des SpA sont généralement en rapport avec les L’IRM du rachis thoracolombaire ou du rachis entier
enthésites. Dans les arthrites réactionnelles, l’atteinte des n’est pas consensuelle, mais souvent demandée dans
genoux et celle des métatarsophalangiennes sont les plus cette indication. Elle est surtout utile pour écarter un dia-
fréquentes. gnostic différentiel ou pour un bilan topographique des

A B

C D

Fig. 7.4
Radiographies (A, C) et scanner (B, D) correspondants de sacro-iliite avérée avec érosions (A, B) et de sacro-iliite évoluée avec ankylose
(C, D).

90
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

A
A

Fig. 7.5
Coxite bilatérale chez un patient de 31 ans avec SpA.
La radiographie (A) et le scanner (B) montrent un pincement C
articulaire global, et l’IRM (C) retrouve une inflammation synoviale
de la hanche droite (flèches). Fig. 7.6
IRM avec séquences T1 fat sat (A), T1 (B) et T1 Dixon Fat (C)
mettant en évidence des lésions structurales bilatérales : érosions
des berges articulaires et remaniements graisseux prédominant
côté sacrum.
lésions inflammatoires et/ou structurales de la colonne Patient de 47 ans suivi pour une SpA.
en cas de SpA axiale déjà connue et suivie. La colonne est
étudiée en coupes sagittales, avec un complément dans
le plan frontal ou axial centré sur les éventuelles lésions L’injection de gadolinium n’est pas réalisée en pratique
de l’arc postérieur. L’étude comprend des séquences pon- courante dans ces examens, car elle est inutile en première
dérées en T1 et des séquences T2 sensibles à l’inflamma- intention. Le gain en sensibilité diagnostique pour les
tion (STIR, T2 FS, Dixon) [6]. lésions inflammatoires des enthèses ligamentaires posté-
91
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

Fig. 7.7
IRM avec séquences STIR montrant l’inflammation des berges des sacro-iliaques chez deux patients différents.
Atteinte bilatérale (A) et atteinte unilatérale (B).

rieures du rachis est à mettre en balance avec une sensibilité deux permet une lecture synchronisée, coupe par coupe,
plus élevée pour les lésions dégénératives non spécifiques. des images pondérées en T1 et des images pondérées en
L’injection est parfois réalisée en seconde intention, pour T2 Dixon.
des doutes persistants, des cas complexes après discussion Les remaniements structuraux décelables sur les cli-
du dossier en réunion de concertation pluridisciplinaire chés standard et en scanner sont des stigmates d’une
(RCP) radiologie-rhumatologie. SpA déjà évoluée. La détection en IRM de remaniements
inflammatoires ou « ostéite » des berges articulaires est un
signe plus précoce de la maladie. L’œdème osseux de l’os
sous-chondral, clairement visualisé, est l’élément clé pour
IRM des spondyloarthrites évoquer une SpA au début ou dans une phase active plus
axiales : sémiologie tardive (fig. 7.7 et voir fig. 7.9). La présence de synovite,
de capsulite et celle d’enthésite sont d’autres éléments en
L’IRM est l’examen permettant le plus précocement la mise faveur du diagnostic de SpA (signes ancillaires). Cepen-
en évidence des remaniements inflammatoires en rapport dant, ce diagnostic ne sera jamais confirmé ou infirmé sur
avec la SpA. Ainsi, celui-ci s’est imposé comme un indis- l’imagerie seule, car plusieurs étiologies peuvent provo-
pensable dans la prise en charge initiale et pour le suivi des quer un œdème des sacro-iliaques (voir ci-dessous). Par
patients. Cependant, il est décrit dans la littérature que ailleurs, la présence d’érosions multiples des berges arti-
la sensibilité de l’IRM des sacro-iliaques et du rachis pour culaires augmente la spécificité diagnostique de l’IRM, de
diagnostiquer précocement une SpA axiale est limitée, esti- même que la présence de remaniements graisseux de l’os
mée au mieux à 50 % ; une IRM normale n’élimine donc pas sous-chondral (fig. 7.8 et 7.9). Les lésions inflammatoires
une SpA [7]. et structurales sont typiquement bilatérales, le plus sou-
vent asymétriques et mixées.
Spondyloarthrite axiale : IRM
des sacro-iliaques Spondyloarthrite axiale : IRM
rachidienne
Toutes les images sont importantes pour une analyse com-
plète de la portion synoviale (en avant) et de la portion L’interprétation doit être attentive, avec une étude de
ligamentaire (en arrière). Un partage de l’écran de lecture en toutes les enthèses, qui sont nombreuses (corps vertébral,
92
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

A B

Fig. 7.8
A, B. IRM avec séquences T1 montrant les remaniements érosifs et graisseux des berges articulaires chez deux patients différents avec SpA
axiale évoluée.
Noter l’ankylose partielle visible pour le premier (A).

arc postérieur). Les lésions de SpA axiale prédominent à de Romanus), en rapport avec l’activité de la maladie, mais
l’étage thoracique inférieur, à la charnière thoracolombaire, également les coins graisseux à un stade plus tardif, stig-
avec une atteinte associée ou isolée lombaire et cervicale mates post-inflammatoires (fig. 7.10 à 7.12).
également possible. Les lésions inflammatoires des arcs postérieurs sont moins
L’IRM permet de mettre en évidence les lésions typiques fréquentes, mais très spécifiques de la maladie (fig. 7.13).
des corps vertébraux : remaniements inflammatoires des Les syndesmophytes débutants sont difficiles à identi-
coins vertébraux (« shiny corners » dans le cadre des lésions fier sur les séquences IRM habituelles ; la détection est plus

A B

Fig. 7.9
IRM en séquences STIR (A) et T1 (B) chez un patient de 42 ans avec SpA débutante montrant des remaniements inflammatoires, érosifs et
graisseux des berges sacro-iliaques et de l’os adjacent.

93
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

Fig. 7.10
IRM sagittale du rachis entier en séquences STIR (A) et T1 (B) : remaniements inflammatoires étagés et quelques remaniements graisseux
associés du rachis.
L’atteinte est typique, avec une prédominance de lésions contiguës du rachis thoracique inférieur jusqu’à la charnière thoracolombaire. Lésions
des coins vertébraux et des arcs postérieurs.

facile en cas de ponts syndesmophytiques intéressant plu- Rhumatisme psoriasique


sieurs étages (fig. 7.14).
L’atteinte discale (spondylodiscite d’Anderson) peut
périphérique
mimer une spondylodiscite infectieuse en phase inflamma- L’IRM présente une meilleure sensibilité que les radiogra-
toire, mais l’absence d’abcès est un signe clé. Aux stades plus phies standard pour détecter les atteintes des mains et des
tardifs, l’atteinte discale chronique est facilement reconnue, pieds. Ainsi, au niveau des mains, on met en évidence une
avec des lésions ossifiantes d’ankylose (fig. 7.15). ostéite sous-chondrale précoce, une périostite juxtacorti-
L’IRM et/ou le scanner sont indispensables en cas de cale des phalanges, des pseudo-ténosynovites, des enthé-
suspicion de fracture rachidienne, qui est une complica- sites ainsi que des érosions (fig. 7.16).
tion redoutée du fait de l’ankylose rachidienne et des
ossifications en rapport avec la spondylarthrite. La rai-
deur de l’ankylose favorise les fractures, notamment à la Autres spondyloarthrites axiales
jonction cervicothoracique et thoracolombaire, avec des
formes transdiscales et des fractures graves avec héma- Les autres SpA peuvent également se manifester en IRM
tome épidural. avec les signes précédemment décrits. Ainsi, dans l’arthrite

94
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

A B

Fig. 7.11
IRM en séquences STIR (A) et T1 (B).
Remaniements inflammatoires des coins vertébraux et des arcs postérieurs avec quelques remaniements graisseux des coins vertébraux et
plateaux du rachis cervicothoracique.

réactionnelle, on retrouve des enthésites (notamment cal- ­ résente un impact majeur sur la qualité de vie, les traite-
p
canéennes), et la présentation en imagerie peut être proche ments et leurs effets indésirables, ainsi que l’avenir profes-
du rhumatisme psoriasique. De même, une sacro-iliite et sionnel des patients. Nous évoquons ici les diagnostics les
une spondylite sont volontiers décrites dans les arthrites plus fréquents en pratique courante.
associées aux MICI. La sacro-iliite infectieuse doit absolument être écartée.
Une sacro-iliite unilatérale est une sacro-iliite infectieuse
jusqu’à preuve du contraire. Dans ces cas, on peut noter
Comment différencier sacro- un épanchement articulaire, une atteinte des parties
molles adjacentes (notamment musculaires) et la pré-
iliite inflammatoire, infectieuse sence d’abcès péri-articulaires (fig. 7.17). Une sacro-iliite
ou mécanique ? unilatérale inflammatoire est possible dans la SpA axiale
(voir fig. 7.7).
La différenciation claire entre une sacro-iliite inflamma- La sacro-iliite mécanique/dégénérative est une cause
toire et les autres causes d’atteinte sacro-iliaque est indis- très fréquente d’anomalies de signal inflammatoire focales
pensable. Un surdiagnostic de pathologie inflammatoire des berges articulaires chez les adultes après 40 ans, cer-

95
II. Applications/indications chez l’adulte

tains sportifs, avec un aspect différent des lésions d’os-


téite inflammatoire de la SpA. Les lésions dégénératives
affectent plus volontiers la portion antérosupérieure du
sacrum, la berge iliaque des articulations, et sont asso-
ciées aux signes habituels d’arthrose (ostéophytes, pince-
ment, géodes). Les ostéophytes para-articulaires en pont
doivent être différenciés de l’ankylose transarticulaire
d’une SpA. En radiographie et en scanner, on peut obser-
ver du vide de densité gazeuse au sein des interlignes arti-
culaires (fig. 7.18).
Des fractures de contrainte du sacrum peuvent mimer
des remaniements inflammatoires de SpA. Elles surviennent
essentiellement en cas d’ostéoporose, donc chez des patients
âgés ou ayant des facteurs favorisants (corticothérapie).
A Le contexte de post-partum favorise l’atteinte infectieuse,
mais aussi les lésions d’œdème osseux des berges articulaires,
pouvant persister plusieurs mois après l’accouchement.
L’ostéose iliaque condensante est également une cause
potentielle d’erreur diagnostique, car l’IRM peut montrer
un œdème osseux. L’atteinte serait liée à un stress méca-
nique. Un examen attentif des berges articulaires montre
le plus souvent un aspect régulier normal, parfois quelques
minimes irrégularités. Une sclérose sous-chondrale symé-
trique bien limitée sans érosion sur les versants iliaques
(antéro-inférieur) des articulations sacro-iliaques permet
de confirmer le diagnostic [8] (fig. 7.19).

Classifications fondées sur l’IRM :


spondyloarthrite axiale
B
En 2004, l’Assessment of SpondyloArthritis international
Society (ASAS) a publié une classification des SpA, mise
Fig. 7.12 à jour en 2009, fondée à la fois sur les atteintes axiales et
A, B. IRM sagittale en séquence T1 avec la présence de « coins périphériques, et qui s’applique aux stades plus précoces
graisseux » typiques de SpA axiale en hypersignal.

A B

Fig. 7.13
A, B. IRM en séquences STIR axiales montrant une inflammation costovertébrale (flèches) typique de SpA axiale.

96
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

A B

C D

Fig. 7.14
IRM en séquences T1 (A, C) et STIR (B, D) du rachis entier et des sacro-iliaques dans le cadre d’une SpA ancienne ankylosée.

A B C

Fig. 7.15
Exemples en IRM (séquences STIR, A ; T2 Dixon Water, B ; et T1, C) de lésions discovertébrales avec érosions inflammatoires des plateaux
(spondylites d’Anderson), pouvant mimer une spondylodiscite infectieuse.
Absence d’abcès et contexte de SpA axiale connue chez ces patients.

97
II. Applications/indications chez l’adulte

A B C

Fig. 7.16
Radiographie (A) et IRM (B, C) de la main gauche chez un patient de 50 ans avec rhumatisme psoriasique présentant une dactylite et une
inflammation des parties molles décelable en IRM de façon plus précoce que sur la radiographie standard, quasi normale.

A B

C D

Fig. 7.17
IRM en séquences STIR (B), T1 (C) et T1 fat sat après injection de gadolinium (D) chez un homme de 74 ans avec sacro-iliite unilatérale
infectieuse avec abcès des parties molles.

98
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

A B

C D

Fig. 7.18
A-D. Femme de 58 ans avec fessalgies d’horaire mécanique.
L’IRM met en évidence des discrets remaniements inflammatoires de la portion antérosupérieure du sacrum, avec sur le scanner des
constructions ostéophytiques et un vide intra-articulaire en rapport avec une sacro-iliite mécanique dégénérative bilatérale.

de ces maladies. Alors que les atteintes radiographiques de la maladie (ASDAS) ≥ 2,1 et à l’échec de 2 AINS indique les
étaient un élément essentiel du diagnostic dans les critères traitements biologiques (anti-TNF et anti-IL-17).
de New York modifiés, l’apparition plus précoce de rema- Ainsi, l’IRM est un outil additionnel pour guider la déci-
niements inflammatoires à l’IRM a progressivement été sion thérapeutique, bien qu’il soit non recommandé en rou-
intégrée aux classifications. tine dans le suivi [11].
Dans le consensus de l’ASAS, le diagnostic de SpA
est considéré sur une IRM du rachis en cas de spondy-
lite affectant aux minimum 3 étages chez des patients
avant 50 ans [9]. En 2016, l’ASAS MRI Working Group a Perspectives en IRM
défini la sacro-iliite active en IRM (tableau 7.2) dans les des spondyloarthrites axiales
SpA axiales [10]. Cependant, ces critères de classification
ont été établis dans le cadre de cohortes de recherche De nouvelles approches IRM avec séquences avancées pour-
clinique ; ils ne sont pas bien adaptés pour un diagnostic raient permettre d’améliorer les performances de l’IRM en tant
en population générale. qu’outil diagnostique et de suivi thérapeutique des SpA axiales.
Dans la mise à jour de 2022, l’ASAS-EULAR (European Concernant l’IRM de diffusion, plusieurs études ont
Alliance of Associations for Rheumatology) indique qu’une décrit que l’ADC des lésions inflammatoires vertébrales et
inflammation sacro-iliaque en IRM ou une sacro-iliite radio- des sacro-iliaques était corrélé au score d’activité des SpA
graphique ou une CRP élevée, associée à un score d’activité axiales [12–14]. Cependant, l’addition de séquences de
99
II. Applications/indications chez l’adulte

A B

C D

Fig. 7.19
IRM en séquences T1 (A) et T2 (C) et scanner (B, D) d’une femme de 38 ans avec grossesse récente retrouvant des plages en hyposignal
para-articulaire correspondant à de la condensation en plages sur le scanner dans le cadre d’une ostéose iliaque condensante.
Noter l’aspect régulier sans érosions des berges articulaires.

diffusion ne semble pas améliorer la performance diagnos- Enfin, les séquences T2 mapping pourraient permettre
tique globale de l’IRM [15]. d’identifier précocement les patients avec SpA (temps de
La séquence zéro TE (ZTE) a également été étudiée dans relaxation T2 plus élevés) [17, 18].
ces pathologies. Elle permettrait de détecter les érosions Ces séquences ne sont pas encore utilisées en pra-
osseuses de façon plus précise que sur des séquences T1 tique courante, étant encore du domaine de la recherche.
conventionnelles, avec un aspect de « pseudo-scanner » Des études de validation clinique sont nécessaires pour
[16] (fig. 7.20). connaître leur apport au quotidien.

Tableau 7.2. Critères de l’ASAS.


Lombalgies ≥ 3 mois et âge de début ≤ 45 ans
Sacro-iliite en imagerie+ ≥ 1 critère clinique
OU HLA-B27 positif + ≥ 2 critères cliniques
Sacro-iliite en imagerie
Inflammation à l’IRM ou sacro-iliite radiographique (critères de New York)
– Critères requis en IRM : œdème osseux/ostéite clairement présent(e) en localisation typique (os sous-chondral) sur
une séquence T2 sensible à l’inflammation (STIR, T2 FS) ou prise de contraste osseuse en T1 après injection
– Critères non requis en IRM : synovite, enthésite, capsulite ; leur présence seule sans œdème osseux associé ne suffit pas à
conclure à une sacro-iliite active, tout comme les lésions chroniques (remaniements graisseux, sclérose, érosion, ankylose)
Critères cliniques
– Lombalgies inflammatoires – Psoriasis
– Arthrite – Maladie de Crohn
– Enthésite du talon – Bonne réponse aux AINS
– Uvéite – Antécédents familiaux de SpA
– Dactylite – CRP élevée

100
7. Exploration des spondyloarthrites en IRM

A B

C D

Fig. 7.20
Exemples d’IRM avec séquences ZTE (A, C) et séquences T1 (B, D) chez un patient de 44 ans avec imagerie normale (A, B) et un patient de
18 ans avec des érosions (C, D) dans le cadre d’une SpA.
L’image de « pseudo-scanner » permet de mieux détecter ces érosions.

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101
II. Applications/indications chez l’adulte

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102
Chapitre 8
IRM musculaire corps
entier dans les myopathies
héréditaires et acquises
Nadia Venturelli, Annaëlle Chetrit, Amine Ammar, Valentin Renault,
Robert Carlier

P L AN D U CHA PI T RE
Introduction 105 IRM musculaire dans les myopathies
héréditaires 109
Indications 106 Dystrophies musculaires 109
Myopathies congénitales 114
Technique d’examen et de réalisation 106
Myopathies métaboliques : les glycogénoses 115
Interprétation 106 IRM musculaire dans les myopathies
Remplacement graisseux du contingent musculaire 107 acquises et dans les fasciites 116
Trophicité des groupes musculaires 107 Myosite à inclusions 116
Existence d’un pattern spécifique d’atteinte d’un groupe Dermatomyosite 117
musculaire donné 109
Myopathie nécrosante à médiation immunitaire 117
Existence d’une augmentation pathologique de la quantité
d’eau dans un muscle 109 Syndrome des antisynthétases 118
Distribution et caractère symétrique de l’atteinte 109 Fasciites 118
Autres éléments à considérer 109
Conclusion 118

IRM corps entier


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8. IRM musculaire corps entier dans les myopathies héréditaires et acquises

Introduction • les myopathies congénitales, dues à un défaut de déve-


loppement ou de maturation des fibres musculaires pen-
L’IRM musculaire corps entier occupe une place essentielle dant la période fœtale ;
dans l’évaluation initiale et le suivi des atteintes muscu- • les myopathies métaboliques, dues à un dysfonction-
laires induites par une anomalie génétique (myopathies nement de la voie de dégradation des sucres, de la chaîne
héréditaires) ou acquises (non génétiquement induites, sur métabolique respiratoire ou du métabolisme des graisses.
muscle initialement sain), favorisant une analyse exhaustive Les myopathies acquises comprennent quatre grandes
et impactante quand elle permet d’objectiver un pattern catégories (voir fig. 8.1) : les myopathies inflammatoires
d’atteinte évocateur ou spécifique d’une entité donnée, en idiopathiques, toxiques, infectieuses et endocriniennes.
plus d’écarter les diagnostics différentiels. Ce sont (en particulier les myopathies héréditaires) des
Les myopathies héréditaires sont généralement divisées pathologies rares qui présentent un important chevau-
en trois catégories principales, comprenant de multiples chement phénotypique. Les analyses paracliniques qui
sous-catégories (fig. 8.1) : posent le diagnostic final (analyses génétiques, obligatoires
• les dystrophies musculaires, dues à des mutations pour les myopathies héréditaires ; anatomopathologie et
qui altèrent la structure primaire des fibres musculaires, qui biologie pour les myopathies acquises) sont souvent lon-
vont progressivement se dégrader ; gues, coûteuses et parfois prises en défaut si les hypothèses

Myopathies héréditaires

Dystrophies musculaires Myopathies Myopathies


congénitales métaboliques
Dystrophies
Dystrophinopathies
myotoniques
Duchenne, Becker
Types 1 et 2 Avec cores Glycogénoses
Cores centraux, multiminicores Types 2 (Pompe), 3 et 5
Dystrophies des ceintures Dystrophies
LGMDR1, R2, R9, R12, musculaires
sarcoglycanopathies congénitales Avec inclusions
cytoplasmiques Mitochondriopathies
Némaline, myosine
Laminopathies Titinopathies
Avec noyaux centraux Lipidoses
Centronucléaire, myotubulaire
Myopathies myofibrillaires Dystrophie facio-
DES, ZASP, Bag3, filamine C,
myotiline, alpha-cristalline
scapulo-humérale

Myopathies acquises

Myopathies inflammatoires
idiopathiques Myopathies
toxiques

Myosites
Dermatomyosites Myopathies
à inclusions
infectieuses

Myopathies
Syndrome des Myopathies
nécrosantes
anti-synthétases endocriniennes
auto-immunes

Fig. 8.1
Classification des myopathies héréditaires et des myopathies acquises.

105
II. Applications/indications chez l’adulte

f­ormulées initialement ne sont pas d’emblée les bonnes, successivement, à lire en parallèle (nécessitant donc, pour
d’où la place centrale de l’IRM pour orienter dès le début la être comparables et superposables, les mêmes paramètres
demande des analyses finales les plus adaptées. d’acquisition en termes d’épaisseur de coupe et de plan
d’acquisition) (fig. 8.2) :
• des séquences « anatomiques » permettant d’étudier
Indications la morphologie, le volume et le degré de remplacement
graisseux des muscles (séquences en pondération T1 ou
L’IRM musculaire corps entier comporte deux grands types équivalent) ;
d’indications : • des séquences « fonctionnelles » permettant d’objectiver
• dans l’aide au diagnostic initial, permettant de mieux la présence d’œdème au sein du muscle (séquences T2 avec
cibler les examens qui poseront le diagnostic final (analyses saturation du signal de la graisse en fat sat [FS] ou STIR).
génétiques, biologiques, anatomopathologiques) et une Ces séquences T1 et T2 avec suppression du signal de la
analyse des segments musculaires impliqués non acces- graisse sont maintenant de plus en plus fréquemment rem-
sibles à l’examen clinique (important si l’atteinte clinique placées par une unique séquence axiale T2 Dixon (acquise
est fruste, notamment chez les sujets asymptomatiques en suivant les mêmes prérequis sus-spécifiés), permettant, en
apparentés de cas index) ; une seule acquisition, d’obtenir quatre images complémen-
• dans le suivi évolutif et le monitorage sous traitement. taires, dont les images Fat sont lues en remplacement des
séquences T1 afin d’apprécier la morphologie et le degré
de remplacement graisseux des structures musculaires, et
Technique d’examen les images Water sont interprétées en remplacement des
et de réalisation séquences T2 avec suppression du signal de la graisse (voir
fig. 8.2).
Les contre-indications (celles de l’IRM en général) sont Un plan coronal doit au mieux compléter l’examen au
rares ; la présence de troubles ventilatoires impose une minimum pour l’étude de la musculature cervicale et ORL si
surveillance constante lors de l’examen. La présence d’un la tolérance du patient est bonne, idéalement acquis en 3D
parent ou d’un accompagnant aux côtés des jeunes enfants pour permettre des reconstructions multiplanaires afin de
lors de l’examen doit être encouragée pour favoriser la réas- rétablir la symétrie, condition indispensable à une analyse
surance et éviter le recours à une sédation ou à une anes- rigoureuse, lorsque le positionnement du patient n’a pas
thésie générale. pu être optimal. Cela permet une meilleure visualisation
L’examen peut être réalisé à 1,5 T ou 3 T (temps d’acqui- de certains groupes musculaires, notamment cervicaux
sition plus court). L’utilisation d’antennes de surface cou- (masticateurs, langue, intercostaux, psoas, muscles longs
plées est préférable à l’utilisation de l’antenne corps entier des extrémités) et éventuellement de mieux apprécier les
intégrée dans la machine. Le champ d’exploration de l’IRM déformations rachidiennes.
musculaire doit être large et permettre une exploration des La durée totale de l’examen est comprise entre 30 et
muscles temporaux jusqu’aux muscles de l’avant-pied en 45 minutes. L’injection de chélates de gadolinium n’est pas
passant par les bras, les avant-bras et les mains ; le champ de recommandée en pratique clinique, car elle augmente le
vue défini pour les coupes axiales doit être suffisamment temps d’acquisition et apporte peu d’informations supplé-
large pour les inclure (50-55 cm). La résolution spatiale de mentaires par rapport aux séquences T2 FS/STIR/Dixon.
l’IRM doit être suffisante pour permettre une analyse fine
de chaque groupe musculaire ; il faut donc acquérir des
coupes dont l’épaisseur ne dépasse pas 5 mm. Plus la struc- Interprétation
ture anatomique à analyser est petite, meilleure doit être la
résolution spatiale. L’interprétation d’une IRM musculaire corps entier dans le
Le protocole comprend deux types de séquences cadre d’une suspicion de myopathie doit être orientée par
acquises dans le plan axial (indispensables) couvrant l’en- le contexte clinique et paraclinique fourni par les cliniciens
semble de la musculature du corps (5 à 6 paliers de coupes référents : données de l’examen clinique (notamment âge
jointives fusionnées à la fin de l’examen, acquises en syn- et mode de début des symptômes, groupes musculaires
chronisation avec la respiration afin de réduire les artéfacts atteints, membres de la famille atteints), taux de créatine
cinétiques pour le palier concernant le tronc) réalisées phosphokinase (CPK), données de la biopsie musculaire si

106
8. IRM musculaire corps entier dans les myopathies héréditaires et acquises

In phase Water

Out of phase Fat

B C

Fig. 8.2
Protocole d’IRM musculaire corps entier.
Séquences axiales (indispensables) T2 Dixon par paliers jointifs (6 paliers, épaisseur de coupe 5 mm, champ de vue 55 mm, matrice 512 × 512)
avec lecture en parallèle des imageries Water et Fat. A. Exemple de séquence axiale T2 Dixon sur les jambes ; les images reconstruites fat et
water (obtenues à partir des images natives « in phase » et « out of phase ») sont lues de façon synchronisée. Séquences 3D T1 coronales TSE
isotropiques (matrice 512 × 512) au minimum sur l’étage cervical (B) permettant une meilleure étude de la musculature ORL et de la ceinture
scapulaire, de façon facultative sur l’ensemble du rachis permettant une meilleure étude notamment des muscles érecteurs paraspinaux et des
déformations rachidiennes (C).

elle a déjà été réalisée. L’utilisation de demandes standardi- des travées fibreuses et des fascias physiologiques, égale-
sées est très utile dans cette optique. ment hypo-intense) reflétant des dommages irréversibles.
Plusieurs points doivent être analysés (fig. 8.3). Pour permettre une cotation semi-quantitative plus
reproductible, il est d’usage d’utiliser la classification de
Mercuri (dérivée de la classification de Goutallier et Berna-
Remplacement graisseux geau) en quatre stades (voir fig. 8.3), le stade 1 désignant
du contingent musculaire un muscle normal, le stade 4 désignant un muscle avec un
degré de remplacement graisseux intéressant plus de 60 %
Il est évalué sur les séquences T1 ou en imagerie Fat de la du contingent musculaire.
séquence T2 Dixon. Bien que non spécifique (pouvant se
voir dans de multiples situations : vieillissement physiolo- Trophicité des groupes musculaires
gique, traitement chronique par corticoïdes, dénervation,
etc.), c’est un processus important à caractériser dans les La trophicité des groupes musculaires s’apprécie au mieux
myopathies. L’analyse doit être réalisée sur l’ensemble du sur les séquences pondérées en T1 ou sur les images Fat de
groupe musculaire. Le muscle sain apparaît hypo-intense, la séquence T2 de Dixon. Il s’agit d’une évaluation qualitative,
tandis que le remplacement de la graisse est hyperintense. en l’absence de valeurs seuils de référence disponibles ; il faut
Ce processus est souvent associé, après un certain temps, à rechercher une disparité de volume entre un muscle donné
un remplacement par du tissu conjonctif (épaississement et les groupes musculaires voisins ainsi qu’une rétraction des
107
II. Applications/indications chez l’adulte

B
Fig. 8.3
Interprétation d’une IRM musculaire corps entier.
Pour chaque muscle d’intérêt, cotation de façon bilatérale (en utilisant un tableau dédié, exemple en A) : de l’atrophie (évaluation qualitative
subjective) ; de la présence d’hypersignaux T2 FS/STIR/Water Dixon ; du niveau de remplacement graisseux en utilisant l’échelle de Mercuri
(sur les séquences T1/ou Fat Dixon ; voir exemple en B). B. Exemple d’application de l’échelle de Mercuri (séquence T2 Dixon Fat aux mollets) :
– Mercuri 1 : normal ; pas de remplacement graisseux (flèche verte) ;
– Mercuri 2 : atteinte discrète ; remplacement graisseux de moins de 30 % du contingent musculaire (flèche jaune) ;
– Mercuri 3 : atteinte modérée ; remplacement graisseux entre 30 % et 60 % du contingent musculaire (flèches orange) ;
– Mercuri 4 : atteinte sévère ; remplacement graisseux de plus de 60 % du contingent musculaire (flèche rouge).

108
8. IRM musculaire corps entier dans les myopathies héréditaires et acquises

fascias musculaires périphériques. L’atrophie accompagne sélénopathies où il peut y avoir une atrophie sélective du
le plus souvent la substitution graisseuse du corps muscu- muscle semi-membraneux) ou, au contraire, des hyper-
laire, mais peut rarement être la seule anomalie constatée trophies sélectives. De même, le caractère symétrique ou
à l’examen, notamment chez les jeunes enfants atteints de asymétrique de l’atteinte peut aider à proposer un éven-
dystrophie musculaire congénitale. On peut noter une hyper- tail diagnostique restreint : certaines pathologies donnent
trophie adaptative (réactionnelle) des muscles adjacents aux classiquement une atteinte asymétrique bien documen-
muscles pathologiques, visant à compenser le déficit induit, tée dans la littérature, comme la FSH et certaines myopa-
ou dans les myosites inflammatoires. L’augmentation du thies des ceintures.
volume musculaire due à un remplacement graisseux impor-
tant est appelée pseudo-hypertrophie (classique aux mollets
chez les patients atteints de dystrophie de Duchenne).
Autres éléments à considérer
Les autres éléments à considérer sont les suivants :
Existence d’un pattern spécifique • les conséquences éventuelles de la myopathie sur le
système musculosquelettique afin d’adapter la prise en
d’atteinte d’un groupe musculaire charge (arthrose sévère ou ankylose par immobilisation
donné articulaire) ;
• les atteintes extramusculaires associées : par exemple,
Par exemple, la préservation de la masse musculaire autour l’existence de remaniements inflammatoires dans les tissus
de l’aponévrose musculaire centrale de part et d’autre d’une mous est importante à noter dans le contexte des myopa-
substitution graisseuse importante (atteinte centripète) thies acquises (ce qui peut indiquer par exemple une der-
peut donner au muscle un aspect « tigré » caractéristique matite associée à une possible polymyosite), de même que
des myopathies liées au collagène 6. d’éventuelles anomalies de la substance blanche cérébrale
(évoquant spécifiquement certaines myopathies hérédi-
Existence d’une augmentation taires comme la LAMA2).
Des algorithmes d’orientation diagnostique intégrant
pathologique de la quantité toutes ces données ont été publiés dans la littérature. Ils
d’eau dans un muscle permettent de proposer un éventail de diagnostics plus
restreint et sont surtout robustes pour l’évaluation de la
Celle-ci est mise en évidence par une hyperintensité sur les musculature des membres inférieurs.
séquences T2 STIR/FS/Dixon Water. Elle n’est pas spécifique
(possible en cas de dénervation), mais peut refléter le carac-
tère précoce et actif de certaines myopathies, précédant de
quelques semaines l’apparition du remplacement graisseux. IRM musculaire dans les
C’est le cas notamment de la dystrophie myotonique de myopathies héréditaires
type 1 (DM1), de la dystrophie facio-scapulo-humérale
(FSH), de la phase précoce de la dystrophie musculaire de
Duchenne (DMD), mais aussi de la plupart des myopathies Dystrophies musculaires
acquises.
Dystrophinopathies
Les dystrophinopathies sont dues à une mutation liée au
Distribution et caractère symétrique chromosome X entraînant l’absence ou l’insuffisance de
de l’atteinte production ou de fonction de la dystrophine, protéine clé
assurant la force et la stabilisation de la fibre musculaire.
Un éventuel gradient d’atteinte (proximal/distal, anté- Ce groupe comprend deux entités cliniques principales
rieur/postérieur ou latéral/médial) peut permettre en fonction de la sévérité de la maladie (corrélée à la quan-
d’orienter vers un sous-type ou un type de pathologie, tité de dystrophine fonctionnelle) :
même si peu de pathologies bénéficient d’une corrélation • la myopathie de Duchenne (DMD) : forme avec atteinte
suffisante entre les données d’imagerie et les données la plus sévère. L’IRM retrouve une atteinte symétrique à pré-
cliniques/biologiques. Il est également nécessaire de pré- dominance proximale des muscles petits et moyens fessiers
ciser s’il existe des atrophies sélectives (comme dans les et des grands adducteurs, puis des muscles iliopsoas, grands
109
II. Applications/indications chez l’adulte

fessiers et quadriceps, de certains ischiojambiers (biceps vienne (les plus fréquemment touchés), abdominale et sca-
fémoral et semi-tendineux) et des loges postérieures du pulaire (pouvant entraîner un décollement des scapulas) ;
mollet, expliquant la pseudo-hypertrophie constatée cli- aux cuisses, l’atteinte est généralement plus marquée sur
niquement (soléaire, gastrocnémien latéral et médial, fibu- les compartiments postérieurs et les muscles graciles sont
laires). Les muscles obturateurs, les longs adducteurs, le épargnés ; aux jambes, le gastrocnémien médial est systé-
semi-membraneux, le gracile et le sartorius sont préservés ; matiquement atteint.
• la myopathie de Becker : forme avec atteinte clinique Les entités les plus fréquentes sont :
moins sévère. En IRM, l’atteinte est proximale et symé- • la LGMDR1 liée à la calpaïne : en sus du tableau commun
trique, touchant préférentiellement les muscles fessiers, aux LGMD, on note une atteinte des muscles grand adduc-
semi-membraneux et les quadriceps. Une pseudo-hyper- teurs, vastes intermédiaires et soléaires. Il existe une atteinte
trophie des mollets est aussi classiquement retrouvée. Les de la musculature axiale prédominant sur les extenseurs
membres supérieurs sont souvent épargnés ; s’il existe une vertébraux (plus latéraux) par rapport aux rotateurs verté-
atteinte, elle concerne plutôt les muscles biceps, triceps et braux (plus médiaux) (fig. 8.4) ;
petit ronds. • la LGMDR9 liée au gène FKRP (fukutin related protein) :
en sus du tableau commun aux LGMD, on note une
Dystrophies myotoniques (DM) atteinte marquée des muscles fibulaires et tibial antérieur.
Le muscle gracile est hypertrophié ;
Ce groupe comprend deux affections génétiquement dis-
• la LGMDR2 liée à la dysferline : en sus du tableau com-
tinctes de transmission autosomique dominante : la dys-
mun aux LGMD, on note une atteinte sévère du compar-
trophie myotonique de type 1 (DM1, également appelée
timent antérieur de la cuisse avec épargne des muscles
maladie de Steinert) et la dystrophie myotonique de type 2
sartorius, gracile et tibial postérieur. Des hypersignaux T2
(DM2, également appelée PROMM ou proximal myotonic
peuvent précéder la survenue du remplacement graisseux ;
myopathy).
• les sarcoglycanopathies : ce groupe est constitué de
• Dans la DM1, l’IRM montre une atteinte à prédominance
nombreuses entités génétiques et cliniques (LGMDR3
distale, associant une involution graisseuse, une atrophie
liée à l’α-sarcoglycane, la plus fréquente ; LGMDR5 liée
et parfois un hypersignal T2 touchant les compartiments
à la γ-sarcoglycane, LGMDR4 liée à la β-sarcoglycane et
antérieurs des jambes, les muscles du visage et du cou (ster-
LGMDR6 liée à la δ-sarcoglycane) qui sont cliniquement
nocléidomastoïdiens et masticateurs) et le diaphragme,
similaires, avec un début des symptômes d’âge variable. En
avec épargne des ceintures pelvienne et scapulaire, des
sus du tableau clinique commun aux LGMD, l’IRM montre
tibiaux postérieurs, des graciles et droits fémoraux.
une atteinte du compartiment antérieur de la cuisse (muscle
• Dans la DM2, l’atteinte, à prédominance proximale, est
vaste intermédiaire surtout) ainsi que des muscles fibulaires
moins marquée que dans la DM1 et prédomine sur les
et soléaires aux jambes. Une hypertrophie des muscles sarto-
muscles paravertébraux, les grands fessiers et les ceintures
rius et parfois semi-tendineux peut être observée ;
scapulaire et pelvienne ; les muscles de la face (en particu-
• LGMDR12 liée à l’anoctamine 5 : l’IRM montre une atteinte
lier les masticateurs) sont préservés et il n’y a pas d’hypersi-
précoce des adducteurs, de la loge postérieure des cuisses, des
gnal T2 des muscles concernés.
gastrocnémiens médiaux et des soléaires, puis des gastrocné-
miens latéraux, des fibulaires et des tibiaux antérieurs, tan-
Dystrophies musculaires des ceintures dis que les fessiers, psoas-iliaques, sartorius, graciles et droits
(LGMD) antérieurs sont longtemps préservés. Des hypersignaux T2
peuvent précéder le remplacement graisseux.
Cette catégorie comprend plusieurs entités cliniques
qui répondent à des critères diagnostiques communs et Dystrophie musculaire facio-scapulo-
dont la classification est fondée sur le mode de transmis-
sion (dominant, LGMD D, ou récessif, LGMD R – LGMD
humérale (FSH)
ou limb girdle muscular dystrophy), un chiffre correspon- C’est l’une des dystrophies musculaires les plus fréquentes
dant à l’ordre chronologique de description de l’entité et chez l’adulte (fig. 8.5). Deux sous-types génétiques existent,
la protéine impliquée dans sa physiopathologie. Il existe tous deux de transmission autosomique dominante et de
une élévation du taux de CPK et fréquemment une car- pénétrance incomplète.
diomyopathie. L’atteinte musculaire commune à toutes les L’IRM musculaire retrouve une atteinte concordante
entités comprend l’atteinte des muscles des ceintures pel- avec l’examen clinique, avec atrophie et involution grais-

110
8. IRM musculaire corps entier dans les myopathies héréditaires et acquises

Fig. 8.4
IRM musculaire d’un patient atteint de LGMDR1 liée à la calpaïne 3 (séquence axiale T2 Dixon, images Fat et Water).
Atteinte symétrique des ceintures scapulaire (surtout les muscles trapèzes et subscapulaires) et pelvienne (muscles fessiers surtout et
adducteurs de façon débutante) ; l’atteinte rachidienne prédomine sur les muscles extenseurs (latéraux) par rapport aux muscles rotateurs
(médiaux). Au niveau des membres inférieurs, l’atteinte est marquée sur les loges postérieures des cuisses et s’étend en avant vers le quadriceps,
notamment les muscles vastes intermédiaire et latéral ; aux jambes, elle concerne surtout les muscles gastrocnémiens et soléaires, en épargnant
la loge antérieure ; noter la présence d’une ébauche de signe du « pseudo-collagène » (infiltration graisseuse épargnant la partie centrale du
muscle, voir flèche rouge), prédictif d’un phénotype plus sévère.

seuse de distribution asymétrique, touchant préférentiel- servés), la ceinture abdominale, les érecteurs du rachis,
lement les muscles du visage, de la ceinture scapulaire les adducteurs, les ischiojambiers, le droit fémoral, le gas-
(atteinte plus marquée sur les muscles trapèze, grand trocnémien médial et le tibial antérieur, tandis que les
dentelé, grand pectoral et grand dorsal, tandis que la autres chefs du quadriceps et les loges latérales et pos-
coiffe des rotateurs et le deltoïde sont longtemps pré- térieures des jambes sont longtemps préservés. Il existe
111
II. Applications/indications chez l’adulte

Fig. 8.5
IRM musculaire d’un patient atteint d’une dystrophie facio-scapulo-humérale (FSH) (séquence axiale T2 Dixon, images Fat et Water).
Atteinte asymétrique avec infiltration graisseuse modérée à sévère des muscles de la face (temporaux), de la ceinture scapulaire (trapèzes, grand
dentelés, grand pectoral et grand dorsal, avec épargne de la coiffe des rotateurs et du deltoïde), des érecteurs du rachis, de la ceinture abdominale
et pelvienne (fessiers : atteinte sévère du côté droit et épargne presque complète du côté gauche), des membres inférieurs avec atteinte sévère des
adducteurs droits (marquée pour le long adducteur), des ischiojambiers, du tibial antérieur droit et du fibulaire gauche et épargne des muscles vastes
aux cuisses. On retrouve des hypersignaux T2 intramusculaires, caractéristiques (gastrocnémien médial gauche, flèche rouge).

fréquemment et précocement un hypersignal T2 des degrés divers faiblesse musculaire, amyotrophie, hypotonie,
muscles concernés, précédant l’involution graisseuse et contractures ou retard psychomoteur, d’apparition précoce
très évocateur du diagnostic. (à la naissance ou dans les premiers mois de vie).
L’IRM corps entier peut avoir un impact majeur sur
Dystrophies musculaires congénitales (DMC) l’orientation et la priorisation des analyses génétiques, per-
Les DMC constituent un groupe hétérogène de patho- mettant de retrouver une présentation spécifique pour
logies caractérisées par des symptômes associant à des trois DMC.
112
8. IRM musculaire corps entier dans les myopathies héréditaires et acquises

Fig. 8.6
IRM musculaire d’une patiente atteinte de dystrophie musculaire congénitale (DMC) avec déficit primaire en mérosine (séquence axiale
T2 Dixon, images Fat et Water).
Atteinte symétrique associant remplacement graisseux modéré (Mercuri 3) et atrophie des muscles subscapulaires, paraspinaux, adducteurs,
des loges antérieures et postérieures de la cuisse et des loges postérieures de la jambe (avec présence d’hypersignaux T2 intramusculaires,
flèches). À noter également l’atteinte cérébrale avec présence d’hypersignaux T2 dans la substance blanche périventriculaire et sous-corticale,
très évocateurs du diagnostic quand ils sont intégrés avec l’atteinte myopathique.

DMC avec déficit primaire en mérosine (fig. 8.6) sous-corticale (hypersignaux T2, souvent asymptomatiques)
et plus rarement de polymicrogyrie ou de dysplasie corticale
L’atteinte prédomine sur le grand adducteur, la loge posté-
focale (affectant le lobe occipital).
rieure de la cuisse et le soléaire ; les petits et moyens fessiers et
les muscles subscapulaires peuvent également être touchés.
DMC avec atteinte du collagène VI (fig. 8.7)
Les muscles sternocléidomastoïdiens sont généralement
­respectés. Les anomalies encéphaliques associées sont à détec- Ce groupe comprend deux entités : le type Ullrich (sévère)
ter, car très évocatrices : il s’agit plus fréquemment d’anoma- et le type Bethlem (plus modéré). Le remplacement grais-
lies de la substance blanche cérébrale périventriculaire et seux suit, pour un même muscle atteint, une distribution
113
II. Applications/indications chez l’adulte

Fig. 8.7
IRM musculaire d’un patient atteint de DMC collagène VI (type Bethlem) (séquences axiales T2 Dixon, images Fat).
Pour un muscle donné, noter le pattern de remplacement graisseux « concentrique » caractéristique de cette pathologie (débutant à la périphérie
du muscle et progressant de façon centripète ; flèches). L’atteinte des muscles squelettiques est diffuse, symétrique, et concerne la musculature
axiale (les muscles rotateurs et extenseurs du rachis étant également concernés), le muscle sternocléidomastoïdien, les muscles subscapulaires
et deltoïdes de la ceinture scapulaire, les membres supérieurs dont le triceps, la ceinture abdominale, et tous les muscles des cuisses, avec atteinte
moindre du gracile, du sartorius et des adducteurs aux jambes ; l’atteinte prédomine aux gastrocnémiens médiaux.

« concentrique » caractéristique, avec atteinte initiale de la muscles gastrocnémiens latéraux et médiaux, des fessiers
périphérie du muscle et progression centripète laissant une puis, à la phase d’état, une atteinte de l’ensemble de la mus-
zone d’épargne centrale. La distribution de l’atteinte est dif- culature des membres inférieurs (avec prédominance de
fuse, débutant par la musculature axiale et concernant par l’atteinte sur les loges antérieures de la cuisse, le sartorius,
la suite les muscles sternocléidomastoïdiens, la ceinture le biceps fémoral et le grand adducteur ainsi que sur le
scapulaire (subscapulaires, deltoïdes en éventail), les bras muscle gastrocnémien médial).
(triceps), les fessiers et l’ensemble des muscles de la cuisse, à
l’exception des sartorius, graciles et longs adducteurs. Myopathies congénitales
Ce groupe comprend de multiples entités rares, à mode
DMC avec déficience en sélénoprotéine
de transmission variable, différenciées sur la base des lésions
Aussi classée parmi les myopathies congénitales (voir para- retrouvées sur la biopsie musculaire (inclusions protéiques,
graphe suivant), cette DMC se caractérise cliniquement par augmentation du nombre de noyaux centralisés, altérations de
un « syndrome de la colonne raide » par atteinte sévère de la structure interne des fibres, etc.). Ces entités ont pour point
la musculature axiale, et par une atteinte respiratoire néces- commun un début des symptômes très précoce (période
sitant souvent le recours à une ventilation mécanique per- anté- ou périnatale) et une atteinte majeure de la muscula­ture
manente avant l’âge adulte. axiale avec déformation progressive de la colonne vertébrale
L’IRM retrouve une atteinte précoce du semi-membra- aboutissant au syndrome clinique de la « colonne raide » (rigid
neux et des sternocléidomastoïdiens (caractéristique), des spine syndrome) sus-cité. Les CPK sont normaux. L’entité la plus
114
8. IRM musculaire corps entier dans les myopathies héréditaires et acquises

fréquente, aux côtés de la DMC avec déficience en sélénopro- dysfonctionnement génétiquement déterminé de diverses
téine parfois classée parmi les myopathies congénitales, est la enzymes impliquées dans la glycogénolyse ou la glycogé-
myopathie à noyaux centraux ou myopathie RYR1. nogenèse, entraînant une élévation anormale du glycogène
L’IRM retrouve une atteinte caractéristique des membres ou la production de glycogène structurellement anormal.
inférieurs, concernant les muscles grand fessier, grand adduc- Le glycogène est essentiellement stocké dans le foie et les
teur, vastes latéral et intermédiaire et sartorius ; les muscles muscles, et on distingue les formes à expression principale-
droit fémoral, long adducteur, gracile et semi-tendineux sont ment hépatique, caractérisées par des hypoglycémies répé-
épargnés. Aux jambes, il existe une atteinte quasi sélective des tées et des atteintes hépatiques sévères (types I, III, IV, VI,
muscles soléaires et, dans une moindre mesure, des fibulaires. IX), et les formes à expression principalement musculaire,
Les muscles tibiaux antérieur et postérieur et les gastrocné- produisant un tableau clinique de myopathie (glycogé-
miens sont préservés. Aux membres supérieurs, les muscles noses de types II, III, V, VII principalement).
biceps brachial, subscapulaires et paravertébraux sont atteints, Le schéma d’atteinte IRM le plus robuste a été décrit pour
et plus discrètement les muscles masticateurs (ptérygoïdiens la glycogénose de type II (fig. 8.8), également appelée mala-
latéraux et médiaux, temporaux, masséters). Les muscles ster- die de Pompe ou déficit en maltase acide (pour laquelle il
nocléidomastoïdiens sont épargnés. existe un traitement depuis plus de 10 ans). Celle-ci consiste
en une atteinte caractéristique de la langue (visible préco-
Myopathies métaboliques : cement même au stade infraclinique), des muscles paraver-
les glycogénoses tébraux, de la ceinture abdominale, de la ceinture scapu-
laire (atteinte des muscles subscapulaire et grand dentelé
Les glycogénoses sont un groupe de pathologies à trans- en particulier) et de la ceinture pelvienne (atteinte du grand
mission principalement autosomique récessive, dues à un adducteur et du moyen fessier en particulier). L’atteinte de

Fig. 8.8
IRM musculaire corps entier chez un patient atteint de glycogénose de type 2 ou maladie de Pompe (séquences axiales T2 Dixon, images Fat).
Dégénérescence graisseuse sévère (Mercuri 4) de la langue, caractéristique. Atteinte de la ceinture scapulaire (concernant surtout les muscles
subscapulaire et grand dentelé avec épargne du deltoïde et des autres muscles de la coiffe des rotateurs), des muscles paravertébraux, des ceintures
abdominale et pelvienne (avec atteinte du muscle adducteur et du fessier en particulier). L’atteinte de la cuisse concerne principalement les muscles
de la partie postérieure de la cuisse et les muscles vastes. Les muscles de la jambe sont épargnés (fréquemment retrouvé dans cette pathologie).

115
II. Applications/indications chez l’adulte

la cuisse concerne principalement les muscles de la partie mais aussi à visée d’orientation diagnostique, bien que son
postérieure de la cuisse, vaste intermédiaire, vaste latéral et pouvoir discriminant entre les différentes entités existantes
vaste médial. Les muscles de la jambe sont classiquement ait été à l’heure actuelle moins précisément exploré que
épargnés dans cette maladie. pour les myopathies héréditaires (en partie en raison d’une
exploration trop souvent limitée aux seuls membres infé-
rieurs, ne permettant pas de mettre en évidence des pat-
IRM musculaire terns d’atteinte exhaustifs sur l’ensemble du corps) ; on peut
toutefois retrouver des signes fortement évocateurs.
dans les myopathies acquises
et dans les fasciites Myosite à inclusions
Les myopathies toxiques, endocriniennes et infectieuses Il s’agit de la myopathie inflammatoire la plus fréquente
présentent un contexte clinique souvent très évocateur, chez l’adulte de plus de 50 ans. D’évolution lente et insi-
et l’IRM, si elle est réalisée, a pour principal but de guider dieuse sur plusieurs années, elle affecte de manière asymé-
la biopsie sur des muscles atteints afin de maximiser sa trique les quadriceps, les fléchisseurs des doigts et les exten-
rentabilité. Pour les myopathies inflammatoires, la distinc- seurs des pieds, les avant-bras, puis les muscles proximaux
tion entre les différentes entités est réalisée en prenant en et la musculature faciale, avec des troubles de la déglutition.
compte leur phénotype clinique musculaire et extramuscu- À l’IRM, le remplacement graisseux est important (surtout
laire, les auto-anticorps associés et leur présentation anato- dans les quadriceps) et une inflammation des fascias mus-
mopathologique. L’IRM est réalisée pour guider la ­biopsie, culaires peut être observée (fig. 8.9).

Fig. 8.9
IRM musculaire corps entier chez un patient atteint de myosite à inclusions (séquences axiales T2 Dixon, images Fat et Water).
Atteinte symétrique du quadriceps (atteinte la plus sévère et la plus fréquente dans cette maladie), des muscles paraspinaux, des avant-bras,
des fléchisseurs des doigts et des extenseurs du pied en distal (flèches bleues). Quelques hypersignaux intramusculaires sont visibles (flèches
rouges ; à noter que l’atteinte inflammatoire peut s’étendre aux fascias périmusculaires).

116
8. IRM musculaire corps entier dans les myopathies héréditaires et acquises

Dermatomyosite Myopathie nécrosante à médiation


La dermatomyosite associe une atteinte cutanée (fré- immunitaire
quente, pouvant être la seule manifestation de la maladie, Cette myopathie fréquente touche surtout les adultes et se
visible en IRM et pouvant s’accompagner d’une calcinose) présente sous la forme d’un déficit musculaire aigu, proxi-
et une myopathie symétrique proximale d’apparition aiguë mal et symétrique. À l’exception de l’atteinte cardiaque, il
ou subaiguë. L’IRM montre une inflammation symétrique n’y a traditionnellement pas de manifestations extramuscu-
périfasciculaire, périvasculaire et sous-cutanée, ainsi qu’une laires. La biopsie musculaire révèle la présence d’abondantes
augmentation du volume d’eau intramusculaire sur la fibres nécrotiques envahies ou entourées de macrophages
séquence T2 FS ou STIR ; bien que les fibres musculaires et d’autres fibres basophiles en régénération. Les infiltrats
subissent une nécrose et une phagocytose, il y a peu ou lymphocytaires sont peu nombreux. Les anticorps anti-SRP
pas de remplacement graisseux appréciable. La progression et anti-HMGCoA réductase sont spécifiquement retrouvés
proximale concerne les fléchisseurs du cou et les muscles dans les myosites auto-immunes.
pharyngés, et l’œdème musculaire concerne le plus souvent Sur l’IRM corps entier, l’inflammation musculaire est sou-
les quadriceps, les triceps et les deltoïdes. Au niveau des vent étendue, notamment au niveau des rotateurs latéraux,
cuisses, l’atteinte concerne les trois loges (contrairement à des fessiers, de la loge médiale et postérieure de la cuisse
l’atteinte sélective des loges antérieures pour la myosite (fig. 8.10). Un œdème prononcé du vaste latéral, alors que
à corps d’inclusion). le vaste intermédiaire est relativement épargné, peut être

Fig. 8.10
IRM musculaire corps entier chez une patiente atteinte de myopathie nécrosante auto-immune à anticorps HMGCoa évoluant depuis
5 ans (séquences axiales T2 Dixon, images Fat et Water).
Atteinte bilatérale et symétrique à prédominance proximale, intéressant préférentiellement les ceintures scapulaires et pelviennes, la loge
antérieure des bras et les cuisses (avec hypertrophie compensatrice des muscles graciles, des chefs courts des biceps fémoraux et des muscles
vastes médiaux). Préservation de la musculature distale des avant-bras et des jambes. Minimes hypersignaux T2 (peu intenses) du muscle
trapèze droit, de l’insertion distale du muscle grand pectoral droit et du deltoïde droit, de la loge antérieure du bras droit, des muscles de la
sangle abdominale, des grands fessiers, des vastes latéraux ainsi que des vastes médiaux.

117
II. Applications/indications chez l’adulte

évocateur d’une myosite nécrosante auto-immune anti- Caetano AP, Alves P. Advanced MRI patterns of muscle disease in inhe-
SRP plutôt que d’autres anticorps. rited and acquired myopathies : what the radiologist should know.
Semin Musculoskelet Radiol 2019 ; 23 : E82‒106.
Carlier RY, Quijano-Roy S. Myoimaging in congenital myopathies. Semin
Syndrome des antisynthétases Pediatr Neurol 2019 ; 29 : 30‒43.
Carlier RY, Tordjman M, Venturelli N, et al. Myopathies constitution-
nelles : comment s’en sortir devant une IRM, ou l’IRM pourquoi et
Le syndrome des antisynthétases est une maladie auto-
comment ? In : Faruch-Bilfeld M, Pialat JP, Jousse-Joulin et al. (Eds.).
immune systémique associant une atteinte pulmonaire Muscles et fascias. Montpellier : Sauramps Médical ; 2021. p. 193‒216.
(pneumopathie interstitielle diffuse [PID]), une polyarthrite, Claeys KG, Goosens V. Whole-body muscle magnetic resonance ima-
de la fièvre, un phénomène de Raynaud et une atteinte ging in patients with muscle symptoms : incidental findings and out-
musculaire de distribution proximale et symétrique. De comes. Eur J Neurol 2021 ; 28(1) : 323‒30.
Goutallier D, Postel JM, Bernageau J, et al. Fatty muscle degeneration in
nombreux anticorps antisynthétase ont été décrits dans cuff ruptures. Pre- and postoperative evaluation by CT scan. Clin
la littérature, les plus fréquents étant les anti-Jo1, anti-PL-7, Orthopaed Relat Res 1994 : 78‒83.
anti-PL-12, anti-OJ, anti-EJ, anti-KS, anti-Zo et anti-Ha. Hankiewicz K, Carlier RY, Lazaro L, et al. Whole-body muscle magnetic
resonance imaging in SEPN1-related myopathy shows a homoge-
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ging in congenital myopathies due to ryanodine receptor type 1
Une infiltration œdémato-inflammatoire des fascias peut gene mutations. Arch Neurol 2011 ; 68(9) : 1171‒9.
se retrouver dans les myopathies acquises (notamment Mariampillai K, Granger B, Amelin D, et al. Development of a new clas-
sification system for idiopathic inflammatory myopathies based on
inflammatoires) sus-décrites, les connectivites et dans la clinical manifestations and myositis-specific autoantibodies. JAMA
fasciite à éosinophiles (ou maladie de Shulman). L’IRM Neurol 2018 ; 75 : 1528‒37.
seule ne permet pas de poser un diagnostic final, et doit Mercuri E, Cini C, Pichiecchio A, et al. Muscle magnetic resonance ima-
être associée au contexte clinicobiologique et aux données ging in patients with congenital muscular dystrophy and Ullrich phe-
notype. Neuromuscul Dis 2003 ; 13 : 554‒8.
de la biopsie.
Mercuri E, Pichiecchio A, Allsop J, et al. Muscle MRI in inherited neuro-
muscular disorders : past, present, and future. J Magnet Res Imaging
2007 ; 25 : 433‒40.
` Conclusion North KN, Wang CH, Clarke N, et al. International standard of care com-
mittee for congenital myopathies. Approach to the diagnosis of
congenital myopathies. Neuromuscul Disord 2014 ; 24(2) : 97‒116.
L’IRM musculaire corps entier est un examen fondamental Quijano-Roy S, Avila-Smirnow D, Carlier RY, et al. Congenital myopathies.
dans l’évaluation initiale et le suivi : In : Wattjes MP, Fischer D, (Eds). Neuromuscular Imaging : Springer ;
• des myopathies héréditaires : rares, nécessitant une 2018.
Sarkozy A, Deschauer M, Carlier RY, et al. Muscle MRI findings in limb
confirmation génétique qui sera d’autant plus rapide que
girdle muscular dystrophy type 2L. Neuromuscul Disord 2012 ;
l’hypothèse formulée initialement est la bonne, pour les- 22(Suppl 2) : S122‒9.
quelles les patterns d’atteinte IRM décrits permettent dans Straub V, Carlier PG, Mercuri E. TREAT-NMD workshop : pattern reco-
beaucoup de pathologies de fournir une orientation dia- gnition in genetic muscle diseases using muscle MRI : 25-26 February
gnostique qualitative ; 2011, Rome, Italy. Neuromuscular disorders : NMD 2012 ; 22(Suppl 2) :
S42‒53.
• des myopathies acquises, en particulier des myopathies Tasca G, Monforte M, Díaz-Manera J, et al. MRI in sarcoglycanopathies : a
inflammatoires idiopathiques, pour permettre de cibler la large international cohort study. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2018 ;
biopsie musculaire souvent nécessaire au diagnostic final 89(1) : 72‒7.
afin qu’elle soit la plus rentable possible, et pour lesquelles Tasca G, Monforte M, Iannaccone E, et al. Muscle MRI in female carriers
of dystrophinopathy. Eur J Neurol 2012 ; 19(9) : 1256‒60.
les patterns d’atteinte IRM ont un pouvoir discriminant
Vande Berg B, Malghem J, Houssiau F, Kirchgesner T. Approche holistique
moindre que dans les myopathies héréditaires. des maladies inflammatoires et auto-immunes du système fascial. In
Faruch-Bilfeld M, Pialat JP, Jousse-Joulin et al. (Eds.). Muscles et fascias.
Montpellier : Sauramps Médical ; 2021. p. 403‒12.
Pour en savoir plus Venturelli N, Tordjman M, Ammar A, et al. Contribution of muscle MRI
for diagnosis of myopathy. Rev Neurol 2022 ; 179(1-2) : 61‒80.
Barp A, Laforet P, Bello L, et al. European muscle MRI study in limb girdle Warman-Chardon J, Díaz-Manera J, Tasca G, et al. MYO-MRI Working
muscular dystrophy type R1/2A (LGMDR1/LGMD2A). J Neurol Group. MYO-MRI diagnostic protocols in genetic myopathies. Neu-
2020 ; 267(1) : 45‒56. romuscul Disord 2019 ; 29(11) : 827‒41.

118
Partie III
Applications chez l’enfant

P L AN D E L A PA RT I E
9. IRM corps entier en hémato-oncologie
pédiatrique 121

10. Indications non oncologiques


de l’IRM corps entier en pédiatrie 135
Chapitre 9
IRM corps entier en hémato-
oncologie pédiatrique
Nayla Nicolas, François Chalard, Liesbeth Cardoen, Hervé Brisse

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 123

Technique et interprétation des IRM


corps entier 123
Préparation et sédation 123
Technique 123
Interprétation et limites 124

Histiocytose langerhansienne 125


Bilan d’extension initial 125
Suivi, réponse au traitement 127

Lymphomes 127
Bilan d’extension initial 127
Suivi, réponse au traitement 127

Tumeurs solides 129


Neuroblastomes 130
Sarcomes 130

IRM-CE de dépistage et prédisposition


génétique aux cancers 130

IRM corps entier


© 2023 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
9. IRM corps entier en hémato-oncologie pédiatrique

Introduction Technique
La place de l’IRM corps entier (IRM-CE) en hémato-oncologie L’acquisition des images nécessite l’utilisation d’antennes
chez l’enfant et l’adolescent n’est pas encore totalement codi- multiples en réseau disposées le long du patient, lui-
fiée. Technique n’exposant pas aux rayonnements ionisants même installé en décubitus dorsal, bras le long du corps.
et permettant une couverture de l’ensemble du corps, elle a Les aimants de 1,5 Tesla (T) sont préférés chez les enfants
d’emblée suscité un intérêt, mais s’est heurtée à des limites comparativement aux 3 T, plus sensibles aux artéfacts de
techniques de réalisation chez le jeune enfant, à des questions mouvement.
de sensibilité, spécificité, reproductibilité, et à la concurrence Il n’existe pas de protocole unique dans la littéra-
des techniques d’imagerie isotopiques robustes, notamment ture, et celui-ci doit être adapté à l’indication et à l’âge
la FDG TEP-TDM, apportant des informations essentielles du patient. Différents protocoles ont été publiés dans la
sur la réponse aux traitements. Ses indications et sa réalisa- littérature, synthétisés dans l’article de revue de Gottu-
tion technique ont fait l’objet d’une récente synthèse par la mukkala et al. [3].
Société européenne d’imagerie pédiatrique [1]. La plupart des équipes utilisent des séquences STIR
Ce chapitre a pour but de faire le point sur sa place coronales en grand champ de vue, sensibles en détection,
actuelle en routine clinique en oncologie pédiatrique. rapides et peu sensibles aux inhomogénéités de champ,
point important pour les grands champs de vue [4].
Des séquences axiales complémentaires STIR ou T2
en respiration libre couvrant les niveaux cervico-thoraco-
Technique et interprétation abdomino-pelvien sont aussi couramment utilisées pour
des IRM corps entier les indications oncologiques afin d’augmenter la sensibi-
lité, notamment sur le squelette axial et les viscères. La
Préparation et sédation séquence axiale STIR est plus fréquemment employée
pour la détection des lésions au niveau des membres
L’IRM-CE permet d’obtenir une imagerie du vertex jusqu’aux supérieurs, inclus dans le champ de vue à ces niveaux, alors
pieds avec un contraste satisfaisant pour l’étude de l’os, de que la séquence T2 en respiration libre comme l’écho de
la moelle osseuse, des parties molles, des organes pleins spin rapide (single-shot fast spin echo [SSFSE]) ou l’acquisi-
abdominopelviens et de l’axe craniospinal. Elle nécessite tion de demi-Fourier (HASTE) permettent une meilleure
néanmoins une parfaite immobilité le temps des acquisi- évaluation des lésions intra-abdominales [3]. L’utilisation
tions, durée variable selon les protocoles, mais au minimum de séquences SE T1 rapides complémentaires facilite
de 30 minutes. l’interprétation du signal ostéomédullaire chez les jeunes
Avant l’âge de 6 mois, une simple privation de sommeil enfants. Les séquences 3D permettent une reconstruction
suivie d’une alimentation immédiatement avant l’examen multiplanaire, mais souvent au prix d’un temps d’acquisi-
et une contention adaptée permettent généralement d’ob- tion plus long et d’une résolution légèrement moindre par
tenir un endormissement spontané suffisant. rapport aux acquisitions 2D [5].
Mais entre 6 mois et 6 ans, une sédation médicamen- L’utilisation de séquences de diffusion à b élevé (800
teuse est en règle nécessaire, nécessitant une organisation ou 1000 s/mm2) dans un plan axial ou coronal augmente
et un monitorage adaptés. Les techniques employées sont la sensibilité de détection des lésions osseuses et gan-
diverses selon les centres et selon l’accessibilité aux équipes glionnaires [6]. L’application de séquence de diffusion
d’anesthésie : prémédication par voie orale (hydroxyzine, couplée préalablement à une séquence de saturation de
mélatonine), sédation médicamenteuse intrarectale (mida- la graisse (STIR) permet une acquisition rapide, en res-
zolam, pentobarbital), sédation profonde intraveineuse en piration spontanée, avec une résolution améliorée au
respiration spontanée (propofol) voire anesthésie générale niveau du thorax, de l’abdomen et du pelvis par dimi-
aux halogénés avec respiration contrôlée et masque laryngé nution des artéfacts de mouvements respiratoires et
ou tube endotrachéal [2]. une meilleure homogénéité du champ pour les grands
À partir d’environ 6 ans, dès lors qu’une compliance est champs de vue [7].
possible, les méthodes de distraction pendant l’examen via L’injection de produit de contraste n’est jamais systéma-
des casques auditif et/ou visuel contribuent également à de tique, réservée pour la caractérisation, si besoin, d’une ano-
meilleures collaboration et immobilité de l’enfant. malie focale suspecte détectée [5].

123
III. Applications chez l’enfant

Interprétation et limites habituellement en hyposignal plus marqué que la moelle


hématopoïétique (fig. 9.1).
Les faux négatifs sont possibles pour les lésions en bordure Une autre limite à l’interprétation des anomalies
du champ de vue, notamment sur les membres supérieurs osseuses concerne le suivi sous et après traitement. En
et pour les lésions cutanées ou digestives. Les séquences effet, les lésions traitées peuvent persister sous forme
coronales manquent aussi de sensibilité pour la détection d’anomalies focales de la moelle en hypersignal T2, malgré
des lésions costales, scapulaires, sternales et ganglionnaires une réponse histologique complète. Par ailleurs, certains
de petite taille, d’où l’importance des séquences axiales com- traitements comme les facteurs de croissance (GM-CSF),
plémentaires (voir [18]). Certains auteurs recommandent employés en oncologie pour réduire la toxicité médullaire
une double lecture systématique et l’emploi de comptes- des chimiothérapies, induisent des phénomènes de régéné-
rendus structurés pour optimiser la sensibilité (voir [17]). ration médullaire se traduisant par des anomalies de signal
Une particularité à prendre en compte dans la popu- multifocales pouvant être à tort interprétées comme de la
lation pédiatrique est la maturation physiologique de la maladie métastatique.
moelle osseuse. En effet, la moelle rouge hématopoïé- Concernant la détection des nodules pulmonaires, la
tique, présente majoritairement chez le jeune enfant, fait littérature rapporte une efficacité de l’IRM-CE inférieure
progressivement place à une moelle osseuse mature de à celle du scanner thoracique pour les nodules inférieurs à
signal graisseux avec la croissance. Ces zones de moelle 1 cm [9]. Le scanner thoracique reste donc l’examen de
rouge apparaissent en relatif hypersignal STIR et peuvent référence pour la détection et le suivi de ces lésions.
être prises à tort pour un signal pathologique. Ces hyper- Pour l’interprétation des ganglions lymphatiques hyper-
signaux endomédullaires physiologiques sont observés trophiques, l’IRM-CE a une bonne sensibilité de détection
chez 30 % des enfants [8], principalement sur le bassin, le pour le bilan initial. Cependant, la spécificité de l’IRM reste
rachis et le sternum. Les séquences T1 complémentaires médiocre, y compris en diffusion, car l’ADC des ganglions
aident à l’interprétation, les infiltrations tumorales étant est physiologiquement bas [10].

A B C D E

Fig. 9.1
IRM-CE de dépistage dans le cadre d’un syndrome de Li-Fraumeni chez un garçon de 5 ans aux antécédents de rhabdomyosarcome
embryonnaire anaplasique de la fosse temporale externe.
A-C. Hypersignal STIR/hyposignal T1 intramédullaire à bords flous médiodiaphysaire du tibia droit, sans anomalie périostée ou des tissus mous
en regard. Absence d’anomalie radiologique sur le cliché standard (C). D, E. Contrôle après 3 mois : régression quasi complète des anomalies de
signal intramédullaires.

124
9. IRM corps entier en hémato-oncologie pédiatrique

Histiocytose langerhansienne notamment, le nombre de lésions osseuses n’est pas déci-


sionnel, celui-ci n’étant pas pronostique. L’imagerie inter-
L’histiocytose langerhansienne est une maladie multisys- vient pour documenter la gravité des lésions symptoma-
témique rare (environ 70 nouveaux cas par an en France) tiques, rechercher l’atteinte d’organes « à risque » (foie, rate,
liée à l’accumulation au sein de tissus de macrophages moelle osseuse), ou susceptibles d’entraîner des complica-
présentant les caractéristiques de cellules de Langerhans tions (par exemple les lésions de la base du crâne, facteur
(fig. 9.2 et 9.3). Certaines présentations sont spontanément de risque de développer des lésions neurodégénératives).
curables ; d’autres nécessitent une chimiothérapie, voire Jusqu’aux recommandations les plus récentes, les exa-
une thérapie ciblée. La prise en charge de cette maladie a mens d’imagerie unanimement recommandés étaient les
été récemment actualisée au travers d’un protocole natio- radiographies du squelette entier (incluant le thorax) et
nal de diagnostic et de soins (PNDS). l’échographie abdominale (foie, rate et aires ganglionnaires).
Concernant l’atteinte osseuse, les radiographies per-
Bilan d’extension initial mettent en effet une analyse structurelle fine des os longs
(classification de Lodwick), y compris près des cartilages de
La stadification initiale sert à déterminer le pronostic et la croissance, et de la voûte du crâne, mais sont peu perfor-
stratégie de traitement, mais le dénombrement précis de mantes pour la base du crâne et les ceintures. En méde-
toutes les localisations de la maladie n’est pas l’objectif ; cine nucléaire, la scintigraphie osseuse, peu sensible et

A B

Fig. 9.2
A, B. Histiocytose langerhansienne.
Enfant de 2 ans et demi. Coupes frontales STIR. Lésions à l’emporte-pièce du col fémoral et lésions en plages du cotyle, de l’aile iliaque et du
sacrum, à droite.

125
III. Applications chez l’enfant

A B C

D E

Fig. 9.3
Histiocytose langerhansienne.
Nourrisson de 15 mois. Coupes sagittale (A) et frontales (B-E) STIR. Lésions de T7, T8 (vertebra plana) et T10, du fémur, du tibia et de
l’humérus gauches, de la branche montante gauche de la mandibule et de la 2e côte droite.

spécifique, n’est plus recommandée, mais la 18F-FDG TEP- jeune enfant, mais est dépourvue de radiations ionisantes.
TDM a suscité de l’intérêt, car permettant de déterminer Elle a fait l’objet de nombreuses publications, mais sur de
l’activité de la maladie et la réponse au traitement. petites cohortes et avec des protocoles techniques hété-
Comme la TEP-TDM, l’IRM-CE permet d’explorer l’en- rogènes (en dehors des séquences frontales STIR, presque
semble du corps et pas uniquement le squelette. Elle néces- toujours employées). Dans une série de 6 cas, l’IRM-CE s’est
site une sédation voire une anesthésie générale chez le montrée plus sensible que les radiographies, particulière-

126
9. IRM corps entier en hémato-oncologie pédiatrique

ment au niveau du squelette axial [11]. Dans une cohorte Lymphomes


de 9 cas (entre 1 et 7 ans), l’IRM-CE avait détecté plus de
lésions osseuses que les radiographies ou la scintigraphie, Il est nécessaire de distinguer la maladie de Hodgkin des lym-
mais aussi détecté des lésions extraosseuses (ganglion- phomes non hodgkiniens, groupe de maladies hétérogène
naires, médiastinales et pulmonaires), ce qui avait changé et moins étudié que la maladie de Hodgkin (fig. 9.4 et 9.5).
le traitement chez deux de ces patients, après le bilan initial L’évaluation et la stadification initiales ainsi que la réponse au
ou au cours du suivi [12]. Plus récemment, il a été montré traitement de la maladie de Hodgkin suivent les recomman-
sur une cohorte de 46 cas que l’IRM-CE avait une sensibilité dations de Lugano (2014), tandis que pour les lymphomes
supérieure aux radiographies et à la scintigraphie concer- non hodgkiniens, la révision de 2015 fait référence [16].
nant les lésions osseuses, mais sans impact sur la stadifica- Les patients ayant un lymphome devant bénéficier d’un
tion initiale [13]. Une récente série de 67 cas a confirmé suivi prolongé, d’autant plus que l’efficacité des traitements
la supériorité de l’IRM-CE sur les radiographies standard augmente, il existe un intérêt manifeste d’employer une
et a montré un impact sur la stadification initiale dans 9 % méthode d’imagerie non irradiante, et donc l’IRM-CE, la
des cas [14]. Une autre série récente (23 cas) a montré une tendance étant par ailleurs à la réduction du nombre d’exa-
équivalence entre l’IRM-CE (séquence de diffusion) et la mens d’imagerie de suivi systématique. À l’inverse de l’his-
TEP-TDM pour la stadification [15]. tiocytose, les lymphomes surviennent davantage chez des
Les recommandations 2020 de l’European Society of Pae- adolescents ou des enfants. Cela réduit donc la nécessité
diatric Radiology (ESPR) indiquaient que l’IRM-CE pouvait de sédation ou d’anesthésie générale pour la réalisation de
être employée pour guider la réalisation des radiographies ces IRM-CE.
lors du bilan squelettique initial, mais pas pour la recherche
de lésions extrasquelettiques. Le protocole proposé com-
portait des coupes frontales STIR et T1 TSE de la tête aux
Bilan d’extension initial
pieds, et sagittales STIR sur le rachis (les coupes axiales STIR Dans la maladie de Hodgkin, la 18F-FDG TEP-TDM est
et T1 TSE sur l’encéphale étant optionnelles). La nécessité actuellement la méthode de référence. Entre 2013 et 2021,
d’une séquence de diffusion ou d’une injection de produit les résultats de plusieurs études ont montré une bonne cor-
de contraste n’était pas tranchée [1]. rélation entre l’IRM-CE et la 18F-FDG TEP-TDM pour le bilan
Le PNDS de 2021, rédigé avec des experts de la Société ganglionnaire et extra ganglionnaire de la maladie de Hodg-
francophone d’imagerie pédiatrique et prénatale (SFIPP), a kin. Les protocoles d’IRM-CE consistaient en des coupes
permis d’atteindre un consensus sur les indications d’ima- frontales STIR (31 patients), pondérées en diffusion (36
gerie. Il propose une exploration systématique du squelette et 50 patients), STIR et diffusion (22 patients) ou T1, STIR et
axial, certaines localisations étant susceptibles de nécessiter pondérées en diffusion (68 patients) [17–21]. Il n’a pas été
un traitement spécifique (tel qu’un corset pour les verte- montré qu’une séquence était supérieure à une autre, mais
bra plana en raison du risque de déformation cyphotique). qu’il y avait probablement un bénéfice à les associer [21].
Cette analyse peut être effectuée soit par IRM, soit par Pour les lymphomes non hodgkiniens, il est préconisé de
radiographies (crâne, thorax, rachis et bassin uniquement). réaliser une radiographie de thorax, une échographie abdo-
Mais l’exploration systématique des membres en l’absence minale et, si indiquée, une IRM cérébromédullaire. Seule
de signe clinique n’est pas recommandée. Les autres explo- exception, le lymphome B, pour lequel sont recommandés
rations sont guidées par la clinique. une 18F-FDG TEP-TDM ou une IRM-CE [1].

Suivi, réponse au traitement Suivi, réponse au traitement


L’IRM-CE n’a pas sa place dans le suivi sous traitement, ni Comme pour le bilan d’extension initial, la 18F-FDG TEP-TDM
après traitement. L’objectif du suivi est de détecter les évé- est, jusqu’aux recommandations les plus récentes, la méthode
nements justifiant une prise en charge adaptée, en cas de de référence d’évaluation de la réponse au traitement de la
réactivation de la maladie ou d’apparition de séquelle, donc maladie de Hodgkin. Les performances diagnostiques de
avec des imageries ciblées. Le contrôle de la « rémission l’IRM-CE sont jusqu’à présent moins bonnes que pour la stadi-
radiologique » est sans intérêt, ce d’autant que même pour fication. À titre d’exemple, les recherches de corrélation entre
des lésions efficacement traitées, les anomalies de signal l’ADC (en IRM) et la SUV (standardized uptake value, en TEP)
osseuses peuvent persister longtemps. n’ont pas obtenu de résultats concordants, dans les quelques

127
III. Applications chez l’enfant

A B

C D

Fig. 9.4
Lymphome (maladie de Hodgkin).
Adolescent de 13 ans. A-C. Coupes frontales STIR. Masses ganglionnaires cervicales, axillaires, hilaires pulmonaires, médiastinales et
inframédiastinales postérieures. Localisations osseuses secondaires (rachis et fémur gauche). D. Suivi après 2 mois de traitement : lésions
résiduelles osseuses.

128
9. IRM corps entier en hémato-oncologie pédiatrique

A B C

Fig. 9.5
Lymphome T osseux.
Enfant de 5 ans. A-C. Coupes frontales STIR. Lésions des tibias, des cotyles, des fémurs, de l’humérus gauche et du rachis (L3 et L5).

travaux publiés sur ce sujet. Plus généralement, il semble que axiales pondérées en diffusion sur la tête, le cou, le thorax
l’IRM-CE ait tendance à sous-estimer la réponse au traitement et l’abdomen. Les coupes axiales STIR/SPAIR et T1 fat sat
[19], la discordance avec la 18F-FDG TEP-TDM étant même après injection de gadolinium, sur les mêmes régions, sont
de 30 %, dans une étude prospective récente [22]. optionnelles. Ce protocole s’applique lors du bilan initial
La dernière recommandation de la Task Force Onco- comme lors du suivi.
logy de l’ESPR, en 2020, est la suivante [1] : l’IRM-CE
est une bonne technique de substitution pour le bilan
d’extension initial des lymphomes, mais la 18F-FDG TEP- Tumeurs solides
TDM demeure incontournable pour la stadification et
la détermination de la réponse au traitement en cas de La place de l’IRM-CE a été étudiée dans les neuroblastomes
lymphome avide de FDG. Le protocole d’IRM-CE pro- et les sarcomes (rhabdomyosarcome et sarcome osseux),
posé est le suivant : coupes frontales T1 TSE et STIR, et son avantage théorique étant de pouvoir réaliser
129
III. Applications chez l’enfant

simultanément l’étude de la tumeur primitive et son Sarcomes


extension à distance. Si elle peut apparaître compétitive
avec les techniques de médecine nucléaire pour le bilan Les sarcomes constituent un groupe hétérogène de
d’extension ostéomédullaire, elle ne l’est pas face au tumeurs représentant environ 10 à 15 % des tumeurs
scanner pour la maladie métastatique pulmonaire. Sa place malignes de l’enfant et de l’adolescent. Dans cette tranche
actuelle est donc encore très réduite en routine, et elle ne d’âge, les rhabdomyosarcomes sont les tumeurs malignes
fait pas partie des standards dans les protocoles nationaux des tissus mous les plus fréquentes, alors que les ostéo-
ou internationaux actuels. La place de cette technique en sarcomes et les sarcomes d’Ewing constituent la majorité
oncologie solide s’est actuellement plutôt recentrée sur des sarcomes osseux. Les localisations métastatiques les
le dépistage des tumeurs solides chez les enfants à risque plus fréquentes dans ces pathologies sont le poumon
génétique. et l’os, ainsi que les localisations ganglionnaires pour les
rhabdomyosarcomes.
Si l’IRM est l’examen de référence pour l’évaluation loco-
Neuroblastomes régionale des sarcomes des tissus mous, le bilan d’extension
Les neuroblastomes sont les tumeurs solides extracrâ- à distance repose sur la TDM pulmonaire et sur la 18-FDG
niennes les plus fréquentes avant l’âge de 5 ans. Ils dérivent TEP-TDM pour l’extension osseuse et ostéomédullaire [27].
des cellules de la crête neurale et se développent aux Il en est de même pour les sarcomes osseux, notamment les
dépens de la médullosurrénale ou des chaînes sympa- sarcomes d’Ewing [28], la précision de la 18-FDG TEP-TDM
thiques. Dans environ 50 % des cas, la maladie est d’em- permettant même de se passer de prélèvements médul-
blée métastatique au diagnostic, principalement dans l’os, laires [29]. Pour les ostéosarcomes, l’extension osseuse peut
la moelle osseuse et dans le foie. Les standards actuels [23] être évaluée par scintigraphie osseuse au bisphosphonates
recommandent une exploration de la tumeur primitive marqués au 99Tc ou par 18-FDG TEP-TDM, la préférence
par IRM ou TDM et un bilan d’extension à distance par allant progressivement vers cette dernière, manifestement
la scintigraphie (ou TEMP-TDM) à la 123-I-MIBG (méta- plus sensible [30].
iodobenzylguanidine), radiopharmaceutique spécifique La place de l’IRM-CE dans les sarcomes osseux n’est
des tumeurs adrénergiques. pas clairement établie. Des études menées sur de petites
Si l’IRM peut contribuer au bilan d’extension initial cohortes tendent à démontrer des valeurs prédictives
(fig. 9.6), la principale problématique est sa valeur pronos- proches de la FDG TEP-TDM [31], et les recommanda-
tique pour l’évaluation de la réponse ostéomédullaire dans tions de l’European Society for Medical Oncology (ESMO)
la maladie métastatique, actuellement fondée sur un sco- incluent l’IRM-CE dans les méthodes utilisables [32]. Les
ring en scintigraphie MIBG [24]. recommandations de la Task Force Oncology de l’ESPR
Une étude rétrospective [25] chez 28 patients a mon- lui confèrent un rôle plutôt complémentaire, et non de
tré que l’IRM-CE présentait une sensibilité plus élevée que substitution.
la scintigraphie MIBG pour le bilan d’extension, mais logi-
quement une spécificité moindre. L’ajout de séquences de
­diffusion au diagnostic et lors du suivi de ces lésions paraî-
IRM-CE de dépistage
trait également être un avantage de cette technique par et prédisposition génétique
rapport aux imageries conventionnelles [26].
La dernière recommandation de la Task Force Onco-
aux cancers
logy de l’ESPR, en 2020, suggère que l’IRM-CE (avec On estime que 10 % des cancers pédiatriques surviennent
séquences STIR, T1 et diffusion) pourrait être employée en dans un contexte de prédisposition, c’est-à-dire associés
complément à la scintigraphie MIBG pour le staging initial, à une altération génétique constitutionnelle (ou « germi-
mais des études prospectives sur de plus grandes cohortes nale ») [33–35]. Lorsqu’une altération génétique prédis-
seront encore nécessaires pour évaluer le rôle de cette posante est identifiée, la question du dépistage tumoral
modalité dans le suivi sous traitement. précoce se pose logiquement, chez l’adulte comme chez
l’enfant. Néanmoins, le bénéfice du dépistage est d’autant
plus important que la probabilité de survenue d’un can-
cer est élevée. Les études récentes chez l’enfant considèrent
qu’il est légitime de mettre en place un dépistage systé-

130
9. IRM corps entier en hémato-oncologie pédiatrique

B C

A D

Fig. 9.6
A-D. IRM-CE au diagnostic d’un neuroblastome surrénalien droit chez un garçon de 3 ans.
Localisations secondaires ostéomédullaires du rachis, du bassin et des tibias.

matique lorsque le risque de cancer avant l’âge de 20 ans consensus d’experts, tels que ceux publiés en 2017 par
dépasse le seuil de 5 % [36]. le Pediatric Cancer Working Group of the American
Outre l’examen clinique, l’imagerie est fréquemment Association for Cancer Research (AACR) pour 9 groupes
employée comme méthode de dépistage et joue donc de syndromes de prédisposition aux cancers [36] et en
un rôle essentiel dans la prise en charge de ces enfants 2021 par la Société européenne d’oncologie pédiatrique
pour la détection préclinique des tumeurs. Néanmoins, (SIOPE) [35]. Dans un avenir qu’on espère proche, la
compte tenu de la rareté des maladies, très peu d’études recherche d’ADN tumoral circulant pourrait totalement
prospectives sont disponibles pour établir le rationnel modifier les stratégies actuelles.
des stratégies de dépistage radiologique. Les recomman- Comme dans toute stratégie de dépistage, afin d’opti-
dations sont donc actuellement plutôt fondées sur des miser la balance bénéfice/risque, la technique la moins
131
III. Applications chez l’enfant

invasive doit être privilégiée. La fréquence de réalisation (100 %) et une faible valeur prédictive positive (25 %) [42].
des examens doit aussi être adaptée au temps de dédou- La série pédiatrique la plus récente de l’équipe de Toronto
blement attendu des tumeurs (par exemple, les tumeurs [37] portait sur une cohorte de 31 patients et plus de
embryonnaires ont des temps de doublement courts, 700 examens ; la sensibilité et la spécificité de l’IRM étaient
pouvant conduire à des stratégies de suivi très rapproché de 100 % et 97 % pour le dépistage des tumeurs abdomi-
dans la tranche d’âge à risque). nales, 50 % et 94 % pour celles du SNC, et seulement 40 %
Les techniques exposant aux rayonnements ionisants et 38 % pour les lésions musculosquelettiques. En pratique
doivent être évitées au maximum chez l’enfant dont on actuellement, une IRM-CE annuelle est recommandée dès
connaît la radiosensibilité élevée, mais d’autant plus chez le diagnostic de syndrome de Li-Fraumeni établi, en alter-
les enfants dont les mutations entraînent une hypersensi- nance à 6 mois avec une IRM cérébrale ; de plus, pour les
bilité aux rayonnements, principalement les syndromes de femmes, une IRM mammaire annuelle est recommandée à
Li-Fraumeni, RB1, de Gorlin, et les syndromes associés à une partir de l’âge de 20 ans.
anomalie de réparation de l’ADN. L’IRM-CE est employée aujourd’hui dans quelques autres
L’exploration des poumons, notamment chez les syndromes de prédisposition rares, tels que les anomalies
jeunes enfants porteurs d’une mutation DICER1, reste de réparation de l’ADN (constitutional mismatch repair defi-
une difficulté, puisque celle-ci repose encore tradition- ciency [CMMRD]) [43] et dans les syndromes de prédispo-
nellement sur les rayons X. L’échographie doit être pri- sition aux tumeurs rhabdoïdes [44], en parallèle de l’IRM
vilégiée pour les explorations abdominopelviennes cérébrale.
(éventuellement en alternance avec l’IRM chez les pa- L’IRM-CE n’est actuellement pas recommandée dans le
tients nécessitant un suivi par IRM-CE) comme pour la dépistage et le suivi des tumeurs des patients atteints de
thyroïde. L’IRM est évidemment l’examen de choix pour neurofibromatose de type 1 [45, 46].
les explorations du système nerveux central (SNC) et du
système musculosquelettique.
Les indications et recommandations techniques sont Références
toujours en cours de discussion. Des recommandations
en IRM-CE ont été publiées par la Task Force Oncology de 1. Schafer JF, Granata C, von Kalle T, et al. Whole-body magnetic
l’ESPR [1]. resonance imaging in pediatric oncology - recommendations by the
Oncology Task Force of the ESPR. Pediatr Radiol 2020 ; 50(8) : 1162–74.
Au sein de la SFCE (Société Française de lutte contre les
2. Michaud V, Morel B, Adamsbaum C, et al. French survey of
Cancers et les leucémies de l’Enfant et de l’adolescent), sedation practices for pediatric magnetic resonance and computed
les orientations suivantes sont actuellement discutées : tomography imaging. Pediatr Radiol 2023. Online ahead of print.
• pour les IRM-CE, le protocole pourrait ne comporter 3. Gottumukkala RV, Gee MS, Hampilos PJ, et al. Current and emerging
que des séquences STIR coronales et axiales T2 ± axiales dif- roles of whole-body MRI in evaluation of pediatric cancer patients.
Radiographics 2019 ; 39(2) : 516–34.
fusion. La réalisation de séquences T1 complémentaires est 4. Zadig P, von Brandis E, Küfner Lein R, et al. Whole-body magnetic
proposée par certaines équipes pour réduire les faux posi- resonance imaging in children - how and why ? A systematic review.
tifs sur le squelette [37] ; Pediatr Radiol 2021 ; 51(1) : 14–24.
• pour le SNC, le dépistage pourrait être réalisé avec un 5. Kraus MS, Yousef AA, Cote SL, et al. Improving protocols for whole-
body magnetic resonance imaging : oncological and inflammatory
examen court sans injection associant a minima une
applications. Pediatr Radiol 2022. Online ahead of print.
séquence anatomique T2 (3D autant que possible ± FLAIR) 6. de Oliveira AD, Yto de Souza GH, et al. Evaluation of whole-body
et une séquence de diffusion. Une injection de produit de MRI with diffusion-weighted sequences in the staging of pediatric
contraste est parfois recommandée pour le premier exa- cancer patients. PLoS One 2020 ; 15(8) : e0238166.
men uniquement (qui sert de référence pour le suivi). Les 7. Kwee TC, Takahara T, Ochiai R, et al. Diffusion-weighted whole-
body imaging with background body signal suppression (DWIBS) :
IRM étant recommandées avec une fréquence annuelle, features and potential applications in oncology. Eur Radiol 2008 ;
l’alternance à 6 mois entre IRM cérébrale et corps entier 18(9) : 1937–52.
permet d’optimiser le dépistage. 8. von Brandis E, Zadig PK, Avenarius DFM, et al. Whole body
Le bénéfice de l’IRM-CE a essentiellement été étudié magnetic resonance imaging in healthy children and adolescents.
Bone marrow appearances of the axial skeleton. Eur J Radiol 2022 ;
chez les patients porteurs d’une mutation constitutionnelle
154 : 110425.
de TP53 (syndrome de Li-Fraumeni) [37–41]. Chez l’enfant, 9. Siegel MJ, Acharyva SA, Hoffer FA, et al. Whole-body MR imaging
Anupindi et al. ont initialement rapporté, sur une série for staging of malignant tumors in pediatric patients : results of
de 24 patients, une excellente valeur prédictive négative the American College of Radiology Imaging Network 6660 Trial.

132
9. IRM corps entier en hémato-oncologie pédiatrique

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133
Chapitre 10
Indications non oncologiques
de l’IRM corps entier
en pédiatrie
Inès Mannes

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 137

Technique et spécificités pédiatriques 137

Principales indications non oncologiques 137


Ostéomyélite chronique multifocale récurrente (OCMR) 137
Pathologies musculaires 141
Infections et fièvre d’origine indéterminée 141

Pistes d’étude 141

Conclusion 143

IRM corps entier


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10. Indications non oncologiques de l’IRM corps entier en pédiatrie

Introduction confirmer l’existence de ces lésions [3]. La séquence STIR est


couramment préférée à la séquence T2 avec saturation de
L’IRM corps entier est une modalité d’imagerie de choix en la graisse, car elle est moins sensible aux inhomogénéités
radiologie pédiatrique, car elle permet une vision globale de champ B0 et assure une saturation de la graisse plus
du corps humain, sans multiplier les explorations. N’expo- uniforme. Une séquence T1 en écho de spin se justifie par
sant pas aux rayonnements ionisants, elle répond aux règles sa meilleure résolution en contraste. Le plan de coupe doit
fondamentales de radioprotection, chères à la radiologie être adapté à la pathologie suspectée : acquisitions coro-
pédiatrique. Elle constitue donc une alternative intéressante nales et sagittales pour les pathologies osseuses, acquisi-
aux autres modalités d’imagerie corps entier classiquement tions coronales et axiales pour les pathologies musculaires.
utilisées jusqu’à présent, telles que la scintigraphie osseuse La séquence diffusion avec cartographie ADC n’est pas
ou le TEP scanner. utilisée en pratique courante dans les centres pédiatriques
Le protocole utilisé doit être adapté à la pathologie non oncologiques. Une injection de produit de contraste
recherchée. L’IRM corps entier est en particulier indiquée gadoliné n’est pas non plus obligatoire hors contexte onco-
face à des douleurs chroniques ou une fièvre prolongée logique. Elle peut éventuellement être discutée au cas par
chez l’enfant, susceptibles de révéler une ostéomyélite chro- cas, de façon ciblée, selon les résultats obtenus (suspicion
nique multifocale récurrente (OCMR). Le nombre d’IRM d’abcès par exemple).
corps entier pratiquées en pédiatrie est croissant au fil des Néanmoins, il existe un manque de standardisation
ans, ce qui traduit l’intérêt grandissant des radiologues à internationale de la technique d’IRM corps entier en pédia-
l’égard de cette modalité d’imagerie. trie ; cela constitue une piste d’étude afin d’établir de meil-
leures recommandations dans les années à venir [4].

Technique et spécificités
pédiatriques Principales indications
non oncologiques
Une IRM corps entier peut être réalisée indifféremment
à un champ magnétique de 1,5 T ou de 3 T, y compris en La principale indication non oncologique d’IRM corps
pédiatrie. Les acquisitions se font en respiration libre. La entier dans notre institution est l’ostéomyélite chronique
question de la sédation se pose rarement, car l’examen est multifocale récurrente (OCMR). Les indications oncolo-
plutôt pratiqué chez le grand enfant. Si l’enfant est en bas giques, notamment les dépistages dans le cadre de syn-
âge et incapable de réaliser l’examen sans sédation, une drome de prédisposition aux cancers, ne sont pas traitées
prémédication est réalisée, selon les protocoles propres dans ce chapitre.
à chaque service de radiologie pédiatrique. L’objectif est
de limiter les artéfacts de mouvement pouvant gêner
l’interprétation. La durée d’examen est variable, entre 30 Ostéomyélite chronique multifocale
à 60 minutes, selon le nombre de paliers d’acquisition récurrente (OCMR)
nécessaire – ce qui dépend de la taille de l’enfant – et
selon le nombre de séquences à réaliser – ce qui dépend L’OCMR est une pathologie auto-inflammatoire affectant
de l’indication [1]. L’enfant est allongé, dans une position de façon chronique et multifocale le squelette de l’enfant et
confortable, bras le long du corps. Les mains peuvent être de l’adolescent (fig. 10.1 à 10.3). Il s’agit de la plus sévère des
placées sous les fesses pour bien différencier d’éventuels ostéomyélites chroniques non bactériennes (chronic non-
artéfacts en bordure de champ d’authentiques lésions bacterial osteomyelitis [CNO]) qui regroupent l’ensemble
osseuses (voir chapitre 2). Une association d’antennes des maladies osseuses auto-inflammatoires.
body et d’antennes de surface en réseau phasé permet Son diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cli-
une acquisition du vertex jusqu’aux orteils, le tout avec un niques, radiologiques et parfois histologiques. Clinique-
temps d’acquisition réduit et une augmentation du rap- ment, l’OCMR se caractérise par des douleurs osseuses,
port signal sur bruit [2]. avec ou sans fièvre et/ou tuméfaction, sur une période
Les séquences indispensables à réaliser sont les supérieure ou égale à 6 mois. Elle peut s’associer à des myal-
séquences STIR (short tau inversion recovery) pour la détec- gies, des lésions cutanées ou des symptômes digestifs. Un
tion des lésions et les séquences T1 FSE (fast spin echo) pour terrain personnel ou familial d’arthropathies inflammatoires
137
III. Applications chez l’enfant

A B C D

E F G

Fig. 10.1
IRM corps entier chez une fille de 10 ans atteinte d’ostéomyélite chronique multifocale récurrente (OCMR).
Séquences coronales STIR (A, B) et T1 correspondantes (C, D) mettant en évidence des lésions d’OCMR typiques, en hypersignal STIR et
hyposignal T1 : du tiers médial de la clavicule droite (E) avec minime infiltration des parties molles en regard ; des métaphyses fémorales
distales et tibiales proximales (F) ; des métaphyses tibiales distales (G).

ou de pathologies dermatologiques et inflammatoires du drome inflammatoire est inconstant, mais il est corrélé
tube digestif peut en effet être retrouvé. L’âge moyen de au nombre de lésions. La physiopathologie exacte reste
début de la maladie est environ 10 ans, mais elle est parfois méconnue.
diagnostiquée à l’âge de jeune adulte (dans moins de 10 % Le mécanisme de cette pathologie semble être un désé-
des cas). quilibre de production de cytokines pro- et anti-inflam-
Son évolution se fait habituellement par poussées, sur matoires. Histologiquement, si une biopsie est réalisée,
une durée d’évolution variable. Biologiquement, le syn- une inflammation stérile de l’os avec infiltrat de cellules
138
10. Indications non oncologiques de l’IRM corps entier en pédiatrie

A B

C D

E F

Fig. 10.2
IRM corps entier chez une fille de 9 ans atteinte d’OCMR.
Séquences coronales (A) et sagittales (B) STIR mettant en évidence des lésions d’OCMR typiques, en hypersignal STIR : des deux ailerons
sacrés, sans atteinte iliaque et du toit du cotyle droit, à proximité du cartilage en Y (C) ; métaphyso-épiphysaires tibiales proximales (D) ; des
vertèbres T8 dans son angle antéro-inférieur (E), S1 sur son plateau inférieur et S4 dans son angle supéropostérieur (F). À noter le caractère
discontinu de l’atteinte vertébrale, sans anomalie des disques.

139
III. Applications chez l’enfant

immunitaires est retrouvée, associée à une différenciation/


activation des ostéoclastes.
Son traitement repose en première ligne sur les anti-
inflammatoires non stéroïdiens. Il existe cependant un
risque de rechute, à n’importe quel site et selon un délai
variable, de quelques semaines à quelques années. Variables
selon les pratiques, les molécules les plus utilisées en deu-
xième ligne thérapeutique sont le méthotrexate, les anti-
TNF alpha et les bisphosphonates.
En imagerie, l’IRM corps entier joue un rôle diagnostique
clé [5]. Les lésions osseuses d’OCMR peuvent être asymp-
tomatiques et non visualisées en radiographies standard,
d’où l’intérêt de les dépister grâce à l’IRM corps entier. Cette
IRM doit être réalisée avec des séquences T1 et STIR, utiles
pour distinguer des variantes de la normale d’authentiques
lésions osseuses. Les lésions osseuses d’OCMR apparaissent
hyperintenses en pondération STIR et hypo-intenses en
pondération T1. Le plan de référence est le plan coronal. Un
plan sagittal STIR sur le rachis doit aussi être réalisé afin de
dépister les lésions vertébrales qui peuvent siéger aux étages
cervical, thoracique, lombosacré et les lésions sternales. Les
lésions d’OCMR sont le plus souvent multifocales, avec une
moyenne de 4 à 9 lésions par patient. Les lésions peuvent
être bilatérales, parfois symétriques. Elles touchent le plus
souvent les membres inférieurs, le bassin, le rachis et la cla-
vicule [6]. Enfin, l’IRM corps entier permet un suivi efficace
des lésions sous traitement [7].

Os longs
Les métaphyses des os longs sont les plus fréquemment
touchées (plus de 50 % des lésions sont métaphysaires).
A L’épiphyse peut aussi être atteinte, le plus souvent par conti-
guïté. Les lésions d’OCMR sont souvent bilatérales et symé-
triques, et la présence d’un hyposignal franc en pondération
T1 est essentielle pour les différencier d’un hypersignal STIR
de conversion médullaire physiologique. Une atteinte des
parties molles peut être associée, à type d’infiltration inflam-
matoire péri-osseuse, mais sans collection mise en évidence,
ce qui permet de les différencier des étiologies infectieuses.
Les premiers sites lésionnels atteints sont les métaphyses
tibiales et fémorales, en particulier au niveau des genoux
et des chevilles. Il est donc important de bien couvrir l’en-
semble du champ d’exploration, en incluant les chevilles.
B
Rachis
Fig. 10.3
IRM corps entier chez une fille de 10 ans atteinte d’OCMR. L’atteinte rachidienne concerne environ un tiers des patients.
A. Découverte fortuite d’un tassement vertébral en T5 compliqué Cette atteinte peut être le mode d’entrée dans la patholo-
de cyphose angulaire sur lésion vertébrale d’OCMR (séquence
sagittale T2). B. Enfant présentant par ailleurs une lésion de l’aileron gie, révélée par une raideur ou une rachialgie inflammatoire,
sacré gauche (séquence coronale STIR). mais elle peut aussi être totalement asymptomatique, d’où
140
10. Indications non oncologiques de l’IRM corps entier en pédiatrie

l’importance de l’IRM dans la détection systématique. L’at- nue de lésions musculaires symétriques, plus volontiers proxi-
teinte vertébrale est souvent multifocale et discontinue. Elle males que distales. L’IRM corps entier doit être réalisée avec
touche plus fréquemment le rachis thoracique. L’anomalie des séquences en pondération T1, pour l’aspect morpholo-
de signal de la vertèbre, souvent de siège sous-chondral, est gique des différents groupes musculaires explorés (atrophie,
initialement œdémateuse et peut évoluer vers la sclérose ; infiltration graisseuse), et STIR, pour l’inflammation aiguë,
elle peut s’accompagner d’une déformation osseuse dans dans les plans coronal et axial. L’IRM corps entier permet
environ un cas sur deux. Le disque adjacent peut être sain ainsi d’évaluer l’étendue des lésions, mais aussi de rechercher
ou diminué de taille. L’atteinte peut se compliquer d’une des atteintes extramusculaires, comme une pneumopathie
fracture vertébrale, avec aspect de vertebra plana compli- interstitielle, ou des complications du traitement, comme la
quée de cyphose angulaire, justifiant un suivi au long cours survenue d’une ostéonécrose post-corticothérapie [8]. En
en imagerie. Le risque principal est celui d’une compression cas de nécessité de biopsie musculaire, notamment pour
médullaire par hypercyphose. mieux caractériser les myopathies congénitales, l’IRM corps
entier permet de guider le geste en sélectionnant le site mus-
Bassin culaire le plus atteint et/ou le plus accessible [9].
Le bassin est un site affecté de façon variable. Un enfant sur
trois développera au moins une lésion iliaque au cours de Infections et fièvre d’origine
sa pathologie. L’IRM montre un œdème osseux, en parti- indéterminée
culier sur les zones adjacentes au cartilage en Y (qui est un
équivalent métaphysaire), voire une infiltration des parties Une fièvre inexpliquée, en particulier chez l’enfant très jeune
molles adjacentes. ou immunodéprimé, est un défi diagnostique. Parfois, le
bilan clinicobiologique et les examens d’imagerie courants
Clavicule (échographies, radiographies conventionnelles) ne sont pas
concluants ; dans ce cas, l’IRM corps entier peut compléter
L’atteinte claviculaire est très évocatrice, mais inconstante. Le
le bilan étiologique [10]. Elle est réalisée avec des séquences
tiers interne de la clavicule est le plus souvent touché, sans
pondérées en T1 et STIR, dans les plans coronal et sagit-
atteinte sternale associée. Cliniquement, il peut exister une
tal ; on peut également cibler une zone d’intérêt en fonc-
tuméfaction plus ou moins volumineuse à ce niveau. L’IRM
tion des résultats. L’IRM est particulièrement utile en
montre un œdème osseux qui peut être manqué du fait des
cas de recherche d’ostéomyélite, de myosite ou d’arthrite.
artéfacts de volume partiel, d’où l’importance d’une analyse
Le caractère multifocal des lésions est facilement affirmé.
systématique de cette région. Il existe des tableaux « pauci-
De plus, l’IRM corps entier permet de guider la thérapeu-
focaux » d’OCMR avec atteinte uniquement claviculaire et
tique, qui peut consister en une antibiothérapie ciblée, un
rachidienne, mais ils représentent une minorité de cas.
drainage percutané ou une prise en charge chirurgicale.
Mandibule
L’atteinte mandibulaire est rare mais, tout comme l’atteinte Pistes d’étude
claviculaire ou sternale, si elle est présente, elle est très sug-
gestive d’une OCMR. En cas d’unifocalité, le diagnostic dif- D’autres indications sont en cours d’étude. On peut
férentiel d’abcès est difficile. Douleur, tuméfaction et tris- citer l’évaluation de certaines pathologies rares du méta-
mus sont les premiers points d’appel cliniques. bolisme phosphocalcique, notamment pour leur suivi
sous traitement (fig. 10.5). L’IRM corps entier permet un
Autres sites lésionnels suivi sans exposer aux rayonnements ionisants, au lieu
d’irradier de façon répétée l’enfant lors de radiographies
D’autres sites, moins fréquents, ont été rapportés : atteinte cos-
osseuses, souvent multiples. Il y a également l’IRM corps
tale, sternale, patellaire, tarsienne, carpienne ou phalan­gienne.
entier post-mortem ou « autopsie virtuelle », utilisée en
particulier dans un contexte de décès inexpliqué du nou-
Pathologies musculaires veau-né/nourrisson voire du fœtus, qui constitue une
alternative plus acceptable pour les parents [11]. Dans le
La dermatomyosite (fig. 10.4) et la polymyosite juvéniles sont cas particulier de la maltraitance, le bilan d’imagerie de
des pathologies multisystémiques, caractérisées par la surve- référence reste les radiographies de squelette entier et
141
III. Applications chez l’enfant

A C

B D

Fig. 10.4
IRM corps entier chez un garçon de 7 ans atteint de dermatomyosite juvénile.
Séquences coronales STIR (A, B) et T1 correspondantes (C, D) montrant des anomalies de signal inflammatoires à type d’hypersignal STIR de
la quasi-totalité des groupes musculaires étudiés, sans atrophie, ni infiltration graisseuse en T1. Séquences axiales STIR centrées sur : l’abdomen
et les membres supérieurs (E), avec atteinte des loges musculaires des deux avant-bras, des muscles paravertébraux et glutéaux ; les cuisses (F),
avec atteinte diffuse des loges musculaires des deux cuisses.

142
10. Indications non oncologiques de l’IRM corps entier en pédiatrie

A B

Fig. 10.5
IRM corps entier de suivi chez un garçon de 11 ans atteint d’hypophosphatasie avant et après traitement.
Séquences coronales STIR retrouvant des lésions osseuses en rapport avec l’hypophosphatasie (maladie métabolique de diagnostic
clinicobiologique notamment caractérisée par des valeurs basses de phosphatase alcaline), de siège centrométaphysaire, atteignant la
métaphyse humérale proximale (A) et les métaphyses fémorales distales (B). Évolution après 6 mois de traitement par enzyme recombinante :
régression des anomalies humérale droite (C) et fémorales bilatérales (D).

l’imagerie cérébrale. Néanmoins, l’IRM corps entier peut Références


parfois apporter des informations complémentaires et
aider ainsi au diagnostic et donc au signalement, notam- 1. Eutsler EP, Khanna G. Whole-body magnetic resonance imaging in
ment en sensibilisant la détection de lésions des parties children : technique and clinical applications. Pediatr Radiol 2016 ;
46(6) : 858–72.
molles [12]. Elle garde cependant une sensibilité faible
2. Kraus MS, Yousef AA, Cote SL, Greer MLC. Improving protocols
dans la détection des arrachements métaphysaires ou des for whole-body magnetic resonance imaging : oncological and
fractures costales. inflammatory applications. Pediatr Radiol 2022. Online ahead of
print.
3. von Brandis E, Zadig PK, Avenarius DFM, et al. Whole body
magnetic resonance imaging in healthy children and adolescents.
` Conclusion Bone marrow appearances of the axial skeleton. Eur J Radiol 2022 ;
154 : 110425.
L’IRM corps entier en pédiatrie est un examen performant, 4. Zadig P, von Brandis E, Lein RK, et al. Whole-body magnetic
resonance imaging in children - how and why ? A systematic review.
n’exposant pas aux rayonnements ionisants, qui constitue
Pediatr Radiol 2021 ; 51(1) : 14–24.
une alternative intéressante aux autres modalités d’image- 5. Fritz J, Tzaribatchev N, Claussen CD, et al. Chronic recurrent
rie corps entier. Ses indications non oncologiques, telles que multifocal osteomyelitis : comparison of whole-body MR imaging
le diagnostic et le suivi des ostéomyélites chroniques mul- with radiography and correlation with clinical and laboratory data.
tifocales récurrentes, de certaines pathologies musculaires Radiology 2009 ; 252(3) : 842–51.
6. Falip C, Alison M, Boutry N, et al. Chronic recurrent multifocal
pédiatriques ou la recherche de foyer infectieux occulte, osteomyelitis (CRMO) : a longitudinal case series review. Pediatr
sont aujourd’hui validées. D’autres indications pourraient Radiol 2013 ; 43(3) : 355–75.
émerger dans les années à venir. 7. Schaal MC, Gendler L, Ammann B, et al. Imaging in non-bacterial

143
III. Applications chez l’enfant

osteomyelitis in children and adolescents : diagnosis, differential Neuromuscul Disord 2012 ; 22 : S68–84.
diagnosis and follow-up–an educational review based on a literature 10. Delgado J, Chauvin NA, Bedoya MA, et al. Whole-body magnetic
survey and own clinical experiences. Insights Imaging 2021 ; 12(1) : resonance imaging in the evaluation of children with fever without
113. a focus. Pediatr Radiol 2021 ; 51(4) : 605–13.
8. Huang ZG, Gao BX, Chen H, et al. An efficacy analysis of whole- 11. Thayyil S, Sebire NJ, Chitty LS, et al. Post-mortem MRI versus
body magnetic resonance imaging in the diagnosis and follow-up conventional autopsy in fetuses and children : a prospective
of polymyositis and dermatomyositis. PloS One 2017 ; 12(7) : validation study. Lancet 2013 ; 382(9888) : 223–33.
e0181069. 12. Proisy M, Vivier PH, Morel B, et al. Whole-body MR imaging in
9. Quijano-Roy S, Avila-Smirnow D, Carlier RY. Whole body muscle suspected physical child abuse : comparison with skeletal survey
MRI protocol : Pattern recognition in early onset NM disorders. and bone scintigraphy findings from the PEDIMA prospective

144
Partie IV
Imagerie hybride TEP-IRM
corps entier

P L AN D E L A PA RT I E
11. Indications actuelles de l’imagerie
hybride TEP-IRM corps entier 147
Chapitre 11
Indications actuelles
de l’imagerie hybride TEP-IRM
corps entier
Mathilde Vermersch

P L AN D U CHA PI T RE
Introduction 149 Cancers hépatobiliaires 154
Cancer de la prostate 156
Principes physiques 149 Cancers gynécologiques 157
Bilan d’extension des cancers solides en général 157
Protocoles d’examens 149
Hémopathies malignes 157
Indications oncologiques dans les cancers Lymphomes 158
solides 149 Myélome multiple 159
Cancers ORL 149 Leucémie 159
Cancer de l’œsophage 152
Cancer du rectum 152 Neurofibromatoses 160
Tumeurs neuroendocrines 153 Neurofibromatose de type 1 160
Cancer du pancréas 153 Schwannomatose 161

IRM corps entier


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11. Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM corps entier

Introduction densité de protons. Leur cartographie est donc fondée sur


des modèles anatomiques (atlas de bases d’images TDM
Le concept d’imagerie hybride combinant tomographie et IRM appariées). La combinaison des séquences T1 Dixon et
par émission de positons (TEP) et imagerie par résonance de ces abaques permet alors de différencier le volume en
magnétique (IRM) n’est pas récent : il date des années 1990, quatre constituants : l’air, l’os, la graisse et les autres tissus
avant même les premières installations de TEP-TDM. mous, et ainsi de générer une carte d’atténuation (fig. 11.1).
Cependant, le développement technologique nécessaire à
leur mise au point n’a permis leur utilisation chez l’homme
que depuis les années 2000. L’avantage de l’intégration de Protocoles d’examens
la TEP et de l’IRM repose sur l’acquisition simultanée à la
fois des données métaboliques apportées par la TEP et des Même si les protocoles d’examens varient en fonction de
données multiparamétriques apportées par l’IRM (don- l’indication, ils sont souvent similaires et composés de deux
nées anatomiques de haute résolution et données fonc- parties :
tionnelles). Leur acquisition simultanée, en comparaison à • une première partie d’imagerie corps entier com-
une acquisition séquentielle, comme cela pourrait se faire prenant à la fois une acquisition TEP corps entier, et des
en l’absence de machine hybride, permet un meilleur reca- séquences IRM morphologiques – permettant de géné-
lage des images afin de s’affranchir d’éventuels artéfacts rer la carte d’atténuation (T1 Dixon) – et fonctionnelles
cinétiques (respiratoires ou cardiaques par exemple) et (séquence de diffusion). Il s’y associe généralement une
apporte une meilleure confiance diagnostique. série d’acquisitions corps entier avant et après injection de
Les indications de l’imagerie hybride TEP-IRM corps chélates de gadolinium en fin d’examen ;
entier ne cessent de croître depuis leur installation, princi- • une seconde partie, centrée sur la région d’intérêt en
palement dans le domaine oncologique, que ce soit pour fonction de la pathologie, avec des séquences IRM dédiées
les cancers solides ou encore les maladies hématologiques. et une acquisition TEP centrée sur la région.
En parallèle, des indications en imagerie ostéoarticulaire se Une présentation schématique générale des protocoles
développent progressivement, notamment pour les patho- de TEP-IRM est proposée dans la figure 11.2.
logies atteignant des tissus mous.
Enfin, de nombreux radiopharmaceutiques innovants
en TEP sont développés, avec de nouvelles perspec- Indications oncologiques
tives diagnostiques et théranostiques. Ils font l’objet de
l’encadré 11.1 en fin de chapitre.
dans les cancers solides
Les indications oncologiques de la TEP-IRM corps entier ne
cessent de se développer depuis plusieurs années, l’analyse
Principes physiques simultanée des données permettant d’améliorer à la fois les
performances et la confiance diagnostique des lecteurs.
Afin de reconstruire une imagerie TEP quantitative, il est Les principales indications sont tout d’abord les loca-
important de prendre en compte l’atténuation qui se pro- lisations pour lesquelles l’IRM est supérieure au scanner
duit dans les tissus. Cependant, cette atténuation varie pour le bilan d’extension local. En effet, l’IRM, en com-
considérablement entre différents types de tissus (tissus paraison au scanner, permet une acquisition d’images
mous, os, air, etc.). Il est donc nécessaire de produire une anatomiques de haute résolution et à fort contraste,
carte d’atténuation en même temps que l’acquisition TEP. notamment au sein des tissus mous. Des études ont ainsi
Si l’obtention d’une carte d’atténuation des photons est montré la supériorité de la technologie TEP-IRM en com-
facile en scanner, l’IRM se heurte à un problème : l’intensité paraison à la TEP-TDM dans le bilan local des néoplasies
du signal recueilli en IRM dépend de la relaxation des pro- des tissus mous.
tons et non du coefficient d’atténuation. Les séquences T1
Dixon ont été utilisées pour différencier certaines structures Cancers ORL
(tissus mous versus graisse), permettant ainsi un début de
cartographie. Cependant, deux structures très différentes L’examen morphologique de référence dans le bilan
du point de vue de l’atténuation (l’air et l’os) ont toutes initial et de suivi des cancers ORL est actuellement l’IRM,
deux un signal très faible en IRM en raison de leur faible le contraste en scanner étant souvent insuffisant pour
149
IV. Imagerie hybride TEP-IRM corps entier

A B C

D E

Fig. 11.1
Exemples d’acquisition IRM T1 Dixon avec images Eau (A), Graisse (B), en phase (C) et en opposition de phase (D), et carte d’atténuation
générée (μ map) intégrant les données d’un atlas IRM-TDM pour les structures osseuses (E).

150
Acquisitions TEP et IRM simultanées Acquisitions TEP et IRM simultanées IRM pos- IRM corps entier post-injection
pour chaque position de lit (5 stations) sur la région d’intérêt injection centrée (5 stations)

IRM
T1 GRE T1 Gd+
DWI T1 T2 DWI T1 Gd+
MRAC (+/- dynamique)

Acquisition
Acquisition TEP
TEP TEP centrée
corps entier
(phase tardive)

Injection Injection de
18F-FDG chélates de
gadolinium

30 min 15-20 min 5-10 min 5-10 min

Temps moyen d’une IRM corps entier : 1 h

Fig. 11.2
Présentation schématique générale des protocoles de TEP-IRM incluant une première partie d’acquisitions simultanées des données TEP et IRM (notamment les séquences de
diffusion) par paliers à l’échelle du corps entier, puis d’éventuelles acquisitions spécifiques de l’organe d’intérêt, et enfin d’éventuelles séquences post-injection sur l’organe d’intérêt
et/ou en corps entier.

151
11. Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM corps entier
IV. Imagerie hybride TEP-IRM corps entier

délimiter avec certitude les lésions. Cependant, la TEP-TDM Cancer de l’œsophage


est bien souvent utilisée en complément pour déterminer
les volumes tumoraux initiaux, rechercher un primitif en La stadification préopératoire du cancer de l’œsophage,
cas d’adénopathie prédominante, rechercher des lésions primordiale pour une prise en charge adaptée, est actuel-
à distance, mais aussi pour faire le suivi de la réponse lement fondée sur la combinaison de plusieurs modalités
métabolique sous radio- et/ou chimiothérapie. d’imagerie incluant le scanner, la TEP-TDM et parfois l’IRM.
Dans les atteintes tumorales nasopharyngées, l’ac- Malgré cette combinaison, la stadification, notamment
quisition simultanée TEP-IRM, en comparaison à une ganglionnaire, peut parfois s’avérer difficile. Une étude
acquisition séquentielle IRM puis TEP-TDM, a montré récente a montré une supériorité de la TEP-IRM dans la
de meilleures performances diagnostiques pour le bilan stadification locale des lésions primitives de l’œsophage en
d’extension locale des lésions, notamment en cas d’inva- comparaison aux trois autres modalités. De même, la TEP-
sion intracrânienne. Ainsi, l’apport des informations mé- IRM améliorait les performances diagnostiques dans la sta-
taboliques permet d’augmenter la visibilité des lésions dification ganglionnaire, principalement par la détection de
morphologiquement subtiles et l’association des données nouveaux sites d’envahissement ganglionnaire [4].
TEP et IRM permet une meilleure différenciation entre Si l’évaluation des performances diagnostiques pour la
métastases ganglionnaires rétropharyngées et tumeur na- stadification métastatique n’a pas été réalisée spécifique-
sopharyngée adjacente [1]. Pour les lésions à distance, la ment, il est probable que la TEP-IRM permette une amélio-
TEP-IRM corps entier semble présenter des performances ration de la détection et de la caractérisation des lésions à
diagnostiques équivalentes à celle de la TEP-TDM [2]. Par distance, notamment au niveau hépatique.
ailleurs, tous cancers ORL confondus, la TEP-IRM permet
une amélioration des performances diagnostiques en Cancer du rectum
comparaison à la TEP-TDM dans le suivi post-radiochi-
miothérapie, à la fois en termes de sensibilité et de spéci- L’IRM est actuellement considérée comme la modalité
ficité [3] (fig. 11.3). d’imagerie de référence pour le bilan d’extension local des

TEP/T1 post-gadolinium

TEP 18F-FDG MIP coronale TEP 18F-FDG MIP coronale

Fig. 11.3
Images TEP-IRM au 18F-FDG au diagnostic (à gauche) et après traitement par radio-chimiothérapie (à droite) d’un cancer de la base de
langue T4 N2 chez une patiente de 70 ans.
Noter la réponse complète après traitement, se traduisant par une régression complète de l’hyperfixation 18F-FDG.

152
11. Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM corps entier

cancers du rectum, permettant à la fois la stadification locale En raison de ces avantages et inconvénients individuels,
et ganglionnaire. Le bilan d’extension est, quant à lui, réalisé la plupart des patients bénéficient donc souvent des deux
par scanner thoraco-abdominopelvien et IRM hépatique modalités d’examens. La combinaison de la TEP et de
(les métastases hépatiques étant fréquentes). La TEP-IRM, l’IRM en un seul examen complet offre alors la perspective
en comparaison à l’IRM rectale seule, permettrait une meil- d’une imagerie synergique, d’un flux de travail rationalisé
leure évaluation de la taille tumorale (souvent surévaluée et d’une meilleure expérience pour le patient. La TEP-IRM
par l’IRM seule) et de l’extension au sphincter externe [5]. En a ainsi montré une supériorité en comparaison à la TEP-
revanche, il n’existe pas de différence entre ces deux tech- TDM dans la détection des métastases hépatiques, notam-
niques pour l’évaluation de l’envahissement du mésorec- ment grâce aux séquences de diffusion et aux acquisitions
tum ou de l’envahissement vasculaire. Par ailleurs, les per- à la phase hépatobiliaire. Parallèlement, d’autres études ont
formances diagnostiques de l’IRM seule dans la détection prouvé une meilleure caractérisation des lésions et une
ou non de l’envahissement ganglionnaire restent faibles, les amélioration de leur visibilité, notamment au niveau pan-
ganglions envahis restant souvent inférieurs à 1 cm. Seuls créatique et digestif [7].
un discret élargissement ou une morphologie arrondie
peuvent être retrouvés. L’ajout des données métaboliques
de la TEP permet alors d’augmenter la détectabilité et la
Cancer du pancréas
confiance diagnostique dans la stadification ganglionnaire. Le bilan d’extension local du cancer du pancréas est une
Par ailleurs, la TEP-IRM corps entier, incluant une acqui- part importante de la prise en charge des patients, car il
sition spécifique au niveau hépatique, permet d’éviter de conditionne l’éligibilité au traitement chirurgical. Ce bilan
multiplier les examens en acquérant l’IRM hépatique en est actuellement réalisé par scanner associé à une IRM
même temps que l’IRM rectale. L’ajout des données TEP hépatique systématique en raison de la fréquence des
corps entier permet aussi d’améliorer le bilan d’extension métastases hépatiques. Dans les cas équivoques, une
à distance en comparaison à la TEP-TDM en aidant à l’éva- TEP-TDM peut être proposée dans un second temps.
luation des lésions indéterminées (métastases, incidenta- La TEP-IRM offre la possibilité de combiner les points forts
lomes), et en évitant ainsi un bilan d’imagerie supplémen- de l’IRM, notamment au niveau hépatique, et de la TEP en
taire (fig. 11.4) [6]. un seul examen (fig. 11.5).
Dans une étude récente, la TEP-IRM, réalisée en bilan
Tumeurs neuroendocrines initial ou en cours de suivi, changeait la prise en charge
dans près d’un cas sur deux en comparaison au bilan
Les tumeurs neuroendocrines (TNE) proviennent des sys- standard (scanner thoraco-abdomino-pelvien et IRM
tèmes endocriniens et nerveux, et sont principalement hépatopancréatique). Pour le bilan initial, les principales
retrouvées au niveau pulmonaire, pancréatique et intes- modifications étaient dans la détection de métastases
tinal. L’imagerie moléculaire joue un rôle majeur dans le hépatiques ou ganglionnaires (ou, au contraire, l’invali-
diagnostic et la stadification des TNE, d’autant plus avec dation de lésions suspectes). A contrario, l’ajout d’une
l’avènement des nouveaux radiotraceurs utilisant les déri- TEP-TDM au bilan standard initial ne changeait pas signi-
vés de l’octréotide marqué au Gallium-68 (DOTATOC, ficativement la prise en charge. Dans le suivi des patients
DOTANOC ou DOTATATE) qui ont montré une sensibilité traités par radiochimiothérapie, la différenciation entre
supérieure pour ces lésions. Cependant, ces radiotraceurs remaniements fibrotiques post-thérapeutiques et mala-
peuvent être pris en défaut en cas de tumeur peu différen- die résiduelle voire récidive tumorale reste bien souvent
ciée. De même, de faux positifs peuvent être observés en un challenge diagnostique en imagerie conventionnelle. La
raison de la fixation physiologique du processus unciné, ou TEP-TDM peut être utile, mais l’interprétation en l’absence
en cas de nodule de splénose intrapancréatique. d’injection de produit de contraste iodé peut être limi-
Pour le bilan morphologique, l’IRM, grâce à un seuil de tée et le recalage image au niveau abdominal difficile. La
détection des lésions millimétrique et à la possibilité d’une TEP-IRM peut donc, dans ce cas, être d’une aide précieuse
imagerie paramétrique, reste l’examen de référence dans grâce à sa forte résolution en contraste et à l’acquisition
la détection des lésions pancréatiques primitives et des simultanée des données TEP et IRM limitant les problèmes
lésions hépatiques secondaires. Cependant, la caractérisa- de recalage [8].
tion tumorale et le suivi sous traitement sont parfois limités Parallèlement, il a été montré que les données morpho-
en IRM seule. métaboliques de la TEP-IRM pouvaient prédire la réponse

153
IV. Imagerie hybride TEP-IRM corps entier

Sagittale T2 Coronale T2
TEP 18F-FDG MIP coronale

Diffusion b800 s/mm2 Cartographie ADC

Axiale T1 post-gado TEP/T1 post-gado

Axiale T1 post-gado TEP/T1 post-gado

Fig. 11.4
Images TEP-IRM dans le cadre du bilan d’extension initial d’un adénocarcinome du moyen rectum chez un homme de 55 ans.
La lésion rectale (flèches) s’étend sur 72 mm de hauteur, est fortement hypermétabolique avec un SUVmax à 16,5, apparaît en diffusion
fortement restreinte. Mise en évidence de deux métastases osseuses (cercles) du col fémoral droit et de 23 mm du cotyle gauche,
hypermétaboliques, en diffusion restreinte et se rehaussant après injection.

à la chimiothérapie néoadjuvante et détecter plus rapide- à la TEP-TDM ou à l’IRM seule est indéniable dans la détec-
ment les non-répondeurs, améliorant ainsi la survie globale. tion des lésions hépatiques secondaires, sa valeur ajoutée
dans les lésions hépatiques primitives est plus débattue,
notamment en raison du risque de faux positifs [9].
Cancers hépatobiliaires Une méta-analyse récente suggère que la TEP-TDM et
L’IRM multiparamétrique est aujourd’hui l’examen de réfé- l’IRM ont des performances similaires dans la stadification
rence au niveau hépatique, que ce soit pour la caractérisa- locale des tumeurs intrahépatiques primitives [10]. Au
tion ou pour le suivi des lésions hépatiques primitives et contraire, d’autres études ont montré une supériorité de
secondaires. Si la supériorité de la TEP-IRM en comparaison la TEP-IRM au 18F-FDG dans le bilan d’extension des carci-
154
11. Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM corps entier

TEP 18F-FDG MIP coronale Coronale TEP/T1 Dixon Eau

Axiale TEP 18F-FDG

Axiale T1 artériel

Diffusion b800 s/mm2

Cartographie ADC

Fig. 11.5
Images TEP-IRM dans le cadre d’un bilan d’extension d’un adénocarcinome du pancréas chez une patiente 68 ans.
Lésion de 31 mm de la tête du pancréas (flèches rouges) fortement hypermétabolique (SUVmax à 8,6), peu rehaussée au temps artériel, puis
se rehaussant progressivement, en diffusion restreinte. Noter trois lésions hépatiques, la plus volumineuse de 18 mm du segment VI (flèches
blanches et noires), de même sémiologie.

155
IV. Imagerie hybride TEP-IRM corps entier

nomes hépatocellulaires (notamment pour la détection des dans près d’un tiers des cas. Concernant les cancers de la
lésions secondaires osseuses) [11]. Par ailleurs, des études vésicule biliaire, la TEP-IRM améliore la visualisation des
utilisant la TEP double traceur (18F-Choline et 18F-FDG) lésions secondaires ganglionnaires et hépatiques, la déter-
ont montré un impact significatif sur la prise en charge des mination de la résécabilité et la détection des récidives [13].
patients, notamment grâce à une meilleure stadification à
la fois locale (extension vasculaire et biliaire) et à distance Cancer de la prostate
[12]. Enfin, la fixation en choline ou en FDG est associée au
degré de différenciation des carcinomes hépatocellulaires L’IRM est l’examen de référence pour la détection des can-
(fig. 11.6). Ainsi, la TEP-IRM permettait une amélioration de cers de la prostate et l’évaluation locale de l’envahissement
la stadification locale, régionale et à distance ainsi qu’une extraprostatique et des vésicules séminales. Ces dernières
meilleure caractérisation lésionnelle. années, de nouveaux radiotraceurs, autres que le 18F-FDG,
La TEP-IRM a montré de meilleures performances que le tels que la choline 11 ou encore de PSMA (prostate-spe-
scanner injecté pour la détection et la stadification du cho- cific membrane antigen) ont eu un impact déterminant
langiocarcinome, avec un changement de prise en charge dans la prise en charge de ces patients, notamment pour

Axiale T2

Diffusion b800 s/mm2

Axiale T1 portale

TEP 18F-FDG MIP coronale TEP/diffusion b800 Coronale T1 post-gado

Fig. 11.6
Images TEP-IRM dans le cadre d’un bilan d’extension d’un carcinome hépatocellulaire agressif (sous-type macrotrabéculaire massif) peu
différencié de 60 cm du segment VIII chez un patient de 80 ans.
Lésion hétérogène avec centre nécrotique, portion tissulaire périphérique hypermétabolique (SUVmax à 8,2), en hypersignal diffusion et sans
hyper-rehaussement artériel, mais présentant un lavage au temps portal.

156
11. Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM corps entier

la détection des lésions à distance et des récidives. Si de confiance diagnostique en comparaison à la TEP-TDM dans
nombreuses études ont montré l’intérêt de ces nouveaux le suivi sous chimiothérapie [16, 17].
traceurs dans le bilan d’extension à distance, l’IRM reste
considérée comme l’examen de référence pour le bilan Bilan d’extension des cancers
d’évaluation et de réévaluation locales.
Une méta-analyse récente a montré une supériorité de solides en général
la TEP-IRM au PSMA en comparaison à l’IRM multipara- Pour tous les autres cancers pour lesquels l’IRM ne permet pas
métrique seule ou à la TEP-TDM dans la détection de la une amélioration du bilan d’extension local, la TEP-IRM peut
localisation primitive du cancer [14]. Par ailleurs, la TEP- permettre une amélioration de la stadification ganglionnaire
IRM permettait une meilleure détection de l’envahissement et à distance. De nombreuses études ont en effet montré
extracapsulaire en diminuant le nombre de résultats équi- une supériorité de la TEP-IRM en comparaison à la TEP-TDM
voques. Parallèlement, la TEP-IRM améliorait la détection pour la détection et la caractérisation des lésions secondaires
des envahissements ganglionnaires locaux et à distance. dans le bilan d’extension d’une tumeur solide, toutes localisa-
Intégrer la TEP-IRM au PSMA dans le bilan initial des can- tions primitives confondues. Il existe notamment une nette
cers de la prostate pourrait ainsi changer la stratégie théra- supériorité pour les lésions osseuses (fig. 11.7), ganglionnaires
peutique dans 30 % des cas [15]. et hépatiques ainsi qu’une diminution des faux positifs [18].
Des améliorations technologiques en IRM ont été
Cancers gynécologiques développées ces dernières années permettant d’amélio-
rer la qualité image à l’étage thoracique. Notamment,
L’IRM est l’examen de référence pour la stadification les acquisitions non cartésiennes du plan de Fourier
locale des cancers gynécologiques en raison de sa bonne ont montré une sensibilité équivalente au scanner à
résolution en contraste dans les tissus mous, permettant l’échelle du patient. Leur utilisation, en association avec
l’évaluation de l’envahissement des organes adjacents. Un les données de la TEP et les données de la séquence
scanner ou une TEP-TDM sont également réalisés pour le de diffusion, peut ainsi permettre de ne pas diminuer
bilan d’extension à distance. La TEP-IRM offre la possibilité la sensibilité pour la détection des lésions pulmonaires
de bénéficier à la fois de la résolution en contraste de l’IRM secondaires. Plus encore, les données multiparamé-
et de la sensibilité de la TEP afin de caractériser les lésions triques (diffusion et TEP) peuvent apporter une meil-
pelviennes. Elle permet notamment, par rapport à la TEP- leure confiance diagnostique pour la caractérisation des
TDM, de mieux différencier une adénopathie hyperméta- micronodules [19].
bolique d’un hypermétabolisme ovarien physiologique ou
d’un corps jaune. Plusieurs études ont montré une supério-
rité de la TEP-IRM pour la détection des métastases gan- Hémopathies malignes
glionnaires et l’évaluation de l’envahissement myométrial.
Pour les lésions du col, si la TEP-IRM est équivalente à Si les hémopathies malignes ont la même origine (le tissu
la TEP-TDM dans la détection des lésions secondaires, elle hématopoïétique et lymphoïde), il existe une grande hété-
semble supérieure dans la stadification locale et la détection rogénéité entre les trois grands groupes de pathologies (les
de l’envahissement des tissus mous ou des organes adjacents lymphomes, les leucémies et le myélome multiple). Cette
(vessie et rectum), dont l’impact thérapeutique est impor- hétérogénéité n’affecte pas que le pronostic et le traite-
tant, notamment en termes de planification chirurgicale. ment, mais aussi les modalités d’imagerie utilisées. Ainsi, si
En parallèle, la TEP-IRM combine les avantages de la TEP et le scanner et la TEP-TDM au 18F-FDG dominent largement
de l’IRM pour la détection et la cartographie des lésions péri- l’imagerie des lymphomes, l’IRM corps entier et la TEP-
tonéales, qui peuvent également impacter le geste chirurgical. TDM au 18F-FDG jouent un rôle majeur dans la prise en
Dans le suivi des patientes, la détection de la récidive charge du myélome, bien que remplissant des rôles diffé-
peut se révéler difficile en IRM ou en TEP-TDM seule. La rents. Dans les deux cas, la possibilité de diminuer l’exposi-
TEP-IRM pourrait alors être une alternative grâce à la syner- tion aux rayons X par la réalisation d’une TEP-IRM apparaît
gie des informations apportées. Dans une étude regroupant comme un avantage dans une population réalisant des
des patientes atteintes d’une récidive d’un cancer gynéco- examens à répétition. Par ailleurs, la possibilité d’acquérir
logique, la TEP-IRM surpassait l’IRM seule dans la stadifi- simultanément des données diagnostiques et pronostiques
cation corps entier. Par ailleurs, la TEP-IRM améliorait la est un argument en faveur de la TEP-IRM [20].

157
IV. Imagerie hybride TEP-IRM corps entier

A B

C D

Fig. 11.7
Exemple de métastase osseuse visualisée en TEP-IRM.
Pas de lésion osseuse visualisée sur le scanner (A). Sur les images combinées de TEP-IRM, on visualise une lésion osseuse en hypersignal
diffusion à b élevé (B), rehaussée après injection (C) et hypermétabolique (D).

Lymphomes du système nerveux central et de la moelle osseuse (voir


chapitre 4).
Que ce soit pour le bilan initial, l’évaluation pronostique ou Les performances de la TEP-IRM au 18F-FDG semblent au
le suivi après traitement, la TEP-TDM au 18F-FDG est actuel- moins équivalentes à celles de la TEP-TDM pour les lésions
lement considérée comme l’examen de référence pour une avides de glucose (fig. 11.8), et supérieures dans les lésions
large majorité de lymphomes en raison de leur important d’avidité au FDG variable grâce à l’apport des données IRM
métabolisme glucidique. Cependant, certains lymphomes, (diffusion et T1 post-gadolinium). De plus, le temps d’exa-
dont le lymphome de la zone marginale, le lymphome du men plus long de la TEP-IRM pourrait permettre d’amélio-
MALT (mucosa-associated lymphoid tissue) et le lymphome rer les performances de la TEP pour les lésions faiblement
folliculaire, ont une avidité moins marquée et variable pour hypermétaboliques en augmentant le nombre de coïnci-
le glucose. Pour ces derniers, le bilan d’imagerie repose dences détectées et donc la sensibilité de détection.
sur un scanner corps entier injecté pour la détection et Par ailleurs, dans la population pédiatrique, la réduc-
la mesure des adénomégalies. L’IRM n’est actuellement tion de la dose d’irradiation est un bénéfice associé non
recommandée que dans l’évaluation de l’envahissement négligeable.
158
11. Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM corps entier

TEP 18F-FDG MIP coronale Axiale diffusion b800 s/mm2 Cartographie ADC

Fig. 11.8
Images TEP-IRM chez un patient de 59 ans dans un contexte de suspicion de transformation d’un lymphome folliculaire.
Mise en évidence de multiples atteintes ganglionnaires (médiastinales, mésentériques, inguinale droite) et extraganglionnaires (surrénale droite,
estomac, anses grêles) fortement hypermétaboliques (SUVmax à 25,4), et en diffusion fortement restreinte, en faveur d’une transformation en
lymphome de haut grade.

Myélome multiple (IRM) et l’examen de référence pour la prédiction de la


réponse au traitement (TEP-TDM au 18F-FDG) (fig. 11.9). Des
Si le diagnostic de MGUS (monoclonal gammopathy études ont montré une performance diagnostique équiva-
of undetermined significance) ou de myélome indolent lente entre le TEP-TDM et la TEP-IRM au 18F-FDG pour la
asymptomatique est purement fondé sur des données bio- différenciation entre lésions osseuses bénignes et lésions de
logiques, le diagnostic de myélome multiple donne, lui, une myélome, avec cependant un SUVmax plus important pour la
large part à l’imagerie. En effet, les critères CRAB (hypercal- TEP-IRM et donc, potentiellement, une détection plus facile.
cemia, renal failure, anemia, bone lesions) incluent la pré- La TEP-IRM au 18F-FDG pourrait cependant permettre une
sence de lésions ostéolytiques (en radiographie, scanner meilleure détection des lésions de petite taille et une détec-
ou TEP-TDM) et la présence de plus d’une lésion osseuse tion plus précoce des récidives après traitement [21].
focale de plus de 5 mm en IRM (assimilée à un biomar-
queur de malignité). Leucémie
La TEP-IRM au 18F-FDG dans le bilan d’extension du myé-
lome multiple permet de combiner l’imagerie de référence L’imagerie en coupe ne possède qu’un rôle mineur dans
pour la détection de l’envahissement de la moelle osseuse l’évaluation des leucémies, que ce soit pour le diagnostic, le
159
IV. Imagerie hybride TEP-IRM corps entier

TEP 18F-FDG MIP coronale Coronale T2 fat sat Diffusion b800 s/mm2 Sag T2 Dixon Eau Sagittal T1 SE Coro T1 VIBE Dixon post-gado

Fig. 11.9
Images TEP-IRM d’une récidive de myélome multiple chez un patient de 59 ans.
Présence de multiples lésions focales osseuses hypermétaboliques du squelette axial et appendiculaire proximal présentant en IRM un
hyposignal T1, hypersignal T2 fat sat, une diffusion restreinte et un rehaussement intense et précoce après injection.

pronostic ou encore le suivi sous traitement, les marqueurs suppresseur de tumeur NF1. Les manifestations cliniques
biologiques ayant un rôle prépondérant. Le scanner n’est incluent des taches café au lait, des nodules de Lisch et
pas recommandé pour la détection des adénomégalies ou des déformations osseuses. Cependant, les lésions les
de la splénomégalie, l’examen clinique étant jugé suffisant, plus problématiques sont les neurofibromes plexiformes
même s’il a été prouvé qu’une atteinte abdominale visuali- en raison de leur potentielle transformation maligne. La
sée en scanner serait de moins bon pronostic. L’IRM pour- différenciation entre lésions malignes et bénignes est pri-
rait être utile dans la détection de l’infiltration de la moelle mordiale, car elle conditionne le pronostic vital et fonc-
osseuse, particulièrement en cas de leucémie aiguë. Cer- tionnel par la détection précoce des lésions malignes, et
taines études ont par ailleurs montré une possible asso- évite une chirurgie potentiellement délabrante en cas de
ciation entre le pic de prise de contraste et la réponse au lésion bénigne.
traitement. La TEP-TDM au 18F-FDG n’est recommandée Actuellement, la 18F-FDG TEP-TDM est considérée
que dans le cadre d’une suspicion de syndrome de Richter. comme l’examen le plus sensible pour la détection des
La 18F-FDG TEP-IRM ne présente donc pas d’indication lésions malignes des nerfs périphériques. Par ailleurs, elle
évidente dans la prise en charge des leucémies pour le est utile pour le bilan local préopératoire et afin de diri-
moment. Cependant, l’avènement de nouveaux radiotra- ger une éventuelle biopsie. Cependant, l’exposition répétée
ceurs pourrait modifier les pratiques. Le Gallium 68 Pen- aux rayons X peut être problématique chez une popula-
tixafor pourrait par exemple être utilisé pour déterminer tion jeune. L’IRM et notamment les séquences de diffusion
l’infiltration osseuse en se fondant sur l’expression de ont montré leur utilité dans la différenciation des lésions
CXCR4 et pourrait également apporter une information bénignes et malignes, avec cependant une moindre sen-
pronostique. sibilité. La TEP-IRM au 18F-FDG offre alors la possibilité de
combiner la haute résolution et les informations fonction-
nelles de l’IRM avec les données métaboliques de la TEP
Neurofibromatoses tout en diminuant l’exposition aux rayons X. Les études
menées ont ainsi montré des performances diagnostiques
Neurofibromatose de type 1 au moins équivalentes de la TEP-IRM et de la TEP-TDM
dans la détection des lésions malignes [22]. La TEP-IRM
La neurofibromatose de type 1 (NF1) est une maladie au 18F-FDG permet également de détecter d’éventuelles
autosomique dominante causée par la mutation du gène tumeurs digestives, telles qu’une tumeur stromale gas-
160
11. Indications actuelles de l’imagerie hybride TEP-IRM corps entier

B Axiale TEP 18F-FDG

C Diffusion b800 s/mm2

D Cartographie ADC

A TEP 18F-FDG MIP coronale E Fusion TEP/T1 Dixon Eau

Fig. 11.10
Images TEP-IRM d’une tumeur stromale gastro-intestinale (GIST) iléale de 35 mm chez une patiente de 35 ans présentant une
neurofibromatose de type 1.
La lésion iléale est hypermétabolique (SUVmax à 8,8) et en diffusion restreinte (ADC = 0,9.10–3 mm2/s).

tro-intestinale (gastrointestinal stromal tumor [GIST]) ou de schwannome vestibulaire à l’IRM, pas d’antécédent de
une tumeur neuroendocrine, pour lesquelles l’une des NF2 dans la famille, pas de mutation NF2). L’estimation du
prédispositions génétiques les plus fréquentes est la NF1 nombre de schwannomes est donc capitale et les nou-
(fig. 11.10). velles méthodes d’imagerie corps entier peuvent aider à
La présence fréquente de matériel métallique type détecter des lésions asymptomatiques. La TEP-TDM s’est
arthrodèse pour scoliose peut être une limite à l’utilisation révélée utile dans ce cadre, les schwannomes y apparais-
de l’IRM dans un contexte de NF1 [23]. sant hypermétaboliques en l’absence de toute transfor-
mation maligne. L’IRM, quant à elle, offre une meilleure
Schwannomatose détection des lésions nerveuses que le scanner, notam-
ment grâce aux séquences de diffusion. La TEP-IRM appa-
Le diagnostic de schwannomatose repose sur l’identifica- raît ainsi d’un grand intérêt pour optimiser la détection
tion d’au moins deux schwannomes et l’absence de dia- lésionnelle en associant la sensibilité de la TEP et la résolu-
gnostic de neurofibromatose de type 2 ou NF2 (absence tion anatomique de l’IRM [24].

161
IV. Imagerie hybride TEP-IRM corps entier

ENCADRÉ 11.1Radiopharmaceutiques innovants en TEP


Paul Blanc-Durand, Emmanuel Itti
L’ensemble des radiopharmaceutiques sont adaptés à la fois comme de bons candidats théranostiques, avec par exemple
à la TEP-TDM et à la TEP-IRM. En effet, ils ne s’appuient pas les inhibiteurs des FAP (fibroblast activation protein). Ces
sur des propriétés magnétiques et ne sont détectés que par la protéines d’activation fibroblastique sont surexprimées par
couronne de détecteurs TEP située autour du patient. les fibroblastes intratumoraux promouvant les activités de
Actuellement, sont utilisés en routine clinique des traceurs remodelage de la matrice extracellulaire, de l’angiogenèse,
du métabolisme glucidique (fluorodéoxyglucose [25]), des de la chimiorésistance et de l’immunosuppression [40]. Les
acides gras transmembranaires (fluorocholine [26]), des récepteurs aux chémokines, notamment le CXCR-4 ciblé
acides aminés (DOPA [27], FET [28]), de la synthèse nucléique spécifiquement par le pentixafor [41], permettent l’activation
(FLT [29]) ou de l’activité ostéoblastique (fluorure de sodium cellulaire et la stimulation de la migration des leucocytes. Ils
[30]). Ces radiotraceurs, bien que sensibles, sont néanmoins sont impliqués dans la régulation de nombreux processus
peu spécifiques de pathologies, car ils interviennent dans de biologiques et pathologiques, tels que l’hématopoïèse,
multiples processus physiologiques et pathologiques. l’apoptose, l’angiogenèse, avec des applications actuelles
Ont donc été développés des radiopharmaceutiques ciblant notamment dans le myélome.
des protéines, comme les récepteurs à la somatostatine Des traceurs de perfusion (82Ru, 13N, flurpiridaz) sont
(DOTATOC [31], DOTANOC [32], DOTATATE [33]), envisagés pour obtenir une quantification absolue du flux
surexprimés dans les tumeurs neuroendocrines, ciblant coronaire, afin par exemple de mieux dépister et séparer des
l’antigène membranaire spécifique de la prostate [34–36], patients tritronculaires équilibrés de ceux ayant exclusivement
surexprimé dans les cancers de prostate (mais également les des troubles de la microcirculation [42].
néovaisseaux), ou les récepteurs aux œstrogènes (FES [37]), Enfin, la TEP-IRM permet une approche séduisante d’analyse
avec des applications dans les cancers gynécologiques. Des compartimentale, les données IRM permettant d’extraire des
ligands fluorés au récepteur peptidique libérant la gastrine caractéristiques tissulaires avancées, comme une estimation de
(GRPR) comme la bombésine [38], mais également des la perfusion ou de la cellularité, et les données TEP permettant
intégrines, notamment l’αvβ3, une protéine transmembranaire une quantification dynamique de la concentration d’un
participant à la formation, à la survie et à la maturation des traceur. Par exemple, la quantification du volume de l’espace
vaisseaux sanguins et explorant donc la néoangiogenèse [39], extracellulaire peut être effectuée à l’aide de séquences IRM
ont aussi été étudiés. telles que la séquence MOLLI (T1 mapping) avant et après
Ces dernières années ont par ailleurs vu la médecine nucléaire l’injection de chélates de gadolinium en combinaison
se doter de nouveaux outils thérapeutiques pour les tumeurs avec la mesure de l’hématocrite. Certaines équipes ont
neuroendocrines et les cancers de la prostate métastatiques utilisé cette technique pour estimer la quantification in
en substituant les émetteurs de positons par des émetteurs vivo du potentiel de membrane mitochondrial cardiaque,
β- ou α, et délimitant une nouvelle discipline formée par ce permettant in fine la conversion d’adénosine diphosphate
couple diagnostique/thérapeutique : la théranostique. En en adénosine triphosphate, et ce en combinaison avec le
cours d’évaluation, d’autres cibles protéiques apparaissent

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163
Index

A – du côlon
Acide gadoxétique, 74 – – bilan d’extension initial par IRM corps entier, 74
Adénocarcinome – – transverse, métastase hépatique et, 80
– du côlon droit, 76 – du pancréas, TEP-IRM corps entier et, 153, 155
– du côlon gauche, 77 – du poumon, 67
Anomalies de réparation de l’ADN, 132 – du rectum, 77–78
Artéfact(s) en IRM corps entier, 15 – – métastase hépatique d’un, 76
– d’annulation de phase, 20 – – TEP-IRM corps entier et, 152, 154
– d’excitation croisée, 20, 21 – du rein, 67
– de déplacement chimique, 20 – – métastases osseuses d’un, 69
– de mouvement, 18, 19 – du sein, 66
– de non-linéarité des gradients, 18 – – métastases osseuses d’un, 67, 68
– de reformatage, 17 – gynécologique, TEP-IRM corps entier et, 157
– de repliement, 21 – hépatobiliaire, TEP-IRM corps entier et, 154
– de susceptibilité magnétique, 22, 51 – ORL, TEP-IRM corps entier et, 149
– de troncature, 21, 22 Carcinome hépatocellulaire, TEP-IRM corps entier et,
– de volume partiel, 19, 20 154, 156
– liés à l’équipement, 18 Carcinose péritonéale, cancer colorectal métastatique
– – herring bone, 18 et, 79
– – zipper, 18 Colonne bambou, 87, 89
– métallique, 22 Coxite, 88, 91
Articulations sacro-iliaques, IRM des, 92 CRAB, critères, 31, 159

B D
Bruit, 23 Dagger sign, 87, 89
Deep learning, 5
C Défaut d’annulation du signal de la graisse, 20
Cancer Dermatomyosite, 117, 141, 142
– colorectal, 71 Dystrophie(s)
– – bilan d’extension initial, 75 – musculaire(s), 105
– – interprétation de l’IRM, 73 – – congénitale
– – protocole d’acquisition IRM, 73 – – avec atteinte du collagène VI, 113
– – surveillance post-thérapeutique, 79 – – avec déficience en sélénoprotéine, 114
– de l’œsophage, TEP-IRM corps entier et, 152 – – avec déficit primaire en mérosine, 113
– de la base de langue, 152 – – de Duchenne, 109
– de la prostate, 10, 62 – – des ceintures, 110
– – métastase osseuse d’un, 65 – – facio-scapulo-humérale, 109, 110, 112
– – patients en récidive biochimique, 62 – myotonique
– – patients métastatiques, 65 – – de type 1, 109, 110
– – patients nouvellement diagnostiqués, 62 – – de type 2, 110
– – TEP-IRM corps entier et, 156 Dystrophinopathies, 109

165
Index

E – de Hodgkin, 45, 128


Exploration pulmonaire en IRM, 11 – – chez l’enfant, 127
– évaluation de la réponse thérapeutique, 53
F – indications de l’IRM corps entier, 51
Fasciite, 118 – interprétation de l’IRM
– IRM musculaire et, 116 – – bilan d’extension initial, 46
Fièvre inexpliquée, enfant et, 141 – – évaluation de la réponse thérapeutique, 48
Fracture(s) – non hodgkinien, 45
– de contrainte du sacrum, 96 – – chez l’enfant, 127
– du rachis, 94 – protocole d’acquisition de l’IRM, 45
–T
G
– – osseux, 129
GIST Voir Tumeur stromale gastro-intestinale – – périphérique, 47, 49
Glycogénose, 115 – TEP-IRM corps entier et, 158, 159
– de type 2, 115
M
H
MDA (MD Anderson), critères, 39
Hémato-oncologie pédiatrique, 121 Mélanome, 67
– interprétation et limites de l’IRM corps entier, 124 – métastase osseuse d’un, 64
– préparation à l’IRM corps entier et sédation, 123 Mercuri, classification de, 107, 108
– technique de l’IRM corps entier, 123 Métastases
Histiocytose langerhansienne, 125, 126 – cérébrales, cancer colorectal et, 79
– bilan d’extension initial, 125 – osseuses
– suivi et réponse au traitement, 127 – – de cancers solides, 57
Hypophosphatasie, 143 – – protocole d’acquisition IRM, 59
I – – sémiologie IRM, 59
Imagerie hybride TEP-IRM corps entier, 147 – – TEP-IRM corps entier et, 158
Infection d’origine indéterminée, enfant et, 141 MET-RADS-P, critères, 65
Installation du patient, IRM corps entier et, 5 Moelle osseuse
IRM corps entier – infiltration tumorale de la, myélome multiple et, 33, 34
– acceptabilité, 10 – IRM et, 59–62
– chez l’enfant, 123 – normale en IRM, 61
– – dépistage et prédisposition génétique aux cancers, 130 Myélome multiple, 7, 10, 29
– installation d’un patient, 5 – infiltration tumorale de la moelle osseuse et, 33, 34
– musculaire – IRM, 32
– – indications, 106 – – corps entier, 35
– – interprétation, 106, 108 – – séquences, 32
– – technique, 106 – radiographie standard, 31
– principes généraux, 3 – scanner du corps entier faible dose, 31
– recommandations sur les protocoles, 10 – suivi de la réponse au traitement, 35
– spécificités instrumentales, 5 – système MY-RADS, 10, 35, 40
– TEP-IRM corps entier et, 159, 160
L – TEP-TDM, 32
Leucémie, TEP-IRM corps entier et, 159 Myopathie(s)
LGMD (limb girdle muscular dystrophy), 110 – acquises, 103
– 1 liée à la calpaine 3, 111 – – classification, 105
– 2 liée à la dysferline, 110 – – IRM musculaire, 116
– R1 liée à la calpaine 3, 110 – de Becker, 110
– R12 liée à l’anoctamine 5, 110 – de Duchenne, 109–110
– R9 liée au gène FKRP, 110 – héréditaires, 103
Li-Fraumeni, syndrome de, 10, 124, 132 – – classification, 105
Lymphome(s), 43 – – congénitales, 105, 114
– B diffus à grandes cellules, 45, 51, 52, 54 – – IRM musculaire, 109
– cérébral primitif, 46 – – métaboliques, 105, 115
– de Burkitt, 48 – nécrosante à médiation immunitaire, 117

166
Index

Myosite à inclusions, 116 – SSH-EPI (single-shot echo-planar imaging), 6


MY-RADS, système, myélome multiple et, 10, 35, 40 – T2 Dixon, métastases osseuses et, 62, 64
– T2 mapping, 100
N
– VIBE, 9, 12
Neuroblastome, 130 Spondyloarthrite(s), 85
– surrénalien, 131 – axiale
Neurofibromatose de type 1, TEP-IRM corps entier et, 160, 161 – – classifications, 96
O – – critères de l’ASAS, 100
– – radiographies, 87
Ostéomyélite chronique multifocale récurrente, 137, 138, 139
– – sémiologie IRM, 92
Ostéosarcome, 130
– – séquences IRM, 90
Ostéose iliaque condensante, 96, 100
– axiale, radiographies, 88
P – – du rachis en entier, 89
Paragangliome, métastases osseuses d’un, 63 Spondylodiscite d’Andersson, 94
Pédiatrie Steinert, maladie de, 110
– hémato-oncologie en, 121 Syndesmophytes, 87, 88
– indications non oncologiques de l’IRM corps entier en, 135 Syndrome
– – technique, 137 – articulaire périphérique, 87
Polymyosite, 141 – des antisynthétases, 118
Pompe, maladie de, 115, 116 – enthésopathique périphérique, 87
Prédisposition génétique aux cancers, IRM corps entier et, 130 – pelvirachidien, 87
T
R
T2 shine-through, 48, 62
Radiopharmaceutiques innovants en TEP, 162
TEP-IRM
RECIST 1.1, critères, 39
– au 18F-FDG, lymphomes et,
Remplacement graisseux du contingent musculaire, 107
– corps entier, 147
Rhabdomyosarcome, 130
– – hémopathies malignes, 157
Rhumatisme psoriasique, 88, 98
– – indications oncologiques, 149
– périphérique, 94
– – neurofibromatoses, 160
Richter, syndrome de, 159–160
– – protocoles d’examens, 149, 151
S TEP-TDM
Sacro-iliite, 87–88, 90 – au 18F-FDG, lymphomes et, 51
– grades de, critères de New York modifiés, 90 – au PSMA, 65
– infectieuse, 95, 98 Théranostique, 162
– mécanique dégénérative, 95–96, 99 Trophicité des groupes musculaires, 107
Sarcoglycanopathies, 110 Tumeur
Sarcome, 130 – neuroendocrine, TEP-IRM corps entier et, 153
– d’Ewing, 67, 130 – stromale gastro-intestinale, 161
Schwannomatose, TEP-IRM corps entier et, 161 U
Séquence(s) IRM
UTE (ultra-short echo-time), séquence, 41
– anatomiques, 7
– avec injection de contraste, 7 V
– corps entier, lymphomes et, 46 VIBE (volume interpolated breath-hold examination),
– de diffusion corps entier, 5 séquence, 12
– – exemple de positionnement de différents paliers, 6
– Dixon, 7, 8 Z
– du protocole d’IRM corps entier, 10 ZTE (zero echo-time), séquence, 41, 100

167
Elsevier Masson SAS
65, rue Camille-Desmoulins,
92442 Issy-les-Moulineaux Cedex
Dépôt Légal : Octobre 2023

Composition : Aptara
Imprimé en Pologne par Dimograf

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