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LISTE DES ABREVIATIONS
BAD : Banque Africaine de Développement
BIANCO : Bureau Indépendant Anti-corruption
BIT : Bureau International de Travail
CGI : Code Général des Impôts
DGE : Direction des Grandes Entreprises
DGI : Direction Générale des Impôts
DGT : Direction Générale de Trésor
EDBM: Economic Development Board of Madagascar
IBS : Impôt sur les bénéfices des sociétés
IDE : Investissement Direct Etranger
IGE : Inspection Générale de l’Etat
IPVI : Impôt sur les plus-values immobilières
IR : Impôt sur les revenus
IRNS : Impôt sur les revenus non salariaux
IRSA : Impôt sur le revenu des salariés et assimilés
IRCM : Impôt sur les revenus des capitaux mobiliers
IS : Impôt synthétique
LF : Loi des Finances
LFR : Loi des Finances Rectificatives
MAP : Madagascar Action Plan
MFB : Ministère des Finances et du Budget
PED : Pays envoie de développement
PFT : Prélèvement fiscal total
PIB : Produit Intérieur Brut
SIGFP : Système Intégré de Gestion des Finances Publiques
TST : Taxe Sur les Transactions
TUPP : Taxe Unique sur les Produits Pétroliers
TUT : Taxe Unique sur la Transaction
TVA : Taxe sur les Valeurs Ajoutées
UM : Unité Monétaire
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LISTE DES TABLEAUX
iii
LISTE DES GRAPHIQUES
iv
SOMMAIRE
Pages
REMERCIEMENTS ..................................................................................................................... i
LISTE DES ABREVIATIONS .................................................................................................. ii
LISTE DES TABLEAUX............................................................................................................. iii
LISTE DES GRAPHIQUES ....................................................................................................... iv
INTRODUCTION ..................................................................................................................... 1
PARTIE I : Analyse théorique de la fiscalité et l’évolution du système fiscal malagasy
dans le temps
Chapitre I : Partie introductive à la fiscalité ............................................................................... 3
Section 1 : Les caractéristiques de la fiscalité ....................................................................... 3
Section 2 : Les rôles de la fiscalité ........................................................................................ 10
Chapitre II : Les évolutions du système fiscal Malagasy à travers le temps............................... 15
Section 1: Typologie des impôts ........................................................................................... 15
Section 2: Le système fiscal Malagasy et ses caractéristiques .............................................. 16
CONCLUSION ........................................................................................................................... 54
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 57
ANNEXES ......................................................................................................................................... I
INTRODUCTION
La combinaison des régimes fiscaux avec les principaux impôts constitue le système
fiscal malagasy. Mais ce système a rencontré des réformes et évolutions. Pendant ces derniers
temps, la fiscalité fait l’objet de vives critiques de la part de tous les acteurs économiques et
durant ces vingt dernières années, le système fiscal malagasy a subi des aménagements
structurels ayant pour objectif la simplification de la fiscalité et l’abaissement de l’importance
de certains droits et taxes. Ces réformes visent aussi à rétablir la solvabilité de l’Etat par
l’augmentation des ressources.
Nous pouvons penser que lorsqu’un pays procède à une réforme fiscale, il est à la
recherche du meilleur système fiscal possible. Ce « bon » système fiscal doit permettre aux
autorités d'un pays de mettre en œuvre la politique fiscale de la façon la plus efficace. Les
caractéristiques principales d'un tel système passent par une structure fiscale optimale
permettant de générer des revenus suffisants, l'atteinte de l’efficacité économique, le respect
de l’équité, la simplicité de gestion et de conformité, le tout avec une administration fiscale
efficace et transparente. Bien évidemment, il est pratiquement impossible d’atteindre à la fois
toutes ces caractéristiques. Bien que nécessaires pour financer les activités gouvernementales,
les impôts créent généralement des distorsions dans les décisions économiques. Dans ce
contexte, le système fiscal sera considéré comme « bon » lorsqu’il permet d’atteindre les
besoins financiers d’un État tout en minimisant les impacts négatifs sur l’efficacité
économique.
Entreprendre une réforme du système fiscal d’un pays ne se résume pas simplement à
l’élaboration de modifications fiscales. En effet, ces dernières peuvent survenir plus
fréquemment et contrairement à la réforme, elles s’additionnent et s’harmonisent à la fiscalité
déjà existante. Par exemple, le budget annuel de l’État est composé de modifications fiscales
qui ne représentent pas des réformes fiscales. Lorsqu’il s’agit d’une réforme fiscale, les
changements sont plus importants, ils affectent la structure du système existant. La réforme
est l’aboutissement d’un processus complexe qui se planifie et s’organise sur une longue
période.
Les recettes fiscales constituent la principale source de revenus des Etats modernes.
La tendance mondiale à la libération des échanges entrainant le mouvement des capitaux et
1
de la main d’œuvre ainsi que la création de zones de libre-échange et d’un marché commun,
fait que les recettes douanières ont significativement perdu de leur importance au profit des
recettes domestiques. Bien entendu, la collecte de l’impôt est nécessaire au fonctionnement de
base de l’Etat et permet au gouvernement de soutenir, de promouvoir et d’orienter le
développement économique du pays. Cependant, il faut s’interroger sur les impacts de la
modification de la politique fiscale, c’est-à dire d’une fiscalité axée sur les recettes douanières
vers une fiscalité axée sur les recettes intérieures et également sur les conséquences sur les
modes d’interventions gouvernementales. De plus, la tendance économique universelle, dans
un contexte de mondialisation, semble modifier le rôle des gouvernements. Dorénavant,
l’intervention gouvernementale se limite à favoriser l’émergence de conditions optimales au
développement des acteurs économiques. Outres ces conditions optimales, l’intervention
gouvernementale doit se concentrer sur des enjeux où les intérêts de la société en général
divergent ou ne coïncident pas avec ceux du secteur privé.
Malgré les efforts à travers ces réformes, le résultat est encore décevant, le taux de
pression fiscale reste toujours faible voire régresse. Le pourcentage des recettes fiscales par
rapport au PIB tourne autour de 9% alors qu’il varie de 18% à 30% dans les autres pays à
faible revenu comparable.
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PARTIE I : Analyse théorique
de la fiscalité et l’évolution
du système fiscal malagasy
dans le temps
Chapitre I : Partie introductive à la fiscalité :
Il faudrait bien plus qu’un mémoire pour pouvoir appréhender toutes les facettes de la
fiscalité. Il s’agit en effet d’une matière qui est riche en théories et qui ne peut survivre que
par une évolution permanente sous la pression de la prise en considération importante de la
pratique.
La fiscalité est un des axes principaux qui intervient dans le cadre du développement
du pays et de l’économie en général. Elle engage une multitude d’acteurs dont l’organisation
fiscale elle-même. Nous n’aurons même pas le temps d’étudier en détails les rôles respectifs
des entités composant l’Administration Fiscale. Ainsi, nous allons nous focaliser dans la
première section sur les caractéristiques de la fiscalité.
a- définitions :
L’impôt est une prestation pécuniaire qu’une collectivité publique exige, en vertu de sa
souveraineté, des personnes qui sont soumises, en vue principalement de couvrir ses besoins
financiers et sans qu’à ce paiement corresponde une contre-prestation déterminée. Les
éléments de base sont donc :
- une mesure coercitive émanant du pouvoir souverain ;
- un paiement ;
- une prestation pécuniaire inconditionnelle, c’est-à-dire sans contrepartie directe en terme de
service collectif.
3
L’impôt est prélevé selon le principe de la capacité contributive 1
La taxe fait partie des contributions causales. Elle est une contribution publique spéciale
qu’une collectivité publique exige d’un administré, soit en échange d’un service rendu ou
d’un avantage procuré à cet administré (taxe d’utilisation), soit en contrepartie d’une dépense
publique provoquée par lui (taxes administratives ou émoluments administratifs). Les
éléments de base sont donc :
- une prestation pécuniaire ;
- une prestation conditionnelle.
La taxe et les redevances d’utilisation sont des sortes de “prix publics“ prélevés selon le
principe d’équivalence, dit aussi “utilisateur-payeur“ et “pollueur-payeur“.2
La fiscalité est l’ensemble des supports juridiques qui régit tout prélèvement fiscal. Dans sa
forme, tout prélèvement fiscal ne peut se faire sans l’existence d’un support juridique qui lui
donne la légitimité.
b- le champ d’application
1
AFF, 2008, Finances publiques en Suisse 2006, Berne, série 18
2
AFF, 2008, Finances publiques en Suisse 2006, Berne, série 18
3
AFF, 2008, Finances publiques en Suisse 2006, Berne, série 18
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Il y a généralement trois grandes opérations effectuées par l’administration fiscale en
matière d’établissement d’impôt :
- L’assiette de l’impôt :
Pour déterminer l’assiette de l’impôt, on va procéder d’abord au choix des éléments qui
constituent la base de l’impôt puis à l’évaluation de la matière imposable.
Evaluation directe :
5
Evaluation de la matière imposable par l’administration fiscale. Or une telle
méthode n’est jamais dépourvue d’arbitraire et se rapprocherait de l’imposition
d’office.
Une deuxième méthode utilisée notamment pour l’impôt sur les revenus. C’est
le contribuable lui-même qui est amené à faire sa propre déclaration. Cela
implique que le contribuable soit sincère dans sa déclaration et que
l’administration dispose des moyens nécessaires pour effectuer des contrôles.
Evaluation par voie d’indices :
Le forfait est dit légal quand la loi fiscale fournit à l’administration tous les
éléments qui lui permettent de déterminer le forfait et le montant de l’impôt à
payer par le contribuable.
Le forfait est dit conventionnel lorsque la détermination de la base
d’imposition provient d’une discussion et d’une convention entre le fisc et le
contribuable.
- La liquidation de l’impôt :
Elle soulève un certain nombre de question, il convient alors de distinguer deux notions
qui sont souvent confondues : le tarif et le taux : le tarif de l’impôt est défini comme
l’ensemble des règles qui déterminent les opérations à effectuer sur la valeur de la matière
imposable pour obtenir le montant de l’impôt, par contre, le taux de l’impôt est le pourcentage
du prélèvement opéré par le fisc sur un élément de la matière imposable.
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Le tarif spécifique et le tarif ad valorem
o Le tarif est spécifique lorsqu’il porte sur les quantités physiques c’est-à dire
exprimé en UM ou en nombre d’objet, en nombre de volume.
L’avantage essentiel de cette technique réside dans sa simplicité, en plus, il est concret
mais il n’est pas applicable lorsqu’il s’agit d’importance de différence qualité.
On entend par impôt proportionnel, un impôt dont le taux est constant. Par contre, l’impôt
progressif est un impôt dont le taux s’accroit au fur et à mesure que la quantité de matière
imposable augmente. Par exemple, les taux diffèrent au fur et à mesure que le revenu du
contribuable augmente : un revenu de 10000 UM est imposé à 10%, un revenu de 100000 UM
à 15%, celui de 1000000 UM à 20%, etc.
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La personnalisation de l’impôt
Le type d’impôt qui est assis sur la situation personnelle du contribuable, comme l’impôt
sur le revenu, est caractérisé aussi d’impôt personnel par opposition d’impôt réel.
- Le recouvrement :
Le recouvrement consiste à faire entrer l’impôt dans les caisses du trésor, c’est-à dire que
le contribuable doit s’acquitter. En principe, le paiement est volontaire mais dans des
nombreuses hypothèses, l’administration fiscale met en œuvre de multiples opérations
destinées à faire verser par le contribuable le montant de l’impôt au Trésor public.
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connaissance du fisc. C’est le principe qui est appliqué en matière de
contributions indirectes (TVA, Droit d’enregistrement, Droit de douane,…)
Les procédures de recouvrement :
o Le recouvrement en l’absence de rôle :
En l’absence de rôle, le paiement volontaire est la règle. Pour le TVA par
exemple, c’est l’entreprise ou le commerçant lui-même qui calcule le montant
à payer, qui déclare au fisc et qui verse l’impôt. L’impôt est également
recouvré par le procédé de l’apposition de timbres sur des écrits ou sur certains
objets passibles de droits indirects. Il peut être également recouvré sous la
forme d’enregistrement.
o Le recouvrement par voie de rôle :
C’est surtout le cas de l’impôt sur le revenu. La mise en recouvrement est
portée à la connaissance des contribuables par les avis d’imposition qui leur
sont adressés. Ces avis indiquent aux contribuables les bases d’imposition
retenues, le total d’impôt à acquitter, la date d’exigibilité et éventuellement la
date limite de paiement à partir de laquelle des pénalités de retard sont
appliquées. L’impôt ainsi payé est fait sous déduction des acomptes déjà
versés.
L’Etat dispose de sources de financement autres que l’impôt à savoir l’emprunt public et les
dons mais l’impôt reste indispensable pour assurer la soutenabilité des finances publiques.
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Financement par impôt permet aux impôts de jouer leur rôle traditionnel de prix des politiques
publiques offertes, car la dépense et son financement sont simultanés, la contrainte budgétaire
étant fixée.
b- L’objectif d’incitation :
L’Etat intervient en utilisant cet objectif dans les deux axes suivants:
c- L’objectif d’équité :
- Le traitement égal des contribuables aux revenus comparables, c’est-à dire équité
horizontale ;
- Le traitement différent des contribuables aux revenus différents, ou équité verticale,
souvent assurée par l’intermédiaire du volet impôt sur le revenu du système fiscal.
d- Autres objectifs :
Une cohésion politique et sociale, l’éducation, la santé, gestion des ressources naturelles,…
En raison de ses incidences, l’impôt est aussi un moyen d’action dont l’Etat dispose
pour intervenir dans la vie économique.
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L’interventionnisme fiscal peut poursuivre deux finalités distinctes :
But conjoncturel :
La politique mise en œuvre consiste à majorer ou à minorer les taux de certains impôts (IRNS,
IBS, TVA) pendant une période limitée, de façon à agir soit sur les prix soit sur la
consommation ou l’investissement dont les effets se présentent comme suit :
But structurel :
Il s’agit dans cette perspective d’inciter les agents économiques à modifier et à développer
leur système productif. C’est ainsi qu’on a institué des exonérations des taxes à l’exportation
DA (Droit d'Accise, par exemple : zone franche), création d’entreprise (exonération de 6
mois)
Comme dans le rôle social, en réduisant le taux d’imposition, notamment les impôts
indirects, la consommation des biens et services augmente car il y a une hausse du revenu
disponible du consommateur. En plus, cette réduction fiscale a un impact positif sur les
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ménages puisqu’ils obtiennent une condition de vie meilleure qui, entraine une hausse de la
consommation des biens et services, pourraient satisfaire ses besoins essentiels dus à cette
partie de revenu affectée à la dépense de la santé, éducation,….
La politique de réduction fiscale affecte aussi les entreprises car elle accroitra le
niveau d’investissement grâce à la diminution du coût de production, par conséquent, une
création massive d’emplois. Mais la politique de réduction fiscale ne devrait être qu’une
politique fiscale sélective c’est-à dire réduction fiscale pour certaines activités économiques
comme l’agriculture, le transport,…
Pour certains pays, ils adoptent même le paradis fiscal pour attirer un bon nombre
d’investisseur.
La recette fiscale est la première ressource du budget général de l’Etat. Dans ce cas, il
faut prendre des mesures nécessaires pour améliorer le rendement fiscal d’une part ; et
d’établir une meilleure allocation des ressources pour éviter le déficit d’autre part.
En cas de défaillance de marché intérieur c’est-à dire lorsque les trois grands types
d’imperfections de marchés suivantes apparaissent : l’existence de biens publics (depuis A.
Smith), l’existence de monopôles, incluant l’existence de monopôles naturels (depuis Smith
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également), l’existence d’externalités (depuis Pigou) 4, la fiscalité sert, dans ce cas, comme
instruments de règlementation du marché monopolistique et internalisation des externalités
négatives.
La progressivité de l’impôt sur le revenu vise à améliorer l’équité, mais elle renforce
également l’incitation à minimiser l’impôt dû, dans la mesure où les contribuables à haut
revenu peuvent recourir à des déductions et abattements fiscaux, notamment en cotisant à des
fonds de pension ou en acquérant un logement ou un autre bien bénéficiant d’avantages
fiscaux. De plus, même s’il ne s’agit pas encore d’un problème de grande ampleur, les
titulaires de hauts revenus peuvent avoir une plus grande propension à la mobilité en
s’établissant dans les pays où les hauts revenus sont moins fortement taxés. Si l’on maintient
des taux marginaux élevés d’imposition dans ces conditions, le système fiscal perd de son
efficience sans y gagner beaucoup en équité. Il faudrait poursuivre l’effort entrepris pour
réduire les taux marginaux d’imposition des revenus élevés tout en élargissant l’assiette par
une limitation des déductions spéciales, surtout dans les pays où la répartition des revenus
avant impôt est étroite. De fait, lorsque les possibilités de mobilité économique et sociale
s’accroissent, l’équité horizontale (les individus se trouvant dans la même situation
économique doivent acquitter un impôt d’un même montant) peut progressivement l’emporter
sur l’équité verticale (les titulaires de revenus plus élevés doivent acquitter un impôt
4
Pierre-Noël Giraud : « Initiation à l’économie », Ecole des mines de paris, 2003
13
représentant une plus forte proportion de leur revenu) en vue d’une plus grande justice
fiscale5.
L’impôt sur la consommation : c’est l’impôt sur les biens et services supporté par les
consommateurs. En réduisant indirectement le taux d’imposition, les consommateurs
peuvent augmenter leur pouvoir d’achat mais cette réduction ne devrait pas s’appliquer à
tous les catégories des biens et services. On l’applique seulement aux produits de besoins
vitaux comme les produits alimentaires de base, la santé,… . Par contre, les biens de
luxe et les produits qui porteront une perte de bien-être social comme les cigarettes, les
tabacs, et les boissons alcooliques, ne peuvent pas faire l’objet de réduction de taux
d’imposition.
L’impôt sur le revenu : c’est l’impôt qui frappe les revenus des contribuables, des
personnes physiques ou morales, une richesse qui se renouvelle périodiquement.
Un bon impôt progressif intègre à la fois des majorations de taux et des taux très bas,
voire des exonérations pour les petits contribuables. Le rendement de ce type d’impôt
doit s’apprécier par la manière dont la richesse est repartie dans un pays donné. Si une
bonne partie de la richesse est détenue par les gros contribuables, l’application de l’impôt
progressif entrainera un rendement plus élevé des recettes fiscales.
L’impôt sur la fortune : c’est l’impôt qui frappe les grandes fortunes. Il permet aussi de
repartir les richesses concentrées entre les mains des personnes minoritaires et de couvrir
les dépenses publiques octroyées à la population défavorisée.
5
AFF, 2008, Finances publiques en Suisse 2006, Berne
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Chapitre II : Les évolutions du système fiscal Malagasy à travers le temps :
Depuis les années 80, le système fiscal Malagasy ne cesse pas de subir des ajustements
et réformes pour des nombreuses raisons. Dans ce chapitre, nous allons tenter d’énumérer les
types des impôts avant de faire une constatation du système fiscal en deux grandes parties :
avant 1980 et après 1980.
Nous allons résumer les types des impôts constituant le système fiscal Malagasy dans
le tableau 1 intitulé « Résumé du système fiscal (2006) » (voir Annexe)
15
Section 2: Le système fiscal Malagasy et ses caractéristiques :
Le premier stade est relié aux sociétés traditionnelles. Dans ce cas-ci, les recettes fiscales
proviennent essentiellement de taxes directes comme les taxes sur le bétail, sur la production
agricole ou sur les terrains ainsi que sur les taxes de capitation. Le deuxième stade arrive avec
l'ouverture du commerce extérieur par l'introduction de droits de douane. Quant au troisième
stade de politique fiscale, il apparaît lorsque la monétisation de l'économie et la production
domestique augmentent. Dans cette dernière étape, l'importance des droits de douane et autres
éléments de la fiscalité de porte diminuent par rapport aux taxes modernes directes. Ainsi,
l’impôt sur le revenu, une taxe généralisée et payée par tous, connaît une importance accrue.
D’ailleurs, à Madagascar comme dans la plupart des pays en développement comparables,
jusqu’à tout récemment, l’importance des droits de douane nous indiquait qu’il se situait à la
transition entre la deuxième phase et la troisième phase du processus de développement fiscal.
Avant 1980 le système fiscal Malagasy est un héritage du système fiscal français de
principales caractéristiques suivantes :
6
Francis ANDRIANARISON, Pression, Structure et Reformes fiscales a Madagascar,
Juillet 1996
16
De 1895 à 1972, on remarqué aussi qu’il un impôt de capitation c’est-à dire un impôt par
capital : les personnes imposables sont les personnes âgées de 21 ans à 65 ans, les indigènes et
autochtones.
Réformes après réformes, on a constaté l’état des lieux du système fiscal Malagasy
comme suit :
7
Francis ANDRIANARISON, Pression, Structure et Reformes fiscales a Madagascar,
Juillet 1996
17
conforme aux objectifs des programmes. Ce qui s’explique en partie par les déficiences
constatées au niveau de la conception, de l’exécution et de l’échelonnement des réformes
fiscales.
Une analyse de la structure fiscale malgache montre que les ressources fiscales
proviennent en majeure partie des importations et des échanges sur les biens et services. En
moyenne, elles représentent 65% des recettes fiscales en 84-88, et 76% en 89-95. En 1995, les
importations et les échanges de biens et services contribuent à 83% des revenus fiscaux. Cette
augmentation résulte de la hausse des droits et taxes sur les importations après la réforme de
1988. Les taxes sur les importations comprennent les droits de portes (droit de douane (DD) et
la taxe d’importation (TI)), la TUT (remplacée par la TST), et la taxe unique sur les produits
pétroliers (TUPP). Les impôts sur les biens et services qui comptent 31,6 % des recettes
fiscales en 1992 et 27,5% en 1993-95 concernent principalement la TVA et le TST. Ce sont
des taxes indirectes qui frappent le secteur de production et les échanges des biens et
services8.
8
Francis ANDRIANARISON, Pression, Structure et Reformes fiscales a Madagascar,
Juillet 1996
9
Francis ANDRIANARISON, Pression, Structure et Reformes fiscales a Madagascar,
Juillet 1996
18
PARTIE II : Les causes des
réformes et la réforme fiscale
de 2008
L’impôt procure à l’État les ressources dont il a besoin pour s’acquitter de ses
fonctions essentielles. Toutefois, il entraîne pour ce dernier, un ensemble de coûts directs liés
à la perception, et d’autres coûts dus à ses effets sur l’efficacité de l’affectation des ressources
et sur l’équité de la répartition du revenu. Les pouvoirs publics semblent considérer que de
l’ensemble des politiques macroéconomiques, la politique fiscale est celle qui leur appartient
en propre. En outre, l’augmentation des recettes fiscales, malgré les difficultés qu’elle risque
de présenter, est généralement plus facile à appliquer, au plan politique, que la compression
des dépenses. Cela est d’autant plus vrai qu’une part grandissante des dépenses budgétaires
doit être affectée au service de la dette et celui-ci signifie un autre coût, ce qui limite d’autant
la marge de manœuvre des pouvoirs publics. Tous ces facteurs expliquent l’importance
attachée par les pouvoirs publics aux questions fiscales et les préoccupations qu’elles
suscitent. Les réformes fiscales doivent aussi occuper l’avant-scène, le plus souvent à cause
de la nécessité croissante, pour les États, d’accroître leurs ressources. Dans le but d’améliorer
l’efficacité, l’équité, la neutralité et la faisabilité administrative (simplicité) du système fiscal,
une hausse perceptible du ratio recettes fiscales/PIB, doit être prise en compte. Ainsi, même si
les réformes fiscales ne sont pas obligatoirement motivées par une augmentation des recettes,
il semble que cela ait généralement été le cas. Toutefois, dans les pays dotés d’un système
fiscal relativement neutre et à assiette large, les recettes fiscales sont stables ; de plus, il existe
des possibilités de réduction des dépenses ; ainsi, la réforme fiscale doit mettre l’accent sur
une réduction des dépenses à cause des coûts remarquablement élevés liés à l’impôt.
Dans cette partie, nous allons voir dans le premier chapitre les causes des réformes
fiscales et dans le second chapitre la réforme fiscale de 2008.
19
Chapitre I : Les causes des réformes fiscales
L’impôt est le seul moyen pratique, pour les pouvoirs publics, d’obtenir des ressources
dont il a besoin pour offrir les produits et services publics exigés par une majorité d’entre
nous. Toutefois, la mise en place d’un système fiscal efficace et équitable n’est pas une mince
affaire, notamment pour les PED qui souhaitent réaliser leur intégration dans l’économie
internationale. Un système idéal devrait permettre à ces pays d’obtenir les recettes essentielles
dont ils ont besoin sans devoir emprunter à l’excès, décourager l’activité économique ni
s’écarter outre mesure des régimes fiscaux en vigueur dans d’autres pays.
Dans ce premier chapitre, nous allons tenter de dégager les raisons pour lesquelles
l’Etat s’engage dans cette réforme.
a- Impôts directs
Ces impôts comprennent l’impôt sur les revenus : Impôt sur les bénéfices des sociétés
(IBS) et l’impôt général sur les revenus (IR), l’impôt synthétique (IS), l’impôt sur les revenus
salariaux et assimilés (IRSA), puis l’impôt sur les revenus de capitaux mobiliers (IRCM) et
enfin l’impôt sur les plus values immobilières (IPVI). Cet ensemble d’impôt constitue la
majorité de ce que nous qualifions d’impôts directs. A noter que l’impôt direct est un
prélèvement fiscal qui reste définitivement à la charge de l’individu. A l’opposé, l’impôt
10
Code général des impôts (CGI) suivant la loi des finances de 2011
20
indirect est un prélèvement fiscal pour lequel le contribuable répercute sur autrui la charge
qu’il a subie.
b- Impôts indirects
Les impôts indirects sont constitués par la fameuse taxe sur la valeur ajoutée, les
droits d’accises, ainsi que les droits et taxes divers comprenant les prélèvements sur les
produits alcooliques et alcoolisés et les prélèvements sur les produits des jeux. Ensuite, la
dernière catégorie d’impôts, les autres droits et taxes, comprend le reste des différents types
d’impôts, entre autre les taxes de consommation, les redevances sur produits, les taxes sur
produits pétroliers, les taxes sur les assurances…
Certes, le constat est que le système fiscal malgache possède à peu près la plupart des
impôts modernes existants dans le monde. Cependant, parmi ces impôts, il y en a qui
procurent des niveaux de recettes fiscales qui sont très en dessous des prévisions alors que
leurs traitements ont été coûteux. Ce genre d’impôt n’est donc réellement pas profitable à
l’administration fiscale, mais plutôt anti-économique.
21
1-3 Prépondérance du régime déclaratif
A Madagascar, le système de déclaration des impôts est dans la plupart des cas, un
système de déclaration contrôlée. Le contribuable remplit sa déclaration d’impôts lui-même,
ou appelle à l’intervention d’un spécialiste en fiscalité. Après qu’il ait rempli sa déclaration,
l’administration fiscale procède à la vérification de la dite déclaration d’impôts. Ce mode de
déclaration comporte autant d’avantages que d’inconvénients. Seulement, le fait est que les
contribuables ont encore une marge de manœuvre pour procéder à une évasion fiscale car les
systèmes de contrôle ne sont pas réellement adaptés à ce genre de système de déclaration.
La recette fiscale malagasy a connu une fluctuation annuelle de 1999 à 2006, donc les
recettes totales de l’Etat elles-mêmes qui sont instables. De l’autre côté, on constate une
augmentation incessante des dépenses ce qui entraîne une intensification du déficit
budgétaire.
Face à ce déficit, l’Etat a fait une révision à la hausse du budget. L’objectif de cette
révision est de contribuer, aux côtés des bailleurs, à la consolidation et à la sécurisation des
recettes budgétaires de l’Etat.
2.2.1. Le PIB11 :
En 2005, l’expansion de l’activité économique s’est tassée, tombant à 4,6%, après une
progression de 5,3% en 2004. Le PIB réel n’a dépassé que de 1,8 point la croissance
démographique contre 2,5 points un an auparavant. Le revenu par habitant a également connu
une augmentation moindre de 2,4% en 2004 à 1,7% en 2005. Le repli de la croissance en
2005 a résulté du léger ralentissement de la demande intérieure conjugué à la détérioration des
termes de l’échange.
Pour l’année 2006, il a été marqué par une croissance légèrement supérieure à celle de
l’année précédente. En effet, la croissance du PIB s’est établie à 4,9% après 4,6% en 2005.
En 2005, la balance courante s’est soldée par un déficit de 394,9 millions de DTS contre
311,0 millions de DTS en 2004, représentant respectivement 10,5 % et 11,5 % du PIB
nominal. Cette situation est essentiellement due à l’aggravation du déficit commercial qui est
passé de 294,5 millions de DTS en 2004 à 398,1 millions de DTS en 2005. Néanmoins, les
réserves officielles de la banque centrale ont augmenté de 6,9 millions de DTS, grâce à
l’importance des aides extérieures12.
11
Rapport annuel de la banque centrale de Madagascar -2005-
12
Rapport annuel de la banque centrale de Madagascar -2005-
13
Rapport annuel de la banque centrale de Madagascar -2006-
23
a- Les importations 14
Par rapport à l’année 2004, les importations ont légèrement baissé de 3,3 % en termes de
valeur, de 1133,6 millions de DTS à 1096,4 millions de DTS en 2005. Cette baisse est liée au
ralentissement des importations des biens d’équipement de 5,9 %, des biens du « Autres
Régimes Douaniers » de 15,2 % et des importations des entreprises de la « zone Franche » de
25,6 %, bien que les prix moyens unitaires aient été en hausse d’au-moins 13 %. En termes de
volume, celle-ci ont chuté respectivement de 16,8 %, de 20,2 %, de 42,7 % et de 35.3 %. Ce
recul des importations a été en partie imputable à la levée de la détaxation à fin septembre
2005.
En ce qui concerne l’année 2006, les importations ont connu une augmentation nominale
de 5,3 % passant de 981,7 millions de DTS en 2005 à 1034,0 millions de DTS. En 2006
Les exportations des biens ont également diminué, mais à un rythme largement supérieur
à celui des importations : 669,1 millions de DTS en 2004, contre 533,9 millions en 2005, soit
une chute de plus de 20 % en valeur. Cet essoufflement des exportations de biens provient de
l’effondrement des prix de la vanille, de la faible performance des exportations de crevettes et
du démantèlement de l’accord multifibre qui a eu un impact négatif sur l’activité des
entreprises. En définitive, entre 2004 et 2005, le déficit de la balance commerciale s’est
aggravé de plus de 100 millions de DTS.
14
Rapport annuel de la Banque Centrale de Madagascar -2006-
15
Rapport annuel de la Banque Centrale de Madagascar -2006-
24
D’après les données du MFB, il y a un épanouissement du taux d’investissement à
Madagascar en 2007. Ce taux d’investissement passe de 24% du PIB en 2004 à 31,1% en
2007. En fait, ce taux d’investissement est autour de 20% de son PIB dans les pays en
développement.16
Pourtant ce taux d’investissement est encore insuffisant pour atteindre une efficacité
économique.
Pour promouvoir donc les IDE et pour améliorer le climat de l’environnement des affaires
à Madagascar, des réformes fiscales ont été entreprises pour résoudre ces problèmes.
L’objectif principal de cette réforme est d’attirer un grand nombre d’investisseurs tout en
promouvant le développement des entreprises locales, surtout assurer l’entrée des recettes aux
administrations fiscales.
Impôt sur les bénéfices : exonération totale d'impôts sur les bénéfices pendant une période
variant de 2 à 15 ans et un taux IBS fixe de 10 % pour les années suivantes (un taux trop
faible et cela devrait être de 3 à 5 ans. Pourtant, les entreprises industrielles en zone franche
réalisent de superbénéfice pour l’exportation de 95% de leur production (notamment textile)
aux Etats unis, au japon, ou accessoirement en Europe)
16
Rapport de la Banque Mondiale – 2008-
25
Impôt sur les revenus des capitaux mobiliers (IRCM) :
- Imposition sur les dividendes distribués au taux de 10% (taux de droit commun de
25%) ;
- Exonération de tous droits et taxes à l’exportation sur les biens et services exportés ;
- Franchise des droits à l’importation et du droit d’accises sur la totalité des
Importations ;
- Régime de zone franche est soumis à la TVA de 20% sur les achats et les importations
mais ouvre droit au remboursement de cette taxe. ;
- Libre accès aux devises et liberté de transfert ;
- Assouplissement des réglementations en matière d'emploi, de visa et de change ;
- Impôt sur le salaire des expatriés payé par les entreprises franches est limité à 35% de
la base imposable et les transferts sont libres.
Tableau 2: Les régimes d’entreprise franche
Les régimes fiscaux sont classés par types d’impôts. La combinaison de ces derniers
avec les principaux impôts constitue le système fiscal malgache. Mais ce système a rencontré
des réformes et évolutions. C’est ce que nous allons essayer de développer dans Les
constatations récentes de la fiscalité à Madagascar.
Tout comme les pays en développement, Madagascar a connu une montée incessante
de nombre des activités informelles consécutivement à la crise politico-économique
chronique. Les secteurs informels deviennent dominants alors que l’évasion fiscale devient de
26
plus en plus fréquente, par conséquent, la recette fiscale se dégrade et donc une diminution ou
érosion de recette budgétaire de l’Etat. Dans cette section nous allons donc montrer
l’importance des secteurs informels.
Depuis son apparition au début des années 70 dans le lexique des économistes
s’intéressant aux questions de développement, le terme « secteur informel » a longtemps posé
problème. Bien qu’il ait donné lieu à une véritable pléthore d’études thématiques, ni le
concept théorique de secteur informel, ni les définitions opérationnelles mises en œuvre pour
l’appréhender statistiquement n’ont fait l’objet d’un véritable consensus. Cette confusion a
même conduit certains auteurs à en rejeter la pertinence scientifique.
Cependant, la situation s’est notablement clarifiée au début des années 90, avec l’adoption
par deux organismes internationaux de référence, le BIT et le bureau des statistiques des
Nations Unies, de résolution visant à la fois à définir le secteur informel, à l’intégrer dans un
cadre cohérent : celui du nouveau Système de Comptabilité Nationale, et à en permettre la
mesure concrète.
Le secteur informel peut être décrit comme un ensemble d’unités produisant des biens
ou des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes
concernées. Les unités de production du secteur informel (UPI) présentent les caractéristiques
particulières des entreprises individuelles (le propriétaire est totalement responsable des
obligations financières et non financières entreprises par l’UPI). Elles opèrent à petite échelle,
avec un faible niveau d’organisation, et avec peu de division entre le travail et le capital en
tant que facteurs de production. Elles ne sont pas nécessairement réalisées avec l’intention
délibérée de se soustraire aux réglementations publiques (impôts, cotisations sociales,
législation du travail,…), même si la plupart d’entre elles ne sont pas dûment enregistrées.
D’un point de vue opérationnel, les UPI peuvent être définies, compte tenu des circonstances
nationales, selon un ou plusieurs des critères suivants :
27
ces trois dimensions relèvent de logiques économiques différentes, impliquent différents types
d’acteurs, et des méthodes de mesures propres à chacune.
- Lourdeur et complexité des procédures y afférentes ceux qui incitent l’évasion fiscale ;
- La totalité des impôts versés à l’Etat est une proportion très considérable des revenus.
Par contre, la contrepartie de ces impôts est minime par rapport aux montants versés.
Mieux vaut tout de même remarquer que le taux de recouvrement fiscal dépend de
l’incivisme fiscal.
Non seulement, le taux de pression fiscale est notoirement insuffisant, mais en plus,
Madagascar est engagé dans un processus de transition fiscale qui aura pour effet de réduire la
base imposable actuelle. Celle-ci repose principalement sur la défiscalisation de certains
activités à savoir : les transactions internationales, dans le but d’intégrer dans l’économie
17
Cette définition a été tirée de la définition du « secteur informel » de la BIT
28
mondiale ; la suppression des taxes sur les exportations et les importations de certains
produits et enfin une mesure défiscalisation des entreprises franches pour promouvoir les IDE.
Dans ces conditions, la fiscalisation du secteur informel est une nécessité. En fait, le
problème fiscal se pose aussi bien pour le secteur informel que pour l’agriculture de type
familiale. En effet, si l’on ajoute au secteur informel l’agriculture familiale, c’est près de la
moitié du PIB qui se trouve massivement sous – fiscalisé.
Le manque à gagner potentiel est donc loin d’être négligeable. Il ne s’agit pas tant d’une
question d’équité, puisque informels comme agriculteurs forment le gros bataillon des
pauvres à Madagascar, qu’une question de civisme. En effet, comment légitimer l’impôt à
Madagascar quand plus de 90% de la population (soit la part de ces deux secteurs dans le total
des emplois du pays) n’y contribuent pas ? Pour mettre en œuvre une politique publique
ambitieuse et pour que l’Etat puisse asseoir sa crédibilité, il est nécessaire que l’ensemble des
citoyens participe à l’effort fiscal de la Nation.
Nous pourrons être amenés à nous demander quels avantages pourraient retirer les
opérateurs informels du fait du projet de l’Etat de les fiscaliser. En théorie, ces avantages sont
de deux ordres : d’une part, les recettes publiques sont supposées bénéficier à l’ensemble de la
Nation en permettant à l’Etat d’administrer le pays (police, justice, cadre réglementaire,…), et
de fournir un certain nombre de biens publics nécessaires au développement (infrastructure,
santé, éducation,…) ; d’autre part, la légalisation des activités informelles, dont le respect de
la législation fiscale est un élément essentiel, est censée réduire leur coûts de transaction. Etre
en règle avec l’Etat réduit la probabilité de contrôle et de harcèlement de la part des agents
publics (amendes, corruption, fermeture,…). Mais c’est aussi une condition préalable pour
bénéficier d’un certain nombre de services aux entreprises (publiques et privées) comme
l’accès aux marchés publics, aux grossistes, aux importations, aux institutions de crédit, aux
programmes de promotion,…. En réalité, étant donné l’inadéquation des instruments des
services existants aux besoins de micro – entreprises à Madagascar, il est possible que la
fiscalisation du secteur informel ne soit pour lui qu’un coût supplémentaire, sans contre partie
tangible. Ainsi par exemple, rendre accessible le crédit bancaire aux opérateurs informels
régularisés ne garantit en rien que ces derniers y auront recours si les taux d’intérêt ou les
montants minima sont trop élevés, si les cautions exigées ne peuvent pas être apportées,….
29
Chapitre II : La réforme fiscale de 2008
30
une fiscalité ne jouant pas son rôle de principal levier de la politique socio-
économique du Gouvernement, en conformité avec la « Vision, Madagascar
naturellement » ;
un manque de visibilité pour l’évolution future de la fiscalité en général et en
particulier sur les secteurs stratégiques définis par le MAP (Mines, Tourisme,
Agriculture) ;
un droit fiscal instable, pas assez sécurisé et ne renforçant pas l'attractivité de
Madagascar pour les investissements directs internationaux.
Par ailleurs, malgré les progrès accomplis, l’administration fiscale se caractérise
encore par :
- une structure organisationnelle prenant insuffisamment en compte les diverses
catégories de contribuables et une affectation non rationnelle des moyens, ne prenant
pas en compte l’objectif primordial d’adaptation des moyens aux enjeux ;
- des procédures obsolètes, héritage du passé, dont certaines gagneraient beaucoup à
plus de lisibilité et de simplicité d’application ;
- l’absence de culture de services attendue par le secteur privé, et de culture de résultat
caractérisant une administration moderne, et une insuffisance en matière de communication ;
une faiblesse de gestion des dossiers fiscaux des principaux contributeurs et une
application différenciée de procédures standardisées, source d’arbitraire ;
une absence d’appui aux collectivités pour asseoir et collecter les impôts locaux.
Enfin, la faible mobilisation des agents de l’administration fiscale, s’explique en partie par :
31
A- Engagement de l’Administration Fiscale(DGI) :
32
Section 3 : La réforme 2008 proprement dite : les mesures et dispositions
prises :
Des mesures et dispositions ont été adoptées dans la LF 2008 pour mettre en œuvre la
réforme fiscale, elles ont été résumées dans le tableau ci-dessous.
Tableau 3 : Les mesures et dispositions prises dans la LF 2008
TYPES ou CATEGORIE
DISPOSITIONS 2008
D’IMPOT/ TAXES
Fusion de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) et impôt sur les revenus non
salariaux (IRNS) en impôt unique : impôt sur les revenus (IR)
Personnes imposables : les personnes morales et les personnes physiques
ayant un chiffre d’affaires (CA) annuel supérieur ou égal à Ar 20 000 000
Régime d’imposition : bénéfice réel
• Régime du réel CA supérieur à Ar 200 000 000
IBS et IRNS • Régime du réel simplifié CA entre Ar 20 000 000 et Ar 200 000 000
Taux de l’impôt: 25%
Echéance : avant le 15 mai de l’année suivante pour l’exercice clôturé au
31/12/N ; avant le 15 Novembre pour l’exercice clôturé au 30 juin.
Autres :
• Suppression de la majoration de 25% par la LFR 2008
• Réduction d’impôt pour personne à charge : Ar 2400 par an
Personnes imposables : personne réalisant un CA inférieur à Ar 20 000 000
Taux : 6%
Régime d’imposition : base fixée forfaitairement par l’administration.
IMPOT SYNTHETIQUE
LFR 2008 : système déclaratif
Autres : IS, perçu au titre du Budget général de l’Etat et dont le produit est
destiné aux Régions, à raison de 40 p cent, et aux Communes à raison de 60
pour cent.
Personnes imposables : tous salariés
Barème :
• Jusqu’à Ar 100 000……………….Ar 200
IMPOT SUR LES • Jusqu’à Ar 140 000…….................Ar 500
REVENUS SALARIAUX ET • Jusqu’à Ar 160 000……………….Ar 2 000
ASSIMILES (IRSA) • Jusqu’à Ar 180 000……………….Ar 4 000
• Tranche supérieure à Ar 180 000….. 25%
Autres :
- avantages en nature
33
• Evaluation véhicule automobile: 30p. 100 de la totalité des dépenses
mensuelles ou trimestrielles réelles exposées par l’entreprise pour l’assurance,
l’amortissement, le carburant, l’entretien et la réparation du véhicule.
• Evaluation des autres avantages en fonction de la valeur réelle de tous les
éléments concédés mensuellement par l’employeur à chaque bénéficiaire
• pour les autres avantages, 3p. 100 de la valeur réelle de tous les éléments
concédés mensuellement par l’employeur à chaque bénéficiaire
- Réduction d’impôt pour personne à charge : Ar 200 par mois
IMPOTS SUR LES Personnes imposables : sociétés civiles, sociétés commerciales et associations
REVENUS DES Taux : 25 %
CAPITAUX MOBILIERS Autres : suppression de l’IRCM sur les dividendes des personnes physiques
(IRCM)
Personnes imposables : L’impôt sur les plus-values est dû par toute personne
IMPOT SUR LES PLUS physique lors de la cession à titre onéreux de biens immobiliers.
VALUES IMMOBILIERES Taux : 25% (harmonisation des taux de l’IR)
(IPVI) Autres : mise à jour du coefficient de revalorisation appliquée au prix de
revient.
Suppression de la TFT et insertion des dispositions dans les impositions des revenus
TAXE FORFAITAIRE SUR
des personnes non résidentes à l’IR
LES TRANSFERTS
Acquisitions d immeubles
DROITS Acquisition d’immeubles à vocation agricole exonérée du droit de vente
D’ENREGISTREMENT ET Actes de sociétés
DE TIMBRE Droit d’apport
Taux unique de 0,5%
34
3ème degré et entre non parents
Droit de préemption
Pendant un délai de six mois à compter du jour de l’enregistrement de l’acte,
l’Administration des Impôts peut exercer au profit de l’Etat un droit de préemption sur
les immeubles
TAXE SUR LES Abrogée
VEHICULES DES
TOURISMES DE
SOCIETES
Echéance au 15 juin de chaque année
Création Taxe annexe sur les Contrats d’Assurance pour les véhicules
TAXE SUR LES
CONTRATS particulières non affectées au transport public ou n’appartenant pas à des
D’ASSURANCE personnes morales :
• Taux : 10% même base que la taxe sur le contrat d’assurance
Produits soumis au DA :
Réduction des produits soumis au DA :
- boissons alcooliques,
- tabacs et succédanés de tabacs, fabriqués ; tabacs homogénéisés ou reconstitués,
cigare
- communication par téléphonie (mobile et fixe)
DROIT D’ACCISES (DA) Limitation du champ d’application de l’acquit à caution :
- Les produits taxables entrant comme matières premières ne bénéficient plus de
l’acquit à caution
- Taxation en cascade
Achat des produits soumis au DA : autorisation préalable de DGI
Recouvrement par l’Administration fiscale du DA sur produits fabriqués
localement ou importés
35
Echéance
LF 2008
- les droits d’adhésion et cotisation des membres des centres de gestion pendant
leurs 3 premières années d’existence
- les produits des actions destinés à la formation ou à l’information des adhérents
dispensés par les centres de gestion
- les intérêts perçus sur les dépôts et crédits alloués aux institutions de micro
finances
LFR 2008
- l’importation et la vente de riz et paddy
- l’importation et la vente de pétrole lampant
36
2 catégories :
- 1ère catégorie : licence de vente en gros de toutes les boissons alcooliques
IMPOT DE LICENCE SUR - 2ème catégorie : licence de vente au détail, à emporter ou à consommer sur place,
LES ALCOOLS ET de toutes les boissons alcooliques
PRODUITS
ALCOOLIQUES Changement de tarification : voté par le Conseil communal
37
PARTIE III : Analyse de
l’efficacité de la réforme
fiscale : cas de la grande
réforme fiscale de 2008
Afin de comprendre la méthodologie utilisée pour l’introduction des réformes fiscales
et d’en analyser les résultats, il est important de connaître la situation qui prévalait à
Madagascar avant le déclenchement des réformes. Certes, la connaissance du contexte de
départ permet d’apporter un jugement plus justifié et de meilleure qualité.
Dans cette partie, nous allons analyser dans le premier chapitre : l’évolution de la
recette fiscale où l’on trouvera la pression fiscale, les recettes fiscales intérieures et de porte et
la structure fiscale de la DGI ; puis en deuxième chapitre : la concentration des recettes
fiscales de la DGI et enfin le troisième chapitre va nous parler des impacts économiques de la
réforme fiscale.
38
Chapitre I : Evolution de la recette fiscale
Le présent chapitre vise à donner un aperçu sur l’évolution du niveau des recettes fiscales
ainsi que de la répartition entre les recettes tirées de la fiscalité intérieure et celles de la
fiscalité extérieure. Nous allons donc voir en premier temps la pression fiscale, puis
deuxièmement les recettes fiscales intérieures et de porte, et enfin la structure fiscale de la
DGI.
Section 1 : Pression fiscale
Le taux de pression fiscale représente le poids de la fiscalité d’un pays par rapport à la
taille de son économie, soit son produit intérieur brut (ci-après PIB). Conséquemment, plus
cet indicateur est élevé, plus l’État génère une large part de recettes fiscales.
Il faut rappeler que le TPF s’obtient en faisant le rapport entre le prélèvement fiscal et
le PIB. Par prélèvement fiscal, il faut entendre l’ensemble des recettes fiscales intérieures et
douanières. Le PIB, quant à lui, représente une mesure de la production nationale totale, c'est
à- dire l’ensemble des biens et services produits au cours d’une période donnée, généralement
l’année correspondant à l’exercice budgétaire ou fiscale.
Au vu des indicateurs économiques, on se rend compte que les recettes fiscales ont
augmenté simultanément avec le PIB ces derniers temps. Exprimée en milliard d’Ariary, la
recette fiscale de 2008 s’établit à Ar 2083,96 milliards. Ce qui se traduit par un Taux de
Pression Fiscale (TPF) équivalent à 12,9% contre 11,4% en 2007.
Les recettes fiscales malagasy sont constituées par des ressources fiscales provenant
en majeure partie des recettes intérieures et qui représentent près de 52 % des recettes totale
alors que les recettes douanières tombent à 48%. (Graphique 1)
39
Graphique 1 – Recettes perçues par la DGI, en % des recettes totales
53%
52%
51%
50%
49%
2005 2006 2007 2008
Source : MFB/DGI/SAEF
Cette importance de recettes perçues par la DGI par rapport à celles de la DGD reflète
la prépondérance des différents accords commerciaux au niveau du commerce international.
De plus, les droits d’accises sur les importations sont actuellement perçus au niveau de la
DGI.
Dans cette perspective, la politique fiscale adoptée vise l’amélioration des recettes
fiscales intérieures en remplacement progressif des manques à gagner au niveau des recettes
de porte en raison des accords conclus dans le cadre du processus d’intégration régionale.
Les perspectives semblent répondre aux inquiétudes avec les orientations actuelles de
la politique fiscale dont la réussite repose avant tout sur l’hypothèse d’une administration
fiscale efficace et performante, notamment la mise en place de procédures nouvelles de
recouvrement, de gestion et de contrôle des entreprises en commençant par les contribuables
gérés par la DGE (renforcement de l’action en recouvrement, le paiement par virement
bancaire, système de télé-déclaration des impôts, simplification des procédures et démarches,
raccourcissement des délais de traitement)18.
Les recettes DGD connaissent une légère diminution et stagnent autour de 48, 5% du
total, tandis que les recettes DGI accroissent et se stabilisent à 51% du total.
18
Bulletin fiscal annuel -2008-Page-7/SAEF – Service d’analyses économique et fiscale de la DGI
40
Graphique 2 – Recettes fiscales extérieures et intérieures (en % des recettes
fiscales totales)
100%
80%
50,60% 48,60% 48,80% 49,30% 48,40%
60%
40%
0%
2004 2005 2006 2007 2008
Recettes DGI Recettes DGD
Source : MFB/DGI/SAEF
75%
46,30% 45,00%
54,60% 48,90%
Autres impôts et taxes
50%
Taxes intérieures sur les
24,30% 27,00% consommations
22,80% 23,00%
25% Impôts sur le bén, des
sociétés
24,20% 20,20% 22,40%
17,30%
0%
2005 2006 2007 2008
Source : MFB/DGI/SAEF
La faible diminution des taxes intérieures sur la consommation marque une période de
transition fiscale c’est-àà dire une diminution progressive de la part des impôts indirects par
rapport à celle des impôts directs.
41
On remarque aussi que d’une autre coté, l’IBS (IR de la société) s’est améliorée, 27%
des recettes totales en 2008 contre 23,2% l’année précédente, de l’autre coté, les impôts sur le
revenu des particuliers (IR et IRSA) ont connu une légère croissance annuelle de 5,6%.
(Tableau…) Dans la structure
tructure fiscale intérieure, ils représentent 22,4% des recettes collectées
en 2008 contre 20,2% en 2007.
De plus, il faut bien noter que la baisse de la part des impôts sur la consommation a été
compensée par l’accroissement de celle des impôts sur les revenus.
re
En outre, la catégorie des autres impôts et taxes englobant les droits d’enregistrement,
la taxe de publicité et les droits de timbre, a connu également une faible variation positive de
3% malgré la suppression de la taxe forfaitaire sur les transferts
transferts dans la loi des finances 2008.
DGT/DGD/Con
tentieux
2,6% Antananarivo
17,0% Antsiranana
1,5%
Fianarantsoa
0,5%
Mahajanga
0,6%
Toamasina
DGE 2,6%
74,4% Toliary
0,8%
Source : MFB/DGI/SAEF
Ainsi, la collecte des taxes et impôts est fortement polarisée à des points de
prélèvement. Les autorités devraient prioritairement cibler leurs efforts d’amélioration et de
modernisation à des points de collecte de niveau intermédiaire (Service Régional des
Entreprises).
Source : MFB/DGI/SAEF
L’évolution de la répartition des recettes de la DGI par région de perception (Tableau
3) indique que presque toutes les régions, à l’exception de celle d’Antananarivo ont connu une
baisse de perception de recette.
Il en est de même pour la DGE qui, malgré son taux de perception élevé, a connu une
légère baisse de perception de 1,7% en 2008 du fait de la diminution du nombre des dossiers
gérés.
L’on a enregistré 745 contribuables en 2008 contre 1083 en 2007. Il faut noter en outre
l’assainissement de la gestion des dossiers suite au rehaussement du seuil de chiffres
d’affaires confié à la DGE (devenu Ar 2 milliards).
43
Chapitre II : Concentration des recettes fiscales de la DGI
Le tableau 4 présente les recettes collectées par la DGI auprès des 50 plus importants
contribuables en 2008. Il illustre près de 27% des recettes fiscales pour les 5 plus importants
afin d’atteindre les 60% pour les 50 plus importants. Ces pourcentages restent quasiment
stables durant ces dernières années.
Tableau 5 : Impôt collecté auprès des plus importants contribuables, DGI, 2005-08
2005 2008
(Milliards Ar) (%) (Milliards Ar) (%)
5 plus importants 146,96 28,3 % 286,84 26,7 %
10 plus importants 205,48 39,5 % 383,39 35,6 %
25 plus importants 275,53 53,0 % 538,34 50,0 %
50 plus importants 321,90 61,9 % 644,27 59,9 %
Total DGI 519,82 100,0 % 1076,16 100,0 %
Source : MFB/DGI/SAEF
Un « bon » système fiscal devrait être en mesure de générer une large part de ses
recettes à partir d’un nombre réduit d’impôts et de taxes. Bien qu’il soit difficile de
déterminer quelle concentration doit avoir les recettes, il y a des avantages indéniables à ce
qu’une large part de celles-ci ne provient que de quelques taxes. En effet, avoir un indice de
concentration élevé rend un système fiscal plus transparent et une administration plus facile à
44
gérer19. Afin de déterminer l’indice de concentration de Madagascar, il suffit d’étudier la
proportion que représentent les recettes fiscales générées par les impôts et les taxes les plus
lucratifs. La comparaison de cet indice avant et après la réforme nous indiquera l’effet de
celle-ci sur la concentration de la fiscalité du pays20.
Le tableau 5 montre les recettes générées par les 10 principaux impôts perçus par la
DGI et la DGE en particulier, pendant l’année 2008. Son analyse montre que la DGE pourvoit
80% des recettes pour les 10 principaux impôts perçus par la DGI. De même, les 5 impôts les
plus importants apportent un peu plus de 92% des recettes totales. La TVA intérieure pointe à
la première place avec ses 32,2%.
Le volet timbre visa intègre la catégorie des 10 principaux impôts grâce à l’affluence
des touristes, l’augmentation des droits et au renforcement des suivis.
L’IS, pour sa part, a pu atteindre 1,36% des recettes grâce à l’implication des
collectivités territoriales décentralisées dans le processus de recensement et d’identification
des nouveaux contribuables.
19
The international Bank for Reconstruction and Developpement, Tax reform in developing contries, 1997,
P.158
20
Luc GODBOUT, Étude sommaire de la politique fiscale à Madagascar, 2003, pp. 38 à 42.
45
Tableau 6 : Recettes des 10 principaux impôts perçus par la DGI, 2008
DGI DGE
Source : MFB/DGI/SAEF
21
The international Bank for Reconstruction and Developpement, Tax reform in developing contries, 1997,
P.159
22
The international Bank for Reconstruction and Developpement, Tax reform in developing contries, 1997,p.
159
46
contribuables, sans générer les recettes escomptées pour l’État. En plus de faire augmenter les
coûts de gestion, la prolifération de ceux-ci disperse les efforts en matière de contrôle fiscal23.
Il faut être vigilant à l’égard de la dispersion du système fiscal, car les impôts et les
taxes de faible importance, en terme de rendement, peuvent entraîner des coûts de gestion
élevés, et ce, tant pour le contribuable, que pour l’administration. De plus, ils contribuent à
disperser les efforts de vérification24, ce qui diminue l’efficacité du régime d’imposition. Les
autorités malagasy devraient donc évaluer le système fiscal et éliminer toutes les taxes de
nuisance. D’ailleurs, lorsque le FMI appuie un pays en voie de développement pour réformer
sa politique fiscale, il appuie sur le fait que généralement aucune taxe de faible rendement ne
devrait être perçue par l’État25.
Chacun des 5 impôts les moins importants perçus par la DGI en 2008 ne représente
pas plus de 0,5% des recettes (tableau …); sauf pour le droit de timbres sur les spectacles
(1,68%) et l’IS (1,36%) grâce à l’implication des collectivités territoriales décentralisées dans
les processus.
En tout cas, les dispositions fiscales de la loi de finances 2008 ont abrogé les neuf
impôts parmi les cinq reportés dans le tableau 5, entre autres la taxe d’incorporation, la TST,
les intérêts sur crédit de droit, la taxe de succession, les timbres casino, les entrées casino.
Tableau 7 : Recettes des 5 impôts les moins importants perçus par la DGI, 2008
Source : MFB/DGI/SAEF
23
The international Bank for Reconstruction and Developpement, Tax reform in developing contries, 1997,
P.159
24
Luc GODBOUT, op. cit., note 2.
25
FMI, Tax Policy Handbook, Parthasarathi Shome Edited, 1995.
47
Le tableau 7 présente l’évolution des impôts perçus par la DGI de 2005 à 2008.
Si pour les années précédentes, les 10 plus importants impôts généraient près de 96%
des recettes, on a constaté pour 2008, une nette amélioration du niveau de concentration
atteignant les 99,17%. Inversement, les 5 moins importants impôts baissent à 0,5% en 2008
s’ils étaient de 1,5% les années précédentes.
Tableau 8 : Evolution des plus/moins importants impôts perçus par la DGI, 2005-08
Source : MFB/DGI/SAEF
48
Chapitre III : Les impacts économiques de la réforme fiscale
Les différentes mesures prises en matière de ressources fiscales sont reflétées dans la
Loi de Finances Rectificative 2008. Le grand objectif des finances publiques demeure la
réduction des tensions inflationnistes mais on peut y voir aussi des ciblages particuliers. C’est
à ce propos qu’intervient la grande réforme sur les résultats qui vont se justifier dans les deux
angles suivant : aux activités économiques et aux finances publiques.
120%
110%
100%
90%
80%
70%
60%
2005 2006 2007 2008
Source : MFB/DGI/SAEF
49
Même si les dépenses budgétaires ont été doublées par rapport à l’exercice 2007 et que
les dons ont aussi connu une baisse de façon continue, l’amélioration simultanée des recettes
fiscales et des recettes non fiscales a permis de réduire de façon conséquente le déficit en
matière de solde public.
Malgré tout, l’Etat a été toujours obligé de recourir à l’emprunt pour subvenir à son
besoin de financement. Ce recours aura pourtant comme conséquence l’alourdissement du
poids de la dette publique (à long ou à court terme). Dans la sous section suivante traitera
l’évolution de la situation vis-à-vis des bailleurs de fonds.
Si les recettes fiscales rapportent de plus en plus à l’Etat et occupent les 74,2% des
recettes publiques grâce au renforcement de recouvrement fiscal et des reformes au sein des
Administrations fiscale et douanière, les recettes non fiscales n’ont connu qu’une légère
augmentation de 0,5% par rapport à l’année précédente, y compris les recettes provenant de la
vente aux enchères de bois de rose illégalement coupé (environ 0,1 % du PIB) au cours du
premier trimestre de l’année 2008.
31 24
80% 34,4
60% 81
40% 74,2
67,7
60,6
20%
18,1
0%
2005 2006 2007 2008
recettes fiscales dons recettes non fiscales
Source : MFB/DGI/SAEF
50
1-3 Endettement
45%
40%
35%
30%
25% dette interieure
20% dette externe
15% dette totale
10%
5%
0%
2004 2005 2006 2007 2008
Source : MFB/DGI/SAEF
51
administratives en vue d’assurer un meilleur service aux contribuables et d’élargir la taille de
la population imposable. Suite à cet objectif qu’on va continuer dans la dernière chapitre.
Les mesures introduites dans la LFI 2008 se traduisent par des changements radicaux.
Ainsi, les objectifs de recouvrement sont atteints avec un dépassement de 15%. A l’origine de
cette performance, il y a en général les motivations des contribuables et la réussite de la
politique fiscale liée au rafraichissement de l’économie. Ces phénomènes ramènent à analyser
les impacts de la réforme du point de vu microéconomique et macroéconomique.
Dans ce point de vu, l’analyse de l’impact se concentre sur les comportements des
agents économiques vis-à-vis de son imposition.
D’une part, on observe la stabilisation, voir même un redressement sur les sociétés.
Cela implique que les entrepreneurs ont beaucoup de courage à s’investir.et ce changement de
structure peut s’expliquer par les nouvelles créations d’entreprises grâce aux nouveaux
investissements (graphique3).
40
35
30
25
investissement
20
public
15
privé
10
0
2004 2005 2006 2007 2008
Source : MFB/SG/DGB/DPCB
52
D’autre part, l’impôt sur le revenu des salariés et assimilé a pour objectif d’assurer une
certaine équité dans la répartition de la charge fiscale entre les diverses catégories de revenus.
Ce qui implique qu’il est plus harmonieux et favorisant une légère diminution des inégalités
sociales. Par la suite, il existe alors une augmentation progressive de pouvoir d’achat allant
des personnes a revenus élevés jusqu’aux personnes a faible revenu. Bien que des
modifications importantes aient été apportées à l’impôt sur le revenu, son rendement semble
très faible en microéconomie.
18000
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
2005 2006 2007 2008
Source : MFB/DGI/SAEF
53
Graphique 10 : PIB réel, taux de croissance
8%
7%
6%
5%
4%
3%
2%
1%
0%
2005 2006 2007 2008
Source : MFB/DGI/SAEF
54
CONCLUSION
Ce qui est clair aujourd'hui, c'est que pour se relever des conséquences dramatiques de
la crise politique, Madagascar a besoin de la mobilisation de toutes ses forces pour
reconstruire son économie. Elle doit mettre en œuvre tous les moyens susceptibles de lui
assurer son développement. L'impôt fait partie intégrante de ces moyens, c’est pourquoi
l’analyse dans ce document vise à l’amélioration significative de la fiscalité malgache vu que
les résultats ne sont pas encore satisfaisant : pendant une longue période, de 1975 à 2007, soit
32 ans, le système fiscal malagasy est resté lourd, complexe, rigide et sclérose en ce sens que :
d’abord, des très nombreuses réformes fiscales ont été entreprise (1972, 1988, 1990, 1996,
1998, puis systématiquement tous les ans de 2000 à 2007), mais les grandes lignes de la
structure fiscale n’ont pratiquement pas changées. Pourquoi ? Essentiellement parce qu’il n’y
a pas eu, à aucun moment, une véritable réforme fiscale en profondeur, sans oublier que la
notion de coût et rendement fiscal suivant les différents types d’impôts et taxes (plus de 20
jusqu’en 2007) a été complètement négligé et oublié ; ensuite, certes, il y a une amélioration
sensible de 2001 à 2007, toujours est-il que : l’évolution de la situation financière reste encore
insuffisante ; les résultats obtenus après les réformes sont plutôt maigres ; les recettes fiscales
perçues par l’Etat ont varié seulement entre 8% et 12% du PIB et le taux de pression fiscale
entre 7, 5% et 13%, contre 16% à 30% dans bon nombre de pays africains pourtant à revenu
moyen, comparable à Madagascar ; la performance du système fiscal reste faible, pour ne pas
dire médiocre, la situation financière de l’Etat Malagasy est précaire, instable, et de surcroit
aggravée cycliquement tous les 5 à 10 ans par des crises politiques sans lendemain.
Le problème, c'est que la recherche de la rentabilité financière de l'impôt n'est que
rarement conciliable avec celle de son efficacité économique. Elle peut, par ailleurs,
engendrer des inégalités sociales graves, qui deviennent très vite intolérables pour la grande
majorité de la population. Des choix doivent donc être opérés entre ces objectifs a priori
inconciliables. En plus, la fiscalité conduit actuellement, et dans de trop nombreux cas, à des
comportements « faussés » de la part de contribuables soucieux de réduire leur charge fiscale.
Le respect du principe de la sécurité juridique qu’il faut restaurer n’est plus atteint.
Pour cela, il faut impérativement cesser d’établir un système lourd et complexe,
pour corriger le variable d’ajustement des politiques économiques pour atteindre le
développement économique que tout le monde attend impatiemment. La nécessite d’abord,
c’est d’améliorer le recouvrement de l'impôt en donnant à l'administration fiscale les moyens
55
humains et matériels à la hauteur des objectifs qui lui sont assignés tout en éradiquant la
corruption, qui constitue une manque à gagner considérable à l’Etat. Pour cela le BIANCO et
l’administration fiscale doivent travailler ensemble et en permanente pour lutter cette
corruption.
Dans ce cas, nous suggérons ci-après une approche de réforme fiscale véritable, sérieuse,
en profondeur et sans complaisance, tenant compte des réalités : d’abord, réviser et mieux
connaitre le paysage fiscal malagasy, gérer et maitriser ses forces et ses faiblesses : utilisation
de la cartographie fiscale pur la localisation géographique des contribuables, des activités
taxables et potentielles de recette fiscale en vue d‘implanter dans le futur des centres fiscaux
là où ce sera rentable ; ensuite dans le même ordre d’idée, effectuer des études
monographiques de territoire et ses secteurs porteurs ; procéder à un recensement fiscal
exhaustif et systématique sur tout territoire : vérifier par couple le nombre de sociétés
matriculées au registre du commerce, des sociétés de participation, des sociétés de fait ; mener
une lutte efficace contre l’informel, les fraudes et évasions fiscales, les exonérations de
complaisance, les déficits juridiques, en collaboration étroite et permanente avec les organes
et corps de contrôle : BIANCO, SAMIFIN, IGE, brigades mobiles d’inspection DGI et DGT ;
explorer et exploiter de nouveaux gisements fiscaux : loi sur les grands investissements
miniers, le secteur bancaire, la télécommunication, le secteur pétrolier, etc. Et enfin revoir et
réviser les conventions d’établissement avec les grandes sociétés d’investissements ainsi que
le régime fiscal des entreprises franches.
Dans la suite, il faut prendre en considération la situation des contribuables en imposant
efficacement et en simplifiant le plus possibles les procédures de recouvrement par la mise en
place du système de télé-déclaration. Pourtant cela représente un désavantage si le contrôle
n’est pas renforcé car elle pourrait être un moyen efficace pour la fraude fiscale. Ce nouveau
système est maintenant utilisé par la DGE pour les dites grandes entreprises. Ensuite, il faut
une bonne gouvernance de l’argent public. Les exemples notoires de dilapidation n’incitent
pas les contribuables à êtres des bons modèles. C’est un effort mutuel que nous devons
entreprendre.
Le principal changement que les pays en développement en général et Madagascar en
particulier, est d’apporter dans leur système fiscal à diminuer le prélèvement sur le commerce
extérieur et à réorienter les prélèvements en direction des revenus intérieurs. Ce changement
notable s’impose, vu les mutations économiques de ces quinze dernières années à l’échelle
mondiale notamment la création ou formation de groupements économiques régionaux et
surtout le phénomène de la MONDIALISATION qui n’épargne aucun pays. Cette réforme
56
implique alors une modification de la structure des taux, éventuellement une augmentation de
l’assiette des prélèvements intérieurs. Pour cela, il faut accélérer les actions tendant à
augmenter les assiettes imposables. Faire en sorte que le plus grand nombre participe à cet
effort. Certes, c’est une obligation de payer des impôts mais il faut effectivement valoriser les
droits obtenus pour ceux qui paient des impôts ; et enfin, une amélioration du rendement du
système fiscal dans son ensemble (lutte contre la fraude). On en attend une plus grande
efficacité économique, à travers notamment l’amélioration de l’allocation des ressources et de
la spécialisation internationale des ressources de l’Etat. Il faut mettre en place, ou plus
exactement, améliorer les mesures d'aide, constituées essentiellement de réductions, de
minorations ou d'exonérations d'impôt, destinées à encourager les investissements.
57
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages académiques
Francis ANDRIANARISON, « Pression, structure et réformes fiscales à Madagascar : où en
est-on », INSTAT, 1998, 18 pages
Jean François GAUTIER « Taxation optimale et reformes fiscales dans les PED » Document
de travail du DIAL 2001.
Pierre-Noël Giraud : « Initiation à l’économie », Ecole des mines de paris, 2003, 156 pages
AFF, 2008, Finances publiques en Suisse 2006, Berne, série 18, Chapitre 4
Documents
The international Bank for Reconstruction and Developpement, Tax reform in developing
contries, 1997
SAEF « Bulletin fiscal annuel » – Service d’analyses économique et fiscale de la DGI -2008
Internet
www.worldbank.org
www.mfb.gov.mg
58
ANNEXE
Tableau 1 : résumé du système fiscal en 2006
III
à l'importation extérieur commun (TEC). Élimination du droit 5 % : matières premières, intrants
dans le cadre des accords de la COI et du 10 % : biens d’équipements
COMESA sous réserve de réciprocité et 20 % : biens de consommation
d'alignement des tarifs entre pays membres.
5.2. Fiscalité Taxe sur la mise à la consommation des Produits pétroliers destinés à l'avitaillement Tarif par litre variable suivant la nature du
pétrolière. produits pétroliers. des navires et aéronefs. produit
Base spécifique (volume)
5.3. Droit sur les Prélevée sur les quantités de marchandises Taux spécifiques variables selon la
marchandises importées par les autorités portuaires destination et la nature du produit.
(péage)
Source : DGI /MFB : Résumé du système fiscal (2006)
IV
9
V
ANDRIAMANANTENA ARIMANDA Franck
CU Ankatso I P.06 Li Antananarivo 101
Nombre de pages : 57
Nombre d’annexes: 5
Nombre de tableaux : 9
Nombre de graphiques : 10
Résumé
L’analyse dans ce document vise à l’amélioration significative de la fiscalité malgache vu
que les résultats ne sont pas encore satisfaisant : pendant une longue période, soit 32 ans, le système
fiscal malagasy est resté lourd, complexe, rigide et sclérose en ce sens que : d’abord, des très
nombreuses réformes fiscales ont été entreprise (1972, 1988, 1990, 1996, 1998, puis
systématiquement tous les ans de 2000 à 2007), mais les grandes lignes de la structure fiscale n’ont
pratiquement pas changées. Pourquoi ? Essentiellement parce qu’il n’y a pas eu, à aucun moment,
une véritable réforme fiscale en profondeur, sans oublier que la notion de coût et rendement fiscal
suivant les différents types d’impôts et taxes (plus de 20 jusqu’en 2007) a été complètement négligé
et oublié ; ensuite, certes, il y a une amélioration sensible de 2001 à 2007, toujours est-il que :
l’évolution de la situation financière reste encore insuffisante ; les résultats obtenus après les
réformes sont plutôt maigres ; les recettes fiscales perçues par l’Etat ont varié seulement entre 8% et
12% du PIB et le taux de pression fiscale entre 7, 5% et 13%; la performance du système fiscal reste
faible, pour ne pas dire médiocre, la situation financière de l’Etat Malagasy est précaire, instable, et
de surcroit aggravée cycliquement tous les 5 à 10 ans par des crises politiques sans lendemain.
Le problème, c'est que la recherche de la rentabilité financière de l'impôt n'est que rarement
conciliable avec celle de son efficacité économique. Elle peut, par ailleurs, engendrer des inégalités
sociales graves, qui deviennent très vite intolérables pour la grande majorité de la population. Des
choix doivent donc être opérés entre ces objectifs a priori inconciliables. En plus, la fiscalité conduit
actuellement, et dans de trop nombreux cas, à des comportements « faussés » de la part de
contribuables soucieux de réduire leur charge fiscale. Le respect du principe de la sécurité juridique
qu’il faut restaurer n’est plus atteint.