Vous êtes sur la page 1sur 16

La sous-alimentation dans le monde

Prix élevés des denrées alimentaires:


75 millions de personnes viennent grossir les rangs
de ceux qui ont faim
1

L
a hausse des prix des denrées
alimentaires a déterminé une aug- Indice FAO des prix alimentaires
mentation du nombre de personnes
souffrant de la faim dans le monde. Selon Indice
des estimations provisoires de la FAO, le 230
nombre de personnes souffrant chroni- 2008
quement de la faim a augmenté de 75 mil-
lions en 2007, venant s’ajouter aux 848 mil-
lions qui, selon la FAO, souffraient de 200
faim en 2003-05. Une grande partie de
cette augmentation est attribuée à la 2007
hausse des prix des denrées alimentaires 170
(voir les détails dans le Tableau no 1,
page 48). Cela signifie donc que le nom-
bre total de personnes sous-alimentées
dans le monde atteignait 923 millions en 140
2007. Comme les prix des céréales ali- 2006
mentaires de base et des oléagineux 2005
restent en forte hausse au cours du pre-
110
mier trimestre de 2008, le nombre de J F M A M J J A S O N D
personnes qui souffrent chroniquement 1998-2000 = 100 Source: FAO.
de la faim risque encore de croître.
En 2007, le nombre de personnes 2
sous-alimentées s’élevait donc à 923 mil-
Nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement,
lions, soit 80 millions de plus qu’en 1990-
de 1990-92 à 2007
92, la période de référence pour l’objec-
tif de réduction de la faim du Sommet Millions
mondial de l’alimentation. Il sera donc 1 000
d’autant plus difficile de réduire le nom-
bre de personnes sous-alimentées à
420 millions d’ici 2015, surtout dans un 900
contexte de prix alimentaires élevés et
de perspectives économiques mondiales
800
incertaines.
L’impact de la hausse des prix des
aliments sur la proportion de personnes 700
sous-alimentées (indicateur de la faim
du premier Objectif du Millénaire pour
600
le développement [OMD]) est préoccupant. 1990-92 1995-97 2003-05 2007
Des progrès satisfaisants avaient été Source: FAO.
accomplis en matière de réduction de la
proportion de personnes souffrant de la
faim dans le monde en développement, monde est revenue à 17 pour cent. Il Les effets prévus des prix élevés sur
passant de près de 20 pour cent en 1990- s’ensuit qu’avec la flambée des prix des la sous-alimentation mondiale ont été
92 à moins de 18 pour cent en 1995-97 denrées alimentaires, les progrès accom- confirmés par une analyse des données
et à un peu plus de 16 pour cent en 2003- plis pour atteindre les objectifs interna- recueillies à l’échelon des ménages (pages
05. Les estimations montrent que la tionaux de réduction de la faim ont 22-27). L’analyse confirme que la flambée
hausse des prix des denrées alimentaires accusé un recul, à la fois en ce qui concer- des prix des aliments a eu des retombées
a inversé cette progression: la proportion ne le nombre de personnes sous-alimen- négatives, surtout sur les populations
de personnes sous-alimentées dans le tées et la prévalence de la faim. pauvres et les plus vulnérables.

6 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


3 4
Proportion de personnes sous-alimentées dans les pays Incidences régionales des prix
en développement, de 1990-92 à 2007 alimentaires élevés: nombre de
sous-alimentés supplémentaires
Pourcentage en 2007 (millions)
20
Proche-Orient
Amérique latine
et Afrique du Nord
18 et Caraïbes
4
6

16

14

12

10
Asie
Afrique
et Pacifique
8 subsaharienne
41
1990-92 1995-97 2003-05 2007 24

Source: FAO. Source: FAO.

La hausse des prix freine


les progrès
Quelles sont, selon la FAO, les répercussions de la hausse des prix
sur les personnes sous-alimentées?
Au niveau régional, les augmentations
les plus fortes du nombre de personnes Les estimations complètes les plus récen- viandes disponibles pour la consommation
sous-alimentées en 2007 sont survenues tes de la sous-alimentation au niveau des humaine (qui représentent environ 80 pour
dans la région Asie et Pacifique et en pays portent sur la période 2003-05. Ces cent des disponibilités énergétiques ali-
Afrique subsaharienne. Ensemble, ces données fournissent une base pour la sur- mentaires journalières). Il était nécessaire
deux régions comptabilisaient 750 mil- veillance et l’analyse régulières des progrès d’utiliser les deux sources d’informations
lions de personnes qui souffraient de réalisés en matière de réduction de la faim car la base de données principale de la FAO
la faim en 2003-05 (soit 89 pour cent et sont présentées dans la section «La faim ne dispose de données complètes que
du total mondial). Selon la FAO, la dans le monde: état des lieux». jusqu’en 2005. La seconde base de données
hausse des prix a fait basculer 41 mil- Pour répondre aux inquiétudes croissan- est moins complète mais elle dispose d’es-
lions de personnes supplémentaires tes quant aux effets de la flambée des prix timations jusqu’en 2008 et couvre donc une
Dans la région Asie et Pacifique et des aliments sur la sécurité alimentaire grande partie de la période au cours de
24 millions en Afrique subsaharienne dans le monde, la FAO a mis au point une laquelle les prix des aliments ont rapidement
sous le seuil de la faim. méthodologie visant à évaluer l’impact de grimpé. Un lien entre les données histori-
Ensemble, l’Asie et l’Afrique comptent la hausse des prix des denrées alimentaires ques contenues dans les deux bases a été
plus des trois quarts des pays à faible sur les personnes sous-alimentées en 2007, établi pour extrapoler les données de la
revenu et à déficit vivrier (PFRDV) du sur base de données partielles pour 2006-08. base principale jusqu’en 2007.
monde en développement. C’est éga- Cette méthodologie tient compte des ten- Les estimations de 2007 portent sur les
lement en Afrique que l’on retrouve 15 dances des disponibilités énergétiques répercussions de la hausse des prix des
des 16 pays où la prévalence de la faim alimentaires, issues de deux bases de don- denrées alimentaires sur la faim aux niveaux
dépasse déjà 35 pour cent, les rendant nées différentes de la FAO: i) des «comptes mondial et régional uniquement (elles ne
particulièrement vulnérables à la disponibilités-utilisations» détaillés prove- sont pas encore disponibles au niveau
hausse des prix des denrées alimen- nant de la base de données principale de la national). Ces estimations doivent donc
taires. FAO (FAOSTAT) qui couvrent des centaines être considérées comme provisoires, en
Même si les chiffres sont moins de produits par pays; et ii) des données plus raison notamment de la façon dont elles
impressionnants, l’Amérique latine et récentes sur les céréales, les huiles et les ont été calculées.
les Caraïbes, le Proche-Orient et l’Afri-

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 7


La sous-alimentation dans le monde

5
Variations régionales du nombre de personnes sous-alimentées

Variations du nombre (millions) Variation de la proportion (%)


50 4
40 3
30
2
20
10 1

0 0
-10 -1
-20
-2
-30
-40 -3

-50 -4
Asie Amérique latine Proche-Orient Afrique Asie Amérique latine Proche-Orient Afrique
et Pacifique et Caraïbes et Afrique subsaharienne et Pacifique et Caraïbes et Afrique subsaharienne
du Nord du Nord
de 1990-92 à 1995-97 de 1995-97 à 2003-05 Incidence des prix élevés (2007) Source: FAO.

que du Nord connaissent également des plus d’une décennie de progrès réguliers nes sous-alimentées en 2007 confirment
augmentations du nombre de personnes sur la voie de l’objectif du SMA). les inquiétudes quant à la crise de la
souffrant de la faim à cause de la crise À l’échelle mondiale, l’augmentation sécurité alimentaire mondiale provoquée
alimentaire (un rude revers pour l’Amé- de la prévalence de la faim et l’accrois- par la hausse des prix des denrées ali-
rique latine alors qu’elle avait connu sement estimé de 75 millions de person- mentaires, du moins à court terme.

Les estimations de la FAO sont-elles trop prudentes?

L’encadré page 7 décrit comment la FAO a établi ses estimations personnes qui n’ont donc pas accès à une quantité suffisante
de la faim dans le monde pour 2007. En partie en raison des para- d’aliments par jour.
mètres mis à jour, le calcul du nombre de personnes sous-alimen- De son côté, le Département de l’agriculture des États-Unis
tées repose sur l’hypothèse selon laquelle la répartition de l’apport (USDA), utilisant une méthodologie différente, a estimé que la
énergétique alimentaire au sein d’un pays ou d’une région n’a pas hausse des prix des aliments a provoqué une augmentation de
évolué entre les périodes de «diminution» et de «hausse» des prix 133 millions du nombre de personnes sous-alimentées dans les
alimentaires. D’autre part, l’analyse à l’échelle des ménages 70 pays analysés1. Les deux méthodes d’estimation de la faim
(pages 22-27) montre qu’à court terme, les pauvres ont, propor- diffèrent dans leur façon de calculer l’inégalité de la distribution
tionnellement, souffert davantage de la hausse des prix des aliments des aliments disponibles pour la consommation humaine. Par
que les riches. rapport à la FAO, le USDA s’est servi d’une limite définitive plus
Une analyse détaillée réalisée dans huit pays révèle qu’à la élevée (et constante) pour déterminer le seuil de la faim. Il s’est
suite de la flambée des prix des denrées alimentaires, la répar- basé sur le chiffre de 2 100 kilocalories par personne et par jour
tition des disponibilités énergétiques alimentaires par personne alors que ceux utilisés par la FAO fluctuent en fonction de l’âge et
s’est détériorée au sein des ménages. La FAO estime donc que du sexe dans chaque pays, variant généralement de 1 600 à 2 000 kilo-
l’impact mondial de la hausse des prix des aliments sur la faim calories par personne et par jour.
pourrait bien être sous-estimé. C’est pourquoi, on peut avancer 1 Département de l’agriculture des États-Unis. 2008 Food Security
Assessment, 2007, par S. Rosen, S. Shapouri, K. Quanbeck et B. Meade.
sans risques que la crise alimentaire a engendré une hausse d’au Economic Research Service Report GFA-19 (disponible à l’adresse suivante:
moins 75 millions du nombre de personnes souffrant de la faim, www.ers.usda.gov/PUBLICATIONS/GFA19/GFA19.PDF).

8 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


Les causes de la hausse des prix
des denrées alimentaires
6

L
es prix des produits agricoles ayant
fortement augmenté en 2006 et Évolution des indices FAO des prix alimentaires 1961-2008
2007 et poursuivi leur course au
début de l’année 2008, les causes de la
Indice
flambée des prix des aliments ont été
300
analysées sous plusieurs angles afin
d’esquisser des réponses. Cette partie 250
reprend certains des principaux facteurs
expliquant la flambée des prix des den- 200
rées alimentaires1. Si l’on en croit les
150
projections à moyen terme, les prix des
denrées alimentaires devraient se sta- 100
biliser en 2008-09 pour ensuite diminuer,
mais ils resteraient, dans un avenir pro- 50
che, supérieurs aux niveaux d’avant
0
20042. 1961 1965 1975 1985 1995 2005
L’indice FAO des prix nominaux des Indices FAO des prix alimentaires réels Indices FAO des prix alimentaires
denrées alimentaires a doublé entre 2002 Note: 1998-2000 = 100. Source: FAO.
et 2008. En termes réels, l’augmentation
est moins prononcée mais reste impor- 7
tante. L’indice des prix alimentaires réels
a commencé à croître en 2002, après Ratio des stocks céréaliers mondiaux/utilisation
quatre décennies de tendances princi-
palement à la baisse, et est monté en Pourcentage
flèche en 2006 et 2007. Vers la mi-2008, 30
les prix réels des aliments étaient 64 pour Blé
cent plus élevés qu’en 2002. L’unique 26
Riz
autre période de hausse significative des
prix réels des denrées alimentaires depuis 22
Céréales secondaires Céréales (total)
que ces informations sont disponibles
remonte au début des années 70, à l’aube 18
de la première crise pétrolière inter-
14
nationale.
Avant de prendre des mesures appro-
10
priées – mesures de politique générale, 2004/05 2005/06 2006/07 2007/08 2008/09
décisions d’investissement ou interven- Source: FAO.
tions d’urgence – afin d’atténuer les
conséquences humaines et économiques
de la flambée des prix alimentaires, il la hausse de la demande a toujours été a été une importante diminution des
faut en comprendre pleinement les cau- plus élevée que celle de l’offre. stocks de céréales par rapport aux années
ses sous-jacentes. Ces causes sont mul- précédentes.
tiples et complexes et comportent des Les facteurs liés à l’offre Le rapport entre les stocks et l’utili-
facteurs liés tant à l’offre qu’à la deman- sation des céréales à l’échelle mondiale
de. Les tendances structurelles à long Niveaux des stocks et instabilité des est estimé à 19,4 pour cent pour 2007/08,
terme qui sous-tendent la hausse de la marchés. Plusieurs des principaux pro- le plus bas depuis 30 ans. Des stocks en
demande en aliments ont coïncidé avec ducteurs de céréales dans le monde (la baisse participent à une plus grande
des facteurs cycliques à court terme ou Chine, les États-Unis d’Amérique, l’Inde volatilité des prix sur les marchés mon-
temporaires qui ont des conséquences et l’Union européenne) ont récemment diaux en raison des incertitudes quant
négatives sur l’offre de produits alimen- modifié leur politique agricole. L’un des aux disponibilités en cas de baisse de
taires, ce qui a mené à une situation où résultats de ce changement de politique production.

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 9


La sous-alimentation dans le monde

Baisses de production. Des épisodes


Prix alimentaires: des marchés mondiaux aux marchés nationaux climatiques extrêmes, y compris séche-
resses et inondations, ont touché les
principaux pays producteurs de céréales
L’analyse des informations par pays révèle connu une hausse réelle moyenne de leur en 2005-07. La production céréalière
que les prix mondiaux, exprimés en dol- monnaie de 20 pour cent par rapport au mondiale a chuté de 3,6 pour cent en
lars EU, ne se répercutent qu’en partie sur dollar EU. (contre 18 pour cent pour les 2005 et de 6,9 pour cent en 2006 avant
les prix nationaux (exprimés en monnaies pays à revenu élevé). Jusqu’en 2007, l’ap- de se rétablir en 2007. Deux années
locales). Même avant les hausses de 2008, préciation des taux de change a annulé en successives de faible production dans un
les cours mondiaux des céréales avaient partie la hausse des cours mondiaux expri- contexte de stocks déjà bas ont engendré
considérablement augmenté entre 2002 et més en dollars EU, à la fois pour les impor- une situation préoccupante de l’offre sur
2007. Au cours de cette période, les cours tateurs et les exportateurs de denrées les marchés mondiaux. L’inquiétude
mondiaux du riz, du blé et du maïs ont alimentaires. Des politiques commerciales croissante à propos des effets possibles
respectivement augmenté de 50, 49 et et des initiatives propres à certains produits du changement climatique sur les dis-
43 pour cent, en dollars EU. Pourtant, la ont également limité les répercussions. ponibilités futures en produits alimentaires
répercussion sur les prix nationaux n’était Les politiques nationales et la variation n’a fait qu’aggraver ces craintes.
en général que partielle puisque les prix des taux de change ont atténué l’impact de
exprimés en monnaie locale n’augmentaient la hausse des cours mondiaux pendant Prix pétroliers. Jusqu’au milieu de 2008,
pas autant que les cours internationaux, quelques temps, mais les prix nationaux la hausse de prix de l’énergie a été très
comme cela a été le cas avec le riz dans ont finalement augmenté considérablement rapide et brutale: l’un des principaux
divers pays asiatiques. dans de nombreux pays à la fin de 2007 et indices des prix des produits de base
Plusieurs facteurs ont contribué à rédui- au début de 2008. (l’indice Reuters-CRB des prix de l’éner-
re la répercussion des cours mondiaux sur Source: FAO. 2008. Have recent increases in
gie) a plus que triplé depuis 2003. Or, les
les marchés nationaux. Le dollar EU se dé- international cereal prices been transmitted to prix du pétrole et des denrées alimentaires
domestic economies? The experience in seven
précie depuis maintenant quelques années large Asian countries, par D. Dawe. Document de
sont intimement liés. La rapide augmen-
par rapport à diverses monnaies, y compris travail n° 08-03 de la Division de l’économie du tation des prix pétroliers a exercé une
développement agricole (disponible à l’adresse
celles de nombreux pays en développement. suivante: ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/010/ai506e/
pression à la hausse sur les prix alimen-
De 2002 à 2007, les pays à faible revenu ont ai506e00.pdf). taires, les prix des engrais ayant presque
triplé et les frais de transport doublé en
Riz: répercussion des prix sur le consommateur 2006-08. Les prix élevés des engrais ont
Changement cumulatif (%) Avril 2003-avril 2007 Avril/mai 2007-avril/mai 2008 des conséquences négatives sur les coûts
250 de production et sur leur utilisation par
les producteurs, surtout les petits agri-
culteurs.
200

Facteurs liés à la demande


150
Demande en biocarburants. Les marchés
émergents des biocarburants exigent des
100 volumes importants de produits agricoles
comme le sucre, le maïs, le manioc, les
graines oléagineuses et l’huile de palme.
50
L’augmentation de la demande pour ces
produits a fait que leurs prix sont montés
0 en flèche sur les marchés mondiaux, ce
qui a entraîné, à son tour, un renchéris-
sement des denrées alimentaires. La
-50 production et l’utilisation de biocarburants
Monde Bangladesh Inde Philippines Thaïlande Viet Nam
sont soutenues par des politiques gou-
Source: FAO.
vernementales d’un certain nombre de

10 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


pays et l’augmentation rapide des prix du sein de leur pays, un certain nombre de recherches doivent être menées. On
pétrole brut a provoqué une nouvelle gouvernements et d’acteurs du secteur s’interroge de plus en plus sur le rôle
augmentation de la demande pour les privé ont adopté des mesures qui ont des investisseurs financiers dans la
matières premières agricoles servant à parfois accentué les effets des tendances hausse des prix des aliments et sur la
produire les biocarburants. La production susmentionnées sur les cours interna- nécessité de réglementations limitant
de biocarburants devrait utiliser 100 mil- tionaux des denrées alimentaires. l’impact des bulles spéculatives sur les
lions de tonnes de céréales (4,7 pour cent L’adoption de restrictions et d’interdictions prix des denrées alimentaires.
de la production mondiale) en 2007-08. à l’exportation par certains pays a dimi-
nué l’offre mondiale, aggravé les pénuries Les prix vont-ils se maintenir
Modes de consommation. La première et entamé la confiance des partenaires à un niveau élevé?
décennie de ce siècle est marquée par commerciaux. Dans certains pays, ces
une croissance économique rapide et mesures ont également eu pour effet de La production céréalière s’est redressée:
continue ainsi que par une urbanisation réduire les incitations qui pouvaient ame- elle a augmenté de 4,7 pour cent en 2007
accrue dans plusieurs pays en dévelop- ner les agriculteurs à répondre à la et elle devrait augmenter de 2,8 pour cent
pement, notamment en Chine et Inde. hausse des cours internationaux. La en 2008. Toutefois, même si les prix ali-
Ces deux pays représentent à eux seuls reconstitution des stocks et le pré-stoc- mentaires pourraient baisser avec le repli
plus de 40 pour cent de la population kage spéculatifs opérés par certains de certains des facteurs à court terme qui
mondiale. Le pouvoir d’achat de centaines grands importateurs disposant d’une sous-tendent les prix élevés, les prix réels
de millions de personnes s’étant accru, trésorerie relativement solide ont éga- des produits alimentaires devraient, dans
leur demande en produits alimentaires lement participé à la hausse des prix. les 10 prochaines années, rester supérieurs
a, elle aussi, augmenté. Cette nouvelle à ceux de la décennie précédente. Trois
richesse a entraîné une modification du Marchés financiers. Les récents troubles hypothèses principales expliquent cette
régime alimentaire, notamment une plus qui ont agité les marchés d’actifs tradi- estimation. D’abord, la croissance éco-
forte consommation de viandes et de tionnels ont eu des conséquences sur nomique du monde en développement,
produits laitiers qui dépendent dans une les prix des denrées alimentaires dans particulièrement des grandes économies
large mesure des céréales données au la mesure où de nouveaux types d’inves- émergentes, devrait se poursuivre au
bétail. Pourtant, la récente hausse des tisseurs se sont intéressés aux marchés rythme d’environ 6 pour cent par an, aug-
prix des denrées alimentaires ne semble des dérivés basés sur des produits agri- mentant d’autant le pouvoir d’achat et le
pas provenir de ces pays émergents. Les coles dans l’espoir d’obtenir de meilleurs changement de modes de consommation
importations de céréales de la Chine et rendements que ceux offerts sur les de centaines de millions de consomma-
de l’Inde ont diminué, passant d’une marchés traditionnels. Les activités bour- teurs. Ensuite, la demande en biocarbu-
moyenne d’environ 14 millions de tonnes sières mondiales sur les contrats à terme rants pourrait poursuivre sa rapide crois-
au début des années 80 à environ 6 mil- et les options ont plus que doublé ces sance, en raison des prix élevés du pétro-
lions de tonnes ces trois dernières années, cinq dernières années. Dans les neuf le et des politiques gouvernementales et
ce qui indique que les nouveaux besoins premiers mois de 2007, elles ont pro- à cause de la lente évolution vers l’adop-
générés par la modification des modes gressé de 30 pour cent par rapport à tion généralisée de biocarburants et de
de consommation ont en grande partie l’année précédente. Ces intenses activi- technologies de deuxième génération.
été couverts par la production nationale. tés de spéculation sur les marchés des Selon l’Agence internationale de l’énergie,
L’essor économique constant de la Chine produits agricoles ont conduit certains la part des sols consacrés à la culture de
et de l’Inde pourrait affecter de plus en analystes à désigner l’augmentation de biomasses pour la production de biocar-
plus les prix des denrées alimentaires, la spéculation comme un important fac- burants liquides pourrait tripler au cours
mais cela ne constitue pas encore un teur responsable de la flambée des prix des 20 prochaines années3. Enfin, les
facteur exceptionnel. des denrées alimentaires. Il est toutefois coûts de production en hausse, liés aux
difficile de déterminer si la spéculation prix élevés du pétrole, qui se répercutent
Autres facteurs a fait grimper les prix ou si elle est atti- sur ceux des engrais et du transport,
rée par des prix qui augmentent de toute auxquels s’ajoutent les contraintes en
Politiques commerciales. Pour tenter de façon. Dans les deux cas, d’importantes matière de sols et d’eau, pourraient peser
minimiser les effets de la hausse des entrées de fonds pourraient en partie sur la production alimentaire, ce qui ren-
prix des denrées alimentaires sur les expliquer le maintien de prix alimentaires dra plus difficile l’approvisionnement
groupes de population vulnérables au élevés et leur instabilité accrue. D’autres alimentaire de la planète4.

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 11


La sous-alimentation dans le monde
La faim dans le monde: état des lieux et révision
des estimations
8
Aperçu général dans le monde. Parmi ces pays, la Chine
Nombre de personnes
a enregistré des progrès significatifs au
sous-alimentées dans le monde

L
es estimations à long terme de la niveau de la réduction de la sous-ali-
en 2003-05 (millions)
FAO sur la sous-alimentation aux mentation, après des années de crois-
niveaux régional et national pour Proche-Orient et Pays développés
sance économique rapide.
la période allant de 1990-92 à 2003-05 Afrique du Nord 16 C’est en Afrique subsaharienne que
33
(à partir de la base de données princi- la proportion de personnes qui souffrent
Amérique latine
pale de la FAO, FAOSTAT) confirment que et Caraïbes
de la faim par rapport à la population
les progrès accomplis étaient insuffisants 45 totale reste la plus élevée: une personne
Inde
pour atteindre les objectifs du Sommet 231 sur trois souffre de faim chronique.
mondial de l’alimentation et les OMD L’Amérique latine et les Caraïbes conti-
Chine
relatifs à la réduction de la faim, même 123 nuaient à bien progresser sur la voie de
avant les effets négatifs de la flambée la réduction de la faim avant la hausse
des prix alimentaires. Partout dans le spectaculaire des prix des denrées ali-
monde, 848 millions de personnes souf- mentaires. Cette dernière région connaît,
fraient chroniquement de la faim en avec l’Asie de l’Est, le Proche-Orient et
2003-05, la période la plus récente pour Afrique
l’Afrique du Nord, les niveaux les plus
Asie et Pacifique
laquelle des données individuelles par (Chine et subsaharienne bas de sous-alimentation du monde en
212
pays sont disponibles. Ce chiffre est Inde exclues) développement (Tableau 1, page 48).
189
légèrement plus élevé que les 842 millions
Source: FAO.
de personnes sous-alimentées recensées L’Afrique subsaharienne
en 1990-92, période de référence pour
le Sommet mondial de l’alimentation et 65 pour cent de ces personnes: l’Inde, la Entre le début des années 90 et 2003-05,
les Objectifs du Millénaire pour le déve- Chine, la République démocratique du la population de l’Afrique subsaharienne
loppement. Congo, le Bangladesh, l’Indonésie, le a augmenté de 200 millions d’individus
La grande majorité de la population Pakistan et l’Éthiopie. Si des progrès pour atteindre 700 millions d’habitants.
sous-alimentée du monde vit dans des étaient accomplis en matière de réduc- Cette forte augmentation, conjuguée à
pays en développement où se trouvaient tion de la faim dans ces pays, où la popu- un développement insuffisant de toute
832 millions de personnes souffrant lation est nombreuse, cela aurait évi- l’économie et de l’agriculture en parti-
chroniquement de la faim en 2003-05. demment d’importantes répercussions culier, a entravé les efforts de réduction
Sept pays rassemblent, à eux seuls, sur la diminution générale de la faim de la faim. Pourtant, alors que le nombre
9
Proportions de personnes sous-alimentées dans les pays en développement, 1990 92 et 2003 05

Prévalence de la sous-alimentation (%)


80
5% de sous-alimentées 5-9% de sous-alimentés 10-19% de sous-alimentés
70
60
50
40
30
20
10
0
Algérie
Argentine
Chili
Costa Rica
Cuba
Égypte
Gabon
Iran (Rép.
islamique d')
Jordanie
Kazakhstan
Koweït
Kirghizistan
Liban
Jamahiriya
arabe libyenne
Malaisie
Mexique
Maroc
République de Corée
Arabie saoudite
Rép. arabe syrienne
Tunisie
Turquie
Émirats arabes unis
Uruguay

Jamaïque
Brésil
Guyana
Maurice
Turkménistan
Suriname
Mauritanie
Chine
Ghana
Nigéria

Burkina Faso
Colombie
El Salvador
Trinité-et-Tobago
Mali
Paraguay
Azerbaïdjan
Honduras
Venezuela (Rép.
bolivarienne du)
Géorgie
Côte d'Ivoire
Ouzbékistan
Viet Nam
Équateur
Lesotho
Népal
Pérou

Ouganda
Guatemala

1990-92 2003-05

12 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


total de personnes sous-alimentées dans ducteurs de réaliser de meilleurs gains
la région s’est accru de 43 millions, pas- Révision des estimations et à des prix du cacao relativement éle-
sant de 169 millions à 212 millions de sur la sous-alimentation vés, le produit intérieur brut (PIB) agri-
personnes, l’Afrique subsaharienne est cole du pays a considérablement aug-
parvenue à faire quelques progrès en Par rapport aux estimations présentées menté. Une récente étude de la Banque
réduisant la proportion de personnes dans l’édition 2006 du présent rapport, les mondiale a révélé que les Ghanéens sont
souffrant de faim chronique, leur chiffre informations pour la période de réfé- deux fois plus nombreux à revenir à
passant de 34 à 30 pour cent. rence 1990-92 et celles qui ont suivi ont l’agriculture qu’à la quitter.
Cette augmentation du nombre de été revues sur base des nouvelles normes Dans les 14 pays africains qui sont sur
personnes souffrant de la faim en Afrique en matière de besoins énergétiques de la bonne voie pour réaliser l’Objectif du
subsaharienne est due, en grande partie, l’être humain et des statistiques démo- Millénaire pour le développement (réduc-
à un seul pays, la République démocra- graphiques des Nations Unies, intégrées tion de moitié de la prévalence de la faim
tique du Congo. Perpétuellement secoué aux estimations de la FAO sur la sous- d’ici 2015), le secteur agricole a connu
par des conflits de grande ampleur, le alimentation. L’Annexe technique pré- une croissance constante et relativement
pays a vu son nombre de personnes sente l’impact global des modifications de rapide, caractérisée par une augmenta-
souffrant de faim chronique passer de ces paramètres clés et la façon dont ils tion de la valeur ajoutée agricole, de la
11 millions à 43 millions d’individus alors ont influencé les estimations (pages 45-47). production vivrière et de la production et
que la proportion de personnes sous- Il convient de souligner que l’analyse dans du rendement des céréales. Cela contras-
alimentées augmentait de 29 à 76 pour cette partie ne tient pas compte des effets te fortement avec la situation des 14 pays
cent. Depuis 1990-92, le nombre de per- des prix alimentaires élevés. africains qui ne sont pas parvenus à
sonnes sous-alimentées a également réduire la prévalence de la sous-alimen-
augmenté dans 25 autres pays de la tation ou même l’ont vu croître depuis
région qui devra donc relever un défi de Ghana, du Congo, du Nigéria, du Mozam- 1990-92. Dans ces pays, la production
taille si elle veut intensifier ses efforts bique et du Malawi. Le Ghana est le seul vivrière a fortement diminué, alors que
afin de réaliser les objectifs de réduction pays qui soit parvenu à atteindre les la progression de la valeur ajoutée agri-
de la faim du SMA et des OMD. objectifs du SMA et des OMD. La crois- cole a atteint moins du quart du taux
Il faut par ailleurs préciser que plu- sance économique robuste qu’a connue obtenu par les pays du groupe plus avan-
sieurs pays qui ont réussi à réduire for- le Ghana, y compris dans le secteur cé. Il convient également de noter que
tement la part de leur population sous- agricole, a contribué dans une large parmi ceux qui ont enregistré des succès,
alimentée se situent également en Afrique mesure à la réussite du pays. Grâce à on compte plusieurs pays qui sont sortis
subsaharienne. Il s’agit notamment du des politiques qui permettent aux pro- de décennies de guerres civiles et de

Pays groupés par prévalence de la sous-alimentation en 2003-05

10- 10-19% de sous-alimentés 20-34% de sous-alimentés 35% de personnes sous-alimentées


Népal
Philippines
Pérou

Ouganda
Guatemala
Philippines
Guinée
Indonésie
Panama
Thaïlande
Swaziland
Bénin
Rép. dém. pop. lao
Myanmar
Namibie

Arménie
Rép. dominicaine
Inde
Sri Lanka
Soudan
Bolivie
Congo
Nicaragua
Cameroun
Pakistan
Botswana
Cambodge
Sénégal
Bangladesh
Malawi
Mongolie
Niger
Gambie
Rép. pop. dém.
de Corée
Kenya
Yémen
Tadjikistan

Rép.-Unie de
Tanzanie
Madagascar
Togo
Mozambique
Tchad
Libéria
Rwanda
Zimbabwe
Rép. centrafricaine
Zambie
Angola
Éthiopie
Sierra Leone
Haïti
Burundi
Érythrée
Rép. dém. du
Congo

Source: FAO.

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 13


La sous-alimentation dans le monde

10 11
Tendances sous-régionales en Afrique Croissance de l’agriculture dans les pays les plus
subsaharienne et les moins performants d’Afrique

Prévalence de la sous-alimentation (%) Variation annuelle moyenne 1990-2005 (%)


80 5
70 4
60
3
50
2
40
30 1
20 0
10
-1
0
Afrique Afrique Autres pays Afrique République
de l’Ouest de l’Est de l’Afrique australe démocratique -2
Agriculture, Production Production Rendements
centrale* du Congo valeur ajoutée vivrière céréalière céréaliers
1990-92 1995-97 2003-05 En voie d’atteindre la cible de l’OMD
* À l’exclusion de la République démocratique du Congo. Source: FAO. Prévalence de l’accroissement de la faim Banque mondiale.

conflits, apportant la preuve évidente que pour réaliser le premier Objectif du Toute fois, ailleurs dans la région, les
la paix et la stabilité politique sont essen- Millénaire pour le développement. Forts progrès n’ont pas été aussi uniformes.
tielles pour la réduction de la faim. de revenus nationaux relativement élevés, Le Costa Rica, la Jamaïque et le Mexique
d’un solide essor économique et d’une ont rejoint Cuba sur la liste des pays qui
L’Amérique latine et les Caraïbes bonne croissance de la productivité agri- sont parvenus à réaliser les objectifs de
cole, cinq pays d’Amérique du Sud réduction de la faim du SMA et des OMD
De toutes les sous-régions, l’Amérique (Argentine, Chili, Guyana, Pérou et Uruguay) en 2003-05.
du Sud a obtenu les meilleurs résultats sont parvenus à réaliser les objectifs du D’autre part, El Salvador, le Guatemala,
en matière de réduction de la faim avec Sommet mondial de l’alimentation et de Haïti et le Panama éprouvent toujours
10 pays sur 12 qui sont sur la bonne voie la Déclaration du Millénaire. des difficultés à réduire la prévalence de
la faim. Alors que le pays est toujours
12
confronté à une forte instabilité politique
Sous-alimentation en Amérique latine, au Proche-Orient
et économique, à la pauvreté et à la faim,
et en Afrique du Nord
Haïti a enregistré une faible diminution
de la sous-alimentation depuis 1990-92.
Millions Pourcentage
70 14 Toutefois, avec 58 pour cent de la popu-
lation souffrant de faim chronique, il a
60 12 l’un des niveaux de sous-alimentation
50 10 les plus élevés du monde.

40 8 Le Proche-Orient et l’Afrique du Nord


30 6
Les pays du Proche-Orient et d’Afrique
20 4 du Nord sont en général ceux chez qui les
10 2
taux de sous-alimentation sont les plus
bas du monde en développement. Toutefois,
0 0 pour le Proche-Orient, les conflits ont eu
1990–92 1995–97 2003–05
des conséquences importantes: le nom-
Nombre: Amérique Latine / Caraïbes Proche-Orient / Afrique du Nord
Prévalence: Amérique latine / Caraïbes Proche-Orient / Afrique du Nord Source: FAO.
bre total de personnes sous-alimentées
a presque doublé, passant de 15 millions

14 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


13
en 1990-92 à 28 millions en 2003-05. Cela
Estimations révisées du nombre de personnes sous-alimentées
est en grande partie dû au conflit en
en Chine et en Inde
Afghanistan et en Iraq où le nombre de
personnes sous-alimentées a augmenté
Millions
respectivement de 4,9 millions et 4,1 mil- 250
231
lions. Leur nombre est également plus
207 200
élevé au Yémen où une personne sur trois 200
178
(6,5 millions de personnes) souffre de 144
150
faim chronique. 123
En Afrique du Nord, la FAO estime 100
qu’environ 3 pour cent de la population
souffrait toujours de faim chronique en 50
2003-05 (4,6 millions de personnes contre
0
un peu plus de 4 millions en 1990-92). Chine Inde
Même si la prévalence de la sous-ali- 1990-92 1995-97 2003-05 Source: FAO.
mentation est en général faible au Proche-
Orient et en Afrique du Nord, la région
14
devrait réduire le nombre de personnes
souffrant de faim chronique, qui de 33 mil- Inde: les besoins énergétiques alimentaires sont supérieurs à l’offre
lions en 2003-05 devrait tomber à 10 mil-
lions d’ici 2015 si elle veut réaliser l’ob-
Variation (%)
jectif du SMA. 0,6
0,5
L’Asie et le Pacifique
0,4

À l’instar d’autres régions du monde, la 0,3


région Asie et Pacifique présente autant 0,2
de réussites que de revers dans la lutte 0,1
contre la faim. L’Asie a enregistré des
0,0
progrès modestes en ce qui concerne la
réduction de la prévalence de la faim (de -0,1
20 à 16 pour cent) et une réduction modé- -0,2
1990-92 à 1995-97 1995-97 à 2003-05
rée du nombre de personnes souffrant
Variation de la disponibilité énergétique alimentaire par habitant
de la faim (de 582 millions à 542 millions Variation des besoins énergétiques alimentaires minimaux par habitant Source: FAO.
de personnes). Cependant, comme la
région est très peuplée et que les progrès
sont relativement lents en matière de seul pays de la région à avoir atteint cet il est utile d’analyser ici les principaux
réduction de la faim, environ deux tiers objectif en 2003-05. Certains pays, comme facteurs qui sont à l’origine des tendan-
des personnes souffrant de la faim vivent la Thaïlande et le Viet Nam ont bien pro- ces de la faim.
en Asie. Parmi les sous-régions, l’Asie du gressé vers l’objectif plus ambitieux du Après avoir enregistré des avancées
Sud et l’Asie centrale ont essuyé des revers Sommet mondial de l’alimentation. considérables entre la période de réfé-
en matière de réduction de la faim alors rence de 1990-92 et la moitié des années 90,
que certains pays très peuplés avaient au La Chine et l’Inde la lutte contre la faim a marqué le pas,
départ enregistré des progrès (par exem- en Inde, à partir des années 1995-97.
ple, l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan; voir Du fait de leur taille, la Chine et l’Inde Vu la forte proportion de personnes
le Tableau 1, page 48). Un fait positif doit rassemblent 42 pour cent des personnes sous-alimentées pendant la période de
être signalé: la sous-région d’Asie du qui souffrent de faim chronique dans le référence (24 pour cent) et son impor-
Sud-Est est sur la bonne voie pour par- monde en développement. Étant donné tante croissance démographique, l’Inde
venir à l’objectif de réduction de la faim que la Chine et l’Inde jouent un rôle était confrontée à une tâche extrême-
de l’OMD, même si le Viet Nam était le déterminant dans la situation générale, ment ardue pour réduire le nombre de

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 15


La sous-alimentation dans le monde

15
Progrès et reculs: ratio du nombre de sous-alimentés et ratio de la prévalence de la sous-alimentation,
de 1990-92 à 2003-05

Ratio
4,0 5% de sous-alimentés 5-9% de sous-alimentés 10-19% de sous-alimentés
3,5
3,0
Reculs

2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
Progrès

Cuba

Kirghizistan

Koweït

Chili

Uruguay

Jamaïque

Gabon

Mexique

Maroc

Algérie

Jordanie

Guyana

Ghana

Chine

Brésil

Suriname

Turkménistan

Nigéria

Colombie

Maurice

Trinité-et-Tobago

Burkina Faso

Mauritanie

El Salvador

Géorgie

Azerbaïdjan

Myanmar

Viet Nam

Pérou

Thaïlande

Honduras

Équateur

Namibie

Paraguay

Népal

Philippines

Rép. dém. pop. lao

Mali

Ouganda

Indonésie

Bénin

Lesotho

Panama

Côte d'Ivoire
Ratio de la proportion de sous-alimentés en 2003-05 par rapport à celui de 1990-92 (objectif de l’OMD = 0,5)
Ratio du nombre de personnes sous-alimentées en 2003-05 par rapport à celui de 1990-92 (objectif du SMA = 0,5) Note:

16
Progrès et échecs dans la réduction de la sous-alimentation

Vers l’objectif Chine*


Viet Nam
du SMA Thaïlande
Brésil
Ghana
Nigéria
Pérou
Éthiopie**
Ouzbékistan
Indonésie
Yémen
Madagascar
Kenya
Rép. pop. dém. de Corée:
Rép.-Unie de Tanzanie
Pakistan
Inde
Rép. dém. du Congo
-60 -40 -20 0 20 40 -40 -20 0 20 40 60
Variation du nombre (millions) Variation de la proportion (%)
Réduction Augmentation
(progrès) (recul)

Vers l’objectif Géorgie


Nicaragua
de l’OMD Ghana
Éthiopie**
Arménie
Mozambique
Tchad
Angola
Zambie
Swaziland
République-Unie de Tanzanie
Botswana
Ouzbékistan
Gambie
Libéria
République pop. dém. de Corée
Burundi
République dém. du Congo
-40 -20 0 20 40 60 -20 -10 0 10 20 30 40
Variation de la proportion (%) Variation du nombre (millions)
* Comprend Taïwan, province de Chine. ** Estimations pour l’Éthiopie PDR utilisées pour 1990-92. Source: FAO.

16 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


20-34% de sous-alimentés 35% de sous-alimentées

Reculs
Progrès
Guinée
Lesotho
Venezuela
Panama

Côte d'Ivoire

Guinée
Venezuela
(Rép. bolivarienne de)
Guatemala

Swaziland

Ouzbékistan

Arménie

Nicaragua

Congo

Sri Lanka

Soudan

Cameroun

Cambodge

Malawi

Rép. dominicaine

Bangladesh

Inde

Mongolie

Bolivie

Niger

Tadjikistan

Sénégal

Pakistan

Kenya

Botswana

Yémen

Rép.-Unie de Tanzanie

Rép. pop. dém. de Corée

Gambie

Mozambique

Éthiopie

Tchad

Angola

Togo

Zimbabwe

Rwanda

Rép. centrafricaine

Haïti

Sierra Leone

Érythrée

Zambie

Madagascar

Burundi

Liberia

Rép. dém. du Congo


Pay Note: Pays classés par proportion de la sous-alimentation en 2003 05 (objectifs du SMA et de l’OMD = 0,5). Source: FAO.

personnes sous-alimentées (Tableau 1, la réalisation de l’objectif de réduction de Le Sommet mondial de l’alimentation


page 48). la faim de l'OMD. préconisait de réduire le nombre de per-
L’augmentation du nombre de person- sonnes souffrant de la faim de 50 pour
nes sous-alimentées en Inde peut être Progrès et échecs par pays cent d’ici 2015, alors qu’en adoptant le
attribuée à un ralentissement de la crois- premier Objectif du Millénaire pour le
sance, voire à un léger déclin, des dis- Étant donné que le nombre de personnes développement, les pays se sont engagés
ponibilités énergétiques alimentaires souffrant de faim chronique dans le monde à «réduire la proportion de personnes
par habitant depuis 1995-97. Sur le plan en 2003-05 est resté à un niveau équi- qui souffrent de la faim entre 1990 et
de la demande, l’espérance de vie en valent à celui de 1990-92 et qu’il aug- 2015». Pour évaluer le degré de réalisa-
Inde est passée de 59 à 63 ans depuis mente rapidement en raison de la flam- tion de ces objectifs, la FAO a établi une
1990-92. Cet accroissement a eu une bée des prix des denrées alimentaires, simple série de ratios pour chaque pays,
incidence importante sur l’évolution l'objectif du SMA, de réduire de moitié divisant les estimations les plus récentes
générale de la structure démographique, ce nombre d’ici 2015, semble désormais du nombre ou de la proportion de per-
à tel point qu’en 2003-05, la hausse des plus difficile à atteindre. À peine un tiers sonnes souffrant de la faim par les chif-
besoins énergétiques alimentaires mini- des pays en développement repris dans fres correspondant pour la période de
maux a dépassé la croissance des dis- les estimations de la FAO sont parvenus référence de 1990-92. Une valeur de 0,5
ponibilités énergétiques alimentaires. à réduire le nombre de personnes sous- (un demi) signifie que l’objectif de «rédui-
En raison de l’action combinée du ralen- alimentées depuis 1990-92. Parmi ceux-ci, re de moitié» a été atteint. Une valeur
tissement de la croissance des disponi- seuls 25 étaient, en 2003-05, sur la bonne inférieure à 1 signifie qu’il y a eu des
bilités énergétiques alimentaires par voie pour réaliser l’objectif du Sommet progrès alors qu’une valeur supérieure
habitant et de la hausse des besoins éner- mondial de l’alimentation, avant la haus- à 1 correspond à un échec. La Figure 15
gétiques alimentaires minimaux, l’Inde se des prix alimentaires. Le défi de la présente les valeurs pour les objectifs
comptait, en 2003-05, 24 millions de per- lutte contre la faim sera particulièrement de réduction de la faim du SMA et de et
sonnes sous-alimentées de plus qu’en difficile à relever si les prix des denrées de l'OMD pour chaque pays (données
1990-92. La hausse des besoins alimen- alimentaires restent élevés. reprises dans le Tableau 1, page 48).
taires de la population vieillissante repré-
sente environ 6,5 millions de tonnes par Principaux ratios retenus
an en équivalent céréales. Toutefois, la pour suivre la situation
prévalence de la faim en Inde a diminué
de 24 pour cent en 1990-92 à 21 pour cent Les objectifs du SMA et de l'OMD étaient
en 2003-05, constituant un progrès vers de «réduire de moitié la faim» d’ici 2015.

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 17


La sous-alimentation dans le monde
Zones sensibles et crises

L’
analyse ci-dessus des tendances sur tous les continents et met à jour une duits agricoles, des denrées alimentaires
à long terme de la sous-alimen- liste de pays en crise. De nombreux pays et des carburants sur des pays qui subis-
tation met en évidence la préva- repris sur la liste du SMIAR y restent sent déjà une crise (et sur de nombreux
lence marquée de la faim chronique dans longtemps ou y font de fréquentes appa- autres fortement vulnérables à ces chocs).
des pays qui ont subi des crises alimen- ritions et sont considérés comme des Comme il est difficile de prévoir les consé-
taires pendant plusieurs années consé- «zones sensibles», c’est-à-dire des régions quences de la flambée des prix des den-
cutives. Les crises alimentaires peuvent où un nombre considérable de personnes rées alimentaires et des carburants sur
subvenir à tout moment et partout dans souffrent gravement de la faim et de la les pays, les ménages et les individus du
le monde en raison de mauvaises condi- malnutrition, de façon constante ou récur- monde entier, la distinction entre pays
tions météorologiques, de catastrophes rente. La Figure 17 représente une carte «en crise» et pays «à risque» devient
naturelles, de crises économiques, de des pays en crise ayant besoin d’une aide plus floue, ce qui complique singulière-
conflits ou d’une combinaison de ces extérieure (33 pays en août 2008). ment les activités de surveillance et le
facteurs. Pour soutenir des mesures Il est essentiel de mener une analyse lancement en temps voulu d’une alerte
correctives et des interventions rapides rétrospective de la nature et des causes rapide appropriée concernant les crises
destinées à prévenir toute détérioration sous-jacentes des crises passées et en alimentaires imminentes.
de la situation de la sécurité alimentaire cours pour déterminer les interventions
dans les pays touchés, le système mondial d’urgence et les mesures appropriées à Tendances des crises
d’information et d’alerte rapide sur l’ali- déployer dans les zones sensibles. Cette
mentation et l’agriculture (SMIAR) de la analyse établit une base pour évaluer En 2007, un nombre record de pays (47)
FAO surveille continuellement la situation l’impact de la flambée des prix des pro- a été confronté à des crises exigeant une
17
Pays confrontés à des crises alimentaires

Déficit exceptionnel des disponibilités et de la production vivrière


Manque d’accès généralisé à des produits alimentaires
Insécurité alimentaire grave localisée

Note: Août 2008. Source: FAO.

18 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


aide d’urgence: vingt-sept pays d’Afrique, crises dues à l’intervention humaine ont depuis 2000. Partout dans le monde, la
10 d’Asie et 10 autres répartis dans été aggravées par des catastrophes natu- fréquence des inondations a augmenté:
d’autres régions du monde. Pour la relles. Ces dernières ont été les causes d’environ 50 inondations par an vers la
période 1993-2000, 15 pays africains en premières de l’insécurité alimentaire moitié des années 80, on arrive à plus
moyenne ont été confrontés, chaque jusqu’au début des années 90; depuis 10 de 200 inondations de nos jours5. Par
année, à des crises alimentaires. Depuis ans, les crises d’origine humaine gagnent contre, il y a eu un recul des crises ali-
2001, ce chiffre est passé à près de en importance. mentaires causées par des catastrophes
25 pays. Après avoir été confrontés à naturelles survenues lentement. Les
une grave insécurité alimentaire pendant Catastrophes naturelles. Les catastrophes catastrophes qui apparaissent soudai-
une saison, bon nombre de pays sont naturelles peuvent être classées selon nement laissant nettement moins de
restés sur la liste des pays en crise qu’elles surviennent «lentement» (par temps à la planification et à l’intervention
pendant plusieurs années en raison des exemple, une sécheresse ou des vagues que celles qui surviennent plus lentement,
effets persistants de la sécheresse et/ de sécheresse) ou «soudainement» (par leur augmentation a d’importantes impli-
ou d’un conflit et d’une faible résilience. exemple, des inondations, des cyclones, cations pour les mesures d’atténuation
D’autres n’apparaissent sur la liste qu’oc- des ouragans, des tremblements de terre et la mobilisation des moyens nécessai-
casionnellement et une surveillance et des éruptions volcaniques). Même si res pour se préparer aux urgences et
attentive s’impose. la proportion de catastrophes naturelles intervenir afin de sauver des vies et de
Au cours des 20 dernières années, un a diminué d’une manière générale avec protéger les moyens d’existence.
nombre accru de pays a été confronté à le temps, les informations du SMIAR de 19
des crises alimentaires, dont les causes la FAO indiquent que les catastrophes
Variation de la nature
sous-jacentes sont devenues plus com- survenues soudainement, surtout les
des catastrophes naturelles
plexes. Dans de nombreux cas, les catas- inondations, ont augmenté: elles repré-
et d’origine humaine
trophes causées d’origine humaine sont sentaient 14 pour cent de toutes les
venues s’ajouter aux catastrophes natu- catastrophes naturelles dans les
Naturelles D’origine
relles, débouchant sur des crises longues années 80, pour passer à 20 pour cent humaine
et complexes. Dans d’autres cas, des dans les années 90 et à 27 pour cent 2%
Années 80
18 14%

Causes des crises alimentaires, 1981-2007


86% 98%
Nombre de situations d’urgence
70
Années 90
60 11%
20%

50
80% 89%
40

Années 2000
30

27% 27%
20

10 73% 73%

0
1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 À évolution rapide Socioéconomique
Catastrophes d’origine anthropique Catastrophes naturelles À évolution lente Guerre et conflit
Total Source: FAO. Source: FAO.

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 19


La sous-alimentation dans le monde

Facteurs socioéconomiques. Les crises dans les années 70, à la suite d’une pré- de change réels et efficacité des mesu-
de nature humaine peuvent être divisées cédente crise alimentaire mondiale. En res adoptées par les gouvernements pour
en deux catégories: les crises découlant 2008, 82 PFRDV devraient dépenser envi- faire face à la crise. Par exemple, parmi
de guerres ou de conflits et celles pro- ron 169 milliards de dollars EU pour leurs les pays qui importent la plupart des
voquées par des chocs socioéconomiques. importations alimentaires, contre 121 mil- produits pétroliers et céréaliers dont ils
Ces derniers peuvent provenir de facteurs liards en 2007, soit une augmentation de ont besoin et qui connaissent également
internes – politiques économiques ou 40 pour cent. Leurs importations de des taux élevés de sous-alimentation,
sociales inappropriées, différends liés à céréales de base ont connu une augmen- on trouve l’Érythrée, Haïti, le Libéria, le
la propriété foncière ou détérioration de tation encore plus forte, puisqu’elle atteint Niger, la Sierra Leone et le Tadjikistan7.
la santé publique – ou de facteurs exter- 50 pour cent. Vers la fin de 2008, la fac- La plupart d’entre eux se situent en
nes. Parmi, les causes externes possibles, ture des importations alimentaires des Afrique subsaharienne et beaucoup figu-
à noter l’effondrement des prix des pro- PFRDV pourrait être quatre fois plus rent déjà sur la liste des pays en crise,
duits exportés par un pays, provoquant élevée qu’en 2000, représentant une établie par le SMIAR.
une baisse des recettes d’exportation ou charge énorme pour ces pays.
une forte augmentation des prix des Les PFRDV en tant que groupe dépen- Implications pour
denrées alimentaires importées (comme sent beaucoup plus pour des denrées les investissements
cela a été le cas ces deux dernières alimentaires de base importées, mais il
années). La part relative des crises ali- existe d’importantes différences parmi Les pays donateurs et les agences de
mentaires engendrées par des facteurs les pays et au sein des populations. Ces développement, conscients de la néces-
socioéconomiques a augmenté ces 30 der- différences dépendent de nombreux sité de définir les priorités en matière
nières années pour passer de 2 pour cent facteurs: degré de dépendance à l’égard d’aide d’urgence et de décisions d’in-
dans les années 80 à 11 pour cent dans des importations, modes de consomma- vestissement dans le contexte de la crise
les années 90 et à 27 pour cent depuis tion alimentaire, degré d’urbanisation, alimentaire mondiale actuelle, souhai-
2000. Même si la proportion relative de incidence des cours internationaux sur tent obtenir des listes de pays jugés à
pays subissant des crises alimentaires les prix à la consommation et à la pro- risque.
provoquées par des guerres et des conflits duction des produits de base (degré de Récemment, la FAO a analysé les prin-
a diminué, le nombre absolu de crises répercussion des prix), variation des taux cipaux facteurs qui déterminent le degré
de ce type a augmenté au cours de la
même période, entraînant de nombreu-
ses pertes de vies humaines, des des- Échanges informels aux frontières
tructions de biens et des déplacements
de populations.
Le cas du Pakistan illustre la dynamique facteur déterminant doit être pris en comp-
Nouvelles dimensions complexe des prix des marchandises aux te: le prix du blé au Pakistan reste beaucoup
de la vulnérabilité niveaux national et régional. Le pays est un plus faible que dans ses pays voisins et
producteur et un consommateur assez surtout en Afghanistan, où les conditions
Les prix élevés des denrées alimentaires important de blé au niveau régional et climatiques sont défavorables et où l’insé-
ont touché tous les pays, d’une façon ou dispose généralement d’excédents. La curité règne. Les fortes différences de prix
d’une autre, mais ils ont eu des consé- production de blé en 2008 a baissé d’un peu entre les deux pays ont entraîné des échan-
quences plus graves dans les pays qui plus de 6 pour cent par rapport au niveau ges informels aux frontières et l’importation
connaissent un déficit structurel de la record de l’année précédente et les impor- par le Pakistan de blé provenant des mar-
production vivrière, où les revenus sont tations de blé devraient s’élever à 2,5 ou chés internationaux. Dans le même temps,
faibles et où la plupart des ménages 3 millions de tonnes. Malgré une interven- les ressources disponibles pour subven-
dépensent une part importante de leur tion vigoureuse du gouvernement sur le tionner l’utilisation d’engrais étant limitées,
budget pour se procurer des aliments. marché national du blé, les prix ont forte- les prix des engrais à base de phosphate
Bon nombre de ces pays ont déjà des ment augmenté depuis la mi-2007. En effet, diammonique ont augmenté de 60 pour cent
taux élevés de sous-alimentation et la en juin 2008, les prix avaient presque dou- au niveau des producteurs, entraînant une
plupart d’entre eux font partie de la caté- blé, dans les provinces en déficit, par rap- forte chute de leur utilisation et un une
gorie des «pays à faible revenu et à défi- port à l’année précédente. Dans ce cas, un baisse des rendements des cultures.
cit vivrier» (PFRDV)6, établie par la FAO

20 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008


occasionnels, les lourdes retombées de
Pays pour lesquels une hausse des prix alimentaires la hausse des prix alimentaires vont faire
peut aggraver l’insécurité alimentaire basculer certains pays qui sont déjà en
crise dans une situation encore plus
En crise alimentaire À risque élevé précaire ou vont aggraver la situation
République centrafricaine Cameroun d’autres pays, qui pourraient devenir,
République démocratique du Congo Comores eux aussi, des pays en crise.
Côte d’Ivoire Djibouti Le SMIAR surveille la production
Érythrée Gambie vivrière, tient à jour les bilans de l’offre
Éthiopie Madagascar
et de la demande au niveau national et
Guinée Mongolie
Guinée-Bissau Mozambique
produit des agrégats au niveau mondial.
Haïti Nicaragua Par ailleurs, il surveille et analyse les
Kenya Niger marchés mondiaux et les échanges des
Lesotho Territoire palestinien occupé produits de base (y compris les prix des
Libéria Rwanda denrées alimentaires), rédige des rapports
Sierra Leone Sénégal réguliers à ce sujet et dresse également
Somalie Îles Salomon les perspectives générales de l’alimen-
Swaziland Togo
tation. Pour améliorer ces fonctions tout
Tadjikistan République-Unie de Tanzanie
en fournissant des avis ainsi qu’une
Timor-Leste Yémen
Zimbabwe Zambie
assistance technique aux pays pour les
Source: FAO. aider à faire face à la hausse des prix des
denrées alimentaires, le SMIAR a ren-
forcé ses capacités de collecte et d’ana-
de vulnérabilité des pays à l’égard des liste du SMIAR de la FAO en tant que pays lyse des données dans trois grands
prix élevés des denrées alimentaires; connaissant une «insécurité alimentaire domaines:
pour ce faire, elle a examiné dans quel- grave localisée» à la suite d’inondations • la surveillance des prix des marchan-
le mesure ils sont importateurs nets et du passage du cyclone Sydr à la fin de dises/denrées alimentaires aux niveaux
d’énergie et de céréales (après pondé- 2007, mais on peut noter des signes international et national, y compris à
ration de la proportion de céréales dans évidents d’amélioration de la sécurité l’échelon infranational;
l’apport énergétique alimentaire) et quels alimentaire. Le Bangladesh figure éga- • la surveillance des mesures adoptées
sont les niveaux relatifs de la pauvreté lement sur la liste des pays sérieusement par les pays pour faire face à la haus-
et de la sous-alimentation dans ces pays. touchés par les prix élevés des denrées se des prix des denrées alimen-
Outre les pays déjà en crise, qui ont besoin alimentaires qui doivent faire l’objet d’une taires;
d’une aide extérieure (dont certains figu- surveillance étroite et constante de la • l’analyse des répercussions de la
rent dans la partie gauche du tableau), situation. Dans d’autres cas, la hausse hausse des prix des aliments sur les
de nombreux autres pays ont été sérieu- des prix des denrées alimentaires dans ménages, en milieu urbain et rural,
sement touchés par la hausse des prix certains pays est fortement influencée en prenant en considération les varia-
des marchandises, surtout ceux de l’éner- par la situation dans les pays limitrophes, bles mentionnées ci-dessus.
gie et des denrées alimentaires de base. comme c’est le cas pour les prix du blé Le SMIAR tient le monde au courant
Il s’agit notamment des pays repris dans au Pakistan. de l’évolution de la situation, en prenant
la partie droite du tableau8. constamment le pouls d’une situation
Il est important de noter que certains Répercussions sur les alertes alimentaire mondiale en constante muta-
pays qui ne figurent pas aujourd’hui sur rapides tion et en surveillant les nombreux fac-
la liste pourraient bien connaître une teurs de risque qui exposent les pays à
crise alimentaire dans un avenir proche, Étant donné que la situation alimentaire une détérioration subite de leur sécu-
notamment à cause d’une catastrophe mondiale est très dynamique, le SMIAR rité alimentaire.
naturelle soudaine, de troubles civils, a dû revoir le concept de «pays en crise
d’une crise financière ou d’une combi- nécessitant une aide extérieure». Outre
naison de facteurs. Le Bangladesh est les crises provoquées par des événements
l’un de ces pays: il figure toujours sur la naturels et par des chocs économiques

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2008 21

Vous aimerez peut-être aussi