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2012

L’état de
l’insécurité alimentaire

2012
dans le monde

La croissance économique est nécessaire mais elle


n’est pas suffisante pour accélérer la réduction de la
faim et de la malnutrition

L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde 2012 présente de nouvelles


estimations de la sous-alimentation, calculées au moyen d’une méthode révisée et
améliorée. D’après ces nouvelles estimations, la lutte contre la faim menée ces
vingt dernières années a donné de meilleurs résultats que ce que l'on pensait. Si
l’on redouble d'efforts, la cible correspondante des Objectifs du Millénaire pour le
développement pourrait être atteinte au niveau mondial d'ici à 2015. Le nombre
de personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique reste cependant à un
niveau inacceptable et l'éradication de la faim demeure un enjeu mondial majeur.
Cette année, le rapport montre aussi en quoi la croissance économique
contribue à la lutte contre la sous-alimentation. La croissance est un outil efficace
de lutte contre la pauvreté et la faim dès lors qu’elle crée des emplois et des
sources de revenus dont les pauvres peuvent profiter. Une croissance agricole
durable, en particulier, a souvent des retombées sur les pauvres, parce que la
plupart de ceux qui sont touchés par la pauvreté et la faim vivent en zone rurale,
en grande partie de l'agriculture. La croissance ne contribuera pas pour autant à
améliorer la nutrition pour tous. Pour qu’elle y contribue, les politiques et les
programmes de croissance doivent aussi promouvoir la diversification de
l'alimentation, l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et aux services de santé,
et l'éducation des consommateurs en matière de nutrition et de soins aux enfants.
Il faut du temps pour que la croissance économique atteigne les pauvres et,
parfois, elle n’arrive jamais jusqu’aux plus pauvres. Il est donc crucial de recourir à L’état de
des mécanismes de protection sociale pour éliminer la faim aussi rapidement que
possible. D’ailleurs, s'ils sont bien conçus, de tels mécanismes favorisent aussi la
croissance économique, car ils permettent d’accroître le capital humain et aident
l’insécurité alimentaire
dans le monde
les agriculteurs à maîtriser suffisamment les risques pour être en mesure d'adopter
des techniques modernes. Enfin, pour que la lutte contre la faim progresse
rapidement, les gouvernements doivent fournir les biens et les services publics
essentiels, dans le cadre d'un système de gouvernance qui soit fondé sur la
transparence, la participation, l'obligation de rendre des comptes, l'état de droit et
le respect des droits de l'homme.
La croissance économique est nécessaire mais elle
n’est pas suffisante pour accélérer la réduction de la
faim et de la malnutrition

Photos de la couverture: Toutes les photos proviennent de la Médiabase de la FAO

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Cover-inside 2012 French.pdf 1 21/12/2012 22:18

Principaux messages NOTES de l’Annexe 1

Les pays révisent leurs statistiques officielles régulièrement pour les périodes Kirghizstan, Lesotho, Malawi, Mali, Mongolie, Népal, Niger, Ouganda,
passées ainsi que pour les périodes les plus récentes couvertes par le Ouzbékistan, Paraguay, République centrafricaine, République
rapport. Il en va de même pour les données démographiques des Nations démocratique populaire lao, République de Moldova, Rwanda,
Unies. Dans ce cas, la FAO révise ses propres estimations de la Swaziland, Tadjikistan, Tchad, Turkménistan, Zambie, Zimbabwe.
sous-alimentation en conséquence. Les lecteurs sont donc invités à 8. Comprend les pays suivants: Antigua-et-Barbuda, Antilles
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 La croissance agricole est un outil particulièrement considérer l’évolution des estimations dans le temps en utilisant une même néerlandaises, Bahamas, Barbade, Belize, Cap-Vert, Comores, Cuba,
présente de nouvelles estimations du nombre et de efficace de lutte contre la faim et la malnutrition. La édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde et à éviter de Dominique, Îles Fidji, Grenade, Guinée-Bissau, Guyane, Haïti,
la proportion de personnes sous-alimentées à partir plupart des personnes vivant dans une pauvreté extrême comparer les données publiées dans des éditions des autres années. Jamaïque, Kiribati, Maldives, Maurice, Nouvelle-Calédonie,
de 1990, définies du point de vue de la répartition sont tributaires de l’agriculture et d’activités connexes et Papouasie-Nouvelle-Guinée, Polynésie française, République
des disponibilités énergétiques alimentaires. En en tirent une partie importante de leurs moyens 1. Objectif du Sommet mondial de l’alimentation: réduire de moitié, dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie,
2010–2012, la sous-alimentation chronique touche d’existence. La croissance agricole mobilisant les petits entre 1990-1992 à 2015, le nombre de personnes sous-alimentées. Saint-Vincent/Grenadines, Îles Salomon, Samoa, Sao Tomé-et-Principe,
encore un nombre inacceptable de personnes – près exploitants, et en particulier les femmes, sera un outil 2. Objectif du Millénaire pour le développement 1, cible 1C: réduire de Seychelles, Suriname, Timor-Leste, Trinidad and Tobago, Vanuatu.
de 870 millions dans le monde. Selon les estimations, d’autant plus efficace de lutte contre l’extrême pauvreté moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre 9. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina
de la faim. Indicateur 1.9: Proportion de la population n’atteignant Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Érythrée, Éthiopie, Gambie,
l’écrasante majorité – quelque 850 millions de personnes, et la faim, qu’elle permettra d’accroître les revenus du
pas le niveau minimal d’apport calorique (sous-alimentation). Les Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kenya, Kirghizstan, Libéria, Madagascar,
soit un peu moins de 15 pour cent de la population – travail et de créer des emplois pour les pauvres.
résultats, obtenus à l’aide d’une méthodologie harmonisée, se basent Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger,
vivent dans des pays en développement. sur la moyenne sur trois ans des dernières données disponibles à Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du
La croissance économique et agricole devrait l’échelle mondiale. Il se peut que certains pays disposent de données Congo, République démocratique populaire de Corée,
L’évolution favorable, à partir de 1990, des prendre en compte des considérations plus récentes qui, si elles étaient utilisées, pourraient donner des République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sierra Leone, Somalie,
estimations de la sous-alimentation, laisse penser nutritionnelles. La croissance doit aboutir à une estimations différentes de la prévalence de la sous-alimentation, et par Tadjikistan, Tchad, Togo, Zimbabwe.
qu’en matière de lutte contre la faim, les progrès amélioration de la nutrition en donnant aux pauvres les conséquent, des progrès réalisés. 10. Comprend les pays suivants: Albanie, Arménie, Belize, Bolivie (État
enregistrés ont été plus prononcés que ce qu’on moyens de mieux diversifier leur alimentation, en 3. La période la plus récente couverte par les estimations du rapport est plurinational de), Cameroun, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti,
pensait auparavant. améliorant l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et 2010-2012, et la période de référence est 1990-1992. Pour les pays Égypte, El Salvador, Fidji, Géorgie, Ghana, Guatemala, Guyane,
aux services de santé, en sensibilisant les consommateurs qui n’existaient pas pendant la période de référence, la proportion Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie, Iraq, Kiribati, Lesotho,
1990-1992 de personnes sous-alimentées correspond repose sur celle Mongolie, Maroc, Nicaragua, Nigéria, Ouzbékistan, Pakistan,
Cependant, c’est surtout avant 2007–2008 que les à une bonne nutrition et aux soins appropriés à donner
de 1993-1995, et le nombre de personnes sous-alimentées est calculé Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Philippines, République arabe
progrès mondiaux en matière de réduction de la aux enfants et en assurant une distribution ciblée de
en à partir de la population en 1990-1992 et de cette proportion. syrienne, République démocratique populaire lao, République de
faim ont été faits. Ils ont ensuite accusé un suppléments dans les situations de carences graves en 4. Les symboles et les couleurs indiquent les résultats qui devraient être Moldova, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sri Lanka, Soudan,
ralentissement et un tassement. micronutriments. Une fois établie, la bonne nutrition est, obtenus d’ici à 2015, si la tendance actuelle se poursuit: Swaziland, Territoire palestinien occupé, Timor-Leste, Ukraine,
C
à son tour, un moteur essentiel d’une croissance Vanuatu, Viet Nam, Yémen, Zambie.
Objectif du Sommet Objectifs du Millénaire
M Les nouvelles estimations impliquent que la cible de économique durable. 11. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina
mondial de l’alimentation pour le développement
Y
l’Objectif du Millénaire pour le développement Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Comores, Congo, Côte
Changement compris A déjà atteint la cible ou d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Géorgie, Ghana,
(OMD) relative à la réduction de moitié de la La protection sociale est décisive pour accélérer la
dans une fourchette devrait l’atteindre d’ici à 2015, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie,
CM
prévalence de la sous-alimentation dans les pays en lutte contre la faim. Premièrement, elle peut protéger
de ± 5% ou prévalence < 5% Iraq, Kenya, Kiribati, Kirghizstan, Lesotho, Libéria, Madagascar,
MY développement pour 2015 peut être atteinte, pour les plus vulnérables, qui n’ont pas bénéficié de la
Chiffre en baisse Progrès insuffisants pour Malawi, Mali, Mauritanie, Mongolie, Mozambique, Népal, Nicaragua,
autant que l’on fasse le nécessaire pour inverser le croissance économique. Deuxièmement, si elle est
CY
de plus de 5% atteindre la cible si les tendances Niger, Nigéria, Ouganda, Ouzbékistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée,
ralentissement tendanciel que l’on observe depuis structurée de manière appropriée, elle peut contribuer *
Objectif atteint Aucun progrès, ou détérioration
Philippines, République centrafricaine, République démocratique du
CMY
2007–2008. directement à l’accélération de la croissance économique Congo, République démocratique populaire de Corée, République
de la situation
K grâce à la valorisation des ressources humaines et au démocratique populaire lao, République de Moldova, République-Unie
Si la FAO a sensiblement amélioré cette année sa renforcement des capacités des pauvres, en particulier les Chiffre en augmentation
de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone,
méthode d’estimation de la sous-alimentation, il lui petits exploitants, en matière de gestion des risques et de plus de 5%
Somalie, Sri Lanka, Soudan, Syrie, Tadjikistan, Tchad, Timor-Leste,
ne Non évalué
reste cependant à apporter d’autres améliorations d’adoption de technologies améliorées, à productivité Togo, Yémen, Zambie, Zimbabwe.
et à parfaire les données dont elle a besoin pour plus élevée. 12. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau: le
5. Les pays, régions et territoires pour lesquels des données insuffisantes
appréhender les effets des brusques variations des Cap-Vert, les Comores, Djibouti, la Guinée-Bissau, le Gabon, la
étaient disponibles pour conduire l’évaluation ne sont pas pris en
prix des denrées alimentaires et des autres chocs Pour accélérer la réduction de la faim, il faut que la Gambie, le Lesotho, la Mauritanie, Maurice, la République
compte. Il s’agit des pays, régions et territoires suivants: Andorre,
démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, les Seychelles, la
économiques. Par conséquent, les estimations de la croissance économique soit doublée d’une action Anguilla, Aruba, Bahreïn, Bhoutan, Îles Caïman, Îles Canton et
Somalie et le Swaziland.
sous-alimentation ne prennent pas en compte l’ensemble volontariste et déterminante des pouvoirs publics. Enderbury, Île Christmas, Îles des Cocos (Keeling), Îles Cook, Guinée
13. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend
des effets sur la faim des brusques hausses des prix de Les politiques et programmes publics doivent être équatoriale, Îles Falkland (Malvinas), Îles Féroé, Gibraltar, Groenland,
l’Afghanistan et les Maldives.
2007–2008, ni le ralentissement de l’économie que créateurs d’un environnement propice à une croissance Guadeloupe, Guam, Guyane française, Île Johnston, Liechtenstein, Îles
14. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Brunéi
Marshall, Martinique, Micronésie (États fédérés de), Île Midway,
connaissent certains pays depuis 2009, à plus forte raison économique à long terme en faveur des pauvres. Un Darussalam, le Myanmar et le Timor-Leste.
Monaco, Nauru, Nioué, Île Norfolk, Îles Mariannes du Nord, Oman,
les récentes hausses des prix. On a également besoin environnement porteur comporte la fourniture de biens et 15. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend l’Iraq et le
Palau, Îles Pitcairn, Porto Rico, Qatar, la Réunion, Sainte-Hélène,
d’autres indicateurs pour pouvoir évaluer de façon plus services publics pour le développement des filières de Territoire palestinien occupé.
Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Marin, Saint-Siège, Samoa américaines,
complète la sous-alimentation et la sécurité alimentaire. production, un accès équitable des pauvres aux 16. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau:
Singapour, Territoire britannique de l’océan Indien, Tokélaou, Tonga,
ressources, la dévolution de pouvoirs aux femmes et la Antigua-et-Barbuda, les Antilles néerlandaises, les Bahamas, la
Îles Turques et Caïques, Tuvalu, Îles Vierges américaines, Îles Vierges
Pour que la croissance économique se traduise par conception et la mise en place de systèmes de protection Barbade, la Grenade, la Dominique, la Jamaïque, Sainte-Lucie,
britanniques, Île de Wake, Îles Wallis et Futuna, Sahara occidental.
Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines et
une amélioration de la nutrition des plus démunis, il sociale. Pour être efficaces, ces politiques et programmes
Trinité-et-Tobago.
faut que les pauvres soient parties prenantes au doivent s’appuyer sur un système amélioré de Pays composant les groupements spéciaux:
17. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Belize, la
processus de croissance et qu’ils en bénéficient: i) la gouvernance, reposant sur la transparence, la 6. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Guyane, et le Suriname.
croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir jusqu’à participation, l’obligation de rendre compte, l’état de Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Djibouti, Érythrée, 18. Comprend les Îles Fidji, Kiribati, la Nouvelle-Calédonie, la
eux; ii) les pauvres doivent utiliser leur revenu droit et le respect des droits de l’homme. Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kiribati, Lesotho, Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Polynésie française, les Îles Salomon,
supplémentaire pour améliorer quantitativement et Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Samoa et Vanuatu.
qualitativement leur alimentation et accéder à de Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine,
meilleurs services de santé et iii) les gouvernements République démocratique du Congo, République démocratique
populaire lao, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Îles Salomon, CLÉ
doivent destiner les ressources publiques supplémentaires
Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan,
à des biens et services publics profitant aux pauvres et aux < 0,5 nombre de personnes sous-alimentées inférieur à 0,5 million
Tchad, Timor-Leste, Togo, Vanuatu, Yémen, Zambie.
personnes souffrant de la faim. < 5 proportion de personnes sous-alimentées inférieure à 5 pour cent
7. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan,
nd données non disponibles
Bolivie (État plurinational de), Botswana, Burkina Faso, Burundi,
ns non significatif au plan statistique.
Éthiopie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Kazakhstan,
2012
L’état de
l’insécurité alimentaire
dans le monde
La croissance économique est nécessaire mais elle
n’est pas suffisante pour accélérer la réduction de la
faim et de la malnutrition

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE


Rome, 2012
Citation requise:

FAO, FIDA et PMA. 2012. L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012.
La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suffisante pour
accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition. Rome. FAO.

Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des


données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international de développement
agricole (FIDA) ou du Programme alimentaire mondial (PAM) aucune prise de position
quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou
zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
La mention de sociétés déterminées ou de produits de fabricants, qu’ils soient ou
non brevetés, n’entraîne, de la part de la FAO, du FIDA ou du PAM, aucune approbation
ou recommandation desdits produits de préférence à d’autres de nature analogue qui ne
sont pas cités.

Les appellations employées et la présentation des données sur les cartes n’impliquent
de la part de la FAO, du FIDA ou du PAM aucune prise de position quant au statut
juridique ou constitutionnel des pays, territoires ou zones maritimes, ni quant au tracé de
leurs frontières ou limites.

ISBN 978-92-5-20731-6

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seront autorisées à titre gracieux sur demande. La reproduction pour la revente ou à
d’autres fins commerciales, y compris à des fins didactiques, pourra être soumise à des
frais. Les demandes d’autorisation de reproduction ou de diffusion de matériel dont les
droits d’auteur sont détenus par la FAO et toute autre requête concernant les droits et
les licences sont à adresser par courriel à l’adresse copyright@fao.org

© FAO 2012
T A B L E D E S M A T I È R E S
4 Avant-propos
6 Remerciements

8 La sous-alimentation dans le monde en 2012

8 La sous-alimentation dans le monde


13 Amélioration des données et de la méthodologie

15 La croissance économique, la faim et la malnutrition

15 Croissance des revenus et modification de la consommation alimentaire


21 En quoi la croissance économique contribue-t-elle à la réduction de la faim
et à l’amélioration de la nutrition?
24 Résultats en matière de nutrition – des progrès à l’échelle mondiale, mais
encore beaucoup de problèmes

30
La croissance de l’agriculture et sa contribution à la
réduction de la pauvreté, de la faim et de la
malnutrition

30 Le rôle de la croissance agricole dans la croissance économique et la


réduction de la pauvreté et de la faim
32 Contribution des petits agriculteurs à l’accroissement de la production et de
la productivité agricoles
36 Faim, agriculture et développement durable
37 L’importance de l’économie rurale non agricole et ses liens avec l’agriculture

La protection sociale pour les personnes pauvres et


40
vulnérables

40 Un outil essentiel à la réduction de la faim et de la malnutrition


41 Des dispositifs de protection sociale pour améliorer la sécurité alimentaire et
la nutrition
45 Protection sociale et croissance économique

52 Annexe technique

52 Annexe 1: Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au


niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation et des
Objectifs du Millénaire pour le développement dans les pays en
développement
56 Annexe 2: Moderniser et réviser la méthode utilisée par la FAO pour évaluer
l’insécurité alimentaire – résumé des changements et de leurs incidences
64 Annexe 3: Glossaire de termes et d’expressions utilisés dans le rapport

65 Notes

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L
A V A N T - P R O P O S

’édition 2012 de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde met l’accent sur l’importance
que revêt la croissance économique dans la lutte contre la pauvreté, la faim et la malnutrition.
Nous constatons avec satisfaction que beaucoup de pays en développement – pas tous
malheureusement ont pu se prévaloir de taux de croissance remarquables au cours des dernières
décennies. Une forte croissance du PIB par habitant est certes un moyen essentiel de faire reculer
l’insécurité alimentaire et la malnutrition, mais la croissance économique en elle-même n’est pas un
gage de succès. Comme Jean Dreze et Amartya Sen l’ont récemment indiqué: «pour que les fruits de la
croissance économique soient bien répartis, il faut à la fois mettre en œuvre des politiques publiques
volontaristes, et faire en sorte – ce qui est très important – que les recettes publiques issues d’une
croissance économique rapide soient utilisées à bon escient pour les services sociaux, en particulier la
santé et l’éducation publiques»1 Nous partageons cet avis sans réserve.
Il y a encore trop de situations dans lesquelles les pauvres ne bénéficient pas assez des avantages
produits par la croissance économique. C’est le cas, par exemple, quand la croissance est le fait de
secteurs qui ne créent pas suffisamment d’emplois pour les pauvres ou quand ces derniers n’ont pas un
accès sûr et équitable aux moyens de production, notamment la terre, l’eau et le crédit. Il en va de
même quand les pauvres ne peuvent pas saisir immédiatement les chances offertes par la croissance, à
cause de la dénutrition, du manque d’instruction, de problèmes de santé, de l’âge ou de la
discrimination sociale.
Mais, dans toutes les régions en développement, il y a un enseignement que nous avons tiré des
initiatives couronnées de succès: plus que l’investissement dans les autres secteurs, l’investissement
dans l’agriculture peut être créateur d’une croissance économique dont les personnes touchées par la
pauvreté, la faim et la malnutrition peuvent largement profiter. Il nous faut bien reconnaître, toutefois,
que ce n’est pas toujours vrai. Compte tenu de la progression inexorable de l’urbanisation dans les pays
en développement, il faudra que les efforts de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire visent
également les zones urbaines. Cependant, dans beaucoup de pays à faible revenu, l’agriculture
demeure la principale source d’emplois et les pauvres des zones urbaines consacrent la plus grande
partie de leurs revenus à l’alimentation. En outre, dans un proche avenir, la majorité des personnes
touchées par la pauvreté et la faim continueront à vivre en milieu rural et l’amélioration de leurs
moyens d’existence dépendra directement ou indirectement des investissements dans les infrastructures
rurales et les petites exploitations agricoles.
La présente édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde attire l’attention sur l’intérêt
qu’il y a à investir dans une croissance agricole centrée sur les petites exploitations. Compte tenu de la
double nécessité de protéger l’environnement et de faire reculer la faim, la pauvreté et la malnutrition,
nous engageons toutes les parties prenantes à promouvoir les solutions concrètes qui encouragent
l’intensification durable des systèmes de production alimentaire, garantissent une participation massive des
petits exploitants agricoles et des autres ruraux pauvres et préservent les ressources naturelles – notamment
grâce à la limitation des pertes après récolte et des gaspillages le long de la chaîne alimentaire. Des prix
élevés des produits agricoles encouragent l’investissement dans l’agriculture. Mais il est aussi
indispensable de mettre en œuvre des politiques plus efficaces et d’améliorer la gouvernance pour
garantir un développement qui soit durable et remédier aux incidences que la plus forte instabilité des
prix et la hausse du coût des produits alimentaires risquent d’avoir sur les pauvres, dont la plupart sont
des acheteurs nets.
Le rapport montre, preuves convaincantes à l’appui, que les personnes touchées par la pauvreté, la
faim et la malnutrition utilisent une partie de leurs revenus supplémentaires soit pour produire, soit
pour acheter davantage de nourriture, dans le souci d’accroître leur apport énergétique alimentaire et
de diversifier leur alimentation. Dans ce contexte, nous constatons avec satisfaction une amélioration
sensible de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. Nous observons une tendance à la
baisse de la prévalence de la sous-alimentation et une certaine amélioration de l’évolution des
principaux indicateurs anthropométriques de l’insuffisance pondérale, du retard de croissance et de la
mortalité liée à la nutrition, chez les enfants. La lutte contre certains types de carences en
micronutriments ou «faim invisible» a aussi fait des progrès dans plusieurs pays. Ces résultats
encourageants tiennent aux effets combinés de plusieurs facteurs: l’attention croissante que retient le

1
Toutes les notes et les références figurent à la fin du rapport, aux pages 65 à 69.

4 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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problème de la faim dans le monde, la croissance économique en général, la croissance agricole en
particulier et les interventions politiques ciblées.
Cependant, comme l’atteste également le rapport, 868 millions de personnes sont encore sous-
alimentées et quelque 2 milliards de personnes continuent à souffrir des séquelles de carences en
micronutriments. Dans le monde d’aujourd’hui, nous trouvons totalement inacceptable, alors que l’on
dispose de ressources techniques et économiques sans précédent, que plus de 100 millions d’enfants
âgés de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale et soient donc incapables de réaliser tout
leur potentiel socioéconomique et humain, et que la malnutrition entraîne la mort de 2,5 millions
d’enfants chaque année. La faim et la malnutrition peuvent compromettre considérablement la
croissance économique.
Nous sommes préoccupés par le fait que la plupart des habitants des zones rurales ne bénéficient
pas de conditions d’emploi décentes ni d’une protection sociale suffisante et efficace. Nous exhortons
les gouvernements à consacrer une partie des ressources publiques supplémentaires qui sont générées
par la croissance économique à la mise en place des systèmes de protection sociale susceptibles d’aider
tous ceux qui ne peuvent pas accéder à une nutrition correcte par leurs propres moyens. Une partie du
rapport retrace certaines expériences récentes, dans lesquelles la croissance agricole et la sécurité
alimentaire ont été épaulées par la protection sociale. Ces approches devraient être fondées sur les
droits de l’homme, cibler les pauvres, promouvoir la parité hommes-femmes, améliorer la résilience sur
le long terme et favoriser une sortie progressive et durable de la pauvreté.
Si le rapport sur L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 reconnaît que la croissance
économique peut effectivement accélérer le recul de la faim, de la pauvreté et de la malnutrition, il
n’en attire pas moins l’attention sur le fait que la mondialisation et la croissance économique sont
souvent associées à l’émergence de la suralimentation, jusque dans les pays à faible revenu.
Les  transformations sociétales qui accompagnent la croissance économique, la modernisation et
l’urbanisation ont conduit un nombre croissant de personnes à adopter des modes de vie et des régimes
alimentaires qui favorisent la surcharge pondérale et son cortège de maladies non transmissibles.
Dans nombre de pays, les systèmes de santé publique en font déjà les frais. Comme les pertes après
récolte, la surconsommation et le gaspillage dilapident les maigres ressources qui pourraient servir à
améliorer la nutrition de tous ceux qui souffrent de la pauvreté et de la faim et à réduire simultanément
l’empreinte environnementale du système de production alimentaire.
De concert avec les gouvernements et la communauté internationale, nos trois organisations
s’attachent à élaborer des approches plus intégrées de la sécurité alimentaire et de la nutrition et à
promouvoir la coopération entre toutes les parties prenantes. Pour mieux lutter contre l’insécurité
alimentaire sous toutes ses formes, les politiques, les stratégies et les programmes doivent non
seulement être «favorables aux pauvres», mais encore être «en prise sur la question de la nutrition» et,
à cet effet, promouvoir des interactions positives et durables entre les trois principaux secteurs qui
doivent être mobilisés: l’agriculture, la nutrition et la santé.
Compte tenu de l’importance que revêt aujourd’hui la croissance économique dans les pays à faible
revenu, nous notons avec une inquiétude particulière que la reprise de l’économie mondiale, après la
crise financière qui a récemment ébranlé la planète, reste fragile. Nous engageons toutefois la
communauté internationale à consentir des efforts supplémentaires pour aider les plus pauvres à
accéder au droit fondamental de tout être humain à une alimentation suffisante. Le monde dispose des
connaissances et des moyens nécessaires pour faire disparaître l’insécurité alimentaire et la
malnutrition, peu importe sous quelle forme. Nous considérons donc que la réalisation de cet objectif
n’a rien d’une ambition démesurée et nous applaudissons le défi «Faim zéro» que le Secrétaire général
de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, a récemment lancé.

José Graziano da Silva Kanayo F. Nwanze Ertharin Cousin


Directeur général de la FAO Président du FIDA Directrice exécutive du PAM

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 5

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R E M E R C I E M E N T S

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 a été rédigé sous l’autorité générale de
Jomo Kwame Sundaram, Sous-Directeur général, et la supervision de l’équipe de direction du
Département du développement économique et social. La coordination technique de la publication a
été assurée par David Dawe et Hartwig de Haen (qui ont aussi été les rédacteurs techniques du
rapport), Kostas Stamoulis et Keith Wiebe, tous de la Division de l’économie du développement
agricole (ESA). Michelle Kendrick a coordonné l’ensemble des services de rédaction, de conception
graphique, de mise en page et de publication. Anna Doria Antonazzo a assuré l’appui administratif
avec efficacité et le personnel de la Division de la statistique (ESS) a produit les données relatives à la
sous-alimentation qui sous-tendent le rapport.
Cette deuxième édition du rapport a été rédigée conjointement par la FAO, le Fonds international
de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Thomas Elhaut (FIDA)
et Lynn Brown (PAM) ont coordonné la contribution de leurs institutions respectives. Carlos Seré, du
FIDA, a aussi soutenu cette entreprise commune de ses encouragements.
Le chapitre sur «La croissance économique, la faim et la malnutrition» a été rédigé par David Dawe
et Hartwig de Haen. Thomas Elhaut (FIDA) a assuré la rédaction du chapitre sur «La contribution de la
croissance agricole à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition», et Lynn Brown (PAM)
celle du chapitre sur «la protection sociale des pauvres et des vulnérables», avec la contribution de
Rosaleen Martin et Susanna Sandström (PAM) et de Benjamin Davis (ESA).
L’encadré relatif à la «Promotion de conditions d’emploi décentes dans le secteur de l’agriculture et
les zones rurales pour instaurer la sécurité alimentaire» a été rédigé par Elisenda Estruch Puertas, de la
Division de la parité, de l’équité et de l’emploi rural (ESW). Ana Paula de la O Campos et Elisabeth Garner
(ESW) ont assuré la rédaction des encadrés intitulés: «Concevoir des transferts qui promeuvent
l’autonomisation sociale et économique des femmes» et «Concevoir des programmes de travaux
publics qui apportent des avantages aux femmes». L’encadré intitulé «Lutter contre la malnutrition
dans les zones urbaines: le système de sécurité alimentaire novateur de Belo Horizonte» a été préparé
par Holger Güssefeld, de World Future Council. Benjamin Davis (ESA) a rédigé l’encadré qui a pour
thème: «De la protection à la production».
Carlo Cafiero et Cinzia Cerri (ESS) ont produit l’annexe technique sous la direction de Pietro Gennari,
avec l’aide de Nathalie Troubat, Chiara Brunelli, Ana Moltedo et toute l’équipe chargée des statistiques
sur la sécurité alimentaire et des statistiques sociales. Adam Prakash et Gladys Moreno Garcia ont fourni
des informations extrêmement utiles.
Piero Conforti et Dominique van der Mensbrugghe (ESA), et Merritt Cluff et Holger Matthey,
Division du commerce et des marchés (EST), ont aimablement réalisé les analyses pour des sections du
rapport. Chiara Brunelli (ESS), Ali Doroudian (ESA) et Nathan Wanner (ESS) ont apporté un appui
remarquable en matière de recherche. Melanie Cowan (Organisation mondiale de la Santé [OMS]) a
facilité l’accès à certaines données.
Des observations et des suggestions intéressantes ont été formulées par James Garrett (Bureau du
Directeur général adjoint pour les connaissances, FAO); Panagiotis Karfakis, Leslie Lipper, Nick Parsons,
Terri Raney, George Rapsomanikis, Mark Smulders (ESA); Carlo Cafiero et Joseph Schmidhuber (ESS);
David Hallam, Division du commerce et des marchés (EST); Mauro Bottaro, Ana Paula de la O Campos,
Elisenda Estruch Puertas, Kae Mihara, Sibyl Nelson, Hajnalka Petrics, Cristina Rapone (ESW); Pierre Gerber,
de la Division de la production et de la santé animales, Département de l’agriculture et de la protection
des consommateurs (AGA); Ellen Muehlhoff, Brian Thompson et Peter Glasauer, de la Division de la
nutrition et de la protection des consommateurs, Département de l’agriculture et de la protection des
consommateurs (AGN); Irini Maltsoglou, de la Division du climat, de l’énergie et des régimes fonciers,
Département de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement (NRC); Ilaria Firmian,
Gary Howe, Geoffrey Livingston, Bettina Prato, Ganesh Thapa (FIDA); Lynn Brown, Giancarlo Cirri,
Sarah Longford, Saskia de Pee, Carlo Scaramella (PAM); Ousmane Badiane (Division Afrique, Institut
international de recherche sur les politiques alimentaires [IFPRI]); Melanie Cowan et Monika Bloesser
(OMS); Mark Fryars (Initiative micronutriments); Mario Mazzocchi (Département de la statistique,
Université de Bologne); Barry M. Popkin (Département de la nutrition, Université de Caroline du Nord);
Vincent Requillart (Division des recherches, Institut national de la recherche agronomique [INRA],
Toulouse); Marie Ruel (Division de la pauvreté, de la santé et de la nutrition, IFPRI); et Prakash Shetty
(Institute of Human Nutrition, Université de Southampton).

6 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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Josh Graff Zivin et Fatima Frank (Université de Californie San Diego), Janice Meerman (ESA) et
Amy Heyman (ESS) ont fourni du matériel de référence utile pour la rédaction des chapitres. Ce matériel
de référence a été enrichi par des entretiens avec de très nombreuses personnes, notamment,
Shukri Ahmed, Michelle Battat, Geraldo Calegar, Karel Callens, David Colbert, Andre Croppenstedt,
Benjamin Davis, Mulat Demeke, Sophie Descargues, Dino Francescutti, Stefano Gavotti, Benjamin Henderson,
Ageng Herianto, Martin Immink, Anara Jumabayeva, Juniati, Victor Leon, David Lugg, Weldeghaber Kidane,
Marco Knowles, Katia Medeiros, Danilo Mejia, Ellen Muehlhoff, Florentina Williamson Noble, Alain Onibon,
Luis Dias Pereira, David Phiri, Maylis Razes, Jean Risopoulos, Luca Russo, Syed Saifullah, Garry Smith,
Mark Smulders, James Tefft, Benoist Veillerette, Mario Zappacosta (FAO); Ivan Cossio Cortez, Ulac Demirag,
Frits Jepsen, Zainab Kenjaeva, Miriam Okong’o, Thomas Rath, Ladislao Rubio, Steven Schonberger,
David Young (FIDA); Saidamon Bodamaev, Lynn Brown, Maria Catharina, Cedric Charpetier,
Richard Choularton, Giancarlo Cirri, Saskia de Pee, Ugo Gentilini, Peter Guest, Sarah Longford, Asif Niazi,
Kiego Obara, Carlo Scaramella (PAM); Enrique Blanco Armas, Bénédicte de la Brière, Ziauddin Hyder,
Menno Mulder-Sibanda, Claudia Rokx, Ahmed Shawky (Banque mondiale); Mohammad Abdul Aziz,
Mannan Abdul, Lalita Bhattacharjee, Marie Jo Cortijo, Ciro Fiorillo, Peter Ragno, Shaikh Sabur, Reza Talukder,
Shahin Yaqub (équipe technique du programme de renforcement des capacités nationales en matière
de politiques alimentaires, Ministère de l’alimentation et de la gestion des catastrophes, Bangladesh);
Hal Hill (Université nationale australienne); Agnes Katsulukupta (Ministère de la santé, Malawi);
Francesca Bastagli (London School of Economics), Millard Long (Banque mondiale, retraité), et
John Oddling Smee (FMI, retraité).
Flora Dicarlo et Omar Bolbol ont assuré les services de conception graphique et de mise en page,
pour l’édition anglaise. Les services de traduction et d’impression ont été assurés par le Service de
programmation et de documentation des réunions, Département des services internes, des ressources
humaines et des finances de la FAO.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 7

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La sous-alimentation dans le monde en 2012
La sous-alimentation dans le monde

S
Messages clés elon les estimations, environ 870 millions de
personnes souffriraient de sous-alimentation
• L’État de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 (calculée sur la base des disponibilités énergétiques
présente de nouvelles estimations du nombre et de
alimentaires) au cours de la période allant de 2010 à 2012.
la proportion de personnes sous-alimentées; pour ce
Ce chiffre représente 12,5 pour cent de la population
faire, la publication est remontée jusqu’en 1990, afin
d’évaluer la répartition des disponibilités énergétiques mondiale, soit une personne sous-alimentée sur huit.
alimentaires. En 2010-2012, près de 870 millions La grande majorité de ces personnes sous-alimentées, soit
de personnes étaient encore chroniquement 852 millions d’individus, vivent dans les pays en
sous-alimentées dans le monde, ce qui reste un développement, où la prévalence de la sous-alimentation
niveau inacceptable. La grande majorité de ces atteindrait désormais, selon les estimations, 14,9 pour cent de
personnes vivent dans les pays en développement où, la population totale de ces pays (voir le tableau 1).
selon les estimations, environ 850 millions de personnes Si l’on en croit les chiffres révisés obtenus grâce à
souffriraient de sous-alimentation, soit à peine moins de l’amélioration des données et de la méthodologie, le nombre
15 pour cent de la population totale de ces pays. de personnes sous-alimentées dans le monde aurait baissé plus
• Les estimations de la sous-alimentation font
nettement que prévu jusqu’en 2007, même si cette baisse a
apparaître une amélioration, par rapport à 1990, et
ralenti par la suite (voir la figure 1). En conséquence, l’ensemble
suggèrent que les progrès en matière de réduction
de la faim ont été plus importants que ce que l’on des pays en développement se rapproche davantage de
pensait précédemment. l’Objectif du Millénaire consistant à réduire de moitié le
• Il faut toutefois reconnaître que l’essentiel des pourcentage de personnes souffrant de faim chronique, pour
progrès a été réalisé avant 2007-2008. Depuis, les 2015 au plus tard. Selon l’évaluation actuelle, le pourcentage
progrès accomplis au niveau planétaire dans la de personnes sous-alimentées était de l’ordre de 23,2 pour cent
lutte contre la faim ont ralenti et marqué le pas. de la population totale, en 1990-1992 (soit nettement plus que
• Les résultats révisés laissent entendre que la le niveau estimé précédemment), ce qui signifie que l’objectif
réalisation de l’objectif du Millénaire consistant à pour 2015 est de ramener ce pourcentage à 11,6 pour cent.
réduire de moitié la prévalence de la sous- Si la baisse moyenne annuelle des 20 dernières années se
alimentation dans les pays en développement,
poursuivait jusqu’en 2015, la prévalence de la sous-
pour 2015 au plus tard, reste possible, si des mesures
alimentation tomberait à 12,5 pour cent dans les pays en
appropriées sont prises pour inverser le ralentissement
qui a eu lieu depuis 2007-2008. développement, ce qui reste au-dessus du niveau
• Malgré les améliorations sensibles apportées cette correspondant à l’Objectif du Millénaire, mais bien plus proche
année à la méthodologie utilisée par la FAO pour de cet objectif que ne le laissaient entendre les estimations
estimer la sous-alimentation, de nouveaux précédentes.
affinements et de meilleures données seront Les progrès accomplis en vue de réduire la sous-alimentation
nécessaires pour rendre compte des effets des étaient plus rapides dans les régions d’Asie-Pacifique et
fluctuations des prix des aliments et d’autres chocs d’Amérique latine et Caraïbes (voir la figure 2, page 10).
économiques. En conséquence, les estimations de la Il existe toutefois de grands écarts d’une région à l’autre ou
sous-alimentation ne reflètent pas intégralement les d’un pays à l’autre et certains se sont encore écartés de la
effets de la flambée des prix des aliments de 2007-2008
trajectoire à suivre pour réaliser l’Objectif du Millénaire. Dans la
sur la faim, ou le ralentissement de l’activité économique
région Asie-Pacifique, le nombre et la proportion de personnes
de certains pays depuis 2009, sans parler des hausses
récentes des prix. De nouveaux indicateurs doivent être sous-alimentées ont continué à baisser au cours des dernières
mis au point pour évaluer de façon plus globale la sous- années et cette région est presque sur la bonne voie pour
alimentation et la sécurité alimentaire. atteindre l’objectif de réduction de la faim proclamé dans la
Déclaration du Millénaire. Il en va de même de la région

8 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

FIGURE 1
Amérique latine et Caraïbes. C’est en Asie du Sud-Est que l’on
a assisté à la réduction la plus rapide (de 29,6 à 10,9 pour cent), La sous-alimentation dans le monde
suivie par l’Asie de l’Est et l’Amérique latine (voir la figure 3,
page 10). En Afrique subsaharienne, la sous-alimentation a En millions Pourcentage de personnes sous-alimentées
reculé, quoique plus lentement, alors que la prévalence de la 1 100 45
sous-alimentation a gagné du terrain en Asie de l’Ouest, au 980
1 000 40
cours de cette période. 901 885
900 35
Comme les progrès accomplis ont été inégaux, la 852 852

répartition de la sous-alimentation dans le monde a fortement 800 30

évolué entre 1990-1992 et 2010-2012 (voir la figure 4, page 700 25


11). La part des personnes sous-alimentées présentes en Asie 600
23,2%
Objectif du 20
16,8%
du Sud-Est et en Asie de l’Est, par rapport au total mondial, a 500
18,3%
15,5% 14,9% SMA
15
baissé très rapidement (respectivement de 13,4 à 7,5 pour cent
400 10
et de 26,1 à 19,2 pour cent), tandis qu’elle passait de 6,5 à 5,6 Objectif de
l'OMD
pour cent en Amérique latine. Par ailleurs, cette part est passée 300 5

de 32,7 à 35 pour cent en Asie du Sud, de 17 à 27 pour cent


0 0
en Afrique subsaharienne et de 1,3 à 2,9 pour cent en Asie 1990-92 1999-2001 2004-06 2007-09 2010-12 2015
de l’Ouest et en Afrique du Nord.
Nombre (axe de gauche) Prévalence (axe de droite)
Les tendances de la sous-alimentation, décrites dans la
présente publication, sont en général conformes à celles qui Note: Les données de 2010-2012 présentées dans tous les graphiques sont des estimations
provisoires
émergent de l’analyse d’autres indicateurs de la sécurité Source: FAO.

TableAU 1

La sous-alimentation dans les régions en développement entre 1990-1992 et 2010-2012

Nombre de personnes sous-alimentées (en millions d’individus) et prévalence de la sous-alimentation


(en pourcentage)
1990-1992 1999-2001 2004-2006 2007-2009 2010-2012*
1 000 919 898 867 868
MONDE
18,6% 15,0% 13,8% 12,9% 12,5%
20 18 13 15 16
RÉGIONS DÉVELOPPÉES
1,9% 1,6% 1,2% 1,3% 1,4%
980 901 885 852 852
RÉGIONS EN DÉVELOPPEMENT
23,2% 18,3% 16,8% 15,5% 14,9%
175 205 210 220 239
Afrique
27,3% 25,3% 23,1% 22,6% 22,9%
5 5 5 4 4
Afrique du Nord
3,8% 3,3% 3,1% 2,7% 2,7%
170 200 205 216 234
Afrique subsaharienne
32,8% 30,0% 27,2% 26,5% 26,8%
739 634 620 581 563
Asie
23,7% 17,7% 16,3% 14,8% 13,9%
8 13 16 18 21
Asie de l’Ouest
6,6% 8,0% 8,8% 9,4% 10,1%
327 309 323 311 304
Asie du Sud
26,8% 21,2% 20,4% 18,8% 17,6%
9 11 7 7 6
Caucase et Asie centrale
12,8% 15,8% 9,9% 9,2% 7,4%
261 197 186 169 167
Asie de l’Est
20,8% 14,4% 13,2% 11,8% 11,5%
134 104 88 76 65
Asie du Sud-Est
29,6% 20,0% 15,8% 13,2% 10,9%
65 60 54 50 49
Amérique latine et Caraïbes
14,6% 11,6% 9,7% 8,7% 8,3%
57 53 46 43 42
Amérique latine
13,6% 11,0% 9,0% 8,1% 7,7%
9 7 7 7 7
Caraïbes
28,5% 21,4% 20,9% 18,6% 17,8%
1 1 1 1 1
Océanie
13,6% 15,5% 13,7% 11,9% 12,1%
* Projections
Source: FAO.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 9

Sofi 12_Part01_fre.indd 9 20/12/2012 10:02:25


La sous-alimentation dans le monde en 2012

FIGURE 2

Tendances de la faim dans les régions en développement

Asie et Pacifique Amérique latine et Caraïbes


En millions Pourcentage de personnes sous-alimentées En millions Pourcentage de personnes sous-alimentées
800 50 70 65 35
723
60
700 45 60 30
608 54
589
600 40 50
549 50 25
49
500 528 35
40 20
Objectif du SMA
400 30
Objectif du SMA
30 15
300 25 14,6%
24,7% 8,3%
20 11,6% 10
200 20 9,7%
8,7%
Objectif de l'OMD
100
18,2% 14,0%
15 10 5
16,7% 15,1%
0 Objectif de l'OMD 10 0 0
1990-92 1999-2001 2004-06 2007-09 2010-12 2015 1990-92 1999-2001 2004-06 2007-09 2010-12 2015

Proche-Orient et Afrique du Nord Afrique subsaharienne


En millions Pourcentage de personnes sous-alimentées En millions Pourcentage de personnes sous-alimentées
50 50 250 60
45 45 205
216
234
200
40 37 40 200 50
36 41
170
35 33 35
30 30 150 40
25 22 25
34,3% 28,2
20 20 100 31,8% Objectif du SMA 30
28,8%
15 Objectif du SMA
15 28,0%
8,5%
10 10 50 20
8,4% 8,4% 8,2%
5 6,8% 5 Objectif de l'OMD
Objectif de l'OMD
0 0 0 10
1990-92 1999-2001 2004-06 2007-09 2010-12 2015 1990-92 1999-2001 2004-06 2007-09 2010-12 2015

Nombre (axe de gauche) Prévalence (axe de droite)

Source: FAO.

FIGURE 3
alimentaire et du développement (voir la figure 5, page 11).
Progrès accomplis en vue de la réalisation de l’OMD, Dans ce contexte, il est très intéressant de noter que les nouvelles
dans les régions
estimations de la sous-alimentation évoluent parallèlement aux
estimations mondiales et régionales de la mortalité infantile et
Afrique subsaharienne 32,8
26,8 de la pauvreté. En effet, dans l’ensemble des pays en
28,5
Caraïbes 17,8 développement, la prévalence de la sous-alimentation est
Asie du Sud 17,6
26,8
tombée de 23,2 à 14,9 pour cent, entre 1990 et 2010, alors que
Océanie 13,6 l’incidence de la pauvreté passait de 47,5 à 22,4 pour cent, et
12,1

Asie de l’Est 20,8 celle de la mortalité infantile, de 9,5 à 6,1 pour cent.
11,5

Asie du Sud-Est 29,6

6,6
10,9
■■ La sous-alimentation au cours des dernières
Asie de l’Ouest 10,1 années
13,6
Amérique latine 7,7
12,8
Caucase et Asie centrale 7,4 Selon les estimations les plus récentes, la progression de la
Afrique du Nord 3,8
2,7
faim entre 2007 et 2010 – période caractérisée par la
0 5 10 15 20 25 30 35 flambée des prix des aliments et par la crise économique – a
Personnes sous-alimentées, en pourcentage été moins nette que ce que l’on pensait précédemment, et
1990–92 2010–12 ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, la méthodologie
estime la sous-alimentation chronique, sur la base des modes
Source: FAO. habituels de consommation alimentaire, et ne rend pas

10 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

FIGURE 4

La répartition de la faim dans le monde évolue


Nombre de personnes sous-alimentées par région, entre 1990-1992 et 2010-2012

1990-1992 2010-2012
H I
H I
Nombre de personnes sous-alimentées (en millions)
G A
F 1990-92 2010-12
G A
F
A Régions développées 20 16
E E
B Asie du Sud 327 304
B
B C Afrique subsaharienne 170 234
D Asie de l’Est 261 167
D E Asie du Sud-Est 134 65
F Amérique latine et Caraïbes 65 49
G Asie de l’Ouest et Afrique du Nord 13 25
D
H Caucase et Asie centrale 9 6
C
C I Océanie 1 1

Total = 1 000 millions Total = 868 millions

Note: La taille des différents secteurs des diagrammes est proportionnelle au nombre total de personnes sous-alimentées, au cours de chaque période. Tous les chiffres sont arrondis.
Source: FAO.

FIGURE 5
aux pays en développement a été moins prononcée que ce
Pauvreté, sous-alimentation et mortalité infantile dans qui avait été prévu initialement. Les estimations les plus
le monde en développement récentes concernant le PIB font apparaître que la «grande
récession» de 2008-2009 n’a entraîné qu’un léger
Pourcentage ralentissement de la croissance du PIB dans nombre de pays
50 47,5 en développement; en outre, les prix intérieurs des aliments
de base n’ont augmenté que très légèrement en Chine, en
43,8
40 Inde et en Indonésie, les trois plus grands pays en
36,2 développement. Or, dans les estimations précédentes
30 concernant la sous-alimentation, on avait pris pour
26,6 hypothèse que les pays en développement et leurs
23,2 22,4 Objectif de l’OMD
20
19,7
populations les plus vulnérables avaient beaucoup plus
18,2
16,3 15,5
14,9
souffert du ralentissement de l’activité économique.
10 Objectif de l’OMD Même si les dernières estimations relatives à la
9,5 8,7 7,8
6,9 6,1
prévalence de la sous-alimentation donnent des chiffres
Objectif de l’OMD
0 inférieurs aux calculs précédents, les progrès accomplis dans
1990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2010-12 2015 la lutte contre la faim ont fortement ralenti et marqué le
Prévalence de la sous-alimentation pas, dans l’ensemble des pays en développement, au cours
Incidence de la pauvreté de la période 2007-2010. Ici aussi, le tableau d’ensemble
Taux de mortalité parmi les enfants de moins de cinq ans masque des tendances très différentes entre les régions et
les pays. En Asie de l’Ouest, la prévalence de la sous-
Source: FAO.
alimentation était en hausse avant 2007 et a poursuivi
ensuite dans cette direction. En Afrique subsaharienne, les
pleinement compte des effets des flambées de prix, qui sont quelques progrès accomplis entre 2002 et 2005 ont été
des phénomènes à court terme. En conséquence, il faut se réduits à néant et la sous-alimentation a progressé au
garder d’utiliser l’indicateur se rapportant à la prévalence de rythme de 2 pour cent par an à partir de 2007.
la sous-alimentation pour tirer des conclusions définitives En Amérique latine et dans les Caraïbes, les progrès ont
quant aux effets des flambées de prix ou d’autres chocs à ralenti, passant d’un taux moyen de réduction de la faim de
court terme. La seconde raison, qui est aussi la plus 1,9 pour cent par an, entre 2002 et 2005, à un taux de
importante, est que la transmission des chocs économiques 0,9 pour cent par an, entre 2006 et 2009. En revanche,

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 11

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

ENCADRÉ 1

Amélioration des données et de la méthodologie

On trouvera, dans la présente édition de L’état de prévalence de la sous-alimentation ne tient compte que des
l’insécurité alimentaire dans le monde, de nouvelles disponibilités énergétiques alimentaires et de leur répartition
estimations du nombre et de la proportion de personnes dans l’ensemble de la population, sans envisager d’autres
sous-alimentées dans le monde, qui remontent à 1990 et aspects de la nutrition. Ensuite, il évalue les disponibilités
reflètent plusieurs améliorations majeures apportées aux énergétiques alimentaires sur la base des besoins
données et à la méthodologie suivie par la FAO pour énergétiques minimaux nécessaires pour un faible niveau
calculer l’indicateur se rapportant à la prévalence de la d’activité, alors que de nombreux pauvres souffrant de la
sous-alimentation. faim ont probablement des moyens d’existence exigeant un
Ces nouvelles estimations tiennent compte des éléments travail manuel ardu. Et enfin, la méthodologie actuelle ne
suivants: prend pas en considération les effets des fluctuations à
• révisions les plus récentes des données sur la court terme des prix ou d’autres chocs économiques, sauf
population mondiale; s’ils ont une incidence sur la variation à long terme des
• nouvelles données tirées d’enquêtes portant sur la modes de consommation alimentaire. Ces restrictions
démographie, la santé et les ménages, qui sont à correspondent bien aux définitions utilisées précédemment,
l’origine d’une révision des besoins énergétiques mais elles montrent qu’il faut prendre l’indicateur en
alimentaires minimaux, par pays; question comme une estimation très prudente de la sous-
• nouvelles estimations des disponibilités énergétiques alimentation. Il faudra apporter de nouveaux affinements et
alimentaires, par pays; élargir la gamme des indicateurs pour parvenir à une
• estimations, pays par pays, des pertes de produits compréhension plus globale de la sous-alimentation et de la
alimentaires lors de la vente au détail; sécurité alimentaire. Par exemple, on pourrait opter pour
• améliorations techniques de la méthodologie. d’autres indicateurs, reposant sur des besoins énergétiques
(Pour une description plus détaillée de ces changements, minimaux plus élevés, correspondant à des niveaux
se reporter aux pages 13-14 et à l’annexe technique.) d’activité supérieurs. Un tel choix modifierait les estimations
Malgré ces améliorations, une mise en garde s’impose, à ayant trait au niveau et aux tendances de la sous-
plusieurs titres. Tout d’abord, l’indicateur concernant la alimentation, comme expliqué à l’annexe technique.

l’Asie de l’Est et l’Asie du Sud-Est ont réussi à accélérer la en atténuer les retombées sur leurs populations. Tout ce qui
réduction de la faim. Ainsi, l’Asie du Sud-Est a intensifié la précède montre bien que des efforts complémentaires,
réduction de la faim, qui est passée de 3,1 pour cent par an, ciblés sur le plan régional, s’imposent. De tels efforts doivent
avant 2007, à 4,6 pour cent par an après cette date; de son être menés par les gouvernements nationaux, avec le plein
côté, l’Asie de l’Est a porté son taux de réduction de la faim appui de la communauté internationale.
de 0,1 pour cent par an à plus de 4 pour cent. Ces diverses expériences nous enseignent une chose:
Ces divergences régionales traduisent des capacités très même lorsque l’on n’arrive pas à détecter une forte
différentes de réaction aux chocs économiques (par exemple réduction des disponibilités énergétiques alimentaires, à la
hausse de prix ou récession économique), des degrés de suite de la hausse des prix des aliments, une telle hausse des
vulnérabilité très variés face à la récession mondiale et des prix peut toutefois avoir d’autres retombées négatives,
aptitudes différentes à tirer profit des hausses de prix, en comme la détérioration de la qualité des aliments
augmentant l’offre, selon les infrastructures commerciales, consommés ou l’accès réduit à d’autres services de base tels
les technologies et les ressources naturelles disponibles. que les soins de santé et l’éducation. Par exemple, pour faire
(L’édition de 2011 de la présente publication fournissait, à ce face à la perte de revenus ou à la hausse des prix, les
sujet, des comparaisons, à titre indicatif). Certains pays consommateurs pauvres de nombreux pays ont dû réduire la
d’Asie ont réussi à réduire les pressions liées aux cours qualité et la diversité des aliments consommés, en se
internationaux en prenant des mesures aux frontières et en rabattant sur des aliments moins chers, mais aussi moins
adoptant des dispositions anticycliques, afin d’éviter les pires nutritifs. Il est difficile de quantifier ces effets, à partir des
effets de la récession. Dans ces pays, les prix du riz n’ont informations actuellement disponibles dans la plupart des
augmenté que légèrement. En revanche, de nombreux pays pays et il n’est certainement pas possible de les mesurer en
africains se sont trouvés pleinement exposés aux effets de la utilisant un indicateur rendant compte exclusivement du niveau
flambée de prix et de la récession mondiale et n’avaient à d’adéquation des disponibilités énergétiques alimentaires.
disposition qu’un choix limité de moyens et de mesures pour En outre, un indicateur de la sous-alimentation chronique

12 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

calculant la consommation moyenne, sur base annuelle, ne retombées peuvent en effet aller de la détérioration de la
rendra pas compte, dans sa totalité, des nombreuses qualité des aliments ingérés à une réduction d’autres types de
épreuves à court terme rencontrées par de nombreux consommation qui sont essentiels au développement humain
pauvres, confrontés à des hausses temporaires du prix des et à la croissance à court et à long termes. Il faudra affiner
aliments ou à la perte d’emploi ou de moyens de subsistance encore la méthodologie et pouvoir se fonder sur de meilleures
pendant plusieurs mois, du fait de la récession économique. données et sur une gamme plus large d’indicateurs pour
Les plus démunis n’ont probablement pas de réserves rendre compte pleinement de ces retombées. Même si les
d’aliments ou d’économies disponibles et, si les dispositifs données et la méthodologie utilisées actuellement pour
publics de protection sociale font défaut, ces pauvres parmi calculer l’indicateur relatif à la prévalence de la sous-
les pauvres risquent de connaître des pénuries alimentaires à alimentation ne permettent pas d’évaluer les effets de la
court terme, qui ne seront décelées que si l’on évalue hausse (ou de la baisse) temporaire des prix des aliments, il
fréquemment l’insécurité alimentaire grave, dans des apparaît clairement que la réduction de la sous-alimentation a
échantillons représentatifs de la population. nettement ralenti depuis 2007 et que de nombreuses régions
En bref, l’expérience acquise ces dernières années a risquent de ne pas atteindre l’objectif de la Déclaration du
montré que les retombées des hausses de prix des aliments et Millénaire si elles ne relancent pas rapidement leurs efforts de
d’autres chocs économiques sont à la fois complexes et réduction de la sous-alimentation, ce qui suppose un
variées et qu’elles ne peuvent se résumer à une simple relèvement économique étendu à l’ensemble de la population
question d’apport énergétique alimentaire total; ces et la stabilité des prix des aliments.

Amélioration des données et de la méthodologie

■■ Améliorer l’indicateur relatif à la prévalence de et améliorations supposaient la disponibilité de nouvelles


la sous-alimentation sources de données.
Pour la première fois, on disposait de données suffisantes
Au cours des deux dernières années, la FAO a fortement sur la consommation et les disponibilités alimentaires pour
remanié la méthodologie utilisée pour calculer l’indicateur évaluer, en détail et de façon cohérente sur le plan
relatif à la prévalence de la sous-alimentation. Les modifications méthodologique, les tendances des disponibilités
proposées avaient été évoquées dans l’édition de 2011 de la énergétiques alimentaires jusqu’à l’année en cours. De nouveaux
présente publication et avaient été soumises à plusieurs bilans alimentaires ont été établis jusqu’en 2009 et des
tribunes scientifiques, y compris l’Académie nationale des projections des disponibilités alimentaires ont été faites pour
sciences de Washington, en février 2011, une Table ronde du 2010-2012, reflétant les données les plus récentes concernant
Comité de la sécurité alimentaire mondiale, organisée à la production, le commerce et l’utilisation des denrées
Rome, en octobre 2011 et le Colloque scientifique alimentaires au cours des dernières années. De plus, des
international sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle tenu données sur la consommation alimentaire, tirées d’enquêtes
à Rome, en janvier 2012. sur les ménages réalisées dans un certain nombre de pays,
Il s’agissait de modifications de grande ampleur, qui ont permis de réviser les estimations et de cerner avec plus
prévoyaient notamment une révision complète des données de précision la répartition inégale des produits alimentaires
sur les disponibilités alimentaires (y compris une estimation dans de nombreux pays, même si de telles enquêtes
plus précise des pertes de produits alimentaires), de meilleurs portaient sur des années différentes (entre 1995 et 2010)
paramètres pour le calcul des besoins énergétiques pour certains pays.
alimentaires et une nouvelle forme de la fonction de Les analyses récentes révèlent que les pertes et
distribution utilisée pour estimer la prévalence de la sous- gaspillages d’aliments peuvent être significatifs, même si les
alimentation. Certaines des modifications relèvent de la données sur cette question restent insuffisantes. La prise en
mise à jour régulière des données, qui se fait presque tous compte des pertes d’aliments au détail est le principal
les ans (estimations démographiques et révision des élément affectant les nouvelles estimations de la faim, qui
données sur les disponibilités alimentaires), alors que ont été relevées de 117 millions d’individus en 2008, par
d’autres étaient le fruit d’efforts intenses, visant à améliorer rapport aux estimations figurant dans l’édition de 2011 de
nettement la méthodologie actuelle. Toutes les mises à jour la présente publication. La méthodologie précédente ne

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 13

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

tenait pas compte des pertes d’aliments au détail. paramètres se rapportant aux besoins alimentaires et à
Les nouvelles estimations de la sous-alimentation l’accès aux aliments. Dans tout domaine statistique, la
incorporent également les résultats des révisions des données révision des méthodologies et des données est une activité
démographiques. Ces révisions, qui n’ont guère d’effet sur le régulière, qui exige des efforts continus visant à améliorer
plan mondial, sont toutefois sensibles dans certains pays et en permanence la qualité des données disponibles.
certaines régions. Par exemple, les estimations • De plus, il faudra redoubler d’efforts afin de tenir compte
démographiques de la Chine pour les années 90 ont été plus explicitement, dans l’analyse, des effets des chocs liés
révisées à la hausse, avec une augmentation de 25 millions de aux prix et aux revenus.
personnes, alors que la population du Bangladesh a été révisée
à la baisse jusqu’en 1990, accusant une diminution d’environ ■■ … et se diriger vers une série complète
11 pour cent, ou 17 millions de personnes. Ces variations des d’indicateurs de la sécurité alimentaire
estimations démographiques affectent les estimations de la
sous-alimentation, pour deux raisons. Tout d’abord, les Malgré les améliorations apportées aux données et à la
quantités d’aliments restent identiques, alors que la population méthodologie, l’indicateur ayant trait à la prévalence de la
varie, ce qui modifie les estimations des disponibilités sous-alimentation ne suffit pas, à lui seul, à dresser un
énergétiques alimentaires du consommateur moyen, qui elles- tableau complet de la sécurité alimentaire de chaque pays.
mêmes ont un effet sur l’estimation de la prévalence de la Pour y remédier, on a identifié une série préliminaire de
sous-alimentation. Deuxièmement, elles changent le nombre 20 indicateurs, disponibles pour la plupart des pays et des
total de personnes souffrant de sous-alimentation. années, y compris des estimations des disponibilités
Toutes les autres révisions de données ou de méthodologies énergétiques alimentaires, de la production, des prix et des
se traduisent par une réduction du nombre de personnes dépenses alimentaires, des indicateurs anthropométriques et
sous-alimentées dans les pays en développement. Ces autres des paramètres relatifs à la volatilité des prix. Ces indicateurs
révisions sont aussi plus importantes pour les années sont présentés sur le site web dédié à L’état de l’insécurité
récentes que pour 1990, ce qui veut dire que la prévalence alimentaire dans le monde (www.fao.org/publications/sofi/
de la sous-alimentation a baissé plus qu’on ne le pensait fr/) afin de permettre aux analystes de la sécurité alimentaire
précédemment. On trouvera dans l’annexe technique une et aux décideurs d’évaluer plus en détail les différentes
description plus détaillée de ces changements et de leurs dimensions et manifestations de l’insécurité alimentaire, et
effets sur la prévalence de la sous-alimentation. d’adopter, sur cette base, des politiques mettant en place
Malgré ces améliorations, il reste encore d’importantes des interventions plus efficaces.
lacunes et des problèmes de qualité des données, notamment: Des plans sont actuellement établis pour élargir et améliorer
• Des efforts concertés devraient être déployés pour les indicateurs. À cette fin, la FAO lance une initiative visant à
améliorer les données de base sur la production, mettre au point un indicateur de la sécurité alimentaire «basé
l’utilisation, le stockage et le commerce des produits sur la notion d’expérience vécue» (semblable à l’indice
alimentaires. Dans cette optique, la FAO dirige la mise en d’insécurité alimentaire établi en Amérique latine et dans les
œuvre de la Stratégie mondiale pour l’amélioration des Caraïbes), qui serait disponible, année après année, pour un
statistiques agricoles, de manière à enrayer le déclin des grand nombre de pays. Cette initiative prend pour base une
capacités de production de statistiques de base, dans de enquête mondiale sur l’insécurité alimentaire, réalisée à
nombreux pays en développement, et à répondre à des partir de brefs entretiens. Un tel indicateur permettrait de
besoins émergents dans ce domaine. suivre, en temps voulu, les difficultés rencontrées par les
• Il faudra s’efforcer, sans relâche, de tenir à jour les individus et les ménages pour se procurer des aliments et,
paramètres utilisés pour estimer la sous-alimentation, en sur cette base, de lancer des interventions d’amélioration de
réalisant régulièrement des «bilans de santé» des la sécurité alimentaire.

14 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance économique, la faim et la
malnutrition
Croissance des revenus et modification de la
consommation alimentaire

C
es dernières décennies, la croissance économique a
Message clé multiplié les possibilités de faire reculer la faim et la
Pour que la croissance économique se traduise par malnutrition. Entre 1990 et 2010, le revenu réel par
une amélioration de la nutrition des plus démunis, habitant a augmenté globalement de près de 2 pour cent
il faut que les pauvres soient parties prenantes au par an, mais avec des différences majeures selon les pays et
processus de croissance et qu’ils en bénéficient: les décennies. Pour tous les groupes de pays en développement,
i) la croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir les taux de croissance ont été plus élevés dans les années
jusqu’à eux; ii) les pauvres doivent utiliser leur revenu 2000 que dans les années 90, avec des redressements
supplémentaire pour améliorer quantitativement et particulièrement spectaculaires en Afrique subsaharienne et
qualitativement leur alimentation et accéder à de dans la région Europe et Asie centrale (uniquement dans les
meilleurs services de santé et d’assainissement; et iii) les pays en développement des deux groupes; figure 6).
gouvernements doivent destiner les ressources publiques Pendant les deux périodes, ce sont l’Asie de l’Est et le
supplémentaires à des biens et services publics profitant Pacifique qui ont enregistré la croissance (de loin) la plus
aux pauvres et aux personnes souffrant de la faim. rapide. Dans les pays à revenu élevé, les taux de croissance
ont fléchi dans les années 2000.

FIGURE 6

Les taux de croissance économique varient fortement, selon les régions et les périodes de référence

Taux de croissance annuels du PIB réel par habitant (en pourcentage)


10

-2

-4
Asie de l’Est et Asie du Sud Europe et Amérique latine Moyen-Orient et Afrique Revenus élevés
Pacifique Asie centrale et Caraïbes Afrique du Nord subsaharienne

Décennie 1990 Décennie 2000

Note: Tous les groupes se réfèrent exclusivement à des pays en développement (sauf à la rubrique «Revenus élevés»). Le PIB réel par habitant est exprimé en termes de parité du pouvoir d’achat (PPA).
Source des données brutes: Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 15

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

FIGURE 7

Globalement, les disponibilités énergétiques alimentaires ont augmenté dans toutes les régions

Disponibilités énergétiques alimentaires (kcal/personne/jour)


3 500

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

0
Total mondial Pays Pays en Asie Amérique latine Afrique Afrique Océanie
développés développement et Caraïbes du Nord subsaharienne

1990-92 2007-09

Source: FAO.

Pour que la croissance économique contribue à améliorer ■■ Tendances de la disponibilité énergétique


l’accès à une alimentation suffisante au plan quantitatif alimentaire
(énergie alimentaire) et au plan qualitatif (diversité, teneur
en éléments nutritifs et sécurité sanitaire), trois conditions L’augmentation annuelle de 2 pour cent du revenu réel
essentielles doivent être remplies. Premièrement, la par habitant, qui a été observée entre 1990 et 2010, a
croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir jusqu’à eux entraîné un accroissement de la demande en énergie
et créer des emplois et des possibilités de génération de alimentaire. En moyenne, la disponibilité énergétique
revenus qui soient à leur portée. Deuxièmement, les pauvres alimentaire a augmenté de quelque 210 kcal par
doivent utiliser leur revenu supplémentaire pour améliorer personne et par jour, soit 8 pour cent (figure 7).
quantitativement et qualitativement leur alimentation, l’eau L’augmentation a été plus sensible dans les pays en
et l’assainissement et pour accéder à de meilleurs services de développement (275 kcal/personne/jour) que dans les
santé (les femmes jouent un rôle crucial à cet égard, car elles pays développés (86 kcal/personne/jour). Dans les
veillent à ce que les dépenses suivent effectivement ce régions des pays en développement, les augmentations
modèle). Troisièmement, les gouvernements doivent allouer absolues les plus conséquentes (260 kcal à 270 kcal par
les recettes publiques supplémentaires à des mécanismes de jour) ont été enregistrées en Asie (où la croissance
protection sociale et à des biens et services publics essentiels, économique a été la plus rapide), en Amérique latine et
tels que l’éducation, les infrastructures et les mesures de aux Caraïbes, et les plus modestes (moins de 130 kcal
santé publique. par jour) en Océanie et en Afrique subsaharienne (où la
Avant d’examiner ces trois conditions clés de manière croissance économique a été lente). La figure 8 montre
plus approfondie, le rapport présente les grandes graphiquement que la demande en énergie est plus
tendances en matière d’énergie alimentaire et de importante quand les revenus sont plus élevés. Elle montre
nutrition qui ont marqué les deux dernières décennies. aussi que les revenus supplémentaires ont plus d’effet
quand les revenus sont faibles (dans ce cas, la pente des
segments est plus raide).

16 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

FIGURE 8
■■ Modification des modèles de consommation
La demande d’aliments s’accroît à mesure qu’augmentent alimentaire
les revenus

Disponibilités énergétiques alimentaires (kcal/personne/jour)


L’augmentation de l’énergie alimentaire disponible s’est
accompagnée de changements dans la composition des
3 600
régimes alimentaires. C’est pourquoi, les sources de la
3 400 disponibilité énergétique alimentaire varient au fil du temps,
3 200
parallèlement à la hausse des revenus. La figure 9 illustre ces
changements au niveau régional, en faisant apparaître les
3 000 parts des grands groupes d’aliments dans la disponibilité
2 800 énergétique alimentaire totale. Partout dans le monde, les
parts des céréales, des racines et des tubercules ont
2 600
fortement baissé, tandis que les parts des fruits et légumes
2 400 et des produits animaux, y compris le poisson, ont
augmenté.
2 200
Au plan régional, on observe des contrastes entre les
2 000 régions qui ont enregistré une croissance économique
0 5 10 15 20 25 30 35
rapide et celles où la croissance a été plus lente. En Asie,
PIB par habitant, exprimé en PPA (en milliers de dollars internationaux) une région caractérisée par une croissance rapide, la
Pays développés Pays en développement quantité d’énergie alimentaire par personne, qui est fournie
par les céréales, les racines et les tubercules a décliné
Asie Amérique latine et Caraïbes
malgré une augmentation de la disponibilité énergétique
Afrique du Nord Afrique subsaharienne
alimentaire totale par personne. Parallèlement, l’énergie
Notes: PPA = parité du pouvoir d’achat. Les totaux régionaux ne tiennent compte que des
alimentaire fournie par les produits d’origine animale et les
pays en développement. fruits et légumes a sensiblement augmenté. En revanche, en
Sources des données brutes: FAO et Banque mondiale.
Afrique subsaharienne, la disponibilité énergétique
alimentaire provenant des céréales, des racines et des

FIGURE 9

Les régimes alimentaires se diversifient dans le monde entier

Contributions à l’ensemble des disponibilités énergétiques alimentaires (kcal)


3 500 Autres
Sucres
3 000 Matières grasses
Aliments d’origine
2 500 animale
Fruits et légumes
2 000 Légumineuses
Racines et tubercules

1 500 Céréales

1 000

500

0
1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09
Asie Pays Amérique latine Afrique Océanie Afrique
développés et Caraïbes du Nord subsaharienne

Source: FAO.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 17

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

FIGURE 10

À mesure qu’augmentent les revenus, le régime alimentaire se diversifie

Part des groupes d’aliments dans l’ensemble des disponibilités énergétiques alimentaires (pourcentage)
100
Autres
90 Sucres
Matières grasses
80
Aliments d’origine
70 animale
Fruits et légumes
60
Légumineuses

50 Racines et tubercules
Céréales
40

30

20

10

0
Q1 Q5 Q1 Q5 Q1 Q5 Q1 Q5
Asie Amérique latine Afrique du Nord Afrique subsaharienne
et Caraïbes

Note: Les données se réfèrent aux ménages appartenant aux quintiles de revenu les plus faibles et les plus élevés, dans 47 pays en développement.
Source: FAO, analyse des enquêtes sur les ménages.

tubercules a augmenté alors que l’énergie alimentaire tirée accompagne l’évolution du revenu, se répercute sur la
des aliments d’origine animale et des fruits et légumes est disponibilité des éléments nutritifs. Comme le montre la
restée relativement constante. figure 11, les glucides fournis par les céréales, les racines et
De nombreuses études ont montré qu’il existait une les tubercules occupent une place bien moins importante
relation positive significative au plan statistique entre le dans l’alimentation des ménages à plus haut revenu.
revenu total du ménage par personne et la diversité de Inversement, la contribution des glucides provenant des
l’alimentation, définie comme le nombre d’aliments sucres et d’autres aliments, de même que celle des lipides,
individuels ou groupes d’aliments consommés pendant une sont relativement plus importantes chez les ménages à plus
période de temps donné2. L’étroite liaison des revenus et des haut revenu. Ces éléments indiquent tous qu’une transition
régimes alimentaires peut être démontrée par les enquêtes nutritionnelle majeure est en cours (voir plus loin). Ces
sur la consommation des ménages. La figure 10 présente les changements comportent des aspects à la fois positifs et
résultats de l’analyse de 59 enquêtes sur les ménages négatifs. De manière générale, une augmentation de la
conduites dans 47 pays en développement ces dernières contribution des aliments autres que les produits
années, pour le quintile des plus bas revenus par personne alimentaires de base (c’est-à-dire, les aliments d’origine
(Q1) et celui des plus hauts revenus par personne (Q5). animale, les graisses et les huiles, les légumineuses, les fruits
Malgré les particularités régionales des régimes alimentaires, et légumes) est bénéfique pour la santé et la nutrition. Une
les résultats de l’enquête confirment que, indépendamment augmentation de la part des lipides chez les personnes dont
de la région, l’alimentation est plus diversifiée dans les la consommation de matière grasse est faible peut
groupes à plus haut revenu. Plus les revenus s’améliorent, représenter un progrès – les graisses sont fortement
plus la contribution des céréales, des racines et des caloriques et sont indispensables pour assurer la
tubercules à la disponibilité énergétique alimentaire totale biodisponibilité de certains micronutriments (ceux qui sont
par personne diminue, tandis que la contribution des liposolubles). En revanche, chez les individus dont
aliments d’origine animale et des fruits et légumes l’alimentation est plus riche en matières grasses, une
augmente fortement. Dans la plupart des régions, la nouvelle augmentation risque d’être préjudiciable pour la
contribution relative des sucres à la disponibilité énergétique santé.
alimentaire globale augmente aussi de manière sensible. Enfin, on observe aussi une augmentation de la
La modification de la composition de l’alimentation, qui contribution relative des protéines à la disponibilité

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

FIGURE 11

Avec l’accroissement des revenus, la consommation de matières grasses augmente, alors que la consommation de céréales,
de racines et de tubercules diminue

Part des macronutriments dans l’ensemble des disponibilités énergétiques alimentaires (en pourcentage)
100 Protéines

90 Matières grasses
Glucides provenant
80 d’autres aliments
Glucides provenant
70
de sucres
60 Glucides provenant
de céréales, de racines
50 et de tubercules

40

30

20

10

0
Q1 Q5 Q1 Q5
Autres pays en développement Pays les moins avancés

Note: Les données se réfèrent aux ménages appartenant aux quintiles de revenu les plus faibles et les plus élevés, dans 47 pays en développement.
Source: FAO, analyse des enquêtes sur les ménages.

FIGURE 12

Dans la plupart des pays connaissant un essor économique rapide, les aliments d’origine animale occupent une part
plus importante dans les régimes alimentaires

Nigéria

Bangladesh

Indonésie

Chine continentale

Inde

Japon

Brésil

Mexique

Pakistan

Espagne

Italie

Allemagne

France

États-Unis d’Amérique
0 5 10 15 20 25 30
Part des aliments d’origine animale dans les disponibilités énergétiques alimentaires (en pourcentage)

1961-63 2007-09

Source des données brutes: FAO.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 19

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

énergétique alimentaire totale, mais ce changement est adultes soit préjudiciable pour la santé et accroisse le risque
relativement limité par rapport aux autres. de développer des maladies non transmissibles chroniques
Comme le montre la figure 10, la consommation telles que les maladies de cœur, le cancer, le diabète et
d’aliments d’origine animale (y compris le poisson) l’obésité.
progresse notablement quand le revenu par personne Les fruits et les légumes représentent un élément
augmente. Au demeurant, avec la croissance économique important d’une alimentation saine. L’OMS et la FAO
soutenue que l’on observe dans le monde entier depuis le recommandent un apport journalier minimum de 400 g de
début des années 60, la croissance de la consommation des fruits et légumes (à l’exclusion des pommes de terre et autres
aliments d’origine animale a largement pris de vitesse celle tubercules féculents); en dessous de ce seuil, le risque de
des autres grands groupes d’aliments3. La consommation de développer des maladies chroniques pourrait augmenter5.
lait par personne a quasiment doublé dans les pays en Une consommation suffisante de fruits et légumes contribue
développement, la consommation de viande et de poisson a aussi à la prévention des carences en micronutriments.
triplé et la consommation d’œufs a été multipliée par cinq. On a constaté dans une étude récente que près de
La croissance a été la plus forte en Asie de l’Est et du Sud-Est 80 pour cent de la population de 52 pays, appartenant
et dans la région Amérique latine et Caraïbes, alors qu’elle a essentiellement à la catégorie des pays à faible revenu et à
stagné en Afrique subsaharienne. D’une manière générale, revenu intermédiaire, consommaient moins que la quantité
les taux de croissance ont été plus faibles dans les pays minimum recommandée de fruits et légumes6.
développés, où les niveaux de consommation étaient Le pourcentage de la population dont la consommation
initialement plus élevés que dans les pays en développement. était en dessous du seuil minimum variait de 37 pour cent
Si l’on considère la contribution relative des aliments au Ghana à 99 pour cent au Pakistan (la fourchette était la
d’origine animale à la disponibilité énergétique alimentaire même pour les hommes et les femmes séparément).
totale par personne, les régimes semblent converger vers un Il a aussi été observé que la consommation de fruits et
modèle plus uniforme, comme le montre la figure 12 pour légumes tendait à décroître avec l’âge et à augmenter avec
un certain nombre de pays. Les augmentations ont été le revenu. La disponibilité quotidienne moyenne par
faibles dans les pays où cette contribution était déjà élevée personne a augmenté dans beaucoup de régions,
(il y a même eu un recul aux États-Unis), avec une part notamment en Asie, alors que la moyenne régionale reste
comprise entre 20 pour cent à 25 pour cent au début des en deçà des quantités minimales recommandées en
années 60 (par exemple, la France, l’Allemagne, les Afrique, où la disponibilité quotidienne des fruits et
États-Unis), tandis qu’elles ont été substantielles dans les légumes a stagné à un niveau bien inférieur aux niveaux
pays où la contribution initiale était plus basse et où la recommandés (figure 13).
croissance économique a été rapide pendant cette période.
Ce deuxième groupe comprend des pays développés (par
exemple, l’Italie et l’Espagne) et plusieurs pays en FIGURE 13

développement (par exemple, le Brésil et la Chine). La consommation de fruits et de légumes augmente,


En général, les niveaux de consommation d’aliments mais reste insuffisante dans certaines régions
d’origine animale par personne sont encore plutôt faibles
dans la plupart des pays en développement, malgré des Disponibilité de fruits et de légumes par habitant (en grammes/jour)
taux de croissance élevés. 700
La viande, le poisson, le lait et les œufs fournissent des 600
protéines qui contiennent une large gamme d’acides aminés
500
et de micronutriments biodisponibles tels que le fer, le zinc,
400
le calcium et les vitamines A et B12, dont manquent souvent
300
les personnes qui souffrent de malnutrition4. Plusieurs de
ces éléments (notamment le fer et le zinc) sont difficiles à 200
obtenir en quantité suffisante à partir d’une alimentation à 100
base de produits végétaux (en raison d’une mauvaise 0
Pays Asie Amérique Afrique
biodisponibilité). Les aliments d’origine animale sont développés latine et
bénéfiques, en particulier pour les jeunes enfants. Caraïbes
En revanche, il est à craindre qu’une consommation 1990-92 2007-09
excessive de viande (en particulier la viande rouge), de
produits laitiers et d’œufs par les enfants plus âgés et les Source des données brutes: FAO.

20 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

En quoi la croissance économique contribue-t-elle


à la réduction de la faim et à l’amélioration de la
nutrition?
FIGURE 14
Message clé
La prévalence de la sous-alimentation recule, à mesure
La croissance économique et agricole devrait qu’augmente le PIB par habitant
prendre en compte des considérations
nutritionnelles. La croissance doit aboutir à une Prévalence de la sous-alimentation en 2010 (en pourcentage)
amélioration de la nutrition en donnant aux pauvres les 30
moyens de mieux diversifier leur alimentation, en
améliorant l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et 25
aux services de santé, en sensibilisant les
consommateurs aux bonnes pratiques en matière de 20
nutrition et de soins aux enfants et en prévoyant des
distributions ciblées de compléments alimentaires dans 15
les situations de carences graves en micronutriments.
Une fois établie, la bonne nutrition est alors un moteur 10
essentiel d’une croissance économique durable.
5

0
Sur le long terme, il est évident que l’augmentation du <2 000 2 000-5 000 5 000-10 000 10 000-20 000 >20 000
revenu par personne contribue à réduire la proportion de la PIB par habitant en 2010, PPA ($EU courants)
population, qui ne reçoit pas un apport suffisant d’énergie
alimentaire – l’ordre de grandeur des estimations de la sous- Note: PPA = parité du pouvoir d’achat.
Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.
alimentation réalisées par la FAO dans les pays développés
est largement inférieur à celui des estimations relatives aux
pays en développement (figure 14). La section précédente a rôle des femmes est crucial, car elles veillent à ce que les
montré que la croissance économique entraînait une dépenses suivent ce modèle. Troisièmement, une grande
amélioration de la composition des régimes alimentaires et, partie des recettes publiques supplémentaires qui sont
en dernier ressort, une meilleure nutrition. Mais en quoi la générées par la croissance économique doivent servir à
croissance économique contribue-t-elle à réduire la sous- financer les investissements publics dans les systèmes/
alimentation chez les plus pauvres parmi les pauvres? Et que mécanismes de protection sociale, la nutrition, la santé et
faut-il faire de plus pour accélérer le recul de la faim et de la l’éducation, afin de renforcer le capital humain des pauvres.
malnutrition? Les gouvernements devraient aussi investir dans les biens et
Il y a plusieurs étapes fondamentales dans le processus services publics qui promeuvent la croissance dans les
qui relie la croissance économique (c’est-à-dire la croissance secteurs où les pauvres sont employés, par exemple le
du PIB par habitant) à une réduction de la sous-alimentation secteur de l’agriculture (voir le chapitre intitulé «La croissance
et de la malnutrition. Premièrement, la croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la
économique doit parvenir jusqu’aux personnes très pauvres. pauvreté, de la faim et de la malnutrition», pages 30 à 39).
Pour réduire la pauvreté et la faim, la croissance doit générer En outre, une bonne gouvernance au niveau national est
une demande qui mobilise les moyens de production capitale, si l’on veut que ces trois étapes clés soient
contrôlés par les pauvres. Deuxièmement, les ménages effectivement et durablement franchies. La bonne
pauvres doivent utiliser une partie de leur nouveau revenu gouvernance englobe la fourniture d’un large éventail de
pour accroître leur consommation d’énergie alimentaire et biens publics essentiels, notamment la stabilité politique,
d’autres éléments nutritifs et pour investir à titre individuel l’état de droit, le respect des droits de l’homme, le contrôle
dans la santé, l’assainissement et l’éducation; à cet égard, le de la corruption et l’efficacité de l’administration publique.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 21

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

■■ La croissance économique parvient-elle agricole influence plus directement l’économie rurale.


jusqu’aux pauvres? Ce point est examiné de manière plus approfondie dans le
chapitre intitulé «La croissance de l’agriculture et sa
Les personnes qui ne bénéficient pas d’un apport alimentaire contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de
suffisant pour mener une vie saine et active font partie des la malnutrition», pages 30 à 39.
plus pauvres du monde. Par définition, les plus pauvres ne
disposent pas des ressources qui leur permettraient de ■■ Comment les pauvres utilisent-ils leur revenu
produire une quantité suffisante de denrées alimentaires ou supplémentaire?
de les acheter sur le marché. C’est pourquoi la première
condition que la croissance économique doit remplir pour Même quand la croissance économique parvient jusqu’aux
contribuer à faire reculer la sous-alimentation est de parvenir pauvres, d’autres facteurs importants sont susceptibles de
jusqu’à ces personnes très pauvres. faire reculer la sous-alimentation plus rapidement.
Si l’on se tourne vers les données relatives à l’incidence de Les pauvres doivent utiliser leur revenu supplémentaire pour
la croissance sur la pauvreté, la plupart des recherches à ce acheter davantage d’énergie alimentaire et d’éléments
sujet ont conclu que la croissance économique entraînait des nutritifs. Dans le cas des personnes très pauvres, la plupart
augmentations du revenu à la fois du quintile supérieur et du des recherches montrent qu’en ce qui concerne l’énergie
quintile inférieur de la distribution des revenus7. Mais les alimentaire, l’élasticité de la demande par rapport au revenu
exceptions ne manquent pas – les pauvres ne bénéficient pas est effectivement positive et est d’ailleurs plus importante
de tous les types de croissance dans toutes les situations. que chez les personnes riches ou relativement moins
La mesure dans laquelle les pauvres bénéficient de la pauvres11. En d’autres termes, les pauvres utilisent leur
croissance est déterminée par: l’importance initiale des revenu supplémentaire pour acheter davantage d’énergie
inégalités, les possibilités d’emploi accessibles aux pauvres alimentaire, tandis que les riches ont beaucoup moins, voire
qui sont générées par la croissance et le secteur économique pas du tout, tendance à le faire.
qui est à l’origine de la croissance. Cependant, quand les pauvres utilisent leur revenu
Plus la distribution des ressources telles que la terre, l’eau, supplémentaire pour acheter davantage d’aliments, ils ne
les capitaux, l’éducation et la santé est inégale, plus les visent pas toujours à accroître l’apport énergétique.
pauvres auront des difficultés à être parties prenantes au Même les consommateurs pauvres utiliseront une partie de
processus de croissance8 et plus le recul de la sous- leur revenu supplémentaire pour se procurer des aliments de
alimentation risquera d’être lent. Par exemple, les pauvres base plus onéreux que ceux qu’ils consomment
ont souvent un niveau d’instruction trop faible pour entrer habituellement, par exemple le riz au lieu du manioc ou le
dans les nouveaux marchés du travail dynamiques où les riz blanc bien usiné au lieu du riz plus grossier. Certains de
salaires proposés sont plus intéressants. Les inégalités ces changements ne font parfois rien pour accroître l’apport
peuvent aussi freiner le rythme de la croissance économique énergétique ou améliorer la nutrition, en revanche ils
globale9, ce qui représente un préjudice supplémentaire pour reflètent les préférences des consommateurs pour des
les pauvres. La croissance économique imputable à attributs tels que le goût, l’odeur et l’apparence.
l’exploitation des minerais et du pétrole, par exemple, a Plus les consommateurs sont aisés, plus ils tendent à
moins de chances de réduire directement la pauvreté. accroître leur consommation d’aliments autres que les
Ces secteurs sont caractérisés par une forte proportion de aliments de base (voir la figure 10 à la page 18, qui montre
capital, ce qui entraîne une plus faible croissance des revenus que la part du budget alimentaire consacrée aux aliments
pour les pauvres, lesquels possèdent très peu de capitaux. d’origine animale et aux fruits et légumes est beaucoup plus
En revanche, les recettes publiques tirées de ces secteurs importante chez les riches que chez les pauvres). Là encore,
peuvent être utilisées en faveur des pauvres. C’est ce qui a certains de ces aliments amélioreront l’état nutritionnel et
été fait en Indonésie, où les recettes publiques tirées des d’autres non. Les gens accordent de la valeur au fait d’être
exportations de pétrole pendant les années 70 et 80 ont été mieux nourris mais ils veulent aussi que leur alimentation ait
utilisées pour améliorer les infrastructures rurales, meilleur goût. En outre, ils ignorent parfois les problèmes de
notamment les centres médicaux et le réseau routier. santé associés à la consommation de certains aliments (qui
Les incidences de la croissance économique dépendent de favorisent l’obésité) et l’importance des micronutriments tels
la source de celle-ci. Il est abondamment démontré que les que l’iode, le fer, le zinc ou la vitamine A (dont les carences
revenus des personnes très pauvres sont plus réactifs à la provoquent la «faim invisible»).
croissance agricole qu’à la croissance non agricole10. Enfin, les consommateurs décideront aussi de consacrer
L’une des raisons pour lesquelles la croissance agricole tend à une partie de leur revenu supplémentaire à des dépenses
générer des revenus pour les pauvres est que, dans non alimentaires très diverses, telles que l’éducation, les
beaucoup de pays particulièrement touchés par la pauvreté, vêtements, la santé ou les téléphones portables. Ces choix
les pauvres sont souvent concentrés dans les zones rurales. peuvent être influencés par des campagnes d’information
Or, par rapport aux autres types de croissance, la croissance ou des programmes scolaires qui promeuvent les avantages

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

des investissements essentiels. Grâce aux investissements dépenses budgétaires publiques pourrait contribuer à faire
consacrés à des améliorations dans le domaine de la santé, reculer la sous-alimentation même en l’absence de
par exemple l’aménagement de sanitaires et les visites plus croissance économique, mais la croissance économique a
fréquentes chez le médecin (en particulier pour les femmes tout de même plus de chances d’entraîner une
enceintes), la croissance économique aura une incidence plus augmentation des dépenses sociales pertinentes.
forte sur la nutrition. Ces modes de dépense impliquent que C’est pourquoi, la croissance associée à la réallocation des
les incidences des chocs liés aux prix des denrées alimentaires ressources est probablement plus efficace pour faire reculer
et aux revenus (qu’ils soient positifs ou négatifs) ne touchent la sous-alimentation, que la croissance ou la réallocation
pas seulement l’apport énergétique et la consommation prise isolément.
alimentaire mais aussi d’autres domaines, dans lesquels des
ajustements deviennent nécessaires. ■■ Quel est le rôle de la bonne gouvernance?
La façon dont le revenu supplémentaire du ménage est
dépensé est fortement influencée par la part du revenu qui
échoit aux femmes (voir l’encadré 6, page 41). Les recherches
montrent que davantage d’argent est consacré aux dépenses Message clé
qui améliorent la nutrition et la santé quand les femmes Pour accélérer la réduction de la faim, il faut que la
exercent un plus grand contrôle sur le revenu familial12. croissance économique soit doublée d’une action
Pendant les deux dernières décennies, les femmes sont volontariste et déterminante des pouvoirs publics.
entrées en force dans la population économiquement active, Les politiques et programmes publics doivent être
notamment dans les régions développées telles que l’Europe créateurs d’un environnement propice à une croissance
et l’Amérique du Nord et, dans une certaine mesure, les économique à long terme qui soit favorable aux pauvres.
zones urbaines des pays en développement. Avec la poursuite Un environnement porteur comporte la fourniture de
de la croissance économique, il est probable que ce biens et services publics pour le développement des
mouvement s’amplifie et, s’il permet aussi aux femmes secteurs productifs, un accès équitable des pauvres aux
d’acquérir leur autonomie et de mieux maîtriser le revenu du ressources, l’autonomisation des femmes et la
ménage, il pourrait donner un nouvel élan à l’amélioration de conception et la mise en place de systèmes de protection
la nutrition et de la santé des enfants. sociale. Pour être efficaces, ces politiques et programmes
doivent s’appuyer sur un système amélioré de
■■ Comment les gouvernements utilisent-ils leurs gouvernance, reposant sur la transparence, la
ressources supplémentaires? participation, l’obligation de rendre compte, l’état de
droit et le respect des droits de l’homme.
La croissance économique fait augmenter à la fois les revenus
privés et les ressources publiques. Les gouvernements peuvent
utiliser ces ressources de multiples façons pour lancer et Comme il ressort de la première section du présent rapport,
appuyer des réformes institutionnelles et des programmes qui plusieurs pays ne sont pas parvenus à faire reculer la faim et
profitent aux pauvres et aux personnes souffrant de la faim: la malnutrition conformément aux engagements qui ont été
mesures qui garantissent un accès plus équitable aux pris et aux objectifs qui ont été fixés. Soit leur croissance a
ressources productives, investissements dans les été lente, soit la liaison entre la croissance et la réduction de
infrastructures rurales et mesures qui promeuvent le la faim et de la malnutrition a mal fonctionné. L’une des
développement durable des écosystèmes agricoles – dont raisons de ce dysfonctionnement pourrait être la faiblesse
beaucoup de pauvres dépendent pour subsister. Une large des structures de gouvernance et l’absence de volonté
part des recettes publiques générées par la croissance politique de placer la réduction de la faim au rang des
économique devrait être utilisée pour financer l’éducation, la premières priorités. Comme on peut le lire dans le deuxième
formation professionnelle et des mesures de santé publique projet de Cadre stratégique mondial pour la sécurité
très diverses. On peut citer à titre d’exemple: l’accès amélioré alimentaire et la nutrition, les causes de la faim et de la
à l’eau potable; l’augmentation de la densité des centres malnutrition sont notamment: «l’absence d’une bonne
médicaux, en particulier dans les zones rurales; la distribution gouvernance permettant d’assurer la transparence, la
ciblée de compléments vitaminés; et les campagnes responsabilité et la primauté du droit, qui sont les
d’information qui promeuvent les pratiques améliorées de fondements de l’accès aux denrées alimentaires et de
soins aux enfants, telles que l’allaitement maternel, l’amélioration du niveau de vie; l’absence d’engagement
l’alimentation d’appoint et l’espacement des naissances. politique de haut niveau et de priorité accordée à la lutte
Empiriquement, plus les ressources publiques sont élevées, contre la faim et la malnutrition, notamment le fait que les
plus les réalisations en matière de sécurité alimentaire et de promesses et les engagements passés n’ont pas été
nutrition sont nombreuses13, bien que les résultats soient pleinement respectés, et l’absence de responsabilisation; le
variables selon les pays. Il est vrai qu’une réorientation des manque de cohérence dans les choix stratégiques tant dans

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

les pays qu’aux niveaux régional et mondial; une performantes. La concrétisation du droit à l’alimentation
hiérarchisation insuffisante des politiques, des plans, des peut donner du poids à une stratégie efficace en matière de
programmes et des financements prévus pour combattre la sécurité alimentaire, en garantissant des processus politiques
faim, la malnutrition et l’insécurité alimentaire, centrés en transparents, la responsabilisation des institutions publiques
particulier sur les populations les plus vulnérables et en et la définition claire des obligations du gouvernement et des
situation d’insécurité alimentaire; les guerres, les conflits, le droits et devoirs des bénéficiaires.
manque de sécurité, l’instabilité politique et la faiblesse des Pour que les pauvres bénéficient de la croissance
institutions; et la faiblesse de la gouvernance internationale économique, il est vital qu’ils aient leur mot à dire sur les
de la sécurité alimentaire et de la nutrition»14. décisions qui les concernent. L’expérience prouve que la
La bonne gouvernance est essentielle, si l’on veut que la participation de toutes les parties prenantes – y compris les
croissance économique contribue effectivement et femmes vulnérables, les jeunes, les populations autochtones et
durablement à la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la les autres groupes marginalisés de la population – à la
nutrition. Par bonne gouvernance, on entend notamment la formulation, la planification, l’exécution et le suivi et évaluation
fourniture de biens publics essentiels, tels que la stabilité des activités de développement se traduit par un accès plus
politique, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, la équitable aux ressources et des avantages plus nombreux pour
lutte contre la corruption et l’efficacité de l’administration les pauvres en conséquence de la croissance économique.
publique. La bonne gouvernance repose sur des institutions

Résultats en matière de nutrition – des progrès à


l’échelle mondiale, mais encore beaucoup de
problèmes
Diverses indications laissent penser que l’augmentation de la subsaharienne mais, ces dernières années, la mortalité
disponibilité énergétique alimentaire par personne et la infantile a sensiblement reculé dans beaucoup de pays de
diversification de l’alimentation, que l’on observe dans cette région18.
beaucoup de pays, ont contribué à une amélioration La réduction des carences en micronutriments, ou «faim
générale de la nutrition à l’échelle mondiale15. Une évaluation invisible», a aussi fait des progrès pendant les deux dernières
récente a conclu que l’application des recommandations décennies. Les avancées en matière d’élimination de la
formulées par l’OMS en matière d’alimentation, avait carence en vitamine A ont été remarquables en Asie de l’Est
progressé dans le monde entier au cours des deux dernières et une grande partie des pays d’Amérique centrale et
décennies, malgré des disparités importantes entre les d’Amérique du Sud, tandis que l’Afrique subsaharienne et
régions16. l’Asie du Centre et du Sud sont restées à la traîne. Grâce à
La nutrition des enfants s’est aussi améliorée. Le l’expansion réussie des programmes d’iodation du sel, la
pourcentage d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale prévalence des carences en iode semble avoir notablement
(poids insuffisant par rapport à l’âge) a baissé, passant de décliné dans le monde entier.
25 pour cent en 1990 à 16 pour cent en 2010, tandis que le Il est vrai qu’une croissance économique plus rapide
retard de croissance (taille insuffisante par rapport à l’âge) explique certains des excellents résultats obtenus en Asie,
chez les enfants de moins de cinq ans a globalement reculé, mais on peut difficilement attribuer à une croissance
passant de 39 pour cent à 26 pour cent pendant la même économique contrastée certaines disparités importantes que
période. La diminution de la prévalence de l’insuffisance l’on observe d’un pays à l’autre en matière de dénutrition
pondérale chez les enfants, qui a été plutôt lente en Afrique, des enfants. L’un des facteurs qui entre en jeu est l’existence
a été la plus rapide en Asie, notamment en Chine et en Asie ou l’absence de lien entre la croissance et la réduction de la
du Sud-Est, où le retard de croissance est aussi tombé de pauvreté. Parmi les autres facteurs, on peut citer l’ordre de
49 pour cent à 28 pour cent entre 1990 et 2010 (voir priorité qui est établi dans les stratégies agricoles entre les
l’exemple du Bangladesh dans l’encadré 1)17. Les taux les céréales de base, les fruits, les légumes, l’élevage et la pêche,
plus élevés d’insuffisance pondérale chez les enfants et de l’accès à l’eau propre, la santé et l’assainissement et les
mortalité infanto-juvénile sont observés en Afrique traditions culturelles. Même quand les pauvres bénéficient de

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

ENCADRÉ 1

Croissance économique et nutrition au Bangladesh

Le Bangladesh a connu une croissance économique rapide 62 pour cent à 43 pour cent, alors qu’entre 1999 et 2004,
pendant les deux dernières décennies et a aussi obtenu des aucun progrès n’a été enregistré. L’amélioration s’est
résultats plutôt satisfaisants dans le domaine de la nutrition, ensuite poursuivie avec des ralentissements épisodiques:
en particulier dans les années 90. Le PIB par habitant a entre 2004 et 2011, l’insuffisance pondérale a baissé de
doublé entre 1990 et 2010 (voir la figure), et le taux de 7 pour cent, la plus grande partie de la baisse étant
croissance annuel moyen dans le secteur agricole a été égal concentrée entre 2007 et 2011, et le retard de croissance a
à 3,3 pour cent (propulsé par des augmentations reculé de 10 pour cent, dont 8 pour cent entre 2004 et
spectaculaires des rendements du riz). Les taux de pauvreté 2007. Selon les estimations actuelles, le Bangladesh qui a
ont sensiblement baissé pendant cette période, ce qui déjà réduit la sous-alimentation de 50 pour cent et est en
indique que la croissance économique est parvenue passe d’obtenir le même résultat pour l’insuffisance
jusqu’aux pauvres. La prévalence du retard de croissance pondérale, va probablement atteindre la cible relative à la
(taille insuffisante par rapport à l’âge, un indicateur de la faim du premier OMD.
malnutrition chronique) et de l’insuffisance pondérale Le Bangladesh a connu une croissance économique rapide
(poids insuffisant par rapport à l’âge) chez les enfants de pendant les deux dernières décennies et a aussi obtenu des
moins de cinq ans a fortement baissé dans les années 90, résultats plutôt satisfaisants dans le domaine de la nutrition,
avant de stagner entre 1999 et 2004. Ainsi, entre 1990 et en particulier dans les années 90. Le PIB par habitant a
1999, le retard de croissance a baissé de 12 pour cent, doublé entre 1990 et 2010 (voir la figure), et le taux de
passant de 63 pour cent à 51 pour cent, et l’insuffisance croissance annuel moyen dans le secteur agricole a été égal
pondérale est tombée de manière encore plus marquée, de à 3,3 pour cent (propulsé par des augmentations

Indicateurs du revenu, de la pauvreté et de la malnutrition au Bangladesh, 1990-2011

Pourcentage Dollars internationaux constants, 2005


80 1 600

70 1 400

60 1 200

50 1 000

40 800

30 600

20 400

10 200

0 0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

Taux de pauvreté Prévalence du retard de croissance Prévalence de l’insuffisance pondérale

Prévalence de l’émaciation Prévalence de la sous-alimentation PIB par habitant, PPA (axe de droite)

Note: Les données sur la prévalence du retard de croissance, de l’insuffisance pondérale et de l’émaciation se réfèrent aux enfants de moins de 5 ans.
Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 25

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

ENCADRÉ 1 (suite)

spectaculaires des rendements du riz). Les taux de Mais il reste beaucoup à faire. On estime que la
pauvreté ont sensiblement baissé pendant cette période, malnutrition au Bangladesh coûte 1 milliard de dollars des
ce qui indique que la croissance économique est parvenue États-Unis par an en productivité économique perdue1.
jusqu’aux pauvres. La prévalence du retard de croissance La prévalence de l’émaciation, un indicateur de la
(taille insuffisante par rapport à l’âge, un indicateur de la malnutrition aiguë, a baissé de 1990 à 2000, avant de
malnutrition chronique) et de l’insuffisance pondérale remonter inexorablement jusqu’en 2007, pour atteindre
(poids insuffisant par rapport à l’âge) chez les enfants de 17 pour cent, dépassant le seuil d’urgence fixé à15 pour
moins de cinq ans a fortement baissé dans les années 90, cent. Cette hausse est préoccupante dans la mesure où le
avant de stagner entre 1999 et 2004. Ainsi, entre 1990 et Bangladesh n’a pas été touché par des catastrophes
1999, le retard de croissance a baissé de 12 pour cent, majeures pendant cette période. (En 2008, après le
passant de 63 pour cent à 51 pour cent, et l’insuffisance passage du cyclone Sidr et la crise de la flambée des prix
pondérale est tombée de manière encore plus marquée, des denrées alimentaires, des études ont indiqué que
de 62 pour cent à 43 pour cent, alors qu’entre 1999 et l’émaciation avait grimpé jusqu’à un taux de 25 pour
2004, aucun progrès n’a été enregistré. L’amélioration cent). Le dernier chiffre, 16 pour cent en 2011, est encore
s’est ensuite poursuivie avec des ralentissements supérieur au seuil d’urgence, ce qui ne manque pas de
épisodiques: entre 2004 et 2011, l’insuffisance pondérale susciter des inquiétudes. De plus, les niveaux du retard de
a baissé de 7 pour cent, la plus grande partie de la baisse croissance (41 pour cent) et de l’insuffisance pondérale
étant concentrée entre 2007 et 2011, et le retard de (36 pour cent) restent très élevés et représentent de
croissance a reculé de 10 pour cent, dont 8 pour cent graves problèmes de santé publique.
entre 2004 et 2007. Selon les estimations actuelles, le
Bangladesh qui a déjà réduit la sous-alimentation de 1
Ambassade des États-Unis, Dhaka. 2012. U.S.-Funded study shows
true cost of malnutrition in Bangladesh. Communiqué de presse, juin
50 pour cent et est en passe d’obtenir le même résultat
2012 (disponible à l’adresse http://photos.state.gov/libraries/
pour l’insuffisance pondérale, va probablement atteindre bangladesh/8601/2012%20Press%20Releases/USAID%20
la cible relative à la faim du premier OMD. malnutrition%20study_%20Jun%2025_%202012.pdf).

la croissance des revenus, il faut que des politiques et des productivité, une diminution de la capacité de travail des
institutions efficaces leur apportent un soutien populations due aux nombreuses maladies et infirmités, et la
supplémentaire, notamment des services de santé et une perte tragique de potentiel humain. Il est indispensable de
éducation nutritionnelle, pour que la nutrition des enfants vaincre la malnutrition en micronutriments pour garantir le
s’améliore. Par exemple, une étude a conclu que c’était peut- développement. Dans le cas de l’anémie liée à la carence en
être l’absence de ce type d’environnement favorable qui fer, la prévalence n’a pas beaucoup évolué et a même
expliquait pourquoi la forte croissance économique observée augmenté dans certains pays21. En Inde, le retard de
en Inde n’avait pas entraîné une réduction uniforme de la croissance et les carences en fer et en iode se traduisent par
dénutrition des enfants dans les différents États du pays19. des pertes de productivité équivalant chaque année à
Beaucoup de pays ont enregistré des améliorations en 2,95 pour cent du PIB22. En Sierra Leone, la carence en fer
matière de nutrition, cependant l’insuffisance pondérale chez les femmes qui travaillent dans le secteur de
(poids insuffisant pour l’âge) reste le principal facteur de l’agriculture représentera un coût de 94,5 millions de dollars
risque qui contribue à la charge de morbidité globale dans le des États-Unis sur cinq ans23.
monde en développement. En 2010, dans les pays en Une croissance économique plus rapide peut faciliter la
développement, plus de 100 millions d’enfants âgés de prise de mesures plus efficaces pour prévenir et combattre
moins de 5 ans présentaient encore une insuffisance les carences en micronutriments. Les stratégies de
pondérale. Les enfants des ménages les plus pauvres risquent développement agricole qui promeuvent les activités
deux fois plus d’en souffrir que les enfants des ménages les hautement productrices de valeur, tant au plan nutritionnel
moins pauvres. On estime que la malnutrition infantile est qu’au plan des revenus, par exemple l’élevage, la production
une cause sous-jacente de la mort, dans 35 pour cent de de fruits et l’horticulture, favorisent la diversification des
tous les cas de décès d’enfants âgés de moins de 5 ans20. régimes alimentaires. En outre, la complémentation
Les carences en micronutriments (la «faim invisible») alimentaire ciblée sur les plus vulnérables, en particulier
touchent encore plus de 30 pour cent de la population pendant les 1 000 premiers jours qui suivent la conception
mondiale avec, pour conséquences, un accroissement de la jusqu’à l’âge de deux ans, et l’enrichissement des principaux
morbidité et de la mortalité, des troubles du développement produits alimentaires au niveau national se sont révélés être
cognitif, une limitation de la faculté d’apprentissage et de la des stratégies d’un excellent rapport coût-efficacité24.

26 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

■■ La transition nutritionnelle et la double charge cette distinction est trop simpliste. Aujourd’hui, on peut
de la malnutrition observer une forte prévalence de la surcharge pondérale, à
côté de la dénutrition, dans des pays à faible revenu, voire
Avec la hausse des revenus et la progression de dans une même famille. La raison de cette coexistence est
l’urbanisation, les gens adoptent progressivement un mode que la surcharge pondérale n’est pas nécessairement
de vie caractérisé par une activité physique réduite, moins de provoquée par une consommation excessive d’aliments mais
temps à consacrer aux tâches ménagères et davantage de par une consommation d’aliments non nutritifs, et que les
repas pris à l’extérieur. Les régimes alimentaires comportent consommateurs pauvres ont souvent un accès limité à
de plus en plus d’aliments semi-transformés très l’éducation et à l’information sur la nutrition. Un autre
énergétiques et deviennent plus riches en graisses saturées, élément d’explication pourrait être la croissance rapide de
sucre et cholestérol. On parle de «transition nutritionnelle»25. l’offre en produits introuvables auparavant (par exemple, les
Selon les experts, la transition nutritionnelle qui a d’abord plats cuisinés, les boissons sucrées et les aliments à
été associée aux populations urbaines plus aisées, s’étend grignoter) dans les chaînes de distribution modernes de
rapidement à tous les types de sociétés26. beaucoup de pays en développement. Souvent, ces produits
La transition nutritionnelle s’accompagne d’une remplacent les aliments traditionnels, y compris les aliments
augmentation de la suralimentation et de l’obésité. Il semble vendus en rue dans les zones urbaines.
aussi qu’elle ait une relation causale avec la transition relative Aujourd’hui, il est de plus en plus évident que la double
à la charge de morbidité et la mortalité, qui est appelée charge de la malnutrition se manifeste souvent comme un
«transition épidémiologique»27. Il s’agit de la modification du problème lié au cycle de vie dans les familles à faible revenu.
profil des maladies qui était dominé par une mortalité Les femmes pauvres qui souffrent de dénutrition pendant la
largement imputable aux maladies infectieuses et grossesse, donnent naissance à des bébés sous-alimentés.
transmissibles et qui est désormais caractérisé par une Une nutrition insuffisante pendant le développement
augmentation des maladies non transmissibles, telles que les prénatal et la petite enfance, suivie plus tard dans la vie par
maladies cardio-vasculaires et les diabètes. Selon l’OMS, la une augmentation excessive de la consommation d’énergie
surcharge pondérale (indice de masse corporelle [IMC] 25) et alimentaire, peut créer un terrain favorable à la surcharge
l’obésité (IMC 30) sont le cinquième facteur de risque de pondérale ou à l’obésité. La dénutrition (mesurée par le
décès au niveau mondial28. retard de croissance) pendant l’enfance peut accroître le
Globalement, le nombre de personnes en surcharge risque de devenir obèse et de souffrir de maladies non
pondérale est évalué à plus de 1,4 milliard d’adultes29, transmissibles liées à l’alimentation dans la vie d’adulte.
dépassant le nombre de personnes sous-alimentées dans le C’est pourquoi, dans beaucoup de pays en développement,
monde. Cependant, il est permis de penser que les coûts de tant la dénutrition que la suralimentation et les carences en
la surcharge pondérale (mais non de l’obésité) sont moins micronutriments sont souvent enracinées dans la pauvreté.
élevés que ceux de la sous-alimentation. Dans le monde La double charge, illustrée par exemple par des enfants
entier, l’obésité a plus que doublé depuis 1980, mais la souffrant de retard de croissance et des mères en surcharge
prévalence de l’obésité de l’adulte est actuellement pondérale, est donc étroitement associée au développement
beaucoup plus élevée dans les pays développés que dans les économique et est de plus en plus souvent observée à
pays en développement (figure 15). Les taux les plus élevés l’intérieur même des ménages à faibles revenus32.
sont observés en Afrique du Nord et au Proche-Orient, en
Amérique du Nord, dans les îles du Pacifique et en Afrique ■■ Conclusion: il faut améliorer la nutrition aussi
du Sud. rapidement que possible
De plus en plus, le monde doit faire face à la double
charge de la malnutrition, parce que la dénutrition, en La modification de l’alimentation qui a été observée au
particulier chez les enfants, coexiste avec la surcharge cours des deux dernières décennies a eu des effets à la fois
pondérale et les maladies liées à l’alimentation et avec la positifs et négatifs sur la nutrition. Du côté des effets
malnutrition en micronutriments30. La figure 16 présente positifs, la qualité de l’alimentation s’est globalement
quelques pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de améliorée au niveau mondial et la nutrition a progressé dans
différentes régions, dont les populations affichent une forte la plupart des régions du monde. Les taux de mortalité et la
prévalence, à la fois de la dénutrition et de la prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants âgés
suralimentation, mesurées respectivement par le retard de de moins de cinq ans ont diminué. La prévalence de
croissance chez les enfants âgés de moins de cinq ans et certaines carences en micronutriments a également reculé,
l’obésité de l’adulte31. mais dans des proportions très variables selon les régions.
Pendant longtemps, ces deux dimensions de la double Du côté des effets négatifs, toutefois, le nombre global
charge ont été perçues comme les résultats de deux facteurs d’enfants qui souffrent de déficit pondéral et/ou de retard
distincts: la pauvreté d’un côté et la richesse de l’autre. Mais de croissance reste à un niveau inacceptable. De plus, le

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 27

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

FIGURE 15

Prévalence de l’obésité en 2008

Prévalence de l’obésité (%)


<10
10-19,9
20-29,9
≥30
Données non disponibles
Non applicable

Notes: Les données se réfèrent aux adultes des deux sexes, âgés de plus de 20 ans, en 2008, et sont normalisées selon l’âge. On parle d’obésité lorsque l’indice de masse corporelle est égal
ou supérieur à 30kg/m².
Source: Organisation mondiale de la Santé.

FIGURE 16

Le double fardeau de la malnutrition: obésité à l’âge adulte et retard de croissance des enfants, dans des pays sélectionnés

Pourcentage
50

45

40

35

30

25

20

15

10

0
Mauritanie Papouasie- Vanuatu Îles Salomon Mexique Afrique du Sud Égypte
Nouvelle-Guinée

Prévalence de l’obésité à l’âge adulte Prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans

Source des données brutes: Organisation mondiale de la Santé.

28 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

nombre global de personnes en surcharge pondérale (mais de la teneur en éléments nutritifs et de la sécurité sanitaire.
non obèses) a dépassé le nombre de personnes sous- Les mesures permettant de diversifier l’alimentation et de
alimentées, tandis que les carences en micronutriments garantir un apport suffisant de micronutriments peuvent
continuent à toucher une population importante dans notamment consister à faire un usage judicieux de la
beaucoup de pays. complémentation alimentaire ciblée sur les plus pauvres,
Il est de plus en plus largement admis qu’une forte jusqu’à ce que le coût d’une alimentation diversifiée
croissance économique peut entraîner des améliorations devienne abordable. Pour lutter contre la suralimentation, il
importantes de la nutrition. Pour parvenir à ce résultat aussi convient de promouvoir des régimes alimentaires plus sains
rapidement que possible, le processus de croissance doit et une modification du mode de vie.
profiter aux pauvres mais doit aussi prendre en compte des Certes, la croissance économique contribue de manière
considérations nutritionnelles33. Jusqu’ici, la croissance importante à l’amélioration de la nutrition des populations,
économique et la nutrition n’ont été que faiblement liées, mais l’inverse est également vrai, car une alimentation
avec de longs délais avant que de véritables changements ne nutritive permet aux populations de jouir d’une bonne santé
soient observés dans la situation nutritionnelle. Les politiques et de réaliser pleinement leur potentiel physique et cognitif,
visant à appuyer la réalisation de ces objectifs devraient être ce qui contribue à la croissance économique. L’amélioration
mises en œuvre dans un cadre intégré agriculture-nutrition- de la nutrition infantile et l’accès à l’éducation peuvent
santé. L’amélioration de la sécurité alimentaire et de la améliorer le développement cognitif, donc permettre aux
nutrition ne consiste pas seulement à accroître la quantité de enfants de gagner des revenus plus élevés à l’âge adulte –
l’apport énergétique – mais aussi à améliorer la qualité de avec des avantages pour les individus mais aussi pour la
l’alimentation, du point de vue de la diversité, de la variété, société dans son ensemble34.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 29

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La croissance de l’agriculture et sa contribution
à la réduction de la pauvreté, de la faim et de
la malnutrition
Le rôle de la croissance agricole dans la croissance
économique et la réduction de la pauvreté et de la faim
productivité totale des facteurs en agriculture était supérieure
Message clé à celle du secteur non agricole (+ 1,5 pour cent), venant ainsi
La croissance agricole est un moyen particulièrement contredire l’idée reçue selon laquelle l’agriculture serait un
efficace de réduire la faim et la malnutrition. La secteur arriéré, où les investissements et les politiques sont
plupart des populations très pauvres tirent une bonne systématiquement moins aptes que dans les autres secteurs
partie de leurs moyens d’existence de l’agriculture et à générer de la croissance.
d’activités apparentées. La croissance agricole obtenue par Dans l’ensemble, la croissance agricole a probablement un
les petits agriculteurs, et notamment les femmes, réduit de rôle plus important à jouer en tant que facteur de réduction
manière particulièrement efficace la pauvreté extrême et la de la pauvreté, plutôt que comme moteur de la croissance
faim lorsqu’elle augmente le rendement de la main- économique. Cela s’explique par le fait que la proportion des
d’œuvre et crée des emplois pour les pauvres. individus travaillant dans l’agriculture est nettement supérieure
à la part de la production économique provenant de
l’agriculture. Dans les pays les moins avancés, la population

L
’agriculture a une importance très variable dans les active occupée dans le secteur agricole représentait, en 2009,
économies des différents pays, mais comme on peut s’y 66 pour cent de la population active totale, soit le double de la
attendre, cette importance diminue à mesure que le PIB part de l’agriculture dans le PIB. On peut en déduire que les
par habitant augmente et que l’économie se transforme, d’un travailleurs agricoles ont en général des revenus moindres,
point de vue structurel. Dans certains des pays les plus pauvres comme l’indique d’ailleurs le fait que la pauvreté est surtout
de la planète, l’agriculture représente plus de 30 pour cent de concentrée dans les campagnes. Étant donné que beaucoup
l’activité économique totale et dans le groupe des pays les moins de pauvres travaillent dans l’agriculture, la croissance agricole
avancés, elle assure 27 pour cent du PIB (selon des chiffres de aura probablement des effets plus bénéfiques pour les pauvres
2009). En revanche, dans les pays de l’OCDE, l’agriculture que la croissance non agricole.
représente moins de 1,5 pour cent de l’activité économique. La Selon une étude détaillée récente, analysant la
contribution de l’agriculture à la croissance économique croissance, d’un pays à l’autre, la croissance agricole réduit
d’ensemble variera donc d’un pays à l’autre, mais elle sera en la pauvreté parmi les plus démunis, à condition que les
général plus importante dans les pays les plus pauvres. inégalités de revenus ne soient pas trop criantes36. Dans les
Au cours des dernières décennies, la croissance agricole pays à faible revenu dotés de peu de ressources, un taux
était, en grande partie, due à la croissance de la productivité de donné de croissance du PIB dû à la croissance agricole
la main-d’œuvre agricole qui, contre toute attente, a augmenté réduit cinq fois plus la pauvreté que le même taux de
plus rapidement que la productivité de la main-d’œuvre hors croissance du PIB dû au développement d’autres secteurs
secteur agricole, depuis les années 6035. Cette croissance (sauf en Afrique subsaharienne). En Afrique subsaharienne,
rapide de la productivité de la main-d’œuvre agricole a été la croissance agricole se révèle 11 fois plus efficace. Il est
rendue possible par un exode des travailleurs agricoles, sous donc essentiel d’accroître la production et la productivité
l’effet combiné de l’attraction du secteur industriel et de la agricoles si l’on veut réduire la pauvreté de manière
volonté de quitter l’activité agricole. De plus, la croissance de la efficiente, surtout dans les pays à faible revenu.

30 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

TABLEAU 2
De toute évidence, l’aptitude de l’agriculture à accroître le
Rôle de l’agriculture dans la croissance économique et PIB et ses avantages comparatifs en matière de réduction de
la réduction de la pauvreté, selon le type d’économie la pauvreté varieront d’un pays à l’autre. À ce propos, une
typologie introduite dans le Rapport de 2008 sur le
Économies Économies en Économies
fortement phase de urbanisées développement dans le monde (voir le tableau 2) souligne
tributaires de transformation que dans les économies fortement tributaires de l’agriculture
l’agriculture
(principalement en Afrique subsaharienne), l’agriculture
Population totale 615 3 510 965 contribue de façon marquée à la croissance économique et
(en millions d’habitants)
participe sensiblement à la réduction de la pauvreté, étant
Nombre total de pauvres donné que les pauvres sont concentrés dans les zones
(en millions d’individus)
1,08 $EU/jour 170 583 32 rurales37. Dans ces pays, les politiques devront principalement
2,15 $EU/jour 278 1 530 91
permettre à l’agriculture de jouer le rôle de moteur de
Main-d’œuvre agricole, en 65 57 18
pourcentage du total (%) croissance et de facteur de réduction de la pauvreté. Dans les
pays en phase de transformation (principalement en Asie, en
Croissance du PIB 3,7 6,3 2,6
(croissance annuelle, 1993- Afrique du Nord et au Proche-Orient), l’agriculture contribue
2005, en pourcentage)
dans une moindre mesure à la croissance économique, mais
PIB agricole, en pourcentage 29 13 6 comme la pauvreté reste, pour l’essentiel, concentrée dans
du PIB total
les campagnes, la croissance agricole et la croissance du
Croissance du PIB agricole 4 2,9 2,2 secteur non agricole en milieu rural auront des effets
(croissance annuelle, 1993-
2005, en pourcentage) importants sur la réduction de la pauvreté. Dans les
Contribution de l’agriculture 32 7 5 économies plus urbanisées (principalement en Europe
à la croissance du PIB (part orientale et en Amérique latine), où la pauvreté est
en pourcentage, 1993-2005)
principalement un phénomène urbain, un secteur agricole
Source: Adapté des tableaux 1.1 et 1.2 de la Banque mondiale, 2008. Rapport
de 2008 sur le développement dans le monde: l’agriculture au service du plus productif pourra aider à freiner les hausses de prix des
développement. Washington, DC. aliments et améliorer le pouvoir d’achat des citadins pauvres,
qui doivent dépenser une grande partie de leurs revenus
pour l’achat de nourriture.

ENCADRÉ 2

Promotion de conditions de travail décentes dans l’agriculture et les zones rurales pour
parvenir à la sécurité alimentaire

Selon la définition qu’en donne l’OIT, «le travail décent résume Par exemple, la gestion intégrée de la production et de la
les aspirations des êtres humains au travail: possibilité protection contre les ravageurs aide à réduire les quantités de
d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, pesticides utilisées et sélectionne des produits moins
assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d’une dangereux, quand il s’avère nécessaire d’appliquer des
protection sociale pour sa famille. Le travail décent donne aux pesticides. S’ils connaissent ces techniques de gestion
individus la possibilité de s’épanouir et de s’insérer dans la intégrée, les travailleurs agricoles sont mieux à même de
société, ainsi que la liberté d’exprimer leurs préoccupations, de négocier des clauses exigeant l’utilisation de telles techniques,
se syndiquer et de prendre part aux décisions qui auront des lorsqu’ils concluent des conventions collectives avec les
conséquences sur leur existence. Il suppose une égalité de employeurs4. De même, le soutien fourni aux syndicats (par
chances et de traitement pour les femmes et les hommes1.» exemple, le Syndicat général des travailleurs agricoles du
En milieu rural, les marchés du travail sont très peu Ghana) de manière à faciliter l’inclusion d’agriculteurs
structurés: le travail précaire domine et l’on note des indépendants et de travailleurs agricoles, y compris les
asymétries au niveau de l’information, ainsi que des inégalités travailleurs saisonniers, peut donner plus de poids à ces
selon le sexe ou l’âge. Les conditions de travail en milieu rural travailleurs dans le dialogue social et les négociations. On peut
sont souvent médiocres, l’accès aux dispositifs de protection terminer par un autre exemple d’amélioration des conditions
sociale est limité et, souvent, la législation du travail n’est pas de travail dans le secteur agricole: le Ministère thaïlandais de
appliquée; les travailleurs ruraux sont donc les moins l’agriculture met au point actuellement un programme visant
organisés et les moins protégés par des cadres juridiques2. à donner aux riziculteurs thaïlandais le droit à une pension et à
Les politiques et les programmes doivent chercher à des indemnités en cas d’invalidité.
augmenter l’emploi, mais aussi à créer de meilleures
conditions d’emploi dans le secteur agricole et non agricole3. Sources: Voir les notes de la page 68

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 31

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

L’aptitude du secteur agricole à contribuer à la réduction On s’accorde largement à reconnaître que la croissance
de la pauvreté ne dépend pas seulement du type d’économie doit aller de pair avec la création d’emplois, si l’on veut
au sein de laquelle il fonctionne, mais aussi de la structure de parvenir à un développement économique durable. Les pays
ce secteur, notamment en ce qui concerne la répartition des qui ont réussi à réduire assez rapidement la pauvreté sont
terres. Par exemple, dans un secteur agricole reposant sur passés par des transformations structurelles axées sur la
des petites exploitations, faisant largement appel à la main- création d’emplois et ont adopté des politiques industrielles
d’œuvre, l’amélioration de la productivité des terres et de la et agricoles, ainsi que des politiques sociales actives, opérant
main-d’œuvre a débouché sur une réduction rapide de la en synergie41. Parmi les politiques visant à renforcer l’emploi,
pauvreté (par exemple en Asie de l’Est et du Sud-Est). on peut citer l’élimination des obstacles au développement
La Chine a ainsi réduit très rapidement la pauvreté, dans les de l’esprit d’entreprise, l’amélioration de l’alphabétisation et
années 80 et jusqu’au milieu des années 90, en partant de l’instruction et le développement des compétences
d’une situation d’accès assez équitable aux terres agricoles et techniques, de manière à améliorer l’employabilité de la
au capital humain38. À mesure qu’augmente l’inégalité, la main-d’œuvre, notamment chez les jeunes.
réduction de la pauvreté ralentit. En revanche, dans certaines Dans les pays où la répartition des terres est assez
régions d’Amérique latine, les liens entre l’augmentation de équitable, de nombreux pauvres peuvent accéder, eux aussi, à
la productivité et la réduction de la pauvreté sont nettement des lopins de terre et profiter de leur plus-value (par exemple
moins évidents, compte tenu de la répartition inégale des moyennant une amélioration des rendements). La croissance
terres et la prédominance de la mécanisation agricole: les des rendements et la réduction de la pauvreté ont ainsi
rendements ont en effet augmenté rapidement, alors que la progressé de concert, en Chine, où la répartition des terres
pauvreté rurale n’a guère reculé39. est assez équitable42. En revanche, en Inde, où la répartition
Pour que la croissance agricole s’étende aux pauvres, il des terres est moins équitable, la croissance des rendements
faut qu’elle fasse appel aux facteurs de production dont ne s’est pas traduite par un pareil recul de la pauvreté et de la
disposent les pauvres. Or, dans certains cas, les pauvres n’ont sous-alimentation. Lorsqu’une bonne partie de la croissance
que leur force de travail à offrir. Pour réduire la pauvreté et de la production est concentrée dans de grandes exploitations
améliorer l’accès à des aliments appropriés, sur le plan tant agricoles, les pauvres peuvent encore tirer profit de cette
quantitatif que qualitatif, il faut donc absolument que la croissance si les productions sont à forte intensité de main-
croissance crée des emplois, augmente les salaires et d’œuvre et que les bénéfices servent à augmenter les salaires
améliore la qualité des postes de travail (voir l’encadré 2), des travailleurs ruraux – mais les avantages qu’en retireront
surtout pour la main-d’œuvre non qualifiée. Un accès les pauvres seront moindres que s’ils possédaient directement
médiocre aux aliments peut freiner la productivité du travail, la terre. Si, en revanche, la croissance de la production
qui à son tour entrave la croissance économique, notamment provient de grandes exploitations hautement mécanisées, les
en milieu agraire40. pauvres n’auront guère de chance de profiter de ses effets.

Contribution des petits agriculteurs à


l’accroissement de la production et de la
productivité agricoles43
La demande mondiale d’aliments devrait augmenter de De tout temps, les petits agriculteurs ont joué un rôle
60 pour cent d’ici à 2050. L’agriculture et les filières essentiel dans les approvisionnements fournis pour répondre
alimentaires mondiales ont donc un défi de taille à relever, à la demande alimentaire. En Asie, pendant la Révolution
compte tenu des changements climatiques, de la pénurie de verte, les petits agriculteurs ont adopté les innovations
ressources naturelles et des utilisations concurrentes, techniques, accru leur productivité et produit assez
notamment pour la production de biocarburant. Les petits d’aliments pour faire baisser les prix réels des denrées de
agriculteurs, qui produisent l’essentiel des aliments dans les base achetées par les consommateurs. La demande de main-
pays en développement, auront un rôle clé à jouer dans ces d’œuvre a augmenté dans les zones rurales, créant ainsi des
efforts, ne fût-ce qu’en raison des volumes de production emplois pour les ruraux pauvres et relevant les salaires payés
qu’ils assurent dans les pays en développement. aux travailleurs non qualifiés. Tous ces facteurs ont contribué

32 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

ENCADRÉ 3

La croissance agricole au Viet Nam

Le Viet Nam a connu une forte croissance économique demande de main-d’œuvre, l’un des principaux actifs dont
d’ensemble (5,8 pour cent par habitant et par an de 1990 à disposent les pauvres. Cette expansion a déterminé une
2010), ainsi qu’une croissance rapide de son agriculture. réduction rapide de la pauvreté, de la sous-alimentation, des
Entre 1990 et 2010, la croissance de l’agriculture était en retards de croissance et de l’insuffisance pondérale (ces deux
moyenne de 4 pour cent par an, soit l’un des meilleurs derniers termes étant appliqués aux enfants de moins de
résultats mondiaux, sur cette période. En agriculture, la cinq ans). Le Viet Nam a, en effet, déjà atteint plusieurs des
productivité totale des facteurs a progressé rapidement, de Objectifs du Millénaire pour le développement.
3,1 pour cent par an entre 1991 et 2000, puis de 2,4 pour Vers le milieu des années 90, ce sont les ménages
cent par an entre 2001 et 20091. agricoles à l’écoute des marchés qui ont le plus profité de la
La croissance de la production venait, pour l’essentiel, de situation: le taux de pauvreté de ces ménages a baissé de
l’amélioration des rendements. Les rendements ont plus de 40 pour cent en cinq ans à peine. Les ménages
augmenté de 50 pour cent pour le riz, qui est la principale pratiquant une agriculture de subsistance ont, eux aussi,
culture vivrière, mais ils ont plus que doublé pour le maïs, tiré parti de la situation, leur taux de pauvreté baissant de
le caoutchouc, la noix de cajou et le manioc. Les terres 28 pour cent en cinq ans. Les ménages qui pratiquaient
mises en culture ont, elles aussi, augmenté: les terres initialement une agriculture de subsistance, puis qui se sont
consacrées au maïs et à l’hévéa ont plus que doublé, celles tournés avec décision vers les marchés dans les années 90,
destinées aux anacardiers ont plus que triplé et les terres ont vu, quant à eux, leur taux de pauvreté reculer de
plantées en caféiers ont été multipliées par huit (passant 35 pour cent. Tous ces types de ménages ont accru leurs
d’environ 60 000 hectares en 1990 à plus d’un demi- revenus non agricoles, ce qui montre l’importance du
million d’hectares en 2008). Quant à l’aquaculture, elle dynamisme de l’économie rurale non agricole2.
s’est développée très rapidement, à un rythme de 12 pour
cent par an depuis 1990. 1
K. Fuglie. 2012. Productivity growth and technology capital in the
Comme les terres sont réparties de façon relativement global agricultural economy. Chapitre 16 dans K.O. Fuglie, E. Ball et S.L.
équitable au Viet Nam, par rapport à la plupart des autres Wang, éd. Productivity growth in agriculture: an international
perspective. Wallingford, Royaume-Uni, CABI.
pays, nombre de petits exploitants agricoles ont pu profiter 2
A. de Janvry et E. Sadoulet. 2010. Agricultural growth and poverty
de la croissance des rendements. L’augmentation des reduction: additional evidence. The World Bank Research Observer,
superficies cultivées a également permis d’accroître la 25(1): 1-20

Indicateurs du PIB agricole, de la pauvreté et de la malnutrition au Viet Nam, 1989-2011

Pourcentage Dollars des États-Unis constants 2000 (en milliards)


70 14

60 12

50 10

40 8

30 6

20 4

10 2

0 0
1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011

Taux de pauvreté Prévalence du retard de croissance Prévalence de l’insuffisance pondérale

Prévalence de l’émaciation Prévalence de la sous-alimentation Valeur ajoutée agricole (axe de droite)

Note: Les données sur la prévalence du retard de croissance, de l’insuffisance pondérale et de l’émaciation se réfèrent aux enfants de moins de 5 ans.
Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 33

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

ENCADRÉ 4

La croissance agricole en République-Unie de Tanzanie

Entre 1990 et 2010, le secteur agricole de la République-Unie 2001 à 2009, montre bien que la priorité était accordée à
de Tanzanie s’est développé au rythme moyen de 3,8 pour l’expansion des superficies cultivées1.
cent par an, se plaçant ainsi parmi les 15 secteurs agricoles Un mode de croissance axé sur l’expansion des
nationaux les plus performants au monde, au cours de cette superficies cultivées soulève des questions de durabilité.
période. La prévalence de la sous-alimentation a néanmoins En outre, pour déterminer si les pauvres tirent vraiment
augmenté, dans un premier temps, puis a stagné au cours profit d’une telle croissance, il faut voir dans quelle
des vingt dernières années et les progrès accomplis afin de mesure les nouvelles terres mises en culture sont fertiles et
réduire le retard de croissance et la pauvreté ont été très lents. appartiennent aux pauvres.
On peut donc en déduire qu’une croissance rapide de Ces dernières années, les exportations de coton et de
l’agriculture n’est pas, en soi, une condition suffisante pour tabac – deux produits cultivés par les petits exploitants –
améliorer la nutrition. ont rapidement augmenté. Il s’agit toutefois de produits
Dans les vingt dernières années, la croissance de la non vivriers, dont la culture est concentrée dans des zones
production agricole était principalement due à un assez réduites. Une stratégie de croissance reposant sur la
accroissement des superficies cultivées, plutôt qu’à culture de maïs, de plantes-racines, de légumineuses et
l’amélioration des rendements, qui n’a joué qu’un rôle d’oléagineux réduirait plus efficacement la pauvreté et la
mineur. Les quatre cinquièmes des augmentations de sous-alimentation, car ces plantes sont largement
superficies cultivées étaient dus à huit cultures: maïs, cultivées par les paysans pauvres et représentent une part
haricots secs, arachides, riz, bananes, noix de coco, plus importante du budget des ménages pauvres2.
sorgho et manioc. Il faut toutefois noter que les Pour mettre en œuvre une telle stratégie de croissance, il
rendements du maïs, des noix de coco, du sorgho et du faudrait accroître les dépenses consacrées à la recherche
manioc ont baissé au cours des vingt dernières années, et à la vulgarisation agricoles portant sur ces cultures.
alors que le rendement du riz n’avait augmenté que
légèrement. Cette baisse des rendements s’explique peut- 1
K. Fuglie. 2012. Productivity growth and technology capital in the
être par l’expansion de l’agriculture dans des terres global agricultural economy. Chapitre 16 dans K.O. Fuglie, E. Ball et S.L.
marginales, ayant une fertilité et des rendements Wang, éd. Productivity growth in agriculture: an international
potentiels moindres. La croissance de la productivité totale perspective. Wallingford, Royaume-Uni, CABI.
des facteurs en agriculture, qui n’a augmenté que de
2
K. Pauw et J. Thurlow. 2011. The role of agricultural growth in
reducing poverty and hunger: the case of Tanzania. IFPRI 2020.
0,4 pour cent de 1991 à 2000, puis d’un pour cent de
Document de référence n° 21. Washington, DC, IFPRI.

Indicateurs du PIB agricole, de la pauvreté et de la malnutrition en République-Unie de Tanzanie, 1990-2011

Pourcentage Dollars des États-Unis constants 2000 (en milliards)

100 5,0

90 4,5

80 4,0

70 3,5

60 3,0

50 2,5

40 2,0

30 1,5

20 1,0

10 0,5

0 0,0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

Taux de pauvreté Prévalence du retard de croissance Prévalence de l’insuffisance pondérale

Prévalence de l’émaciation Prévalence de la sous-alimentation Valeur ajoutée agricole (axe de droite)

Note: Les données sur la prévalence du retard de croissance, de l’insuffisance pondérale et de l’émaciation se réfèrent aux enfants de moins de 5 ans.
Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.

34 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Part03_fre.indd 34 20/12/2012 10:05:48


La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

à améliorer la sécurité alimentaire pour tous. Nombre des ressources productives, comme la terre.
succès obtenus, sur le plan du développement, au cours des Les petits agriculteurs sont certes capables de relever ces
20-40 dernières années, reposaient sur la production des défis, mais ils ont besoin, pour ce faire, d’un «environnement
petits agriculteurs (par exemple en Chine, en Indonésie et au porteur». L’amélioration des infrastructures rurales, comme les
Viet Nam; voir l’encadré 3). D’habitude, les petits agriculteurs routes, les marchés, les installations d’entreposage et les services
étaient aussi, à cette époque, plus efficients que les grandes de communication, réduira les coûts de transaction et aidera les
exploitations agricoles44. À l’avenir, la production agricole à agriculteurs à accéder plus facilement aux marchés.
petite échelle sera probablement plus efficiente pour les Des interventions destinées à sécuriser les droits fonciers et les
produits alimentaires à forte intensité de travail, comme les droits de propriété encourageront les petits agriculteurs à investir
produits maraîchers. dans la mise en valeur de leurs terres. Il est essentiel de fournir
Malgré ces succès du passé, les petits agriculteurs devront des services d’éducation dans les campagnes pour permettre aux
surmonter des obstacles considérables, s’ils veulent être petits exploitants de s’insérer sur les marchés: en effet, s’ils ne
compétitifs sur de nombreux marchés modernes. Dans les savent pas lire, écrire et compter, ou s’ils ne savent pas organiser
pays en développement, les changements introduits au les approvisionnements ou établir, en toute confiance, des
niveau de la commercialisation, de la transformation et de la contacts avec des acheteurs, les petits agriculteurs ne seront pas
vente au détail des produits agricoles et alimentaires ont en mesure d’écouler leurs produits dans des circuits
attiré des investissements accrus du secteur privé, d’origine commerciaux plus complexes. De plus, il faut absolument
nationale ou étrangère, dans l’agroalimentaire. adopter des politiques pour remédier aux inégalités, y compris
Pour vendre leurs produits dans des circuits commerciaux entre hommes et femmes, en ce qui concerne l’accès aux actifs
plus évolués, comme les supermarchés, les agriculteurs et aux ressources, de manière à apporter des bénéfices à long
auront besoin de compétences accrues de gestion et terme aux femmes et à leurs familles.
d’organisation logistique et devront être capables d’assurer Les pouvoirs publics peuvent, en outre, appuyer
un approvisionnement continu et de fournir des aliments fermement le développement des petites exploitations
respectant des normes strictes de qualité et de sécurité agricoles, en faisant en sorte que des travaux de recherche
sanitaire. La recherche et la vulgarisation agricoles sont de agricole soient spécifiquement destinés à résoudre les
plus en plus privatisées et soumises aux règles de la problèmes des petits agriculteurs et des consommateurs, si
mondialisation; elles se concentrent sur des technologies à possible en partenariat avec le secteur privé. Les services
forte intensité de connaissances, qui exigent des publics de vulgarisation devront se concentrer davantage sur
compétences de gestion et une bonne aptitude à la production, mais aussi sur la commercialisation et la
l’apprentissage. Ces exigences risquent de limiter l’accès des sécurité sanitaire des aliments.
petits agriculteurs à des intrants novateurs. Les petites Des efforts accrus visant à mieux intégrer les petits agriculteurs
exploitations agricoles ont des difficultés à obtenir des aux marchés auront plusieurs effets positifs: ils aideront à
crédits, car les institutions financières hésitent souvent à répondre à la demande future d’aliments, contribueront à
consentir des prêts, lorsque les garanties sont limitées et que améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, dans les villes
l’on ne sait pas grand chose des capacités de remboursement comme dans les campagnes, et ouvriront la possibilité d’établir
des emprunteurs potentiels. En outre, les petites agricultrices des liens avec l’économie rurale non agricole, dans la mesure où
sont défavorisées par rapport à leurs homologues masculins, les petits agriculteurs utiliseront probablement une bonne partie
parce qu’elles ont un accès encore plus limité au capital des revenus supplémentaires à leur disposition pour acheter
financier ou social, à l’information commerciale et aux localement des biens et des services.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 35

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

Faim, agriculture et développement durable


Des changements radicaux s’imposent, dans les systèmes la filière alimentaire. Il existe, par ailleurs, de très bonnes
agricoles et alimentaires, si notre planète veut réussir à possibilités d’intensification durable de la production
vaincre la faim et la malnutrition et répondre à la demande agricole et alimentaire. Pour que la croissance de la
d’aliments des générations présentes et futures. Lors du productivité agricole soit à la fois suffisante et stable, il est
Sommet Rio+20, qui s’est tenu récemment, les dirigeants indispensable que les écosystèmes agricoles restent sains et
mondiaux ont réaffirmé ce qui suit: «l’élimination de la soient capables de fournir des services, comme la fertilité
pauvreté, l’abandon des modes de consommation et de des sols, la résistance aux maladies et aux ravageurs et la
production non viables en faveur de modes durables, ainsi résilience d’ensemble de tout le système productif.
que la protection et la gestion des ressources naturelles sur Des écosystèmes sains peuvent aussi fournir des bienfaits
lesquelles repose le développement économique et social importants, qui vont au-delà de l’exploitation agricole:
sont à la fois les objectifs premiers et les préalables réduction de la pollution agricole, qui comporte des coûts
indispensables du développement durable45.» La réalisation élevés, contribution à l’atténuation des changements
de ces objectifs est littéralement d’importance vitale, si l’on climatiques, conservation de la biodiversité et protection
veut assurer la sécurité alimentaire et garantir une nutrition des bassins versants. Or, les agriculteurs, les pêcheurs et les
adéquate pour tous. habitants des forêts ont rarement les capacités requises
Cela s’applique particulièrement aux moyens mis en pour adopter des méthodes assurant la durabilité et la
œuvre par les pays pour permettre à leurs systèmes santé des écosystèmes et aucune mesure incitative ne leur
agricoles et alimentaires de répondre aux besoins des est proposée pour agir dans ce sens.
générations présentes et futures. Pour instaurer un Les gouvernements, le secteur privé et les organisations
développement durable et concrétiser la vision du Sommet non gouvernementales s’attachent donc, de plus en plus, à
de Rio, il est indispensable d’éradiquer la faim et la mettre en place les cadres techniques, réglementaires et
malnutrition. Dans cette optique, il est essentiel que les financiers voulus pour appuyer des modes de production
gouvernements nationaux et toutes les parties prenantes plus durables. Il existe toute une gamme d’approches
prennent les mesures suivantes: encourager la mise en possibles pour incorporer des considérations
application progressive du droit à une alimentation environnementales dans les politiques agricoles, de manière
adéquate, mettre au point et protéger des droits d’accès à reconnaître explicitement et à réduire les coûts liés à la
aux ressources, notamment pour les plus vulnérables, pollution agricole et accroître les effets positifs externes du
incorporer dans les filières alimentaires des mesures incitant secteur agricole sur l’environnement. Il est essentiel
à la consommation et à la production durables, promouvoir d’évaluer l’efficience de ces approches, mais aussi leurs
la mise en place de marchés agricoles et alimentaires effets en termes d’équité, car elles comportent des
équitables et efficaces, réduire les risques et accroître les transferts de coûts et de bénéfices entre divers groupes de
capacités d’adaptation des populations les plus vulnérables la société. Des approches combinant réduction de la
et enfin investir les ressources publiques dans des biens pauvreté et durabilité environnementale ont produit des
publics essentiels, notamment à l’appui de l’innovation et effets positifs et il faudrait maintenant élargir ces efforts,
des infrastructures. sur cette base.
S’agissant de la consommation, il faut favoriser Partageant cette vision, les quatre organisations ayant
l’utilisation durable des ressources, en réduisant la leur siège à Rome – FAO, FIDA, PAM et Bioversity
surconsommation, en passant à des régimes nutritifs, mais International – ont identifié 10 priorités et domaines
présentant une empreinte écologique inférieure et en d’action, qui représentaient leur contribution au document
réduisant les pertes et les gaspillages d’aliments dans toute final du Sommet de Rio+20 (voir l’encadré 5).

36 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

ENCADRÉ 5

Contribution des organisations ayant leur siège à Rome (FAO, FIDA, PAM et Bioversity
International) au document final du Sommet Rio+20

• Avec les méthodes de développement actuelles, 1,4 milliard d’y associer des centaines de millions de ménages
d’individus vivent encore dans des conditions de pauvreté composés de petits exploitants agricoles et de paysans sans
extrême, 925 millions1 ont faim et beaucoup d’autres terre – qui souvent sont des femmes.
souffrent de malnutrition et d’insécurité alimentaire. • Pour assurer la durabilité, il faut réformer tout le système
• Les modèles de développement non durable dégradent agricole et alimentaire, de la production à la consommation.
l’environnement naturel et menacent les écosystèmes et • Il est essentiel de mettre en place des mesures de
la biodiversité, dont dépendent les moyens d’existence et protection sociale et des filets de sécurité, pour soutenir les
la sécurité alimentaire et nutritionnelle. moyens d’existence et renforcer leurs capacités
• Au niveau planétaire, les risques augmentent: les variations d’adaptation, protéger les plus vulnérables et les associer à
climatiques imprévisibles, les catastrophes naturelles, la des modes durables de développement.
volatilité des prix et les risques commerciaux se font plus • Il faut améliorer les politiques mondiales, nationales et
fréquents, aggravant ainsi l’incertitude entourant la sécurité locales, et les rendre plus cohérentes si l’on souhaite
alimentaire et nutritionnelle dans le monde. favoriser le développement durable et soutenir la réforme
• Le système agricole et alimentaire, reposant sur des bases des systèmes agricoles et alimentaires, à l’échelle voulue.
non durables, a contribué à ces échecs sociaux et • Les organisations ayant leur siège à Rome travailleront de
environnementaux, mais l’agriculture peut aussi offrir de concert afin de faire progresser les objectifs et les décisions
nombreuses solutions, à l’appui du développement durable de Rio + 20, en appuyant les efforts déployés par les pays
et de l’économie verte. Il va sans dire qu’une économie pour établir des systèmes agricoles et alimentaires durables.
verte n’est pas possible sans une agriculture durable.
• Il faut, de toute urgence, réformer complètement le 1
Il faut noter que, selon les dernières estimations de la FAO portant sur la
système agricole et alimentaire, afin de parvenir à la sous-alimentation dans le monde, le nombre de personnes sous-alimentées
serait actuellement de 868 millions.
sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, d’améliorer les Source: FAO, FIDA, PAM, Bioversity International. 2012. Rome-based
conditions d’existence des populations et de gérer plus Organizations submission to Rio + 20 outcome document (disponible à
durablement l’environnement. l’adresse http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/suistainability/
pdf/11_11_30_Rome-based_Organizations_Submission_to_Rio_20_Outcome_
• Pour assurer le succès de cette réforme, il est indispensable document.pdf).

L’importance de l’économie rurale non agricole


et ses liens avec l’agriculture46
Malgré la place importante qu’elle occupe, l’agriculture ne ruraux pauvres n’ont guère accès à la terre, ni aux marchés;
sera pas, pour tous les ruraux, le moyen d’échapper à la ils ne pourront donc pas compter exclusivement sur
pauvreté. Par ailleurs, certains petits agriculteurs – notamment l’agriculture pour sortir de la pauvreté. De plus, dans les
ceux disposant de suffisamment de facteurs de production et pays où les terres disponibles sont rares, tous les
ayant accès aux marchés agricoles en phase de transformation agriculteurs ne pourront pas étendre la superficie des terres
– seront en mesure d’établir des systèmes durables de qu’ils cultivent. Certains devront donc se tourner vers
production à vocation commerciale. Ces systèmes leur l’économie rurale non agricole pour y chercher un travail
permettront d’entamer une ascension sociale et de sortir de salarié ou une activité autonome, qui constituera leur
la pauvreté, grâce à leur travail. Souvent, ce processus principale voie de sortie de la pauvreté. L’économie rurale
comprendra l’acquisition de nouvelles terres, pour accroître non agricole revêtira une importance particulière pour les
leur production et les excédents commercialisables. jeunes, qui aspirent souvent à quitter le secteur agricole.
En revanche, il faut bien reconnaître que de nombreux À mesure que se développe l’économie et qu’augmente

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 37

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

le PIB par habitant, l’économie non agricole commence à conditions, on ne peut attendre un grand dynamisme de la
gagner en importance, en milieu rural. Dans les pays part de l’économie rurale non agricole et les ménages ruraux
fortement tributaires de l’agriculture, la part du revenu rural pauvres seront contraints de recourir à des stratégies de
imputable à des activités non agricoles peut représenter de survie, y compris des travaux non agricoles mal rémunérés ou
20 à 30 pour cent du total, mais dans des économies plus la migration. On voit donc, notamment dans les pays
urbanisées, cette proportion peut atteindre 60 ou 70 pour fortement tributaires de l’agriculture, que lorsque le secteur
cent (voir la figure 17). Une analyse des données portant sur agricole se développe, il y a alors de bonnes possibilités de
les activités rurales génératrices de revenus fait apparaître stimuler la croissance de l’économie non agricole et de créer
que la majorité des ménages participe à des activités rurales un cercle vertueux de croissance rurale et de création
non agricoles génératrices de revenu47: en Asie et en d’emplois.
Amérique latine, ce pourcentage se situe entre 50 et 60 pour Toutefois, d’autres facteurs que l’agriculture peuvent
cent, alors qu’en Afrique subsaharienne, il va de 25 à 50 pour influencer la structure et le développement de l’économie
cent. Il faut toutefois préciser que seulement 20-25 pour rurale non agricole. Parmi ces facteurs, on peut citer
cent des ménages ruraux d’Asie et d’Amérique latine et l’urbanisation et l’amélioration des liaisons entre les villes et les
10-20 pour cent des ménages ruraux d’Afrique subsaharienne campagnes, au niveau des transports et des
tirent de l’économie non agricole plus des trois quarts de communications51. La migration de travailleurs agricoles vers
leur revenu. Pour la plupart des ménages, la participation à l’économie rurale non agricole et vers des villes secondaires est
l’économie non agricole prend la forme d’un travail à temps souvent synonyme de réduction de la pauvreté rurale. Par
partiel ou saisonnier et sert à gérer les risques et à diversifier exemple, les villages indiens situés près des villes réussissent
les sources de revenus. On peut affirmer qu’à peu de choses mieux que d’autres villages à réduire la pauvreté52, et ce
près, la plupart des ménages ruraux ont un pied dans le phénomène se répète également dans d’autres pays.
secteur agricole et l’autre, dans l’économie rurale non L’amélioration des liaisons entre les villes et les campagnes, du
agricole. point de vue des transports et des communications, offre de
Il est admis, depuis longtemps, que le développement nouvelles possibilités aux ménages ruraux, notamment dans
agricole joue un rôle important dans le développement du les économies en phase de transformation et d’urbanisation.
reste de l’économie, à travers leurs liens réciproques48. En Chine et en Asie du Sud-Est, la production manufacturière
En outre, en général, l’agriculture contribue dans une large destinée aux marchés d’exportation est transférée, en sous-
mesure à déterminer la taille et la structure de l’économie traitance, vers des industries rurales, du fait des fortes densités
rurale non agricole, en fournissant des matières premières démographiques et du coût modique des transports53.
agricoles à transformer, en créant un marché pour les
intrants agricoles et pour les biens et services de FIGURE 17
consommation, en libérant de la main-d’œuvre pour d’autres
Avec la croissance de l’économie, les revenus non agricoles
secteurs de l’économie et en fournissant des produits jouent un rôle plus important dans l’économie rurale
alimentaires à l’économie non agricole, contribuant ainsi à
Part des revenus non agricoles dans les revenus ruraux totaux
en abaisser le prix.
(en pourcentage)
Dans les régions où l’agriculture a connu un essor
80
important, le secteur rural non agricole a eu, lui aussi, une Bulgarie 01
croissance rapide. Selon les ouvrages spécialisés, chaque
Bangladesh 00
dollar de valeur ajoutée à l’agriculture produit de 30 à 80 Indonésie 00
60
cents de gains supplémentaires, de second niveau, dans le Pakistan 01 Albanie 05
Panama 03

reste de l’économie49, en fonction de facteurs tels que la Guatemala 00

Équateur 98
densité démographique et la disponibilité de réserves de Nicaragua 01
40
main-d’œuvre. Les liens entre l’agriculture et les autres Népal 96 Ghana 98
Viet Nam 98
secteurs évoluent en fonction du stade de développement de
Malawi 04
chaque pays: à un niveau faible de développement, Madagascar 93
l’agriculture encourage la croissance dans le reste de 20 Nigéria 04

l’économie; à mesure que les pays se développent, les


relations deviennent mutuellement bénéfiques; à un stade
plus avancé, l’agriculture ne joue plus qu’un rôle mineur, en 0
0 2 000 4 000 6 000 8 000
tant que moteur de la croissance économique50.
Inversement, une croissance médiocre des revenus agricoles PIB par habitant (en dollars des États-Unis constants 2000, PPA)

se traduit par une faible demande des consommateurs, des Source: A. Valdés, W. Foster, G. Anríquez, C. Azzarri, K. Covarrubias, B. Davis, S. DiGiuseppe,
T. Essam, T. Hertz, A.P. de la O, E. Quiñones, K. Stamoulis, P. Winters et A. Zezza. 2008.
besoins limités en intrants agricoles, une croissance réduite A profile of the rural poor. Document de référence préparé pour le Rapport du FIDA sur la
de l’agroalimentaire et la stagnation des salaires. Dans ces pauvreté rurale 2011. Rome, FIDA.

38 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

■■ Conclusion: recourir à la croissance agricole pauvreté d’individus qui sont certes pauvres, mais pas très
pour encourager la réduction de la pauvreté, pauvres. La croissance de l’économie non agricole est donc,
tout en préparant les populations rurales à la elle aussi, un élément indispensable à la sécurité
transformation structurelle de l’économie alimentaire. Par exemple, elle peut être une source
rurale d’emplois, notamment pour les jeunes, et faciliter la
transition de la main-d’œuvre du secteur agricole vers des
En dernière analyse, le rôle joué par l’agriculture dans la emplois à plus forte productivité, dans l’industrie et les
réduction de la pauvreté et de la sous-alimentation services et ce, à la fois dans les villes et dans les campagnes.
dépendra des conditions spécifiques de chaque endroit. Les gouvernements des pays concernés doivent prévoir
Souvent, notamment dans les zones déshéritées, cette transformation structurelle et prendre rapidement des
l’agriculture peut être un moteur de la croissance mesures – notamment au moyen d’investissements dans les
économique. Comme nous l’avons vu, les gouvernements, infrastructures, l’éducation et la formation – pour faire en
agissant en liaison avec toutes les parties prenantes, sorte que les ruraux pauvres soient en mesure de participer
peuvent soutenir et renforcer ce rôle, de diverses manières. à ce processus de transformation et de tirer profit des
À cet égard, il est indispensable de donner aux petits possibilités émergentes d’emploi rémunérateur.
agriculteurs de meilleures possibilités de participer au Les stratégies de développement agricole ouvertes à tous,
développement durable de l’agriculture et des zones lancées par les autorités nationales, comme le Programme
rurales. détaillé pour le développement de l’agriculture africaine,
Rappelons toutefois qu’à mesure que le PIB par habitant doivent s’attacher à élaborer, appliquer et évaluer un tel
augmentera, l’agriculture jouera un rôle moins important, à cadre d’action cohérent afin d’améliorer la productivité et
la fois pour l’économie dans son ensemble et pour les la durabilité, tout en accordant l’attention voulue au rôle
pauvres; ce sera alors au tour de la croissance non agricole qui revient aux petits agriculteurs et aux ruraux pauvres
de jouer un rôle moteur important dans la réduction de la dans le processus de transformation.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 39

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La protection sociale pour les personnes
pauvres et vulnérables
Un outil essentiel à la réduction de la faim et de la
malnutrition

U
ne croissance économique forte et équitable
Message clé reposant sur la croissance de l’économie agricole et
rurale des pays à faible revenu contribuera
La protection sociale est décisive pour accélérer la grandement à améliorer l’accès à la nourriture et la nutrition
lutte contre la faim. Premièrement, elle peut protéger des très pauvres. Mais les changements rendus possibles par la
les plus vulnérables, qui ne bénéficient pas de la croissance économique mettent parfois du temps avant de
croissance économique. Deuxièmement, si elle est porter leurs fruits, et souvent, les groupes de population les
structurée de manière appropriée, elle peut contribuer plus défavorisés ne peuvent bénéficier immédiatement des
directement à l’accélération de la croissance avantages que ces changements procurent. C’est la raison
économique grâce à la valorisation des ressources pour laquelle réduire la faim nécessite la mise en œuvre
humaines et au renforcement des capacités des d’interventions à court et à long terme: c’est ce qu’on appelle
pauvres, en particulier les petits agriculteurs, en matière généralement une «approche sur deux fronts»54.
de gestion des risques et d’adoption de technologies Les instruments de protection sociale permettent de jeter des
améliorées, à productivité plus élevée. ponts entre ces deux fronts55, en ce qu’ils jouent un rôle
crucial pour garantir que la croissance économique contribue
à réduire la faim et la malnutrition aussi rapidement que
possible. Le rôle de la protection sociale est double: d’abord,

FIGURE 18

La Stratégie nationale de protection sociale du Gouvernement cambodgien

PROTECTION SOCIALE

Politiques du Assurances sociales Dispositifs de sécurité sociale Services de


marché de (contributives) (non contributifs) protection sociale
l'emploi complémentaires

Autres Assurance-santé Subventions Programmes de Transferts en


assurances communautaire (pour faciliter travaux publics espèces ou en
l'accès à la (travail contre nature (assortis
santé, à rémunération ou non de
l'éducation, au ou vivres contre conditions)
logement et aux travail)
services publics)

Note: Le rectangle tracé en pointillés dans le diagramme indique les mesures de protection sociale qui sont axées sur les pauvres.
Source: Conseil cambodgien de l'agriculture et du développement rural (CARD). 2011. Stratégie nationale de protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables (2011-2015).

40 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

elle peut aider les pays à réduire plus rapidement la sous- dispositifs de protection sociale, ou l’assistance/les transferts
alimentation; ensuite, si elle est bien structurée, elle peut sociaux qui sont normalement destinés aux pauvres et ne font
contribuer de manière directe à une croissance économique pas appel à la contribution financière des bénéficiaires, n’en
plus rapide. Il est utile d’établir une distinction conceptuelle sont que l’une des composantes. La protection sociale
entre ces deux types d’effets, mais n’importe quelle politique comporte aussi d’autres volets, comme les politiques relatives
et n’importe quel programme peuvent apporter une au marché de l’emploi et les contrats d’assurance (pensions de
contribution dans ces deux domaines simultanément. retraites contributives et assurance-maladie) ainsi que les
Un système de protection sociale fait intervenir un vaste politiques sectorielles dans les domaines de l’éducation, de la
éventail de politiques et d’instruments (figure 18). Les santé, de la nutrition, du VIH/sida et de l’agriculture56.

Des dispositifs de protection sociale pour


améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition
Les dispositifs de protection sociale destinés aux pauvres et éventail d’instruments de ce type, notamment les transferts
aux petits exploitants sont en général de nature non (assortis ou non de conditions, en espèces ou en nature), les
contributive, c’est-à-dire qu’ils ne font pas appel à la subventions et les programmes de travaux publics. Toutefois,
contribution financière des bénéficiaires. Il existe un vaste les gouvernements sont de plus en plus nombreux à avoir

ENCADRÉ 6

Concevoir des transferts propres à favoriser l’autonomisation sociale et économique


des femmes

Des éléments de preuves de plus en plus nombreux montrent en plus que les autres d’achever leurs études primaires8.
qu’accroître les ressources dont disposent les femmes (plutôt Le type d’aliments distribués dans le cadre de ces
que les hommes) a des effets positifs sur le bien-être de la transferts peut également influencer leurs répercussions
famille, et en particulier sur la santé des enfants (survie des sur les différents membres de la famille. Une étude réalisée
enfants et taux de nutrition) et leur éducation1. par l’Institut international de recherche sur les politiques
• Des études de cas réalisées au Sri Lanka ont montré alimentaires (IFPRI) au Bangladesh a montré que l’apport
que la consommation alimentaire des ménages était énergétique alimentaire qui augmentait le plus était celui
plus diversifiée lorsque les femmes exerçaient un plus des femmes en cas de distribution d’une denrée moins
grand contrôle sur les revenus du ménage2. appréciée (farine de blé complète), et celui des hommes en
• Au Brésil, le programme Bolsa Familia a permis cas de distribution d’une denrée de choix (riz)9.
d’augmenter de 16 pour cent la participation des Si l’on entend accroître le contrôle qu’exercent les
femmes des ménages bénéficiaires3. Les transferts en femmes sur les transferts, il peut être utile, dans certaines
espèces dans le cadre desquels de l’argent a été circonstances, d’effectuer ces transferts sous forme de
directement remis aux femmes ont également eu pour nourriture; en effet, dans de nombreuses sociétés, la
effet d’améliorer leur statut au sein du ménage (Bolsa nourriture est considérée comme un domaine relevant de la
Familia au Brésil4), de leur donner davantage confiance responsabilité des femmes. Elles sont dès lors plus
en elles et de favoriser leur autonomisation économique susceptibles de contrôler l’utilisation de ce type de
(programme Progresa/Oportunidades au Mexique5). transferts, ainsi que des transferts en espèces liés à l’achat
• Au Malawi, le Programme de transferts sociaux en espèces de nourriture10. Subordonner les transferts à des activités
a également permis de réduire le recours à des stratégies relevant de la responsabilité des femmes, comme le fait
d’évitement du risque comme les prestations sexuelles d’emmener les enfants dans un centre de soins, peut
rémunérées6 pour les femmes ou les travaux dangereux également garantir que l’argent revienne aux femmes plutôt
pour les enfants. qu’au chef de ménage (qui est en général un homme).
• Les programmes dans le cadre desquels l’intervention est Il est toutefois très important que ces programmes tiennent
subordonnée à la fréquentation scolaire ont également compte des exigences de temps qui pèsent sur les épaules
permis d’élever le taux de fréquentation des filles au des femmes, car il est prouvé que le manque de temps peut
Nicaragua7, et une évaluation de l’action pour les repas de avoir des effets néfastes sur le plan de la nutrition11.
midi mise en place en Inde a montré que les filles ayant
bénéficié du programme avaient 30 pour cent de chances Sources: Voir notes en page 68.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 201 2 41

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

recours aux programmes de micro-assurance contributive des coupons permettant d’acheter soit une quantité donnée
dans les domaines de la santé et/ou de l’agriculture pour les de nourriture (bons pour produit), soit de la nourriture pour
pauvres. La récente stratégie nationale de protection sociale une valeur donnée (bons de valeur). Ils peuvent être
élaborée par le Gouvernement cambodgien accorde la distribués sous forme électronique ou en tant que coupons
priorité à la mise en place de dispositifs de protection imprimés. Les bons peuvent également être utilisés pour
sociale pour les personnes pauvres et vulnérables, mais soutenir de manière plus efficace les moyens de production
comprend également des programmes d’assurance-maladie agricole (bons pour semences améliorées, pour engrais ou
communautaires prévoyant une contribution financière de bons d’accès à des services).
ces personnes (figure 18). La distribution d’argent liquide ou de nourriture peut être
Les transferts peuvent s’effectuer directement soit en ou non assortie de conditions. Les transferts conditionnels
espèces, soit en nature, soit (de plus en plus souvent) sous exigent en général que les bénéficiaires se plient à certaines
forme combinée espèces/nature (voir l’encadré 6). conditions, comme le fait de fréquenter un centre de soins,
Les programmes de transferts en espèces consistent à de s’inscrire à l’école et de fréquenter les cours ou de suivre
donner de l’argent, tandis que les bons d’alimentation sont une formation à la nutrition, donnant ainsi corps à

ENCADRÉ 7

Les transferts en espèces suffisent-ils à améliorer la nutrition?

La capacité des transferts en espèces à permettre la que les aliments hautement nutritifs dont ils ont besoin ne
réalisation d’objectifs nutritionnels fait l’objet d’un large soient pas disponibles sur le marché local.
débat. Des études menées en Indonésie ont par exemple L’étude de l’incidence des transferts en nature et en
montré que lors de la crise de 1997-1998, l’élasticité par espèces au cours d’une période de flambée des prix
rapport au revenu de certains micronutriments essentiels réalisée dans le cadre du Programme éthiopien de
(par exemple le fer, le calcium et la vitamine B1) était protection sociale fondé sur des activités productives a
sensiblement plus élevée qu’au cours d’une année révélé que les bénéfices des transferts de nourriture ou des
normale1. Lorsque les ménages pauvres doivent faire face combinés «espèces plus nourriture» étaient supérieurs aux
à des chocs des prix alimentaires, ils continuent à transferts en espèces non indexés, d’après les déclarations
consommer des produits de base mais sont incapables de des intéressés quant à leur sécurité alimentaire4. Les auteurs
préserver la diversité de leur régime, ce qui a des effets en ont conclu que tout programme de protection sociale
néfastes sur leur état nutritionnel2. Les groupes de visant à améliorer ou à protéger la sécurité alimentaire des
population les plus touchés sont ceux dont les besoins en ménages devait faire intervenir des mécanismes qui isolent
nutriments sont les plus élevés, à savoir les jeunes enfants, les transferts sociaux des chocs comme les flambées des
les femmes enceintes, les mères allaitantes et les prix. Ainsi, en cas de flambée, les «bons de produit»
personnes atteintes de maladies chroniques. Ainsi, une peuvent se révéler plus adaptés que les «bons de valeur».
augmentation marquée du dépérissement et de l’anémie Une autre étude, portant sur l’impact d’un programme
chez les enfants est souvent la première conséquence pilote de transferts en espèces et en nature après le tsunami
d’une crise alimentaire. Dans de telles conditions, un au Sri Lanka, a révélé que les ménages qui avaient reçu de
simple transfert en espèces en cas de flambée des prix l’argent étaient plus susceptibles que ceux qui avaient reçu
(ou de perte de revenus) peut suffire à protéger la de la nourriture de consacrer une partie de leurs ressources
consommation de certains micronutriments essentiels, à la diversification de leur régime alimentaire, en achetant
mais pas de tous. des céréales plus coûteuses et de plus grandes quantités de
Mais le débat va au-delà de la question du bien-fondé des viande, de produits laitiers et d’aliments transformés5.
transferts en espèces lors des épisodes de flambée des prix. Cette diversification s’est opérée au détriment de la
Dans des contextes où la production, l’accès et l’utilisation consommation de deux denrées de base: le riz et le blé.
sont faibles, on s’est interrogé sur la capacité des transferts Ce type de phénomène s’observe principalement chez les
en espèces à produire des effets positifs sur la nutrition, ménages bénéficiaires les plus pauvres. Cependant, une
puisque la consommation de certains nutriments clés semble étude comparative des transferts en espèces et en nature,
ne pas être particulièrement sensible aux modifications de en cours au Niger, montre que la majorité des ménages
revenus3. Dans ces conditions, il est probable que des préfèrent recevoir de la nourriture, et que ceux qui en
programmes axés sur l’apport de suppléments nutritionnels reçoivent ont en général un régime plus diversifié et
seront nécessaires. De même, les transferts en espèces ne adoptent des stratégies de survie moins néfastes.
sont pas adaptés lorsqu’il s’agit de prévenir les retards de
croissance chez les enfants de moins de 2 ans, car il se peut Sources: Voir notes en page 69.

42 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

l’approche sur deux fronts d’objectifs à court et à long Les transferts inconditionnels peuvent quant à eux
terme. Ce type de transferts conditionnels peut cibler prendre la forme de programmes de distribution générale de
l’alimentation scolaire (repas scolaires, collations comme des nourriture, d’alimentation d’appoint, de ravitaillement
biscuits à haute valeur énergétique et/ou rations à emporter d’urgence ou de transferts en espèces; ils sont généralement
qui peuvent être fournies sous forme de nourriture ou destinés aux groupes vulnérables et ne sont assortis
d’argent), ou encore prendre la forme de transferts d’espèces d’aucune condition. L’apport d’une alimentation d’appoint et
assortis de conditions en matière de soins de santé ou de le ravitaillement d’urgence sont destinés aux femmes
transferts en nature (voir l’encadré 7). Les auteurs d’une enceintes, aux mères allaitantes ou aux enfants de moins de
étude récente ont avancé que si les programmes 2 ans, couvrant ainsi les «1 000 jours cruciaux» qui s’écoulent
d’alimentation scolaire pouvaient avoir des retombées entre la conception d’un enfant et le moment où il atteint
positives sur l’éducation des écoliers et, dans une moindre l’âge de 2 ans. Ces programmes peuvent être de nature
mesure, améliorer la nutrition des familles des bénéficiaires, préventive ou curative, selon qu’ils remplissent une fonction
ils devaient idéalement être considérés comme des d’assurance ou d’assistance.
programmes de transfert constituant à la fois un filet de Les subventions qui permettent de diminuer les prix
sécurité sociale et un investissement dans le capital humain57. payés par les pauvres peuvent également agir comme filet de
Le transfert de valeur de ces programmes renforce la capacité sécurité en augmentant le pouvoir d’achat des ménages,
des ménages, notamment les ménages d’agriculteurs, à faire grâce à la vente de certaines denrées et apports agricoles à
face aux chocs et à gérer les risques. En élevant les niveaux moindre prix. Elles sont largement utilisées au Bangladesh,
d’éducation, ils mènent à une hausse de la productivité et à en Inde et dans tout le Proche-Orient. Les subventions
une plus grande égalité entre les hommes et les femmes58. peuvent être généralisées (universelles) ou ciblées, et sont

ENCADRÉ 8

Combattre la malnutrition dans les zones urbaines: le système de sécurité alimentaire


pionnier de Belo Horizonte

Avec une population de quelque 2,5 millions d’habitants, légumes qui proposent au moins 25 produits sains à
Belo Horizonte est la troisième ville du Brésil. Au début prix fixe et raisonnable.
des années 90, 38 pour cent environ des habitants de la • Mise à disposition d’étals pour les petits agriculteurs
ville vivaient en dessous du seuil de pauvreté et près de des environs, afin de leur donner une chance de
20 pour cent des enfants de moins de trois ans pouvoir vendre directement aux consommateurs.
souffraient de malnutrition. Face à l’ampleur du • Mise en place d’un programme d’information sur la
problème, le gouvernement a imaginé une réponse nutrition (comprenant notamment des cours de cuisine
structurelle multidimensionnelle qui a permis de faire du gratuits) destiné aux habitants des quartiers les plus
droit à une nourriture adéquate, tant sur le plan de la pauvres de la ville. La coordination de ce programme
qualité que sur celui de la quantité, une réalité pour tous. est assurée par une équipe composée d’employés des
Le programme a entraîné une réduction de la mortalité départements de la santé, de l’éducation, des sports,
infantile de 60 pour cent et a considérablement influencé du travail social et de la sécurité alimentaire.
le Programme Faim Zéro du pays, en utilisant seulement • Repas scolaires gratuits, composés de produits frais à
2 pour cent environ de budget annuel de la ville. Il a été haute valeur nutritionnelle.
récompensé par l’Organisation des Nations Unies pour • Fourniture de repas abordables, sains et nourrissants
l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et le World aux citoyens à faible revenu dans des «restaurants
Future Council (WFC). Le système dans son ensemble se publics» subventionnés par la municipalité. Belo
compose de plus de 20 programmes hautement Horizonte compte cinq restaurants de ce type, qui
interconnectés qui se complètent et se renforcent les uns servent 4 millions de repas par an. Ces restaurants
les autres. Ses composantes essentielles sont les suivantes: étant également ouverts aux citoyens à revenu moyen,
• Gestion centralisée du projet grâce à la mise en place les pauvres n’ont pas la sensation d’être stigmatisés.
d’un département spécialement créé à cet effet au Le système de sécurité alimentaire de Belo Horizonte
sein de la municipalité. pourrait, moyennant certains ajustements, servir de
• Soutien à l’agriculture urbaine, avec la création de modèle pour d’autres villes partout dans le monde.
jardins communautaires dans les quartiers pauvres et Un projet de ce type est à l’étude pour Le Cap, en Afrique
l’organisation d’ateliers de formation destinés à du Sud, ainsi que dans d’autres villes africaines.
favoriser la réussite des cultures.
• Mise à disposition de points de vente sur les marchés Note: Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site Internet du
les plus fréquentés pour les marchands de fruits et World Future Council (www.worldfuturecouncil.org/3751.html).

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 201 2 43

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

souvent mises en avant comme un moyen de protéger les publics lui soient consacrée, car il existe des formes de
pauvres. Les subventions universelles, disponibles pour tous, dépenses publiques plus productives63. Ainsi, le taux de
sont les plus faciles à mettre en œuvre et bénéficient d’un plus rendement interne moyen des projets de protection sociale
grand appui politique. Leurs détracteurs avancent toutefois varie entre 8 et 17 pour cent, tandis que celui de l’ensemble
que leurs effets sont régressifs dans la mesure où les riches en des secteurs se situe aux alentours de 25 pour cent (pour
bénéficient davantage que les pauvres (parce que les riches tous les projets de la Banque mondiale dans l’ensemble des
consomment, au total, plus que les pauvres), qu’elles coûtent secteurs pour lesquels une estimation a été réalisée pour la
extrêmement cher et qu’elles impliquent de renoncer à des période 2005-2007)64. L’avantage de la protection sociale par
investissements en faveur de biens publics essentiels à une rapport à d’autres types de dépenses, c’est son puissant
croissance économique à long terme. En 2008, par exemple, effet direct sur la réduction de la pauvreté, mais cet effet
l’Égypte a introduit une nouvelle subvention sur le pain, pour dépend d’un ciblage efficace.
un coût annuel de 2,5 milliards de dollars des États-Unis. Il est communément admis que le choix des modalités les
Parfois, les autorités tentent de concevoir des subventions plus adaptées dépend d’une bonne évaluation des facteurs
qui sont en théorie ouvertes à tous mais qui, parce qu’elles spécifiques à chaque contexte. Lorsqu’ils choisissent les
portent sur des denrées davantage consommées par les modalités de mise en œuvre des programmes de travaux
pauvres, ciblent implicitement ces derniers59. Le Gouvernement publics ou des transferts directs non contributifs, les
tunisien, par exemple, a subventionné les petits cartons de responsables politiques doivent tenir compte de plusieurs
lait, qui sont ceux que les ménages pauvres achètent en facteurs: les objectifs du programme (par exemple, si
général60. Les subventions au ciblage implicite sont l’objectif est spécifiquement d’ordre nutritionnel, des denrées
semblables aux transferts décrits plus haut, mais il existe un alimentaires spécialisées peuvent être plus appropriées que
risque qu’elles bénéficient en grande partie à une population des transferts en espèces); le fonctionnement des marchés,
mieux lotie. Selon le type de produit subventionné, le et notamment la disponibilité alimentaire; les préférences des
transfert de valeur peut également se révéler relativement bénéficiaires65; le rapport coût-efficacité des autres
faible pour les pauvres, et il est de toute façon nécessaire modalités; et la répartition des transferts entre les hommes
que ceux-ci disposent de ressources suffisantes pour acheter et les femmes et entre les membres de la famille66.
le produit en question.
■■ Retombées des transferts d’espèces sur la
■■ Le ciblage et les modalités sont importants sécurité alimentaire et la nutrition

D’après de nouvelles données publiées par la Banque Une grande partie de ce que nous savons des effets des
mondiale, les dispositifs de protection sociale sont programmes de protection sociale dans les pays à faible et
insuffisants, voire inexistants, dans de nombreux pays en moyen revenu nous vient de l’étude des transferts d’espèces
développement. Soixante pour cent au moins de la assortis de conditions mis en place en Amérique latine, bon
population de ces pays – et près de 80 pour cent dans les nombre d’entre eux ayant été rigoureusement évalués67.
pays les plus pauvres de la planète – ne bénéficient pas Si beaucoup de ces programmes ont permis d’obtenir des
d’une couverture sociale efficace61. Récemment, devant une résultats à court terme sur le plan de l’amélioration de la
approche de la protection sociale de plus en plus fondée sur consommation alimentaire des ménages, leurs effets sur la
les droits de l’homme, des voix se sont élevées en faveur nutrition, mesurés en résultats anthropométriques68, ou sur
d’un niveau minimum de protection sociale pour tous62. la réduction de la prévalence des carences en micronutriments,
Toutefois, en raison de la rareté des ressources et de la sont mitigés. Des programmes mis en place au Mexique et
nécessité de maximaliser le rapport coût-efficacité, les au Nicaragua ont montré une amélioration de la taille des
dispositifs de protection sociale ciblés ont conservé leur enfants, mais au Brésil et au Honduras les effets observés sur
pertinence, car les programmes de protection sociale sont en l’état nutritionnel des enfants en âge préscolaire ont été
grande partie financés par l’aide (notamment l’aide publique pratiquement nuls. Une amélioration du bilan en fer a été
au développement), les subventions et les prêts observée au Mexique, mais pas dans les autres pays
internationaux. La capacité d’un pays à accroître ses revenus (Honduras et Nicaragua) dans lesquels ce critère a été
par l’impôt est souvent limitée, et lorsque cette source de évalué69. En outre, les facteurs qui ont permis d’atteindre ce
revenus existe, elle est souvent consacrée à d’autres résultat et le rôle des différentes composantes du
domaines prioritaires. D’après une étude, le rendement de programme sont peu clairs. À cet égard, la question de
l’investissement dans le domaine de la protection sociale ne savoir si c’est le transfert lui-même, ou les conditions, qui ont
peut en soi justifier qu’une plus grande part des deniers mené à ce résultat, reste ouverte.

44 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

Protection sociale et croissance économique

L
a protection sociale et la croissance économique sont ■■ Renforcer le capital humain
étroitement liées, et chacune a des effets sur l’autre.
La croissance économique accroît les ressources Certaines études se sont penchées sur les effets à long
financières et humaines disponibles pour soutenir la terme des interventions en matière de nutrition en faveur
protection sociale; les pays développés, par exemple, qui ont de la petite enfance, et notamment sur leurs effets sur
un PIB par habitant plus élevé, disposent en général de l’amélioration de la nutrition, les moyens par lesquels ces
systèmes de sécurité sociale plus complets que les pays en effets se produisent et l’impact sur la productivité
développement. Les programmes de protection sociale mis économique des adultes (voir l’encadré 9). Parmi les
en œuvre au sein du système de sécurité sociale contribuent éléments observés ailleurs qu’en Amérique latine, une
également à stimuler la croissance économique. Ils permettent étude du Programme d’allocations de soutien à l’enfant mis
l’acquisition de capital humain (à la fois pour les enfants et en œuvre en Afrique du Sud a révélé que les enfants
pour les adultes) qui mène à un accroissement de la bénéficiaires étaient plus grands de 3,5 cm à l’âge adulte70.
productivité. Ils peuvent protéger les pauvres des chocs Ces études nous prouvent qu’il existe un lien de cause à
économiques et climatiques, favorisant les investissements en effet entre la dénutrition (mesurée en retard de croissance),
faveur de l’agriculture et l’adoption de technologies la scolarité et le salaire perçu à l’âge adulte; ce lien est
améliorées qui augmentent les revenus agricoles. Ils contribuent double: d’abord, les enfants qui ont été bien nourris
en outre à la construction d’infrastructures par l’intermédiaire deviennent des adultes plus grands et plus forts, et donc
de programmes de travaux publics, fournissant ainsi les biens plus à même de gagner un bon salaire pour une activité
publics essentiels à l’augmentation du PIB par habitant. manuelle; ensuite, les enfants bien nourris commencent à
En travaillant main dans la main, la protection sociale et la aller à l’école plus tôt et fréquentent les cours plus
croissance économique jettent les bases de l’élimination de la régulièrement que les autres, ce qui améliore leurs capacités
faim dans le monde. cognitives et mène également à des salaires plus élevés.

ENCADRÉ 9

Les interventions nutritionnelles dans les «1 000 jours cruciaux» au Guatemala

Une étude réalisée au Guatemala a étudié les effets directs de 46 pour cent. Les résultats tendaient également à
d’une intervention nutritionnelle dans la petite enfance sur montrer que les sujets ayant reçu un complément d’atole
la productivité économique des adultes. L’étude se fonde fournissaient moins d’heures de travail et avaient un revenu
sur les données de 1 424 Guatémaltèques (âgés de 25 à annuel plus élevé, bien que ces différences ne soient pas
42 ans) recueillies entre 2002 et 2004. Ils représentaient statistiquement significatives (peut-être en raison de la taille
60 pour cent des 2 392 enfants (âgés de 0 à 7 ans) qui réduite de l’échantillon). Enfin, les enfants qui n’avaient pas
avaient participé à une étude nutritionnelle entre 1969 et souffert de retards de croissance au cours de leurs trois
1977. Dans cette étude initiale, tous les enfants de 6 mois premières années de vie totalisaient plus d’années de
à 3 ans de deux villages désignés au hasard avaient reçu scolarité, obtenaient de meilleurs scores aux tests cognitifs à
un complément alimentaire très nutritif (atole), et ceux de l’âge adulte, avaient plus de chance d’obtenir des emplois
deux autres villages un complément alimentaire moins de bureau ou d’être engagés comme travailleurs qualifiés,
nutritif (fresco). Les variables évaluées en 2002-2004 avaient moins de risques de vivre dans des ménages pauvres
étaient le revenu annuel, les heures de travail accomplies et, pour les femmes, on observait moins de grossesses,
et le salaire horaire moyen pour toutes les activités moins de fausses couches et une diminution de la
économiques. mortinatalité.
D’après les résultats, le salaire horaire moyen des hommes
ayant reçu de l’atole avant l’âge de trois ans était plus élevé Sources: Voir notes en page 69.

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

FIGURE 19

Dispositifs de sécurité sociale nécessaires pour une prise de risques prudente

Profil de revenu B Profil de revenu A Dispositifs de sécurité sociale minimums nécessaires

Profil moyen B Profil moyen A Seuil minimal de sécurité sociale

Source: Adapté de L. Brown and U. Gentilini. 2007. On the edge: the role of food-based safety nets in helping vulnerable households manage food insecurity. Dans B. Guha-Khasnobis,
S.S. Acharya et B. Davis. Food insecurity, vulnerability and human rights failure. Basingstoke, Royaume-Uni, Palgrave Macmillan et United Nations University-WIDER.

Le message essentiel est ici que les investissements réalisés permettre de mettre en œuvre des stratégies de subsistance
en faveur de la nutrition du jeune enfant peuvent stimuler qui leur donnent une chance de sortir de la pauvreté.
la croissance économique, car ils ont des effets à long La mise en place de programmes de protection sociale
terme sur les capacités cognitives et la productivité. Ainsi, la efficaces, dotés de mécanismes clairement formulés,
protection sociale ne se limite pas à verser des allocations. transparents et non discriminatoires peut faciliter l’adoption
Elle favorise également la croissance économique en de ce type de stratégies en fixant un niveau minimum de
améliorant les régimes alimentaires et en élevant les consommation en dessous duquel ils savent qu’ils ne
niveaux de nutrition, en limitant l’apparition des maladies peuvent pas tomber.
et l’absentéisme, en améliorant les compétences cognitives, Un exemple simple peut être un ménage vivant dans une
en maximisant les bénéfices de l’éducation et en améliorant zone exposée à la sécheresse et dont les droits fonciers sont
la capacité à travailler. Ces caractéristiques des programmes précaires. Le profil de revenu A (figure 19) représente un
de protection sociale sont examinées ci-dessous. ménage qui cultive le manioc, une culture vivrière résistante
à la sécheresse, dont la période de maturation est courte et
■■ Risque, assurance et adoption de technologies qui est commercialisée sur les marchés locaux. Le profil de
revenu B représente un ménage qui cultive le café, une
L’agriculture est une activité risquée par nature, et elle culture commerciale à longue période de gestation qui est
pourrait le devenir davantage encore avec l’accroissement moins résistante à la sécheresse et est exportée sur les
de la fréquence des événements météorologiques extrêmes. marchés internationaux. La culture du café génère des
Un agriculteur peut ne commettre aucune erreur, et ne revenus généralement plus élevés mais comporte
parvenir qu’à une très faible production à cause des également plus de risques: pertes de rendement dues à la
caprices de la nature. Pour les agriculteurs pauvres qui sécheresse, risque de perdre les terres avant que les plants
cultivent des variétés familières, se lancer dans de nouvelles de café ne soient arrivés à maturité, ou chute des cours
cultures ou de nouvelles variétés peut aller au-delà de leur internationaux du café au moment de la récolte. N’importe
tolérance au risque, car un échec aurait pour eux des lequel de ces événements (ou pire, une combinaison de
conséquences catastrophiques. Bien gérer les risques et les plusieurs d’entre eux) aura pour conséquence de déprimer
dangers et donner aux plus pauvres la possibilité de prendre fortement les revenus du profil B. Cette perspective
davantage de risques mais également d’adopter des découragera les ménages de se lancer dans la culture de
stratégies à plus haut rendement est essentiel pour leur café s’ils ne disposent pas d’une certaine protection contre

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

les pertes de revenus. Une telle aversion pour le risque, si Le système de gestion des risques météorologiques du
elle est compréhensible, empêchera le ménage d’échapper FIDA et du PAM propose des assurances basées sur les
à la faim et ralentira la croissance agricole, qui peut niveaux de précipitation, atténuant ainsi l’impact des chocs
pourtant produire des effets multiplicateurs dans toute météorologiques sur les petits exploitants pauvres et
l’économie et promouvoir plus largement la sécurité permettant aux agriculteurs de gérer les risques agricoles et
alimentaire. de renforcer leur capacité de résistance. Un autre exemple
Il existe plusieurs moyens de gérer ces risques. D’abord, est l’initiative «R4» pour le renforcement de la résilience
il est possible de réduire la probabilité que des chocs des communautés rurales, lancée par le PAM et Oxfam
surviennent et, partant, la fréquence et/ou l’ampleur des America (R4 fait référence aux quatre stratégies de gestion
pertes de revenus (figure 19). Parmi les exemples du risque qui interviennent dans le programme). Cette
d’interventions permettant d’atténuer les risques, on peut initiative s’inspire du succès remporté par cadre global de
citer les programmes d’irrigation, l’introduction de gestion du risque mis au point par Oxfam America et un
nouvelles variétés résistantes à la sécheresse, à la salinité ou groupe de partenaires parmi lesquels l’Association de
aux inondations, et les campagnes de vaccination qui secours du Tigré (Relief Society of Tigray, REST), dont
limitent le risque de maladie pour les éleveurs. Un l’objectif est de permettre aux agriculteurs pauvres de
programme d’enregistrement des terres qui favorise l’accès renforcer leur sécurité alimentaire et financière grâce à une
des femmes et respecte les schémas fonciers traditionnels combinaison de gestion améliorée des ressources (réduction
(par opposition à la privatisation simple) réduira les risques des risques), de microcrédit (prise de risques prudente),
de chocs néfastes pour les deux types de profil. d’assurance (transfert du risque) et d’épargne (réserves
Ensuite, même si un choc se produit, différents types pour risques). Dans le cadre de cette initiative, le projet de
d’assurance (qui en général se fondent sur une contribution transfert des risques pour l’adaptation dans la corne de
du bénéficiaire) peuvent en atténuer l’impact, l’Afrique (HARITA) permet aux agriculteurs éthiopiens de
essentiellement en comblant les pertes de revenus dont il souscrire une assurance récolte et de la payer au moyen de
est question à la figure 1971. À titre d’exemple, un système leur propre travail, via un programme de travaux publics.
d’assurance basé sur des indices météorologiques peut Une évaluation d’impact couvrant la saison 2009/10 a
jouer en cas de sécheresse, et des instruments de gestion révélé que les assurances indexées avaient des effets très
des risques liés aux produits (p. ex. les contrats à terme) positifs sur le rendement des récoltes74. D’après cette
peuvent fournir des garanties contre les fluctuations de prix étude, lorsque les agriculteurs contractaient une assurance
à court terme, réduisant ainsi l’ampleur des pertes de pour la deuxième fois, ils étaient beaucoup plus nombreux
revenus pour les profils de type B. à diversifier leurs cultures, à utiliser des engrais en plus
Ainsi, une assurance qui atténue l’impact des chocs grande quantité et à souscrire un emprunt. Il semble donc
climatiques est un outil essentiel pour aider les agriculteurs que les agriculteurs apprennent que l’assurance constitue
à éviter les pièges de la pauvreté et accélérer l’adoption de un outil efficace de gestion du risque, qui les aide à prendre
technologies agricoles. Toutefois, les programmes des risques prudents pour intensifier leur production et
d’assurance traditionnels se sont révélés extrêmement renforcer leurs moyens d’existence.
onéreux en raison de leurs coûts administratifs élevés.
On se tourne donc de plus en plus vers de nouvelles formes ■■ Investir dans des systèmes alimentaires et
d’assurances. Les assurances reposant sur des indices agricoles prenant en compte la nutrition
météorologiques, par exemple, proposent des
remboursements qui sont calculés en fonction de la mesure S’il existe de nombreuses preuves de l’incidence des
des précipitations, des températures ou de l’humidité (le transferts d’espèces assortis de conditions sur l’amélioration
rendement des cultures sur une vaste zone peut constituer du capital humain75, peu d’études se sont intéressées à
un autre indice possible) plutôt que sur les pertes l’offre de main-d’œuvre ou aux effets sur la productivité76.
enregistrées par un agriculteur en particulier72. Elles sont Néanmoins, un vaste éventail d’études ne font état que de
destinées à couvrir des risques spécifiques prédéfinis, faibles diminutions du travail des adultes (à savoir le temps
comme les sécheresses ou les inondations73. Le fait de lier consacré au travail ou l’offre de main-d’œuvre) liées à la
les remboursements à des seuils prédéfinis plutôt que d’en réception de transferts d’espèces assortis de conditions77.
fixer le montant sur la base de pertes isolées au niveau des Sur le plan de la production, malgré le peu d’informations
exploitations individuelles permet de réduire les coûts disponibles, les études dont on dispose indiquent des effets
administratifs et élimine les incitations perverses (risque positifs sur le potentiel de production ainsi que sur
moral) qui pourraient pousser un agriculteur à souhaiter la l’éventualité de conflits entre les objectifs sociaux et les
perte de ses récoltes. Cela permet également d’éviter que activités de subsistance. Deux études du programme
seuls les agriculteurs qui sont exposés à un risque élevé de mexicain Progresa, par exemple, ont révélé que ce type de
perte de récoltes ne souscrivent d’assurance, un transferts avait en général pour effet d’intensifier
phénomène appelé «antisélection». l’utilisation des terres, d’augmenter la taille des troupeaux

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 201 2 47

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

d’élevage, la production végétale, les dépenses agricoles et ceux qui n’en avaient bénéficié que pendant un an82.
les probabilités de création de micro-entreprises78. En outre, les ménages qui avaient participé au PSNP et aux
Une autre étude a toutefois montré que les ménages programmes complémentaires étaient parvenus à
agricoles bénéficiant du programme Progresa étaient moins augmenter leur production de céréales de manière sensible
susceptibles de se plier à certaines conditions en raison de et avaient davantage recours aux engrais.
conflits de temps avec leurs activités de subsistance79. En outre, les transferts en espèces peuvent venir
En Afrique subsaharienne, on a observé que le compléter utilement un programme de développement
programme malawien SCT avait mené à une augmentation rural plus vaste. L’importance d’une stratégie de croissance
des investissements dans les actifs agricoles, y compris favorable aux pauvres centrée sur l’agriculture, en en
l’outillage et le bétail, à une plus grande capacité des particulier la nécessité d’une nouvelle Révolution verte en
ménages à répondre à leurs besoins de consommation avec Afrique subsaharienne, ont fait l’objet d’un vaste débat83.
leur propre production, à une diminution du travail de la Une telle stratégie devrait reposer à la fois sur un meilleur
main-d’œuvre agricole et des enfants en dehors de accès à un ensemble diversifié de technologies agricoles
l’exploitation et à une plus grande concentration de main- modernes (y compris une subvention initiale pour les
d’œuvre (adultes et enfants) au sein de l’exploitation80. engrais) et sur des investissements dans les infrastructures
En Éthiopie, les ménages qui bénéficiaient à la fois du rurales et la recherche et la vulgarisation agricoles84.
Programme de protection sociale fondé sur des activités Pourtant, le manque d’accès aux actifs agricoles, aux
productives (PSNP) et de programmes complémentaires marchés et aux institutions, et en particulier au crédit,
d’aide agricole ne semblaient avoir subi aucun effet dissuasif freine ceux qui souhaiteraient s’investir davantage dans
sur le plan de l’offre de main-d’œuvre, et avaient tendance l’agriculture85. L’un des mécanismes qui permet de lever
à jouir d’une plus grande sécurité alimentaire, à emprunter ces obstacles, notamment pour les agriculteurs pauvres,
davantage à des fins de production, à utiliser des qui risquent le plus de devoir faire face à des restrictions
technologies agricoles améliorées et à mener leurs propres de crédit, est la mise en place de transferts en espèces86.
activités commerciales non agricoles81. Une étude de suivi a Ceux-ci peuvent donc constituer non seulement un vecteur
révélé que le PSNP avait entraîné une amélioration sensible de protection sociale, mais également un moyen
de la situation de sécurité alimentaire de ceux qui avaient d’encourager les gains de production au niveau de
participé au programme pendant cinq ans, par rapport à l’exploitation (voir l’encadré 10).

ENCADRÉ 10

De la protection à la production

La FAO, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance économique aux niveaux des ménages et de la
(UNICEF), l’Agence du Royaume-Uni pour le communauté. Il sera étayé par une série d’études de cas
développement international et sept pays d’Afrique et de comparaisons entre les pays. Le projet se fonde sur
subsaharienne ont récemment uni leurs forces – le projet une approche mixte, combinant les méthodes
«De la protection à la production» – pour étudier l’impact économétriques, qualitatives et de simulation pour
des programmes de transferts en espèces sur la prise de comprendre l’impact de la protection sociale sur la prise
décision des ménages et l’économie locale1. L’analyse des de décision des ménages et les économies locales, en
incidences économiques et productives est également utilisant des données provenant d’évaluations d’impacts
importante pour l’élaboration de politiques. rigoureuses en cours pour les programmes suivants:
De nombreux fonctionnaires au sein des ministères des le programme CT-OVC au Kenya, le projet pilote de
finances et de l’économie perçoivent les transferts en transferts à visée sociale du Tigré en Éthiopie, le
espèces comme de l’aide sociale, de la charité et/ou des programme de transferts à visée sociale au Malawi, le
dons, qui n’ont aucune incidence économique. programme Revenu de subsistance contre la pauvreté au
Ce projet de recherche a pour objectif de comprendre Ghana, le programme de subventions pour l’enfance au
les effets potentiels en matière de développement Lesotho, le programme de subventions pour l’enfance en
économique des transferts en espèces sur les pauvres des Zambie et le programme de transferts à visée sociale au
zones rurales en Afrique subsaharienne. Il vise à une Zimbabwe.
meilleure compréhension de la manière dont les mesures
de protection sociale peuvent contribuer à réduire la 1
Pour en savoir plus, consultez le site web du programme «De la
pauvreté de manière durable et favoriser la croissance protection à la production» (http://www.fao.org/economic/ptop/fr/).

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

■■ Les programmes de travaux publics ■■ Systèmes de protection sociale

Les programmes de travaux publics, que l’on appelle parfois Eu égard au grand nombre d’objectifs différents (mais
travail-contre-rémunération ou vivres-contre-travail, sont les liés) de la protection sociale, on tend de plus en plus à
plus efficaces lorsqu’ils sont utilisés comme mécanismes de abandonner les stratégies spécifiques, au cas par cas et à
protection des moyens d’existence et mis en œuvre avec court terme qui étaient privilégiées par le passé au profit
une garantie d’emploi, comme dans le cas du Plan national d’une approche plus systémique. La Stratégie de la
de garantie de l’emploi, en Inde. En cas de besoin, une Banque mondiale 2012-2022: Protection sociale et
garantie d’emploi fournit une assurance efficace et permet emploi stipule que «l’objectif premier de la nouvelle
aux ménages de prendre plus de risques dans le cadre de stratégie [...] est d’aider les pays à passer d’approches
leur stratégie de subsistance habituelle qu’ils ne le feraient fragmentées à des systèmes harmonisés»89.
sans ce type de programmes. Les ménages peuvent planter Les systèmes ne varieront pas uniquement en fonction
des variétés à plus haut risque mais à plus haut rendement, de l’objectif, mais dépendront également du contexte -
passant ainsi du profil de revenu A au profil de revenu B c’est-à-dire des capacités et de la stabilité politique des
(voir la figure 19)87. Les résultats d’une évaluation du PSNP pays. L’approche systémique est pertinente non seulement
réalisée en Éthiopie entre 2006 et 2010 ont montré que la dans les contextes de développement, mais également
participation à ce programme et au programme de dans les situations d’urgence et de début de relèvement,
renforcement des actifs des ménages avait accru la où les chocs peuvent être récurrents (Éthiopie, Sahel,
probabilité d’utilisation des engrais de 19,5 pour cent88. Yémen) ou uniques. C’est une manière d’aller au-delà
Les programmes de travaux publics peuvent également d’une approche strictement axée sur le secours pour
procurer des avantages indirects. La construction mettre en place des programmes de renforcement de la
d’infrastructures comme les routes, les ponts et les résilience s’étalant sur plusieurs années, comme le
systèmes d’irrigation peut avoir d’importantes retombées Programme de protection sociale fondé sur les activités
indirectes sur l’emploi et produire des effets multiplicateurs productives en Éthiopie, dans le cadre duquel les ménages
sur les économies locales et la productivité agricole. se trouvant en situation d’insécurité alimentaire reçoivent
Les programmes de travaux publics peuvent s’inscrire dans une aide pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq
le cadre de plans de développement ou de redressement et, ans, et le Programme de protection sociale contre la faim
en théorie, ils peuvent être rapidement transposés à plus au Kenya90. Une approche systémique suppose aussi
grande échelle (voir l’encadré 11). l’utilisation de mécanismes administratifs communs

ENCADRÉ 11

Concevoir des programmes de travaux publics qui bénéficient aux femmes

Les programmes de travaux publics qui créent une femmes au terme du programme2. L’analyse de projets de
infrastructure communautaire peuvent réduire le temps relèvement après des catastrophes a montré que former
nécessaire à la charge de travail des femmes et aux filles, les femmes à des emplois traditionnellement occupés par
qui vont chercher l’eau et récoltent le bois de feu. des hommes, comme la construction, et leur donner des
Ils ouvrent également aux femmes rurales des perspectives responsabilités, peut améliorer l’efficacité à long terme de
d’emploi qui peuvent avoir des répercussions importantes ces formations pour les femmes3.
sur leur sécurité alimentaire et l’amélioration de leur état Si les programmes de travaux publics peuvent bénéficier
nutritionnel, car le revenu des femmes est plus souvent aux femmes, il convient de prêter attention aux coûts
consacré à la nourriture et aux biens dont ont besoin les énergétiques que peuvent entraîner leur participation.
enfants. Lutter contre les inégalités hommes-femmes et Dans certains cas, selon la répartition des bénéfices au sein
renforcer les capacités des femmes par l’intermédiaire des du ménage, les femmes peuvent utiliser davantage
programmes de travaux publics signifie leur offrir un d’énergie qu’elles n’en reçoivent du transfert4. La raison en
travail décent et nécessite de tenir compte de leurs est que le partage de la nourriture entre les hommes et les
responsabilités familiales et de leur besoin de flexibilité1. femmes au sein du ménage n’est pas toujours équitable, les
Il est prouvé que la participation des femmes au marché femmes sacrifiant une partie de leur ration (volontairement
de l’emploi s’accroît si on leur donne la possibilité de ou non) au profit des autres membres de la famille.
concilier travail et responsabilités familiales, et
l’introduction de formations augmente l’employabilité des Sources: Voir notes en page 69.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 201 2 49

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

comme un guichet unique d’enregistrement des bénéficiaires, C’est la raison pour laquelle, à court terme, la protection
des méthodes communes de recensement et de ciblage, des sociale soutient les plus vulnérables pour que la faim et la
systèmes de suivi et d’évaluation communs et des modalités malnutrition puissent être réduites aujourd’hui. Mais la
de transfert intégrées et synchronisées. Les deux exemples protection sociale est également un instrument essentiel
les plus connus sont les programmes Bolsa Familia au Brésil pour lutter contre la sous-alimentation à long terme.
et Progresa/Oportunidades au Mexique, mais des D’abord, elle améliore la nutrition des jeunes enfants – un
programmes similaires sont de plus en plus utilisés dans les investissement qui sera payant dans l’avenir car il aura
pays à faible revenu également. permis à ces enfants de devenir des adultes plus
intelligents, plus forts et en meilleure santé. Ensuite, elle
■■ Conclusion: la protection sociale - aide aide à atténuer l’impact du risque, favorisant ainsi
immédiate pour les plus démunis et instrument l’adoption de technologies et la croissance économique.
essentiel à la réduction de la faim et de la Une approche systémique est nécessaire pour jeter des
malnutrition à long terme ponts entre les différents objectifs de manière intégrée et
rentable. Grâce à cette approche, la sous-alimentation et la
Même lorsque la croissance économique bénéficie aux malnutrition pourront être éliminées aussi rapidement que
pauvres, ses bénéfices mettent du temps à se concrétiser. possible.

50 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Part04_fre.indd 50 20/12/2012 10:07:28


Annexe 1

Tableau A1.1
Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de
l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

Monde Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble
Région/Sous-région/Pays de la population totale

1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa- 1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa-
1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de 1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de
l’objectif l’OMD4
du SMA4

(millions) (%) (%) (%)

MONDE5 1 000 919 898 867 868 –13,2 ▼ 18,6 15,0 13,8 12,9 12,5 –32,8 ■
Régions développées 20 18 13 15 16 ne ne 1,9 1,6 1,2 1,3 1,4 ne ne

Régions en développement 980 901 885 852 852 –13,1 ▼ 23,2 18,3 16,8 15,5 14,9 –35,8 ■
Pays les moins développés6 201 228 233 243 260 29,5 ▲ 37,9 34,6 31,4 30,5 30,6 –19,3 ■
Pays en développement sans
littoral7
96 114 111 110 113 18,7 ▲ 35,4 34,4 30,1 28,1 27,1 –23,4 ■
Petits États insulaires en
développement8
11 10 10 9 9 –13,8 ▼ 25,4 20,3 19,4 17,4 16,9 –33,5 ■
Économies à faible revenu 9
192 223 226 234 245 27,1 ▲ 37,9 34,7 31,5 30,6 30,1 –20,6 ■
Économies à revenu intermédiaire,
tranche inférieure10 441 414 420 403 395 –10,4 ▼ 24,4 19,5 18,2 16,7 15,6 –36,1 ■
Pays à faible revenu et à déficit
vivrier11 543 561 575 568 573 5,6 ▲ 27,6 23,5 22,0 20,6 19,8 –28,3 ■

AFRIQUE 175 205 210 220 239 36,8 ▲ 27,3 25,3 23,1 22,6 22,9 –16,1 ■

Afrique du Nord 5 5 5 4 4 –2,5  3,8 3,3 3,1 2,7 2,7 –28,9 ■


Algérie 1 2 ns ns ns nd ne 5,2 5,8 <5 <5 <5 nd ■
Égypte ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Libye ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Maroc 2 2 2 2 2 –1,5  7,1 6,2 5,2 5,2 5,5 –22,5 ■
Tunisie ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Afrique subsaharienne12 170 200 205 216 234 37,8 ▲ 32,8 30,0 27,2 26,5 26,8 –18,3 ■
Afrique du Sud ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Angola 7 7 6 6 5 –21,0 ▼ 63,9 47,5 35,1 30,7 27,4 –57,1 ■
Bénin 1 1 1 1 1 –33,7 ▼ 22,4 16,4 13,1 10,8 8,1 –63,8 ■
Botswana < 0,5 1 1 1 1 45,3 ▲ 27,4 34,5 32,9 31,9 27,9 1,8 ■
Burkina Faso 2 3 4 4 4 99,9 ▲ 22,9 26,4 25,8 24,4 25,9 13,1 ■
Burundi 3 4 5 6 6 124,4 ▲ 49,0 63,0 67,9 72,4 73,4 49,8 ■
Cameroun 5 5 3 3 3 –35,2 ▼ 38,7 29,1 19,5 15,6 15,7 –59,4 ■
Congo 1 1 1 1 2 47,1 ▲ 42,8 30,1 32,9 34,6 37,4 –12,6 ■
Côte d’Ivoire 2 3 4 4 4 143,4 ▲ 13,7 19,9 19,6 19,3 21,4 56,2 ■
Érythrée 2 3 3 3 4 54,3 ▲ 72,4 76,2 74,8 69,1 65,4 –9,7 ■
Éthiopie 34 36 35 35 34 0,1  68,0 55,3 47,7 43,8 40,2 –40,9 ■
Ghana 6 3 2 1 1 –87,0 ▼* 40,5 16,6 9,5 5,8 <5 nd ■
Guinée 1 2 2 1 2 57,2 ▲ 18,4 20,6 17,0 15,5 17,3 –6,0 ■

52 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Annex_fre.indd 52 21/12/2012 11:14:44


Annexe 1

Tableau A1.1
Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de
l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

Monde Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble
Région/Sous-région/Pays de la population totale

1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa- 1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa-
1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de 1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de
l’objectif l’OMD4
du SMA4

(millions) (%) (%) (%)

Kenya 9 10 12 12 13 46,3 ▲ 35,6 32,8 32,9 32,4 30,4 –14,6 ■


Libéria 1 1 1 1 1 88,0 ▲ 32,9 34,9 29,6 29,6 31,4 –4,6 ■
Madagascar 3 5 5 6 7 147,3 ▲ 24,8 32,4 28,1 29,1 33,4 34,7 ■
Malawi 4 3 3 3 4 –16,9 ▼ 44,8 26,8 24,7 23,0 23,1 –48,4 ■
Mali 2 2 2 1 1 –44,3 ▼ 25,3 21,5 14,7 9,5 7,9 –68,8 ■
Mozambique 8 8 8 9 9 18,0 ▲ 57,1 45,3 40,3 39,9 39,2 –31,3 ■
Namibie 1 < 0,5 1 1 1 43,5 ▲ 37,5 24,9 26,8 32,7 33,9 –9,6 ■
Niger 3 3 3 2 2 –31,7 ▼ 36,9 25,8 20,0 13,6 12,6 –65,9 ■
Nigéria 19 13 10 11 14 –28,1 ▼ 19,3 10,2 6,8 7,3 8,5 –56,0 ■
Ouganda 5 6 8 10 12 145,7 ▲ 26,6 26,5 27,9 31,0 34,6 30,1 ■
République centrafricaine 1 2 2 1 1 –9,8 ▼ 49,5 45,1 40,6 32,6 30,0 –39,4 ■
République-Unie de Tanzanie 8 14 14 15 18 131,1 ▲ 29,4 40,4 35,1 36,1 38,8 32,0 ■
Rwanda 4 4 4 3 3 –11,9 ▼ 52,6 46,5 42,1 34,2 28,9 –45,1 ■
Sénégal 2 2 2 2 3 61,9 ▲ 21,7 24,2 16,9 16,5 20,5 –5,5 ■
Sierra Leone 2 2 2 2 2 3,5  41,9 41,1 35,5 33,1 28,8 –31,3 ■
Soudan 11 11 12 15 18 53,8 ▲ 42,1 31,7 32,0 36,6 39,4 –6,4 ■
Tchad 4 3 4 4 4 1,7  61,1 41,0 37,3 36,4 33,4 –45,3 ■
Togo 1 1 1 1 1 –17,1 ▼ 32,8 25,2 20,4 19,8 16,5 –49,7 ■
Zambie 3 4 6 6 6 131,1 ▲ 34,3 43,9 48,3 47,5 47,4 38,2 ■
Zimbabwe 5 5 5 4 4 –11,7 ▼ 44,1 43,1 38,2 33,9 32,8 –25,6 ■

ASIE 739 634 620 581 563 –23,9 ▼ 23,7 17,7 16,3 14,8 13,9 –41,4 ■

Caucase et Asie centrale 9 11 7 7 6 –38,3 ▼ 12,8 15,8 9,9 9,2 7,4 –42,2 ■
Arménie 1 1 < 0,5 ns ns nd ne 22,8 19,0 5,4 <5 <5 nd ■
Azerbaïdjan 2 1 ns ns ns nd ne 23,0 14,7 <5 <5 <5 nd ■
Géorgie 3 1 1 1 1 –67,3 ▼* 60,4 21,5 28,9 30,0 24,7 –59,1 ■
Kazakhstan ns 1 ns ns ns nd ne <5 8,0 <5 <5 <5 nd ■
Kirghizstan 1 1 < 0,5 < 0,5 < 0,5 –49,7 ▼* 15,5 15,8 9,4 8,6 6,4 –58,7 ■
Ouzbékistan ns 4 3 2 2 125,6 ▲ 3,6 14,7 9,8 7,9 6,1 69,4 ■
Tadjikistan 2 3 2 2 2 31,9 ▲ 31,0 40,8 34,3 36,7 31,7 2,3 ■
Turkménistan < 0,5 < 0,5 < 0,5 ns ns nd ne 9,5 8,1 5,5 <5 <5 nd ■

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 53

Sofi 12_Annex_fre.indd 53 21/12/2012 11:14:44


Annexe 1

Tableau A1.1
Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de
l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

Monde Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble
Région/Sous-région/Pays de la population totale

1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa- 1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa-
1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de 1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de
l’objectif l’OMD4
du SMA4

(millions) (%) (%) (%)

Asie de l’Est 261 197 186 169 167 –35,9 ▼ 20,8 14,4 13,2 11,8 11,5 –44,7 ■
Asie de l’Est, sans la Chine 7 10 10 11 9 29,0 ▲ 10,4 14,0 13,6 14,5 11,7 12,5 ■
Chine 254 187 176 158 158 –37,6 ▼ 21,4 14,4 13,1 11,6 11,5 –46,3 ■
Mongolie 1 1 1 1 1 –18,8 ▼ 37,5 37,6 32,5 27,6 24,2 –35,5 ■
République de Corée ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
République démocratique populaire de
Corée 5 8 9 10 8 50,5 ▲ 25,4 37,0 36,1 39,7 32,0 26,0 ■
Asie du Sud 13
327 309 323 311 304 –7,1 ▼ 26,8 21,2 20,4 18,8 17,6 –63,2 ■
Asie du Sud, sans l’Inde 87 85 85 84 87 –0,8  26,4 21,0 19,1 18,1 17,8 –32,6 ■
Bangladesh 37 24 21 23 25 –32,0 ▼ 34,6 18,4 15,1 16,1 16,8 –51,4 ■
Inde 240 224 238 227 217 –9,3 ▼ 26,9 21,3 20,9 19,0 17,5 –34,9 ■
Iran (République islamique d’) ns ns 4 4 ns nd ne <5 <5 5,8 5,2 <5 nd ■
Népal 5 6 6 6 5 8,6 ▲ 25,9 24,5 21,7 20,1 18,0 –30,5 ■
Pakistan 30 35 36 35 35 15,9 ▲ 26,4 24,0 22,8 20,8 19,9 –24,6 ■
Sri Lanka 6 5 6 5 5 –15,1 ▼ 33,9 28,7 27,9 25,7 24,0 –29,2 ■
Asie du Sud-Est 14
134 104 88 76 65 –51,2 ▼* 29,6 20,0 15,8 13,2 10,9 –34,3 ■
Cambodge 4 4 4 3 2 –37,8 ▼ 39,9 33,8 27,4 21,7 17,1 –57,1 ■
Indonésie 37 38 34 28 21 –43,8 ▼ 19,9 17,8 15,1 11,9 8,6 –56,8 ■
Malaisie ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Philippines 15 16 15 14 16 5,4 ▲ 24,2 20,9 18,0 15,9 17,0 –29,8 ■
République démocratique populaire lao 2 2 2 2 2 –9,2 ▼ 44,6 39,5 33,4 29,4 27,8 –37,7 ■
Thaïlande 25 12 7 6 5 –79,8 ▼* 43,8 19,6 11,2 9,5 7,3 –83,3 ■
Viet Nam 32 17 13 11 8 –75,1 ▼* 46,9 22,0 15,6 12,5 9,0 –80,8 ■
Asie de l’Ouest 15
8 13 16 18 21 146,6 ▲ 6,6 8,0 8,8 9,4 10,1 53,0 ■
Arabie saoudite ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Émirats arabes unis ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Iraq 2 5 6 8 9 334,9 ▲ 10,9 19,0 23,1 25,9 26,0 138,5 ■
Jordanie < 0,5 < 0,5 ns ns ns nd ne 6,7 6,1 <5 <5 <5 nd ■
Koweït 1 ns ns ns ns nd ne 28,7 1,5 0,9 1,1 1,7 nd ■
Liban ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
République arabe syrienne ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Turquie ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Yémen 4 5 7 7 8 124,3 ▲ 28,6 30,4 31,7 30,6 32,4 13,3 ■

54 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Annex_fre.indd 54 21/12/2012 11:14:44


Annexe 1

Tableau A1.1
Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de
l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

Monde Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble
Région/Sous-région/Pays de la population totale

1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa- 1990- 1999- 2004- 2007- 2010- Évolution Réalisa-
1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de 1992 2001 2006 2009 2012 constatée tion de
l’objectif l’OMD4
du SMA4

(millions) (%) (%) (%)

AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES 65 60 54 50 49 –24,9 ▼ 14,6 11,6 9,7 8,7 8,3 –43,2 ■

Caraïbes16 9 7 7 7 7 –23,3 ▼ 28,5 21,4 20,9 18,6 17,8 –37,5 ■


Cuba 1 ns ns ns ns nd ne 11,5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Haïti 5 5 5 5 5 –2,5  63,5 53,0 53,5 46,8 44,5 –29,9 ■
République dominicaine 2 2 2 2 2 –30,8 ▼ 30,4 21,6 18,6 15,9 15,4 –49,3 ■
Amérique latine17 57 53 46 43 42 –25,1 ▼ 13,6 11,0 9,0 8,1 7,7 –43,4 ■
Argentine ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Bolivie (État plurinational de) 2 2 3 3 2 3,4  34,6 28,7 29,1 27,5 24,1 –30,3 ■
Brésil 23 21 16 15 13 –40,4 ▼ 14,9 12,1 8,7 7,8 6,9 –53,7 ■
Chili 1 ns ns ns ns nd ne 8,1 <5 <5 <5 <5 nd ■
Colombie 6 5 6 6 6 –8,5 ▼ 19,1 13,0 13,6 12,5 12,6 –34,0 ■
Costa Rica ns ns ns ns < 0,5 nd ne <5 <5 <5 <5 6,5 nd ■
El Salvador 1 1 1 1 1 –8,9 ▼ 15,6 9,2 10,6 11,3 12,3 –21,2 ■
Équateur 3 3 3 3 3 4,6  24,5 20,9 21,4 19,6 18,3 –25,3 ■
Guatemala 1 3 4 4 4 203,8 ▲ 16,2 26,5 29,9 30,2 30,4 87,7 ■
Honduras 1 1 1 1 1 –30,9 ▼ 21,4 16,3 14,2 11,6 9,6 –55,1 ■
Mexique ns ns ns ns ns nd ne <5 <5 <5 <5 <5 nd ■
Nicaragua 2 2 1 1 1 –49,2 ▼* 55,1 34,3 26,7 23,9 20,1 –63,5 ■
Panama 1 1 1 < 0,5 < 0,5 –35,2 ▼ 22,8 25,7 19,7 13,1 10,2 –55,3 ■
Paraguay 1 1 1 1 2 95,6 ▲ 19,7 13,0 12,6 16,8 25,5 29,4 ■
Pérou 7 6 6 5 3 –54,4 ▼* 32,6 22,5 21,4 15,9 11,2 –65,6 ■
Uruguay < 0,5 ns ns ns ns nd ne 7,3 <5 <5 <5 <5 nd ■
Venezuela (République bolivarienne du) 3 4 3 ns ns nd ne 13,5 15,5 9,7 <5 <5 nd ■

OCÉANIE18 1 1 1 1 1 39,0 ▲ 13,6 15,5 13,7 11,9 12,1 –11,0 ■

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 55

Sofi 12_Annex_fre.indd 55 21/12/2012 11:14:45


Annexe 2

Moderniser et réviser la méthode utilisée par la FAO pour évaluer


l’insécurité alimentaire – résumé des changements et de leurs incidences
Introduction
Au cours des cinq dernières années, la plus forte instabilité des l’insécurité alimentaire ont été profondément remaniés pour
prix des denrées alimentaires et la mise à disposition de tenir compte de l’amélioration des données et des informations,
nouvelles sources de données sur l’accès à l’alimentation ont mais de nouvelles révisions sont attendues dans un avenir
fait qu’il devenait indispensable de réviser la méthode de la proche, au fur et à mesure que de nouvelles enquêtes sur la
FAO91 pour améliorer l’estimation de la sous-alimentation. distribution de l’accès à l’alimentation et des données plus
En 2010, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) a fiables sur le gaspillage de produits alimentaires deviendront
demandé que la méthode de mesure de la faim soit examinée disponibles. De plus, plusieurs indicateurs supplémentaires,
et, en septembre 2011, une Table ronde d’experts a été susceptibles de fournir des informations utiles sur la sécurité
organisée pour étudier les qualités et les défauts de la méthode alimentaire, ont été définis mais leur couverture, que ce soit en
existante92. termes de pays ou que ce soit en termes d’années pour
La Table ronde a confirmé que la méthode de la FAO était beaucoup de pays, est encore loin d’être exhaustive.
fondamentalement valide au plan des principes statistiques et, Cette annexe technique décrit les diverses améliorations
qu’à ce jour, il n’existait pas d’autre méthode viable pour méthodologiques et innovations en matière de données qui ont
évaluer le manque chronique de nourriture à l’échelle mondiale. été intégrées dans la présente édition du rapport et établit une
Cependant, les experts réunis à Rome ont aussi estimé que la comparaison avec les méthodes traditionnelles adoptées
méthode pouvait être améliorée à de multiples égards et, antérieurement. Elle présente une évaluation de l’incidence
notamment, qu’il fallait exploiter davantage le nombre croissant marginale de chaque innovation sur les estimations des
d’enquêtes qui étaient conduites sur les dépenses et le niveau nombres et des taux de prévalence, afin d’expliquer les
de vie des ménages, afin d’obtenir des informations différences importantes qui existent entre les évaluations de
supplémentaires sur la distribution de l’accès à l’alimentation au cette année est celles de l’année dernière. Les méthodes
sein de la population93. traditionnelles utilisées pour estimer la prévalence de la sous-
Les experts ont aussi souligné que l’on ne pouvait pas alimentation sont décrites en détail dans une note technique
appréhender complètement l’état de l’insécurité alimentaire approfondie qui peut être consultée en ligne à l’adresse
dans un pays, en se référant seulement à la prévalence de la www.fao.org/publications/sofi/fr/.
sous-alimentation, définie en termes d’énergie alimentaire.
De l’avis unanime, il était nécessaire de recourir à une gamme ■■ La méthode de la FAO en bref
plus large d’indicateurs de base de la sécurité alimentaire, pour
cerner les dimensions de l’insécurité alimentaire autres que Depuis sa création, la FAO est chargée de suivre la situation
l’insuffisance de l’apport énergétique alimentaire. alimentaire mondiale, afin que la communauté internationale soit
Les conséquences économiques du maintien d’un apport en mesure de cibler efficacement ses actions visant à promouvoir
énergétique suffisant lorsque les prix des denrées alimentaires le droit à une alimentation suffisante partout dans le monde. Les
augmentent, de même que les implications nutritionnelles des activités que la FAO conduit dans le cadre de cette mission
régimes qui apportent suffisamment de calories mais sont comprennent notamment l’estimation de l’indicateur de la
pauvres en micronutriments vitaux («faim invisible»), ont été prévalence de la sous-alimentation, qui est publiée annuellement
cités comme deux aspects qui échappent à l’indicateur de la dans le document intitulé L’état de l’insécurité alimentaire dans le
prévalence de la sous-alimentation mais qui devraient être monde.
dûment pris en compte. Les termes «sous-alimentation» et «faim» ont été entendus
Compte tenu des conclusions exposées ci-dessus et de la comme une incapacité permanente à obtenir une nourriture
demande explicitement formulée par le CSA, les données suffisante, c’est-à-dire la quantité d’énergie alimentaire requise
présentées dans l’édition de L’état de l’insécurité alimentaire pour mener une vie saine et active. Deux aspects doivent être
dans le monde de cette année ont été améliorées de deux clarifiés pour obtenir une définition opérationnelle acceptable de
façons majeures. Premièrement, tous les chiffres relatifs à la la sous-alimentation.
sous-alimentation ont été mis à jour en remontant jusqu’en Premièrement, étant donné la complexité de la nutrition
1990, pour refléter l’amélioration à la fois des données et de la humaine et les dimensions quantitatives et qualitatives de
méthode utilisées. Deuxièmement, une série initiale l’alimentation, l’expression «nourriture suffisante» doit être
d’indicateurs de base a été définie pour fournir des informations précisée. La méthode de la FAO a été fondée sur la mesure de
sur les différentes facettes de l’insécurité alimentaire. l’apport énergétique alimentaire, la notion de «suffisance» étant
Ces deux améliorations doivent être considérées comme le définie en référence à un barème normatif des besoins
point de départ des efforts qui seront déployés en permanence énergétiques alimentaires établi par des nutritionnistes.
pour améliorer le suivi de la sécurité alimentaire. Cette année, En conséquence, un être humain est considéré comme sous-
tant la méthode que le cadre conceptuel de l’évaluation de alimenté si ses apports énergétiques alimentaires habituels sont

56 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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Annexe 2

inférieurs au niveau minimum que les nutritionnistes estiment Résumé des changements et de leurs
nécessaires. En ce sens, la «sous-alimentation» a été définie incidences
comme une forme extrême de l’insécurité alimentaire, qui
apparaît quand la disponibilité énergétique alimentaire n’est pas
même suffisante pour couvrir les besoins minimaux associés à un ■■ Principales innovations en matière de données, qui
mode de vie sédentaire. ont été intégrées dans les estimations de la sous-
Deuxièmement, on peut s’interroger sur la période de temps alimentation
qu’il convient de considérer pour évaluer la sous-alimentation.
Pendant combien de temps, un être humain doit-il être privé de Les nouvelles estimations qui sont présentées dans le rapport de
l’apport énergétique minimal avant d’être considéré comme cette année sont le fruit des efforts considérables qui ont été
«sous-alimenté»? Si nous nous intéressons à la sous-alimentation déployés pour mettre à jour et améliorer la base de données
chronique profonde, la période de référence doit être utilisée. Des données actualisées ont été obtenues sur la
suffisamment longue pour que l’insuffisance de l’alimentation ait disponibilité alimentaire, la population et la distribution de l’accès
des répercussions sur la santé. Il est hors de doute que les disettes à l’alimentation à l’intérieur des pays issue des enquêtes sur les
temporaires ont des effets pernicieux, mais l’indicateur de la FAO dépenses et le niveau de vie des ménages. Le tableau A2.1
se réfère à une année entière, la consommation moyenne présente les estimations qui ont été publiées dans L’état de
d’aliments pendant cette période étant considérée comme le l’insécurité alimentaire dans le monde 2011 et celles que l’on
niveau habituel. obtient en appliquant successivement chacune des révisions, avec
Par conséquent, l’indicateur de la FAO est conçu pour rendre une indication de leurs effets à la marge, pour les périodes allant
compte d’un concept clairement – mais étroitement – défini de la de 1990-1992 jusqu’à 2009 (dernière année pour laquelle une
sous-alimentation, à savoir, un état de privation énergétique qui évaluation a été réalisée selon l’ancienne méthode, en 2011).
dure un an. L’indicateur de la FAO n’est donc pas conçu pour
suivre les effets ponctuels des crises temporaires. En outre, il ne Taille de la population
tient pas compte de l’apport insuffisant des autres éléments Des informations actualisées sur la taille et la structure de la
nutritifs essentiels ni des sacrifices que chaque individu ou chaque population ont été tirées de la dernière révision des estimations de la
ménage est parfois amené à consentir pour conserver le même population mondiale94. L’intégration de ces nouvelles informations
niveau de consommation d’énergie alimentaire. s’est traduite par une modification importante des estimations de la
Pour obtenir une image plus complète de l’état de la sécurité population de certains pays comptant un grand nombre de
(l’insécurité) alimentaire, l’indicateur de la prévalence de la sous- personnes sous-alimentées, notamment le Bangladesh et la Chine.
alimentation doit être complété par une gamme plus large L’estimation de la population chinoise pour les années 90 a été
d’indicateurs, qui permettent de suivre les diverses facettes de la révisée à la hausse de pas moins de 25 millions d’habitants avec, en
sécurité alimentaire. conséquence, une augmentation à la fois de la prévalence et du

TABLEAU A2.1
Incidences des divers changements apportés aux données et à la méthode.

Nombre de personnes sous-alimentées dans les régions en développement (en millions)

1990-1992 1995-1997 2000-2002 2005-2007 2009 2010 2011 2012

Chiffres présentés en 2011 833 774 821 839 866

+ Modification de la population +24 +12 +11 -5 -12

(+2,8%) (+1,5%) (+1,4%) (-0,6%) (-1,4%)

+ Modification des tailles -21 -25 -27 -23 -27

(-2,4%) (-3,2%) (-3,3%) (-2,8%) (-3,1%)


+ Modification de la disponibilité +12 +10 -2 -31 -66
énergétique alimentaire
(+1,5%) (+1,4%) (-0,2%) (-3,8%) (-8,0%)

+ Pertes de produits alimentaires +111 +114 +124 +125 +125 877 874 870

(+13,2%) (+14,8%) (+15,5%) (+16,1%) (+16,4%)

+ Modification de la méthode +23 +24 -22 -35 -33

(+2,3%) (+2,7%) (-2,4%) (-3,9%) (-3,8%) (-2,9%) (-2,7%) (-2,2%)

Nouvelle évaluation 980 909 905 870 853 852 852 852

Variation globale +17,7% +17,5% +10,2% +3,6% -1,5%

Notes: Les variations marginales imputables à chaque révision figurent entre parenthèses. Les chiffres présentés en 2011 sont les chiffres qui ont été publiés dans L’état de
l’insécurité alimentaire dans le monde 2011.
Source: FAO.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 57

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Annexe 2

nombre absolu de personnes sous-alimentées pendant cette estimer la distribution moyenne de la consommation alimentaire95.
période, tandis que, pour le Bangladesh, la population à été Quoi qu’il en soit, l’absence d’estimations fiables de l’ampleur de
révisée à la baisse de quelque 11 pour cent (soit 17 millions ces pertes interdisait de les prendre en compte dans les
d’habitants). Les incidences sur la sous-alimentation pendant estimations antérieures. Dans la présente édition de L’état de
toute la période sont donc variables. Si les nouvelles données l’insécurité alimentaire dans le monde, un premier effort a été fait
relatives à la population devaient être appliquées aux autres pour corriger l’estimation de la consommation moyenne d’énergie
donnés utilisées pour les estimations présentées en 2011, il en alimentaire au niveau du ménage, grâce à l’introduction d’un
résulterait une augmentation de 2,8 pour cent du nombre de paramètre relatif aux pertes survenant pendant la distribution au
personnes sous-alimentées pendant la période de base de détail. La valeur de la perte moyenne de calories par habitant aux
1990-1992 et une réduction de 1,4 pour cent en 2009. divers stades de la filière des produits a été estimée pour chaque
pays, à partir des données figurant dans une étude récente de la
Stature humaine et besoins en énergie alimentaire FAO sur les pertes de produits alimentaires, qui a révélé que des
La deuxième révision liée aux données démographiques pertes importantes pouvaient survenir pendant la distribution au
concerne la stature physique moyenne des personnes, en détail, c’est-à-dire entre le moment où le produit est mis à
fonction de leur sexe et de leur âge. De nouvelles données ont disposition pour la consommation humaine lors de la vente en
été fournies par le Programme d’enquêtes démographiques et gros et celui de son arrivée dans le ménage96. Les estimations
sanitaires de l’Agence des États-Unis pour le développement varient selon la région et la catégorie de produit alimentaire, allant
international (USAID) et les enquêtes sur les ménages qui de 2 pour cent pour les céréales sèches jusqu’à 10 pour cent pour
comportent un volet de statistiques anthropométriques. À partir les fruits et les légumes frais. Appliqués aux différentes
des tailles révisées, les besoins énergétiques alimentaires composantes des bilans des disponibilités alimentaires, ces
minimaux de référence pour chaque pays ont été réévalués. coefficients entraînent une diminution générale des calories
Dans certains cas, cette révision a entraîné des changements disponibles pour la consommation humaine au niveau du ménage,
notables des valeurs de référence et, partant, de la prévalence de donc une augmentation de l’estimation du nombre de personnes
la sous-alimentation, en particulier dans les pays pour lesquels il sous-alimentées.
n’existait pas antérieurement de données sur la taille et où elles De toutes les révisions, c’est celle-ci qui entraîne les variations
étaient donc présumées identiques à celles des pays habités par les plus spectaculaires des estimations de la prévalence de la sous-
des ethnies similaires. Étant donné que la révision s’est alimentation dans le monde, puisque ses incidences vont de
généralement traduite par une baisse des estimations de la taille +13,2 pour cent en 1990-1992 à +16,4 pour cent en 2007-2009.
moyenne par rapport à celles qui avaient été présumées (ce qui Les estimations des pertes de produits alimentaires pendant la
implique une diminution des besoins énergétiques alimentaires), distribution et l’entreposage sont encore provisoires, dans la
l’incidence globale de cette révision serait une réduction de mesure où elles reposent sur les agrégats régionaux approximatifs
l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées pendant qui ont été publiés dans l’étude de la FAO susmentionnée, mais
toute la période visée, allant de –2,4 pour cent en 1990-1992 à elles vont être affinées à l’avenir, au fur et à mesure que des
–3,1 pour cent en 2009. estimations nationales plus précises deviendront disponibles.

Disponibilité alimentaire ■■ Amélioration de la méthode d’estimation


Le changement suivant concerne la disponibilité totale de
calories. La Division de la statistique de la FAO a récemment La Division de la statistique de la FAO a récemment conduit un
publié de nouvelles estimations de la disponibilité énergétique examen approfondi de sa méthode de mesure de la sous-
alimentaire pour tous les pays en 2009 et révisé entièrement la alimentation, dont des éléments ont été présentés et analysés
série de données. On observe des différences par rapport aux dans divers forums, notamment une Table ronde organisée par le
estimations antérieures dans toute la série mais elles ne sont Comité de la sécurité alimentaire mondiale en septembre 2011, et
importantes que pour les périodes les plus récentes. L’utilisation à l’occasion du Colloque scientifique international sur
des valeurs révisées de la disponibilité énergétique alimentaire l’information relative à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, qui
entraînerait, tout le reste restant inchangé, une augmentation de s’est tenu à Rome en janvier 2012. L’examen a confirmé la validité
l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées pendant globale de l’approche générale mais a aussi fait apparaître qu’il
les périodes initiales (+1,5 pour cent en 1990-1992 et +1,4 pour était possible de l’améliorer. Les changements qui ont été intégrés
cent en 1995-1997) et une baisse pendant les périodes les plus dans la présente édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans
récentes (–0,2 pour cent en 2000-2002, –3,8 pour cent en le monde concernent:
2005-2007 et –8 pour cent in 2009). • la forme de la fonction de distribution de la consommation de
l’énergie alimentaire dans la population; et
Pertes de produits alimentaires • la façon dont les paramètres utilisés – à savoir la moyenne, le
On sait depuis longtemps que les pertes de produits alimentaires coefficient de variation et le coefficient d’asymétrie de la
qui surviennent au niveau de la distribution au détail faussent les distribution de la consommation alimentaire habituelle au sein
estimations de la FAO relatives à la sous-alimentation, car celles- de la population – sont estimés.
ci utilisaient jusqu’ici la disponibilité énergétique alimentaire Ces modifications améliorent à la fois la valeur méthodologique
calculée à partir du bilan des disponibilités alimentaires pour et la validité empirique de la méthode inductive sous-jacente.

58 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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Annexe 2

Modèle de distribution distribution de la consommation alimentaire. Le paramètre était


Depuis qu’elle a été adoptée pour la première fois en 1996, la estimé différemment selon les pays, en fonction des données
spécification log-normale de la distribution n’a jamais été remise disponibles. Il était grand temps de réviser ces estimations. Grâce à
en cause et les mises à jour se sont limitées à des révisions de la la collaboration des bureaux nationaux de la statistique chargés de
consommation énergétique alimentaire moyenne (en fonction la collecte et de la diffusion des données des enquêtes sur les
des données publiées dans les bilans des disponibilités ménages, la FAO a non seulement mis à jour les estimations des
alimentaires) et à des modifications occasionnelles du coefficient coefficients de variation mais, pour la première fois, a aussi estimé
de variation, quand des données provenant d’enquêtes sur la le coefficient d’asymétrie de la distribution de la consommation
consommation des ménages plus récentes étaient mises à la alimentaire dans la population.
disposition de la FAO. Dans tous les autres cas, faute de données Pas moins de 47 enquêtes ont été traitées, allant de 1995
fiables sur la consommation alimentaire issues d’enquêtes jusqu’à 2010. La plupart de ces enquêtes portaient sur les revenus
représentatives au plan national, le coefficient de variation et les dépenses et n’avaient donc pas été conçues pour enregistrer
n’était pas modifié et restait donc constant. Mais, dans spécifiquement le niveau de la consommation alimentaire
l’hypothèse d’une distribution log-normale, l’augmentation de la habituelle annuelle des individus vivant dans les ménages
moyenne entraîne aussi un accroissement de la probabilité des interrogés; en revanche, elles fournissent des données sur le total
hauts niveaux de consommation. Ce lien suscite des doutes sur des acquisitions de denrées alimentaires effectuées par le ménage
la pertinence de la distribution qui a été utilisée ces dernières pendant une courte période de référence (une semaine à un mois).
années dans beaucoup de pays, où la distribution de l’accès à Dans la plupart des cas, il a donc été nécessaire de traiter une
l’alimentation est peut-être devenue moins asymétrique que ne nouvelle fois les informations disponibles sur les ménages pour
le suppose le modèle log-normal. C’est pourquoi, un modèle contrôler la variabilité excessive due à la variation saisonnière des
plus flexible (la distribution normale asymétrique ou skew- dépenses alimentaires et à la différence entre les acquisitions de
normale introduite par A. Azzalini en 1985) a été jugé plus denrées alimentaires effectuées pendant une courte période et les
approprié pour représenter la distribution de la consommation besoins, exprimés en termes de consommation alimentaire
alimentaire habituelle dans la population. Comparé à la version annuelle moyenne. Les autres sources de la variabilité que l’on
antérieure, le modèle statistique peut désormais intégrer les peut observer dans les données sur la consommation alimentaire
changements apportés à l’asymétrie de la distribution de la obtenues à partir de ces enquêtes sont, par exemple, que des
consommation alimentaire. Ces changements, qui découlent, produits alimentaires acquis peuvent être offerts à des invités ou à
par exemple, de programmes d’approvisionnement alimentaire d’autres personnes que les membres du ménage, ou bien que,
ciblés sur une partie spécifique de la population, n’auraient pas pendant la période de référence, les ménages utilisent des
été pris en compte avec l’approche antérieure. aliments stockés antérieurement ou, inversement, achètent des
denrées destinées à être mises en réserve. Tous ces problèmes font
Estimation des paramètres: consommation énergétique qu’il est impératif de suivre des procédures méticuleuses pour
alimentaire moyenne contrôler la qualité des données et estimer le coefficient de
On sait pertinemment que le manque d’informations fiables sur variation et le coefficient d’asymétrie de la consommation
l’ampleur des pertes de produits alimentaires fausse les estimations habituelle individuelle à partir des données disponibles.
de la sous-alimentation produites par la FAO. La pratique consistant Finalement, de nouveaux paramètres ont été obtenus pour
à considérer que la moyenne de la distribution de la consommation 37 pays, qui représentent ensemble près de 70 pour cent du
calorique dans la population est égale à la disponibilité énergétique nombre de personnes sous-alimentées dans le monde en
alimentaire moyenne qui est tirée des bilans des disponibilités développement. Pour les autres pays, faute de nouvelles données
alimentaires ne manque donc pas de susciter des critiques. Mais un utilisables, les valeurs du coefficient de variation (et du coefficient
pas important a été fait pour corriger ce défaut et ses résultats ont d’asymétrie qui en découle) n’ont pas été modifiées.
été intégrés dans les estimations présentées cette année.
L’estimation de la moyenne de la distribution de la consommation Projection quand les données font défaut
calorique est désormais inférieure à la disponibilité énergétique Les nouvelles données sur la distribution des disponibilités
alimentaire, en fonction d’un coefficient qui reflète les pertes de alimentaires entre les ménages et sur la stature humaine et les
produits alimentaires associées à la distribution et à la vente au besoins en énergie, qui sont fournies par des enquêtes, n’existent
détail et qui a été estimé à partir des données fournies pour toutes pas pour tous les pays ni pour toutes les années visées. Il a donc
les régions du monde dans une étude récente de la FAO (voir plus fallu concevoir des méthodes valides pour projeter les nouvelles
haut l’analyse de la question des pertes de produits alimentaires). informations sur les années pour lesquelles il n’existait pas de
données d’enquêtes, que ce soit en matière de distribution des
Estimation des paramètres: coefficient de variation et produits alimentaires ou en matière de besoins alimentaires.
coefficient d’asymétrie de la distribution de la
consommation alimentaire tirés des enquêtes sur les Projection des paramètres relatifs à la distribution des
ménages produits alimentaires
Dans le passé, le coefficient de variation de la distribution de la Jusqu’à l’édition 2011 du présent rapport, les valeurs du
consommation énergétique alimentaire dans la population était coefficient de variation de la consommation alimentaire habituelle
le seul paramètre utilisé pour représenter l’inégalité de la sont restées égales aux valeurs qui avaient été estimées en 1996

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 59

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Annexe 2

pendant la préparation de l’Enquête mondiale sur l’alimentation97. correspondant à chaque catégorie de sexe et d’âge, nous utilisons
Lorsque l’on utilise une distribution log-normale, les valeurs du la taille médiane des personnes de ce groupe, qui est fournie par
coefficient de variation déterminent aussi les valeurs du coefficient les enquêtes comportant des mesures anthropométriques99.
d’asymétrie98. Quand il existe plus d’une enquête pour un pays, nous projetons
Comme indiqué précédemment, dans l’édition de cette année, les données de l’enquête la plus ancienne pour fixer les tailles des
nous avons calculé le coefficient de variation et le coefficient années antérieures et celles de l’enquête la plus récente pour fixer
d’asymétrie applicables à la consommation alimentaire habituelle les tailles des années futures. Pour les années qui tombent entre
par personne, pour chaque année et chaque pays couverts par deux enquêtes, nous procédons à une interpolation linéaire des
une enquête utilisable. Pour les années tombant entre deux tailles médianes de chaque catégorie de sexe et d’âge.
enquêtes, l’information manquante sur ces deux coefficients a été L’application de ces changements à la méthode utilisée, c’est-
estimée au moyen d’une interpolation linéaire simple des deux à-dire la modification du modèle de distribution et l’utilisation de
paramètres. La même interpolation linéaire a été appliquée aux nouveaux coefficients pour la variation et l’asymétrie, outre
cinq ans qui ont précédé la première enquête disponible, les toutes les autres révisions déjà examinées, entraînerait une
anciens paramètres étant utilisés comme points de départ. variation des estimations du nombre de personnes sous-
Pour les années qui ont suivi la dernière enquête disponible, on alimentées dans le monde en développement, allant d’une
a conservé les deux coefficients estimés à partir de cette enquête. augmentation de 2,3 pour cent en 1990-1992 et 2,7 pour cent
Leur valeur sera modifiée quand de nouvelles enquêtes en 1995-1997 à des baisses de 2,4, 3,9 et 3,8 pour cent,
deviendront disponibles. respectivement, en 2000-2002, 2005-2007 et 2009.
La figure A2.1 montre les incidences des divers changements
Projection de la stature et des besoins énergétiques qui ont été décrits. La révision générale des données et des
alimentaires méthodes qui est exposée dans le présent rapport débouche sur
Le seuil des besoins alimentaires pour un pays (les besoins une variation globale de l’estimation du nombre de personnes
énergétiques alimentaires minimaux) est calculé comme la sous-alimentées égale à +17,9 pour cent en 1990-1992 et
moyenne des besoins de tous les groupes d’âge des personnes des –1,5 pour cent en 2009, par rapport à l’évaluation fondée sur les
deux sexes de la population. Pour estimer les besoins énergétiques données publiées en 2011 sans changement méthodologique.

FIGURE A2.1

Effet des révisions de données et de méthodologie sur les estimations de la sous-alimentation effectuées par la FAO

Nombre de personnes sous-alimentées dans les régions en développement (en millions)


1 000
980

950
909

900
905
870
856
850
852 852
833 839

800 821

750 774

700

0
1990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2008-10 2009-11 2010-12

Selon les informations présentées en 2011 + Révision des données démographiques

+ Révision des données sur la taille + Révision des disponibilités énergétiques alimentaires

+ Prise en compte des pertes lors de la Estimations finales (y compris modifications de la méthodologie)
distribution au détail

Note: Les chiffres présentés en 2011 se réfèrent à ceux publiés dans L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2011.
Source: FAO.

60 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

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Annexe 2

■■ Introduction d’une série de nouveaux indicateurs Les indicateurs ont principalement été choisis en fonction de
de base sur la sécurité alimentaire la disponibilité de données dont la couverture soit suffisante
pour permettre l’établissement de comparaisons significatives
Suite à la recommandation qui a été formulée à l’issue de la Table entre les régions et au cours du temps. La plupart de ces
ronde du CSA sur la méthode de mesure de la faim, une série indicateurs sont déjà produits et publiés par la FAO et diverses
initiale d’indicateurs susceptibles de rendre compte des diverses organisations internationales, tandis que d’autres ont été
facettes de l’insécurité alimentaire a été élaborée (voir le tableau introduits pour la première fois, dans le souci de combler les
A2.2); les valeurs de ces indicateurs sont disponibles sur le site lacunes notoires des systèmes d’information sur la sécurité
web de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde alimentaire, concernant en particulier les dimensions
(www.fao.org/publications/sofi/fr/). socioéconomiques de l’insécurité alimentaire.

TABLEAU A2.2
Indicateurs de la sécurité alimentaire disponibles en ligne*

Type d’indicateur Source Couverture Indicateur de base Nouveau

FACTEURS (CAUSES) DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE


Disponibilité
Adéquation de la disponibilité alimentaire moyenne FAO 1990-2012 ■ ■
Indice de la production alimentaire FAO 1990-2012 ■
Part de la disponibilité énergétique fournie par les céréales, les racines et FAO 1990-2012
les tubercules
Disponibilité protéique moyenne FAO 1990-2012
Disponibilité moyenne des protéines d'origine animale FAO 1990-2012
Accès physique (conditions déterminant l'accès physique aux produits
alimentaires)
Pourcentage de route bitumée sur l'ensemble du réseau routier International Road Federation 1990-2009
Densité du réseau ferroviaire Banque mondiale 1990-2010
Banque mondiale,
Densité du réseau routier 1990-2009
Division des transports
Accès économique (prix abordables ou non)
Indice du niveau des prix des aliments FAO/Banque mondiale 1990-2010 ■ ■
Utilisation 1990-2010
Accès à des sources d’eau améliorées OMS/UNICEF 1990-2010
Accès à des systèmes d’assainissement améliorés OMS/UNICEF 1990-2010

CONSÉQUENCES
Accès insuffisant à l’alimentation
Prévalence de la sous-alimentation FAO 1990-2011 ■
Part des dépenses alimentaires des pauvres FAO Partielle ■ ■
Ampleur du déficit alimentaire FAO 1990-2011 ■
Prévalence de l'insuffisance alimentaire FAO 1990-2011 ■
Utilisation (Déficits anthropométriques imputables à l’alimentation)

Pourcentage des enfants de moins de cinq ans présentant un retard de


croissance OMS/UNICEF 1966-2010 ■
Pourcentage des enfants de moins de cinq ans souffrant d'émaciation OMS/UNICEF 1966-2010 ■
Pourcentage des enfants de moins de cinq ans présentant une OMS/UNICEF 1966-2010
insuffisance pondérale
Pourcentage d'adultes présentant une insuffisance pondérale OMS 1974-2010

VULNÉRABILITÉ/STABILITÉ
Instabilité des prix des denrées alimentaires sur le marché intérieur FAO/OIT 1990-2010 ■ ■
Variabilité de la production alimentaire par personne FAO 1980-2010 ■
Variabilité de la disponibilité alimentaire par personne FAO 1980-2010 ■
Stabilité politique et absence de violence/terrorisme WB WGI 1996-2010
Valeur des importations de produits alimentaires par rapport au total des FAO 1990-2009
exportations de marchandises
Pourcentage des terres arables aménagé pour l'irrigation FAO 1990-2009
Ratio de dépendance à l'égard des importations de céréales FAO 1990-2009
* Les valeurs de ces indicateurs sont disponibles sur le site web de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (www.fao.org/publications/sofi/fr/).
Note: WB WGI = Indicateurs de gouvernance dans le monde de la Banque mondiale.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 61

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Annexe 2

Pour faciliter leur interprétation, les indicateurs proposés sont pour une activité physique modérée (niveau d’activité
classés selon deux dimensions. Premièrement, une distinction est physique = 1,75), normale (1,85) et intense (2,25). Il mesure le
établie entre les indicateurs qui portent sur les facteurs de pourcentage de la population qui est exposé au risque de ne
l’insécurité alimentaire, ceux qui portent sur ses conséquences et pas couvrir les besoins alimentaires associés à des niveaux
ceux qui fournissent des informations sur la vulnérabilité/stabilité. particuliers d’activité physique. L’indicateur de prévalence de la
La première série d’indicateurs décrit les conditions structurelles sous-alimentation qui existe fournit une estimation prudente de
qui sont susceptibles d’aggraver l’insécurité alimentaire, si la privation alimentaire chronique («faim»), tandis que les
aucune intervention politique, notamment une aide d’urgence, nouveaux indicateurs donnent des mesures de l’insuffisance
n’est mise en œuvre pour y remédier; la deuxième série vise à alimentaire plus proches de la réalité (voir la figure A2.2).
rendre compte des résultats finaux de l’insécurité alimentaire, • Indice de la disponibilité alimentaire relative. Il s’agit du
indépendamment des interventions politiques ou des stratégies rapport de la disponibilité énergétique alimentaire dans le pays,
d’adaptation mises en œuvre. La troisième série d’indicateurs vise exprimée par habitant et nette des pertes alimentaires, normalisée
à donner des informations sur les facteurs de vulnérabilité à une par les besoins énergétiques alimentaires moyens du pays, une
éventuelle insécurité alimentaire future. mesure des besoins caloriques moyens de la population, qui
Dans le premier groupe, les indicateurs sont ensuite classés dépend de sa structure par âge et par sexe et de la distribution de
selon la dimension de l’insécurité alimentaire sur laquelle ils la taille moyenne. Il fournit une indication sur la pénurie de
fournissent des informations, à savoir, la disponibilité, l’accès produits alimentaires par rapport aux besoins, dans chaque pays.
physique, l’accès économique (prix abordables ou non) et • Indice du niveau des prix des aliments. Il s’agit d’un indice du
l’utilisation. De même, les indicateurs liés aux conséquences sont niveau des prix des denrées alimentaires dans chaque pays, qui
classés dans différents groupes, selon qu’ils se réfèrent à l’accès est comparable d’un pays à l’autre et au cours du temps. Il utilise
insuffisant à l’alimentation ou aux déficits anthropométriques les taux de parité du pouvoir d’achat (PPA) qui sont calculés par
dus à une alimentation insuffisante. des chercheurs de la Banque mondiale pour le Programme de
La liste intégrale des indicateurs proposés figure dans le comparaison internationale. Le taux de parité du pouvoir d’achat
tableau A2.2. Le tableau signale les indicateurs qui devraient relatif à l’agrégat alimentaire, qui existe pour 2005, est projeté
faire partie de la série d’indicateurs de base et ceux qui ont été dans le temps, en intégrant le taux d’inflation des produits
introduits pour la première fois. Les nouveaux indicateurs sont alimentaires et le taux d’inflation générale pour chaque pays, qui
brièvement décrits ci-dessous. sont mesurés par l’indice des prix à la consommation – à la fois
• Prévalence de l’insuffisance alimentaire. Au plan l’indice relatif aux denrées alimentaires et l’indice général – publié
conceptuel, cet indicateur est analogue à la prévalence de la par l’Organisation internationale du Travail et FAOSTAT.
sous-alimentation, si ce n’est qu’il est calculé par rapport à un • Part des dépenses alimentaires des pauvres. Cet indicateur
seuil calorique plus élevé, qui correspond à l’énergie requise mesure la part moyenne des dépenses totales, que les ménages

FIGURE A2.2

Sous-alimentation et niveau insuffisant des aliments dans les pays en développement


Modification de la définition des besoins énergétiques alimentaires minimaux et ses effets sur les estimations concernant la faim

Nombre Proportion
Millions Pourcentage
3 100 60

2 600 2 236 2 288 50


2 566 52,0%
2 436 2 492 48,8% 48,2%
2 100 46,0% 44,7%
40
1 600 35,4%
1 521 1 485 1 528 1 513 1 520 30
23,2% 31,7% 30,2%
1 100 27,9% 26,5%
980 909 905 870 852
20
600 19,7%
18,2%
16,3% 14,9%
10

0 0
1990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2010-12 1990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2010-12

Prévalence de la sous-alimentation Prévalence de l’insuffisance alimentaire 2: activité normale


Prévalence de l’insuffisance alimentaire 3: activité intense
Note: Les graphiques montrent les estimations obtenues en prenant pour base une autre définition des besoins énergétiques alimentaires minimaux, à partir d’hypothèses différentes concernant le niveau
d’activité physique. L’indicateur relatif à la prévalence type de la sous-alimentation prend pour hypothèse un coefficient d’activité physique de 1, 55, correspondant à un style de vie sédentaire. Ce coefficient
d’activité physique passe à 1,85 pour un niveau d’activité normal et à 2,25 pour un niveau d’activité physique intense. Les estimations concernant la prévalence de l’insuffisance alimentaire, présentées dans
le graphique, qui ont été calculées sur la base de coefficients d’activité physique normale (1,85) et intense (2,25) semblent avoir baissé moins, par rapport à l’indicateur de la prévalence de la sous-alimentation
(calculé sur la base d’un coefficient de 1,55, correspondant à un niveau d’activité sédentaire). Dans tous les cas présentés, le manque de données ventilées en fonction de la profession et du niveau d’activité
par sexe et par groupes d’âge conduit à appliquer le même niveau d’activité physique à l’ensemble de la population. En conséquence, s’il est vrai que le seuil inférieur produit une estimation prudente de
l’insuffisance alimentaire, le seuil supérieur (correspondant à un coefficient d’activité de 2,25) entraîne presque certainement une surestimation de l’insuffisance alimentaire, même lorsqu’une bonne partie
de la population (mais pas l’ensemble de la population) réalise des activités physiques pénibles.
Source: FAO.

62 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Annex_fre.indd 62 21/12/2012 11:14:46


Annexe 2

appartenant au quintile des plus faibles revenus (les premiers sur la capacité à maintenir la stabilité des prix des denrées
20 pour cent) consacrent à leur alimentation. Il est calculé à partir alimentaires, dont le pays a fait montre dans le passé.
des données fournies par les enquêtes sur les dépenses des
ménages et vise à rendre compte des conséquences économiques ■■ Lectures utiles
de la hausse des prix des denrées alimentaires et de la pauvreté.
Une augmentation de la part des dépenses consacrée à A. Azzalini. 1985. A class of distributions which includes the
l’alimentation illustre les difficultés que rencontrent les familles normal ones. Scand. J. Statist., 12: 171-178.
pauvres qui s’efforcent de maintenir leur consommation C. Cafiero. 2012 (publication prochaine). Advances in hunger
alimentaire quand les prix des denrées augmentent ou que les measurement. Traditional FAO methods and recent innovations.
revenus diminuent, et qui sacrifient à cet effet d’autres dépenses, Global Food Security, 2012(1).
soit de consommation soit d’investissement. L.C. Smith et A. Subandoro. 2005. Measuring food security using
• Instabilité des prix des denrées alimentaires sur le household expenditure surveys. Food Security in Practice series.
marché intérieur. Il s’agit d’un indice qui évalue la variabilité Washington, DC, IFPRI.
de l’indice annuel du niveau des prix des aliments, en vue de L.C. Smith, H. Alderman et D. Aduayom. 2006. Food insecurity in
rendre compte des conséquences de tous les facteurs qui sub-Saharan Africa. New estimates from household expenditure
déterminent des déséquilibres locaux sur le marché des surveys. Research Report 146. Institut international de recherche
produits alimentaires. Associé aux deux autres indicateurs de sur les politiques alimentaires, Washington, D.C.
variabilité, relatifs à la production alimentaire et à la
disponibilité alimentaire dans le pays, il donne une indication

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 63

Sofi 12_Annex_fre.indd 63 21/12/2012 11:14:46


Annexe 3

Glossaire de termes et d’expressions utilisés dans le rapport


Anthropométrie. Utilisation de mesures du corps humain pour obtenir des Insuffisance pondérale. Poids insuffisant par rapport à l’âge chez les enfants
informations sur l’état nutritionnel. et IMC inférieur à 18,5 chez les adultes, qui s’explique par un apport
alimentaire insuffisant, des épisodes antérieurs de dénutrition ou une
Apport énergétique alimentaire. Quantité d’énergie fournie par la nourriture
mauvaise santé.
consommée.
Kilocalorie (kcal). Unité de mesure de l’énergie. Une kilocalorie vaut 1 000
Besoins énergétiques alimentaires. Quantité d’énergie alimentaire nécessaire
calories. Dans le Système international d’unités, l’unité universelle
pour entretenir les fonctions vitales, être en bonne santé et avoir une
d’énergie est le joule (J). Une kilocalorie = 4,184 kilojoules (kJ).
activité normale.
Macronutriments. Dans le présent document, il s’agit des protides, des
Besoins énergétiques alimentaires minimaux. Dans une catégorie donnée
glucides et des lipides dont le corps a besoin en grandes quantités et
de personnes de la même tranche d’âge et de même sexe, la quantité
qui peuvent être transformés en énergie. Ils sont mesurés en grammes.
minimum d’énergie alimentaire par personne, qui est jugée suffisante
pour couvrir les besoins énergétiques associés à une activité légère et Malnutrition. État physiologique anormal causé par des carences, des excès et
une bonne santé. À l’échelle de la population, les besoins énergétiques des déséquilibres dans l’alimentation (énergie, protéines et/ou autres
minimaux sont la moyenne pondérée des besoins énergétiques éléments nutritifs).
minimaux des différents groupes d’âge des deux sexes de la
population. Ils sont exprimés en kilocalories par personne et par jour. Micronutriments. Les vitamines, les minéraux et certaines autres substances
dont le corps a besoin en petites quantités. Ils sont mesurés en
Déficit énergétique alimentaire. Différence entre l’apport énergétique milligrammes ou en microgrammes.
alimentaire quotidien moyen d’une population sous-alimentée et ses
besoins énergétiques minimaux moyens. Retard de croissance. Taille insuffisante par rapport à l’âge, qui indique que le
sujet a traversé par le passé un ou plusieurs épisodes prolongés de
Dénutrition. Le résultat de la sous-alimentation ou de la mauvaise assimilation dénutrition.
et/ou l’utilisation biologique imparfaite des éléments nutritifs
consommés. Sécurité alimentaire. On parle de sécurité alimentaire quand, à tout moment,
l’ensemble de la population a un accès matériel, social et économique,
Dépérissement. Poids insuffisant par rapport à la taille, qui résulte à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante pour satisfaire
généralement de la perte de poids associée à une période de privation ses besoins énergétiques et ses préférences alimentaires et mener une
de nourriture ou une maladie récente. vie saine et active.

Disponibilité énergétique alimentaire. Quantité de nourriture disponible Sécurité nutritionnelle. On parle de sécurité nutritionnelle quand tous les
pour la consommation humaine, exprimée en kilocalories par personne membres des ménages ont un accès garanti à une alimentation
et par jour (kcal/personne/jour). À l’échelon d’un pays, on la calcule en suffisamment nutritive et, en même temps, à un environnement
déduisant de la production agricole tous les emplois autres que la salubre et à des services de santé et des soins propres à leur assurer
consommation alimentaire (exportations, alimentation des animaux, une vie saine et active. La sécurité nutritionnelle se distingue de la
usages industriels, semences et pertes). sécurité alimentaire par le fait qu’elle tient compte non seulement de
l’alimentation mais aussi de la santé, de l’hygiène et des pratiques en
État nutritionnel. Désigne l’état physiologique d’un individu, qui résulte du
matière de soins.
rapport existant entre les apports et les besoins en nutriments, et de
l’aptitude de l’organisme à digérer, assimiler et utiliser ces nutriments. Sous-alimentation. On parle de sous-alimentation quand l’apport alimentaire
est, en permanence, insuffisant pour couvrir les besoins énergétiques
Faim cachée. Désigne les carences en vitamines, en minéraux et en
alimentaires. On peut utiliser indifféremment l’expression faim
micronutriments. Les carences en micronutriments peuvent
chronique ou, comme dans le présent rapport, le terme faim.
compromettre la croissance, le système immunitaire, le développement
cognitif, la fécondité et l’aptitude au travail. Une personne qui souffre Suralimentation. Apport alimentaire qui dépasse en permanence les besoins
de faim cachée souffre de malnutrition sans avoir forcément une énergétiques alimentaires.
sensation de faim. Les carences en micronutriments peuvent aussi être
présentes chez les personnes qui souffrent de surcharge pondérale ou Surcharge pondérale et obésité. Masse corporelle supérieure à la normale en
d’obésité. raison d’une accumulation excessive de graisse. Cela indique
généralement une suralimentation. On considère qu’il y a surcharge
Insécurité alimentaire. On parle d’insécurité alimentaire quand on n’a pas un pondérale lorsque l’IMC est supérieur ou égal à 25 et inférieur à 30 et
accès garanti à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante obésité lorsque l’IMC est supérieur ou égal à 30.
pour permettre une croissance et un développement normaux et une
vie active et saine. Cette situation peut être due à la pénurie de
denrées alimentaires, à la faiblesse du pouvoir d’achat, à des
problèmes de distribution ou à une mauvaise utilisation des aliments
au niveau du ménage. L’insécurité alimentaire fait partie des causes
principales du mauvais état nutritionnel, au même titre que les
problèmes de santé, les mauvaises conditions d’assainissement et les
pratiques inadaptées en matière de soins et d’alimentation. L’insécurité
alimentaire peut être chronique, saisonnière ou passagère.

64 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Annex_fre.indd 64 21/12/2012 11:14:46


N O T E S
Aux fins du présent document, l’agriculture comprend tous les secteurs de production vivrière (culture, élevage, aquaculture, pêche et forêts).

1 J. Dreze et A. Sen, 2011. Putting growth in The Quarterly Journal of Economics, mondial pour la sécurité alimentaire et la
its place. Outlook, 14 novembre 2011 109(2): 465-490; T. Persson et nutrition. Deuxième projet, mai 2012, p. 6
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politics and economic growth. mondiale (CSA). 2012. Cadre stratégique (disponible à l’adresse http://www.

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 65

Sofi 12_Notes_fre.indd 65 20/12/2012 10:08:41


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Oxford University Press.
communicable diseases. The American perspective on poverty reduction in Brazil,
Journal of Clinical Nutrition, 84(2): China and India. World Bank Policy 50 L. Christiaensen et al. (2011) (voir
289-298. Research Working Paper No. 5080. note 10).
Washington, Banque mondiale.
26 M. Mazzocchi, et al. (2012) (voir note 15). 51 S. Wiggins et P.B.R. Hazell, 2008. Access to
39 A. de Janvry et E. Sadoulet, 2010. rural non-farm employment and
27 A.R. Omran, 1971. The epidemiologic Agricultural growth and poverty enterprise development. Document de
transition: a theory of the epidemiology reduction: additional evidence. The World travail pour le Rapport sur la pauvreté
of population change. The Milbank Bank Research Observer, 25(1): 1-20. rurale 2011. Rome, FIDA.
Memorial Fund Quarterly, 49(4): 509-38.
40 FAO. 2012. Decent rural employment for 52 S. Bhide et A.K. Mehta, 2006. Correlates
28 OMS. 2009. Global health risks: mortality food security: a case for action. Rome. of incidence and exit from chronic poverty
and burden of disease attributable to in rural India: evidence from panel data.
selected major risks. Genève, Suisse. 41 Institut de recherche des Nations Unies
In A.K. Mehta et A. Shepherd, eds.
pour le développement social (UNRISD).
29 OMS. 2012. Obésité et surpoids. Aide- Chronic poverty and development policy
2011. Combattre la pauvreté et l’inégalité:
in India, pp. 53-85. New Delhi, Sage
mémoire no 311. Genève, Suisse. Changement structurel, politique sociale
Publications.
et conditions politiques. Genève, Suisse.
30 Certains auteurs vont jusqu’à parler d’un
53 S. Wiggins et P.B.R. Hazell, 2008
triple fardeau de la malnutrition. Ils 42 A. de Janvry et E. Sadoulet (2010)
(voir note 51).
évoquent un troisième facteur, les (voir note 39).
carences en oligo-éléments, qui est à 54 FAO. 2003. Programme de lutte contre la
l’origine de diverses déficiences physiques 43 L’essentiel de la présente section repose
faim. Une action sur deux fronts pour
et cognitives. Voir A. Herforth, A. Jones et sur FAO. 2010. Politiques et institutions à
lutter contre la faim: les mesures à
P. Pinstrup-Andersen, 2012. Prioritizing l’appui des petites exploitations agricoles.
prendre en priorité dans les pays et au
nutrition in agriculture and rural Comité de l’agriculture de la FAO
niveau international. Rome.
development projects: guiding principles (COAG/2010/6). Vingt-deuxième session,
Rome, 16-19 juin 2010. 55 CSA (2012) (voir note 14).
for operational investments (disponible à
l’adresse http://dyson.cornell.edu/faculty_ 44 S. Fan et C. Chan-Kang, 2005. Is small 56 D. Bundy, C. Burbano, M. Grosh, A. Gelli,
sites/pinstrup/pdfs/wbdec2010.pdf). beautiful? Farm size, productivity, and M. Jukes et L. Drake, 2009. Repenser
poverty in Asian agriculture. Agricultural l’alimentation scolaire: Filets de protection
31 Pour obtenir des éléments supplémentaires
Economics, 32: 135-146. sociale, développement de l’enfant et
sur le double fardeau de la malnutrition,
voir The Chicago Council on Global éducation nationale, résumé du
45 Organisation des Nations Unies. 2012.
Affairs. 2011. Bringing agriculture to the document Rethinking school feeding:
L’avenir que nous voulons. Résultats de la
table: how agriculture and food can play a social safety nets, child development, and
Conférence des Nations Unies sur le
the education sector. Washington,
role in preventing chronic disease. développement durable (Rio+20)
Banque mondiale; S. Devereux,
Chicago, États-Unis d’Amérique. (disponible à l’adresse http://www.un.org/
R. Sabates-Wheeler, B. Guenther,
french/ga/search/view_doc.
32 J.L. Garrett et M.T. Ruel, 2005. Stunted A. Dorward, C. Poulton et R. Al-Hassan,
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child – overweight mother pairs: 2008. Linking social protection and
prevalence and association with economic 46 L’essentiel de la présente section repose support to small farmer development.
development and urbanization. Food and sur le Rapport sur la pauvreté rurale 2011 Rome, FAO; K. Greenblott, 2007.
Nutrition Bulletin, 26(2): 209-221. – Nouvelles réalités, nouveaux défis: de La protection sociale à l’ère du VIH/SIDA:
nouvelles chances pour la prochaine Examen du rôle des interventions
33 D. Headey, 2011. Turning economic génération. Fonds international de appuyées par une aide alimentaire. Étude
growth into nutrition-sensitive growth. développement agricole (FIDA). 2010. thématique n° 17. Rome, PAM.
Institut international de recherche sur les Rome.
politiques alimentaires (IFPRI). 57 H. Alderman et D. Bundy, 2012. School
2020 Conference: Leveraging Agriculture 47 B. Davis, P. Winters, G. Carletto, feeding programs and development:
for Improving Nutrition and Health, K. Covarrubias, E.J. Quiñones, A. Zezza, Are we framing the question correctly?
Conference Paper 6. New Delhi, K. Stamoulis, C. Azzarri et S. Di Giuseppe, Washington, The World Bank Research
10-12 février 2011. 2010. A cross-country comparison of rural Observer, 27(2): 204-221.
income generating activities. World
34 FAO. 2004. L’état de l’insécurité 58 L’analyse du Boston Consulting Group
Development, 38(1): 48-63. Voir aussi la
alimentaire dans le monde 2004 – Suivi montre qu’un investissement de 146 $EU
base de données RIGA sur les activités
des progrès accomplis en vue de la dans les programmes d’alimentation
rurales génératrices de revenus (disponible
réalisation des objectifs du Sommet scolaire au Kenya peut entraîner des gains
à l’adresse http://www.fao.org/economic/
mondial de l’alimentation et de la de productivité allant jusqu’à 1 782 $EU.
riga/activites-rurales-generatrices-de-
Déclaration du Millénaire. Rome. Voir S.W. Omamo, U. Gentilini et S.
revenus/fr/).
Sandström, eds. 2010. Revolution: From
35 L’essentiel du présent paragraphe repose 48 T.W. Schultz, 1964. Transforming traditional Food Aid to Food Assistance – innovations
sur les analyses formulées dans agriculture. New Haven, États-Unis in overcoming hunger. Rome, Programme
L. Christiaensen et al. (2011) d’Amérique, Yale University Press. alimentaire mondial.
(voir note 10).
49 S. Haggblade, P.B.R. Hazell et P.A. Dorosh, 59 Les subventions sont surtout utiles pour
36 L’essentiel du présent paragraphe repose 2007. Sectoral growth linkages between les aliments de moindre valeur, c’est-à-
sur les analyses formulées dans agriculture and the rural nonfarm dire pour ceux dont la consommation
L. Christiaensen et al. (2011) (voir note 10) economy. In S. Haggblade, P.B.R. Hazell et baisse avec l’augmentation du revenu.

66 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Notes_fre.indd 66 20/12/2012 10:08:41


Toutefois, dans la plupart des pays, il est 70 J.M. Agüero, M.R. Carter et I. Woolard, politiques alimentaires; E. Galasso, 2006.
difficile de repérer ces aliments. Il faut 2007. The impact of unconditional cash With their effort and one opportunity:
donc adopter une approche qui permette transfers on nutrition: the South African alleviating extreme poverty in Chile.
de les différencier sur la base de la qualité child support grant. Working Paper No. 39. Manuscrit non publié. Washington, Banque
ou du conditionnement afin d’essayer New York, États-Unis d’Amérique, Centre mondiale; E. Skoufias, et V. di Maro, 2006.
d’écarter les foyers les plus aisés du international pour l’action en faveur des Conditional cash transfers, adult work
bénéfice de la subvention. pauvres, Programme des Nations Unies incentives, and poverty. Policy Research
pour le développement. Working Paper 3973. Washington, Banque
60 L. Tuck et K. Lindert, 1996. République mondiale; E. Edmonds et N. Schady, 2008.
tunisienne – D’une subvention alimentaire 71 Différents types de filets de sécurité Poverty alleviation and child labor.
universelle à un programme auto-ciblé. (décrits précédemment) peuvent aussi Policy Research Working Paper 4702.
Rapport no 15878-TUN. Washington, permettre de combler les creux que l’on Washington, Banque mondiale;
Banque mondiale. observe dans la figure 19. V. Amarante, et A. Vigorito, 2011. Cash
61 L’outil ASPIRE, mis en ligne par la Banque 72 M. Hellmuth, D. Osgood, U. Hess, transfer programmes, income inequality
mondiale, permet d’obtenir les estimations A. Moorhead et H. Bhojwani, 2009. Index and regional disparities. The case of the
les plus récentes sur la protection sociale Insurance and climate risk: prospects for Uruguayan Asignaciones Familiares.
et la promotion du travail. Il rassemble development and disaster management. Cambridge Journal of Regions, Economy
des données provenant de 57 pays – Centre international de recherché pour le and Society, 4(1): 139-154; M.L. Alzúa,
dont la plupart appartiennent au monde climat et la société (IRI) No. 2. New York, G. Cruces et L. Ripani, 2010. Welfare
en développement – pour la période États-Unis d’Amérique, Columbia programs and labor supply in developing
2005-2010. University. countries: experimental evidence from
Latin America. CEDLAS Working Paper 95.
62 Déclaration universelle des droits de 73 N. Balzer et U. Hess, 2010. Climate change La Plata, Argentine, Universidad Nacional
l’homme; Pacte international relatif aux and weather risk management: evidence de La Plata.
droits économiques, sociaux et culturels; from index-based insurance schemes in
China and Ethiopia. In S.W. Omamo, 78 J.E. Todd, P. Winters et T. Hertz, 2010.
Convention no 102 concernant la sécurité
U. Gentilini et S. Sandström, eds. Conditional cash transfers and agricultural
sociale (norme minimum) de
Revolution: from food aid to food production: lessons from the
l’Organisation internationale du Travai.
assistance – innovations in overcoming Oportunidades experience in Mexico.
63 H. Alderman et R. Yemtsov, 2012. Productive hunger, pp. 103-122. Rome, PAM. Journal of Development Studies,
role of safety nets. Social Protection and 46(1): 39-67; P.J. Gertler, S.W. Martinez,
Labor Discussion Paper No. 1203. 74 Si on prend 2009 comme année de et M. Rubio-Codina, 2012. Investing cash
Document de travail pour la Stratégie 2012- référence, on constate que les transfers to raise long-term living
2022 de la Banque mondiale en matière de rendements de teff obtenus par les standards. American Economic Journal:
travail et de protection sociale. Washington, agriculteurs ayant ensuite contracté une Applied Economics, 4(1): 164-192.
Banque mondiale. assurance représentaient 86 pour cent de
79 S. Handa, B. Davis, M. Stampini et
ceux obtenus par les agriculteurs n’ayant
64 A.M. Warner, 2010. Cost–benefit analysis P. Winters, 2010. Heterogeneous
pas contracté d’assurance. En 2010, les
in World Bank projects. Groupe treatment effects in conditional cash
rendements obtenus par ceux qui avaient
d’évaluation indépendant. Washington, transfer programmes: assessing the
contracté une assurance représentaient
Banque mondiale. impact of Progresa on agricultural
de 476 pour cent de ceux des agriculteurs
households. Journal of Development
65 L. Brown et U. Gentilini, 2007. On the n’ayant pas contracté d’assurance.
Effectiveness, 2(3): 320-335.
edge: the role of food-based safety nets in 75 H. Djebbari et N.B. Hassine, 2011.
helping vulnerable household manage food 80 K. Covarrubias, B. Davis et P. Winters,
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insecurity. In B. Guha-Khasnobis, 2012. From protection to production:
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et N. Schady, 2009. Conditional cash
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pauvreté actuelle et future. Washington, 76 A. Barrientos, 2012. Social transfers and 82 G. Berhane, J. Hoddinott, N. Kumar et
Banque mondiale. growth: What do we know? What do we A.S. Taffesse, 2011. The impact of Ethiopia’s
need to find out? World Development productive safety nets and household asset
68 Le poids en fonction de l’âge donne un 40(1): 11-20; B. Davis, G. Carletto et building programme: 2006-2010.
aperçu des effets à court terme d’une P. Winters, 2010. Migration, transfers and Washington, Institut international de
meilleure alimentation; la taille en economic decision making among recherche sur les politiques alimentaires.
fonction de l’âge donne des indications agricultural households. Introduction du
sur les effets à long terme. numéro spécial, Journal of Development 83 Voir, par exemple, Banque mondiale (2008)
Studies, 46(1), janvier. (voir note 37); X. Diao, D. Headey et
69 S. Bailey et K. Hedlund, 2012. The impact M. Johnson, 2008. Toward a green
of cash transfers on nutrition in 77 S.W. Parker, et E. Skoufias, 2000. revolution in Africa: What would it achieve,
emergency and transitional contexts: a The impact of PROGRESA on work, leisure, and what would it require? Agricultural
review of evidence. Londres, Overseas and time allocation. Washington, Institut Economics, 39(S1): 539-550;
Development Institute. international de recherche sur les G. Toenniessen, A. Adesina et J. DeVries,

L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 67

Sofi 12_Notes_fre.indd 67 20/12/2012 10:08:41


2008. Building an alliance for a Green 91 La méthode généralement adoptée par la 96 J. Gustavsson, C. Cederberg, U. Sonesson,
Revolution in Africa. Annals of the New York FAO pour estimer la sous-alimentation R. van Otterdijk et A. Meybeck, 2011.
Academy of Sciences, 1136: 233-242. jusqu’à l’édition 2011 de L’état de Global food losses and food waste:
l’insécurité alimentaire dans le monde est extent, causes and prevention. Étude
84 M. Johnson, P. Hazell, et A. Gulati, 2003.
résumée dans une note technique menée pour le Congrès international
The role of intermediate factor markets in
détaillée et en anglais qui peut-être « Save Food! » à Interpack 2011,
Asia’s Green Revolution: Lessons for
consultée en ligne à l’adresse http://www. Düsseldorf, Allemagne. Rome, FAO.
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fao.org/publications/sofi/fr/. On peut aussi
Economics, 85(5): 1211-1216. 97 FAO. 1996. La sixième enquête mondiale
obtenir une description de cette méthode
sur l’alimentation 1996. Rome.
85 A. Zezza, P. Winters, B. Davis, G. Carletto, dans L. Naiken, 2003. Méthodologie de la
K. Covarrubias, L. Tasciotti et E. Quiñones, FAO pour estimer la prévalence de la 98 Comme la distribution log-normale est
2011. Rural household access to assets sous-alimentation - dans Mesure et caractérisée par seulement deux
and markets: a cross-country comparison. Évaluation des pénuries alimentaires et de paramètres (μ et σ), le coefficient
European Journal of Development la dénutrition. Sommaire des débats du d’asymétrie est une simple fonction
Research, 23: 569-597. Colloque scientifique international, Rome, monotone de l’écart-type
26-28 juin 2002 (texte complet en
86 Pour un exemple dans le cadre de
anglais: http://www.fao.org/docrep/005/ ,
l’Amérique latine, voir E. Sadoulet, A. de
Y4249E/y4249e06.htm). et peut être exprimé de façon satisfaisante
Janvry et B. Davis, 2001. Cash transfer
with income multiplier: PROCAMPO in comme une fonction du coefficient de
92 Voir http://www.fao.org/cfs/cfs-home/
Mexico. World Development, variation, selon la formule suivante:
cfsroundtable1/fr/
29(6): 1043-1056.
93 Voir CSA. 2011. Résultats de la table ronde .
87 L. Brown et U. Gentilini (2007) chargée d’examiner les méthodes Par conséquent, si on adopte un modèle
(voir note 65). d’estimation du nombre de personnes log-normal, l’écart-type ne peut pas être
souffrant de la faim (disponible à l’adresse modifié indépendamment du coefficient
88 G. Berhane, J. Hoddinott, N. Kumar et
http://www.fao.org/docrep/meeting/023/ de variation.
A.S. Taffesse, 2011. The impact of Ethiopia’s
Productive Safety Nets and Household Asset mc204F.pdf). 99 Les besoins en énergie étant indiqués en
Building Programme: 2006-2010. 94 Voir http://esa.un.org/wpp/index.htm. fonction de la masse corporelle, on a utilisé
Washington, Institut international de la taille médiane d’un individu au sein d’un
recherche sur les politiques alimentaires. 95 Voir R. Sibrián, J. Komorowska et groupe pour estimer la masse corporelle
J. Mernies, 2006. Estimating household minimum compatible avec la situation
89 R. Holzmann, ed. 2009. Social protection
and institutional food wastage and losses sanitaire de l’individu type de ce groupe.
and labor at the World Bank, 2000-08.
in the context of measuring food On a retenu le poids qui correspond à un
Washington, Banque mondiale.
deprivation and food excess in the total indice de masse corporelle égal au
90 Gouvernement éthiopien. 2009. Food population. Document de travail no ESS/ cinquième centile de la distribution des
Security Programme 2010-2014. ESSA/001e de la Division de la statistique. indices de masse corporelle normaux (selon
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■■ Notes et sources des encadrés

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68 L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012

Sofi 12_Notes_fre.indd 68 20/12/2012 10:08:41


N O T E S
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Nasreen, J. Hoddinott et E. Bryan, 2009. M. Nasreen, J. Hoddinott et E. Bryan, Programme. Public Policy Brief 101. New
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11. H.E. Bouis et J. Hunt, 1999. Linking during early childhood on economic inequality, risk and vulnerability in the rural
food and nutrition security: past lessons productivity in Guatemalan adults. economy: re-focusing the public works
and future opportunities. Asian The Lancet, 371: 411-416; J.R. Behrman, agenda to take account of economic and
Development Review, 17(1/2): 168-213. S. Duryea et J. Maluccio, 2008. social risks. Background report for SOFA
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transfers to protect dietary diversity J.R. Behrman, M.C. Calderno, disasters. InFocus Programme on Crisis
during food crises? Estimates from J. Hoddinott, J. Hoddinott, R. Martorell, Response and Reconstruction Working
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l’adresse http://ebookbrowse.com/gdoc. Encadré 11: 1. K. Subbarao, 2003. Chocs energy expenditure, fertility, and
php?id=165494341&url=44b28e9a058c2 systémiques et protection sociale: le rôle nutritional status in Ghana. Washington,
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L’ÉTAT DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LE MONDE 2012 69

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Cover-inside 2012 French.pdf 1 21/12/2012 22:18

Principaux messages NOTES de l’Annexe 1

Les pays révisent leurs statistiques officielles régulièrement pour les périodes Kirghizstan, Lesotho, Malawi, Mali, Mongolie, Népal, Niger, Ouganda,
passées ainsi que pour les périodes les plus récentes couvertes par le Ouzbékistan, Paraguay, République centrafricaine, République
rapport. Il en va de même pour les données démographiques des Nations démocratique populaire lao, République de Moldova, Rwanda,
Unies. Dans ce cas, la FAO révise ses propres estimations de la Swaziland, Tadjikistan, Tchad, Turkménistan, Zambie, Zimbabwe.
sous-alimentation en conséquence. Les lecteurs sont donc invités à 8. Comprend les pays suivants: Antigua-et-Barbuda, Antilles
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 La croissance agricole est un outil particulièrement considérer l’évolution des estimations dans le temps en utilisant une même néerlandaises, Bahamas, Barbade, Belize, Cap-Vert, Comores, Cuba,
présente de nouvelles estimations du nombre et de efficace de lutte contre la faim et la malnutrition. La édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde et à éviter de Dominique, Îles Fidji, Grenade, Guinée-Bissau, Guyane, Haïti,
la proportion de personnes sous-alimentées à partir plupart des personnes vivant dans une pauvreté extrême comparer les données publiées dans des éditions des autres années. Jamaïque, Kiribati, Maldives, Maurice, Nouvelle-Calédonie,
de 1990, définies du point de vue de la répartition sont tributaires de l’agriculture et d’activités connexes et Papouasie-Nouvelle-Guinée, Polynésie française, République
des disponibilités énergétiques alimentaires. En en tirent une partie importante de leurs moyens 1. Objectif du Sommet mondial de l’alimentation: réduire de moitié, dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie,
2010–2012, la sous-alimentation chronique touche d’existence. La croissance agricole mobilisant les petits entre 1990-1992 à 2015, le nombre de personnes sous-alimentées. Saint-Vincent/Grenadines, Îles Salomon, Samoa, Sao Tomé-et-Principe,
encore un nombre inacceptable de personnes – près exploitants, et en particulier les femmes, sera un outil 2. Objectif du Millénaire pour le développement 1, cible 1C: réduire de Seychelles, Suriname, Timor-Leste, Trinidad and Tobago, Vanuatu.
de 870 millions dans le monde. Selon les estimations, d’autant plus efficace de lutte contre l’extrême pauvreté moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre 9. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina
de la faim. Indicateur 1.9: Proportion de la population n’atteignant Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Érythrée, Éthiopie, Gambie,
l’écrasante majorité – quelque 850 millions de personnes, et la faim, qu’elle permettra d’accroître les revenus du
pas le niveau minimal d’apport calorique (sous-alimentation). Les Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kenya, Kirghizstan, Libéria, Madagascar,
soit un peu moins de 15 pour cent de la population – travail et de créer des emplois pour les pauvres.
résultats, obtenus à l’aide d’une méthodologie harmonisée, se basent Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger,
vivent dans des pays en développement. sur la moyenne sur trois ans des dernières données disponibles à Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du
La croissance économique et agricole devrait l’échelle mondiale. Il se peut que certains pays disposent de données Congo, République démocratique populaire de Corée,
L’évolution favorable, à partir de 1990, des prendre en compte des considérations plus récentes qui, si elles étaient utilisées, pourraient donner des République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sierra Leone, Somalie,
estimations de la sous-alimentation, laisse penser nutritionnelles. La croissance doit aboutir à une estimations différentes de la prévalence de la sous-alimentation, et par Tadjikistan, Tchad, Togo, Zimbabwe.
qu’en matière de lutte contre la faim, les progrès amélioration de la nutrition en donnant aux pauvres les conséquent, des progrès réalisés. 10. Comprend les pays suivants: Albanie, Arménie, Belize, Bolivie (État
enregistrés ont été plus prononcés que ce qu’on moyens de mieux diversifier leur alimentation, en 3. La période la plus récente couverte par les estimations du rapport est plurinational de), Cameroun, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti,
pensait auparavant. améliorant l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et 2010-2012, et la période de référence est 1990-1992. Pour les pays Égypte, El Salvador, Fidji, Géorgie, Ghana, Guatemala, Guyane,
aux services de santé, en sensibilisant les consommateurs qui n’existaient pas pendant la période de référence, la proportion Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie, Iraq, Kiribati, Lesotho,
1990-1992 de personnes sous-alimentées correspond repose sur celle Mongolie, Maroc, Nicaragua, Nigéria, Ouzbékistan, Pakistan,
Cependant, c’est surtout avant 2007–2008 que les à une bonne nutrition et aux soins appropriés à donner
de 1993-1995, et le nombre de personnes sous-alimentées est calculé Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Philippines, République arabe
progrès mondiaux en matière de réduction de la aux enfants et en assurant une distribution ciblée de
en à partir de la population en 1990-1992 et de cette proportion. syrienne, République démocratique populaire lao, République de
faim ont été faits. Ils ont ensuite accusé un suppléments dans les situations de carences graves en 4. Les symboles et les couleurs indiquent les résultats qui devraient être Moldova, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sri Lanka, Soudan,
ralentissement et un tassement. micronutriments. Une fois établie, la bonne nutrition est, obtenus d’ici à 2015, si la tendance actuelle se poursuit: Swaziland, Territoire palestinien occupé, Timor-Leste, Ukraine,
C
à son tour, un moteur essentiel d’une croissance Vanuatu, Viet Nam, Yémen, Zambie.
Objectif du Sommet Objectifs du Millénaire
M Les nouvelles estimations impliquent que la cible de économique durable. 11. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina
mondial de l’alimentation pour le développement
Y
l’Objectif du Millénaire pour le développement Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Comores, Congo, Côte
Changement compris A déjà atteint la cible ou d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Géorgie, Ghana,
(OMD) relative à la réduction de moitié de la La protection sociale est décisive pour accélérer la
dans une fourchette devrait l’atteindre d’ici à 2015, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie,
CM
prévalence de la sous-alimentation dans les pays en lutte contre la faim. Premièrement, elle peut protéger
de ± 5% ou prévalence < 5% Iraq, Kenya, Kiribati, Kirghizstan, Lesotho, Libéria, Madagascar,
MY développement pour 2015 peut être atteinte, pour les plus vulnérables, qui n’ont pas bénéficié de la
Chiffre en baisse Progrès insuffisants pour Malawi, Mali, Mauritanie, Mongolie, Mozambique, Népal, Nicaragua,
autant que l’on fasse le nécessaire pour inverser le croissance économique. Deuxièmement, si elle est
CY
de plus de 5% atteindre la cible si les tendances Niger, Nigéria, Ouganda, Ouzbékistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée,
ralentissement tendanciel que l’on observe depuis structurée de manière appropriée, elle peut contribuer *
Objectif atteint Aucun progrès, ou détérioration
Philippines, République centrafricaine, République démocratique du
CMY
2007–2008. directement à l’accélération de la croissance économique Congo, République démocratique populaire de Corée, République
de la situation
K grâce à la valorisation des ressources humaines et au démocratique populaire lao, République de Moldova, République-Unie
Si la FAO a sensiblement amélioré cette année sa renforcement des capacités des pauvres, en particulier les Chiffre en augmentation
de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone,
méthode d’estimation de la sous-alimentation, il lui petits exploitants, en matière de gestion des risques et de plus de 5%
Somalie, Sri Lanka, Soudan, Syrie, Tadjikistan, Tchad, Timor-Leste,
ne Non évalué
reste cependant à apporter d’autres améliorations d’adoption de technologies améliorées, à productivité Togo, Yémen, Zambie, Zimbabwe.
et à parfaire les données dont elle a besoin pour plus élevée. 12. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau: le
5. Les pays, régions et territoires pour lesquels des données insuffisantes
appréhender les effets des brusques variations des Cap-Vert, les Comores, Djibouti, la Guinée-Bissau, le Gabon, la
étaient disponibles pour conduire l’évaluation ne sont pas pris en
prix des denrées alimentaires et des autres chocs Pour accélérer la réduction de la faim, il faut que la Gambie, le Lesotho, la Mauritanie, Maurice, la République
compte. Il s’agit des pays, régions et territoires suivants: Andorre,
démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, les Seychelles, la
économiques. Par conséquent, les estimations de la croissance économique soit doublée d’une action Anguilla, Aruba, Bahreïn, Bhoutan, Îles Caïman, Îles Canton et
Somalie et le Swaziland.
sous-alimentation ne prennent pas en compte l’ensemble volontariste et déterminante des pouvoirs publics. Enderbury, Île Christmas, Îles des Cocos (Keeling), Îles Cook, Guinée
13. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend
des effets sur la faim des brusques hausses des prix de Les politiques et programmes publics doivent être équatoriale, Îles Falkland (Malvinas), Îles Féroé, Gibraltar, Groenland,
l’Afghanistan et les Maldives.
2007–2008, ni le ralentissement de l’économie que créateurs d’un environnement propice à une croissance Guadeloupe, Guam, Guyane française, Île Johnston, Liechtenstein, Îles
14. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Brunéi
Marshall, Martinique, Micronésie (États fédérés de), Île Midway,
connaissent certains pays depuis 2009, à plus forte raison économique à long terme en faveur des pauvres. Un Darussalam, le Myanmar et le Timor-Leste.
Monaco, Nauru, Nioué, Île Norfolk, Îles Mariannes du Nord, Oman,
les récentes hausses des prix. On a également besoin environnement porteur comporte la fourniture de biens et 15. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend l’Iraq et le
Palau, Îles Pitcairn, Porto Rico, Qatar, la Réunion, Sainte-Hélène,
d’autres indicateurs pour pouvoir évaluer de façon plus services publics pour le développement des filières de Territoire palestinien occupé.
Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Marin, Saint-Siège, Samoa américaines,
complète la sous-alimentation et la sécurité alimentaire. production, un accès équitable des pauvres aux 16. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau:
Singapour, Territoire britannique de l’océan Indien, Tokélaou, Tonga,
ressources, la dévolution de pouvoirs aux femmes et la Antigua-et-Barbuda, les Antilles néerlandaises, les Bahamas, la
Îles Turques et Caïques, Tuvalu, Îles Vierges américaines, Îles Vierges
Pour que la croissance économique se traduise par conception et la mise en place de systèmes de protection Barbade, la Grenade, la Dominique, la Jamaïque, Sainte-Lucie,
britanniques, Île de Wake, Îles Wallis et Futuna, Sahara occidental.
Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines et
une amélioration de la nutrition des plus démunis, il sociale. Pour être efficaces, ces politiques et programmes
Trinité-et-Tobago.
faut que les pauvres soient parties prenantes au doivent s’appuyer sur un système amélioré de Pays composant les groupements spéciaux:
17. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Belize, la
processus de croissance et qu’ils en bénéficient: i) la gouvernance, reposant sur la transparence, la 6. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Guyane, et le Suriname.
croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir jusqu’à participation, l’obligation de rendre compte, l’état de Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Djibouti, Érythrée, 18. Comprend les Îles Fidji, Kiribati, la Nouvelle-Calédonie, la
eux; ii) les pauvres doivent utiliser leur revenu droit et le respect des droits de l’homme. Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kiribati, Lesotho, Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Polynésie française, les Îles Salomon,
supplémentaire pour améliorer quantitativement et Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Samoa et Vanuatu.
qualitativement leur alimentation et accéder à de Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine,
meilleurs services de santé et iii) les gouvernements République démocratique du Congo, République démocratique
populaire lao, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Îles Salomon, CLÉ
doivent destiner les ressources publiques supplémentaires
Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan,
à des biens et services publics profitant aux pauvres et aux < 0,5 nombre de personnes sous-alimentées inférieur à 0,5 million
Tchad, Timor-Leste, Togo, Vanuatu, Yémen, Zambie.
personnes souffrant de la faim. < 5 proportion de personnes sous-alimentées inférieure à 5 pour cent
7. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan,
nd données non disponibles
Bolivie (État plurinational de), Botswana, Burkina Faso, Burundi,
ns non significatif au plan statistique.
Éthiopie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Kazakhstan,
2012
L’état de
l’insécurité alimentaire

2012
dans le monde

La croissance économique est nécessaire mais elle


n’est pas suffisante pour accélérer la réduction de la
faim et de la malnutrition

L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde 2012 présente de nouvelles


estimations de la sous-alimentation, calculées au moyen d’une méthode révisée et
améliorée. D’après ces nouvelles estimations, la lutte contre la faim menée ces
vingt dernières années a donné de meilleurs résultats que ce que l'on pensait. Si
l’on redouble d'efforts, la cible correspondante des Objectifs du Millénaire pour le
développement pourrait être atteinte au niveau mondial d'ici à 2015. Le nombre
de personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique reste cependant à un
niveau inacceptable et l'éradication de la faim demeure un enjeu mondial majeur.
Cette année, le rapport montre aussi en quoi la croissance économique
contribue à la lutte contre la sous-alimentation. La croissance est un outil efficace
de lutte contre la pauvreté et la faim dès lors qu’elle crée des emplois et des
sources de revenus dont les pauvres peuvent profiter. Une croissance agricole
durable, en particulier, a souvent des retombées sur les pauvres, parce que la
plupart de ceux qui sont touchés par la pauvreté et la faim vivent en zone rurale,
en grande partie de l'agriculture. La croissance ne contribuera pas pour autant à
améliorer la nutrition pour tous. Pour qu’elle y contribue, les politiques et les
programmes de croissance doivent aussi promouvoir la diversification de
l'alimentation, l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et aux services de santé,
et l'éducation des consommateurs en matière de nutrition et de soins aux enfants.
Il faut du temps pour que la croissance économique atteigne les pauvres et,
parfois, elle n’arrive jamais jusqu’aux plus pauvres. Il est donc crucial de recourir à L’état de
des mécanismes de protection sociale pour éliminer la faim aussi rapidement que
possible. D’ailleurs, s'ils sont bien conçus, de tels mécanismes favorisent aussi la
croissance économique, car ils permettent d’accroître le capital humain et aident
l’insécurité alimentaire
dans le monde
les agriculteurs à maîtriser suffisamment les risques pour être en mesure d'adopter
des techniques modernes. Enfin, pour que la lutte contre la faim progresse
rapidement, les gouvernements doivent fournir les biens et les services publics
essentiels, dans le cadre d'un système de gouvernance qui soit fondé sur la
transparence, la participation, l'obligation de rendre des comptes, l'état de droit et
le respect des droits de l'homme.
La croissance économique est nécessaire mais elle
n’est pas suffisante pour accélérer la réduction de la
faim et de la malnutrition

Photos de la couverture: Toutes les photos proviennent de la Médiabase de la FAO

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