ACTE V : LA GAZETTE DE CYRANO (p.

374-418)

Remarques d'ensemble
Acte court par rapport aux autres mais capital quant à l'intrigue = acte bilan/révélation
15 ans après les quatre premiers actes →1655 → rupture : transformations des personnages (Roxane/de Guiche/Cyrano)
Roxane : précieuse → recluse
théâtre (= lieu foisonnant, de plaisir) → couvent (= lieu austère invitant à la méditation, au recueillement)
Lien persos/lieux
Redevient « Madeleine » : allusion biblique évidente = prostituée qui se repent + pleurer comme une madeleine
Quitte son nom de « scène ». Retour aux origines.
Automne = saison symbolique = mélancolie = temps des souvenirs = regrets
Acte des pleurs et des adieux.

Scène Résumé Commentaires

1 Des religieuses se disputent entre elles. Mère supérieure les
réprimande.
Discutent de Cyrano.
On apprend qu'il rend visite à Roxane tous les samedis depuis
dix ans = rituel
Devenu « pauvre ».
2 Roxane et le Duc de Gramont entrent en scène et dialoguent.
Par la parole, le souvenir de Christian rejaillit.
Temps figé : revivre sans cesse le passé. Christian = fantôme
(« il n'est mort qu'à demi. »/ « Son amour flotte autour de moi,
vivant ! »)
Arrivée de Le Bret qui se lamente sur le sort de son ami → n'a
pas changé : « Il attaque les faux nobles, les faux dévots, les
faux braves, les plagiaires, tout le monde. »
Le Duc critique Cyrano → « Ne le plaignez pas trop. »
et en même temps « l'envie ».
Début de la scène anecdotique. Religieuses se comportent
comme des enfants.
Cyrano = moteur de la conversation, occupe les pensées des
religieuses.
Concert d'éloges : « Il est si drôle ! Il est gentil ! Nous
l'aimons bien ! »
Jeu sur les adverbes : Toujours en deuil ? Toujours.//Aussi
fidèle ? Aussi.
Système d'échos : parole minimale mais significative.
Pourquoi Cyrano vient-il ? Chargé de tenir Roxane au courant
de ce qui passe à Paris.
Roxane = nouvelle Pénélope (cf « tapisserie éternelle »)
attendant le retour de son héros. Importance de l'épithète →
évoque plutôt l'amour de Roxane pour Christian.
 Prédit la mort de Cyrano : « Ce Cyrano pourrait mourir d'un
accident ».
Mention de Ragueneau. Interrogations sur son nouveau métier Annonce d'un malheur ?
puis arrivée du perso qui entre « précipitamment ».
Roxane sort de scène
3 Dialogue Le Bret/Ragueneau
L'ancien pâtissier annonce « l'accident » de Cyrano : une bûche « Hasard » ou tentative de meurtre ? Accident un brin ridicule.
lui est tombée sur la tête !
Se précipitent pour tenir compagnie à leur ami.
Roxane reste seule sur scène : malentendu. Mise à l'abri de cette
affreuse nouvelle.
4 Roxane attend la venue de son cousin.
5 Scène CAPITALE
Arrivée de Cyrano : dialogue à double niveau.
« Peut-être un peu plus tôt faudra-t-il que je parte. » →
polysémie du verbe « partir » = 1)Quitter un lieu. 2)Mourir (=
euphémisme)
Cyrano continue d'assurer le spectacle et de divertir son public,
ici Sœur Marthe. Variations vocales (« avec une grosse voix
comique », « d'une voix fanfaronne », « avec une fureur
bouffonne »)
Héros de + en + mal en point → dégradation physique (« de +
en + pâle, luttant contre la douleur ; « dont le visage s'altère de +
en + » ; « Il ferme les yeux. Sa tête tombe. Silence. »
Lecture de l'ultime lettre de « Christian ». Roxane commence à
entrevoir la vérité.
Tandis que Cyrano déclame le contenu de la lettre, Roxane
exprime son « trouble ». Répliques de longueur inégale.
Roxane se répète et laisse ses phrases en suspens, inachevées :
Signes néfastes : retard de Cyrano, feuille « morte » tombée
sur le métier...
Roxane ne mesure pas la gravité de la situation.
Du point de vue de la position des personnages, Roxane
tourne le dos à Cyrano (« sans se retourner). Elle ne peut donc
pas voir le teint « très pâle » de son ami.
Didascalies abondent dans ce sens : « ton d'amicale
gronderie », « distraite », « légèrement » alors que Cyrano
joue un rôle pour ne pas effrayer sa cousine (« voix gaie,
contrastant avec son visage. »)
Métaphore de la feuille qui tombe → annonce la mort
prochaine de Cyrano qui souhaite partir en beauté (« Que cette
chute ait la grâce d'un vol. »
« C'est fini. » : écho fin acte IV lorsque Cyrano apprend que
Christian meurt et qu'il ne peut pas avouer la vérité à Roxane.
Tragique.
Cyrano est un être de parole. Roxane se retourne enfin quand
elle n'entend plus le son de sa voix.
Rôle dramatique de la nuit : crée d'une part une ambiance
 « Vous la lisez... d'une voix... » intime, propice aux révélations et permet d'autre part de
Roxane répète : « C'était vous. ». Cyrano refuse l'évidence (« se comprendre à Roxane que Cyrano est l'auteur de cette lettre
débattant. C'était l'autre ! ») par fidélité envers son ami mort. (« Comment pouvez-vous lire à présent ? Il fait nuit. »)
« Le crépuscule commence à venir. La nuit vient
insensiblement. L'ombre augmente. L'ombre complètement
venue. » : la montée en puissance de l'obscurité correspond à
l'ampleur de la prise de conscience de Roxane.
Rappel, en contrepoint, de la scène du balcon où la nuit est la
complice de Cyrano/Christian. Lien avec les déclarations
amoureuses.
Roxane est dans l'affirmation alors que Cyrano est dans la
réfutation. Les deux persos ne sont pas sur la même longueur
d'onde (aveu de la lettre).
6 Retour sur scène de Le Bret et Ragueneau Référence à Molière qui aurait plagié une scène d'une pièce de
Nouvelle révélation pour Roxane : apprend la mort imminente Cyrano (la galère dans LFDS) : anachronisme.
de son cousin. Rival illustre.
Annonce sa propre agonie (« Le destin est railleur. ») La lune comme paradis. Idée d'un au-delà apaisant.
+ épitaphe qui résume les différentes facettes du perso « qui fut Retrouvailles avec des savants et des philosophes
tout, et qui ne fut rien ». (Socrate/Galilée/Copernic) : délire final de Cyrano.
Ultime bravade face à la mort. Didascalie : cloches de la chapelles ayant tinté → solennité
La pièce se termine sur le mot « panache » = « ce qui a de de la scène
l'éclat, de l'allure ». Cyrano fait donc une sortie remarquée. Scène émouvante, pathos : « Ragueneau, ne pleure pas si
fort ! », « RAGUENEAU, à travers ses larmes,
sanglotant » « LE BRET, fondant en larmes » ; les pleurs de
Roxane »