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Etude de texte n°8 : Cyrano de Bergerac, acte III scène 7, le balcon

Introduction :

Ce texte est un extrait de la scène 7 de l'acte III de Cyrano de Bergerac, une pièce de théâtre d'Edmond
Rostand écrite en 1897.

Cette pièce comporte 5 actes en alexandrins qui reprend certain code du romantisme bien qu'elle soit
présenté par son auteur comme une "comédie héroïque".

Cette pièce met en scène Cyrano, un personnage disgracieux sur le plan physique mais excellent orateur qui
brille par son talent et sa bravour.

C'est nottament parce qu'il mani bien l'art du langage que Christian un jeune soldat beau mais sans esprit
demande l'aide de Cyrano afin de courtiser Roxane.

Ainsi Roxane est séduite par les lettres d'amour signé par Christian mais écrites par Cyrano.

Dans cet extrait, Christian est caché sous le balcon de Roxane et tente de lui déclarer sa flamme mais il
bredouille et Cyrano le remplace grâce à l'obscurité de la nuit.

Ainsi la déclaration fonctionne sur le mode de la double énonciaiton : Cyrano parle au nom de Christian,
mais ces propres émotions trahisse son discour.

[Lecture texte]

Problématique : En quoi ce discours amoureux souligne la situation tragique du personnage ?

Plan :

I) Cyrano recherche un language adéquat pour dire l'amour

II) Un discour qui trahit l'intensité et la sincérité de sentiments

III) Un amour caché aux dimensions tragiques


I) Cyrano recherche un language adéquat pour dire l'amour ( V 1 à V 24)

A) Un refus du langage de l'amour précieux

V 2 : « Cyrano : Ah ! si, loin des carquois, des torches et des flèches, »


- Cyrano se moque des clichés de la guerre
- lexique de la chasse
- métaphore de la chasse amoureuse => réthorique (= art de bien parler) galante

V 6 : « D’abord, mais maintenant ce serait insulter »


► employer un language précieux gacherait le moment qu'il partage avec Roxane

V 8 : « Que de parler comme un billet doux de Voiture ! »


- le poète précieux du XVIIe siècle "Voiture" devient alors un contre modèle
- selon Cyrano : les images soignées et le lexiquer recherché sont appréciable en littérature mais inutiles dans
les relations amoureuses

V 10 : « Nous désarmer de tout notre artificiel : »


- Cyrano rejette le language précieux car il est "artificiel"
- Ce language ne permet pas d'exprimer avec sincérité les sentiments personnels

V 11 et V 12 : « Je crains tant que parmi notre alchimie exquise / Le vrai du sentiment ne se volatilise,»
- Cyrano craint que l'usage d'un langage précieux / trop élaboré risque de faire disparaître le vrai sentiment :
« Le vrai du sentiment ne se volatilise,»
- Mais Cyrano à déjà prouver dans les scènes précédente (comme lorsqu'il écrit une lettre à Roxane) qu'il
maîtrise le langage

V 13 : « Que l’âme ne se vide à ces passe-temps vains, »


- Cyrano qualifie ces jeux linguistique d'un "passe temps vains"

V 14 : « Et que le fin du fin ne soit la fin des fins !»


- jeu de mot qui montre la finnesse du language qui ne peut être le but absolu du discour amoureux
- Cyrano souhaite proposer un langage plus sincère et plus personnel

B) Un langage authentique et renouvelé à travers des images originales

V 21 : « Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe,»


V 22 : « Sans les mettre en bouquets : je vous aime, j’étouffe,»

- Cyrano est déborder par ses sentiments qui prennent le dessus


►gradation => « je vous aime, j’étouffe,»
►énumération => « Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop ; »

- métaphore qui associe les mots aux fleurs


► les mots ne seront pas mis en forme comme les fleurs dans un bouquet
► désir d'un langage spontané / naturel / non élaboré

V 24: « Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot,»
- Cyrano compare Roxane à un grelot
► comparaison original qui fait de Roxane un objet sonore s'agitant en permanence dans son coeur

Bilan I :
- Cyrano annonce à Roxane son souhait de trouver un langage juste et sincère pour dire son amour
- Mais cet amour est si fort qu'il vient troubler se nouveau langage
II) Un discour qui trahit l'intensité et la sincérité de sentiments (V 20 à 40)

A) Un discour envahit par la confusion

V 20 : « Cyrano : Tous ceux, tous ceux, tous ceux »


- répétition qui marque

V 22 : « Sans les mettre en bouquets : je vous aime, j’étouffe, » => Vouvouement


- trouble amoureux de Cyrano qui se répercute sur son langage
► emploi de pronom => on passe du vouvoiement au tutoiement => souligne l'égarement de Cyrano

V 23 : « Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop ;» => Tutoiement
- énumération et gradation
► confirme excès d'amour de Cyrano

B) Un aveu lyrique

Le bonheur de Cyrano :
- mutiples exclammations dans la dernière tirade de Cyrano
- interjections : "Ah" / "Oh" (V 32 et V 40)
- adjectifs mélioratifs : "alchimie exquise" (V 11) / "beau" et "doux" (V 40)
- répétition du nom "amour"

Une déclaration d'amour :


- Cyrnao assume sa déclaration
► "lorsqu'on aime" devient "je vous aime" et enfin "je t'aime"

Bilan II :
- intensité et confusion de la déclaration d'amour qui trahissent l'amour que Cyrano tente de dissimuler
- mais le fait que Roxane pense que c'est Christian qui lui parle, protège le secret de Cyrano et empêche se
dernier de révéler véritablement ces sentiments
III) Un amour caché aux dimensions tragiques (V 32 à 44)

A) Un lexique tragique

V 32 à V 35 :
« Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien,
Quand même tu devrais n’en savoir jamais rien,
S’il se pouvait, parfois, que de loin, j’entendisse
Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice ! »

- Cyrano évoque toujours l'amour de Roxane au conditionnel ou au subjonctif


► relation hypothétique
► Cyrano espère partagé un amour réciproque avec Roxane
► Mais dans l'histoire, il contemple son bonheur de loin, à travers celui Christian, et n'y participe pas
directement
► Cyrano à si peu d'espoir de recevoir l'amour de Roxane qu'il n'imagine pas de bonheur plus grand que
celui de lui déclarer son amour même s'il ne le fait pas en son nom

Thème du sacrifice
- « Quand même tu devrais n’en savoir jamais rien, »
► proposition subordonnée circonstancielle de concession

- « Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice ! »


►dimension tragique du personnage de Cyrano qui est prêt à se sacrifier pour celle qu'il aime

V 43 et 44 : « Je n’ai jamais espéré tant ! Il ne me reste »


► négation partielle / négation restrictive
► faiblesse de l'espoir amoureux de Cyrano

V 44 : « Qu’à mourir maintenant ! »


► la mort apparaît comme seul horizon à cet amour qui semble pour Cyrano avoir atteint un point culminant
► Cyrano ne pense pas pouvoir obtenir plus d'amour

B) Cyrano un héro tragique et pathétique

Situation de quiproquo :
- Roxane ignore toujours que celui qui lui parle est son cousin et non Christian
- situation d'énonciation qui engendre une certaine ironie tragique
- Roxane n'est pas insensible au talent réthorique de Cyrano
► didascalie externe : "d'une voix troublée"
► didascalie interne au discour de Cyrano : "C'est à cause de ces mots que je dis qu'elle tremble entre les
bleus ramaux"
► intensité et richesse du discour de Cyrano qui séduit Roxane
► mais ce moment de séduction n'est permis que par l'obscurité qui dissimule la véritable identité du
locuteur

Bilan III :
- Cyrano apparaît comme un héros pathétique et tragique
► vivacité de l'amour de Cyrano qui est dominer par sa laideur e
► cette laideur apparaît comme une fatalité qui l'empêche de prétendre à la moindre attention de Roxane

Conclusion :
- Cyrano montre son talent réthorique (langage) et sa capacité à jouer avec les codes du discour amoureux
mais il se trouve lui même trahit par son discour qui révèle l'intensité de son amour
- Roxane est touché par cette maîtrise du langage et ce discour sincère
- Cyrano reste un héro tragique : son amour ne peut se déployer que sous la forme d'un masque

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