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Ecole Nationale des Sciences Appliquées

Al Hoceima

Filière : GEER
Section : S3
Année universitaire : 2023--2024

Cours :
Diagnostic énergétique

Pr : Rachid TISKATINE GEER2


Chapitre 5 :
Détection de défauts dans les
matériaux et Imagerie de
défauts : Thermographie
infrarouge
 Thermographie infrarouge
 La thermographie infrarouge est une technique permettant à distance et sans
contact, d'observer des scènes thermiques et d'en mesurer des températures
avec une précision variable en fonction des critères recherchés.

• A partir du zéro absolu (-273°C), tous les


corps rayonnent de l'énergie sous forme de
rayonnements électromagnétiques.
• Plus un corps est chaud, plus il émet de
rayonnements. Le mesurage de cette énergie est
possible grâce à la « camera infrarouge », ou plus
techniquement « radiomètre infrarouge ».
• Nos yeux sont sensibles à la lumière visible.
• Une caméra thermique est sensible aux RI.
• La caméra IR ne nécessite pas de l’éclairage externe.
• Plus un objet est chaud, plus il rayonne et rejette de l'énergie.
 Principe
 La caméra infrarouge capte au travers d’un milieu transmetteur les rayonnements
émis par une scène thermique.
 Le système radiométrique convertit la puissance de rayonnement en signaux
numériques ou analogiques : ceux-ci sont transcrits en température par le
calculateur et transformés en points lumineux sur un écran.
 L’image ainsi obtenue s’appelle « Thermogramme ».

 La figure montre un exemple courant de défaut dans une armoire électrique.


 L’image thermique est composée par des niveaux de couleurs, qui sont en
corrélation avec les niveaux de températures mesurés (échelle des températures).
 Lois du rayonnement infrarouge
 Définitions
• Origine des rayonnements : La matière échange en permanence de l'énergie
avec le milieu extérieur sous forme de rayonnements électromagnétiques.
L'origine de l'émission est liée à l'agitation moléculaire interne de la matière.
• Flux énergétique φ : La puissance émise, dans toutes les directions, par une
surface émettrice S.
• Emittance (radiance) M : Le flux total émis par unité de surface de la source :

• Corps noir : un objet idéal qui absorbe parfaitement toute


l'énergie électromagnétique qu'il reçoit. Cette absorption se
traduit par une agitation thermique qui provoque l'émission
d'un rayonnement thermique, dit rayonnement du corps noir.

 Lois de Stefan-Boltzmann
• Cette loi fournit l'émittance énergétique totale :
 Lois de Wien
• La première loi donne la valeur de λ pour laquelle l'émittance d'un corps noir est
maximale :

• La deuxième loi donne la valeur maximale de l'émittance d'un corps noir :

• Émission des corps réels : Les objets réels émettent un flux toujours inférieur à
celui du corps noir idéal, quelles que soient λ et T.
• On définit ainsi l'émissivité spectrale directionnelle de l'objet ε(λ ,S, T):

ε (λ,S,T) dépend de la longueur d'onde, de la surface du corps et de la température.


• L'émissivité correspond à la capacité d'une surface à émettre des RI.
• Les surfaces dont l'émissivité est élevée sont de bons émetteurs, qui réfléchissent peu
de rayonnements de l'environnement.
• Les surfaces dont l'émissivité est faible sont de mauvais émetteurs et l'image
thermique contiendra essentiellement les reflets de l'environnement.
• Une surface peinte est un bon émetteur. Un métal brillant est un mauvais émetteur.
• La température de la vanne semble inférieure à celle des tubes ou du radiateur.
 Le spectre électromagnétique

• La lumière visible, les ondes radio et TV, les rayons X sont des rayonnements
électromagnétiques.
• Le domaine visible s’étend des longueurs d’onde allant de 0,4 à 0,8 μm.
La bande infrarouge s’étend de 0,8 à 1000 μm.
• En thermographie infrarouge, on travaille généralement dans une bande
spectrale qui s’étend de 2 à 15 μm et plus particulièrement dans les fenêtres
2-5 μm et 7-15 μm.
 Loi de Plank
 Plank a calculé les flux de puissances électromagnétiques émis par un corps noir :

 Ces formulations mathématiques sont représentées par des courbes.

• La puissance
électromagnétique
émise croît avec la
température du corps
noir.
• L’émission de
rayonnement passe par
un maxima qui se
produit à des λ de plus
en plus faibles lorsque
la température du
corps noir croît.
 A partir de 520°C, l’émission du rayonnement infrarouge apparaît dans le domaine
spectral visible (0,4-0,8 μm) : les objets chauffés au moins à cette température
deviennent visibles par l’oeil de par la couleur rouge sombre.
 En dessous de cette température, l’émission de rayonnement se fait au delà de la
bande spectrale sur laquelle sont calibrés nos yeux.
 Pour visualiser des corps dont T < 520°C, il faut utiliser des appareils dont le seuil de
détection est inférieur à celui de l’oeil humain.

 Rayonnement incident
 Le rayonnement incident, noté WINCID, est l'ensemble des rayonnements qui
heurtent l'objet cible provenant d'une ou plusieurs sources.
Une certaine partie du rayonnement Wα, sera
absorbée, une partie Wρ, sera réfléchie et une
certaine proportion Wτ , traverse l’objet cible :

avec : α+τ+ρ=1

 Rayonnement résultant
• Le rayonnement résultant, capté par une caméra infrarouge, est constitué de
la somme de tous les rayonnements qui quittent la surface d'un objet, quelles
que soient les sources d'origine.
• C’est une combinaison du
rayonnement de l'objet cible
lui-même, du rayonnement
provenant de la réflexion sur
l’objet de la source de chaleur
avant et du rayonnement issu
de la source de chaleur arrière
traversant l'objet cible.
(transmission)

• Facteurs perturbateurs :
- Le vent : En extérieur, il perturbe et refroidit les objets visualisés.
- L'hygrométrie : La vapeur d'eau contenue dans l'air influe sur le rayonnement
électromagnétique (RE) reçu.
- La dimension du point : Le RE reçu par le capteur sera proportionnel à la
dimension du point mesuré au rapport de la taille du capteur.
- Distance : Il y a atténuation logique du flux reçu par le capteur en fonction
de la distance. Le flux reçu est inversement proportionnel à la distance.
- Environnement : En fonction du fond de la scène thermique observée, il y a
une source d'erreur dans la mesure si le point observé est intégré dans le fond
radiatif de la scène.
 Matériel utilisé
 Une caméra infrarouge avec une résolution thermique de 0,1 °C à 20 °C,
(caractéristiques données par les constructeurs).
 Une unité de traitement d'images.
 Un magnétoscope pour enregistrement sur site, et/ou un stockage numérique
des données sur disquette, carte PCMCIA...
 Un calculateur associé pour analyse des résultats en direct.
 Un ensemble portatif de mesures (température ambiante, vitesse du vent,....).
 Un logiciel d'analyse laboratoire : Thermagram , Thermonitor , TIC8000.

 Il existe deux gammes de caméras IR : caméras "onde courtes" (2 μm à 5 μm) et


caméras "ondes longues" (7.5 μm à 13 μm).
 En Maintenance Conditionnelle, la plupart des application sont à faibles
distance (moins de 100m) -> utilisation des caméras "ondes courtes’’.
 Principe du Contrôle

Méthode passive :
Cette technique
utilise la chaleur
naturelle générées
par la pièce à
contrôler.

Méthode active :
Consiste à chauffer
la surface du
matériaux et à
mesurer l’évolution
de la température
grâce à la caméra
thermique.
 Fonctionnement de la caméra thermographique
 La thermographie détermine la carte thermique de la zone contrôlée, et met
ainsi en évidence des inhomogénéités de structure de la pièce.

• Une image matricielle


est une image
numérique dont les
données sont stockées
dans une matrice de
points « pixels ».

• Nombre de pixels (résolution IR) : Une mesure de la résolution des détails


géométriques dans l'image thermique (niveau de détails).
• À une distance donnée et avec un même objectif,
un nombre plus élevé de pixels offre une résolution
plus détaillée.
• Une résolution plus élevée permet une meilleure
visibilité pour les petites cibles à plus longue
distance, et améliorer le diagnostic grâce à une
image plus détaillée.
 Situation de la mesure
• Lorsqu'elle est orientée vers un objet, la
caméra reçoit des rayonnements :
- directement émis par l'objet
- indirectement émis par l'objet (réflexions
des rayonnements émis par les autres
sources de l'environnement).
• Seul le rayonnement émis par l'objet lui-
même (Wε) est lié à la température de la
surface de l'objet.
• Le rayonnement réfléchi est appelé la
« température apparente réfléchie » (TRéfl).

• Pour mesurer la température effective


de l'objet, il faut saisir les données
suivantes dans la caméra :
- L'émissivité de la surface de l'objet
- La température apparente réfléchie,
(quantité de rayonnements émis par les
autres objets de l'environnement qui sont
réfléchis par l'objet vers la caméra
thermique).
Résolution thermique : c'est l'écart minimum de
température apparente discernable (distinguable )
entre un objet et son environnement.
Résolution spatiale : c'est l'aptitude de la caméra
à faire apparaître la distinction entre des valeurs de
luminance spatialement très voisines.

 Importance de l'émissivité et de la Tréfl


• Les images ci-contre montrent le capot d'une
ventilation. Elles ont été prises par une chaude
journée ensoleillée.
• Dans l'image visible, on voie la réflexion du
soleil (a).
• Dans l'image thermique, vous voyez :
- La réflexion du soleil (1).
- La réflexion du ciel (2).
- La réflexion du toit chaud (3).
• Chacune de ces trois mesures sera erronée si
on n'utilise pas les bonnes valeurs pour
l'émissivité et la Tréfl de chaque point de mesure.
• On obtient ainsi des température apparentes.
 Techniques d'analyse d'images thermiques
 L'analyse d'images thermiques se traduit souvent par la recherche de zones
singulières dont le comportement diffère du reste de l’image.
 Les trois fonctions les plus importantes pour l'amélioration des images réfléchit
sur une vitre thermiques sont le cadrage thermique, l'isotherme et les palettes.

 Cadrage thermique
 C’est l'ajustement de l'échelle de l'image permettant d'optimiser le contraste pour
les besoins de l'analyse.
 Lorsque la zone d'intérêt de l'image est choisie, il faut ajuster les paramètres de
telle sorte que les couleurs de la palette couvrent au plus juste cette partie de
l'image. Les zones moins intéressantes de l'image peuvent être en dehors de
l'échelle (représentées en noir ou blanc).
 L'image de droite est plus facile à analyser car la zone thermique est mieux mise
en évidence (meilleur contraste).

 Isotherme
 L'isotherme remplace certaines couleurs dans l'échelle. Il remplace uniquement
une plage de couleurs par une autre contrastant plus avec les couleurs utilisées
dans l'image. Il peut être déplacé de haut en bas sur l'échelle et élargit ou réduit
selon les besoins.

 Palettes
 Une palette assigne différentes couleurs pour marquer des niveaux de
température apparente définis. Elle peut être plus ou moins contrastée selon les
couleurs utilisées.
 Une image thermique peut être généralement affichée avec un maximum de 256
nuances de couleur ou de gris simultanément.
 Sur une échelle de gris, la couleur noire se trouve à l'une des extrémités et elle
s'éclaircit progressivement à chacun des 256 pas jusqu'à devenir blanche.
 Les couleurs doivent être judicieusement assorties les unes aux autres, pour donner
un semblant de lissé à l'image, et pour qu’elle ne soit pas pénible à observer.
 Exemple de thermogramme d’une cuve de stockage pris aves différentes palettes :

 Une règle est à appliquer pour le choix de palettes :


- Utiliser des palettes très contrastées sur des objets cible peu contrastés ;
- Utiliser des palettes peu contrastées sur des objets cible très contrastés.
 Transmission des rayonnements
 Il existe des matériaux tels que les verres, plastiques, briques et bois qui empêchent
totalement le passage des rayonnements IR.
 Donc, ne jamais interposer des obstacles entre la caméra et l'objet à contrôler.

 Plage de température
• Les caméras thermiques sont étalonnées
pour une ou plusieurs plages de
température.
• La mesure correcte de la température n'est
pas possible en dehors des plages spécifiées.
• La saturation se produit lors de la mesure
de températures supérieures à la plage de
température étalonnée.
 Applications de la thermographie IR
 Maintenance électrique
 Basé sur le principe U = RI où toute résistance de passage au courant entraîne un
échauffement (effet Joule) on détermine : les écrous mal serrés, les oxydations, les
déséquilibres de phase etc.
• La thermographie fait apparaître les échauffements et
les écarts de température.
• Autres secteurs : carte électronique, transformateur,
batterie, ....
• En maintenance, un problème se traduit fréquemment
par une élévation de température (surintensité,
corrosion, mauvais serrage,…).
• Dans l’électricité, la thermographie IR ne nécessite
pas donc l’arrét de l’installation lors de la localisation
des points chauds précurseurs de pannes ou de dangers.
• Le point le plus chaud est ainsi décelé, ce qui localise
précisément le défaut.

• Un échauffement excessif dégrade irréversiblement les performances du


composant, réduit sa durée de vie et peut provoquer la défaillance.
• La thermographie permet le contrôle des lignes électrique ; transformateurs ;
fusibles ; relais ; connexions ; contacteurs ; borniers ; …
 Mécanique et Réseaux d'eau froide / eau chaude

• La technique de recherche de fuites d’eau chaude s’applique sur les réseaux de


chauffage urbain afin de déterminer : les fuites thermiques, les fuites hydrauliques…
• Les défauts mécaniques génèrent généralement des chaleurs excessives qui
peuvent être mises en évidence par les thermogrammes. Elle peut donc contrôler :
les moteurs électriques ; les pompes ; les roulements ; les paliers ; …
• Le contrôle des tuyauteries se fait
avec la thermographie qui permet :
la détection des zones abîmées ; la
détection de la corrosion ; la
détection des défauts de protection
; la détection des fuites ; …

 Thermique industrielle
• Visualisation des
calorifugeages, fours
réfractaires...
• Séchoirs, étuves....
 Les diagnostiques des bâtiments
 Dans le domaine du bâtiment, la thermographie permet, principalement,
d'expertiser : les ponts thermiques ; l'humidité ; les défauts d'isolations.
 Exemples d'analyse d'images pour différentes applications
 Électricité
• L’image thermique (a) montre une connexion électrique desserré, cela entraine une
résistance électrique supérieure , ce qui provoque une augmentation de la chaleur
(conduction de chaleur dans le câble).
• L’image (b) montre un commutateur de déconnexion haute tension présentant un
défaut d’un coté de connexion mécanique, ce qui augmente, avec l’oxydation de
cuivre, la résistance électrique.

 Dans l’image ci-contre, par


comparaison des
températures des trois
connexions, le
thermogramme nous
indique un mauvais serrage
au niveau du câble droit.
 Maintenance préventive
• Sur cette conduite, une fuite de chaleur est visible au niveau d’un joint.

• Ces conduites font partie d’un système de climatisation. La détérioration de l’isolation


provoque la condensation de l’eau qui s’infiltre ensuite dans l’isolation. Ce schéma
thermique est crée par une conduction thermique non homogène à travers la paroi
isolée de la conduite.
 Industrie
• Le liquide présent dans la cuve est
plus chaud que l’air présent dans la
partie supérieure. Nous pouvons voir
le niveau de remplissage depuis
l’extérieur grâce à la conduction
thermique de la paroi du réservoir.

 Construction
• Ces images montrent des fenêtres
en double vitrage dans un bâtiment
commerciale. Une fenêtre est plus
froide que les autres. Il peut y avoir
une fuite entre les deux vitrages
(d’isolation inefficace).
• Nous pouvons voir ci-contre un exemple de
problème d’isolation. Il y a donc une perte de
chaleur par le toit et aux niveaux des fenêtre
(surconsommation d’énergie).

• Sur cette photo on observe un problème d’isolation


aux niveaux des ponts thermiques (jonction des
éléments de la maison). On observe donc une perte
de chaleur entre le rez-de-chaussé et le premier étage
ainsi que aux niveaux des fenêtre.

Sur cette image (ci-contre) on observe que la


porte provoque une importante perte de chaleur
(graduation rouge).

Les éléments tels que les portes, les fenêtres


ou encore les trappes d’accès sont ceux qui
provoquent le plus souvent les pertes de
chaleur (surconsommation d’énergie).
 Solaire
• Les images ci-dessous illustrent un panneau solaire. Dans la mesure ou les
cellules endommagées chauffent, nous pouvons voir un schéma due à la
conduction de chaleur à partir de la cellule endommagé à la surface du module.
 Fonctionnement
 Étape 1 : Définir une plage de température de façon à inclure les
températures que nous nous attendons à mesurer.
• Étape 2 : Position et champ de vision :
Vérifiez l'absence de réflexions.
Vérifiez la taille du point de mesure et la
résolution des détails.
• Étape 3 : Mise au point. Une image
floue est non seulement peu
professionnelle, mais elle entraîne
également des résultats de mesure
incorrects.
• Étape 4 : Saisir les paramètres de
mesure : Émissivité et TRéfl.
• Étape 5 : Enregistrez l'image
thermique et l'image visible.

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