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Télédétection

I. Principes de la télédétection
La télédétection peut être définie comme l'ensemble des techniques utilisées pour identifier
divers "objets" par leurs comportements spectraux et leurs répartitions dans l'espace terrestre à
l'aide de mesures spécifiques effectuées à distance, sans contact direct avec ceux-ci. Elle
comprend l'ensemble du processus de capture et d'enregistrement de l'énergie du rayonnement
électromagnétique émis ou réfléchi, le traitement et l'analyse des informations, puis
l'application de ces informations. Les informations véhiculées par le rayonnement enregistré
peuvent être traitées et analysées pour obtenir certaines propriétés de cette cible: géométriques
(position, forme et dimensions), optiques (réflexion, transmission, absorption, etc.) et physico-
chimiques (propriétés du sol, température, teneur en eau, identification minéralogique,
chlorophylle foliaire,…). Cependant, la télédétection peut inclure de l'énergie émise et peut
utiliser des capteurs non imageurs.

FIG. 1 - Processus de la télédétection spatiale (par satellites).


L'observation de la terre depuis un satellite peut être divisée en 5 étapes (Figure 1):

▪ La source d'énergie d'illumination (1) : La télédétection présente trois sources


d'énergie. La première, la plus courante est le soleil éclairant la surface de la Terre. La surface
de la Terre agit également comme une source d'énergie en émettant un rayonnement (pour ces
deux cas, la télédétection dite passives). Finalement, les capteurs satellites peuvent être
source d'énergie en émettant un rayonnement vers la surface de la Terre à travers une antenne,
puis en détectant la partie du rayonnement rétrodiffusée (télédétection dite active).

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▪ Les interactions du rayonnement avec l'atmosphère (2) : Il y a des interactions entre
le rayonnement et l'atmosphère, lors de son trajet de la source d'énergie vers la surface de la
Terre, puis de la surface vers le capteur satellitaire.
▪ Les interactions du rayonnement avec la surface terrestre (3) : Le rayonnement va
interagir avec la surface terrestre. La nature des interactions dépend des caractéristiques du
rayonnement et des propriétés de la surface. Ces interactions sont réparties en 3 catégories : la
transmission, la réflexion et l’absorption. L’émission est à considérer comme un phénomène à
part.
▪ L'enregistrement du signal par le capteur (4) : L'énergie réfléchie, émise ou rétro-
diffusée par la surface terrestre est détectée puis enregistrée par le capteur. En fonction
de la source d'énergie deux types de capteurs peuvent être distingués. Les capteurs passifs se
basent les propriétés de réflexion du rayonnement solaire dans le domaine optique,
l'infrarouge thermique, et dans le domaine des micro-ondes. Pour les capteurs actifs, l'énergie
dans le domaine des hyperfréquences est émise par le capteur lui-même puis rétrodiffusée par
la surface de la Terre.
▪ La transmission et la réception des données (5) : Les données de télédétection
acquises par le capteur sont envoyées à une station de réception. Ensuite, ces informations
sont transformées en images.

II. Rayonnement électromagnétique (REM)


Le REM est une énergie se déplaçant dans l'espace sous la forme d'une onde associée à un
champ électrique 𝐸⃗→ et un champ magnétique 𝐵
⃗→ (Figure 2). Ces deux champs sont orthogonaux
entre eux et orthogonaux à la direction de propagation 𝐶→ ; ils se déplacent à la vitesse de la
lumière (dans le vide c = 3 108 ms-1). Une onde électromagnétique est caractérisée par sa
longueur et sa fréquence.

▪ La longueur d’onde représente la distance entre deux points homologues (deux crêtes
ou deux creux). => Notée λ (m).
▪ La fréquence représente le nombre d’oscillations par unité de temps. => Notée ν
(nombre oscillations/s ou Hertz Hz).
 Ces deux propriétés sont reliées par la formule suivante: c (m s-1) = λ (m) ν (Hz)

Le REM est soutenu par le mouvement de particules élémentaires immatérielles, appelées


photons, transportant chacun la même quantité élémentaire d'énergie. La relation suivante
décrit la quantité d'énergie transportée par un photon : q=ℎ c = ℎν ; avec h la constante de
𝜆
–34
Planck (6,625 × 10 Joules seconde Js). La quantité d’énergie transportée est inversement
proportionnelle à la longueur d’onde. Les ondes de faibles longueurs sont donc les plus
énergétiques. Cette quantité d’énergie par photon est faible; elle est de 36.14 10-20 J pour un
photon dans une longueur d’onde de 0.55 µm (1 nm (nanomètre) = 10-3 µm =10-9 m).

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FIG. 2 - Le rayonnement électromagnétique (REM).

III. Le spectre du REM


Le REM représente l'ensemble des radiations émises par une source d'énergie, sous forme
d’ondes électromagnétiques. Le spectre électromagnétique correspond à la répartition de ces
dernières en fonction de leur longueur d'onde, de leur fréquence ou de leur énergie. Le
spectre, donné par la figure 3, représente la répartition des ondes électromagnétiques en
fonction de leur longueur d'onde (les ondes Audio, Radio et Radar, l'Infrarouge, la lumière
Visible, les Ultra Violet, et les Rayons Gamma).

FIG. 3 - Spectre électromagnétique.

A partir des ondes les plus énergétiques, on distingue successivement :

▪ Les rayons gamma (γ) : résultent des radiations émises par les éléments radioactifs.
Ils sont dus de la rupture de noyaux atomiques durant la fission nucléaire ou les réactions de
fusion. Longueur d’onde : 10-8 µm à 10-5 µm.
▪ Les rayons X : Longueur d’onde : 10-5 µm à 10-2 µm.
▪ Les ultraviolets UV: Longueur d’onde : 10-2 µm à 0.35 µm.
▪ Le domaine visible : Dans ce domaine le rayonnement solaire atteint son maximum
(0,5 μm). La fenêtre du visible est la seule fenêtre du spectre électromagnétique qui est
perceptible par l'œil humain. Elle s'étend seulement entre 0,4 μm et 0,7 μm (Figure 4). La
décomposition de la lumière blanche émise par le soleil par un prisme, donne les couleurs

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constituantes qui vont du violet au rouge en passant par le bleu, le vert, le jaune et l'orange. La
table 1 donne les longueurs d'onde et les fréquences des couleurs du spectre visible.

TAB. 1 - Longueurs d'onde et fréquences des couleurs du spectre visible.

▪ L’infrarouge IR : Les ondes IR sont produites par vibration et rotation des molécules.
Le domaine de l'infrarouge s'étend entre les longueurs d'onde de 0,7μm à 100μm. Elles sont
réparties en 3 domaines, le Proche Infrarouge (PIR de 0.7μm à 1,5μm), l'Infrarouge Moyen
(MIR de 1.5 à 3 μm) et l'Infrarouge Thermique (IRT de 3 à 15 μm).
▪ Les hyperfréquences ou ondes radar : Cette région du spectre (1cm à 1m) est
exploitée par les capteurs radar et les radiomètres à micro-ondes passives. Ces longueurs
d'onde traversent sans problème les couches nuageuses. Et, l'atmosphère est quasiment
transparente à ces longueurs d'onde.
▪ Les ondes radio : Ce sont les ondes basses fréquences. Il s'étale des longueurs d'onde
de quelques cm à plusieurs km. Elles peuvent être générées par un flux de courant alternatif
dans des corps conducteurs ou des antennes.

FIG. 4 - Domaines du Visible, PIR, MIR et IRT du spectre électromagnétique.

Les capteurs satellitaires utilisent principalement 3 fenêtres spectrales: (i) le domaine du


visible, (ii) le domaine des infrarouges (proche IR : "NIR", IR moyen : "SWIR" et IR
thermique : "TIR") et le domaine des micro-ondes ou hyperfréquences (télédétection
RADAR) (Figure 4).

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Parmi les plusieurs caractéristiques des REM, certaines sont primordiales pour comprendre des
principes de base de la télédétection. C'est le cas de la réflexion, de l'absorption, de la
transmission, de la diffusion et de l'émission.

IV. Les sources de rayonnement


Toute matière ayant une température thermodynamique supérieure au zéro absolu (0° Kelvin
où -273.15º C) émet un REM. L'émetteur (ou source) peut être le soleil, le satellite (RADAR,
LIDARS) ou la cible (infrarouge thermique). Le corps noir est un corps qui absorbe tout le
rayonnement qu'il reçoit et réémet en retour une quantité d'énergie électromagnétique, appelée
luminance spectrale, de manière à équilibrer le bilan radiatif. Selon la loi de Planck, la
luminance spectrale du corps noir Le(λ, T), exprimée en W m–2 μm–1 sr–1, peut être formulée
par:

FIG. 5 - luminance
spectrale d’un corps noir
pour différentes
températures

5
L’équation de Plank affiche une courbe en cloche (Figure 5). La longueur d’onde liée au
maximum de la luminance spectrale est déterminée en utilisant la formule de Wien : 𝜆𝑚𝑎𝑥= 𝐾
𝑇
avec K = 2.898 10-3 m °K et T est la température exprimée en °K.

 L’application de cette formule pour le soleil assimilé à un corps noir à 5770 °K,
fournit un maximum d’émission à λmax = 0.502 μm (bande verte). C'est-à-dire, le
soleil émet un REM entre 0.1 et 100 µm de la même manière qu'un corps noir dont la
température serait de 5770 ºK. Son maximum d'émission de REM est situé à 0.5 µm.
Ainsi le soleil est la plus grande source de REM pour la télédétection.

 Par contre pour la terre, assimilée à un corps noir de 300°K, λmax = 9.66 μm
(Infrarouge thermique). C'est-à-dire, la surface terrestre a une température proche de
300ºK. Tout corps noir situé à la surface de la terre émet un REM dans l'Infrarouge
Thermique, et le maximum d'émission de REM est situé à 9.66 µm.

Ainsi, le domaine spectral d'émission de REM par un corps noir dépend de sa température
(Figure 6). Le maximum d’émission du soleil se fait dans le visible. Par contre, pour la
terre, ce maximum se situe dans l’infrarouge thermique, donc sous forme de chaleur.

FIG. 6 - Spectres d'émission du REM du Soleil et de la Terre et Transmission du REM solaire


(en %) à travers l'atmosphère.

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V. Interaction Onde/Atmosphère
Le rayonnement solaire incident (au cours du trajet du soleil à la surface de la terre) peut être
diffusé ou absorbé par les particules et les gaz présents dans l'atmosphère :

▪ La diffusion atmosphérique : due à l'interaction entre le rayonnement incident et les


particules ou les grosses molécules de gaz présentes dans l'atmosphère qui présentent des
obstacles à la propagation de l'énergie. Les particules dévient le rayonnement de sa trajectoire
initiale. C'est le phénomène de diffusion atmosphérique dont le niveau de diffusion dépend de
plusieurs facteurs tels que la longueur d'onde, la densité de particules et de molécules, et
l'épaisseur de l'atmosphère à traverser. Trois catégories de diffusions ont été repérées:

- La diffusion de Rayleigh se produit lorsque la taille des particules (poussière ou


des molécules d'azote ou d'oxygène) est inférieure à la longueur d'onde du
rayonnement. Cette diffusion disperse et dévie de façon plus importante les courtes
longueurs d'onde que les grandes longueurs d'onde. Elle est prédominante dans les
couches supérieures de l'atmosphère. Ce phénomène explique la couleur bleu du ciel
durant la journée. Puisque la lumière du soleil traverse l'atmosphère, les courtes
longueurs d'onde dans le domaine visible (correspondant au bleu) sont dispersées et
déviées de façon plus importante que les grandes longueurs d'onde.

- La diffusion de Mie se produit lorsque la taille des particules (poussière, le pollen,


la fumée et les gouttes d'eau) est de l'ordre de la longueur d'onde du rayonnement.
Ce genre de diffusion se produit surtout dans les couches inférieures de l'atmosphère
où les grosses particules sont plus abondantes et affecte les plus grandes longueurs
d'onde.

- La diffusion non sélective qui se produit lorsque les particules (les gouttes d'eau
que l'on trouve dans les nuages, les brouillards et les grosses particules de
poussière) sont beaucoup plus grosses que la longueur d'onde du rayonnement.
Ce type de diffusion est "non sélective", car toutes les longueurs d'onde sont
dispersées (ce qui explique la couleur blanche des nuages).

▪ L'absorption apparaît quand les grosses molécules de l'atmosphère (principalement


l'ozone, le dioxyde de carbone et la vapeur d'eau) absorbent l'énergie dans plusieurs
longueurs d'onde. L'ozone absorbe les rayons Ultraviolets. Le dioxyde de carbone absorbe une
grande partie du rayonnement dans la portion Infrarouge Thermique du spectre et emprisonne
la chaleur dans l'atmosphère. La vapeur d'eau dans l'atmosphère absorbe une grande partie du
rayonnement IR de grandes longueurs d'onde et des hyperfréquences de petites longueurs
d'onde qui entrent dans l'atmosphère (entre 22 mm et 1 m). Les domaines spectraux dans
lesquels l'atmosphère a une transmission forte sont appelés fenêtres atmosphériques.
Inversement les domaines spectraux dans lesquels l'atmosphère a une absorption forte sont
appelés bandes d'absorption. La figure 7 montre l'émission de REM d'un corps noir à
6000ºK, l'émission de REM solaire enregistré au sommet de l'atmosphère et

7
enfin l'émission de REM solaire enregistré au niveau de la mer dans le domaine spectral du
Visible et PIR. La réponse spectrale détectée au niveau de la mer met en évidence les bandes
d'absorption de l'atmosphère entre 0.4 et 2.5 µm (Figure 7). Les plus importantes sont situées
à 1.4 µm et 1.9 µm et sont principalement dues à l'eau (Figures 7 et 8).

FIG. 7 - Emission de REM solaire détectée au niveau de la mer et au sommet de l'atmosphère,


et l'émission de REM d'un corps noir à 6000ºK : étude des effets atmosphériques par Valley
(1965).

FIG. 8 - Fenêtres atmosphériques (Lillesand et al., 2004).

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Les fenêtres atmosphériques sont donc les régions du spectre électromagnétique qui ne sont
pas absorbées de façon importante par l’atmosphère et qui sont utiles pour la télédétection.
Les graphes de la figure 8 affichent des régions du spectre pour lesquelles l’acquisition des
données est impossible, comme par exemple dans certaines bandes de l’IRT. Au contraire,
dans le domaine du visible, on peut remarquer que la transmission est presque totale.

Ainsi, les longueurs d’onde utilisées en télédétection sont essentiellement le visible de 400
à 700 nm, le PIR de 700 à 1300 nm, le MIR de 1300 à 3000nm, l’IRT de 3000 à 15000 nm
et les hyperfréquences ou micro-ondes, passives et actives, de 1 millimètre au mètre.

VI. Interaction Onde/Matière


Lorsque le rayonnement solaire incident arrive la surface terrestre, trois types d'interaction de
l'énergie avec la matière sont possibles. L'énergie incidente (EI) est soit réfléchie, soit
absorbée, soit transmise (Figure 9).

 Le phénomène de transmission : Lorsque une partie du rayonnement est transmise à


travers l'objet (ET). Un objet transparent présente une transmission élevée dans les
longueurs d'onde du Visible. La surface d'eau pure est un exemple de surface
susceptible de transmettre une partie du REM.

 Le phénomène d’absorption: Lorsque un corps qui reçoit une énergie électro-


magnétique en absorbe une partie (EA). L'énergie absorbée est transformée et change
l'énergie interne du corps.

 Le phénomène de réflexion ou radiance: Lorsque un corps qui reçoit une énergie


électromagnétique en réfléchit une partie (ER). On parle d'albédo, s'il s'agit d'énergie
solaire réfléchie par une surface terrestre

 Le phénomène d'émission : Indépendamment de l'énergie incidente, tout corps émet


un REM dépendant de la température de son corps. (Figure 9).

FIG. 9 - Interaction du REM avec la surface (Gomez, 2004).

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Les propriétés de réflectance des différents corps à la surface terrestre (roches, champs,
bâtiments, lacs, ...) peuvent être quantifiées en mesurant la part d'énergie incidente (EI) qui est
réfléchie (ER). Cette propriété est mesurée comme une fonction de la longueur d'onde λ et est
appelée réflectance spectrale 𝜌(λ) :

𝜌(λ) = ER (λ)
EI (λ)

La signature spectrale est la représentation graphique de la réflectance spectrale en fonction


de la longueur d'onde. Le REM émis par le soleil, traverse une première fois l'atmosphère
avant de se réfléchir sur la surface terrestre, puis retraverse alors l'atmosphère. Les capteurs
passifs, enregistrent cette énergie réfléchie par la éléments à la surface de la Terre. Le REM
solaire interagit donc avec l'atmosphère et la surface terrestre avant d'être enregistré par les
capteurs.

VII. Quantités physiques mesurées en télédétection


En télédétection, les quantités mesurées sont le rayonnement réfléchi ou émis. Voici quelques
exemples des quantités physiques mesurées en télédétection:

• Energie rayonnante Qe : définit la quantité d’énergie véhiculée par le rayonnement


électromagnétique. Elle est exprimée en Joules (l’énergie est le produit d’une force par
une distance; 1 Joule correspond au travail produit par une force de 1 Newton dont le
point d’application se déplace d’ 1 m (1 Joule = 1 Nm)).

• Flux énergétique φe (watt ou Js-1) : définit la quantité d'énergie par unité de temps:
φe = dQe/dt

• Densité de flux énergétique Fe (W.m-2) : définit le flux énergétique par unité de


surface : Fe = dQe/(dtdS). S'il s'agit d’un flux reçu, on a alors un éclairement
énergétique (Ee).

• Luminance énergétique Le (W m-2 sr-1) : définit un flux de rayonnement par unité


d'angle solide et par unité d'aire de la surface apparente de la source dans cette
direction.

• Réflectance : Rapport du flux radiatif réfléchi par un milieu matériel au flux radiatif
incident.

• Transmittance : Rapport du flux transmis au flux incident.

• Absorptance : Rapport du flux absorbé au flux incident.


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Deux situations sont possibles, selon l’état de la surface réfléchissante :

 la réflexion est dite spéculaire : Si la surface réfléchissante se comporte comme un


miroir. Dans ce cas, l’angle d’incidence est identique à l’angle de réflexion et les
rayons incidents et réfléchis sont contenus dans des plans perpendiculaires à la surface
réfléchissante.
 la réflexion est dite diffuse : Si la réflexion des rayons se fait dans toutes les directions
de l’espace.

Un réflecteur parfaitement diffusant suit une loi physique bien connue dite loi de Lambert. Le
comportement est dit lambertien. Les surfaces naturelles combinent généralement ces deux
modes de réflexion.

VIII. Propriétés optiques des surfaces


Par sa signature spectrale enregistrée du Visible à l'IRT, chaque objet peut être identifié. La
signature spectrale de chaque élément (végétaux, roches, sols, minéraux) est caractérisée par
des bandes d'absorption. Une comparaison de signatures spectrales de plusieurs éléments
permet leur discrimination.

▪ Propriétés optiques des végétaux : Essentiellement en relation avec la pigmentation


des feuilles (dans le domaine spectral du Visible de 0,4 µm à 0,7 µm). La chlorophylle
absorbe fortement l'énergie dans les bandes spectrales centrées à 0.45 et 0.67 µm (Figures 10
et 11). Cette forte absorption dans le domaine du rouge et du bleu, ajoutée à une forte
réflexion de l'énergie dans le vert est la raison pour laquelle nos yeux perçoivent les plantes
d'une couleur verte.
Dans le MIR (de 1,3 à 1,9 µm) la réponse spectrale des végétaux est conditionnée par leur
teneur en eau. Un végétal chlorophyllien contenant de l'eau a une réponse spectrale qui va
chuter dans le MIR au niveau des bandes d'absorption de l'eau à 1.4 µm et 1.9 µm (Figure 11).

▪ Propriétés optiques des minéraux : Les minéraux sont discriminés par des mesures
de réflectance dans trois principales fenêtres atmosphériques: le Visible et le PIR (VNIR) (de
0.4 à 1.1 µm), le MIR (SWIR) (de 1.1 à 2.5 µm) et l'IRT (TIR) (de 8 à 14 µm). Dans le
domaine du Visible, le fer est généralement le seul élément présent en quantité suffisante dans
les minéraux pour affecter le spectre de réflectance et produire des bandes d'absorption. La
présence de fer est détectable dans le VNIR grâce aux ions Fe2+ et Fe3+ : les ions ferreux
Fe2+ montrent une forte bande d'absorption à 1.1 µm, les ions ferriques Fe3+ produisent deux
fortes bandes à 0.4 µm et 0.7µm.

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FIG. 10 - Courbes de transmission
(en %) et de réflectance (en %) de la
végétation.

FIG. 11 - Spectre de réflectance de la végétation verte et la végétation sèche.

Un nombre plus important d'éléments peut être discriminé dans le domaine de MIR
(SWIR). Le nombre de bandes d'absorption dues à des processus vibratoires est important
dans les spectres de réflectance de minéraux contenant de l'eau, des ions hydroxydes ou des
carbonates. Les minéraux formés des liaisons AL-OH tendent à absorber l'énergie près de
2.2µm, tandis que les minéraux formés des liaisons Mg-OH tendent à absorber l'énergie près
de 2.35 µm. Le pyroxène (Mg,Fe)SiO3 peut être discriminé du quartz (SiO2) par
identification de bandes d'absorption dans les régions spectrales 2.35 µm montrant la
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présence de Mg, et dans le Visible montrant la présence d'ions ferreux (Figure 12). La calcite
est un minéral pouvant être identifié par mise en évidence de bandes d'absorption dans les
régions spectrales de 1.87, 1.99, 2.16, 2.33 et 2.52 µm (Figure 12). Le domaine spectral de
TIR est généralement la seule partie du spectre des minéraux permettant de discriminer la
présence de silicates.

FIG. 12 - Signatures spectrales


enregistrées en laboratoire de 5
minéraux fréquemment rencontrés
sur terre : quartz, pyroxène,
kaolinite, calcite et hématite.

▪ Propriétés optiques des roches : Une roche est un assemblage de minéraux. La


signature spectrale d'une roche est donc une combinaison des signatures spectrales des
minéraux qui la composent. D'autre part, les roches affleurantes ont généralement une surface
fortement altérée par l'action des agents atmosphériques. L'altération des roches crée une
patine constituée d'un mélange d'argiles (70 % en moyenne), d'hydroxydes, d'oxydes de fer et
de manganèse. La réflectance est modifiée par cette patine : pour les roches sombres, la patine
augmente la réflectance; pour les roches claires elle la diminue. La réponse spectrale de 4
roches sédimentaires est présentée dans la figure 13.

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FIG. 13 - Signatures spectrales de quatre roches sédimentaires de 0.4 à 2.5µm enregistrées sur
le terrain. Les bandes d'absorption à 1.4 et 1.9µm correspondent aux bandes d'absorption de
l'atmosphère dues à l'eau.

▪ Propriétés optiques des sols : Les sols résultent de la transformation des produits
d'altération des roches. La signature spectrale d'un sol est donc une combinaison des
signatures spectrales des roches qui le constituent. Comme les minéraux, les signatures
spectrales des sols présentent une croissance régulière de la réflectance du Visible au PIR. La
figure 14 montre la réponse spectrale du sol dans la gamme 400-2500 nm. Le spectre est
continu et croissant sur tout le domaine du visible (400-700 nm). Le changement de pente de
spectre du sol, qui se situe aux voisinages de 440, 550, 630 et 860 nm, correspond aux bandes
d’absorption du fer. Le changement de pente dans le domaine du visible est en relation avec la
teneur en matière organique. Dans le proche infrarouge, le spectre présente différentes
évolutions passant par une croissance de pente faible, suivi d’un palier puis d’une
décroissance. Cela est dû à la présence de bandes d’absorption aux voisinages de 1400 et
1900 nm, qui sont causés par le groupement OH de l’eau libre ou intégrée dans les réseaux
cristallins des sels hygroscopiques.

Une autre bande d’absorption au voisinage de 2200 nm est reconnue comme liée à
l’absorption de l’ion hydroxyle contenu dans les minéraux argileux particulièrement la
kaolinite. Enfin, une série de bandes d’absorptions situées entre 1600 et 2500 nm sont
attribuables à l’ion bicarbonate CO3= .

Du fait de la présence de bandes d'absorption atmosphérique principalement entre 0.4 et


2.5µm, et des caractéristiques spectrales des minéraux, roches et sols principalement entre 0.4
et 14µm, trois domaines spectraux sont utilisés par les capteurs passifs pour la cartographie
géologique et pédologique : la fenêtre du VNIR, de SWIR et de TIR.

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FIG. 14 - Spectre du sol qui représente des pics d’absorption liés à la présence de certains
composés.

▪ Propriétés optiques des surfaces d’eau libre : Atteignant une surface d’eau libre,
une grande partie du rayonnement incident est réfléchie d’une manière spéculaire comme sur
un miroir et ceci dans toutes les longueurs d’onde du spectre visible, PIR et MIR. La partie
absorbée est rapidement atténuée dans le volume suite aux phénomènes de diffusion et
d’absorption. Sur les données de télédétection, les surfaces d’eau apparaissent dansdes teintes
sombres et se comportent comme si elles étaient des corps noirs qui absorbent tout le
rayonnement qu’ils reçoivent. La réflectance des surfaces d’eau libre dépendent bien
évidement de la concentration des substances dissoutes et en suspension. Ainsi, la réflectance
des surfaces d’eau libre décroît rapidement du visible à l’IR.

IX. Les indices


La connaissance des différentes caractéristiques spectrales des éléments de la surface terrestre
permettent de produire des méthodes d’analyse basées sur l’emploi simultané de plusieurs
bandes spectrales, sous forme de combinaison linéaire ou de rapports. Ces valeurs
synthétisent l’intensité d’un phénomène trop complexe pour être décrit par des paramètres
simples et connus.

▪ L'indice de végétation par différence normalisée : (NDVI, Normalized Difference


Vegetation Index) est défini par : NDVI = (PIR − Rouge)/(PIR + Rouge)

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Il utilise la grande différence entre les réflectances dans le rouge et le PIR. Cependant, cet
indice est efficace lorsque l’activité chlorophyllienne est importante.

▪ L'indice de brillance est la moyenne des brillances de l'image de télédétection. Il est


sensible à la brillance des sols, reliée à son humidité et à la présence de sels en surface. Cet
indice caractérise surtout l’albédo. IB = (R2 + PIR2)1/2

▪ L'indice de rougeur d'un sol : IR = R2/ V3

▪ L'indice de couleur d'un sol : IC = R − V/R + V

Avec : V = canal du vert ; R = canal du rouge et PIR = canal du proche-infrarouge.

X. Classification supervisée et non- supervisée d'image en


télédétection

La classification est une opération de structuration qui vise à organiser un ensemble


d’observation en groupes homogènes et contrastés afin de faciliter l’analyse des informations
et d’effectuer des prédictions. En imagerie de télédétection une classe est un ensemble de
spectres ayant des caractéristiques similaires ou communes. Les classifications peuvent être
définies comme l'affectation de chaque pixel sur l’image originale à une classe d'entités, selon
la réflectance des objets. C’est l’opération qui regroupe les pixels en fonction de leur
ressemblance spectrale en respectant les seuils fixés par l’analyste. Ainsi, la classification vise
à attribuer aux pixels des étiquette s dont l’origine est thématique. La classification d’images
de télédétection est une méthode couramment utilisée pour obtenir des informations sur la
surface de la Terre.

Figure : Classification des spectres pour déterminer les types de surface Terrestre.

Les procédures de classification se catégorisent selon la situation dans laquelle l’opérateur est
placé et selon l’objectif suivi. Les méthodes de classification les plus communes peuvent être
séparées en deux grandes catégories : les méthodes de classification non supervisée et les
méthodes de classification supervisée.

▪ Les méthodes de classification non supervisée


Les classifications non supervisées permettent de répartir les pixels entre un nombre fixé de
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classes sans aucune référence préalable à la nature de ces classes. Celles-ci sont déterminées
par l'algorithme sans l'aide de l'utilisateur, ce qui peut rendre l'interprétation des classes
délicate. L’opérateur ne dispose d’aucune information sur la zone d’intérêt. Aucune
information externe à l’image n’est donc introduite. Le classement des pixels est effectué
uniquement selon le critère de la ressemblance spectrale. Les méthodes les plus répandues
sont celles des k-moyennes et des nuées dynamiques. Cependant, cette méthode n’opère pas
avec un ensemble prédéterminé de classes comme pour la classification supervisée. Il s’agit de
la technique la plus rapide, mais la moins précise vu qu’il n’existe pas de contrôle avec des
connaissances du terrain.
 Exemples de méthodes de classifications non supervisées : K-means et IsoData

▪ Les méthodes de classification supervisée


Pour la classification supervisée, l’opérateur identifie au préalable des échantillons (pixels)
assez homogènes de l’image qui sont représentatifs de différents types de surface (les classes).
Les échantillons représentatifs d’un même type de surface (c’est-à-dire d’une même classe)
forment une parcelle d’entrainement appelée Region of Interest (ROI). Chaque échantillon est
appelé endmenbers. La sélection de ces parcelles d’entrainements est basée sur la
connaissance de l’analyste, sa familiarité avec les régions géographique et les types de
surfaces présents dans l’image. L’analyste supervise donc la classification d’un ensemble
spécifique de classe. Les signatures spectrales de chaque endmembers sont extraites pour
définir chaque classe. Ces signatures spectrales sont utilisées pour que l’ordinateur puisse
définir les classes et ensuite reconnaître des régions aux propriétés similaires à chaque classe.
L’ordinateur utilise un algorithme afin de déterminer la signature numérique de chaque classe.
Les pixels sont affectés à la classe qui correspond le mieux à ses caractéristiques spectrales.
Les données de télédétection et les cartes thématiques dérivées sont des sources précieuses
d’études à grande échelle pour une large gamme d'applications du global au locale, telles que
la cartographie du taux de végétation, le suivi de l’occupation du sol ou l'exploration minière.
 Exemples de méthodes de classifications supervisées : la méthode dite des machines à
vecteurs de support ou séparateurs à vaste marge (en anglais Support Vector Machine,
SVM), la méthode du maximum de vraisemblance (en anglais maximum likelihood), le
spectral angle mapper et la spectral information divergence.

XI. Acquisition de données de télédétection


Diverses plates formes sont utilisées en télédétection (au sol, ballons, avions et satellites).
Lorsque la source illuminant la cible est indépendante du capteur, la télédétection est dite
passive. Généralement cette source est le soleil. C’est le cas des satellites SPOT (Satellite
pour l’Observation de la Terre), LANDSAT (Land Satellite) (Figure 15), METEOSAT
(Meteorological Satellite), etc. Dans le cas contraire la télédétection est dite active. C’est le
cas du LIDAR (LIght Detection and Ranging) utilisant une source laser et le RADAR (RAdio
Detection And Ranging) utilisant une source hyperfréquence. C’est l’exemple du satellite
ERS- 1 (European Remote Sensing Satellite) (Figure 16). La possibilité de réaliser des
acquisitions en tout temps, par ciel clair ou nuageux, et de jour comme de nuit est l’un des
17
principaux avantages de la télédétection active radar.

FIG. 15. Image Landsat Thematic FIG. 16. Image Radar ERS-1 (Source: National
Mapper (Source: National Research Concil of Research Concil of Thailand)
Thailand)

On a essentiellement trois types de satellites d’observation en orbite autour de la terre:

1. L’orbite géostationnaire est une orbite équatoriale et circulaire à une altitude


d’environ 36000 km. Le satellite se déplace à la même vitesse angulaire et dans le même sens
que la terre assurant ainsi une observation permanente de la même région. C’est le cas des
satellites de télécommunication et d’observation météorologique telles que les satellites
METEOSAT et GOES (Geostationary Operational Environmental Satellite).

2. L’orbite héliosynchrone est une orbite circulaire où le plan de l’orbite du satellite est
déterminé de manière à observer régulièrement un point particulier à la même heure locale
solaire. C’est le cas des satellites LANDSAT et SPOT. L’altitude relativement basse de ces
satellites (300 à 1500 km) permet des bonnes résolutions au sol.

3. L’orbite circulaire quelconque qui offre l’avantage de passer à la même altitude au-
dessus d’un point de la terre mais à des heures différentes. C’est le cas des satellites ERS-1 et
ERS-2.

Caractéristiques techniques des capteurs de télédétection, au sol ou embarqué:

1. La résolution spatiale ou géométrique est la plus petite distance entre deux objets
adjacents que le capteur puisse identifier. Elle correspondant à la surface élémentaire
d’échantillonnage observée instantanément par le capteur. Cette distance correspond à la taille

18
d'un pixel (picture element).

2. La résolution spectrale décrit la capacité d'un capteur à mesurer la réflectance dans


des fenêtres de longueur d'onde comprises généralement entre 0.1 et 0.01µm. Elle
correspondant aux bandes de longueurs d’onde auxquelles les capteurs sont sensibles. Si la
résolution spectrale est trop grossière, il ne sera alors pas possible de différentier les différents
éléments présents au sein des pixels.

3. La résolution radiométrique d'un capteur décrit son potentiel de discrimination


spectrale. L'énergie mesurée par le capteur est codée en niveau de gris, et plus la gamme des
niveaux de gris utilisée est étendue, plus la résolution radiométrique est grande. La plupart des
images sont codées sur un octet (soit 256 niveaux de gris).

4. La résolution temporelle ou répétitivité correspond à la période entre deux


acquisitions de la même scène. Cette résolution ne dépend pas du capteur mais de l’orbite et
du mode de manœuvre du satellite.

5. Le rapport Signal sur Bruit est défini comme le rapport maximal du signal utile sur
le niveau de bruit. La qualité des données de télédétection est directement liée au rapport
Signal sur Bruit (noté S/B). Plus ce rapport est élevé, plus la qualité de restitution est
meilleure. Le bruit du système vient de la conception du capteur et prend en compte des
facteurs, tels que la performance et la sensibilité des détecteurs, la résolution spatiale et
spectrale, et le bruit des systèmes électroniques.

Les capteurs passifs sont divisés en deux catégories :

1. Les capteurs multispectraux ont une résolution spectrale d'environ 0.1µm, et mesurent le
rayonnement dans une quinzaine de bandes spectrales au maximum, comprises dans le
domaine du Visible, PIR, MIR et TIR. Le rapport Signal sur Bruit des capteurs
multispectraux est de l'ordre de 500:1.

2. Les capteurs hyperspectraux ont une résolution spectrale plus fine de 0.01µm en moyenne,
et mesurent le rayonnement dans une centaine de bandes spectrales. Les systèmes
hyperspectraux mesurent le rayonnement uniquement dans le Visible, PIR et MIR.

Ce que l’on appelle image hyperspectrale (ou spectro imagerie = spectroscopie


imageante) est une série d’images de la même scène, prises à plusieurs longueurs d’onde
différentes. Une telle mesure fournie des nombreuses informations sur les propriétés
physiques des objets observés. Chaque composant de la surface de la terre possède des
caractéristiques spectrales propres (caractéristiques liées à l’absorption de la lumière). Ainsi
l’analyse de cette information spectrale permet d’identifier les composants terrestres.
Une image hyperspectrale est un cube de données à deux dimensions spatiales et une
dimension spectrale. A chaque pixel correspond une position géographique (X, Y) et une
réponse spectrale enregistrée dans la gamme visible proche infrarouge. L’imagerie
hyperspectrale enregistre la réflectance avec une résolution spectrale de 0,01 µm, pour une
centaine de bandes spectrales contiguës, donnant ainsi une caractérisation détaillée des objets
de la scène grâce à un spectre électromagnétique quasi continu.
19
L’imagerie hyperspectrale se distingue de l’imagerie multispectrale dans la mesure où
l’imagerie hyperspectrale prend en compte une large plage du spectre électromagnétique et
non pas quelques échantillons de ce spectre. Chang (2007) distingue l’imagerie hy
perspectrale de l’imagerie monobande et multispectrale (image multibande) suivant trois
caractéristiques principales :

➢ Les capteurs multispectraux enregistrent la réflexion de la lumière dans 3 ou au


plus 10 bandes spectrales alors que les capteurs hyperspectraux enregistrent la
réflexion de la lumière dans une centaine de bandes contiguës.

➢ Les données multispectrales ont une résolution spectrale (longueur d’onde


centrale divisée par la largeur de la bande spectrale : λ/Δλ ) de l’ordre de 10nm
alors qu’elle est de l’ordre de 100nm pour les données hyperspectraux.

➢ Alors que les systèmes multispectraux acquièrent les images dans des bandes
de longueur d’onde larges et irrégulièrement espacées, les systèmes IHS ont
des bandes spectrales contiguës et régulièrement espacées permettant d’obtenir
un spectre quasi continu pour chaque pixel.

Figure : De l’image monobande à l’imagerie hyperspectrale.

20
Les capteurs actifs de la télédétection en hyperfréquences RADAR :

L’imagerie radar consiste à émettre des impulsions d’énergie en hyperfréquences vers les
divers éléments du paysage et à enregistrer les échos. Une information, équivalente à la
réflectance dans les images optiques, est extraite des images radar. Elle correspond à une
diffusion moyenne (differential scattering cross-section per unit area) ou coefficient de
retrodiffusion noté σ0. Cette quantité est théoriquement adimensionnelle mais on l’exprime en
décibels. Le signal est émis par une antenne fixée sur le côté de la plate-forme. L’antenne
illumine une bande perpendiculaire à l’axe du vol. De ce fait, on appelle un tel système un
radar latéral, plus connu sous le nom de SLAR (Side Looking Airborn Radar). On en
distingue deux types : (1) Le radar à ouverture réelle (Real Aperture Radar) ; (2) Le radar à
ouverture synthétique ou encore radar à synthèse d’ouverture SAR (Synthetic Aperture
Radar). Notons seulement que le SAR a pour principal avantage de permettre une meilleure
résolution spatiale azimutale. La télédétection active en hyperfréquences consiste à établir des
relations entre le coefficient de retrodiffusion et les grandeurs biophysiques.

Le tableau suivant résume les longueurs d’ondes utilisées en télédétection radar :

TAB.2- Longueurs d’ondes utilisées en télédétection radar


Bande Fréquence (GHz) Longueur d’onde (cm)
P 0.3-1 30-100
L 1-2 15-30
S 2-4 7.5-15
C 4-8 3.75-7.5
X 8-12.5 2.4-3.75
Ku (J) 12.5-18 1.67-2.4
K 18-27 1.1-1.67
Ka (Q) 27-40 0.75-1.1

21
XII. Applications de la télédétection en cartographie pédologique
et géologique
La télédétection permet la cartographie numérique des sols (CNS) sur de vastes territoires, par
l’intermédiaire des propriétés spectrales de surface, notamment liées à des propriétés de sols.
Pour la télédétection passive, quatre principaux types de capteurs peuvent être considérés: (i)
les capteurs optiques multispectraux sont particulièrement adaptés pour l'analyse
minéralogique et lithologique; (ii) les capteurs optiques hyperspectraux sont particulièrement
bien adaptés pour décrire la variabilité spatiale des propriétés du sol (compositions
minéralogique et chimique); (iii) les capteurs optiques TIR sont particulièrement adaptés à
l'estimation de la température du sol; et (iv) les capteurs à micro-ondes passives sont
particulièrement adaptés pour estimer l'humidité du sol.
La télédétection active détient un potentiel considérable pour la caractérisation de l'humidité,
la rugosité, et la texture du sol. Ici, deux types de capteurs peuvent être distingués, les
capteurs RADAR et LiDAR : (i) les capteurs radar à synthèse d’ouverture SAR « Synthetic
Aperture Radar, SAR » sont particulièrement adaptés pour estimer l'humidité, la texture et la
salinité du sol; les capteurs radars diffusiométriques «Radar scatteromete (r)» sont adaptés
pour estimer l'humidité du sol; et (ii) les capteurs LiDAR sont adaptés à l'analyse de terrain.

Les géologues ont utilisé les données de télédétection depuis l'avènement de la technologie
pour la cartographie géologique régionale, l'interprétation structurale et la prospection des
minerais et des hydrocarbures. Il existe plusieurs livres sur la télédétection géologique (tels
que les livres de Sabins, 1996; Drury, 1987; Gupta, 2003). En outre, il existe un certain
nombre d'articles dans des revues scientifiques traitant l'aspect de la télédétection géologique,
y compris la télédétection pour l'exploration minérale (Sabins, 1999), l'application de la
télédétection hyperspectrale aux sciences géologiques (Cloutis, 1996) et l'usage de la
télédétection et les SIG dans la cartographie des ressources minérales (Rajesh, 2004). Une
grande partie des études géologiques par télédétection dans le domaine du VNIR, SWIR et
TIR est basée sur les travaux pionniers de Hunt et Salisbury (Hunt, 1977; Salisbury et al.,
1989; Cooper et al., 2002) qui ont pris méticuleusement des mesures spectrales des minéraux
et des roches formant ainsi la base des instruments aéroportés et spatioportés. De plus, les
géologues ont contribué activement au développement des nouvelles technologies des
capteurs actifs (principalement l'interférométrie radar SAR / InSAR) et des capteurs passifs
(télédétection multispectrale et hyperspectrale dans les parties VNIR, SWIR et TIR du
spectre).

22
naturelles. Collection télédétection N°5, 178 p.
Ce cours est extrait à partir des Hunt, G.R., (1977). Spectral signatures of particulate
références bibliographies minerals in the visible and near infrared. Geophysics
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review of vegetation indices, Remote Sensing Environ., 34, 75-91.
Reviews, Vol. 13, 95-120.
Jacquemoud S., Ustin S.L.,2001 Leaf optical properties:
Bitam A., Analyse et segmentation d’images A state of the art, in Proc. 8th Int. Symp. Physical
multispectrales : application aux images msg. thèse Measurements & Signatures in Remote Sensing,
de doctorat, Université Mouloud Mammeri de Tizi- Aussois (France), 8-12 January 2001, CNES, pages
Ouzou, 2013, 131 p. 223-232.

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Volume 1, Principes et méthodes Presses de Image Interpretation, fourth edn, John Wiley and
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Boulerie, P., (2008). Introduction à la télédétection, télédétection des sols sales. Cah. Orstom sér. Pédol.
d‘après le cours de « Olivier Joinville », ENSG. 5p. 28 (1), 45-54.

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York, 667p. Journal of Mineralogical and Petrological Sciences
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