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Chapitre
Théorie de l'état de contraintes
1 Introduction
Soit un solide, en équilibre statique, occupant un domaine de frontière et qui est soumis à des actions
mécaniques tel que schématisé sur la figure suivante :
Les forces agissant sur le solide sont de deux natures, on distingue les forces extérieures et les forces internes.
a) Forces extérieures :
Sont toute les actions mécaniques externes qui agissent sur le solide et on distingue :
Forces de volume : toutes les actions qui agissent sur des éléments de volume du solide comme les
forces gravitationnelles, électromagnétiques, ... etc. (forces par unité de volume).
Forces de surface : sont toutes actions agissent sur la surface délimitant le corps solide comme la
pression sur les parois d'un solide, forces de frottement, ... etc. (forces par unité de surface).
NB : Les forces ponctuelles (concentrées) peuvent être acceptées comme forces de surface si leur effet local est
ignoré (pas de singularité).
Dans ce cas, le principe de la statique, qui traduit l'équilibre global du solide, fait intervenir uniquement les forces
extérieures comme le montre l'expression suivante :
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A. BOUROUBA Chapitre 2 : Théorie de l'état de contraintes Année 2020/2021
=0 + =0 + = 0 (2.1)
b) Forces internes :
Ces forces apparaissent dans le corps solide en réagissant aux forces extérieures. Donc, c'est la réaction des
particules solide aux actions externes (cohésion). Ces efforts équilibrent les forces extérieures afin de
conserver l'intégralité du matériau. La démarche de calcul de ces efforts est basée sur le principe fondamental
de la statique qui traduit l'équilibre d'une partie du solide. Pour pouvoir se servir de ce principe, on coupe le
solide par une surface fictive en deux parties et (figure 1.2).
1 1
Figure 2.2 - Forces extérieures ; forces internes appliquées par la partie sur la partie
Contrairement à l'équilibre global du solide, on peut maintenant exprimer l'équilibre statique de la partie
qui fait intervenir les forces interne. D'où, il vient :
+ = + T S = + + T S = 0(2.2)
+ + d S= + + T S = 0 (2.3)
Nous venons de voir que le solide développe des efforts internes (de cohésion) lorsqu'il est soumis aux
actions mécaniques extérieures. La connaissance de ces efforts locales est très importante dans la conception
des structures. Cela permet de prévenir toute rupture et/ou endommagement que peut subir la structure ou ses
éléments constituants. Pour identifier ces efforts, et en plus des hypothèses fixées dans le chapitre 1, on
suppose que la vitesse d'application des forces extérieures est relativement faible afin d'éviter tout effort
dynamique qui ne fait pas objet dans ce cours.
Afin de calculer ces efforts internes, nous avons vu que est repartie sur la surface de coupe ; Si on
considère (facette) une surface élémentaire de , et l'effort interne revenant à cette facette, le vecteur
de contrainte est donné par :
= (2.4)
1 1
= =
( , )= = (2.5)
avec vecteur unitaire normal (sortant) à la facette . D'après (2.5), on peut écrire :
= ( , ) = ( , ) (2.6)
: élément infinitésimal de la surface de coupe , entourant le point , qui est défini par son
vecteur unitaire normal .
( , ) : vecteur de contrainte relatif au point qui dépond de l'orientation de la facette .
Donc c'est une densité surfacique de force qui dépond de la position de et de l'orientation de .
: c'est la résultante des efforts internes agissant sur la facette élémentaire .
: c'est la résultante de tous les efforts internes agissant sur la surface de coupe .
Un vecteur de contrainte en un point , agissant sur une facette de normale , peut être décomposé en
une composante normale parallèle à et en une composante tangentielle parallèle ( à ).
= + = + (2.7)
avec : = . (2.8)
est la contrainte normale du vecteur . est une valeur algébrique positive (traction) ou négative
(compression). Concernant la composante tangentielle, on a la relation de Pythagore :
= + = + = (2.9)
= = = =
= = = = = ou bien = (2.10)
=
= = =
= = = =
= = = = = ou bien = (2.11)
=
= = =
= = = =
= = = = = ou bien = (2.12)
=
= = =
Considérons un parallélépipède autour du point supposé l'origine d'un système local d'axes orthogonaux
( , , , ). Sur la figure 2.8, les facettes du parallélépipède ont des dimensions finies, mais en réalité, il
faut imaginer des facettes infiniment petites concentrées toutes au point .
De plus, comme nous l'avons vu dans la section précédente, sur les trois facettes positives , et
agissent les vecteurs de contraintes , et et d'après (2.10) à (2.12), chacun d'eux a trois
composantes parallèles aux axes du repère local. Si on regroupe volontairement ces composantes dans une
matrice où chaque ligne correspond à un vecteur de contrainte, on obtient :
T
= T = = (2.13)
T
qui est le tenseur de contrainte en écriture habituelle aux ingénieurs, et qu'on peut mettre sous forme
indicielle suivante :
= (2.14)
Dans l'expression indicielle (2.14) du tenseur de contraintes , le premier indice ( ) correspond à la facette
sur laquelle la composante agit (la normale est parallèle à l'axe ). Le second indice ( ) indique l'axe
auquel la composante est parallèle. De plus, si = , cela correspond à la contrainte normale agissant sur la
facette de normale parallèle à l'axe . Si la composante est tangentielle (cisaillement) agissant
parallèlement à l'axe sur la facette .
Dans cette section nous allons montrer comment trouver en un point d'un solide, les contraintes agissant
sur une facette d'orientation quelconque par rapport au repère orthonormé ( , , , ). En bref, c'est de
trouver une relation entre le tenseur de contrainte en un point et le vecteur de contrainte agissant en ce
point sur n'importe quelle facette de ce point. Pour cela, Cauchy a eu l'idée de considérer une surface
élémentaire , de normale , oblique qui coupe les axes du repère , et aux points , et .
Ainsi, les point , , et forment un tétraèdre élémentaire (figure 2.9).
Figure 2.9 - Tétraèdre élémentaire au tour d'un point et projection de sur les plans du repère
D'où, on a :
; ;
Démonstration :
= ( )
= ( )
=1
On analyse les efforts élémentaires agissant sur les différentes facettes du tétraèdre, on a donc :
Sur la facette ( ) =
Sur la facette ( ): = =
Sur la facette ( ): = =
Sur la facette ( ): = =
=0 =0 (2.15)
= + + = + + =
= { }=[ ] { } (2.16)
L'expression (2.16) est la formule de Cauchy qui montre qu'en connaissant les composantes des vecteurs de
contraintes agissant sur trois plan orthogonaux entourant un point, l'état de contrainte en ce point est
entièrement défini, car elle permet de calculer le vecteur de contrainte agissant sur une facette d'orientation
quelconque de en ce point. De plus, il est facile de démontrer que le tenseur de contraintes est
symétrique = ce qui permet de réécrire l'expression (2.16) sous forme matricielle suivante :
= { } =[ ]{ } (2.17)
= (2.18)
Démonstration de = :
Soit un parallélépipède élémentaire de côté suffisamment petit entourant un point d'un solide.
Figure 2.10 - Equilibre du parallélépipède et les contraintes sur les différentes facettes.
+ =0
2 2 2 2
=0 =
On vient de démontrer que le tenseur de contraintes est symétrique = , ce qui confirme l'égalité des
expressions (2.16) et (2.17). En résumé, la formule de Cauchy :
= { }=[ ]{ } = (2.19)
(2.19) nous montre qu'en connaissant le tenseur de contraintes en un point, on peut calculer le vecteur de
contrainte agissant sur n'importe quelle facette , de normale , en ce point.
Exemple d'application 1 :
Soit l'état de contraintes, en un point d'un solide, défini dans une base orthonormée ( , , , ) par le
tenseur suivant :
1 0 2
= 3 0 ( )
2 0 1
Calculer le vecteur de contrainte ainsi que ses composantes normale et tangentielle s'exerçant
sur chacune des deux facettes suivantes :
Solution :
Facette 1 Facette 2
Vecteur de contrainte : { } = [ ] { }
1 =< 0 1 0>
= <1 1 1>
3
1 1 0 2 1 1 3 1 0 2 0 0
T= 0 3 0 1 T= 3 ( ) T= 0 3 0 1 T= 3 ( )
3 2 0 1 1 3 3 2 0 1 0 0
Contrainte normale : = .
= . =1 = . = 3
Contrainte tangentielle : = T
T =9 ; =1 T =9 ; =9
= 9 1 = 2 2 = 9 9 =0
Soit un état de contrainte en un point défini dans le repère orthonormé ( , , , ) par le tenseur de
contraintes . L'idée dans cette section est de chercher les facettes de normales sur lesquelles le
vecteur contrainte est purement normal à ces facettes ( et la composante tangentielle de est
nulle). Donc, on peut écrire :
{ }= { }= { } = [ ]{ } = = (2.20)
avec matrice d'identité qui est donnée en écriture indicielle par le symbole de Kronecker . D'autre part,
on à la formule de Cauchy (2.19) qui est valable dans n'importe quelle facette :
{ } =[ ]{ } =
[ ] { } = [ ]{ } =
d'où il vient :
[ ] [ ] { } = {0} =0 (2.21)
0
= 0 (2.22)
0
L'expression (2.21) ou (2.22) est un système linéaire homogène admettant des solutions par l'annulation du
déterminant de . Donc on est ramené à la recherche des valeurs propres et les vecteurs
propres du tenseur de contraintes . Vu la symétrie de , on définit trois valeurs propres réelles de
qui signifient les contraintes principales de et qui sont classées par ordre décroissant ( ).
Comme on l'a mentionné précédemment, la recherche de ces contraintes principales s'obtient par l'annulation
du déterminant de :
=0 (2.23)
+ + =0 (2.24)
L'expression (2.24) appelé l'équation caractéristique du tenseur de contraintes dont les solutions sont
les contraintes principales de ( , et avec ). Les coefficients , et
appelés les invariants de l'équation caractéristique (2.24) ou bien les invariants du tenseur de contraintes.
Comme leur nom indique, en un point donné, ces coefficients ne dépondent pas du changement de repère.
Il est à noter que pour chaque valeur propre réelle de ( , ou ), lui correspond un vecteur propre
, qui définit le vecteur unitaire normal à la facette sur laquelle la composante tangentielle du vecteur
contrainte est nulle et la composante normale est une contrainte principale. Le nombre de ces facettes est de
trois, qui sont perpendiculaires entre elles formant ainsi des plans dits principaux, et les vecteurs normaux à
ces plans appelés directions principales normalisées (vecteurs propres) du tenseur de contraintes qui forme
la base orthonormée du repère principal dont ses axes sont orthogonaux appelés axes principaux. Par ailleurs,
la recherche de la direction principale associée à chaque revient à remplacer la valeur correspondant dans
le système (2.22). Donc, pour chaque valeur de on résout le système :
( ) + + =0
+( ) + =0 (2.25)
+ +( ) =0
qui est un système de trois équations à trois inconnus dont on ajoute la quatrième équation suivante :
= =1 n +n +n = 1
Pour = =
Pour = =
Pour = =
et la matrice :
= = (2.26)
c'est la matrice des cosinus directeurs ou bien la matrice de transformation géométrique par rotation du
repère. Elle permet le passage du repère ( , , , ), sur lequel le tenseur de contraintes est défini, au
repère principale (axes principaux) sur le quel le tenseur de contrainte est diagonal où ses composantes
représentent les contraintes principales. Nous avons vu dans le chapitre 1 que le changement de repère par
rotation d'un tenseur d'ordre 2 s'effectue par la relation suivante :
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= [ ][ ][ ]
on remplace la matrice par l'expression (2.26), et comme chaque ligne de la matrice représente une
direction principale, alors, le résultat découlant est un tenseur de contraintes diagonal dont ses composantes
sont des contraintes principales :
0 0
= = 0 0 (2.27)
0 0
0 0
En résumé : = [ ][ ][ ] = 0 0
0 0
avec
Exemple d'application 2 :
Soit un état de contraintes, en un point d'un solide, défini dans une base orthonormée ( , , , ) par le
tenseur suivant :
1 2 0
= 2 1 0 ( )
0 0 3
Solution :
2 0
det =0 2 0 =0
0 0
(3 + ) [ ( ) ]=0
=3 ; 1 ; 3
On a : = =1 n +n +n = 1
Pour = =3 :
0 2 2 0 0
=0 = 0 2 0 = 0
0 0 6 0
2 +2 = 0 =
2 2 =0
3 =0 =0
Donc : = 0 =1 2n = 1
2 2
1 1 0
2 2
2
= 1 1 1 0
2
= 3 0 0 1
2 2
0 cos (45°) sin (45°) 0
2 2
= 2 2 = sin (45°) cos (45°) 0
0 0 0 1
2 2
0 0 1
La matrice permettant le passage aux axes principaux c'est une transformation par rotation du repère de
45° autour de l'axe
Vérification que la matrice transforme bel et bien le tenseur en tenseur diagonal où ses
composantes sont des contraintes principales :
2 2 2 2
0 1 2 0 0 3 0 0
2 2 2 2
= [ ][ ][ ] = 2 2 2 1 0 2 2 = 1 0 ( )
0 0 0 3 0 0 0 3
2 2 2 2
0 0 1 0 0 1
3 0 0
= 1 0 ( )
0 0 3
5.1 Invariants
Nous avons vu que ,dans un état de contraintes en un point, la recherche des contraintes principales revient à
l'annulation du déterminant de . Cela nous a emmené à l'équation caractéristique (2.24) :
+ + =0
qui a comme solutions les valeurs de . Ces valeurs représentent les contraintes principales , et
en un point qui ne dépondent pas de l'orientation des axes du repère. De ce fait, ces contraintes principales
sont des invariants de l'état de contraintes en un point. De plus, puisque elles s'obtiennent par la résolution de
l'équation caractéristique (2.24), les coefficients , et doivent être aussi des invariants de l'état de
contraintes en un point. C'est pour cette raison on les appelle invariants du tenseur de contraintes et leurs
expressions s'obtiennent par le développement de (2.23) :
=
= + +
1
= = + + (2.28)
2
( ) = ( )
=
0 0
= 0 0
0 0
ce qui nous permet de donner les expressions des invariants en fonction des contraintes principales :
= + +
= + + (2.29)
Comme ces invariants ne dépondent pas des axes du repère, donc on a l'équivalence entre (2.28) et (2.29), ce
qui nous permet d'écrire les égalités suivantes :
= ; = ; =
L'état plan de contraintes est un cas particulier de l'état de contraintes qu'on a traité précédemment. Cette
situation se présente si :
= = = = =0
, et = ne dépondent pas de la variable ( indépendants de l'axe )
on parle alors d'un état plan de contraintes par rapport au plan ( , , ) et le tenseur de contraintes se
réduit dans ce cas à :
= (2.30)
avec = . Toutes les expressions développées précédemment restent valables et il suffit juste de varier
les indices de 1 à 2 plutôt que 1 à 3, ou bien de supprimer toutes les quantités qui font intervenir la variable
. On se réfère à la figure 11, et on applique la formule de Cauchy (2.19) on trouve les vecteurs de
contraintes ainsi que ses composantes normales et tangentielles agissant sur chaque facette :
=
Facette = 1 0 =
=
Facette = 1 0 =
=
Facette = 0 1 =
=
Facette = 1 =
Dans ce qui suit, on s'intéressera au calcul des composantes normale et tangentielle du vecteur contrainte
s'exerçant sur une facette d'orientation quelconque (de normale incliné de par rapport à l'axe . Pour cela,
on présentera trois méthode pour la détermination de et . La première consiste en l'utilisation de la
notion du vecteur contrainte (formule de Cauchy) qu'on a vu déjà dans les sections précédentes. La seconde
est basée sur l'utilisation de la matrice des cosinus directeurs (matrice de rotation ) qui nous permettra la
déduction de et directement sur le tenseur de contraintes transformé par la matrice . La troisième est
la méthode graphique par le cercle de Mohr.
Soit une facette de normale inclinée de par rapport à l'axe . On voit clairement sur la figure 12 que
le vecteur unitaire normale ainsi que le vecteur unitaire tangent à la facette valent :
= +
= ( ) ( )
= ; = (2.31)
= ( ) = ( )
Les composantes normale et tangentielle du vecteur contraintes s'obtiennent par les produits
scalaires suivants :
1 + cos (2 ) cos (2 )
cos ( ) = ; sin ( ) = ; 2 cos( ) sin( ) = sin(2 )
2 2
et obtient :
+
= . = + cos(2 ) + sin(2 )
2 2
(2.33)
= . sin(2 ) + cos(2 )
2
Les expressions (2.33) nous permettent d'obtenir directement les composantes et s'exerçant sur
n'importe quelle facette, de inclinée de par rapport à l'axe , sans passer par le calcul du vecteur
contrainte .
(a) (c)
=
(b)
= [ ][ ][ ] = (2.34)
avec :
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cos( ) sin( )
=
sin( ) cos( )
On voit clairement que la facette de la figure 13(b) correspond exactement à de la figure 13(c) sur
laquelle on cherche les composantes et . Par analogie, on déduit que = et = . Après le
développement de l'expression (2.34), on trouve :
+
= = + cos(2 ) + sin(2 )
2 2
(2.35)
= sin(2 ) + cos(2 )
2
Supposons que :
+
= ; = ; = +
2 2
On les remplace dans les expressions (2.33) ou (2.35) et après réarrangement, on obtient :
= cos(2 ) + sin(2 )
sin(2 ) + cos(2 )
( ) = (2 ) + (2 ) + 2 cos(2 ) sin(2 )
= (2 ) + (2 ) 2 cos(2 ) sin(2 )
( ) + = + ( ) + = (2.36)
+ . Ce cercle appelé Cercle de Mohr dont les variables sont et . Il est à noter que ce cercle est
relatif à un état plan de contrainte en un point. Cette représentation graphique nous permettra d'obtenir les
composantes et dans n'importe quelle facette en ce point. De plus on peut déduire directement les
contraintes principales ainsi que les directions principales normalisées de cet état de contraintes.
Afin d'effectuer cette représentation graphique, on suppose que l'état de contraintes en un point est connu,
donné par le tenseur de contraintes :
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et les angles du plan physique ( , ) sont doublés (2 ) dans le plan graphique de Mohr ( , )
Tracer deux axes orthogonaux dont l'axe des abscisses représente les contraintes normales et l'axe des
ordonnées les contraintes tangentielles.
Sur le plan, porter les points ( , ) et ( ) et relier entre eux avec un segment de
droite. L'intersection de ce segment avec l'axe des contraintes normales indique le centre du cercle
( , 0). Il reste maintenant qu'à tracer ce cercle qui passe par les points et .
contraintes
tangentielles
1 : origine des angles
11
1
12
12 +
| |
2 2
22 contraintes
11 normales
| |
12
22
2
12
Figure 2.14 - Représentation graphique de l'état plan de contrainte par le cercle de Mohr
Pour trouver et sur une facette quelconque, indiquée par dans le plan physique, on trace
un segment de droite à partir du centre du cercle au point . Ce segment doit faire un angle de 2
avec le segment dans le sens horaire et on obtient ainsi le couple ( , ). La projection de ce
point sur les axes du plan graphique nous indique les composantes normale et tangentielle
s'exerçant sur la facette .
Comme on le constate sur la figure 14, l'intersection du cercle avec l'axe des contraintes normales se
produit en deux points ( , 0) et ( , 0) qui correspondent à des contraintes tangentielles nulles ( = 0).
Ces points nous indique les contraintes principale du tenseur ( et ). De plus, on constate aussi
que les contraintes normales en un point varie entre ces deux valeurs [ , ] d'où ils viennent les
noms contrainte majeure ( : contrainte normale maximale) et contrainte mineure ( : contrainte
normale minimale). Et d'après la figure 14 :
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= + = + + ; = = +
De plus, on constate aussi que le segment fait des angles de (2 ) et (2 + ) avec l'axe des
contraintes normales. Ces angles nous indiquent les directions principales ou les vecteur unitaires
normaux des facettes sur lesquelles les composantes tangentielles sont nulles ( = 0). Dans le plan
physique, les deux directions principales par rapport à l'axe sont de ( ) pour la première direction
1 1
tan(2 ) = = tan = tan
2 2
On constate aussi sur la figure 14 que la contrainte tangentielle maximale correspond au rayon du
cercle. D'où, on déduit :
= = = +
2
Exemple d'application 3 :
Soit un état plan de contraintes, en un point d'un solide, défini dans une base orthonormée ( , , ) par
le tenseur suivant :
8 4
= ( )
4 2
a) Déterminer les composantes normale et tangentielle du vecteur contraintes agissant sur une facette de
normale faisant un angle de 60° par rapport à l’axe X en utilisant :
c) Calculer analytiquement :
Solution
1 3
(60°) 2 (60°) 2
= = ; = =
(60°) 3 (60°) 1
2 2
1
8 4 2 4 + 2 3 = 7.4641
= [ ]{ } = = ( )
4 2 3 2 + 3 = 3.7321
2
= . = 6.9641 MPa
= . 4.5981 MPa
1 3
8 4 cos (60°) sin(60°) 2 2
= ; = =
4 2 sin(60°) cos (60°) 3 1
2 2
1 3 1 3
2 2 8 4 2 2 6.9641 4.5981
= [ ][ ][ ] = = (MPa)
3 1 4 2 3 1 4.5981 3.0359
2 2 2 2
= = 6.9641 MPa
= 4.5981 MPa
+
= = 10 ; = =3 ; = + =5
2 2
contraintes
tangentielles
3
=5 8
1
12 =4 4
3 53.1°
120°
2 5 7 = 10 contraintes
=0
8 normales
2
4 2
4
= 4.6 =7
= 4.6
=7 6.9641 MPa
= + = 10 ; = =0
cos( ) cos +
0.894 2 0.447
= = ; = =
sin( ) 0.447 sin + 0.894
2
= = =5
2
c) Calcul analytique :
4
=0 ( )( ) 16 = 0 ( 10) = 0
4
= 10 ; =0
Pour = = 10
2 4 0
=2
4 8 2 0
1
= = 2 =1 5n = 1 0.447
5
1
2 1 0.8944 0.447
5
Pour = =0
8 4 0
2
4 2 2 0
1
= = 2 =1 5n = 1 0.447
5
1
1 2 0.447 0.8944
5
10
= = =5
2 2
7 Tricercle de Mohr
Soit un état de contraintes tridimensionnel en un point , defini dans le repère principale ( , , , ) par
le tenseur :
0 0
= 0 0
0 0
avec des contraintes principales. Soit le vecteur de contraint agissant sur une facette de
normale définie par ses coordonnées dans le repère principale ( , , , ). La formule de Cauchy nous
0 0
= [ ]{ } = 0 0 =
0 0
= + + (2.37)
= . = + + (2.38)
D'autres part, le vecteur de contrainte peut s'écrire en fonction de ses composantes normale et tangentielle
sous :
= + =
= + + (2.39)
De plus , on a : = =1 n +n +n = 1
= . = + +
= + + (2.40)
n +n +n = 1
qui constitue un système de 3 équations à trois inconnues de . La résolution de ce système nous conduit à :
( )( )
=
( )( )
( )( )
= (2.41)
( )( )
( )( )
n =
( )( )
En tenant compte de l'ordre et sachant que les valeurs de sont positives ( 0) et cela
ne peut se produire sauf si les conditions suivante soient vérifiées :
( )( ) 0
( )( ) 0 (2.42)
( )( ) 0
+
2 2 ( ) R
+
( ) R (2.43)
2 2
( ) R
+
2 2
Ces trois inégalités définissent trois cercles qu'on appelle le tricercle de Mohr. Les variables sont alors les
composantes normale et tangentielle . Ainsi, le couple ( , ) doit vérifier les conditions suivantes :
contraintes
tangentielles
Cercle 2
( , )
Cercle 3
Cercle 1
1 2 3 contraintes
normales
1
3
Le couple ( , ) se trouve en dehors des cercles 1 et 3 et l'intérieure du cercle 2. Donc quelque soit la
l'inclinaison de la facette , les valeurs du couple ( , ) se situent dans la surface colorée du tricercle de
Mohr (Figure.15). Comme on peut observer aussi que la contrainte tangentielle maximale (cisaillement
maximal) correspond au rayon du plus grand cercle (cercle 2), d'où :
= = (2.44)
2
0 0
= 0 0
0 0
De ce fait :
Le vecteur de contrariante : = .
Les contraintes principales : = = = .
Le tricercle de Mohr se réduit à un point sur l'axe des contraintes normales :
L'axe
L'axe
= = =
On dit que l'état de contraintes est uniaxial dans une direction donnée par exemple :
0 0
dans la direction : = 0 0 0
0 0 0
0 0 0
dans la direction : = 0 0
0 0 0
0 0 0
dans la direction : = 0 0 0
0 0
L'axe L'axe
L'axe L'axe
= =0 = = = =0
Traction
Compression
Figure 2.17 - Etat de contraintes uniaxial de traction et de compression
0
Dans le plan ( , ) : = 0 0
0 0 0
0 0
Dans le plan ( , ) : = 0 0 0
0 0
0 0 0
Dans le plan ( , ) : = 0 0
0
0 0 0 0
Ou bien dans le repère principale : si >0 = 0 0 0 ; si <0 = 0 0 0
0 0 0 0
Si >0 = ; = 0 ;
Si <0 ; =0 ; =
Le tricercle est symétrique par rapport à l'axe des contraintes tangentielles :
L'axe
L'axe
= =0 =
Cet état se présente si le tenseur de contraintes est sous l'une des formes suivantes :
0 0 0 0 0 0
= 0 0 ou bien = 0 0 ou encore = 0 0
0 0 0 0 0 0
Si > = = ; =
Si < = ; = =
Le tricercle se réduit à un seul cercle :
L'axe L'axe
L'axe L'axe
= = = = = =
1 1 1
= ( + + )= ( + + )= (2.45)
3 3 3 3
Comme on l'a vu précédemment, cette quantité scalaire est invariante de l'état de contrainte en un point
donné, et permet de décrire la partie sphérique du tenseur par :
1 0 0 0 0
= 0 1 0 = 0 0 [ ]= [] = (2.46)
0 0 1 0 0
d'où, est le tenseur sphérique du tenseur de contraintes . Le tenseur déviateur qui décrit la partie
déviatrice de s'obtient par soustraction de à , d'où il vient :
0 0
= 0 0 = (2.47)
0 0
ou encore :
En conclusion, le tenseur de contraintes est la somme des deux tenseurs sphérique et déviateur :
Pour le calcul des contraintes principales et direction principales normalisée du tenseur déviateur , on a
l'expression (2.21) qui est donnée par :
[ ] [ ] { } = {0} =0
[ ] [ ] { } = {0} =0 (2.50)
En comparant les expressions (2.50) et (2.51) à celle de (2.21), on constate que les tenseurs et
possèdent les mêmes directions principales. Et pour les contraintes principales, on déduit que :
= = (2.52)
Exemple d'application 4 :
Soit l'état de contraintes, en un point d'un solide, défini dans une base orthonormée ( , , , ) par le
tenseur suivant :
2 0 4
= 7 0 ( )
4 0 2
Calculer les contraintes principales et les directions principales du tenseur de contraintes sachant que
.
Donner le tenseur sphérique et le tenseur déviateur du tenseur de contraintes .
Déduire ensuite les contraintes principales et les directions principales du tenseur déviateur .
Solution :
0 4
det =0 0 0 =0 (7 + ) [16 ( ) ]=0
4 0
=6 ; 2 ; 7
On a : = =1 n +n +n = 1
Pour = =6 :
4 0 4 0 =
=0 13 0 = 0
4 0 4 0 =0
Avec :
2
= 0 =1 2n = 1
2
2
1 0 1
2
2
= 2 1 0 1
2
= 7 0 1 0
1
= ( + + ) 1
3
0 0 1 0 0
= = 0 0 = 1 0 ( )
0 0 0 1
2 0 4 1 0 0 3 0 4
= = 7 0 1 0 = 6 0 ( )
4 0 2 0 1 4 0 3
= =6 ( 1) =7
= ( 1) 1
= ( 1) 6
Et pour les directions principales de , sont les mêmes que celles du tenseur de contraintes .
Soit un volume élémentaire isolé d'un solide et son contour, sur lequel s'exerce un champ de
contraintes et la froce de volume .
+ =0 + =0
+ [ ]{ } =0 + =0
+ [ ] =0 + , =0
+ [ ] =0 + , =0
[ ]+ =0 , + =0 + =0 (2.53)
+ + + =0
, + , + , + =0
, + , + , + =0 + + + =0 (2.54)
, + , + , + =0
+ + + =0
Les expressions (2.53) ou (2.54) appelées équations d'équilibre statique ou les équation du mouvement de
Cauchy. Ces équations différentielles permettent ainsi de donner une relation entre les force de volume et le
champ de contraintes dans chaque point du domaine matériel.
Exemple d'application 5 :
Soit un solide soumis au champ de contraintes décri dans le repère orthonormé ( , , , ) par :
8 2( ) 8
( , , ) = 2( ) 8 0 ( )
8 0 8
Solution :
24 +0+0+ =0 ( , , ) 24
+ =0 16 +0+ =0 ( , , ) = 16 2
0 + 0 + 24 + =0 ( , , ) 24
8 0 8 (1,1,1) 24 MN/m
(1,1,1) = 8 0 ( ) ; (1,1,1) = 14 MN/m
8 0 8 (1,1,1) 24 MN/m
Matière d’Elasticité Master 1 (Structures) 33/36
A. BOUROUBA Chapitre 2 : Théorie de l'état de contraintes Année 2020/2021
Exemple d'application 6 :
Le champ de contraintes agissant sur un solide est défini dans le repère orthonormé (0, , , ) par le
tenseur suivant :
3( + 1) 6 0
( , , )= 6 4 4 1 [ ]
0 4 1 2( )
1) Calculer les composantes de la force de volume garantissant l'équilibre statique du solide (commenter) ;
2) Donner l’expression du tenseur de contraintes au point (0,1,1) ;
3) Trouver le vecteur unitaire normal au plan qui passe par les trois points (2,0,0), (0,2,0) et (0,0,2) ;
4) Au point , calculer le vecteur contraint et ses composantes normale et tangentielle agissant
sur le Plan ;
5) On considère maintenant l'état de contraintes au point (0,2,1). Donner l'expression du tenseur de
contraintes en ce point ;
6) Au point , montrer que le tenseur est une superposition d'un cisaillement pur dans le plan ( , )
et une traction dans le sens ;
7) Au point , déduire (sans faire les calculs) les contraintes principales et les directions principales
normalisées de sachant que ( );
8) Calculer ensuite la contrainte de cisaillement maximale agissant sur le point ;
9) Au point , décomposer le tenseur de contraintes en tenseurs déviateur et sphérique ;
10) Déduire ensuite les contraintes principales du tenseur déviateur .
Solution :
, + , + , =0
, + =0 , , + , + , =0
, + , + ,
=0
=0 3 0 0
(0,1,1) =1 = 3 3 [ ]
=1 0 3 0
= 2 2 0 1
= 1 1 1 0.577 0.577 0.577
3
= 2 0 2
3 0 0 1 1 3 1.732
=[ ]{ } = 3 3 1 0 =± 0 [ ]
0 3 0 3 1 3 1.73
= .{ } = [ ]{ } =2
| | 2 1.41
=0 3 0 0
(0,1,1) =2 = 0 0 7 [ ]
=1 0 7 0
6) est une superposition d'un cisaillement pur dans le plan (X , X ) et une traction dans le sens X :
0 0 0
dans le plan ( , ) =7 0 0 7
0 7 0
3 0 0
=3 0 0 0
0 0 0
0 0 0 3 0 0 3 0 0
= 0 0 7 + 0 0 0 = 0 0 7
0 7 0 0 0 0 0 7 0
7) Déduction des contraintes principales et les directions principales normalisées sans calculs :
2
=7 0 1 1
2
dans le plan ( , ) =7
7 2
1 1
2
=3 =3 1 0 0
2
= 7 MPa = 0 1 1
2
= 3MPa 1 0 0
2
7 MPa 1 1
2
= =7
2
+ + 1 0 0
= =1 = 0 1 0
3
0 0 1
3 0 0 1 0 0 2 0 0
= = 0 0 7 0 1 0 = 1 7
0 7 0 0 0 1 0 7 1
= =7 1 = 6 MPa
= =3 1 = 2 MPa
= 1 8 MPa
Fin du chapitre 2