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OUTILS DE LA MAINTENANCE PREVENTIVE CONDITIONNELLE ET PREVISIONNELLE

THERMOGRAPHIE IR

I.Notions de température et de chaleur


Dans un matériau, les molécules sont agitées d’un mouvement
permanent, à une certaine vitesse. La température dépend de la vitesse
moyenne de déplacement des molécules. La chaleur dépend de la
vitesse moyenne de déplacement des molécules ainsi que de leur
nombre (chaleur = énergie).
Au zéro absolu, il n’y a plus d’agitation moléculaire.
La température d’un corps (niveau énergétique) s’exprime en degrés
Celsius (°C) ou en Kelvin (K). L’échelle en Kelvin est référencée au zéro
absolu qui vaut -273,15°. A cette température, tout corps à une valeur
énergétique nulle.
La Chaleur s’exprime en Joules (J) ou en calories (cal) avec 1cal = 4,18J.

Le rayonnement
Plus un corps à une surface importante, plus son nombre de molécules est important. Donc, il rayonne beaucoup plus de
chaleur qu’un corps d’une surface plus faible. Tous les corps de l’univers émettent un rayonnement d’ondes
électromagnétique.
Ce rayonnement se propage à la vitesse de la lumière. Il ne nécessite pas de milieu matériel. Il existe dans le vide.
Au fur et à mesure que la température augmente, les caractéristiques du rayonnement changent. Une caméra de
thermographie peut « voir » les changements imperceptibles à l’œil !

Le spectre électromagnétique

La lumière visible, les ondes radio, TV, les rayons X sont des
rayonnements électromagnétiques.
Le domaine visible s’étend des longueurs d’onde allant de 0,4
à 0,8 μm.
La bande infrarouge s’étend de 0,8 à 1000 μm et peut-être
divisée en plusieurs sections : l’infrarouge proche, moyen,
éloigné et lointain.
En thermographie infrarouge, on travaille généralement dans une bande spectrale qui s’étend de 2 à 15 μm et plus
particulièrement dans les fenêtres 2-5 μm appelée ondes courtes (SW, Short Waves) et 7-15 μm appelée ondes longues
(LW, Long Waves).

A partir d’une température de l’ordre de 520°C, l’émission du rayonnement infrarouge apparaît dans
le domaine spectral visible (0,4-0,8μm) : les objets chauffés au moins à cette température
deviennent donc visibles par l’œil humain de par leur couleur rouge sombre. En-dessous de cette
température, on ne « voit » pas les températures, car l’émission de rayonnement se fait au-delà de la
bande spectrale sur laquelle sont calibrés les yeux.
Exemple de la plaque « feu » électrique.
Les transferts de chaleur
La conduction La convection
Du côté de la flamme, les molécules s’excitent, bougent de plus en plus Le transfert thermique se fait par un milieu
rapidement et se cognent avec leurs voisines. Elles échangent de « fluide » (ex : air).
l’énergie. De proche en proche, l’agitation moléculaire se développe. Le
flux de chaleur diffuse. Exemple de convection forcée sur un
Dans les solides et les liquides, les molécules sont ordonnées et la système de ventilation sur la vitre avant
distance moyenne entre elles est bien plus faible que dans un gaz. On d’une voiture.
comprendra alors que dans un gaz, la conduction soit quasiment nulle.

Exemple en thermographie
infrarouge : Surveillance de
réfractaire. On observe le transfert
de chaleur entre les briques afin de
vérifier d’éventuels problèmes.

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II. Caméra infrarouge

La température se mesure à l’aide de thermomètres, par contact ou par rayonnement.


Le thermomètre à rayonnement se compose en fait d’un radiomètre (qui mesure la
puissance de rayonnement) et d’un calculateur (qui la transcrit en températures).

La caméra infrarouge capte au travers d’un milieu


transmetteur (ex : l’atmosphère) les rayonnements émis
par une scène thermique. Le système radiométrique
convertit la puissance de rayonnement en signaux
numériques ou analogiques : ceux-ci sont transcrits en
température par le calculateur et transformés en points
lumineux sur un écran.
L’image ainsi obtenue s’appelle « Thermogramme ».

La théière contient encore du thé à 50% de sa capacité. Ce thé est


toujours chaud : il émet du rayonnement infrarouge qui échauffe la
porcelaine.
La théière rayonne à son tour : cette émission est directement
influencée par la source de chaleur initiale. La caméra infrarouge
mesure tous les rayonnements émis par la surface du récipient et les
restitue sous forme de thermogramme : cette image thermique est
composée par des niveaux de couleurs ou de gris (thermogramme
N&B), lesquels sont en corrélation avec les niveaux de T° mesurés
(échelle des températures).
Dans ce cas, le thermogramme nous indique le niveau de thé restant ainsi que sa situation thermique avant
consommation.

III.Conditions de mesure :
La résolution spatiale est la capacité à mesurer avec précision la température de
petits objets. Il faut que l’objet soit plus gros que ce qu’il est nécessaire pour le voir.
La mesure est affectée par la taille des objets visés. Les facteurs d’influence sont :
 La matrice (nombre de pixels) ;
 L’objectif et la qualité du système optique ;
 La distance.
Règle pratique:
On regarde le viseur de la caméra. Si dans
cette surface, la température est homogène,
la taille de l’objet est correcte.

Même image,
réglée
automatiquement
(gauche) et cadrée
thermiquement sur
le composant
(droite).

La thermographie infrarouge s’effectuent dans un milieu


ambiant naturel ou atmosphère naturelle : celle-ci
constitue un milieu semi-transparent (ou « hublot ») entre
les rayonnements émis par un corps quelconque dont on
veut mesurer la température et la caméra thermique. Ce
milieu transmet donc en partie le rayonnement émis par
une scène thermique.
Exemple de réflexion de l’opérateur sur une connexion
électrique.

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Méthode d’inspection
L’opérateur est muni d’une caméra infrarouge, avec une résolution thermique faible afin de mettre en évidence de faibles
écarts de température.
Les installations électriques doivent impérativement fonctionner en régime permanent sans nécessairement disposer de
la pleine charge : tout le système doit-être en équilibre thermodynamique.

Les équipements uniquement sous tension sont incontrôlables par thermographie : seuls les courants génèrent les
échauffements à analyser.

Le contrôle par infrarouge est réalisé en trois temps :


1. La visualisation du comportement thermique global des éléments d’un même tableau : celle-ci met en évidence
des points dont les températures sont plus élevées.

2. Interpréter la scène thermique afin de différencier les échauffements normaux (bobines de contacteurs,
résistances, selfs, transformateurs) des échauffements anormaux (ces derniers sont facilement identifiables par
comparaison entre composants identiques fonctionnant dans des conditions similaires).
Cette opération implique une connaissance de l’appareillage électrique ainsi que de bonnes notions pratiques dans
l’application de la thermographie infrarouge (beaucoup de composants électriques ont une émissivité faible (cuivre,
aluminium), donc un pouvoir réfléchissant très élevé. Il ne faut pas confondre un point anormalement chaud avec « un
point chaud fantôme » résultant de la réflexion d’une source de chaleur environnante, voire l’image thermique de
l’analyste sur le composant).

3. Quantifier les températures des points chauds. C’est la différence de température ou dT° qui caractérise le défaut
thermique.

IV. Techniques d'analyse d'images thermiques


L'analyse d'images thermiques se traduit souvent par la recherche de zones singulières dont le
comportement diffère du reste de l’image. C'est la raison pour laquelle les appareils disposent de
nombreuses fonctions permettant d’augmenter artificiellement les contrastes locaux. Le
maniement de ces fonctionnalités permet de trouver plus facilement ce qu’on cherche à mettre en
évidence dans une image. Les trois fonctions les plus importantes pour l'amélioration des images
thermiques sont le cadrage thermique, l'isotherme et les palettes.

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1. Cadrage thermique
Le cadrage thermique est l'ajustement de l'échelle de l'image permettant d'optimiser le
contraste pour les besoins de l'analyse. Le cadrage thermique suppose l’utilisation des contrôles
de niveau et de gain de la caméra. Lorsque la zone d'intérêt de l'image est choisie, il faut ajuster
ces deux paramètres de telle sorte que les couleurs de la palette couvrent au plus juste cette
partie de l'image. Les zones moins intéressantes de l'image peuvent, quant à elles, se situer en
dehors de l'échelle. Elles seront alors généralement représentées en noir ou blanc.
Sur l’exemple de la figure 7.10, dans l'image de droite, le gain est plus réduit et le niveau est
sensiblement plus élevé. Il en résulte un meilleur contraste. Cette image est plus facile à analyser
car la zone thermique est mieux mise en évidence.
63,9°C 66,2°C

60
60

40
50

20
40

0 30

-20 20

-26,0°C 16,1°C

Figure 7.10 : Même image, réglée automatiquement (gauche) et cadrée


thermiquement sur le composant (droite).

2. Isotherme
L'isotherme remplace certaines couleurs dans l'échelle par des tons opposés. Il marque un
intervalle de température apparente égale. L'isotherme remplace uniquement une plage de
couleurs par une autre contrastant plus avec les couleurs utilisées dans l'image. L'isotherme peut
être déplacé de haut en bas sur l'échelle et élargi ou réduit selon vos besoins. Un exemple est
illustré sur la figure 7.11.
57,2°C 57,2°C

40 40

20 20

0 0

-13,0°C -13,0°C

Figure 7 .11 : Tête de transformateur haute tension avec une isotherme

3. Palettes
Une palette assigne différentes couleurs pour marquer des niveaux de température
apparente définis. Elle peut être plus ou moins contrastée selon les couleurs utilisées.
Une image thermique peut être généralement affichée avec un maximum de 256 nuances de
couleur ou de gris simultanément. Sur une échelle de gris, la couleur noire se trouve à l'une des
extrémités et elle s'éclaircit progressivement à chacun des 256 pas jusqu'à devenir blanche. Ce qui

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3. Condition de température différentielle, charge inférieure au nominal


Dans le cas d’un défaut de nature électrique, il convient de compenser l’écart obtenu par un
facteur lié à la charge. L’écart brut ΔT et le pourcentage de charge ayant été mesurés, l’écart
effectif à considérer pour le tableau de la page précédente est alors calculé selon la formule :
∆Teffectif = ∆Tbrut / (Pourcentage de charge)2

Formule à utiliser

Conditions d’écart de température.


T effectif = T brut * (Inominal / I mesuré)²
La température d’un composant supposé défectueux
est comparée avec celle d’un composant sain T brut = Ecart entre la mesure de température maxi et la
identique travaillant dans des conditions similaires. mesure de tempérture mini

Inominal = 100 (% de la charge nominale)


I mesuré = % de la charge nominale

Ecart
Sévérité Priorité
T effectif
< 10°C Défaut « 0 » (incertain) Cela peut être un défaut. Dans l’incertitude, c’est à surveiller. 4
10 à 20°C Défaut « 1 » (avéré). Planifier une mesure corrective. 3
20 à 40°C Défaut 2 (sérieux). Mesures correctives urgentes à prendre (dans la semaine généralement). 2
> 40°C Défaut 3 (critique). Intervenir immédiatement. 1
Le degré de priorité conditionnera les décisions et actions à mettre en œuvre pour remédier aux défauts.

Exemple :
On mesure un écart de 9°C entre deux phases d’un disjoncteur de calibre 100 ampères, alors
que le courant mesuré est de 30 ampères. Considérant l’écart brut, il ne s’agit pas d’un défaut.
L’écart effectif compensé de la charge est de 9 x (100/30)2 soit 100°C. Le défaut passe alors en
catégorie 3 Critique.

4. Condition de température différentielle, mesure par vent


Le vent doit être mesuré au moyen d’un anémomètre. L’écart brut ayant été mesuré, l’écart
effectif à considérer pour le tableau de la page précédente est alors calculé selon la formule :
∆Teffectif = ∆Tbrut x Vitesse du vent 0,449
(Pour un vent compris entre 1 et 8 m/s)
5. Condition de température différentielle, mesure par vent et charge inférieure au nominal
Les deux conditions de compensation précédentes se juxtaposent.
∆Teffectif = ∆Tbrut x Vitesse du vent 0,45 / (Pourcentage de charge)2

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Exemples de thermographie

Mécanique.
Chauffe anormale d’un arbre de transmission au Fusibles, avec contacts à couteaux. Charge nominale.
passage sur un palier. Température supérieure à 100°C sur la platine.
Vérifier le palier (usure, désalignement, … ?) Défaut important au niveau d ’un contact, se
propageant par conduction.

Fusibles, avec contacts à couteaux. Petits porte-fusibles.


1 Défaut : a) serrage de conducteur (droite), avec 1 Défaut difficile à cerner de l’extérieur :
conduction élevée dans le câble et influence par probablement un mauvais contact, ou une
rayonnement sur les voisins surcapacité. Ecart de température par rapport à la
normale de quasiment 30°C. Intervention rapide.

Petits porte-fusibles. Disjoncteur


1 Défaut difficile à cerner de l’extérieur : 1 Défaut interne. Ecarts locaux de température
probablement un mauvais contact. Importance de surface sur différents points du composant
moindre que l’exemple précédente (notez les légèrement supérieurs à 10°C. Probablement plus
températures). Attention à l’échelle des à l’intérieur. Composant à changer.
températures qui pourrait tromper le diagnostic.

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