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INSTRUMENTS OPTIQUES 2021-2022

Chapitre II : Notions de base :


Prisme & Lentilles
I. Le prisme

Définition : Un prisme est un ensemble de trois milieux transparents, homogènes et isotropes


séparés par deux dioptres plans. Les dioptres plans sont dans la pratique limités à des segments
AB et AC et forment un triangle, dans un plan de coupe ou plan de section principal. L’angle
̂
 = (𝐴𝐵, 𝐴𝐶 ) est appelé angle au sommet.

Nous limiterons notre étude au cas où les milieux extrêmes sont identiques (en général, de
l’air).

I.1. Formules du prisme

Considérons un rayon I’I incident sur le prisme dans un plan de section principale. Le rayon
fait un angle i avec la normale ⃗N
⃗ au dioptre AB (Fig. 1.). Il se réfracte en I en restant dans ce
plan, qui coïncide avec le plan d’incidence. Notons r l’angle formé par le rayon réfracté et la
normale N⃗⃗ à AB, r étant donné par la loi de réfraction de Descartes :
sin i = n sin r
Le rayon réfracté se propage dans le prisme et
rencontre la face AC en J. Notons r’ l’angle
formé entre le rayon lumineux et la normale ⃗N

au dioptre AC. Le rayon est alors réfracté dans
l’air dans une direction JJ’ faisant un angle i ’ par
rapport à N⃗⃗ . La loi de la réfraction de Descartes
s’écrit en J :
n sin r’ = sin i’
Notons qu’en I, le rayon incident est réfléchi par
le dioptre AB dans l’air. De même, en J, le rayon
IJ est réfléchi dans le prisme, rayon réfléchi qui,
Fig.1 Trajectoire d'un rayon incident sur
un prisme dans le plan de section à son tour, générera une multiplicité de rayons
principale avec un angle i avec la normale réfléchis et réfractés. Cependant, à chaque
au dioptre AB. réflexion dans le prisme, les rayons perdent en
intensité lumineuse. Il est donc raisonnable de limiter l’étude au rayon sortant du prisme sans
y avoir subi aucune réflexion. Ce rayon porte une plus grande intensité lumineuse.

Il est possible d’établir des relations entre les angles i, i’, r, r’, et la déviation D, définie par D
= (𝐼̂′ 𝐼, 𝐽𝐽′).

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Relation entre r, r’ et 𝑨 ̂:

Avec (N⃗⃗̂
, IJ ⃗̂
⃗ )+ (IJ , N′ ⃗̂
⃗⃗⃗ )= (N⃗ ,N
⃗⃗ ′), nous obtenons :
r + r ’ = 𝐴̂
̂:
Relation entre D, i, i’ et 𝑨
La déviation D1 du rayon IJ, réfracté dans le prisme, par rapport au rayon incident s’écrit
D1 = i – r. Celle, D2, du rayon JJ’ réfracté dans l’air, par rapport au rayon IJ s’écrit
D2 = i ’ – r ’. La déviation totale du rayon est D = D1 + D2 :
D=i+i’–r–r’
D = i + i ’ – 𝐴̂ .
Ces deux relations constituent les formules du prisme. Pour un prisme de petit angle au sommet
𝐴̂ et une faible incidence, ces relations prennent une forme simplifiée car on peut exprimer
simplement i et i’ en fonction de n, r et r ’ :
i = nr et i ’ = nr’

La première expression est obtenue car i est petit. Avec 𝐴̂ = r + r’ petit, nous pouvons déduire
que r’ est également petit et conclure sur la deuxième relation.
Nous obtenons les formules approchées du prisme :

𝐴̂ = r + r ’
D = (n – 1) 𝐴̂.
II. Notion d’objet et d’image en optique géométrique

II.1. Le sténopé (ou chambre noire)

C’est l’ancêtre de la photographie. Il s’agit d’un procédé très simple pour former sur un
écran translucide (papier calque) ou sur une plaque photographique une image inversée d’un
objet. Il consiste à prendre une boîte hermétique à la lumière (chambre noire, une boîte à
chaussures convient), à percer un petit trou sur un côté, et à remplacer le côté opposé au trou
par un écran translucide.
Parmi tous les rayons émis (dans toutes les directions) par un point de l’objet lorsque
cet objet est éclairé
par une source de lumière (par exemple, l’extrémité d’une feuille éclairée par le soleil), seul
«un» rayon traverse le trou et vient frapper l’écran. Puisque chaque rayon porte une information
sur l’objet d’où il est issu (rayon intense si l’objet réfléchit beaucoup la lumière, rayon vert si
l’objet est vert, etc.), on reconstitue point par point cette information sur l’écran.

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Fig.2 Présentation du sténopé

Cette technique était couramment utilisée au 17ème siècle par les peintres, qui se
servaient de l’image projetée comme d’un guide pour peindre par-dessus (Vermeer en
particulier l’a abondamment exploitée). On raconte que Leonard de Vinci en aurait aussi eu
connaissance, et même qu’Aristote l’utilisait pour observer les éclipses du soleil.

Inconvénients :
La limitation principale d’un tel appareil est liée à la taille du trou : s’il est grand, chaque point
de l’objet fournit un cône de lumière susceptible de passer dans le trou, donc l’image est
constituée de taches plutôt que de points : la résolution est mauvaise. A contrario si le trou est
très petit très peu de lumière passe. Si le fond de la chambre est une pellicule photo, il faudra
poser longtemps avant d’avoir une image nette, ce qui interdit de prendre en photo des objets
en mouvement par exemple.

Remarque : de nos jours, on utilise encore ce procédé pour prendre des photos du soleil (car
la quantité de lumière reçue n’est pas franchement un problème !), en particulier lors
d’événements exceptionnels comme des éclipses.

I.2. Instrument d’optique (ou système optique) et image

Comment faire pour créer des images plus lumineuses qu’avec un sténopé ? Il suffit qu’au lieu
de récolter un seul rayon, on en récolte plusieurs. Mais pour cela, agrandir le trou ne servirait
à rien puisqu’on n’obtiendrait pour chaque point de l’objet qu’une grosse tache floue sur
l’écran.

Il faudrait donc réussir à fabriquer un composant spécial qui aurait la propriété illustrée
à la figure ci-dessous : il faudrait que tout rayon issu de A et parvenant à rentrer dans
l’instrument soit dévié du bon angle pour aller vers le point A’. Pour que l’instrument soit
vraiment utile, il faut naturellement qu’il ait cette propriété pour les autres points de l’objet,
comme le point B.

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Si l’on parvient à fabriquer un tel instrument (pour l’instant on ne dit pas comment on
s’y prend), on voit que tout rayon issu du point objet A passe par le point image A’ après
traversée de l’instrument.
On dit dans ce cas que A’ est l’image de A par l’instrument d’optique.

Fig.3 Schéma d’un sténopé (en haut) et d’un instrument d’optique (en bas)

Dans un sténopé un très faible nombre de rayons (à la limite « un seul ») contribue à


former l’image, alors que dans le second cas il y en a de nombreux. On n’a pas représenté
l’image de B par l’instrument d’optique pour ne pas alourdir le dessin. Conséquence : l’image
est beaucoup plus lumineuse avec l’instrument d’optique. On notera également que du coup,
la position de l’image est imposée : si on place l’écran ailleurs qu’en A’, on a une tâche floue
! L’utilisation d’un instrument d’optique implique donc une mise au point, qui n’était pas
nécessaire avec le sténopé.

Fig.4 Présentation d’une lentille

Cet instrument existe-t’ il ? La réponse est « oui, sous certaines conditions ».

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En combinant deux dioptres de forme sphérique, on réalise une « lentille » qui est capable, sous
certaines conditions, de réaliser l’instrument ci-dessus. On peut expliquer la convergence des
rayons par une analogie avec le prisme :
Une lentille est équivalente à plusieurs prismes d’angles de plus en plus importants superposés.

III. Quelques définitions

• Un système optique est dit rigoureusement STIGMATIQUE pour un couple de points A et


A’ si tout rayon passant par A passe par A’ après avoir traversé le système optique.

• Image réelle : Lorsque tout rayon issu d’un point A passe réellement par un point A’ après
traverse d’un système optique, on dit que A’ est une image réelle. C’est le cas représenté à la
figure 3 précédente avec une lentille. Lorsque l’image est réelle, il faut en général mettre un
écran pour la voir. L’image est dite « nette » lorsque tous les rayons issus d’un point objet A
convergent en un point image A’ sur l’écran. Sinon, l’image est « floue ».

• Image virtuelle : Lorsque tout rayon issu d’un point A SEMBLE venir d’un point A’ après
traversée d’un système optique, on dit que A’ est une image VIRTUELLE. C’est le cas
représenté ci-dessous avec un miroir (le système optique ici c’est la réflexion sur le miroir).

Fig. 5 Images définies par rapport à la face de sortie (2). a. Image réelle ; b. Image virtuelle.

Pour un œil qui regarde dans un miroir, tout se passe comme si les rayons issus de P
venaient d’un point fictif P’ qui est le symétrique de P par rapport au miroir.
L’œil (et le cerveau) étant conditionné à la propagation rectiligne de la lumière, il « croit » voir
un objet en P’, en tous points identiques à P. Ce n’est donc pas parce qu’une image est virtuelle
que notre œil ne peut pas la voir. Si on place un écran en P ‘, bien sûr, il ne se passe rien car la
lumière ne franchit jamais le miroir !

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Fig. 6 Présentation d’une image virtuelle d’un point P’ d’un point objet P, formée par un miroir
plan.

• Soit un système optique possédant un axe de symétrie Δ appelé axe optique. Il y a


APLANETISME si pour tout objet AB plan et perpendiculaire à Δ, son image A’B’ est plane
et perpendiculaire à Δ. Les systèmes optiques habituels sont aplanétiques : c’est pour cela que
les écrans de cinéma projettent sur un écran plat l’image d’une pellicule plane.

Un système est centré s’il admet un axe de symétrie de révolution. Cet axe de symétrie est
l’axe optique du système centré. Un rayon arrivant suivant l’axe optique n’est pas dévié.

Fig.7 Conditions de Gauss

• Pour un système centré réel, afin de vérifier les conditions de stigmatisme et d’aplanétisme
(approchées), il faut se placer dans les CONDITIONS DE GAUSS : rayons lumineux peu
inclinés par rapport à l’axe optique et peu écartés de cet axe.

Note : le phénomène de diffraction empêche de réaliser un stigmatisme totalement rigoureux :


même avec un instrument d’optique parfait, sans aucun défaut, on ne peut jamais concentrer
tous les rayons en un seul point. On obtient dans le meilleur des cas une tache dite « tache de
diffraction ». Cela est dû au fait que le rayon lumineux, comme on l’a dit, n’est qu’une
approximation. La lumière doit être considérée comme une onde pour comprendre ces
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problèmes. La diffraction limite la résolution de tous les instruments d’optique (appareils


photo, caméras, télescopes…), c’est-à-dire la taille du plus petit objet dont on peut faire
l’image.

IV. Introduction aux lentilles

IV.1. Définitions

Lentille mince

Une lentille mince correspond à une lentille dont l’épaisseur maximum est très petite devant
les rayons de courbure des deux dioptres. Dans le cadre des conditions de GAUSS, les lentilles
minces sphériques réalisent un stigmatisme et un aplanétisme approchés.

Centre optique

On désigne par centre optique le point de l’axe optique appartenant à la lentille : c’est l’axe
passant par les deux centres des dioptres sphériques formant la lentille. On le note O.

IV.2. Types de lentilles

On distingue deux types de lentilles :


• les lentilles à bords minces (convergentes) : le faisceau lumineux les traversant devient plus
Convergent

Fig.8 À gauche, lentille (convergente) positive, à droite lentille (divergente) négative.

• les lentilles à bords épais (divergentes) : le faisceau lumineux les traversant devient plus
divergent.

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Fig.9 Différentes types de lentilles

V. Explications et conventions

On considère les définitions et les conventions suivantes couramment utilisées en Optique


géométrique que :

• La lumière se propage de gauche à droite et qu'un objet est par conséquent situé à gauche
de la lentille.

• Le foyer principal d'une lentille est le point de l'axe optique vers lequel des rayons
émergents se rencontrent.

• Le foyer principal d'une lentille convergente se trouve à droite de la lentille. Il est identifié
par la lettre F’.

• Le foyer principal d'une lentille divergente se trouve à gauche de la lentille. Il est identifié
aussi par la lettre F’.

• Le foyer principal est aussi appelé « foyer primaire » ou « foyer image ».

• Chaque lentille possède deux foyers : Le foyer secondaire est symétrique au foyer primaire
par rapport à la lentille. Il est parfois appelé « foyer objet ». Il est identifié aussi par la lettre
F.

• L'axe principal d'une lentille est une droite passant par ses deux foyers et en son centre. On
l'appelle parfois « axe optique ».

• La longueur, ou distance, focale d'une lentille est la distance séparant la lentille et son foyer
principal. La longueur focale est identifiée par la variable ƒ.

• La longueur focale d'une lentille convergente est positive, alors que celle d'une lentille

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divergente est négative.

• Le sommet d'une lentille mince est le point d'intersection entre cette lentille et son axe
principal. Il est identifié par la lettre S.

Notions de distance focale - Constructions


I. Notion de distance focale

Qu’est-ce que l’infini en optique géométrique ?

On parlera souvent d’objet ou d’image « à l’infini ». Que signifie ce terme ?


Voyons ce qui se passe quand un objet est situé à une distance D de la lentille (voir aussi
schéma ci-dessous).

➢ Si D est petit, les rayons issus d’un point de l’objet (appelé B sur le schéma) arrivent
sur la lentille avec des angles très différents.
➢ Si D augmente (l’objet s’éloigne), les rayons issus de B qui arrivent sur la lentille ont
des angles qui deviennent comparables les uns aux autres.
➢ Si D est très grand, les rayons issus de B qui arrivent sur la lentille sont presque
parallèles ! (Ils font tous le même angle avec l’axe optique). On dit alors que l’objet
est à l’infini : en pratique, cela signifie qu’il est assez loin pour que les rayons
provenant de cet objet soient quasi-parallèles lorsqu’ils atteignent la lentille (Fig. 1).

Remarque : attention ! Les rayons partant du point B sont toujours émis dans toutes les
directions, quel que soit D ! Mais quand D est grand, seul quelques rayons atteignent la lentille,
et sont alors parallèles entre eux. Les autres passent « à côté » de la lentille.

Fig. 1 Présentation d’un objet B avec différentes distance D de la lentille.

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I.1. Définition du Plan Focal Image

• Si l’on place un objet plan à une distance infinie (cf plus haut) d’une lentille mince
convergente, celle-ci fournit une image réelle nette de cet objet dans le plan appelé plan focal
image de la lentille. La distance entre le plan de la lentille et son plan focal est la distance
focale f.

Fig. 2 Formation d’une image sur le plan focal, d’un objet situé à l’infinie.

I.2. Définition des Foyers Image et Objet

• On note F’ le point de l’axe optique appartenant au Plan Focal Image : il correspond au point
d’intersection des rayons arrivant sur la lentille parallèles entre eux et parallèles à l’axe optique.
F’ est appelé le foyer image.

Le Foyer Objet est noté F : il est symétrique de F’ par rapport à O. Tous les rayons issus de ce
point et atteignant la lentille en ressortent parallèles entre eux et parallèles à l’axe optique.3

Fig. 3 A gauche, foyer image, à droite foyer objet.

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I.3. Construction

Tous les rayons lumineux arrivant sur la lentille en étant parallèles à une direction donnée (alpha)
convergent en un point du plan focal image. Ce point est donné par l’intersection du plan focal image avec la
droite parallèle à la direction alpha et passant par le centre de la lentille.

Suivant le principe du retour inverse de la lumière, on peut traiter objet et image de façon symétrique.
Ainsi, une lentille mince convergente donne une image à l’infini (c'est-à-dire que les rayons sortant de la lentille
sont parallèles entre eux) d’un objet situé dans son plan focal objet, situé également à la distance f de la lentille.
Tous les rayons lumineux issus d’un point de l’objet sont alors parallèles à la sortie de la lentille.

Rappel : L’intersection des plans focaux image et objet avec l’axe optique définissent respectivement le foyer
principal image F’ et le foyer principal objet F. Ainsi :

• Le foyer principal objet F est le point objet de l’axe dont l’image se trouve à l’infini.
• Le foyer principal image F’ est l’image du point objet situé à l’infini sur l’axe optique.

Que la lentille soit convergente ou divergente, les foyers principaux objet F et image F’ sont sur l’axe optique de
la lentille, symétriques l’un de l’autre par rapport au centre optique O.

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I.4. Notion de chromatisme

On sait que dans un matériau quelconque (en particulier dans du verre), l’indice optique vu par un rayonnement
dépend de la longueur d’onde de ce rayonnement. Pour les matériaux usuels et les longueurs d’ondes visibles
l’indice varie qualitativement de la façon suivante :

Remarque : La forme générale la plus simple de la variation de l’indice avec la longueur d’onde est une loi
empirique connue sous le nom de « loi de Cauchy » :
n (λ) = A + B / λ2
avec A et B des paramètres différents suivant les matériaux et λ en μm.

C’est la réfraction qui gouverne le fonctionnement des lentilles : les rayons sont réfractés deux fois, d’abord à
l’interface air - verre puis après propagation dans le verre à l’interface verre - air. La loi de la réfraction, ou loi de
Snell-Descartes, faisant intervenir l’indice du matériau, on sent bien que les rayons seront déviés différemment si
l’indice qu’ils voient est différent.

On a vu que l’extrémité d’une lentille d’épaisseur non nulle ressemble à s’y méprendre à un prisme (cf. figure) :
par conséquent, de la même façon, les rayons « bleus » sont plus déviés que les « rouges » :

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Donc comme n (bleu) > n (rouge), il vient f’ (bleu) < f’ (rouge)


Les rayons bleus se focalisent plus près de la lentille que les rayons rouges.

Il n’y a donc pas un foyer mais bien un par longueur d’onde. Bien sûr le dessin ci-dessus est très exagéré et les
foyers « bleu » et « rouge » sont en fait très proches.

Si on utilise un faisceau monochromatique (i.e. ne contenant qu’une seule longueur d’onde, par exemple
un laser), on ne voit évidemment pas apparaître ce phénomène. Par contre, en lumière « blanche », on constate
que le faisceau forme une « nappe » aux alentours du point de focalisation théorique : il n’existe pas de « point »
de focalisation, mais seulement un diamètre minimal de la nappe.

Remarque : l’aberration chromatique n’existe par définition pas pour les miroirs – puisqu’ aucune matière n’est
traversée - d’où l’intérêt d’utiliser pour les télescopes des systèmes à miroirs plutôt qu’à lentilles (de plus les
miroirs présentent moins de pertes que les lentilles).

Correction de l’aberration chromatique

Pour les systèmes oculaires, il n’est pas indispensable d’effectuer cette correction car l’oeil (ou plutôt le cerveau)
la fait lui-même. Pour les autres systèmes imageurs, on peut corriger cette aberration en accolant à la lentille une
autre lentille qui va compenser le chromatisme de la première. En particulier, le chromatisme d’une lentille
divergente étant de sens opposé à celui d’une lentille convergente, on peut obtenir en accolant les deux un système
achromatique.

II. Construction d'une image

Dans l’approximation de Gauss, à tout objet AB perpendiculaire à l’axe optique correspond une image A’B’
perpendiculaire à cet axe. Les plans de AB et A’B’ sont dits plans conjugués. La construction d’une image peut
être réalisée géométriquement en utilisant les points O, F et F’, et deux des trois rayons issus de B dont on connaît
la propagation à travers la lentille :

• 1. Un rayon incident passant par O n’est pas dévié,


• 2. Un rayon incident passant par F ressort parallèle à l’axe optique,
• 3. Un rayon incident parallèle à l’axe optique donne un faisceau émergeant qui passe
par le foyer F’.

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La connaissance de ces 3 lois de construction simples permet de tracer n’importe quel rayon, et de
construire n’importe quelle image, même à travers un système complexe de plusieurs lentilles ! Il est
indispensable de bien maîtriser ces constructions.

L’intersection de deux de ces rayons donne la position du point image B’ correspondant, comme dans la figure ci-
dessous :

Attention : il ne s’agit là que d’une technique de construction géométrique de l’image, en réalité tous les rayons
issus de B et traversant la lentille convergent au point B’.

Si le plan P de l'objet se trouve entre F et O, l’image sera virtuelle, agrandie et du côté de l’objet :

En utilisant la construction ci-dessous, on voit aisément que l’objet et son image se déplacent dans le même
sens. Si AO diminue, OA’ augmente, A’B’ s’éloigne de F’ et grandit. Si AO augmente, OA’ diminue, A’B’ se
rapproche de F’ et diminue.

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III. Cas de la lentille divergente

Par rapport à une lentille convergente, la position des foyers objets et image est inversée. On dit qu'une lentille
divergente a une focale négative.

Les règles de constructions sont exactement les mêmes que pour les lentilles convergentes, en
inversant foyer objet et image (F et F’) sur l’axe :

• 1. Un rayon incident passant par O n’est pas dévié


• 2. Un rayon incident passant par F ressort parallèle à l’axe optique
• 3. Un rayon incident parallèle à l’axe optique donne un faisceau émergeant qui passe
par le foyer F’.

En pratique, pour effectuer ces constructions, il faudra souvent tracer le prolongement des rayons.

Dans le schéma ci-dessous, les rayons incidents dessinés viendraient sans lentille se rassembler au point B : on dit
alors que l’objet AB est « virtuel » (on reverra ce point plus loin). Comme l'objet est dans le plan focal objet,
l'image est à l'infini, c'est-à-dire que les rayons, après la lentille, sont parallèles entre eux.

Inversement, un ensemble de rayons parallèles incident est transformé après la lentille en un ensemble
de rayons venant du même point, qui est l'intersection du plan focal image et du rayon passant par le centre optique.
Après la lentille tout se passe comme si les rayons venaient de ce point.

Méthode pour tracer le prolongement de n’importe quel rayon

Nous savons tracer les trajectoires de 3 rayons particuliers : passant par le centre, par les foyers et parallèles à
l’axe optique. Soit maintenant un rayon quelconque incident sur une lentille. Comment déterminer son
cheminement dans l’espace objet (à droite de la lentille) ?

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Il suffit d’utiliser les connaissances sur les trois types de rayons particuliers que nous avons déjà vu !

1) on trace un rayon « virtuel », parallèle au rayon réel, et passant par un point particulier (par exemple le centre,
mais on pourrait aussi choisir un foyer – essayez à titre d’exercice) : il est représenté en pointillé.

2) Comme ce rayon « virtuel » passe par le centre de la lentille, il n’est pas dévié (règle 1).
3) L’ensemble formé du rayon réel et du rayon virtuel forme un faisceau de rayons parallèles. On sait que dans ce
cas l’image se forme dans le plan focal image (trait gris sur la figure)
4) Par conséquent, comme tous les rayons parallèles viennent se couper au même point, on peut tracer le
prolongement du rayon réel : il va rejoindre l’intersection du plan focal image et du rayon « virtuel ».
5) On peut alors effacer le rayon « virtuel » qui n’a servi qu’à la construction.

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Exercice d'application _____________________


- Tracez l’image de l’objet AB dans les cas suivants

- Tracez le prolongement des rayons (allant de gauche à droite)

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Répondre par vrai ou faux a ces affirmations en justifiant sa réponse.

1. Une lentille convergente de focale 10,0 cm a une vergence de 0,1 dioptrie.


2. Une lentille convergente permet de grossir un objet.
3. On peut reconnaitre une lentille convergente au toucher : elle est plus mince au centre que
sur les bords.
4. Pour être bien utilisée, une lentille doit être diaphragmée.
5. Le rayon émergent correspondant au rayon incident est le rayon 3.

6. Plus la distance focale augmente, plus la lentille est convergente.

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