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Université de Sétif 1
Institut d'Optique et Mécanique de Précision
3ème année Licence Professionnelle d’OPTOMETRIE

Module: Optique Physiologique 2 préparé par: Pr. Aïssa Manallah

Vision binoculaire normale


L'homme possède deux yeux placés sur le devant de son visage. Sur chaque rétine se forme
une image du monde environnant. Ces deux images rétiniennes:
1. pour une large partie correspondent à une partie commune de l'espace placé devant la
personne,
2. sont légèrement différentes puisque les yeux sont séparés en moyenne par environ 65 mm,
3. sont des images "planes" (images à deux dimensions sur la surface sphérique de la rétine.
Par l'intermédiaire des voies optiques, les deux rétines vont transmettre au cortex visuel des
informations à partir des images rétiniennes reçues. Et pourtant, au niveau de notre
conscience, nous ne percevons qu'un monde unique et en relief. C'est ce processus de
formation d'une extériorisation spatiale unique et nette du monde environnant que l'on nomme
vision binoculaire normale.
1. Champ visuel

Le champ visuel monoculaire est l'ensemble des points que cet œil peut voir lorsqu'il garde la
fixation sur un point M fixe. Ce champ visuel renseigne sur la fonctionnalité des différentes
zones de la rétine. Valeurs moyennes: 60° côté nasal, 90° côté temporal, 60° en supérieur et
70° en inférieur.

Lorsque les deux yeux fixent un même point M, une grande partie des deux champs
monoculaires se recouvrent. Les points appartenant à cet espace sont vus par les deux yeux à
la fois. Cet espace constitue le champ visuel binoculaire. Il subsiste de chaque côté un
croissant temporal qui n'est vu que par un seul œil. A partir des informations de l'espace
provenant soit d'un seul œil (pour les croissants monoculaires) soit des deux yeux pour la
partie du champ binoculaire, nous ne percevons qu'une seule extériorisation.

1.1. Champ de regard – œil en mouvement


Le champ de regard est la portion de l’espace qu’il est possible de fixer lorsque la tête reste
immobile. On définit le champ de regard monoculaire : partie de l’espace qu’il est possible de
voir lorsqu’un œil tourne autour de Q' ; et le champ de regard binoculaire : partie de l’espace
qu’il est possible de fixer lorsque les deux yeux sont en mouvement.
En général, lorsque l’œil atteint une mouvement de rotation de l’ordre de 8° à 10°, la tête
tourne.
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1.2. Champ de regard apparent

Le champ de regard apparent est le champ de regard de l’œil équipé d’un système
compensateur. Lorsque l’œil effectue un mouvement, la ligne de regard subit une déviation
due à l’effet prismatique induit par le verre compensateur.

2. Unification spatiale

2.1. Extériorisation monoculaire

Si la rétine d'un œil subit une excitation en un point A', l'expérience montre que le sujet
perçoit un point lumineux A dans la direction NA parallèle à N'A' (N et N' sont les points
nodaux de l'œil). Chaque "point rétinien" a une direction visuelle qui lui est propre. On entend
par "point rétinien", les éléments rétino-cérébraux excités par le stimulus issu des
photorécepteurs placés en A' jusqu'aux neurones de l'aire visuelle.

En vision binoculaire, la vision simple à partir des informations provenant des deux images
rétiniennes s’explique par la correspondance rétinienne.

2.2. Correspondance rétinienne

Lorsqu'un couple oculaire fixe un point F, les images de F se forment sur les fovéas et le
point F est vu simple. Il existe aussi des points T autres que F qui seront vus simple eux aussi,
leurs images se formant sur le couple de points T' D et T' G des rétines. Ces couples de points
rétiniens qui ont la propriété de donner la vision simple d'un point objet lorsqu'ils sont
stimulés simultanément sont appelés points correspondants. Les deux fovéas sont des points
correspondants chez les sujets ayant une vision binoculaire normale.

Si le point T est vu double, on dira que les images rétiniennes correspondantes se sont
formées sur un couple de points disparates.
En réalité, on montrera qu’un point peut être vu simple même si la correspondance rétinienne
n'est pas rigoureuse. Il sera vu simple si les deux images rétiniennes se forment sur des aires
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correspondantes nommées Aires de Panum. Ces aires sont d'autant plus grandes que l'on
s'éloigne de la fovéa. Pour un point de fixation donné, il y aura donc toute une zone de
l'espace qui sera vue simple. Cette zone est appelée horoptère expérimental.

2.3. L’œil cyclope

Tout se passe donc en vision binoculaire normale comme si les deux yeux ne formaient qu'un
seul organe. Héring a proposé pour rendre compte de ce fait le modèle de l’œil cyclope. Il le
suppose en arrière des deux yeux, à peu près au centre de la tête et il est constitué par la
superposition des deux rétines: la partie nasale de la rétine droite se superposant à la partie
temporale de la rétine gauche et vice-versa. Au pôle postérieur de l’œil cyclope sont
confondues les deux fovéas (pour une VB normale).
Le couple oculaire fixe le point F. Chez la majorité des sujets, pour les deux yeux, l'image du
point de fixation se trouve sur la fovéa (fixation binoculaire fovéale). Il voit aussi le point T.
L'image de T sur la rétine droite se forma en T' D et sur la rétine gauche en T' G . Si les arcs
f' D T' D et f' G T' G sont égaux, sur la rétine de l’œil cyclope, les deux images de T seront
superposées et le point T sera vu simple.

2.4. Horoptère

L’horoptère est l’ensemble de points objets de l’espace dont les images se forment sur des
points correspondants de la rétine. L’horoptère est une courbe passant par le point de fixation.
L’aspect de cette courbe dépend de la distance d’observation, et de la méthode utilisée pour la
déterminer.
L’horoptère théorique est un cercle passant par les points de fixation et les centres de rotation
des deux yeux. Il varie aussi avec le point de fixation.

2.5. Horoptère expérimental

Quelle que soit la méthode utilisée pour le déterminer, quand un couple oculaire fixe un point
F, on constate qu'il voit simple dans le plan horizontal tout un ensemble de points situés entre
deux courbes.
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Le point T se trouve sur la limite de la zone de vision simple quand le sujet fixe F. L'angle η G
mesure l’excentricité de T par rapport au point F pour l'œil gauche. Il mesure donc aussi
l'excentricité de l'image rétinienne de T par rapport à la fovéa. Les excentricités droite et
gauche du point sont très légèrement différentes. Le point B a la même excentricité que le
point T pour l'œil gauche. Pour l'œil droit, la variation d'excentricité de B par rapport à T
est εd. Les points T et F sont vus simples (T se situe sur la limite de la zone de vision simple).
Leurs images rétiniennes gauches de B et T se forment sur le même point de la rétine gauche.
Leurs images rétiniennes droites limitent un petit arc de la rétine droite T' D B' D . Tous les
points du segment BT auront leurs images rétiniennes droites sur ce petit segment. L’existence
expérimentale de cette zone de vision simple justifie donc l’hypothèse des aires de Panum. Le
petit segment de rétine droite T' D B' D est le rayon de l'aire de Panum associée au point T' G (en
fait, les aires de Panum ne sont pas circulaires mais légèrement elliptiques).
L'angle εd est appelé seuil de diplopie. Ceci signifie que si sur l'œil cyclope, les
extériorisations théoriques droite et gauche d'un point font entre elles un angle inférieur à ε d ,
ce point sera vu simple.

3. Les trois degrés de la vision binoculaire et leur interprétation

Les trois degrés de la vision binoculaire sont :


- 1e degré : la vision simultanée ;
- 2e degré : la fusion (vision simple) ou binocularité ;
- 3e degré : la vision stéréoscopique ou stéréocularité.

3.1. vision simultanée

La vision simultanée ou biocularité définit la capacité des deux yeux à extérioriser


simultanément une image.
Si le premier degré n’est pas présent, c’est qu’il y a suppression ou neutralisation de l’image
rétinienne d’un œil, la vision binoculaire n’existe pas.
La neutralisation centrale ou la suppression, totale ou partielle, d’une des images rétiniennes
est le résultat d’une inhibition corticale lorsque ces images différent trop. La neutralisation
intervient pour éviter la diplopie.

Remarque : généralement la neutralisation n’est que partielle et ne concerne que la partie du


champ visuel commun aux deux yeux.

3.2. Fusion

La fusion est le résultat d’un processus sensoriel qui permet l’unification des images
rétiniennes de l’œil droit et de l’œil gauche. La vision binoculaire est alors simple.

Exemple : le couple oculaire fixe un objet F situé sur l’horizontale et dans le plan médian à
l’infini, F est perçu simple par le sujet : les extériorisations droite et gauche de F sont donc
confondues.
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Couple oculaire en vue de dessus


F∞
LRG LRD
Œil cyclope
Extériorisation droite de F
≡ Extériorisation gauche de F

Q’G Q’D Q’DG

f’D ≡ f’G
f’G f’D

Remarque : si le deuxième degré de la vision binoculaire n’est pas présent, et que le premier
persiste, il y a vision double ou diplopie, la vision binoculaire est anormale.

• Mise en évidence de la diplopie physiologique :

La diplopie physiologique est un phénomène normal qui survient en vision binoculaire pour
les objets dont les images se forment en dehors des aires de Panum correspondantes à l’objet
fixé.

Plan médian
Position 1 : le couple oculaire fixe le 1e clou, il
apparait simple, tandis que le 2e clou est vu en
(T1) diplopie croisée.

Position 2 : le couple oculaire fixe le 2e clou, il


apparait simple, tandis que le 1e clou est vu en
(T2) diplopie homonyme.

Œil gauche Œil droit

Un test simple suffit de mettre en évidence, chez les sujets dont la vision binoculaire est
normale.
Si le sujet fixe un point objet T 1 éloigné, le point objet T 2 rapproché sera perçu en diplopie
croisée : l’extériorisation droite de T 2 se fait à gauche de l’extériorisation de T 1 , et
l’extériorisation gauche de T 2 se fait à droite de l’extériorisation de T 1 .
Couple oculaire en vue de dessus
LR LR
T1
Œil cyclope
Extériorisation droite de T1
≡ Extériorisation gauche de T1
T2
Extériorisation Extériorisation
droite de T2 gauche de T2

Q’G Q’D Q’DG


T’2G T’2D
T’2G T’2D f’D ≡ f’G
T’1G≡f’G T’1D≡f’D
T’1D ≡T’1G

Explication position 1
6

Par contre, si le sujet fixe le point objet T 2 , le point objet T 1 sera perçu en diplopie
homonyme : l’extériorisation droite de T 1 se fait à droite l’extériorisation de T 2 , et
l’extériorisation gauche de T 1 se fait à gauche de l’extériorisation de T 2 .

T1

Œil cyclope
LRD LRG Extériorisation droite de T2
≡ Extériorisation gauche de T2
T2
Extériorisation Extériorisation
gauche de T1 droite de T1

Q’G Q’D Q’DG

T’1G T’1D
f’G≡T’2G T’2D≡f’D f’D ≡ f’G
T’1G T’1D
T’2D ≡T’2G

Explication position 2

Le point objet T 2 en avant de T 1 est perçu en diplopie croisée. T’ 2D et T’ 2G ne sont pas des
points rétiniens correspondants lorsque le sujet fixe T 1 .
Le point objet T 1 en arrière de T 2 est perçu en diplopie homonyme. T’ 1D et T’ 1G ne sont pas
des points rétiniens correspondants lorsque le sujet fixe T 2 .

Lorsqu’il y a diplopie, les extériorisations droite et gauche sont perçues simultanément, mais
ne sont pas fusionnées.

3.3. Vision stéréoscopique :

La vision stéréoscopique ou stéréocularité est le résultat de la perception de la profondeur


induite par la disparité des images rétiniennes. La vision du relief en binocularité résulte donc
de la stimulation de points rétiniens disparates appartenant à la même aire de Panum.

3.3.1. Perception de l’espace : acuité stéréoscopique

Soit ε, l’angle qui caractérise la disparité binoculaire.


Soit ε d , le seuil de diplopie, qui correspond au seuil à partir duquel il y a diplopie.
Soit ε S , le seuil stéréoscopique ou acuité stéréoscopique, qui correspond au seuil à partir
duquel un sujet est capable d’apprécier la profondeur relative entre deux points.
Si ε < ε S : il n’y a pas de perception de profondeur en binoculaire.
Si ε S < ε ≤ ε d : il y a perception de la profondeur en binoculaire.
Si ε ≥ ε d : il y a diplopie.

Exemple 1 : Soit un couple oculaire fixant un point objet éloigné F situé sur l’horizontal et
dans le plan médian. Soit un objet T situé en avant de F. T’ D et T’ G ne sont pas des points
correspondants.

Si ε < ε S : les points objets T et F sont perçus simples et dans le même plan. La disparité
binoculaire est trop faible pour qu’il puisse y avoir la sensation de relief binoculaire.
Si ε S < ε ≤ ε d : il y a disparité croisée, et le point objet T est perçu en avant du point objet
fixé F. La disparité binoculaire est suffisante pour qu’il y ait la sensation de relief binoculaire.
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Si ε ≥ ε d : il y a diplopie croisée, et le point T est perçu double, lorsque le sujet fixe le point F.
la disparité binoculaire est trop élevée pour que la vision soit simple : il y a diplopie.

LRD LRG
F

Œil cyclope
Extériorisation droite de F
T ≡ Extériorisation gauche de F
Extériorisation Extériorisation
droite de T gauche de T

Q’G Q’D Q’DG

T’G T’D
T’G T’D
f’G f’D f’D ≡ f’G
⇒ Il y a disparité croisée

Stéréoscopie, exemple 1

Exemple 2 : soit un couple oculaire fixant un point objet éloigné F situé sur l’horizontal et
dans le plan médian. Soit un objet T situé en arrière de F. Les extériorisations des images
rétiniennes droite et gauche de l’objet T sont légèrement disparates tel que ε S ≤ ε < ε d :
l’objet T est vu simple mais avec la sensation du relief. Le sujet perçoit l’objet T simple et en
arrière de F.
T

γT
Œil cyclope
LRD LRG Extériorisation droite de F
≡ Extériorisation gauche de F
F
Extériorisation Extériorisation
γF
gauche de T droite de T

Q’DG
Q’G Q’D
ε
T’D T’G
f’G f’D f’D ≡ f’G
T’G T’D
⇒ ε = γF – γT ⇒ Il y a disparité homonyme

Stéréoscopie, exemple 2

3.3.2. Acuité visuelle stéréoscopique

L’acuité stéréoscopique (ou seuil stéréoscopique ou stéréoacuité) définit la capacité de


discerner entre deux objets la plus petite différence de profondeur. Le relief binoculaire est
extrêmement fin, ε S varie entre 5’ et 15’’ d’arc. Comme l’acuité visuelle, le seuil de vision
stéréoscopique augmente avec l’excentricité du point.
εd
Il est admis l’estimation suivante : ε S =
60
Avec ε S : seuil de vision stéréoscopique et ε d : seuil de diplopie.
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4. Mouvement des yeux en binoculaire et influence de la compensation

Le terme de fusion motrice est employé pour caractériser un reflexe de vergence du couple
oculaire qui s’aligne sur l’objet fixé. La fusion étant avant tout la conséquence d’un influx
nerveux sensitif. La fusion motrice permet au couple oculaire de se positionner de façon à ce
que deux images rétiniennes, légèrement disparates, se replacent dans des aires de
correspondance rétiniennes.

4.1. Mouvement de version

Si la fixation passe du point de fixation F (à l’infini et dans le plan médian) au point F 1 (à


l’infini) les lignes de regard de l’œil droit et de l’œil gauche tournent dans le même sens de α,
il s’agit d’un mouvement de version.
F∞ F1∞
LRG LRD
LRG LRD

α
α

Q’G Q’D Q’G Q’D

f’G f’D f’G f’D

Mouvement de version

4.2. Mouvement de vergence

Si la fixation se passe du point de fixation F au point F 2 (rapproché et dans le plan médian),


les lignes de regard de l’œil droit et de l’œil gauche tournent en sens inverse de β. Il s’agit
d’un mouvement de convergence : mouvement binoculaire de rotation en dedans.

F∞ LRD LRG
LRG LRD
F2

β β

Q’G Q’D Q’G Q’D

f’G f’D f’G f’D

Mouvement de convergence

Si la fixation passe du point de fixation F 2 (rapproché et dans le plan médian) au point F


(à l’infini et dans le plan médian), les lignes de regard de l’œil droit et de l’œil gauche
tournent sens opposé de β. Il s’agit d’un mouvement de divergence (ou de convergence
négative) : mouvement binoculaire de rotation en dehors.
9

F∞
LRD LRG LRG LRD
F2
F2

β β

Q’G Q’D Q’G Q’D

f’G f’D
f’G f’D
Mouvement de divergence

Remarque :
Les mouvements oculaires sont le résultat de la combinaison de mouvements de versions et de
vergences, sous l’action de muscles oculomoteurs.

4.3. Influence de la compensation


Relation entre champ réel et champ apparent – sujet compensé en lunettes

Myope compensé
DL
Q → Q’

ω ω’
L H H’ Q Q’

Variation du champ de regard induit un verre divergent

Hypérope compensé

DL
Q → Q’

ω’ : angle réel de rotation de l’œil. ω’ ω


Q’ : centre de rotation de l’œil ou L H H’ Q’ Q
centre de rotation vrai.
Q : centre apparent de rotation de
l’œil.
ω : angle apparent de rotation de
l’œil.

Variation du champ de regard induit un verre convergent


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LI LI
D’après les figures ci-dessus : tan ω = et tan ω ' =
LQ LQ '
LQ'
⇒ tan ω = tan ω '
LQ
1 1
Dans les conditions de Gauss : Q et Q’ sont conjugués à travers L ⇒ − = DL
LQ ' LQ
⇒ tan ω = tan ω ' (1 − LQ ' × DL )

Remarque :

- Myope : D L < 0 ⇒ tan ω > tan ω' ⇒ pour un œil myope : ω' < ω ⇒ la rotation sera moins
importante avec les verres de lunette que sans.
- Hypérope : D L > 0 ⇒ tan ω < tan ω' ⇒ pour un œil hypérope : ω' > ω ⇒ la rotation sera
plus importante avec les verres de lunette que sans.

4.4. Variation du champ de regard en cas d’anisométropie, sujet compensé en lunettes

Il a été démontré que :


tan ω D = tan ω ' D (1 − LQ ' × DL ) et tan ωG = tan ω 'G (1 − LQ ' × DL )
Il est généralement considéré que dans un mouvement de version, pour que la fusion soit
possible et confortable, il faut que :

- Dans le plan horizontal |ω' d – ω' g | ≤ 3°;


- Dans le plan vertical |ω' d – ω' g | ≤ 1°.
-
Au-delà de ces valeurs, s’il en a la possibilité, le sujet tourne et/ou incline la tête pour éviter la
vision double.

Exemple :

Soit un sujet regardant un objet T L situé sur l’horizontal et dans le plan médian à 40 cm du
plan des verres, le couple oculaire est parfaitement compensé tel que D LD = + 3,00 δ et
D LG = – 1,00 δ. Les axes optiques des verres sont parallèles, horizontaux et distants de 60
mm. LQ ' = 25 mm pour les deux yeux.

Déterminons quels sont les angles de rotation de l’œil droit et de l’œil gauche et l’effet
prismatique induit, le couple oculaire fixant T L .
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Plan d’acc. OD

DL
QD → Q’D

Plan de convergence vrai


du couple oculaire
LD Q’D QD TD

ID

ωD
TL ω’ D
JD
L JG K’
ωG
ω’ G

IG

TG LG QG Q’G

DL
QG → Q’G
Plan d’acc. OG

Variation du champ de regard en cas d’anisométropie

1  LQ = 27,02 mm
1
Q et Q’ sont conjugués à travers L : −
= DL ⇒  D
LQ ' LQ  LQG = 24,39 mm
LD I D QD J D L I Q J
tan ω D = = et tan ωG = G G = G G
LD QD TL J D LG QG TL J G
 Q'D Q'G
 Q'D Q'G = 60 mm ⇒ QD J D = 2
= 30 mm

Avec : TL J D = TL L + LQD = 400 + 27,02 = 427,02 mm
T J = T L + LQ = 400 + 24,39 = 424,39 mm
 L G L G

On calcule donc : ω D = 4,02° et ωG = 4,04°.
LI LQ'
tan ω ' = et tan ω = tan ω ' ⇒ ω ' D = 4,34° et ω 'G = 3,94°
LQ ' LQ

Conclusion :
Dans le plan horizontal, ω ' D ≠ ω 'G avec ω ' D −ω 'G = 0,4° (< 3°) , ce qui ne devrait pas altérer la
vision binoculaire.
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Et ω ' D > ω D (œil hypérope) et ω 'G < ωG (œil myope).


Calcul de l’effet prismatique induit dans le plan horizontal :
LI
tan ω ' = ⇒ LI = tan ω '×LQ ' , alors : 𝐿𝐿𝐼𝐼𝐷𝐷 = 25 × tan(4,34) = 1,90 𝑚𝑚𝑚𝑚 = d d
LQ '
et 𝐿𝐿𝐼𝐼𝐺𝐺 = 25 × tan(3,94) = 1,72 𝑚𝑚𝑚𝑚 = d G

D’après la règle de Prentice D (dioptrie prismatique) = D L(δ) ×d (cm)


⇒ 𝐷𝐷𝐷𝐷 = (+3) × 0,19 = 0,57 , D D = 0,57∆ base externe et 𝐷𝐷𝐺𝐺 = (−1) × 0,172 = −0,17 ,
D G = 0,17∆ base interne.

Les effets prismatiques, dans le plan horizontal, induits par l’œil droit et l’œil gauche étant
opposés, ils vont se soustraire, l’effet prismatique induit par le couple oculaire fixant l’objet
T L sera de l’ordre de 0,4 ∆ base externe.

5. Liaison accommodation-convergence

5.1. Accommodation

Voir cours « Accommodation-Parcours d’accommodation »

5.2. Convergence

Soit un couple oculaire passant de la fixation d’un point objet à l’infini appartenant à la
médiatrice horizontale de la ligne de base, à la fixation du point F rapproché appartenant à la
médiatrice horizontale de la ligne de base. Les lignes de regard de l’œil droit et de l’œil
gauche tournent en sens oppose de « ω’ ».
La convergence du couple oculaire est égale à l’inverse de la distance au point de fixation et
1
se mesure par : C (am) =
FK '
La convergence s’exprime en angle métrique (am) si FK’ est mesuré en mètre. La
convergence ou vergence est une grandeur positive lorsque le couple oculaire converge, et
négative s’il diverge.
1 am = convergence du couple oculaire fixant un objet à 1 m.

Q’ f’D
Q’DD

LRG ω’D
F
K’

LRD ω’G

Q’GG
f’G

Convergence

La convergence peut s’exprimer en angle métrique ou en dioptrie prismatique.


La dioptrie prismatique « ∆ » est l’unité utilisée pour exprimer la déviation d’un faisceau
lumineux issu d’un prisme.
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D’après la figure (de convergence), et dans les conditions de Gauss :


′ ′ ′ ′
𝑄𝑄𝐷𝐷 𝐾𝐾 𝑄𝑄𝐺𝐺 𝐾𝐾
tan 𝜔𝜔′𝐷𝐷 = ������ = 𝜔𝜔′𝐷𝐷 et tan 𝜔𝜔′𝐺𝐺 = ������ = 𝜔𝜔′𝐺𝐺 .
𝐹𝐹𝐾𝐾′ 𝐹𝐹𝐾𝐾′
Or nous avons ω’ D = ω’ G .
𝑄𝑄 ′ 𝑄𝑄 ′ ′ ′ ′
⇒ tan 2𝜔𝜔′ = 2𝜔𝜔′ ⇒ 2𝜔𝜔′ ≈ ������ 𝐷𝐷 𝐺𝐺
⇒ 2𝜔𝜔(en radian) =𝑄𝑄𝐷𝐷 𝑄𝑄𝐺𝐺(en mètre) × 𝐶𝐶(en angle métrique)
𝐹𝐹𝐾𝐾′
Or C (en dioptrie prismatique) = 100 × tan 2 ω’ ⇒ C (∆) = 100 × 2 ω’ (en radian)

⇒ C (∆) = 100 Q’ D Q’ G(en mètre) × C (en angle métrique)


Ou bien C (∆) = Q’ D Q’ G(cm) × C (am)
Avec Q’ D Q’ G : ligne de base exprimée en centimètre

Rappel : si le couple oculaire est isométrope, ω’ D = ω’ G = ω ; dans le cas couple


anisométrope ω’ D ≠ ω’ G .

5.3. Liaison accommodation-convergence

Il est possible d’établir une relation, une liaison entre l’accommodation nécessaire pour voir
net et la convergence requise pour voir simple, pour un couple oculaire emmétrope ; cette
liaison A-C est valable dans tout le parcours d’accommodation.

Plan d’accommodation
≡Plan de Convergence f’D
Q’Q’
DD

H
LRG ω’D H’

F K’

LRD ω’G
H H’
Q’GG
f’G

Liaison accommodation-convergence

L’accommodation nécessaire pour faire la mise au point sur le point objet F est :
1
A = R − ����
𝐻𝐻𝐻𝐻

En supposant le sujet emmétrope :


- Pour faire la mise au point sur le point objet F, l’accommodation nécessaire est :
1
A(𝛿𝛿) = − ����
𝐻𝐻𝐻𝐻
;
1
- Pour fusionner le point F, la convergence requise est : 𝐶𝐶(am) = ������
𝐹𝐹𝐾𝐾′

La distance HK’ est petite devant HF ⇒ C (am) ≈ A (δ)

Pour un couple oculaire emmétrope, il est admis la relation A (δ) ≈ C (am) .


L’accommodation est exprimée en dioptrie.
La convergence est exprimée en angle métrique.

Reprenons l’exemple de la figure (Variation du champ de regard en cas d’anisométropie) :


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����� �����′ = 25 mm, 𝐿𝐿𝐿𝐿


𝐿𝐿𝑇𝑇𝐿𝐿 = −40 cm, 𝑄𝑄𝐷𝐷′ 𝑄𝑄𝐺𝐺′ = 60 mm, 𝐿𝐿𝐿𝐿 ���� = 15 mm,
𝐷𝐷𝐿𝐿𝐿𝐿 = +3 δ et 𝐷𝐷𝐿𝐿𝐿𝐿 = −1 δ

Il a été calculé que ω’ D = 4,34° et ω’ G = 3,94°.


1) Calcul de la convergence requise en angle métrique :
Supposons un couple oculaire isométrope constitué de deux yeux droits fixant le point
objet F :
C D (∆) = 100 tan 2 ω’ D = 100 tan (2×4,34) ⇔ C D = 15,27 ∆.
Supposons un couple oculaire isométrope constitué de deux yeux gauches fixant le point
objet F :
C G (∆) = 100 tan 2 ω’ G = 100 tan (2×3,94) ⇔ C G = 13,84 ∆.
La convergence du couple oculaire anisométrope sera :
𝐶𝐶 +𝐶𝐶 𝐶𝐶(∆) 14,55
𝐶𝐶 = 𝐷𝐷 2 𝐺𝐺 = 14,55 ∆ ; or 𝐶𝐶am = 𝑄𝑄′ 𝑄𝑄′ ⇒ 𝐶𝐶 = 6 = 2,4 am.
𝐷𝐷 𝐺𝐺(cm)

2) Calcul de l’accommodation nécessaire:

DL A=0δ 1
∞ → R → R’⇒ ���� = 𝐷𝐷𝐿𝐿
𝐿𝐿𝐿𝐿

1 1 n’
1
���� = 𝐻𝐻𝐻𝐻
et 𝐻𝐻𝐻𝐻 ���� + 𝐿𝐿𝐿𝐿
���� avec R =
����
𝐻𝐻𝐻𝐻

DL A néc 1 1
TL → T → R’⇒ 𝐿𝐿𝐿𝐿
����
− ����� = 𝐷𝐷𝐿𝐿
𝐿𝐿𝐿𝐿 𝐿𝐿

1 1 n’

et ����
𝐻𝐻𝐻𝐻 = ����
𝐻𝐻𝐻𝐻 + ���� avec A = R − 1
𝐿𝐿𝐿𝐿 néc ���� 𝐻𝐻𝐻𝐻
⇒ pour l’œil droit, R D = + 3,14 δ et A Tdroit = 2,6 δ ;
et pour l’œil gauche, R G = – 0,98 δ et A Tgauche = 2,3 δ.
La variation d’accommodation entre les deux yeux est de 0,3 δ (< 0,5 δ), la mise au point
simultanée des deux yeux est possible. Le couple oculaire mettra en jeu environ 2,4 δ pour
faire la mise sur le point objet T L .

Conclusion :

Pour faire la mise au point sur T L , l’accommodation nécessaire au couple oculaire est :
A = 2,4δ ; pour fusionner le point TL, la convergence requise est : C ≈ 2,4am.
La relation A-C est vérifiée.

Remarque :

Il est généralement admis que la relation A-C est mise en jeu pour tout couple oculaire
« emmétropisé » si elle se vérifie au maximum à 10% près. Au-delà, il y a des risques de
vision flou et/ou diplopie. La flexibilité de la relation A-C dépend de nombreux paramètres
comme la nature du stimulus, du sujet, etc.

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