Vous êtes sur la page 1sur 32

Chapite I Vision binoculaire

Partie 1-1 : Direction visuelle, Horoptère, espace de Panum, Diplopie

I - Introduction

La vision binoculaire est un phénomène fondamental dans la vision humaine qui se développe dans les
premiers mois de la vie. Cependant, ce mécanisme nécessite que les yeux soient situés en position
frontale. Ce phénomène permet au système nerveux central de percevoir en même temps et de
fusionner les images provenant de chaque œil, lorsque ceux-ci regardent un même objet. La perception
simultanée et la fusion constituent respectivement le 1 premier et le second degré de la vision
binoculaire. Ce phénomène confère également au système nerveux central la possibilité de percevoir le
relief grâce au décalage existant entre les images perçues par chacun des deux yeux du fait de leur
décalage horizontal au niveau du crâne. La stéréoscopie est appelée le troisième degré de la vision
binoculaire.

Fig. 1 : Principe de la


vision stéréoscopique

La vision binoculaire nécessite que chaque œil ait une acuité visuelle « satisfaisante » témoignant d’une
normalité oculaire, des voies visuelles et des structures visuelles corticales. Elle impose également un bon
équilibre oculomoteur, permettant un alignement des objets perçus sur des points rétiniens
correspondants. En effet, la vision binoculaire repose sur la mise en jeu de ces points rétiniens
correspondants puisque le premier temps consiste en la stimulation de ceux-ci au niveau de la rétine de
chacun des deux yeux. Leur message est transmis de façon monoculaire jusqu’au cortex cérébral, au
niveau duquel est réalisée l’intégration binoculaire.

II- Direction visuelle

a- Direction visuelle monoculaire (oculocentrique) :

1
La direction visuelle d’un élément rétinien est la direction dans laquelle est perçue ou « projeté », l’image
crée par la stimulation de cet élément rétinien. Cette direction st invariable quel que soit la position du
globe oculaire

Fig.2 Direction visuelle


monoculaire

b- Direction visuelle principale : c’est ce que l’œil voit droit devant ou face à lui, cette direction
appartient à la fovéa. Les autres directions visuelles appartenant aux différents éléments rétiniens sont
perçues par rapport à la direction visuelle principale.
c- Direction visuelle binoculaire (égocentrique) : bien que les deux yeux soient séparés et regardent
donc l’espace réel sous des angles légèrement, nous percevrons comme si nous n’avions qu’un
seul œil placé entre les deux yeux (œil cyclope) ce modèle nous permet ultérieurement de
comprendre certains tests de vision binoculaire

Fig. 3 Direction visuelle binoculaire

III - Correspondance rétinienne normale

1. Théorie des points correspondants


Lorsqu'un couple oculaire fixe un point M, les images de M se forment sur les fovéas et le point M est vu
simple. Il existe aussi des points N autres que M qui seront vus simple eux aussi, leurs images se formant
sur le couple de points ND' et N’G des rétines. Ces couples de points rétiniens qui ont la propriété de
donner la vision simple d'un point objet lorsqu'ils sont stimulés simultanément sont appelés points
correspondants. Les deux fovéas sont des points correspondants chez les sujets ayant une vision
binoculaire normale. Si le point N est vu double, on dira que les images rétiniennes correspondantes se
font formées sur un couple de points disparates (différent).
En réalité, on montrera qu’un point peut être vu simple même si la correspondance rétinienne n'est pas
rigoureuse. Il sera vu simple si les deux images rétiniennes se forment sur des aires correspondantes
nommées Aires de Panum. Ces aires sont d'autant plus grandes que l'on s'éloigne de la fovéa. On

2
remarquera que le pouvoir séparateur de l’œil diminue de la même façon et que ceci s'explique par la
taille plus grande des récepteurs au fur et à mesure que l'on s'écarte de la fovéa.

2. L’œil cyclope:

Fig. 4 Principe du
model de l’œil
cyclope

Tout se passe donc en vision binoculaire normale comme si les deux yeux ne formaient qu'un seul organe.
Héring a proposé pour rendre compte de ce fait le modèle de l’œil cyclope. Il le suppose en arrière des
deux yeux, à peu près au centre de la tête et il est constitué par la superposition des deux rétines: la
partie nasale de la rétine droite se superposant à la partie temporale de la rétine gauche et vice-versa. Au
pôle postérieur de l’œil cyclope sont confondues les deux fovéas (pour une VB normale).
Le couple oculaire fixe le point M, pour les deux yeux, l'image du point de fixation se trouve sur la fovéa
(fixation binoculaire fovéale). Il voit aussi le point N. L'image de N sur la rétine droite se forme en N' D et
sur la rétine gauche en N'G. Si les arcs f'D N'D et f'G N'G sont égaux, sur la rétine de l’œil cyclope, les deux
images de N seront superposées et le point N sera vu simple.
Exemple de la main placé devant un œil est un tube devant l’autre œil (à faire)

IV La diplopie
La diplopie est la perception simultanée de deux images (vision double) d'un objet unique. La vision
double peut se déplacer horizontalement, verticalement ou en diagonale. La diplopie peut négativement
influencer l'équilibre, les mouvements et les capacités de lire chez un individu

3
 Elle peut être monoculaire, c'est-à-dire n'être observée que lorsque l'œil malade est ouvert ; elle
disparaît alors à l'occlusion de l'œil malade. Ses causes sont ophtalmologiques (lésion de la cornée, de
l'iris ou du cristallin). Ou binoculaire

a- Diplopie binoculaire et suppression


Une diplopie binoculaire peut être perçue quand l’image d’un même point ne tombe pas sur des
éléments rétiniens correspondant dans les deux yeux. Il s’en suivra une diplopie, sauf si une suppression
interoculaire prend place. La diplopie peut être physiologique ou pathologiques
- Diplopie physiologique et diplopie pathologique
La diplopie physiologique est la perception double d’un objet en avant ou en arrière du point de fixation.
Elle s'observe avec une vision binoculaire normale. Dans la vie courante nous n'en avons pas conscience, il
semble pourtant que son appréciation inconsciente joue un rôle dans l'orientation et la vision du relief.
On qualifie de diplopie homonyme celle ou l’image vue par l’œil droite est perçue à droite de l’image vue
par l’œil gauche. Les images sont perçues décroisées
On qualifie de diplopie hétéronyme ou croisée celle ou l’image vue par l’œil droite est perçue à gauche
de l’image vue par l’œil gauche. Les images sont perçues croisées.

Fig. 5 Présentation d’une


diplopie physiologique

4
Fig. 6 Explication
d’une diplopie
physiologique au
moyen du modèle de
l’œil cyclope

Le sujet fixe le point M. Il voit le point N placé en avant du point de fixation en diplopie croisée:
l'extériorisation droite se fait à gauche de M et l'extériorisation gauche se fait à droite.
La diplopie pathologique est la perception dédoublée d’un objet fixé en conditions habituelles de vision,
c’est une diplopie anormale, indésirable qui est la conséquence de la déviation d’un œil. Une image de
l’objet fixé tombe sur la macula de l’œil fixateur alors que l’autre image tombe sur une zone périphérique
de la rétine de l’œil dévié
Une autre cause possible de la diplopie binoculaire pathologique est la présence d’une aniséiconie si
importante que les deux images ne peuvent être fusionnées
- Loi de Desmarres:
Un point est vu en diplopie croisée quand les lignes de regard se coupent en arrière de ce point. Le point
est vu en diplopie homonyme quand les lignes de regard se coupent en avant de ce point

Fig. 7 : Différents types de


diplopie physiologique

Diplopie croisée Diplopie homonyme

V- Horoptère théorique
L'horoptère est l'ensemble des points de l'espace vus simples lorsque le sujet fixe un point M. On parle
d'horoptère théorique lorsque l'on suppose que la correspondance rétinienne se fait rigoureusement
point à point.

5
Fig. 8 Principe Horoptère théorique

Le point N est vu simple si les arcs f' G N'G et f'D N'D sont égaux. Les angles α D et αG le sont donc. Le point N
appartient donc au cercle passant par les points nodeaux Q' GQ'D. C'est l'horoptère théorique
correspondant au point M: le cercle de Vieth-Muller (cercle circonscrit au triangle M Q'G Q'D.

V-1 Horoptère expérimental - Seuil de diplopie:


La correspondance rétinienne ne se fait pas rigoureusement point à point. Lorsque le sujet fixe un point
M, l'ensemble des points vus simples appartient à une région de l'espace dont la forme varie avec la
position du point de fixation. Cette région est appelée horoptère expérimental

Fig 10. Les points situés en avant ou en arrière


Fig 9 : Aire de Panum et limite de la vision simple du plan de Panum sont vus en diplopie
physiologique, puisqu’ils ne se projettent pas
sur des points rétiniens correspondants.

Le point N se trouve sur la limite de la zone de vision simple quand le sujet fixe M. L'angle  mesure
l'excentricité de N par rapport au point M. Il mesure donc aussi l'excentricité de l'image rétinienne de N
par rapport à la fovéa. Les excentricités droite et gauche du point sont très légèrement différentes. Le
point B a la même excentricité que le point N pour l'œil gauche. Pour l'œil droit, la variation d'excentricité
6
de B par rapport à N est D. Les points N et M sont vus simples (ils se situent sur les limites de la zone de
vision simple). Leurs images rétiniennes gauches se forment sur le même point de la rétine gauche. Leurs
images rétiniennes droites limitent un petit arc de la rétine droite. Tous les points du segment BN auront
leurs images rétiniennes droites sur ce petit segment. L’existence expérimentale de cette zone de vision
simple justifie donc l’hypothèse des aires de Panum. Le petit segment de rétine droite B' DN'D est la limite de l'aire
de Panum associée au point N'G.
L'angle D, est appelé seuil de diplopie. Ceci signifie que si sur l'œil cyclope, les extériorisations théoriques
droite et gauche d'un point font entre elles un angle inférieur à D, ce point sera vu simple.

Excentricité  Seuil de diplopie  D

1° 6 à 12'
4° 8 à 20'

Le seuil de diplopie augmente avec l'excentricité du point et est du même ordre de grandeur que la limite
de séparation angulaire de deux points. On en déduit donc que les aires de Panum ont des dimensions qui
augmentent avec l’excentricité.

NB : Une autre explication de l’aire de Panum

Zone de fusion – Aires de Panum

C’est en 1878 que Panum mit en évidence qu’un sujet pouvait supporter un certain degré de disparité
horizontale tout en conservant la fusion. Le dispositif expérimental qu’il utilisa est schématisé sur la
figure. 

Le couple oculaire fixe un point F. On présente deux tiges verticales identiques situées en B 1 et B2 . Elles
sont situées à proximité de F. L’angle F OGB1 est l’excentricité du test B. Les deux barres sont au départ très

7
proche l’une de l’autre. Les images rétiniennes gauches des deux barres sont confondues. Les images
rétiniennes droites sont différentes. Lorsque les deux barres sont très proches, le sujet voit une barre
unique. On écarte alors soit la barre B 1 soit la barre B2 jusqu’au moment où le sujet ne pourra plus
fusionner. C’est la distance B1B2 au moment de la rupture de la fusion qui détermine le seuil de fusion.
Panum avait mis en évidence que la correspondance rétinienne ne se faisait pas point à point mais aire à
aire. Il n’avait pu déterminer la taille des aires. Les mesures ont été reprises par Ogle dans les années 1950
avec un appareil du même type et il a pu obtenir un ordre de grandeur de la taille des aires de Panum.
Autour du point de fixation elle est comprise entre 6’ et 12’ et elle s’élargit progressivement avec
l’excentricité. Il a montré aussi qu’il y avait une grande variabilité entre les individus.

VI- Disparité de fixation


La disparité de fixation est une condition de vision binoculaire où les deux axes visuels ne se croisent pas
rigoureusement sur le point fixé, mais ou la fusion est maintenue. Les images des objets fixés ne stimulent
pas exactement des points rétiniens correspondants, mais tombent tout de même dans les aires
fusionnelles de Panum, permettant ainsi une perception simple fusionnée de l’objet fixé.

NB : le terme disparité de fixation peut désigner une déviation oculomotrice (strabisme). Ce terme ne doit
pas non plus être confondu avec disparité rétinienne où les deux images tombent sur deux endroits très
différents. Une disparité rétinienne peut avoir lieu lors de l’observation d’un objet disparate en 3D, c’est
d’ailleurs cette disparités dans l’objet qui crée la sensation de relief.

Fig12. Principe de la disparité de fixation

Tant que l’image du point fixé par l’œil directeur tombe dans l’aire de Panum qui entoure la fovéa de
l’autre œil, il s’agit de disparité de fixation. Mais si l’erreur de fixation binoculaire est telque l’image du
8
point fixé sort de cette aire de Panum, il ya diplopie (ou suppression) car les images ne tombent plus sur
des éléments correspondants, il convient alors de parler de strabisme.

La diplopie est le critère qui définit la limite de l’aire fusionnelle de Panum

La limite théorique entre disparité de fixation et strabisme dépend de la taille des aires de Panum autour
de la fovéa.
La disparité de fixation atteint rarement 20 minutes d’arc et ne dépasse jamais 30 minutes, alors que
l’angle d’un strabisme est de l’ordre de plusieurs degrés

Partie 1-2 : Conditions d’une vision binoculaire normale

But de cette partie

Dans cette partie, on va énumérer les conditions nécessaires d’une vision normale, mais cette fois ci d’une
manière détaillée afin d’avoir une idée très claire sur les problèmes de perte de vision stéréoscopique.
On va voir aussi comment faire le calcul d’une acuité visuelle stéréoscopique et les différentes procédures
de mesure et de contrôle de la stéréoscopie aussi bien de près comme de loin. En plus on va établir la
relation entre l’accommodation et le mouvement de vergence du couple oculaire et en déterminer ensuite
le rapport AC/A (rapport de la variation de la convergence accommodative sur l’accommodation).

Selon plusieurs références dans la vision binoculaire : six conditions doivent être remplies pour obtenir
une vision binoculaire normale confortable. La perte de l’un ou plusieurs de ces critères peut conduire à
une vision binoculaire anormale.

I ) Les conditions sont :

-1 une fixation monoculaire précise et stable


-2 une fixation binoculaire simultanée et précise
-3 une bonne coordination neuromusculaire intra et extra-oculaire
-4 une correspondance sensorielle avec les fovéas
5- la congruence des images oculaires
6- fusion ou unification sensorielle des deux images

9
1- Fixation monoculaire précise et stable
Pour assurer une bonne acuité visuelle, chaque œil doit avoir une fixation fovéale et stable relativement.
Un œil normal a une fixation fovéale, en moyenne. Mais l’œil n’est pas immobile, sa fixation n’est que
relativement précise et stable. Sur une période de 10s la fixation se déplace dans une zone de  5’ à  10

d’arc. On distingue trois types de mouvements :
- des microtremblements : qui sont des mouvements de faible amplitude en moyenne de 20’’ d’arc et de
fréquence 30 à 100 Hz.
- des dérives de fixation : qui sont des mouvements plus lents (fréquence inferieure à 0,5 Hz et
d’amplitude plus large jusqu’à 5’
- des microsacades : ce sont des mouvements dont la fréquence est de 1 à 2 sacades /seconde et dont
l’amplitude est de 5’, la plus part de ces sacades permettent de corriger la fixation contrairement aux
deux mouvements précédant.
La plus part de ces mouvements de fixation se faisant dans une zone de  5’ a  10 ‘ et comme la zone
d’acuité fovéale maximale est de l’ordre de 24 à 30 ‘, donc ceci laisse croire que même s’il y a une dérive
d’une valeur de 20‘ d’arc, l’œil gardera son acuité maximale et la vision binoculaire est préservée. Au-delà
de cette valeur l’acuité chutera considérablement

La fixation monoculaire sera anormale (instable et imprécise) dans le cas où il y a présence d’un
Nystagmus ou d’un œil présentant une amblyopie strabique, ce défaut est toujours accompagné par des
mouvements de fixation anormaux avec des dérives de fixation exagérés qui sortent de la zone d’acuité
maximale et des mirosacades exagérées et imprécises. En plus une fixation monoculaire excentrée hors la
fovéa

2- Fixation binoculaire simultanée et précise


Comme pour la fixation monoculaire, une précision relative est nécessaire, tant que l’erreur d’alignement
bi fovéal est inferieur 20min d’angle, la vision binoculaire est possible grâce aux aires de Panus (comme il
a été expliqué précédemment) il s’agit alors d’une disparité de fixation. Quand l’erreur dépasse 20 à 30
min d’angle, la fusion n’est plus possible et il s’agira d’un strabisme.

3- Coordination neuromusculaire intra et extra-oculaire


Une bonne coordination des mouvements oculaires est nécessaire, aussi bien pour les mouvements de
version que pour ceux de vergence. Deux lois jouent un rôle important dans cette coordination : la loi de

10
Herring (ou loi d’égale innervation) qui veut dire que la même quantité d’influx nerveux est envoyée aux
muscles synergiques et la loi de Sherrington (ou la loi de l’innervation réciproque).

Il est à noter aussi qu’il y a nécessité de coordination entre les systèmes neuromusculaire intra et extra-
oculaire, cette coordination est modélisée par la relation Accommodation – convergence.

Exemple : l’augmentation de la convergence et l’accommodation pour un objet qui se rapproche (ce point
va être étudié prochainement).

4- Correspondance sensorielle avec les fovéas


Deux points correspondants donnent lieu à une perception visuelle dans la même direction lorsqu’ ils sont
stimulés simultanément et ce quel que soit la position des deux yeux. En cas de strabisme, la
correspondance rétinienne est absente ce qui conduit à une binocularité anormale

5- Congruence des images oculaires


Si les deux images oculaires ne sont plus suffisamment congruentes (similitude de forme, de taille,
d’acuité et de couleur) la fusion et donc la vision binoculaire deviennent difficiles (impossibles). Les
obstacles à la fusion sensorielle peuvent êtres les suivants :

 L 'aniseiconie ( différence de taille des images rétiniennes)


La binocularité devient de plus en plus difficile quand l’aniseiconie atteint 6 à 10 %. La cause
principale est la correction d’une anisométropie
Un exemple classique d’anisocorrection entrainant une aniseiconie est le cas de l’aphake
unilatérale :
 Une correction en lunettes (cas rare aujourd’hui) entrainerait environ 25% d’aniseiconie 
pas de binocularité possible
 Une correction en lentille de contact entrainerait 8% d’aniseiconie  une binocularité
possible, selon le cas.
 Un cristallin artificiel (un implant) entraine une aniseiconie de 0 à 2%  autorise la
binocularité .
 Différence de forme des images oculaires : La correction d’un astigmatisme important et d’axe
diffèrent entre les deux yeux, entraine des déformations d’image oculaires différentes entre les
deux yeux, rendant ainsi la fusion difficile (il s’agit-là d’une aniseiconie méridienne).
 Différence d’acuité visuelle : plus la différence d’acuité visuelle entre les deux yeux est marquée
plus la fusion sensorielle est handicapée.

11
Si le meilleur œil a une acuité de 10/10 et si l’autre a une AV de 2/10, il n y ‘aura pas de
binocularité centrale (une fusion périphérique est possible). Si l’autre œil a une AV supérieure à
3/10 quelques aspects de la vision binoculaire peuvent être observés.

6-Fusion ou unification sensorielle des deux images corticales

Le processus de fusion peut être divisé en deux types :

_ Vergence fusionnelle (fusion motrice)


On peut considérer la vergence fusionnelle comme le processus sensorimoteur grâce auquel les deux
yeux sont dirigés pour que les deux images oculaires tombent sur des zones rétiniennes correspondantes
permettant ainsi la fusion sensorielle.
D’un point de vue clinique on peut dire que la vergence fusionnelle sert la fusion sensorielle, et la fusion
sensorielle doit être présente pour qu’une vergence fusionnelle soit mise en jeu.

_ Fusion sensorielle
La fusion sensorielle est le processus neurophysiologique qui combine au niveau cortical les projections
rétino-corticales de deux images oculaires tombant sur des zones rétiniennes correspondantes, donnant
ainsi lieu à une perception unique.
Pour que la fusion sensorielle opère, il faut que les images corticales soient suffisamment congruentes. Si
les deux images (ou partie d’entre elle) ne peuvent être fusionnées, une partie de l’une ou l’autre est
neutralisée.

II) La Stéréopsie
La stéréopsie est la capacité à percevoir le relief par le traitement cortical des disparités binoculaires
entre les images rétiniennes. On distingue la stéréopsie fine et la stéréopsie grossière. La stéréopsie fine
est prépondérante en vision centrale et nécessite une fusion maculaire. La stéréopsie grossière est plus
présente en périphérie

NB : Avec une vision binoculaire(VB) normale, la vision centrale (maculaire) est fusionnée et simple avec
perception des détails à haute résolution pour laquelle l’œil s’arrête (pendant 200 à 400 ms) sur un point
de fixation pour obtenir des détails, en plus elle présente une stéréopsie fine.
La vision Binoculaire périphérique opérant en mode subconscient, nous livre des impressions globales (elle
peut nous donner jusqu’à 100 images par seconde (au lieu des 3 à 4 pour la vision centrale). Elle permet
donc la perception ultrarapide de mouvements. Au contraire elle présente une stéréopsie grossière.

12
En temps normale c’est la VB centrale qui domine la conscience visuelle.

Repartition angulaire entre vision centrale et vision peripherique

II- 1) Perception du relief et rôle de la stéréopsie

La perception du relief n’émane pas que de la stéréopsie (un processus binoculaire). Un sujet monoculaire
peut percevoir le relief et la profondeur grâce à de nombreux indices dits monoculaires : on cite

 La taille relative apparente des objets connus


 La perspective linéaire (convergence apparente des lignes // vers l’infini)
 Le recouvrement partiel d’un objet par un autre
 Les ombres et lumières.
 La paralaxe du mouvement.
Toute fois la stéréopsie (une qualité innée dans la personne qui apparait dès le 6eme mois) procure une
perception plus fine et plus riche du relief. Pour le clinicien l’intérêt principal de mesurer la stéréopsie est
d’évaluer la qualité de vision centrale.
NB : Les sujets streo-Aveugles (les strabiques par exemple) savent d’ailleurs mieux exploiter les indices
monoculaires que les sujets bénéficiant de la stéréopsie.
II-1- 1) Notion d’acuité stéréoscopique
Définition : L’acuité stéréoscopique est la plus petite disparité binoculaire pouvant être perçue comme un
relief. Elle est exprimée sous forme d’une disparité angulaire. Le calcul de la disparité interoculaire entre
les images de deux points A et B est démontré ci-après :

13
La différence - est égale à la différence 1 -2 au niveau des projections oculaires
Les distances EIP (écart pupillaire), P et dP sont exprimées en mètre
Le seuil d’acuité stéréoscopique s’exprime en second d’arc. En faisant l’approximation du radian en sec
d’arc
La relation de l’acuité s’écrit alors comme suit :

−¿ 1−2=EIP .
( dpP ) . 180.3600
2
π
'
[secondes d arc ]

Les approximations nécessaires sont effectuées en considérant les triangles dont le sommet est constitué
d’angles très petits. La différence de profondeur minimale perçue (dP) est petite vis à vis de la valeur de P.
Il résulte de ces observations que la distance d’observation influe beaucoup sur l’acuité visuelle
stéréoscopique en terme de variation minimale perçue (dP): celle-ci tend à diminuer fortement avec la
distance d’observation (P). La perception du relief est plus aisée dans une pièce que dans un espace plus
vaste.
II-1- 2) Tests de stéréoscopie
Pour le contrôle ou la quantification de cette disparité oculaire minimale (acuité stéréoscopique),
différents tests sont utilisés, nous citons et étudions quelques-uns.
Tout d’abord un test très simple qui permet de vérifier la perception du relief, mais qui ne permet pas de
la quantifier, c’est le test des 2 crayons de Lang ou test de coïncidence : l’examinateur tient verticalement
un crayon la pointe en bas, et demande au sujet tenant verticalement un autre crayon, la pointe en haut,
de venir l’aligner sur le premier. Un sujet ayant une vision binoculaire normale, alignera correctement les
2 crayons en binoculaire et manquera la cible en monoculaire.
14
-Critères de classification des tests de vision stéréoscopique
Le classement des tests peut se faire selon différents critères :
• Soit la capacité d’évaluer la plus fine acuité stéréoscopique (précision de mesure);
• Soit celle de mesurer la vision stéréoscopique en vision de près ou de loin (plage d’application) ;
• Soit les bases sur lesquelles repose le test (le principe).

Il existe de nombreux tests de contrôle de l'acuité stéréoscopique. Ils sont tous conçus sur le même
principe. Le sujet observe un test sur lequel figurent deux images disparates planes. Un système de
séparation (filtres polarisés, rouge-vert, lentilles cylindriques), permet au sujet de voir avec chaque œil une
image différente. Il est bien entendu que le sujet a les deux premiers degrés de la vision binoculaire. Il va
les fusionner et aura une impression de relief si son acuité stéréoscopique est supérieure à celle du test
considéré.

Il faut distinguer les tests de contrôle et les tests de mesure.

I/ Test polarisés en VL

I-1/ Test de contrôle des projecteurs de tests:

Le sujet est muni de filtres polarisés à 45° et 135°. Le test est projeté sur un écran métallique pour éviter la
dépolarisation de la lumière. Le rond central n'est pas polarisé et sera donc vu par les deux yeux, les traits
supérieurs et inférieurs sont polarisés l'un à 45° l'autre à 135°. Sur certains projecteurs de tests le segment
en haut à droite et celui en bas à gauche ont même polarisation (test n°1) et sur d'autres les segments du bas
et du haut sont polarisés de la même façon (test n°2). Dans le premier cas, si l'œil droit porte le filtre
polariseur à 135°, le sujet s'il fusionne les segments, extériorise celui du haut en avant du point et celui du
bas en arrière. Dans le second cas s'il y a fusion, les deux segments seront extériorisés en avant du plan de
projection. Si vous ignorez quel test est projeté, après avoir demandé au sujet combien de segments il voit
pour vous assurer de la fusion, il faut prendre soin de poser une question qui convienne aux deux cas du
genre "Est-ce que les segments vous paraissent dans le même plan que l'écran, plus proches ou plus
15
éloignés ?". L'extériorisation vers l'avant doit se faire entre 1m et 1,50m en avant du plan de projection. On
le contrôle aisément en déplaçant sa main et en demandant au sujet s'il voit le trait entre lui et la main ou
entre l'écran et la main. Il faut aussi noter le temps qu'a mis le sujet pour percevoir le relief.

I-2/ Test de contrôle du Polatest:

Identique au précédent dans son principe: les traits sont remplacés par des triangles.
(la polarisation est à 90° et 0°).
Les triangles sont extériorisés en avant ou en arrière suivant la position des
analyseurs. On peut les retourner. Il faut noter la distance entre le plan de perception
des triangles et le plan du test et le temps nécessaire au sujet pour percevoir le relief.

Un retard à l'avancement des triangles peut être le signe d'une exophorie difficilement
compensée et au contraire un retard au recul le signe d'une ésophorie. Ces remarques ont bien valables pour
le test précédent. Les hyperphories, les mauvais équilibres dioptriques, la fatigue visuelle en générale
retardent le temps de perception du relief

I-3/ Tests de mesure au Polatest:

Sur l'écran, il y a plusieurs lignes de symboles polarisés. Le sujet est muni des
polariseurs et on lui demande d'indiquer dans chaque ligne s'il voit l'un des
symboles en avant du plan du test. L'acuité stéréoscopique du sujet correspond à
la valeur indiquée pour la dernière ligne de symboles où il a perçu le relief. Sur
le polatest, il y a deux écrans avec pour acuités 5', 4', 3' pour le premier et 2', 1',
0,5' avec des lignes de symboles différents et des écrans avec le même symbole
pour les 3 acuités testées identiques aux précédentes.

II / Tests polarisés en VP

II-1/ Optoprox:

Le test du point et des deux segments existe sur l'Optoprox, il est utilisé comme le test identique en VL et
permet de constater un bon fonctionnement de la vision stéréoscopique en VP.

II-2/ Test de la mouche:

On donne au sujet muni des analyseurs le test de la mouche ( photo d'une mouche formée de deux
pellicules polarisées à 45 et 135°). Il le tient à sa distance de lecture habituelle (environ 40 cm). Il doit voir
les ailes au dessus du plan du test. On lui demande de pincer le bout des ailes. On note la valeur du
16
soulèvement et la rapidité avec laquelle le sujet a vu les ailes s'élever. Si la vision stéréoscopique est dans
la norme, le bout des ailes doit s'élever de 2 à 4 cm. C'est aussi un test de dépistage. La surface du test étant
importante, il peut être réussi même en cas de déficience fovéale.

Il existe aussi le test du papillon ne nécessitant pas de filtres polarisés. La séparation des images est
obtenue par un effet prismatique crée par de microprismes déposés sur les deux photos superposés. Le test
doit être placé dans le plan médian, à 40 cm environ devant les yeux du patient.

II-3/ Points de Wirt

Le test comporte neuf séries de 4 cercles placés dans un rond blanc. Dans trois des ronds, il s'agit d'un
cercle noir. Dans le quatrième, il y a en réalité deux cercles identiques aux trois autres mais polarisés à 45
et 135° et légèrement décalés (voir agrandissement de la figure 1). Lorsque le sujet est muni des
analyseurs, si son acuité stéréoscopique est supérieure à l'acuité d'un test, il doit voir un point se soulever
au-dessus des autres. Sur la photographie, pour les trois premiers éléments, on distingue bien le rond blanc
dans lequel se trouvent les deux cercles polarisés. Pour les suivants, la disparité entre les deux cercles est
trop faible pour que l'on puisse la voir. On demande au sujet d'indiquer pour chaque figure quel est le point
qui paraît se soulever. On note la dernière figure où le sujet peut distinguer le soulèvement. Si le sujet est

17
dans la norme, il doit voir correctement le point soulevé sur les 9 figures (les acuités varient de 800" sur la
figure 1 à 40" sur la figure 9 en passant par les valeurs 400", 200", 140", 100", 80", 60"et 50" ).
C’est un test très répandu, il se pratique habituellement à 33 cm, rapide, facile à pratiquer. Mais il ne
mesure pas une acuité stéréoscopique très fine

III/ Anaglyphes

III-1/ en VL et en VP : Les anneaux de BROCK

Sur une carte à fond noir, on trouve un cercle blanc de fixation centrale, deux
séries d'anneaux l'un rouge l'autre vert. Ces anneaux sont légèrement décalés, les
rouges à gauche. Le sujet est muni de lunettes rouge vert (filtre rouge sur l’œil
droit) et on lui demande de fixer le point central. On lui fait indiquer ce qu'il voit:
nombre d'anneaux, couleur. S'il voit deux anneaux blancs (un grand et un petit) on
le questionne sur position relative des anneaux (sont-ils soulevés et de combien).
Si le sujet est dans la norme, il doit voir deux anneaux blancs: le grand anneau doit être en avant d'environ
2 m et le petit d'environ 1,25 m. S'il ne voit que les anneaux verts ou rouges, il y a suspension d'un œil. S'il
voit 2 anneaux rouges et deux verts décalés, le sujet ne fusionne pas malgré le cercle central, il y a donc
une hétérophorie mal compensée.

III-2/ en VP : Test TNO

Ce test est principalement destiné aux enfants d'âge préscolaire (2,5 ans à
5 ans). Il comporte sept planches à regarder avec des lunettes rouge-vert.
Les trois premières planches permettent d'établir rapidement si la vision
stéréoscopique est présente. Trois planches permettent une mesure
quantitative. Il y a aussi une planche permettant la mise en évidence de la
suppression dans le cas d'une absence de stéréopsie.
Ce test est très souvent utilisé en dépistage. Plusieurs enquêtes ont
montré
que si l'acuité stéréoscopique est inférieure à 240'' chez l'enfant, celui-ci présente à 95% un problème
visuel. Le test à 240" sert donc de crible et tous les enfants n'ayant pas cette acuité doivent subir un
examen de vue.
Le test doit être présenté à 40 cm, bien en face, devant le patient et être bien éclairé. Les planches
peuvent être présentées à l'envers pour que les figures soient vues vers l'arrière. Le même effet est obtenu
en inversant les lunettes rouge-vert

18
Voici l'exemple de la planche II: Deux ronds sont visibles si l'enfant n'a pas de vision stéréoscopique. S'il
en a une, deux autres ronds apparaissent en avant dans les deux autres carrés. Avec la question "Combien
de ronds vois-tu?", on peut déterminer la présence ou l'absence de stéréopsie. Les deux ronds visibles par
tous permettent à l'enfant de croire qu'il a réussi le test et donc d'éviter le sentiment d'échec.

III-3/ Les stéréogrammes

Il existe plusieurs types de stéréoscopes : à miroirs, à prismes et à lentilles. Les plus utilisés sont ceux à
lentilles. Le test est placé dans le voisinage du plan focal des lentilles et l'extériorisation se fait en vision de
loin.

Le test étant au voisinage du plan focal, les lentilles vont donner de chaque partie une image se trouvant à
une distance éloignée. Le système visuel va fusionner les deux grands cercles et les deux petits cercles. Les
deux images rétiniennes des petits cercles présentent une disparité. Les extériorisations théoriques des
petits cercles seraient croisées et donc lors de la fusion il sera extériorisé en avant du plan du grand cercle.

IV/ Le test de Lang


Il se présente sous la forme d’une carte postale. Il est bâti sur le principe des points au hasard mais ne
nécessite pas l’interposition de verres polarisés, la séparation des images étant obtenue par un principe
de microlentilles cylindriques situées sur la face avant du test. Il comporte 3 dessins allant de 1 200 à
550 secs.
Il doit être présenté à l’enfant à 40 cm et tenu immobile dans le plan frontal. L’enfant doit dire ce qu’il
voit ou s’il est trop jeune le toucher au doigt.

19
Disparités : voiture 550’’, Etoile :600’’, Chat :1200’’ Disparités lune :200’’ ; Voiture :400’’ ;
Eléphant :600’’ ; l’Etoile toujours visible

 Avec le test de Lang n°1 le patient pourra, si la vision stéréoscopique est présente, voir apparaître
3 formes en relief : un chat, une étoile et une voiture.
 Avec le test n°2 le patient pourra, toujours si la vision stéréoscopique est présente, voir 4 images :
une étoile, un éléphant, une lune et une voiture.

Si la réponse est Positive : localisation et dénomination correctes de tous les objets cachés et / saut oculaire
dun objet a un autre,  une stéréopsie fine est prouvée  Aucun Examen Supplémentaire De La Vision
Stéréoscopique N'est Requis Un nouveau test à un âge plus avancé est recommandé

Si la réponse est Négative / douteuse : Aucun objet ou (un seul objet) ne peut être détecté, et les
mouvements oculaires n'indiquent pas non plus la reconnaissance des objets 3D. Les yeux scannent la
plaque de test puis s'en éloignent  La stéréopsie fine reste non prouvée  Orientation Vers
Ophtalmolgiste Pour Plus D'examen

20
NB :
Le dépistage de la stéréopsie est une partie essentielle du dépistage de la vision, l'enfant qui échoue au
dépistage de la stéréopsie est plus à risque d'amblyopie ou de perte de vision, dans un œil. Lorsque le
cerveau est capable de fusionner les images séparées de chaque œil en une seule image, l'enfant perçoit un
espace en relief et aurait une bonne stéréopsie.
• Le STEREOTEST de LANG est un test de dépistage facile à utiliser conçu pour la détection
précoce des problèmes de vision stéréoscopique chez les enfants

Utilisation des tests


Dans la pratique, il faut tenir compte du mode de présentation :
• De la distance pour laquelle est conçu le test ;
• De la position et de l’immobilité du test ;
• De la précision et de la rapidité des réponses ;
• De l’âge du sujet, toutes les études montrent qu’il faut attendre l’âge de 5 ans pour avoir une acuité
stéréoscopique fine.
Interprétation des résultats
La majorité des auteurs et des utilisateurs s’accordent pour dire que les tests à points aléatoires sont plus
précis et mesurent une acuité stéréoscopique plus fine. D’autre part ils ne peuvent être perçus en
monoculaire ou sans systèmes polarisants, alors que dans les tests basés sur la parallaxe, les contours ou
la forme peuvent être perçus monoculairement jusqu’à un certain degré.
Dans un certain nombre de microstrabisme, notamment celles inférieures à 10 ∆, il existe une
binocularité qui permet un certain degré de vision stéréoscopique, qui dépend de plusieurs facteurs, la
valeur de l’angle, la neutralisation, le test utilisé. Cette vision stéréoscopique est toujours meilleure avec
les tests basés sur la parallaxe.
Pour les sujets avec vision binoculaire normale, quel que soit le test, une bonne vision stéréoscopique
implique une bonne vision binoculaire, les deux étant intimement liées.

Comment peut-on obtenir l’acuité stéréoscopique à partir d’un test stéréoscopique plan  ?

21
Le but de cette question est tout simplement de comprendre, comment à partir d’un test plan, on arrive à
tester la stéréoscopie d’un sujet.
Prenons un couple oculaire muni de filtres rouge/ vert et fixe un test tel que T D perçue par l’œil droit est rouge et TG
perçue par l’œil gauche est vert , le point objet F est perçue par les deux yeux. La vision du couple oculaire est

partiellement dissociée par les filtres colorés car il existe un élément fusionnel central commun aux deux
couple oculaires

=TD TG/D
Constitue l’acuité stéréoscopique, on montre qu’a une approximation près D>> TDTG :

1 1 d
ε ≈ α −β=Q 'D Q'G ( D−d − )≈ Q Q
D
'
D
'
G
D2

Cette expression n’est autre que l’acuité stéréoscopique déjà mesurée précédemment.
Donc l’intéressant dans tout cela est : qu’à partir de deux images identiques décalées spatialement dans
un même plan (ce qui constitue le test), mais de couleur différentes et chaque œil va observer une image
dissociée de l’autre œil, le cerveau va fusionner ces deux images disparates (mais de disparité angulaire
inferieur à l’angle donnant une diplopie) pour donner une image T qui se trouve en avant du point F (cas
d’une disparité croisée)
Donc les tests diffèrent par la distance linéaire entre les deux motifs et se traduit par une différence
angulaire.
Donc selon la valeur de l’angle de disparité binoculaire du test, on peut contrôler ou mesurer la
stéroéacuité d’un sujet.
NB : On remarque aussi que la base de la mesure des profondeurs « d » par un stéréoscope à miroir ou à
prisme peut être observé sur la relation tirée du dessin
22
T D T G Q 'D Q 'G D ×T D T G
=  d=
Q 'D Q 'G +T D T G
d D−d

Rappel : Mouvements des yeux en binoculaire


 Mouvement de Version
Si la fixation passe d’un point de fixation F (à l’infini et dans le plan méridien) à un point F1 (à l’infini) les
lignes de regard de l’œil droit et de l’œil gauche, tournent dans le même sens α, il s’agit d’un mouvement
de version

 Mouvement de Vergence
Si la fixation passe d’un point de fixation F (à l’infini et dans le plan médian) a un point F2 (rapproché
et dans le plan médian) les lignes de regard de l’œil droit et de l’œil gauche, tournent en sens opposé
de , il s’agit d’un mouvement de convergence: mouvement binoculaire de rotation du couple
oculaire en dedans
Si la fixation passe d’un point de fixation F2 (rapproche et dans le plan médian) a un point F (à l’infini
et dans le plan médian) les lignes de regard de l’œil droit et de l’œil gauche, tournent en sens opposé
de , il s’agit d’un mouvement de divergence : mouvement binoculaire de rotation du couple oculaire
en dehors

Mouvement de version Mouvement de convergence Mouvement de divergence

Partie 1-3 : Liaison accommodation-convergence

But de cette partie


L’accommodation et la convergence sont étroitement liées et l’étude de leur rapport apparaît
déterminant dans la résolution de certains dysfonctionnements de la vision binoculaire.
On va bien comprendre le rôle de l’accommodation dans la vision binoculaire, on commence par faire un
rappel sur le mécanisme d’accommodation et la réponse accommodative, ensuite on va déterminer les
23
composantes du mouvement de vergence et d’accommodation et établir par la suite la relation entre
l’accommodation et la vergence en mesurant le rapport AC/A de deux méthodes

I / Rappel sur le mécanisme d’accommodation


La première explication du mécanisme de l’accommodation correspondant à la réalité fut donnée en 1876
par Herman Von Helmoltz, D’autres théories ont été avancées depuis, mais aucune n’a remplacé la
théorie de Helmoltz dont le fondement a d’ailleurs été démontré par les techniques modernes de
biométrie.
L’accommodation peut s’expliquer comme la capacité de l’œil à augmenter sa puissance dioptrique. C’est
une fonction reflexe permettant, quand cela est possible d’obtenir une image rétinienne nette d’un objet
rapproché, ou de compenser une hypermétropie.
Les éléments responsables du mécanisme d’accommodation sont
 Le cristallin fait d’un matériau mou (jeune cristallin), c’est un organe de forme biconvexe, situé
derrière l’iris, et suspendu au corps ciliaire par la zonule. Normalement transparent, le cristallin est
responsable de fonctions très importantes pour le système visuel :
- Il assure la mise au point pour voir net, l’accommodation, grâce à une modification de sa courbure - plus
ou moins bombée - obtenue par tension ou relâchement de la zonule sous l’effet des muscles lisses du
corps ciliaire
- Il représente un tiers de la puissance totale de l’œil, la cornée fournissant les deux autres tiers   
- Il absorbe une partie des UV en protégeant ainsi la rétine.
 La capsule : sert d’abris pour le cristallin
 Zonule de Zinn : est un ligament formé d’un ensemble de fibres élastiques transparentes
maintenant le cristallin «suspendu» sur tout son pourtour. Par tension ou relâchement provoqués par
le muscle ciliaire, les fibres de la Zonule de Zinn génèrent une modification de la courbure du cristallin
pour permettre l’accommodation,

 Le muscle ciliaire

24
En vieillissant naturellement, les fibres élastiques composant le cristallin perdent de leur élasticité, le
cristallin ne peut donc plus changer de courbure avec la même facilité, ceci même quand le muscle ciliaire
garde le même pouvoir de contraction. La mise au point devient plus difficile, c'est ainsi que la vision de
près se trouble : c'est la presbytie.

Les fibres du cristallin et sa capsule La taille et la forme du cristallin


perdent leur élasticité augmentent

Déclanchement de la presbytie Reduction de amplitude accommodative

-Une personne perd en moyenne 0,3 dioptrie /an à partir de 10ans


Avec l’âge de 50 à 55 ans le cristallin est pratiquement rigide et devient moins puissant ce qui explique la
dérive hyperbolique observée après l’âge de 30 ans

I-1/Réponse accommodative
L’accommodation est en théorie égale à la proximité de l’objet fixé pour que l’image rétinienne soit nette.
( donc une proportionnalité entre l’accommodation et la proximité (courbe en traits discontinus))
En pratique, plusieurs études ont montré que la réponse accommodative est un peu différente de la théorie
prévue.

25
Courbe schématique de la réponse accommodative
moyenne

La réponse accommodative est généralement égale à la demande sur la partie linéaire de la courbe (c. à. d
les deux courbes se superposent).
On remarque aussi sur la courbe de réponse accommodative, lors de la réfraction au loin (6m ou ),
l’accommodation théorique (courbe discontinue) n’est pas exacte mais montre un manque d’environ 0,25
dioptrie (début de la courbe) le sujet voit nette grâce à la profondeur de champ de l’œil.
Lors de l’examen de la vision de près (une distance de l’objet fixé de 30cm), on observe une différence
entre les deux courbes d’environ 0,50 à 0.75 dioptries, ainsi en vision rapprochée le myosis permet à l’œil
d’économiser l’accommodation en augmentant considérablement la profondeur de champs.

II/ Composantes de l’accommodation et de la vergence


La réponse accommodative, ainsi que la réponse en convergence, peuvent être théoriquement divisées en
plusieurs composantes, bien que ces composantes ne sont pas nécessairement des fonctions physiologiques
entièrement distinctes, elles se sont avérées très utiles du point de vue pédagogique, ainsi que pour
l’analyse des résultats cliniques et la prescription de compensation optique ou prismatique.
II-2/ Composantes de l’accommodation

a- Accommodation réflexe

L’accommodation réflexe est celle faisant repense à une image rétinienne floue, de manière à obtenir et
maintenir une image rétinienne nette.
Mais des études ont montré que le floue n’est pas en lui-même un stimulus suffisant pour une réponse
accommodative appropriée. Il semble que le cerveau puisse utiliser le stimulus de l’aberration

26
chromatique, la variation de luminosité et la variation du contraste dans le même objet pour
déclencher une réponse accommodative appropriée
Dans les conditions de vision habituelles, l’accommodation réflexe est la composante dominante dans le
maintien de la réponse accommodative

b- Accommodation de convergence

L’accommodation de vergence est celle associée à une variation de la convergence. De même que
l’accommodation induit de la convergence, la convergence induit de l’accommodation.
Le lien entre L’accommodation et la convergence est connu sous le nom de convergence accommodative et
s'exprime cliniquement par le rapport AC / A,(qui sera détaillés plus loin) il mesure la quantité de
convergence accommodative engendrée par une modification d’accommodation donnée.

c- Accommodation proximale (accommodation psychique)

Elle est celle attribuée à la conscience ou à l’impression de proximité de l’objet fixé, indépendamment de
tout stimulus optique. Elle mise en jeux quand une personne par exemple regarde à travers un oculaire d’un
appareil optique (elle a l’impression que la lune par exemple est devant elle bien sûre quand elle utilise un
télescope pour voir la lune). Elle est proportionnelle à la conscience de la proximité de l’objet ; elle est plus
importante si le sujet est conscient que l’objet est plus proche.
Elle est stimulée pour des objets qui se trouvent à moins de 3m

d- Accommodation tonique (AcT)

Elle est celle attribuée au tonus du muscle ciliaire, en l’absence de toute stimulation, visuelle ou psychique,
on l’appelle aussi position de repos de l’accommodation. Cette accommodation peut être mesurée dans
l’obscurité totale ou dans un champ vide dépourvue de tout contraste (exemple dans le brouillard ou à
l’intérieur d’un nuage). Pour éviter toute accommodation proximale lors de la mesure de l’ AcT dans une
pièce obscure le sujet doit être conscient que la pièce est vide et que les murs sont loin d’au moins trois
mètre. La valeur de AcT est estimée à 1dioptrie 0,31 et elle diminue avec l’âge.

II-2/ Composantes de la convergence

a- La convergence tonique :

La disposition anatomique des cavités orbitaires (environ 45°) entraîne une divergence des axes visuels en
état de repos anatomique (coma profond ou mort).

27
Le tonus musculaire physiologique réduit cette divergence grâce à l’existence de la convergence tonique.

Elle résulte du tonus (Le tonus est l’état de tension ou de contraction musculaire ) de base de la
musculature en l’absence de tout stimulus visuel ou psychique
Si la valeur de cette convergence est égale à celle de la divergence des cavités orbitaires du sujet, ses axes
visuels seront parallèles en position de repos. Le sujet est alors orthophorique.
Si elle est plus importante, on parlera d’insuffisance de divergence, le sujet est ésophore de loin.
Si elle est moins importante, on parlera d’excès de divergence, le sujet est exophore de loin.

b- La convergence accommodative :

La vergence accommodative est la convergence induite par l’accommodation.


Ainsi tout influx nerveux pour une certaine réponse accommodative entraine parallèlement un influx
nerveux stimulant une certaine quantité de convergence (et vice versa).
Un sujet emmétrope n’accommodant pas de loin va utiliser surtout la convergence accommodative en vison
de près. L’accommodation va entraîner un réflexe de convergence.
Si cette convergence réflexe est trop importante, on parlera d’excès de convergence ; le sujet présentera une
ésophorie en VP.
Si la convergence est insuffisante, on parlera d’insuffisance de convergence ; le sujet présentera une
exophorie en VP.

c- La convergence proximale :
La convergence proximale encore appelée convergence psychique, est un réflexe de convergence attribuée
à la conscience ou à l’impression de la proximité d’un objet.

d- La vergence fusionnelle (vergence de disparité) :


C’est une vergence réflexe, elle est provoquée par le désir de fusionner des images rétiniennes perçues par
chacun des deux yeux et présentant une certaine disparité
Chez les orthophoriques, elle est nulle car les deux yeux s’alignent naturellement sur l’objet fixé.
Chez les ésophores (qui ont tendance à trop converger), une divergence fusionnelle va se mettre en place
afin de voir l’objet simple.
Chez les exophores, la convergence fusionnelle permettra de pallier au manque de convergence.

NB : on en trouve aussi un autre type de convergence (n’est pas le cas de tous les sujets) qui est la
convergence volontaire. Elle peut être mise en jeu par un effort conscient, même en l’absence de tout

28
stimulus de fixation adéquat. Elle peut s’expliquer aussi par une convergence proximale ou le sujet
s’imagine un objet rapproché.

Interaction entre l’accommodation (Acc) et convergence (conv)


Nous avons déjà vu que l’Acc et la conv sont étroitement liées. Les études ont montré qu’il était plus facile
de mesurer l’effet de l’accommodation sur la convergence (convergence accommodative) que l’inverse
(l’accommodation de vergence).
Le rapport AC/A exprime la quantité de convergence accommodative entrainée par chaque dioptrie
d’accommodation. Ce rapport est très utile d’un point de vue pédagogique et clinique, il nous renseigne sur
la nature es interaction entre l’accommodation et la vergence.
Le rapport AC/A peut-être calculé avec les phories mesurées à deux distances différentes, ou bien
déterminé à une distance fixe par la méthode du gradient

 Rapport AC/A calculé


L’ hétérophorie est mesurée à deux distances typiquement à 5 ou 6m, puis à 40 cm. Le rapport AC/A
calculé est égal à la convergence accommodative mise en jeu entre les deux mesures de phories, divisée par
la variation correspondante de l’accommodation

Convergence accomodative mise en jeu [ ∆ ]


AC / A= (1)
Variation correspondantede l ' accomodation [ D ]

Figure : Démonstration de la formule de calcul du rapport AC/A

29
Pour la clarté du dessin les angles de déviation et de vergence n’ont été représentés que dans un coté :
CA: convergence accommodative CR : convergence requise
VFl: vergence fusionnelle de loin VFp : vergence fusionnelle au près
Hl : déviation horizontale au loin Hp : déviation horizontale au près
EP : écart pupillaire d : distance de la cible à ligne de base

NB 1 : on entend par position dissociée, une position dont un œil a été occlus (voir cours hétérophories)

pour empêcher la fusion sensorielle.

NB 2 : le sens des flèches angulaires est à tenir en considération

Pour le rapport AC/A calculé, on suppose que seule la convergence accommodative fait passer le couple
oculaire de la position dissociée de loin à la position dissociée de près (on ignore la convergence
proximale)
Du schemas on tire :
CA=CR-VFp +VFl= CR+Hp-HI (2)
CA CR + HP−HI CR Hp−HI
= = + (3)
A A A A

Ou A est l’accommodation mise en jeu. Traditionnellement, CR= 15 (en supposant un écart pupillaire
de 6cm et une distance de 40cm entre la cible et la ligne de base joignant les centres de rotation oculaires
d’où :

CA 15+(HP−HI )
= (4)
A A

Or CR ()= CR(am) x EP(cm)

EP ( m)
Ou encore CR( )=100 =EP (cm ) x A(D)
d ( m)

D’où en utilisant l’Eq 3 et en remplacant la nomination CA par AC (accommodative convergence)

30
AC
=EP Deviation de pres − Deviation deloin (5)
A ( cm ) +¿ (∆)
Acc
(∆)
¿
( D)

Avec :
-les déviations Eso et prismes à base externe de signe positif.
- les déviations Exo et prismes à base interne de signe négatif
Les indices :
, désigne déviation en dioptrie prismatique
am : désigne déviation en angle métrique
D : désigne dioptrie qui n’est autre que la proximité

NB : tout cela fait partie du cours hétérophories, un rappel pourra être envisagé en cas de besoin, il suffit
simplement m’informer

Un exemple de calcul du rapport AC/A : Un sujet ayant un écart pupillaire de 6cm est exophore de 1 au
loin (-1) et exophore de 6 de près a 40cm (-6) :
AC
=6+¿ ¿
A
Un rapport AC/A normal

NB :
Du point de vue clinique le rapport AC/A renseigne sur les problèmes qui se posent à un sujet passant d'une
distance de vision à une autre. Elle permettra de classer les patients :
o ceux ayant un faible rapport AC/A présente une insuffisance de convergence
o ceux ayant un fort rapport AC/ présente un excès de convergence
o En pratique, un rapport AC/A inférieur à 3,5 D /d est considéré comme faible et s'il est
supérieur à 5 D /d comme fort.

 Rapport AC/A gradient


Dans cette méthode qui sera détaillée dans le chapitre examen de la vision binoculaire, la phorie de près est
mesurée deux fois : la première à travers la correction de loin et la deuxième avec une addition sphérique
binoculaire qui fait varier la demande accommodative. Entre les deux mesures c’est le changement de

31
convergence accommodative qui fait varier la phorie. La variation de la phorie (par dioptrie d’addition) est
une mesure directe du rapport AC/A.

AC Phorie 1−Phorie2
A
= | Addition |

32

Vous aimerez peut-être aussi