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CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES ______________________________________________________________________________________________________
Notations et symboles
1.1 Forme de l’intensité diffusée L’équation (1) est quasi identique [2] pour une expérience de dif-
fusion de lumière, de rayons X ou de neutrons. La fonction de diffu-
sion s (q) ne dépend que de la structure de l’échantillon et la
Afin d’introduire les caractéristiques de la diffusion de neutrons, technique n’intervient dans cette fonction que par le domaine de
le plus simple est d’écrire l’intensité diffusée par une solution de n valeurs de q qu’elle délivre :
chaînes de polymères comportant chacun N motifs monomères
10 Ð4 à 4 × 10 Ð2 nm Ð1 pour la lumière ;
dans un volume V. Soit I (q) cette intensité diffusée par unité de
volume en fonction du module vecteur de diffusion exprimé par : 10 Ð2 à 5 nm Ð1 pour la diffusion de rayons X et de neutrons aux
petits angles.
q = ( 4π ⁄ λ ) sin θ ⁄ 2
La diffusion de neutrons permet ainsi d’analyser les corrélations
avec λ longueur d’onde du faisceau de neutrons, entre monomères à une échelle de 50 à 0,1 nm, donc tout à fait
adaptée à l’échelle des longueurs caractéristiques des polymères.
θ angle de diffusion
La caractéristique essentielle de la diffusion de neutrons provient
C’est la somme de deux fonctions.
des longueurs de contraste (équation (2)) dont le carré amplifie
L’une comprend le facteur de forme P (q) du polymère (P (0) = 1) l’intensité du signal diffusé.
qui correspond aux corrélations de positions entre motifs monomè-
res appartenant à la même chaîne. En effet, dans le domaine du vecteur de diffusion considéré ici, la
longueur de diffusion du motif monomère ou d’une molécule de sol-
L’autre est proportionnelle à S2 (q), fonction qui traduit les corré- vant est la somme des longueurs de diffusion cohérente des atomes
lations entre motifs monomères appartenant à des chaînes diffé- qui composent ces molécules. Celles-ci caractérisent l’interaction
rentes : neutron/atome. Elles ne dépendent que des noyaux de ces atomes
I ( q ) = ( kB 2 ⁄ V ) [ nN 2 P ( q ) + n 2 S 2 ( q ) ] = kB 2 s ( q ) (1) et peuvent varier fortement d’un isotope à l’autre [19].
Exemple : la longueur de diffusion d’un proton
k est une fonction d’appareil que l’on détermine en faisant des
mesures absolues [2]. b H = Ð 0,374 × 10 Ð14 m est négative, alors que celle de son premier
isotope, le deuton, b D = + 0,667 × 10 Ð14 m est positive. Cette diffé-
B = bm Ð bs ( vm ⁄ vs ) (2) rence se retrouve entre la valeur de b pour une molécule d’eau légère
b H2 O = Ð 0,168 × 10 Ð14 m et celle d’une molécule d’eau lourde
avec bm et bs longueurs de diffusion cohérentes des
monomères et des molécules de solvant, b D2 O = + 1,92 × 10 Ð14 m.
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Le tableau 1 montre quelques valeurs de la longueur de contraste Figure 1 – Schéma d’un spectromètre de diffusion de neutrons
de solutions faites avec différents couples isotopiques polystyrène aux petis angles
( C8H8 )N / benzène (C6H6). Elles sont obtenues à l’aide de la
table la plus récente [5] des longueurs de diffusion cohérentes.
ser des valeurs λ supérieures à 1,5 nm. Ainsi limitées, les plus peti-
tes valeurs de qmin ne dépendent que des plus petites valeurs θmin.
Tableau 1 – Valeurs de la longueur de contraste Le spectromètre comprendra donc un faisceau incident très colli-
maté par deux fentes circulaires de diamètre d, distantes de D.
B (en 10−14 m) de polystyrène H ou D Comme les flux de neutrons sont relativement faibles, 10−6 fois celui
dans différents solvants d’une source classique de RX, l’intensité est augmentée en choisis-
sant pour d une valeur voisine de 1 cm. Cette valeur est limitée par
Polystyrène Benzène H Benzène D Polystyrène la taille de l’échantillon, dont le diamètre est aussi d, et par la
C6H6 C6D6 C8H8)N
( distance D permettant d’obtenir l’angle de diffusion minimal
(θmin ≅ d/D).
C8H8)N
( 0,396 − 6,518 0
Exemple : un montage utilisant λ = 1,26 nm et d = 1 cm ne permet
C8D8)N
( 8,724 1,810 8,321 d’obtenir qmin = 10−2 nm−1 qu’avec une distance D d’environ 10 m.
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déplaçant la source de la sortie du sélecteur mécanique à la fente F1 La masse moléculaire M (ou N) et le rayon de giration Rg sont
par l’introduction de portions de guides escamotables (cf. figure 1). obtenus dans le domaine de Guinier (qRg < 1) [6] en utilisant
Le montage optimal est obtenu pour L = D et pour des dimensions l’approximation de Zimm, soit :
voisines des fentes, de l’échantillon et des cellules du multicomp-
teur. En général, le multicompteur comporte de 4 000 à 16 000 cellu- kB 2 x ( 1 Ð x ) ρ H 1 ⁄ [ m H2 I ( q ) ] = ( 1 ⁄ M H ) [ 1 + ( q R g ) 2 ⁄ 3 ] (7)
les de 1 cm x 1 cm ou 0,5 cm x 0,5 cm.
Pour accéder à différentes gammes du module du vecteur de dif- La forme du polymère peut être déduite du domaine intermé-
fusion, l’utilisateur joue sur les paramètres λ et D. diaire (l, longueur du monomère) :
Notons enfin que les sources de neutrons fonctionnent jour et nuit
durant plusieurs semaines. Les montages comportent donc des 4 R gÐ1 < q < , Ð1
automatismes, par exemple des changements d’échantillon ou de
température, qui permettent de faire des mesures sans intervention où le facteur de forme varie en loi de puissance [7] :
humaine durant vingt-quatre heures ou plus. Les temps de mesures
attribués varient de la journée à la semaine. P ( q ) ∼ q Ðα
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q2 R2 a
0,01 -------------------
I ( q ) ∝ P ( q )e Ð 4 (13)
0,005
Le résultat conduit à Ra = 0,7 ± 0,03 nm. En limitant l’expérience
au domaine q , p < 1 , cette modification n’aurait pas été nécessaire.
0,001
0 1 2
q(nm-1)
3.3.2 Polyester nématique
L'intensité divisée par le carré de la longueur de contraste B est tracée,
en coordonnées semi-logarithmiques, en fonction du module du vecteur
de diffusion q. On pourra aussi se reporter à la référence [11].
La courbe est directement proportionnelle au facteur de forme d'une chaîne.
Son ajustement par le facteur de forme d'une chaîne gaussienne à longueur L’expérience a pour objet de déterminer la conformation du
de persistance (courbe en trait continu) permet d'obtenir la masse moléculaire polyester :
du polymère, son rayon de giration et sa longueur de persistance.
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111 π
---
2
∫α
2 2
p ( α ) = N 0 e a cos α ;N 0 = d e acos α sin α (14)
95
0
48
I // ( q ) =
∫ αp
0
d ( α // ) P ( q , α // ) sin α (15)
∫∫
0 16 32 48 64 79 95 111 127
I⊥ ( q ) = d α // d ϕ p ( α // ) P [ q , α ⊥ ( α // , ϕ ) ] sin α // (16)
H
0 0
n 1 1
0 ------------------ = ------------------------------ + -------------------------------------------- Ð 2 χ (18)
0 0,05 0,1
q (nm-1) 0,7 Vs ( q ) xN D P D ( q ) ( 1 Ð x ) N H P H ( q )
L'intensité I (q ) est tracée en fonction du module du vecteur de diffusion q.
Les valeurs numériques proviennent du spectre de la figure 3. Notons que la décomposition spinodale se produit à la divergence
Les fonctions en trait continu sont le résultat de l'ajustement avec un modèle de s(0), soit :
de cylindre.
Ce modèle met en évidence les épingles à cheveux adoptées par la n 1 1
conformation du polymère représentée figure 3. ------------------ = ----------- + -------------------------- Ð 2 χ (19)
Vs ( 0 ) xN D ( 1 Ð x ) N H
Figure 4 – Intensités diffusées dans les directions parallèle (o) Ainsi, plus élevée est la masse du polymère, plus grande est la
et perpendiculaire (•) au champ magnétique H possibilité d’avoir une séparation de phase. Pour les mélanges H-D
usuels, les valeurs de χ sont faibles ( χ ≈ 2 × 10 Ð4 pour le polysty-
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10 c ( z)
0,20
0,15
8
0,10
0,05
6 0
0 20 40 60 80
z nm
4
(z ) distance à la paroi 2
4.2.1 Détermination du profil de concentration La ligne continue est une courbe calculée avec le profil parabolique c(z)
tracé dans l'insert en fonction de la distance z à la paroi.
∫
2π S (Mw = 69 000) greffé à la surface d’une silice poreuse (diamètre
s pg ( q ) = -------------- ---- q Ð3 c ( z ) sin q z d z ; qR > > 1 (25)
vm vg V 0
moyen des pores 300 nm, surface spécifique 2,5 m2/cm3). La densité
de greffage du polymère est de 5,98 mg/m2. Le solvant est un bon
Le facteur de structure polymère-polymère est la somme de deux solvant du polystyrène, le dichlorométhane CH2Cl2. L’extinction de
termes : la silice est obtenue avec une fraction yg = 90 % de CD2Cl2 dans le
∞ 2 solvant ordinaire. Le terme croisé sgp (q) est déterminé en utilisant
∫
2π S Ð2 ÷
s pp ( q ) = -------
- ---- q
2 V
c ( z )e i qz dz +S pp ( q ) ; qR > > 1 (26) la variation de contraste avec des échantillons obtenus avec y = 100,
vm 0 90 et 50 %. La concordance entre les points expérimentaux et les
valeurs calculées grâce à l’équation (28) est montrée figure 7.
÷
avec S pp ( q ) terme correspondant aux fluctuations de concentra- Comme les équations (27) et (28) sont très différentes, la qualité de
tion par rapport à c (z). Ce terme est prédominant cet ajustement est la preuve que le profil est bien parabolique.
aux grandes valeurs de q ( qh > > 1 ).
Le résultat important est la possibilité de déterminer c (z) à partir
de l’un des deux derniers termes [équations (25) et (26)].
5. Conclusion
4.2.2 Exemple de détermination du profil
d’une brosse de polymères
La diffusion de neutrons est une technique essentielle d’étude de
Pour plus de détails, on se reportera à la référence [17]. la conformation des polymères grâce à la méthode de marquage
qu’est la substitution isotopique. Il faut mentionner l’utilisation de
Une brosse de polymères est obtenue en greffant une extrémité cette méthode pour des études dynamiques des polymères par dif-
des polymères sur une paroi avec une densité telle que les chaînes fusion inélastique de neutrons [1] et pour des études d’interfaces
soient serrées les unes contre les autres (cf. figure 6). planes par la technique, en plein développement, de réflexion spé-
Pour ces brosses, il s’agit de savoir si le profil de concentration est culaire des neutrons [18]. Ces techniques sont encore peu utilisées
une fonction échelon ou une parabole. par rapport à la diffusion de neutrons aux petits angles.
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P
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Caractérisation des polymères R
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La documentation la plus complète concernant les sources de neutrons ● GKSS (Geesthacht) Forschungszentrum Geesthacht.
mondiales, leurs spectromètres et quelques sujets traités se trouve dans les
● KFA (Jülich) Forschungszentrum Jülich, Institut für Festkörperforschung.
numéros de la revue « Neutron News » (Gordon and Breach Sc. Pub.), 1er
numéro en 1990. ● LLB (Saclay) Laboratoire Léon Brillouin, Centre d’études nucléaires de
Cette liste comprend le nom des réacteurs, celui des laboratoires chargés Saclay.
de l’exploitation des faisceaux de neutrons et les organismes de recherche ● PSI (Villigen) Paul Scherrer Institut.
dont ils dépendent.
● RISØ (Roskilde) Risø National Laboratory, Department of Solid State Phy-
Sources continues sics.
● BENSC (Berlin) Berlin Neutron Scattering Center.
Sources pulsées
● BNC (Budapest) Budapest Neutron Centre, Research Institute for Solid
State Physics of the Hungarian Academy of Sciences. ● ISIS (Chilton) The ISIS Facility, Rutherford Appleton Laboratory.
● ILL (Grenoble) Institut Max von Laue - Paul Langevin, Large Scale Struc- ● JINR, Joint Institute for Nuclear Research, Frank Laboratory of Neutron
tures Group (LSS). Physics (FLNP).