Vous êtes sur la page 1sur 9

Caractérisation des polymères

Diffusion de neutrons aux petits angles


par Jean-Pierre COTTON
Docteur ès sciences
Physicien au laboratoire Léon Brillouin (CEA-CNRS)
Commissariat à l’énergie atomique (Saclay)

1. Apport de la diffusion de neutrons ..................................................... AM 3 278 − 2


1.1 Forme de l’intensité diffusée ....................................................................... — 2
1.2 Caractéristiques des neutrons..................................................................... — 2
2. Instrumentation......................................................................................... — 3
2.1 Principe.......................................................................................................... — 3
2.2 Description du spectromètre ....................................................................... — 3
3. Conformation d’une chaîne dans un fondu de polymères............ — 4
3.1 Théorème 50-50............................................................................................ — 4
3.2 Du facteur de forme à la conformation ...................................................... — 4
3.2.1 Chaîne à longueur de persistance...................................................... — 4
3.2.2 Cylindre orienté ................................................................................... — 4
3.3 Exemples....................................................................................................... — 5
3.3.1 Polystyrène .......................................................................................... — 5
3.3.2 Polyester nématique ........................................................................... — 5
3.4 Difficultés de la substitution isotopique ..................................................... — 6
4. Systèmes complexes en solution. Méthode de variation
de contraste ............................................................................................... — 7
4.1 Facteur de forme d’un polymère en solution concentrée......................... — 7
4.2 Polymères aux interfaces............................................................................. — 7
4.2.1 Détermination du profil de concentration ......................................... — 8
4.2.2 Exemple de détermination du profil d’une brosse de polymères... — 8
5. Conclusion .................................................................................................. — 8
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AM 3278

À vec une longueur d’onde d’environ 1 nm (10 Å), la diffusion de neutrons


aux petits angles est une excellente technique pour déterminer la structure
moyenne (conformation) des polymères dans différents environnements.
Les paramètres mesurés sont la masse moléculaire, le rayon de giration, la
longueur de persistance ou, plus complètement, la forme du polymère, comme
les déterminent la diffusion de lumière et, quelquefois, la diffusion de rayons X
aux petits angles.
Comme les sources de neutrons sont rares, bien qu’ouvertes à tous, cette tech-
nique est réservée en priorité aux expériences où elle est indispensable. Ce sont
donc les expériences qui font intervenir la substitution isotopique comme
méthode de marquage qui seront privilégiées. Par exemple, la détermination de
la conformation d’un polymère dans son solide en utilisant des chaînes deuté-
riées est une possibilité unique. La méthode de variation de contraste permet-
tant d’obtenir les facteurs de structure partiels de solutions complexes, en
faisant varier le pouvoir diffusant du solvant, est une autre possibilité. Elle est
appliquée à la détermination de la structure d’une interface de polymères gref-
fés.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 278 − 1
CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES ______________________________________________________________________________________________________

Notations et symboles

Symbole Définition Symbole Définition

b longueur de diffusion N nombre de monomères par chaîne

B longueur de contraste 1 nombre d’Avogadro

I intensité P (q) facteur de forme

, longueur d’un maillon q module du vecteur de diffusion

,p longueur de persistance Rg rayon de giration

M masse moléculaire s (q) fonction de diffusion par unité de volume

Mn masse moléculaire moyenne en nombre S2 (q) fonction de diffusion interchaînes

Mw masse moléculaire moyenne en poids V, v volume

n nombre de chaînes de polymères ρ densité

Indices : H : hydrogène ; D : deutérium ; m : monomère ; s : solvant ; g : grain

1. Apport de la diffusion vm et vs volumes molaires partiels des motifs mono-


mères et des molécules de solvant
de neutrons est la longueur de contraste des motifs monomères dans le solvant

Pour une meilleure compréhension du texte, le lecteur se repor-


tera aux références [1] [19] pour la partie théorique. 1.2 Caractéristiques des neutrons

1.1 Forme de l’intensité diffusée L’équation (1) est quasi identique [2] pour une expérience de dif-
fusion de lumière, de rayons X ou de neutrons. La fonction de diffu-
sion s (q) ne dépend que de la structure de l’échantillon et la
Afin d’introduire les caractéristiques de la diffusion de neutrons, technique n’intervient dans cette fonction que par le domaine de
le plus simple est d’écrire l’intensité diffusée par une solution de n valeurs de q qu’elle délivre :
chaînes de polymères comportant chacun N motifs monomères
10 Ð4 à 4 × 10 Ð2 nm Ð1 pour la lumière ;
dans un volume V. Soit I (q) cette intensité diffusée par unité de
volume en fonction du module vecteur de diffusion exprimé par : 10 Ð2 à 5 nm Ð1 pour la diffusion de rayons X et de neutrons aux
petits angles.
q = ( 4π ⁄ λ ) sin θ ⁄ 2
La diffusion de neutrons permet ainsi d’analyser les corrélations
avec λ longueur d’onde du faisceau de neutrons, entre monomères à une échelle de 50 à 0,1 nm, donc tout à fait
adaptée à l’échelle des longueurs caractéristiques des polymères.
θ angle de diffusion
La caractéristique essentielle de la diffusion de neutrons provient
C’est la somme de deux fonctions.
des longueurs de contraste (équation (2)) dont le carré amplifie
L’une comprend le facteur de forme P (q) du polymère (P (0) = 1) l’intensité du signal diffusé.
qui correspond aux corrélations de positions entre motifs monomè-
res appartenant à la même chaîne. En effet, dans le domaine du vecteur de diffusion considéré ici, la
longueur de diffusion du motif monomère ou d’une molécule de sol-
L’autre est proportionnelle à S2 (q), fonction qui traduit les corré- vant est la somme des longueurs de diffusion cohérente des atomes
lations entre motifs monomères appartenant à des chaînes diffé- qui composent ces molécules. Celles-ci caractérisent l’interaction
rentes : neutron/atome. Elles ne dépendent que des noyaux de ces atomes
I ( q ) = ( kB 2 ⁄ V ) [ nN 2 P ( q ) + n 2 S 2 ( q ) ] = kB 2 s ( q ) (1) et peuvent varier fortement d’un isotope à l’autre [19].
Exemple : la longueur de diffusion d’un proton
k est une fonction d’appareil que l’on détermine en faisant des
mesures absolues [2]. b H = Ð 0,374 × 10 Ð14 m est négative, alors que celle de son premier
isotope, le deuton, b D = + 0,667 × 10 Ð14 m est positive. Cette diffé-
B = bm Ð bs ( vm ⁄ vs ) (2) rence se retrouve entre la valeur de b pour une molécule d’eau légère
b H2 O = Ð 0,168 × 10 Ð14 m et celle d’une molécule d’eau lourde
avec bm et bs longueurs de diffusion cohérentes des
monomères et des molécules de solvant, b D2 O = + 1,92 × 10 Ð14 m.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 3 278 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
______________________________________________________________________________________________________ CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES

La substitution isotopique est une méthode de marquage puis-


sante associée à la diffusion de neutrons, car elle change fortement
les intensités diffusées, tout en conservant les propriétés chimiques MD
des molécules marquées.
Dans le cas des polymères, elle est très puissante. En effet pour la Ge2
diffusion de lumière et de rayons X, l’interaction photon/atome fait Gs Ge1 θ
intervenir les cortèges électroniques qu’il est nécessaire de changer
pour marquer un polymère : cela revient à utiliser un polymère SM
F1 F2
d’une autre espèce chimique. Or les interactions entre polymères
d’espèces chimiques différentes conduisent généralement à une PAE
séparation de phase qui réunit séparément les polymères marqués L D
et ceux qui ne le sont pas en deux phases homogènes, ce qui rend
totalement inutile le marquage. Avec les neutrons et la substitution GS guide source PAE passeur automatique
isotopique, le marquage, ne changeant que les noyaux, permet F1, F2 fentes de collimation d'échantillons
d’obtenir des polymères marqués et non marqués de même espèce Ge1, Ge2 guides escamotables θ angle de diffusion
chimique et donc répartis de façon aléatoire dans l’échantillon. SM sélecteur mécanique MD multicompteur

Le tableau 1 montre quelques valeurs de la longueur de contraste Figure 1 – Schéma d’un spectromètre de diffusion de neutrons
de solutions faites avec différents couples isotopiques polystyrène aux petis angles
( C8H8 )N / benzène (C6H6). Elles sont obtenues à l’aide de la
table la plus récente [5] des longueurs de diffusion cohérentes.
ser des valeurs λ supérieures à 1,5 nm. Ainsi limitées, les plus peti-
tes valeurs de qmin ne dépendent que des plus petites valeurs θmin.

Tableau 1 – Valeurs de la longueur de contraste Le spectromètre comprendra donc un faisceau incident très colli-
maté par deux fentes circulaires de diamètre d, distantes de D.
B (en 10−14 m) de polystyrène H ou D Comme les flux de neutrons sont relativement faibles, 10−6 fois celui
dans différents solvants d’une source classique de RX, l’intensité est augmentée en choisis-
sant pour d une valeur voisine de 1 cm. Cette valeur est limitée par
Polystyrène Benzène H Benzène D Polystyrène la taille de l’échantillon, dont le diamètre est aussi d, et par la
C6H6 C6D6 C8H8)N
( distance D permettant d’obtenir l’angle de diffusion minimal
(θmin ≅ d/D).
C8H8)N
( 0,396 − 6,518 0
Exemple : un montage utilisant λ = 1,26 nm et d = 1 cm ne permet
C8D8)N
( 8,724 1,810 8,321 d’obtenir qmin = 10−2 nm−1 qu’avec une distance D d’environ 10 m.

Ces impératifs expérimentaux sont à l’origine des tailles, un peu


surprenantes, de ces appareils : entre 15 et 80 m suivant les sources
Dans ce tableau, le résultat le plus frappant est que l’intensité dif-
de neutrons. Les plus longs d’entre eux permettent d’explorer cor-
fusée par les chaînes H dans le solvant H est proportionnelle à B2
rectement la gamme 10−2 nm−1 < q < 5 nm−1.
soit 0,16, alors que le même polymère, mais deutérié, dans le même
solvant diffuse une intensité 500 fois plus élevée! Le contraste du
polymère deutérié dans son solide hydrogéné donne lieu également
à une excellente intensité diffusée.
2.2 Description du spectromètre

Les neutrons issus de la source sont conduits au spectromètre


2. Instrumentation dans des guides de neutrons [1]. Ces guides sont des tubes de sec-
tion rectangulaire (environ 5 cm x 3 cm), dans lesquels les neutrons
se propagent par réflexion totale comme la lumière dans les fibres
Il y a une quinzaine de spectromètres de diffusion de neutrons aux optiques.
petits angles en Europe (1997), situés autour des sources de neu- Le schéma d’un montage type est montré figure 1. Il comprend un
trons, destinées à la recherche de ces pays et dont l’accès est ouvert sélecteur mécanique destiné à définir la longueur d’onde de l’expé-
à tous suivant des procédures spécifiques de chacun des organis- rience. C’est une machine tournante formée d’un tambour, en maté-
mes qui en ont la charge (cf. [Doc. AM 3 278]). riau absorbant, qui comporte des fentes hélicoïdales. À une vitesse
de rotation donnée, ne seront transmis que les neutrons ayant la
vitesse (ou la longueur d’onde) le permettant. Cette machine permet
de sélectionner une gamme comprise entre 0,2 et 2 nm avec une
2.1 Principe précision de 10 %. Pour les sources pulsées, les longueurs d’onde
sont triées par une méthode de temps de vol [1] permettant, en prin-
cipe, de toutes les utiliser simultanément. Dans ce cas, la résolution
Le paramètre essentiel d’un appareil de diffusion de neutrons ∆ λ/λ peut atteindre des valeurs inférieures à 1 %.
aux petits angles est le module du vecteur de diffusion
La collimation du faisceau incident est obtenue par deux fentes
q = (4π/λ) sin (θ/2). Le domaine de variation de ce paramètre,
distantes de L. Celle du faisceau diffusé est définie par les dimen-
qmin < q < 5 nm−1, caractérise les spectromètres construits sur un
sions de la fente F2 placée contre l’échantillon, par celle des cellules
compromis entre la longueur de l’appareil et la plus petite valeur de
du multicompteur et par la distance D. La distance D peut varier de
qmin compatible avec une intensité diffusée suffisante.
0,50 à Dmax (10 à 40 m suivant les appareils). Pratiquement, les posi-
Comme les sources délivrent des flux de neutrons qui décroissent tions de l’échantillon et du sélecteur mécanique sont fixes. La dis-
avec la longueur d’onde comme λ−5, il est rarement possible d’utili- tance L est diminuée en rapprochant la fente F1 de l’échantillon et en

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 278 − 3
CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES ______________________________________________________________________________________________________

déplaçant la source de la sortie du sélecteur mécanique à la fente F1 La masse moléculaire M (ou N) et le rayon de giration Rg sont
par l’introduction de portions de guides escamotables (cf. figure 1). obtenus dans le domaine de Guinier (qRg < 1) [6] en utilisant
Le montage optimal est obtenu pour L = D et pour des dimensions l’approximation de Zimm, soit :
voisines des fentes, de l’échantillon et des cellules du multicomp-
teur. En général, le multicompteur comporte de 4 000 à 16 000 cellu- kB 2 x ( 1 Ð x ) ρ H 1 ⁄ [ m H2 I ( q ) ] = ( 1 ⁄ M H ) [ 1 + ( q R g ) 2 ⁄ 3 ] (7)
les de 1 cm x 1 cm ou 0,5 cm x 0,5 cm.
Pour accéder à différentes gammes du module du vecteur de dif- La forme du polymère peut être déduite du domaine intermé-
fusion, l’utilisateur joue sur les paramètres λ et D. diaire (l, longueur du monomère) :
Notons enfin que les sources de neutrons fonctionnent jour et nuit
durant plusieurs semaines. Les montages comportent donc des 4 R gÐ1 < q < , Ð1
automatismes, par exemple des changements d’échantillon ou de
température, qui permettent de faire des mesures sans intervention où le facteur de forme varie en loi de puissance [7] :
humaine durant vingt-quatre heures ou plus. Les temps de mesures
attribués varient de la journée à la semaine. P ( q ) ∼ q Ðα

La valeur de α indique s’il s’agit d’un bâton (α = 1), d’une chaîne


gaussienne (α = 2), d’une chaîne à volume exclu (α = 1,70) ou d’un
globule (α = 4).
3. Conformation d’une chaîne Nota : les maillons d’une chaîne à volume exclu se repoussent et ne peuvent pas se

dans un fondu superposer comme ceux d’une chaîne gaussienne.

Plus généralement, elle est obtenue en comparant P (q) au facteur


de polymères de forme d’un bâton, d’une pelote gaussienne ou d’une sphère.
Comme le domaine de q accessible aux neutrons permet d’obtenir
la longueur de persistance ainsi que les rayons des bâtons, les fac-
Un fondu de polymères est un liquide de monomères incompres- teurs de forme d’une chaîne à longueur de persistance ainsi que
sible sans fluctuations de concentrations; il ne diffuse ni les pho- celuì du cylindre sont donnés dans la suite.
tons, ni les neutrons. La conformation du polymère ne peut être
obtenue par cette expérience. Cette absence de diffusion, s (q) = 0
dans l’équation (1), correspond à une compensation entre les fluc- 3.2.1 Chaîne à longueur de persistance
tuations de concentrations intrachaînes et interchaînes, soit :
La chaîne à longueur de persistance est une chaîne gaussienne
N 2 P ( q ) = Ð n S2 ( q ) (3) qui évolue continûment vers un bâton rigide quand la distance entre
motifs monomères devient inférieure à la longueur de persistance
Nota : l’enchaînement des monomères n’apparaît que dans les paramètres dyna- , p . Deux paramètres définissent ce polymère : sa longueur étendue
miques, comme la viscosité, qui ne sont pas discutés dans cet article.
L = u , p et , p . Son facteur de forme est la fusion des trois fonc-
tions suivantes [8] [9] :

3.1 Théorème 50-50 π 2 


q ,p > 4 P 1 ( q ) = ------- + --------------------
qL 3 q 2 , p L 

2 < q , p < 4 q , p LP 2 ( q ) = 6 + 0,5470 ( q , p ) Ð 0,01569 ( q , p ) 
2 2 3
L’introduction d’une proportion x (en nombre) de macromolé- 
cules deutériées dans l’échantillon crée un contraste, donc, artificiel- Ð 0,02816 ( q , p ) 4  (8)
lement, des fluctuations de concentration et une intensité qui s’écrit 

suivant l’équation (1) : 2 2 
q , p < 2 P 3 ( q ) = ------ ( e Ðx Ð 1 + x ) + ---------- 4 + --7- Ð  11 + --7- e Ðx ; 
I ( q ) = ( kB 2 ⁄ V ) [ xn N 2 P ( q ) + x 2 n 2 S 2 ( q ) ] (4) x2 15 u x  x 

u = L , p ; x = q 2 , p L ⁄ 3
où B est maintenant la longueur de contraste entre monomères H et
D. Cette fonction n’est valable que pour L > 10 , p . Le rayon de gira-
En utilisant l’équation (3), cette intensité s’écrit : tion de cette chaîne est [1] :

I ( q ) = ( kB 2 ⁄ V ) x ( 1 Ð x ) n N 2 P ( q ) (5) R g2 = , p2  --- Ð 1 + --- Ð ------ ( 1 Ð e Ðu )


u 2 2
(9)
3 u u2
Ce résultat est connu sous le nom de théorème 50-50. Il montre
que l’intensité diffusée par un mélange de macromolécules hydro-
génées et deutériées est directement proportionnelle au facteur de
forme d’une chaîne et que l’intensité est maximale pour x = 0,5. Pra- 3.2.2 Cylindre orienté
tiquement, l’équation (5) fait intervenir la densité ρH du polymère
hydrogéné, le nombre d’Avogadro 1 , la masse moléculaire du On pourra se reporter à la référence [6].
motif monomère mH et la masse MH du polymère soit :
Le facteur de forme d’un cylindre ou d’un disque de hauteur 2H
I ( q ) = kB 2 x ( 1 Ð x ) ( ρ H M H 1 ⁄ m H2 ) P ( q ) (6) et de rayon R est :

sin ( qH cos α ) 2J 1 ( qR sin α ) 2


P ( q , α ) =  ------------------------------------- --------------------------------------- (10)
qH cos α qR sin α
3.2 Du facteur de forme à la conformation avec α angle entre l’axe du cylindre et le vecteur de
diffusion,
Le théorème 50-50 permet d’obtenir P (q). J1 (x) fonction de Bessel du premier ordre

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 3 278 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
______________________________________________________________________________________________________ CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES

Pour les faibles valeurs de q, la représentation de Zimm


I(q)
(10–24 cm–3) (équation (7)) donne les valeurs Mw = 101 000 ± 5 000 et
B2
1 Rg = 8,3 ± 0,5 nm.
Toute la courbe est ajustée avec le facteur de forme d’une chaîne
0,5 gaussienne à longueur de persistance (équation (8)), ce qui conduit
à la valeur , p = 0,92 nm .
0,1 Un bon ajustement de la queue de courbe ( q > 0,9 nm Ð1 ) n’est
0,05
obtenu qu’en prenant en compte l’épaisseur finie de la chaîne en la
considérant comme un cylindre de rayon apparent Ra soit :

q2 R2 a
0,01 -------------------
I ( q ) ∝ P ( q )e Ð 4 (13)
0,005
Le résultat conduit à Ra = 0,7 ± 0,03 nm. En limitant l’expérience
au domaine q , p < 1 , cette modification n’aurait pas été nécessaire.
0,001
0 1 2
q(nm-1)
3.3.2 Polyester nématique
L'intensité divisée par le carré de la longueur de contraste B est tracée,
en coordonnées semi-logarithmiques, en fonction du module du vecteur
de diffusion q. On pourra aussi se reporter à la référence [11].
La courbe est directement proportionnelle au facteur de forme d'une chaîne.
Son ajustement par le facteur de forme d'une chaîne gaussienne à longueur L’expérience a pour objet de déterminer la conformation du
de persistance (courbe en trait continu) permet d'obtenir la masse moléculaire polyester :
du polymère, son rayon de giration et sa longueur de persistance.

Figure 2 – Intensité diffusée par un échantillon de polystyrène


O N NO O2C (CX2) CO
contenant 13 % de chaînes deutériées (d’après [9]) 10
N
CH3 CH3
Aux petites valeurs de q ( qR α < 1 ) , P ( q , α ) s’exprime en fonc- X = H ou D
tion de la distance d’inertie R α de la direction α :
dans sa phase nématique (de 125 à 156 °C) alignée. Elle a été réali-
4 H 2 cos 2 α R 2 sin 2 α
P ( q , α ) = 1 Ð ( qR α ) 2 ; R α2 = ----------------------------- + ------------------------ (11) sée en synthétisant [11] deux polyesters analogues, l’un normal
12 4 (X = H, NwH = 33 ; Nw / Nn = 1,16) l’autre (X = D, NwD = 34 ;
Nw / Nn = 1,19) ayant ses espaceurs (les chaînes alkyles) deutériés
Lorsque le cylindre peut adopter toutes les directions dans soit 20 deutérium par motif monomère.
l’espace, ce facteur de forme, dans la limite de q grand, devient :
Mw
Nota : [NW = -------------------------------------------------------------
- ; N est le nombre de monomères donné par la for-
2 2
π q R
---------------
masse du monomère
P ( q ) = ------------ e Ð 4 ; ( 2 H ) Ð1 << q < R Ð1 (12) mule chimique (mH = 463 et mD = 483)].
2 qH
Le mélange 50-50 (x = 0,50) est effectué par l’évaporation d’une
Cette fonction permet de déterminer R. Des mesures absolues solution dans un bon solvant, l’éther. L’échantillon, une pastille de
donnent N/2H, le nombre de motifs monomères par unité de hau- 1 mm d’épaisseur et de 1 cm de diamètre, est fondu sous pression
teur du cylindre, qui doit confirmer la cohérence des mesures. pendant 15 min à 126 °C, puis trempé. Cette procédure usuelle
Le lecteur trouvera d’autres modèles simples dans la référence donne lieu à un échantillon homogène, sans bulles, sources d’une
[10]. diffusion parasite intense. Deux échantillons, l’un ne contenant que
des polymères naturels et l’autre que des polymères partiellement
deutériés, sont également préparés : la moyenne des intensités
qu’ils diffusent est une bonne mesure du bruit de fond.
3.3 Exemples La figure 3 montre le diagramme de diffusion obtenu sur un
multicompteur XY par un échantillon aligné dans un champ magné-
tique de 1,4 T nécessaire à l’obtention d’une phase nématique
3.3.1 Polystyrène monodomaine. La figure 4 montre les intensités I ⊥ ( q ) et I // ( q )
déduites du spectre de la figure 3 en n’utilisant que les cellules cen-
On pourra aussi se reporter à la référence [9]. trales dans les directions parallèle et perpendiculaire au champ
magnétique. Sur cette figure, les traits continus correspondent à un
La diffusion de neutrons a permis de montrer très tôt [1] [7] que la ajustement de ces points par les facteurs de forme P ( q , α ⊥ ) et
conformation d’une chaîne de polymères dans son fondu était gaus- P ( q , α // ) provenant de l’équation (10). Cet ajustement n’est possi-
sienne. À titre d’exemple, le résultat d’une expérience simple [9] est ble que grâce à l’utilisation simultanée des deux courbes. La courbe
décrit ici. I ⊥ ( q ) à une courbure faible qui permet de déterminer facilement
Cette expérience permet, en particulier, de déterminer la I ⊥ ( 0 ) = I // ( 0 ) et I // ( 0 ) est une donnée indispensable à une déter-
longueur de persistance du polystyrène. La mesure est effectuée mination précise de 2H. En effet, cette valeur est trop élevée pour
avec un échantillon de chaînes de polystyrène H (Mw = 95 500, que le domaine de q, q ( 2 H ) << 1 nécessaire pour permettre l’utili-
Mw/Mn = 1,17) contenant 13,1 % de chaînes D (Mw = 117 000, sation de la formule de Zimm, soit accessible. La qualité de cet ajus-
Mw/Mn = 1,11). Le bruit de fond est obtenu avec un seul échantillon tement conduit à considérer que le polymère est inclus dans un
de polystyrène H d’épaisseur adéquate. La différence des intensités cylindre de 32 nm de long et de 0,8 nm de rayon. Comme la lon-
diffusées par ces deux échantillons est représentée figure 2. Elle est gueur déployée du polymère est de 68,5 nm, le polymère ne peut
directement proportionnelle au facteur de forme d’une chaîne. être contenu dans ce cylindre qu’en effectuant, en moyenne, les 2,1
L’unité est le cm−3 (I (q) en cm−1 divisée par B2 en cm2). virages en épingle à cheveux représentés figure 3.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 278 − 5
CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES ______________________________________________________________________________________________________

Les courbes calculées sont, en fait, obtenues en faisant intervenir


127 la distribution p(α) de l’angle α de l’axe du cylindre avec la direction
nématique (ou q // ) [12].

111 π
---
2

∫α
2 2
p ( α ) = N 0 e a cos α ;N 0 = d e acos α sin α (14)
95
0

79 Dans ces conditions, I // ( q ) et I ⊥ ( q ) s’écrivent :


π
---
2
64

48
I // ( q ) =
∫ αp
0
d ( α // ) P ( q , α // ) sin α (15)

L’intensité I ⊥ ( q ) dépend de l’angle α⊥mais aussi de l’angle α //


32 qui intervient dans la distribution p ( α // ) . Ces deux angles ne sont
pas indépendants et leur relation, cos α ⊥ = sin α // cos ϕ , fait interve-
nir l’angle azimutal ϕ de l’axe du cylindre dans le trièdre
16 ( q z , q ⊥ , q // ) .
π π
--- ---
0 2 2

∫∫
0 16 32 48 64 79 95 111 127
I⊥ ( q ) = d α // d ϕ p ( α // ) P [ q , α ⊥ ( α // , ϕ ) ] sin α // (16)
H
0 0

L’ajustement de la figure 4 donne la valeur a = 40. Cela corres-


Le multicompteur comporte 128 x 128 cellules. Le rond central correspond pond à des fluctuations d’orientation des cylindres extrêmement
au piège du faisceau incident dont le centre est l'origine des axes du vecteur faibles puisque la valeur correspondante du paramètre d’ordre
de diffusion. L'échelle 64 à 127 correspond à un domaine de 0 à 0,7 nm–1. (1/2) < 3 cos2 α − 1 > est 0,96 au lieu de 1 pour des cylindres parfaite-
L'extraordinaire anisotropie de cette figure provient de la forme très ment alignés. Cette distribution d’orientation n’est pourtant pas
allongée du polymère dont la structure est représentée dans l'espace réel. négligeable. Elle explique pourquoi la valeur R⊥ = 1,3±0,1 nm,
Le polymère est confiné dans un cylindre de 3,2 nm de long et 0,8 nm de rayon.
mesurée avec la relation I ⊥ ( q ) ≈ 1 Ð q 2 R ⊥2 , est bien supérieure au
rayon du cylindre (0,87 nm). Cela est dû à la projection de la grande
Figure 3 – Tracé des courbes isointensités de la figure de diffusion
longueur du cylindre sur l’axe q⊥ provenant de ces fluctuations
d’un polyester nématique en phase nématique orientée
d’orientation.
dans un champ magnétique H (d’après [11])

3.4 Difficultés de la substitution


isotopique
I (q ) (cm–1)
4
La première difficulté provient de la deutériation du polymère qui
conduit à multiplier par deux le travail de synthèse et de caractérisa-
tion des polymères. Ensuite, il n’est pas toujours possible d’obtenir
3
un polymère et son homologue marqué comportant le même nom-
bre de motifs monomères. On tient compte de ce phénomène [7]
dans la relation :
2
n 1 1
------------------ = ------------------------------ + -------------------------------------------- (17)
Vs ( q ) xN D P D ( q ) ( 1 Ð x ) N H P H ( q )
1
Si χ est le paramètre d’interaction entre les deux espèces de
monomères et en supposant N D ≈ N H , l’équation (17) devient :

n 1 1
0 ------------------ = ------------------------------ + -------------------------------------------- Ð 2 χ (18)
0 0,05 0,1
q (nm-1) 0,7 Vs ( q ) xN D P D ( q ) ( 1 Ð x ) N H P H ( q )
L'intensité I (q ) est tracée en fonction du module du vecteur de diffusion q.
Les valeurs numériques proviennent du spectre de la figure 3. Notons que la décomposition spinodale se produit à la divergence
Les fonctions en trait continu sont le résultat de l'ajustement avec un modèle de s(0), soit :
de cylindre.
Ce modèle met en évidence les épingles à cheveux adoptées par la n 1 1
conformation du polymère représentée figure 3. ------------------ = ----------- + -------------------------- Ð 2 χ (19)
Vs ( 0 ) xN D ( 1 Ð x ) N H
Figure 4 – Intensités diffusées dans les directions parallèle (o) Ainsi, plus élevée est la masse du polymère, plus grande est la
et perpendiculaire (•) au champ magnétique H possibilité d’avoir une séparation de phase. Pour les mélanges H-D
usuels, les valeurs de χ sont faibles ( χ ≈ 2 × 10 Ð4 pour le polysty-

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 3 278 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
______________________________________________________________________________________________________ CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES

rène et l’effet de χ ne se fait pratiquement sentir que pour des mas-


ses moléculaires supérieures à 106). s

Par ailleurs, la deutériation peut introduire des changements des


paramètres physiques qui peuvent devenir importants au voisinage
d’une température de transition. Ainsi la glace d’eau lourde apparaît
dès 4 °C et non à 0 °C. Pour les polymères, il est connu [1] que les
températures de cristallisation peuvent changer de quelques
p
degrés. C’est également vrai pour la température Θ de Flory. Cette
variation est relativement peu importante par rapport à ces tempé- z
ratures voisines de la température ambiante (300 K), mais cela peut
conduire à des résultats désastreux au cours d’une expérience où
ces effets seraient négligés.
g
Enfin, il n’est pas toujours possible de deutérier tout le mono-
mère, surtout s’il est de grande taille. Dans ce cas, le monomère est
partiellement deutérié (chaîne alkyle dans l’exemple du polyester).
p polymère molécules deutériées
Cela n’est sans conséquence que si l’échantillon formé de poly-
g particule molécules hydrogénées
mères, tous partiellement deutériés, ne délivre qu’un signal plat
s solvant
dans le domaine de q de la mesure. Dans ces conditions, l’intensité
diffusée par un échantillon comportant x chaînes partiellement deu-
tériées et 1 − x chaînes naturelles correspond uniquement au facteur Figure 5 – Représentation schématique de polymères recouvrant
de forme des parties deutériées d’une chaîne [13]. une particule en solution dans un solvant composé d’un mélange
de molécules hydrogénées et deutériées

4. Systèmes complexes En solution concentrée, il est difficile de séparer le facteur de


forme P (q) d’une chaîne du terme d’interférence S2(q) de l’équation
en solution. Méthode (1). La variation de contraste associée à la deutériation des polymè-
de variation de contraste res permet de résoudre ce problème. En effet, si la solution com-
porte 50 % de polymères H et D ayant le même nombre de
monomères et, si le solvant est un mélange de molécules D et H
La diffusion de neutrons peut être indispensable pour déterminer ajusté afin que les longueurs de contraste des polymères soient nul-
la structure de solutions complexes qui comportent des diffuseurs les en moyenne [B = BD (y0) = − BH (y0)] , l’intensité diffusée par la
appartenant à deux espèces chimiques différentes 1 et 2. C’est le cas solution s’écrit [14] :
des solutions de copolymères ou de polymères adsorbés sur une
surface solide pour lesquels l’intensité diffusée : I (q) = (k/V) B2 nN2 P(q) (22)
I ( q ) ⁄ k = B 12 S 11 ( q ) + 2 B 1 B 2 S 12 ( q ) + B 22 S 22 ( q ) (20)
Cette méthode du contraste moyen nul permet d’obtenir directe-
mélange les facteurs de structure partiels par unité de volume Sαβ(q) ment le facteur de forme d’un polymère en solution concentrée. Elle
et les longueurs de contraste Bα . est très utile pour suivre la conformation d’une chaîne en fonction
de la concentration ou de la température de la solution [15].
La base de cette détermination est la méthode de variation de
contraste. Elle consiste à utiliser comme solvant un mélange conte-
nant y molécules D et (1 − y) molécules H. La longueur de diffusion
cohérente moyenne du solvant bs(y) et la longueur de contraste
d’un diffuseur α deviennent : 4.2 Polymères aux interfaces
b s ( y ) = yb sD + ( 1 Ð y ) b sH ; B α ( y ) = b α Ð b s ( y ). v α ⁄ v s (21)
La stabilité des colloïdes neutres est le plus souvent obtenue en
Deux valeurs particulières de y sont particulièrement recouvrant les particules d’une couche de polymères (figure 5) qui
intéressantes : y1, pour laquelle B1 (y1) = 0 (le solvant tue la diffusion
s’oppose à leur agrégation. Il est d’un intérêt industriel de connaître
de l’espèce 1) et y2, B2 (y2) = 0 (qui annule celle de l’autre espèce).
Cette méthode d’extinction de contraste donne directement un des la structure de cette couche de polymères. Voyons comment la dif-
facteurs de structure partiels. Si les valeurs y1 et y2 ne sont pas fusion de neutrons aux petits angles permet de le faire.
accessibles, la grande différence existant entre les longueurs de dif-
fusion cohérentes des protons et des deutons conduit à des varia- Considérons, comme sur la figure 5, un solvant contenant une
tions des longueurs de contraste comprises entre 1 et 9 pour y suspension de grains solides (chacun ayant Ng diffuseurs de
variant de 0 à 1. Les intensités correspondantes varient ainsi forte- longueur de contraste Bg et de volume molaire partiel vg) sur les-
ment (de 1 à 80). Elles permettent, à l’aide de trois mesures faites quels des polymères (N monomères, Bm, vm) sont adsorbés ou gref-
avec trois échantillons préparés avec trois valeurs de y différentes, fés. L’intensité diffusée par unité de volume dépend du facteur de
une bonne détermination des facteurs de structure partiels S22(q), structure grain/grain sgg (q), de celui des monomères ou des poly-
S21(q) et S11(q). mères, spp (q), et du terme d’interférence grain/polymère spg (q).
Elle s’écrit :

4.1 Facteur de forme d’un polymère I ( q ) ⁄ k = Bm


2 s
pp ( q ) + 2 B m B g s pg ( q ) + B g s gg ( q )
2 (23)
en solution concentrée
La méthode de variation de contraste servira à déterminer les
Pour de plus amples détails, on se reportera à [14]. trois facteurs de structure partiels de cette solution.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites AM 3 278 − 7
CARACTÉRISATION DES POLYMÈRES ______________________________________________________________________________________________________

(h ) épaisseur de la couche q 4BmBgspg(q)(104 nm–4. cm–1)

10 c ( z)
0,20
0,15
8
0,10
0,05
6 0
0 20 40 60 80
z nm
4

(z ) distance à la paroi 2

Figure 6 – Représentation schématique d’une brosse de polymères


greffés sur une particule solide 0
0 0,1 0,2 0,3
q (nm–1)

4.2.1 Détermination du profil de concentration La ligne continue est une courbe calculée avec le profil parabolique c(z)
tracé dans l'insert en fonction de la distance z à la paroi.

L’expérience doit être faite dans des conditions particulières : le


Figure 7 – Tracé du terme d’interférence polymère-grain,
grain g a un rayon de courbure R (figure 5) grand par rapport à
l’épaisseur h de la couche de polymères que le domaine du vecteur q4BmBgspg (q), en fonction du vecteur de diffusion q (d’après [17])
de diffusion permet d’analyser ( qh ≈ 1 , qR > > 1 ). La condition
qR > > 1 implique que les interactions entre particules sont négli-
geables. Les facteurs de structure partiels sαβ (q) sont, maintenant, À une fonction échelon, c (z) = cs , si 0 < z < h, et c (z) = 0, si z > h,
ceux d’une particule multipliés par le nombre n de particules. correspond un terme croisé :
Le facteur de structure grain-grain est donné par la loi de Porod
[6] : 2π S
s gp ( q ) = Ð -------------- ---- q Ð4 c s ( 1 Ð cos qh ) (27)
2π S vm vg V
s gg ( q ) = ------- ---- q Ð4 ; qR > > 1 (24)
v g2 V À un profil parabolique, c (z) = cs [1 − (z / h)2], correspond un terme
Cette loi permet de mesurer la surface par unité de volume de croisé :
grains dont l’interface est abrupte.
4π S 2 2
Le terme croisé sgp (q) est proportionnel [16] à la transformée de s gp ( q ) = Ð -------------- ---- q Ð4 c s 1 Ð ------- sin qh + --------------- ( 1 Ð cos qh ) (28)
Fourier en sinus du profil de concentration c (z), fraction moyenne vm vg V qh ( qh ) 2
en volume des monomères à une distance z de l’interface solide :
L’expérience est réalisée avec un polystyrène deutérié


2π S (Mw = 69 000) greffé à la surface d’une silice poreuse (diamètre
s pg ( q ) = -------------- ---- q Ð3 c ( z ) sin q z d z ; qR > > 1 (25)
vm vg V 0
moyen des pores 300 nm, surface spécifique 2,5 m2/cm3). La densité
de greffage du polymère est de 5,98 mg/m2. Le solvant est un bon
Le facteur de structure polymère-polymère est la somme de deux solvant du polystyrène, le dichlorométhane CH2Cl2. L’extinction de
termes : la silice est obtenue avec une fraction yg = 90 % de CD2Cl2 dans le
∞ 2 solvant ordinaire. Le terme croisé sgp (q) est déterminé en utilisant


2π S Ð2 ÷
s pp ( q ) = -------
- ---- q
2 V
c ( z )e i qz dz +S pp ( q ) ; qR > > 1 (26) la variation de contraste avec des échantillons obtenus avec y = 100,
vm 0 90 et 50 %. La concordance entre les points expérimentaux et les
valeurs calculées grâce à l’équation (28) est montrée figure 7.
÷
avec S pp ( q ) terme correspondant aux fluctuations de concentra- Comme les équations (27) et (28) sont très différentes, la qualité de
tion par rapport à c (z). Ce terme est prédominant cet ajustement est la preuve que le profil est bien parabolique.
aux grandes valeurs de q ( qh > > 1 ).
Le résultat important est la possibilité de déterminer c (z) à partir
de l’un des deux derniers termes [équations (25) et (26)].
5. Conclusion
4.2.2 Exemple de détermination du profil
d’une brosse de polymères
La diffusion de neutrons est une technique essentielle d’étude de
Pour plus de détails, on se reportera à la référence [17]. la conformation des polymères grâce à la méthode de marquage
qu’est la substitution isotopique. Il faut mentionner l’utilisation de
Une brosse de polymères est obtenue en greffant une extrémité cette méthode pour des études dynamiques des polymères par dif-
des polymères sur une paroi avec une densité telle que les chaînes fusion inélastique de neutrons [1] et pour des études d’interfaces
soient serrées les unes contre les autres (cf. figure 6). planes par la technique, en plein développement, de réflexion spé-
Pour ces brosses, il s’agit de savoir si le profil de concentration est culaire des neutrons [18]. Ces techniques sont encore peu utilisées
une fonction échelon ou une parabole. par rapport à la diffusion de neutrons aux petits angles.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
AM 3 278 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
P
O
U
Caractérisation des polymères R

Diffusion de neutrons aux petits angles E


N
par Jean-Pierre COTTON
Docteur ès sciences
Physicien au laboratoire Léon Brillouin (CEA-CNRS)
Commissariat à l’énergie atomique (Saclay) S
Références bibliographiques
A
[1] HIGGINS (J.S.) et BENOIT (H.C.). – Polymers [6] GUINIER (A.) et FOURNET (G.). – Small angle BOUÉ (F.), COTTON (J.P.) et BORSALI (R.). – J. V
and neutron scattering (Polymères et diffu- scattering of X rays (Diffusion des rayons X Phys. II France, 1 p. 381 (1991).
sion de neutrons). 436 p. (1994) Clarendon
Press. [7]
aux petits angles). Wiley 268 p. (1955).
DE GENNES (P.G.). – Scaling concepts in
[15] BOUÉ (F.), COTTON (J.P.), LAPP (A.) et JAN-
NINK (G.). – J. Chem. Phys., 101 p. 2 562
O
[2] COTTON (J.P.). – Introduction to scattering
experiments (Introduction aux expériences
polymer physics (Lois d’échelle en physique
des polymères). Cornell University Press.
324 p. (1979).
[16]
(1994).
AUVRAY (L.) et AUROY (P.). – Introduction to
scattering experiments. P. Lindner et T. Zemb
I
de diffusion aux petits angles). P. Lindner et
T. Zemb Éds North Holland. Delta serie p. 3-
31 (1991).
[8]

[9]
YOSHIZAKI (T.) et YAMAKAWA (H.). – Macro-
molecules, 13 p. 1 518 (1980).
BRÛLET (A.), BOUÉ (F.) et COTTON (J.P.). – J. [17]
Éds, North Holland. Delta serie, p. 199-221
(1991).
AUROY (P.), MIR (Y.) et AUVRAY (L.). – Phys.
R
[3] WILLIAMS (C.), MAY (R.P.) et GUINIER (A.). – Phys. II France, 6 p. 885 (1996). Rev. Lett., 69 p. 93 (1992).
Small angle scattering of X rays and neu- [10] FEIGIN (L.A.) et SVERGUN (D.I.). – Structure AUROY (P.) et AUVRAY (L). − J. Phys. II
trons (Diffusion des rayons X et des neutrons analysis by small angle X-ray and neutron France, 3 p. 227 (1993).
aux petits angles). Materials Science and
Technology chap. 21, vol. 2B p. 1-90 (1993). [11]
scattering. Plenum Press (1969).
LI (M.H.), BRÛLET (A.), COTTON (J.P.),
[18] RUSSEL (T.P.). – X-ray and neutron reflecti-
vity for the investigation of polymers (Reflec- P
tivité des rayons X et des neutrons : un
[4] WIGNALL (G.D.). – Neutron and X-ray scatte-
ring. Physical properties of polymers Hand-
[12]
DAVIDSON (P.), STRAZIELLE (C.) et KELLER
(P.). – J. Phys. II France, 4 p. 1 843 (1994).
RICHARDSON (R.M.), ALLMAN (J.M.) et
moyen d’étude des polymères). Materials
Science Reports 5 p. 173-271 (1990). L
book. Éd Mark, AIP p. 299 (1996).

[5] SEARS (V.F.). – Neutron scattering length and [13]


McINTYRE (G.J.). – Liq. Cryst., 7 p. 701 (1990).
NOIREZ (L.), KELLER (P.) et COTTON (J.P.). –
J. Phys. II France, 2 p. 915 (1992).
Dans les Techniques de l’Ingénieur
[19] COTTON (J.-P.). – Diffraction et spectrométrie U
cross section (Longueurs de diffusion et sec- des neutrons. Techniques de l’Ingénieur.
tions efficaces des neutrons). Neutron News
(USA) 3 p. 26-37 (1992).
[14] CSIBA (T.), JANNINK (J.), DURAND (D.),
PAPOULAR (R.), LAPP (A.), AUVRAY (L.),
Traité Analyse et Caractérisation P 1 095, vol.
P2 (1996). S
Sources de neutrons implantées en Europe

La documentation la plus complète concernant les sources de neutrons ● GKSS (Geesthacht) Forschungszentrum Geesthacht.
mondiales, leurs spectromètres et quelques sujets traités se trouve dans les
● KFA (Jülich) Forschungszentrum Jülich, Institut für Festkörperforschung.
numéros de la revue « Neutron News » (Gordon and Breach Sc. Pub.), 1er
numéro en 1990. ● LLB (Saclay) Laboratoire Léon Brillouin, Centre d’études nucléaires de
Cette liste comprend le nom des réacteurs, celui des laboratoires chargés Saclay.
de l’exploitation des faisceaux de neutrons et les organismes de recherche ● PSI (Villigen) Paul Scherrer Institut.
dont ils dépendent.
● RISØ (Roskilde) Risø National Laboratory, Department of Solid State Phy-
Sources continues sics.
● BENSC (Berlin) Berlin Neutron Scattering Center.
Sources pulsées
● BNC (Budapest) Budapest Neutron Centre, Research Institute for Solid
State Physics of the Hungarian Academy of Sciences. ● ISIS (Chilton) The ISIS Facility, Rutherford Appleton Laboratory.

● ILL (Grenoble) Institut Max von Laue - Paul Langevin, Large Scale Struc- ● JINR, Joint Institute for Nuclear Research, Frank Laboratory of Neutron
tures Group (LSS). Physics (FLNP).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites Doc. AM 3 278 − 1

Vous aimerez peut-être aussi