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University of Ottawa Press and Les Presses de l'Université d'Ottawa are collaborating with
JSTOR to digitize, preserve and extend access to Enseignement de la traduction et traduction
dans l'enseignement
Pour exercer nos étudiants à cette procédure, nous travaillons aux trois
premières étapes, sans aller jusqu'à l'étape de la traduction. Ce cours se
fait entièrement en français, sur des textes en français ; nos étudiants
sont francophones dans une proportion de 80 % environ, mais les non-
francophones travaillent de la même manière : futurs traducteurs de fran-
çais dans leur langue, il est en effet indispensable qu'ils acquièrent
l'habitude de traiter des textes français pour se familiariser avec les
règles et les principes d'écriture des auteurs francophones.
• Des textes relativement courts, pour qu'il soit possible de les traiter en une
seule séance, deux au maximum, et aussi pour que les étudiants, à l'examen,
puissent les traiter en une heure et demie.
• Des textes assez structurés, ce qui facilite la vie de certains étudiants, mais
la complique beaucoup pour d'autres venus de cultures où la notion même
de « plan », de « structure », est inconnue. Mais comme ces étudiants
étrangers auront plus tard à traduire des textes français, vers leur langue
maternelle, il paraît important qu'ils apprennent ce qu'est un plan.
• Des textes argumentatifs, véhiculant une idée, abordant un problème de
société et susceptibles d'intéresser un public cosmopolite.
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La méthode
Le texte reproduit en annexe, « La doctrine Chirac » d'Alain Duhamel, a
été donné en examen au mois de juin 1996. Il est accompagné des
questions posées à l'examen. La deuxième question demande aux étu-
diants d'indiquer ce qui les arrête et qui nécessiterait une recherche de
leur part, mais aussi ce qui poserait problème au moment de la traduction
éventuelle du texte.
Parmi les textes que nous exploitons, certains comportent plus de
difficultés terminologiques ou linguistiques, d'autres ont des difficultés
notionnelles. La variété des sujets abordés contribue à la valeur de
l'exercice de gymnastique intellectuelle.
Les enseignants
Pour donner ce cours, nous avons choisi de faire appel à des enseignants
différents afin de refléter des schémas de pensée, des habitudes, des
modes de travail différents, dans un cadre commun. Nous travaillons à
trois, chaque groupe d'étudiants ayant trois séances avec le même
enseignant avant de passer à un autre.
La procédure
II s'agit d'un texte en français, d'environ 800 à 1000 mots, d'intérêt
général, destiné au grand public.
• Stade 1 — Déterminer 1 ' origine, la destination et 1 ' environnement du texte
(support, auteur, lectorat, période, contexte situationnel).
• Stade 2—Mobiliser les éléments utiles du bagage cognitif (domaine, sujet).
• Stade 3—Faire une lecture analytique : repérer les difficultés grammaticales
ou terminologiques, les effets stylistiques, expliquer les allusions, les méta-
phores, les références, les sigles, le non-dit en général, les phrases soulignées.
• Stade 4 — Faire une lecture synthétique : rechercher la logique du texte
(idées principales, idées secondaires, liens de causalité), déterminer la
structure du texte.
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ANNEXE
Le point de...
ALAIN DUHAMEL
LA DOCTRINE CHIRAC
S'il y a une réforme du septennat qui va porter la marque personnelle de
Jacques Chirac, c'est à coup sûr celle de la défense. Tout se conjugue pour
cela : sa connaissance personnelle du sujet, ancienne et intime ; la
tradition gaulliste, toujours en éveil sur la question ; la pression des
circonstances qui, avec la fin de la guerre froide, la tentation américaine
du désengagement, le surgissement de nouveaux risques régionaux
(Balkans, Caucase), incitent au changement. La conviction, enfin, ancrée
en lui depuis près de dix ans, qu'une métamorphose d'ensemble s'impose
avec, à l'arrivée, un horizon européen. Chirac passe pour un pragmatique,
coutumier de brusques changements de cap. En ce qui concerne la
défense, il a une doctrine cohérente, ambitieuse, dérangeante.
Elle apparaît solidement campée sur quatre piliers, laprofessionnalisation,
l'Europe, l'Otan et le nucléaire, d'ailleurs étroitement dépendants les uns
des autres. Au départ, une constatation d'évidence : l'évolution des
menaces exige une transformation des moyens. L'effondrement du bloc
soviétique, le délabrement de l'Armée rouge rendent moins vraisemblable
le cauchemar d'un affrontement massif, continental, Est contre Ouest. Ce
n'est pas que tous les scénarios russes soient aujourd'hui rassurants,
mais le déferlement d'une agression terrestre frontale ne correspond
plus guère à la situation. La dissuasion nucléaire, concentrée sur deux
composantes (sous-marine et aérienne), garantit solidement les frontières.
L'ultime campagne d'essais aura au moins symbolisé sa suffisance. Pour
le reste, la défense du territoire peut être allégée. En ce sens, une armée
de conscription nombreuse n'est plus nécessaire.
En revanche, une capacité d'intervention à l'extérieur, mobile, très
entraînée, bien équipée, devient indispensable. Ce qui s'est passé lors de
la guerre du Golfe ou des combats de Bosnie le démontre tragiquement.
La France a besoin d'une force de projection de haut niveau, susceptible
d'être employée sur les divers théâtres d'opération, classiques, comme
l'Afrique, ou plus originaux, comme une fraction de l'Europe ou le
Proche-Orient. Il ne s'agit évidemment pas de transformer la France en
gendarme d'élite, encore moins en auxiliaire des États-Unis. C'est même
très exactement l'inverse qui s'esquisse. Une armée française profes-
sionnalisée prend tout son sens au cœur d'une défense européenne dont
elle peut devenir un noyau essentiel, beaucoup plus ambitieux et influent
que dans sa posture actuelle de semi-isolement.
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