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Chapitre .3 : Ressuage (P.

T)

3.1 Introduction
Le ressuage est une technique de contrôle non destructif, qui permet de déceler, sous
certaines conditions, les défauts constituants des solutions de continuité débouchant à la
surface des matériaux. Cette technique d’examen est considérée comme un
prolongement raffiné de l’examen visuel et, dans certains cas, une notion de
complémentarité peut exister.

3.2 Domaine d’application


Ce type de contrôle non destructif peut être effectué sur des gammes très étendus des
matériaux (métaux, verres, céramiques, plastiques) à condition que ceux-ci ne soient pas
poreux, ou que leur surface ne soit pas trop rugueuse. Cet examen peut être mis en œuvre
sur toutes pièces quelle que soit leur forme en totalité ou localement. Cet examen peut
être pratiqué à tous les stades de la vie d’une pièce :
- Avant fabrication,
- Au-cours de la fabrication,
- Après fabrication ;
- Dans certains cas, pendant le service.

Dans nombreux domaines d’activité (chaudronnerie, fonderie, forge, …) quelle que soit
la destination de la pièce (appareil à pression, offshore, aviation, aérospatiale,
nucléaire,….).
Le ressuage peut être mis en œuvre aussi bien sur chantier qu’en usine. C’est un procédé
de contrôle qui peut être automatisé.

3.2.1 Possibilités de la méthode


Les défauts débouchant à la surface des pièces, tels que : criques, retassures, piqûres,
etc.…, mais il est nécessaire pour la bonne détection de ces défauts, que ceux-ci soient
ouverts et ne contiennent pas trop d’impuretés de toutes sortes.

3.2.2 Impossibilités de la méthode


a- les défauts obstrués : exemple fissures ou criques dont les bords ont pu être rapprochés
ou refermés par fluage de métal à la suite d’une opération mécanique telle que le sablage,
meulage, ou par un traitement de protection de la surface du type peinture, vernis,…

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b- les défauts colmatés : criques colmatés par des éléments solides ou liquides (oxydes de
traitements thermiques, huile, graisse, produits de corrosion, eau, etc. ….).

c- les fissures peuvent contenir des produits incompatibles avec les pénétrants utilisés :
substances chimiques pouvant altérer la coloration des produits ou atténuer l’effet de
fluorescence.
L’examen par ressuage peut s’avérer inopérant dans les cas suivants :
a- Défauts larges et peu profonds : le phénomène de capillarité et de retenue du produit
pénétrant s’avère, dans ce cas-là, inopérant car celui-ci se trouvera entièrement éliminé
au cours de l’opération de lavage.

b- Surfaces poreuses ou rugueuses : le liquide pénétrant retenu par les nombreuses


porosités ou rugosités produit une coloration ou une fluorescence généralisée en fin
d’opération.

Cette coloration ou fluorescence généralisée s’appelle le bruit de fond. Dans le cas d’un
bruit de fond important, celui-ci pourrait masquer la présence d’un éventuel petit défaut.

3.2.3 Types de défauts décelés


Pièces moulées : reprise de fonderie, criques, porosités, gouttes froides, retassures,
tapures,
Pièces forgées : criques, déchirures (éclatement), repliures, inclusions,
Pièces traitées thermiquement : criques, tapures, fissures,
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Pièces usinées : criques de rectification,
Pièces soudées : piqûres, retassures de fin de passe, inclusion, fissures, criques, caniveaux,
Pièces rechargées : criques, inclusions, piqûres, fissures apparaissant dans le métal
rapporté par soudage,
Criques de chocs mécaniques, criques de fatigue : criques pouvant prendre naissance dans
les zones de forte concentration de contraintes, de tensions internes, de changements de
sections, gorges, dentures d’engrenage, piquages, stries d’usinage, caniveaux.
Fissuration due à des causes diverses : corrosion sous tension, par exemple de certains
aciers en présence de l’ammoniac.

3.3 Principe de la méthode


L'essai de ressuage a pour but de révéler la présence de défauts débouchant à la surface d'une
pièce. Ces discontinuités ne peuvent généralement pas être décelées par un simple examen
visuel. L'essai de ressuage peut être résume en 4 phases définies par :
1- La surface propre de la pièce à contrôler exempte de pollution susceptible de colmater
les défauts débouchant, est mise en contact avec un produit liquide contenant des traceurs
colorés ou fluorescents (liquide d’imprégnation ou de pénétration). Par capillarite ce
liquide pénètre dans tous les défauts débouchant (opération 1).
2- Après une période d'attente (temps d’imprégnation), l’excès de pénétrant sur la surface
de la pièce est éliminé (opération 2).
3- Nous appliquons alors un produit révélateur, à sec ou en suspension, sur la surface de la
pièce, de manière à absorber le liquide d’imprégnation présent dans les discontinuités. En
diffusant dans le révélateur, le pénétrant forme une tâche colorée à la surface de la pièce
(opération 3).
4- L'apparition de ces taches indique au contrôleur la présence de défauts débouchant
(opération 4).

Pièce Opération 1 : Opération 2 : Opération 3 : Opération 4 :


comportant application du élimination en application du examen après
une crique pénétrant surface de révélateur révélation
l’excès de
pénétrant

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3.4 Situation du ressuage par rapport aux autres méthodes de CND
Les méthodes de CND sont destinées à apprécier la qualité d'un produit sans en altérer les
caractéristiques géométriques, mécaniques et physiques. Elles présentent chacune un
domaine très spécifique d’emploi :
* les ultrasons et rayonnements ionisants (X ou  ) seront préférentiellement utilisés pour
la recherche de discontinuités internes avec des limitations dans la détection, liés à
l’orientation du défaut par rapport au faisceau incident et également au caractère plus ou
moins absorbant du matériau.
* la magnétoscopie n’est applicable que sur des matériaux ferromagnétiques pour la
recherche de défauts débouchant en surface ou légèrement sous-jacents : l'efficacité est liée
à l'orientation du défaut par rapport à la direction du champ magnétique appliqué.
* les courants de Foucault sont également appliqués pour la recherche de défauts
débouchant ou légèrement sous-jacents sans restriction majeure quant à la nature du
produit pourvu qu'il soit conducteur de l'électricité. D'autres caractéristiques limitent
cependant la méthode, en particulier l’orientation de la discontinuité par rapport aux lignes
de courant induites dans la pièce.
Un point commun à toutes ces méthodes réside dans le fait qu'elles sont locales : on
s'intéresse généralement à la détection d'un défaut dont l'orientation est bien précise, et si
l’on souhaite une plus grande garantie sur les différentes orientations possibles on sera
amenés à multiplier les examens pour une même pièce.
Par opposition aux méthodes évoquées ci-dessus, le ressuage être considérée comme une
méthode « globale » pour tous les défauts débouchant en surface, quelle que soit la nature
du matériau.
À partir du moment où les conditions opératoires sont satisfaites, on n'a pas besoin de
connaitre à priori l'orientation du défaut pour le détecter et un seul essai peut suffire.
Comme par ailleurs ce sont les discontinuités débouchantes qui peuvent nuire le plus lors
de l'utilisation de la pièce, on voit tout de suite le grand intérêt que peut présenter cette
méthode : elle est d'ailleurs fréquemment utilisée en tant que méthode de lever de doute
pour confirmer ou infirmer la présence de défauts débouchant mis en évidence par une
autre technique.

3.5 Propriétés physico-chimiques mises en jeu


Une bonne connaissance des phénomènes ne peut être atteinte qu'après avoir précisé les
principaux paramètres mis en jeu dans le processus et les principales lois physiques qui les
régissent.

3.5.1 Définition des paramètres

a- Masse volumique
La masse volumique est une grandeur physique qui caractérise la masse d'un matériau par
unité de volume. Elle est déterminée par le rapport  = m / V, où m est la masse de la
substance homogène occupant un volume V.
b- Diffusion
Le phénomène de diffusion peut être illustré par l'exemple suivant : une tâche d'encre
déposée sur un papier buvard s'élargit progressivement au cours du temps. On assiste à
un transfert de la masse du liquide dans la matière poreuse constituée par le buvard

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suivant un mécanisme similaire à celui de la propagation de la chaleur dans un volume
de matériau.
Ce paramètre est étroitement lié à la mouillabilité et à la viscosité. La diffusion joue un
rôle important dans le processus de ressuage aussi bien au stade de la pénétration du
liquide d'imprégnation dans les défauts qu'au stade du contact du pénétrant avec le
révélateur.

c- Adsorption physique
C’est le phénomène d’adhérence d’un fluide à la surface d'un solide tel qu’on l’observe
pour la buée « collée » à la surface d'une vitre froide : le décollement ne pourra se faire
qu’en communiquant au liquide l’énergie nécessaire au passage de l'état liquide à l'état
gazeux (chaleur de vaporisation).
Dans le milieu « poreux » le liquide d'imprégnation pénètre dans les anfractuosités par
diffusion et capillarite puis se fixe sur les parois où il adhère : l’ensemble de ces
mécanismes constitue l’adsorption que l'on retrouve également dans la phase de
révélation.
d- Point d’ébullition
Pour une pression donnée, un liquide soumis à l’action de la température, peut changer
d’état et se transformer en vapeur : le point d'ébullition correspond à la température
atteinte par le liquide lorsqu'il commence à se transformer en vapeur.
Exemple : Point d'ébullition de l'eau dans des conditions normales de pression (1,013.
105 Pa):Teb =100 °C ou 373,15 K.

e- La viscosité
La viscosité peut être définie comme la résistance à l'écoulement uniforme et sans
turbulence se produisant dans la masse d’une matière.
La viscosité dynamique correspond à la contrainte de cisaillement qui accompagne
l’existence d’un gradient de vitesse d’écoulement dans la matière. Lorsque la viscosité
augmente, la capacité du fluide à s’écouler diminue. Pour un liquide, la viscosité tend
généralement à diminuer lorsque la température augmente.

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f- Capillarité

- Le mouillage
Pour expliquer ce phénomène, on considère 3 liquides : l’eau, l'huile et le mercure. On
prend une goutte de chacun de ces liquides que l’on dépose sur une plaque de verre
parfaitement propre.

On constate que les trois gouttes de produits ainsi déposés s'étalent de façon différente
sur la surface de la plaque de verre :
- le mercure forme une boule qui roule sur le verre,
- l'eau s'étale un peu,
- l'huile possède un pouvoir d'étalement encore plus important que celui de l'eau,
on dit que l'huile a un bon pouvoir mouillant.

Lorsqu’on trace une tangente ‘’T’’ au congé de raccordement de la goutte avec son
support, celle-ci formera un angle  avec la plaque de verre.

Plus l’angle  est petit, plus le pouvoir mouillant est élevé, c'est-à-dire que le liquide
considéré pourra recouvrir spontanément la surface d'un solide ou d'un autre liquide.
(Exemple : les pénétrants, certains émulgateurs).
On appelle mouillage, la propriété pour un liquide de s'étaler à la surface d'un solide ou
d'un liquide. Un liquide mouille ou ne mouille pas suivant qu'il s'étale sur une surface ou
se contracte en forme de goutte.
La propreté de la surface sur laquelle on dépose le liquide influence les propriétés de
mouillage.
Une goutte de liquide déposée sur une plaque solide plane et horizontale peut :
 Soit s’étaler, on dit que le liquide mouille parfaitement le solide.
 Soit former une lentille, avec deux cas :

o < 90° : le liquide mouille imparfaitement le solide, c’est le cas de l’eau


o > 90° : le liquide ne mouille pas le solide, c’est le cas du mercure.

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Le principe du mouillage est lié au phénomène de tension superficielle.

- Tension superficielle

La tension superficielle est la force par unité de longueur s’opposant à cet étalement : elle
est caractéristique du liquide considéré. On la désigne habituellement par la lettre A et
on l'exprime en newton par mètre (N/m).

- Capillarité

On désigne sous le nom de capillarité l'ensemble des phénomènes se produisant à la


surface d'un liquide, en particulier lorsque ce dernier est placé dans un tube de très petit
diamètre intérieur (ordre de grandeur de la dimension d'un cheveu).

Le niveau de l'eau dans le tube capillaire est plus élevé que celui existant dans le
cristallisoir : il y a ascension du liquide dans le tube par suite des forces capillaires mises
en jeu. On observe également que la surface du liquide dans le tube n'est pas plane
(présence d'un ménisque) et que le rayon de courbure a son centre vers le haut.
Le niveau du mercure dans le tube capillaire est moins élevé que celui existant dans le
cristallisoir : le liquide a du mal à s'élever dans le tube par suite des forces capillaires en

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présence : dans ce deuxième cas le rayon de courbure de la surface a son centre vers le
bas.
g- Inertie chimique

Un liquide est inerte chimiquement s'il ne conduit pas à une action chimique destructrice,
à plus ou moins longue échéance, sur les corps avec lesquels il est en contact. Ex. : l'eau
distillée.
h- Solubilité

La solubilité d’un corps ou d'un liquide représente son aptitude à se dissoudre dans un
autre liquide sans précipiter. Ex. : la solubilité du sucre ou du sel dans l’eau.
i- Rinçabilité ou lavabilité
La rincabilité ou la lavabilité caractérise l'aptitude au lavage par l’eau, avec le minimum
d’action mécanique.
j- Point éclair
Le point éclair d'un produit est la température à laquelle ce produit doit être porté pour
qu'il y ait formation de vapeurs à sa surface qui, combinées à l’air, constituent un mélange
détonant. Pour minimiser les risques d'explosion ou d'incendie le point éclair doit être le
plus élevé possible.

3.5.2 Lois physiques mises en jeu


Le phénomène de ressuage résulte principalement de phénomène de capillarité dont une
application est la loi du Jurin qui précise les conditions de remontée d’un liquide dans un
tube.
Lorsqu'on plonge un tube de verre de faible diamètre intérieur (tube capillaire) ouvert
aux deux extrémités dans une cuve large contenant un liquide mouillant, an constate, ,
que le liquide s'élève dans le tube au-dessus du niveau intérieur à la cuve. La loi de Jurin
précise que la hauteur d'ascension h varie en raison inverse du rayon intérieur r du tube.
En d’autres termes plus l'interstice est petit, mieux se fait la remontée de liquide.
II est également important de noter que cette hauteur d'ascension est également fraction
de la tension superficielle A du liquide. Or ce paramètre peut varier dans des proportions
importantes en fonction de la propreté des surfaces et du caractère plus ou moins
mouillant du liquide.
𝟐. 𝑨
𝒉=
𝒓. 𝝆. 𝒈

A : Tension superficielle (A=cos), 𝝆 : masse volumique du liquide, g : accélération de la


pesanteur, r : rayon du tube capillaire (défaut)
En résumé, la pénétration » ou remontée du liquide dans l'interstice se fera d'autant
mieux que :
- L’interstice est faible en dimension,
- La tension superficielle du liquide est élevée,
- L’état de surface et la propreté à l'intérieur de l'interstice sont bons,
- le liquide est mouillant,
- La masse volumique du liquide est petite.
- La viscosité faible.
Contrôle Non Destructif  28
d= 2r

Tube capillaire

Cristallisoir

Tensions superficielles et masse volumique pour les liquides usuels et hauteur d’ascension
capillaire correspondante pour un tube de diamètre 0,2mm
Tension superficielle Masse volumique Hauteur d’ascension
Nature du liquide
(mN/m) (kg/dcm3) (mm)
Eau 72 1 147
Éther 17 0,73 47
Alcool 23 0,78 60
Kérosène 23 0,79 59
Huile (SAE 10) 31 0,89 71
Éthylène-glycol 48 1,11 88

L’examen de ce tableau fait apparaitre des différences importantes en fonction de la


nature des liquides avec des valeurs comprises sensiblement entre 50 et 150mm pour
des produits d'usage courant.
Il ne faudrait pas conclure que les hauteurs d'ascension dans les défauts soient du même
ordre de grandeur : la réalité est très différente car généralement l’extrémité du défaut
n’est pas débouchante et le gaz emprisonne dans son volume s'oppose à la remontée du
liquide.
Dans le cas simple d'un tube fermé sur une hauteur H (simulant la profondeur du défaut)
la loi d'équilibre entre la pression du gaz et la force capillaire s'exprime par une relation
du type :

𝟐. 𝑨
𝒉=
𝑷
𝒓 [𝝆. 𝒈 + 𝑯𝟎 ]

Où 𝑷𝟎 représente la pression atmosphérique.


Le calcul montre que pour un tube de diamètre 0,2 mm fermé sur une hauteur H = 10
mm, la hauteur d'ascension n'est plus que d'environ 0,1mm. Il faut donc être très réservé
sur l'explication du mécanisme uniquement par la loi de Jurin.

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3.6 Possibilités physiologiques de l’œil
Le ressuage, en tant que méthode de contrôle visuel, utilise de l’énergie lumineuse
comme moyen d’examen ou le détecteur est l’œil humain. Sa remarquable sensivité et
acuité, et le fait qu’il détecte les images dans un vaste champ, lui confère des avantages
rarement réunis par d’autres moyens de détection.
C’est un des meilleurs comparateurs de couleurs et il a l’unique avantage de fournir une
vision stéréoscopique et la perception de la profondeur du champ.
En quelque sorte, la précision du ressuage est liée aux possibilités physiologiques de
l’œil : possibilité de voir une mince couche de couleur, perception de couleurs différentes,
possibilité de distinguer deux défauts proches.

3.6.1 Luminosité appréciée par l’œil


Le classement des radiations est effectué suivant leur luminosité évaluable par l’œil. Le
spectre visible est représenté par les radiations électromagnétiques dont la longueur
d’onde comprise entre 400 et 700 nanomètres. Ces différentes longueurs d’ondes sont
représentées en abscisse sur le diagramme, en ordonnée le pourcentage de luminosité
apprécié par l’œil.

En analysant la courbe ci-dessus, on s’aperçoit que la couleur la mieux perçue est le vert
sur la longueur de 550nm. Cette longueur d’onde est obtenue en utilisant des particules
qui deviennent fluorescentes lorsqu’elles sont excitées par un rayonnement ultra-violet
d’une longueur d’onde de 365 nm, que l’on appelle lumière noire.

3.6.2 Pouvoir séparateur de l’œil


Le pouvoir séparateur est la faculté que possède l’œil de pouvoir séparer deux traits ou
deux points proches l’un de l’autre.

Contrôle Non Destructif  30


En lumière blanche, le pouvoir séparateur de l’œil entre 2 traits ou deux points proches
est de 1min 40 s d’angle

En lumière noire, le pouvoir séparateur de l’œil entre deux traits ou deux points proches
est de 50 s d’angle.

C’est-à-dire que la sensibilité en lumière noire, en utilisant des traceurs fluorescents, est
double de celle obtenue avec les traceurs colorés en lumière blanche.

3.7 Mise en œuvre de la méthode


3.7.1 Différents types de produits utilisés
Avant d'aborder la technique opératoire du procédé, il est important de prendre
conscience de la multiplicité des produits disponibles sur le marché.

a- Pénétrants

Il existe trois familles principales de pénétrants :


- les pénétrants colorés, qui sont généralement de coloration rouge/violette, pour
lesquels l'observation se fait en lumière blanche.
- les pénétrants fluorescents qui nécessitent un examen en lumière ultraviolette, en
ambiance sombre.
- les pénétrants mixtes qui peuvent être indifféremment examines en lumière blanche
ou en lumière ultra-violette.

Parallèlement, dans chaque famille, on peut rencontrer trois cas possibles d’utilisation :
- le pénétrant est pré-émulsifié (ou pré-émulsionné) auquel cas il est directement
rinçable à l'eau
- le pénétrant est à post-émulsification (ou post-émulsion) auquel cas l'excès de
pénétrant pour être éliminé, doit être soumis à l’action d'un émulsifiant (ou
émulgateur) intermédiaire.
- le pénétrant est éliminable à l'aide d'un solvant approprié.

La figure suivante donne une représentation schématique des situations les plus
couramment utilisées industriellement.

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Pénétrants colorés
Pré-émulsionnés
(rinçables à l’eau)

Pénétrants fluorescents
A post-émulsion
(émulgation avant rinçage)

Pénétrants mixtes

Éliminables à l’aide d’un solvant


approprié

b- Émulsifiants (ou émulgateurs)

L'émulsifiant n'est utilisé que dans le cas d'un produit pénétrant à post-émulsification,
pour l'enlèvement de l'excès de pénétrant en surface de la pièce : l'émulsifiant, appliqué
sur la surface de la pièce, diffuse dans le pénétrant pour former une émulsion rinçable à
l'eau.
Deux types d'émulsifiants peuvent être utilisés :
- les émulsifiants lipophiles (ou lipophiliques) utilisés à l'état pur, solubles dans le
pénétrant.
- les émulsifiants hydrophiles (ou hydrophiliques) utilisés en solution dans l’eau, mais
peu solubles dans le pénétrant : leur action, localisée en surface, se caractérise par
une modification de la mouillabilité du pénétrant qui se déplace plus facilement sous
l’action mécanique de l'eau.

c- Révélateurs

Il existe essentiellement deux types de révélateurs, pouvant être utilises indifféremment


avec les diverses familles de pénétrants et d'émulsifiants :
- les révélateurs secs se présentant sous forme de poudre : ce type de révélateur est
utilisable seulement avec les pénétrants fluorescents.
- les révélateurs humides constitués d'une poudre en suspension ou en solution dans
un liquide.

3.7.2 Principaux procédés appliqués en fonction de la nature des produits


Il existe principalement 7 procédés recommandés, en fonction des produits actuellement
disponibles sur le marché. Les principales étapes de quelques procédés sont décrites
dans les figures suivantes.

a- Ressuage fluorescent à l’aide d’un pénétrant pré-émulsionné directement


rinçable à l’eau

Contrôle Non Destructif  32


Nettoyage

Séchage

Application du pénétrant

Rinçage à l’eau

Contrôle du rinçage sous lumière noire

Séchage Application du révélateur


liquide (suspension ou
hydrosoluble)
Application du révélateur
sec ou liquide non aqueux
Séchage

Inspection sous lumière noire

Nettoyage et protection

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b- Ressuage fluorescent à l’aide d’un pénétrant à post-émulsion avec émulsifiant
lipophile
Nettoyage

Séchage

Application du pénétrant

Durée de pénétration

Application de l’émulsifiant lipophile

Rinçage à l’eau

Contrôle du rinçage sous lumière noire

Séchage Application du révélateur


liquide à support aqueux
ou hydrosoluble
Application du révélateur
sec ou liquide non aqueux
Séchage

Inspection sous lumière noire

Nettoyage et protection

Le procédé appelle deux remarques :


- Il y a risque de pollution rapide du bain d’émulsifiant par le pénétrant en excès à la
surface de la pièce,
- L’émulsifiant lipophile, soluble dans le pénétrant peut contribuer à vider le défaut de
son contenu en pénétrant.

Contrôle Non Destructif  34


c- Ressuage coloré à l’aide d’un pénétrant pré-émulsionné directement rinçable
à l’eau

Nettoyage

Séchage

Application du pénétrant

Durée de pénétration

Rinçage à l’eau

Contrôle du rinçage sous


lumière blanche

Séchage

Application du révélateur
liquide à support
organique volatil

Inspection sous lumière blanche

Nettoyage et protection

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d- Ressuage coloré à l’aide d’un pénétrant post-émulsionné avec émulsifiant
lipophile
Nettoyage

Séchage

Application du pénétrant

Durée de pénétration

Application de l’émulsifiant lipophile

Rinçage à l’eau

Contrôle du rinçage sous


lumière blanche

Séchage

Application du révélateur
à support organique
volatil

Inspection sous lumière blanche

Nettoyage et protection

Le procédé appelle deux remarques :


- Il y a risque de pollution rapide du bain d’émulsifiant par le pénétrant en excès à la
surface de la pièce,
- L’émulsifiant lipophile, soluble dans le pénétrant peut contribuer à vider le défaut de
son contenu en pénétrant.

Contrôle Non Destructif  36


3.7.3 Observation des indications des défauts
Deux aspects sont à prendre en considération à ce stade :
- L'aspect technique mettant en jeu les phénomènes de diffusion. Il peut être
intéressant d'observer dès l'application du révélateur et à intervalles de temps
réguliers de manière à suivre l’évolution des indications, se sécuriser sur la présence
du défaut et évaluer son importance.
- L'aspect contractuel liant l’opérateur à son client et l'obligeant à consigner par écrit
ses observations.

De ce point de vue, le rapport d'examen ne peut être crédible que si le temps écoulé après
application du révélateur n’est ni trop court pour laisser le processus s'engager (environ
5 à 10 minutes), ni trop long pour tomber dans l’excès d’une diffusion trop longue
pouvant affecter la sensibilité générale du processus (environ 45 à 50 minutes au
maximum).
Dans la pratique c'est toujours le document de contrôle qui précise l'instant à partir
duquel l'observation peut avoir lieu et sa durée : l'opérateur devra respecter la procédure
indiquée.
L'observation est pratiquée en lumière naturelle ou artificielle d’une intensité au moins
égale à350 lux pour les pénétrants colorés, et en lumière ultraviolette pour les pénétrants
fluorescents. Dans ce dernier cas, la densité énergétique recommandée de la lumière
noire sur la surface examinée doit être de 8 W/m2 minimum, de15 W/m2 souhaitables.
L’interprétation des résultats est un domaine très complexe qui ne peut s'acquérir qu'au
travers d'une longue expérience : elle exige une connaissance parfaite du processus
opératoire, des défauts susceptibles d'être rencontrés, des critères imposés dans les
documents de contrôle.
Il est cependant utile de connaitre, à ce stade, la procédure de lever de doute à pratiquer
devant une indication de ressuage, pour confirmer la présence d'un défaut : la remontée
du pénétrant sous l'action du révélateur est généralement partielle et il suffit bien
souvent d'éliminer la tâche de ressuage à l'aide d'un chiffon propre (ou légèrement
imbibé de solvant) et d'appliquer à nouveau le révélateur localement, pour faire ressortir
le pénétrant à l'aplomb du défaut. Cette pratique systématique, associée à un examen
visuel de la surface avec une aide optique, doit permettre d'éviter bien des déconvenues
dans l'interprétation.
Les liquides pénétrants sont formulés de façon à offrir une variété de niveaux de
sensibilité. Plus la sensibilité est élevée, plus petits sont les orifices qui peuvent être
détectés.
Les niveaux de sensibilité sont classés de la façon suivante :
- Niveau 4 : Pénétrant ultra-sensible
- Niveau 3 : Pénétrant très sensible
- Niveau 2 : Pénétrant sensible
- Niveau 1 : Pénétrant faiblement sensible

Plus le pénétrant est sensible, plus il risque de produire de fausses indications. Il y a donc
un compromis à faire. La sensibilité d’un pénétrant est évaluée grâce à des étalons.

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