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MARCHÉS DE LA
DROGUE
CANNABIS
OPIOÏDES
RAPPORT
MONDIAL
SUR LES DROGUES
© Nations Unies, juin 2022. Tous droits réservés pour tous pays.
ISBN : 9789211483758
eISBN : 9789210019545
Publication des Nations Unies, numéro de vente : 22.XI.8
La présente publication peut être reproduite en tout ou en partie sous quelque forme que ce soit, à des fins éducatives
ou non lucratives, sans l’autorisation du titulaire des droits d’auteur, à condition qu’il soit fait mention de la source.
L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) souhaiterait recevoir un exemplaire de toute
publication utilisant le présent rapport comme source.
La présente publication ne peut être revendue ni servir à aucun autre usage commercial sans l’autorisation écrite
préalable de l’ONUDC. Les demandes d’autorisation, précisant l’objet et le but de la reproduction, devront être
adressées au Service de la recherche et de l’analyse des tendances de l’ONUDC.
AVERTISSEMENT
Le contenu de la présente publication ne reflète pas nécessairement les vues ou politiques de l’ONUDC ou des
organisations qui ont contribué à sa rédaction et n’implique aucun aval de leur part.
Tous commentaires sur le présent rapport seront les bienvenus. Ils pourront être adressés à :
Courriel : wdr@un.org
Site Web : www.unodc.org/unodc/en/data-and-analysis/world-drug-report-2022.html
OFFICE DES NATIONS UNIES CONTRE LA DROGUE ET LE CRIME
Vienne
NATIONS UNIES
New York, 2022
PRÉFACE
[TENDANCES DES MARCHÉS DE LA DROGUE : CANNABIS ET OPIOÏDES | Préface]
Ghada Waly
Remerciements
Le Rapport mondial sur les drogues 2022 a été établi par le Service de la recherche et de l’analyse des tendances de la
Division de l’analyse des politiques et des relations publiques, à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
(ONUDC), sous la supervision de Jean-Luc Lemahieu, Directeur de la Division, et d’Angela Me, Chef du Service, et sous la
coordination de Chloé Carpentier, Chef de la Section de la recherche en matière de drogues.
Supervision du contenu
Chloé Carpentier
Angela Me
Cartographie
Coen Bussink
Francesca Massanello
Irina Tsoy
Lorenzo Vita
Appui administratif
Andrada-Maria Filip
Iulia Lazar
Relecture et commentaires
Le Rapport mondial sur les drogues 2022 a également bénéficié des compétences et des précieux apports de collègues de
toutes les divisions de l’ONUDC et du secrétariat de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS).
Le Service de la recherche et de l’analyse des tendances remercie aussi pour sa contribution et ses conseils inestimables le
Comité consultatif scientifique du Rapport mondial sur les drogues, composé des personnes suivantes :
Jonathan Caulkins
Paul Griffiths
Marya Hynes
Vicknasingam B. Kasinather
Charles Parry
Afarin Rahimi-Movaghar
Peter Reuter
Alison Ritter
Francisco Thoumi
L’analyse de l’accès aux médicaments opioïdes présentée dans le fascicule 3 est basée sur des données originales
gracieusement fournies par le secrétariat de l’OICS.
NOTES EXPLICATIVES
[TENDANCES DES MARCHÉS DE LA DROGUE : CANNABIS ET OPIOÏDES | Notes explicatives]
Les appellations employées dans le Rapport mondial sur les drogues et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
Les noms de pays ou de zones sont ceux qui étaient officiellement en usage au moment où les données ont été recueillies.
La distinction entre des expressions comme « usage de drogues », « mésusage de drogues » et « abus de drogues » donnant
lieu à des ambiguïtés d’ordre scientifique et juridique, on a opté dans le présent rapport pour un terme neutre, à savoir
« usage de drogues ». Le terme « mésusage » n’est employé que dans le cas de l’usage non médical de médicaments
soumis à prescription.
Tous les emplois du mot « drogue » et du terme « usage de drogues » renvoient à des substances visées par les conventions
internationales relatives au contrôle des drogues et à leur usage non médical.
Sauf mention contraire, le terme « saisies » est utilisé dans le Rapport mondial sur les drogues pour désigner les quantités
de drogues saisies.
Sauf indication contraire, toutes les analyses qui figurent dans le Rapport mondial sur les drogues reposent sur les chiffres
officiels communiqués à l’ONUDC par les États Membres en réponse au questionnaire destiné aux rapports annuels. Des
analyses ventilées par sexe ont été incluses dans la mesure du possible.
Les données sur la population proviennent du document suivant : World Population Prospects : The 2019 Revision
(Organisation des Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population).
Par dollar, on entend toujours le dollar des États-Unis, sauf indication contraire.
Sauf mention contraire, le terme « tonne » fait référence à la tonne métrique.
Les abréviations ci-après ont été utilisées dans le présent fascicule :
Δ9-THC delta-9-tétrahydrocannabinol
CBD cannabidiol
CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
COVID-19 maladie à coronavirus 2019
EMCDDA Observatoire européen des drogues et des toxicomanies
EURO-DEN Plus Réseau européen des urgences liées à la drogue
FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
ha hectares
OICS Organe international de contrôle des stupéfiants
OMS Organisation mondiale de la Santé
ONUDC Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
S-DDD dose quotidienne déterminée à des fins statistiques
sida syndrome d’immunodéficience acquise
THC tétrahydrocannabinol
RAPPORT MONDIAL SUR LES DROGUES 2022
PRÉFACE
NOTES EXPLICATIVES
OBJET DU FASCICULE
CANNABIS
L’offre de cannabis dans le monde
Usage de cannabis dans le monde
Tendances régionales des marchés du cannabis
Évolution de la réglementation relative à l’usage non médical de cannabis
Analyser les incidences de la légalisation du cannabis
Réglementation légalisant l’usage non médical de cannabis au Canada, aux États-Unis et en Uruguay
Références
OPIOÏDES
Vue d’ensemble : le groupe de drogues des opioïdes – une famille étendue de substances
L’offre d’opioïdes dans le monde
Usage des opioïdes dans le monde
Disponibilité des médicaments opioïdes pour la consommation médicale
Structures et tendances régionales des marchés des opioïdes
Références
GLOSSAIRE
GROUPES RÉGIONAUX
Questionnaire destiné aux rapports annuels : points focaux
L’ONUDC remercie les points focaux chargés, dans les États Membres, du questionnaire destiné aux rapports annuels pour
les efforts continus qu’ils ont déployés en vue de recueillir et communiquer les données nationales sur l’offre et la demande
de drogues sur lesquelles repose le Rapport mondial sur les drogues :
Vathiswa Dlangamandla (Afrique du Sud), Ahcene Sahtout (Algérie), Djazia Dehimi (Algérie), Mohamed Oundi (Algérie),
Roland Hein (Allemagne), Saskia Jensen (Allemagne), Olimpia Torres Barros (Andorre), Saud Alsabhan (Arabie saoudite),
Adrián Betti (Argentine), Andres Quintana (Argentine), Diego Ruiz (Argentine), Armenuhi Chilingaryan (Arménie), Andrew
Courir (Australie), Raphael Bayer (Autriche), Wolfgang Pfneiszl (Autriche), Said Asadli (Azerbaïdjan), Terrance Fountain
(Bahamas), Abdulrahman Ahmed Showaiter (Bahreïn), Galina Pyshnik (Bélarus), Olegovich Pruchkovskiy (Bélarus), Katia
Huard (Belgique), Lies Gremeaux (Belgique), Nele Van Tomme (Belgique), Stéphanie Ovaere (Belgique), Sonam Tashi
(Bhoutan), Tsheringc Choden (Bhoutan), Elis Viviane Hoffmann (Brésil), Lívia Faria Lopes dos Santos Oliveira (Brésil),
Rodrigo Bertoglio Cardoso (Brésil), Viviane Hoffmann (Brésil), Aimi Jamain (Brunéi Darussalam), Hardiyamin Barudin
(Brunéi Darussalam), Radi Ignatov (Bulgarie), Slaveika Nikolova (Bulgarie), Amanda Pinke (Canada), Bobby Chauhan
(Canada), Christina Arruda (Canada), Saeid Roushan (Canada), Daniel Diaz (Chili), Emilse Pizarro (Chili), Jose Marin
(Chili), Luis Medel Espinoza (Chili), Monserrat Aranda (Chili), Yan Zheng (Chine ; Chine, RAS de Hong Kong), Kitty Hon
(Chine, RAS de Hong Kong), Hon Wai (Chine, RAS de Macao), Gavriel Efstratiou (Chypre), Ioanna Yiasemi (Chypre),
Nasia Fotsiou (Chypre), Oscar Ricardo Santa Lopez (Colombie), Andrés Rodríguez Pérez (Costa Rica), Beatriz Murillo Paz
(Costa Rica), Roger Badou N’Guessan (Côte d’Ivoire), Hrvoje Paljan (Croatie), Lara Jezic (Croatie), Smilja Bagaric
(Croatie), Lars Petersen (Danemark), Sahar Ahmed Mohamed Farag (Égypte), Alma Cecilia Escobar de Mena (El Salvador),
Carmen Morena Batres de Gracias (El Salvador), Amal Ahmed Ali Alzeyoudi (Émirats arabes unis), Samanta Almeida
(Équateur), Elena Alvarez Martín (Espagne), Heli Laarmann (Estonie), Katri Abel-Ollo (Estonie), Ivan Aliaga Casceres (État
plurinational de Bolivie), Richard Jesús López Vargas (État plurinational de Bolivie), Wilson Salinas Olivares (État
plurinational de Bolivie), Maria Fe Caces (États-Unis d’Amérique), Nicholas Wright (États-Unis d’Amérique), Oleg Lozhkin
(Fédération de Russie), Sanna Rönkä (Finlande), Claire Jounet-Arenes (France), Joséphine Affres (France), Charles Oblitei
Commey (Ghana), Godlove Vanden-Bossche (Ghana), Rosemond Agbefu (Ghana), Argyro Andaraki (Grèce), Danae
Manousaki (Grèce), Gerasimos Papanastasatos (Grèce), Ioannis Marouskos (Grèce), Ioulia Bafi (Grèce), Manina Terzidou
(Grèce), Mario Sierra (Guatemala), Roberto Maldonado (Guatemala), Rachel Victoria Ulcena (Haïti), Paola Cristina Girón
Serrano (Honduras), Anna Péterfi (Hongrie), Gergely Csaba Horvath (Hongrie), Ibolya Csákó (Hongrie), Peter Foldi
(Hongrie), Agus Irianto (Indonésie), Imad Abdel Raziq Abdel Gani (Iraq), Stephen Murphy (Irlande), Eti Kahana (Israël),
Andrea Zapparoli (Italie), Elisabetta Simeoni (Italie), Yuki Maehira (Japon), Jamil Alhabibeh (Jordanie), Malak Al-mahirah
(Jordanie), Alma Agibayeva (Kazakhstan), Stephen Kimani (Kenya), Akyl Amanov (Kirghizistan), Agnese Zile-Veisberga
(Lettonie), Diana Vanaga-Araja (Lettonie), Ieva Pugule (Lettonie), Zeinab Abbass (Liban), Jurgita Žilinskaite (Lituanie),
Michel Goergen (Luxembourg), Nadine Berndt (Luxembourg), Rita Cardoso Seixas (Luxembourg), Nikmat Yusop
(Malaisie), John Testa (Malte), Victor Pace (Malte), Abdelhafid EL Maaroufi (Maroc), Abderrahim Matraoui (Maroc),
Ayoub Aboujaafer (Maroc), EL Maaroufi Abdelhafid (Maroc), Mustapha El alami El Fellousse (Maroc), Nadia Chouaib
(Maroc), Corceal Sewraz (Maurice), Martha Vazquez (Mexique), Valeria Solis (Mexique), Jasna Sekulic (Monténégro),
Nevena Markovic (Monténégro), Valentina Bodven (Monténégro), Myint Aung (Myanmar), Zaw Lin Oo (Myanmar),
Manuel García Morales (Nicaragua), Abdoul Aziz Garba Yayé (Niger), Hamidou Amadou Insa (Niger), Ibiba Jane Odili
(Nigéria), Ngozi Vivian Oguejiofor (Nigéria), Daniel Bergsvik (Norvège), Ola Bilgrei (Norvège), Blair Macdonald
(Nouvelle-Zélande), Lauren Bellamore (Nouvelle-Zélande), Mahmood Al Abri Sultante (Oman), Mohamed Amin (Oman),
Khatam Djalalov (Ouzbékistan), Sayed Sijjeell Haider (Pakistan), Daysi Vargas (Panama), Rubielys Saladana (Panama),
Tatiana Tesis (Panama), Crhistian Gomez (Paraguay), Juan Pablo Lopez (Paraguay), Laura Reinoso (Paraguay), Lillian
Portillo (Paraguay), Mathías Jara (Paraguay), Guus Cruts (Pays-Bas), Martijn Mulder (Pays-Bas), Vincent van Beest (Pays-
Bas), Sandra Morales (Pérou), Corazon P. Mamigo (Philippines), Johanna Rosales (Philippines), Michael P. Miatari
(Philippines), Rebecca F. Arambulo (Philippines), Yvonne B. San Pascual (Philippines), Lukasz Jedruszak (Pologne), Ana
Sofia Santos (Portugal), Elsa Maia (Portugal), Quatar ARQ (Qatar), Alberto Alexander Matheus Melendez (République
bolivarienne du Venezuela), Carlos Javier Capote (République bolivarienne du Venezuela), Elizabeth Pereira (République
bolivarienne du Venezuela), Donghyun Kim (République de Corée), Yongwhee Kim (République de Corée), Victor Tacu
(République de Moldova), Gilda Maria Francisco Espinal (République dominicaine), Moises Gomez Trabous (République
dominicaine), Mohammad Narimani (République islamique d’Iran), Seyed Hamzeh Madani (République islamique d’Iran),
Ciprian Zetu (Roumanie), Alberto Oteo (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord), Kerry Eglinton (Royaume-
Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord), Dusan Ilic (Serbie), Evelyn Low (Singapour), Melvina Niroshini Andrew
(Singapour), Thamaraichelvan Meyappan (Singapour), Eva Debnarová (Slovaquie), Ivana Bucková (Slovaquie), Jože Hren
(Slovénie), Staša Šavelj (Slovénie), Thamara Darshana (Sri Lanka), Frida Nyman (Suède), Jennie Hagelin (Suède), Joakim
Strandberg (Suède), Johan Ragnemalm (Suède), Julia Ahlin (Suède), Barbara Walther (Suisse), Diane Buechli (Suisse), Marc
Wittwer (Suisse), Verena Maag (Suisse), Saidzoda Firuz Mansur (Tadjikistan), Katerina Horackova (Tchéquie), Viktor
Mravcik (Tchéquie), Prang-anong Saeng-arkass (Thaïlande), Mouzinho T. Correia (Timor-Leste), Abi Kemeya-Abalo
(Togo), Awi Essossimna (Togo), Nadine Beeka (Trinité-et-Tobago), Sheena Arneaud (Trinité-et-Tobago), Murat Sarikamisli
(Türkiye), Resul Olukman (Türkiye), Olena Pugach (Ukraine), Olga Davidenko (Ukraine), Vita Druzhynina (Ukraine), Elisa
Maria Cabrera (Uruguay), Ronnet Chanda (Zambie), Ashley Verenga (Zimbabwe), Evelyn Taurai Phillip (Zimbabwe), Anan
Mohammad Hassan Theeb (État de Palestine), Mutaz Ereidi (État de Palestine), Penny Garcia (Gibraltar).
OBJET DU FASCICULE
[TENDANCES DES MARCHÉS DE LA DROGUE | Objet du fascicule]
Le présent fascicule, le troisième du Rapport mondial sur les drogues 2022, est axé sur deux thèmes : le cannabis
et les opioïdes.
Son premier chapitre s’ouvre par une analyse de l’offre mondiale et des tendances du trafic de résine et d’herbe
de cannabis. Il donne les estimations les plus récentes de l’usage de cannabis et aborde les dernières tendances
des marchés régionaux du cannabis. Il évoque aussi brièvement l’usage médical de produits pharmaceutiques à
base de cannabinoïdes et la mesure dans laquelle les pays autorisent l ’usage de produits du cannabis à des fins
médicales. Il passe ensuite rapidement en revue les faits nouveaux intervenus dans le domaine de la
réglementation du cannabis dans certains pays, et s’achève par une analyse détaillée des premières indications
dont on dispose sur les effets de la légalisation du cannabis sur la santé publique, la sécurité publique, la
dynamique du marché et les mesures de justice pénale dans les endroits d’Amérique du Nord où l’usage non
médical a été légalisé.
Le deuxième chapitre du présent fascicule donne une vue d’ensemble des opioïdes comme groupe de substances
et des tendances de leur usage non médical dans le monde. Il étudie aussi les dernières tendances de l ’offre
mondiale d’opiacés et d’opioïdes synthétiques et de la disponibilité des médicaments opioïdes à des fins
médicales. Les questions relatives à la structure et aux tendances régionales des marchés des opioïdes sont aussi
analysées, y compris la crise des opioïdes en Amérique du Nord ainsi qu’en Afrique et au Moyen-Orient. Le
chapitre comporte en outre une étude des conséquences que pourraient avoir, sur le plan régional et à l’échelle
mondiale, des changements intervenant dans la culture du pavot à opium et la production d’opium en Afghanistan.
Du cannabis est produit illicitement dans toutes les régions. Des données ont été présentées sur la culture du
cannabis au moyen d’indicateurs directs (comme la culture ou l’éradication de pieds ou l’éradication de sites de
production) ou indirects (saisie de pieds, informations sur l’origine du cannabis saisi) par au moins 154 pays au
cours de la période 2010-2020. Si l’on prend en compte également les renseignements qualitatifs sur les tendances
de la culture en intérieur et en extérieur, ce nombre passe à plus de 190 pays et territoires 1. Cet aspect différencie
le cannabis de la coca/cocaïne et du pavot à opium/opiacés, dont la culture/production est concentrée dans un
nombre beaucoup plus restreint de pays et dont le commerce illicite est donc le plus souvent international, au
sens qu’il franchit les frontières internationales.
Voici 10 ans, d’après les estimations qualitatives, que la culture du cannabis connaît une tendance à la hausse, et
ce constat est resté vrai en 2020, la plupart des États Membres signalant à nouveau une augmentation sur leur
territoire.
Le rythme de progression de la culture du cannabis en intérieur semble plus élevé que celui de la culture
en extérieur
D’après les données présentées en 2019 et 2020, la culture de cannabis en intérieur semble de nouveau avoir
progressé plus rapidement que la culture en extérieur au niveau mondial, le nombre net global de pays indiquant
une augmentation de la culture en intérieur étant trois fois supérieur à celui des pays indiquant une diminution
de la culture en extérieur. Si les informations qualitatives présentent des limites importantes, les éléments qui en
ressortent suggèrent une tendance à la hausse. Le nombre de pays qui signalent une culture de cannabis en
intérieur est passé de 48 pour la période 2011-2015 à 66 pour la période 2016-2020. Une culture de cannabis en
extérieur a été mentionné expressément par 98 pays au total pour 2016-2020.
[TEXT BOX
Pays d’origine du cannabis
Comme, pour la plupart, les pays n’ont pas mis en place de dispositif permettant l’observation systématique de
cet indicateur, il est difficile d’estimer la superficie des cultures de cannabis à l’échelle mondiale. Si certains
pays indiquent la superficie totale consacrée à la culture du cannabis, la plupart des estimations communiquées
ne reposent pas sur des méthodes normalisées et ne peuvent donc pas être utilisées pour des comparaisons
internationales. Par ailleurs, on dispose d’un certain nombre d’indicateurs indirects, dont les renseignements sur
les « hectares de cultures de cannabis éradiqués », le « nombre de pieds de cannabis éradiqués », le « nombre de
sites de cannabis éradiqués » et le « nombre de pieds de cannabis saisis », ainsi que « l’origine du cannabis saisi »,
qui peuvent éclairer certains aspects de la culture du cannabis. Si aucun de ces indicateurs n’est suffisant en soi
pour décrire l’étendue de la culture et de la production de cannabis, il reste possible, analysés dans leur globalité,
d’en déduire les pays où une culture substantielle du cannabis est probable i.
Il ressort de l’analyse des divers indicateurs pour la période 2010-2020 qu’il existe dans les pays ci-après
(présentés par ordre d’importance dans chaque sous-région) une culture assez importante de cannabis qui est a)
exportée ou b) produite pour la consommation intérieure :
> Amériques
Amérique du Nord : Mexique, États-Unis d’Amérique et Canada
Amérique du Sud : Paraguay, Brésil et Colombie
Amérique centrale : Guatemala, Costa Rica et Honduras
Caraïbes : Jamaïque et Trinité-et-Tobago
> Afrique
Maroc, Égypte, Afrique du Sud, Nigéria, Eswatini, Ghana et Zambie
> Europe
Europe occidentale et centrale : Pays-Bas, Espagne, Tchéquie, Italie et Suisse
Europe du Sud-Est : Albanie, Turquie, Roumanie et Bulgarie
Europe orientale : Fédération de Russie et Ukraine
> Asie
Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest : Afghanistan, Liban et Pakistan
Asie centrale : Kirghizistan et Kazakhstan
Transcaucasie : Azerbaïdjan et Arménie
Asie du Sud : Inde et Népal
Asie du Sud-Est : Philippines, République démocratique populaire lao, Thaïlande et In donésie
> Océanie
Australie et Nouvelle-Zélande
i Les données se rapportant aux indicateurs directs et indirects ont été combinées pour déterminer les pays où la superficie
consacrée à la culture du cannabis est probablement importante.
Auparavant, la plupart des pays qui signalaient une culture en intérieur étaient des pays d’Europe et d’Amérique
du Nord, mais ils ont été rejoints ces dernières années par des pays de nombreuses autres régions et sous-régions.
Trafic de cannabis : la tendance à la diminution des saisies à l’échelle mondiale s’est inversée en 2020
Les quantités d’herbe et de résine de cannabis saisies ont nettement augmenté en 2020, ce qui a mis fin à une
décennie de baisse des saisies d’herbe de cannabis, tendance qui s’était accélérée pendant la période 2015-2019
lorsqu’un certain nombre de régions d’Amérique du Nord ont légalisé le cannabis non médical. L’augmentation
des saisies mondiales en 2020 est cohérente avec les informations selon lesquelles l’usage de cannabis a augmenté
pendant la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) dans nombre de pays a. L’augmentation globale en
glissement annuel des quantités de cannabis saisies a atteint près de 20 % en 2020, soit la plus forte hausse depuis
2015. Les saisies de cannabis opérées ailleurs qu’en Amérique du Nord ont atteint un niveau record en 2020.
À la différence de la baisse générale des saisies d’herbe de cannabis entre 2010 et 2019, les tendances du trafic
de cannabis (d’après les informations qualitatives communiquées par les États membres) se sont renforcées au
cours de la dernière décennie. Au-delà des limites inhérentes à ces informations qualitatives sur le plan de la
transparence et de la cohérence, ces tendances donnent à penser que le trafic d’herbe de cannabis a augmenté. En
2020, les tendances qualitatives signalées en ce qui concerne le trafic d’herbe de cannabis et les quantités d’herbe
de cannabis saisies ont évolué à la hausse, la plupart des régions signalant une augmentation.
Les saisies de résine de cannabis ont atteint un niveau record en 2020, ce qui témoigne, d’après les tendances
qualitatives déclarées par les États Membres en 2020, d’une augmentation des activités de trafic de résine de
cannabis partout dans le monde.
Note : La figure se fonde sur les informations qualitatives communiquées par les États Membres concernant les tendances de la
culture du cannabis en intérieur et en extérieur. « Hausse nette » s’entend ici du nombre de pays signalant une hausse, dont est
déduit le nombre de pays signalant une baisse de la culture du cannabis au cours de la période 2012-2020, en proportion du nombre
total de pays ayant communiqué des données concernant les tendances de la culture en extérieur et en intérieur.
a
Voir aussi le fascicule 2 du présent rapport, Tableau général de la demande et de l’offre de drogues.
Figure 3 Quantités de cannabis saisies dans le monde, 1998-2020
Tons Tonnes
Global cannabis resin seizures Saisies de résine de cannabis dans le monde
Global cannabis herb seizures Saisies d’herbe de cannabis dans le monde
Global cannabis herb and resin seizures excluding Saisies d’herbe et de résine de cannabis dans le
North America monde, hors Amérique du Nord
Figure 5 Quantités de résine de cannabis saisies et tendances signalées en matière de trafic, 1980 -2020
Quantities seized (tons) Quantités saisies (tonnes)
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
North Africa Afrique du Nord
Other Autres
Eastern and South-Eastern Europe Europe orientale et Europe du Sud-Est
Near and Middle East/South-West Asia Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
Trafficking trends index Indice des tendances du trafic
Trafficking trends index: 2010 = 100 Tendances du trafic, indice base 100 = 2010
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
La prévalence de l’usage de cannabis est en légère hausse et le nombre d’usagères et d’usagers continue
d’augmenter dans le monde
En 2020, plus de 4 % de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans, soit 209 millions de personnes, avaient fait
usage de cannabis au cours de l’année écoulée. La prévalence de l’usage de cannabis au cours de l’année écoulée
a augmenté de 8 %, contre 3,8 % en 2010, tandis que le nombre de personnes ayant fait usage de cannabis au
cours de l’année écoulée a augmenté de 23 %, contre 170 millions en 2010, conséquence en partie d’une
augmentation de la population mondiale.
La prévalence de l’usage de cannabis varie beaucoup d’une région à l’autre et se trouve être la plus élevée en
Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande, ainsi qu’en Afrique de l’Ouest.
Comparativement à la population adulte, il ressort des informations communiquées que la prévalence de l’usage
de cannabis au cours de l’année écoulée serait plus élevée parmi les adolescents (5,8 % chez les 15-16 ans) b.
D’après la littérature scientifique, le début précoce de l’usage de substances a des conséquences pour le
développement du cerveau des adolescents. Le début précoce de l’usage de substances a de plus grandes chances
d’entraîner une consommation régulière à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte 2. Le début précoce
de l’usage de cannabis et son usage fréquent sont aussi associés à une probabilité accrue de troubles dépressifs
majeurs, ainsi que de pensées et de comportements suicidaires 3, 4, 5 .
Au niveau mondial, environ les deux tiers des personnes ayant fait usage de cannabis au cours de l’année écoulée
sont des hommes 6 , mais cette proportion peut beaucoup varier selon les régions c. Dans nombre de pays à revenu
élevé, l’écart entre hommes et femmes parmi les personnes qui font usage de drogues semble se réduire, tendance
qui se retrouve dans la prévalence de différentes drogues, dont le cannabis, et les troubles liés à l’usage de
substances. La différence entre les sexes dans l’usage de cannabis, à titre d’exemple, tient davantage aux
occasions de faire usage de drogues rencontrées dans différents contextes qu’à des différences biologiques et
psychologiques entre hommes et femmes face à l’usage de substances et au développement de troubles liés à cet
usage. Les rôles socioculturels attribués aux hommes et aux femmes dans leur milieu de vie selon le sexe
contribuent sensiblement au début de l’usage de substances et à son évolution ultérieure et, de là, au
développement de troubles liés à l’usage de substances 7, 8, 9, 10.
Figure 6 Tendances du nombre de personnes qui font usage de cannabis dans le monde et tendances
signalées de l’usage de cannabis, 2010-2020
Millions Millions
Users Usagères et usagers
Cannabis use trends index Indice des tendances de l’usage de cannabis
Use trends index: 2010 = 100 Tendances de l’usage, indice base 100 = 2010
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : Nombre estimatif de personnes âgées de 15 à 64 ans ayant fait usage de cannabis au cours de l’année écoulée.
L’indice des tendances de l’usage de cannabis se fonde sur les informations qualitatives communiquées par les États
Membres (en moyenne, 67 pays par an au cours de la période 2010 -2020). La courbe de tendance est calculée sur la base
du nombre de pays signalant une hausse, dont est déduit le nombre de pays signalant une baisse (2 points pour « forte
hausse », 1 point pour « légère hausse », 0 point pour « stable », -1 point pour « légère baisse », -2 points pour « forte
baisse »).
b
Voir aussi le fascicule 2 du présent rapport, Tableau général de la demande et de l’offre de drogues.
c
Ibid.
North America Amérique du Nord
South America Amérique du Sud
Asia Asie
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
Near and Middle East/South-West Asia Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
South Asia Asie du Sud
Europe Europe
Eastern and South-Eastern Europe Europe orientale et Europe du Sud-Est
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Oceania Océanie
Australia and New Zealand Australie et Nouvelle-Zélande
Global Monde
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : Il n’est pas présenté de données pour les sous-régions dont les pays ne disposaient pas d’estimations récentes
(datant de moins de 10 ans) et où il n’était donc pas possible de calculer des estimations sous-régionales.
Figure 8 Réduction de l’écart entre hommes et femmes en matière de prévalence de l’usage de cannabis
au cours du mois écoulé dans la population âgée de 12 ans et plus aux États-Unis, 2003-2020
Prevalence (percentage) Prévalence (pourcentage)
Men, cannabis use in past month Usage de cannabis au cours du mois écoulé parmi les
hommes
Women, cannabis use in past month Usage de cannabis au cours du mois écoulé parmi les
femmes
Gender gap: ratio of male to female prevalence of Écart entre hommes et femmes : ratio
cannabis use hommes/femmes en matière de prévalence de l’usage
de cannabis
Linear (Gender gap: ratio of male to female Évolution linéaire (Écart entre hommes et femmes :
prevalence of cannabis use) ratio hommes/femmes en matière de prévalence de
l’usage de cannabis)
Ratio of men to women prevalence of cannabis use Ratio hommes/femmes en matière de prévalence de
l’usage de cannabis
Source : Figure élaborée par l’ONUDC à partir de données du questionnaire destiné aux rapports annuels.
[TEXT BOX
Usage médical d’herbe de cannabis et de préparations et produits pharmaceutiques à base de cannabis
L’usage médical de cannabis et de cannabinoïdes, qui fait partie de la médecine traditionnelle indienne, n’est pas
un phénomène récent i, ii. Des préparations à base de cannabis telles des teintures (contenant du THC et d’autres
cannabinoïdes) destinées à soulager la douleur et les nausées existaient au XIXe siècle en Europe, notamment en
Grande-Bretagne, et aux États-Unisiii. L’usage médical de ces préparations à base de cannabis a cependant été
abandonné au XXe siècle à mesure que l’on a développé, sur la base d’essais cliniques, de nouveaux médicaments
dont les formulations et les doses étaient normalisées iv, v .
Depuis les années 1990, on assiste à un regain d’intérêt pour les usages médicaux potentiels du cannabis, des
extraits de cannabis et de certains produits pharmaceutiques (contenant du THC et d’autres cannabinoïdes) à la
suite de la découverte du système endocannabinoïde du corps humain vi, qui a conduit à voir dans les
cannabinoïdes une solution possible pour traiter certaines affections pour lesquelles on disposait de preuves
d’efficacité fortes à modérées. On mentionnera parmi ces affections les douleurs chroniques, des troubles
neurologiques comme la spasticité liée à la sclérose en plaques, et certains types d’épilepsie. Certains
cannabinoïdes sont aussi proposés comme antiémétiques dans le traitement des nausées et vomissements dus à la
chimiothérapie chez les patientes et patients qui ne répondent pas suffisamment aux traitements antiémétiques
conventionnels vii.
Ont été approuvés pour un usage médical par un certain nombre de pays, moyennant autorisation de mise sur le
marché, les produits pharmaceutiques à base de cannabinoïdes ci-aprèsvii, ix, x :
Dronabinol. Gélules orales ou solution orale contenant du THC de synthèse. Le dronabinol est indiqué pour
l’anorexie associée à une perte de poids chez les personnes atteintes du sida et pour les nausées et vomissements
associés à la chimiothérapie anticancéreuse, généralement lorsque les autres traitements ont échoué.
Nabilone. Gélules orales contenant un cannabinoïde de synthèse similaire au THC, à utiliser pour traiter les
nausées et vomissements associés à la chimiothérapie, généralement lorsque les autres traitements ont échoué.
Nabiximols. Médicament contenant des quantités à peu près égales de THC et de CBD provenant de deux extraits
de cannabis. Ce produit a été autorisé pour le traitement de la spasticité musculaire provoquée par la sclérose en
plaques.
Epidiolex. Solution orale de CBD d’origine végétale indiquée pour le traitement des convulsions associées au
syndrome de Lennox-Gastaut ou au syndrome de Dravet chez les patients âgés de plus de 2 ans.
Actuellement, 64 pays ont prévu des dispositions dans leur législation nationale ou ont adopté des orientions
autorisant l’usage médical de préparations pharmaceutiques à base de cannabinoïdes et/ou d’herbe de cannabis
pour une série d’affections médicales, avec des degrés variables de restriction ou de permissivité. Parmi ces 64
pays, 34 autorisent aussi bien l’usage de préparations pharmaceutiques que celui d’herbe de cannabis. En
principe, tous les pays qui autorisent l’usage médical d’herbe de cannabis ont aussi adopté des dispositions
relatives à l’usage médical de préparations pharmaceutiques à base de cannabinoïdes.
Une quarantaine de pays ont communiqué à l’OICS en 2020 xi leurs estimations relatives à la production, à la
consommation ou aux stocks de cannabis à usage médical. Depuis 2011, un nombre croissant de pays autorisent
l’usage de cannabis et d’extraits de cannabis à des fins médicales, ainsi que pour la recherche scientifique. Parmi
les 40 pays ayant présenté des informations sur le sujet, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du
Nord et le Canada sont les deux principaux producteurs de cannabis à usage médical ; ils assurent 71 % de la
production mondiale, qui a atteint 650 tonnes en 2020. Le Royaume-Uni est la principale source d’extraits de
cannabis et de préparations pharmaceutiques contenant de tels extraits.
CANNABIS PREPARATIONS PRÉPARATIONS À BASE DE CANNABIS
Raw cannabis Cannabis brut
Magistral preparations Préparations magistrales
Standarised cannabis preparations Préparations de cannabis normalisées
Variable in THC/CBD composition Composition en THC/CBD variable
Source : D’après « Usage médical du cannabis et des cannabinoïdes : questions et réponses à l’intention des décideurs
politiques » (Luxembourg : EMCDDA, 2018).
Nombre de pays ayant adopté des dispositions relatives à l’usage médical de cannabis (herbe de cannabis
et/ou préparations pharmaceutiques à base de cannabinoïdes, 2021)
Africa Afrique
Americas Amériques
Asia Asie
Europe Europe
Oceania Océanie
Yes Oui
No (Low confidence) Non (indice de confiance faible)
No (High confidence) Non (indice de confiance élevé)
No data available Absence de données
Source : D’après les informations communiquées ou publiées par 200 pays (réponses au questionnaire destiné aux rapports
annuels pour 35 pays, et sources officielles pour 165 pays).
Note : Les catégories « Oui » et « Non (indice de confiance élevée) » recouvrent les informations issues de sources
nationales officielles, les rapports internationaux à comité de lecture, les réponses au questionnaire destiné aux rapports
annuels renvoyant à un document officiel et les études parues dans des revues à comité de lecture. La catégorie « Non
(indice de confiance faible) » recouvre les informations issues des réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels
qui ne renvoient pas à un document officiel, à des rapports internationaux ou à des ressources mentionnant un document
officiel.
Répartition des pays qui autorisent l’usage médical de cannabinoïdes, par type de produit, 2021
Africa Afrique
Americas Amériques
Asia Asie
Europe Europe
Oceania Océanie
Cannabis-based medicinal products and cannabis Médicaments à base de cannabis et herbe de
herb cannabis
Cannabis-based medicinal products Médicaments à base de cannabis
Unspecified Non spécifié
Source : D’après les informations communiquées ou publiées par 59 pays (réponses au questionnaire destiné aux rapports
annuels pour 21 pays, et sources officielles pour 38 pays)
Note : Comme indiqué dans le rapport technique de l’OICS (E/INCB/2021/2), aux fins de la Convention unique sur les
stupéfiants de 1961 telle que modifiée, un stupéfiant est considéré comme « consommé » lorsqu’il a été fourni à toute
personne ou entreprise pour la distribution au détail, pour l’usage médical ou pour la recherche scientifique. Selon les
estimations de l’OICS, les stocks élevés de produits médicaux à base de cannabis déclarés en 2020 s’expliquent par les
stocks déclarés par le Royaume-Uni (1 449 tonnes) et l’Espagne (88,9 tonnes).
iEthan Russo, « Cannabis in India: Ancient Lore and Modern Medicine », dans Cannabinoids as Therapeutics, publié sous
la direction de Raphael Mechoulam, Milestones in Drug Therapy MDT (Bâle : Birkhäuser-Verlag, 2005), p. 1 à 22,
https://doi.org/10.1007/3-7643-7358-X_1.
iiHarold Kalant, « Medicinal Use of Cannabis: History and Current Status », Pain Research and Management 6, n o 2
(2001) : p. 80 à 91, https://doi.org/10.1155/2001/469629.
iii
Lester Grinspoon et James B. Bakalar, Marihuana, the Forbidden Medicine, édition revue et augmentée (New Haven:
Yale University Press, 1997).
iv Kalant, « Medicinal Use of Cannabis ».
vUsage médical du cannabis et des cannabinoïdes : questions et réponses à l’intention des décideurs politiques
(Luxembourg : EMCDDA, 2018).
viAna Isabel Fraguas-Sánchez et Ana Isabel Torres-Suárez, « Medical Use of Cannabinoids », Drugs 78, n o 16
(novembre 2018) : p. 1665 à 1703, https://doi.org/10.1007/s40265-018-0996-1.
viiNational Academies of Sciences, Engineering, and Medicine et al., The Health Effects of Cannabis and Cannabinoids:
The Current State of Evidence and Recommendations for Research, The National Academies Collection: Reports Funded
by National Institutes of Health (Washington : National Academies Press (US), 2017),
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK423845/.
viii Ibid.
ix
Usage médical du cannabis et des cannabinoïdes : questions et réponses à l’intention des décideurs politiques.
x Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2018. (Vienne, Nations Unies, 2019).
xiD’après OICS, Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 – Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2),
2022.
Les usagères et usagers réguliers de cannabis étaient susceptibles d’augmenter leur consommation
pendant la pandémie de COVID-19
La pandémie de COVID-19 a eu des conséquences pour la situation socioéconomique et les vulnérabilités des
populations ainsi que leur santé physique et psychologique. Si le marché des principales drogues, y compris celui
du cannabis, s’est révélé, dans l’ensemble, exceptionnellement résilient face à ces changements, certaines
habitudes des personnes faisant régulièrement usage de drogues, y compris de cannabis, ont évolué au cours de
la pandémie d, 11.
Les données dont on dispose pour l’Europe font apparaître des différences, d’un pays à l’autre et dans les pays
mêmes, concernant la disponibilité et la consommation du cannabis pendant et après les périodes de confinement.
Ainsi, une enquête en ligne européenne a montré que les personnes qui faisaient usage de cannabis régulièrement
(c’est-à-dire chaque semaine) avaient deux fois plus de chances que celles qui en faisaient un usage occasionnel
de déclarer une fréquence d’usage accrue en période de confinement, et trois fois plus de chances de déclarer une
consommation de quantités accrues. Les usagères et usagers occasionnels étaient plus susceptibles d’avoir réduit
ou cessé leur consommation pendant les confinements 12 . Les mesures de confinement seraient aussi en partie à
l’origine d’une augmentation de la culture de cannabis à domicile 13.
Des analyses des eaux usées n’ont été effectuées ces dernières années concernant le cannabis que pour quelques
sites en Europe, et celles-ci font apparaître une hétérogénéité et une variabilité considérables des tendances
hebdomadaires de consommation d’un site à l’autre. En outre, les caractéristiques différentes des habitudes
d’usage de drogues et des mesures de confinement aux niveaux national, régional et local rendent les
comparaisons difficiles. Parmi les quelques sites, on a observé à Amsterdam et à Castellón (Espagne) une légère
diminution, quoique non significative, des charges massiques de métabolites du cannabis en 2020 par rapport à
2019, tandis qu’aucune différence significative n’a été observée par rapport à l’année précédente à Utrecht et à
Eindhoven (Pays-Bas)14, 15.
Au Canada, en 2021, près de la moitié des personnes ayant fait usage de cannabis au cours des 12 derniers mois
ont déclaré avoir fait usage des mêmes quantités de cannabis, à la même fréquence qu’auparavant, pendant la
pandémie de COVID-19 et la période connexe de restrictions. Plus d’un quart des personnes ayant fait usage de
cannabis ont déclaré en avoir fait usage en plus grande quantité et à une fréquence plus élevée qu’avant la
d
Voir aussi le fascicule 2 du présent rapport, Tableau général de la demande et de l’offre de drogues.
pandémie. Les jeunes (24 ans et moins) ont plus souvent déclaré une augmentation des quantités et de la fréquence
de leur usage pendant les restrictions liées au confinement que les personnes plus âgées (25 ans et plus) qui ont
fait usage de cannabis. Parmi ces personnes plus âgées, 25 % ont déclaré avoir davantage fait usage de cannabis
pendant la pandémie de COVID-19, contre 46 % chez les 16-19 ans et 40 % chez les 20-24 ans 16, 17 .
Près de la moitié des personnes arrêtées et interrogées par la police australienne au sujet de leurs habitudes
d’usage de cannabis ont déclaré en avoir pris au cours des 30 jours précédents, ce qui n’était guère différent de
l’usage déclaré par les personnes arrêtées par la police avant la pandémie. Un certain changement a pu être
observé cependant dans la fréquence de l’usage. Les personnes ayant pris du cannabis au cours des derniers mois
avaient une probabilité sensiblement plus élevée d’avoir augmenté leur consommation pendant la pandémie, et
d’être grosses consommatrices, puisqu’elles déclaraient une fréquence médiane d’usage de 25 jours par mois
contre une fréquence médiane de 15 jours par mois, d’après les déclarations, pour les personnes arrêtées avant la
pandémie. Les quantités de cannabis consommées pendant une séance ordinaire n’ont pas évolué (quantité
médiane de 0,34 gramme), même si certaines personnes arrêtées ont déclaré avoir acheté de plus grandes quantités
de cannabis que d’habitude au début de la pandémie pour se prémunir contre d’éventuelles pénuries, et si certaines
ont déclaré avoir remplacé le cannabis par des benzodiazépines, de la méthamphétamine et d ’autres drogues.
L’offre de cannabis a paru stable pendant la pandémie, les personnes arrêtées indiquant que la disponibilité du
produit restait élevée et sa qualité inchangée 18, 19.
[TEXT BOX
Pays d’origine, d’expédition et de transit d’herbe de cannabis les plus souvent mentionnés au cours
de la période 2016-2020
(Dans l’ordre du nombre de mentions par les pays du monde entier)
> Amériques
Amérique du Nord : États-Unis, Canada, Mexique
Amérique du Sud : Colombie, Paraguay
Amérique centrale : Guatemala, Honduras
Caraïbes : Jamaïque
> Afrique
Afrique de l’Ouest et du Centre : Ghana, Nigéria
Afrique australe : Mozambique, Afrique du Sud, Malawi, Eswatini
Afrique de l’Est : République-Unie de Tanzanie, Ouganda, Kenya
Afrique du Nord : Maroc
> Europe
Pays-Bas, Albanie
> Asie
Asie du Sud-Est : Myanmar, Malaisie, Thaïlande
Asie du Sud : Inde, Bangladesh, Népal
Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest : Afghanistan, Liban
Asie centrale et Transcaucasie : Kazakhstan, Kirghizistan
Les saisies de résine de cannabis sont concentrées géographiquement, mais les principaux flux de trafic
sont interrégionaux
Les saisies de résine de cannabis restent concentrées en Afrique du Nord et en Europe occidentale, qui constituent
de fait ensemble une zone unifiée de production, de trafic et de consommation de résine de cannabis, qui a
représenté près de 60 % des saisies mondiales de la période 2016-2020, ainsi qu’en Asie du Sud-Ouest, autre
grande zone de production, de trafic et de consommation représentant quant à elle environ un tiers du total
mondial. Ces deux zones sont suivies par le Proche et le Moyen -Orient23.
Les données concernant les saisies et autres font apparaître que la plus grande partie du trafic de résine de
cannabis s’effectue à partir du Maroc vers l’Espagne, et de l’Afghanistan vers d’autres pays d’Asie occidentale.
L’Espagne constitue le principal point d’accès aux marchés d’Europe occidentale et centrale 24. La résine de
cannabis d’origine marocaine est aussi exportée à destination d’autres pays d’Afrique du Nord 25. Le trafic
intrarégional s’étend du Maroc à la Libye puis à l’Égypte, en transitant par le Sahel 26, ainsi que par des voies
terrestres intérieures de l’ouest de l’Algérie jusqu’aux frontières de ce pays avec la Tunisie et la Libye, en dépit
de contrôles de sécurité rigoureux 27. La résine de cannabis est aussi transportée par la mer le long des côtes du
sud de la Méditerranée 28 .
La résine de cannabis produite en Afghanistan fait l’objet d’un trafic à destination principalement des pays
voisins29. Parmi les autres flux de trafic importants, on mentionnera les itinéraires passant par l’Asie centrale,
principalement à destination de la sous-région et de la Fédération de Russie, ainsi que les itinéraires partant de
zones de production du Liban vers d’autres pays du Proche et du Moyen-Orient et vers l’Europe.
Les Amériques font état de la majeure partie des saisies d’herbe de cannabis, mais la baisse des taux
d’interception se traduit par une forte diminution des chiffres relatifs aux saisies
Les Amériques ont signalé près de 60 % des saisies mondiales d’herbe de cannabis au cours de la période 2016-
2020. Cependant, leur part globale des saisies a nettement diminué, chutant de 84 % du total mondial en 2010 à
58 % en 2020.
La corrélation positive entre l’usage et les saisies de drogues a disparu en Amérique du Nord au cours de la
dernière décennie, période pendant laquelle les saisies de cannabis ont diminué de 84 % malgré l’expansion
considérable du marché. Rien qu’aux États-Unis, les saisies ont diminué de 76 % entre 2010 et 2020, tandis que
le nombre de personnes consommant du cannabis quotidiennement ou quasi quotidiennement a augmenté de près
de 130 % 30 .
Cette divergence entre les tendances des saisies et celles de l’usage aux États-Unis et au Canada laisse présumer
des taux d’interception plus faibles, qui s’expliqueraient principalement par les modifications apportées aux lois
en vue de légaliser l’offre de cannabis à usage non médical à plusieurs endroits, ainsi peut-être que par une
moindre priorité accordée à la question de la part des services de détection de répression. En outre, la légalisation
de l’offre de cannabis à usage non médical à certains endroits a réduit la taille du marché illégal et donc fait
diminuer les saisies e. Le Mexique a aussi fait état d’une forte diminution des saisies, alors qu’un cannabis plus
puissant est devenu largement disponible aux États-Unis et que les groupes criminels organisés se sont réorientés
vers d’autres drogues 31.
e
Voir la section intitulée « Légalisation du cannabis » du présent fascicule.
Albania Albanie
Kyrgyzstan Kirghizistan
Iran (Islamic Republic of) Iran (République islamique d’)
Nepal Népal
India Inde
Other Central Asia Asie centrale (autres)
Origin Pays d’origine
Departure Pays d’expédition
Number of times mentioned as country of origin Nombre de mentions comme pays d’origine et
and departure by reporting countries d’expédition par les pays ayant présenté des
informations
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Figure 14 Tendances de l’usage de cannabis dans les pays d’Europe ayant communiqué des données
récentes en 2020
Annual prevalence (percentage) Prévalence annuelle (pourcentage)
Austria Autriche
Bulgaria Bulgarie
Croatia Croatie
Czechia Tchéquie
England and Wales Angleterre et pays de Galles
Hungary Hongrie
Ireland Irlande
Latvia Lettonie
Netherlands Pays-Bas
Norway Norvège
f
Dans la présente section, le mot « Europe » désigne principalement les États membres de l’Union européenne, la Norvège, la Suisse et le
Royaume-Uni.
g
Soixante et un pour cent des personnes faisant un usage quotidien ou quasi quotidien sont âgées de moins de 35 ans.
Spain Espagne
Sweden Suède
Sources : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels ; et EMCDDA, « Statistical Bulletin 2020: prevalence and
patterns of drug use in the general population ».
Parallèlement, la puissance des produits cannabiques disponibles en Europe a aussi augmenté. Entre 2010 et
2019, la teneur en THC de l’herbe de cannabis a augmenté de 40 % et celle de la résine de cannabis a pratiquement
triplé 35.
Avec cette dynamique en toile de fond – exposition accrue à des produits cannabiques de forte puissance,
consommation régulière et fréquente de cannabis – les méfaits liés à l’usage de cannabis sont de plus en plus
manifestes au sein de la population d’Europe occidentale et centrale 36. On observe une augmentation notable des
admissions en traitement liées à l’usage de cannabis et des comorbidités psychiatriques. Entre 2010 et 2019, dans
l’Union européenne, le taux de personnes ayant le cannabis pour drogue principale qui débutent un traitement est
passé de 27 à 35 pour 100 000 dans la population adulte. En 2019, environ 35 % de l’ensemble des admissions
en service spécialisé dans l’Union européenne ont concerné un traitement pour usage de cannabis. Plus de la
moitié des nouveaux clients en faisaient un usage quotidien. Le cannabis était aussi la substance d’usage la plus
souvent déclarée aux urgences h, où il était présent dans 26 % des cas de toxicité aiguë liée à la drogue,
généralement en association avec d’autres substances 37 .
Dans une étude cas-témoins menée sur 11 sites au Brésil, en Angleterre, en Espagne, en France, en Italie et aux
Pays-Bas i, auprès d’une patientèle ayant présenté un premier épisode psychotique et de la population adulte des
mêmes lieux, la consommation de cannabis est associée à une probabilité de trouble psychotique trois fois plus
élevée chez les personnes qui consomment que chez celles qui ne consomment pas ; l’usage quotidien de cannabis
de forte puissance (plus de 10 % de THC) multiplie par plus de quatre le risque de trouble psychotique chez les
personnes concernées par rapport aux personnes n’ayant jamais fait usage de cannabis 38, 39, 40, 41 .
On mentionnera comme exemple au niveau national celui de l’Allemagne, où a été observée, parallèlement à une
augmentation de l’usage de cannabis, une augmentation beaucoup plus importante des méfaits liés au cannabis.
L’usage de cannabis au cours de l’année écoulée a augmenté, surtout à partir de 2013, de 50 %. Parallèlement,
les admissions liées à des mentaux et comportementaux dus à l’usage de cannabis ont augmenté considérablement
entre 2000 et 2018, tout comme les admissions liées à la dépendance et au sevrage aux cannabinoïdes, qui ont
augmenté de plus de huit fois, et les admissions pour troubles psychotiques liés au cannabis, qui ont plus que
quadruplé 42.
L’augmentation du nombre de cas d’hospitalisation liés au cannabis en Allemagne a été attribuée à nombre de
facteurs, parmi lesquels le débat sur la légalisation du cannabis ; les modifications de 2017 concernant la loi
relative aux stupéfiants et certains textes réglementaires, qui ont élargi les options dont les médecins disposent
pour prescrire des produits à base de cannabis sous certaines conditions ; et la disponibilité accrue de produits
cannabiques à forte teneur en THC (et à faible teneur en CBD) et de cannabinoïdes synth étiques. L’ensemble de
ces facteurs pourrait avoir joué un rôle de multiplicateur dans l’augmentation du nombre de cas d’hospitalisation
dus à des troubles liés à l’usage de cannabis, davantage qu’il n’a contribué à l’augmentation du nombre de
personnes faisant usage de cannabis en Allemagne 43, 44, 45 .
h
D’après les données communiquées par 23 hôpitaux de 17 pays participant au Réseau européen des urgences liées à la drogue (EURO-DEN
Plus).
i
L’étude s’est déroulée entre mai 2010 et avril 2015 sur 11 sites en Angleterre, en France, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et au Brésil.
Les cas ont totalisé 901 patientes et patients présentant un premier épisode psychotique et 1 237 témoins issus de la population locale. Les
participantes et participants étaient âgés de 18 à 64 ans et comptaient des hommes et des femmes en nombre égal.
Annual prevalence Prévalence annuelle
Number of cannabis related hospital admissions Nombre d’hospitalisations liées au cannabis
Sources : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels ; EMCDDA, « Statistical Bulletin 2020: prevalence and
patterns of drug use in the general population », et Gahr et al., « Incidence of Inpatient Cases with Mental Disorders Due to
Use of Cannabinoids in Germany ».
Note : Les diagnostics sont classés d’après les codes F12 (Troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation de
dérivés du cannabis) de la Classification internationale des maladies, dixième révision (CIM-10).
L’Afrique reste la seule région où le cannabis est à l’origine de la plus grande partie des demandes de
traitement de l’usage de drogues
La prévalence annuelle de l’usage de cannabis a été plus élevée en Afrique en 2020 que la moyenne mondiale et
a été estimée à 6,5 % de la population âgée de 15 à 64 ans. L’Afrique de l’Ouest et du Centre sont les endroits
de la région où la prévalence de l’usage a été la plus élevée, soit 9,7 %, ce qui équivaut à peu près à la prévalence
de l’usage de cannabis relevée pour l’année écoulée au Nigéria 46. La moitié du total des personnes traitées pour
des troubles liés à l’usage de drogues en Afrique en 2020 ont accédé à un traitement motivé principalement par
l’usage de cannabis (proportion bien plus élevée que dans toutes les autres régions), la proportion atteignant 55 %
en Afrique de l’Ouest, soit près de trois adultes sur 100 000 47. En Afrique du Nord, environ un tiers de l’ensemble
des personnes traitées pour des troubles liés à la l’usage de drogues l’ont été pour des troubles liés à l’usage de
cannabis 48. En Afrique du Sud, plus d’un tiers de l’ensemble des personnes ayant fréquenté un service spécialisé
en 2020 ont accédé à un traitement motivé principalement ou secondairement par l’usage de cannabis 49. La
plupart de ces personnes étaient âgées de 20 ans ou moins.
Note : « Europe » désigne ici les États membres de l’Union européenne, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse.
j
Pour plus d’informations sur la réglementation du cannabis dans chaque région concernée du Canada, des États-Unis et de l’Uruguay, voir
le tableau récapitulatif à la fin du présent chapitre et dans les précédents rapports mondiaux sur les drogues.
ivMary Catherine Cash et al., « Mapping Cannabis Potency in Medical and Recreational Programs in the United States »,
publié sous la direction de Tally Largent-Milnes, PLOS ONE 15, n o 3 (26 mars 2020): e0230167,
https://doi.org/10.1371/journal.pone.0230167.
v EMCDDA et Europol, Rapport sur les marchés des drogues dans l’UE 2019 (Luxembourg, Office des publications de l’Union
européenne, 2019).
vi ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
viiUniversité Western Ontario. « Cannabis Study Reveals How CBD Offsets the Psychiatric Side-Effects of THC »,
ScienceDaily (30 septembre 2019), d’après Hudson, Roger, Justine Renard, Christopher Norris, Walter J. Rushlow et Steven
R. Laviolette, « Cannabidiol Counteracts the Psychotropic Side-Effects of Δ-9-Tetrahydrocannabinol in the Ventral
Hippocampus through Bidirectional Control of ERK1–2 Phosphorylation », The Journal of Neuroscience 39, n o 44 (30
octobre 2019), p. 8762–8777.
[TEXT BOX
Les tendances du trafic d’herbe de cannabis sont difficiles à mettre au jour en Afrique
Les tendances du trafic d’herbe de cannabis restent difficiles à mettre au jour en Afrique à partir des données
relatives aux saisies, en raison de la grande irrégularité des déclarations des États Membres et de l’absence de
réelle distinction, dans certains pays, entre les saisies d’herbe et celles de pieds de cannabis de la part des services
de détection et de répression. Les saisies d’herbe réalisées en Afrique ont représenté 20 % du total mondial au
cours de la période 2016-2020, la plupart ayant été déclarées par des pays d ’Afrique du Nord (60 % du total des
saisies d’herbe réalisées en Afrique) ainsi que d’Afrique de l’Ouest et du Centre (33 %). Cela étant, ces chiffres
s’expliquent par un meilleur taux de présentation de données dans les pays d’Afrique du Nord. De fait, si l’on
prend en compte une période plus longue, pour obtenir une plus large couverture des données, la part de l’Afrique
de l’Ouest et du Centre est semblable à celle de l’Afrique du Nord.
[TEXT BOX
Terminologie relative au statut juridique du cannabis
Quelles sont les prescriptions des conventions en ce qui concerne le cannabis ?
Les conventions relatives aux drogues ne définissent pas les termes « décriminalisation », « dépénalisation » ni
« légalisation », mais ceux-ci sont souvent utilisés dans le débat sur les drogues, particulièrement dans le contexte
du cannabis. Les conventions contiennent néanmoins des dispositions « applicables en cas d’actes liés à la drogue
tels que la commission d’infractions graves, la commission d’infractions de moindre gravité et la commission
d’infractions par des personnes qui font usage de drogues » i.
En vertu des conventions internationales relatives au contrôle des drogues de 1961 et 1971, et sous réserve de
leurs dispositions, les États parties ont l’obligation générale de prendre des mesures pour limiter exclusivement
aux fins médicales et scientifiques la production, la fabrication, l ’exportation, l’importation, la distribution, le
commerce, l’emploi et la détention des stupéfiants ii. Ces dispositions s’appliquent aussi au cannabis, substance
soumise à contrôle en vertu de la Convention de 1961.
En conséquence, toute activité susmentionnée qui serait menée à des fins autres que médicales ou scientifiques
est incompatible avec les obligations juridiques incombant aux États parties. Les conventions internationales
relatives au contrôle des drogues n’imposent pas à ces derniers de créer des infractions pénales d’usage de
drogues. L’OICS a clarifié récemment que les « mesures visant à dépénaliser l’usage personnel et la détention de
petites quantités de drogues sont conformes aux dispositions des conventions relatives au contrôle des drogu es » i.
k
Les organisations à but non lucratif conformes à une approche de réduction des risques et des effets préjudiciables sont par vocation des
organisations sans but lucratif qui, en dehors de toute démarche commerciale, s’attachent à offrir un espace sécurisé pour la consommation
de cannabis. Leur activité est soumise aux règles de l’Autorité maltaise pour l’usage responsable de cannabis, qui exerce un contrôle de la
qualité et un suivi.
l
Est considérée comme adulte en Afrique du Sud une personne âgée de 18 ans et plus.
La dépénalisation est définie par l’OICS comme le « processus par lequel le législateur fait d’une infraction
“ pénale ” une infraction “ non pénale ” ». L’acte en question est toujours une infraction, mais il peut être traité
autrement que dans le cadre pénal iii.
La légalisation est fréquemment associée à la réglementation et à la commercialisation hors cadre médical et
scientifique de substances placées sous contrôle comme le cannabis, aucune sanction (qu’elle soit pénale,
administrative, civile ou autre) n’étant prévue en cas de production, de fabrication, d’exportation, d’importation
et de distribution.
La dépénalisation et la légalisation sont des notions bien distinctes, car si la dépénalisation, dans le contexte des
infractions de caractère mineur liées aux drogues, est conforme aux dispositions des conventions internationales,
ce n’est pas le cas de la légalisation iv.
La notion de décriminalisation a été utilisée dans différents contextes et différentes langues avec des sens
distinctsiii . D’après l’OICS, la stratégie de décriminalisation peut consister dans « l’adoption de mécanismes tels
que des mesures de déjudiciarisation décidées par la police, l’imposition de peines avec sursis et l’élargissement
du pouvoir discrétionnaire des procureurs comme alternative aux poursuites pénales ». À la différence de la
dépénalisation, la décriminalisation désigne une situation où certains actes, comme la détention et le commerce
de cannabis, restent des infractions pénales mais où les sanctions pénales existantes sont moins appliquées. La
décriminalisation ne nécessite pas toujours, à l’inverse de la dépénalisation, de modifier le cadre juridique.
L’OICS souligne la latitude dont les États disposent au titre des conventions relatives au contrôle des drogues
pour opérer des choix différenciés de politique générale et adopter des cadres juridiques qui évitent toute réponse
disproportionnée en cas d’infractions liées à la drogue de caractère mineur, ou en cas d’infractions commises par des
personnes qui font usage de droguesv, tout en veillant à l’efficacité des réponses apportées aux infractions liées à la
drogue de caractère grave.
i Voir Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2021 (E/INCB/2021/1), par. 371.
ii Voir l’article 4, alinéa c), de la Convention de 1961 et l’article 5, paragraphe 2, de la Convention de 1971.
iii Voir Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2021 (E/INCB/2021/1), par. 378.
iv Voir Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2021 (E/INCB/2021/1), par.376 et 377.
v Voir Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2021 (E/INCB/2021/1), par. 380 et 381.
Aux Pays-Bas et en Suisse, des lois ont été adoptées récemment pour réglementer les expériences scientifiques
sur le cannabis. En juillet 2020, le Gouvernement néerlandais a élargi sa réglementation pour autoriser une
expérience de culture et de production de cannabis pour l’approvisionnement des coffee shops 57. Cette
« expérience d’approvisionnement des coffee shops en circuit fermé » permettra à 10 cultivateurs de produire
légalement du cannabis pour l’approvisionnement des coffee shops de 10 municipalités participantes 58. Les
coffee shops de ces municipalités pourront vendre le cannabis produit par ces exploitations de cannabis pendant
la durée de l’expérience, qui sera de quatre ans, et fera l’objet d’une évaluation indépendante afin d’en observer
les effets sur la santé publique et la criminalité 59.
En 2021, la Suisse a adopté l’Ordonnance sur les essais pilotes au sens de la loi sur les stupéfiants (OEPStup),
qui définit le cadre juridique de la vente réglementée de cannabis. Les cantons, les communes, les universités et
d’autres organisations pourront mener des essais pilotes afin d’acquérir des connaissances scientifiques
concernant d’autres méthodes possibles de réglementation de l’usage non médical de cannabis. Seuls seront
admis à y participer des adultes en mesure de prouver qu’ils font déjà usage de cannabis. Les essais porteront
aussi sur différents produits cannabiques de diverses teneurs en THC et en CBD 60.
Analyser les incidences de la légalisation du cannabis
[CANNABIS | Analyser les incidences de la légalisation du cannabis]
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Les limites de l’évaluation des incidences de la légalisation du cannabis
Pour évaluer les effets de la légalisation du cannabis, plusieurs éléments doivent être pris en considération.
Il existe des différences systématiques entre les pays qui ont légalisé le cannabis et les contextes locaux peuvent
aussi être différents. Dès lors, la comparaison des résultats d’un lieu à l’autre ne répond pas aux conditions
d’une expérience naturelle et ne renseigne pas sur les effets de la légalisation du cannabis. L’observation du
changement d’un indicateur, avant et après, dans les pays qui ont légalisé le cannabis, par rapport à ceux qui ne
l’ont pas fait, peut aussi induire en erreur car les tendances d’un indicateur peuvent être indépendantes de la
situation en matière de légalisation.
Il est simplement impossible de sortir de leur contexte bon nombre des tendances observées dans la mesure
des résultats dans les pays et les États qui ont légalisé le cannabis, outre que ces mesures ne peuvent être
transposées à l’identique dans d’autres pays. En différents lieux, le degré de développement du marché du
cannabis, les réalités sociales et les politiques en place sont autant de facteurs susceptibles d’atténuer ou
d’amplifier de façon différente les effets de la légalisation du cannabis.
Il importe de noter que les effets de la légalisation sur la santé publique, la sécurité et la justice pénale vont
prendre plusieurs décennies à se manifester intégralement. Dans la plupart des lieux, la production de cannabis
et les chaînes d’approvisionnement du cannabis continuent d’évoluer et ne sont pas encore stabilisées. Une
période de quelques années après la légalisation de l’usage non médical du cannabis n’offre peut-être pas un
recul suffisant pour évaluer les effets de l’usage de cannabis sur la santé publique, car les marchés du cannabis
sont toujours en cours d’évolution i.
Les résultats d’une politique de légalisation du cannabis ne sont pas automatiques, à la différence des scénarios
souvent imaginés par un certain nombre d’études. Bien souvent, dans les pays concernés, le mouvement vers la
légalisation a été un phénomène constant d’évolution sur plusieurs générations. Dans la plupart des États des
États-Unis et des provinces et territoires du Canada, le chemin vers la légalisation est passé par des initiatives
autorisant l’usage médical du cannabis, toutes différentes dans leurs niveaux de tolérance et de restriction. À titre
d’exemple, les deux premiers États des États-Unis à légaliser le cannabis, le Colorado et Washington, avant même
que le public ne vote en faveur de la légalisation en 2012, disposaient de points de distribution de cannabis à
usage médical où étaient vendus des produits à base de cannabis. Ainsi, il existait une offre légale de cannabis
avant que la légalisation officielle ne soit effective, ce qui pourrait avoir eu un effet plus important sur l’ampleur
de l’usage de cannabis que la légalisation officielle ultérieure.
Le suivi des résultats de la légalisation du cannabis pose aussi certaines difficultés méthodologiques, notamment
en ce qui concerne les effets du cannabis sur la santé.
> La prévalence et la fréquence de l’usage de cannabis dont rendent compte les enquêtes de population sont
fondamentalement des habitudes autodéclarées et la sous-déclaration joue un rôle dans une certaine mesure,
phénomène que l’on observe également dans le cas de l’usage d’alcool. Le fait qu’une substance soit légale
ou non influe sur la volonté d’autodéclarer un comportement. En outre, il peut y avoir des difficultés à
appréhender et mesurer l’usage du grand nombre de produits cannabiques qui ont été introduits sur le marché,
dont les produits comestibles, les concentrés et les produits de vapotage : la question habituelle des enquêtes,
« Avez-vous fait usage de marijuana ? », peut être interprétée par certains répondants dans un sens plus étroit,
comme renvoyant uniquement au fait de fumer de l’herbe de cannabis.
> La déclaration des cas d’empoisonnement au cannabis, en particulier chez les enfants, peut constituer une
donnée simple, tandis que les statistiques sur les visites aux urgences et les hospitalisations attribuées à l’usage
de cannabis chez les adultes peuvent représenter, tout à la fois, l’évolution réelle du nombre de personnes
souffrant d’une affection liée à l’usage de cannabis, et l’inclination des personnes à se présenter aux services
de santé et à s’en prévaloir.
> Comme moyen d’observer la conduite sous l’emprise de la drogue, la mesure du taux de THC dans le sang
peut induire en erreur car le moment où les capacités sont le plus affaiblies n’intervient pas lorsque la
concentration de THC dans le sang atteint son maximum ou en est proche. En outre, l’usage simultané d’alcool
et de cannabis peut affaiblir davantage les capacités que le cannabis seul.
La légalisation du cannabis est complexe à évaluer et la littérature existante doit être abordée avec un esprit
critique. La légalisation du cannabis est susceptible d’avoir des effets différents selon le domaine concerné (santé
publique ou sécurité publique, par exemple), favorables dans certains cas et défavorables dans d’autres. Dans un
contexte de polarisation des points de vue sur la légalisation du cannabis, ses partisans sont souvent sélectifs
dans leur façon d’agréger ou de conjuguer différents indicateurs pour faire ressortir exclusivement les résultats
dont les tendances sont favorables à leurs conclusions préexistantes.
iWayne Hall et Michael Lynskey, « Assessing the Public Health Impacts of Legalizing Recreational Cannabis Use: The US
Experience », World Psychiatry 19, n o 2 (juin 2020), p. 179 à 186, https://doi.org/10.1002/wps.20735.
Santé publique
Évolution de l’ampleur de l’usage de cannabis dans la population adulte
L’usage de cannabis et la fréquence de cet usage ont augmenté dans les pays et territoires nationaux qui ont
légalisé l’usage non médical de cannabis.
Aux États-Unis et au Canada, l’usage de cannabis a commencé à augmenter bien avant la légalisation. Aux États-
Unis, le marché du cannabis a connu un net essor à partir de 2007-2008, bien avant que le premier État ne légalise
le cannabis, l’augmentation étant observée principalement pour l’usage quotidien et quasi quotidien de cannabis
et parmi les 18-25 ans et les 26 ans ou plus 64 . Dans son évolution à long terme, l’usage de cannabis au cours du
mois écoulé a diminué après avoir culminé en 1979, puis a augmenté de nouveau. L’importance de l’usage de
cannabis reste faible chez les femmes par rapport aux hommes, mais l’écart entre l’usage des deux sexes se réduit
(voir le chapitre intitulé « L’usage de cannabis dans le monde »).
Figure 17 Tendances à long terme de l’usage de cannabis au cours du mois écoulé aux États-Unis,
par groupe d’âge, 1971-2020
Prevalence (percentage) Prévalence (pourcentage)
12-17 years 12-17 ans
18-25 years 18-25 ans
26-34 years 26-34 ans
Source : « Results from the National Survey on Drug Use and Health: Detailed Tables » (Rockville, Maryland: Substance
Abuse and Mental Health Services Administration, Center for Behavioral Health Statistics and Quality, 2020).
La tendance des deux dernières décennies a été plus marquée (augmentation plus forte) là où l’usage non médical
du cannabis a été légalisé qu’ailleurs 65. La légalisation en tant que telle n’explique pas l’augmentation plus
importante de l’usage de cannabis dans les États où le cannabis a été légalisé. Les États qui ont légalisé l’usage
non médical du cannabis, à titre d’exemple le Colorado, connaissaient depuis longtemps un usage de cannabis
plus élevé que la moyenne nationale 66, 67.
L’expansion du marché a été précédée, dans les pays qui se sont engagés les premiers dans cette voie, par
l’adoption de mesures visant à autoriser l’usage médical de produits à base de cannabis et de l’herbe de cannabis.
L’ouverture de points de vente au détail, et de points de distribution physiques peu réglementés et recourant à
des définitions larges des affections dont il fallait justifier pour obtenir une recommandation médicale donnant
accès au cannabis médical, a modifié la perception des risques liés au cannabis ; permis d’accéder facilement aux
produits du cannabis, y compris à l’herbe de cannabis ; introduit des produits tels que les produits comestibles,
pour lesquels la stigmatisation associée à l’usage de cannabis (même à des fins médicales) était moindre ; et
contribué à une augmentation de l’usage de cannabis et des troubles liés à l’usage de cannabis, à tout le moins
parmi la population adulte 68, 69, 70, 71, 72, m.
Au Canada et en Uruguay, l’usage de cannabis a aussi augmenté après la légalisation, mais pas dans les mêmes
proportions qu’aux États-Unis. En Uruguay, l’augmentation de l’usage de cannabis est partie d’un niveau
beaucoup plus bas que dans les deux autres pays mentionnés.
Figure 20 Proportion de la population du Canada estimant que le cannabis crée une dépendance (est
addictif), 2018-2021
Among people who did not use cannabis in past month Parmi les personnes qui n’ont pas fait usage de
cannabis au cours du mois écoulé
m
L’usage fréquent de cannabis étant défini comme un usage égal ou supérieur à 300 jours au cours de l’année écoulée.
Among people who used cannabis in past month Parmi les personnes qui ont fait usage de cannabis au
cours du mois écoulé
Overall Total
Percentage Pourcentage
Source : « Consommation de cannabis – Blogue de données – Infobase de la santé publique ».
À la différence des États-Unis, la perception du cannabis comme pouvant être addictif a augmenté au Canada, en
particulier chez les personnes qui en font régulièrement usage, pour atteindre près de 90 % des personnes
interrogées en 2021 73.
Figure 21 Perception du risque lié à l’usage de cannabis chez les personnes qui en ont pris au cours
de l’année écoulée, par mode de consommation, Canada, 2018-2021
Percentage Percentage
Smoking Fumée
Eating Ingestion
Vaping Vapotage
Source : « Consommation de cannabis – Blogue de données – Infobase de la santé publique ».
Figure 22 Usage non médical de cannabis dans la population générale, Uruguay, 2001-2018
Prevalence (percentage) Prévalence (pourcentage)
Regulation allowing non-medical use of cannabis Adoption des textes autorisant l’usage non médical de
introduced cannabis
Lifetime use Usage au cours de la vie
Past-year use Usage au cours de l’année écoulée
Past-month use Usage au cours du mois écoulé
Perception of risk of occasional cannabis use Perception du risque lié à un usage occasionnel de
cannabis
Perception of risk (percentage) Perception du risque (pourcentage)
Source : « VII Encuesta Nacional Sobre Consumo De Drogas En Poblacion General » (Observatorio Uruguayo de Drogas,
Junta Nacional de Drogas (JND) – Uruguay, 2019).
Figure 23 Usage de cannabis et perception du risque chez les élèves de 10 e année aux États-Unis,
2001-2020
Index: 2001=100 Indice 100 = 2001
Risk of trying cannabis once or twice Risque lié au fait d’essayer le cannabis à une ou deux
reprises
Risk of smoking cannabis occasionally Risque lié au fait de fumer du cannabis
occasionnellement
Risk of smoking cannabis regularly Risque lié au fait de fumer du cannabis régulièrement
Past-year use Usage au cours de l’année écoulée
Past-month use Usage au cours du mois écoulé
Daily use (in past 30 days) Usage quotidien (au cours des 30 derniers jours)
Source : Johnston et al., « Monitoring the Future: National Survey Results on Drug Use 1970 -2020; Key Findings on
Adolescent Drug Use ».
Note : La figure représente l’évolution du nombre d’élèves qui perçoivent le fait d’essayer le cannabis à une ou deux
reprises ou d’en fumer occasionnellement ou régulièrement comme un comportement à risque.
Figure 24 Tendances de l’usage de cannabis parmi les élèves du secondaire âgés de 13 à 17 ans,
Uruguay, 2009-2018
Prevalence (percentage) Prévalence (pourcentage)
Regulation allowing non-medical use of cannabis Adoption des textes autorisant l’usage non médical de
introduced cannabis
n
La prévalence au cours de l’année écoulée a augmenté de 6,8 % à 16,3 % ; la prévalence au cours des 30 derniers jours a augmenté de
3,6 % à 9,2 % ; l’usage quotidien du cannabis par vapotage a cependant diminué de 2,4 % à 1,6 % entre 2019 et 2020.
o
De 22,7 % en 2005 à 20,6 % en 2019.
p
L’étude de Dickson et al. a montré que près de 70 % des points de distribution de cannabis du Colorado contactés recommandaient des
produits à base de cannabis aux femmes enceintes pour traiter les nausées survenant pendant les trois premiers mois de la grossesse.
Lifetime use Usage au cours de la vie
Past-year use Usage au cours de l’année écoulée
Past-month use Usage au cours du mois écoulé
Source : « VIII Encuesta Nacional Sobre Consumo De Drogas En Estudiantes de Enseñanza Media » (Observatorio
Uruguayo de Drogas, Presidente Junta Nacional de Drogas, 2020)
Figure 25 États-Unis : usage de cannabis au cours du mois écoulé chez les femmes âgées de 15 à 44 ans
et pendant la grossesse, 2002-2003 et 2019
Prevalence (percentage) Prévalence (pourcentage)
Women non pregnant Femmes non enceintes
Pregnant women Femmes enceintes
1 st trimester 1er trimestre
2 nd trimester 2e trimestre
3 er trimester 3e trimestre
Among pregnant women Chez les femmes enceintes
Sources : États-Unis, Substance Abuse and Mental Health Services Administration, Key Substance Use and Mental Health
Indicators in the United States: Results from the 2020 National Survey on Drug Use and Health (Rockville, MD: Center
for Behavioral Health Statistics and Quality, 2021) ; États-Unis, Substance Abuse and Mental Health Services
Administration, Key Substance Use and Mental Health Indicators in the United States: Results from the 2020 National
Survey on Drug Use and Health (Rockville, MD: Center for Behavioral Health Statistics and Quality, 2021) .
L’usage de cannabis a fortement augmenté aux États-Unis chez les femmes en âge de procréer (15-44 ans) et
chez les femmes enceintes, encore que dans une proportion moindre parmi ces dernières que parmi les femmes
non enceintes 90.
D’après les données d’enquête globales du système de suivi et de surveillance des risques pendant la grossesse
pour la période 2016-2018, recueillies auprès de 36 391 femmes aux États-Unis q, 91, le fait de résider dans un État
où l’usage non médical du cannabis est légalisé, a été associé de façon significative à une prévalence plus élevée
de toute forme d’usage de cannabis avant, pendant et après la grossesse r, 92. Ainsi, au Colorado, l’usage de
cannabis a fortement augmenté chez les femmes, avant et pendant la grossesse, et post-partum, depuis la
légalisation du cannabis.
q
L’échantillon final comptait 36 391 femmes vivant dans 16 États des États-Unis (Alaska, Colorado, Dakota du Nord, Dakota du Sud,
Hawaï, Kansas, Kentucky, Maine, Michigan, Missouri, Montana, New Hampshire, Vermont, Virginie-Occidentale, Washington et
Wisconsin), à qui des questions ont été posées en rapport avec l’usage de cannabis dans le cadre de l’enquête du système de suivi et de
surveillance des risques pendant la grossesse, et qui ont accouché entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2018, par rapport à un
échantillon pondéré de 15 486 000 femmes.
r
L’usage de cannabis chez les femmes enceintes était associé de façon significative au fait d’être plus jeune (18-29 ans ; 66 %) et célibataire
(68,6 %) ; et à un faible niveau d’instruction (de 12 années ou moins ; 55,6 %).
Au Colorado, les visites aux urgences et les hospitalisations liées au cannabis (y compris le traitement des
troubles liés à l’usage du cannabis et de la dépendance à cette substance) ont fortement augmenté à partir de
2013, mais se sont stabilisés dans l’ensemble à partir de 2018. Lors des visites aux urgences, les patientes et
patients peuvent présenter de l’anxiété, un accès de panique, un état d’intoxication manifeste, des vomissements
et d’autres symptômes non spécifiques qui ont pu être précipités par la consommation de produits à base de
cannabis de teneur variable en THC. Il peut s’agir, en particulier, de produits cannabiques comestibles à forte
teneur en THC, qui mettent plus de temps à atteindre leur effet psychoactif maximum, que la personne est dans
l’incapacité de réguler 95, 96.
La même tendance qu’au Colorado a été constatée en Californie où, après l’ouverture du marché de la vente au
détail, les visites et les admissions aux urgences liées au premier chef au cannabis ont augmenté de 56 % entre
2016 et 2019 97, 98.
Au Canada, la variation annuelle en pourcentage des cas liés au cannabis, d’après le Système canadien hospitalier
d’information et de recherche en prévention des traumatismes, a enregistré une augmentation de 30 % entre 2015
et 2018 99.
Figure 26 Colorado : consommation de cannabis chez les femmes avant et pendant la grossesse,
post-partum et durant la période d’allaitement, États-Unis, 2014-2019
Prevalence (percentage) Prévalence (pourcentage)
Before pregnancy Avant la grossesse
During pregnancy Pendant la grossesse
Postpartum Post-partum
Postpartum and currently breastfeeding Post-partum et durant la période d’allaitement
Source : Department of Public Health and Environment du Colorado, « Pregnancy Risk Assessment Monitoring System
(PRAMS) », données de la période allant de 2014 à 2019.
Figure 27 Colorado : visites aux services d’urgence et hospitalisations liées au cannabis, États-Unis,
2011-2020
Rate per 100,000 visits or hospitalizations Taux pour 100 000 visites ou hospitalisations
Emergency department visits Visites aux services d’urgence
Hospitalizations Hospitalisations
Source : Department of Public Health and Environment du Colorado, « Colorado Hospital Association data ».
Notes : La pandémie de COVID-19 a pu influer sur les taux du fait des changements intervenus dans l’utilisation des
services de santé. La prudence est donc de mise s’agissant de comparer aux précédents les chiffres présentés pour 2020.
Le Department of Public Health and Environment du Colorado dispose de trois définitions des hospitalisations et des
visites aux services d’urgence liées au cannabis qui comportent au moins un code de facturation se rapportant à l’usage de
cannabis parmi les 30 codes maximum pouvant être indiqués pour chaque visite.
s
Entre la période 2008-2010 et la période 2017-2019, les cas de pensées suicidaires ont augmenté de 64 %, les cas de projets de suicide de
80 % et les tentatives de suicide de 50 %, tandis que l’usage quotidien de cannabis a augmenté de 84 %.
t
L’étude a passé en revue les consultations psychiatriques de 1 247 patientes et patients âgés de 18 ans ou plus deux ans avant l’étude (avant
la légalisation) et celles de 1 368 patientes et patients au cours de la période qui a suivi la légalisation (cinq mois après celle-ci).
u
L’Enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES) est une étude de cohorte transversale réalisée à partir des données de
16 216 adultes âgés de 20 à 59 ans aux États-Unis.
v
Rapport des cotes = 1,90 ; indice de confiance = 95%, de 1,62 à 2,24.
w
Rapport des cotes = 2,29 ; indice de confiance = 95%, de 1,80 à 2,92.
Source : Figure élaborée par l’ONUDC à partir des données communiquées par les États des États-Unis dans le cadre de
l’Enquête nationale sur l’usage de drogues et la santé de 2002/03 à 2019/20.
Les données sur l’usage de cannabis comme substitut ou complément de l’alcool sont contrastées
Pour ce qui est de l’usage du cannabis comme substitut ou complément de l’alcool, les données disponibles sont
contrastées. D’après certaines études fondées sur des recensions de la littérature, la fonction de substitut serait
mieux établie que celle de complément 108, 109. Il existe cependant une forte corrélation positive entre la
consommation régulière de cannabis et d’alcool aux États-Unis et au Canada 110.
Dans l’ensemble, l’usage d’alcool au cours de l’année écoulée est resté stable entre 2008 et 2019 au Canada 111.
Aux États-Unis, l’usage d’alcool au cours du mois écoulé et l’hyperalcoolisation sont restés stables ou ont
légèrement augmenté, et l’usage de tabac a fortement diminué, tandis que l’usage de cannabis a nettement
augmenté x. Comme pour la consommation de cannabis, l’hyperalcoolisation au cours du mois écoulé était
sensiblement plus élevée dans les États qui ont légalisé l’usage non médical du cannabis que dans ceux qui ne
l’ont pas fait.
D’après les données sur les ventes d’alcool par habitant au Colorado, en Oregon et dans l’État de Washington,
ces ventes ont augmenté de 1,7 % au Colorado et légèrement baissé en Oregon et dans l’État de Washington
depuis la légalisation du cannabis ; il n’est donc pas avéré que la légalisation ait eu des effets importants sur les
ventes d’alcool dans ces États 112, 113 . En phase avec les tendances nationales, les ventes de bières par habitant y
ont diminué et les ventes de spiritueux par habitant y ont augmenté y.
D’après une autre étude, qui a analysé les données pour les États-Unis de l’Enquête nationale sur l’usage de
drogues et la santé, dans l’ensemble, l’usage d’alcool au cours de la vie, l’usage quotidien d’alcool et le nombre
moyen de verres par jour ont diminué entre 2002 et 2018 chez les adolescents et les individus âgés de 12 à 25 ans,
et que cette diminution a été plus rapide chez ceux qui faisaient usage de cannabis (quotidiennement et non
quotidiennement) que chez ceux qui n’en faisaient pas usage 114.
Note : Les données recouvrent la conduite d’un véhicule avec les facultés affaiblies par l’alcool et/ou la drogue, la
conduite d’un véhicule avec les facultés affaiblies par l’alcool et/ou la drogue causant des lésions corporelles ou la mort,
le défaut ou le refus de se soumettre à un contrôle pour vérifier la présence d’alcool et/ou de drogues, et le défaut ou le
refus de fournir un échantillon d’haleine ou de sang.
x
Pour les besoins de son analyse, l’ONUDC a pris en considération les États et territoires ayant légalisé le cannabis ci-après : Alaska,
Arizona, Californie, Colorado, Dakota du Sud, District de Columbia, Illinois, Maine, Massachusetts, Michigan, Montana, Nevada,
New Jersey, Nouveau-Mexique, New York, Oregon, Vermont, Virginie et Washington.
y
Les ventes de bière par habitant ont diminué de 3,6 % au Colorado, de 2,3 % dans l’État de Washington et de 3,6 % en Oregon. Les ventes
de spiritueux par habitant ont augmenté de 3,6 % au Colorado, de 2,3 % dans l’État de Washington et de 3,6 % en Oregon en 2018.
Figure 31 Expulsions et suspensions liées à la drogue dans les écoles publiques de Californie ,
de 2015/16 à 2018/19
Number of expulsions Nombre d’expulsions
Number of suspensions Nombre de suspensions
Expulsion Expulsions
Suspension Suspensions
Source : D’après les données présentées dans « Marijuana Impact on California, 2020 ».
Sécurité publique
Les données restent non concluantes quant au rôle de la légalisation du cannabis dans l’augmentation
des cas de conduite sous l’emprise de substances et des accidents de la route mortels
Les études sur les effets de la légalisation de l’usage non médical du cannabis pour ce qui est des accidents de la
route sont indécises dans leurs conclusions, et il n’y a guère de différence aux États-Unis dans les décès dus à
des accidents de la route liés au cannabis ou à l’alcool entre les États qui ont légalisé l’usage non médical du
cannabis et ceux qui n’ont pas fait 115, 116 .
Le nombre d’accidents mortels dans lesquels, à la suite d’un contrôle positif du conducteur, un cannabinoïde était
la seule substance présente, a augmenté, au Colorado, de 23 en 2013 à 42 en 2019 117. Cependant, si on a pu
observer une augmentation de la mortalité routière imputable à l’usage de cannabis dans certains États, dont le
Colorado, d’aucuns estiment que cette hausse tendancielle se serait produite qu’il y ait eu ou non légalisation de
l’usage non médical du cannabis 118.
Au Colorado, les citations pour conduite sous l’emprise d’un état altéré par l’usage de cannabis ont augmenté de
17 % entre 2014 et 2017, mais il y a eu un doublement des citations concernant le cannabis et d’autres drogues,
et un quadruplement de celles concernant le cannabis et l’alcool 119.
La proportion d’adultes déclarant avoir pris le volant dans les 2 à 3 heures après avoir fait usage de cannabis est
passée au Colorado d’environ 2,5 % en 2008 à 3,8 % en 2018 et est restée stable depuis lors 120. La proportion de
personnes suivant un traitement pour avoir conduit sous l’emprise d’une substance, principalement le cannabis,
a été multipliée par trois au cours de la même période.
Au Canada, parmi les personnes ayant fait usage de cannabis au cours des 12 derniers mois, 21 % ont déclaré en
2021 avoir pris le volant au moins une fois dans les deux heures après avoir fumé ou vapoté du cannabis, chiffre
inchangé par rapport à 2020 121. Le taux global de personnes inculpées pour conduite sous l’emprise de drogues
a été multiplié par cinq entre 2009 et 2020. Il est possible que cette augmentation soit due en partie à une meilleure
détection, plutôt qu’à une réelle augmentation de la conduite sous l’emprise de drogues 122.
Discipline scolaire : les délits liés au cannabis restent la principale catégorie de manquements
susceptibles d’entraîner le renvoi ou la suspension ou le signalement aux services de détection
et de répression
Si la consommation de cannabis reste stable, quoique à un niveau élevé, parmi les élèves de lycée, les données
provenant de deux États où le cannabis a été légalisé, la Californie et le Colorado, indiquent que les délits liés au
cannabis commis dans le cadre scolaire restent la principale catégorie de manquements susceptibles d’entraîner
le renvoi ou la suspension et/ou le signalement aux services de détection et de répression z, 123.
z
Au Colorado, les projets de loi no 12-046 du Sénat et no 12-1345 de la Chambre des représentants étaient orientés vers la réforme des
politiques scolaires de « tolérance zéro », ce qui peut avoir fait diminuer dans la période récente le nombre de cas de renvoi, de suspension et
de signalement aux services de détection et de répression.
Figure 32 Nombre de suspensions et d’expulsions faisant suite à des infractions liées au cannabis
dans les écoles publiques du Colorado, 2015-2020.
Number of suspensions Nombre de suspensions
Number of expulsions Nombre d’expulsions
Suspensions Suspensions
Expulsions Expulsions
Source : D’après les données relatives aux suspensions scolaires du Department of Education du Colorado.
Justice pénale
Les arrestations pour détention de cannabis ont fortement diminué chez les adultes
On assiste depuis plusieurs années aux États-Unis, y compris dans les États qui ont légalisé l’usage non médical
du cannabis, à un net recul du nombre absolu aussi bien que du taux des arrestations pour détention de cannabis
à usage personnel. Ces tendances ont commencé bien avant que les États ne commencent à autoriser l’usage
médical ou non médical de cannabis.
Néanmoins, au niveau des États qui ont légalisé l’usage non médical de cannabis, les arrestations pour détention
de cannabis ont nettement diminué pour les adultes, mais non pour les mineurs. La légalisation du cannabis
concerne expressément les adultes et, dans la plupart des cas, la détention reste une infraction pénale pour les
jeunes. Il est donc possible que la légalisation pour les adultes ait eu pour effet que la police a recentré son
attention sur l’application de la loi à l’égard des jeunes.
On constate dans les États qui ont légalisé l’usage non médical du cannabis une nette disparité dans le traitement
des adultes et des jeunes par le système de justice pénale en cas de détention de cannabis. Une étude comparant
sept États appliquant une politique de dépénalisation du cannabis et quatre États ayant légalisé l’usage non
médical de cannabis pour les adultes 124 a montré que le taux d’arrestation des adultes pour détention de cannabis
a diminué après l’entrée en vigueur de la dépénalisation dans le premier groupe d’États et après l’entrée en
vigueur de la légalisation dans le second, mais que la diminution du nombre de jeunes arrêtés pour détention de
cannabis à usage personnel n’était pas significative dans les États ayant légalisé le cannabis 125.
Au Colorado, le taux d’arrestation pour détention de cannabis a diminué de 42 % chez les mineurs (personnes
âgés de 10 à 17 ans), mais la part des jeunes a augmenté. En 2019, les mineurs ont représenté 48 % de l’ensemble
des arrestations pour détention de cannabis, contre 25 % en 2012 126. Sur la même période, le taux global
d’arrestation pour détention de cannabis a diminué de 71 %. La diminution est visible pour toutes les races, bien
que les disparités raciales se soient accentuées dans le taux d’arrestation.
Dans les États qui ont légalisé le cannabis, d’autres crimes ou délits liés au cannabis sont apparus, parmi lesquels
la culture de cannabis sur des terres du domaine public ; le commerce de cannabis entre États ; le détournement
de produits cannabiques hors de l’État ; et l’extraction clandestine de THC (laboratoires) 127 .
En ce qui concerne l’évolution des dépenses du système de justice pénale, la plupart des États qui ont légalisé le
cannabis n’enregistrent pas d’augmentation ou de diminution nette des dépenses par rapport aux tendances
nationales 128.
Tableau 2 Évolution des taux d’arrestation pour 100 000 habitants dans les États qui ont dépénalisé
la détention et l’usage de cannabis et dans ceux qui ont légalisé le cannabis, 2000-2016
Population Population
Youths (<18 y) Jeunes (moins de 18 ans)
Adults (≥18 y) Adultes (18 ans et plus)
States with decriminalization (Rates per 100,000 États ayant dépénalisé (taux pour 100 000
(95% Confidence Interval)) habitants, intervalle de confiance de 95%)
−59.16 (−75.91 to −42.41) -59,16 (de -75,91 à -42,41)
−131.28 (−154.21 to −106.23) -131,28 (de -154,21 à -106,23)
States with legalization (Rates per 100,000 (95% États ayant légalisé (taux pour 100 000 habitants,
Confidence Interval)) intervalle de confiance de 95 %)
−7.48 (−30.46 to 15.49) -7,48 (de -30,46 à 15,49)
−168.50 (−229.65 to −158.64) -168,5 (de -229,65 à -158,64)
Source : Andrew D. Plunk et al., « Youth and Adult Arrests for Cannabis Possession After Decriminalization and
Legalization of Cannabis », JAMA Pediatrics 173, n o 8 (1 er août 2019), p. 763.
Figure 34 Taux d’arrestation de personnes mineures (12-17 ans) en relation avec le cannabis
au Colorado, 2012-2019
Rate per 100,000 population Taux pour 100 000 habitants
Men Personnes de sexe masculin
Women Personnes de sexe féminin
Sources : Colorado Bureau of Investigation, National Incident-Based Reporting System ; Colorado State Demography
Office.
Les changements intervenus dans la criminalité violente et les délits contre les biens ne sont pas liés
à la légalisation du cannabis
En ce qui concerne les effets de la légalisation du cannabis sur la criminalité aa, les taux de la criminalité violente
et des délits contre les biens n’ont pas été, en 2019, d’après les chiffres déclarés par les autorités des États
concernés, fondamentalement différents dans les États des États-Unis qui avaient légalisé l’usage non médical
du cannabis et dans ceux qui ne l’avaient pas fait. Entre 2010 et 2019, les taux de la plupart des infractions
violentes (sauf le viol) ont diminué partout aux États-Unis, même si la baisse a été beaucoup moins prononcée
dans les États qui avaient légalisé le cannabis que dans le reste du pays 129.
Les différences de niveau et d’évolution qui existent d’un État à l’autre dans les taux de la criminalité violente
et des délits contre les biens ne peuvent être attribuées au fait que le cannabis y ait été légalisé (ou non) 130.
Au Canada, les taux de criminalité ont augmenté dans l’ensemble jusqu’en 2019 à compter de 2014, mais ont
diminué en 2020, même si ce changement est peut-être attribuable à la pandémie 131.
La vulnérabilité du commerce de cannabis, qui repose sur l’argent liquide, pourrait aussi avoir créé des incitations
à des infractions comme le cambriolage, le vol à l’étalage et le vol qualifié. Une étude fondée sur des données
aa
Pour les besoins de son analyse, l’ONUDC a pris en considération les États et territoires ayant légalisé le cannabis ci-après : Alaska,
Arizona, Californie, Colorado, Dakota du Sud, District de Columbia, Illinois, Maine, Massachusetts, Michigan, Montana, Nevada,
New Jersey, New York, Nouveau-Mexique, Oregon, Vermont, Virginie et Washington.
provenant de trois grandes villes de l’État de Washington a montré que le commerce de cannabis n’a pas eu
d’incidence significative sur la criminalité générale dans un type de quartier en particulier, mais a apporté des
preuves solides d’une augmentation des délits contre les biens à proximité des points de distribution de cannabis
dans les quartiers à faible revenu 132.
Il est ressorti d’une étude menée à Denver, dans l’État du Colorado, que sauf pour le cas des homicides et des
vols de voitures, les points de distribution de cannabis étaient associés à une augmentation statistiquement
significative de la criminalité et des désordres dans certains quartiers 133. Les conclusions de cette étude indiquent
que les cambriolages et les vols qualifiés dans ces points de distribution et à proximité pourraient être liés au
cannabis, dans la mesure où il s’agit d’un produit attirant les convoitises dont l’économie repose exclusivement
sur l’argent liquide 134.
Figure 35 Taux publiés par les autorités des États-Unis concernant la criminalité violente et les délits
contre les biens, 2019
Violent crimes Criminalité violente
Rate per 100,000 population Taux pour 100 000 habitants
Violent crime Faits de violence
Murder Homicides
Rape Viols
Robbery Vols qualifiés
Aggravated assault Voies de fait graves
Property crimes Délits contre les biens
Property crime Délits contre les biens
Burglary Cambriolages
Larceny-theft Larcins
Motor vehicle theft Vols de véhicules à moteur
In states that legalized cannabis Dans les États qui ont légalisé le cannabis
In states that did not legalize cannabis Dans les États qui n’ont pas légalisé le cannabis
Source : Figure élaborée par l’ONUDC à partir du document intitulé « Crime in the United States » (Department of Justice
des États-Unis, Federal Bureau of Investigation, Criminal Justice Information Services Division, 2019).
Figure 36 Évolution des taux publiés par les autorités concernant la criminalité violente et les délits
contre les biens aux États-Unis, 2010-2019
Changes over 2010-2019 (percentage) Évolution sur la période 2010-2019 (pourcentage)
Violent crime Faits de violence
Murder Homicides
Rape Viols
Robbery Vols qualifiés
Aggravated assault Voies de fait graves
Property crime Délits contre les biens
Burglary Cambriolages
Larceny-theft Larcins
Motor vehicle theft Vols de véhicules à moteur
In states that legalized cannabis Dans les États qui ont légalisé le cannabis
In states that did not legalize cannabis Dans les États qui n’ont pas légalisé le cannabis
Source : Figure élaborée par l’ONUDC à partir du document intitulé « Crime in the United States » (Department of Justice
des États-Unis, Federal Bureau of Investigation, Criminal Justice Information Services Division, 2019) .
Figure 37 Évolution de la criminalité globale, de la criminalité violente et des délits contre les biens
au Canada, d’après les données publiées par les autorités canadiennes, 2010-2020
Rate per 100,000 population Taux pour 100 000 habitants
Total crimes Criminalité globale
Violent crimes Criminalité violente
Property crimes Délits contre les biens
Other crimes Autres délits
Breaking and entering Introduction par effraction
Robbery Vols qualifiés
Shoplifting of $5,000 or under Vols à l’étalage de 5 000 dollars ou moins
Theft of $5,000 or under Vols de 5 000 dollars ou moins
Motor vehicle theft Vols de véhicules à moteur
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, Programme de
déclaration uniforme de la criminalité.
Figure 38 Recettes fiscales mensuelles de l’État de l’Oregon sur les ventes de cannabis, 2016-2021
Millions of dollars Millions de dollars
January Janvier
February Février
March Mars
April Avril
May Mai
June Juin
July Juillet
August Août
September Septembre
October Octobre
November Novembre
December Décembre
Source : Department of Revenue de l’Oregon.
Là où le cannabis a été légalisé, le marché illégal continue d’exister parallèlement au marché légal
Si les marchés du cannabis se développent, et si la part des sources « légales » progresse là où le cannabis a été
légalisé, le marché illégal continue aussi d’exister dans ces États. En 2021, près de la moitié des Canadiens ont
obtenu leur cannabis à usage non médical auprès d’une source non autorisée ou illégale 137, et au quatrième
trimestre de 2021, près de 40 % des dépenses des ménages en produits du cannabis ont concerné des produits
obtenus de sources non autorisées. En ce qui concerne l’Uruguay, en février 2022, sur 158 000 personnes ayant
consommé au cours du mois écoulé (nombre estimé en 2018), environ 69 000 s’étaient procurées du cannabis sur
le marché légal. Ce marché a donc alimenté moins de la moitié des usagères et usagers réguliers 138.
En 2019, on considérait que le marché illégal du cannabis représentait environ les trois quarts des ventes de cette
substance en Californie 139. Dans d’autres États, entre autres celui de Washington, le Colorado et l’Oregon, pour
lesquels on ne dispose pas d’estimation de la taille ou de l’ampleur du marché illégal, ce marché semble s’être
maintenu parallèlement au marché légal/réglementé 140.
Le marché illégal parallèle continue d’exister pour diverses raisons, entre autres les différences de prix
imputables à la taxation entre les sources légales et illégales, le fait que certaines unités territoriales des États
décident de ne pas appliquer les mesures de légalisation du cannabis et l’existence d’individus ou de groupes qui
cultivent du cannabis sans autorisation sur des terres du domaine public ou de groupes criminels organisés qui se
livrent au trafic de cannabis hors des frontières l’État 141, 142, 143, 144 .
Figure 41 Ventes au détail trimestrielles de cannabis dans l’État de Washington et recettes fiscales
trimestrielles de l’État sur ces ventes, 2018-2021
State sales tax (millions of dollars) Taxe sur les ventes imposée par l’État (en millions
de dollars)
Retail value (millions of dollars) Valeur des ventes au détail (en millions de dollars)
Estimated state sales tax collections Montant estimatif des recettes fiscales provenant de la
taxe sur les ventes
Retail values subject to tax Valeur imposable des ventes au détail
Q1 T1
Q2 T2
Q3 T3
Q4 T4
Source : Department of Revenue de l’État de Washington.
Figure 42 Prix mensuels du cannabis dans quatre États des États-Unis qui ont légalisé le cannabis
Price per ounce (dollars) Prix à l’once (en dollars)
Legalization Légalisation
Months since legalization Mois écoulés depuis la légalisation
Colorado Colorado
Washington Washington
Oregon Oregon
California Californie
Source : D’après la figure présentée dans Dills et al., « The Effect of State Marijuana Legalizations: 2021 Update ».
De grandes entreprises, y compris des secteurs de l’alcool et du tabac, investissent dans le secteur
du cannabis
La taille du marché légal du cannabis atteint au total 30 milliards de dollars aux États-Unis 145. En raison du
potentiel de croissance supplémentaire anticipé par les projections, on assiste à une augmentation de l’influence
et des investissements de grandes entreprises, y compris des secteurs de l’alcool et du tabac, qui investissent dans
le secteur du cannabis en Amérique du Nord 146. Un problème tient notamment à ce qu’en général, la pratique de
certains États consistant à limiter le nombre de licences de production de cannabis favorise les acteurs qui jouent
de leur influence pour créer des monopoles, tandis que dans d’autres États, les grandes entreprises qui investissent
dans le secteur du cannabis agrandissent leur part de marché. En dominant le marché, les grandes entreprises sont
en mesure d’influencer le cadre réglementaire à leur avantage et d’évincer les petites entreprises et la production
artisanale de cannabis 147, 148.
Les produits cannabiques de forte puissance se sont multipliés
Là où le cannabis a été légalisé aux États-Unis et au Canada, on assiste aussi à une diversification des produits
du cannabis et des modes d’usage et à une évolution de l’offre au niveau de la puissance des produits, par rapport
à la teneur en THC. La puissance (teneur en THC) relevée dans les saisies de fleurs de cannabis aux États-Unis
a plus que doublé depuis 2000, pour atteindre environ 14 % en 2019, mais on trouve sur le marché des produits
dont la teneur en THC peut dépasser 20 % dans certains États qui ont légalisé cette drogue et, en particulier, des
concentrés de puissance bien supérieure 149, 150, 151, 152, 153 .
C’est ainsi que la part des autres produits du cannabis augmente au Colorado, même si la fleur de cannabis y
reste le principal produit vendu 154.
Tableau 3 Teneur moyenne en THC par gramme de produit cannabique vendu au Colorado, 2020
Product Produit
Average THC (percentage) by weight Teneur moyenne en THC (pourcentage) au poids
Flower Fleur
Shake/Trim Restes/Résidus de taille
Concentrates Concentrés
500 mg cartridge (each) Cartouche de 500 mg (par unité)
Oil Huile
Resin Résine
Shatter « Shatter » (puissant concentré)
Sugar Sucre
Wax Cire
Butter Beurre
Hash Haschisch
Source : « 2020 Regulated Marijuana Market Update » (Department of Revenue du Colorado, Marijuana Enforcement
Division).
Note : La teneur moyenne en THC (%) au poids signifie que si 1 g de cannabis contient 10 % de THC, il en contient environ
100 mg.
Vue d’ensemble : le groupe de drogues des opioïdes – une famille étendue de substances
Les opioïdes sont un groupe de drogues comprenant un ensemble de substances, à savoir les opiacés et leurs analogues
synthétiques, qui agissent sur les récepteurs opioïdes mu (μ), delta (Δ) et kappa (Κ) dans le corps humain, déprim ent
la respiration, augmentent les sentiments de plaisir et bloquent les messages de douleur du système nerveux 1. Les
opiacés sont des alcaloïdes naturels présents dans le pavot à opium, comme la morphine, la codéine et la thébaïne. Leurs
dérivés semi-synthétiques sont notamment l’héroïne, l’hydrocodone, l’oxycodone et la buprénorphine. La classe des opioïdes
englobe également un ensemble d’opioïdes synthétiques ou pharmaceutiques, tels que la méthadone, la péthidine, le tramadol
et le fentanyl2.
a
Pour une analyse plus approfondie, voir le Rapport mondial sur les drogues 2021.
b
Selon le Lexicon of Alcohol and Drugs Terms (Lexique terminologique sur l’alcool et les drogues) publié par l’OMS, un agoniste est une
substance qui agit sur les récepteurs neuronaux pour produire des effets similaires à ceux d’une drogue de référence. Par exemple, la méthadone
est un agoniste de la morphine au niveau des récepteurs opioïdes.
c
Selon le Lexicon of Alcohol and Drugs Terms de l’OMS, un antagoniste est une substance qui contrecarre les effets d’une autre substance ou
d’un autre agent. Sur le plan pharmacologique, un antagoniste interagit avec un récepteur pour inhiber (contrer ou arrêter) l’action de la
substance qui produit des effets spécifiques que ce récepteur médie. La méthadone est un agoniste opioïde, tandis que la buprénorphine est un
agoniste et un antagoniste partiel des récepteurs opioïdes.
7,930 tons of opium 7 930 tonnes d’opium
Entre 1 177 et 1 477 tonnes consommées sous forme
1,177–1,477 tons consumed as opium
d’opium
6,438–6,738 tons processed into heroin Entre 6 438 et 6 738 tonnes transformées en héroïne
495–755 tons of heroin produced Entre 495 et 755 tonnes d’héroïne produites
GLOBAL NUMBER OF USERS 2020 NOMBRE D’USAGERS DANS LE MONDE 2020
opioid users Usagers d’opioïdes
61 million 61 millions
opiate users Usagers d’opiacés
31 million 31 millions
GLOBAL SEIZURES* 2020 SAISIES DANS LE MONDE* 2020
39 tons 39 tonnes
Pharmaceutical opioids Médicaments opioïdes
46 tons 46 tonnes
Morphine Morphine
115 tons 115 tonnes
Heroin Héroïne
992 tons 992 tonnes
Opium Opium
* Les quantités saisies n’ont pas été ajustées compte tenu de
* Quantities seized have not been adjusted for purity.
la pureté.
Change from previous year Variation par rapport à l’année précédente
-83% -83%
+22% +22%
+19% +19%
+37% +37%
[TEXT BOX
Exemple de l’interaction entre différents opioïdes : États-Unis
Aux États-Unis, le marché des opioïdes oscille depuis longtemps entre usage d’héroïne et usage non médical de
médicaments opioïdes. L’épidémie d’usage non médical d’opioïdes est caractérisée aujourd’hui par le mélange de
fentanyls à l’héroïne ou parfois le remplacement intégral de cette dernière par des fentanyls.
L’usage non médical de médicaments opioïdes a commencé d’augmenter en 1997, en même temps qu’augmentait
la prescription d’opioïdes pour le traitement de la douleur, en particulier de la douleur chronique non cancéreuse, le
nombre de ces prescriptions ayant bondi de plus de 500 % entre l’année en question et 2005 i.
Un des facteurs qui a incité les personnes entamant une consommation à opter de plus en plus pour l’usage non
médical de médicaments opioïdes tient au fait que ces substances étaient considérées comme plus sûres que
l’héroïne, car elles n’étaient pas réprouvées comme les drogues « illicites » et elles fluctuaient moins en qualité ou
en dosage. Une étude réalisée au cours de la période 2010-2013 a montré que les personnes qui avaient récemment
entamé un usage d’opioïdes étaient plus souvent des hommes et des femmes relativement âgés vivant dans des zones
assez peu urbanisées (75 %) dont le premier contact avec les opioïdes s’était fait, dans la plupart des cas (75 %), par
l’intermédiaire de produits pharmaceutiques ii ; par contraste, les personnes interrogées qui avaient commencé à faire
usage d’héroïne dans les années 1960 étaient principalement des hommes jeunes (83 %) et le premier opioïde dont
ils avaient fait usage était le plus souvent l’héroïne.
À partir de 2006, une augmentation progressive de l’usage d’héroïne a été observée dans certaines régions des États-Unis ;
elle a été attribuée principalement à la disponibilité sur le marché d’une héroïne plus pure et moins chère que par le passé,
ainsi qu’à une modification de la formulation des médicaments opioïdes, rendus plus résistants à l’écrasement et moins
susceptibles de mésusage. Le passage de l’usage non médical de médicaments opioïdes à l’usage d’héroïne a, dans bien des
cas, en particulier chez les jeunes, constitué une étape vers la dépendance pour un sous-groupe de personnes qui faisaient un
usage non médical de médicaments opioïdes mais qui, considérant trop coûteux de maintenir leur mode de consommation,
sont passées à l’héroïne parce que celle-ci leur est apparue comme plus régulièrement disponible auprès des revendeurs, plus
puissante et plus efficace par rapport au prix que les médicaments opioïdesiii.
Entre les périodes 2002-2004 et 2011-2013, l’usage d’héroïne a augmenté de 139 % chez les personnes qui avaient
déclaré faire un usage non médical de médicaments opioïdes iv. Une étude s’appuyant sur des données nationales
pour la période 2002-2004 a permis de constater que, dans la population âgée de 18 ans et plus, les personnes qui
prenaient de l’héroïne étaient 3,9 fois plus susceptibles de déclarer avoir fait un usage non médical d ’opioïdes au
cours de l’année écoulée et 2,9 fois plus susceptibles de répondre aux critères d ’abus d’opioïdes ou de dépendance
aux opioïdes que les personnes qui n’en prenaient pas v.
Il ressort des données disponibles pour les États-Unis que, sous certaines conditions, une disponibilité accrue
d’héroïne à des prix compétitifs peut conduire à une augmentation générale de l’usage d’héroïne en dépit de l’image
négative de cette substance vi. L’augmentation de la disponibilité d’héroïne enregistrée entre 2005 et 2018 vii a été
alimentée par les personnes qui faisaient mésusage d’opioïdes soumis à prescription. Après que la prescription de
ces médicaments a été soumise à un contrôle renforcé, ce groupe s’est tourné principalement vers l’héroïne ii.
D’après les estimations, en 2020, 9,5 millions de personnes aux États-Unis avaient fait un usage non médical
d’opioïdes au cours de l’année écoulée. Sur ce nombre, 9,3 millions avaient fait un usage non médical de
médicaments opioïdes, 902 000 avaient pris de l’héroïne et environ 700 000 avaient consommé à la foisviii de
l’héroïne et des médicaments opioïdes (hors cadre médical). Parallèlement, la présence d’héroïne a nettement plus
souvent été constatée lors des analyses post-mortem des cas de décès par surdose de droguesix. Cependant, la plupart
des augmentations récentes des décès par surdose attribuables à l’héroïne en Amérique du Nord semblent être dues
à des fentanyls que les revendeurs ou les trafiquants ajoutent à l’héroïne x.
iSarah G. Mars et al., « “Every ‘Never’ I Ever Said Came True”: Transitions from Opioid Pills to Heroin Injecting »,
International Journal of Drug Policy 25, n o 2 (mars 2014), p. 257 à 266, https://doi.org/10.1016/j.drugpo.2013.10.004.
ii
Theodore J. Cicero et al., « The Changing Face of Heroin Use in the United States: A Retrospective Analysis of the Past
50 Years », JAMA Psychiatry 71, n o 7 (1 er juillet 2014), p. 821, https://doi.org/10.1001/jamapsychiatry.2014.366.
iii
Wilson M. Compton, Christopher M. Jones et Grant T. Baldwin, « Relationship between Nonmedical Prescription-Opioid
Use and Heroin Use », publié sous la direction de Dan L. Longo, New England Journal of Medicine 374, n o 2 (14 janvier
2016), p. 154 à 163, https://doi.org/10.1056/NEJMra1508490.
ivChristopher M. Jones et al., « Vital Signs: Demographic and Substance Use Trends Among Heroin Users – United States,
2002-2013 », Morbidity and Mortality Weekly Report 64, n o 26 (10 juillet 2015), p. 719 à 725.
vWilliam C. Becker et al., « Non-Medical Use, Abuse and Dependence on Prescription Opioids among U.S. Adults:
Psychiatric, Medical and Substance Use Correlates », Drug and Alcohol Dependence 94, n o 1 à 3 (avril 2008), p. 38 à 47,
https://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2007.09.018.
viPour l’année 2020, l’Enquête nationale sur l’usage de drogues et la santé a révélé que la part de la population âgée de 12 ans
et plus qui considérait l’usage hebdomadaire ou bihebdomadaire d’une substance comme présentant un « risque majeur pour la
santé » était de 22 % pour la marijuana, de 85 % pour la cocaïne et de 93 % pour l’héroïne (SAMHSA, Results from the 2020
National survey on Drug Use and Health: Detailed Tables, Rockville, octobre 2021).
vii
National Institute on Drug Abuse, « Prescription Opioids and Heroin Research Report. Increased Drug Availability Is
Associated with Increased Use and Overdose », 2020; Congressional Research Service, Heroin Trafficking in the United
States, 2019.
viii
Ces estimations sont fondées sur l’Enquête nationale sur l’usage de drogues et la santé,
https://www.samhsa.gov/data/sites/default/files/2021-10/2020_NSDUH_Highlights.pdf. En raison des difficultés courantes
d’ordre méthodologique propres aux enquêtes auprès des ménages, eu égard au fait, notamment, que certaines personnes
souffrant de troubles liés à l’usage d’opioïdes ne font pas partie de la base de sondage de l’enquête (sans-abri et personnes en
institutions, par exemple) ou n’ont pas déclaré leur usage parce qu’il est mal perçu socialement, il est probable que les chiffres
présentés soient sous-estimés.
ixNational Institute on Drug Abuse, « Overdose Death Rates », National Institute on Drug Abuse, 20 janvier 2022,
https://nida.nih.gov/drug-topics/trends-statistics/overdose-death-rates.
x Department of Justice des États-Unis, Drug Enforcement Administration, 2020 National Drug Threat Assessment, 2021 .
Figure 47 Production mondiale d’opium, 1998-2021, et quantités d’opiacés saisies dans le monde, 1998-
2020
Opium production (tons) Production d’opium (tonnes)
Seizures of opiates (tons of opium equivalents) Saisies d’opiacés (tonnes d’équivalent opium)
Opium production Production d’opium
Seizures of heroin (in opium equivalents) Saisies d’héroïne (équivalent opium)
Seizures of morphine (in opium equivalents) Saisies de morphine (équivalent opium)
Seizures of opium Saisies d’opium
Source : ONUDC, enquêtes sur la production d’opium dans divers pays et réponses au questionnaire destiné aux rapports
annuels ; et autres sources officielles.
Note : Un rapport de 10 à 1 a été utilisé pour convertir les quantités d ’opium en équivalent héroïne.
Un recul s’est produit en 2020 sur fond de tendance à la hausse sur le long terme
Les saisies d’opioïdes pharmaceutiques ont connu une tendance apparente à la hausse au cours de la dernière
décennie, bien que les saisies déclarées aient diminué de 83 % en 2020.
Toutefois, la plus grande partie de la baisse enregistrée en 2020 est imputable au fait que certains États Membres
n’ont pas présenté de données, notamment en Afrique de l’Ouest et du Nord (où le trafic de tramadol à usage non
médical constitue une menace majeure) et en Asie (où le mésusage de codéine est répandu) 22. À supposer que les
pays n’ayant pas présenté de données aient saisi, en moyenne, des quantités de médicaments opioïdes analogues à
celles de l’année précédente, la baisse globale en 2020 serait ramenée à 14 %, et les chiffres pour 2020 seraient
encore parmi les plus élevés de ces dernières années.
d
Calculs fondés sur un coefficient de conversion supposé de 10 kg d’opium pour 1 kg de morphine ou d’héroïne.
Figure 48 Quantités de médicaments opioïdes saisies dans le monde, 2010-2020
Tons equivalents Équivalent tonnes
Estimate of pharmaceutical opioids for non-reporting Estimation relative aux médicaments opioïdes pour les
countries pays n’ayant pas présenté de données
Other pharmaceutical opioids Autres médicaments opioïdes
Fentanyl and analogues Fentanyl et ses analogues
Codeine Codéine
Tramadol Tramadol
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Notes : Les données se rapportent aux saisies d’opioïdes déclarées par les États Membres à l’ONUDC dans l’ancienne
version du questionnaire destiné aux rapports annuels, sous la catégorie « médicaments opioïdes ». Pour la nouvelle version
du questionnaire, les catégories de saisies suivantes ont été retenues : buprénorphine, codéine, désomorphine, fentanyl et ses
analogues, méthadone, oxycodone et tramadol, ainsi que médicaments opioïdes en général. Cependant, toutes ces substances
ne sont pas nécessairement destinées à la médecine humaine ; certaines sont également utilisées en médecine vétérinaire.
Parmi les analogues du fentanyl approuvés comme médicaments à usage humain, on trouve l ’alfentanil, le fentanyl, le
rémifentanil et le sufentanil. Un autre analogue (le carfentanil) est approuvé pour un usage vétérinaire. Certains États
Membres signalent également des substances (telles que le furanylfentanyl) qui ne sont habituellement pas approuvées pour
un usage médical. Les données sur les saisies communiquées par les États Membres à l’ONUDC pour 2020 indiquent une
baisse significative, qui ne reflète toutefois pas nécessairement la situation réelle. De fait, une grande partie de la baisse tient
à ce que certains États Membres n’ont pas utilisé le nouveau questionnaire destiné aux rapports annuels, qui doit être rempli
en ligne, modalité pouvant constituer un obstacle pour certains pays. Les données accompagnées de la mention « 2020
(estimation) » renvoient aux quantités globales dont il semble probable qu’elles aient été saisies, considérant que les pays qui
n’ont pas déclaré de saisies pour l’année 2020 peuvent cependant avoir enregistré cette année-là des saisies de quantités
analogues à celles de l’année précédente.
Figure 49 Quantités de médicaments opioïdes saisies dans le monde, ajustées compte tenu de la pureté
et exprimées en S-DDD, 2020
Million S-DDD Millions de S-DDD
Fentanyl Fentanyl
Carfentanil Carfentanil
Codeine Codéine
Tramadol Tramadol
Methadone Méthadone
Buprenorphine Buprénorphine
Oxycodone Oxycodone
Dexomorphine Dexomorphine
Oxymorphone Oxymorphone
Non-specified opioids Opioïdes non spécifiés
Sources : Calculs de l’ONUDC d’après les réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels ; OICS, Stupéfiants :
Évaluations des besoins du monde pour 2021 – Statistiques pour 2019 (E/INCB/2020/2) ; et OICS, Substances psychotropes :
statistiques pour 2021 – Évaluations des besoins médicaux et scientifiques annuels (E/INCB/2020/3).
Note : S-DDD signifie « dose quotidienne déterminée à des fins statistiques ». Selon la définition de l’OICS, c’est une unité
technique de mesure utilisée aux fins de l’analyse statistique et non une recommandation posologique ; les doses réelles
peuvent différer en fonction des traitements requis et des pratiques médicales. On trouvera dans l ’annexe méthodologique
figurant dans la version en ligne du présent rapport des détails relatifs aux S-DDD utilisées pour ces calculs et aux
ajustements effectués compte tenu de la pureté.
Le tramadol, opioïde non placé sous contrôle international, a représenté 54 % des quantités déclarées de
médicaments pharmaceutiques saisis pendant la période 2016-2020, suivi de la codéine (38 %), saisie
principalement sous forme de sirops contre la toux, et du fentanyl et de ses analogues (3 %).
Aussi bien les quantités fabriquées que les quantités saisies de tramadol ont commencé de diminuer après que la
substance a été placée sous contrôle national par l’Inde selon un régime amélioré en 2018.
Néanmoins, le trafic de tramadol n’a pas disparu et s’est déplacé en partie sur le dark Web. En 2020, les autorités
indiennes ont annoncé le démantèlement, pour la première fois, d ’un important réseau criminel international de
trafic de tramadol non médical et d’autres substances psychoactives sur le dark Web e. De même, une année plus
tard, une coopération internationale renforcée a permis de détecter et de faire cesser un trafic international de
tramadol, ainsi que de tapentadol, analgésique opioïde d’apparition récente qui n’est pas non plus sous contrôle
international et semble avoir remplacé en partie le tramadol sur certains marchés f.
La ventilation globale des opioïdes saisis change, cependant, une fois les quantités déclarées transformées en doses
quotidiennes déterminées à des fins statistiques (S-DDD) g : on est fondé à penser que 90 % de ces quantités ont
concerné divers fentanyls en 2020.
Les données disponibles indiquent aussi des déplacements constants parmi les opioïdes synthétiques les plus
puissants, y compris les substances liées au fentanyl 23 et entre les substances liées au fentanyl et les opioïdes
synthétiques autres que le fentanyl, qui ont commencé de remplacer les fentanyls dans certains cas 24.
e
Les saisies ont été effectuées dans le cadre de l’opération spéciale de renseignement « Trance » de l’OICS (voir
https://www.incb.org/incb/en/news/press-releases/2020/major-tramadol-trafficking-network-dismantled-under-incbs-operation-trance.html).
f
En 2021, le projet « OPIOIDS » (Partenariats opérationnels contre la distribution et la vente illicites d’opioïdes) de l’OICS a coordonné
l’opération « New Horizons », où plus de 160 agents de 90 services et organisations internationales ont collaboré pour détecter et empêcher le
trafic international de tramadol et de tapentadol (voir https://www.incb.org/incb/en/news/news_2021/incb-operation-new-horizons-identifies-
new-trafficking-in-tapentadol--an-emerging-synthetic-opioid.html).
g
S-DDD signifie « dose quotidienne déterminée à des fins statistiques ». Selon la définition de l’OICS, la S-DDD est une unité technique de
mesure utilisée aux fins de l’analyse statistique et non une recommandation posologique ; les doses réelles peuvent différer en fonction des
traitements requis et des pratiques médicales. On trouvera dans l’annexe méthodologique au présent rapport des détails relatifs aux S-DDD
utilisées pour ces calculs.
Figure 50 Usage d’opioïdes dans le monde et tendances signalées en la matière, 2010-2020
Number of users (millions) Usagères et usagers (millions)
Use trends index (2010 = 100) Tendances de l’usage, indice base 100 = 2010
Annual prevalence (percentage) Prévalence annuelle (pourcentage)
Number of users Nombre d’usagères et d’usagers
Trends index Indice des tendances
Prevalence of use Prévalence de l’usage
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : Après 2016, on a eu accès à des données sur la prévalence de l’usage et le nombre d’usagères et d’usagers pour deux
pays très peuplés d’Asie et d’Afrique, à savoir l’Inde et le Nigéria. Les estimations mondiales s’en sont trouvées nettement
améliorées, mais leur comparabilité avec les estimations antérieures est limitée. L’indice des tendances de l’usage d’opioïdes
se fonde sur les informations qualitatives relatives aux tendances de l’usage d’opioïdes communiquées par les États Membres
(soit, en moyenne, 52 pays par an au cours de la période 2010-2020). La courbe des tendances est calculée sur la base du
nombre de pays signalant une hausse, dont est déduit le nombre de pays signalant une baisse (2 points pour « forte hausse »,
1 point pour « légère hausse », 0 point pour « stable », -1 point pour « légère baisse », -2 points pour « forte baisse »).
Note : *Après 2016, on a eu accès à des données sur la prévalence de l’usage et le nombre d’usagères et d’usagers pour deux
pays très peuplés d’Asie et d’Afrique, à savoir l’Inde et le Nigéria. Les estimations mondiales s’en sont trouvées nettement
améliorées, mais leur comparabilité avec les estimations antérieures est limitée.
Figure 52 Quantités de médicaments opioïdes placés sous contrôle international disponibles à des fins
médicales dans le monde (hors préparations), 1998-2020
Millions of S-DDD Millions de S-DDD
Methadone Méthadone
Synthetic opioids (analgesics) Opioïdes synthétiques (analgésiques)
Buprenorphine Buprénorphine
Opiates (analgesics) Opiacés (analgésiques)
All opiates Tous opiacés
All opioids Tous opioïdes
Source : OICS, Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 – Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2).
Note : S-DDD signifie « dose quotidienne déterminée à des fins statistiques ». Selon la définition de l’OICS, c’est une unité technique de
mesure utilisée aux fins de l’analyse statistique et non une recommandation posologique ; les doses réelles peuvent différer en fonction
des traitements requis et des pratiques médicales. Les statistiques excluent les préparations d’opioïdes inscrites au Tableau III de la
Convention unique sur les stupéfiants de 1961 telle que modifiée par le Protocole de 1972. On trouvera dans l’annexe méthodologique au
présent rapport des détails relatifs aux S-DDD utilisées pour ces calculs. Les catégories « opiacés » et « opioïdes synthétiques »
comprennent les substances utilisées comme analgésiques et excluent les quantités utilisées dans le traitement de substitution aux opioïdes.
La buprénorphine et la méthadone sont utilisées dans le traitement de substitution aux opioïdes et comme analgésiques.
La disponibilité des médicaments opioïdes reste très inégale selon les régions et sous-régions
Les plus grandes quantités disponibles par habitant de médicaments opioïdes placés sous contrôle international ont
continué d’être concentrées en Amérique du Nord, l’Europe occidentale et centrale, l’Australie et la Nouvelle-
Zélande se situant également au-dessus de la moyenne mondiale. Néanmoins, les disparités avec d’autres régions
sur le plan de la disponibilité restent extrêmement importantes, le nombre de doses normalisées d’opioïdes placés
sous contrôle en vertu de la Convention unique de 1961 disponibles pour 1 million d ’habitants étant environ 7 500
fois plus élevé pour l’Amérique du Nord que l’Afrique de l’Ouest et du Centre en 2020, selon un rapport analogue
à celui de 2019. En tenant compte de la buprénorphine, substance contrôlée inscrite au Tableau III de la Convention
de 1971 sur les substances psychotropes, le nombre de doses normalisées d’opioïdes contrôlés était 755 fois plus
élevé pour l’Amérique du Nord que l’Afrique de l’Ouest et du Centre en 2020. Exprimés en S-DDD, seuls 7 % de
l’ensemble des opioïdes placés sous contrôle international (en vertu des Conventions de 1961 et de 1971) éta ient
disponibles à la consommation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, tandis que ces pays représentaient
84 % de la population mondiale totale 29.
Figure 53 Médicaments opioïdes sous contrôle international disponibles à des fins médicales
(hors préparations), 2020
Millions of S-DDD Millions de S-DDD
Hydrocodone Hydrocodone
Fentanyl Fentanyl
Methadone Méthadone
Buprenorphine Buprénorphine
Oxycodone Oxycodone
Morphine Morphine
Tilidine Tilidine
Hydromorphone Hydromorphone
Oxymorphone Oxymorphone
Dihydrocodeine Dihydrocodéine
Pholcodine Pholcodine
Heroin Héroïne
Codeine Codéine
Opium Opium
Pethidine Péthidine
Piritramide Piritramide
Levorphanol Levorphanol
Diphenoxylate Diphénoxylate
Trimeperidine Trimépéridine
Ethylmorphine Éthylmorphine
Ketobemidone Cétobémidone
Dextropropoxyphene Dextropropoxyphène
Difenoxin Difénoxine
Normethadone Norméthadone
Phenoperidine Phénopéridine
Dipipanone Dipipanone
Source : OICS, Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 – Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2).
Note : Si l’on avait pris en compte les préparations, la quantité de codéine disponible à la consommation aurait atteint
2 148 millions de S-DDD (contre 9,1 millions de S-DDD hors préparations) ; la codéine aurait ainsi représenté plus de 17 %
de l’ensemble des opioïdes disponibles pour la consommation médicale, soit un peu plus que l ’hydrocodone (16,5 %),
en 2020.
Figure 54 Quantités de méthadone et de buprénorphine disponibles dans le monde à des fins médicales,
1998-2020
Millions of S-DDD Millions de S-DDD
Methadone Méthadone
Buprenorphine Buprénorphine
Methadone and buprenorphine Méthadone et buprénorphine
Source : OICS, Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 – Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2).
Figure 55 Quantités d’opioïdes placés sous contrôle international (hors préparations) disponibles
dans le monde à des fins médicales, par sous-région, 2020
S-DDD per day per 1 million inhabitants S-DDD par million d’habitants et par jour
North America Amérique du Nord
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Australia and New Zealand Australie et Nouvelle-Zélande
Global average Moyenne mondiale
Near and Middle East and South-West Asia Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
South-Eastern Europe Europe du Sud-Est
Polynesia Polynésie
Eastern Europe Europe orientale
South America Amérique du Sud
Southern Africa Afrique australe
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
Central America Amérique centrale
North Africa Afrique du Nord
South Asia Asie du Sud
East Africa Afrique de l’Est
Melanesia Mélanésie
Caribbean Caraïbes
Micronesia Micronésie
West and Central Africa Afrique de l’Ouest et du Centre
Americas 1961 & 1971 Conv. Amériques Conv. de 1961 et de 1971
Asia 1961 & 1971 Conv. Asie Conv. de 1961 et de 1971
Oceania 1961 Conv. Océanie Conv. de 1961
Europe 1961 & 1971 Conv. Europe Conv. de 1961 et de 1971
Africa 1961 & 1971 Conv. Afrique Conv. de 1961 et de 1971
GLOBAL 1961 Conv. MONDE Conv. de 1961
Oceania 1961 & 1971 Conv. Océanie Conv. de 1961 et de 1971
Americas 1961 Conv. Amériques Conv. de 1961
Asia 1961 Conv. Asie Conv. de 1961
GLOBAL 1961 & 1971 Conv. MONDE Conv. de 1961 et de 1971
Europe 1961 Conv. Europe Conv. de 1961
Africa 1961 Conv. Afrique Conv. de 1961
Sources : Calculs de l’ONUDC d’après les rapports suivants de l’OICS : Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 –
Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2) ; et Substances psychotropes : Statistiques pour 2020 – Prévisions des besoins annuels
médicaux et scientifiques concernant les substances des Tableaux II, III et IV de la Convention sur les substances psychotropes de 1971
(E/INCB/2021/3).
Note : Les régions et sous-régions sont celles définies par l’ONUDC dans le Rapport mondial sur les drogues ; elles peuvent différer
partiellement de celles utilisées par l’OICS dans ses publications.
Figure 56 Répartition des quantités d’opioïdes sous contrôle international (hors préparations) disponibles
à des fins médicales, par substance et par sous-région, 2020
Percentage Pourcentage
Americas Amériques
North America Amérique du Nord
South America Amérique du Sud
Central America Amérique centrale
Caribbean Caraïbes
Europe Europe
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
South-Eastern Europe Europe du Sud-Est
Eastern Europe Europe orientale
Oceania Océanie
Australia and New Zealand Australie et Nouvelle-Zélande
Polynesia, Melanesia, Micronesia Polynésie, Mélanésie et Micronésie
Asia Asie
Near and Middle East/South-West Asia Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
South Asia Asie du Sud
Africa Afrique
South Africa Afrique australe
North Africa Afrique du Nord
East Africa Afrique de l’Est
West and Central Africa Afrique de l’Ouest et du Centre
GLOBAL MONDE
Hydrocodone Hydrocodone
Fentanyl Fentanyl
Methadone Méthadone
Buprenorphine Buprénorphine
Oxycodone Oxycodone
Morphine Morphine
Tilidine Tilidine
Hydromorphone Hydromorphone
Oxymorphone Oxymorphone
Dihydrocodeine Dihydrocodéine
Pholcodine Pholcodine
Other Autres
Sources : Calculs de l’ONUDC d’après les rapports suivants de l’OICS : Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 –
Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2) ; et Substances psychotropes : Statistiques pour 2020 – Prévisions des besoins annuels
médicaux et scientifiques concernant les substances des Tableaux II, III et IV de la Convention sur les substances psychotropes de 1971
(E/INCB/2021/3).
Notes : Les régions et sous-régions sont celles définies par l’ONUDC dans le Rapport mondial sur les drogues ; elles peuvent différer
partiellement de celles utilisées par l’OICS dans ses publications. Pour l’essentiel, la codéine présente dans les sirops contre la
toux n’est pas prise en compte dans les statistiques car ces produits sont considérés comme des « préparations » ; la codéine
disponible à des fins médicales est dès lors sous-représentée dans les statistiques.
Figure 57 Quantités d’opioïdes placés sous contrôle international (hors préparations) disponibles à des fins
médicales, par groupe de pays classés en fonction de leur revenu, 2015 et 2020
Million S-DDD per year Millions de S-DDD par an
S-DDD per day per 1 million inhabitants S-DDD par million d’habitants et par jour
Annual availability Disponibilité annuelle
High-income countries Pays à revenu élevé
Low and middle-income countries Pays à revenu faible ou intermédiaire
Daily availability per million inhabitants Disponibilité quotidienne par million d’habitants
High-income countries Pays à revenu élevé
Low and middle-income countries Pays à revenu faible ou intermédiaire
Annual availability, 2015 Disponibilité annuelle, 2015
Annual availability, 2020 Disponibilité annuelle, 2020
Daily availability, 2020 Disponibilité quotidienne, 2020
Sources : Calculs de l’ONUDC d’après la classification des pays en fonction de leur revenu établie par la Banque mondiale et les
rapports suivants de l’OICS : Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 – Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2) ; et
Substances psychotropes : Statistiques pour 2020 – Prévisions des besoins annuels médicaux et scientifiques concernant les substances
des Tableaux II, III et IV de la Convention sur les substances psychotropes de 1971 (E/INCB/2021/3).
Figure 58 Tendances de la disponibilité d’opioïdes placés sous contrôle international (hors préparations)
à des fins médicales, par région et sous-région, 2015-2020
High-availability subregions Sous-régions à haute disponibilité
S-DDD per day per million inhabitants S-DDD par million d’habitants et par jour
North America Amérique du Nord
Australia and New Zealand Australie et Nouvelle-Zélande
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Memo: other subregions (low availability) Pour mémoire : autres sous-régions (faible disponibilité)
Low-availability regions/subregions Régions/sous-régions à faible disponibilité
S-DDD per day per million inhabitants S-DDD par million d’habitants et par jour
Near and Middle East/South West Asia Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
Eastern and South-Eastern Europe Europe orientale et Europe du Sud-Est
South America, Central America and Caribbean Amérique du Sud, Amérique centrale et Caraïbes
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
South Asia Asie du Sud
Africa Afrique
Melanesia, Micronesia, Polynesia Mélanésie, Micronésie, Polynésie
Sources : Calculs de l’ONUDC d’après les rapports suivants de l’OICS : Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 –
Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2), et les rapports pour les années précédentes ; et Substances psychotropes : Statistiques pour
2020 – Prévisions des besoins annuels médicaux et scientifiques concernant les substances des Tableaux II, III et IV de la Convention
sur les substances psychotropes de 1971 (E/INCB/2021/3), et les rapports pour les années précédentes.
Notes : En cas de données manquantes, on a utilisé des techniques d ’extrapolation. Les « sous-régions à forte disponibilité »
sont celles où la disponibilité d’opioïdes à des fins médicales par habitant est supérieure à la moyenne mondiale, c ’est-à-dire
l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et centrale, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Les « régions et sous-régions à
faible disponibilité » sont celles où la disponibilité d’opioïdes à des fins médicales par habitant est inférieure à la moy enne
mondiale, c’est-à-dire l’Afrique, l’Asie, l’Europe orientale, l’Europe du Sud-Est, les Caraïbes, l’Amérique centrale,
l’Amérique du Sud, la Mélanésie, la Micronésie et la Polynésie .
Carte 1 Nombre de personnes faisant usage d’opioïdes et, parmi celles-ci, proportion d’usagères
et d’usagers d’opiacés, dans les différentes régions et dans certaines sous-régions, 2020
North America Amérique du Nord
Caribbean Caraïbes
Central America Amérique centrale
South America Amérique du Sud
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Eastern and South-Eastern Europe Europe orientale et Europe du Sud-Est
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
Near and Middle East/South-West Asia Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
South Asia Asie du Sud
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
North Africa Afrique du Nord
West and Central Africa Afrique de l’Ouest et du Centre
Australia and New Zealand Australie et Nouvelle-Zélande
ASIA (35,77 mil.) ASIE (35,77 millions)
AMERICAS (11,95 mil.) AMÉRIQUES (11,95 millions)
AFRICA (9,29 mil.) AFRIQUE (9,29 millions)
EUROPE (3,61 mil.) EUROPE (3,61 millions)
OCEANIA (0,66 mil.) OCÉANIE (0,66 million)
Proportion of opiate users Proportion d’usagères et d’usagers d’opiacés
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Figure 60 Prévalence de l’usage d’opiacés et nombre de personnes faisant usage d’opiacés, par région
et sous-région, 2020
Annual prevalence (percentage) Prévalence annuelle (pourcentage)
Africa Afrique
North Africa Afrique du Nord
West and Central Africa Afrique de l’Ouest et du Centre
Americas Amériques
North America Amérique du Nord
South America Amérique du Sud
Asia Asie
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
Near and Middle East and South-West Asia Proche et Moyen-Orient et Asie du Sud-Ouest
South Asia Asie du Sud
Europe Europe
Eastern and South-Eastern Europe Europe orientale et du Sud-Est
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Oceania Océanie
Global: (0.6%) Monde : (0,6 %)
GLOBAL: 30.8 million MONDE : 30,8 millions
AMERICAS AMÉRIQUES
North America Amérique du Nord
South America Amérique du Sud
EUROPE EUROPE
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Eastern and South-Eastern Europe Europe orientale et du Sud-Est
AFRICA AFRIQUE
West and Central Africa Afrique de l’Ouest et du Centre
North Africa Afrique du Nord
ASIA ASIE
Near and Middle East and South-West Asia Proche et Moyen-Orient et Asie du Sud-Ouest
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
South Asia Asie du Sud
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : L’Océanie n’apparaît pas dans la partie droite de la figure car le nombre d’usagères et d’usagers d’opiacés y est faible
(30 000).
En Afrique, l’usage non médical de tramadol semble se répandre, si l’on en croit l’augmentation de la demande de
traitement dans certains pays. Cet usage n’est pas encore associé à un nombre élevé de décès par surdose, mais on
notera qu’il n’existe pas de surveillance systématique des décès liés à la drogue dans la plupart des pays concernés.
Toutefois, si les décès par surdose de tramadol sont bien une réalité, comme on l’observe dans d’autres régions
comme l’Europe 32, on peut s’attendre que les taux de mortalité associés au tramadol soient inférieurs à ceux associés
aux fentanyls, de par la forte différence de puissance entre les deux substances.
Carte 2 Opioïdes au plus fort usage non médical, par pays, 2020
Heroin Héroïne
Opium Opium
Non-medical use of pharmaceutical opioids Médicaments opioïdes (usage non médical)
Tramadol (non-medical use) Tramadol (usage non médical)
Buprenorphine (non-medical use) Buprénorphine (usage non médical)
Codeine (non-medical use) Codéine (usage non médical)
Fentanyls and other synthetic opioids (non-medical use) Fentanyls et autres opioïdes synthétiques (usage non
médical)
Opioids are not relevant Opioïdes non pertinents
No data Absence de données
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : Les informations présentées s’appuient principalement sur l’ordre de prévalence de l’usage non médical d’opioïdes,
confirmé par les données communiquées concernant la prévalence annuelle de l’usage, ou, en l’absence de tels éléments, sur
les données relatives au traitement fournies dans le questionnaire destiné aux rapports annuels. L’évaluation de la prévalence
sur la base des données relatives au traitement comporte des limites, en particulier dans le cas de l’usage non médical de
substances telles que des médicaments opioïdes, qui n’est pas associé au même niveau de stigmatisation que celui d’autres
drogues, et pour lequel les personnes concernées sont moins susceptibles de chercher à se faire traiter.
Les frontières et noms indiqués et les appellations employées sur cette carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation
officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Les tirets représentent les frontières non déterminées. Le statut
définitif du Jammu-et-Cachemire n’a pas encore été arrêté par les parties. La frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud
n’a pas encore été définitivement arrêtée. La souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas) fait l’objet d’un différend entre
l’Argentine et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.
Sans doute existe-t-il d’autres crises à dynamique évolutive de l’usage non médical d’opioïdes – celle, par exemple,
du mésusage de la codéine ou de préparations à base de codéine dans un certain nombre de pays, parmi lesquels
l’Afrique du Sud, les Bahamas, le Bangladesh, le Bhoutan, le Nigéria, les Philippines, et le Zimbabwe 33, 34 – mais
les données les concernant sont plus rares.
Notes : Les données se rapportent aux saisies d’opioïdes déclarées par les États Membres à l’ONUDC dans l’ancienne
version du questionnaire destiné aux rapports annuels, sous la catégorie « médicaments opioïdes ». Pour la nouvelle version
du questionnaire, les catégories de saisies suivantes ont été retenues : buprénorphine, codéine, désomorphine, fentanyl et ses
analogues, méthadone, oxycodone et tramadol, ainsi que médicaments opioïdes en général. Les données sur les saisies
communiquées par les États Membres à l’ONUDC pour 2020 indiquent une baisse significative, qui ne reflète toutefois pas
nécessairement la situation réelle. De fait, une grande partie de la baisse tient à ce que certains États Membres n’ont pas
utilisé le nouveau questionnaire destiné aux rapports annuels, qui doit être rempli en ligne, modalité pouvant constituer un
obstacle pour certains pays. Les données accompagnées de la mention « 2020 (estimation) » renvoient aux quantités globales
dont il semble probable qu’elles aient été saisies, considérant que les pays qui n’ont pas déclaré de saisies pour l’année 2020
peuvent cependant avoir enregistré cette année-là des saisies de quantités analogues à celles de l’année précédente.
Figure 62 Répartition géographique des quantités d’héroïne et de morphine saisies dans le monde, 2020
Oceania Océanie
Africa Afrique
Americas Amériques
Europe Europe
Asia Asie
Near and Middle East/South-West Asia Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
East and South-East Asia Asie de l’Est et du Sud-Est
South Asia Asie du Sud
Central Asia and Transcaucasia Asie centrale et Transcaucasie
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : Au total, 160 tonnes d’héroïne et de morphine ont été saisies en 2020.
[TEXT BOX
Répartition régionale de la fabrication de morphine et d’héroïne
On a, sur la période comprise entre 2013 et 2019, estimé à environ 550 tonnes par an la fabrication potentielle
moyenne d’héroïne au niveau mondial, ajustée compte tenu d’une pureté courante de 50 % à 70 % pour cette
substance à l’exportation, et d’après les estimations tirées des chiffres de la production d’opium i.
Si les quantités d’opium produites sont estimées scientifiquement au moyen d’images satellites et sont confirmées
par un processus de « validation au sol » et des estimations de rendement fondées sur le nombre et la taille des
bulbes de pavot relevés dans les champs de pavot, l’estimation de la fabrication effective d’héroïne est moins robuste
et il n’existe pas de méthodes fiables d’identification des lieux de fabrication effectifs. Néanmoins, certains
indicateurs aisément accessibles permettent d’estimer l’importance probable de certaines régions dans la fabrication
de morphine et d’héroïne, au moins en première approximation.
La méthode peut varier, mais grosso modo, elle consiste à repérer dans un premier temps les endroits où se déroulent
les étapes de la fabrication. À la première étape, l’opium est transformé en morphine, et à la deuxième étape, la
morphine est transformée en héroïne. Ces étapes peuvent – et c’est souvent le cas – se dérouler dans différents pays.
La répartition de la production d’opium, conjuguée aux saisies de morphine, donne à penser que l’essentiel de la
première étape de la fabrication d’héroïne (transformation de l’opium en morphine) se déroule à proximité du lieu
de production de l’opium. Au cours de la période 2013-2019, la majeure partie de la fabrication de morphine a eu
lieu en Asie du Sud-Ouest (entre 83 % de la fabrication totale, d’après les estimations de la production d’opium, et
98 %, d’après les saisies de morphine, même si la limite supérieure indiquée par le dernier chiffre traduit sans doute
un faible taux d’interception de la morphine dans les autres régions davantage qu’elle ne prouve le lieu de
fabrication), suivie de l’Asie du Sud-Est et des Amériques.
Le lieu où se déroule la deuxième étape, celle de la transformation de la morphine en héroïne, peut être estimé sur
la base a) des saisies de morphine, qui permettent d’estimer l’importance de la disponibilité de la morphine, et b) du
nombre de laboratoires d’héroïne détectés. Les estimations ainsi obtenues donnent à penser que la majeure partie de
transformation de la morphine en héroïne continue d’avoir lieu à proximité des lieux de production de l’opium,
c’est-à-dire principalement en Asie du Sud-Ouest, suivie de l’Asie du Sud-Est, bien qu’une partie de la
transformation ait aussi lieu sur les principaux itinéraires du trafic d’héroïne, et à un degré moindre, dans les pays
consommateurs.
L’héroïne est souvent mêlée à des agents de coupe sur les itinéraires de trafic et dans les pays de destination.
L’utilisation de ces indicateurs appelle cependant des réserves. On notera que l’estimation de la répartition
géographique de la fabrication de morphine et d’héroïne est tributaire de la qualité des indicateurs utilisés et de leur
utilité pour décrire le niveau et le lieu de fabrication. Les saisies de morphine, à titre d’exemple, peuvent être plus
révélatrices des capacités et des priorités des services de détection et de répression que du niveau de l’offre. Il en
va de même s’agissant du démantèlement des laboratoires d’héroïne. En outre, la taille des laboratoires démantelés
peut varier et fausser la répartition régionale de la fabrication. De plus, la définition de ce qui constitue un laboratoire
d’héroïne, dans les données présentées par les États membres, est extrêmement large, et ne recouvre pas seulement
les laboratoires de fabrication proprement dits, mais aussi les installations où l’héroïne est diluée et coupée avec
d’autres produits, les installations où elle est conditionnée, les lieux où les produits chimiques utilisés dans la
fabrication d’héroïne sont stockés, et les sites de décharge. Il peut en résulter une exagération du nombre de
laboratoires déclarés et l’importance de la fabrication, notamment dans les régions consommatrices. Enfin, ces
indicateurs sont plus ou moins bien déclarés selon les pays et les régions, ce qui crée un biais supplémentaire. Les
saisies de morphine sont très fluctuantes d’une année à l’autre mais peuvent aider cependant à obtenir des
estimations acceptables sur la durée.
En tout état de cause, si chaque indicateur comporte des insuffisances et des biais, et si les pourcentages précis de
la production régionale ne peuvent être calculés, il reste parfois possible, par triangulation des informations,
d’obtenir une estimation relativement exacte.
i ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2021, fascicule 3, Tendances des marchés de la drogue : opioïdes, cannabis
(publication des Nations Unies, 2021).
Figure 64 Pays ayant signalé les plus grandes quantités d’opiacés saisies, 2020
Opium Opium
Iran (Islamic Republic of) Iran (République islamique d’)
Pakistan Pakistan
Afghanistan Afghanistan
India Inde
United States États-Unis
Myanmar Myanmar
China Chine
Canada Canada
United Arab Emirates Émirats arabes unis
Turkey Turquie
Tajikistan Tadjikistan
Nigeria Nigéria
New Zealand Nouvelle-Zélande
Azerbaijan Azerbaïdjan
Egypt Égypte
Other countries Autres pays
Morphine Morphine
Iran (Islamic Republic of) Iran (République islamique d’)
Pakistan Pakistan
India Inde
Afghanistan Afghanistan
Oman Oman
Myanmar Myanmar
Turkey Turquie
Italy Italie
Ireland Irlande
Canada Canada
Australia Australie
Switzerland Suisse
Russian Federation Fédération de Russie
Sweden Suède
Argentina Argentine
Other countries Autres pays
Heroin Héroïne
Iran (Islamic Republic of) Iran (République islamique d’)
Pakistan Pakistan
Turkey Turquie
United States États-Unis
India Inde
China Chine
Afghanistan Afghanistan
United Kingdom Royaume-Uni
Azerbaijan Azerbaïdjan
Thailand Thaïlande
Myanmar Myanmar
Sri Lanka Sri Lanka
Egypt Égypte
France France
Malaysia Malaisie
Other countries Autres pays
tons Tonnes
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : Les pourcentages correspondent à la part du pays dans le total des saisies de la drogue correspondante.
Carte 3 Principaux flux du trafic d’opiacés, 2016-2020
North America * Amérique du Nord*
South-West Asia Asie du Sud-Ouest
Mexico and Central America Mexique et Amérique centrale
South America Amérique du Sud
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
South-Eastern Europe Europe du Sud-Est
Eastern Europe Europe orientale
Transcaucasia Transcaucasie
Central Asia Asie centrale
East Asia Asie de l’Est
North Africa Afrique du Nord
West and Central Africa Afrique de l’Ouest et du Centre
East Africa Afrique de l’Est
Southern Africa Afrique australe
Near and Middle East Proche et Moyen-Orient
South-West Asia Asie du Sud-Ouest
South Asia Asie du Sud
South-East Asia Asie du Sud-Est
Oceania Océanie
Global heroin tracking routes by amounts seized Itinéraires du trafic d’héroïne dans le monde en
estimated on the basis of reported seizures, 2016- fonction des quantités saisies, estimations d’après les
2020 saisies signalées, 2016-2020
Low volume flow Faible volume
High volume flow Volume important
Note : L’importance de l’itinéraire est déterminée par la quantité totale qui y a été saisie, selon les informations
communiquées par les États Membres dans le questionnaire destiné aux rapports annuels, dans les signalements de saisies et
dans d’autres documents officiels au cours de la période 2016-2020. Les itinéraires sont définis en fonction des pays
d’expédition/de transit et de destination indiqués dans ces sources. De ce fait, ils ne donnent que des indications générales s ur
les itinéraires de trafic existants, et certains itinéraires secondaires peuvent avoir été omis. Les flèches r eprésentent la
direction du trafic : leur point de départ indique la zone d’expédition ou de dernière provenance et leur pointe indique la zone
de consommation ou de destination suivante. L’origine du trafic ne correspond donc pas nécessairement au pays da ns lequel
la substance a été produite.
* Amérique du Nord hors Mexique.
Carte 4 Principaux pays cités comme pays d’origine ou de transit des cargaisons d’héroïne,
d’après les saisies signalées, 2016-2020
Main countries mentioned as source* of the shipment Principaux pays cités comme pays d’origine* de la
cargaison
Main countries mentioned as transit* of the shipment Principaux pays cités comme pays de transit* de la
cargaison
Not main countries of source or transit Pays qui ne font pas partie des principaux pays d’origine ni
de transit
* Une teinte plus foncée indique les pays d’origine/de transit de cargaisons saisies représentant une plus grande quantité d’héroïne,
d’après les informations communiquées par les États Membres dans le questionnaire destiné aux rapports annuels, dans les
signalements de saisies et dans d’autres documents officiels au cours de la période 2016-2020. L’origine du trafic ne correspond pas
nécessairement au pays dans lequel la substance a été produite. Les principaux pays d’origine ou de transit ont été identifiés par rapport
au nombre de fois où ils ont été cités par d’autres États Membres comme pays d’expédition/de transit de la substance saisie et à la
quantité annuelle moyenne que représentaient ces saisies au cours de la période 2016-2020. Pour de plus amples précisions sur les
critères utilisés, voir la section du présent document consacrée à la méthodologie.
Carte 5 Principaux pays cités comme pays d’origine ou de destination des cargaisons d’héroïne,
d’après les saisies signalées, 2016-2020
Main countries mentioned as source* of the shipment Principaux pays cités comme pays d’origine* de la
cargaison
Main countries mentioned as destination* of the shipment Principaux pays cités comme pays de destination* de la
cargaison
Not main countries of source or destination Pays qui ne font pas partie des principaux pays d’origine ni
de destination
* Une teinte plus foncée indique les pays d’origine/de destination de cargaisons saisies représentant une plus grande quantité
d’héroïne, d’après les informations communiquées par les États Membres dans le questionnaire destiné aux rapports annuels,
dans les signalements de saisies et dans d’autres documents officiels au cours de la période 2016-2020. L’origine du trafic ne
correspond pas nécessairement au pays dans lequel la substance a été produite. Les principaux pays d ’origine ou de
destination ont été identifiés par rapport au nombre de fois où ils ont été cités par d ’autres États Membres comme pays
d’expédition/de destination de la substance saisie et à la quantité annuelle moyenne que représentaient ces saisies au cours de
la période 2016-2020. Pour de plus amples précisions sur les critères utilisés, voir la section du présent document consacrée à
la méthodologie.
Source : ONUDC, figure élaborée à partir des réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels .
Note : Pour de plus amples détails, voir l’annexe méthodologique au présent rapport, accessible en ligne.
Les frontières et noms indiqués et les appellations employées sur ces cartes n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation
officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. La souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas) fait l ’objet d’un
différend entre l’Argentine et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. La ligne en pointillé représente
approximativement la ligne de contrôle au Jammu-et-Cachemire convenue entre l’Inde et le Pakistan. Le statut définitif du
Jammu-et-Cachemire n’a pas encore été arrêté par les parties.
Figure 65 Répartition des quantités d’héroïne et de morphine saisies, par principaux itinéraires de trafic,
2010-2020
Proportion of global seizures (percentage) Proportion des saisies mondiales (pourcentage)
Americas Amériques
South-East Asia and Oceania Asie du Sud-Est et Océanie
Northern route Route du Nord
Southern route Route du Sud
Pakistan Pakistan
Balkan route Route des Balkans
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Afghanistan Afghanistan
Seizures related to Afghan opiates Saisies liées aux opiacés afghans
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : La route des Balkans passe par la République islamique d’Iran, la moitié de la Transcaucasie, l’Europe du Sud-Est ; la route du
Sud passe par l’Asie du Sud, les pays du Golfe et d’autres pays du Proche et du Moyen-Orient et d’Afrique ; et la route du Nord passe
par l’Asie centrale, l’Europe orientale et la moitié de la Transcaucasie. L’héroïne saisie en Transcaucasie a été comptabilisée en partie
sur la route des Balkans et en partie sur la route du Nord car elle peut alimenter ces deux itinéraires.
Le principal débouché immédiat des opiacés produits en Afghanistan semble être le Pakistan, les saisies déclarées
dans ce pays représentant près de 29 % des saisies totales d’héroïne et de morphine dans le monde en 2020. Certaines
saisies étaient destinées à la consommation intérieure, d’autres au trafic vers la République islamique d’Iran et
au-delà, et d’autres encore au trafic le long de la route du Sud h vers l’Asie du Sud (4 % des saisies mondiales) et
notamment l’Inde, ou vers l’Afrique de l’Est (1 %). Un autre itinéraire important, qui a représenté environ 2 % des
saisies mondiales d’héroïne et de morphine en 2020, va de l’Asie du Sud-Ouest à l’Asie centrale et à la
Transcaucasie, puis à la Fédération de Russie ou à l’Europe occidentale et centrale.
Pour les opiacés originaires d’Asie du Sud-Est, principalement du Myanmar, les principaux itinéraires vont vers
l’Asie de l’Est, d’autres régions d’Asie du Sud-Est, et l’Océanie, le tout représentant 7 % des saisies mondiales
d’héroïne et de morphine. Les itinéraires des Amériques vont du sud au nord, à destination principalement des
États-Unis, soit depuis le Mexique, soit, dans une moindre mesure, depuis l’Amérique du Sud, notamment depuis la
Colombie, ces deux itinéraires représentant ensemble 5 % des saisies mondiales en 2020.
La pandémie de COVID-19 n’a pas modifié la structure générale du trafic mais a eu des répercussions
sur les flux d’héroïne
Si la pandémie de COVID-19 n’a rien changé au statut de couloir prédominant du trafic d’héroïne attribué à la route
des Balkans, elle n’a pas été sans conséquences pour les activités de trafic en 2020, avant que celles-ci ne connaissent
un rebond en 2021.
Certains trafiquants ont tenté apparemment de contourner la route des Balkans pour expédier de l’héroïne pendant
la pandémie, transférant les flux vers la route du Sud. En témoignent le nombre croissant de saisies importantes
d’héroïne, allant jusqu’à 1,3 tonne, en mer d’Oman depuis le début de la pandémie, et les saisies d’ampleur
comparable effectuées sur des navires arrivant d’Asie occidentale dans un certain nombre de ports européens,
notamment au Royaume-Uni, seul pays d’Europe occidentale à avoir déclaré une forte augmentation des saisies
importantes en 2020, principalement en provenance directe d’Asie du Sud-Ouest.
CARTE 6 Importantes opérations de saisie d’héroïne réalisées le long de la route des Balkans, 2018-2019
et 2020-2021
2018-2019 2018-2019
United Kingdom Royaume-Uni
Ireland Irlande
Denmark Danemark
Netherlands Pays-Bas
Belgium Belgique
Luxemburg Luxembourg
Germany Allemagne
France France
Switzerland Suisse
h
La route du Sud inclut le trafic en provenance de l’Asie du Sud-Ouest, notamment du Pakistan, vers l’Asie du Sud, les pays du Golfe, et
d’autres pays du Proche et du Moyen-Orient et de l’Afrique.
Andorra Andorre
Spain Espagne
Lithuania Lituanie
R.F. Fédération de Russie
Poland Pologne
Czechia Tchéquie
Austria Autriche
Slovenia Slovénie
Hungary Hongrie
Croatia Croatie
Italy Italie
Bosnia and Herzegovina Bosnie-Herzégovine
Serbia Serbie
Montenegro Monténégro
North Macedonia Macédoine du Nord
Albania Albanie
Greece Grèce
Malta Malte
Belarus Bélarus
Romania Roumanie
Bulgaria Bulgarie
Ukraine Ukraine
Türkiye Türkiye
Georgia Géorgie
Armenia Arménie
Azerbaijan Azerbaïdjan
Syrian Arab Rep. Rép. arabe syrienne
Gaza West Bank Gaza et Cisjordanie
Iraq Iraq
Iran (Islamic Republic of) Iran (Rép. islamique d’)
Russian Federation Fédération de Russie
Kazakhstan Kazakhstan
Uzbekistan Ouzbékistan
Afghanistan Afghanistan
Pakistan Pakistan
India Inde
Maldives Maldives
United Arab Emirates Émirats arabes unis
Oman Oman
Kyrgyzstan Kirghizistan
Tajikistan Tadjikistan
Jammu and Kashmir Jammu-et-Cachemire
Heroin seizures (kg) Saisies d’héroïne (kg)
2018-2019 2018-2019
Excluded from analysis/no data available Données exclues de l’analyse/absence de données
Balkan route Route des Balkans
2020-2021 2020-2021
United Kingdom Royaume-Uni
Ireland Irlande
Netherlands Pays-Bas
Belgium Belgique
Luxembourg Luxembourg
Germany Allemagne
France France
Switzerland Suisse
Spain Espagne
Portugal Portugal
R.F. Fédération de Russie
Poland Pologne
Austria Autriche
Slovenia Slovénie
Hungary Hongrie
Croatia Croatie
Italy Italie
Bosnia and Herzegovina Bosnie-Herzégovine
Serbia Serbie
Montenegro Monténégro
North Macedonia Macédoine du Nord
Albania Albanie
Greece Grèce
Malta Malte
Romania Roumanie
Rep. of Moldova Rép. de Moldavie
Bulgaria Bulgarie
Ukraine Ukraine
Türkiye Türkiye
Georgia Géorgie
Armenia Arménie
Azerbaijan Azerbaïdjan
Cyprus Chypre
Syrian Arab Republic Rép. arabe syrienne
Lebanon Liban
Israel Israël
Iraq Iraq
Kuwait Koweït
Saudi Arabia Arabie saoudite
United Arab Emirates Émirats arabes unis
Oman Oman
Iran (Islamic Republic of) Iran (Rép. islamique d’)
Uzbekistan Ouzbékistan
Kazakhstan Kazakhstan
Afghanistan Afghanistan
Kyrgyzstan Kirghizistan
Tajikistan Tadjikistan
Pakistan Pakistan
India Inde
Jammu and Kashmir Jammu-et-Cachemire
Maldives Maldives
Sri Lanka Sri Lanka
Heroin seizures (kg) Saisies d’héroïne (kg)
2020-2021 2020-2021
Excluded from analysis/no data available Données exclues de l’analyse/absence de données
Balkan route Route des Balkans
Source : ONUDC, plateforme de surveillance des drogues.
Les frontières et noms indiqués et les appellations employées sur ces cartes n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation
officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. La ligne en pointillé représente approximativement la ligne de
contrôle au Jammu-et-Cachemire convenue entre l’Inde et le Pakistan. Le statut définitif du Jammu-et-Cachemire n’a pas
encore été arrêté par les parties.
Les frontières et noms indiqués et les appellations employées sur cette carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation
officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. La frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud n’a pas encore été
définitivement arrêtée.
La structure de base du trafic d’héroïne à destination de l’Afrique est restée inchangée, la plupart des cargaisons
arrivant sur la côte orientale d’où continue ensuite le trafic. D’après les données communiquées par les pays africains
au moyen du questionnaire de l’ONUDC destiné aux rapports annuels et les saisies individuelles de drogues
consignées dans la plateforme de surveillance des drogues de l’ONUDC, les saisies globales d’héroïne déclarées par
les pays africains ont diminué en 2020 par rapport à l’année précédente, mais cette tendance semble s’être enrayée
en 2021.
Note : Le pourcentage relatif à l’ensemble des opiacés est calculé sur la base du poids des saisies exprimé en équivalent héroïne.
Que réserve l’avenir en Afghanistan ? Trois scénarios possibles après le retour au pouvoir des Taliban
Dans la mesure où l’Afghanistan représentait environ 86 % de la production mondiale illicite d’opium en 2021, tout
changement soudain dans la production du pays aurait une incidence majeure sur l’offre d’opiacés dans le monde.
Le retour au pouvoir des Talibans en août 2021 a entraîné des transformations majeures en Afghanistan, qui ont des
conséquences pour l’état de droit, la sécurité et le développement socioéconomique, tous aspects étroitement liés à
la production de drogues46, d’où il se dégage au moins trois scénarios opposés pour le développement potentiel de
la production d’opium dans le pays.
Figure 67 Production d’opium en Afghanistan et saisies d’héroïne liées à cette production, 1994-2021
Opium production (tons) Production d’opium (tonnes)
Heroin seizures (tons) Saisies d’héroïne (tonnes)
Opium production (Afghanistan) Production d’opium (Afghanistan)
Heroin seizures (related to Afghan opium production) Saisies d’héroïne (liées à la production d’opium afghan)
Trend opium production (Afghanistan) Tendance de la production d’opium (Afghanistan)
Trend heroin seizures (related to Afghan opium Tendance des saisies d’héroïne (liées à la production
production) d’opium afghan)
Sources : ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats »; ONUDC et Afghanistan,
« Afghanistan Opium Survey 2020: cultivation and production – executive summary » (avril 2021) ; et ONUDC, réponses au
questionnaire destiné aux rapports annuels.
i
Il existe ainsi une bonne corrélation entre les tendances de la production d’opium et des saisies d’opiacés effectuées dans les régions proches de
l’Afghanistan, corrélation qui s’améliore encore si on observe un décalage d’un an pour les saisies effectuées dans les régions plus éloignées
(Afrique et Europe).
• The market reacts to supply and demand • Le marché réagit à l’offre et à la demande
• Farmers diversify into other crops • Les cultivateurs se tournent vers d’autres cultures
Production decrease Diminution de la production
• Decreases in opiate use (although at a lower rate • Baisse de l’usage d’opiacés (mais à un rythme plus lent
than decreases in opium production) que la baisse de la production d’opium)
• Decreases in opiate-related deaths • Baisse des décès liés aux opiacés
• Decreases in initiation into opiate use, i.e. decreases • Baisse de l’expérimentation de l’usage d’opiacés, et donc
in new users du nombre de nouveaux usagers
• Replacement of heroin or opium by other substances • Remplacement, au niveau de l’usage, de l’héroïne ou de
at the user level, some of which may be even more l’opium par d’autres substances, dont certaines peuvent être
harmful than heroin or opium (such as fentanyl and its encore plus dangereuses que l’héroïne ou l’opium (comme
analogues) le fentanyl et ses analogues)
• Possible reductions in opiate-related crime • Réduction possible de la criminalité liée aux opiacés
• Displacement of opium production to other countries • Déplacement de la production d’opium vers d’autres pays
Les fluctuations passées de la production et des prix de l’opium en Afghanistan ont montré que les prix de l’opium
sont plutôt sensibles à des changements dans la production. Une éventuelle expansion de la production d’opium et,
par conséquent, de la fabrication d’héroïne entraînerait probablement les prix de l’opium et de l’héroïne à la baisse
à proximité des zones de production. Les prix ne connaîtraient pas le même changement dans les pays de production,
mais une forte augmentation de la production, conjuguée à une pureté accrue et à une baisse des prix, modifierait
sans doute le marché en rendant l’héroïne plus accessible.
Les pays voisins de l’Afghanistan seraient les premiers à subir les effets d’une production accrue. La République
islamique d’Iran, le Pakistan et l’Asie centrale connaissent déjà des taux élevés de prévalence des opiacés et les
quantités d’opiacés faisant l’objet d’un trafic auxquelles ils sont exposés sont sans doute les plus importantes au
monde. L’Inde constitue un des plus vastes marchés d’opiacés au monde du point de vue du nombre d’usagères et
d’usagers55 et serait sans doute vulnérable à un accroissement de l’offre, au moment où pointent déjà certains signes
d’une intensification possible vers l’est du trafic d’opiacés en provenance d’Afghanistan, ainsi que vers le sud et
vers l’ouest, le long de la route habituelle des Balkans 56 . Les conséquences pourraient aller d’un accroissement de
l’usage à une augmentation du trafic et de la criminalité organisée y afférente. En outre, on peut se demander si la
disponibilité accrue des opiacés ne va pas entraîner une augmentation du nombre de surdoses liées à l’héroïne 57 et
si la pureté accrue ne risque pas d’aggraver les méfaits de l’usage d’héroïne. Les mêmes conséquences pourraient
se reproduire plus tard dans des régions de transit et de destination comme l’Afrique de l’Est et l’Europe 58, même
si ces dernières années, une augmentation motivée par la disponibilité de l’usage d’héroïne n’a pas toujours été
observée en Europe consécutivement à une augmentation de la production d’opium en Afghanistan. Le risque en
Europe à court et à moyen terme pourrait s’avérer tenir davantage à un usage plus nocif d’héroïne, avec des
personnes consommant de plus grandes quantités d’héroïne plus pure, qu’au fait que de nouvelles usagères et
nouveaux usagers soient incités à expérimenter cette substance 59.
Si l’influence de changements du prix de l’opium en Afghanistan sur le prix et la consommation d’héroïne dans les
pays de destination devrait être assez limitée, elle pourrait être plus importante en cas de changements majeurs de
ce prix j. D’après la littérature, une diminution de 10 % du prix de l’héroïne ajusté compte tenu de la pureté peut se
solder par une augmentation de 2,2 % à 21 % (la fourchette la plus probable allant de 7 % à 11 %) du nombre de
personnes qui en font usage 60.
Le prix n’est cependant qu’un des nombreux facteurs qui influent sur l’usage d’héroïne 61. Un prix plus bas peut
jouer non seulement sur la fréquence de l’usage, mais aussi sur l’entrée dans l’usage et sur le nombre de
j
Après l’annonce de l’interdiction du pavot à opium en Afghanistan en 2000, la multiplication par 10 des prix de l’opium en Afghanistan (entre
juillet 2000 et mai 2001) a fait augmenter les prix de l’héroïne ajustés compte tenu de la pureté de 70 % en Europe occidentale entre le premier
trimestre 2001 et juin 2002 (Thomas Pietschmann, « Price-Setting Behaviour in the Heroin Market », Bulletin on Narcotics LVI, nos 1 et 2
(2004).
consommateurs et consommatrices, car l’accessibilité économique fait partie des facteurs qui ont un effet sur l’usage
de drogues 62, k.
Une production accrue d’opium peut induire un accroissement de la pureté de l’héroïne au niveau de la vente au
consommateur ou à la consommatrice plutôt qu’un changement du prix de détail et peut représenter un plus grand
risque pour la santé des usagères et usagers du fait de l’imprévisibilité croissante du degré de pureté. Cela étant, les
études ont régulièrement montré que la pureté n’est associée que de façon limitée aux tendances des surdoses
d’héroïne 63.
[TEXT BOX
Conséquences possibles d’un accroissement de la production d’opium afghan pour les pays dont le marché
est approvisionné en opiacés provenant d’Afghanistan
> Augmentation du nombre d’usagères et d’usagers d’opiacés
> Augmentation de la fréquence de l’usage d’opiacés parmi les usagères et usagers existants
> Augmentation limitée du nombre de décès par surdose directement liés aux opiacés
> Augmentation du trafic d’opiacés et des activités criminelles connexes
END OF TEXT BOX]
Scénario 2 : Nouvelle interdiction du pavot à opium et/ou très forte diminution de la production
Ce scénario envisage la possibilité d’une très forte réduction de la production d’opium en Afghanistan. Deux facteurs
pourraient le rendre possible à terme : une interdiction de l’opium par les Taliban et un remplacement à grande
échelle de l’économie de l’opium par une économie de la méthamphétamine.
k
Pour l’année 2019, l’étude Monitoring the Future a révélé que 11 % des élèves de terminale estimaient que « l’usage expérimental » de
marijuana était associé à un « risque élevé », contre 30 % pour les amphétamines, 48 % pour la cocaïne et 63 % pour l’héroïne ; de même,
« l’usage régulier » a été considéré comme étant associé à un « risque élevé » pour 31 % des élèves de terminale dans le cas de la marijuana,
48 % dans le cas des amphétamines, 75 % dans le cas de la cocaïne et 83 % dans le cas de l’héroïne. (National Institute on Drug Abuse),
Monitoring the Future, 2020, Volume I Secondary School Students (Ann Arbor, June 2021).
d’opium à des fins médicales serait trop faible (environ 280 tonnes) , si elle était détournée, pour remplacer
l’importante production illicite actuelle d’opium en Afghanistan (6 800 tonnes).
Un des premiers effets visibles d’une diminution soudaine de la production d’opium (ou de l’anticipation d’une telle
baisse) s’exercerait sur la transformation et le prix de l’opium.
Les prix de l’opium ont réagi immédiatement au décret d’avril 2022, comme cela s’était déjà produit par effet
d’anticipation d’une possible restriction soudaine de l’offre d’opium à la prise de pouvoir des Taliban en 2021. Les
prix à la production ont doublé entre mai 2021 et août 2021 68. Lorsqu’il est apparu qu’une certaine tolérance était
ménagée à la culture de l’opium 69, 70 , les prix se sont progressivement retournés 71, puis ont augmenté à nouveau vers
le moment de la publication du décret d’avril 2022, en réaction à une éventuelle pénurie future d’opium.
L’Afghanistan a déjà connu par le passé une baisse soudaine de la production d’opium et les conséquences de la
récente interdiction de l’opium dans le pays pourraient ressembler à la situation qui a suivi l’interdiction de 2000,
bien que celle-ci ait été de courte durée. À l’époque, l’interdiction a été limitée de fait aux zones sous contrôle
taliban, soit les principales provinces où est produit l’opium, Helmand et Kandahar au sud et Nangarhar à l’est, mais
pas la province de Badakshan au nord-est du pays, qui était alors sous le contrôle de l’Alliance du Nord.
L’interdiction précédente est intervenue quatre ans après l’arrivée des Taliban au pouvoir et s’est mise en place par
étapes ; en premier lieu, un décret a été publié en 1999 pour réduire d’un tiers la culture du pavot à opium 72, suivi
un an plus tard d’un autre décret visant à interdire totalement la culture du pavot à opium en 2001. À la suite de ces
décrets, la superficie des cultures de pavot à opium a diminué en Afghanistan, respectivement, de 10 % en 2000 73
et de 90 % en 2001, et de près de 100 % dans les zones sous contrôle taliban 74.
À la différence de la culture de l’opium, le commerce de cette substance n’a pas été interdit, et le trafic d’opiacés
est devenu plus rentable, en raison de la forte augmentation des prix.
L’interdiction de l’opium de 2001 a été appliquée pendant un an ; le choc de marché qui en a résulté a été de courte
durée et a été ressenti en Afghanistan plus qu’ailleurs. Les saisies d’héroïne liées à des opiacés originaires
d’Afghanistan ont diminué régulièrement pendant plusieurs années après 2001, ce qui donne à penser que les effets
de la chute brutale de la culture et de la production d’opium en Afghanistan ont été absorbés de manière fluide aux
différentes étapes du trafic 75 .
Privés de toute solution de remplacement viable, les cultivateurs ont été le groupe le plus durement touché par
l’interdiction, perdant une source de revenus essentielle 76, et l’augmentation importante de la production d’opium
après 2001 s’explique en partie par leurs tentatives de se désendetter 77. Les conséquences économiques d’une
nouvelle interdiction du pavot à opium seraient probablement encore plus lourdes pour les cultivateurs qu’en 2001.
La production d’opium est devenue plus profitable depuis 2001. Le revenu brut de la culture de l’opium a été estimé
à environ 150 millions de dollars par an entre 1994 et 2000 (soit, en dollars des États-Unis constants de 2021,
250 millions de dollars 78), et a culminé entre 180 et 250 millions de dollars en 1999 (soit, en dollars des États-Unis
constants de 2021, entre 292 et 407 millions de dollars) 79, l’équivalent d’environ 5 % du PIB afghan. Au cours des
années qui ont suivi, les revenus agricoles tirés de l’opium ont varié en fonction du niveau de la production et des
prix de l’opium, pour atteindre 425 millions de dollars en 2021 80. En 2019, la culture de l’opium représentait 191 000
emplois à plein temps dans le pays, et au-delà de la culture et de la production, la fabrication d’héroïne et le trafic
d’opiacés ont été à l’origine d’une activité économique importante ; le revenu global du secteur des opiacés en
Afghanistan a atteint entre 1,8 et 2,7 milliards de dollars en 2021, l’équivalent de 6 % à 11 % du PIB 81.
Tout développement important de la fabrication de méthamphétamine en remplacement de la culture de l ’opium est
susceptible de faire évoluer l’économie illégale de la drogue, mais seulement si les politiques et les capacités sont
concentrées exclusivement sur l’interdiction de la production et du commerce de l’opium, encore que la répartition
des bénéfices ne serait probablement pas la même, car les cultivateurs risqueraient d’y perdre, tandis que d’autres
acteurs y gagneraient. Le décret d’avril 2022 vise la production et le commerce de toutes les drogues, y compris la
méthamphétamine, et une interdiction de l’éphédra, principal précurseur utilisé dans la fabrication de la
méthamphétamine en Afghanistan, a déjà été annoncée par les Taliban en décembre 2021, ce qui a eu pour effet,
d’après certains médias, un doublement des prix de gros de la méthamphétamine 82. Il reste à voir si l’opium et la
méthamphétamine seront ciblés différemment en pratique.
Figure 68 Prix à la production de l’opium sec et prix de l’héroïne de qualité supérieure en Afghanistan,
janvier 2017-août 2021
Price of opium (dollars per kilogram) Prix de l’opium (dollars au kilogramme)
Price of heroin (dollars per kilogram) Prix de l’héroïne (dollars au kilogramme)
Jan janv.
May mai
Sep sept.
Opium Opium
Heroin Héroïne
Sources : Afghanistan, Ministère des affaires intérieures, « Afghanistan drug price monitoring monthly report » (juin 2021), et rapports
pour les années précédentes, et ONUDC, « Drug situation in Afghanistan 2021 » (novembre 2021).
Figure 70 Prix de l’opium sec collecté auprès des négociants en Afghanistan, août 1997-décembre 2006
Dollars per kilogram Dollars/kg
Jan Janv.
Nangarhar (eastern Afghanistan) Nangarhar (est de l’Afghanistan)
Kandahar (southern Afghanistan) Kandahar (sud de l’Afghanistan)
unweighted average moyenne non pondérée
Source : ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2007 (Vienne, 2007).
Hors d’Afghanistan, les conséquences d’une production réduite se manifesteraient sans doute progressivement, mais
n’en resteraient pas moins significatives pour le consommateur final . Si les cultivateurs afghans ne semblent pas
conserver des stocks d’opium importants après récolte 83, les stocks conservés le long de la chaîne de trafic
permettraient sans doute d’amortir le choc d’une réduction de l’offre pendant un ou deux ans 84, 85 . Les effets de toute
réduction à plus long terme seraient plus durement ressentis.
Les effets sur les pays situés à proximité de l’Afghanistan seraient plus immédiats et plus importants. La République
islamique d’Iran a été touchée immédiatement par l’interdiction de 2001, qui a eu rapidement pour effet une moindre
disponibilité et des prix plus élevés. Face à cette nouvelle donne, certaines des personnes qui prenaient de l’opium
sont passées à l’héroïne, et certaines de celles qui prenaient de l’héroïne sont passées de l’inhalation à l’injection 86.
Même si, par rapport au début des années 2000, le pays compte aujourd’hui un nombre croissant de personnes
inscrites à des programmes de traitement de longue durée par agonistes opioïdes 87, et mène un grand nombre
d’interventions pour remédier aux conséquences de l’usage des drogues pour la santé 88, le choc d’une réduction
soudaine de l’offre d’opiacés pourrait être problématique pour les usagères et usagers de ces substances.
Plus loin, dans les pays de destination, une moindre disponibilité de l ’héroïne a été observée après l’interdiction de
2001, même si elle n’a pas, loin de là, été équivalente à la chute d’environ 94 % de la production d’opium. Dans ces
pays, l’effet initial d’une nouvelle interdiction serait moindre, et il faudrait plus de temps pour que celle-ci produise
tous ses effets. L’interdiction de 2001 a provoqué de fortes fluctuations des prix dans les pays de destination l, mais
le mouvement s’est rapidement inversé, car la production d’opium en Afghanistan est repartie nettement à la hausse
en 2002. La dynamique de l’usage d’opiacés en Europe occidentale a été influencée, dans une certaine mesure, par
l’interdiction de l’opium en Afghanistan en 2001, avec un effondrement complet du marché de l’héroïne en Estonie
et en Finlande, qui a été suivi d’une baisse durable des nouvelles demandes de traitement imputables à l’héroïne,
parallèlement à un vieillissement de la population faisant usage d’opiacés dans la sous-région, ce qui donne à penser
que l’usage d’héroïne n’a que faiblement renouvelé ses effectifs 89. Néanmoins, d’autres facteurs peuvent aussi avoir
joué un rôle 90.
Ailleurs en Europe, l’interdiction de 2001 semble avoir provoqué l’effondrement de certains marchés locaux de
l’héroïne, d’autres opioïdes prenant la place de celle-ci, par exemple le fentanyl en Estonie et la buprénorphine en
Finlande 91. Le même scénario pourrait se reproduire en cas d’interdiction future, dans la mesure où la fabrication
d’opioïdes synthétiques, notamment d’analogues du fentanyl, a pris beaucoup d’ampleur ces trois dernières
décennies.
Un autre cas de rupture soudaine de l’offre d’héroïne a illustré comment les méfaits pour la santé pouvaient être
réduits. Quand est survenue en Australie, début 2001, une très forte diminution soudaine de la disponibilité de
l’héroïne, il en est résulté une augmentation des prix et une diminution de la pureté 92, en même temps qu’une
réduction de 40 % à 85 % des surdoses d’héroïne mortelles et non mortelles, et une réduction générale des infractions
acquisitives commises par les usagères et usagers de drogues 93. Le fait que la rupture se soit produite cette année-
là, celle de l’interdiction de l’opium en Afghanistan, relève en grande partie de la coïncidence, car l’héroïne vendue
en Australie provenait principalement du Myanmar, et l’interdiction en Afghanistan n’a fait qu’empêcher les
trafiquants de se tourner vers une autre source quand ils en ont eu besoin.
Figure 71 Décès liés à la drogue par surdose dans l’Union européenne, 1985-2019
Index: 1985=100 Indice base 100 = 1985
Number Nombre de décès
Indexed trend, 15 EU countries Tendance de l’indice, 15 pays de l’UE
Number, 25 EU countries Nombre de décès, 25 pays de l’UE
Sources : Calculs de l’ONUDC, d’après EMDDDA, « Statistical Bulletin 2021 », « Overdose deaths », (d’après les données de
la sélection B, complétées, en cas de données manquantes, par des données de la sélection D) (disponible à l’adresse
www.emcdda.europa.eu/data/stats2021_en) ; et EMCDDA, Rapport annuel 2003 : État du phénomène de la drogue dans
l’Union européenne et en Norvège (Lisbonne, octobre 2003).
Note : Les données utilisées dans les calculs pour la période 2000-2019 étaient disponibles auprès des pays de l’Union
européenne, à l’exception de Chypre et de la Pologne ; même si des données avaient été disponibles pour ces deux pays, il est
très peu probable que cela aurait beaucoup changé les tendances générales présentées dans la figure.
[TEXT BOX
Conséquences possibles d’une diminution de la production d’opium afghan pour les pays dont le marché
est approvisionné en opiacés provenant d’Afghanistan
> Diminution de l’usage d’opiacés (moins rapide cependant que la diminution de la production d ’opium)
> Réduction des décès liés aux opiacés
> Diminution de l’entrée dans l’usage d’opiacés, c’est-à-dire du nombre de nouvelles usagères et nouveaux usagers
l
Tandis que les prix de l’opium ont été multipliés par 10 en Afghanistan, les prix ont été multipliés par quatre ou cinq dans les pays voisins de
l’Afghanistan, et les prix de l’héroïne par deux ou trois dans ces pays. L’augmentation des prix de détail de l’héroïne a été beaucoup plus limitée
en Europe occidentale (environ 20 %), encore que, si l’on tient compte des changements intervenus dans la pureté, l’augmentation des prix de
détail de l’héroïne, ajustés compte tenu de la pureté, ait atteint 70 % [Thomas Pietschmann, « Price-Setting Behaviour in the Heroin Market »,
Bulletin on Narcotics LVI, nos 1 et 2 (2004)].
> Au niveau de l’usage, remplacement de l’héroïne ou de l’opium par d’autres substances, dont certaines peuvent
être encore plus nocives (comme le fentanyl et ses analogues)
> Baisse possible de la criminalité liée aux opiacés
END OF TEXT BOX]
[TEXT BOX
Conséquences possibles d’une production d’opium inchangée :
> Maintien au même niveau de l’usage d’opiacés
> Le marché réagit à l’offre et à la demande
> Les agriculteurs diversifient leur production
END OF TEXT BOX]
Asie du Sud-Est
Asie de l’Est et du Sud-Est : rôle probablement faible ou en recul des opioïdes dans la demande de drogues,
sauf au Myanmar et au Viet Nam
La prévalence estimative de l’usage d’opioïdes est relativement faible en Asie de l’Est et du Sud-Est par rapport à
la moyenne mondiale. En 2020, 0,2 % de la population de la région âgée de 15 à 64 ans avait pris un opioïde au
cours de l’année écoulée, ce qui correspond à 3,1 millions de personnes. La prévalence estimative est restée assez
stable depuis 2010, où elle était de 0,3 %. Cependant, pour la plupart des pays de la région, il n’existe pas de données
d’enquêtes nationales récentes, ce qui rend difficile la compréhension du niveau global réel de l’usage d’opioïdes.
Au cours de la période 2019-2020, les usagères et usagers d’opioïdes ont représenté une forte proportion des
personnes traitées pour des troubles liés à l’usage de drogues au Myanmar (près de 90 %), au Viet Nam, en Chine
(environ 40 %) et en Malaisie (36 %). La proportion était moindre à Singapour (14,7 %), et le rôle des opioïdes
comme motif de traitement a été assez faible dans les autres pays de la région (moins de 5 % des personnes
traitées) 95 . Le Myanmar et le Viet Nam ont fait état d’un nombre croissant de personnes traitées pour usage
d’opioïdes, le Viet Nam signalant au total 162 225 usagères et usagers d’opioïdes pris en charge dans le cadre de
programmes de traitement par agonistes opioïdes entre 2017 et 2020, soit une augmentation de 10 % par rapport à
la période quinquennale précédente.
Figure 73 Tendances concernant les usagères et usagers de drogues enregistrés, Chine, 2010-2020
Proportion among all registered drug users Proportion par rapport à l’ensemble des usagères et
(percentage) usagers enregistrés
Number of users Nombre d’usagères et d’usagers
Proportion of users of synthetic drugs (amphetamines) Proportion d’usagères et d’usagers de drogues
synthétiques (amphétamines)
Proportion of users of other drugs Proportion d’usagères et d’usagers d’autres drogues
Proportion of users of opioids (mostly heroin) Proportion d’usagères et d’usagers d’opioïdes
(principalement l’héroïne)
Total number of registered drug users Nombre total d’usagères et d’usagers de drogues
enregistrés
Number of registered users of opioids Nombre d’usagères et d’usagers d’opioïdes enregistrés
Source : Chine, Commission nationale chinoise de contrôle des stupéfiants, Report on Drug Control in China, différentes
années de la période 2010–2020.
En ce qui concerne le type d’opioïde consommé, le plus répandu parmi les usagères et usagers de drogues à haut
risque de la région était, de loin, l’héroïne, suivie de l’opium. L’usage non médical de méthadone, de codéine et de
morphine a aussi été mentionné, le Timor-Leste signalant le tramadol comme étant l’opioïde dont l’usage était le
plus répandu.
En Chine, les données du registre national des usagères et usagers de drogues indiquent une diminution de
l’importance des opioïdes (principalement l’héroïne) et une augmentation de celle des amphétamines chez les
personnes enregistrées au cours des 10 dernières années. L’évolution de cette tendance en 2020 est toutefois
incertaine car un plus faible nombre d’usagères et d’usagers de drogues a été identifié par les autorités chinoises
cette année-là, en raison des perturbations occasionnées par la pandémie de COVID-19 dans la disponibilité des
médicaments contrôlés 96. La drogue la plus consommée par les usagères et usagers enregistrés d’opioïdes en Chine
est l’héroïne. Les données témoignent aussi d’un usage non médical de médicaments opioïdes. Ainsi, dans le cadre
d’une grande enquête nationale de 2017 auprès des établissements scolaires, 2,1 % des élèves m ont indiqué avoir
fait un usage non médical de médicaments opioïdes, catégorie comprenant la codéine, les « comprimés de réglisse »
(contenant de l’opium), le chlorhydrate de tramadol et le diphénoxylate, au cours de l ’année écoulée, et 0,6 % en
avoir fait un usage fréquent 97. L’usage de drogues est généralement plus élevé parmi la population jeune que dans
le reste de la population. Une étude analytique des eaux usées menée à l’échelle nationale dans 30 villes de Chine
n’a relevé aucune preuve d’un usage non médical significatif du fentanyl ou du tramadol jusqu’en 2019. Les niveaux
d’usage relevés étaient en général faibles et concordaient avec les pratiques de prescription médicale 98. D’après une
autre étude, la consommation d’héroïne est largement restée stable pendant l’année 2019, même si des niveaux
d’usage plus élevés ont été observés dans le sud-ouest, le centre et le nord-ouest de la Chine. Sur la base d’une
analyse de corrélation, on a émis l’hypothèse de schémas de polyconsommation associant l’usage d’héroïne et de
cocaïne 99.
Europe : pas d’augmentation du nombre de personnes entamant un usage d’opioïdes, tandis que la majeure
partie des usagères et usagers vieillissants, d’après les estimations, suivraient un traitement
La prévalence estimative de l’usage d’opioïdes est inférieure à la moyenne mondiale en Europe, ou elle s’établit à
0,7 % de la population âgée de 15 à 64 ans, soit 3,6 millions de personnes. Au sein de la région, la prévalence
estimative est légèrement supérieure en Europe orientale et du Sud-Est (0,8 %) à ce qu’elle est en Europe occidentale
et centrale (0,6 %). La plupart des personnes faisant usage d’opioïdes en Europe prennent des opiacés, pour une
prévalence de 0,6 %. Autrement dit, 3,1 millions des 3,6 millions d’usagères et d’usagers d’opioïdes d’Europe
auraient, selon les estimations, pris des opiacés en 2020.
D’après les données relatives au traitement de l’usage de drogues et les données d’enquête, l’opioïde le plus
consommé est de loin l’héroïne, même si dans la population de certains pays, le niveau de l’usage non médical de
médicaments opioïdes est supérieur à celui d’héroïne. Chez les usagères et usagers d’opioïdes à haut risque de
certains pays, d’autres opioïdes prédominent, notamment la buprénorphine en Finlande et, jusqu’à récemment, le
fentanyl en Estonie.
Les médicaments de traitement de substitution aux opioïdes détournés de leur usage, à titre d’exemple la
buprénorphine ou la méthadone, constituent le deuxième groupe d ’opioïdes le plus utilisé à des fins non médicales,
et la présence de médicaments opioïdes fabriqués illicitement est aussi mentionnée 100. L’usage non médical de
tramadol et de fentanyl a été signalé dans la région, même si son ampleur est assez limitée 101. Le tramadol est
responsable de centaines de décès chaque année, dont la plupart sont cependant concentrés dans quelques pays 102.
Si l’usage de fentanyl semble diminuer en Estonie, d’autres opioïdes gagnent en prévalence, comme l’isotonitazène,
puissant opioïde synthétique qui a été détecté dans des décès liés à la drogue en Estonie, en Suisse et au Royaume-
Uni et dans les données des services de détection et de répression de plusieurs autres pays européens 103. Cependant,
on suppose que, sur le marché illicite, l’isotonitazène est mélangé à d’autres substances, principalement de l’héroïne,
plutôt que consommé seul par les usagers 104.
Figure 74 Personnes admises pour la première fois en traitement pour usage d’opioïdes
dans deux sous-régions d’Europe, 2010-2019
Western and Central Europe Europe occidentale et centrale
Number of persons Nombre de personnes
Heroin Héroïne
Other opioids Autres opioïdes
Source : EMCDDA, « Statistical Bulletin 2021 ».
Note : Les données pour l’Europe occidentale et centrale ne couvrent pas les États et territoires pour lesquels aucune donnée
n’était disponible ou d’importants points de données manquaient (Andorre, Allemagne, Islande, Liechtenstein, Monaco,
Norvège, Saint-Marin, Suède, Suisse, Îles Féroé, Gibraltar et Saint-Siège). Les données pour l’Europe du Sud-Est portent
uniquement sur la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie et la Turquie. Les données correspondantes n’étaient pas disponibles
m
Les élèves fréquentaient une classe comprise entre la 7e à la 12e année et leur âge moyen était de 15,2 ans (écart type : +/- 1,8).
pour l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie et le Kosovo n. Au total, 4,4 % des
points de données étaient manquants et 4,4 % ont été interpolés en utilisant la moyenne géométrique des valeurs voisines ou
en supposant des tendances stables pour la première et la dernière valeur manquante de la série chronologique.
Figure 75 Personnes admises pour la première fois en traitement pour usage de drogues,
Fédération de Russie, 2006-2020
Rate per 100,000 population Taux pour 100 000 habitants
Other drugs and combinations Autres drogues et associations
Psychostimulants Psychostimulants
Cocaine Cocaïne
Cannabinoids Cannabinoïdes
Opioids Opioïdes
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Figure 76 Usagères et usagers d’opiacés à haut risque dans l’Union européenne, 2019
Clients in opioid substitution treatment Personnes suivant un traitement de substitution aux
opiacés
Clients in other forms of treatment (estimate) Personnes suivant d’autres formes de traitement
(estimation)
High-risk opioid users not in treatment Usagères et usagers d’opioïdes à haut risque ne suivant
aucun traitement
Sources : EMCDDA, Rapport européen sur les drogues 2021 : Tendances et évolutions (Luxembourg, 2021) et EMCDDA,
« Balancing Access to Opioid Substitution Treatment with Preventing the Diversion of Opioid Substitution Medications in
Europe: Challenges and Implications » (Luxembourg, 2021)
D’après un ensemble d’indicateurs, les tendances à long terme de l’usage d’opioïdes semblent être restées stables
ou avoir légèrement diminué en Europe. Les nouvelles admissions en traitement pour des troubles liés à l’usage
d’opioïdes sont en recul depuis 2010, principalement en Europe occidentale et centrale et dans la Fédération de
Russie, et il en va de même aussi en Europe du Sud-Est depuis 2015. Parmi les usagères et usagers d’héroïne admis
en traitement dans l’Union européenne, 19 % étaient des femmes 105.
Dans la population d’usagères et d’usagers d’opioïdes à haut risque de l’Union européenne (dont le nombre est
estimé à environ 1 million de personnes, soit 0,35 % de la population âgée de 15 à 64 ans en 2019) 106, la majeure
partie suit une forme de traitement, le plus souvent un traitement de substitution aux opioïdes (plus de 500 000
personnes en 2019). Entre 2 % et 17 % supplémentaires reçoivent d’autres types de traitement de l’usage de
drogues 107. Les décès liés à la drogue ont enregistré une légère augmentation à moyen terme et se sont stabilisés au
cours des dernières années. Cette augmentation s’explique presque entièrement par le vieillissement de ce groupe
vulnérable 108 . Même s’il n’existe pas actuellement de preuve d’une augmentation de l’entrée dans l’usage
d’opioïdes, les systèmes de surveillance peuvent être moins sensibles aux nouveaux cas d’usage 109 ou en enregistrer
l’existence avec un temps de retard.
En Fédération de Russie, si la part des personnes admises en traitement pour la première fois pour des troubles liés
à l’usage d’opioïdes continue de diminuer, les opioïdes restent le principal type de drogue consommé par la plupart
des personnes traitées dans le pays. Les personnes traitées pour une dépendance aux opioïdes sont en général des
usagères et usagers chroniques de longue date ; en 2020, elles ont été 34 fois plus nombreuses que les personnes
admises en premier traitement pour usage d’opioïdes.
En 2020, les décès liés aux opioïdes n’ont pas connu en Europe la forte augmentation observée en Amérique du
Nord. Certains pays et territoires ont cependant signalé des augmentations, même si elles allaient dans le sens des
n
Toute mention du Kosovo doit s’interpréter à la lumière de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.
tendances à long terme. Le Bélarus, la Finlande 110, l’Angleterre et le pays de Galles (Royaume-Uni)111 , les
Pays-Bas 112, la Norvège 113 et l’Ukraine ont ainsi mentionné une augmentation des constatations post-mortem de
présence d’opioïdes, principalement de médicaments opioïdes, en 2020 114 . La liste des médicaments opioïdes en
cause dans cette augmentation était diverse et les principales substances étaient la buprénorphine en Finlande, la
méthadone au Bélarus, en Ukraine et en Angleterre et au pays de Galles (Royaume-Uni), et diverses autres
substances, dont la codéine, la buprénorphine, la morphine, la péthidine, le tramadol et le fentanyl, dans d ’autres
pays. Certains pays européens, dont l’Allemagne, ont signalé une diminution.
Figure 77 Personnes traitées pour usage de drogues chez lesquelles a été diagnostiqué un syndrome
de dépendance, par type de drogue consommé, Fédération de Russie, 2020
Opioids, including opiates and synthetic opioids Opioïdes (opiacés et opioïdes synthétiques) (syndrome de
(dependence syndrome) dépendance)
Other drugs or polydrug use (dependence syndrome) Autres drogues ou drogues multiples (syndrome de
dépendance)
Cannabis-type drugs (dependence syndrome) Drogues de type cannabis (syndrome de dépendance)
Cocaine-type drugs (dependence syndrome) Drogues de type cocaïne (syndrome de dépendance)
Amphetamine-type stimulants (dependence syndrome) Stimulants de type amphétamine (syndrome de
dépendance)
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Note : Les données concernent l’ensemble des personnes traitées pour usage de drogues en 2020, sauf 157 388 chez lesquelles
a été diagnostiqué un « usage nocif » et non un syndrome de dépendance.
Figure 78 Tendances des décès directement liés aux opioïdes dans certains pays européens,
2015-2020
Number Nombre
Luxembourg Luxembourg
Norway Norvège
Bulgaria Bulgarie
Ukraine Ukraine
Italy Italie
Latvia Lettonie
Germany Allemagne
Lithuania Lituanie
Slovenia Slovénie
Sweden Suède
Turkey Turquie
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels; EMCDDA, « Statistical Bulletin 2021 » ; et
Trimbos Institute, « Nationale Drug Monitor », « 5.7.3 Sterfte in Nederland » [disponible à l’adresse
www.nationaledrugmonitor.nl/opiaten-sterfte-in-nederland/(en néerlandais)].
Amérique du Nord : les décès liés aux opioïdes ont atteint un niveau sans précédent
pendant la pandémie de COVID-19
La prévalence estimative de l’usage d’opioïdes est élevée en Amérique du Nord par rapport à la moyenne mondiale,
puisqu’en 2020, la part de la population âgée de 15 à 64 ans déclarant avoir fait usage d e telles substances au cours
de l’année écoulée se serait établie à 3,4 % et la part de celle déclarant avoir fait usage d’opiacés, à 0,7 %. Cela
équivaut à 11 millions d’usagères et d’usagers d’opioïdes et 2,4 millions d’usagères et d’usagers d’opiacés dans la
sous-région.
Selon une enquête nationale auprès des ménages, effectuée en 2020 o, on estime que 9,5 millions de personnes ont
fait usage d’opioïdes à des fins non médicales aux États-Unis pendant l’année écoulée. Sur ce nombre, 9,3 millions
de personnes avaient fait un usage de médicaments opioïdes non conforme à l’ordonnance médicale, 902 000 avaient
consommé de l’héroïne, et environ 700 000 avaient fait usage de médicaments opioïdes à des fins non médicales
ainsi que d’héroïne 115. Cependant, compte tenu de questions méthodologiques générales p et d’autres sources faisant
appel à des méthodes d’estimation indirectes, il se peut que la prévalence de l’usage d’héroïne ait été sous-estimée
dans l’enquête 116.
Figure 79 Tendances de l’usage d’héroïne et de l’usage non médical de médicaments opioïdes au cours
de l’année écoulée, d’après les enquêtes auprès des ménages, États-Unis, 2010-2020
Pharmaceutical opioids: number of users (millions) Médicaments opioïdes : usagères et usagers (millions)
Heroin: number of users (millions) Héroïne : usagères et usagers (millions)
Pharmaceutical opioids Médicaments opioïdes
Heroin Héroïne
Source : États-Unis, Direction des services de santé mentale et de prévention et de traitement de l’abus de substances, résultats de l’Enquête
nationale de 2020 sur l’usage des drogues et la santé : tableaux détaillés (Rockville, Maryland, Center for Behavioral Health Statistics and
Quality, 2021).
Figure 80 Tendances des décès par surdose d’opioïdes, par principal type de drogue
(seule ou en association avec d’autres substances), États-Unis, 2010-2020
Number Nombre
Any opioid Tous opioïdes
Heroin Héroïne
Pharmaceutical opioids Médicaments opioïdes
Other synthetic opioids (fentanyls and tramadol) Autres opioïdes synthétiques (fentanyls et tramadol)
Sources : États-Unis, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Health Statistics, Wide-ranging Online Data for
Epidemiologic Research (CDC WONDER, https://wonder.cdc.gov/mcd. html). Disponible à l’adresse
https://nida.nih.gov/sites/default/files/Overdose_data_1999-2020_1.5.22.xlsx
Note : La catégorie « tous opioïdes » regroupe toutes les catégories de décès par surdose d’opioïdes. Les catégories restantes
regroupent les décès avec et sans présence d’autres substances, y compris d’opioïdes.
Les substances qui causent actuellement le plus de méfaits, comme il ressort clairement de la mortalité liée aux
drogues aux États-Unis, sont les fentanyls. L’enquête nationale sur les ménages de 2020 117 comportait une question
sur le mésusage de produits à base de fentanyl. D’après les réponses présentées, il a été estimé que 0,1 % des
personnes âgées de 12 ans ou plus (soit 356 000 personnes) avaient fait un mésusage de ces produits. Les personnes
concernées peuvent toutefois ne pas avoir conscience de prendre du fentanyl si celui-ci est mêlé à d’autres drogues
à divers degrés.
o
La Direction des services de santé mentale et de prévention et de traitement de l’abus de substances (SAMHSA) des États-Unis invite à la
prudence dans la comparaison des estimations de 2020 avec celles des années précédentes en raison des changements méthodologiques (périodes
de collecte de données différentes, collecte en ligne des données et modifications du questionnaire) que la situation de pandémie a contraint
d’apporter au processus de collecte de données. La comparabilité du cycle de collecte de données de 2020 avec les cycles précédents constitue
donc une inconnue (https://www.samhsa.gov/data/release/2020-national-survey-drug-use-and-health-nsduh-releases).
p
Certaines populations faisant un usage intensif d’opioïdes peuvent être exclues de la base de sondage : les personnes séjournant dans des
établissements pénitentiaires ou des centres de traitement de l’usage de drogues, les personnes sans domicile fixe, et les personnes ne souhaitant
pas répondre à l’enquête.
Depuis 2013, les États-Unis connaissent une augmentation sans précédent des décès par surdose, dont les fentanyls
sont la principale cause, tandis que le rôle de l’héroïne a diminué. Des opioïdes synthétiques autres que les fentanyls
(par exemple, l’isotonitazine et la brorphine) ont aussi été observés dans des proportions réduites mais croissantes 118.
Le ralentissement relatif de la tendance à l’augmentation des décès par surdose entre 2017 et 2019 a coïncidé avec
l’absence relative de disponibilité du carfentanil à cette période 119 ; d’autres facteurs peuvent cependant aussi avoir
joué un rôle. On estime que la poussée actuelle des fentanyls tient principalement à l’offre plutôt qu’à la demande.
Sur le marché de la drogue des États-Unis, les fentanyls sont vendus en général comme de l’« héroïne » dont la
désignation est « héroïne coupée ou replacée par du fentanyl » (« fentanyl-adulterated or substituted heroin » –
FASH). Plusieurs facteurs encouragent ce phénomène sur le marché : ainsi, les fentanyls sont peu coûteux, ils
peuvent être produits efficacement et ils peuvent être vendus sur des marchés en ligne 120. Plus récemment, une
demande de fentanyl s’est créée, motivée par la forte puissance de cette substance, son faible prix et le fait que son
action intense procure à qui en prend une euphorie que la tolérance à l’héroïne a pu faire disparaître. À mesure que
la tolérance augmente à l’égard du fentanyl ou de l’héroïne coupée de fentanyl, les autres produits du marché
deviennent insuffisants pour satisfaire les besoins en opioïdes des personnes concernées 121.
Les femmes ont représenté environ 30 % de l’ensemble des décès par surdose de drogues aux États-Unis en 2020.
De même, 29 % de l’ensemble des décès impliquant un opioïde ont concerné des femmes. La proportion de femmes
dans les décès impliquant l’héroïne a été légèrement inférieure (25 %), mais les femmes ont représenté près de la
moitié de l’ensemble des décès dans les cas où étaient présents des médicaments opioïdes sans opioïdes synthétiques
autres que la méthadone (47 %) 122.
Figure 81 Tendances des décès par surdose attribués aux médicaments opioïdes et à l’héroïne, États-Unis,
2010-2020
Pharmaceutical opioids Médicaments opioïdes
Number Nombre
Deaths involving pharmaceutical opioids and other Décès impliquant des médicaments opioïdes et d’autres
synthetic opioids (fentanyls) opioïdes de synthèse (fentanyls)
Deaths involving pharmaceutical opioids without other Décès impliquant des médicaments opioïdes sans autres
synthetic opioids opioïdes de synthèse
Heroin Héroïne
Number Nombre
Deaths involving heroin and synthetic opioids Décès impliquant de l’héroïne et des opioïdes de synthèse
(fentanyls) (fentanyls)
Deaths involving heroin without other synthetic Décès impliquant de l’héroïne sans autres opioïdes de
opioids synthèse
Source : États-Unis, Centers for Disease Control and Prevention, National Center for Health Statistics, Wide-ranging Online Data for
Epidemiologic Research, « Multiple cause of death 2000–2020 ».
D’après une enquête nationale effectuée au Canada en 2019, il a été estimé que 1 % des Canadiens âgés de 15 ans
et plus avaient fait un « usage problématique d’analgésiques opioïdes » au cours de l’année écoulée. Le Canada
connaît aussi une tendance à l’augmentation des décès par surdose de drogues liée à la multiplication des opioïdes
de synthèse, le principal étant le fentanyl. Du fentanyl a été retrouvé dans 86 % des échantillons provenant de
personnes décédées à la suite d’une surdose d’opioïdes au cours du premier semestre de 2021 123. Dans la plupart
des cas de décès par surdose de drogues constatés en Colombie-Britannique depuis 2017, la voie d’administration
de la drogue a été l’inhalation, et non l’injection, dont le rôle dans les décès par surdose est allé en diminuant 124.
Cet élément contredit les données observées ailleurs, où l’injection a été fortement associée au risque de décéder
d’une surdose 125.
Figure 82 Tendances des décès par surdose d’opioïdes au Canada, par trimestre, 2016-2021
Rate per 100,000 population Taux pour 100 000 habitants
Q1 T1
Q2 T2
Q3 T3
Q4 T4
Source : Comité consultatif spécial sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes, « Méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants au
Canada » (Ottawa : Agence de la santé publique du Canada, décembre 2021), disponible à l’adresse https://health-
infobase.canada.ca/substance-related-harms/opioids-stimulants.
Figure 83 Tendances concernant les substances détectées dans les décès par surdose d’opioïdes
au Canada, 2016-2021
Percentage Pourcentage
(Jan to Jun) (janv. à juin)
Fentanyl Fentanyl
Fentanyl analogues Analogues du fentanyl
Non-fentanyl opioids Opioïdes autres que le fentanyl
Stimulants Stimulants
Other psychoactive substances Autres substances psychoactives
Source : Agence de la santé publique du Canada, Décès apparemment liés à une intoxication aux opioïdes et aux stimulants –
Surveillance des méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants au Canada (Ottawa, 2021), disponible à l’adresse https://sante-
infobase.canada.ca/mefaits-associes-aux-substances/opioides-stimulants.
Figure 84 Personnes traitées pour usage de drogues au Mexique, par drogue primaire, 2011-2020
Number Nombre
Other drugs Autres drogues
Heroin Héroïne
Opium Opium
Other opioids Autres opioïdes
Source : ONUDC, réponses du Mexique au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Pendant la pandémie de COVID-19, la tendance à la hausse de la mortalité par surdose liée aux opioïdes
(principalement au fentanyl) s’est encore accélérée en Amérique du Nord 126. Aux États-Unis, le nombre de décès
directement liés aux drogues a atteint le chiffre record de 91 799 en 2020 127 et l’estimation provisoire pour 2021 est
de 107 622 128. Au Canada, la mortalité par surdose a aussi nettement augmenté, le nombre de décès liés aux opioïdes
par trimestre étant systématiquement supérieur d’environ 50 % aux chiffres antérieurs à la pandémie. D’après les
programmes de surveillance des eaux usées, la consommation de fentanyl a augmenté dans les villes canadiennes
d’Edmonton, de Halifax, de Montréal, de Toronto et de Vancouver depuis le début de la pandémie 129.
On ne comprend pas entièrement les raisons de cette augmentation et elles sont en cours d’analyse. Une des
hypothèses évoquées est la propagation des fentanyls dans de nouvelles zones géographiques des États -Unis 130,
tandis qu’un autre facteur possible est la forte augmentation constatée des cas de médicaments falsifiés contenant
du fentanyl et de la méthamphétamine 131 . Entrent aussi probablement en jeu des facteurs liés à l’aggravation des
disparités raciales 132 et sociales devant la santé133 . La situation créée par la pandémie de COVID-19 pourrait aussi
avoir joué un rôle. Les mesures de distanciation sociale, qui ont eu pour effet une réduction de l’accès aux traitements
en personne, ou encore une augmentation de l’usage d’opioïdes par les personnes seules, ont peut-être aussi été
associées à l’augmentation du nombre de surdoses 134, 135.
L’Administrateur provincial de la santé de la Colombie-Britannique, au Canada, a déclaré l’urgence de santé
publique pour la crise des opioïdes en avril 2016 et le Gouvernement des États-Unis a fait de même en 2017. Les
deux pays ont mis en place des moyens inédits pour lutter contre la crise. Le Canada a expérimenté un traitement
de substitution à l’aide de fentanyl pour la prise en charge de la dépendance au fentanyl 136, ainsi qu’un nouveau
programme d’offre sécurisée visant à remplacer l’offre illicite à haut risque par des opioïdes, des stimulants et des
benzodiazépines de qualité pharmaceutique à destination des usagères et usagers de drogues contrôlés positifs à la
COVID-19 ou exposés au virus, de façon à réduire les risques d’empoisonnement, de syndrome de sevrage et
d’exposition à la COVID-19 137. Or, en dépit de ces efforts, le nombre de décès par surdose a continué d’augmenter,
ce qui donne à penser que la dynamique du marché l’emporte comme facteur déterminant dans la structure des effets
préjudiciables.
Les opioïdes ne jouent pas actuellement un rôle majeur dans l’usage de drogues au Mexique, où les dernières
données disponibles pour l’ensemble de la population datent de 2016, où 0,1 % de la population âgée de 12 à 65 ans
a déclaré avoir fait usage d’héroïne au cours de l’année écoulée. Si l’héroïne a été la première drogue par injection
du pays en 2020, suivie par l’opium acétylé, les opioïdes ne jouent qu’un rôle mineur dans les admissions en
traitement pour usage de drogues.
Une prévalence assez élevée de l’usage d’héroïne a cependant été relevée dans la région de la frontière nord du
Mexique avec les États-Unis 138. La consommation d’héroïne dans cette région a été associée à la situation
économique défavorable, à la prostitution, aux déplacements internes et à la présence d’itinéraires de trafic de
drogues 139. Une prévalence particulièrement élevée de l’usage a été observée parmi les personnes expulsées des
États-Unis. Il existe au Mexique d’autres facteurs de risque qui pourraient contribuer à une augmentation de l’usage
d’opioïdes à l’avenir, comme la production et le trafic d’héroïne, le traumatisme que représente le fait d’être expulsé
et l’évolution des pratiques de prescription des opioïdes140 . En outre, comme dans d’autres pays d’Amérique du
Nord, la pratique consistant à mêler l’héroïne de fentanyl a été relevée près de la frontière nord du Mexique 141.
Le mésusage de tramadol dans les épidémies régionales : Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest et du Centre,
Proche et Moyen-Orient/Asie du Sud-Ouest
Le tramadol est un opioïde synthétique utilisé dans le traitement de la douleur modérée à forte, qui a également un
effet d’amélioration de l’humeur. L’administration de doses de tramadol supérieures aux doses thérapeutiques
conduit à un profil de dépendance analogue à celui de la morphine et d’autres opioïdes, même si d’après des études
épidémiologiques antérieures, le risque addictif serait moins élevé que celui d’autres opioïdes 142. Les effets
indésirables comprennent les vertiges, les nausées, la constipation et les maux de tête, et les symptômes de sevrage
comprennent, outre les symptômes de sevrage caractéristiques des opioïdes, les hallucinations, la paranoïa, la
confusion et les anomalies sensorielles 143. L’usage non médical de cette substance est le plus souvent oral.
Le tramadol n’est pas une substance placée sous contrôle international. Cependant, des mécanismes de contrôle
nationaux sont souvent prévus ; dans la plupart des pays, le tramadol n’est délivré que sur ordonnance médicale.
Si l’on dispose de peu de données sur l’usage de drogues en général, il apparaît clairement que l’usage non médical
de tramadol est devenu plus prévalent en Afrique du Nord et de l’Ouest, au Proche et au Moyen-Orient, et dans
certaines parties de l’Asie du Sud-Ouest au cours des 10 dernières années, et d’après certains signes, continuera
d’augmenter, surtout à moyen terme. Nombre de pays ont signalé l’existence d’un usage non médical du
médicament 144, 145, 146 . L’Algérie, le Burkina Faso, l’Égypte, l’Iraq, le Niger, le Nigéria, le Qatar, la Sierra Leone et
le Togo indiquent que le tramadol est la substance opioïde dont l’usage est le plus répandu sur leur territoire. Les
autres pays qui ont présenté des renseignements sur l’usage non médical de tramadol sont l’Arabie saoudite, les
Émirats arabes unis 148, l’État de Palestine, le Ghana, la Jordanie, le Liban, le Libéria, la Libye, le Maroc 147 , Maurice,
la République islamique d’Iran et le Yémen 149.
Des données de prévalence concernant le mésusage de tramadol dans la population des différents pays existent
même si elles sont rares. D’après les estimations, 4,6 millions de personnes, dont 3 millions d’hommes, faisaient
usage de médicaments opioïdes à des fins non médicales au Nigéria en 2017. Parmi ces personnes, la plupart avaient
consommé du tramadol et, dans une moindre mesure, de la codéine, ou de la morphine, au cours de l ’année écoulée,
soit 4,7 % de la population adulte âgée de 15 à 64 ans. La prévalence était de 3,3 % chez les femmes et de 6 % chez
les hommes. Au total, 20 % des usagères et usagers de médicaments opioïdes répondaient aux critères de dépendance
autoévalués de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes
(CIM-10) 150 . Selon les estimations, en Égypte, 3 % de la population adulte a fait usage de tramadol à des fins non
médicales en 2016 151. Une étude menée en République islamique d’Iran a obtenu une estimation groupée de 4,9 %
d’usage non médical de tramadol au cours de l’année écoulée dans la population masculine, et de 0,8 % chez les
femmes 152. Des niveaux d’usage analogues ont été estimés pour la population étudiante (4,8 % et 0,7 % pour les
hommes et les femmes, respectivement). L’usage non médical régulier et la dépendance sont aussi des réalités
établies concernant cette substance en République islamique d’Iran, de même que d’autres conséquences néfastes
pour la santé. On estime que le tramadol a provoqué 13,1 % des empoisonnements non mortels et 5,7 % des
empoisonnements mortels par médicament 153. Dans le cadre d’une étude réalisée en 2018 à Riyad, en Arabie
saoudite, 8,6 % des lycéens et des étudiants ont déclaré avoir consommé du tramadol à des fins non médicales 154 .
Figure 85 Personnes traitées pour des troubles liés à l’usage de tramadol et d’héroïne en Afrique
de l’Ouest, 2016-2019
Rates per 100,000 population Taux pour 100 000 habitants
Liberia: Rates per 100,000 population Libéria : Taux pour 100 000 habitants
Tramadol Tramadol
Heroin Héroïne
Niger Niger
Togo Togo
Burkina Faso Burkina Faso
Mali Mali
Sierra Leone Sierra Leone
Senegal Sénégal
Nigeria Nigéria
Cabo Verde Cabo Verde
Benin Bénin
Côte dʼIvoire Côte dʼIvoire
Gambia Gambie
Ghana Ghana
Guinea Guinée
Liberia Libéria
Sources : The West African Epidemiology Network on Drug Use (WENDU) Report: Statistics and Tends on Illicit Drug Use and Supply
2014-2017 (2019) et The West African Epidemiology Network on Drug Use (WENDU) Report: Statistics and Tends on Illicit Drug Use
and Supply 2018-2019 (2021).
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans la large répartition géographique et la prévalence assez élevée de
l’usage de tramadol dans ces régions. Outre les facteurs qui influent habituellement sur l’usage de drogues, un
facteur signalé parmi les populations étudiées est l’usage de tramadol visant à améliorer l’endurance sexuelle chez
les hommes 155 . Une autre raison courante de l’usage de tramadol chez les travailleurs et les jeunes est la perception
que cet usage rend plus énergique et performant 156. La disponibilité assez aisée du tramadol en pharmacie et sur le
marché illicite, son faible coût, et la perception du tramadol comme étant sûr, du fait qu’il s’agit d’un médicament
délivré sur ordonnance, jouent également un rôle 157.
Certaines professions semblent être particulièrement touchées par une forte prévalence de l ’usage non médical de
tramadol. Des études menées auprès d’agriculteurs et de chauffeurs professionnels au Ghana ont mis en évidence
des niveaux de prévalence du mésusage de tramadol de l’ordre de 25 % à 28 % 158. L’usage non médical de tramadol
est apparu particulièrement élevé parmi les ouvriers d’une région industrielle égyptienne, où entre 25 % et 92 % des
ouvriers interrogés avaient fait un mésusage de tramadol 159. Dans le cadre d’une étude menée au Nigéria, 19 % des
conducteurs de bus interrogés ont signalé un mésusage fréquent de tramadol 160.
L’usage non médical problématique de tramadol est rendu manifeste par la proportion élevée de personnes débutant
un traitement pour des troubles liés à l’usage de tramadol. L’Égypte, l’Irak, le Nigéria et les Émirats arabes unis ont
mentionné expressément le tramadol comme une des drogues principales les plus fréquentes parmi les personnes
qui suivent un traitement pour usage de drogues 161 . Des chiffres importants ont aussi été signalés dans d’autres pays,
parmi lesquels le Niger, le Libéria et la Sierra Leone, certains faisant état d’une forte hausse récente de la demande
de traitement concernant des troubles liés à l’usage de tramadol 162 .
Les crises des opioïdes se propagent-elles au-delà de leurs foyers régionaux respectifs ?
Le tramadol au-delà de l’Afrique et du Moyen-Orient
Outre les foyers de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, l’usage
non médical de tramadol est mentionné par plusieurs pays, même si, en ce qui concerne les saisies, celles-ci sont
relativement faibles en Asie et en Europe. En 2020, neuf pays d’Asie ont fait état de saisies représentant au total
1,2 tonne de tramadol, dont 39 kg seulement pour l’Inde 163. En 2019, l’Inde a signalé des saisies équivalentes à
144 kg, et six autres pays ont déclaré des saisies dont l’ensemble équivalait à 70 kg. En Europe, environ 96 kg de
tramadol ont été saisis au total par 17 pays en 2020, la plus grande partie en Suède (49 kg) et en Fédération de Russie
(33 kg).
En Chine, l’usage moyen de tramadol a été estimé, d’après l’analyse des eaux usées, à 39,7 mg par jour pour 1 000
habitants en 2016, et à 34,8 mg par jour pour 1 000 habitants en 2017 164. Les auteurs de l’étude ont constaté une
diminution sensible de la consommation de tramadol dans les grandes villes entre 2016 et 2019. On considérait que
la source de tramadol la plus fréquente dans le pays était le tramadol obtenu sur ordonnance médicale, même s’il
n’a pas été possible de conclure sur la question de l’usage non médical de cette substance 165.
Figure 86 Saisies de tramadol en Asie, 2018-2020
Kilograms Kilogrammes
Armenia Arménie
China Chine
Myanmar Myanmar
Bhutan Bhoutan
Saudi Arabia Arabie saoudite
Uzbekistan Ouzbékistan
Indonesia Indonésie
Lebanon Liban
Tajikistan Tadjikistan
Iraq Iraq
India Inde
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
D’autres pays d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est ont mentionné qu’il existe certaines indications de l’usage de
tramadol à des fins non médicales sur leur territoire : la Malaisie 166, 167, le Bhoutan, l’Inde, le Myanmar 168, le Népal,
Sri Lanka 169, la République de Corée 170 et la Thaïlande 171. D’après les données relatives aux saisies, le mésusage de
cette substance serait aussi présent en Arménie, au Tadjikistan et en Ouzbékistan 172.
Aux États-Unis, le tramadol se classe au quatrième rang des médicaments opioïdes pour ce qui est de l ’usage non
médical 173 ; environ 1,5 million de personnes, soit 0,5 % de la population âgée de 12 ans et plus, ont déclaré avoir
fait usage de cette substance à des fins non médicales en 2020.
L’usage non médical de tramadol, comparativement à d’autres médicaments opioïdes, reste faible en Europe 174. La
Global Drug Survey, enquête en ligne menée auprès de personnes jeunes, en majeure partie, dans 22 pays,
principalement en Europe, indique une prévalence de 6,4 % de l’usage de tramadol au cours de l’année écoulée 175.
Une étude à quatre pays menée en Allemagne, en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni à partir de données
provenant d’une analyse multi-indicateurs sur la période 2015-2018 a évalué l’ampleur du mésusage de tramadol
dans la population par rapport à d’autres médicaments opioïdes courants, et il en est ressorti que le taux de mésusage
le plus élevé chez les adultes était celui de la codéine et le plus faible celui de l’oxycodone. Dans tous ces pays, sauf
l’Espagne, le tramadol s’est classé au deuxième rang des médicaments opioïdes pour l’usage non médical 176.
Figure 88 Usage non médical de médicaments opioïdes en Allemagne, en Espagne, en Italie
et au Royaume-Uni, 2018
Rate per 100,000 standard units sold Taux pour 100 000 unités normalisées vendues
Oral Voie orale
Injection Injection
Germany Allemagne
Italy Italie
Spain Espagne
United Kingdom Royaume-Uni
Codeine Codéine
Morphine Morphine
Oxycodone Oxycodone
Tramadol Tramadol
Source : D’après le tableau figurant dans Iwanicki et al., « Tramadol Non-Medical Use in Four European Countries ».
Note : Le taux de mésusage d’opioïdes a été calculé sur la base de 100 000 unités normalisées d ’opioïdes vendues.
Figure 89 Décès par surdose attribués au tramadol, certains pays d’Europe occidentale et centrale,
2019/20
Number Nombre
Finland Finlande
France France
Latvia Lettonie
Luxembourg Luxembourg
Slovakia Slovaquie
Slovenia Slovénie
Source : ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
Plusieurs centaines de décès par surdose attribués au tramadol sont signalés chaque année en Europe, mais ces cas
sont signalés généralement par quelques pays seulement 177. En 2019/20, plus de 300 décès par surdose attribués au
tramadol ont été signalés dans la région. La plupart des décès par surdose attribués au tramadol ont été signalés au
Royaume-Uni 178. En Angleterre et au pays de Galles, les décès par surdose attribués aux opioïdes ont augmenté ces
30 dernières années ; en 2020, 2 263 cas ont été signalés, dont 9 % attribués au tramadol. Environ 70 % de
l’ensemble des cas signalés de décès par surdose d’opioïdes concernaient des hommes. En 2020, cependant, la
différence entre les sexes s’agissant des décès par surdose de tramadol a été moins marquée, le pourcentage de ces
décès chutant à 60 % chez les hommes 179. Des décès liés aux analogues du fentanyl ont été enregistrés en Angleterre
et au pays de Galles seulement en 2017 et en 2018.
En Norvège, des données groupées sur les décès par surdose pour la période 2000 -2019 font état de plus de 3 000
décès attribués à une surdose d’opioïdes 180. Entre 2003 et 2019, le nombre de ces décès est resté assez stable, mais
les décès par surdose attribués à l’héroïne ont diminué pendant cette période. Cela a été compensé par une
augmentation des décès par surdose attribués aux médicaments opioïdes, dont les fentanyls et le tramadol, qui ont
représenté 3 % ou plus des décès par surdose enregistrés depuis 2000. Si globalement, les décès par surdose liés aux
opiacés ont été plus fréquents chez les hommes, les décès par surdose d’opioïdes, y compris attribués au fentanyl et
au tramadol, ont été plus fréquents chez les femmes.
Les fentanyls au-delà de l’Amérique du Nord
Plusieurs pays ont présenté des données sur l’usage de fentanyls, même s’il n’y a pas actuellement d’indication
d’une épidémie d’usage non médical et des conséquences sanitaires d’une telle épidémie ailleurs qu’en Amérique
du Nord, où l’expérience a montré que les fentanyls (de même que les autres opioïdes expérimentaux ou nouveaux)
peuvent se répandre rapidement. Les facteurs liés à l’offre qui accélèrent la propagation des fentanyls en Amérique
du Nord sont notamment les suivants : la diffusion de méthodes plus simples et plus efficaces de fabrication
d’opioïdes synthétiques et de leurs analogues (principalement les fentanyls), facilitée par l’existence sur Internet
d’instructions pour leur fabrication ; corrélativement, le passage de l’élaboration par un nombre limité de chimistes
qualifiés à l’élaboration par de « simples préparateurs » ; le nombre croissant d’analogues du fentanyl et d’opioïdes
expérimentaux qui sont découverts ; le manque de contrôle efficace des précurseurs et de surveillance du secteur ;
le développement de réseaux de distribution qui diminuent le risque de détection en utilisant les services postaux et
Internet ; et l’essor du commerce licite, y compris par voie électronique 181, 182.
Compte tenu de ces facteurs, les fentanyls restent une menace potentielle sur le marché des opioïdes. La propagation
des fentanyls pourrait survenir rapidement si la dynamique du marché provoque une pénurie du principal opioïde en
usage dans tel ou tel pays.
L’Europe 183 connaît un problème d’opioïdes particulièrement diversifié, où plusieurs opioïdes principaux sont mis
en évidence par différents indicateurs : l’héroïne, la méthadone (illicite ou vendue dans la rue), la buprénorphine et
les fentanyls. Depuis 2012, 34 nouveaux fentanyls ont été identifiés sur le marché de la drogue en Europe 184 et les
saisies de fentanyls y deviennent plus fréquentes. La quantité de fentanyls saisie en Europe a atteint 15 kg au total
en 2019, déclarés par 11 pays, soit trois fois la quantité saisie en 2018. En 2020, toutefois, 20 pays européens ont
signalé des saisies de fentanyls atteignant environ 6,8 kg 185. On peut estimer d’après ces chiffres que les pays
accordent une priorité et des moyens accrus à la détection des fentanyls, et/ou que l’offre de ces substances a
augmenté sur les marchés illicites du continent.
Figure 90 Décès par surdose attribués au tramadol et aux fentanyls, par sexe, Angleterre
et pays de Galles, 2011-2020
Number Nombre
Total Total
Male Hommes
Female Femmes
Tramadol Tramadol
Fentanyl Fentanyl
Fentanyl analogues Analogues du fentanyl
Source : Royaume-Uni, Office for National Statistics, « Deaths related to drug poisoning by selected substances in England and
Wales ».
Figure 91 Décès par surdose attribués aux opioïdes, par sexe et type d’opioïde en cause, Norvège,
2000-2019
Number Nombre
Women Femmes
Men Hommes
Morphine/heroin Morphine/héroïne
Codeine Codéine
Buprenorphine Buprénorphine
Oxycodone Oxycodone
Fentanyl analogues Analogues du fentanyl
“Probably” heroin Héroïne « probable »
Methadone Méthadone
Fentanyl Fentanyl
Tramadol Tramadol
Source : D’après les données présentées dans Edvardsen et Clausen, « Opioid Related Deaths in Norway in 2000–2019 ».
Figure 92 Décès par surdose attribués aux opioïdes et aux fentanyls, Allemagne, 2017-2020
Nombre (opioïdes) Number (opioids)
Nombre (fentanyl) Number (fentanyl)
Ensemble des opioïdes All opioids
Fentanyl Fentanyl
Source : Allemagne, Office fédéral de police criminelle (Bundeskriminalamt), « Rauschgiftkriminalität: Bundeslagebild
2020 », et années antérieures (en allemand).
Note : Les données représentent le nombre de décès par empoisonnement pour lesquels la ou les substances spécifiées ont été
détectées dans le sang et considérées comme ayant contribué au décès, soit seules, soit en association avec d ’autres
substances.
Le fentanyl et ses analogues sont vendus sur le marché européen par l’intermédiaire de sources en ligne et dans les
rues, parfois en les présentant faussement comme étant de l’héroïne ou d’autres drogues, comme c’est le cas des
benzodiazépines falsifiées, ou en les mêlant à ces autres substances 186. Les principaux analogues du fentanyl que
l’on a identifiés en Europe, et qui sont impliqués dans un nombre relativement important de décès par surdose , sont
le cyclopropylfentanyl, le carfentanil et l’acryloylfentanyl (78, 61 et 47 décès, respectivement, en 2018) 187.
L’existence, sur les marchés européens, d’une gamme diverse de moyens d’administration des fentanyls, parmi
lesquels des sprays nasaux et des liquides à vapoter au moyen d’une cigarette électronique, est aussi un motif de
préoccupation 188.
Hormis quelques poches d’usage, les fentanyls ne semblent pas bien établis sur le marché européen des opioïdes.
Ainsi, le programme de surveillance des seringues q, qui rassemble des informations sur les substances injectées sur
certains sites d’Europe occidentale, a montré qu’à Vilnius, un tiers des seringues collectées et analysées contenaient
des résidus de carfentanil 189. À Paris, à Oslo et à Cologne (Allemagne), 1 % ou moins des seringues collectées
contenaient des résidus de fentanyl.
La Suède, l’Estonie et l’Allemagne ont signalé une nette diminution du nombre de décès liés au fentanyl et à ses
analogues entre 2017 et 2018 ; la Finlande a signalé une augmentation de 4 à 11 cas pour cette période 190. En
q
Le programme rassemble des informations sur les substances injectées en analysant le contenu résiduel des seringues jetées, recueillies au titre
de différents programmes sur certains sites d’Europe occidentale. Il ne s’étend pas à l’Europe orientale.
Allemagne, le nombre de décès par surdose de fentanyl est resté stable, à environ 35 décès par an depuis 2018. La
Suède, qui, par le passé, avait déclaré des taux élevés de décès par surdose attribués à l’usage d’opioïdes, y compris
d’héroïne et de fentanyls, constate, depuis 2016, une diminution très importante de ces taux, et en 2020, n’a
enregistré aucun décès lié aux analogues du fentanyl.
Après que la disponibilité de l’héroïne eut diminué en Estonie, le 3-méthylfentanyl est apparu sur le marché de la
drogue de ce pays en 2002. En 2005, le 3-méthylfentanyl et les mélanges de 3-méthylfentanyl et de fentanyl
représentaient la majeure partie des opioïdes saisis et un nombre croissant des décès par surdose 191. En 2018, le
fentanyl et le carfentanil étaient les deux principaux opioïdes de synthèse utilisés par les usagères et usagers réguliers
d’opioïdes192 . Néanmoins, depuis lors, le nombre de décès par surdose a considérablement diminué et, en 2020,
31 décès par surdose de drogues ont été enregistrés, contre un pic de 170 décès de cette nature en 2012, grâce en
partie à la moindre disponibilité du fentanyl et à l’extension du programme de naloxone « à emporter » 193.
Note : Pratiquement la totalité des décès par surdose ont été attribués aux fentanyls.
On dispose de moins de données en provenance de l’Asie, où l’Inde et la Chine ont déclaré des saisies de fentanyls
qui ont totalisé 26,3 kg en 2018 194. En 2020, l’Arménie, la Chine, Israël et la République de Corée ont déclaré de
faibles quantités de fentanyls ayant fait l’objet d’une saisie (155 grammes au total).
Dans les échantillons d’eaux usées prélevés dans 30 villes de sept régions chinoises entre 2016 et 2019, le fentanyl
n’a été détecté que dans un petit nombre d’échantillons, la présence d’un faible niveau de métabolites du fentanyl
n’étant détectée que dans 5 % ou moins des échantillons prélevés au cours des différents cycles 195.
En Australie, l’usage non médical de fentanyls n’est pas rare. En 2018, 189 décès par surdose r impliquant du
fentanyl, de la péthidine ou du tramadol s ont été enregistrés, soit 21 % de l’ensemble des décès par surdose
impliquant des opioïdes, les décès ayant été multipliés par 13 entre 2001 (14 décès) et 2018 (189 décès) 196. D’après
des analyses des eaux usées réalisées dans toute l’Australie, l’usage moyen de fentanyl par habitant relevé sur les
sites concernés des capitales d’État a été environ deux fois moindre que celui observé sur les sites d’endroits autres
que les capitales entre août 2018 et juin 2021 (environ 4 et 8 doses quotidiennes pour 1 000 habitants,
respectivement). Avant décembre 2018, on avait observé une augmentation régulière (mais non uniforme) de l’usage
de fentanyl dans les capitales et ailleurs que dans celles-ci. Toutefois, l’usage de fentanyl a nettement diminué depuis
lors sur tous les sites, chutant à environ 2 doses quotidiennes pour 1 000 habitants sur tous les sites 197. On notera
cependant que l’analyse des eaux usées ne permet pas de distinguer entre l’usage d’opioïdes, y compris de fentanyl,
à des fins thérapeutiques, et l’usage non médical de ces substances.
r
Les autorités australiennes parlent de décès involontaires causés par la drogue.
s
Les décès par surdose de ces substances sont déclarés ensemble.
Références
[OPIOÏDES | Références]
1 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2021, fascicule 3, Tendances des marchés de la drogue : opioïdes, cannabis (publication des Nations
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publié sous la direction de Dan L. Longo, New England Journal of Medicine 374, no 2 (14 janvier 2016), p. 154 à 163,
https://doi.org/10.1056/NEJMra1508490.
4 Danielle Horyniak et al., « How Do Drug Market Changes Affect Characteristics of Injecting Initiation and Subsequent Patterns of Drug Use?
Findings from a Cohort of Regular Heroin and Methamphetamine Injectors in Melbourne, Australia », International Journal of Drug Policy 26, no 1
(janvier 2015), p. 43 à 50, https://doi.org/10.1016/j.drugpo.2014.09.002.
5 J. Caulkins et P. Reuter, « The Meaning and Utility of Drug Prices », Addiction (Abingdon, Royaume-Uni) 91, no 9 (septembre 1996), p. 1261 à 1264.
6 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats », novembre 2021.
7 ONUDC et Afghanistan, « Afghanistan Opium Survey 2020: cultivation and production – executive summary » (ONUDC, Kaboul, 2020).
8 ONUDC, Myanmar Opium Survey 2021 (Vienne, ONUDC, 2022).
9 ONUDC, Myanmar Opium Survey 2020 (Vienne, ONUDC, 2020).
10 ONUDC, Myanmar Opium Survey 2021.
11 ONUDC et Gouvernement mexicain, México – Monitoreo de Plantíos de Amapola, 2018-2019 (Mexico, 2021).
12 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats ».
13 ONUDC et Afghanistan, « Afghanistan Opium Survey 2019: Socio-Economic Survey Report: Drivers, Causes and Consequences of Opium Poppy
Cultivation » (ONUDC, Kaboul, 2019).
14 ONUDC et Gouvernement mexicain, México – Monitoreo de Plantíos de Amapola, 2018–2019.
15 ONUDC, Myanmar Opium Survey 2021.
16 OICS, Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2021 – Statistiques pour 2019 (E/INCB/2020/2), E/INCB/2020/2 (Vienne, Nations Unies,
2021).
17 ONUDC, Myanmar Opium Survey 2021.
18 ONUDC, Myanmar Opium Survey 2020.
19 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2021, fascicule 3, Tendances des marchés de la drogue : opioïdes, cannabis.
20 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2020, fascicule 3, Tendances des marchés de la drogue : offre de drogues (publication des Nations Unies,
2020).
21 Calculs effectués par l’ONUDC d’après les réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
22 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2021, fascicule 3, Tendances des marchés de la drogue : opioïdes, cannabis.
23 Voir OICS, « INCB convenes second international expert group meeting on practical responses to counter fentanyls and emerging synthetic opioids
with no known legitimate uses » (Vienne, 9 septembre 2021).
24 OICS, « Establishing a list of fentanyl-related substances with no known legitimate uses and a list of synthetic non-fentanyl opioids with no known
legitimate uses », disponible à l’adresse https://www.incb.org/incb/en/opioids_project/fentanyl-related-substances-with-no-known-legitimate-
use.html.
25 Voir l’annexe méthodologique, accessible en ligne, pour une définition de la disponibilité au sens du chapitre.
26 « Opioid Prescribing, Where You Live Matters » (CDC, non daté).
27 OICS, Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 – Statistiques pour 2020 (E/INCB/2021/2) (Vienne, 2022).
28 Ibid.
29 Calculs de l’ONUDC, d’après les rapports suivants de l’OICS : Stupéfiants : Évaluations des besoins du monde pour 2022 – Statistiques pour 2020
(E/INCB/2021/2) ; et Substances psychotropes : Statistiques pour 2020 – Prévisions des besoins annuels médicaux et scientifiques concernant les
substances des Tableaux II, III et IV de la Convention sur les substances psychotropes de 1971 (E/INCB/2021/3).
30 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels, non daté.
31 Ibid.
32 Thomas Seyler et al., « Is Europe Facing an Opioid Epidemic: What Does European Monitoring Data Tell Us? », European Journal of Pain 25, no 5
(mai 2021), p. 1072 à 1080, https://doi.org/10.1002/ejp.1728.
33 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
34 Nadine Harker et al., « Is South Africa Being Spared the Global Opioid Crisis? A Review of Trends in Drug Treatment Demand for Heroin, Nyaope
and Codeine-Related Medicines in South Africa (2012-2017) », International Journal of Drug Policy, no 83 (septembre 2020),
https://doi.org/10.1016/j.drugpo.2020.102839.
35 Behzad Damari et al., « A National Survey on Substance Use among Iranian Industrial Workers » Medical Journal of the Islamic Republic of Iran 34
(2020), p. 20, https://doi.org/10.34171/mjiri.34.20.
36 Farhat Yaqub, « Pakistan’s Drug Problem », The Lancet 381, no 9884 (juin 2013), p. 2153 à 2154, https://doi.org/10.1016/S0140-6736(13)61426-9.
37 Ali Nikfarjam et al., « National Population Size Estimation of Illicit Drug Users through the Network Scale-up Method in 2013 in Iran »,
International Journal of Drug Policy 31 (mai 2016), p. 147 à 152, https://doi.org/10.1016/j.drugpo.2016.01.013.
38 Walieh Menati et al., « Determination of Opium Abuse Prevalence in Iranian Young People: A Systematic Review and Meta-Analysis », Journal of
Substance Use 22, no 1 (2 janvier 2017), p. 3 à 10, https://doi.org/10.3109/14659891.2015.1130181.
39 Ibid.
40 SGU Global, « Afghanistan National Drug Use Survey 2015 », 2015, https://colombo-plan.org/wp-content/uploads/2020/03/Afghanistan-National-
Drug-Use-Survey-2015-compressed.pdf.
41 ONUDC, UNICEF et Gouvernement afghan, Youth Study on Substance Use and Health, 2020.
42 Nikfarjam et al., « National Population Size Estimation of Illicit Drug Users through the Network Scale-up Method in 2013 in Iran ».
43 Voir, à titre d’exemple, https://www.emcdda.europa.eu/data/stats2021/pdu_en.
44 République islamique d’Afghanistan et ONUDC, « Afghanistan Opium Survey 2020 ».
45 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats ».
46 République islamique d’Afghanistan et ONUDC, « Afghanistan Opium Survey 2019: Socio-Economic Survey Report: Drivers, Causes and
Consequences of Opium Poppy Cultivation » (ONUDC, Kaboul, 2019).
47 FAO, « Integrated Food Security Phase Classification – Afghanistan », octobre 2021.
48 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats ».
49 Mohammad Qadam Shah, « What Did Billions in Aid to Afghanistan Accomplish? 5 Questions Answered », The Conversation, 26 octobre 2021.
50 Aljazeera, Transcript of Taliban’s First News Conference in Kabul, 2021.
51 Décret du Chef suprême de l’Émirat islamique d’Afghanistan portant interdiction de la culture du pavot et de tous types de stupéfiants, 3 avril 2022.
52 Roshan Noorzai, « Afghan Farmers Continue Growing Opium Poppy as Taliban Sends Mixed Signals on Poppy Eradication », VOA, 10 décembre
2021.
53 Al Arabiya, « Taliban Turns a Blind Eye as Afghanistan’s Opium Business Thrives: Report », Al Arabiya English, 21 novembre 2021.
54 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats ».
55 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2020 (publication des Nations Unies, 2020).
56 « UNODC Drugs Monitoring Platform Brief: Latest Patterns and Trends in Trafficking Routes of Heroin and Methamphetamine Originating in
Afghanistan » (ONUDC, Vienne, 2022).
57 George Unick et al., « The Relationship between US Heroin Market Dynamics and Heroin-Related Overdose, 1992-2008: US Heroin Market and
Heroin Overdose », Addiction 109, no 11 (novembre 2014), p. 1889 à 1898, https://doi.org/10.1111/add.12664.
58 EMCDDA, Rapport européen sur les drogues 2021 : Tendances et évolutions (Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne, 2021).
59 EMCDDA et Europol, EU Drug Markets Report 2019 (Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne, 2019).
60 D’après 19 études effectuées dans le monde entier, voir Jason Payne et al., The Price Elasticity of Demand for Illicit Drugs: A Systematic Review,
Trends & Issues in Crime and Criminal Justice 606, 2020.
61 Anne Line Bretteville-Jensen, « Drug Demand – Initiation, Continuation and Quitting », De Economist 154, no 4 (6 décembre 2006), p. 491 à 516,
https://doi.org/10.1007/s10645-006-9027-9.
62 Ibid.
63 S. Darke, « Heroin Overdose: Research and Evidence-Based Intervention », Journal of Urban Health: Bulletin of the New York Academy of Medicine
80, no 2 (1er juin 2003), p. 189 à 200, https://doi.org/10.1093/jurban/jtg022 ; George Unick et al., « The Relationship between US Heroin Market
Dynamics and Heroin-Related Overdose », 1992-2008, « US Heroin Market and Heroin Overdose », Addiction 109, no 11 (novembre 2014), p. 1889 à
1898, https://doi.org/10.1111/add.12664 ; Sadik Toprak et Ilhan Cetin, « Heroin Overdose Deaths and Heroin Purity Between 1990 and 2000 in
Istanbul, Turkey », Journal of Forensic Sciences 54, no 5 (septembre 2009), p. 1185 à 1188, https://doi.org/10.1111/j.1556-4029.2009.01124.x.
64 Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues, Afghanistan: Annual Opium Poppy Survey 2001 (Islamabad, Pakistan,
2001).
65 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats », novembre 2021.
66 Aljazeera, Transcript of Taliban’s First News Conference in Kabul, 2021.
67 Décret du Chef suprême de l’Émirat islamique d’Afghanistan portant interdiction de la culture du pavot et de tous types de stupéfiants, 3 avril 2022.
68 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats ».
69 Roshan Noorzai, « Afghan Farmers Continue Growing Opium Poppy as Taliban Sends Mixed Signals on Poppy Eradication », VOA,
10 décembre 2021.
70 Al Arabiya, « Taliban Turns a Blind Eye as Afghanistan’s Opium Business Thrives: Report », Al Arabiya English, 21 décembre 2021.
71 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats ».
72 Département d’État des États-Unis, « Fact Sheet: The Taliban and the Afghan Drug Trade », 20 janvier 2001.
73 ONUDC, Global Illicit Drug Trends 2002, ODCCP Studies on Drugs and Crime – Statistics (New York, 2002).
74 ONUDC, The Opium Economy in Afghanistan – An International Problem (New York, 2003).
75 Ibid.
76 Vanda Felbab-Brown, « Pipe Dreams: The Taliban and Drugs from the 1990s into Its New Regime », Brookings, Small Wars Journal,
15 septembre 2021.
77 David Mansfield, « What Is Driving Opium Poppy Cultivation? Decision Making Amongst Opium Poppy Cultivators in Afghanistan in the 2003/4
Growing Season », article destiné à la deuxième Conférence technique sur la recherche en matière de contrôle des drogues, 2004.
78 Calculs de l’ONUDC, d’après les données publiées par la Banque mondiale sur l’inflation en fonction des indices nationaux des prix à la
consommation concernant les États-Unis.
79 ONUDC, The Opium Economy in Afghanistan – An International Problem.
80 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats ».
81 Ibid.
82 Secunder Kermani, « Meth and Heroin Fuel Afghanistan Drugs Boom », BBC News, 12 décembre 2021, section Asie.
83 D’après une enquête menée en 2019 auprès des agriculteurs afghans, seuls 8 % d’entre eux ont vendu moins que ce qu’ils ont récolté en 2019. Voir
République islamique d’Afghanistan et ONUDC, Afghanistan Opium Survey 2019: Socio-Economic Survey Report: Drivers, Causes and
Consequences of Opium Poppy Cultivation (ONUDC, Kaboul, 2019).
84 ONUDC, Global Illicit Drug Trends 2002.
85 ONUDC, The Opium Economy in Afghanistan – An International Problem.
86 ONUDC, Global Illicit Drug Trends 2002.
87 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels, non daté.
88 Ibid.
89 Paul Griffiths, Jane Mounteney et Laurent Laniel, « Understanding Changes in Heroin Availability in Europe over Time: Emerging Evidence for a
Slide, a Squeeze and a Shock: Editorial », Addiction 107, no 9 (septembre 2012), p. 1539 à 1540, https://doi.org/10.1111/j.1360-0443.2012.03829.x.
90 Ibid.
91 Ibid.
92 Don Weatherburn, Craig Jones, Karen Freeman et Toni Makkai, « The Australian Heroin Drought and Its Implications for Drug Policy », NSW
Bureau of Crime Statistics and Research Crime and Justice Bulletin, no 59 (octobre 2001).
93 Louisa Degenhardt et al., « Effects of a Sustained Heroin Shortage in Three Australian States », Addiction 100, no 7 (juillet 2005), p. 908 à 920,
https://doi.org/10.1111/j.1360-0443.2005.01094.x.
94 ONUDC, « Drug Situation in Afghanistan 2021: Latest Findings and Emerging Threats », novembre 2021.
95 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels, non daté ; Manop Kanato et al., ASEAN Drug Monitoring Report 2020 (ASEAN
Narcotics Cooperation Center, Bangkok, 2021).
96 « China Drug Situation Report 2020 » (Bureau de la Commission nationale chinoise de contrôle des stupéfiants, juin 2021).
97 Beifang Fan et al., « Problematic Internet Use, Non-Medical Use of Prescription Drugs, and Depressive Symptoms among Adolescents: A Large-
Scale Study in China », International Journal of Environmental Research and Public Health 17, no 3 (26 janvier 2020), p. 774,
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98 Peng Du et al., « Analysing Wastewater to Estimate Fentanyl and Tramadol Use in Major Chinese Cities », Science of The Total Environment 795
(novembre 2021), 148838, https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.148838.
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102 Seyler et al., « Is Europe Facing an Opioid Epidemic ».
103 EMCDDA, Isotonitazene: EMCDDA Initial Report on the New Psychoactive Substance N,N-Diethyl-2-[[4-(1-Methylethoxy)Phenyl] Methyl]-5-Nitro-
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105 EMCDDA, Rapport européen sur les drogues 2021 : Tendances et évolutions (Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne, 2021).
106 Ibid.
107 EMCDDA, Balancing Access to Opioid Substitution Treatment with Preventing the Diversion of Opioid Substitution Medications in Europe:
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108 Seyler et al., « Is Europe Facing an Opioid Epidemic ».
109 Ibid.
110 Claudia Mariottini, Ilkka Ojanperä et Pirkko Kriikku, « Increase in Drugs-of-abuse Findings in Post-mortem Toxicology Due to COVID-19
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134 Ibid.
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143 Ibid.
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147 Moussadak et al., « Toxicovigilance ».
148 Hossein Mohaddes Ardabili et al., « Tramadol, Captagon and Khat Use in the Eastern Mediterranean Region: Opening Pandora’s Box », BJPsych
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149 Abood et Wazaify, « Abuse and Misuse of Prescription and Nonprescription Drugs from Community Pharmacies in Aden City – Yemen ».
150 ONUDC et Nigéria, Drug Use in Nigeria 2018 (Vienne, 2019).
151 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2021, fascicule 3, Tendances des marchés de la drogue : opioïdes, cannabis (publication des Nations
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152 Yasna Rostam-Abadi et al., « Tramadol Use and Public Health Consequences in Iran: A Systematic Review and Meta‐analysis », Addiction 115, no 12
(décembre 2020), p. 2213 à 2242, https://doi.org/10.1111/add.15059.
153 Ibid.
154 Khadeejeh Khader, Pharm. D, BCPS et al., « Prevalence and Vulnerability to Drug Abuse among Students of High School and Colleges in Riyadh,
Saudi Arabia: Cross-Sectional Study », International Journal of Innovative Research in Medical Science 4, no 2 (23 février 2019),
https://doi.org/10.23958/ijirms/vol04-i02/573.
155 Amany I. Ahmed et al., « Retrospective Review of Tramadol Abuse » 55, suppl. no 20 (2018), p. 471 à 483; Fuseini et al., « Facilitators to the
Continuous Abuse of Tramadol among the Youth » ; Axel Klein, « Drug Problem or Medicrime? Distribution and Use of Falsified Tramadol
Medication in Egypt and West Africa », Journal of Illicit Economies and Development 1, no 1 (14 janvier 2019), p. 52 à 62,
https://doi.org/10.31389/jied.10.
156 Mahmoud Rabee Abd-Elkader et al., « Tramadol Abuse among Workers in an Industrial City in Mid-Nile Delta Region, Egypt », Environmental
Science and Pollution Research 27, no 30 (octobre 2020), p. 37 549 à 37 556, https://doi.org/10.1007/s11356-020-08040-8 ;
Fuseini et al., « Facilitators to the Continuous Abuse of Tramadol among the Youth ».
157 Mohaddes Ardabili et al., « Tramadol, Captagon and Khat Use in the Eastern Mediterranean Region », 19 novembre 2021.
158 Ferguson Saapiire et al., « The Insurgence of Tramadol Abuse among the Most Active Population in Jirapa Municipality: A Study to Assess the
Magnitude of the Abuse and Its Contributory Factors », publié sous la direction de James Grutsch, Psychiatry Journal 2021 (5 février 2021), p. 1
à 10, https://doi.org/10.1155/2021/3026983 ; Mavis Danso et Francis Anto, « Factors Associated with Tramadol Abuse: A Cross-Sectional Study
Among Commercial Drivers and Assistants in the Accra Metropolitan Area of Ghana », Drugs – Real World Outcomes 8, no 3 (septembre 2021),
p. 337 à 347, https://doi.org/10.1007/s40801-021-00247-6.
159 Abd-Elkader et al., « Tramadol Abuse among Workers in an Industrial City in Mid-Nile Delta Region, Egypt ».
160 Umar Yunusa, « Determinants of Substance Abuse among Commercial Bus Drivers in Kano Metropolis, Kano State, Nigeria », American Journal of
Nursing Science 6, no 2 (2017), p. 125, https://doi.org/10.11648/j.ajns.20170602.16.
161 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
162 Commission de la CEDEAO, The West African Epidemiology Network on Drug Use (WENDU) Report: Statistics and Tends on Illicit Drug Use and
Supply (2018-2019), 2021.
163 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
164 Peng Du et al., « Analysing Wastewater to Estimate Fentanyl and Tramadol Use in Major Chinese Cities », Science of The Total Environment 795
(novembre 2021), 148838, https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2021.148838.
165 Ibid.
166 Peng Du et al., « Monitoring Consumption of Common Illicit Drugs in Kuala Lumpur, Malaysia, by Wastewater-Cased Epidemiology »,
International Journal of Environmental Research and Public Health 17, no 3 (31 janvier 2020), p. 889, https://doi.org/10.3390/ijerph17030889.
167 Dans deux stations d’épuration des eaux usées de Kuala Lumpur, la consommation par habitant a été estimée à 152 ± 21 mg/1000 personnes par jour
en 2017.
168 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels, 2020.
169 Rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2020 (Vienne, Nations Unies, 2021).
170 Ki Yong Kim et Jeong-Eun Oh, « Evaluation of Pharmaceutical Abuse and Illicit Drug Use in South Korea by Wastewater-Based Epidemiology »,
Journal of Hazardous Materials 396 (septembre 2020), 122622, https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2020.122622.
171 Voir aussi ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2021, fascicule 3, Tendances des marchés de la drogue : opioïdes, cannabis (publication des
Nations Unies, 2021).
172 D’après les données publiées sur les saisies de tramadol en 2019 et 2020 communiquées à l’ONUDC.
173 « Results from the 2020 National Survey on Drug Use and Health: Detailed Tables » (Rockville, Maryland, États-Unis, Substance Abuse and Mental
Health Services Administration Center for Behavioral Health Statistics and Quality, octobre 2021).
174 Seyler et al., « Is Europe Facing an Opioid Epidemic ».
175 A.R. Winstock et al., « Global Drug Survey (GDS) 2021. Key Findings Report », 2021.
176 Iwanicki et al., « Tramadol Non-Medical Use in Four European Countries ».
177 Seyler et al., « Is Europe Facing an Opioid Epidemic ».
178 Ibid.
179 D’après l’analyse des données sur l’Angleterre et le pays de Galles provenant de l’Office for National Statistics du Royaume-Uni, « Deaths related to
drug poisoning by selected substances in England and Wales ».
180 Hilde Marie Erøy Edvardsen et Thomas Clausen, « Opioid Related Deaths in Norway in 2000–2019 », Drug and Alcohol Dependence 232
(mars 2022), 109281, https://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2022.109281.
181 Bryce Pardo et al., « The Future of Fentanyl and Other Synthetic Opioids » (RAND Corporation, 29 août 2019),
https://www.rand.org/pubs/research_reports/RR3117.html.
182 Voir aussi ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2020, fascicule 4, Questions transversales : évolution des tendances et nouveaux défis
(publication des Nations Unies, 2020).
183 Principalement les États membres de l’Union européenne, la Norvège et la Turquie.
184 Jane Mounteney et al., « Fentanils: A Serious Threat to Public Health », Addiction 114, no 5 (mai 2019), p. 783 à 785,
https://doi.org/10.1111/add.14542.
185 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels, 2018, 2019 et 2020.
186 Seyler et al., « Is Europe Facing an Opioid Epidemic ».
187 Ibid.
188 Ibid.
189 EMCDDA, « An Analysis of Drugs in Used Syringes from Sentinel European Cities: Results from the ESCAPE Project, 2018 and 2019, Technical
Report » (Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne, 2021).
190 Isabelle Giraudon, « Drug-Related Deaths (DRD) in Europe: Updates from the Annual Meeting of the EMCDDA DRD Expert Network
30 September-1 October 2021 », 25 novembre 2021.
191 Ilkka Ojanperä et al., « An Epidemic of Fatal 3-Methylfentanyl Poisoning in Estonia », International Journal of Legal Medicine 122, no 5
(septembre 2008), p. 395 à 400, https://doi.org/10.1007/s00414-008-0230-x.
192 Mikk Oja, Aljona Kurbatova et Katri Abel-Ollo, Key Lessons from Estonia – SO PREP (Institut national de développement de la santé, Estonie,
2021).
193 Ibid.
194 ONUDC, réponses au questionnaire destiné aux rapports annuels.
195 Du et al., « Analysing Wastewater to Estimate Fentanyl and Tramadol Use in Major Chinese Cities », novembre 2021.
196 Australia’s Annual Overdose Report 2020 (Penington Institute, 2020).
197 National Wastewater Drug Monitoring Program, Report 14 (Australian Criminal Intelligence Commission, 2021).
GLOSSAIRE
amphétamines – groupe de stimulants de type amphétamine comprenant l’amphétamine et la méthamphétamine.
crack – cocaïne base obtenue par transformation du chlorhydrate de cocaïne, rendu propre à être fumé.
dépendance – définie dans la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes
(dixième révision) comme un ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques survenant à la suite
d’une utilisation répétée d’une substance psychoactive, typiquement associés à un désir puissant de prendre la substance en
cause, à une difficulté à contrôler la consommation, à une poursuite de la consommation malgré les conséquences nocives, à
un désinvestissement progressif des autres activités et obligations au profit de la consommation de cette drogue, à une
tolérance accrue et, parfois, à un syndrome de sevrage physique.
fentanyls – fentanyl et ses analogues.
nouvelles substances psychoactives – substances qui font l’objet d’un usage nocif, que ce soit à l’état pur ou dans une
préparation, et qui ne sont pas soumises au régime de contrôle prévu par la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 ou
par la Convention de 1971, mais qui peuvent représenter une menace pour la santé publique. Dans ce contexte, l’adjectif
« nouvelles » ne désigne pas nécessairement des inventions, mais des substances disponibles depuis peu.
opiacés – catégorie d’opioïdes constituée des différents produits dérivés du pavot à opium, dont l’opium, la morphine et
l’héroïne.
opioïdes – terme générique désignant les opiacés, leurs analogues de synthèse (principalement des opioïdes soumis à
prescription ou des médicaments opioïdes) et des composés synthétisés par l’organisme.
pâte de coca (ou coca base) – extrait des feuilles du cocaïer. La purification de la pâte de coca donne de la cocaïne (cocaïne
base et chlorhydrate de cocaïne).
personnes souffrant de troubles liés à l’usage de drogues/présentant des troubles liés à l’usage de drogues – sous-groupe de
personnes qui consomment des drogues. L’utilisation nocive pour la santé et la dépendance sont des troubles liés à l’usage
de drogues. Les personnes souffrant de troubles liés à l’usage de drogues nécessitent un traitement, des soins de santé, une
aide sociale et une réadaptation.
prévalence annuelle – nombre total de personnes d’une classe d’âge donnée qui ont pris une drogue donnée au moins une
fois au cours de l’année écoulée, divisé par le nombre de personnes de la classe d’âge en question, exprimé en pourcentage.
prévention de l’usage de drogues et traitement des troubles liés à l’usage de drogues – la « prévention de l’usage de drogues »
vise à empêcher ou à retarder l’entrée dans la consommation de drogues ainsi que l’apparition de troubles liés à cet usage.
Une fois ces troubles apparus, un traitement, une prise en charge et une réadaptation sont nécessaires.
sel de cocaïne – chlorhydrate de cocaïne.
stimulants de type amphétamine – groupe de substances constitué de stimulants synthétiques qui ont été placés sous contrôle
au titre de la Convention sur les substances psychotropes de 1971 et qui appartiennent au groupe des amphétamines, lequel
comprend l’amphétamine, la méthamphétamine, la méthcathinone et les substances de type « ecstasy »
(3,4-méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA) et ses analogues).
troubles liés à l’usage de substances ou de drogues – selon le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux) (cinquième édition), accumulation de symptômes résultant de l’usage d’une
substance que le sujet répète malgré les problèmes ou les troubles qui en découlent. En fonction du nombre de symptômes
détectés, un trouble lié à l’usage de substances peut être faible, modéré ou sévère.
usage de drogues – usage autre que médical ou scientifique de substances psychoactives placées sous contrôle, sauf indication
contraire.
usagers problématiques de drogues – personnes ayant un comportement de consommation à haut risque, comme celles qui
pratiquent l’injection, qui consomment quotidiennement ou qui ont fait l’objet d’un diagnostic de troubles liés à l’usage de
drogues (utilisation nocive ou dépendance), sur la base des critères cliniques définis dans le Diagnostic and Statistical Manual
of Mental Disorders (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) (cinquième édition) de l’Association
américaine de psychiatrie ou dans la Classification internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (dixième
révision) de l’Organisation mondiale de la Santé.
utilisation de substances nocive pour la santé – selon la Classification statistique internationale des maladies et des
problèmes de santé connexes (dixième révision), mode de consommation qui est préjudiciable à la santé physique ou
psychique.
GROUPES RÉGIONAUX
Les désignations des régions et sous-régions figurant dans le Rapport mondial sur les drogues ne sont pas des désignations
officielles ; elles correspondent aux groupes suivants :
AFRIQUE
> Afrique australe : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Eswatini, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Zambie,
Zimbabwe et La Réunion
> Afrique de l’Est : Burundi, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Madagascar, Maurice, Ouganda, République-
Unie de Tanzanie, Rwanda, Seychelles, Somalie, Soudan du Sud et Mayotte
> Afrique de l’Ouest et du Centre : Bénin, Burkina Faso, Cabo Verde, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie,
Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, République centrafricaine,
République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Tchad, Togo et Sainte-Hélène
> Afrique du Nord : Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Soudan et Tunisie
AMÉRIQUES
> Amérique centrale : Belize, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Panama
> Amérique du Nord : Canada, Mexique, États-Unis d’Amérique, Bermudes, Groenland et Saint-Pierre-et-Miquelon
> Amérique du Sud : Argentine, Bolivie (État plurinational de), Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Guyana, Paraguay,
Pérou, Suriname, Uruguay, Venezuela (République bolivarienne du) et Îles Falkland (Malvinas)
> Caraïbes : Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Cuba, Dominique, Grenade, Haïti, Jamaïque, République
dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Trinité-et-Tobago, Anguilla, Aruba,
Bonaire (Pays-Bas), Îles Vierges britanniques, Îles Caïmanes, Curaçao, Guadeloupe, Martinique, Montserrat, Porto Rico,
Saba (Pays-Bas), Saint-Eustache (Pays-Bas), Saint-Martin (partie néerlandaise), Îles Turques et Caïques et Îles Vierges
américaines
ASIE
> Asie centrale et Transcaucasie : Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et
Turkménistan
> Asie de l’Est et du Sud-Est : Brunéi Darussalam, Cambodge, Chine, Indonésie, Japon, Malaisie, Mongolie, Myanmar,
Philippines, République de Corée, République démocratique populaire lao, République populaire démocratique de Corée,
Singapour, Thaïlande, Timor-Leste, Viet Nam, Hong Kong (Chine), Macao (Chine) et Province chinoise de Taiwan
> Asie du Sud : Bangladesh, Bhoutan, Inde, Maldives, Népal et Sri Lanka
> Asie du Sud-Ouest : Afghanistan, Iran (République islamique d’) et Pakistan
> Proche et Moyen-Orient : Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Iraq, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Oman,
Qatar, République arabe syrienne, Yémen et État de Palestine
EUROPE
> Europe du Sud-Est : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Macédoine du Nord, Monténégro, Roumanie,
Serbie, Türkiyea et Kosovob
> Europe occidentale et centrale : Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande,
France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monaco, Norvège,
Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie,
Suède, Suisse, Tchéquie, Saint-Siège, Îles Féroé et Gibraltar
> Europe orientale : Bélarus, Fédération de Russie, République de Moldova et Ukraine
OCÉANIE
> Australie et Nouvelle-Zélande : Australie et Nouvelle-Zélande
> Mélanésie : Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Îles Salomon, Vanuatu et Nouvelle-Calédonie
> Micronésie : Îles Marshall, Kiribati, Micronésie (États fédérés de), Nauru, Palaos, Guam et Îles Mariannes septentrionales
> Polynésie : Îles Cook, Nioué, Samoa, Tonga, Tuvalu, Polynésie française, Tokélaou et Wallis-et-Futuna
a
Suite à la communication datée du 31 mai 2022, adressée au Cabinet du Secrétaire général par la mission permanente, le nom de la République
de Turquie (ancienne forme courte : Turquie) a été modifié avec effet immédiat. Le Rapport mondial sur les drogues 2022 ayant été rédigé avant
cette date, il emploie l’ancien nom, sauf dans les cartes qui ont été finalisées plus récemment.
b
Toute mention du Kosovo doit s’interpréter à la lumière de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.
Vienna International Centre, PO Box 500, 1400 Vienna, Austria
Tel: +(43) (1) 26060-0, Fax: +(43) (1) 26060-5866, www.unodc.org
Composé de cinq fascicules, le Rapport mondial sur les drogues 2022 analyse en profondeur les marchés mondiaux de la
drogue et examine le lien entre les drogues et l’environnement dans le contexte plus large des objectifs de développement
durable, des changements climatiques et de la durabilité environnementale.
Le fascicule 1 résume les quatre fascicules suivants, en passant en revue leurs principales constatations et en soulignant leurs
implications en termes de politiques, sur la base de leurs conclusions. Le fascicule 2 donne une vue d’ensemble de la demande
et de l’offre mondiales de drogues, y compris une analyse de la relation entre les économies illicites de la drogue et les
situations de conflit et d’état de droit défaillant. Le fascicule 3 présente les dernières tendances des marchés des opioïdes et
du cannabis aux niveaux mondial et régional ; il examine les répercussions que pourrait avoir l’évolution de la culture du
pavot à opium et de la production d’opium en Afghanistan et analyse les premières indications des incidences de la
légalisation du cannabis sur la santé et la sécurité publiques, la dynamique des marchés et les réponses de la justice pénale
dans un certain nombre de pays. Le fascicule 4 présente les dernières tendances et estimations concernant les marchés de
plusieurs stimulants – cocaïne, amphétamines et « ecstasy » – et nouvelles substances psychoactives, tant au niveau mondial
que dans les sous-régions les plus touchées, et il comprend une analyse des différentes stratégies d’éradication du cocaïer et
une réflexion sur l’expansion du marché de la méthamphétamine en Asie du Sud-Ouest. Le fascicule 5 s’intéresse au lien
entre drogues et environnement et donne une vue d’ensemble de l’état actuel de la recherche sur les répercussions directes et
indirectes de la culture et de la fabrication illicites, ainsi que des politiques adoptées en matière de drogues, sur
l’environnement.
Le Rapport mondial sur les drogues 2022 vise non seulement à promouvoir une coopération internationale accrue pour lutter
contre les conséquences du problème mondial de la drogue sur la santé, la gouvernance et la sécurité, mais aussi à aider les
États Membres à anticiper et à aborder les problèmes qui pourraient se poser dans un proche avenir et à en atténuer les
conséquences.
L’annexe statistique qui accompagne le rapport est publiée sur le site Web de l’ONUDC, à l’adresse :
www.unodc.org/unodc/en/data-and-analysis/world-drug-report-2022.html.