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**BELL B35D - B40D MK7.2 Articulated Dump Truck Parts Manual 872343** Size:
43.7 MB Format: PDF Language: English Number of Pages: 982 Pages Brand:
BELL Type of machine: Articulated Dump Truck Type of document: Parts Manual
Model: BELL B35D - B40D MK7.2 Document Part Number: 872343 Date: 07/2012
THIS MANUAL IS APPLICABLE TO - B40D 6X6 ADT MK 7 - A840D72 B35D 6X6
ADT MK 7 - A835D72 B35D 6X6 WDB ADT MK 7 - A836D72
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Toute révolution grandit l'ambition des hommes. Cela est surtout vrai
de la révolution qui renverse une aristocratie.
Il faut bien se souvenir d'ailleurs que les gens qui détruisent une
aristocratie ont vécu sous ses lois; ils ont vu ses splendeurs, et ils se
sont laissé pénétrer, sans le savoir, par les sentiments et les idées
qu'elle avait conçus. Au moment donc où une aristocratie se dissout,
son esprit flotte encore sur la masse, et l'on conserve ses instincts,
longtemps après qu'on l'a vaincue.
Les ambitions se montrent donc toujours fort grandes, tant que dure
la révolution démocratique; il en sera de même quelque temps
encore après qu'elle est finie.
J'ai dit que les grandes ambitions étaient plus rares dans les siècles
démocratiques que dans les temps d'aristocratie; j'ajoute que,
quand, malgré ces obstacles naturels, elles viennent à naître, elles
ont une autre physionomie.
Je pense donc que les chefs de ces sociétés nouvelles auraient tort
de vouloir y endormir les citoyens dans un bonheur trop uni et trop
paisible, et qu'il est bon qu'il leur donne quelquefois de difficiles et
de périlleuses affaires, afin d'y élever l'ambition, et de lui ouvrir un
théâtre.
Cela est vrai dans un certain sens; il n'y a personne, en effet, qui ne
croie valoir mieux que son voisin, et qui consente à obéir à son
supérieur; mais cela est très-faux dans un autre: car ce même
homme, qui ne peut supporter ni la subordination ni l'égalité, se
méprise néanmoins lui-même à ce point qu'il ne se croit fait que
pour goûter des plaisirs vulgaires. Il s'arrête volontiers dans de
médiocres désirs, sans oser aborder les hautes entreprises: il les
imagine à peine.
Mais si, dans le même temps que les rangs s'égalisent, les lumières
restent incomplètes ou les esprits timides, ou que le commerce et
l'industrie, gênés dans leur essor, n'offrent que des moyens difficiles
et lents de faire fortune, les citoyens, désespérant d'améliorer par
eux-mêmes leur sort, accourent tumultueusement vers le chef de
l'État et demandent son aide. Se mettre plus à l'aise aux dépens du
trésor public leur paraît être, sinon la seule voie qu'ils aient, du
moins la voie la plus aisée et la mieux ouverte à tous pour sortir
d'une condition qui ne leur suffit plus: la recherche des places
devient la plus suivie de toutes les industries.
Il en doit être ainsi, surtout dans les grandes monarchies
centralisées, où le nombre des fonctions rétribuées est immense et
l'existence des fonctionnaires assez assurée; de telle sorte que
personne ne désespère d'y obtenir un emploi et d'en jouir
paisiblement comme d'un patrimoine.
Les princes de notre temps, qui s'efforcent d'attirer vers eux seuls
tous les nouveaux désirs que l'égalité suscite, et de les contenter,
finiront donc, si je ne me trompe, par se repentir de s'être engagés
dans une semblable entreprise; ils découvriront un jour qu'ils ont
hasardé leur pouvoir en le rendant si nécessaire, et qu'il eût été plus
honnête et plus sûr d'enseigner à chacun de leurs sujets l'art de se
suffire à lui-même.[Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE XXI.
Pourquoi les grandes révolutions deviendront rares.
Un peuple qui a vécu pendant des siècles sous le régime des castes
et des classes ne parvient à un état social démocratique qu'à travers
une longue suite de transformations plus ou moins pénibles, à l'aide
de violents efforts, et après de nombreuses vicissitudes, durant
lesquelles les biens, les opinions et le pouvoir changent rapidement
de place.
Alors même que cette grande révolution est terminée, l'on voit
encore subsister pendant longtemps les habitudes révolutionnaires
créées par elles, et de profondes agitations lui succèdent.
Chez un peuple où les rangs sont à peu près égaux, aucun lien
apparent ne réunit les hommes et ne les tient fermes à leur place.
Nul d'entre eux n'a le droit permanent, ni le pouvoir de commander,
et nul n'a pour condition d'obéir; mais chacun, se trouvant pourvu
de quelques lumières et de quelques ressources, peut choisir sa
voie, et marcher à part de tous ses semblables.
Les mêmes causes qui rendent les citoyens indépendants les uns des
autres, les poussent chaque jour vers de nouveaux et inquiets
désirs, et les aiguillonnent sans cesse.
Presque toutes les révolutions qui ont changé la face des peuples
ont été faites pour consacrer ou pour détruire l'inégalité. Écartez les
causes secondaires qui ont produit les grandes agitations des
hommes, vous en arriverez presque toujours à l'inégalité. Ce sont les
pauvres qui ont voulu ravir les biens des riches, ou les riches qui ont
essayé d'enchaîner les pauvres. Si donc vous pouvez fonder un état
de société où chacun ait quelque chose à garder, et peu à prendre,
vous aurez beaucoup fait pour la paix du monde.
J'ai dit, dans un autre endroit de cet ouvrage, comment l'égalité des
conditions poussait naturellement les hommes vers les carrières
industrielles et commerçantes, et comment elle accroissait et
diversifiait la propriété foncière; j'ai fait voir enfin comment elle
inspirait à chaque homme un désir ardent et constant d'augmenter
son bien-être. Il n'y a rien de plus contraire aux passions
révolutionnaires que toutes ces choses.
Il peut se faire que par son résultat final une révolution serve
l'industrie et le commerce; mais son premier effet sera presque
toujours de ruiner les industriels et les commerçants, parce qu'elle
ne peut manquer de changer tout d'abord l'état général de la
consommation, et de renverser momentanément la proportion qui
existait entre la reproduction et les besoins.
Les peuples sont donc moins disposés aux révolutions à mesure que,
chez eux, les biens mobiliers se multiplient et se diversifient, et que
le nombre de ceux qui les possèdent, devient plus grand.
Je ne prétends point que les hommes qui vivent dans les sociétés
démocratiques soient naturellement immobiles; je pense, au
contraire, qu'il règne au sein d'une pareille société un mouvement
éternel, et que personne n'y connaît le repos; mais je crois que les
hommes s'y agitent entre de certaines limites qu'ils ne dépassent
guère. Ils varient, altèrent ou renouvellent chaque jour les choses
secondaires; ils ont grand soin de ne pas toucher aux principales. Ils
aiment le changement; mais ils redoutent les révolutions.
J'entends dire qu'il est dans la nature et dans les habitudes des
démocraties de changer à tout moment de sentiments et de pensée.
Cela peut être vrai de petites nations démocratiques, comme celles
de l'antiquité qu'on réunissait tout entières sur une place publique et
qu'on agitait ensuite au gré d'un orateur. Je n'ai rien vu de
semblable dans le sein du grand peuple démocratique qui occupe les
rivages opposés de notre Océan. Ce qui m'a frappé aux États-Unis,
c'est la peine qu'on éprouve à désabuser la majorité d'une idée
qu'elle a conçue et de la détacher d'un homme qu'elle adopte. Les
écrits ni les discours ne sauraient guère y réussir; l'expérience seule
en vient à bout; quelquefois encore faut-il qu'elle se répète.
Je ne crois pas qu'il soit aussi facile qu'on l'imagine de déraciner les
préjugés d'un peuple démocratique; de changer ses croyances; de
substituer de nouveaux principes religieux, philosophiques, politiques
et moraux, à ceux qui s'y sont une fois établis, en un mot, d'y faire
de grandes et fréquentes révolutions dans les intelligences. Ce n'est
pas que l'esprit humain y soit oisif; il s'agite sans cesse; mais il
s'exerce plutôt à varier à l'infini les conséquences des principes
connus et à en découvrir de nouvelles, qu'à chercher de nouveaux
principes. Il tourne avec agilité sur lui-même plutôt qu'il ne s'élance
en avant par un effort rapide et direct; il étend peu à peu sa sphère
par de petits mouvements continus et précipités; il ne la déplace
point tout à coup.